- Nabil Francis
Je peux dire qu'à tous les niveaux, quand on manage une entreprise, qu'elle soit énorme ou qu'elle soit petite, c'est toujours un cache-tête d'être le patron et il faut être au four et au moulin, dans tous les cas. La meilleure définition que j'ai trouvée, c'est que ce qui amène du bonheur, c'est l'interaction sociale, c'est l'interaction avec les autres. C'est difficile d'être toujours tout seul et de trouver du bonheur, à mon avis.
- Bryan Umana
Tu m'as dit quand j'étais jeune, une fois je me suis dit, un jour j'aimerais être à la tête d'une entreprise qui fasse un milliard de chiffres d'affaires. Et tu y es arrivé.
- Nabil Francis
Presque. Presque. Maximum, c'était 800 millions. Quand on est au siège de CEO, souvent on est très seul devant une décision. Parce que même si on est entouré, à la fin, il y a quelqu'un qui doit décider. Et ça, ça peut être effrayant. Pour voir les opportunités, il faut avoir un esprit positif. Et ce qu'on disait au début, il faut potentiellement imaginer qu'un changement, ça peut aussi être positif. Et pas avoir peur du changement.
- Bryan Umana
Salut les amis et bienvenue sur mon podcast. Dans mes épisodes, j'échange librement avec des entrepreneurs ou des experts passionnés sur des thèmes variés comme le sport, l'éducation et la santé. Je suis Bryan Umana. associé gérant de l'entreprise wilight Telecoms, spécialiste en infrastructures informatiques et téléphonie, COO et associé de la startup Solarsplit, une plateforme qui veut démocratiser l'investissement dans l'énergie solaire, enthousiaste de sport et de développement personnel. Pourquoi ce podcast ? Pour apprendre, être inspiré et partager tout ça avec toi. Dans cet épisode, j'échange avec Nabil Francis, CEO de Felco, entreprise suisse basée à Neuchâtel, leader mondial du secteur du sécateur, qui compte environ 300 personnes. Nabil a été expatrié pendant 25 ans du Maroc à l'Inde, au Sri Lanka, à la Bulgarie, Egypte, Philippines, en gérant des grandes entreprises avec des budgets de plusieurs centaines de millions à presque 1 milliard de dollars US. On parle donc de son parcours de 25 ans en tant qu'expatrié, de sortir de sa zone de confort, des expériences passées qu'il met au profit chez Felco aujourd'hui, de son équilibre perso et professionnel s'il y en a, de la prise de décision, de son récent engagement politique. par le biais de PME, Parlement et bien d'autres sujets. Je ne te retiens pas plus longtemps, mais avant, pour m'aider à grandir et à continuer, je te demande une seule chose, c'est de t'abonner à la plateforme de podcast sur laquelle tu l'écoutes, de laisser ta meilleure note possible, c'est-à-dire 5 étoiles, et de commenter. C'est ce qui fait grandir le podcast et qui me permet d'inviter plus de personnes. Je suis aussi sur Instagram, et notre nouveau site internet est en ligne. Tu y trouveras toutes les références citées durant l'épisode. Bienvenue dans mon podcast et bonne écoute ! Nabil, tu as dit que la seule chose qui est constante dans la vie, c'est le changement. Qu'est-ce que cette phrase signifie concrètement pour toi aujourd'hui ?
- Nabil Francis
Écoute Bryan, je trouve déjà que cette phrase est très vraie. Et on remarque que souvent les gens ont... En plus, on s'est à une certaine appréhension vis-à-vis du changement plutôt que de l'embrasser. Et cette phrase, je la dis souvent pour dire, ben voilà, on n'a pas le choix, on est face au changement. Et le changement, ça peut être un changement négatif, mais ça peut être aussi un changement positif. Donc c'est... L'idée, c'est de dire n'ayons pas peur du changement. Au contraire, embrassons le changement et essayons de trouver dans le changement des opportunités plutôt que des raisons d'être mécontents.
- Bryan Umana
Évidemment, on va creuser tout ça, mais pourquoi le changement fait partie de ta vie ? D'où est-ce que ça vient, ce changement-là, cette façon de penser par rapport au changement ?
- Nabil Francis
Je ne sais pas si le changement fait partie de ma vie. En revanche, j'ai été appelé, compte tenu de la carrière que j'ai choisie, à beaucoup changer. Et en fait, je n'ai guère eu le choix que d'accepter le changement et de faire en sorte qu'il soit le plus positif possible. et c'est sans doute parce que j'ai sur ces dernières 25 années travaillé dans cette pays, cette culture différente qu'il a fallu se faire une bonne raison.
- Bryan Umana
Et justement, Nabil, qui es-tu ?
- Nabil Francis
Qui je suis ? Alors là, c'est une vaste question, Bryan. Effectivement. Écoute, tu veux qui suis-je au niveau professionnel, au niveau personnel, à tous les niveaux ?
- Bryan Umana
C'est pour ça que j'aime beaucoup cette question, parce que souvent, j'ai cette réaction. Écoute, c'est toi qui décide. Moi, les deux me vont. C'est comme tu veux.
- Nabil Francis
Alors écoute, je suis déjà le père de trois enfants. Je crois que ça, c'est le plus important. Nous vivons ici en couple avec mon épouse à Neuchâtel.
- Bryan Umana
De quel âge à quel âge les enfants ?
- Nabil Francis
Ils ont de 14 à 18 ans. qui sont donc à cette phase d'adolescence qui est pleine de surprises. Et ils découvrent, ce sont des enfants qui ont aussi beaucoup vécu à l'étranger. Ils nous ont suivis, mes deux fils ont né au Caire quand on habitait en Égypte. Et puis, nous avons élu domicile à Neuchâtel il y a quatre ans seulement. Donc, on est un peu des newcomers.
- Bryan Umana
Seulement ou déjà pour ton parcours.
- Nabil Francis
Seulement ou déjà, c'est ça. Et voilà, donc ça, c'est la partie personnelle. Après, au niveau... Je suis quelqu'un qui a un background d'ingénieur en génie civil. J'ai démarré ma carrière par un compagnonnage dans le groupe Bouy, qui est une grosse entreprise en France de travaux publics, de génie civil et aussi beaucoup d'autres domaines. Et puis plus tard, je me suis spécialisé dans un domaine assez méconnu, c'est le domaine du ciment. C'est un domaine où je suis devenu expert. J'ai eu l'occasion de... d'instruire plusieurs litiges sur ce qui s'appelle les pathologies du béton. C'est un peu comme le médecin du béton.
- Bryan Umana
Et c'est-à-dire ?
- Nabil Francis
C'est-à-dire que lorsqu'il y a un litige sur une construction, sur un ouvrage d'art, mon rôle était de déterminer les causes du litige, ainsi que les responsabilités des choses. ou d'amener des conseils techniques aux clients qui utilisent du ciment pour faire du béton. Donc quelque chose un peu comme un docteur du béton et du ciment. Et puis, un peu après 30 ans, j'avais ce profil très technique d'ingénieur. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui me manquait. Je suis quelqu'un d'assez curieux et là, j'ai décidé de reprendre. reprendre les études et d'apprendre tout ce qui était finance, ressources humaines, comptabilité, stratégie, marketing. Et donc j'ai intégré un MBA qui m'a permis sur deux ans de continuer à travailler. Mon employeur m'a généreusement offert ce MBA parce que c'était très cher. Et puis ce MBA m'a beaucoup plu, ça m'a vraiment transformé, ça m'a ouvert les yeux. Et j'ai eu immédiatement envie de mettre en pratique ce qu'on apprenait dans le MBA. Et là, je suis allé voir mon employeur, donc il m'a dit « écoute, on peut essayer de te faire évoluer » . Je lui ai dit « mais qu'est-ce que vous avez comme possibilité ? » . Et là, il me regarde et me dit « bon, écoute » . Il y a une possibilité. Si tu veux devenir patron, on a une petite opération qu'on vient de racheter au Sri Lanka. C'est à Colombo, au sud de l'Inde. L'opération n'est pas très reluisante. Et on doit envoyer quelqu'un là-bas pour essayer de redresser les choses, remettre cette opération sur les rails parce qu'on a perdu la profitabilité. Alors là, grosse question, grosse remise en question. Et là, j'ai quelque part décidé de partir. C'est vraiment un départ parce qu'on quitte son pays, on quitte ses amis, on quitte sa famille pour revenir. Mais c'était à l'époque revenir au maximum une fois par an pour démarrer un nouveau travail qui était donc plus un travail de gérer des entreprises et de reprendre des entreprises. Et puis ça a été un tremplin. Et ça s'est plutôt bien passé. Donc après quatre ans, l'entreprise avait recouvré la profitabilité. Et ce même employeur m'a contacté en me disant, écoute, maintenant j'ai une autre opération, ça se trouve au Caire, c'est beaucoup plus gros, mais là aussi, on aurait besoin de toi, ça s'est bien passé, il faudrait que tu fasses la même chose. Donc je suis parti au Caire, et ce que j'ai oublié de dire, sans doute... Un des éléments les plus importants de ma vie, c'est que j'ai rencontré mon épouse au Sri Lanka. Et c'est là où tu vas comprendre le lien avec la Suisse, parce que mon épouse est Suissesse. Donc, on s'est rencontré au Sri Lanka et puis elle m'a suivi en Égypte. Là, nos deux filles sont nées au Caire. Et de fil en aiguille, après quatre ans de direction d'entreprise en Égypte, on m'a envoyé sur mon premier groupe. poste de direction générale en Bulgarie. C'était plutôt pas mal parce qu'on était au bord de la mer Noire, dans une ville qui s'appelle Varna. La mer Noire, ça paraît pas très sympa, mais c'est... plutôt sympa. C'est un peu comme la Côte d'Azur. Et là, on est arrivé là-bas. Par contre, les gens parlaient soit bulgare ou russe, mais ils ne parlaient pas anglais. Donc, on a dû apprendre le bulgare, le cyrillique. D'ailleurs, on a encore énormément de souvenirs en Bulgarie. Et puis, ça s'est plutôt bien passé. Et là, on est... On m'a proposé un poste de reprendre la direction d'une société en Inde, dans le sud de l'Inde, à Bangalore. Pareil, nous sommes tous partis à Bangalore. Alors là, maintenant, on était trois. Mon fils était né durant le séjour en Bulgarie. Et puis, pareil, quatre ans dans le sud de l'Inde. Et là, gros changement. Un matin, on apprend que l'entreprise avait été vendue. Donc, une très grosse vente. L'actionnaire avait décidé de tout vendre et qu'en fait, on était racheté pour une entreprise allemande qui avait juste à côté une entreprise sœur de la même taille que la mienne. Donc, gros changement de vie. Et puis, ça s'est plutôt bien passé avec l'actionnaire allemand. Et celui-ci m'a dit écoute, ce ne sera pas toi qui va reprendre les deux sociétés en Inde. Tu vas partir au Maroc. Nous voilà partis à Casablanca et on a découvert ce pays magnifique. Et puis, j'arrête là, je ne veux pas que tu t'impatientes.
- Bryan Umana
Je ne m'impatiente pas, ne t'inquiète pas. Je t'écoute, je suis tout ouïe.
- Nabil Francis
J'ai eu l'opportunité de partir aux Philippines. En fait, j'ai été contacté par... un employeur qui venait de racheter une grosse opération, un rachat de plusieurs milliards de dollars aux Philippines et qui cherchait quelqu'un pour la gérer. Et quand ce dernier m'a contacté, je lui ai dit « Écoutez, moi, les Philippines, j'ai du mal à mettre un point sur le globe. Ce n'est pas un pays que je connais. » Et il m'a dit « Je comprends bien. » Et on en est resté là. Et deux semaines après, il m'a rappelé. Et je trouve que c'est une stratégie assez intéressante. de recrutement, puisqu'il m'a rappelé, il m'a dit, écoutez, vous ne connaissez pas les Philippines, prenez des vacances, prenez une semaine de vacances, je vous offre un voyage avec votre épouse aux Philippines, j'ai vu sur votre profil LinkedIn que vous aimiez la plongée, c'est un pays magnifique pour la plongée, allez plonger aux Philippines, je ne vous demande qu'une chose, sur le voyage du retour, on se rencontre à Singapour. Donc je rentre le soir, Bryan, j'en parle à mon épouse, et je lui dis, mais c'est quand même un peu... C'est quand même spécial. Et on se dit, soyons opportunistes. Et je crois que ça, c'est aussi quelque chose d'important, savoir saisir les opportunités qui se présentent dans la vie. Et on se dit, allez, on part. On prend une semaine de vacances, on part aux Philippines. Alors, quelque chose de merveilleux, une découverte d'un pays qui est moins connu depuis l'Europe, parce que c'est très loin, mais une culture extraordinaire. On est parti là-bas, on rencontre l'employeur. Et puis en rentrant au Maroc, mon épouse me dit, écoute Nabil, j'ai envie d'aller vivre aux Philippines. Donc voilà, nous voilà partis aux Philippines. On est restés là-bas 4 ans, 4 ans de vie superbe, parce que tu vois, quand tu vis dans un pays, tu découvres d'autres cultures, une autre façon de faire les choses. C'est magnifique, c'est grisant, c'est pas facile. gros, on parlait de changement, c'est un gros coup de pied aux fesses parce qu'on quitte encore une fois son travail, on quitte ses amis et on quitte son confort. Parce qu'après quatre ans dans un poste, on entre dans un certain confort, ça devient une routine. Et c'est là où ça peut être dangereux. Et donc, ça permet de changer régulièrement, de trouver un certain confort dans l'inconfort. Et je crois que c'est assez important. aussi pour l'ensemble des dirigeants de se challenger en permanence. Si on ne se challenge plus, on ralentit. J'ai eu l'occasion de courir quelques marathons quand j'étais plus jeune. Et un des secrets pour le marathon, si on veut tenir sur toute la distance, c'est de courir au même rythme. C'est pas démarré comme un fou et pourquoi au Maine-Brit ? il y a un petit truc, il faut avoir toujours la sensation qu'on accélère un tout petit peu, sinon on ralentit. Et ça, ça me parle. Donc il y a ce côté où il ne faut pas avoir peur de se challenger. On arrive aux Philippines, des gros challenges au niveau professionnel, puisque nous étions dans un pays, les Philippines, dont quand même 110 millions d'habitants, c'était une très grosse opération, on était entre 3000 et 4000 collaborateurs, et on fabriquait et on vendait du ciment, et on était donc envahis par des importations de ciment du Vietnam qui produisaient beaucoup moins cher que nous, donc une vraie lutte. Et puis, ça se passait plutôt bien, d'ailleurs sur quasiment l'ensemble des pays que l'on a fait. Je suis resté en contact avec mes comités de direction. C'est assez sympa, surtout quand on n'est plus dans une relation CEO, comité de direction, on devient amis. Et on a des contacts assez fréquents. On se voit, il y en a beaucoup qui viennent nous voir en Suisse. Et puis donc, arrive la pandémie. Arrive la pandémie et là, je dois dire que... J'ai vraiment... Alors, il y avait toute cette partie aux Philippines anxiogène, je pense, comme dans tous les pays, sauf qu'aux Philippines, l'armée est arrivée. On a été cantonnés dans nos appartements avec des militaires et des mitrailleuses au pied des immeubles à Manille. Donc c'était très anxiogène. Et puis on a dû donc arrêter l'ensemble des cimenteries. Et il fallait continuer à verser les salaires. Et très rapidement, je me suis retrouvé... avec une trésorerie qui était à zéro. Et là, il a fallu trouver des fonds au niveau des banques en pleine pandémie pour continuer à verser les salaires. Et je crois que ça, c'était quelque chose, c'était vraiment un... Parce qu'aux Philippines, on ne pouvait pas compter sur l'État pour nous aider. Ça m'a marqué.
- Bryan Umana
Il n'y a pas de RHT.
- Nabil Francis
Il n'y a pas de RHT. Il fallait se débrouiller. Et je crois qu'on sait tous, toute l'équipe de direction s'est mobilisée pour ça parce que les gens avaient... besoin de leur salaire pour vivre. Vraiment, c'était... Donc ça nous a beaucoup marqué. On a vu des choses extraordinaires, beaucoup d'élan de solidarité entre les collaborateurs. On a dû tous faire des efforts. Et donc, un gros changement de paradigme. Et puis, ça se passait plutôt bien. Et avec mon épouse, on avait une... Moi, j'approchais... J'avais un peu plus de 50 ans et on se disait mais qu'est-ce qu'on va faire de notre vie ? Est-ce que finalement on continue à vivre à l'étranger en tant qu'expatrié avec ce côté grisant, magnifique, exotique mais en même temps un peu paillette et un petit côté artificiel ? Ou alors on s'est dit mais si on reste trop longtemps peut-être après on ne pourra plus rentrer en Europe. où ça sera trop difficile. On voyait beaucoup de collègues. Il y a un certain tipping point. Si on reste trop longtemps à l'étranger, c'est difficile de revenir en Europe et de s'intégrer parce qu'on est habitué à d'autres cultures. On a beaucoup réfléchi. Et puis, ma carrière avait été plutôt fulgurante. J'ai eu la chance de très bien gagner ma vie dans ces postes. Et on avait eu la possibilité. d'économiser. Et puis, mon épouse est la petite fille du fondateur d'une société de Neuchâtel. Donc, elle avait des parts dans cette société. Et donc, on a eu... On n'était jamais... Moi, je ne connaissais pas. On n'était pas... On vivait à 10 000 kilomètres de là. Et on n'était pas du tout intégrés dans cette société. Et puis, on a eu l'occasion... de discuter avec une autre branche de sa famille et ces derniers étaient vendeurs. Donc on avait l'occasion de racheter la majorité de l'entreprise. Alors bien entendu ça faisait beaucoup d'argent, j'avais bien gagné ma vie mais je n'avais pas assez d'argent pour financer tout ça. Donc il fallait trouver un financement externe mais en même temps c'était un côté aussi, on parle de changement. un côté assez grisant puisque j'avais travaillé en tant que CEO sur les 20 dernières années pour des actionnaires et là j'avais la possibilité de devenir entrepreneur. C'est quelque chose qui m'avait toujours traversé l'esprit. Je pense que c'était un challenge. Et de fil en aiguille, le deal s'est fait. Le rachat s'est effectué. très complexe puisqu'on était bloqué à Manille. Donc, il a fallu faire tout ce qui était due diligence sans pouvoir à distance, sans pouvoir se déplacer. Et on allait donc changer de vie. J'en ai parlé à mon employeur là-bas avec qui on est toujours amis. D'ailleurs, quand je lui ai annoncé, je lui ai dit écoute, je ne vais pas te laisser tomber. Même quand je suis revenu ici, j'ai continué à gérer pendant un petit moment l'opération. pour lui donner le temps de trouver un successeur. Et puis ça a été pour nous le big bang. Retour... enfin non c'est même pas retour pour moi c'était... même si j'ai toujours adoré la Suisse et et étais un grand fan de la Suisse puisque on habitait en Valais. Notre maison familiale est en Valais mais là c'était la découverte de Neuchâtel et la découverte aussi d'une autre culture. Donc voilà maintenant quatre ans que j'ai repris les rênes de cette entreprise. C'est un travail complètement différent sur un autre domaine qui est celui de l'outillage. Mais finalement la gestion d'une entreprise reste la gestion d'une entreprise.
- Bryan Umana
Et là pour les personnes qui ne te connaîtraient pas, on parle de Felco.
- Nabil Francis
Oui.
- Bryan Umana
Finalement, on dit, en tout cas, j'ai souvent entendu dire la Rolex dans le domaine du sécateur, exactement, dans le monde du sécateur plutôt. Et juste pour rebondir sur quelques éléments que tu as mentionnés, tu ne l'as pas mentionné, mais tu es donc franco-libanais. Tu es né en France ou tu es né au Liban et tu es arrivé en France ?
- Nabil Francis
Non, alors je suis né à Beyrouth. On est route,
- Bryan Umana
oui.
- Nabil Francis
Et en fait, mon père est mort avant ma naissance.
- Bryan Umana
D'accord.
- Nabil Francis
Donc, je ne l'ai jamais connu et ma mère est française. Et donc, l'objectif était de vivre à Beyrouth. Mais bon, les aléas de la vie ont fait que nous sommes rentrés en France, dans le nord-est de la France. Et j'ai eu la chance d'avoir une famille qui m'a accueilli. Tout d'abord, ma mère qui a fait tous les efforts nécessaires pour m'élever, mais aussi mes... mes grands-parents avec qui j'ai passé beaucoup de temps et qui sont des personnes qui m'ont vraiment inspiré et aussi donné tous les leviers pour cette motivation et pour l'ambition qui m'a servi pour faire cette carrière.
- Bryan Umana
Je te pose la question parce que tu dis qu'à 30 ans, tu fais l'NBA. Tu vois d'autres opportunités. Et finalement, on te propose, on te met sur la table une opportunité que tu acceptes. Et c'est vrai, quand tu le dis de cette façon, tu as une opportunité de partir au Sri Lanka, ok, je signe, j'y vais. Et tu l'as dit, ce n'est pas facile de partir et de laisser sa famille, ses amis et autres. Et donc, j'imagine, je ne sais pas toi ce que tu en penses, mais étant donné que tu as été aussi, on va dire, déraciné d'une certaine façon à un moment donné. Ensuite, tu ne l'as pas dit, mais tu as fait l'armée, tu es lieutenant et tu étais dans les Caraïbes. Donc, de nouveau, partir un moment, un an et demi, deux ans, quelque chose comme ça ?
- Nabil Francis
Oui, deux ans, oui.
- Bryan Umana
Voilà, deux ans. Donc, finalement, ça crée aussi tout un système, enfin plutôt des chemins dans le cerveau et qui... qui sont propices pour ce changement-là. Parce que monsieur, madame, tout le monde qui est né dans la même ville, j'allais dire village, si on compare au pays où tu étais, nous, Châtel, c'est un petit village, et qui ont tout fait ici, toute la famille ici. C'est vrai que j'entends parfois une réelle appréhension à ce changement-là de sortir de sa zone de confort, finalement.
- Nabil Francis
Oui, alors c'est sûr qu'il faut... Après, il en faut pour tout le monde. On aime tous notre routine. On aime quand on dort dans son lit, on se lève, on sait où est la lampe, on sait où est le réfrigérateur. mais plus on voyage, plus on bouge, plus on sort de cette bulle, plus on l'apprécie aussi. Il faut beaucoup d'affection pour le voyage, pour l'aventure. J'ai toujours beaucoup voyagé. Étant plus jeune, j'ai fait de l'alpinisme, surtout en dehors de l'Europe, découvrir des sommets. J'ai été très attiré par les déserts. Donc le voyage a été une passion et ça reste une passion. J'adore voyager.
- Bryan Umana
Tu as parlé des paillettes qu'on a quand on voyage autant, qu'on vit dans plusieurs pays, et que finalement ensuite il y a une difficulté à se ré-apatrier chez soi ou dans sa culture. Finalement, si on vit sa vie de cette façon-là, finalement... C'est égal, non ? Qui est paillette ou pas paillette, dans le sens... Peut-être je me suis mal exprimé. Ce que je veux dire, c'est que tu changes de pays plusieurs fois, donc tu as cette adrénaline aussi, de manière plus ou moins constante. Pourquoi revenir en Europe ? Chez toi, c'était très clair, dans le sens où il y avait cette opportunité, l'opportunité de devenir propriétaire et diriger son entreprise. Mais j'ai l'impression, comme tu l'as dit, qu'il faut revenir chez soi. Il faut arrêter ses paillettes et il faut se réancrer, ou bien revenir à la réalité. C'est un petit peu comme je l'ai ressenti.
- Nabil Francis
Oui, alors ce que j'ai dit, c'est pas vivre à l'étranger, c'est pas tout le temps voyager, c'est pas toujours les paillettes, c'est la vie d'expatrié, les paillettes. La vie d'expatrié, c'est quand même assez spécial.
- Bryan Umana
C'est quoi, c'est les conditions ?
- Nabil Francis
C'est un tout. Par contre, il faut garder les pieds sur terre. Et tu parlais d'ancrage, c'est très vrai. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup... Moi, j'ai rencontré beaucoup d'expatriés qui sont restés et qui vont rester à l'étranger très longtemps. Et il y a un petit côté où on se perd. On se perd parce que les valeurs sont différentes. On reste dans des cultures différentes. Il y a un côté qui est artificiel. La vie d'expatrié a un côté éphémère, donc il y a un côté artificiel aussi. Et revenir, retrouver ses racines en Europe, pour nous c'était important de faire le choix. Je ne critique pas ceux qui restent, qui vivent à l'étranger, mais il faut que ça soit un choix. Et si ça dure trop longtemps, les séjours à l'étranger, ce n'est plus un choix, on ne peut plus revenir. Et donc nous avons fait le choix. de revenir. Alors après, il y a des raisons évidentes. C'est aussi de se rapprocher de ses racines, de se rapprocher de sa famille. Ce qui est... Alors ça dépend de la culture des gens, ça dépend des valeurs des gens, mais c'est à mon sens quelque chose de très important.
- Bryan Umana
Et tu dis on perd un peu les pieds sur terre. Pour quelle raison ? Parce qu'on gagne beaucoup par rapport au pays ? Parce qu'il y a plein de conditions qui font que... Et qu'on ne vit en fait... finalement quasiment pas comme les autochtones, si je peux dire ça comme ça, ou qu'est-ce qui fait qu'on est...
- Nabil Francis
plus vraiment dans la même réalité ?
- Bryan Umana
Il y a plusieurs choses. Ça dépend déjà du pays. Là, on parle d'économies émergentes, des pays où il y a effectivement, malheureusement, beaucoup de pauvreté. Donc, c'est clair que la vie d'expatrié va être... Vivre comme on vit en Suisse, aujourd'hui, à Manille, c'est quelque chose... on est ultra privilégié. Sauf que si on est à Manille, on voit la misère. D'ici, on la voit moins. Donc, c'est sûr que c'est plus complexe. C'est plutôt un état d'esprit et une façon de voir les choses. Je me dis aussi, il y a un temps. Il y a un temps pour tout. Il y a les enfants aussi, où vivre... Se réancrer, c'est aussi donner plus de racines aux enfants. Parce que voyager tous les quatre ans, c'est intéressant. Mais voilà, est-ce que ça, ça va leur permettre de s'ancrer quelque part, de faire des valeurs fortes ? Mais encore une fois, il n'y a pas de jugement de ce côté-là, Bryan, parce que je crois qu'il y a plein de possibilités. Ça dépend vraiment des gens et de ce qu'ils veulent.
- Nabil Francis
Je trouve intéressant parce que je suis né en Suisse, je suis prêt de ma famille à être né hors Colombie. Et à 15 ans, mes parents ont décidé de repartir. J'ai fait deux ans, enfin en premier un an aux Etats-Unis et deux ans en Colombie. Et ensuite, à 18 ans, finalement, ils ont dit bon, je refais tes études en Suisse et on est revenu. Et rien que ces trois ans à l'étranger, dans deux pays différents. dont un qui est quand même ma culture, parce que mes deux parents sont colombiens, et donc bien que je sois né en Suisse, à Neuchâtel, à la maison, ça a toujours été l'espagnol, ça a été de la nourriture colombienne, des fêtes colombiennes avec la famille qui est ici et autres. Mais rien que ces trois ans m'ont tellement ouvert l'esprit et les possibilités qu'il y a à l'étranger, et le fait aussi d'avoir vu mes parents tout lâcher ici. envoyer un container avec nos affaires. En fait, même si jusqu'à aujourd'hui, je ne suis pas reparti, je pense qu'un jour, je repartirai avec ma famille, avec ma femme. Maintenant, est-ce que toi, justement, tu dis qu'il y a un âge pour tout, est-ce que tu penses qu'il y a une limite aussi à ça ?
- Bryan Umana
Non, moi, je... Que t'inviter à partir ? En fait, cette ouverture d'esprit, c'est énorme. C'est tout à fait ce que tu dis, tu l'illustres bien. Tu vas partir, c'est découvrir, c'est communier avec différentes cultures. Et il faut le faire. Les frontières du monde ne s'arrêtent pas à celles de la Suisse. C'est important pour se développer, pour se construire. Et après, ça te permettra de faire le choix. Parce que tu auras un choix et le choix, tu le fais en âme et conscience. Mais je pense qu'il n'y a pas de recette miracle. Simplement, si tu pars, je me souviens très bien au moment où je suis parti au Sri Lanka. Alors, ce n'était même pas un conteneur puisque j'étais seul. C'était une cantine militaire. Mais mon employeur m'avait offert le prix du transport d'une cantine par avion. Donc voilà, la taille de septable. Et donc je devais calculer les choses dont j'allais avoir besoin. Et je me souviens avoir eu un placement de cœur. Parce que là, ça va être l'inconnu. Ça va être l'inconnu. Et quand je vais atterrir à Colombo, qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais rencontrer des gens ? Est-ce que ça va être fun ? J'avais l'occasion de faire un voyage avant, mais il y a ce côté-là. Et après, quand ça fonctionne, on est fier. On est heureux d'avoir fait le... le pas. C'est comme quand on a un challenge, on réussit quelque chose, ça motive pour faire d'autres expériences.
- Nabil Francis
C'est clair, ça valide aussi ce qu'on a fait.
- Bryan Umana
Oui, tout à fait.
- Nabil Francis
Je trouve intéressant aussi quand tu parles que le fait d'être dans le déconfort,
- Bryan Umana
Dans l'inconfort.
- Nabil Francis
Dans l'inconfort, oui, merci, te fait aussi profiter du confort. Par contre, Tu vois, là où il y a, je pense, une réflexion aussi, j'ai l'impression, tu me diras maintenant, ça fait quatre ans que vous êtes ici, donc tu continues à voyager aussi. Mais disons, moi, j'étais deux ans en Colombie. C'est vrai que là-bas, la pauvreté, on la voit tous les jours. Tous les jours, tu es confronté à des personnes qui m'ont dit, à des personnes qui ont des problèmes. Enfin voilà, tu le vois tout le temps. Et au final, à un moment donné, ça devient une banalité même. On oublie, enfin disons, voilà. Et ensuite, quand on revient ici, on se rend compte de tout ça. Et on se dit, waouh, ici on est vraiment des privilégiés. Et j'ai l'impression, un peu comme tout, l'humain est fait ainsi. On s'habitue, et de nouveau, ça devient une sorte de banalité. Et on va se plaindre parce que le bus n'est pas arrivé à l'heure, parce qu'il fait trop chaud,
- Bryan Umana
comme aujourd'hui.
- Nabil Francis
Et on commence à se plaindre de tous les petits éléments quotidiens qui en fait sont un privilège énorme si on compare à d'autres pays. Et donc en fait, tu vois, c'est une espèce de boucle où oui, on va dans l'inconfort, mais rapidement dans cet inconfort, on s'habitue. Et donc il faudrait à chaque fois pousser un petit peu plus pour retourner dans cet inconfort, ou en tout cas des espèces de cycles pour pouvoir profiter. Du confort qui arrive.
- Bryan Umana
Ouais, alors, ce que tu dis, c'est intéressant, parce que c'est vrai qu'ici, en arrivant de Manille, j'avais des collaborateurs le matin qui se plaignaient d'avoir eu des bouchons pour venir à l'usine. Je me disais, mais il y a eu des bouchons, mais où ça ? Parce que depuis le temps, je ne vois pas de bouchons, de vrais bouchons à Neuchâtel. Et ils me disaient, non, mais aujourd'hui, il y a un feu sur mon trajet, et il était rouge. Je me dis, bon. Ok, donc c'est clair que chacun voit midi à sa porte. Après l'idée, ce n'est pas parce qu'on est bien qu'il faut chercher l'inconfort. Je pense que si on peut chercher des clés pour ça, il faut quand même toujours se challenger, rien prendre pour acquis. Et peut-être une bonne méthode, c'est... C'est se forcer à toujours apprendre des nouvelles choses. Et pour apprendre, il faut développer sa curiosité. Et ça, c'est peut-être un concept qui peut aider, parce que l'inconfort, il peut être... Enfin, le challenge, c'est pas forcément voyager. C'est peut-être apprendre une nouvelle langue, se former sur quelque chose, aider les autres. Et ça... On découvre ces choses-là, parce qu'on est tous faits pour des choses différentes, avec la curiosité. C'est important d'être curieux. Quand on est curieux, ça pousse à faire plein de choses. D'ailleurs, il y a une chose qui m'a toujours fasciné dans le management d'entreprise. Ce qui est le plus compliqué, à mon avis, c'est le recrutement. C'est sélectionner des gens. Souvent, en quelques heures, il faut savoir. dire oui ou non. Et c'est tellement important, parce que c'est quand même l'actif le plus important d'une entreprise, ce sont les ressources humaines. C'est tellement important aussi d'être entouré de gens capables. L'objectif, ce n'est pas d'être le plus smart dans la pièce, c'est d'être entouré par les personnes les plus smart. Donc comment bien recruter et comment évaluer quelqu'un en quelques heures d'entretien ? Je me suis dit, c'est quoi ? Alors... Si on continue à développer là-dessus, on va dire que ce sont les gens qui ont du potentiel. Parce que si on a quelqu'un qui n'a pas de potentiel, il va pouvoir très bien faire le métier de spécialiste, mais après, s'il y a une évolution, il n'a pas le potentiel d'évoluer. Très bien, on va recruter les gens qui ont du potentiel. Mais comment on fait pour trouver le potentiel dans une personne quand on discute avec ? Comment on peut évaluer le niveau de potentiel d'une personne ? Et ma conclusion, c'est... souvent liées à la curiosité. Si cette personne est curieuse, elle pose beaucoup de questions, elle est intéressée par plein de choses. Au cours de sa vie, elle a fait plein de choses. Parce que c'est pas parce qu'on a fait des belles études et qu'on a tout arrêté, parce que le cerveau il se ramollit aussi, c'est comme un muscle. Et c'est comme ça que j'évalue souvent les gens lors d'entretiens. Pour moi, la curiosité est un attribut du potentiel. Ça répond à moitié à ta question. Et puis sur le reste, oui, je reste persuadé qu'il est important de se challenger. Et puis se challenger, ce n'est pas juste de l'inconfort, c'est souvent beaucoup plus de plaisir, d'émotion positive. C'est quand on a accompli quelque chose ou quand on a fini. la révision pour un examen, ou quand on sait qu'on a tout donné, il y a une satisfaction qui est là. C'est la même chose après le sport, après un footing, après une séance de sport, on a une satisfaction qui est là, on est fier de ce qu'on a fait, et ça, ça amène beaucoup de bonheur.
- Nabil Francis
Et donc toi, tu recherches ça ? Tu recherches constamment d'avoir le challenge pour obtenir cette... Je vais dire dopamine sur le moment post-atteinte de l'objectif.
- Bryan Umana
En gros, j'essaye de ne pas m'encrouter. C'est un peu pour parler simplement. Et pour ça, il faut faire des efforts.
- Nabil Francis
Et pourquoi tu recherches de ne pas t'encrouter ?
- Bryan Umana
Mais je pense que c'est purement interne. C'est une histoire de... J'ai besoin, le matin, quand je me rase, de me regarder dans la glace et d'être fier de ce que je fais. Et de la personne que j'essaye de construire. Donc, c'est des leviers de motivation interne. Essayer de... Et c'est aussi important pour les gens qui nous entourent.
- Nabil Francis
parce que tu ne l'as pas dit tu as parlé un peu de sport les gens ont compris que tu as fait quelques marathons, que tu fais de la course à pied mais tu es le troisième Dan de taekwondo et ça ça reste que tu le pratiques ou pas ça reste les coups de pied sont un peu moins hauts avec l'âge il n'y a plus de coups de pied sautés on
- Bryan Umana
essaye seulement quand même encore heureux.
- Nabil Francis
Ah oui, alors quand même. Donc effectivement, tu n'es pas encrouté. Donc je disais ça parce que taekwondo, tu as fait l'armée, tu as justement été à la tête de plusieurs entreprises. Et là, on parle de grandes entreprises. Tu as cité, si je ne me trompe pas, Mani, donc c'était 3-4 000. 3-4 000. Voilà, 3-4 000. et en termes de budget aussi on parle jusqu'à enfin de centaines de millions à un milliard de dollars et je me souviens quand tu m'as chaleureusement accueilli je sais plus en 2024 en tout cas chez felco et ça ça m'a ça m'a c'est resté c'est aussi la raison pour laquelle Je voulais qu'on fasse cet épisode parce que tu m'as dit, écoute Bryan, justement tu m'as raconté un petit peu ton expérience et tu m'as dit quand j'étais jeune, une fois je me suis dit, bon un jour j'aimerais être à la tête d'une entreprise qui fasse un milliard de chiffre d'affaires. Et tu y es arrivé.
- Bryan Umana
Presque. Le maximum c'était 800 millions.
- Nabil Francis
800 millions, ok. Bon, on ne va pas chipoter. Mais tu m'as aussi dit, parce qu'ensuite, je ne sais pas si tu te souviens, mais je t'ai demandé, et puis Nabil, qu'est-ce que ça t'a fait ? Et est-ce que tu peux répondre, là, qu'est-ce que ça t'a fait d'être arrivé, ou en tout cas frôlé cet objectif que tu t'étais donné quand tu étais plus jeune ?
- Bryan Umana
Alors ça, c'est une question qui est intéressante, assez profonde, puisqu'en effet, j'avais caressé cet objectif. C'est clair que dans une carrière, il faut de l'ambition et il faut des drivers au niveau de l'ambition. Et quand on est CEO, on a toujours envie de passer à des plus grosses entreprises ou avoir des... des sujets de réflexion de plus en plus complexes, des opérations de plus en plus complexes, des enjeux plus complexes. Il y a un côté qui est un peu grisant. Et maintenant, avec du recul, ce que je vois, c'est que cet objectif, je le trouve presque un peu ridicule et conduit par l'ego. Mais il faut aussi un peu d'ego. L'ego, ça peut être quelque chose de positif. S'il y a trop d'ego, ça devient négatif, mais il en faut un petit peu. Et puis ce qui se passe aussi, je pense que quand on évolue dans la vie en fonction de l'âge, il y a beaucoup de transformations qui s'opèrent. La façon de penser en fonction de l'âge de la personne va évoluer. Donc le départ d'une vie, c'est essayer de... de gagner, de créer, d'apprendre au niveau du job. Après, on veut évoluer. Moi, je voulais manager des entreprises de plus en plus importantes. Et puis après, on se dit, c'est quoi cette quête ? C'est quoi le sens ? Tu veux manager une grosse entreprise ? Mais après, est-ce que c'est ça qui va m'amener le bonheur quelque part ? Et puis, plus on avance, plus on se rend compte. qu'on obtient beaucoup plus quand on aide les autres et qu'on fait du bien aux autres, plutôt qu'essayer de posséder de plus en plus. Donc, il y a toute cette transformation en parallèle. Donc, le cheminement, il était de se dire, oui, alors, d'un côté, peut-être que l'objectif était un peu ridicule et conduit par l'ego. En même temps, ça m'a aidé parce que ça m'a donné l'énergie suffisante pour faire ce que j'ai fait ou plutôt, je devrais dire, ce qu'on a fait avec la famille. parce que Ce genre de... Enfin, notre carrière, si mon épouse ne m'avait pas suivi, ne m'avait pas soutenu, je n'aurais jamais pu faire tout ça. C'est aussi beaucoup de sacrifices, sacrifices au niveau du temps passé avec la famille, sacrifices au niveau de la famille pour faire en sorte que c'est un petit peu comme une entreprise où on travaille à deux. Parce que quand on atterrit dans un pays, il faut s'occuper des enfants, il faut s'occuper de l'école. Il y a tout un... Et on a travaillé en équipe. En effet, maintenant, je n'ai plus cet objectif-là, puisque Felco, c'est une entreprise beaucoup plus petite. Et en tout cas, je peux dire qu'à tous les niveaux, dans une entreprise, quand on manage une entreprise, qu'elle soit énorme ou qu'elle soit petite, c'est toujours un cache-tête d'être le patron. Et il faut être au four et au moulin dans tous les cas.
- Nabil Francis
Et quand tu dis petite, ça aussi, ça m'avait marqué parce que finalement, toi, tu viens d'entreprises de milliers de personnes. Et donc, c'est vrai que Felco, c'est 250-300 personnes ?
- Bryan Umana
Oui, on est aussi dans le monde, le groupe, c'est entre 250 et 300.
- Nabil Francis
Voilà. Donc, juste pour les personnes qui nous écoutent, parce qu'on est dans, on va dire, on évolue aussi dans un environnement de PME, mais plutôt le P et le M. et donc plutôt d'une dizaine à une petite centaine de personnes. Donc finalement, une entreprise comme Felco, dans le monde des PME, c'est une grande entreprise. Mais par contre, effectivement, tout est relatif. Et si on parle de grande entreprise, au tout début, tu as commencé à raconter ton expérience et tu as cité Bouygues. Bouygues, c'est effectivement une énorme entreprise. Orange. toutes ces entreprises-là. Et les petites, effectivement, quand on est dans ce monde-là des multinationales, des grands groupes, une petite boîte, 1000 personnes, c'est presque une petite boîte.
- Bryan Umana
Peut-être pas, mais c'est une entreprise où on peut encore tous se connaître et connaître le prénom de quasiment l'ensemble des collaborateurs. Donc ça reste une entreprise à taille humaine. À partir d'un certain seuil, on ne peut plus connaître tout le monde.
- Nabil Francis
C'est vrai que quand on a fait le tour, tu saluais les personnes par leur prénom.
- Bryan Umana
Oui, c'est un plaisir. Et puis, c'est aussi une façon de les respecter.
- Nabil Francis
C'est clair, c'est sûr. Mais après, je suis d'accord, ce n'est pas facile de connaître le nom de 250, 300 personnes.
- Bryan Umana
Si je devais le réciter, je le connais sans doute pas tous, mais la plupart. Et puis, j'ai une bonne mémoire des visages. Donc, ça m'aide. Et c'est le plaisir d'être dans une entreprise de plus petite taille. Là, on connaît tout le monde. C'est quand même assez... Je trouve ça plutôt sympa.
- Nabil Francis
Et qu'est-ce que... Quel apprentissage transverse est-ce que tu apportes ? Avec quoi est-ce que tu viens de toute cette expérience passée dans différents pays à manager des milliers de personnes ? Comment tu l'utilises ici en Suisse ? Enfin, je dis en Suisse, mais pour parler de Felco. Quels apprentissages est-ce que tu peux mentionner ?
- Bryan Umana
Disons que ça marche dans les deux sens. Il y a des choses que l'entreprise m'amène à moi, c'est-à-dire que je dois apprendre. les différents leviers de l'entreprise. Tout d'abord, il y a 4 ans, il a fallu apprendre un nouveau métier. Et ça, c'est un nouveau savoir-faire. Et là, on a la chance d'avoir des collaborateurs formidables. L'entreprise a 80 ans cette année. Donc, on peut dire que c'est une vieille entreprise. Et donc, moi, j'ai beaucoup appris. Ce n'est pas du tout la même chose une entreprise à taille humaine et une grosse entreprise. Dans une grosse entreprise, les challenges sont plus financiers, c'est un stress qui est différent. C'est plus de la communication, surtout avec les analystes tous les trimestres pour maximiser le cours de l'action, pour leur éviter de perdre confiance. Donc, on est presque dans une grosse entreprise, c'est beaucoup plus artificiel. On est entouré de tout un aéropage de collaborateurs qui nous aident. Il y a beaucoup de détails qu'on ne voit pas parce que ça se fait. Par contre, dans une petite entreprise, on voit tout. et donc c'est alors on peut dire c'est une grosse entreprise, c'est complexe à manager oui certes, mais une petite entreprise c'est complexe à manager aussi parce qu'il faut avoir des compétences sur plein de choses, que ce soit les ressources humaines ou plein de petites choses qui se font dans des grosses structures. Donc il y a toute cette phase-là et moi ça m'apporte beaucoup. Je dois apprendre, c'est à moi de m'adapter, c'est à moi de m'adapter à l'entreprise, c'est à moi de m'adapter à la culture locale. Et puis en même temps, oui, je peux apporter cet éclairage sur... sur l'extérieur parce que avoir eu la chance de voyager, de découvrir le monde, d'autres cultures, ça amène une autre façon de penser. Et je crois que ça c'est très important parce qu'aujourd'hui, pour une entreprise comme Felco qui exporte 95% de sa production, comme je le disais tout à l'heure, la frontière du monde ce n'est pas les frontières de la Suisse. Donc on doit avoir les yeux grands ouverts. surtout dans un monde qui est de plus en plus complexe, incertain et où les choses s'accélèrent, là on va pouvoir avoir une vision assez internationale et qui va nous permettre de tirer notre épingle du jeu. Je pense que c'est gagnant-gagnant. Mais on continue aussi à beaucoup voyager dans l'instruction. de felco puisqu'on a une dizaine d'implantations tout autour du monde avec nos filiales pour vendre nos produits donc ça reste un mélange de cultures en termes de leadership
- Nabil Francis
ou management est ce que ton passage à l'armée les arts martiaux t'ont apporté des ressources ?
- Bryan Umana
Oui, alors chaque expérience amène quelque chose. Il faut essayer de le prendre du côté le plus positif possible. Ça commence, je dirais même, le leadership dès l'enfance. C'est souvent un modèle où moi, je sais que mon grand-père, quand il m'a élevé, lui avait fondé après la Deuxième Guerre mondiale une entreprise de matériaux de construction. dans l'est de la France, dans les Vosges. Et j'ai passé énormément de temps avec lui, de temps dans les camions, dans les tas de cailloux, dans le béton. J'ai été très impressionné par mon grand-père. Donc ça c'est aussi, il m'a appris quelque chose d'essentiel pour le leadership. C'est sans doute le devoir d'exemplarité. C'est-à-dire, ok, il était patron, mais... Il se levait tôt le matin, c'était lui qui arrivait le premier, il repartait le dernier. Et il négligeait aucun effort et il avait gagné le respect de ses collaborateurs grâce à ça. Et puis, de fil en aiguille, bien entendu, les autres expériences. Faire une expérience dans l'armée, c'est apprendre la discipline.
- Nabil Francis
De se raser tous les jours.
- Bryan Umana
De se raser tous les jours, d'avoir ses... chaussures bien cirées tous les jours. Voilà, c'est quelque chose, c'était une expérience fantastique d'être officier dans l'armée française et puis surtout d'avoir eu ce poste dans les Caraïbes. J'ai beaucoup aimé. Après, j'ai décidé de changer de carrière, c'est plutôt, en fait, je n'ai pas décidé de changer de carrière, Bryan, c'était un jour, Donc j'étais bagé à la Guadeloupe qui est une île française et en fait bon alors effectivement il y avait toute la partie armée mais il y avait aussi toute la partie copains on faisait beaucoup de choses ensemble le week-end c'est un beau terrain de jeu et un jour j'ai vu arriver ma mère qui m'a dit bah écoute maintenant ça serait bien que tu rentres et que tu prennes un Un boulot. Un vrai job. En gros, c'est ce qu'elle m'a dit. J'ai dit, mais j'ai un job. Là, elle m'a dit, maintenant, il faut rentrer, il faut prendre un vrai job. Donc, voilà, la décision a été vite prise.
- Nabil Francis
Tu parles d'exemplarité que tu as vue à travers ton grand-père. Aujourd'hui, qu'est-ce que c'est l'exemplarité pour toi ?
- Bryan Umana
Je pense qu'on a... Tous, un devoir d'exemplarité, sans doute plus quand on est manager. Ça amène beaucoup de choses. Essayer d'être exemplaire, parce que ça serait bien prétentieux de dire que je le suis. Mais ça amène beaucoup de choses. Ça amène déjà de comprendre les contraintes des autres. De comprendre les contraintes des autres et aussi les règlements que l'on fixe. on doit être les premiers à les respecter. Ça, c'est quelque chose qui est important dans le management. Et ça permet sans doute beaucoup plus de fédérer, puisque l'important, c'est d'être capable de motiver les gens. Après, ça reste des choses... Le leadership dans le management, ça reste très complexe. Et on parlait tout à l'heure de se motiver, de se challenger, d'apprendre, de se former, d'apprendre des nouvelles choses. Je pense qu'aujourd'hui, pour les managers de mon âge, on doit apprendre à comment motiver les nouvelles générations. Les leviers de la motivation sont très différents qu'auparavant et on doit s'adapter. To a certain extent, c'est-à-dire accepter... Jusqu'à un certain point. Oui, jusqu'à un certain point, voilà. Accepter des différences de culture entre les générations plus jeunes, pour qui le bien-être ou l'équilibre vie, vie familiale, amie et travail, compte beaucoup plus que des générations comme la mienne, où finalement, voilà. on n'avait pas trop le droit de se poser la question. Il fallait bosser, il fallait faire carrière et point. Aujourd'hui, on a cette question qui est posée, qui est une vraie question d'ailleurs. Et je crois qu'il faut s'adapter à ça et savoir aussi quels sont les leviers de cette motivation pour les plus jeunes générations qui seront les managers de demain.
- Nabil Francis
Et tu as parlé de sacrifice en termes de... temps donc avec la famille quand tu étais enfin qu'on vous étiez toi et ta famille expatriés aujourd'hui avec felco est ce que tu as plus
- Bryan Umana
de temps qu'avant ou encore moins comment ça se passe alors là c'est effectivement quelque chose d'assez déconcertant puisque quand
- Nabil Francis
On a repris avec mon épouse l'entreprise. On se disait, ben voilà, moi je travaillais avant, tu peux l'imaginer, énormément, puisque dans ces grosses structures, il y a quand même beaucoup de pression, beaucoup de voyages. Et je me suis dit, ben voilà, maintenant, on va travailler pour une entreprise qui est la nôtre. Ça va être sympa. Ça, c'était avant d'arriver en Suisse. Malheureusement... Comme dirait Sun Tzu, tous les plans s'évaporent au contact avec le champ de bataille. Et effectivement, on se retrouve non seulement à travailler encore plus qu'avant, et surtout à discuter de l'entreprise même durant notre temps libre, puisque quand on travaille dans la même entreprise, on a tendance à en discuter. C'est un gros sujet de réflexion pour ce qu'est l'entreprise familiale. Et on doit fixer certaines règles pour conserver cet équilibre de vie. Moi, j'appelle toujours ça un tabouret à trois pieds. La partie entreprise, business, la partie des amis et la partie familiale. On doit faire attention. de ne pas négliger les choses. Mais en effet, je dois dire aussi à notre décharge que Felco, c'est une entreprise qui est passionnante parce que fabriquer des sécateurs et les vendre, ça ne paraît pas. C'est quelque chose de passionnant qui ouvre aussi des horizons incroyables. Tu me parlais de la Colombie, c'est un pays magnifique. J'ai l'occasion souvent de voyager en Colombie pour Felco parce que c'est là où on fait pousser et... La plupart des roses qui partent en Amérique du Nord. Donc ce sont des marchés pour nous importants. Donc oui, on a malheureusement vite tendance à se faire manger par l'entreprise.
- Bryan Umana
Donc tu continues à bosser énormément.
- Nabil Francis
C'est un gros sujet de réflexion, mais maintenant, je n'ai pas encore trouvé les clés.
- Bryan Umana
Il y a plusieurs sujets. qui me viennent. Le premier, ce serait, tu parles du tabouret à trois pieds. Est-ce qu'il ne manque pas un pied ? Et ce pied-là, ce serait toi, Nabil. Où est-ce que tu es, là ? Est-ce que tu prends soin de toi ? Justement, de ta santé ? Tu as parlé un petit peu de sport. Le mental ? Tout ça. Où est Nabil là-dedans ?
- Nabil Francis
Oui, alors, ce que tu dis, le tablier à trois pieds, est-ce qu'il n'y en a pas un quatrième ? Est-ce que ce n'est pas toi ? Finalement, c'est des questions fondamentales de vie. On peut se dire, qu'est-ce qu'on recherche ? On va parler beaucoup maintenant de quête de sens. On entend souvent ça. C'est quoi la quête de sens ? Je fais un travail, est-ce qu'il y a du sens ? Etc. Finalement, c'est quoi une quête de sens ? On peut aussi se poser la question. Qu'est-ce qu'on recherche ? Et si on continue à prendre du recul, est-ce qu'on ne recherche pas tous le bonheur ? On est dans un sujet beaucoup plus fondamental que l'entreprise. Et on va se dire, si on recherche le bonheur, qu'est-ce que c'est que la définition du bonheur ? En quelques mots, c'est quoi le bonheur ? ça va être heureux, ouais d'accord mais c'est quoi, ça vient de quoi ? Et la meilleure définition que j'ai trouvée, c'est ce qui amène du bonheur, c'est l'interaction sociale, c'est l'interaction avec les autres. C'est difficile d'être toujours tout seul et de trouver du bonheur, à mon avis. Donc ces trois piliers, ce sont les interactions sociales qu'on a. C'est comme ça que je le définirais. Donc le quatrième pilier, il est intégré dans les trois piliers, à mon avis. Après, sur le fait de prendre soin de soi, encore une fois, c'est un équilibre assez fin. C'est obligatoire parce que si on ne prend pas soin de sa carcasse, il n'y a plus rien. Tout s'arrête. Mais des fois, on tire un peu sur la corde et le corps nous envoie des messagers. Le messager, c'est... une maladie c'est une douleur de dos et il faut écouter ces messages c'est pas toujours c'est pas toujours évident après j'avais cette discussion récemment avec un collègue il ya beaucoup de gens qui disent oui mais moi j'ai trop de travail j'ai pas le temps de faire du sport et en fait c'est faux c'était ce collègue me faisait justement remarqué qu'en fait non c'est je ne prends pas le temps de faire du sport et ça ça ouvre les yeux Maintenant, moi, j'ai des routines pour faire du sport. Ce que j'appelle, c'est vraiment de la maintenance basique. Ça va être, voilà, profiter de... d'avoir 30 minutes pour faire du sport et en fait moi si je peux partager un secret avec toi c'est j'ai découvert ça en inde avec notre maître de taekwondo qui était quelqu'un de très spirituel il ya un côté très spirituel dans le face en tout cas comme ça que je vois le taekwondo et pas comme un sport d'auto défense c'est plutôt un sport qui permet de ceux de se recentrer sur ses fondamentaux. Et cette personne-là, elle m'a ouvert les yeux. Parce que j'étais plus jeune, on était donc à Bangalore. Et j'étais quelqu'un où je courais beaucoup. La performance physique comptait énormément pour moi. J'allais courir, j'enregistrais dans ma garmine des choses, je regardais les choses, je me préparais pour le marathon. Voilà, il fallait... Bref. Et ça, quand on est dans cette optique-là, c'est complexe parce qu'il va falloir donner le maximum à chaque fois. Et donc, à chaque fois, on est dans le dépassement. Et lui, il m'a dit les bons mots, il m'a fait comprendre. Il m'a dit, mais l'objectif, ce n'est pas ta performance dans la course. C'est ce que tu vas écouter les oiseaux chanter, communier avec la nature, essayer d'être heureux. Profite du moment pendant lequel tu fais du sport. Et ça, ça m'a vraiment ouvert les yeux. Et donc maintenant, quand je parle de routine sport, c'est surtout pas forcé, c'est juste se faire plaisir, mais bouger un peu. Et ça suffit, à mon avis, si on reste une journée au bureau, avoir une demi-heure de gymnastique, d'assouplissement, ça suffit très largement. Alors ça, c'est une chose. Et puis il faut avoir aussi des activités où on va pouvoir décompresser psychologiquement. Donc là, tout en continuant à apprendre. Moi, j'ai quelque chose qui, d'ailleurs, je me réjouis dès demain de m'adonner à cette passion. C'est un peu spécial, mais pendant mes week-ends, je construis des murs en pierre sèche. Je me suis spécialisé dans la construction et la taille. de pierre sèche avec des techniques de mur de vigne valaisan. Et quand je construis mon mur en pierre sèche et que je taille mes pierres en valais dans la montagne, je suis le roi du pétrole. Et ça, ça me ressource terriblement.
- Bryan Umana
Et là, quand tu fais ça, tu es en plein dans le moment présent. Tu ne fais que ça.
- Nabil Francis
C'est ça. Ça fait partie de... de ces sports où on pense à rien d'autre, un peu comme l'escalade. J'ai fait beaucoup d'escalade. Quand on grimpe, on ne pense pas aux problèmes du boulot. La course à pied, on ne pense pas, mais il y a un côté dans la course à pied qui est mal chien, c'est ce côté dopant des hormones. Souvent, en course à pied, on va... on ne va pas communier avec l'environnement extérieur. Une marche va permettre sans doute beaucoup plus de communier avec la nature, écouter les oiseaux chanter. Par exemple, moi, je ne vais pas trop aimer marcher avec un casque et écouter de la musique. Je préfère écouter ce qu'il y a autour de moi et puis laisser vivre tous les sens. Les sens, les cinq sens. Mais voilà, c'est un petit peu la façon de faire. mais ce que je dis c'est Ce sont des objectifs, ce n'est pas toujours atteint. J'aimerais bien pouvoir les atteindre un peu plus et réussir à passer plus de temps avec ma famille, être plus proche d'eux, les aider plus, aider les enfants plus pour les premiers pas dans la vie. Malheureusement, avec cette carrière, je n'ai pas pu passer tout le temps suffisant avec eux. Il reste encore du temps pour se rattraper. Oui, oui.
- Bryan Umana
Est-ce qu'il y a des regrets à ce sujet ou pas ? Et est-ce qu'eux te reprochent quelque chose ?
- Nabil Francis
Non, je pense qu'il n'y a pas de regrets. C'est comme ça. Je dirais, chacun, on a tous sa vie. Et on doit... On doit la conduire comme on a envie et on doit la piloter. Et on peut toujours bifurquer, on peut toujours changer de chemin. Donc je pense qu'il n'y a pas de regret, même si j'avais un prof à l'ESSEC pendant mon MBA qui m'a beaucoup marqué, qui m'avait donné sa définition de la vie, que je trouvais très restrictive. Il disait « La vie, c'est quoi ? » Regardez tout ce qu'il disait. Et il disait « La vie, c'est simple. » C'est minimiser ses regrets sous contrainte de temps. Donc, ça m'est resté comme définition. Mais non, je pense qu'il faut... J'ai toujours dit dans la vie que je préférais l'optimisme de l'action au pessimisme de l'intelligence. Alors, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand on a... on arrive à un carrefour, on a une option d'aller à droite ou d'aller à gauche, des fois, il y a des gens qui se grattent la tête. Alors, bien entendu, il ne faut pas faire le tout fou, et puis il faut évaluer les risques, peser le pour, le contre, mais il y en a qui se grattent la tête beaucoup trop longtemps. Et s'ils restent au centre, ils n'avancent pas. Et des fois, il vaut mieux, parce que toutes les situations, toutes les décisions dans la vie ne sont pas toujours black and white, ce n'est pas toujours très clair. Une fois qu'on a pesé le pour et le contre, il faut prendre une décision, il faut prendre une direction, il faut y aller. Et ensuite, avoir beaucoup d'humilité, garder les yeux gants ouverts et dire « Ok, je me suis trompé, je reviens au centre et je pars à gauche » . Et ça, c'est aussi quelque chose que j'ai rencontré beaucoup de cadres à haut profil dans ma carrière. c'est une chose que je peux partager avec toi. Il y a beaucoup de gens qui hésitent trop à prendre des décisions. Il y a un moment, on parlait, tu as commencé en disant la seule chose qui est constante, c'est le changement. Oui, il faut sans arrêt prendre des décisions. Il faut savoir prendre des décisions. Par contre, il faut aussi savoir et avoir l'humilité de dire quand on se trompe, on s'est trompé. Donc, en gros, c'est prendre des décisions. Si tu te trompes, trompe-toi vite, pivote, change, mais ne va pas dans le mur si tu t'es trompé. C'est un peu une philosophie de vie, ça.
- Bryan Umana
Et comment est-ce qu'on prend des bonnes décisions ? Toi, est-ce que tu as une méthode pour prendre des décisions ?
- Nabil Francis
Comment on prend des bonnes décisions ? Il ne s'agit pas de la baguette magique. Il faut savoir... Quand on est au siège de CEO, souvent on est très seul devant une décision. Parce que même si on est entouré, à la fin, il y a quelqu'un qui doit décider. Et ça, ça peut être effrayant. Moi, comment je fais ? J'essaye de m'entourer d'avis le plus possible, de voir les propositions des uns, des autres. de prendre le temps de la réflexion. Et puis, pour prendre la bonne décision, il faut aussi écouter son instinct. Alors, ça paraît un peu... C'est pas très cartésien. Je suis persuadé que l'être humain... Alors, on a effectivement le cerveau pour raisonner, mais on a plein d'autres sensors que l'on connaît peut-être pas. Et tout ça, ça fait l'instinct. Il faut avoir une certaine confiance en son instinct. J'ai pris beaucoup de décisions. Alors, je me suis beaucoup trompé. Ça, c'est clair. Il faut le dire. Et souvent, je me suis dit que j'aurais dû écouter mon instinct. C'était la bonne décision au départ.
- Bryan Umana
Au final, tu as appris à t'écouter parce que les situations de la vie ont montré que... quand tu avais ce gut feeling, comme on dit en anglais, cet instinct qui vient un peu des tripes comme ça du ventre, il est bon ?
- Nabil Francis
Souvent, oui. Je pense qu'il y a l'instinct, on a des capteurs qui vont décrypter les situations avec d'autres choses qui peut-être n'ont pas encore été découvertes, mais je crois en l'instinct. C'est... Voilà, on... Il y a des choses qui se passent. C'est quand on dit souvent les 20 premiers mots, les 20 premiers gestes, on dit qu'on n'a jamais une deuxième chance de donner une première impression quand on rencontre quelqu'un. Quand tu m'as rencontré, c'était quoi ? On s'est rencontrés peut-être il y a deux ans. Après les 20 premiers mots, les 20 premiers gestes de nos interactions, tu avais déjà une opinion instinctive sur moi. En gros, est-ce que tu aimes ce type-là ou tu ne l'aimes pas ? Et ça, c'est assez animal, mais c'était là.
- Bryan Umana
Est-ce qu'il y a une décision, justement, où tu aurais dû aller à gauche et tu es allé à droite, qui t'a marqué ? Une... je n'aime pas trop l'échec ou l'erreur, mais tu vois une situation comme ça, où ça vraiment t'a marqué, forgé, et où tu en es sorti beaucoup plus... enrichi.
- Nabil Francis
Mais j'ai eu plein d'échecs. En fait, je n'appelle pas ça des échecs parce que dès l'instant où on se relève, ou dès l'instant où on rebondit, ou dès l'instant où on revient au centre pour partir dans une autre direction, ce n'est pas un échec. C'est plutôt une expérience. Donc, je n'ai pas aujourd'hui d'exemple particulier de gros échecs. dans ma vie parce que j'en ai eu plein, mais à tous les niveaux. J'ai fait plein d'erreurs. Je continue à en faire. Je pense que c'est nécessaire d'avoir ce courage aussi de dire aux collaborateurs essayez de faire des nouvelles choses. Prenez un peu de risque. Et si vous faites des erreurs, faites-les vite pour les corriger après. Donc, je n'ai pas ce... Ce sentiment-là, je suis quelqu'un qui... J'ai essayé de saisir les opportunités qui passaient le long de ma vie, le long de ma carrière. Donc on peut dire que j'étais opportuniste, mais opportuniste, faire attention, parce qu'il y a un sens qui peut être négatif, c'est plutôt opportuniste dans le sens de saisir les opportunités qui se présentent. Et je vois malheureusement beaucoup de gens, il y a plein d'opportunités, mais ils ne les voient pas. Ils ne les voient pas, ils ne les saisissent pas. Et c'est dommage.
- Bryan Umana
Est-ce qu'on apprend à les voir ?
- Nabil Francis
On apprend à les saisir, à les voir. Pour voir les opportunités, il faut avoir un esprit positif. Et ce qu'on disait au début, il faut potentiellement imaginer qu'un changement, ça peut aussi être positif. Et ne pas avoir peur du changement. Ça, sans doute, ça aide à saisir les opportunités. Il faut aussi une certaine dose d'insouciance. Et ça, c'est ce que j'exprime avec l'optimisme de l'action. Parce que les gens qui sont trop intelligents ou qui réfléchissent trop, il y a trop de risques qu'ils ne peuvent pas faire. Il faut une certaine confiance en la vie et une confiance en l'autre. Mais on a tous des opportunités qui se présentent un jour ou l'autre au cours de sa vie.
- Bryan Umana
C'est vrai que l'action c'est vraiment finalement le seul élément qui compte parce que c'est comme tu disais, il y a une citation que j'aime beaucoup qui est « Action beats idea » . L'action bat l'idée et l'action battra toujours l'idée parce qu'on a beau avoir la meilleure idée du monde et si on n'agit pas pour la réaliser. finalement, cette idée reste une idée et ne verra jamais le jour. Et donc, c'est vrai que ça résonne beaucoup chez moi, ce que tu dis par rapport à ça. Mais par contre, agir, prendre une décision rapidement et, comme tu l'as dit, ouvrir les yeux pour potentiellement réagir, pivoter et rattraper si besoin.
- Nabil Francis
Oui, absolument. C'est-à-dire que... On est en train d'entrer dans un environnement qui est de plus en plus complexe. Au niveau du business, on parlait, alors je ne sais pas si tu... Il y avait un acronyme militaire qui représentait assez bien le business il y a quelques années, c'était VUCA. Volatile, Uncertain, Complex, Ambiguous. Et voilà, donc c'est militaire, c'est un champ de bataille. C'est un peu ce qui se passe. Et il y avait une extrapolation qui était faite sur la partie business. Maintenant, les choses, on parle de banni. Tu vois, c'est-à-dire banni, tu as brittle, donc fragile, anxious, non-linéaire, and incomprehensible. J'étais sur une conférence là-dessus il n'y a pas longtemps. Et qu'est-ce qui se passe en fait ? Oui, il y avait beaucoup... d'incertitude, de volatilité avant, ça, ça reste. Mais en plus, maintenant, on a... d'autres couches de complexité qui sont la fragilité du monde. Les choses sont fragiles, elles se construisent, elles se défont. C'est très rapidement. On a aussi des réactions qui sont, on dit non linéaires, donc qui ne sont pas logiques ou contre-intuitives. On va avoir des news et ce n'est pas la chose qui se produit. Les États-Unis bombardent l'Iran. On peut imaginer pendant le week-end que le lundi, les valeurs pétrolières vont s'effondrer. Ce serait sans doute passé avant, une certaine logique. Là, non. Et le monde répond de moins en moins à cette logique. Donc, si on est dans ce genre d'environnement, c'est difficile d'avoir des... que des décisions rationnelles. Il vaut mieux être, de se dire, ok, je ne sais pas, je ne sais pas, si j'ai la possibilité de tester les choses en réalité, je le fais, en investissant et en risquant de perdre ça, et dans le worst case, je perds ça, mais au moins j'aurai essayé les choses. Par exemple, si je ramène ça au niveau de mon boulot aujourd'hui, pour nous, on travaille en B2C, c'est-à-dire qu'on fabrique... des outils pour des utilisateurs. Donc, il faut savoir dire de quel type d'outils ont besoin les utilisateurs. Et une personne cartésienne, rationnelle, me dirait, très bien, trouve un échantillon de 100 utilisateurs qui utilisent des outils de jardin et demande-leur. Demande-leur quel type d'outils ils vont avoir besoin. Tu en prends dans différentes régions, il faut que les chantiers soient représentatifs. Fais faire cette étude, en fonction des résultats de cette étude, discute avec ton management et prends la décision de l'outil que tu vas lancer. Ça paraît très cartésien. Ça ne marche pas. Parce que même les utilisateurs aujourd'hui ne savent pas les outils dont ils ont besoin. Ils ne savent pas. Ils n'arrivent pas à extrapoler les outils. je parle de l'exemple du du walkman alors toi tu as sans doute pas connu oui j'ai connu j'ai connu le bookman d'accord pas longtemps voilà donc moi j'étais un fanat de ses premiers sony où on mettait une cassette et voilà et le bookman finalement il n'a pas été inventé parce que on avait identifié un besoin de vous passer parce que le patron jouer au golf Et il a demandé à ses collaborateurs, je veux écouter de la musique en jouant au golf, faites-moi quelque chose. Et là, ça a été un succès planétaire. Donc, le marché ne se connaît pas toujours. Et tout ça pour te dire quoi ? Faire du test and learn, pour moi, c'est très important. Quand on lance un projet, on le lance à petite échelle, mais il n'y a rien de mieux que de pouvoir tester les choses dans la réalité. Et souvent, quand on fait ça, on apprend. Il faut ce degré d'agilité, alors agilité c'est le grand mot à la mode en ce moment, pour bifurquer. Et combien de projets on a fait chez FEDCO en 4 ans ? Alors il y en a certains qui ont abouti, il y en a d'autres qui n'ont pas abouti. Par contre ceux qui ont abouti, souvent on est complètement en dehors de ce qu'on avait anticipé au début du projet. Mais on est arrivé à faire quelque chose, on a réussi à faire quelque chose.
- Bryan Umana
D'ailleurs, en parlant de Felco, vous innovez, vous devez, parce que j'étais entendu le dire aussi. Dans cet épisode, tu l'as dit, il y a quand même une complexité du marché global de par différentes situations géopolitiques. D'ailleurs, juste pour le contexte temporel, on est fin juin aujourd'hui. L'épisode va probablement sortir fin août par rapport à 2-3 éléments. Et puis, on est vendredi en fin de journée. À un moment, tu as dit demain, ce sera le week-end. Même si tu as bossé, parce que tu m'as dit que dimanche soir, il y avait tous vos représentants de filiales, le monde qui vient. Voilà, donc à tel. Je ferme cette parenthèse. Et par rapport à Felco qui innove, Vous avez, en tout cas la dernière fois, vous aviez déjà deux robots, vous avez investi dans cette robotisation. Je me posais la question, tu me corriges si c'était finalement plus que deux, etc. Et ce que j'avais trouvé intéressant, juste pour parler de ça, c'est que tu m'avais dit, voilà, donc ça, j'allais dire remplacer, mais c'est pas forcément le mot que je voulais utiliser. On va dire que c'était équivalent à 5-6 personnes, quelque chose comme ça. Mais par contre, vous, derrière, vous proposiez à ces personnes qu'elles puissent se former sur les robots. Ces robots ont besoin de techniciens et techniciennes aussi. Et en plus, d'autres spécialisations au sein de Felco. Et je me posais la question par rapport à l'IA. Aujourd'hui, on en parle beaucoup. j'ai fait un épisode récemment avec Charles-Edouard Bardine un expert vraiment sur le sujet je dis vraiment un expert parce que on entend beaucoup de personnes se dire expert mais en l'occurrence il a deux postes doctorat enfin il est vraiment très calé sur le sujet en suisse et on n'a pas beaucoup en suisse romande j'ai l'impression et donc je me posais la question par rapport à l'innovation et l'intelligence artificielle chez felco et aussi chez toi, est-ce que toi... Est-ce que toi, tu te l'as approprié ? Est-ce que tu l'utilises ? Comment tu vis ça ?
- Nabil Francis
Alors, si tu permets, je vois trois sujets dans ce que tu viens de dire. Le premier, je reprends un petit peu la partie robotisation dans la fabrication de l'outillage. Effectivement, aujourd'hui, si on veut fabriquer de l'outillage en Suisse, Avec la cherté du franc et les coûts main-d'oeuvre qui sont les plus élevés d'Europe, il faut utiliser les dernières technologies et investir dans ces technologies. Donc on a chez nous un mix entre des étapes de la fabrication qui sont très robotisées et puis on reste quand même de l'artisanat puisque chaque sécateur est assemblé à la main. par une opératrice ou un opérateur expert et c'est ça qui fait aussi la qualité fait le coup. Ce que je t'avais dit la dernière fois, c'est que cette robotisation, non seulement elle est nécessaire pour rester dans la course et rester compétitive, mais elle va, parce que la réaction c'est de dire, tu as dit, le robot remplace des postes d'opérateur. Oui, les robots remplacent certains postes de travail, mais notre expérience c'est... Cette robotisation permet de créer de l'emploi. C'est-à-dire qu'en nombre d'emplois, on crée de l'emploi en restant compétitif. Cela nous permet d'atteindre de nouveaux marchés, de fabriquer de nouveaux outils. Et là, il faut effectivement savoir évoluer. Puisque l'emploi qui est créé à un conducteur de robot ne va pas avoir le même boulot que quelqu'un qui fait du travail manuel. Donc on doit en permanence former les gens pour leur permettre d'évoluer là-dessus. Tu parlais d'innovation, c'est le deuxième sujet. Oui, aujourd'hui, une entreprise qui n'innove pas est rarement prospère. On doit innover. Alors déjà, ça c'est un sujet qui m'est cher. Il faut une définition d'innovation. Parce que de l'innovation, on en entend parler à toutes les sauces. C'est comme l'agilité. C'est comme l'agilité, l'innovation. Donc moi, j'en ai une qui est très simple, c'est transformer des idées en valeur ajoutée. Comme ça, il n'y a pas d'équivoque. L'innovation, c'est transformer une idée en valeur ajoutée, en quelque chose, en chiffre d'affaires. Donc le reste, c'est de la créativité, c'est tout ce qu'on veut. Il faut une règle et on a besoin de ça. Ce qu'on disait tout à l'heure, c'est laisser aux gens le droit de se tromper, le droit de faire de nouveaux projets. C'est important parce que sur une dizaine de projets, s'il y en a deux qui fonctionnent et huit qui échouent, c'est déjà un bon ratio. Ça, c'est la deuxième chose. Après la troisième, effectivement, on parle de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, c'est clair qu'on fait face à un changement énorme. Je suis persuadé que les entreprises qui ne sauront pas utiliser l'IA vont perdre énormément de position par rapport aux concurrents qui l'utilisent parce que c'est un accélérateur. Je ne suis pas du tout un spécialiste, mais j'utilise l'IA tous les jours. Pour moi, c'est quelque chose qui catalyse, accélère, ça me facilite énormément la vie. Et encore une fois, je suis très curieux, donc j'essaye de comprendre. Alors, c'est vrai que des fois au boulot, je sais que j'embête certains collaborateurs qui sont dans ce domaine à leur poser 36 000 questions et il faut qu'ils m'expliquent des choses qui sont basiques, mais ça m'intéresse. Et oui, je suis plutôt très favorable à l'intelligence artificielle. Maintenant, ce qui est complexe, c'est comment l'amener en entreprise. Parce qu'on ne peut pas juste déballer de l'IA comme ça et dire, servez-vous, amusez-vous. Il y a des do's and don'ts. Donc, on est, nous, chez Fedco, dans un sujet de réflexion. C'est comment on va pouvoir amener ça de manière... Ordonnées, comment on va pouvoir aussi réduire tout ce qui risque de fuite de données ? Ça inquiète beaucoup les entreprises. Et comment on va pouvoir aussi optimiser nos processus grâce à l'intelligence artificielle ? C'est quelque chose qui est assez bluffant, qu'on utilise beaucoup dans tout ce qui est marketing et qui devient de plus en plus performant. Donc réponse oui, plutôt fan.
- Bryan Umana
Et toi, tu l'utilises comment ?
- Nabil Francis
Alors, moi, c'est surtout de l'utilisation sur tout. En fait, c'est un petit peu comme un nouveau Word, un nouveau Excel plus puissant qui permet d'aller plus vite dans la rédaction de messages, dans la réalisation de PowerPoint, dans des études marketing. Voilà, c'est l'utilisation de tous les jours.
- Bryan Umana
Et c'est quoi ? C'est ChargeGPT ?
- Nabil Francis
Alors, il y a plusieurs.
- Bryan Umana
Tu utilises quand même un mix de LLM ? Oui,
- Nabil Francis
oui. Et puis, aujourd'hui, on utilise aussi Copilot et puis d'autres aussi. Mais, et d'autres applications. En fait, ça n'arrête pas de changer. Donc, il faut se former. La vraie question, c'est... Comment on va faire pour justement amener les collaborateurs, les collaboratrices à utiliser l'IA et le faire d'une manière intelligente et ordonnée ?
- Bryan Umana
Et je voulais aborder la thématique de la politique. La politique parce que tu t'engages par le biais de PME Parlement. qui est une plateforme qui vise à faire entendre la voix des PME dans le débat politique. Et j'ai aussi vu qu'il y avait dans le canton de Vaud, Barbara Lacks, qui a été sur ce podcast, que je salue si elle nous écoute. Donc je suis très content de t'avoir toi en tant que représentant de notre cher canton de Neuchâtel. Et d'ailleurs, j'ai aussi oublié, mais je remercie Micro City qui... qui nous permettent d'enregistrer dans leurs locaux, Microcytique et Polynovation du canton de Châtel. Et Nabil, je souhaitais savoir,
- Nabil Francis
toi,
- Bryan Umana
qu'est-ce qui te pousse à t'investir politiquement de cette façon ? Et peut-être, qu'est-ce que tu veux dire au Conseil fédéral ?
- Nabil Francis
Oui, alors, déjà, je suis très fier. que FELCO puisse justement avoir sa voix dans ce projet du Parlement. Ça va se passer en novembre. On aura donc deux séances. On va être accompagnés par une commission. et pour faire quelques propositions qui vont passer au vote au niveau du Parlement. Donc ça, je trouve ça extraordinaire. D'ailleurs, au passage, je dois dire que c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup en Suisse, c'est ce dialogue. Il est possible de dialoguer et on écoute toutes les voix. Et pour moi, j'en suis très fier. De quel sujet va-t-on parler ? C'est un sujet qui m'est cher, c'est de promouvoir les PME suisses qui sont des PME exportatrices. Je pense qu'aujourd'hui on lit dans la presse effectivement que la Suisse c'est un pays qui exporte. Alors on va parler de la pharma, on va parler de l'horlogerie. D'ailleurs, dans le canton de Neuchâtel, nous sommes le deuxième canton, je crois, qui exporte le plus après balle en Suisse. Mais il existe toute une constellation de petites entreprises, petites et moyennes entreprises, dont Felco fait partie, qui exportent la majeure partie de leur production. et dans le même temps un savoir-faire, un savoir-faire suisse qui fait partie à mon avis de notre patrimoine industriel. Et je perçois aujourd'hui un vrai danger pour ce savoir-faire, même si on entend souvent « oui mais ok c'est compliqué mais en Suisse on innove plus que les autres » . Alors là, je pense qu'il faut garder encore une fois les yeux ouverts et se dire Vérifions un peu ça parce que c'est clair que sans doute le nombre de brevets reste très élevé, mais ne sous-estimons pas les autres parce que si nous on court, il y a des pays qui sprintent. Donc je perçois un certain risque pour cette constellation de petites et moyennes entreprises qui font des choses extraordinaires et qui exportent le savoir-faire suisse dans le monde. Et ça, ça va être un sujet. Et donc le risque, c'est quoi ? C'est la cherté du franc principalement. Chaque conflit géopolitique fait monter le franc significativement parce que c'est une monnaie refuge. Et ça, les entreprises exportatrices, c'est immédiatement des pertes de change. Là, je parle du dollar qui a... qui a perdu plus de 5% depuis l'histoire des droits de douane aux Etats-Unis, c'est des millions, des milliers de pertes pour les entreprises qui exportent. Et comment vont-elles faire ? Elles vont augmenter les prix de vente. Oui, mais il y a toujours une limite sur l'augmentation des prix de vente. La limite, c'est la perte de part de marché. Et je crois que là, on doit avoir tous une réflexion au niveau des différents comptants de la Confédération. Qu'est-ce qu'on veut pour la Suisse dans le futur ? Est-ce qu'on veut conserver ce patrimoine industriel ? Ou est-ce qu'on veut simplement évoluer vers autre chose, ou on va plus évoluer vers le tertiaire, ou vers les très gros groupes qui exportent aujourd'hui et qui sont dans plein de pays ? Pour moi, j'aimerais qu'on trouve des solutions pour préserver ce tissu. économique qui fait la Suisse aujourd'hui. Voilà, ça va être le sujet un peu, Bryan. Ok,
- Bryan Umana
je me réjouis de suivre ça et puis de voir ce qu'il en sort parce qu'on est d'accord, c'est la première fois qu'on a ça. Donc on a, c'est quoi ? C'est deux personnes par canton.
- Nabil Francis
Deux entreprises,
- Bryan Umana
oui. Voilà, exactement.
- Nabil Francis
Deux entreprises par canton et donc cette... Ces entrepreneurs vont pouvoir s'exprimer, alors ils vont être accompagnés parce que moi ça m'arrange bien parce que j'ai pas d'expérience dans ce domaine, accompagner comment faire, comment structurer une proposition pour qu'elle puisse passer, que le Parlement puisse voter. Mais encore une fois, je crois que c'est important et je souligne aussi, c'est important qu'on puisse aussi amener à Berne. la voix de Neuchâtel. Neuchâtel où il y a, à mon avis, une très très belle... collaboration entre le gouvernement, plus particulièrement le service de l'économie et les entreprises. On a un dialogue qui est régulier et on se sert les coudes, on essaye de faire rayonner notre canton au travers du monde. D'ailleurs, on était il n'y a pas longtemps en mission consulaire avec le service de l'économie en Chine et on a pu... inventer et montrer tout le savoir-faire et le potentiel qu'on avait ici.
- Bryan Umana
C'est réjouissant de pouvoir avoir des ambassadeurs, des ambassadrices qui montrent ce qu'on fait en Suisse et à Neuchâtel. Spécifiquement, finalement. Nabil, je vais passer à une partie un peu plus scriptée de l'épisode. Je voulais savoir si tu avais des recommandations de livres, de podcasts ou autres. Tu as cité Sun Tzu, l'art de la guerre. Est-ce que l'art de la guerre est un livre que tu recommandes ?
- Nabil Francis
Je dirais, pour les plus jeunes, oui, c'est une lecture qui est quand même... C'est une référence. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas... C'est un livre... Ce n'est pas un livre qu'on va dévorer en une fois, c'est pour lire quelques passages, mais ça ne fait pas partie de mes lectures en ce moment. Comme ça, tu me prends à froid. Le livre que je recommanderais aujourd'hui, c'est Donald Miller, qui est Building a Story Brand. C'est un expert de marketing qui a défini... une méthode de décryptage des histoires, c'est-à-dire qu'il a décomposé chaque histoire en sept étapes. Et pour lancer une marque, pour lancer un produit, c'est quelque chose qui aide énormément. Alors il rappelle quelques choses basiques, c'est le customer centricity, donc placer le client au centre et comment lui parler et comment raconter une histoire, parce qu'on aime tous quand on raconte une histoire. Donc ça, c'est un bouquin de référence pour moi. Sinon, peut-être, tu parlais de podcast. Oui. Alors, moi, je suis un grand fan de podcast. Et il y en a un que je viens de découvrir grâce à un ami. Ça s'appelle... Alors, bien entendu, il y a les podcasts de Bryan. Number one. Pas oublié.
- Bryan Umana
Merci pour le petit coup de pub.
- Nabil Francis
Mais en numéro 2, je recommande Acquired.
- Bryan Umana
Ah oui, oui, oui. Tu les connais ? Je les connais. Je crois que j'avais vu qu'ils ont fait avec le fondateur de Nvidia.
- Nabil Francis
Oui, c'est sans doute… Alors, c'est un podcast qui dure 4 heures. Mais ce sont les podcasts les plus fouillés au niveau business que je n'ai jamais trouvé. 10 préparé à l'avance et c'est vraiment fait de... c'est vraiment très sympa. Alors malheureusement je crois qu'ils sont qu'en anglais pour l'instant, mais c'est un régal. Un régal de découvrir toutes ces marques, toutes ces entreprises. Il y a toute l'histoire de A à Z et pour moi c'est énorme découvrir tous ces modèles d'affaires, comment ça s'est... Ça s'est construit, c'est une grosse source d'inspiration. Donc voilà, pour ceux qui veulent prendre un petit peu de temps, Aquayad.
- Bryan Umana
Et on mettra tout ça dans les notes de l'épisode. Sinon Nabil, j'ai un concept sur ce podcast où un ancien ou une ancienne invitée pose une question au futur invité et il ne sait pas à qui il va la poser. Et donc là, c'est la suivante. A part le fait que la Terre est plate pour certains, quelle est la plus grande fausse idée dans notre société ?
- Nabil Francis
Oh là là, là on est dans des questions métaphysiques. Tu peux me la redire rapidement ?
- Bryan Umana
Bien sûr, bien sûr. A part le fait que la Terre est plate pour certains, quelle est la plus grande fausse idée dans notre société, selon toi ?
- Nabil Francis
C'est vrai que j'ai découvert il n'y a pas longtemps... Le mot de terraplatiste, je pense que les terraplatistes ce sont ceux qui croient encore aujourd'hui que la terre est plate, c'est assez intéressant. Après des fausses croyances dans la... société, il y en a plein. Je... Juste pour faire référence à l'histoire, j'ai appris il n'y a pas longtemps, j'ai appris il n'y a pas longtemps et ça, ça montre bien que finalement, dans la société, tout n'est pas rationnel. Donc aujourd'hui, il y a encore des gens qui pensent que la Terre est plate et ils en sont convaincus. Je crois que c'était au... 18e siècle, où les premières études de maladies, de problèmes à l'accouchement ou d'infections ont été réalisées. Et la médecine s'est rendue compte qu'il y avait moins d'infections dans les accouchements réalisés par des sages-femmes que ceux réalisés par les docteurs. Histoire vraie. L'analyse est poursuivie et on se rend compte qu'en fait, la différence, c'est que les sages-femmes à l'époque... se lavaient les mains et les docteurs ne se lavaient pas les mains. Pourquoi ? Parce que dans la croyance de l'époque, un docteur ne peut pas avoir les mains sales parce qu'il est docteur. D'accord ? Et donc, un monsieur dont j'ai oublié le nom fait une thèse en disant « Voilà, il faut que les docteurs se lavent les mains parce que ça va enlever beaucoup d'infections. » Et ça, pendant 200 ans, s'est tombé à l'eau. C'est-à-dire qu'il y a la croyance... qu'un docteur ne pouvait pas avoir les mains sales et rester et ils se sont pas là et c'est venu beaucoup plus tard d'ailleurs je ne sais pas si c'est pas avec les travaux de pasteur mais là je m'avance pas où l'a dit mais non il faut se laver les mains c'est ben est de passer à l'est parce que c'est là où il ya des infections donc peut-être voilà en guise de réponse c'est on est des des animaux sociaux et il ya encore plein de choses comme ça aujourd'hui que l'on qui sont sont... tellement évidente, mais l'approche sociale, sociétale fait qu'on ne les met pas en pratique.
- Bryan Umana
Et peut-être pour faire un parallèle avec ton expérience de management de manière générale, est-ce qu'il y a une idée, un concept qui selon toi est... n'est pas avéré, mais qu'on voit beaucoup, soit tu as fait un MBA, donc peut-être théorique, mais en fait, sur le terrain, ça ne fonctionne pas du tout comme ça, ou soit juste que tu as pu voir, apprendre, il y aurait quelque chose comme ça qui te vient à l'esprit ?
- Nabil Francis
Rien de spécifique, mais c'est clair qu'il faut apprendre à... à prendre du recul, c'est prendre du recul qui permet de voir les choses qui sont fausses. Et c'est vrai que dans une organisation, on a tendance à faire du mimétisme. Il y a une réponse qui m'énerve au plus haut point, c'est quand on pose la question dans une organisation, « Mais pourquoi vous faites comme ça ? » Et quand on répond, on fait comme ça parce qu'on a toujours fait comme ça. Et ça, ça crée la possibilité d'être dans l'erreur ou de ne pas pouvoir optimiser des processus et de faire des choses. À la fin, on ne sait plus très bien pourquoi on les fait, mais on les fait comme ça, alors que le contexte a changé. Et il ne faut plus les faire comme ça. Donc, voilà, pour éviter ça, il faut prendre du recul. Il faut prendre du recul et prendre du recul, c'est sortir la tête du guidon. C'est ce que j'essaye de faire quand je construis mes murs. et souvent... Souvent, les bonnes idées, je me suis rendu compte qu'elles viennent quand on est en dehors de l'organisation, quand on est en voyage, quand on a le temps de penser, quand on a l'esprit libre. Donc, il faut absolument se libérer de ce temps-là.
- Bryan Umana
Donc, toi, tu te libères de ce temps-là en construisant les murs, avec tes 30 minutes assez régulières de sport ?
- Nabil Francis
j'essaye mais encore une fois Il faut conserver une très grande humilité parce que je n'y arrive pas tout le temps. On est très souvent pris par le détail. Le psychologique aussi. Le psychologique, le mental, souvent nous mange. Et il ne faut pas se laisser manger par son mental. Il faut rester au-dessus de tout ça. Et je n'ai pas la prétention de dire que j'y arrive. Mais en tout cas, j'essaye.
- Bryan Umana
Ça me fait penser, parce que tu parles du mental, toi qui as vécu au Sri Lanka et en Inde, où il y a cette... j'allais dire religion vis-à-vis de... Alors évidemment, je suis conscient, je ne veux jamais aller en Inde, mais je suis conscient que ce n'est pas tout le monde. On a quand même cette spiritualité qui est très importante. Est-ce que tu médites ? Tu fais quelque chose pour sortir un peu de ce mental ?
- Nabil Francis
Alors, c'est vrai qu'en Inde, il y a beaucoup de gens qui méditent. Il y a ce côté très... Ça, je l'ai trouvé dans les arts martiaux. Je n'arrive pas à méditer. Je ne suis pas assez patient. D'ailleurs, quand tu m'as dit tout à l'heure que le podcast allait durer plus d'une heure, je me suis dit, mais ce n'est pas possible. C'est un de mes défauts, je suis impatient. Donc, je n'arrive pas à méditer. Par contre, j'arrive à entrer dans un état de méditation quand je marche, où justement les... Les arts martiaux permettent, on parle de se recentrer. Donc, ce que l'on apprend, c'est le centre du corps. Il y a un point entre le nombril et qui représente. Et on doit penser à ce centre et se mettre dans ce centre, ce qui renforce l'équilibre. Mais j'ai découvert, je te le disais, en Inde, ma façon, je pense, d'avoir découvert cette spiritualité, c'est ce... grand maître de taekwondo qui m'a dit voilà quand tu cours arrête de courir pour la performance enlève ta montre et court pour le plaisir et ça c'est un gros changement ce que quand on fait les choses que pour la performance il ya un moment l'effort devient trop exigeant on risque d'arrêter j'ai beaucoup de gens qui me disent ouais non mais moi j'ai couru mais j'étais plus jeune maintenant je cours plus où je marche plus où je fais plus ça ouais parce qu'en fait sans doute il mettait la barre trop haut. Alors que si on le fait pour le plaisir, sans attente, on a envie de le faire. Et ça, c'est une grosse différence.
- Bryan Umana
Et Nabil, ma dernière question pour clore l'épisode. Qu'est-ce que le succès pour toi ?
- Nabil Francis
Alors le succès pour moi, c'est quelque chose d'assez... C'est quelque chose d'assez... Ça doit être quelque chose de personnel. penser qu'on a du succès parce qu'on est vu par les autres comme quelqu'un qui a du succès c'est plus de l'ego le vrai succès il ya que soit dans son dans son fort intérieur c'est et le vrai succès si on en parlait au début du podcast c'est justement de pouvoir se regarder dans le miroir face à soi-même et dis ben voilà là fit effectivement ton succès c'est que tu réussis à tenir la ligne à respecter tes valeurs et puis à être quelqu'un de respectable pour les autres donc je pense c'est quelque chose de très personnel le succès merci
- Bryan Umana
beaucoup nabil est ce que il ya un sujet dont on n'a pas abordé que tu voulais absolument écoute bryan
- Nabil Francis
Non, je pense que là, tu m'as cuisiné sous toutes les coutures. Je ne m'attendais pas à tenir aussi longtemps, mais merci beaucoup pour ta patience.
- Bryan Umana
Merci à toi d'être sorti aussi de ce rush dans lequel tu es actuellement. Je suis très content d'avoir fait cet épisode.
- Nabil Francis
Également, merci.
- Bryan Umana
A bientôt Nabil. A bientôt. Ciao, ciao tout le monde. Merci d'avoir écouté l'épisode en entier. Pour m'aider à continuer, je te demande une seule chose. Abonne-toi au podcast sur... ta plateforme préférée sur Spotify ou Apple Podcast par exemple et sur YouTube. N'oublie pas de donner ton avis en le notant avec la meilleure note possible et de le partager autour de toi, c'est ce qui m'aide à continuer. Rendez-vous mi-septembre pour un nouvel épisode. Ciao ciao !