- Arnaud Zufferey
Les méthodes, c'est peut-être ce qui me choque et ce qui me désespère un peu en ce moment, c'est qu'on a les méthodes pour tout faire et bien faire. Sobriété, efficacité renouvelable, ça marche. Et aujourd'hui dans le politique, là on va mettre une éolienne ici, on va mettre des panneaux solaires sur les alpages, et sans aucun débat sur qu'est-ce qu'on fait dans une phase de désenchantement par rapport au solaire, on dit « ah c'est pas rentable » , etc. Non, c'est hyper rentable. Le coût de production du solaire, il est nettement inférieur au coût du réseau. Prenons juste le pas de recul sur l'aberration de notre système énergétique. Combien notre société consomme en ruban la nuit du dimanche au lundi quand il n'y a personne qui bosse ?
- Bryan Umana
Est-ce que tu peux approfondir cette... analogie de la citerne dans le sens que tu parles de production donc le coût de la production donc là tu inclus le coût de l'installation tu inclus quoi d'autre ? Salut les amis et bienvenue sur mon podcast dans mes épisodes j'échange librement avec des entrepreneurs ou des experts passionnés sur des thèmes variés comme le sport, l'éducation et la santé je suis Bryan Umana associé gérant de l'entreprise Wilight Telecoms spécialiste en infrastructures informatiques et téléphonie COO et associé de la startup SolarSplit, une plateforme qui veut démocratiser l'investissement dans l'énergie solaire enthousiaste de sport et de développement personnel. Pourquoi ce podcast ? Pour apprendre, être inspiré et partager tout ça avec toi. Dans cet épisode, j'échange avec Arnaud Zufferey, ingénieur de formation et expert en transition énergétique. Arnaud accompagne les entreprises et les collectivités dans leur passage vers une consommation plus durable grâce à des audits, des outils d'analyse pointus et des projets sur mesure. Avec une double formation en informatique et en environnement à l'EPFL, Arnaud se situe à l'intersection entre la technique L'écologie et la data, ce profil hybride lui permet d'apporter une vraie valeur ajoutée sur des sujets complexes comme l'optimisation énergétique ou la planification de projets renouvelables. On parle de l'énergie de manière globale en Suisse, des freins et leviers de la transition énergétique, des innovations récentes comme les regroupements dans le domaine solaire, mais aussi de solutions concrètes que l'on soit locataire ou propriétaire pour agir dès maintenant. C'est un épisode dense. sans filtre, avec un expert qui met la technique au service du sens et de l'action. Je ne te retiens pas plus longtemps, mais avant, pour m'aider à grandir et à continuer, je te demande une seule chose, c'est de t'abonner à la plateforme de podcast sur laquelle tu l'écoutes, de laisser ta meilleure note possible, c'est-à-dire 5 étoiles, et de commenter. C'est ce qui fait grandir le podcast et qui me permet d'inviter plus de personnes. Je suis aussi sur Instagram, et notre nouveau site internet est en ligne. Tu y trouveras toutes les références citées durant l'épisode. Bienvenue dans mon podcast et bonne écoute ! Arnaud, en 2016, lors d'un TEDx,
- Arnaud Zufferey
de temps TEDx,
- Bryan Umana
tu as dit que nous consommions environ 80% d'énergie non renouvelable en Suisse. Où en sommes-nous aujourd'hui ?
- Arnaud Zufferey
Alors je ne vais pas vérifier le chiffre avant de venir, mais lors de grandeur c'est trois quarts d'énergie fossile. Donc on avance un petit peu, dans certains domaines on avance assez vite, dans tout ce qui est électrique notamment on avance bien. Pour tout ce qui est électrique c'est à peu près l'inverse, on est à peu près à 80% voire plus de renouvelables, donc là c'est bien. Et puis pour d'autres domaines, mobilité, chauffage, c'est plutôt le ratio inverse. En gros, en moyenne, sur la planète on consomme deux planètes, si on prend l'indice planète vivante du VVF, donc on consomme deux fois trop de ressources par rapport à ce qu'on a, donc on est assez loin d'un système renouvelable à l'équilibre. Ça peut être un peu décourageant, mais ça donne aussi un bon point de départ pour voir quelle est l'ordre de grandeur de réduction de la consommation d'énergie qu'on doit opérer.
- Bryan Umana
Par rapport à nos voisins, par rapport à l'Europe, tu sais plus ou moins où on se situe si on devait faire un classement ?
- Arnaud Zufferey
Oui, alors en Europe, on est tous assez mauvais. Il y a les très mauvais et puis moyennement mauvais. Mais globalement, on n'a pas de leçons à donner au monde entier. Tous les pays développés sont... que de classement par rapport à la consommation d'énergie. Tous les pays riches consomment beaucoup trop de ressources. Les meilleurs pays, c'est souvent les pays pauvres, qui consomment peu de ressources. Souvent, on a cette image, la Suisse c'est propre, renouvelable, les barrages, etc. Mais on n'a vraiment de leçons à donner à personne, on est vraiment que de peloton. On a des choses à apporter sur l'innovation, sur les énergies renouvelables, mais globalement, on part de loin.
- Bryan Umana
Un chiffre intéressant que j'ai découvert il y a une semaine, Aujourd'hui, on est le 4 septembre, l'épisode va sortir en environ deux semaines. Il sera quand même toujours d'actualité. Tout ce qu'on va dire aujourd'hui sera d'actualité lorsque l'épisode va sortir. J'étais, comme je t'ai dit avant, en off au Smart Energy Event, qui est organisé par The Ark et en collaboration avec CleanTech Alps aussi. Et il y a, je ne sais plus quel speaker, quel intervenant a dit que la Chine consommait autant que les Etats-Unis, l'Europe et le Japon. Quand on entend ça, on se dit « Waouh, purée, la Chine est un immense consommateur » . Mais, en réalité, la Chine, c'est 1,4 milliard d'habitants, et les États-Unis, l'Europe et le Japon cumulés, c'est environ 1 milliard. Donc, en réalité, ils sont encore mieux, en termes de consommation par habitant, ils sont encore meilleurs que ces deux pays, plus le continent. Donc effectivement, on est loin encore de cette potentielle sobriété énergétique qu'on cherche. Mais peut-être Arnaud, avant qu'on continue dans ce sujet vaste et très intéressant et primordial, qui es-tu ?
- Arnaud Zufferey
Alors, je m'appelle Arnaud Dufray, je suis ingénieur en informatique à la base. Et puis, je voulais faire un post-grad en énergie qui s'est terminé juste avant que je puisse commencer. J'ai fait un post-grad en environnement et depuis j'ai fait toute ma carrière dans l'énergie, dans le domaine de l'énergie, avec mes connaissances en environnement, en informatique. Ça donne mon parcours professionnel, c'est ce point de départ-là qui donne tout ce que j'ai produit, tout ce que j'ai fait pendant ma carrière.
- Bryan Umana
Avant de parler de ton parcours professionnel, pourquoi tu passes de l'informatique à l'environnement ?
- Arnaud Zufferey
J'ai toujours eu ce souci de l'environnement depuis tout. de voir la qualité de l'air, de l'eau, de la nature autour de moi, l'urbanisation, etc. Puis j'ai toujours voulu faire quelque chose. Et puis, ça a été aussi des choix économiques. J'ai fait un post-grad en environnement, comme je disais. Après, j'ai cherché du travail et puis c'était choquant. On me proposait dans l'environnement, on me proposait des stages à 800 francs par mois. Et puis dans l'informatique, des jobs de pro à 8000 francs par mois. Il y avait un facteur 10 entre les deux. Et puis je me suis dit, non, je ne vais pas travailler comme informaticien à mi-temps, puis faire observer les oiseaux à mi-temps. Je me suis dit, non, il faut quand même que je trouve quelque chose de cohérent. Et puis j'avais cette passion pour l'énergie. Puis au hasard des rencontres, j'ai pu lancer un bureau d'ingénieur en énergie. Puis voilà, après, ça a lancé ma carrière comme ça.
- Bryan Umana
Tu dis que tu t'es toujours intéressé à l'environnement, l'eau, la nature et autres. Tu es valaisan de Sion.
- Arnaud Zufferey
De Decière. Ma mère était française d'origine.
- Bryan Umana
Donc, né, grandi en Valais. Et donc, ton parcours ? Tu as bossé chez certains fournisseurs d'électricité, des bureaux. Tu as fait des bureaux aussi, des bureaux d'ingénieurs ?
- Arnaud Zufferey
J'ai créé un bureau d'ingénieur. Enfin, deux maintenant, avec ma société Olic.
- Bryan Umana
Alors justement, pourquoi est-ce que tu crées ton bureau ?
- Arnaud Zufferey
En fait, c'est de nouveau lié à mon parcours. C'est que comme je suis à cheval entre l'informatique, l'énergie et l'environnement, je me suis retrouvé dans plein de postes différents où j'étais tout le temps le mouton noir. J'étais soit avec des informaticiens qui ne connaissaient pas l'énergie, soit avec des énergéticiens qui ne comprenaient pas l'informatique, etc. Et puis c'était un peu stigmatisement. Puis il y a 4-5 ans, avec la naissance de ma fille, je me suis dit bon là... J'en ai marre d'être le mouton noir, je pense que cette différence c'est plutôt plus une force qu'une faiblesse. Et puis je pense que je peux apporter quelque chose dans le milieu du travail, dans le milieu professionnel, avec cette compétence bizarre qui est d'être à cheval entre plusieurs domaines. Et puis c'est comme ça que j'ai lancé ma deuxième société, Olica, pour laquelle je travaille, je suis toujours tout seul. Et en fait c'est génial parce que je fais des mandats vraiment à l'interface entre ces domaines. Quand il y a un distributeur d'énergie, une commune, un canton qui doit faire un truc particulier, où il n'y a pas quelqu'un de spécialisé dans l'entreprise, parce que ce n'est ni que de l'informatique, ni de l'énergie, ni de l'environnement, mais c'est à l'interface entre tous ces domaines, on vient me chercher en disant « est-ce que toi tu ne pourrais pas faire quelque chose pour nous ? » Et puis j'utilise justement mes compétences, plus comme mouton noir dans l'entreprise, mais vraiment comme une ressource précieuse à l'externe. Et ce qui est rigolo, c'est que je travaille très bien pour mes anciens employeurs, avec qui c'était des fois compliqué à trouver. à trouver ma place et puis je travaille très bien à l'externe parce qu'on vient justement me chercher avec cette différence-là.
- Bryan Umana
Est-ce que tu peux donner des exemples concrets de mandats que tu aurais, de projets que tu fais ?
- Arnaud Zufferey
Oui, alors la plupart, je ne peux pas aller trop dans le détail parce que la plupart sont sous contrat de confidentialité, mais ce sont des trucs très stratégiques. Mais je travaille beaucoup sur des logiciels, sur de l'analyse de données aussi stratégique, parce que les CEOs des entreprises, les directeurs, ils ont besoin de... de cap, de vision, et pour ça ils ont besoin de traiter des données, de croiser des données à l'interface de domaines très différents. Et souvent les informaticiens connaissent l'analyse de données mais pas forcément l'énergie, et puis les énergéticiens connaissent l'énergie mais pas forcément l'analyse de données. Et puis du coup j'amène ces compétences-là, de dire ok c'est là qu'il faut aller chercher telle info, il faut croiser avec telle autre info, et puis en faire des infos valorisables pour les directions des entreprises. Et je fais ça dans le domaine de l'hydrogène, pour des flottes d'électrification. de camions, de bus, pour le déploiement du solaire, pour l'analyse de réseaux, de réseaux de chaleur, de réseaux électriques. Beaucoup de choses dans le solaire photovoltaïque, l'hydrogène, c'est très varié, mais c'est toujours un peu la même approche. Croiser des données, développer des outils, automatiser. J'utilise cette force, l'informatique permet d'automatiser de grands volumes de données, de remplacer beaucoup de travail manuel par de l'automatisation, et puis c'est des choses que j'apporte par ce biais-là.
- Bryan Umana
Je ne voulais pas rentrer dans ce sujet directement, mais ça me fait y penser, l'intelligence artificielle dans tout ça. Quelle est ton opinion à ce sujet ?
- Arnaud Zufferey
L'intelligence artificielle, c'est vaste. Très souvent, on a tendance à confondre, à généraliser, à utiliser les LLM. Et à croire que l'intelligence artificielle, c'est que ça, mais c'est beaucoup plus vaste. Il se trouve que je connais assez bien le sujet, puisque j'ai étudié ça à l'EPFL. J'ai fait aussi mon travail de diplôme chez Daimler-Kreisler, le centre de recherche européen. A Berlin, là-dessus, sur l'intelligence artificielle, à l'époque, je développais des algorithmes génétiques pour tester des véhicules. Au lieu de faire des milliers de kilomètres avec des véhicules, avant, on envoyait les nouveaux modèles faire des taxis en Chine. En une année, ils faisaient un million de kilomètres, et puis comme ça, on pouvait relever les pannes, les erreurs, etc. Et puis après, ça s'est modernisé, on utilisait justement l'intelligence artificielle déjà en 2005 pour générer des millions de situations, et puis voir comment les logiciels embarqués réagissaient à ces différentes combinaisons. On trouvait très rapidement, en quelques minutes, des pannes, des erreurs, des bugs, des choses de coordination. Et puis ça, c'était génial. Tout ça pour dire que je connais assez bien le sujet, du coup, je connais assez bien les limites aussi. Et puis je vois bien les limites de tous ces modèles qu'on utilise actuellement. Je suis très sceptique et très prudent en tout cas avec tout ça, avec notamment la confidentialité de données, avec la sécurité, avec les risques inhérents à ces modèles qui sont encore assez jeunes dans leur utilisation. Il y a beaucoup de buzz aujourd'hui. Dans ma carrière, j'ai traversé beaucoup de buzz aussi. Il y a eu beaucoup de tendances qui sont venues, qui sont reparties. Et puis voilà, il faut toujours être prudent, laisser passer les modes. Après, on trouve une niche ou une application concrète ou quelque chose où c'est robuste. Mais je trouve qu'il y a beaucoup trop de buzz. C'est beaucoup trop de « allez, on y va à fond, on génère tout par l'intelligence artificielle, les textes, les images, les tableaux, on ne contrôle pas les résultats. Et puis on y va et je pense qu'il y aura pas mal de domaines où on aura des mauvaises surprises. » j'ai lu un article intéressant qui disait que 96% des projets d'implémentation d'IA en entreprise échouent. Parce qu'entre générer un texte qui a l'air plausible et puis après faire le boulot, concrètement dans une entreprise, de remplacer un humain qui a une intelligence par un modèle qui lui n'en a pas, ça pose trois problèmes de fiabilité, de confidentialité, de sécurité.
- Bryan Umana
Mais toi, dans ton travail, justement avec cette casquette, En lien à l'informatique, est-ce que tu utilises une IA ou des LLM pour t'aider ? Non.
- Arnaud Zufferey
Alors, pour plusieurs raisons, notamment des questions de sécurité, de confidentialité de données. Je travaille sur des données très sensibles d'entreprise. Donc, quand il faut mettre dans un modèle, il faut pousser les données, il faut pousser le code vers un serveur dont on ne sait pas ce qu'il va faire des données. Donc, c'est vraiment déjà quelque chose qui est pour moi rédhibitoire. Et puis, l'IA fonctionne aussi en copiant des choses qui ont déjà été faites. Moi, je suis dans l'innovation, je fais des choses qui n'ont pas encore été faites. Donc, quand j'essaye de faire générer un bout de code ou un algorithme, il ne fait pas ce que je veux, il ne fait pas ce que j'attends au niveau des performances, au niveau de la qualité, etc. Donc, ça peut peut-être avoir des usages dans d'autres domaines, mais en tout cas, pour moi, il n'y a pas la qualité et la sécurité dont j'ai besoin.
- Bryan Umana
Donc pour toi c'est plutôt une mode ?
- Arnaud Zufferey
Non, je pense que c'est toujours cette courbe de hype où on a tout d'un coup dit « Ah on va faire tout avec ça ! » Il y a trois ou quatre ans c'était l'hydrogène, on va faire tout avec l'hydrogène. Et puis après il y a une grosse déception, on dit « Ah ben non finalement ça marche pas » , etc. Puis pour finir ça trouve sa niche, on dit « Ah ben voilà dans tel et tel domaine ça fonctionne » . Donc je pense qu'aujourd'hui on est vraiment dans la courbe des attentes hyper élevées où on dit « Ah on va pouvoir tout remplacer avec ça » . N'apprenez plus à dessiner, à écrire, à coder. Dans deux ans, l'intelligence artificielle fera tout ça pour vous. Et puis après on se rend compte que c'est pas ça. Après on va se rendre compte qu'on pourra utiliser ça pour faire certaines tâches répétitives, pour résumer un document, etc. Mais c'est pas avec ça qu'on va tout remplacer. Et puis je pense même qu'il y a des effets pervers aujourd'hui de l'intelligence artificielle où on n'apprend plus à réfléchir. On se dit « je vais résumer ce document » . par une IA en ligne et puis voilà, j'ai pas besoin de le lire. Et puis en fait, quand on lit le document, on apprend des choses, on a des émotions. Tout d'un coup, on souligne un paragraphe, on dit « ah ça, ça m'a marqué » , etc. Quand on fait résumé par une IA, on n'a que un résumé qui a été fait et puis on n'a pas appris tout ça. La même chose quand on code. Oui, j'ai des collègues qui utilisent ça pour coder et disent « ah c'est génial, tu tapes « fais-moi une fonction qui fait ceci, cela » . Ok, mais on n'a rien appris, on ne sait pas quelles étaient les alternatives. Souvent quand on cherche quelque chose, on voit une idée qu'on met de côté pour après, on dit « ah ben ça, j'en ai pas besoin là, c'est pas ce que je cherchais mais ça va m'aider ailleurs » , on apprend d'autres développeurs, etc. et ça on perd complètement. Alors certes on gagne du temps sur certaines phases, mais on s'appauvrit énormément. Et c'est vraiment un risque que je vois, et je le vois aussi dans les étudiants. Je viens de suivre un travail de bachelor, les étudiants ils utilisent de plus en plus ça, et puis après on leur demande « qu'est-ce que vous avez retenu ? Qu'est-ce qui vous a choqué ? » Rien, parce que... C'est le logiciel qui a fait la recherche, c'est le logiciel qui a fait la synthèse, c'est le logiciel qui a écrit le texte, c'est le logiciel qui a fait les formules Excel. Du coup, on perd en compétences énormément. Et puis c'est de ça dont on a besoin. On n'a pas besoin de gens qui savent faire des promptes sur ChatGPT. On a besoin de gens qui réfléchissent et qui disent « Ok, on a ce problème et je dois trouver, je dois réfléchir à une solution, je dois combiner des choses. » Et ça, c'est un peu le danger que je vois actuellement avec ces IA.
- Bryan Umana
Après, c'est vrai que j'avais fait un épisode avec Charles-Edouard Bardine, qui a plusieurs fonctions. Il a aussi une casquette de chercheur au CHUV dans l'IA. Il est chez Domo Health, en tout cas dans cette partie d'IA aussi. Et puis aussi chez AI Swiss, qui est cette association qui veut démocratiser l'IA ou en tout cas la vulgariser. Lui, il parle de compenser. Alors, il n'utilise pas ChatGPT, il utilise d'autres plateformes qui sont un peu plus compliquées d'utilisation pour monsieur et madame tout le monde, mais où il va vraiment utiliser l'IA comme ce sparring partner. pour aller le challenger. Donc lui, il va évidemment d'abord penser. Ensuite, il va la donner à l'IA. Et puis, il va vraiment se challenger avec l'IA pour justement en sortir, comme il le dit, compenser. Et donc, c'est vrai que là, moi, je trouve ça très intéressant parce qu'on n'a pas tout le temps... Tu vois, imagine, tu es à la maison à 22h, 23h. Ta famille s'est endormie. À 23h, potentiellement, tu n'as pas ce... ce collègue ou cette personne ou ta femme ou conjointe, peu importe, avec qui tu peux parler. Et là, si tu as cette IA qui est là, tu peux vite lui dire on peut brainstormer. Et là, moi, je trouve ça très intéressant. Après, typiquement, tu parles de code, de développement. Chez SolarSpeed, la startup dans laquelle je suis, on a aujourd'hui trois développeurs qui sont à 100%. Si on n'avait pas eu CLLM, il ne serait pas 3, il serait 2 ou 3 fois plus par rapport à l'utilisation qu'ils le font. Mais par contre, effectivement, on ne l'utilise pas de n'importe quelle façon. Ce n'est pas juste je prends ce texte. Ou je prends un mail, je l'envoie et je lui dis aide-moi à répondre et après je fais une copie-coller et tu ne réfléchis pas. Ou par exemple, si je prends un exemple dans la création de contenu, le podcast par exemple, l'IA nous aide énormément, que ce soit dans l'édition, alors on fait un travail où on va chercher des extraits et là c'est pour nous du qualitatif, c'est vraiment un humain, en l'occurrence c'est ma femme. qui va chercher 4-5 extraits, où là on se donne la peine et on fait attention à tout, on va dire. Mais par contre, on utilise aussi une IA, un site qui utilise de l'IA, je ne sais pas, des réels, quoi comme IA. Et lui, par contre, il va prendre 30 extraits. Alors des fois, ce n'est pas du tout quali. Donc là, on fait aussi un filtre. En l'occurrence, ça nous aide à créer plus de contenu. Et donc, c'est vrai que ça aide. Ça, je trouve, apporte une valeur ajoutée. En tout cas, ça nous fait gagner du temps. Sans l'IA, on passerait beaucoup de temps pour certaines tâches qui sont parfois, en tout cas intellectuellement, pas intéressantes. C'est du répétitif, tu vois.
- Arnaud Zufferey
Je pense qu'on est dans l'exemple de ce que je disais avant, de l'IA après le pic des attentes trop élevées, après on a la déception, puis après on trouve des applications concrètes où ça fonctionne bien. Et c'est les exemples que tu donnes, je pense, dans ce sens-là.
- Bryan Umana
Ok, et pour revenir vraiment sur cette thématique de l'énergie, donc quand on parle d'énergie, peut-être pour juste les personnes être sûres qu'on parle de la même chose, dans le sens où parfois j'ai l'impression les personnes en... se trompe un petit peu, on va dire, à l'électricité pour parler d'énergie. L'énergie est plus haute que l'électricité si on le voit de cette façon. C'est pour ça que j'utilise le mot énergie exprès. Est-ce que toi tu penses qu'il faille repenser à notre façon de... la consommer, de l'utiliser, est-ce que culturellement il y a un changement à faire si on parle de transition énergétique ? Parce que, sauf erreur... Toi, tu es un conseiller pour la transition énergétique, c'est juste ? Oui,
- Arnaud Zufferey
on peut le dire comme ça.
- Bryan Umana
Comment est-ce que tu vois la société de manière générale par rapport à ça ?
- Arnaud Zufferey
On peut dire que globalement, notre utilisation de l'énergie est un peu au paléolithique. On consomme très mal, on gaspille énormément. On a en introduction 80% d'énergie fossile. Cette énergie fossile a des rendements très mauvais. quand on utilise de l'essence dans un moteur de... de voitures, on a peut-être 20% de l'énergie primaire qu'on a extraite qui se retrouve dans le déplacement, qu'on a perdu 80% de cette énergie, donc on a vraiment un gaspillage qui est énorme, les chauffages c'est la même chose, et donc on a besoin de changer non seulement nos modes de consommation qui là aussi ne sont pas adaptés aux ressources qu'on a à disposition, mais en plus on doit changer l'efficacité des moyens de conversion électrifiés, passer à des petits véhicules électriques efficients. du solaire, on en parlera peut-être après, etc. On doit changer complètement notre façon d'utiliser l'énergie, de la consommer, de la produire. Et c'est ça la transition énergétique dans laquelle on se trouve en ce moment.
- Bryan Umana
Juste quand tu parles de voitures thermiques, véhicules thermiques, j'avais entendu, je ne sais plus qui avait dit ça. Je crois, mais je ne suis pas sûr. Je ne vais peut-être pas le citer parce que je ne suis pas sûr, que finalement, une voiture thermique, c'est un radiateur sur pattes.
- Arnaud Zufferey
Effectivement. Toute l'énergie qu'on utilise, elle finit en chaleur, que ce soit de l'électricité ou de l'essence ou autre. Et puis, on produit principalement de la chaleur et un petit peu de mouvement. Et ça, c'est le cas de tous les appareils qu'on utilise.
- Bryan Umana
Et est-ce que la transition est forcément chère ?
- Arnaud Zufferey
Non, alors il y aura des investissements massifs parce qu'il faut remplacer à peu près toutes les infrastructures, changer la manière qu'on produit, on transporte l'énergie, on la consomme, etc. Donc il y a des investissements massifs, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas rentable. Et d'ailleurs, dans tous les conseils que je donne, on fait toujours des calculs de rentabilité, puis il y a toujours des mesures qui sont complètement utopiques, et puis d'autres qui sont très rentables. immédiatement rentable. Donc voilà, on a toute la palette. Et c'est la même chose à l'échelle individuelle, à l'échelle d'une société, d'une collectivité, d'une commune, etc. ou bien d'un pays entier. Donc on a vraiment besoin de plans d'action et puis de prioriser les mesures.
- Bryan Umana
Et pour monsieur et madame tout le monde qui veut agir et qui a... Je pense qu'on peut prendre deux cas. Le premier, c'est le la propriétaire de sa maison ou d'une pépée ou justement... il ou elle peut investir directement. Est-ce que là, d'office, c'est cher ?
- Arnaud Zufferey
Alors il y a des investissements conséquents, mais il y a des aides conséquentes aussi, notamment le programme bâtiment, ça peut couvrir 30-40% des investissements, donc c'est des aides qui sont énormes. Et puis il y a des retours sur investissement aussi importants, les frais de chauffage sont conséquents, c'est des milliers de francs par année, donc il y a aussi un retour sur investissement qui peut être fait. La base, que ce soit pour le propriétaire ou le locataire, c'est toujours la même, c'est faire un état des lieux. Ce que je n'aime pas, c'est commencer en disant « on va changer le ventilateur, on va changer tel truc » . Non, il faut d'abord faire un état des lieux, prendre du recul, et souvent il faut quelqu'un, quand on a un regard extérieur, que ce soit en entreprise ou chez un privé, quelqu'un qui vient de l'extérieur qui dit « votre situation, votre point de départ, il est là » . Et puis après, on liste les mesures, toutes les mesures, on les classe dans l'ordre de rentabilité ou de facilité, et puis après on a un plan d'action, on a une démarche. « Ok, je suis là, ma maison est gée, je sais, je suis mauvais » . D'accord ? Et puis les 3-4 prochaines mesures que je peux faire, c'est ça. Après, on peut les faire dans le désordre, ou on peut les faire en étapes, mais on a un plan d'action, puis on a une ligne. Le pire que j'ai vu dans les audits, c'est les gens qui disaient « Ah ben ouais, il y a 3 ans, j'ai eu une idée, j'ai changé la fenêtre ici, après on m'a dit, ah ben faut mettre une pompe à chaleur là, et puis après j'ai mis un panneau solaire de l'autre côté. » Puis ça, c'est des situations qui sont irrécupérables. Parce qu'il faut tout changer, il faut tout remplacer, il n'y a rien qui est coordonné. alors que si on a un plan d'action, peu importe d'où on part, on peut partir de G comme étiquette énergie, peu importe, mais au moins on a un plan d'action et puis on fait les choses dans l'ordre de rentabilité et puis là... On essaie de maximiser vraiment les subventions, le retour sur investissement et puis de faire quelque chose de logique. Et donc cet état des lieux, comment est-ce que la propriétaire peut le faire tout seul ? Ou est-ce que si disons on n'est pas dans la technique, on n'est pas dans le domaine, ou est-ce qu'il faut faire appel à une personne comme toi ? Ou est-ce qu'on a des sites qu'on peut utiliser ?
- Bryan Umana
Alors il y a plusieurs réponses. Il y a quelques années, la seule possibilité c'était de faire un appel à un expert COCB qui faisait un COCB+. et puis il y a Sur le site cecb.ch, on a la liste des experts qui sont accrédités. Il y a quelqu'un qui vient chez soi. Le problème avec cette démarche, c'est qu'on a des gens qualifiés, etc. Mais ça coûte vite quelques centaines, voire quelques milliers de francs. Disons peut-être 700 ou 800 francs pour une villa. Et puis là, on a un bilan qui est donné, on a un rapport qui donne, votre maison, elle est G, les points faibles, c'est ça et ça, et puis les prochaines étapes, c'est ça. Le cecb, ça fait juste une photo, ça donne une étiquette énergie. Le cecb+, ça donne un rapport. avec un rapport d'audit avec des mesures chiffrées, en disant que les priorités, c'est de mettre une pompe à chaleur, changer les fenêtres, etc. Donc on a ces deux rapports. Et puis le seuil d'entrée est assez élevé, parce qu'un propriétaire ne sait pas quelle est la note de sa maison, il se dit que si il investit 2000 francs pour un CECB+, et qu'on me dit qu'il n'y a rien à faire, ça ne va pas, je ne peux pas le faire. Et très souvent dans les assemblées de PPE, il y a toujours quelqu'un pour dire ça, et du coup ça ne se fait pas. Alors on a réfléchi pendant longtemps à quoi faire, et puis on a fait deux choses en parallèle, avec le canton du Valais, la HES, les... partenaires comme le bureau des métiers, on a mis en place une formation qui s'appelle facilitateur en rénovation énergétique, qui est quelqu'un qui est entre le particulier et puis l'expert, l'architecte ou l'ingénieur thermicien, et qui va pouvoir accompagner, qui a des connaissances de base, c'est une formation de 5 jours, qui est faite pour des gens qui sont déjà dans les métiers de la construction, ça peut être un menuisier, un peintre, etc., ou un architecte, et puis qui peut faire un premier conseil, puis défricher les choses. Il faut dire, vous avez une maison, il n'y a pas mille possibilités, vos possibilités c'est isoler la toiture, changer les fenêtres, mettre une pompe à chaleur, etc. Et puis qui donne déjà un ordre de grandeur, puis qui dit, oui, dans votre cas ça vaut la peine d'aller faire ce COCP+, ou non, dans votre cas, il faut juste changer la pompe à chaleur, etc. Donc on a cette première étape, on a abaissé la marge d'entrée, le seuil d'entrée, et ça coûte évidemment moins cher d'avoir juste une heure de conseil, etc.
- Arnaud Zufferey
Cette formation, elle coûte combien ?
- Bryan Umana
Alors, je ne sais pas par cœur les prix. En Suisse, je la donne dans deux contextes. Un, à l'USPI Formation sur le canton de Vaud, donc à Lausanne, qui est spécialisé pour les domaines immobiliers, donc les gens qui sont déjà gestionnaires immobiliers ou équivalents. Et puis, je la donne en Valais, à Sion. Et puis là, c'est un contexte qui est plus large. Il y a à peu près tous les corps de métier qui viennent. Ça peut être des architectes, des vendeurs solaires, d'installateurs, etc. Et puis là, c'est une formation sur cinq jours. Il faut aller voir. Soit sur le bureau des métiers, soit sur USP Formation, en fonction de ce que vous voulez faire. Mais du coup, on a formé déjà près de 200 personnes en Suisse romande qui sont capables de faire ce conseil intermédiaire et puis d'avoir cette première approche, c'est de défricher. Et puis ça, c'était un objectif. Et puis le deuxième objectif, c'était de leur fournir des outils pour aller vite, pour éviter d'utiliser des logiciels très chers ou de passer beaucoup de temps qui seraient percutrés sur la facture du client. Donc là, j'ai développé une plateforme qui s'appelle Energuide, energuide.ch. C'est un site qui est assez accessible. Il y a huit calculateurs différents, il y a beaucoup d'informations vulgarisées. Ça permet de... Certains outils s'adressent aux particuliers, d'autres aux facilitateurs. Il y a différents niveaux pour utiliser ces outils. On trouve plein d'infos sur le chauffage, et plein de calculateurs qu'on peut utiliser gratuitement. Ça marche sur tablette, téléphone. sur PC, Mac, etc. C'est très facile d'accès. On peut vraiment faire 80% des calculs de base, défricher un cas. Moi, j'utilise beaucoup avec les particuliers ou autres pour défricher vraiment au début. Ok, vous avez une maison. Ok, quel est votre budget ? Vous avez 50 000 francs de budget max. On fait une petite simulation rapidement, comme ça, on se met ensemble autour de la table, sur un coin de table, avec un café, avec l'ordi. On regarde, et puis, ah oui, ok, avec votre budget, vous pouvez faire ça, ça, ça. Vous pouvez faire peut-être soit la pompe à chaleur, soit l'isolation du toit, plus les fenêtres, etc. Et puis très rapidement, on passe de mille idées, j'ai eu, voilà, mon voisin me propose faire ça, ma femme, elle aimerait faire ça, le copropriétaire, il aimerait faire ça, on passe de mille idées à, tiens, il y a quatre pistes, trois ou quatre pistes. Et puis après, ces pistes, on peut les creuser avec un CCB+. Et puis ça permet vraiment de mettre les gens sur un rail, en fait, de partir de, tiens, je suis dans la jungle, c'est la panique, je suis propriétaire, je ne sais pas quoi faire, à, tiens, en fait, ma vision, elle est déjà claire, j'ai un état des lieux qui est plus ou moins clair, j'ai 3-4 pistes qui sont assez claires ça colle à mon budget et puis on peut aller de l'avant Et puis ça, en 30 minutes, 45 minutes avec un particulier, on arrive à faire, ou une PPE même, on arrive à faire, à défricher. Et puis du coup, ça donne déjà la base. Et puis après, on peut aller voir les subventions, voir un architecte, voir un expert CECB, faire un CECB+. Et puis, aller de l'avant, ça évite ce qu'il y avait avant, ce gap, ce saut entre, tiens, je suis tout seul. Et puis, si je veux aller de l'avant, je dois payer 2000 francs pour voir la suite, s'il y a une suite. Et ça, c'est un peu angoissant et coûteux.
- Arnaud Zufferey
Donc là, la propriétaire investit une heure de temps, environ 200 francs. Et puis, ils ont au moins un état des lieux sur lesquels ils peuvent se baser. Et puis, un plan d'action aussi.
- Bryan Umana
Oui.
- Arnaud Zufferey
Et c'est vrai que je... Aussi, par rapport au CSEB+, Sans ce CECB+, typiquement, si on installe une PAC, on n'a pas de subvention. Il y a vraiment toute une série d'actions à faire avant de pouvoir obtenir certaines subventions. Donc c'est intéressant d'avoir, avant d'aller voir un spécialiste, une personne affiliée.
- Bryan Umana
un expert CEB peut-être voir un autre spécialiste qui va défricher le tout pour savoir où aller et d'ailleurs ça peut être les mêmes ça peut être un expert CEB qui est aussi facilitateur et qui va faire juste ce défrichage ça fait gagner du temps à tout le monde parce que si je fais venir un expert CEB et que j'ai une maison qui est trop récente et qu'il n'y a rien à faire, il se déplace pour rien le client n'est pas content, l'expert perd du temps c'est du temps de gagner c'est aussi une manière de vendre ça et puis après Il y a aussi dans les facilitateurs, il y a un peu tous les corps de métier. Il y a des installateurs solaires qui vont dire à leurs clients « Là, tu me demandes un devis pour mettre des panneaux solaires sur ton toit, mais moi, je suis facilitateur, j'ai une vision un peu plus large. Ton toit, il date des années 70, il y a de l'amiante, le carton bitumé, il est sec. » La priorité, ce n'est pas de mettre du solaire. Ou si tu mets du solaire, tu refais le toit en même temps. Et puis cette vision un peu plus large, tu te dis « Ah, ok, mais comment je fais ? » « Ah, ben, n'oublie pas, il y a des subventions, etc. » Du coup, on peut juste faire ensemble. on dit ok, en fait on va juste élargir un tout petit peu le spectre du projet on va faire une rénovation de toiture et puis voir si c'est cohérent. Et puis à ce moment-là, on a plus de subventions. On va récupérer aussi de la chaleur qui ne sera pas dépensée pour le toit. On repart sur 40 ans de durée de vie de toit. Et puis on a une installation solaire qui sera faite comme c'était souhaité, mais sur un toit qui est durable. Et ça a du sens.
- Arnaud Zufferey
C'est vrai qu'avec Solar Split, on s'est rencontrés en face de quelques murs par rapport à ça. Parce que nous, l'idée, tu as utilisé le terme facilitateur et c'est exactement ce qu'on est. sur leur split Ni un installateur, ni un investisseur, mais on est vraiment un facilitateur. Et donc, ce qui fait que nous, comme je t'ai dit avant, quand on attendait de pouvoir rentrer au studio, le point d'entrée, c'est effectivement les panneaux solaires. Mais par contre, autour, il y a un monde. Et ce monde, c'est effectivement de vérifier que la toiture soit saine. Et ça, pour nous, c'est très important. On ne veut pas et on ne va pas faire poser de panneaux si la toiture n'est pas saine. Ou du moins, le propriétaire doit être informé qu'il va faire une erreur. Et puis, je ne sais rien, pour x ou y raison, il veut absolument le faire et puis il ne veut pas entendre. Nous, on n'accepte pas de travailler dans ces conditions. Donc après, soit il le fait avec un installateur qui sera ok de le faire comme ça. C'est dommage. Je crois qu'il y en a quand même. Parfois, je ne sais pas, peut-être certaines personnes qui ne veulent pas trop entendre. parce que effectivement Si ton projet de base, c'est de poser des panneaux et en fait, tu te rends compte qu'il faut aussi changer la toiture et que ça te coûte 50, 100 000 francs de plus, tu n'avais peut-être pas prévu ça. Mais nous, c'est notre but. C'est que tout doit être cohérent. Et on veut donner toutes les clés, plutôt toutes les cartes au propriétaire pour que lorsqu'il ou elle fasse son projet, il ait un projet qui lui dure 30, 40 ans. et non pas 10 ans parce qu'après il faut changer le toit et puis après on se retrouve avec un retour sur investissement inexistant finalement mais justement on a eu une approche où en fait on tirait la sonnette d'alarme et puis le propriétaire il disait ah bah non je vais pas faire une analyse je vais pas faire un diagnostic d'amiante je vais pas faire une analyse de toiture si en fait après vous me dites qu'il faut changer le toit et donc moi je voulais pas changer mon toit donc je vais pas poser de panneau donc ça fait Merci. Effectivement, ils se retrouvent à payer même parfois juste entre guillemets 500 francs ou entre 500 et 1000 francs pour justement cette étude-là, cette analyse-là plutôt. Et puis voilà, certains propriétaires ne sont pas prêts à le faire. Par rapport à tout ça, j'en reviens aux subventions. Est-ce que pour toi... Les réglementations en Suisse, c'est un levier, c'est un frein. Je dis ça parce que potentiellement, on entend que certaines subventions peut-être partiront. On sait que ce tarif plancher, par exemple si je prends le fournisseur d'électricité bernois, BKV, il est environ 10 centimes, entre 6 et 10 centimes. Cela est dû... La votation du 9 juin 2024 en partie, juste 9 juin, voilà. Et maintenant, avec ce qu'on entend sur les bilatérales 3, l'accord sur l'électricité en Europe, peut-être qu'on n'aurait plus du tout de tarifs minimaux. Donc il y a un brouillard là-dedans. Tout ça, tu penses que c'est des leviers ou c'est des freins ?
- Bryan Umana
Je pense qu'il y a un peu les deux. Ça fait bientôt 18 ans que je fais ce job, et puis j'ai vu passer des séries de réglementations, de modes, etc. Et puis j'ai tendance à prendre pas mal de recul avec ça, puis à dimensionner les systèmes pour être robuste un peu, quel que soit l'avenir finalement. Dimensionner les installations assez juste, le stockage la même chose, de ne pas faire juste en fonction de la subvention qui va se terminer au 31 décembre. Parce que c'est vraiment le piège. Donc voilà, on sait que les tarifs vont évoluer. On parle maintenant, on a peur de l'abandon du plancher à 6 centimes qui n'est même pas encore en vigueur, qui va commencer en 2026. Ça va forcément bouger. Donc il faut dimensionner des systèmes robustes. Et puis, il faut faire des calculs intelligents aussi. On en parlait en off tout à l'heure, mais typiquement, pour les installations solaires, je fais les calculs inverses de la plupart des autres bureaux ou même des normes SIA. J'ai tendance à calculer le prix de production. Ce qui est connu, quand on achète une installation, c'est comme si on achetait une citerne d'électrons. Finalement, on sait que le prix sera fixe pour les 20 prochaines années. On sait que les panneaux vont produire pendant 20 ans. On sait le prix de l'installation. Du coup, on peut calculer vraiment le prix de revient de ce kWh. Après, la question, c'est de dire, si mon prix de revient du kWh avec cette installation est de 17 centimes, par exemple, est-ce que je vais pouvoir valoriser ? Est-ce que je pense que sur les 20 prochaines années, je vais pouvoir valoriser ça, soit en autoconsommant, soit en vendant à 17 centimes ? Si oui, je le fais, puis sinon, je ne le fais pas. Et cette question, la réponse, après c'est le client qui prend le risque. Il dit ok, moi je pense que oui, avec 90% d'autoconsommation je ne prends pas de risque, ou bien si j'ai 90% d'énergie qui est refoulée sur le réseau, déjà aujourd'hui je vois que je vais dans le mur, parce que je sais que l'année prochaine on me rachètera à 6, puis dans deux ans peut-être à 0, donc c'est après le client qui fait ça. Et je n'aime pas du tout les calculs de rentabilité comme ils sont faits dans les normes SIA, où on prend des taux d'intérêt moyens, on fait une projection, on admet que le prix de l'électricité va rester fixe les 20 prochaines années. et on sait que c'est faux. Et d'ailleurs, je disais tout à l'heure, je m'amuse à prendre des confrères et leur dire, mais sortez-moi vos calculs de rentabilité d'il y a deux ans. Ils osent pas, parce que les calculs de rentabilité d'il y a deux ans, ils sont déjà faux. Je dis, mais pourquoi vous continuez à faire des calculs de rentabilité alors que les mêmes, d'il y a deux ans, ils sont faux ? Et je pense que là, il faut changer aussi la manière de faire les choses. Et on a beaucoup d'habitude et d'inertie, même dans les énergies renouvelables, que de dire, on fait comme ça, mais là non, mais si, on recommande de faire comme ça, ok ? Mais si la norme donne les calculs faux deux ans après sur une installation qui va durer 30 ans, il y a peut-être moyen de se remettre en question et de faire les choses autrement.
- Arnaud Zufferey
Est-ce que tu peux approfondir cette analogie de la citerne ? Dans le sens où tu parles de production, donc le coût de la production, c'est ça, le coût de la production globale. Donc là, tu inclues le coût de l'installation, tu inclues... Quoi d'autre ?
- Bryan Umana
Alors très souvent, pour la production, je prends le coût d'installation. Je calcule deux fois l'onduleur parce que je pars du principe qu'on aura un remplacement à mi-vie. Je pars du principe que l'installation va se dégrader progressivement. Donc j'utilise 90% de rendement à 20 ans. Et puis je fais un calcul volontairement bridé sur 20 ans pour être un peu du bon côté. Puis tout ça, ça me donne le prix qu'on doit payer. Et puis ce que ça va produire, puis en divisant l'un par l'autre, on obtient un prix du kWh. Sur Energuide, on peut faire le calcul en deux clics, il suffit de rentrer la surface. Il y a un calculateur photovoltaïque, on rentre par exemple 100 m², et puis ça nous donne tout de suite le calcul en dessous. Voilà, le prix de revient de votre kWh, c'est 18 centimes. Puis après, on peut se poser la question, dire ok, quel est le taux d'autoconsommation ? Quels seront les tarifs trimestriels ou les tarifs de rachat ? Si j'ai 100% d'autoconsommation et qu'actuellement je paye 27 ou 28 centimes le kilo à l'heure, c'est le jackpot. Et puis par contre, si j'ai un mix et que je sais que je vais consommer plutôt l'hiver et vendre plutôt l'été, à ce moment-là, il faut regarder avec les tarifs trimestriels, et puis on peut aussi le faire avec Energuide, et puis voir ce que ça donne, puis faire des hypothèses, puis jouer avec ça, dire ok, et si je mets moitié moins, et si je mets le double de l'installation, et si je mets une batterie, etc. Et puis jouer avec ces paramètres, et puis voilà, pas être figé sur un calcul de rentabilité, mais plus jouer avec ces hypothèses. Et c'est le but un peu de ces outils sur Energuide, c'est vraiment... On n'a pas besoin d'un spécialiste, de mandater un bureau d'ingénieur pour dire « Calculez-moi telle installation solaire avec tel stockage » . On prend les paramètres et on joue avec jusqu'à ce qu'on ait quelque chose qui nous convient.
- Arnaud Zufferey
Tu as cité les batteries. Qu'en est-il des batteries aujourd'hui, en 2025 ? J'ai vu que tu avais fait un post-LinkedIn récemment par rapport à ça. Il y a de plus en plus de startups, d'entreprises qui réutilisent des anciennes batteries pour leur donner une deuxième vie. Le prix des batteries a pas mal diminué depuis les dernières années et va continuer à diminuer. Est-ce qu'aujourd'hui, pour les prochaines années, c'est l'avenir dans le sens, on l'a dit, des tarifs de rachat, donc plutôt de reprise des fournisseurs d'électricité qui sont bas et qui seront peut-être même négatifs à un moment donné, on ne le sait pas. Donc, en réalité, ce n'est pas à cause de ça qu'il faut autant consommer. à la base, c'est la raison d'une installation solaire et haute, c'est de pouvoir consommer avant toute chose, autoconsommer. Est-ce que tu mets d'office aujourd'hui des batteries ou est-ce qu'effectivement, il faut quand même faire ce calcul où on en est et puis ensuite, on va proposer. Qu'est-ce que tu penses des batteries ?
- Bryan Umana
Alors justement, il y a deux problèmes avec les batteries. Le premier, c'est l'écobillon. Donc c'est des ressources qu'on va mettre. du lithium, de l'aluminium, etc., des acides. C'est tout un tas de matériaux qu'on va utiliser, immobiliser. Donc il faut en mettre le moins possible. Ça, c'est d'un point de vue environnemental. Et puis après, d'un point de vue financier, il faut que ça soit rentable. Et très souvent, les vendeurs de batteries, ils ont de trois tailles standards. Et puis, pour une villa, on met du 8 kWh, ou bien du 10 kWh, etc. Et il y a une approche très rigide. Et c'est pour ça que j'ai développé un logiciel qui s'appelle Courbe, kurb.ch. Et puis l'idée c'est de dire, on a une vraie rupture aujourd'hui. Depuis plus d'un siècle, on relève les compteurs une fois par année. Avant on avait des compteurs mécaniques, après on avait des compteurs électroniques, mais ça n'a pas changé le processus. On avait une mesure par année. Aujourd'hui on a l'obligation, tous les distributeurs d'électricité ont l'obligation, d'ici fin 2027, donc d'ici deux ans, d'équiper 80% de leurs clients de smart meters, donc de compteurs intelligents, qui vont relever la consommation d'électricité et la production d'électricité s'il y en a, tous les quarts d'heure. Et ça, c'est un saut gigantesque, on ne se rend pas compte, mais en fait, on passe d'une mesure par année à 35 000 mesures par année. Donc en termes de granularité de la donnée qu'on peut utiliser, c'est un changement complet de paradigme. Et j'utilise ça, donc de plus en plus de clients ont ces courbes de charge, et on utilise cette courbe de charge, je l'utilise dans cet outil courbe, pour prendre la courbe de charge solaire, prendre la courbe de consommation, superposer les deux, et faire des scénarios, comme je disais avant, de jouer avec les paramètres. Qu'est-ce qui se passe si je ne mets pas de batterie ? Qu'est-ce qui se passe si j'augmente le champ solaire ? Qu'est-ce qui se passe si ma consommation évolue à la hausse ou à la baisse ? Qu'est-ce qui se passe si je mets une batterie de 10, 20, 50 kWh ? En termes d'autoconsommation, en termes de tarifs de reprise, en termes de rentabilité, en termes d'utilité pour le réseau, etc. Est-ce que c'est robuste sur les prochaines années ? Et tous ces calculs-là, il y a quelques années, ça aurait été impensable. Un compteur, ça coûtait plusieurs centaines de francs, il y avait un abonnement à 60 francs par mois, il n'y avait que les industries qui pouvaient se payer ça, ou les consommateurs d'une certaine taille. aujourd'hui, monsieur et madame, tout le monde va pouvoir faire ça. avec son compteur à la maison, avec son smartphone, avec l'aide d'un professionnel qui va pouvoir utiliser Courbe, parce que c'est un outil qui s'adresse quand même aux professionnels, parce que c'est quand même relativement compliqué, il faut comprendre les kilowatts, les kilowattheures, le stockage, etc. Les calculs de rentabilité. Mais ça rend, ça démocratise ces calculs qui auparavant prenaient une demi-journée, maintenant on peut le faire en deux minutes sur Courbe, donc ça va énormément démocratiser l'accès à ce genre de calculs et on va pouvoir au lieu de... de dire, prenez une batterie de 10 kWh parce que c'est le standard, on va pouvoir dire, calculez dans votre cas, et puis en fonction des hypothèses, dire, c'est cette capacité de batterie ou alors il ne vous faut pas de batterie. Parce qu'il faut voir, c'est que dans l'approche logique dans l'énergie, on doit d'abord, c'est la stratégie négaouette, on doit d'abord faire tout ce qui est sobriété, ça ne sert à rien d'aller produire l'électricité qu'on gaspille. Si on a une maison et que la lumière reste allumée dehors la nuit, c'est du gaspillage, ça ne sert à rien d'aller produire ou stocker cette électricité, il faut d'abord éteindre la lumière. Et il faut le faire pour... Pour tout ce qu'on peut, d'abord sobriété, toutes les mesures qu'on peut faire par la sobriété, ensuite toutes les mesures par l'efficacité. La même chose si on a des très vieilles ampoules, ça ne sert à rien d'aller mettre des panneaux solaires et des batteries pour alimenter des vieilles ampoules. Il faut d'abord mettre des ampoules LED, et puis après ça réduit la consommation, puis après avec moins de solaire on peut être autonome. Et puis une fois qu'on a fait ça, il y a les renouvelables, après bien dimensionner le solaire en fonction de sa production. Et puis tout en dernier, on compare la consommation qui a été réduite avec la production qui a été optimisée. Et puis on met, s'il faut, une batterie qui va faire l'optimum.
- Arnaud Zufferey
La stratégie mégawatts ?
- Bryan Umana
Négawatts.
- Arnaud Zufferey
Négawatts.
- Bryan Umana
Négawatts, oui.
- Arnaud Zufferey
Pour... Tu peux en reparler ?
- Bryan Umana
Oui. Alors c'est une stratégie qui a été développée par l'association Negawatt il y a une vingtaine d'années. En 2002, il y a eu un premier livre, « La maison des Negawatt » . C'est des concepts qui existaient déjà, qui avaient été déjà un peu développés aux États-Unis par Amory Lovins, si je ne me trompe pas, et qui ont été vraiment popularisés en France il y a 20 ans et qui sont devenus... qui sont restés assez peu utilisés. On le voit assez peu dans les bureaux d'ingénieurs, etc. Et puis il y a eu un coup d'accélérateur quand il y a eu ces questions de pénurie, il y a deux, trois ans avec la guerre en Ukraine, tout d'un coup on a essayé de dire qu'est-ce qu'on fait, là on est dans l'urgence, qu'est-ce qu'on peut faire ? La sobriété s'est revenue tout d'un coup, puis on s'est dit tiens, effectivement si on doit faire quelque chose dans l'urgence, déjà si on éteint tous les appareils dont on n'a pas besoin, si on fait tous ces éco-gestes et ces mesures, on peut déjà faire un bout. Et puis après avec l'efficacité, les pompes à chaleur, les véhicules électriques, on fait encore un bout, puis après, on produit le solde, finalement, le solde incompressible. On le fait avec ce qui reste. On peut prendre un exemple, si on essaye de déplacer une voiture avec des biocarburants, il faut des hectares de champs, parce qu'on a un rendement très mauvais sur les biocarburants, puis après la voiture a un rendement très mauvais, etc. Puis si on veut faire la même chose avec une voiture solaire, avec un petit champ solaire, avec 8-10 m² de solaire, on peut produire l'électricité qu'il faut pour alimenter sa voiture électrique. Puis si on prend un tout petit vélo électrique ou un vélo cargo, on peut faire encore 20 fois plus de kilomètres. Donc en fait, la sobriété, l'efficacité, ça permet de réduire drastiquement notre consommation d'énergie. Et puis après, on produit avec du solaire ou de l'éolien ou de l'hydraulique, du renouvelable, ce qui nous reste. Et puis en dernier, si on a un décalage entre consommation et production, on le fait avec une batterie qui peut être une batterie thermique, qui peut être une batterie chimique, qui peut être un barrage ou autre.
- Arnaud Zufferey
kurb.ch, K-U-R-B.ch Déjà, tu as une API ?
- Bryan Umana
Non. Pour l'instant, j'ai développé ça. Ce qui est rigolo, c'est que c'est partie d'une demande d'un bureau d'ingénieur, PP Project, à Iverdon, qui m'a demandé de dire « Écoute, on passe toujours du temps, une demi-journée, à produire des graphiques, c'est toujours les mêmes, on fait toujours ça à la bourre. Est-ce que tu ne pourrais pas nous faire un script ? Toi, tu es un ingénieur en énergie, un ingénieur en informatique, tu sais, tu as tout ce qu'il faut dans ta tête pour nous faire ça. » J'ai dit « Ok, on peut faire un outil. » J'ai fait un out Et puis les premiers tests.
- Arnaud Zufferey
Dans quel sens ?
- Bryan Umana
Pourquoi ? Parce que j'ai fait ça, et ils me disaient, oui, on a des compétences Python, etc. Je dis, bon, je vous fais un script sous Jupiter Notebook, je vous montre comment ça marche. Et puis c'est un outil qui est relativement facile à utiliser. Mais il y a eu d'une part des utilisateurs qui n'étaient pas à l'aise avec cet outil, puis d'autre part, des cas qu'on n'avait pas imaginés. On pensait que chaque distributeur avait une courbe de charge type, donc avait des données ou un format qui était assez bien défini. Puis en l'occurrence, ce n'était pas du tout le cas. Il y avait des formats de date qui changeaient d'un jour à l'autre, etc. donc on s'est retrouvé avec des... Chaque fois qu'ils essayaient de faire un truc, ça marchait pas. Je me suis dit que ça ne marchait pas, que l'outil n'était pas utilisé, que ce n'était pas ergonomique, que ce n'était pas adapté. Du coup, j'ai fait un site web avec un framework Python qui permet de faire ça. L'idée, c'est que les gens ont une page web, ils uploadent leur courbe de charge et ils récupèrent dans l'autre sens les PDF avec les résultats. Je pourrais en faire une API, mais pour l'instant, ce n'est pas dans mes priorités. Il faudrait qu'il y ait un logiciel derrière qui soit capable de questionner. pousser les données et recevoir les résultats. Peut-être que ça viendra avec les distributeurs. J'ai pas mal de collaborations avec les distributeurs d'énergie. Peut-être qu'à un moment donné, on va être dépassé par le flot de données et qu'il faudra avoir une API et que leur système directement pourra interroger une API sur kurb et recevoir les résultats. Après, c'est facile à faire au niveau technique. Les fonctions sont les mêmes. C'est une question d'interface et de priorité. Là, on est vraiment dans un mode itératif. Je suis en train de travailler sur la version 23 de kurb. depuis janvier.
- Arnaud Zufferey
Effectivement, maintenant que tu en parles, j'ai regardé quand même un petit peu le site et puis effectivement tu disais que comment est-ce que tu as mis dans le site justement la première release, est-ce que ce n'était pas pour ce bureau d'adresse ?
- Bryan Umana
Oui, tout à fait. La première version c'était un outil desktop où il fallait pas mal de connaissances avec plein de messages d'erreurs, etc. Après on a fait une deuxième version qui était hébergée. sur des serveurs européens qui étaient déjà un petit peu mieux, mais qui avaient encore pas mal de lacunes. Donc on a travaillé avec le bureau d'ingénieur en commun. Eux, ils testaient le truc, ils me faisaient des retours, et puis moi j'essayais le développement.
- Arnaud Zufferey
C'est vraiment toi qui as développé ? Oui,
- Bryan Umana
c'est moi qui ai développé.
- Arnaud Zufferey
Tu ne fais pas... Quand je dis aider, tu n'as pas des collaborations avec... Non,
- Bryan Umana
là en l'occurrence j'ai fait tout ça. Ça demandait vraiment des compétences assez pointues, tant sur l'énergie de ce qu'on veut montrer, parce que finalement il faut... Il faut sortir des indicateurs et puis c'est une démarche vraiment itérative de tester. Je me dis, je veux voir ça, je veux voir le ruban nocturne, c'est quoi la meilleure façon de le voir ? Est-ce que c'est un graphique comme ça ? Est-ce que c'est une ligne ? Est-ce que c'est par jour ? Est-ce que c'est par heure ? Et puis j'ai fait beaucoup d'itérations avec moi-même et avec le bureau d'ingénieur pour dire, ok, j'ai testé ça, c'est pas mal, ouais c'est pas mal, on voit mieux qu'avant, mais là, dans ce cas-là, avec cette industrie-là, on ne voit pas. Il faut imaginer en pourcent, il faut changer, il faut visualiser avec d'autres couleurs. Il faut superposer des courbes, donc on a fait beaucoup d'itérations comme ça, et ça vient chaque fois mieux, chaque fois on reprend des anciennes données, puis on régénère le rapport, puis on se dit « ah ouais, là ça saute aux yeux, là on voit avec la couleur, on voit, ben là la pompe à chaleur elle diverge, et on le voit sur ce graphique » . Donc il y a tout un travail sur les couleurs, les formes, les tailles, les zooms, les indicateurs, et qu'est-ce qu'on veut voir, quelles courbes, qu'est-ce qu'on veut comparer comme données, à quelle échelle de temps, entre les données qui sont en quart d'heure et des fois les données qu'on visualise au mois. Il faut trouver la bonne échelle avec la bonne donnée, superposer, c'est tout un travail, c'est assez intéressant le travail créatif. Et puis voilà, trouver le... alors je ne sais plus quelle était la question, mais... Donc voilà, il y a 20... on a fait 20 et quelques itérations en partant d'un outil qui était complètement barbare, qui était limité à des spécialistes où il fallait vraiment comprendre le code et des messages d'erreur assez compliqués, à un outil qui est vraiment une page web, qui est utilisable comme LinkedIn ou Facebook, on a un champ... On fait du glisser-déposer de son fichier, puis on clique sur générer. On a tous les rapports avec des explications dessous, de ce qu'on peut voir sur tel et tel graphique. On a une amélioration constante. Là, c'est ainsi que je développe la partie batterie. Pour vraiment avoir une simulation précise et puis des indicateurs qui aident à dimensionner ses batteries, à avoir le calcul de rentabilité et à bien ressortir entre le privé et la grande industrie. On n'a pas forcément les mêmes besoins, donc on essaie de trouver le bon niveau de granularité, les bons indicateurs qui soient compréhensibles et qui permettent de gagner du temps.
- Arnaud Zufferey
Le business model derrière kurb, c'est une licence ?
- Bryan Umana
Oui, alors on a fait un truc très particulier, les distributeurs d'énergie disaient, nous ça va être notre core business, aujourd'hui on a quasiment pas de clients, on a 2% des clients sur Smart Meter ou sur compteur de courbe de charge, dans deux ans on aura plus de 80%. Donc ça va être notre core business, on veut pas dépendre d'un outil externe, on veut pouvoir avoir la copropriété d'un outil puis le faire ensemble. Alors je me suis dit tiens c'est très bizarre comme modèle, je connais pas tellement d'autres logiciels qui sont développés comme ça, la plupart c'est un logiciel propriétaire puis on paye un abonnement annuel. Puis là j'ai dit ok je prends le risque, on le fait comme ça. On verra ce que ça donne. Maintenant, on a 3-4 clients qui sont partenaires, qui sont copropriétaires de cet outil, qui donnent des idées, qui testent, qui donnent des feedbacks. Et puis, on verra où ça nous mène. Je ne sais pas trop. Le but, ce n'est pas de devenir riche, c'est de faire avancer le schmilblick et puis de développer un truc tous ensemble. Tous les distributeurs, il y en a plus de 600 en Suisse, ils ont tous les mêmes besoins, les bureaux d'ingénieurs ont les mêmes besoins. Donc l'idée, c'est les échanges que je fais sur LinkedIn aussi ces jours, d'échanger avec les gens, de dire quels sont vos besoins, moi je développe ça, qu'est-ce que vous en pensez ? Avec la critique et la co-construction, on est vraiment en co-construction avec ces bureaux. Ils payent une licence unique en fait, et puis c'est une copropriété du code. Et puis avec ça, chacun fait ce qu'il a à faire dans son coin. Il y a des vendeurs de batteries, il y a des vendeurs de solaires, il y a des conseillers en énergie, il y a des conseillers en efficacité, il y a des distributeurs d'énergie qui conseillent leurs clients. Chacun a des besoins différents, et puis on a tous un peu le même outil, avec les mêmes indicateurs, puis on essaye d'avancer, d'avoir le meilleur outil possible.
- Arnaud Zufferey
Mais donc tout le monde... On pourrait devenir copropriétaire, ou comment est-ce que tu fais ça ? Et donc s'il y a des copropriétaires, lorsqu'il y a un bureau qui va absolument utiliser kurb, donc il achète une licence... Cet argent, il revient à qui ? A moi,
- Bryan Umana
parce que c'est moi qui finance, qui investit. Toutes les heures que j'ai passées pour l'instant, je suis encore loin du seuil de rentabilité. Donc pour l'instant, c'est moi qui fais ces heures. Et puis les gens, ils payent une licence. Et puis après, ils ont la mise à jour de tout ce que les autres apportent. Ils bénéficient de toutes les idées des autres, des développements des autres, etc. Puis en fait, si chacun avait dû mettre quelques milliers de francs pour développer un logiciel, il aurait une feuille Excel avec une macro. Et puis à la place de ça, en mutualisant ces moyens, on obtient une super plateforme qui est sécurisée, qui est hébergée en Suisse, qui est maintenue, avec du code qui est propre, avec des fonctionnalités qui sont bien au-delà des besoins et des attentes de chacun. Et puis voilà, c'est un peu la force de la collaboration.
- Arnaud Zufferey
Donc un fournisseur d'électricité de Châteloy, Genevois, Saint-Gallois pourrait devenir copropriétaire de kurb ? et qu'est-ce qu'ils doivent faire ? Ils contactent ?
- Bryan Umana
Alors ils me contactent et puis on regarde en fonction de leurs besoins qu'est-ce qu'ils ont, est-ce que l'outil répond à leurs attentes ou pas ? Quel est le public cible ? Est-ce que c'est chez eux les vendeurs, les conseillers commerciaux, les ingénieurs, etc. ? Qu'est-ce qu'ils veulent faire ? Et puis très souvent je fais une offre avec la formation aussi pour qu'ils puissent vraiment tirer partie au maximum, de passer un petit peu du temps, une demi-journée avec les personnes qui vont utiliser ça pour comprendre. Qu'est-ce qui va changer ? Parce que finalement, il y a deux aspects. Il y a l'aspect technique, ça c'est facile, mais il y a l'aspect changement de paradigme complet. Quelqu'un qui travaille depuis 20 ans avec un relevé de compteur annuel, tout d'un coup, son métier, il change complètement. Ce n'est pas juste l'outil, ce n'est pas d'utiliser kurb ou pas, c'est juste de dire, avant, moi, je faisais un conseil comme ça, avec une tabelle, je conseillais sur une tabelle. Demain, ce n'est plus possible, le client, il aura des données au quart d'heure, il va vouloir les voir sur sa plateforme, il va vouloir utiliser des indicateurs. Et puis si c'est pas lui qui le fait, c'est le concurrent. Donc on ne pourra plus vendre des installations solaires juste sur la base de règles du pouce, etc. Donc ça va changer et ça va changer très vite. On a deux ans pour s'adapter, donc ça va changer le conseil clientèle, ça va changer la mobilité électrique, les pompes à chaleur, tout ça, l'autoconsommation. On en parlait avant un petit peu en off des CEL, les CA, etc. On n'a pas les outils et on n'a pas les données actuellement et c'est en train de changer très vite. Dans deux ans, tout le monde aura sa cour de charge puis il pourra dire « Ah mais moi j'aimerais rejoindre ta communauté d'autoconsommation, est-ce que ça vaut la peine ? » Ah bon ? On superpose nos courbes et on regarde ce qu'il reste. Aujourd'hui, c'est compliqué et ça va être de plus en plus simple. Les distributeurs sont tous confrontés à cette même problématique. Ce n'est pas l'Andy Ségir qui va nous faire des outils pour dimensionner ça. Si chacun doit développer son outil dans son coin, ça va être compliqué.
- Arnaud Zufferey
Tu disais que vous êtes hébergé en Suisse. Comment est-ce que vous êtes hébergé en Europe ? Vous êtes chez Infomaniak ? Oui,
- Bryan Umana
exactement.
- Arnaud Zufferey
Magnifique, Infomaniak qui soutient le podcast.
- Bryan Umana
Très bien, alors on peut leur faire de la pub, en tout cas ça marche très bien. Et ce qui est génial, c'est que je l'ai fait en même temps, j'ai réécrit certains algorithmes et j'ai porté en même temps le code sur le nouveau serveur. Je suis passé de 70 secondes de temps de traitement des données à 2 secondes. Alors il y a une partie qui vient de la distance entre le client et le serveur, il y a une partie qui vient de la performance de l'infrastructure qui n'est pas la même, alors le prix n'est pas le même. mais la performance n'est pas la même et puis l'algorithme mais tout ça superposé l'ingénieur au lieu d'attendre une minute dix il attend deux secondes donc il n'a pas le temps de voir et ça montre aussi les progrès qu'on a fait en termes d'algorithme de performance de qualité du code sur l'espace de six mois en tout cas je
- Arnaud Zufferey
sens évidemment je dis évidemment la majorité des personnes qui ont ton profil qui ont ton profil c'est pas Ce n'est pas ce profil hybride entre l'informatique et l'énergie, l'environnement, mais c'est ton profil expert, conseiller en énergie. Généralement, c'est quand même des personnes passionnées. Et là, je ressens aussi ce côté ingénieur informatique, parce que là, tu me parles de Python, de développement. Et puis d'un autre côté, tu fais ce liant ou ce pont avec les fournisseurs d'électricité, avec les bureaux d'ingénieurs. Et c'est intéressant de voir tout ça. En plus, j'ai vu que tu avais postulé, je n'ai juste plus le nom du concours. Le
- Bryan Umana
WhatsApp Challenge.
- Arnaud Zufferey
Voilà, exactement. WhatsApp Challenge. In a mark. Exactement, ils en ont fait la promo lors du Smart Energy Event. Je ne sais pas exactement comment ça se passe, c'est le public qui vote ?
- Bryan Umana
Non, il y a un jury, il y a 8 thèmes je crois. Tu dois pucher ? Alors dans un premier temps, il y a le jury qui trie toutes les candidatures, et puis après, ceux qui sont retenus, il y a un pitch, et puis sur cette base, après ils desserrent.
- Arnaud Zufferey
Et ça se passe où ?
- Bryan Umana
Alors je pense que ça se passera à Sion. Le premier tri, les nouvelles, c'est mi-octobre. Alors on verra, je n'ai pas de grandes attentes, mais je me suis dit que c'est un bon challenge d'essayer de participer. Je le dis d'ailleurs, je l'ai dit, pour que ça stimule aussi d'autres candidatures. Et il y a d'autres partenaires, collègues, confrères, compétiteurs qui ont des projets similaires. Et puis je me dis que c'est bien, si tout le monde est au courant et tout le monde participe.
- Arnaud Zufferey
ça va augmenter le niveau et ça permettra aux meilleures idées d'avoir un soutien et en termes d'innovation laquelle ou lesquelles t'enthousiasmes le plus actuellement
- Bryan Umana
dans le domaine de l'énergie je sais pas s'il y a une innovation qui sort du lot mais il me semble qu'il y a On est en train d'avoir un peu toutes les pièces du puzzle qu'il n'y avait pas il y a 20 ans quand j'ai commencé. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si on veut faire une maison autonome, on a des pompes à chaleur hyper performantes, des isolants performants, on a des méthodes performantes de calcul, de diagnostic, on a du solaire qui a un coût, le coût du solaire a été divisé par 10, le prix des batteries a été divisé par 10. Donc aujourd'hui, pour faire une maison autonome ou avoir une mobilité autonome, c'est devenu... Quand on dit off the shelf, quand on achète des composants sur le marché, on achète des compétences sur le marché, il n'y a plus rien à innover. Après, il y a une innovation, une amélioration continue qui est assez fantastique, qui est assez géniale à observer. Tout s'améliore chaque année. Les systèmes de fixation solaire s'améliorent, les batteries s'améliorent, les voitures s'améliorent. Je dirais, il y a quelques années, 25 kWh au 100 pour une voiture, c'était génial. Aujourd'hui, Mercedes vient de sortir un modèle qui fait du 12-13, qui est une grosse voiture de 5 places, etc. Les autonomies sont en progression. Il y a vraiment d'un côté un truc hyper positif, de dire qu'il y a tout pour bien faire. Puis d'un autre côté, il y a un peu la vision de la société, on fait tout à l'envers. On commence par réfléchir à l'envers, on veut mettre du solaire sur les alpages avant de se poser la question de si on éteint l'éclairage public la nuit. Et c'est ce contraste qui me choque aujourd'hui. On voit au niveau des politiques, aux Etats-Unis, on revient avec Drill, Baby Drill. en France on a aussi cette tendance à dire un moratoire sur les énergies renouvelables. On a une performance technique incroyable avec une bêtise incroyable de l'autre côté. Les méthodes, c'est peut-être ce qui me choque et ce qui me désespère un peu en ce moment, c'est qu'on a les méthodes pour tout faire et bien faire. On a cette stratégie négaWatt qui date de 20 ans, qui est hyper efficace, hyper performante. Ça fait 20 ans que j'utilise ça, je ne l'ai jamais mise en défaut. Je l'ai utilisé à toutes les échelles. Sobriété, efficacité renouvelable, ça marche. Et aujourd'hui, dans le politique, monde. Tout d'un coup, on dit « Ah, on va mettre une éolienne ici, on va mettre des panneaux solaires sur les alpages. » Et sans aucun débat sur qu'est-ce qu'on fait, je vois souvent, quand je fais mes courses, tous ces frigos qui n'ont pas de porte vitrée. On chauffe des locaux à 20 degrés, puis on a des frigos ouverts qui essayent de tenir du 5 degrés. Et je veux dire, c'est basique, quoi. On n'a pas fait le moindre pas intelligent. Puis d'un autre côté, on a derrière une machine de froid qui a un rendement de 8,5, qui est une merveille technologique, quoi. Et c'est ce contraste un peu qui m'étonne en ce moment, et il me semble que ça s'accentue. On a de plus en plus de propositions bêtes, on va avoir ce débat nouveau sur le nucléaire, est-ce qu'on veut du nucléaire ou pas, mais faisons les choses en l'ordre. Le jour où on a éteint toutes les pompes et les ventilateurs qui tournent pour rien, on pourra peut-être se poser la question de si on veut de nouveau de l'énergie en ruban, mais on a un peu les shadocs, d'un côté on a des systèmes techniques hyper avancés, puis de l'autre côté on est bêtes, on fait les trucs vraiment... les plus bêtes qu'ils soient. Ça se voit sur les courbes de charge, on parlait de courbes avant. On sort la courbe de charge, tout d'un coup on dit « Ok, vous avez une menuiserie, puis vous consommez autant le dimanche que le lundi, vous êtes fermé le dimanche, qu'est-ce qui se passe ? » Ah bon, comment ? Et ça choque les gens. Quand on voit ça chez soi, on se dit « Mais c'est choquant, le propriétaire quand il voit ça, il prend des mesures tout de suite. Il dit « Je vais couper les appareils, je vais mettre un interrupteur général, je vais mettre un détecteur, je vous garantis on va pas continuer avec le dimanche alors qu'au niveau collectif l'éclairage public il reste allumé la nuit On se pose pas tellement la question, donc voilà, c'est un peu ça. Longue réponse pour une question courte.
- Arnaud Zufferey
Non mais je vais remondir là-dessus, mais j'y pense.
- Bryan Umana
T'as chaud ? Non, ça va.
- Arnaud Zufferey
Parce qu'on parle de sobriété et puis je ne m'étais pas rendu compte qu'il y avait un ventilateur qui tournait et je me disais même il y a un petit courant d'air, je ne comprends pas pourquoi. Si ça te va, je vais l'éteindre et comme ça on continue là direct. Tu peux profiter de boire un peu d'eau si tu veux.
- Bryan Umana
Parce que finalement tous les appareils qu'on a autour, les caméras, l'éclairage etc. ça finit tout en chaleur. C'est clair. Au bout d'un moment je pense que le local il doit surchauffer.
- Arnaud Zufferey
Oui mais je ne suis pas venu dans ce studio, c'est quand même la quatrième fois je crois. C'est la première fois que je vois qu'il y a le ventilo. Enfin voilà, bref. C'est vrai que faisons les choses bien.
- Bryan Umana
C'est un bon exemple de sobriété. On n'a rien gagné sur l'efficacité. Le ventilateur est peut-être de classe D, il est toujours de classe D, on n'a rien gagné sur l'efficacité, on n'a rien gagné sur le renouvelable, mais on a une mesure de sobriété. On a éteint un appareil qui consomme moins, donc on n'a pas besoin de produire cette électricité, on n'a pas besoin de la stocker, de la transporter. C'est parfait.
- Arnaud Zufferey
Et là j'hésite, parce que maintenant que tu parles de ça par rapport au ventilo, j'ai envie de continuer sur un autre. Toujours le sujet de l'énergie, mais une autre thématique. En même temps, on parlait d'innovation et j'ai bien envie de creuser cet aspect-là. Donc, continuons dans l'innovation. Tu as parlé des... Je ne sais plus si tu as dit l'acronyme CA ou tu as dit communauté d'autoconsommation, mais je crois en tout cas que tu as parlé rapidement des CEL, je crois. Tous ces nouveaux... Regroupement. Alors, on a dans un premier temps le RCP, donc le regroupement dans le cadre de la consommation propre qui existe depuis 2018. Et maintenant, ces nouveaux regroupements, ces nouveaux modèles avec le RCPV, donc le regroupement dans le cadre de la consommation propre virtuelle qui est officiel depuis le 1er janvier 2025. Dans les faits, c'est un peu plus compliqué que ça. et les CEL, les communautés. électrique locale qui arrive au 1er janvier 2026. Et pareil, là, ça va être, à mon avis, d'ici un an, on n'aura pas grand-chose ou ça va être assez compliqué. Tout ça aide, ou en tout cas est un levier, je pense, assez important pour l'autoconsommation. Comme tu l'as dit, le jour où on pourra comparer nos courbes de charge avec nos voisins, avec... nos communes voisines, la rue voisine, on pourra faire des belles choses aussi de manière intelligente. Toi, qu'est-ce que tu en penses de tout ça ?
- Bryan Umana
C'est génial parce qu'on voit que le principal problème de la rentabilité des installations solaires, la clé de la rentabilité, c'est l'autoconsommation. Donc si moi je ne suis pas là à midi quand mon installation solaire produit, le premier réflexe, ce n'est pas de mettre une batterie gigantesque, c'est de regarder si mon voisin ... Lui il est là à ce moment-là et il consomme. Et puis à ce moment-là c'est win-win. Moi je peux lui vendre l'électricité et lui il peut l'acheter moins cher que le réseau. Et ça c'est valable aussi. Je viens de faire un exemple pour une commune qui dit qu'est-ce qu'on peut faire. Et puis ils ont d'un côté un dépôt des travaux publics où il n'y a personne qui travaille. Donc il n'y a pas de consommation mais le toit est gigantesque, il produit beaucoup. Et puis de l'autre côté de la commune ils ont leur administration communale qui est un vieux bâtiment historique avec plein de découpes dans le toit où ils n'ont pas de solaire. et puis ils consomment beaucoup la journée. Et je dis, c'est génial, il n'y a pas besoin de mettre une batterie d'un côté et puis de... de faire un système compliqué de l'autre, de génération d'électricité ou autre. Vous faites simplement une CEL entre les deux, et puisque vous produisez d'un côté, vous le consommez de l'autre. Et ça, je pense que ça va vraiment aider les propriétaires à rentabiliser leurs installations. Puis c'est aussi une des pistes, on est maintenant un peu dans une phase de désenchantement par rapport au solaire, on dit « ah, c'est pas rentable » , etc. Non, c'est hyper rentable. Le coût de production du solaire, il est nettement inférieur au coût du réseau. Donc aujourd'hui, toutes les installations que je fais, ou que je calcule, on est entre 6 et... 15 centimes le kWh, donc c'est nettement inférieur aux tarifs du réseau où on est plutôt entre 25 et 35 centimes le kWh. Donc la production elle est rentable, après il faut pouvoir l'autoconsommer. Et c'est là où on a des difficultés et aujourd'hui on a ces nouvelles possibilités. Donc d'un côté on voit tous les médias se concentrent sur le côté noir, de dire les tarifs baissent, etc. Mais ils ne parlent pas assez du côté positif, de dire mais maintenant on peut partager avec ses voisins. C'était pas évident, c'était pas donné, c'était pas gagné. Et aujourd'hui on peut dire... Moi, je partage avec mon voisin. La commune, elle partage d'un bâtiment à l'autre. Un propriétaire qui a plusieurs bâtiments, il peut mutualiser ses installations et gagner. Et ça, c'est une vraie chance. Il n'y a pas que le côté négatif, il y a aussi le côté positif. Et ça crée des mini-distributeurs d'électricité, parce qu'on a de la production, de la consommation sur des sites décentralisés. Et puis ça, c'est une vraie chance pour le réseau électrique et pour notre autarcie ou notre indépendance énergétique qui augmente. Et puis, on a de plus en plus... Oui, des... Des consommations qui se réduisent dans des poches de consommation comme ça, et puis c'est une approche un peu bottom-up de la transition énergétique.
- Arnaud Zufferey
C'est vrai que c'est un petit peu la critique que je fais aux médias. C'est complexe, mais je dis ça et en même temps, ce n'est pas si complexe que ça, mais dans le sens où il y a ce besoin de buzz et de vouloir faire lire. Et donc, tu mets des titres, justement, comme... Comme celui que j'ai lu, je ne sais plus trop quand, je crois que c'est dans Le Temps aussi, où tu vois directement, encore une fois, les bilatérales 3, je ne sais plus ce que c'était le titre, mais en gros, je crois que le PV ne sera plus intéressant, quelque chose comme ça. Et puis c'est vrai que c'est dommage, parce qu'effectivement, d'un côté on a ça, et de l'autre côté, on ne voit pas l'autre revers de la médaille, qui est, c'est peut-être aussi une opportunité. Pour justement vraiment penser au temps de consommation et pas juste produire pour produire et se poser des questions, comme tu dis, le ventilateur qu'on a éteint, l'action est concrète, directe et facile. Si on n'enregistrait pas, on n'aurait certainement pas toutes ces lampes ou ampoules allumées. Donc en fait, comme tu dis, par temps... d'une base ou d'un état des lieux et ensuite on regarde ce qu'on peut faire et puis on a tendance à oublier ça et puis j'ai l'impression que les médias souvent, enfin bon peut-être que je généralise un petit peu ou c'est un peu critique ce que je dis mais voilà, on met du choc pour faire lire et puis parfois c'est pas tout le temps pas toujours tout exposer quoi et c'est un petit peu dommage.
- Bryan Umana
Puis les ingénieurs on n'est pas très bon pour ça, pour faire le contre-choc d'arriver puis de dire mais c'est génial, à partir de l'année prochaine on peut faire des mini-distributeurs d'énergie, on peut se regrouper, on peut rentabiliser à fond nos installations, chacun fait ses calculs dans son coin, sait que c'est pas vrai quand il lit les médias, il va dire c'est pas vrai, c'est pas le cas, etc. c'est pessimiste, mais il y a peu de gens qui prennent la parole, déjà parce qu'on n'a pas le temps, que c'est pas rentable, et puis voilà d'aller dans les médias c'est pas confortable non plus. Contre ça, on n'est pas très nombreux à prendre la parole sur LinkedIn et autres, de faire passer des messages, d'essayer de dire, sans être influenceur ou d'essayer de vendre des trucs, mais de dire juste, regardez les opportunités. Aujourd'hui, sur le débat sur le nucléaire qui revient, il est pauvre. Il y a ceux qui sont pour, il y a ceux qui sont contre, mais il n'y a personne qui arrive à faire passer le message de dire, mais prenons juste le pas de recul sur l'aberration de notre système énergétique. Combien notre société consomme en ruban ? La nuit du dimanche au lundi, quand il n'y a personne qui bosse, c'est énorme. Des quantités d'électricité qui sont gigantesques, parce qu'il y a des machins qui tournent dans le vide, des pompes de circulation, des éclairages, des systèmes qui ne servent à rien. Et ça, je pense que ce message-là, il doit faire son chemin. Et puis, la même chose sur le solaire. De faire passer des messages chocs, de dire, regardez, on parle de libéralisation, mais la libéralisation, elle est déjà là, bottom-up. On peut déjà se regrouper dans un quartier entre trois immeubles. Produire ce qu'on veut sur son toit, consommer ce qu'on veut, puis choisir son fournisseur, c'est possible aujourd'hui. Qui est au courant de ça ? Qui a le message choc ou qui a fait passer ça ? C'est pas très clair. Il y a plein de sujets à traiter aussi. Je pense que c'est pas juste la faute des médias. Les médias, c'est le reflet de ce qu'ils entendent. D'ailleurs, plusieurs fois, ça m'est arrivé ces dix dernières années de faire un coup de gueule sur LinkedIn sans trop réfléchir, puis tout d'un coup d'avoir un coup de fil de la RTS ou d'autres, de dire mais vous pourriez développer ça, on n'a jamais entendu ça Et voilà, donc on a une part, vraiment une responsabilité partagée entre l'ingénieur qui ne dit pas, et puis on entend toujours les mêmes, et puis les médias qui interrogent toujours les mêmes, et puis les grands groupes qui disent ce qu'ils veulent bien dire, et puis les lobbies, les politiciens qui répètent ce qu'ils entendent. Voilà, c'est un cercle un peu vicieux.
- Arnaud Zufferey
Bien sûr. D'un autre côté, moi j'ai l'impression que c'est quand même le rôle des médias de... Et je ne dis pas, c'est ce qu'ils font pour la majorité, en tout cas en Suisse,
- Bryan Umana
on a quand même de la chance,
- Arnaud Zufferey
contrairement à d'autres pays. Mais c'est leur job d'aller justement chercher toutes les infos et certains le font très bien, d'autres le font moins bien. Tu parles de l'éclairage. La proportion entre la consommation de l'éclairage versus le transport, par exemple ?
- Bryan Umana
C'est très faible, mais je pense qu'il ne faut pas le faire comme ça. Chaque secteur doit s'améliorer, on doit être dans une amélioration continue. Si on peut appliquer la stratégie négaWatt à l'éclairage public, ça veut dire d'éteindre quand on n'en a pas besoin. En face de chez moi, j'ai un arrêt de bus qui est allumé 24h sur 24h, en tout cas toute la nuit, 12h par jour, alors que les bus s'arrêtent à 20h. question, c'est pas question, est-ce que ça consomme plus ou moins que tel autre équipement, etc. C'est dire, est-ce que ça a du sens, que cet éclairage est installé ? Mais donc, secteur par secteur, on doit faire ça, sobriété, efficacité, renouvelable. Ben, cet arrêt de bus, il doit être éteint à partir du moment où il n'y a plus de transport public. Ensuite, il devrait être équipé d'ampoules LED qui consomment 4 fois moins que ce qu'il y a actuellement. Et puis, en dernier, on devrait produire l'électricité qui est consommée avec l'hydraulique au fil de l'eau qui va fonctionner très bien la nuit. Et puis, comme ça on a un système renouvelable et on a tiré le maximum de... de cette installation. Et je pense qu'il faut le voir partout. Et très souvent, on a cette excuse de dire « Oui, mais bon, par rapport à la Suisse, par rapport à la Chine, c'est rien du tout. L'éclairage public par rapport à la mobilité, c'est rien du tout. Les voitures électriques en Pologne, avec le charbon, etc. » On a tout plein d'indicateurs de comparaison bancale pour expliquer qu'on ne fait rien. Je pense qu'il faut attaquer secteur par secteur, domaine par domaine. Et d'ailleurs, je fais ça, c'est ce qu'on disait en off tout à l'heure. J'utilise une tabelle qui est très simple depuis une vingtaine d'années. Les trois secteurs d'activité, les trois usages principaux de l'énergie, l'électricité, la chaleur, la mobilité, ça me fait trois colonnes. Ensuite, en ligne, je prends sobriété, efficacité, renouvelable, qui est la démarche négative. Ça me fait un tableau tout bête avec neuf cases, qu'on peut après séparer un peu. On peut séparer la chaleur entre chauffage et eau chaude. On peut séparer l'électricité en plusieurs compressions, mais on peut aussi rajouter une colonne pour le froid, si on est dans l'industrie de ça. Mais disons, globalement, on a une matrice très simple à neuf cellules. et avec ça, j'adore faire ça en premier lieu en discutant avec un entrepreneur ou avec une commune qui placeront les trucs que vous faites déjà dans les 9 cases. Très souvent, il y a 8 cases vides, ou il y a 7 cases vides, puis on n'a pas pensé, ou on a travaillé à fond sur un domaine, et puis sur un domaine transverse, ou sur l'efficacité, ou sur le renouvelable, et puis on a oublié le reste. Et puis ça, c'est juste une vision d'ensemble qui est très facile à faire. D'ailleurs, on en discutait avant, on pourrait le mettre, ce tableau en lien sur ton site, et puis en lien avec le podcast, ça peut servir à tout le monde, et c'est quelque chose que je donne vraiment à tous les entrepreneurs, et les gens, les particuliers, qu'on fasse une rénovation, qu'on ait une entreprise, une commune. Si on a déjà juste ce petit tableau, on se dit juste, ça permet juste de prendre le pas de recul, puis dire ok, on a mis du solaire sur tous nos bâtiments, mais en fait c'est une case sur neuf. Qu'est-ce qu'on a fait pour la mobilité ? Est-ce qu'on a des bus électriques ? Est-ce qu'on a fait des choses dans la sobriété ? Ah non, rien du tout. Et très souvent ça arrive dans les entreprises, la première ligne elle est vide. Ah, ça fait dix ans qu'on est certifié ISO machin, on a deux délégués à l'énergie, un responsable environnemental, QS, etc. Qu'est-ce que vous avez fait dans la sobriété ? De rien. Est-ce qu'il y a un panneau sur l'ascenseur qui dit « pense à monter à pied » ? Non. Et très souvent, ça fait un peu un électrochoc. On se dit « oula, tout d'un coup, ça a élargi l'horizon, on a dit qu'on a creusé à fond le solaire, puis on n'a rien fait sur le reste » .
- Arnaud Zufferey
En reparlant de sobriété, on a débuté à un moment donné où je t'ai posé la question par rapport au propriétaire, qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Tu es parti sur l'état des lieux. faire venir un spécialiste dans le domaine pour après avoir un plan d'action, etc. Le locataire qui justement lui ne peut pas décider s'il veut poser des panneaux solaires chez lui, il ne peut pas décider de changer son chauffage, de passer du mazout à une PAC ou autre. Qu'est-ce que le locataire, la locataire, je vais dire locatrice, ça ne se dit pas locatrice. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire, eux, de manière concrète, chez eux ?
- Bryan Umana
Alors, j'ai développé pour ça un petit calculateur sur Energuide.
- Arnaud Zufferey
Tu as tout développé, en fait. Mais j'ai dû...
- Bryan Umana
En fait, chaque fois que j'ai un cas, je me dis, quand je fais plusieurs fois la même chose, je me dis, c'est pas la peine que je répète trois fois la même chose. Si tout le monde a le même problème, c'est qu'il manque un outil. Alors, j'ai développé un petit calculateur sur Energuide qui permet à n'importe qui, propriétaire ou locataire, de faire un bilan énergétique qui comprend le chauffage, l'électricité et la mobilité. Il y a cinq, six questions avec des listes déroulantes. c'est très simple à utiliser, ça s'appelle Billion d'énergie. Et puis après, on voit en franc, en kWh, en CO2, exactement son profil. Et puis on peut voir, par exemple, si je suis locataire et que j'habite loin de Lausanne et que je vais au centre-ville avec un véhicule fossile, on va voir la part du véhicule fossile par rapport au chauffage, etc. Puis ça donne son profil. Puis du coup, chacun a un profil différent. Entre quelqu'un qui habite dans une maison Minergie, dans la campagne fribourgeoise, qui aura un bilan sur son habitation qui est très bon. et puis qui se déplace avec un gros SUV de 2 tonnes diesel, il aura une mobilité très mauvaise. A l'inverse, quelqu'un qui habite dans une maison des années 70, chauffé au Moiseau, au centre de Lausanne, mais qui se déplace 100% à vélo et à pied, il aura un bilan complètement différent. Donc il n'aura pas les mêmes actions. Il n'y a pas une liste d'actions génériques. Il y a un profil type pour chacun, un diagnostic, et puis après il y a des mesures qu'on retrouve sur Energuide qui sont bien connues de tous. L'isolation pour les bâtiments, mobilité électrique, transport public. Les pommeaux de douche efficaces pour l'eau chaude, qui est une mesure très efficace, etc. Après, une fois qu'on a son bilan, je donnais parfois l'exemple du cholestérol. On fait des campagnes en disant « le cholestérol chez les hommes, etc. faites attention » . Ça touche personne, les gens disent « moi je m'en fous, j'ai pas de cholestérol » . Par contre, quand c'est son médecin qui dit, « Vous, votre taux de cholestérol est au-dessus de la moitié » , Et c'est la même chose que j'ai utilisé sur Energeed en disant, faites le test, si je donne des éco-gestes, tout le monde s'en fout. Si je dis votre pommeau de douche, vous le mesurez, il y a un petit tuto qui montre comment mesurer l'étiquette d'énergie de son pommeau de douche. Quand les gens s'aperçoivent que leur pommeau de douche est d'étiquette G, le prochain truc qu'ils font c'est d'aller au magasin et de changer leur pommeau de douche. Alors que si je dis, changez votre pommeau de douche, le mien, je sais pas, pas quelle étiquette il a, je fais rien. C'est vraiment cette action-réaction, je prends conscience du truc. je peux plus me doucher avec un pommeau de douche de classe G si je me considère comme essayant d'améliorer D à la rigueur on peut discuter mais quand j'ai pris conscience que mon pommeau de douche il est G alors que j'ai mis des ampoules LED partout que je fais attention dans la pied au travail tout d'un coup ça choque sur Energuide on a les litres qui s'affichent, ça fait des centaines de milliers de litres par année d'eau chaude c'est choquant et ça incite à prendre des mesures je crois que justement avant je parlais de le temps dans une interview
- Arnaud Zufferey
que tu as fait, je crois que c'était Le Temps, qui t'ont interviewé par rapport à ça, à certaines actions. Justement, il y avait des actions très concrètes et faciles, dans le sens, moi je me douche à l'eau froide depuis très longtemps, mais à la base, ce n'est pas pour une question énergétique. Mais disons, si on pense sobriété, On ne va peut-être pas demander à tout le monde de se doucher à l'eau froide 365 jours sur 365. Par contre, se laver les mains à l'eau froide, c'est beaucoup plus accessible à tout le monde.
- Bryan Umana
Oui, alors le meilleur exemple, c'est encore de couper l'eau pendant qu'on se douche. Et c'est la mesure, sur NRG toujours, on peut faire le test.
- Arnaud Zufferey
Couper l'eau.
- Bryan Umana
Couper l'eau pendant qu'on se savonne. Ah oui, oui. Et beaucoup de gens qui ne pensent pas à ça, ils disent « Ah, mais moi, je n'ai pas l'envie d'avoir froid sous la douche, pas de soucis Mais la différence de consommation, c'est des centaines de millilitres par année. Si on pense, j'ai fait des tests, ça fait toujours rire les gens quand j'explique que je me suis baladé sous la douche avec un chronomètre pour voir. En 20 secondes, qu'on soit avec beaucoup de cheveux, beaucoup de poils, peu importe, en 20 secondes, on est complètement mouillé. Donc il faut 20 secondes pour se mouiller. Après, on peut savonner le temps qu'on veut avec l'eau qui est coupée. Et puis après, il faut une minute 40 pour se rincer. De nouveau, qu'on soit poilu, chevelu, peu importe. Une minute 40, ça fait deux minutes. la plupart des gens ils passent 7 à 10 minutes avec l'eau qui coule Ça fait une réduction de 80% de l'eau chaude. Donc 80% d'eau en moins, 80% de facture en moins, et c'est hyper rentable, c'est la première mesure à prendre, c'est la sobriété, et ça coûte rien. Et quand on prend conscience de ça, et justement sur Energuide vous pouvez faire le test, vous pouvez remplir votre consommation d'eau chaude, dire voilà je me douche 5 fois par semaine, je prends un bain, on est 4 personnes dans le foyer, j'ai un pommeau de douche, le classe-g, etc. Puis vous faites votre test, puis vous regardez, en coupant l'eau et sans couper l'eau, ça fait des centaines de milliers de litres, ça fait des milliers de francs par année. Donc c'est une bonne mesure. Et effectivement, on peut se laver les mains à l'eau froide. J'utilise aussi jamais d'eau chaude. Le temps qu'on se lave les mains à l'eau chaude, elle n'est encore pas arrivée. Voilà, c'est des mesures faciles à faire. Mais après, c'est à chacun de voir si c'est un sacrifice trop grand ou pas. Mais il y a déjà beaucoup de choses qu'on peut faire avec la sobriété, sans aller chercher, sans se geler en hiver, en étant à 16 degrés avec une cagoule à l'intérieur. C'est souvent l'image qu'on a de la sobriété. Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire, des petites choses. Quand on fait un trajet, on se pose la question, Est-ce que je peux faire une visio à la place de me déplacer ? Très souvent, les gens parlent réflexes. Ah ben, ouais. Non, ça ne change rien. Oui, effectivement, on peut faire juste un téléphone. Et c'est des réflexes de sobriété. Alors qu'après, on aurait pu dire, j'aurais pu aller en voiture électrique du point A au point B. Mais en fait, si on peut le faire par téléphone, ça fait gagner du temps à tout le monde.
- Arnaud Zufferey
Je ne me rendais pas compte que les personnes se savonnaient avec l'eau qui coulait au corps.
- Bryan Umana
Oui.
- Arnaud Zufferey
Mais c'est vrai, en fait, c'est comme les gens qui se brossent les dents. Et qui laisse couler l'eau. Il y a plein de petits exemples comme ça. Par exemple, moi, je me rase, tu sais, au coupe-choux. Donc, je ferme mon évier pour que l'eau ne coule pas et pour pouvoir essuyer mon coupe-choux dans l'eau qui est restée dans l'évier. C'est vrai qu'au tout début, ça fait des années que je me rase au coupe-choux, au tout début je ne le faisais pas comme ça juste parce que... j'y avais pas pensé. Je faisais couler l'eau pour enlever les poils, ensuite je continue à embraser, et ensuite je me dis, mais purée, j'ai gaspillé énormément d'eau en faisant ça à chaque fois, alors que j'ai pas besoin d'eau propre réellement. Enfin, donc voilà, ça c'est un petit truc aussi.
- Bryan Umana
C'est marrant, c'est anecdotique, mais ce qui est génial, c'est qu'il y a la même chose au niveau des entreprises. Quand j'arrive dans les entreprises, j'ai un regard extérieur, souvent les gens, ils ont hérité de l'entreprise, ou ça fait 20 ans qu'ils sont à fond dans leur processus, puis ils ont pas ce regard extérieur. et puis d'un coup je viens et j'adore avec la sobriété parce que tout de suite on pose la question Ce ventilateur là, j'ai fait ça pour un vigneron, je dis, cette extraction là, ça sert à quoi ? Il me dit, c'est le CO dans les gaz toxiques, etc. Cette ventilation qui extrait, qui amène de l'air. Ça tourne combien de temps ? Ça tourne tout le temps. Il me dit, il y a quand des gaz toxiques ? Deux mois par année. Puis au moment où il me répond ça, il se rend compte de l'aberration. Mais c'est un truc, il a récupéré cette cave d'un autre, il ne s'est jamais posé la question de ce truc, il a plein d'autres trucs à penser. Puis d'un coup, il dit, mais en fait, ça va me coûter... 50 balles d'électricien de faire installer un interrupteur sur ce truc, ou un détecteur peut-être de 100 francs, mais par rapport à la consommation annuelle de ce truc qui tourne toute l'année, et tout d'un coup on se dit, c'est choquant. Une fois qu'on a pris conscience, on ne le fait pas. Et j'adore ces trucs de sobriété en entreprise, parce que du coup on est forcément externe, on a forcément un regard neuf, puis on dit, mais tiens, votre machine, elle tourne tout le temps, c'est nécessaire que ça tourne tout le temps. Sûrement, sinon on ne le ferait pas, et puis après on réfléchit, on dit en fait non ça pourrait fonctionner de manière très différente. Tous ces trucs de sobriété, on n'arrive pas à faire un catalogue de mesures. Mais par contre, on le voit dans les entreprises. Est-ce que ce machin doit tourner tout le temps ? Je viens de faire un parking, je regarde la courbe de charge et je me dis que c'est choquant. Votre parking consomme autant la nuit que le jour. Qu'est-ce qui se passe ? En fait, on n'éteint jamais l'éclairage, même quand le parking est fermé. On prend conscience. Tout d'un coup, ça va forcément avoir un impact. On va changer quelque chose. On va éteindre l'éclairage quand le parking est fermé.
- Arnaud Zufferey
Est-ce que, dans dix ans, j'ai commencé ma question par est-ce que, mais on peut oublier le est-ce que, dans dix ans, quel monde énergétique est-ce que tu imagines dans une vision positive et dans une vision négative, mais prenons la positive d'abord, plutôt prenons la négative d'abord.
- Bryan Umana
On peut faire les deux en même temps. C'est cet écart que je disais, dont je parlais avant, entre les connaissances techniques pointues et la bêtise de l'utilisation de l'énergie. Et dans une version négative, ces écarts se creusent. On revient au pétrole, on parle de n'importe quoi, on communique des fake news, on dit que les pompes à chaleur sont toxiques, ça fait tourner le lait des vaches. Et puis on est dans ce monde-là. Ou bien dans la vision positive, on met ensemble les pièces du puzzle qu'on a là, devant nous. On fait simplement les mettre ensemble et puis on fait ce qu'il faut pour que la législation, la politique, les subventions, la technique, les normes, les médias alignent cette vision. Et c'est ce que j'essaye de faire depuis des années et c'est ce que je vais continuer à essayer de faire pour qu'on ait ce monde qui se réalise, pour que nos enfants vivent dans un monde où on est alignés et puis on a une utilisation intelligente de l'énergie parce qu'on a tout pour bien faire. C'est rentable. Il n'y a pas de raison de ne pas le faire. En fait, c'est rentable. C'est bon pour la planète. C'est bon pour nos enfants. C'est bon pour l'économie. Ça crée des emplois locaux, donc il y a des lobbies qui ont des pouvoirs énormes dans le fossile et autres dans le nucléaire et le fossile pour essayer de nous ramener à des visions préhistoriques ou nous garder dans des utilisations irrationnelles de l'énergie. Je pense qu'au bout d'un moment, il y a un message d'espoir et c'est un truc intéressant que j'ai vu, c'est un message de dire que l'efficacité finit toujours par s'imposer. On a eu la bougie versus l'ampoule, on a eu l'ampoule classique versus l'ampoule LED, etc. C'est toujours l'efficacité qui a gagné. donner les fake news qu'on veut, etc. On peut lutter de ce qu'on veut. Les gens, ils prennent le truc le plus efficace. Aujourd'hui, on a tous un frigo à la maison. Demain, on aura peut-être tous une pompe à chaleur hyper efficace qui sera pilotée de manière intelligente, qui sera partagée avec les voisins, qui sera avec du solaire mutualisé, etc. Et puis, j'espère qu'on va arriver à lutter contre les discours obscurantistes. Des fois, c'est un peu décourageant. On est sur LinkedIn, on déroule, on voit 20 bêtises de... l'une après l'autre de trucs qui sont faux, de l'avenir d'hydrogène, de retour aux fossiles, de nucléaire qui sera indispensable, de solaire sur les alpages, et puis on se dit, je ferme ça, je retourne mon boulot. Et puis d'un autre côté, il y a tout pour bien faire. On a une démarche logique, on peut construire un système vraiment logique, faire des compromis, faire des... tracer une route qui soit logique et cohérente, et j'espère que c'est vers ça qu'on va attendre. J'ai bon espoir, parce qu'aujourd'hui, on a franchi le cap du... pire. Il a fallu montrer les pompes à chaleur, il a fallu se battre pour montrer que ça marchait. Le solaire, au début, quand c'était 1 franc le kilowattheure, il fallait être complètement utopiste, complètement riche et complètement écolo pour le faire. Aujourd'hui, même quelqu'un qui est anti-doux, il va se dire, si je peux produire sur mon entreprise à 17 centimes au lieu de l'acheter sur le réseau à 29, pourquoi pas ? Et si je peux le stocker de manière rentable, et si je peux avoir un véhicule électrique, j'ai conseillé des flottes de camions. diesel, et ils me disent, nous on a testé un camion électrique, ça coûte moins cher, c'est plus confortable, le chauffeur ça va très bien, il le recharge quand il fait la pause, la nuit, etc. Ils passent d'un gros pollueur, d'un gros consommateur de diesel, à quasiment neutre, sur le dépôt du centre de logistique, ils ont des pendants solaires, ils l'utilisent dans leur camion, ça c'est quelque chose qui me plaît, c'est une vision qui est... qui me plaît, pour autant qu'après on ait de la sobriété derrière, puis qu'on ne transporte pas des bouteilles d'évian à Verbier, alors qu'on a des sources d'eau potable tout autour. Donc ça doit se combiner, je ne suis pas juste technosolutionniste, comme on dit, du durable, c'est les pompes à chaleur qui vont sauver le monde. Il faut une utilisation intelligente de l'énergie, puis après, il faut un appareil efficient derrière.
- Arnaud Zufferey
Il y a deux sujets, ou deux points. Le premier, c'est, juste par rapport aux véhicules, aux camions, typiquement, Je me souviens, je pense que c'était en 2016-2017 qu'il y a eu les premières Tesla, j'imagine que c'était le modèle S. Beaucoup de personnes disaient « ouais mais bon, batterie, donc finalement c'est pas... » Durable ? Ouais durable.
- Bryan Umana
Écologique ?
- Arnaud Zufferey
Voilà écologique. Et puis il y avait une petite étude qui avait été faite, alors j'ai pu l'étudier, encore une fois ça date. où ils disaient, effectivement, ça dépend justement jusqu'où on amène la voiture en termes de kilomètres. Typiquement, à l'époque, mais je sais que ce chiffre a diminué, on était à, je crois que c'était 100 000, il fallait parcourir 100 000 ou 80 000 kilomètres pour dépasser ce seuil. Donc, en dessous, c'était effectivement néfaste, dans le sens, tu as un meilleur temps d'avoir une voiture thermique, et en dessus, c'est là où tu commençais. à avoir du positif. Ce seuil a diminué de par la production avec de l'énergie renouvelable, l'efficience. Qu'en est-il d'un camion, par exemple ? Est-ce que ça, toi, tu le prends aussi en compte ?
- Bryan Umana
Oui, bien sûr. On a vraiment des analyses du cycle de vie. On a effectivement des émissions qui sont plus élevées à la fabrication du camion. C'est plus lourd, il y a plus de matériaux, etc. Et puis très rapidement, après, la consommation est nettement... nettement plus faible, et puis les deux courbes se croisent à un moment donné, effectivement, en fonction des études, en fonction des pays, en fonction du mix électrique qu'on utilise, ces courbes se croisent plus ou moins vite, mais on a toujours ce croisement. Puis il faut rappeler que le but avant, le but c'est pas de passer toute notre flotte de vieux véhicules sur des véhicules électriques et neufs, puis d'avoir des bouchons entre Genève et Lausanne de véhicules électriques, le but c'est vraiment de faire les choses de manière intelligente, de passer des plus petits véhicules, de se déplacer moins, d'avoir des services de proximité avec des vélos cargo électriques, etc. donc je pense qu'il faut vraiment avoir Ce débat est très souvent, là c'est temps si on a le débat sur LinkedIn, entre est-ce que c'est mieux la sobriété ou l'efficacité, est-ce qu'on part là, etc. Puis on perd beaucoup de temps à opposer les choses ou à regarder en silo, mais il faut chaque fois prendre du recul, puis dire ok, la mobilité électrique, le but c'est, comme je disais avant, pas qu'on ait des camions électriques qui amènent de l'évian au sommet des montagnes, le but c'est de réfléchir de manière globale, si on peut avoir une taxe CO2, si on peut avoir une taxe au kilomètre, etc., qui décourage ce genre de nouvelles pratiques. Il faut le voir dans son ensemble et pas juste dire qu'on va subventionner la transition des camions fossiles aux camions électriques, on va subventionner les voitures individuelles et puis on se retrouve à faire des bouchons de voitures électriques. Je pense qu'on ne peut plus se payer le luxe, on n'a plus le temps d'opposer les choses et de faire des transitions bêtes et méchantes. On doit vraiment analyser de manière globale et de nouveau appliquer sobriété et efficacité à nous-mêmes, bien avant d'avoir ce débat de trop en silo. Tu dois partir à quelle heure ? J'attends jusqu'à midi, même à 8h.
- Arnaud Zufferey
D'accord.
- Bryan Umana
Après, ce sera pour les auditeurs.
- Arnaud Zufferey
Oui, aussi le studio. Mais juste, après, on va passer à deux, trois questions un peu plus scriptées que je pose à tous mes invités. Tu as cité l'hydrogène. On est d'accord que, enfin, plutôt moi, ce que j'ai pu entendre ou échanger par rapport à l'hydrogène, qui n'est... Malheureusement ou heureusement, j'en sais rien, une solution pas durable en tout cas en masse, c'est pour plusieurs raisons. La première, c'est juste l'infrastructure qui n'est pas faite, on n'a pas assez d'infrastructures pour cela. Le transport qui est très compliqué, l'hébergement, enfin quand je dis hébergement, c'est-à-dire le stockage plutôt. Et puis voilà, j'ai ces trois points.
- Bryan Umana
Les deux principaux, c'est le rendement énergétique qui est très bas, et puis les coûts au niveau économique. Comme le rendement est très bas, ça consomme beaucoup d'énergie, et puis ça coûte très cher.
- Arnaud Zufferey
Mais justement, le rendement, est-ce qu'il n'est pas lié à ces trois ? Parce que le transport est cher, et donc...
- Bryan Umana
Oui, mais déjà, juste la production. Quand on veut faire de l'électrolyse, de l'hydrogène, on perd déjà une grande partie de l'énergie dans cette phase de conversion. Les piles à combustible, elles ont des rendements qui ne sont pas terribles non plus. Sur toute la chaîne de production, on a des rendements qui sont mauvais, et puis ça ne bouge pas tellement. donc c'est pas une solution qui va... qui va s'imposer.
- Arnaud Zufferey
Tu dis que ça ne bouge pas, c'est qu'il n'y a pas d'innovation dans le secteur ?
- Bryan Umana
Si, mais c'est incrémental. On passe d'un rendement de 32% à 33% sur un composant, etc. Certes, ça s'améliore, mais globalement, les véhicules électriques s'améliorent aussi en parallèle. Donc le ratio qu'on a de 3 ou 4 fois plus efficient entre l'électrique et l'hydrogène, il s'est maintenu ces 20 dernières années. Et puis, voilà, on n'a pas de rupture. Et puis c'est un peu le fou la poule, on n'a pas d'infrastructure, donc on n'a pas de véhicule. on n'a pas de véhicules, on ne peut pas développer l'infrastructure. Et donc ça va...
- Arnaud Zufferey
C'est le serpent qui se mord la queue.
- Bryan Umana
Oui, c'est le serpent qui se mord la queue. Il y a toujours sur LinkedIn, on voit toujours des gens qui disent « c'est révolutionnaire, on a gagné 2% sur la pile à combustible, Toyota vient de sortir un truc, BMW... » Oui, ok, mais on en est où dans les fondamentaux ? On a trois quarts de différence, ou un facteur 4 de différence entre une voiture électrique et une voiture d'hydrogène. Ce n'est pas de mal à veille que les cars vont se resserrer. Il n'y a rien qui laisse penser que ça va se resserrer d'un micro pour cent. Donc voilà, comme je disais en intro, j'ai fait mon travail de diplôme chez Daimler Chrysler, on en parlait déjà en 2004. Voilà, on est 22 ans plus tard, 21 ans plus tard, ça n'a toujours pas bougé. Donc il y a des gens qui me disent « t'as rien compris » , et je dis « ça fait 21 ans que c'est comme ça » . Peut-être que je suis un peu rigide, mais je fais une veille technologique aussi, je suis très bien en ce qui a en matière de produits, d'électrolyse, de constructeurs, de prototypes. Je pense que ça ne va pas bouger pour les 10 prochaines années, il y aura peut-être des niches. Mais dans la fabrication de certains alliages ou de certains engrais, probablement qu'il y aura de l'hydrogène vert, mais autrement, je n'y crois pas du tout.
- Arnaud Zufferey
Arnaud, est-ce que tu as des recommandations de livres, de podcasts ou de ressources ?
- Bryan Umana
Pour ceux qui ne connaissent pas, toutes les ressources sur Negawatt. Les sites Negawatt Suisse et Negawatt France sont des bons points de départ. J'ai essayé de lire à peu près tout ce qui existe sur la sobriété, les livres sur la sobriété en français. Il y a beaucoup de choses, je trouve, qui sont très intéressantes. Ça dépasse... Je trouve que c'est presque philosophique. Et ça touche, ça imprègne quand on se dit « Ah oui, mais en fait, c'est vrai, on peut faire différemment. » Et ça imprègne la conscience de se dire « Tiens, on peut voyager moins, on peut voyager différemment, on peut chauffer moins, on peut éclairer moins, on peut... » Et très souvent, on attend de s'ajouter des choses, alors qu'en fait, la priorité, c'est des... D'abord de supprimer des choses. Je donne juste un exemple, quelqu'un qui m'a contacté pour une batterie, on fait rapidement le test, on se rend compte qu'il a une pompe de circulation qui tourne toute la nuit et qui fait que son boiler doit se réchauffer au milieu de la nuit. C'est de la consommation d'eau chaude fantôme, juste parce qu'il a une pompe de circulation, il a racheté cette maison. Son approche de base c'est de dire on veut rajouter quelque chose, on veut rajouter une batterie pour être autodome, et puis le résultat c'était sobriété, on coupe la pompe. Et ça, on peut le voir partout. C'est pour ça que je trouve que ces livres sur la sobriété sont... bien. Le seul que je déconseille, c'est Fresso. On parle beaucoup. C'est un peu un charlatan. Il se fait d'ailleurs démonter actuellement de plus en plus. Autrement, les autres livres sur la sobriété...
- Arnaud Zufferey
T'en aurais un en particulier ?
- Bryan Umana
Je pourrais donner une liste. Je pourrais la mettre à disposition. Je trouve que ça apporte beaucoup. Ça dépasse largement l'énergie. Ça nous questionne sur notre... façon d'utiliser, de consommer. Est-ce qu'on veut toujours consommer plus, jeter plus, travailler plus pour acheter des choses dont on n'a pas besoin, jeter des trucs qu'on n'utilise plus. Et finalement, cette notion de sobriété, elle est assez universelle. Donc ça, c'est un peu le truc que je recommande. Autrement, il y a beaucoup de choses très techniques. Mais ouais, dans les livres à lire, il y a la sobriété. Dans les démarches, il y a Negawatt. Après, il y a beaucoup d'ingénieurs qui mériteraient de s'inspirer de tout ce qui est ISO 50001. C'est une norme, c'est pas très sympa à lire, mais de s'inspirer de ça, j'ai deux trois publications là-dessus. 50 000 1, c'est une amélioration continue de l'énergie. Et puis de penser comme ça, trop souvent on fait des trucs one shot, on dit super on a sauvé le monde, on a mis des panneaux solaires. Ouais mais après quoi ? L'année prochaine on fait quoi ? Et si on pense comme ça, aussi pour les entreprises, c'est une source de revenus, si on pense dans le temps, l'amélioration continue, ok cette année on met des panneaux solaires, puis l'année prochaine on va faire quoi ensemble ? Est-ce qu'on va faire une CA ? Est-ce qu'on va mettre une batterie ? Est-ce qu'on va pouvoir monitorer d'autres choses ? Une CEL, etc. Donc cette notion d'approche d'amélioration continue, je pense, ça a de la valeur.
- Arnaud Zufferey
Et toi, comment est-ce que tu te développes ? Comment est-ce que tu continues à apprendre, à t'informer ?
- Bryan Umana
Alors, je fais une veille technologique sur plein de sites en plusieurs langues. Il y a des sites qui sont très bien en allemand, en anglais, en français aussi. J'échange beaucoup sur LinkedIn parce que j'ai une communauté, j'ai presque 10 000 contacts sur LinkedIn, 9 600 aujourd'hui. Et puis c'est très riche, il y a des gens qui ont... 30 ans d'expérience dans des domaines, j'aime bien confronter mes idées. On prend souvent des claques parce qu'on publie une idée et puis après on a des critiques, mais c'est aussi un bon échange. J'ai aussi pas mal de contacts avec des partenaires. J'aime bien dire que j'ai pas de concurrents en Suisse romande, j'essaye de faire des choses différentes et puis je considère tous les autres bureaux comme des confrères, comme des partenaires. On fait des fois des trucs un peu, on est concurrent des fois sur un dossier, puis partenaire sur un autre. J'aime bien cette approche un peu de coopétition. On collabore et on se bat. J'aime bien apprendre d'un peu partout. De ma fille à l'école, de ma compagne, de ce que je vois de l'environnement, de mes clients. J'aime bien cette approche d'aller dans une entreprise, d'être celui qui ne sait rien. Je dis, vous êtes menuisier, vous produisez des pièces métalliques, je ne connais rien du tout. J'apprends plein de trucs sur leur façon de faire, leur vision, leur priorité. question leurs angoisses ou les défis qu'ils ont. Et puis ça, c'est aussi hyper enrichissant. Puis moi, j'amène juste le regard extérieur là-dessus. Et c'est très riche quand ça fonctionne, les deux, d'avoir le regard extérieur puis le regard du spécialiste. C'est marquant, c'est souvent des rencontres humaines assez marquantes. J'ai fait un vigneron, comme je disais avant, qui connaissait tellement bien ses installations, la passion de son métier, les températures, les produits, les arômes. Et puis, j'arrive avec des questions un peu bêtes et pratiques, mais sur l'énergie. comment ça tourne, sur pourquoi il chauffe, sur pourquoi il refroidit, sur comment il ventile, sur l'éclairage, l'efficacité des machines, sur l'électrification, sur le solaire, etc. C'est hyper riche de combiner ces métiers avec l'approche technique. J'apprends beaucoup de mes clients aussi. C'est vrai, tous les mandats que j'ai, c'est toujours des mandats particuliers, parce que les entreprises, quand ils ont des trucs standards, ils font en interne. S'ils doivent dimensionner une installation solaire pour un particulier, ils ne viennent pas chez moi, évidemment. Et puis, du coup, j'ai des mandats hyper... hyper bizarre, et puis c'est toujours hyper intéressant d'amener ces problématiques, de les comprendre, les formuler au mieux, de faire un mandat qui tient leur route, et puis d'apprendre tous ensemble le résultat, parce que c'est souvent innovant, on dit, tiens, est-ce que ça a du sens de faire ça ? On ne sait pas, donc on va essayer, on va calculer, on va réfléchir, on va confronter les idées entre ce que pensent les uns et les autres, c'est hyper riche. Puis aussi, comme je donne beaucoup de formations, j'ai beaucoup de feedback des étudiants, et ça c'est assez riche, les outils que j'ai développés il serait pas du tout comme ça si j'avais pas eu ces étudiants en face qui me disent ouais mais... Pourquoi vous ne faites pas ça comme ça ? Il faudrait rajouter ça, mais ce serait génial s'il y avait ci. Je dis, vous êtes gentil, mais je développe ça bénévolement la nuit. Après, ça calme un peu, mais souvent, il y a des idées qui sont tellement bonnes que je suis obligé de les implémenter. Ça sert à d'autres. C'est riche, ce cercle d'amélioration continue.
- Arnaud Zufferey
La veille technologique dont tu parles, c'est une veille que tu fais... C'est quotidien, c'est hebdomadaire, c'est mensuel, c'est automatisé ?
- Bryan Umana
Non, c'est quotidien. Et puis, comme je disais avant, je suis très sceptique sur l'intelligence artificielle. Moi, je travaille beaucoup à l'émotion. Il y a des trucs que j'ai vus dix fois. La batterie innovante au sodium, je l'ai vu passer 50 fois. Tout d'un coup, il y a un truc qui sort du lot. Quelqu'un qui fait de manière différente et ça. Ce n'est pas un logiciel qui va pouvoir me sortir ça. Tout d'un coup, je fais une connexion dans ma tête entre un truc que j'ai lu avant. Des fois, ça m'arrive souvent. je lis deux news à la suite ou j'en lis vingt, je fais le tri le matin je lis vingt news puis il y en a deux qui se... qui se mettent en relation, qui n'ont rien à voir avec l'autre, que je n'aurais pas pu le formuler avant. Mais en fait, il y a ça qui se passe là, il y a ça qui se passe là. Et si on les met ensemble, ça donne un truc génial. Et je me nourris beaucoup de ça, d'innovation. Et des fois, je n'en tire rien, je ne mets pas de lien de côté. Et puis deux mois après, il y a un client qui me dit « Ah, j'aurais besoin de ça » . Et puis je me dis « Purée, j'ai vu ça » . Et j'arrive à retrouver le lien parce que je l'ai lu. Et si ça avait été filtré par ChatGPT, j'en aurais même pas connaissance mais je peux dire ah oui j'ai vu un projet au Chili comme ça Il faut que je retrouve. Je passe 5 minutes sur Google à retrouver les mots-clés hydrogène, Chili, etc. Et puis à peu près la date, à peu près le site, à peu près la langue. Et des fois, je ne sais plus si c'est en allemand ou en anglais. Mais je retrouve le truc et ça amène beaucoup de voir où ça va, qu'est-ce qui est en train de se faire ailleurs.
- Arnaud Zufferey
Donc tu as des sites de prédilection ?
- Bryan Umana
Oui, j'ai une dizaine maintenant de flux RSS que j'utilise Reader. un petit logiciel d'agrégation de flux RSS, et puis j'ai tous mes flux là-dedans qui se chargent, et puis si je ne vais pas pendant trois jours, j'ai 400 news à trier, et puis je passe en revue, et très souvent il y a des choses, des fois au niveau d'une nouvelle loi qui apparaît ailleurs, une nouvelle méthode, une nouvelle démarche, un nouvel outil, un nouveau produit, une association d'entreprises a priori contre nature, et je trouve que c'est hyper riche.
- Arnaud Zufferey
Arnaud, j'ai un concept où un ancien invité ou une ancienne invitée pose une question à un futur ou une future invitée. Il ne sait pas où elle ne sait pas à qui il va poser la question. Et donc, la voici. On dit souvent que nos échecs nous construisent plus que nos réussites. Quel échec t'as le plus appris et pourquoi ?
- Bryan Umana
Alors, je ne sais pas. Récemment ? Je peux dire que cette année, c'était le logiciel courbe que j'ai développé justement pour le bureau d'ingénieur PP Project. La grosse erreur, c'est-à-dire qu'elle s'est faite en une semaine, parce que tous les distributeurs d'énergie ont un format identique, ou ils ont toujours le même, je ne sais pas, le format d'énergie a toujours le même format, etc. Puis on est parti sur cette hypothèse qui était complètement fausse. Et on s'est vraiment pris le mur, et puis au lieu d'être un développement d'une semaine avec 10 formats différents, on se retrouve avec une combinaison, il y a plus de 1000 formats possibles. de dates, d'heures, de timestamps, d'heures de colonnes, etc. Et j'ai passé au final, peut-être 5 semaines au lieu de 5 jours, à développer juste l'import des données, à le refaire de manière intelligible, etc. Ça a été un apprentissage un peu à la dure, parce qu'en termes, quand on chiffre un budget pour 5 jours, puis que c'est 5 semaines, on prend une claque. Puis en même temps, c'était aussi l'opportunité de dire qu'on a tous à se confronter à ce même... ce même problème. Et puis, ça a été l'opportunité aussi de dire, il faut raisonner différemment. Au lieu de développer un outil pour un bureau d'ingénieur, il faut mutualiser ses coûts parce qu'on va tous avoir le même problème, on va tous avoir trouvé la même solution. Et puis du coup, je pense souvent à ça, on dit la vie, c'est pas ce qui t'arrive, c'est ce que tu en fais, c'est comment tu rebondis. Et puis, cet échec, j'ai un peu déprimé à un moment, je me suis dit, purée, ça va pas fonctionner, en fait, mon outil ne fonctionne pas, mes hypothèses sont fausses. je fais tout faux, de l'analyse technique, des interfaces que j'ai programmées, du coût, du business model, tout est faux. Et puis, j'ai rebondi en me disant, il faut faire complètement différemment, du coup, les données du problème changent, la solution doit changer, et puis, ça m'a pris du temps, de l'investissement, mais j'ai appris de ça, et c'est quelque chose, je pense qu'il y a d'autres exemples, mais c'est l'exemple de cette année, de me dire, voilà, je vais parler aujourd'hui, ça a failli me couler main-boîte, de me dire, je me trompe d'un ordre de grandeur comme ça, sur un mandat, et puis forcément c'est du temps qu'on fait qu'on passe par ailleurs. Mais c'est quelque chose d'apprendre à rebondir. C'est le lot de tous les entrepreneurs et des indépendants et des startups. C'est de pouvoir les choses, les conditions changent, les hypothèses changent, on fait des erreurs, on rebondit.
- Arnaud Zufferey
Complètement, oui. La vie est adaptation et que changement.
- Bryan Umana
Oui, exactement. Et c'est la même chose pour le solaire. Les gens s'angoissent maintenant, ça va changer l'année prochaine. Je dis oui, mais c'est la seule constante qu'il y a eu ces 20 dernières années sur le solaire, c'est que ça a changé chaque année. Ah ouais, c'est vrai, il y a eu l'air baissé, il y a eu plein de lois, et après il y a eu la rétribution unique, après ça a baissé, après il y a eu l'autoconsommation, après c'est vrai, c'est chaque année, ça a changé chaque deux ans. Donc voilà, ça va continuer à changer chaque deux ans.
- Arnaud Zufferey
Arnaud ma dernière question qu'est-ce que le succès pour toi ?
- Bryan Umana
Pour moi, le succès, ce n'est pas d'avoir une grosse voiture ou d'avoir beaucoup d'argent, d'avoir un poste, etc. Pour moi, le succès, c'est d'essayer de rendre notre monde un peu meilleur. Chacun à sa manière, d'essayer dans les relations, dans la consommation de ressources, de laisser un monde un peu meilleur à nos enfants. J'ai une fille de 6 ans maintenant. Je me dis, qu'est-ce que ce sera la réussite ? Est-ce que ça va être lui léguer une fortune ou bien lui léguer un monde un peu meilleur que ce que je l'ai trouvé ? Je pense que c'est ça, la réussite d'avoir du temps, du temps libre. pour échanger et améliorer les choses.
- Arnaud Zufferey
Où est-ce qu'on te suit ? Où est-ce qu'on te trouve ? Comment est-ce qu'on peut communiquer avec toi ?
- Bryan Umana
Je suis assez facilement accessible. J'ai plusieurs sites internet. Le site de mon entreprise, olika.ch. Je suis très actif sur LinkedIn, malheureusement. J'ai toujours un espoir qu'un jour, le monde ira mieux et que je vais pouvoir faire autre chose. Je continue à chaque fois à avoir des coups de gueule et à avoir le besoin de communiquer et d'échanger avec d'autres. D'autres personnes sur LinkedIn, on me trouve aussi facilement. On est deux Arnaud Dufray, donc il y en a un qui est dans le domaine médical, c'est pas moi. Et on voit tout de suite sur mon profil...
- Arnaud Zufferey
Suisse aussi ?
- Bryan Umana
Suisse aussi, ouais. On a à peu près le même âge, on s'échange des fois du courrier. Ça, c'est la convocation pour un congrès médical, c'est pas pour moi.
- Arnaud Zufferey
On pourrait échanger l'histoire d'un jour, voir comment se passe la vie...
- Bryan Umana
Exactement, se mettre dans les babouches de l'autre, dans les mocassins de l'autre. Donc voilà, on est trop sur LinkedIn et puis autrement sur LinkedIn.
- Arnaud Zufferey
Tout sera dans les notes de l'épisode. Merci Arnaud.
- Bryan Umana
Merci beaucoup à toi pour l'invitation, pour les échanges. C'est toujours un plaisir.
- Arnaud Zufferey
Je suis sûr qu'on va se croiser. Tu recevras une invitation pour notre Skeval. Je parle de Solar Speed, notre Solar Speed Kick-Off event au Valais. Et puis,
- Bryan Umana
à bientôt. A bientôt. Bonne journée.
- Arnaud Zufferey
Merci à toutes et à tous. Ciao, ciao. Merci d'avoir écouté l'épisode en entier. Pour m'aider à continuer, je te demande une seule chose. Abonne-toi au podcast sur ta plateforme préférée. sur Spotify ou Apple Podcasts par exemple, et sur YouTube. N'oublie pas de donner ton avis en le notant avec la meilleure note possible et de le partager autour de toi, c'est ce qui m'aide à continuer. Rendez-vous début octobre pour un nouvel épisode. Ciao ciao !