- Speaker #0
Si vous n'étiez pas mère, vous n'étiez pas une vraie femme.
- Speaker #1
Je suis assez gêné moi de voir cette nouvelle mode où ces politiciens ne pas avoir d'enfants. Les intérêts totaux de la chose. Vous êtes plutôt jeune vous deux. Qu'est-ce que vous attendez ? Elle est le plus pâle. Vous étiez plus dit avant, avant 40 ans vraiment qu'aujourd'hui je dois 60 ans.
- Speaker #0
Je suis de nouveau enceinte.
- Speaker #1
Cela ne touche, regarde pas.
- Speaker #0
C'est pourquoi, c'est pourquoi, c'est pourquoi. Alors ? Et pourquoi ?
- Speaker #1
Elle m'a dit, pour vous, vous pouvez appeler comme vous voulez, j'ai pas de mots là. Elle me dit, vraiment, vous êtes une miraculée, parce que tout s'est bien enchaîné jusqu'à l'anesthésiste.
- Speaker #0
En général, c'est les mêmes qui vous disent d'ailleurs que mon accouchement, c'était le plus beau jour de ma vie.
- Speaker #1
Moi je veux bien les croire,
- Speaker #0
il n'y a pas de problème,
- Speaker #1
ces filles-là. Mais ce que j'aimerais savoir,
- Speaker #0
c'est à quoi ressemblent les gondoles ? Florence Foresti ne s'y était pas trompée. Un accouchement, ce n'est pas un moment de grâce au milieu des choux et des cigognes. C'est un instant cru, quasi archaïque. Un moment suspendu où tout peut basculer. Heureusement, depuis les années 30 en Occident, les accouchements se font en sécurité. pour la mère et l'enfant. Enfin, la plupart du temps. Mais pas toujours, parce qu'il y a des histoires qu'on préfère taire. Aujourd'hui, je reçois une femme que les médecins ont qualifiée de miraculée. Oui, vous avez bien entendu, miraculée. Je reçois Gracieuse Fonta, créatrice de Douze Tribus, un réseau national qui accompagne les femmes dans la périnatalité et la petite enfance. Mais avant de devenir entrepreneur, gracieuse, a traversé un accouchement hors du commun. Et d'abord, gracieuse, salut !
- Speaker #1
Salut !
- Speaker #0
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
- Speaker #1
Donc, je m'appelle Gracieuse Fonta, je suis toulousaine, en tout cas j'étais parisienne, et maintenant ça fait 11 ans que j'habite à Toulouse, j'ai 37 ans, et donc j'ai deux enfants, des jumeaux, qui ont maintenant 6 ans, Gabin et Noé.
- Speaker #0
Bravo !
- Speaker #1
Merci !
- Speaker #0
Quand on a préparé cette interview, tu m'as dit... qu'à la base, tu étais plutôt de la team de celles qui ne voulaient pas spécialement avoir d'enfants. Pourquoi ça et qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #1
Alors c'est toujours rigolo quand on me pose cette question. Ce qui s'est passé, c'est qu'en fait je ne voulais tout simplement pas d'enfants parce que je ne me trouvais pas responsable. Je pense comme beaucoup de personnes, en fait, on a tous des traumatismes. Et donc moi j'en ai eu à mon enfance et je ne me sentais pas du tout légitime en fait, et l'envie d'avoir des enfants pour ne pas les faire souffrir. donc j'ai grandi en fait avec cette de penser en me disant, mais non, je n'aurai pas d'enfant. Et puis, j'ai rencontré mon mari. Et là, tout a changé.
- Speaker #0
Tout a changé, il t'a fait voir les choses autrement.
- Speaker #1
Complètement. Lui, il n'avait pas forcément envie, mais en tout cas, l'idée d'avoir des enfants, c'était quelque chose dont il se fermait par la porte. Et petit à petit, il m'a amené à me dire que j'arrivais à me projeter avec lui. Plus que de tous les deux. C'était assez incroyable.
- Speaker #0
Donc, Ce projet arrive et tu tombes enceinte et on t'annonce une grossesse gémellaire. Alors, qu'est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ? Ton compagnon également ? Qu'est-ce qui s'est passé dans votre tête ?
- Speaker #1
En fait, ça s'est passé en deux temps. La première, c'est qu'en fait, je ne me sentais pas bien. Je travaillais encore à l'époque en EHPAD et j'avais du mal à porter les personnes âgées. Une de mes collègues me dit « je pense que tu es enceinte » . Je dis « mais pas du tout, non, ce n'est pas possible » . Elle me dit « si, si » . Bon, je me dis, le soir, je vais faire un test de grossesse. Et donc, j'en fais un. Et en fait, je vois qu'en fait, ben oui, il y a deux bandes là. Donc, je... Wow. Choc. J'étais là, OK, c'était pas du tout dans mes projets, en tout cas dans nos projets à l'instant T. Et donc, en fait, je pleure. Vraiment, je m'écroule. Parce que je me dis, mais non, c'est pas possible. Et j'en parle un peu, du coup, à mon compagnon. Et en fait, je lui annonce pas. c'est pas l'annonce waouh regarde c'est pas l'annonce Voilà, je pose le test et je suis hyper contente. Moi, il me voit en pleurs. Et donc, du coup, lui, forcément, qu'est-ce que ça fait ? Il n'est pas content parce qu'il voit que je ne suis pas heureuse. Donc, j'essaye aussi, dans ma tête, ça fait un petit chemin en me disant, bon, quand même, si c'est là, c'est que, voilà, moi, j'aime bien dire que je crois au destin et qu'en fait, c'était pour nous. Et donc, du coup, il faut forcément faire une première échographie. Donc, on prend rendez-vous, on y va. première échographie, je crois qu'on ne le sait même pas encore du coup parce que c'était un peu tôt quand même si je me rappelle bien Et c'est en fait à la deuxième, mon mari du coup n'est pas là, il est en vacances avec sa famille. Et en fait, là, elle m'annonce, alors en plus c'est rigolo parce que dans le corps médical, on ne dit pas « Vous attendez deux bébés ? » Elle me dit « Il y a J1, J2. » Je dis « Qu'est-ce que ça veut dire ? » Et donc elle me dit « Vous avez deux bébés. » Et là, le choc. Alors elle est hyper contente parce qu'elle se dit « je vais pouvoir suivre une grossesse géménaire » . Moi, pas du tout. Déjà que j'apprends que je suis enceinte.
- Speaker #0
Le cas pratique, tu sais, pour eux.
- Speaker #1
Non, mais c'est exactement ça. Et là, elle m'annonce ça. Donc, elle voit ma tête, pas du tout. Donc, je suis un peu là, un peu choquée. Je sors du rendez-vous, j'appelle mon mari. Même réaction, pour le coup, parce que lui s'était dit, ah, bien, c'est bien. Et là, quand je lui annonce, je le le sais après, des semaines après, sa mère m'a dit, il était dans le jardin, il était en vacances, je crois, au Pays Basque. Et en fait, elle m'a dit, on a vu qu'il avait un coup de téléphone. et en fait, il s'est assis d'un coup, il est resté une heure tout seul au fond du jardin. et moi il m'a raccroché juste, il m'a dit ah ! et après ça a coupé donc je me suis dit deux choix, il rentre, il est content sinon il ne revient pas la sidération totale quoi ok,
- Speaker #0
d'accord et du coup toi dans un premier temps justement, comment t'as intégré cette info qui allait avoir non pas un, mais deux justement bébés je pense que ça s'est fait au fil des semaines
- Speaker #1
Euh... En me disant que c'était là, j'en ai pas mal discuté avec ma mère. Ma mère est hyper croyante, donc elle me dit mais non, c'est un ton du ciel. Toutes les personnes autour de moi étaient hyper ravies, donc j'ai commencé à me dire, de toute manière, ils sont là. Et on ne peut pas faire autrement, on a le choix, mais en fait, j'ai essayé effectivement de voir le bon côté. Et je pense qu'il fallait du temps. Au bout de quelques semaines, j'ai commencé quand même à me réjouir en me disant que ça allait nous unir encore avec mon mari. Et qu'on n'allait plus deux, mais quatre, et qu'en fait, ça allait être juste une aventure. incroyable.
- Speaker #0
Tu es enceinte. Comment se passe la grossesse, justement ?
- Speaker #1
Les premiers temps, la grossesse, elle se passe plutôt bien. Après, je suis fatiguée parce que c'est une grossesse gémellaire, mais elle se passe plutôt bien. Après, les médecins sont quand même inquiets. Moi, je t'ai suivie par une sage femme libérale et en plus à l'hôpital. Les grossesses gémellaires en France, c'est bien encadré quand même, vu le taux de risque élevé. Mais du coup, c'est vrai que ça se passait plutôt bien. Il y avait des choses, des petites choses qui voyaient qu'ils n'étaient pas claires, en tout cas qui portent à suspicion. Mais en même temps, moi, je n'avais pas forcément. Donc, les premiers mois jusqu'au 6e mois, ça s'est bien passé. Au bout du 6e mois, quand même, les résultats de pas mal d'analyses montraient qu'il y avait des choses qui n'allaient pas, mais ils n'arrivaient pas à déceler ce que c'était. J'ai grossi d'un coup. vous ne comprenez pas beaucoup J'avais envie de dire, je ne sais pas, j'ai deux bébés. Oui,
- Speaker #0
quand même, je suis enceinte de jumeaux. Voilà,
- Speaker #1
bon, je ne suis pas médecin, mais effectivement, il y avait des choses. Et donc, encore plus suivi. J'avais une échographie tous les mois, je crois même des fois tous les 15 jours. Je voyais Massage Femme régulièrement. Je n'ai plus le souvenir, mais en tout cas, c'était vraiment intense pour suivre. Et je pense qu'arrivé vers le sixième mois, ils ont vu qu'au niveau de l'échographie, il y avait des choses là aussi. Les garçons grandissaient, mais voilà, on ne m'a pas tout expliqué quand même. En tout cas, c'est toujours un peu...
- Speaker #0
Oui. Il y a toujours un espèce de jargon ou de mystère autour de ce qui nous arrive souvent dans le domaine médical.
- Speaker #1
Exactement, on ne sait pas trop. Je pense qu'après, c'est pour ne pas aussi inquiéter. Mais en tout cas, il y avait tout ça. Donc moi, je t'avoue que j'ai commencé à me sentir fatiguée. Au bout du sixième mois, j'ai senti d'un coup que j'étais épuisée. En plus, c'était l'été, j'avais des pas de contention super sexy. Et puis, je faisais de moins en moins. Je me déplaçais moins, je sortais moins parce qu'en fait, j'étais hyper, hyper fatiguée. Donc jusque-là, ça allait, mais ça s'est vraiment accéléré à partir du sixième mois.
- Speaker #0
Et il s'est passé quoi à ce moment-là ?
- Speaker #1
À partir de ce mois-là, en fait, il y a eu plus d'analyses. Donc on est parti quand même chercher, alors c'est ce qui s'appelle, je crois, le DPNI. C'est pour aller voir s'il n'y a pas des pathologies, tout ce qui peut être handicap, toutes ces choses-là au niveau des enfants, parce que eux, certes, l'un des deux, donc Gabin, il a arrêté de grandir. un des jumeaux arrêtait de grandir en tout cas grandissait moins vite que ce qui était prévu et il voyait effectivement que moi aussi sur les analyses il y avait des choses et en fait c'est vraiment arrivé au septième mois où là ça a été un peu le huitième parce que oui le huitième donc quand même deux mois latent là où il savait pas trop donc observation là aussi suivi plus plus plus et puis le huitième mois est arrivé et là ça a été
- Speaker #0
Beaucoup plus compliqué. La grossesse sur les derniers mois a commencé à se compliquer pas mal. Et ton accouchement a eu lieu finalement en urgence. Est-ce que tu peux nous raconter ce qui s'est passé ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Ce qui s'est passé, c'est que comme j'expliquais, ça s'est accéléré. Au huitième mois, ils ont vu qu'il y avait des choses qui n'allaient pas du tout. Et en fait c'était donc en décembre, fin décembre, donc j'avais fêté Noël, je me souviens, on avait fêté Noël en famille et j'étais vraiment pas bien pour le coup.
- Speaker #0
T'étais fatiguée ?
- Speaker #1
Mais vraiment fatiguée au point du repas de famille, on était 40, je m'étais pas... en fait je m'étais endormie sur le canapé, j'avais pas mangé, j'arrivais plus à me lever, enfin...
- Speaker #0
Ah oui, ok, c'est quand même mauvais signe.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça, mais on n'était pas chez nous à Toulouse donc on s'est dit qu'on allait rentrer, Après, j'allais en parler à ma sage-femme, je lui en ai parlé. Et j'entends le vendredi 11, le 11, donc janvier, il était, je ne sais pas, 15h, je pense, j'entends quelqu'un qui sonne, je ne comprends pas, je vois ma sage-femme, je dis, mais qu'est-ce que vous faites là ? Et elle me dit, je devais venir, parce qu'elle m'avait dit, on se verra la semaine prochaine, elle devait aller au ski, je crois, je ne sais même plus, c'était en janvier. Et donc je la vois là, donc elle vient en plus avec tout son matériel.
- Speaker #0
Donc elle débarque chez toi, avec son matos, sans t'avoir prévenu qu'elle allait venir.
- Speaker #1
Donc je ne comprends pas trop, mais en même temps, hyper bienveillante, recurrente voilà vraiment non je devais venir bon ok je me dis d'accord d'accord Elle m'ausculte et tout. Et puis là, elle voit des choses, mais elle ne me dit rien. Elle me dit, on va appeler l'hôpital et puis on va appeler l'équipe pour voir. Elle parle, je ne sais pas, elle ne dit pas trop de choses devant moi. Et là, elle me dit juste, bon, par contre, il faudrait que vous puissiez appeler votre mari ou quelqu'un de votre famille pour pouvoir aller à l'hôpital. Parce que je pense qu'il y a des choses à voir, mais moi, je suis limitée. J'ai passé le matériel qu'il faut. OK. Mais bon, elle me presse un petit peu en disant, il faut y aller maintenant, par contre. Donc, elle me dit, vous ressortirez le lundi. donc j'ai dit ok, d'accord, moi j'y vais j'appelle mon mari, bon ça s'organise un petit peu Et donc, on y va aux urgences. Elle me dit, ils sont au courant, on arrive. Bon, on m'avait toujours prévenu, le jour où, même s'il y a quelque chose, même s'il ne se passe rien, vu que c'est une grossesse géménaire, vous attendez-vous à avoir beaucoup de monde. Donc, on m'a dit, fois deux, il faut avoir dix personnes dans votre salle, dans la salle. Donc, c'est vrai que quand je suis arrivée...
- Speaker #0
C'est impressionnant quand même.
- Speaker #1
C'est hyper impressionnant. Et surtout que quand on s'allonge, les femmes, on est quand même allongées. Oui,
- Speaker #0
c'est vraiment...
- Speaker #1
Vraiment.
- Speaker #0
On pense que notre intimité... Ouais, il y a un truc...
- Speaker #1
C'est ça ! Il y a un truc de votre Alex avec son corps. Voilà,
- Speaker #0
il faut être vraiment dans un lâcher-prix.
- Speaker #1
Complètement, c'est exactement ça. Donc, je vois au fur et à mesure deux personnes, quatre personnes. On me prévient. En plus, moi, j'étais les jambes ouvertes.
- Speaker #0
Sympa, tout le défilé de l'hôpital. Un moment agréable.
- Speaker #1
Exactement, j'en rigole. Mais voilà, en tout cas, tout le monde arrive. Et puis, je vois que les gens s'agitent, mais sans trop. Toujours pareil aussi, on ne nous montre rien du tout avec mon mari. Nous, on était en train de prévoir notre lundi, ce qu'on allait faire. Et là, une personne rentre et nous dit « Madame Fonta, vous allez devoir accoucher. » Non.
- Speaker #0
Ah oui, d'accord. Donc là, tu étais à huit mois, c'est ça ? C'est ça,
- Speaker #1
j'étais à huit mois. Et donc, je dis « Non, ce n'est pas possible, ce n'était pas prévu. » Et ce n'est pas ce qu'on m'a dit. Donc non, je ne vais pas accoucher.
- Speaker #0
Mais tu n'étais pas du tout préparée psychologiquement à ce moment-là.
- Speaker #1
C'est ça. Donc, c'est le cas. On m'expli On me dit qu'elle n'est pas là. Je dis, encore moins que vous allez pouvoir me faire accoucher, ce n'est pas possible. Si elle n'est pas là, je n'accoucherai pas. Je vais garder mes bébés dans mon ventre. Donc, ils essayent, mais je leur dis non. Et donc, effectivement, on l'appelle et on m'explique qu'elle va arriver, que j'ai de la chance parce que c'est son week-end de garde. Donc, elle sera là. Donc, j'ai dit, vous attendez qu'elle arrive parce que moi, je ne vais pas.
- Speaker #0
C'est mort, sinon.
- Speaker #1
Non, vraiment, je ne voulais pas qu'on me touche. Il n'était pas du tout. En fait, c'est un choc. On ne t'explique pas. On te dit maintenant, tout de suite. Je n'ai pas les détails. Moi, j'avais prévu d'aller chez l'esthéticienne, me préparer.
- Speaker #0
Tu avais un certain nombre de choses que tu voulais mettre en place pour ce jour-là.
- Speaker #1
Là, on te dit et puis on te rase dans un coup. C'est hyper pas le choix. Donc, elle finit par arriver. On m'emmène au bloc. Et en fait, au bloc, on m'explique que je vais pouvoir avoir une césarienne locale. Donc, je pourrais être éveillée, pouvoir vivre mon accouchement avec mon mari.
- Speaker #0
C'était prévu césarienne dès le début ? C'était prévu. Ok, donc ça, tu n'as pas eu de surprise ? Oui.
- Speaker #1
C'est le sujet. Je pense que ma sage-femme m'avait préparée très rapidement en me disant, césarienne. Elle voyait au fil des mois qu'on partait sur une césarienne, mais elle m'avait toujours dit, préparez-vous. Moi, j'ai eu beaucoup de mal, mais elle m'a dit, préparez-vous. Vraiment, parce qu'à 90%, c'est ce qui va arriver.
- Speaker #0
Donc, du coup, tu étais préparée psychologiquement quand même à cette...
- Speaker #1
J'étais préparée à la nous, après, est-ce qu'on est vraiment préparée ? Non, je vous la continue naturellement, mais bon, je savais que dans un coin de ma tête, c'était ça. Donc on m'explique que c'est le cas, donc je suis quand même rassurée parce que je me dis que je vais être éveillée. Et voilà, ça va aller. Je suis allongée, j'ai une infirmière qui est à côté, hyper bienveillante, gentille aussi, qui me rassure en me disant « votre mari se prépare, il arrive » . Et là, je vois juste derrière moi quelqu'un qui court, mais je ne vois pas qui c'est. Et donc, je vois que tout le monde s'agite. Et là, je vois que la fermière qui était hyper bienveillante, qui l'a été toujours, mais je voyais qu'elle n'était plus dans le même état. Et en fait, elle ne me dit pas. Et en fait, je lui demande « qu'est-ce qui se passe là ? » . Et en fait, elle me dit juste « finalement, votre mari ne va pas pouvoir venir » . stressée. Ah non, non, non. Et en fait, je commence à me lever et d'un coup, là, on me met un masque pour m'endormir directement. Mais c'est horrible. Mais oui.
- Speaker #0
Oh là là, oui, ok. Bon, ben, comme elle panique...
- Speaker #1
Mais c'est ça, je pense qu'eux savaient ce qui se passait, mais en fait, plus le temps, en fait, donc pour éviter que de me stresser, en fait, on m'a endormie direct, donc moi on m'endort donc je me souviens je sais pas c'est ça Et en fait, je me réveille, je ne me souviens pas, je t'avoue que maintenant, après le temps, là, est abstrait pour moi. Je ne sais même pas les dates, les jours. Je sais que je me réveille et je vois juste mon mari qui me dit, je lui demande juste, on est une famille ? Il m'a dit oui. Je me souviens juste de ça.
- Speaker #0
Et tu étais vraiment dans un état un peu vaseux, post-anesthésie. Complètement. Voilà. Et tu n'as que ce souvenir, en fait, des heures ou jours suivants. Ok.
- Speaker #1
J'ai vraiment que ça. Et le lendemain, mon mari revient du coup en salle de réveil. Et donc, moi, je lui demande juste, les enfants vont bien ? Parce qu'en fait, je n'étais même pas sûre que j'avais accouché. Je lui dis, mais j'ai vraiment accouché ? Parce qu'en fait, j'avoue que je... Puis tu sais, tu as toujours ton ventre, en fait. Oui, ça ne change pas ton corps,
- Speaker #0
ça ne change pas la seconde. C'est ça.
- Speaker #1
Donc, il me dit oui, oui, oui. En fait, là, je vois une équipe qui arrive. Et mon mari ne me dit rien. Et on me dit, bon, madame, on va devoir vous emmener ailleurs. mais on m'explique que je ne vais pas aller en maternité. Et donc là, je dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Pareil, on ne me dit rien. Donc là, pareil, on me met de la morphine, tu sais, parce que j'achetais complètement. Et donc, je pense que pareil, là, je commence un peu à ne pas m'énerver, mais je ne comprends pas. Moi,
- Speaker #0
j'essaye un petit peu en même temps de comprendre ce qui se passe depuis plusieurs jours.
- Speaker #1
Et donc, en fait, j'arrive, on ne me dit pas. En fait, je me retrouve dans un service, je ne comprends pas trop et j'arrive en réanimation.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Donc, tu es là un peu, mais tu viens d'accoucher et tu te dis, mais qu'est-ce que tu fais là ? Et en fait, c'est là où mon mari m'explique. on me dit très rapidement dans l'ambulance parce qu'en plus l'hôpital est grand donc c'est pas les mêmes services À Toulouse, l'hôpital de la maternité, mère-enfant et adulte. Donc, on m'emmène en ambulance. Et en fait, il me dit juste, ton état fait qu'on est obligé de t'emmener là-bas. J'arrive là-bas, on m'explique effectivement un petit peu plus l'équipe. Il m'explique ce dont j'ai besoin. On ne pouvait pas me le donner, en tout cas, pour me suivre sur mon état de santé. Je ne pouvais pas rester en maternité. Il fallait qu'on me mette effectivement dans un autre service. Et le seul qui pouvait m'accueillir, de ce que j'ai compris, c'était la réanimation. C'est pas super jojo parce qu'à une réanimation, quand même, les gens sont entre la vie et la mort. C'est sympa,
- Speaker #0
c'est vrai que quand on vient de donner la vie, c'est bonne ambiance. C'est ça. Ok.
- Speaker #1
Exactement ça. Donc voilà, j'arrive et je vais y passer 4 jours ou 5, je ne sais plus trop, je te dis la temporalité, j'ai un peu de mal. En tout cas, c'est long. C'est long pour moi parce que je me dis, mais pourquoi je suis là ? Et en fait, je ne peux pas me lever parce que mon corps a été tellement éprouvé qu'en fait, je vais rester 4-5 jours allongée à l'idée. Sous morphine.
- Speaker #0
Sous morphine. Tu ne bois pas tes bébés du tout ?
- Speaker #1
En fait, ce que mon mari avait fait, c'est parce qu'il sentait que j'en avais besoin. Il avait motivé. En fait, il avait un peu tapé du poing. Parce qu'il ne trouvait pas ça normal qu'au bout de trois jours, je n'ai pas vu mes enfants. Il avait demandé à l'équipe qu'il puisse amener mes enfants jusqu'à moi. Sauf que pénurie de professionnels. C'était une interne sur sa pause et une infirmière de l'équipe sur leur pause du midi. Elles n'avaient pas mangé. Elles s'étaient organisées. Donc les enfants étaient dans des... Ils sont dans des couveuses. Donc c'était impressionnant ce qu'il avait filmé. Ce n'était pas son souterrain avec les machines.
- Speaker #0
C'était à peine légal.
- Speaker #1
Oui. Non, ça ne se fait pas trop. Mais en fait, il avait vraiment dit, elle a un besoin, la maman.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Donc c'était un peu la joie qui arrivait. Parce qu'en plus, en réanimation, les gens m'avaient demandé. Moi, je ne savais pas. Donc j'ai vu, je ne comprenais pas. Tout le monde est arrivé. J'avais eu mes beaux-parents qui étaient là. Tout le monde était là Je crois qu'on était 10 dans la chambre Et l'équipe médicale de l'ARIA m'avait demandé Est-ce qu'on peut être là aussi Parce qu'en fait eux la vie De voir des bébés Moi je pleurais,
- Speaker #0
tout le monde pleurait C'était assez incroyable Ça devait être un bon moment Franchement Ils sont arrivés de leur petite couveuse
- Speaker #1
Exactement Du coup les infirmières devaient être là Vu qu'ils avaient une sonde en fait, voilà. Il fallait qu'elle puisse les manipuler, donc elle les a mis sur moi.
- Speaker #0
D'accord, donc il y a eu quand même une première rencontre au bout de trois jours, qui a duré quelques minutes.
- Speaker #1
Oui, ça a duré peut-être 15 minutes, parce que c'était exceptionnel.
- Speaker #0
C'était vraiment le truc exceptionnel.
- Speaker #1
Mais ça, c'était vraiment, je remercie mon mari pour ça. C'est génial,
- Speaker #0
franchement.
- Speaker #1
Mais sinon, je ne voyais que mon mari et l'équipe médicale, en fait.
- Speaker #0
D'accord, donc cinq jours en réa. Oui. Et après, il se passe quoi du coup ?
- Speaker #1
Après, on essaie de me trouver une chambre parce que mon état va mieux quand même. Et il faut me trouver une chambre, sauf que je pense que j'étais à une période où l'hôpital était saturé. Donc, on ne trouvait pas de place. Donc, j'ai dû faire un retour en salle de réveil. Donc, je crois que j'y suis restée peut-être un ou deux jours. Sauf que salle de réveil, il y a tout. Il y a des personnes qui accouchent, il y a des personnes qui perdent leurs enfants. Et en fait, c'est des boxes. Donc, il n'y a pas de porte. Donc on entend tout.
- Speaker #0
Oui, c'est presque des petits rideaux, non ? C'est ça. Pour chaque personne.
- Speaker #1
Exactement. C'est des petits rideaux. Donc en fait...
- Speaker #0
T'as tout. T'as aucune intimité. Non. T'as... Ok.
- Speaker #1
Vraiment. Donc là aussi, c'est éprouvant parce que tu fais face... Toi, t'as pas tes enfants, mais en même temps, t'entends qu'il y a des personnes qui vivent des situations hyper compliquées.
- Speaker #0
Ouais, bah c'est ça.
- Speaker #1
Surtout dans ce genre d'endroit,
- Speaker #0
quoi.
- Speaker #1
C'est ça. Donc voilà. Donc il y a ce temps-là. Et puis finalement, au bout de deux jours, on me dit qu'ils ont trouvé une chambre. Donc j'arrive en maternité au bout d'une semaine quand même. Et arrivant en matinée de temps, on m'explique que je ne vais pas pouvoir avoir mes enfants là de suite non plus.
- Speaker #0
Donc là, ça fait combien de temps que tu as accouché ? Ça fait plus d'une semaine ?
- Speaker #1
Ça fait une semaine à peu près. Ça fait une semaine. Mais là, on me dit que ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible parce qu'on n'est pas sûr que mon état fasse que je puisse accueillir mes enfants d'un point de vue physique et psychologique.
- Speaker #0
Ah ok. Parce que sur l'aspect physique, ça s'entend, dans la mesure où... Mais à la limite, t'es allongée, tu peux... Mais sur l'aspect psychologique, à ton avis, qu'est-ce qui leur fait se dire que psychologiquement, à ce moment-là, t'as pas le...
- Speaker #1
Je pense que c'était des précautions, dans le sens où tout ce que j'ai traversé, moi je le savais pas, parce qu'on m'a expliqué peu de temps après, mais... Oui,
- Speaker #0
parce que jusque-là, on est d'accord, tu ne sais pas vraiment ce qui t'est arrivé.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Donc ouais,
- Speaker #1
c'est quand même étonnant. C'est ça. Et je pense que, du coup, à mon avis, ce n'est pas anodin. Parce que j'étais fragile et clairement, je l'étais. Je pense qu'ils n'étaient pas sûrs. Donc, que je puisse m'en occuper, en fait. Que je puisse avoir l'énergie nécessaire.
- Speaker #0
Que ça t'épuise encore plus, potentiellement et monotonalement.
- Speaker #1
Donc, le premier jour que j'arrive, je vais en service de néonatologie pour rencontrer mes enfants. Bon, je ne suis plus jamais revenue. C'était un choc, en fait. Je n'étais pas préparée. On ne m'a pas préparée que je vois mes enfants avec des tubes. des fils, des machines en fait. Je m'attendais à voir un enfant, ce qu'on dit dans le jargon médical, sain. Et bien du tout le cas. Donc en fait, je me suis écroulée. Et puis la néonatologie, c'est un service spécial quand même. T'arrives, c'est sombre. T'entends que des bruits, c'est des bips, des machines. Il y a plein d'enfants qui sont là aussi pour d'autres pathologies, qui sont là depuis longtemps. Je suis face à des parents. Moi, ça a été double traumatisme en fait. Donc je me suis écroulée. et en plus je suis en fauteuil donc je ne pouvais pas me lever. éprouvant. Après les équipes ont été bienveillantes, une infirmière même s'était énervée parce qu'on avait demandé mais pourquoi on m'avait amenée alors qu'en fait je n'allais pas bien et donc elles ont été super par contre les infirmières et donc elles m'ont dit vous faites bien de ne pas revenir vous n'êtes pas en état vous n'avez pas l'énergie pour donc c'est mon mari qui a continué à faire le relais en fait.
- Speaker #0
D'accord donc ton mari lui pendant cette période il allait passer du temps avec toi et avec les bébés en néonates.
- Speaker #1
C'est ça en fait il faisait le pot à pot parce qu'il fallait
- Speaker #0
C'est hyper important.
- Speaker #1
C'est nous qui l'a fait, j'étais hyper ravie pour ça. Parce que souvent les papas ne sont pas, là pour le coup mon mari a pas trop eu le choix.
- Speaker #0
C'est le genre de départ quand même.
- Speaker #1
Il avait les deux et donc c'est lui qui le faisait et puis il me montrait des photos. Donc j'étais hyper ravie en même temps parce que je me suis dit, bon au moins dans tout ça,
- Speaker #0
il est là.
- Speaker #1
Donc lui faisait le triangle donc c'était moi, les enfants, ils rentraient du coup chez nous pour se reposer.
- Speaker #0
D'accord, éprouvante période. Donc là t'as eu une chambre en maternité pendant combien de temps ?
- Speaker #1
ensuite ? En fait, là, je suis arrivée et je ne vais plus en bouger. Je vais rester là et les enfants restent en néonate. Et donc, je pense que ça dure 3-4 jours parce que l'équipe, je me souviens, à chaque fois, les gens rigolent quand je dis ça, mais en fait, ils avaient demandé à mon mari, parce que moi, je voulais vraiment les avoir et mon mari avait dit si nos enfants sont en chambre avec leur mère, je viendrai dormir avec elle pour l'aider. Et donc, pour encore mettre toutes les choses de notre côté, ils avaient demandé à mon mari que je fasse une vidéo.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
pour convaincre que j'étais apte à pouvoir les avoir. Donc j'avais dit, mais en fait, en y pensant, j'ai rigolé parce que je me suis dit...
- Speaker #0
C'est bizarre.
- Speaker #1
En fait, oui, je vais prouver mes enfants.
- Speaker #0
T'es la maman, évidemment.
- Speaker #1
Mais complètement. Bon, voilà. Donc mon mari m'avait dit, ils nous demandent ça, il dit ça dans la vidéo. Donc mon mari m'avait filmé.
- Speaker #0
Ok, t'as dû faire une vidéo sur ton lit d'hôpital pour dire... Ouais. Ok, j'atteste...
- Speaker #1
Ouais, je sais plus trop ce que j'avais dit. Je crois que j'avais dit... De tout ça, j'avais envie d'avoir mes enfants. Je ressentais ce besoin de les avoir sur moi. Parce qu'ils me disaient, comment vous allez faire ? Vous ne pouvez pas vous lever ? J'ai mon mari. Je vais faire toute ma période d'hospitalisation dans cette chambre de maternité. Et comme je l'expliquais après cette vidéo, que j'ai faite ce que mon mari a donné à l'équipe médicale, ils ont jugé que c'était possible que je puisse avoir mes enfants, que je puisse remonter en chambre avec nous.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Grâce à cette vidéo.
- Speaker #1
À cette vidéo, je pense à la force de mon mari et puis qu'on ne veuille pas lâcher. Et donc, pareil, là aussi, un peu une haie d'honneur, j'entends, qu'il y a plein de... Tous les soignants sont dans le couloir. Ah ouais ? Les enfants... Ouais, ouais, non, c'est incroyable.
- Speaker #0
C'est incroyable, ouais.
- Speaker #1
C'est fou. Vraiment. Et en fait, les enfants arrivent, on m'ouvre la porte, en fait on me l'avait pas dit mon mari.
- Speaker #0
Tout juste, il n'y a pas eu un feu d'artifice.
- Speaker #1
Non, mais c'est ça. Et en fait, incroyable. Et donc, je vois les enfants qui arrivent et en fait, je suis hyper ravie. Et donc là, il y a une pédiatre et un autre médecin, je pourrais plutôt dire, parce qu'en fait, les gens m'ont vu, mais moi, je n'avais pas de souvenir. Et ils sont rentrés en disant bravo, Madame Fonta, vous ne vous souvenez pas de nous ? Parce qu'ils m'ont dit, on vous avait vu, nous, quand vous vous êtes réveillés. Mais vraiment, bravo. Donc là, les gens te disent bravo, je t'ai là, mais qu'est-ce que j'ai fait ?
- Speaker #0
qui êtes vous aujourd'hui.
- Speaker #1
Donc elle nous explique juste, nous on vous a vus, et vraiment bravo pour ce que vous avez travaillé.
- Speaker #0
Waouh,
- Speaker #1
c'est beau. C'est beau, mais j'avoue, sur le moment, j'étais là un peu. OK, mais je ne sais pas ce que j'ai fait, en fait. Oui,
- Speaker #0
d'accord. Pourquoi vous me félicitez ? C'était plus ta question.
- Speaker #1
Je dis merci, mais ouais. Gentil. C'est ça, j'ai juste mis des enfants au monde, comme tout le monde. Mais voilà. Donc, à partir de ce moment-là, on a les enfants, du coup, en chambre. Donc, c'est mon mari qui va faire le premier bain, qui va faire toutes les premières fois, en fait. de toute façon je ne peux pas
- Speaker #0
T'es dans la chambre avec Gabin et Noé. Et qu'est-ce que tu... Donc, ton mari prend le relais énormément. Oui. Quel souvenir tu gardes de cette période où t'étais en chambre avec les petits et tout ça ? Parce que ça a été la première vraie rencontre à long terme, on va dire.
- Speaker #1
En fait, j'en garde... C'est un mélange de plusieurs émotions. Autant de la joie, de la peur. Parce qu'en fait, on dit souvent... Tu sais, t'as besoin de créer du lien avec tes enfants. Là, je l'avais pas. Donc, j'étais un peu... C'est mes enfants, eux, et en même temps, je ne sais pas trop. Et en même temps, la joie aussi de me dire que je les ai, ils sont là, j'ai envie qu'on puisse communiquer ensemble. Donc, c'est un mélange de tout. Un mélange de tout et puis de c'est quoi la suite maintenant ? Parce qu'en fait, maintenant, je les ai et je fais quoi ? Qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #0
Et tu as été soutenue aussi par le personnel médical quand tu étais dans la chambre ?
- Speaker #1
Heureusement. Heureusement, vraiment, on remercie. On aime bien dire avec mon mari que notre chambre, c'était un peu le sas de décompression de l'équipe. Parce qu'on a créé du lien, on est resté un mois et demi.
- Speaker #0
Ah ouais, un mois et demi quand même.
- Speaker #1
Et en fait, on s'attache, on crée des liens avec les personnes. Nous, avec mon mari, on est vachement observateurs. Donc on voyait aussi qu'il y avait des dysfonctionnements. Quand on voit une professionnelle qui passe énormément de temps avec nous, mais genre une heure dans notre chambre, à un moment donné, on lui demande « Vous n'avez pas d'autres personnes à vous occuper ? » Elle nous dit « Si, si, mais je sais que vous avez besoin. » Et donc, on crée un lien parce qu'on sent qu'il y a des choses. On lui dit, mais à quel moment vous mangez ? À quel moment vous allez aux toilettes, en fait ? Et donc là, elle nous dit, quand je peux. Et là, on lui dit, non, en fait, c'est plus possible. En fait, allez manger, là. On n'a pas besoin de vous. On va se débrouiller. Et donc, tout ça fait qu'on crée du lien.
- Speaker #0
C'est comme une grande famille, en fait, pendant ce mois et demi à l'hôpital.
- Speaker #1
Parce qu'en fait, elles sont là. Je dis elles parce qu'il n'y a pas d'hommes. Elles sont là pour nous, en fait. Dès qu'on a des questions, dès qu'elle voit qu'il y a quelque chose, en fait, elle répond oui de suite. Donc, nous, on a été hyper... hyper soutenue.
- Speaker #0
C'est génial ce que tu racontes de l'implication de tout ce personnel médical, du soutien que vous avez eu. C'est une belle histoire. Tu as su ce qui s'était passé concrètement dans ton corps à ce moment-là, pour les bébés et tout ? Tu as eu plus d'explications après coup en termes de diagnostic ?
- Speaker #1
En fait, on a demandé, on a insisté de demander à l'équipe parce qu'après, ma gynécologue, vu que j'avais accouché, en fait, elle n'était plus là. Parce qu'elle allait juste là pour accoucher après. Le relais, c'est les pédiatres, les autres médecins. Et donc, on avait demandé explicitement à l'équipe qui s'occupait de nous que notre gynécologue vienne pour nous expliquer. En fait, on a vraiment assisté. On a dit si elle va venir. Elle a eu besoin,
- Speaker #0
elle a quand même un moyen de l'hôpital.
- Speaker #1
Elle est venue deux fois. J'avais fait une préclampsie. Voilà. Qu'ils n'avaient pas réussi à détecter, en fait. J'avais de l'hypertension. Quand je parlais d'analyse, il y avait des choses qui n'allaient pas. La prise de poids rapide. Le sucre aussi. Le sucre, exactement. Mais en même temps, le sucre dans le sang. Voilà, ils ne savaient pas que c'était ça, ils n'avaient pas réussi à déceler. Et en même temps, il y avait eu la préclampsie et j'avais fait un Ausha, c'est une stétatose hépatique. C'est lié au sang en fait, c'est une pathologie qui est liée au sang, qu'on ne peut pas détecter avant le dernier mois de grossesse en fait.
- Speaker #0
D'accord, donc effectivement, c'est ça. Et pour préciser concernant la préclampsie, encore actuellement, on ne sait pas médicalement à quoi c'est dû et quelles sont les situations concrètes. Il y a des situations concrètes qui peuvent en provoquer un peu plus. Les grossesses gémellaires, je crois. Les grossesses avant 18 ou après 35. Il y a des choses comme ça. Mais on n'a pas de... Enfin, c'est fou. Encore une fois, pour revenir sur la santé des femmes et obstétricales et tout ça, il y a des choses sur lesquelles on n'a absolument pas de... On ne sait pas pourquoi ça se passe et comment. Quelles ont été les conséquences pour toi à ce moment-là et après ?
- Speaker #1
Les conséquences, c'est que déjà mon corps a beaucoup souffert. Pour le coup, parce que c'est vraiment ces deux pathologies qui ont accéléré mon accouchement. Parce qu'en fait, j'avais des contractions. Je ne les ressentais pas, je ne savais pas que c'était ça. Et surtout avec cette deuxième pathologie qui est la stétéatose, mes organes avaient arrêté de fonctionner.
- Speaker #0
C'est hyper dangereux.
- Speaker #1
Mais complètement. Et donc, c'est ce qui a fait qu'en fait, moi, les enfants étaient en train de mourir. En fait, je ne m'en rendais pas compte. Et c'est ce qui a accéléré. Donc, ma sage-femme libérale avait vu que ça n'allait pas, mais elle n'avait pas le matériel pour savoir que c'était ça. Et donc, même aux urgences, ils avaient vu la préclampsie, mais ils n'avaient pas vu l'astathéatose, en fait. C'est pour ça que l'anesthésiste, en fait, et ma gynécologue m'a dit, vous pouvez le remercier, lui, parce que c'est lui qui l'a vu. Et s'il ne l'avait pas vu, en fait, l'accouchement, si on avait fait juste une anesthésie locale, en fait, je serais décédée. parce que je n'aurais pas tenu le coup, j'étais trop fatiguée. Donc quand elle m'explique ça, je me dis « waouh » . Et pareil pour ma sage-femme libérale.
- Speaker #0
C'est vrai que c'est fou parce que tu nous expliquais quand même que ta sage-femme, elle est venue un peu par hasard chez toi.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et que ces personnes-là t'ont sauvée.
- Speaker #1
Mais complètement.
- Speaker #0
C'est d'où le terme « miraculé » qui est pas du tout bien.
- Speaker #1
Mais c'est exactement ça. Et ma gynécologue m'avait dit pareil à l'hôpital, si votre sage-femme n'était pas venue le vendredi, ou serait décédée dans le week-end, en fait. Donc, elle m'a dit... pour vous, elle me dit vous l'appelez comme vous voulez, j'ai pas de mots là, elle me dit vraiment vous êtes une miraculée parce que tout s'est bien enchaîné jusqu'à l'anesthésiste et c'est vraiment lui qui a fait quoi c'est une histoire je trouve à la fois effrayante forcément,
- Speaker #0
mais en même temps porteuse de tellement d'espoir on a vraiment des bons professionnels aussi en France notamment, on a cette chance et c'est vrai que grâce à eux quand même il y a des choses qui se passent bien malgré tout Merci. et pour en revenir justement à l'après coup quand vous êtes rentrée à la maison, après un mois et demi à l'hôpital avec les petits, comment ça s'est passé le retour d'un point de vue psychique déjà ?
- Speaker #1
Psychique je crois que c'était le plus compliqué Le retour ? Ouais le retour parce qu'on ne se prépare pas vraiment c'est compliqué, déjà ça faisait un mois que je n'étais pas rentrée chez moi, je ne me reconnaissais plus ma maison, mon mari repris très rapidement le travail. Parce qu'à l'époque, c'était en 2019, moi, quand j'ai accouché.
- Speaker #0
Ah oui, c'était encore les 11 jours, ou je ne sais pas quoi.
- Speaker #1
Exactement. On est bien d'accord. On ne s'est jamais fait un sujet. On ne se voit pas. Donc moi, mon mari, à l'époque, avait demandé, en fait, avait fait un arrêt maladie avec son médecin pour avoir un peu plus longtemps. Donc il avait réussi à avoir, je crois, deux semaines de plus. Heureusement, parce que franchement, je n'aurais pas pu, sinon toute seule.
- Speaker #0
Mais oui, mais c'est complètement... Encore une fois, petite parenthèse, mais comment se fait-il qu'il n'y ait pas d'option pour avoir un congé. spécifique dans ce genre de situation. C'est incompréhensible. Comment t'es rentrée faire toute seule après avoir été hospitalisée un mois et demi avec, c'est vrai, tu le mentionnais aussi, quand on échangeait, une cicatrice de césarienne qui mettait du temps à cicatriser aussi, on nous en parlera après, et te débrouiller toute seule avec deux enfants. C'est ça.
- Speaker #1
Je suis complètement d'accord avec toi.
- Speaker #0
C'est lunaire.
- Speaker #1
Pareil, pareil. pareil, je trouve ça lunaire. Et donc, mon mari, c'était le seul moyen qu'il avait trouvé parce que le médecin, effectivement, connaissait notre situation. Et c'est ce qu'il pouvait parce qu'effectivement, sinon c'est compliqué pour les médecins. Mais c'est ce qu'il avait fait. Donc, on est deux semaines. Donc, j'ai eu un peu une pause parce que mon mari était vachement là. Mais ça a été hyper difficile. Et ma mère était beaucoup présente et beaucoup venue parce que ma mère est à Paris, mais elle a fait beaucoup d'allers-retours pour me soulager aussi. Parce qu'il fallait se lever tout le temps, en fait. Les enfants, il y en a deux, ils ne se lèvent pas au même moment. Vraiment.
- Speaker #0
Compliquée psychologiquement, physiquement, du coup. T'as mis combien de temps à retrouver à peu près, on va dire, un fonctionnement physique, entre guillemets, normal, à te sentir ?
- Speaker #1
Trois ans.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Franchement, vraiment, quand on le dit, trois ans. Vraiment, pour retrouver pleinement la capacité de mon corps, de mon esprit, trois ans. Avant ça, ça a été, je crois que, comme on le dit, j'étais un robot. Il fallait faire, en plus, les garçons avaient beaucoup de rendez-vous médicaux. Donc en fait, je les ai priorisés eux, mais je n'ai fait que ça. En me disant, il faut faire, il faut faire, il faut faire. En ne me posant pas de questions, en me disant, moi, je verrai plus tard.
- Speaker #0
Mode automatique enclenché. Et concernant justement la césarienne, est-ce que là, ça a été un peu plus rapide que trois ans quand même pour pouvoir bouger ?
- Speaker #1
Rapide, je ne sais pas, ça dépend. Ça a été long, comme tu disais, parce que je cicatrisais mal, lentement. En fait, ma cicatrice n'est pas refermée directement, donc ça a été hyper long. Donc en fait, je ne pouvais pas m'habiller, sinon j'avais... En fait, c'était trompé. Et de toute façon, à l'hôpital, ils ne pouvaient rien faire, donc j'étais obligée de rentrer. Mais voilà, on m'expliquait qu'en plus, nous, les personnes racisées, en fait, on met plus de temps à cicatriser, ça je le savais. Donc je crois que ouais, deux mois après, vraiment...
- Speaker #0
C'est hyper long.
- Speaker #1
C'est hyper long.
- Speaker #0
Surtout quand tu as des nouveaux-nés.
- Speaker #1
Et puis on te dit qu'il faut te reposer. Pour qu'elles se referment. Sauf qu'en fait, tu te reposes quand ?
- Speaker #0
C'est la question. Surtout qu'il n'y a pas de congé spécifique pour le papa pour qu'il puisse venir à la rescousse. Je ne sais pas comment sont censés faire les mères dans ces situations-là. C'est un truc vraiment de survivant. C'est hallucinant comme truc. Ok. Les semaines, une fois que vous êtes à la maison, ton mari reprend le boulot quand même assez vite, etc. Vous vous organisez comment, quand même, pour que t'arrives, toi, à trouver des petites bulles de te reposer, pour te remettre progressivement, même si t'es en mode automatique ? T'as eu des petites...
- Speaker #1
Ça a été compliqué, parce que je pense que mon mari, je l'ai pas trop sollicité, je l'ai compris avec le recul, je lui ai demandé, mais en fait, c'était compliqué. Et je pense qu'en fait, on n'avait pas discuté de tout ce que lui avait traversé. Et je pense que lui, en fait, reprendre le travail, c'était aussi une bouffée d'air. Donc c'est vrai que la nuit, il m'aidait pas forcément. j'en ai beaucoup vu du mais je l'ai compris par la suite en fait
- Speaker #0
Donc tu levais la nuit toi ?
- Speaker #1
Oui beaucoup, mes beaux-parents étaient là quand même Ils m'ont beaucoup aidé aussi, ma mère aussi était là Après Pense à moi avoir des temps dont j'en avais pas trop Je crois que la seule personne Qui l'a vraiment vue que je voyais souvent C'était la kiné de mes enfants Parce qu'elle était à côté, on la voyait je crois 3 fois par semaine Vraiment on l'a vue pendant les 2 premières années C'était intense Et en fait je crois qu'elle voyait Et un jour j'ai pleuré dans son cabinet Elle m'a juste demandé comment ça va
- Speaker #0
Alors ça c'est ce que Merci. Si on vous demande comment ça va et que vous fondez en larmes, sachez que c'est normal, mais surtout que c'est un petit signe. Il y a peut-être un truc à checker.
- Speaker #1
C'est exactement ça, merci Octavien. Et ça a été ça. Et en fait, elle a été hyper bienveillante. Elle m'a dit, tu sais quoi, là, en fait, tu vas me laisser avec les enfants. Tu vas les faire un tour. On va te reposer, tu reviens après. Et en fait, on l'a fait deux, trois fois. Et en fait, ça a été une bouffée d'air pour moi. Vraiment, parce que je n'ai pas eu besoin de lui expliquer. En fait, je n'avais pas envie d'expliquer. Elle savait. elle savait, elle voyait Et en fait, elle m'a juste dit « Va-t'en » . Et je me suis dit « Merci » .
- Speaker #0
On aime ce genre de personnes qui comprennent directement ce qui se passe et qui sont une petite soupape, une petite bouffée d'air, même un quart d'heure de tranquillité. Ok, génial. Est-ce que tu as des conseils que tu donnerais pour tenir aussi psychologiquement pendant ce type de période que tu as vécue ? Est-ce qu'il y a des petites leçons, même si on ne veut pas donner de leçons, mais des petites choses que t'as apprises et qui t'ont... Aider ?
- Speaker #1
Alors, je ne donnerais pas de leçons parce qu'en fait, souvent, on va dire parler. Mais en fait, c'est compliqué. Je me rends compte qu'en fait, j'ai arrêté de dire ça parce que moi, ma propose à plusieurs reprises, je ne l'ai pas fait. Je ne l'ai pas fait parce que j'avais peur, je n'avais pas envie. C'était trop compliqué pour moi. Donc, je n'ai pas de leçons. La seule chose que je pourrais dire, c'est que ce qui a été et ce qui fait qu'aujourd'hui, j'en suis là, en fait, c'est mon mari. Vraiment, je crois que c'est vraiment tout ça. Ça nous a vraiment, ça a renforcé notre relation. Et même si on ne s'est pas tout dit, même si ça a été compliqué, en fait, c'est la personne avec qui je vis qui a été tout le temps là, clairement. Et je crois que s'il y a bien quelque chose à faire, en tout cas, parler, je ne sais pas, mais vraiment préserver cette relation qu'on a de couple, parce que c'est ce qui fait qu'on tient. On est deux, avoir des enfants, couple, au sens large. Mais c'est vraiment la personne avec qui on vit, vraiment, qu'on se rend compte que c'est un soutien. Et parler ou pas parler, mais en tout cas, voilà. être en phase avec elle. Et moi, je pense qu'avec le recul, on l'a fait beaucoup de temps après. Avec mon mari, on s'est posé quand même. On a parlé beaucoup par rapport à tout ce qui s'est passé. On a posé les choses. Et ça m'a fait le plus grand bien parce que je me suis rendu compte que tout au long, il était là, même quand je ne le voyais pas. Et je me dis que s'il n'avait pas été là, je n'aurais pas pu. Bien sûr, toutes les autres personnes, mais c'est vraiment lui.
- Speaker #0
C'est lui qui a été le socle, en tout cas. Vraiment.
- Speaker #1
Et puis, notre famille, en fait, c'est vraiment... Ça commence par nous deux. donc c'est pas une leçon ou un conseil c'est juste dire à la personne avec qui on vit si c'est notre pilier en fait Bien sûr, les autres sont là, mais si on se...
- Speaker #0
On ne peut pas compter déjà sur ces personnes, c'est mal embarqué.
- Speaker #1
C'est mal embarqué, complètement.
- Speaker #0
Et quand tu dis que tu avais peur de parler, c'était quoi ? C'était... Enfin, vas-y. Pourquoi tu avais peur ?
- Speaker #1
En fait, j'avais peur, je pense que c'était parce que je côtoie beaucoup de professionnels médicaux. Oui,
- Speaker #0
parce qu'on n'a pas précisé, toi, tu viens du milieu...
- Speaker #1
Alors moi, je viens du milieu médico-social. Du milieu médico-social. Voilà, c'est ça. Donc moi, j'étais... Aide médico-psychologique, et donc j'ai travaillé dans le secteur de l'handicap, en EHPAD, donc en maison de retraite, et dans la protection de l'enfance auprès d'enfants placés par décision du juge. Mais du coup, j'ai peur parce qu'en fait, aujourd'hui, je trouve que notre système, parfois, pointe du doigt là où il ne faut pas. Après, c'est toujours des erreurs humaines que j'accepte, attention, je ne porte pas le doigt sur quelqu'un, mais souvent, aujourd'hui, on a tendance à dire que quand on voit que ça ne va pas, souvent, on stigmatise directement les personnes. on peut des fois faire des diagnostics d'erreurs et ce que j'avais pas envie Je n'avais pas envie qu'on pense que je suis folle. C'est bizarre, mais souvent, j'en parle avec des femmes qui disent « Non, mais moi, j'ai eu des pensées suicidaires, bien sûr. C'est vrai que je ne l'ai pas dit là, mais j'y ai pensé. »
- Speaker #0
Oui, on entend souvent parler dans ce genre de cadre, même dans le postpartum, etc. C'est quand même un truc.
- Speaker #1
Tout à fait. Et en fait, j'avais peur parce que vu que l'équipe médicale, au moment où, quand j'étais à l'hôpital, me disait « Vous avez besoin de faire une vidéo pour prouver ? » Je me suis dit « Mais en plus, si je leur dis que je ne vais pas bien, non mais moi, on va m'interner. » Donc moi, c'était vraiment ça dans ma tête. Et je me suis dit, en plus, ces personnages, je ne les voyais pas. C'est mon mari qui faisait le relais, donc je me suis dit peur. Même si l'équipe était bienveillante, il n'y a personne qui m'a fait en tout cas comprendre que je pouvais vraiment parler d'une manière libérée. Donc je l'ai gardé pour moi.
- Speaker #0
Tu l'as gardé pour toi. Il y avait cette peur du jugement. Et c'est marrant, enfin c'est marrant, ce n'est pas le mot je pense.
- Speaker #1
Non mais je vois ce que tu veux dire.
- Speaker #0
Que tu mentionnes la folie, parce que, en tout cas moi, des témoignages que j'ai eus, notamment dans les questions de postpartum, etc. C'est quand même... une thématique qui revient de manière assez régulière. Bien sûr. tellement les femmes ne légitiment pas ce qu'elles ressentent, elles se disent « je ne vais pas le dire parce qu'on va me traiter de folle » ou de malade mental. C'est malheureux aussi de se dire qu'en fait, beaucoup de femmes se limitent aussi dans la parole à cause de ça. Mais ça souligne aussi le fait que, encore une fois, ce n'est pas une critique de qui que ce soit, mais ça souligne qu'il n'y a pas ces espaces pour se sentir légitime dans nos ressentis.
- Speaker #1
Mais c'est exactement ça. et comme tu dis, c'est pas pointer le doigt mais c'est dire que notre société n'est pas prête à ça et ne crée pas en tout cas les conditions pour donc moi je suis comme beaucoup de femmes j'ai pas voulu en parler, je l'ai gardé pour moi et c'est venu bien plus tard quand j'avais passé cette période des 3 ans où aussi j'ai pris du recul sur tout ce qui s'est passé de me dire mais en fait j'aurais pu en parler avec tout ce que j'ai vécu mais bon quand elle est dedans
- Speaker #0
Oui et du coup aujourd'hui comment tu vas ? Est-ce que tu peux nous dire ce qui a changé en toi aussi grâce ou à cause de tout ça ? est-ce que cette épreuve ça a été un déclic pour toi pour créer aussi 12 tribus dont je parlais au début ?
- Speaker #1
Oui, moi j'aime dire que aujourd'hui ça va franchement ça va hyper bien parce que je pense que l'humain est une belle machine et notre corps est bien fait pour qu'on se relève c'est incroyable et c'est surtout que pour moi je vis les choses comme des expériences c'était une expérience incroyable, difficile éprouvantes, mais en fait j'en ressors et on en ressort, mes enfants, mon mari et les personnes qui nous entourent encore plus grandies. Ça a complètement changé ma perception du monde, de mes relations avec les autres. Vraiment, je ne vois plus pareil. Et donc pour moi c'est positif, vraiment. Mais même dans tout ça je voyais le positif quand même, c'était dur mais je me dis qu'il y avait une fin à tout ça.
- Speaker #0
Il y a une lumière,
- Speaker #1
mais bon j'ai du mal à voir,
- Speaker #0
il y a quelque chose à dire.
- Speaker #1
Mais je la vois, donc non c'est positif parce qu'en fait c'est cette expérience qui fait ce que je suis aujourd'hui et que je suis assise avec toi là et que tu parles. Donc je me dis mais waouh en fait tout ce qui se passe. Et finalement j'ai envie de dire que nos expériences permettent de transmettre ce qu'on vit aux autres pour les aider à avancer. Donc moi je le vois toujours comme ça. Et donc nos enfants vont bien, ils ont 6 ans. Tu vois là il y a en avril, ma pédiatre m'a dit c'est fini. Elle m'a dit sorte parce qu'en fait t'as un accompagnement pour les enfants. Ils étaient prématurés, c'est vrai que je ne l'ai pas dit mais ils étaient prématurés de tout ça. et en fait ils sont sortis de ce dispositif-là. Et elle m'a dit ça en avril, j'en ai pleuré. Ah,
- Speaker #0
tu m'étonnes.
- Speaker #1
Quand elle m'a dit ça, elle m'a dit bravo à vous.
- Speaker #0
Ça m'émeut de ouf.
- Speaker #1
Je me dis, bon, ma mère, je lui ai dit ça, elle était là, bah oui, c'est bien, bon. Logique. Je crois qu'on est différents sur ça.
- Speaker #0
Mais enfin gracieuse.
- Speaker #1
Et donc déjà, ça te dit, waouh, t'as passé autre chose.
- Speaker #0
Ouais, ça y est. Ça fait du bien. T'es une pachiste.
- Speaker #1
Exactement. Et après, oui, forcément, de mes projets 12 tribus et tout ce que je fais aujourd'hui, bien sûr, ça a été un moteur. Parce qu'en fait, de tout ça, j'ai rencontré des humains, des personnes. Et en fait, j'ai vu des problématiques et je me suis dit, mais il y a tellement de choses à faire. Vraiment, que ce soit avec des professionnels à l'hôpital, que ce soit pour moi, pour les mères, pour les enfants. Moi, ça a ouvert un champ des possibles. Du méthane. C'est fantastique.
- Speaker #0
Ça a été en tout cas la base de ton projet. Tu peux nous dire deux, trois mots sur un petit peu ce que tu fais à travers 12 tribus ? Oui,
- Speaker #1
très rapidement. En fait, de toute mon aventure, ce que j'ai créé, c'est que je me suis rendu compte à l'hôpital, mais même de mon expérience professionnelle, que c'était éprouvant ces métiers-là. ce que j'appelle les métiers de l'humain et donc de tout ça en fait, tu parlais tout à l'heure de cet espace qu'on avait besoin pour les mères, pour tout le monde,
- Speaker #0
les hommes d'oser exprimer des choses sans se sentir jugée immédiatement en fait il n'y avait pas et en fait j'ai créé ça,
- Speaker #1
12 tribus à la base c'est ça, c'est un réseau de professionnels pour ces métiers là, mais c'est de créer un espace où en fait les professionnels peuvent venir tout déposer d'accord,
- Speaker #0
les professionnels ont un espace pour exprimer ce qu'ils veulent
- Speaker #1
et partagée j'imagine avec d'autres avec d'autres professionnels parce que tout est lié notre métier notre personne tout est lié et en fait c'est de leur dire vous pouvez en parler là je dis ils mais c'est elles parce que c'est que des femmes c'est des métiers quand même à 99% féminins mais elles peuvent en parler là et de là en fait ça crée énormément de choses donc moi j'ai voulu créer cette bulle pour elles et de cette bulle s'est créé d'autres choses donc aujourd'hui on a un centre de formation où on forme les professionnels en crèche génial. Et en dernier, j'ai créé la cérémonie des trophées pour valoriser ces métiers-là, leurs projets. C'est la quatrième édition. Et cette année, c'est la santé mentale, tu vois.
- Speaker #0
C'est le thème de 2025 aussi. Exactement.
- Speaker #1
Mais je trouvais ça essentiel de mettre aussi la lumière dessus.
- Speaker #0
Hyper important.
- Speaker #1
Et il va y avoir des projets incroyables. Déjà, j'ai eu un petit goût là, un grand goût, c'est waouh.
- Speaker #0
Donc, c'est des gens qui présentent leurs projets dans le domaine spécifiquement médical, etc. C'est ça.
- Speaker #1
santé, médico-social, c'est vraiment toutes les... tous les secteurs d'activité qui touchent au métier. Donc, personnes âgées, petites enfances, santé périnatale, tout ce qui est dépression postpartum. Et en fait, c'est soit des professionnels ou des structures qui peuvent candidater.
- Speaker #0
C'est essentiel ce que tu fais à travers 12 tribus. Merci. Merci, gracieuse. Dernière question. Celle, tu m'as dit qu'elle te donnait un peu de fil à retordre. Est-ce que tu as un modèle ? Une femme connue ? inconnue, une amie, qui a traversé une épreuve un peu comme celle que tu as traversée en termes de, je ne sais pas comment on dit, santé obstétricale, difficulté à la grossesse, etc. Et déjà, est-ce que tu as un exemple ?
- Speaker #1
Alors j'ai un exemple parce qu'effectivement on en a parlé avant de commencer. Je me suis dit, je ne sais pas. Mais en fait j'en ai un mais qui ne se rapproche pas directement de mon histoire. Et j'en ai parlé, j'ai fait un post sur elle sur LinkedIn. C'est Céline Gréco.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Céline Gréco, c'est la chef du pôle mère-enfant à l'hôpital Necker et de la douleur. Et elle a créé l'association Impact. qui accompagne les enfants de la Préparation de l'Enfance. Céline est une femme qui a vécu des violences intrafamiliales. Et de ça, son rêve, c'est de devenir médecin. Et c'est ce qui l'a maintenue, en fait.
- Speaker #0
Elle est devenue médecin.
- Speaker #1
Elle est devenue médecin. Et à l'œuvre, aujourd'hui, elle en parle beaucoup. Et c'est une femme remarquable, je trouve. Parce que, si c'est pour faire rien avec mon histoire, je trouve que c'est la résilience de l'épreuve. C'est pour ça que je n'ai beaucoup de personnes. Parce que beaucoup de personnes font de leurs épreuves une force. pour arriver à un but et finalement aider les autres. Et je crois que c'est ça qui me fascine chez cette femme-là et chez beaucoup d'autres. Mais vraiment, cette femme me fascine énormément. Je voulais parler d'elle parce que vraiment, c'est fabuleux tout ce qu'elle fait pour les autres. Et puis en Psyche-Néquerre, c'est un hôpital... magnifique, qui font beaucoup de choses là-bas et qu'elle puisse être là-bas, vraiment, c'était son rêve et qu'elle l'accomplisse, c'était de me dire qu'en fait, on peut... On n'aime pas dire que tout est possible, mais j'ai envie de dire ça l'est, vraiment.
- Speaker #0
Disons qu'on n'aime pas dire que quand on veut, on peut, parce que c'est pas toujours simple, mais que par contre, si on a des rêves ou des choses qui nous tiennent vraiment à cœur, il y a quand même moyen de s'en approcher et parfois même de réaliser ça. Donc, c'est cool. Trop bel exemple. Merci, gracieuse. Merci d'être venue au micro de Alors, c'est pour quand ? Et pour celles et ceux qui aiment le podcast, qui veulent le soutenir, n'oubliez pas de vous abonner sur les plateformes d'écoute et de donner 5 étoiles parce que ça aide beaucoup au ranking du podcast. Donc faites-le s'il vous plaît. Ça nous aide au maximum. Merci beaucoup et à très bientôt. Salut ! Le sujet vous intéresse ? Vous avez des questions, des suggestions concernant le podcast ? ne passe pas sur Instagram, sur le compte, alors c'est, la lettre c, pour quand ? Tout attaché. Alors c'est pour quand ? Tout attaché. Je vous mets le lien dans le descriptif de l'épisode. A bientôt !