undefined cover
undefined cover
L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay) cover
L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay) cover
C'est qui la boss ?

L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay)

L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay)

28min |13/12/2024
Play
undefined cover
undefined cover
L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay) cover
L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay) cover
C'est qui la boss ?

L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay)

L'authenticité avant tout avec Sarah Tayeb (eBay)

28min |13/12/2024
Play

Description

Cette semaine dans C'est qui la Boss ?, j’ai rencontré Sarah Tayeb, la directrice générale d’eBay France. 

Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c’est qu’elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise à gravir les échelons un par un. Et plus incroyable : elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous ! 

Et sinon, on a aussi parlé du sexisme dans l’univers des jeux vidéos, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes et de ce qu’est un “succession plan”. J’ai adoré notre conversation et j’espère que vous aussi ! 

Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, j'ai rencontré Sarah Tailleux, la directrice générale d'eBay France. Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c'est qu'elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise, à gravir des échelons un par un. Et plus incroyable encore, elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous. Et sinon, on a aussi parlé de sexisme dans l'univers des jeux vidéo, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes, et de ce qu'est un succession plan. J'ai adoré notre conversation, et j'espère que vous aussi. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Sarah ! Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir sur le podcast C'est qui la boss ?

  • Speaker #1

    Merci, merci de me recevoir.

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées pour commencer, comment est-ce que tu te présenterais ?

  • Speaker #1

    Eh bien, tout simplement, je m'appelle Sarah Taieb. Je suis directrice générale d'eBay en France. eBay, c'est un site Internet qui permet à des millions d'acheteurs dans le monde de se rencontrer avec des millions de vendeurs. Des vendeurs qui peuvent être toi, qui peuvent être moi, qui peuvent être des particuliers, qui peuvent être des professionnels, qui peuvent être des toutes petites boîtes et qui peuvent être des grandes marques. Et donc ça, c'est ce qui m'occupe au quotidien. Et le soir, quand je m'ennuie, j'ai aussi trois enfants. À gérer, voilà.

  • Speaker #0

    Je doute que tu t'ennuies beaucoup, en vrai.

  • Speaker #1

    Très peu, mais j'aime bien être occupée.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    On est un petit peu loin. Je rêvais d'être comédienne de théâtre. Et ma maman m'a appelée Sarah, en référence à Sarah Bernard. Je n'aurais pas réalisé ce rêve pour elle, malheureusement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait comme étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé par un DUT, en IUT, pour me fâcher avec mes parents, qui voulaient absolument que je fasse une prépa.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et suite à ça, j'ai passé le concours du CELSA. J'avoue,

  • Speaker #0

    le CELSA, c'est une école de quoi,

  • Speaker #1

    du coup ? Alors, c'est une école de communication. Il y a une section journalisme, il y a une section communication et marketing. Et moi, j'étais dans la section marketing.

  • Speaker #0

    Du coup, ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Ça m'a bien plu. Et puis, bah... Le fait d'être en stage la moitié de l'année, ça m'a permis de trouver mon premier CDI avant même d'avoir cherché un travail.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi du coup ce premier CDI ?

  • Speaker #1

    J'avais passé plein d'entretiens et j'avais même commencé un stage dans la pub. Je suis partie en courant.

  • Speaker #0

    La pub, ce n'était pas fait pour toi du coup ?

  • Speaker #1

    Je me voyais devenir créa en pub. Je pense que j'avais une image un peu idéalisée. Et finalement, je suis partie faire chef de produit dans le jeu vidéo. une autre passion après le théâtre, qui était un domaine qui m'intéressait plutôt de façon très personnelle, ce qui n'est pas toujours un très bon choix.

  • Speaker #0

    Et justement, moi je trouve ça trop cool que tu aies commencé dans les jeux vidéo. Comment t'es tombée là-dedans ? Parce que c'est un milieu assez masculin en fait. Et toi, tu en as fait ton métier et du coup c'était ta passion avant ?

  • Speaker #1

    J'étais déjà un peu garçon manqué quand j'étais petite, donc j'aimais plutôt les jeux qu'on m'interdisait. Donc j'ai toujours eu un côté un peu rebelle, où en fait, si on me dit de ne pas jouer à Call of Duty, je vais aller regarder ce que c'est comme jeu. Et en fait, c'est bien sympa. Et l'édition de jeux vidéo, c'est un métier d'édition, donc c'est un métier qui est très créatif. C'est un métier en plus où j'étais chez un petit éditeur où on pouvait tout. où il y avait un aspect un peu tech, il y avait un aspect très marketing, il y avait un aspect aussi commercial, argumentaire. On approchait la grande distribution pour leur vendre, attention, je suis très âgée, des CD-ROM. Voilà,

  • Speaker #0

    moi, quand on me parle de CD-ROM, je pense à Adibou.

  • Speaker #1

    Et bien, après, j'ai travaillé chez l'éditeur qui a édité Adibou. Donc, ça a été mon deuxième job. J'ai été chez un plus gros éditeur. Et encore une fois... dans l'espoir qu'on me confierait des jeux un peu plus hardcore. Et on m'a demandé gentiment de m'occuper des recettes de cuisine et des projets lifestyle.

  • Speaker #0

    Non. Donc, tu étais chez un éditeur, ton premier job, chez un éditeur de jeux vidéo. Exactement. Et après, derrière, du coup, tu as bougé chez un autre éditeur de jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Là, on a voulu te confiner aux jeux vidéo de cuisine.

  • Speaker #1

    C'est à peu près ça. Mon premier éditeur, le jeu vidéo, c'est un métier vraiment passionnant, mais ce n'est pas très rémunérateur. J'ai été chez un éditeur plus gros, qui avait des projets plus internationaux, qui commençait à faire des jeux sur Nintendo DS, sur Wii, sur PC. Mais encore une fois, les filles de l'équipe chef de produit étaient vraiment... dédié au projet alors j'ai sorti un jeu de recettes de cuisine avec cyril lignac sur nintendo ds et un jeu de karaoké sur wii ah oui ok vraiment et c'est quand même très masculin du coup le jeu vidéo et donc tous tes boss c'était des hommes du coup j'imagine mes boss étaient des hommes et il y avait des conversations que je trouve amusante maintenant mais le milieu du travail a heureusement un peu évolué j'espère qu'il a bien évolué dans le jeu vidéo mais Je raconte certaines fois des petites phrases qui peuvent encore paraître complètement sexistes, mais néanmoins, à l'époque, c'était dans le quotidien.

  • Speaker #0

    T'as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote ? J'en aurais plein ! Mais on avait malheureusement l'habitude de savoir que pour aller faire valider des bons de commande, il fallait s'habiller d'une certaine façon pour aller dans le bureau du patron. Et on en a fait des blagues, du coup, pour un peu essayer de retourner la chose entre collègues. On disait, ah, maintenant, je ne peux pas y aller. Je me suis cassé un ongle et on a fini par faire ces blagues-là devant eux pour tourner en dérision cet aspect de la conversation. Je dirais que ce n'est pas la chose qui a marché. Ce n'est pas ce qui m'a mis le coup de pied dans les fesses pour partir de cette ambiance, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était quoi le coup de pied dans les fesses ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce jeu de karaoké sur Wii a cartonné, il s'est super bien vendu, j'étais hyper fière. Et donc, sur deux mois, j'ai construit mon dossier, j'ai demandé un entretien avec la personne qui était mon directeur à l'époque, pour lui demander une promotion. Donc j'avais bien bossé mon dossier et clairement je me suis fait fermer la porte au nez assez sèchement. J'ai commencé à regarder si l'herbe pouvait être plus verte ailleurs.

  • Speaker #0

    Et du coup, où est-ce que t'es allée après ?

  • Speaker #1

    Et la vie fait bien les choses. J'ai postulé et le jour même, un chasseur de têtes m'a appelé pour le même job. Donc, des fois, les étoiles s'alignent. Et c'était pour Darty, que vous connaissez peut-être, qui cherchait justement quelqu'un qui venait du jeu vidéo et qui avait une connaissance en fait de cette entreprise. de ce métier en fait, pour envisager de créer ce rayon dans les magasins et sur darty.com.

  • Speaker #0

    Et donc c'est ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis partie de chez cet éditeur pour aller chez Darty, où j'ai passé vraiment trois années passionnantes à découvrir le métier d'acheteuse, puisque du coup il fallait monter le rayon, rencontrer les fournisseurs, sélectionner les offres, les négocier. faire le merchandising, discuter aussi avec Darty.com. Donc là, j'ai appris plein de choses et j'ai trouvé que c'était un milieu passionnant.

  • Speaker #0

    Et après Darty, tu es allée chez eBay.

  • Speaker #1

    Et pareil, eBay m'a contactée quand j'étais chez Darty.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je m'estime vraiment très chanceuse parce que eBay cherchait justement quelqu'un qui comprenait et connaissait la distribution en France. Ok. Petite anecdote, moi j'étais acheteuse et vendeuse sur eBay. Et donc j'ai cru que c'était un scam. Et du coup évidemment j'étais super flattée. L'aspect entreprise internationale, 100% internet, 100% place de marché, c'était très excitant.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui t'a attirée ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ouais ouais.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a un truc qui m'a intriguée de manière incroyable chez toi, c'est que ça fait longtemps maintenant que tu bosses chez eBay. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça va faire 11 ans en décembre, ouais.

  • Speaker #0

    10 ans dans la même boîte, c'est rare aujourd'hui. Et ta carrière, elle a vachement évolué chez Ebay. Quand t'es rentrée chez Ebay, t'avais quel âge du coup ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'avais 31 ans.

  • Speaker #0

    Et t'en étais un peu comment dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors clairement, j'avais des petits indices du côté de mon mari qui trouvait que la distribution c'était bien, mais c'était très exigeant en termes d'horaire. Et j'avais une toute petite fille que je ne voyais pas beaucoup. Donc il y avait quand même un changement là qui pouvait aussi me permettre d'avoir une vie un peu plus équilibrée. En tout cas, il y a de la flexibilité chez eBay, ce qui me permet, oui, des fois d'avoir des calls avec les États-Unis très tard le soir. Mais peut-être qu'à l'après-midi, si j'ai eu besoin d'emmener ma fille chez le pédiatre, c'est possible.

  • Speaker #0

    OK. Donc ce premier job chez eBay, tu t'occupes de la page promotion.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Et après, tu changes de job.

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi ? Parce qu'en fait, je m'étais dit que ma durée record, c'était trois ans. Tous les trois ans, je changeais de boîte.

  • Speaker #0

    Après, quand on se connaît et qu'on sait que c'est tous les trois ans,

  • Speaker #1

    au bout de trois ans, il y a un cycle. C'est un peu ce qu'on voit d'ailleurs autour de nous. Au bout de trois ans, on a un peu fait le tour, on a envie de voir autre chose. Et la chance qu'on a chez eBay, c'est qu'on peut changer sans changer. On peut changer de rôle sans forcément changer d'entreprise. et c'est ce que j'ai fait. Donc, moins de trois ans, au bout de deux ans, j'ai eu ma deuxième fille. Donc, je suis partie en congé maternité et en revenant, puisque eBay se réinvente tout le temps, donc il y a beaucoup de réorganisation, il y a beaucoup de flexibilité dans notre organisation. J'ai eu une discussion ouverte avec ma manager qui n'a pas changé elle aussi, qui est toujours dans l'entreprise. sur mon développement, en fait, tout simplement. Et là, c'est elle qui a donné l'impulsion et qui m'a proposé un nouveau poste dans son équipe en France, donc de me consacrer aux vendeurs particuliers. Donc, c'est le business C2C chez eBay. Comment faire pour que plus de personnes vendent sur eBay en tant que particuliers ? Qu'est-ce qu'ils vendent ? Quels sont leurs freins ? Quelle campagne marketing ? Quel partenariat ? Etc. Je ne l'avais pas du tout envisagé. Je n'avais pas encore complètement compris comment ça marchait, comment on driveait sa carrière chez eBay. J'ai eu un coup de pouce de mon manager qui m'a expliqué comment ça marchait et qui m'a parlé de développement plan. Donc, tout le monde chez eBay doit écrire son développement plan. Et après, on ne le suit pas forcément. Mais en fait, on écrit et on se force à se poser des questions sur ce qu'on aime faire, sur ce qu'on aime moins, sur ce qu'on recherche et ce qu'on recherche moins.

  • Speaker #0

    C'est trop bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça aide. C'est pas un exercice facile et c'est des fois des conversations, je pense, difficiles que j'ai moi maintenant avec mon équipe. Parce qu'il faut quand même se connaître un peu et parfois partager avec la personne qui nous manage. Ça, j'aime pas trop en fait. Ça, c'est difficile.

  • Speaker #0

    Ça demande un exercice d'honnêteté envers son manager et de transparence qui est assez ouf.

  • Speaker #1

    Exactement, et donc de confiance. Parce que s'il n'y a pas de confiance, ça va être une conversation qui va être difficile à avoir. On peut penser que s'il y a des intérêts plus stratégiques en jeu, le manager va utiliser ce qu'on dit, etc. Mais du coup, c'est un exercice, je pense, qui force un petit peu, qui nous force à nous remettre en question.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, en tant que DG d'Ibev France, comment tu fais pour instaurer une confiance dans tout ? toutes tes équipes, pour qu'ils puissent tous avoir ces conversations ?

  • Speaker #1

    Alors, j'espère vraiment me montrer la plus authentique possible, parce que c'est comme ça que je suis. J'espère que la personne en face de moi va, par mimétisme, adopter cette transparence. Il y a une culture du feedback aussi. Alors, ça peut paraître très américain quand on le dit en France, mais... Il y a l'expression « feedback is a gift » . Alors attention, il y a une façon évidemment de partager ce qu'on pense et il y a surtout une façon de demander à l'autre ce qu'il pense. Et je pense que l'écoute, on le dit beaucoup, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Ok, trop intéressant. Est-ce que tu penses que ça change que eBay soit dirigé, enfin que eBay France et eBay Europe aujourd'hui soient dirigés par des femmes et aient été dirigés par des femmes depuis longtemps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça change beaucoup les choses. Pour moi, ce qui a changé les choses, c'est que mon manager direct soit une femme et soit une femme pendant les 11 ans.

  • Speaker #0

    C'était la première fois au bout de ta carrière ? Oui,

  • Speaker #1

    et ça a beaucoup changé les choses pour moi. Parce que je pense que dans la relation qu'on a construite, c'était une relation qui était très différente. C'est une personne que j'ai choisie, puisque quand j'ai passé mon entretien chez eBay, J'ai vraiment eu un coup de coudre professionnel. Je me suis dit, cette personne-là, j'ai envie de travailler avec elle. Elle est inspirante, elle est intéressante. On va faire des choses ensemble. Et donc, il y a une super complémentarité. Je sais que c'est des rencontres qui sont extrêmement rares. Mais encore aujourd'hui, avec les différents leaders que je rencontre chez eBay, on ne construit vraiment pas du tout la même relation entre femmes. Et du coup, ça m'a servi, ça m'a été utile parce que j'ai ensuite compris qu'il y avait une notion de sponsor, de support qu'on doit trouver dans ces très grandes entreprises pour gagner en visibilité, pour essayer encore une fois de progresser dans l'entreprise. Et c'est plus facile pour une femme de le faire par sororité.

  • Speaker #0

    Je voudrais revenir un peu sur la suite de ta carrière chez eBay. Est-ce que du coup, tu passes de la gestion de cette page promotion ? à l'engagement des vendeurs en C2C. Et après, t'as encore un autre poste. Et encore un autre, et encore un autre. Comment est-ce que tu as choisi tes postes chez eBay ?

  • Speaker #1

    J'ai appris avec le temps à être très tactique et très opportuniste.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que j'avais du mal moi-même à définir ce que j'avais envie de faire. J'ai vu des signes, là où il n'y en avait sûrement même pas. Mais par exemple, quand quelqu'un partait, où quand il y avait une réorganisation au sein de l'équipe française, je proposais des choses. Donc je me proposais, je mettais en avant ce que je pourrais apporter, et c'est ce qui m'a servi pour les deux postes précédents. Alors évidemment, ça nécessitait que j'aie construit une relation de confiance, encore une fois, avec mon manager, mais elle a suivi mes recommandations, qui m'ont servi de tremplin. Donc j'étais responsable des vendeurs C2C. Mon collègue B2C est parti, je lui ai dit, écoute, super, moi ce qui m'intéresse c'est justement d'être responsable de tous les vendeurs. Et je pense qu'il y a des optimisations d'un domaine à l'autre à faire.

  • Speaker #0

    Tu es vraiment allée avec un plan de solution.

  • Speaker #1

    Exactement, mais gagnant-gagnant. Bon, évidemment, c'est quelque chose qu'on entend beaucoup en négociation, mais je lui ai présenté les avantages que ça présentait pour son organisation. Et évidemment, elle savait qu'il y avait des avantages liés. pour moi, à ma progression, à mon propre développement.

  • Speaker #0

    Du coup, c'était quoi les deux jobs précédents avant ton poste actuel ?

  • Speaker #1

    Donc ensuite, j'ai pris la direction du coup à la fois des vendeurs particuliers et des vendeurs professionnels de la plateforme, donc responsables des vendeurs. Et ensuite, j'ai aussi proposé le poste suivant que j'ai occupé. Donc encore une fois, dans une discussion de réorganisation.

  • Speaker #0

    Tu crées ton job à chaque fois ?

  • Speaker #1

    Un peu, ouais.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais la créativité, j'aime ça. Et surtout, encore une fois, comme on est dans une organisation mouvante, ça correspond aussi à une meilleure façon d'atteindre nos objectifs et de faire grandir eBay en France. Et donc, on avait une nouvelle organisation par catégorie, par catégorie de produits, de catégorie management. Et du coup, j'ai été... gentiment offrir ma candidature en tant que directrice des catégories auprès de mon manager.

  • Speaker #0

    Et donc, tu l'as eue.

  • Speaker #1

    Et encore une fois, cette nouvelle structure, mon manager était OK pour me suivre dans cette structuration qui a fonctionné, qui a vraiment très bien fonctionné. Et j'en arrive au poste de directrice générale. Là, c'est la réorganisation de l'entreprise qui m'a aidée. Il y a un autre élément qui existe dans beaucoup d'entreprises qui s'appelle les succession plans. Donc on doit avoir chez eBay un plan de développement, puis on doit aussi avoir un plan de succession. C'est-à-dire ? Si demain je quitte l'entreprise, qui est derrière moi ? Qui est-ce que je prépare ? Qui est-ce que j'accompagne ? Qui est-ce que je sponsorise pour prendre mon job ?

  • Speaker #0

    C'est ouf ça aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce qui permet aussi cette évolution, c'est ce qui permet aussi à tout le monde de regarder vers l'avant. et pas pour dégommer la personne qui est devant, parce que c'est un peu l'image des fois qu'on a, je dirais en plus, encore une fois culturellement. Mais en fait, pas du tout. C'est plutôt, si je réussis mon job de manager, alors j'ai une super successeur ou un super successeur qui va être prêt quand moi je partirai, ou s'il m'arrive quelque chose, ou si je dois m'absenter pour prendre mon poste.

  • Speaker #0

    Pour une jeune femme qui rentre dans une grosse boîte, comme eBay, demain, qui rentre sur le marché du travail, Tu lui donnerais quoi comme conseil ? Le premier truc qu'elle devrait faire ?

  • Speaker #1

    Il faut être super ouvert d'esprit et super agile. Parce que si tu t'enfermes dans une boîte et que tu ne vois qu'un seul type d'évolution de poste ou de relation, tu vas forcément te mettre des limites. Donc tu t'ouvres, tu te crées un réseau, tu parles avec un maximum de personnes et garde l'esprit ouvert parce que peut-être que le prochain job c'est pas celui que tu pensais.

  • Speaker #0

    Et toi, tu devrais rester encore 10 ans, enfin 11 ans chez eBay.

  • Speaker #1

    Je pourrais, ouais, franchement, sans problème.

  • Speaker #0

    Maintenant, je voudrais te poser des questions qu'on reçoit de nos lectrices, Sarah, parce que chaque semaine, on reçoit des centaines de mails de nos lectrices qui nous posent des questions sur le boulot, la vie au travail, qu'elles soient entrepreneurs, freelance ou salariés. Donc je vais te lire un premier mail. Hello, c'est QLB. Petite question rapide. J'évolue dans une entreprise majoritairement dirigée par des hommes et parfois, j'ai du mal à trouver ma place et à me faire entendre. Tu aurais des conseils pour mieux affirmer ma voix dans ce contexte ? Merci beaucoup, Sophie. Qu'est-ce que tu répondrais à Sophie ?

  • Speaker #1

    Alors Sophie, oui, j'ai un peu d'expérience en la matière. Il faut que tu te trouves des alliés. Il faut que tu te trouves des alliés. Je ne peux pas croire que tu sois la seule femme, ou du moins la seule femme friendly. Oui,

  • Speaker #0

    c'est quand même un peu compliqué comme boîte en France aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, ou même des fois, il y a des alliés qui sont masculins. Et déjà, une fois que tu as identifié des personnes avec qui tu vas pouvoir avoir une relation de confiance, discuter de la façon dont ça se passe, tu vas pouvoir commencer à être toi-même. Et si t'es toi-même, reste toi-même, s'il te plaît. Et reste toi-même et essaye d'être confiante et de dire ce que tu penses. Je pense que c'est la meilleure façon de gérer ses relations. Faut pas essayer de mettre une veste et de faire semblant d'être plus masculine qu'on l'est ou de jouer des coudes. Je pense qu'en fait, il faut s'accepter soi-même pour être accepté des autres.

  • Speaker #0

    Tu t'en parles beaucoup du fait de rester authentique, de rester soi-même. C'est un truc qui a été difficile pour toi ?

  • Speaker #1

    Ça a été super chaud. C'est pour ça que j'insiste. En fait, parce qu'avec de la distance, j'ai des regrets. J'aurais dû peut-être plus ruer dans les brancards. J'aurais peut-être dû dire les choses, mettre les choses sur la table. Peut-être que j'aurais eu moins ce poids, en fait, de devoir porter une bannière. Peut-être que c'est ce qui porte aujourd'hui mes engagements, mais toujours est-il que c'est plus agréable de grandir par soi-même qu'en prenant des claques.

  • Speaker #0

    Autre que cet épisode où il fallait être habillée d'une certaine façon pour aller faire valider ses bons d'achat, est-ce que tu as d'autres situations où tu t'es dit, là c'est quand même plus compliqué parce que je suis une femme ?

  • Speaker #1

    Là encore une fois, il y en a beaucoup des exemples.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner un ?

  • Speaker #1

    J'ai eu un entretien avec mon premier boss aussi, où je suis allée le voir. Et encore une fois, j'avais préparé mon dossier, mon argumentation pour travailler sur un projet hardcore gaming, donc un jeu de guerre. Et là, j'ai vraiment eu face à face la réponse de non, tu n'auras pas ce projet parce que tu es une femme. Et je me suis écrasée. Et ça, c'est encore un regret que j'ai aujourd'hui. on a du mal à ne pas s'en vouloir soi-même, de ne pas avoir résisté.

  • Speaker #0

    Je suis très impressionnée aussi, et je pense que c'est un truc qui est sous-estimé dans le monde du travail, un truc qui revient régulièrement dans notre conversation, depuis qu'on a commencé cet enregistrement, c'est que tu étais très préparée. Tu as toujours su qu'il fallait préparer à mort, parce que moi j'ai l'impression que c'est un truc que tu apprends sur le tas, et que moi j'aimerais que toutes les femmes qui écoutent sachent. Comment est-ce que toi tu prépares du coup ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien les jeux vidéo, donc je prépare ma guerre. Je pense qu'on ne part pas sans armes. On ne peut pas partir sans armes. Déjà parce que les personnes que j'allais affronter me mettaient déjà un handicap de départ. Et ensuite parce qu'on est dans le milieu du travail, donc on a une argumentation qui est sensée, peut-être qu'il y a de l'affect derrière. C'est comme quand on va en interro, c'est très scolaire mais j'estime qu'il faut venir avec du concret. Donc le concret c'est des chiffres, des résultats, des expériences, des propositions. Je pense qu'on ne peut pas improviser. Ou alors il y a déjà une relation et il y a déjà une conversation qui est en cours. Mais pour une conversation difficile ou pour une négociation, on doit se préparer. On doit anticiper les questions. Et on doit surtout amener la conversation. Si on ne parle pas, si on ne pose pas de questions, il ne se passera rien.

  • Speaker #0

    Et je trouve que c'est un conseil très juste. Je suis très contente que tu l'aies dit. Maintenant, Sarah, je vais te poser des questions. Et je voudrais que tu me répondes avec la première chose qui te vient à l'esprit. Ok. Après, c'est quand même mon podcast. Et du coup, je n'hésiterai pas à creuser si les réponses m'intriguent.

  • Speaker #1

    Ça marche.

  • Speaker #0

    C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Ça n'a pas besoin d'être sur toute ta vie,

  • Speaker #0

    ça peut aussi juste être une en ce moment.

  • Speaker #1

    En ce moment, c'est une de mes meilleures amies qui m'inspire. C'est une battante, elle a un parcours de vie compliqué et elle a monté sa boîte. Et ça, c'est quelque chose vraiment que j'admire, d'ailleurs que j'aime bien dans ton podcast. C'est une entrepreneuse et... Elle a monté sa boîte, elle s'en sort vraiment bien. Et encore une fois, elle n'était pas aidée par la vie.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je fais du sport.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi comme sport ?

  • Speaker #1

    Ça me vide l'esprit. Je vais courir, je fais de la muscu, je fais de la danse. Ah oui,

  • Speaker #0

    tu fais de tout en fait.

  • Speaker #1

    Du yoga.

  • Speaker #0

    Tu fais beaucoup de sport dans la semaine ?

  • Speaker #1

    Ouais, je suis hyper active.

  • Speaker #0

    Ok. Et à l'inverse, tu fais quoi quand tu doutes ?

  • Speaker #1

    Quand je doute, je me réfugie auprès des gens que j'aime.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Sarah de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, détends-toi. Elle était stressée. Détends-toi. Non, mais détends-toi par rapport à toi-même, par rapport à tes attentes, par rapport à... À tout ce que tu vois autour de toi, il n'y a rien de grave. Prends ce qui arrive et puis franchement, tout va bien.

  • Speaker #0

    C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ?

  • Speaker #1

    C'est pas trop dur d'être une directrice quand on est une femme ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    Les claques que j'ai évoquées ? Un procès avec mon premier employeur. Waouh ! À 25 ans, c'est bien. Pour non-respect de la clause de non-concurrence, qui est évidemment non-valide, mais ça forge.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    J'ai des sponsors.

  • Speaker #0

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors mentor, je n'aime pas trop cette image de Pygmalion, que je trouve un peu sexiste. Mais par contre, j'ai des sponsors. C'est-à-dire que j'ai plusieurs personnes dans l'entreprise et en dehors, avec qui je parle régulièrement, avec qui on échange des conseils. Et j'inclus même mon manager là-dedans qui parle de moi quand je suis pas là et qui parle de moi en bien. Et ça c'est important aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton unpopular opinion à propos du monde du travail ? Un truc que tout le monde pense mais toi t'es pas d'accord.

  • Speaker #1

    Il y a un truc chez eBay qui est vachement bien et qui est hyper décrié, c'est le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc évidemment, quand j'en parle avec mes pères, etc. Ah bon, congé sabbatique, mais dis-donc, c'est terrible. Tu perds une ressource, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est la catastrophe.

  • Speaker #1

    Bah oui. Et chez eBay, en fait, tous les cinq ans, on a un mois de congé.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Qui nous est donné, comme ça, on en fait ce qu'on veut. C'est un mois.

  • Speaker #0

    Tu dois le prendre genre...

  • Speaker #1

    Tu dois le prendre. D'affilé.

  • Speaker #0

    Un mois d'affilé, ouais, c'était ça ma question.

  • Speaker #1

    On peut même rajouter des congés. Et en fait, ça a complètement changé mon avis sur le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que ça s'organise, ça s'anticipe, ça se discute avec le manager, etc. Mais du coup, ça donne des parenthèses de respiration à toutes les personnes qui en bénéficient. Et en fait, ça m'a un peu ouvert l'esprit sur les gens qui, parfois, partent pendant un mois, deux mois, six mois, faire autre chose et après qu'ils retrouvent un nouveau souffle professionnel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    De ma carrière ? Peut-être pas de ma carrière, mais j'aurais bien aimé avoir un impact chez eBay. Qu'on se dise, par exemple, des initiatives que j'aurais mis en place chez eBay en France ou ailleurs, notamment sur la consommation responsable et les sujets d'écologie que j'essaye de porter en ce moment dans notre feuille de route. J'aimerais bien qu'on ait eu un impact, en tout cas pour la planète.

  • Speaker #0

    Écoute Sarah, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? Je vais finir avec une toute dernière question. Qui est la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast C'est qui la bosse ?

  • Speaker #1

    Alors il y a quelqu'un que je suis sur LinkedIn, que j'aime beaucoup, que j'ai déjà rencontré, qui s'appelle Maud Sarda. Oui. Qui a fondé Labelle Emmaüs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui est une plateforme responsable qui permet de revendre des objets d'occasion qui ont été donnés chez Emmaüs. Et je la trouve... vraiment intéressante.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, c'est une bosse. C'est une bosse. C'est une bosse. Merci encore d'être venue sur le podcast, Sarah.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Description

Cette semaine dans C'est qui la Boss ?, j’ai rencontré Sarah Tayeb, la directrice générale d’eBay France. 

Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c’est qu’elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise à gravir les échelons un par un. Et plus incroyable : elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous ! 

Et sinon, on a aussi parlé du sexisme dans l’univers des jeux vidéos, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes et de ce qu’est un “succession plan”. J’ai adoré notre conversation et j’espère que vous aussi ! 

Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, j'ai rencontré Sarah Tailleux, la directrice générale d'eBay France. Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c'est qu'elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise, à gravir des échelons un par un. Et plus incroyable encore, elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous. Et sinon, on a aussi parlé de sexisme dans l'univers des jeux vidéo, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes, et de ce qu'est un succession plan. J'ai adoré notre conversation, et j'espère que vous aussi. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Sarah ! Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir sur le podcast C'est qui la boss ?

  • Speaker #1

    Merci, merci de me recevoir.

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées pour commencer, comment est-ce que tu te présenterais ?

  • Speaker #1

    Eh bien, tout simplement, je m'appelle Sarah Taieb. Je suis directrice générale d'eBay en France. eBay, c'est un site Internet qui permet à des millions d'acheteurs dans le monde de se rencontrer avec des millions de vendeurs. Des vendeurs qui peuvent être toi, qui peuvent être moi, qui peuvent être des particuliers, qui peuvent être des professionnels, qui peuvent être des toutes petites boîtes et qui peuvent être des grandes marques. Et donc ça, c'est ce qui m'occupe au quotidien. Et le soir, quand je m'ennuie, j'ai aussi trois enfants. À gérer, voilà.

  • Speaker #0

    Je doute que tu t'ennuies beaucoup, en vrai.

  • Speaker #1

    Très peu, mais j'aime bien être occupée.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    On est un petit peu loin. Je rêvais d'être comédienne de théâtre. Et ma maman m'a appelée Sarah, en référence à Sarah Bernard. Je n'aurais pas réalisé ce rêve pour elle, malheureusement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait comme étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé par un DUT, en IUT, pour me fâcher avec mes parents, qui voulaient absolument que je fasse une prépa.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et suite à ça, j'ai passé le concours du CELSA. J'avoue,

  • Speaker #0

    le CELSA, c'est une école de quoi,

  • Speaker #1

    du coup ? Alors, c'est une école de communication. Il y a une section journalisme, il y a une section communication et marketing. Et moi, j'étais dans la section marketing.

  • Speaker #0

    Du coup, ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Ça m'a bien plu. Et puis, bah... Le fait d'être en stage la moitié de l'année, ça m'a permis de trouver mon premier CDI avant même d'avoir cherché un travail.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi du coup ce premier CDI ?

  • Speaker #1

    J'avais passé plein d'entretiens et j'avais même commencé un stage dans la pub. Je suis partie en courant.

  • Speaker #0

    La pub, ce n'était pas fait pour toi du coup ?

  • Speaker #1

    Je me voyais devenir créa en pub. Je pense que j'avais une image un peu idéalisée. Et finalement, je suis partie faire chef de produit dans le jeu vidéo. une autre passion après le théâtre, qui était un domaine qui m'intéressait plutôt de façon très personnelle, ce qui n'est pas toujours un très bon choix.

  • Speaker #0

    Et justement, moi je trouve ça trop cool que tu aies commencé dans les jeux vidéo. Comment t'es tombée là-dedans ? Parce que c'est un milieu assez masculin en fait. Et toi, tu en as fait ton métier et du coup c'était ta passion avant ?

  • Speaker #1

    J'étais déjà un peu garçon manqué quand j'étais petite, donc j'aimais plutôt les jeux qu'on m'interdisait. Donc j'ai toujours eu un côté un peu rebelle, où en fait, si on me dit de ne pas jouer à Call of Duty, je vais aller regarder ce que c'est comme jeu. Et en fait, c'est bien sympa. Et l'édition de jeux vidéo, c'est un métier d'édition, donc c'est un métier qui est très créatif. C'est un métier en plus où j'étais chez un petit éditeur où on pouvait tout. où il y avait un aspect un peu tech, il y avait un aspect très marketing, il y avait un aspect aussi commercial, argumentaire. On approchait la grande distribution pour leur vendre, attention, je suis très âgée, des CD-ROM. Voilà,

  • Speaker #0

    moi, quand on me parle de CD-ROM, je pense à Adibou.

  • Speaker #1

    Et bien, après, j'ai travaillé chez l'éditeur qui a édité Adibou. Donc, ça a été mon deuxième job. J'ai été chez un plus gros éditeur. Et encore une fois... dans l'espoir qu'on me confierait des jeux un peu plus hardcore. Et on m'a demandé gentiment de m'occuper des recettes de cuisine et des projets lifestyle.

  • Speaker #0

    Non. Donc, tu étais chez un éditeur, ton premier job, chez un éditeur de jeux vidéo. Exactement. Et après, derrière, du coup, tu as bougé chez un autre éditeur de jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Là, on a voulu te confiner aux jeux vidéo de cuisine.

  • Speaker #1

    C'est à peu près ça. Mon premier éditeur, le jeu vidéo, c'est un métier vraiment passionnant, mais ce n'est pas très rémunérateur. J'ai été chez un éditeur plus gros, qui avait des projets plus internationaux, qui commençait à faire des jeux sur Nintendo DS, sur Wii, sur PC. Mais encore une fois, les filles de l'équipe chef de produit étaient vraiment... dédié au projet alors j'ai sorti un jeu de recettes de cuisine avec cyril lignac sur nintendo ds et un jeu de karaoké sur wii ah oui ok vraiment et c'est quand même très masculin du coup le jeu vidéo et donc tous tes boss c'était des hommes du coup j'imagine mes boss étaient des hommes et il y avait des conversations que je trouve amusante maintenant mais le milieu du travail a heureusement un peu évolué j'espère qu'il a bien évolué dans le jeu vidéo mais Je raconte certaines fois des petites phrases qui peuvent encore paraître complètement sexistes, mais néanmoins, à l'époque, c'était dans le quotidien.

  • Speaker #0

    T'as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote ? J'en aurais plein ! Mais on avait malheureusement l'habitude de savoir que pour aller faire valider des bons de commande, il fallait s'habiller d'une certaine façon pour aller dans le bureau du patron. Et on en a fait des blagues, du coup, pour un peu essayer de retourner la chose entre collègues. On disait, ah, maintenant, je ne peux pas y aller. Je me suis cassé un ongle et on a fini par faire ces blagues-là devant eux pour tourner en dérision cet aspect de la conversation. Je dirais que ce n'est pas la chose qui a marché. Ce n'est pas ce qui m'a mis le coup de pied dans les fesses pour partir de cette ambiance, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était quoi le coup de pied dans les fesses ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce jeu de karaoké sur Wii a cartonné, il s'est super bien vendu, j'étais hyper fière. Et donc, sur deux mois, j'ai construit mon dossier, j'ai demandé un entretien avec la personne qui était mon directeur à l'époque, pour lui demander une promotion. Donc j'avais bien bossé mon dossier et clairement je me suis fait fermer la porte au nez assez sèchement. J'ai commencé à regarder si l'herbe pouvait être plus verte ailleurs.

  • Speaker #0

    Et du coup, où est-ce que t'es allée après ?

  • Speaker #1

    Et la vie fait bien les choses. J'ai postulé et le jour même, un chasseur de têtes m'a appelé pour le même job. Donc, des fois, les étoiles s'alignent. Et c'était pour Darty, que vous connaissez peut-être, qui cherchait justement quelqu'un qui venait du jeu vidéo et qui avait une connaissance en fait de cette entreprise. de ce métier en fait, pour envisager de créer ce rayon dans les magasins et sur darty.com.

  • Speaker #0

    Et donc c'est ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis partie de chez cet éditeur pour aller chez Darty, où j'ai passé vraiment trois années passionnantes à découvrir le métier d'acheteuse, puisque du coup il fallait monter le rayon, rencontrer les fournisseurs, sélectionner les offres, les négocier. faire le merchandising, discuter aussi avec Darty.com. Donc là, j'ai appris plein de choses et j'ai trouvé que c'était un milieu passionnant.

  • Speaker #0

    Et après Darty, tu es allée chez eBay.

  • Speaker #1

    Et pareil, eBay m'a contactée quand j'étais chez Darty.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je m'estime vraiment très chanceuse parce que eBay cherchait justement quelqu'un qui comprenait et connaissait la distribution en France. Ok. Petite anecdote, moi j'étais acheteuse et vendeuse sur eBay. Et donc j'ai cru que c'était un scam. Et du coup évidemment j'étais super flattée. L'aspect entreprise internationale, 100% internet, 100% place de marché, c'était très excitant.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui t'a attirée ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ouais ouais.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a un truc qui m'a intriguée de manière incroyable chez toi, c'est que ça fait longtemps maintenant que tu bosses chez eBay. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça va faire 11 ans en décembre, ouais.

  • Speaker #0

    10 ans dans la même boîte, c'est rare aujourd'hui. Et ta carrière, elle a vachement évolué chez Ebay. Quand t'es rentrée chez Ebay, t'avais quel âge du coup ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'avais 31 ans.

  • Speaker #0

    Et t'en étais un peu comment dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors clairement, j'avais des petits indices du côté de mon mari qui trouvait que la distribution c'était bien, mais c'était très exigeant en termes d'horaire. Et j'avais une toute petite fille que je ne voyais pas beaucoup. Donc il y avait quand même un changement là qui pouvait aussi me permettre d'avoir une vie un peu plus équilibrée. En tout cas, il y a de la flexibilité chez eBay, ce qui me permet, oui, des fois d'avoir des calls avec les États-Unis très tard le soir. Mais peut-être qu'à l'après-midi, si j'ai eu besoin d'emmener ma fille chez le pédiatre, c'est possible.

  • Speaker #0

    OK. Donc ce premier job chez eBay, tu t'occupes de la page promotion.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Et après, tu changes de job.

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi ? Parce qu'en fait, je m'étais dit que ma durée record, c'était trois ans. Tous les trois ans, je changeais de boîte.

  • Speaker #0

    Après, quand on se connaît et qu'on sait que c'est tous les trois ans,

  • Speaker #1

    au bout de trois ans, il y a un cycle. C'est un peu ce qu'on voit d'ailleurs autour de nous. Au bout de trois ans, on a un peu fait le tour, on a envie de voir autre chose. Et la chance qu'on a chez eBay, c'est qu'on peut changer sans changer. On peut changer de rôle sans forcément changer d'entreprise. et c'est ce que j'ai fait. Donc, moins de trois ans, au bout de deux ans, j'ai eu ma deuxième fille. Donc, je suis partie en congé maternité et en revenant, puisque eBay se réinvente tout le temps, donc il y a beaucoup de réorganisation, il y a beaucoup de flexibilité dans notre organisation. J'ai eu une discussion ouverte avec ma manager qui n'a pas changé elle aussi, qui est toujours dans l'entreprise. sur mon développement, en fait, tout simplement. Et là, c'est elle qui a donné l'impulsion et qui m'a proposé un nouveau poste dans son équipe en France, donc de me consacrer aux vendeurs particuliers. Donc, c'est le business C2C chez eBay. Comment faire pour que plus de personnes vendent sur eBay en tant que particuliers ? Qu'est-ce qu'ils vendent ? Quels sont leurs freins ? Quelle campagne marketing ? Quel partenariat ? Etc. Je ne l'avais pas du tout envisagé. Je n'avais pas encore complètement compris comment ça marchait, comment on driveait sa carrière chez eBay. J'ai eu un coup de pouce de mon manager qui m'a expliqué comment ça marchait et qui m'a parlé de développement plan. Donc, tout le monde chez eBay doit écrire son développement plan. Et après, on ne le suit pas forcément. Mais en fait, on écrit et on se force à se poser des questions sur ce qu'on aime faire, sur ce qu'on aime moins, sur ce qu'on recherche et ce qu'on recherche moins.

  • Speaker #0

    C'est trop bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça aide. C'est pas un exercice facile et c'est des fois des conversations, je pense, difficiles que j'ai moi maintenant avec mon équipe. Parce qu'il faut quand même se connaître un peu et parfois partager avec la personne qui nous manage. Ça, j'aime pas trop en fait. Ça, c'est difficile.

  • Speaker #0

    Ça demande un exercice d'honnêteté envers son manager et de transparence qui est assez ouf.

  • Speaker #1

    Exactement, et donc de confiance. Parce que s'il n'y a pas de confiance, ça va être une conversation qui va être difficile à avoir. On peut penser que s'il y a des intérêts plus stratégiques en jeu, le manager va utiliser ce qu'on dit, etc. Mais du coup, c'est un exercice, je pense, qui force un petit peu, qui nous force à nous remettre en question.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, en tant que DG d'Ibev France, comment tu fais pour instaurer une confiance dans tout ? toutes tes équipes, pour qu'ils puissent tous avoir ces conversations ?

  • Speaker #1

    Alors, j'espère vraiment me montrer la plus authentique possible, parce que c'est comme ça que je suis. J'espère que la personne en face de moi va, par mimétisme, adopter cette transparence. Il y a une culture du feedback aussi. Alors, ça peut paraître très américain quand on le dit en France, mais... Il y a l'expression « feedback is a gift » . Alors attention, il y a une façon évidemment de partager ce qu'on pense et il y a surtout une façon de demander à l'autre ce qu'il pense. Et je pense que l'écoute, on le dit beaucoup, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Ok, trop intéressant. Est-ce que tu penses que ça change que eBay soit dirigé, enfin que eBay France et eBay Europe aujourd'hui soient dirigés par des femmes et aient été dirigés par des femmes depuis longtemps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça change beaucoup les choses. Pour moi, ce qui a changé les choses, c'est que mon manager direct soit une femme et soit une femme pendant les 11 ans.

  • Speaker #0

    C'était la première fois au bout de ta carrière ? Oui,

  • Speaker #1

    et ça a beaucoup changé les choses pour moi. Parce que je pense que dans la relation qu'on a construite, c'était une relation qui était très différente. C'est une personne que j'ai choisie, puisque quand j'ai passé mon entretien chez eBay, J'ai vraiment eu un coup de coudre professionnel. Je me suis dit, cette personne-là, j'ai envie de travailler avec elle. Elle est inspirante, elle est intéressante. On va faire des choses ensemble. Et donc, il y a une super complémentarité. Je sais que c'est des rencontres qui sont extrêmement rares. Mais encore aujourd'hui, avec les différents leaders que je rencontre chez eBay, on ne construit vraiment pas du tout la même relation entre femmes. Et du coup, ça m'a servi, ça m'a été utile parce que j'ai ensuite compris qu'il y avait une notion de sponsor, de support qu'on doit trouver dans ces très grandes entreprises pour gagner en visibilité, pour essayer encore une fois de progresser dans l'entreprise. Et c'est plus facile pour une femme de le faire par sororité.

  • Speaker #0

    Je voudrais revenir un peu sur la suite de ta carrière chez eBay. Est-ce que du coup, tu passes de la gestion de cette page promotion ? à l'engagement des vendeurs en C2C. Et après, t'as encore un autre poste. Et encore un autre, et encore un autre. Comment est-ce que tu as choisi tes postes chez eBay ?

  • Speaker #1

    J'ai appris avec le temps à être très tactique et très opportuniste.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que j'avais du mal moi-même à définir ce que j'avais envie de faire. J'ai vu des signes, là où il n'y en avait sûrement même pas. Mais par exemple, quand quelqu'un partait, où quand il y avait une réorganisation au sein de l'équipe française, je proposais des choses. Donc je me proposais, je mettais en avant ce que je pourrais apporter, et c'est ce qui m'a servi pour les deux postes précédents. Alors évidemment, ça nécessitait que j'aie construit une relation de confiance, encore une fois, avec mon manager, mais elle a suivi mes recommandations, qui m'ont servi de tremplin. Donc j'étais responsable des vendeurs C2C. Mon collègue B2C est parti, je lui ai dit, écoute, super, moi ce qui m'intéresse c'est justement d'être responsable de tous les vendeurs. Et je pense qu'il y a des optimisations d'un domaine à l'autre à faire.

  • Speaker #0

    Tu es vraiment allée avec un plan de solution.

  • Speaker #1

    Exactement, mais gagnant-gagnant. Bon, évidemment, c'est quelque chose qu'on entend beaucoup en négociation, mais je lui ai présenté les avantages que ça présentait pour son organisation. Et évidemment, elle savait qu'il y avait des avantages liés. pour moi, à ma progression, à mon propre développement.

  • Speaker #0

    Du coup, c'était quoi les deux jobs précédents avant ton poste actuel ?

  • Speaker #1

    Donc ensuite, j'ai pris la direction du coup à la fois des vendeurs particuliers et des vendeurs professionnels de la plateforme, donc responsables des vendeurs. Et ensuite, j'ai aussi proposé le poste suivant que j'ai occupé. Donc encore une fois, dans une discussion de réorganisation.

  • Speaker #0

    Tu crées ton job à chaque fois ?

  • Speaker #1

    Un peu, ouais.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais la créativité, j'aime ça. Et surtout, encore une fois, comme on est dans une organisation mouvante, ça correspond aussi à une meilleure façon d'atteindre nos objectifs et de faire grandir eBay en France. Et donc, on avait une nouvelle organisation par catégorie, par catégorie de produits, de catégorie management. Et du coup, j'ai été... gentiment offrir ma candidature en tant que directrice des catégories auprès de mon manager.

  • Speaker #0

    Et donc, tu l'as eue.

  • Speaker #1

    Et encore une fois, cette nouvelle structure, mon manager était OK pour me suivre dans cette structuration qui a fonctionné, qui a vraiment très bien fonctionné. Et j'en arrive au poste de directrice générale. Là, c'est la réorganisation de l'entreprise qui m'a aidée. Il y a un autre élément qui existe dans beaucoup d'entreprises qui s'appelle les succession plans. Donc on doit avoir chez eBay un plan de développement, puis on doit aussi avoir un plan de succession. C'est-à-dire ? Si demain je quitte l'entreprise, qui est derrière moi ? Qui est-ce que je prépare ? Qui est-ce que j'accompagne ? Qui est-ce que je sponsorise pour prendre mon job ?

  • Speaker #0

    C'est ouf ça aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce qui permet aussi cette évolution, c'est ce qui permet aussi à tout le monde de regarder vers l'avant. et pas pour dégommer la personne qui est devant, parce que c'est un peu l'image des fois qu'on a, je dirais en plus, encore une fois culturellement. Mais en fait, pas du tout. C'est plutôt, si je réussis mon job de manager, alors j'ai une super successeur ou un super successeur qui va être prêt quand moi je partirai, ou s'il m'arrive quelque chose, ou si je dois m'absenter pour prendre mon poste.

  • Speaker #0

    Pour une jeune femme qui rentre dans une grosse boîte, comme eBay, demain, qui rentre sur le marché du travail, Tu lui donnerais quoi comme conseil ? Le premier truc qu'elle devrait faire ?

  • Speaker #1

    Il faut être super ouvert d'esprit et super agile. Parce que si tu t'enfermes dans une boîte et que tu ne vois qu'un seul type d'évolution de poste ou de relation, tu vas forcément te mettre des limites. Donc tu t'ouvres, tu te crées un réseau, tu parles avec un maximum de personnes et garde l'esprit ouvert parce que peut-être que le prochain job c'est pas celui que tu pensais.

  • Speaker #0

    Et toi, tu devrais rester encore 10 ans, enfin 11 ans chez eBay.

  • Speaker #1

    Je pourrais, ouais, franchement, sans problème.

  • Speaker #0

    Maintenant, je voudrais te poser des questions qu'on reçoit de nos lectrices, Sarah, parce que chaque semaine, on reçoit des centaines de mails de nos lectrices qui nous posent des questions sur le boulot, la vie au travail, qu'elles soient entrepreneurs, freelance ou salariés. Donc je vais te lire un premier mail. Hello, c'est QLB. Petite question rapide. J'évolue dans une entreprise majoritairement dirigée par des hommes et parfois, j'ai du mal à trouver ma place et à me faire entendre. Tu aurais des conseils pour mieux affirmer ma voix dans ce contexte ? Merci beaucoup, Sophie. Qu'est-ce que tu répondrais à Sophie ?

  • Speaker #1

    Alors Sophie, oui, j'ai un peu d'expérience en la matière. Il faut que tu te trouves des alliés. Il faut que tu te trouves des alliés. Je ne peux pas croire que tu sois la seule femme, ou du moins la seule femme friendly. Oui,

  • Speaker #0

    c'est quand même un peu compliqué comme boîte en France aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, ou même des fois, il y a des alliés qui sont masculins. Et déjà, une fois que tu as identifié des personnes avec qui tu vas pouvoir avoir une relation de confiance, discuter de la façon dont ça se passe, tu vas pouvoir commencer à être toi-même. Et si t'es toi-même, reste toi-même, s'il te plaît. Et reste toi-même et essaye d'être confiante et de dire ce que tu penses. Je pense que c'est la meilleure façon de gérer ses relations. Faut pas essayer de mettre une veste et de faire semblant d'être plus masculine qu'on l'est ou de jouer des coudes. Je pense qu'en fait, il faut s'accepter soi-même pour être accepté des autres.

  • Speaker #0

    Tu t'en parles beaucoup du fait de rester authentique, de rester soi-même. C'est un truc qui a été difficile pour toi ?

  • Speaker #1

    Ça a été super chaud. C'est pour ça que j'insiste. En fait, parce qu'avec de la distance, j'ai des regrets. J'aurais dû peut-être plus ruer dans les brancards. J'aurais peut-être dû dire les choses, mettre les choses sur la table. Peut-être que j'aurais eu moins ce poids, en fait, de devoir porter une bannière. Peut-être que c'est ce qui porte aujourd'hui mes engagements, mais toujours est-il que c'est plus agréable de grandir par soi-même qu'en prenant des claques.

  • Speaker #0

    Autre que cet épisode où il fallait être habillée d'une certaine façon pour aller faire valider ses bons d'achat, est-ce que tu as d'autres situations où tu t'es dit, là c'est quand même plus compliqué parce que je suis une femme ?

  • Speaker #1

    Là encore une fois, il y en a beaucoup des exemples.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner un ?

  • Speaker #1

    J'ai eu un entretien avec mon premier boss aussi, où je suis allée le voir. Et encore une fois, j'avais préparé mon dossier, mon argumentation pour travailler sur un projet hardcore gaming, donc un jeu de guerre. Et là, j'ai vraiment eu face à face la réponse de non, tu n'auras pas ce projet parce que tu es une femme. Et je me suis écrasée. Et ça, c'est encore un regret que j'ai aujourd'hui. on a du mal à ne pas s'en vouloir soi-même, de ne pas avoir résisté.

  • Speaker #0

    Je suis très impressionnée aussi, et je pense que c'est un truc qui est sous-estimé dans le monde du travail, un truc qui revient régulièrement dans notre conversation, depuis qu'on a commencé cet enregistrement, c'est que tu étais très préparée. Tu as toujours su qu'il fallait préparer à mort, parce que moi j'ai l'impression que c'est un truc que tu apprends sur le tas, et que moi j'aimerais que toutes les femmes qui écoutent sachent. Comment est-ce que toi tu prépares du coup ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien les jeux vidéo, donc je prépare ma guerre. Je pense qu'on ne part pas sans armes. On ne peut pas partir sans armes. Déjà parce que les personnes que j'allais affronter me mettaient déjà un handicap de départ. Et ensuite parce qu'on est dans le milieu du travail, donc on a une argumentation qui est sensée, peut-être qu'il y a de l'affect derrière. C'est comme quand on va en interro, c'est très scolaire mais j'estime qu'il faut venir avec du concret. Donc le concret c'est des chiffres, des résultats, des expériences, des propositions. Je pense qu'on ne peut pas improviser. Ou alors il y a déjà une relation et il y a déjà une conversation qui est en cours. Mais pour une conversation difficile ou pour une négociation, on doit se préparer. On doit anticiper les questions. Et on doit surtout amener la conversation. Si on ne parle pas, si on ne pose pas de questions, il ne se passera rien.

  • Speaker #0

    Et je trouve que c'est un conseil très juste. Je suis très contente que tu l'aies dit. Maintenant, Sarah, je vais te poser des questions. Et je voudrais que tu me répondes avec la première chose qui te vient à l'esprit. Ok. Après, c'est quand même mon podcast. Et du coup, je n'hésiterai pas à creuser si les réponses m'intriguent.

  • Speaker #1

    Ça marche.

  • Speaker #0

    C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Ça n'a pas besoin d'être sur toute ta vie,

  • Speaker #0

    ça peut aussi juste être une en ce moment.

  • Speaker #1

    En ce moment, c'est une de mes meilleures amies qui m'inspire. C'est une battante, elle a un parcours de vie compliqué et elle a monté sa boîte. Et ça, c'est quelque chose vraiment que j'admire, d'ailleurs que j'aime bien dans ton podcast. C'est une entrepreneuse et... Elle a monté sa boîte, elle s'en sort vraiment bien. Et encore une fois, elle n'était pas aidée par la vie.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je fais du sport.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi comme sport ?

  • Speaker #1

    Ça me vide l'esprit. Je vais courir, je fais de la muscu, je fais de la danse. Ah oui,

  • Speaker #0

    tu fais de tout en fait.

  • Speaker #1

    Du yoga.

  • Speaker #0

    Tu fais beaucoup de sport dans la semaine ?

  • Speaker #1

    Ouais, je suis hyper active.

  • Speaker #0

    Ok. Et à l'inverse, tu fais quoi quand tu doutes ?

  • Speaker #1

    Quand je doute, je me réfugie auprès des gens que j'aime.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Sarah de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, détends-toi. Elle était stressée. Détends-toi. Non, mais détends-toi par rapport à toi-même, par rapport à tes attentes, par rapport à... À tout ce que tu vois autour de toi, il n'y a rien de grave. Prends ce qui arrive et puis franchement, tout va bien.

  • Speaker #0

    C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ?

  • Speaker #1

    C'est pas trop dur d'être une directrice quand on est une femme ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    Les claques que j'ai évoquées ? Un procès avec mon premier employeur. Waouh ! À 25 ans, c'est bien. Pour non-respect de la clause de non-concurrence, qui est évidemment non-valide, mais ça forge.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    J'ai des sponsors.

  • Speaker #0

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors mentor, je n'aime pas trop cette image de Pygmalion, que je trouve un peu sexiste. Mais par contre, j'ai des sponsors. C'est-à-dire que j'ai plusieurs personnes dans l'entreprise et en dehors, avec qui je parle régulièrement, avec qui on échange des conseils. Et j'inclus même mon manager là-dedans qui parle de moi quand je suis pas là et qui parle de moi en bien. Et ça c'est important aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton unpopular opinion à propos du monde du travail ? Un truc que tout le monde pense mais toi t'es pas d'accord.

  • Speaker #1

    Il y a un truc chez eBay qui est vachement bien et qui est hyper décrié, c'est le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc évidemment, quand j'en parle avec mes pères, etc. Ah bon, congé sabbatique, mais dis-donc, c'est terrible. Tu perds une ressource, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est la catastrophe.

  • Speaker #1

    Bah oui. Et chez eBay, en fait, tous les cinq ans, on a un mois de congé.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Qui nous est donné, comme ça, on en fait ce qu'on veut. C'est un mois.

  • Speaker #0

    Tu dois le prendre genre...

  • Speaker #1

    Tu dois le prendre. D'affilé.

  • Speaker #0

    Un mois d'affilé, ouais, c'était ça ma question.

  • Speaker #1

    On peut même rajouter des congés. Et en fait, ça a complètement changé mon avis sur le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que ça s'organise, ça s'anticipe, ça se discute avec le manager, etc. Mais du coup, ça donne des parenthèses de respiration à toutes les personnes qui en bénéficient. Et en fait, ça m'a un peu ouvert l'esprit sur les gens qui, parfois, partent pendant un mois, deux mois, six mois, faire autre chose et après qu'ils retrouvent un nouveau souffle professionnel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    De ma carrière ? Peut-être pas de ma carrière, mais j'aurais bien aimé avoir un impact chez eBay. Qu'on se dise, par exemple, des initiatives que j'aurais mis en place chez eBay en France ou ailleurs, notamment sur la consommation responsable et les sujets d'écologie que j'essaye de porter en ce moment dans notre feuille de route. J'aimerais bien qu'on ait eu un impact, en tout cas pour la planète.

  • Speaker #0

    Écoute Sarah, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? Je vais finir avec une toute dernière question. Qui est la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast C'est qui la bosse ?

  • Speaker #1

    Alors il y a quelqu'un que je suis sur LinkedIn, que j'aime beaucoup, que j'ai déjà rencontré, qui s'appelle Maud Sarda. Oui. Qui a fondé Labelle Emmaüs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui est une plateforme responsable qui permet de revendre des objets d'occasion qui ont été donnés chez Emmaüs. Et je la trouve... vraiment intéressante.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, c'est une bosse. C'est une bosse. C'est une bosse. Merci encore d'être venue sur le podcast, Sarah.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Share

Embed

You may also like

Description

Cette semaine dans C'est qui la Boss ?, j’ai rencontré Sarah Tayeb, la directrice générale d’eBay France. 

Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c’est qu’elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise à gravir les échelons un par un. Et plus incroyable : elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous ! 

Et sinon, on a aussi parlé du sexisme dans l’univers des jeux vidéos, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes et de ce qu’est un “succession plan”. J’ai adoré notre conversation et j’espère que vous aussi ! 

Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, j'ai rencontré Sarah Tailleux, la directrice générale d'eBay France. Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c'est qu'elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise, à gravir des échelons un par un. Et plus incroyable encore, elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous. Et sinon, on a aussi parlé de sexisme dans l'univers des jeux vidéo, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes, et de ce qu'est un succession plan. J'ai adoré notre conversation, et j'espère que vous aussi. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Sarah ! Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir sur le podcast C'est qui la boss ?

  • Speaker #1

    Merci, merci de me recevoir.

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées pour commencer, comment est-ce que tu te présenterais ?

  • Speaker #1

    Eh bien, tout simplement, je m'appelle Sarah Taieb. Je suis directrice générale d'eBay en France. eBay, c'est un site Internet qui permet à des millions d'acheteurs dans le monde de se rencontrer avec des millions de vendeurs. Des vendeurs qui peuvent être toi, qui peuvent être moi, qui peuvent être des particuliers, qui peuvent être des professionnels, qui peuvent être des toutes petites boîtes et qui peuvent être des grandes marques. Et donc ça, c'est ce qui m'occupe au quotidien. Et le soir, quand je m'ennuie, j'ai aussi trois enfants. À gérer, voilà.

  • Speaker #0

    Je doute que tu t'ennuies beaucoup, en vrai.

  • Speaker #1

    Très peu, mais j'aime bien être occupée.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    On est un petit peu loin. Je rêvais d'être comédienne de théâtre. Et ma maman m'a appelée Sarah, en référence à Sarah Bernard. Je n'aurais pas réalisé ce rêve pour elle, malheureusement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait comme étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé par un DUT, en IUT, pour me fâcher avec mes parents, qui voulaient absolument que je fasse une prépa.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et suite à ça, j'ai passé le concours du CELSA. J'avoue,

  • Speaker #0

    le CELSA, c'est une école de quoi,

  • Speaker #1

    du coup ? Alors, c'est une école de communication. Il y a une section journalisme, il y a une section communication et marketing. Et moi, j'étais dans la section marketing.

  • Speaker #0

    Du coup, ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Ça m'a bien plu. Et puis, bah... Le fait d'être en stage la moitié de l'année, ça m'a permis de trouver mon premier CDI avant même d'avoir cherché un travail.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi du coup ce premier CDI ?

  • Speaker #1

    J'avais passé plein d'entretiens et j'avais même commencé un stage dans la pub. Je suis partie en courant.

  • Speaker #0

    La pub, ce n'était pas fait pour toi du coup ?

  • Speaker #1

    Je me voyais devenir créa en pub. Je pense que j'avais une image un peu idéalisée. Et finalement, je suis partie faire chef de produit dans le jeu vidéo. une autre passion après le théâtre, qui était un domaine qui m'intéressait plutôt de façon très personnelle, ce qui n'est pas toujours un très bon choix.

  • Speaker #0

    Et justement, moi je trouve ça trop cool que tu aies commencé dans les jeux vidéo. Comment t'es tombée là-dedans ? Parce que c'est un milieu assez masculin en fait. Et toi, tu en as fait ton métier et du coup c'était ta passion avant ?

  • Speaker #1

    J'étais déjà un peu garçon manqué quand j'étais petite, donc j'aimais plutôt les jeux qu'on m'interdisait. Donc j'ai toujours eu un côté un peu rebelle, où en fait, si on me dit de ne pas jouer à Call of Duty, je vais aller regarder ce que c'est comme jeu. Et en fait, c'est bien sympa. Et l'édition de jeux vidéo, c'est un métier d'édition, donc c'est un métier qui est très créatif. C'est un métier en plus où j'étais chez un petit éditeur où on pouvait tout. où il y avait un aspect un peu tech, il y avait un aspect très marketing, il y avait un aspect aussi commercial, argumentaire. On approchait la grande distribution pour leur vendre, attention, je suis très âgée, des CD-ROM. Voilà,

  • Speaker #0

    moi, quand on me parle de CD-ROM, je pense à Adibou.

  • Speaker #1

    Et bien, après, j'ai travaillé chez l'éditeur qui a édité Adibou. Donc, ça a été mon deuxième job. J'ai été chez un plus gros éditeur. Et encore une fois... dans l'espoir qu'on me confierait des jeux un peu plus hardcore. Et on m'a demandé gentiment de m'occuper des recettes de cuisine et des projets lifestyle.

  • Speaker #0

    Non. Donc, tu étais chez un éditeur, ton premier job, chez un éditeur de jeux vidéo. Exactement. Et après, derrière, du coup, tu as bougé chez un autre éditeur de jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Là, on a voulu te confiner aux jeux vidéo de cuisine.

  • Speaker #1

    C'est à peu près ça. Mon premier éditeur, le jeu vidéo, c'est un métier vraiment passionnant, mais ce n'est pas très rémunérateur. J'ai été chez un éditeur plus gros, qui avait des projets plus internationaux, qui commençait à faire des jeux sur Nintendo DS, sur Wii, sur PC. Mais encore une fois, les filles de l'équipe chef de produit étaient vraiment... dédié au projet alors j'ai sorti un jeu de recettes de cuisine avec cyril lignac sur nintendo ds et un jeu de karaoké sur wii ah oui ok vraiment et c'est quand même très masculin du coup le jeu vidéo et donc tous tes boss c'était des hommes du coup j'imagine mes boss étaient des hommes et il y avait des conversations que je trouve amusante maintenant mais le milieu du travail a heureusement un peu évolué j'espère qu'il a bien évolué dans le jeu vidéo mais Je raconte certaines fois des petites phrases qui peuvent encore paraître complètement sexistes, mais néanmoins, à l'époque, c'était dans le quotidien.

  • Speaker #0

    T'as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote ? J'en aurais plein ! Mais on avait malheureusement l'habitude de savoir que pour aller faire valider des bons de commande, il fallait s'habiller d'une certaine façon pour aller dans le bureau du patron. Et on en a fait des blagues, du coup, pour un peu essayer de retourner la chose entre collègues. On disait, ah, maintenant, je ne peux pas y aller. Je me suis cassé un ongle et on a fini par faire ces blagues-là devant eux pour tourner en dérision cet aspect de la conversation. Je dirais que ce n'est pas la chose qui a marché. Ce n'est pas ce qui m'a mis le coup de pied dans les fesses pour partir de cette ambiance, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était quoi le coup de pied dans les fesses ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce jeu de karaoké sur Wii a cartonné, il s'est super bien vendu, j'étais hyper fière. Et donc, sur deux mois, j'ai construit mon dossier, j'ai demandé un entretien avec la personne qui était mon directeur à l'époque, pour lui demander une promotion. Donc j'avais bien bossé mon dossier et clairement je me suis fait fermer la porte au nez assez sèchement. J'ai commencé à regarder si l'herbe pouvait être plus verte ailleurs.

  • Speaker #0

    Et du coup, où est-ce que t'es allée après ?

  • Speaker #1

    Et la vie fait bien les choses. J'ai postulé et le jour même, un chasseur de têtes m'a appelé pour le même job. Donc, des fois, les étoiles s'alignent. Et c'était pour Darty, que vous connaissez peut-être, qui cherchait justement quelqu'un qui venait du jeu vidéo et qui avait une connaissance en fait de cette entreprise. de ce métier en fait, pour envisager de créer ce rayon dans les magasins et sur darty.com.

  • Speaker #0

    Et donc c'est ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis partie de chez cet éditeur pour aller chez Darty, où j'ai passé vraiment trois années passionnantes à découvrir le métier d'acheteuse, puisque du coup il fallait monter le rayon, rencontrer les fournisseurs, sélectionner les offres, les négocier. faire le merchandising, discuter aussi avec Darty.com. Donc là, j'ai appris plein de choses et j'ai trouvé que c'était un milieu passionnant.

  • Speaker #0

    Et après Darty, tu es allée chez eBay.

  • Speaker #1

    Et pareil, eBay m'a contactée quand j'étais chez Darty.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je m'estime vraiment très chanceuse parce que eBay cherchait justement quelqu'un qui comprenait et connaissait la distribution en France. Ok. Petite anecdote, moi j'étais acheteuse et vendeuse sur eBay. Et donc j'ai cru que c'était un scam. Et du coup évidemment j'étais super flattée. L'aspect entreprise internationale, 100% internet, 100% place de marché, c'était très excitant.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui t'a attirée ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ouais ouais.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a un truc qui m'a intriguée de manière incroyable chez toi, c'est que ça fait longtemps maintenant que tu bosses chez eBay. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça va faire 11 ans en décembre, ouais.

  • Speaker #0

    10 ans dans la même boîte, c'est rare aujourd'hui. Et ta carrière, elle a vachement évolué chez Ebay. Quand t'es rentrée chez Ebay, t'avais quel âge du coup ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'avais 31 ans.

  • Speaker #0

    Et t'en étais un peu comment dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors clairement, j'avais des petits indices du côté de mon mari qui trouvait que la distribution c'était bien, mais c'était très exigeant en termes d'horaire. Et j'avais une toute petite fille que je ne voyais pas beaucoup. Donc il y avait quand même un changement là qui pouvait aussi me permettre d'avoir une vie un peu plus équilibrée. En tout cas, il y a de la flexibilité chez eBay, ce qui me permet, oui, des fois d'avoir des calls avec les États-Unis très tard le soir. Mais peut-être qu'à l'après-midi, si j'ai eu besoin d'emmener ma fille chez le pédiatre, c'est possible.

  • Speaker #0

    OK. Donc ce premier job chez eBay, tu t'occupes de la page promotion.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Et après, tu changes de job.

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi ? Parce qu'en fait, je m'étais dit que ma durée record, c'était trois ans. Tous les trois ans, je changeais de boîte.

  • Speaker #0

    Après, quand on se connaît et qu'on sait que c'est tous les trois ans,

  • Speaker #1

    au bout de trois ans, il y a un cycle. C'est un peu ce qu'on voit d'ailleurs autour de nous. Au bout de trois ans, on a un peu fait le tour, on a envie de voir autre chose. Et la chance qu'on a chez eBay, c'est qu'on peut changer sans changer. On peut changer de rôle sans forcément changer d'entreprise. et c'est ce que j'ai fait. Donc, moins de trois ans, au bout de deux ans, j'ai eu ma deuxième fille. Donc, je suis partie en congé maternité et en revenant, puisque eBay se réinvente tout le temps, donc il y a beaucoup de réorganisation, il y a beaucoup de flexibilité dans notre organisation. J'ai eu une discussion ouverte avec ma manager qui n'a pas changé elle aussi, qui est toujours dans l'entreprise. sur mon développement, en fait, tout simplement. Et là, c'est elle qui a donné l'impulsion et qui m'a proposé un nouveau poste dans son équipe en France, donc de me consacrer aux vendeurs particuliers. Donc, c'est le business C2C chez eBay. Comment faire pour que plus de personnes vendent sur eBay en tant que particuliers ? Qu'est-ce qu'ils vendent ? Quels sont leurs freins ? Quelle campagne marketing ? Quel partenariat ? Etc. Je ne l'avais pas du tout envisagé. Je n'avais pas encore complètement compris comment ça marchait, comment on driveait sa carrière chez eBay. J'ai eu un coup de pouce de mon manager qui m'a expliqué comment ça marchait et qui m'a parlé de développement plan. Donc, tout le monde chez eBay doit écrire son développement plan. Et après, on ne le suit pas forcément. Mais en fait, on écrit et on se force à se poser des questions sur ce qu'on aime faire, sur ce qu'on aime moins, sur ce qu'on recherche et ce qu'on recherche moins.

  • Speaker #0

    C'est trop bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça aide. C'est pas un exercice facile et c'est des fois des conversations, je pense, difficiles que j'ai moi maintenant avec mon équipe. Parce qu'il faut quand même se connaître un peu et parfois partager avec la personne qui nous manage. Ça, j'aime pas trop en fait. Ça, c'est difficile.

  • Speaker #0

    Ça demande un exercice d'honnêteté envers son manager et de transparence qui est assez ouf.

  • Speaker #1

    Exactement, et donc de confiance. Parce que s'il n'y a pas de confiance, ça va être une conversation qui va être difficile à avoir. On peut penser que s'il y a des intérêts plus stratégiques en jeu, le manager va utiliser ce qu'on dit, etc. Mais du coup, c'est un exercice, je pense, qui force un petit peu, qui nous force à nous remettre en question.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, en tant que DG d'Ibev France, comment tu fais pour instaurer une confiance dans tout ? toutes tes équipes, pour qu'ils puissent tous avoir ces conversations ?

  • Speaker #1

    Alors, j'espère vraiment me montrer la plus authentique possible, parce que c'est comme ça que je suis. J'espère que la personne en face de moi va, par mimétisme, adopter cette transparence. Il y a une culture du feedback aussi. Alors, ça peut paraître très américain quand on le dit en France, mais... Il y a l'expression « feedback is a gift » . Alors attention, il y a une façon évidemment de partager ce qu'on pense et il y a surtout une façon de demander à l'autre ce qu'il pense. Et je pense que l'écoute, on le dit beaucoup, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Ok, trop intéressant. Est-ce que tu penses que ça change que eBay soit dirigé, enfin que eBay France et eBay Europe aujourd'hui soient dirigés par des femmes et aient été dirigés par des femmes depuis longtemps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça change beaucoup les choses. Pour moi, ce qui a changé les choses, c'est que mon manager direct soit une femme et soit une femme pendant les 11 ans.

  • Speaker #0

    C'était la première fois au bout de ta carrière ? Oui,

  • Speaker #1

    et ça a beaucoup changé les choses pour moi. Parce que je pense que dans la relation qu'on a construite, c'était une relation qui était très différente. C'est une personne que j'ai choisie, puisque quand j'ai passé mon entretien chez eBay, J'ai vraiment eu un coup de coudre professionnel. Je me suis dit, cette personne-là, j'ai envie de travailler avec elle. Elle est inspirante, elle est intéressante. On va faire des choses ensemble. Et donc, il y a une super complémentarité. Je sais que c'est des rencontres qui sont extrêmement rares. Mais encore aujourd'hui, avec les différents leaders que je rencontre chez eBay, on ne construit vraiment pas du tout la même relation entre femmes. Et du coup, ça m'a servi, ça m'a été utile parce que j'ai ensuite compris qu'il y avait une notion de sponsor, de support qu'on doit trouver dans ces très grandes entreprises pour gagner en visibilité, pour essayer encore une fois de progresser dans l'entreprise. Et c'est plus facile pour une femme de le faire par sororité.

  • Speaker #0

    Je voudrais revenir un peu sur la suite de ta carrière chez eBay. Est-ce que du coup, tu passes de la gestion de cette page promotion ? à l'engagement des vendeurs en C2C. Et après, t'as encore un autre poste. Et encore un autre, et encore un autre. Comment est-ce que tu as choisi tes postes chez eBay ?

  • Speaker #1

    J'ai appris avec le temps à être très tactique et très opportuniste.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que j'avais du mal moi-même à définir ce que j'avais envie de faire. J'ai vu des signes, là où il n'y en avait sûrement même pas. Mais par exemple, quand quelqu'un partait, où quand il y avait une réorganisation au sein de l'équipe française, je proposais des choses. Donc je me proposais, je mettais en avant ce que je pourrais apporter, et c'est ce qui m'a servi pour les deux postes précédents. Alors évidemment, ça nécessitait que j'aie construit une relation de confiance, encore une fois, avec mon manager, mais elle a suivi mes recommandations, qui m'ont servi de tremplin. Donc j'étais responsable des vendeurs C2C. Mon collègue B2C est parti, je lui ai dit, écoute, super, moi ce qui m'intéresse c'est justement d'être responsable de tous les vendeurs. Et je pense qu'il y a des optimisations d'un domaine à l'autre à faire.

  • Speaker #0

    Tu es vraiment allée avec un plan de solution.

  • Speaker #1

    Exactement, mais gagnant-gagnant. Bon, évidemment, c'est quelque chose qu'on entend beaucoup en négociation, mais je lui ai présenté les avantages que ça présentait pour son organisation. Et évidemment, elle savait qu'il y avait des avantages liés. pour moi, à ma progression, à mon propre développement.

  • Speaker #0

    Du coup, c'était quoi les deux jobs précédents avant ton poste actuel ?

  • Speaker #1

    Donc ensuite, j'ai pris la direction du coup à la fois des vendeurs particuliers et des vendeurs professionnels de la plateforme, donc responsables des vendeurs. Et ensuite, j'ai aussi proposé le poste suivant que j'ai occupé. Donc encore une fois, dans une discussion de réorganisation.

  • Speaker #0

    Tu crées ton job à chaque fois ?

  • Speaker #1

    Un peu, ouais.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais la créativité, j'aime ça. Et surtout, encore une fois, comme on est dans une organisation mouvante, ça correspond aussi à une meilleure façon d'atteindre nos objectifs et de faire grandir eBay en France. Et donc, on avait une nouvelle organisation par catégorie, par catégorie de produits, de catégorie management. Et du coup, j'ai été... gentiment offrir ma candidature en tant que directrice des catégories auprès de mon manager.

  • Speaker #0

    Et donc, tu l'as eue.

  • Speaker #1

    Et encore une fois, cette nouvelle structure, mon manager était OK pour me suivre dans cette structuration qui a fonctionné, qui a vraiment très bien fonctionné. Et j'en arrive au poste de directrice générale. Là, c'est la réorganisation de l'entreprise qui m'a aidée. Il y a un autre élément qui existe dans beaucoup d'entreprises qui s'appelle les succession plans. Donc on doit avoir chez eBay un plan de développement, puis on doit aussi avoir un plan de succession. C'est-à-dire ? Si demain je quitte l'entreprise, qui est derrière moi ? Qui est-ce que je prépare ? Qui est-ce que j'accompagne ? Qui est-ce que je sponsorise pour prendre mon job ?

  • Speaker #0

    C'est ouf ça aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce qui permet aussi cette évolution, c'est ce qui permet aussi à tout le monde de regarder vers l'avant. et pas pour dégommer la personne qui est devant, parce que c'est un peu l'image des fois qu'on a, je dirais en plus, encore une fois culturellement. Mais en fait, pas du tout. C'est plutôt, si je réussis mon job de manager, alors j'ai une super successeur ou un super successeur qui va être prêt quand moi je partirai, ou s'il m'arrive quelque chose, ou si je dois m'absenter pour prendre mon poste.

  • Speaker #0

    Pour une jeune femme qui rentre dans une grosse boîte, comme eBay, demain, qui rentre sur le marché du travail, Tu lui donnerais quoi comme conseil ? Le premier truc qu'elle devrait faire ?

  • Speaker #1

    Il faut être super ouvert d'esprit et super agile. Parce que si tu t'enfermes dans une boîte et que tu ne vois qu'un seul type d'évolution de poste ou de relation, tu vas forcément te mettre des limites. Donc tu t'ouvres, tu te crées un réseau, tu parles avec un maximum de personnes et garde l'esprit ouvert parce que peut-être que le prochain job c'est pas celui que tu pensais.

  • Speaker #0

    Et toi, tu devrais rester encore 10 ans, enfin 11 ans chez eBay.

  • Speaker #1

    Je pourrais, ouais, franchement, sans problème.

  • Speaker #0

    Maintenant, je voudrais te poser des questions qu'on reçoit de nos lectrices, Sarah, parce que chaque semaine, on reçoit des centaines de mails de nos lectrices qui nous posent des questions sur le boulot, la vie au travail, qu'elles soient entrepreneurs, freelance ou salariés. Donc je vais te lire un premier mail. Hello, c'est QLB. Petite question rapide. J'évolue dans une entreprise majoritairement dirigée par des hommes et parfois, j'ai du mal à trouver ma place et à me faire entendre. Tu aurais des conseils pour mieux affirmer ma voix dans ce contexte ? Merci beaucoup, Sophie. Qu'est-ce que tu répondrais à Sophie ?

  • Speaker #1

    Alors Sophie, oui, j'ai un peu d'expérience en la matière. Il faut que tu te trouves des alliés. Il faut que tu te trouves des alliés. Je ne peux pas croire que tu sois la seule femme, ou du moins la seule femme friendly. Oui,

  • Speaker #0

    c'est quand même un peu compliqué comme boîte en France aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, ou même des fois, il y a des alliés qui sont masculins. Et déjà, une fois que tu as identifié des personnes avec qui tu vas pouvoir avoir une relation de confiance, discuter de la façon dont ça se passe, tu vas pouvoir commencer à être toi-même. Et si t'es toi-même, reste toi-même, s'il te plaît. Et reste toi-même et essaye d'être confiante et de dire ce que tu penses. Je pense que c'est la meilleure façon de gérer ses relations. Faut pas essayer de mettre une veste et de faire semblant d'être plus masculine qu'on l'est ou de jouer des coudes. Je pense qu'en fait, il faut s'accepter soi-même pour être accepté des autres.

  • Speaker #0

    Tu t'en parles beaucoup du fait de rester authentique, de rester soi-même. C'est un truc qui a été difficile pour toi ?

  • Speaker #1

    Ça a été super chaud. C'est pour ça que j'insiste. En fait, parce qu'avec de la distance, j'ai des regrets. J'aurais dû peut-être plus ruer dans les brancards. J'aurais peut-être dû dire les choses, mettre les choses sur la table. Peut-être que j'aurais eu moins ce poids, en fait, de devoir porter une bannière. Peut-être que c'est ce qui porte aujourd'hui mes engagements, mais toujours est-il que c'est plus agréable de grandir par soi-même qu'en prenant des claques.

  • Speaker #0

    Autre que cet épisode où il fallait être habillée d'une certaine façon pour aller faire valider ses bons d'achat, est-ce que tu as d'autres situations où tu t'es dit, là c'est quand même plus compliqué parce que je suis une femme ?

  • Speaker #1

    Là encore une fois, il y en a beaucoup des exemples.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner un ?

  • Speaker #1

    J'ai eu un entretien avec mon premier boss aussi, où je suis allée le voir. Et encore une fois, j'avais préparé mon dossier, mon argumentation pour travailler sur un projet hardcore gaming, donc un jeu de guerre. Et là, j'ai vraiment eu face à face la réponse de non, tu n'auras pas ce projet parce que tu es une femme. Et je me suis écrasée. Et ça, c'est encore un regret que j'ai aujourd'hui. on a du mal à ne pas s'en vouloir soi-même, de ne pas avoir résisté.

  • Speaker #0

    Je suis très impressionnée aussi, et je pense que c'est un truc qui est sous-estimé dans le monde du travail, un truc qui revient régulièrement dans notre conversation, depuis qu'on a commencé cet enregistrement, c'est que tu étais très préparée. Tu as toujours su qu'il fallait préparer à mort, parce que moi j'ai l'impression que c'est un truc que tu apprends sur le tas, et que moi j'aimerais que toutes les femmes qui écoutent sachent. Comment est-ce que toi tu prépares du coup ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien les jeux vidéo, donc je prépare ma guerre. Je pense qu'on ne part pas sans armes. On ne peut pas partir sans armes. Déjà parce que les personnes que j'allais affronter me mettaient déjà un handicap de départ. Et ensuite parce qu'on est dans le milieu du travail, donc on a une argumentation qui est sensée, peut-être qu'il y a de l'affect derrière. C'est comme quand on va en interro, c'est très scolaire mais j'estime qu'il faut venir avec du concret. Donc le concret c'est des chiffres, des résultats, des expériences, des propositions. Je pense qu'on ne peut pas improviser. Ou alors il y a déjà une relation et il y a déjà une conversation qui est en cours. Mais pour une conversation difficile ou pour une négociation, on doit se préparer. On doit anticiper les questions. Et on doit surtout amener la conversation. Si on ne parle pas, si on ne pose pas de questions, il ne se passera rien.

  • Speaker #0

    Et je trouve que c'est un conseil très juste. Je suis très contente que tu l'aies dit. Maintenant, Sarah, je vais te poser des questions. Et je voudrais que tu me répondes avec la première chose qui te vient à l'esprit. Ok. Après, c'est quand même mon podcast. Et du coup, je n'hésiterai pas à creuser si les réponses m'intriguent.

  • Speaker #1

    Ça marche.

  • Speaker #0

    C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Ça n'a pas besoin d'être sur toute ta vie,

  • Speaker #0

    ça peut aussi juste être une en ce moment.

  • Speaker #1

    En ce moment, c'est une de mes meilleures amies qui m'inspire. C'est une battante, elle a un parcours de vie compliqué et elle a monté sa boîte. Et ça, c'est quelque chose vraiment que j'admire, d'ailleurs que j'aime bien dans ton podcast. C'est une entrepreneuse et... Elle a monté sa boîte, elle s'en sort vraiment bien. Et encore une fois, elle n'était pas aidée par la vie.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je fais du sport.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi comme sport ?

  • Speaker #1

    Ça me vide l'esprit. Je vais courir, je fais de la muscu, je fais de la danse. Ah oui,

  • Speaker #0

    tu fais de tout en fait.

  • Speaker #1

    Du yoga.

  • Speaker #0

    Tu fais beaucoup de sport dans la semaine ?

  • Speaker #1

    Ouais, je suis hyper active.

  • Speaker #0

    Ok. Et à l'inverse, tu fais quoi quand tu doutes ?

  • Speaker #1

    Quand je doute, je me réfugie auprès des gens que j'aime.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Sarah de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, détends-toi. Elle était stressée. Détends-toi. Non, mais détends-toi par rapport à toi-même, par rapport à tes attentes, par rapport à... À tout ce que tu vois autour de toi, il n'y a rien de grave. Prends ce qui arrive et puis franchement, tout va bien.

  • Speaker #0

    C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ?

  • Speaker #1

    C'est pas trop dur d'être une directrice quand on est une femme ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    Les claques que j'ai évoquées ? Un procès avec mon premier employeur. Waouh ! À 25 ans, c'est bien. Pour non-respect de la clause de non-concurrence, qui est évidemment non-valide, mais ça forge.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    J'ai des sponsors.

  • Speaker #0

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors mentor, je n'aime pas trop cette image de Pygmalion, que je trouve un peu sexiste. Mais par contre, j'ai des sponsors. C'est-à-dire que j'ai plusieurs personnes dans l'entreprise et en dehors, avec qui je parle régulièrement, avec qui on échange des conseils. Et j'inclus même mon manager là-dedans qui parle de moi quand je suis pas là et qui parle de moi en bien. Et ça c'est important aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton unpopular opinion à propos du monde du travail ? Un truc que tout le monde pense mais toi t'es pas d'accord.

  • Speaker #1

    Il y a un truc chez eBay qui est vachement bien et qui est hyper décrié, c'est le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc évidemment, quand j'en parle avec mes pères, etc. Ah bon, congé sabbatique, mais dis-donc, c'est terrible. Tu perds une ressource, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est la catastrophe.

  • Speaker #1

    Bah oui. Et chez eBay, en fait, tous les cinq ans, on a un mois de congé.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Qui nous est donné, comme ça, on en fait ce qu'on veut. C'est un mois.

  • Speaker #0

    Tu dois le prendre genre...

  • Speaker #1

    Tu dois le prendre. D'affilé.

  • Speaker #0

    Un mois d'affilé, ouais, c'était ça ma question.

  • Speaker #1

    On peut même rajouter des congés. Et en fait, ça a complètement changé mon avis sur le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que ça s'organise, ça s'anticipe, ça se discute avec le manager, etc. Mais du coup, ça donne des parenthèses de respiration à toutes les personnes qui en bénéficient. Et en fait, ça m'a un peu ouvert l'esprit sur les gens qui, parfois, partent pendant un mois, deux mois, six mois, faire autre chose et après qu'ils retrouvent un nouveau souffle professionnel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    De ma carrière ? Peut-être pas de ma carrière, mais j'aurais bien aimé avoir un impact chez eBay. Qu'on se dise, par exemple, des initiatives que j'aurais mis en place chez eBay en France ou ailleurs, notamment sur la consommation responsable et les sujets d'écologie que j'essaye de porter en ce moment dans notre feuille de route. J'aimerais bien qu'on ait eu un impact, en tout cas pour la planète.

  • Speaker #0

    Écoute Sarah, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? Je vais finir avec une toute dernière question. Qui est la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast C'est qui la bosse ?

  • Speaker #1

    Alors il y a quelqu'un que je suis sur LinkedIn, que j'aime beaucoup, que j'ai déjà rencontré, qui s'appelle Maud Sarda. Oui. Qui a fondé Labelle Emmaüs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui est une plateforme responsable qui permet de revendre des objets d'occasion qui ont été donnés chez Emmaüs. Et je la trouve... vraiment intéressante.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, c'est une bosse. C'est une bosse. C'est une bosse. Merci encore d'être venue sur le podcast, Sarah.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Description

Cette semaine dans C'est qui la Boss ?, j’ai rencontré Sarah Tayeb, la directrice générale d’eBay France. 

Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c’est qu’elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise à gravir les échelons un par un. Et plus incroyable : elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous ! 

Et sinon, on a aussi parlé du sexisme dans l’univers des jeux vidéos, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes et de ce qu’est un “succession plan”. J’ai adoré notre conversation et j’espère que vous aussi ! 

Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes, on se retrouve pour un nouvel épisode de C'est qui la bosse, le podcast qui met en lumière les femmes inspirantes. Dans cet épisode, j'ai rencontré Sarah Tailleux, la directrice générale d'eBay France. Ce qui est incroyable avec le parcours de Sarah, c'est qu'elle a passé plus de 11 ans dans la même entreprise, à gravir des échelons un par un. Et plus incroyable encore, elle a créé tous ses postes chez eBay. Bref, si vous voulez faire carrière dans une grosse boîte, cet épisode est fait pour vous. Et sinon, on a aussi parlé de sexisme dans l'univers des jeux vidéo, de comment construire une relation de confiance avec ses équipes, et de ce qu'est un succession plan. J'ai adoré notre conversation, et j'espère que vous aussi. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Sarah ! Bonjour !

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir sur le podcast C'est qui la boss ?

  • Speaker #1

    Merci, merci de me recevoir.

  • Speaker #0

    Et je vais te poser la question que je pose à toutes mes invitées pour commencer, comment est-ce que tu te présenterais ?

  • Speaker #1

    Eh bien, tout simplement, je m'appelle Sarah Taieb. Je suis directrice générale d'eBay en France. eBay, c'est un site Internet qui permet à des millions d'acheteurs dans le monde de se rencontrer avec des millions de vendeurs. Des vendeurs qui peuvent être toi, qui peuvent être moi, qui peuvent être des particuliers, qui peuvent être des professionnels, qui peuvent être des toutes petites boîtes et qui peuvent être des grandes marques. Et donc ça, c'est ce qui m'occupe au quotidien. Et le soir, quand je m'ennuie, j'ai aussi trois enfants. À gérer, voilà.

  • Speaker #0

    Je doute que tu t'ennuies beaucoup, en vrai.

  • Speaker #1

    Très peu, mais j'aime bien être occupée.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais petite ?

  • Speaker #1

    On est un petit peu loin. Je rêvais d'être comédienne de théâtre. Et ma maman m'a appelée Sarah, en référence à Sarah Bernard. Je n'aurais pas réalisé ce rêve pour elle, malheureusement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait comme étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai commencé par un DUT, en IUT, pour me fâcher avec mes parents, qui voulaient absolument que je fasse une prépa.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et suite à ça, j'ai passé le concours du CELSA. J'avoue,

  • Speaker #0

    le CELSA, c'est une école de quoi,

  • Speaker #1

    du coup ? Alors, c'est une école de communication. Il y a une section journalisme, il y a une section communication et marketing. Et moi, j'étais dans la section marketing.

  • Speaker #0

    Du coup, ça t'a plu ?

  • Speaker #1

    Ça m'a bien plu. Et puis, bah... Le fait d'être en stage la moitié de l'année, ça m'a permis de trouver mon premier CDI avant même d'avoir cherché un travail.

  • Speaker #0

    Et c'était quoi du coup ce premier CDI ?

  • Speaker #1

    J'avais passé plein d'entretiens et j'avais même commencé un stage dans la pub. Je suis partie en courant.

  • Speaker #0

    La pub, ce n'était pas fait pour toi du coup ?

  • Speaker #1

    Je me voyais devenir créa en pub. Je pense que j'avais une image un peu idéalisée. Et finalement, je suis partie faire chef de produit dans le jeu vidéo. une autre passion après le théâtre, qui était un domaine qui m'intéressait plutôt de façon très personnelle, ce qui n'est pas toujours un très bon choix.

  • Speaker #0

    Et justement, moi je trouve ça trop cool que tu aies commencé dans les jeux vidéo. Comment t'es tombée là-dedans ? Parce que c'est un milieu assez masculin en fait. Et toi, tu en as fait ton métier et du coup c'était ta passion avant ?

  • Speaker #1

    J'étais déjà un peu garçon manqué quand j'étais petite, donc j'aimais plutôt les jeux qu'on m'interdisait. Donc j'ai toujours eu un côté un peu rebelle, où en fait, si on me dit de ne pas jouer à Call of Duty, je vais aller regarder ce que c'est comme jeu. Et en fait, c'est bien sympa. Et l'édition de jeux vidéo, c'est un métier d'édition, donc c'est un métier qui est très créatif. C'est un métier en plus où j'étais chez un petit éditeur où on pouvait tout. où il y avait un aspect un peu tech, il y avait un aspect très marketing, il y avait un aspect aussi commercial, argumentaire. On approchait la grande distribution pour leur vendre, attention, je suis très âgée, des CD-ROM. Voilà,

  • Speaker #0

    moi, quand on me parle de CD-ROM, je pense à Adibou.

  • Speaker #1

    Et bien, après, j'ai travaillé chez l'éditeur qui a édité Adibou. Donc, ça a été mon deuxième job. J'ai été chez un plus gros éditeur. Et encore une fois... dans l'espoir qu'on me confierait des jeux un peu plus hardcore. Et on m'a demandé gentiment de m'occuper des recettes de cuisine et des projets lifestyle.

  • Speaker #0

    Non. Donc, tu étais chez un éditeur, ton premier job, chez un éditeur de jeux vidéo. Exactement. Et après, derrière, du coup, tu as bougé chez un autre éditeur de jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Là, on a voulu te confiner aux jeux vidéo de cuisine.

  • Speaker #1

    C'est à peu près ça. Mon premier éditeur, le jeu vidéo, c'est un métier vraiment passionnant, mais ce n'est pas très rémunérateur. J'ai été chez un éditeur plus gros, qui avait des projets plus internationaux, qui commençait à faire des jeux sur Nintendo DS, sur Wii, sur PC. Mais encore une fois, les filles de l'équipe chef de produit étaient vraiment... dédié au projet alors j'ai sorti un jeu de recettes de cuisine avec cyril lignac sur nintendo ds et un jeu de karaoké sur wii ah oui ok vraiment et c'est quand même très masculin du coup le jeu vidéo et donc tous tes boss c'était des hommes du coup j'imagine mes boss étaient des hommes et il y avait des conversations que je trouve amusante maintenant mais le milieu du travail a heureusement un peu évolué j'espère qu'il a bien évolué dans le jeu vidéo mais Je raconte certaines fois des petites phrases qui peuvent encore paraître complètement sexistes, mais néanmoins, à l'époque, c'était dans le quotidien.

  • Speaker #0

    T'as une anecdote à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote ? J'en aurais plein ! Mais on avait malheureusement l'habitude de savoir que pour aller faire valider des bons de commande, il fallait s'habiller d'une certaine façon pour aller dans le bureau du patron. Et on en a fait des blagues, du coup, pour un peu essayer de retourner la chose entre collègues. On disait, ah, maintenant, je ne peux pas y aller. Je me suis cassé un ongle et on a fini par faire ces blagues-là devant eux pour tourner en dérision cet aspect de la conversation. Je dirais que ce n'est pas la chose qui a marché. Ce n'est pas ce qui m'a mis le coup de pied dans les fesses pour partir de cette ambiance, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était quoi le coup de pied dans les fesses ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce jeu de karaoké sur Wii a cartonné, il s'est super bien vendu, j'étais hyper fière. Et donc, sur deux mois, j'ai construit mon dossier, j'ai demandé un entretien avec la personne qui était mon directeur à l'époque, pour lui demander une promotion. Donc j'avais bien bossé mon dossier et clairement je me suis fait fermer la porte au nez assez sèchement. J'ai commencé à regarder si l'herbe pouvait être plus verte ailleurs.

  • Speaker #0

    Et du coup, où est-ce que t'es allée après ?

  • Speaker #1

    Et la vie fait bien les choses. J'ai postulé et le jour même, un chasseur de têtes m'a appelé pour le même job. Donc, des fois, les étoiles s'alignent. Et c'était pour Darty, que vous connaissez peut-être, qui cherchait justement quelqu'un qui venait du jeu vidéo et qui avait une connaissance en fait de cette entreprise. de ce métier en fait, pour envisager de créer ce rayon dans les magasins et sur darty.com.

  • Speaker #0

    Et donc c'est ce que tu as fait.

  • Speaker #1

    Donc je suis partie de chez cet éditeur pour aller chez Darty, où j'ai passé vraiment trois années passionnantes à découvrir le métier d'acheteuse, puisque du coup il fallait monter le rayon, rencontrer les fournisseurs, sélectionner les offres, les négocier. faire le merchandising, discuter aussi avec Darty.com. Donc là, j'ai appris plein de choses et j'ai trouvé que c'était un milieu passionnant.

  • Speaker #0

    Et après Darty, tu es allée chez eBay.

  • Speaker #1

    Et pareil, eBay m'a contactée quand j'étais chez Darty.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je m'estime vraiment très chanceuse parce que eBay cherchait justement quelqu'un qui comprenait et connaissait la distribution en France. Ok. Petite anecdote, moi j'étais acheteuse et vendeuse sur eBay. Et donc j'ai cru que c'était un scam. Et du coup évidemment j'étais super flattée. L'aspect entreprise internationale, 100% internet, 100% place de marché, c'était très excitant.

  • Speaker #0

    Et c'est ça qui t'a attirée ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ouais ouais.

  • Speaker #0

    Parce qu'il y a un truc qui m'a intriguée de manière incroyable chez toi, c'est que ça fait longtemps maintenant que tu bosses chez eBay. Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #1

    Ça va faire 11 ans en décembre, ouais.

  • Speaker #0

    10 ans dans la même boîte, c'est rare aujourd'hui. Et ta carrière, elle a vachement évolué chez Ebay. Quand t'es rentrée chez Ebay, t'avais quel âge du coup ?

  • Speaker #1

    Du coup, j'avais 31 ans.

  • Speaker #0

    Et t'en étais un peu comment dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors clairement, j'avais des petits indices du côté de mon mari qui trouvait que la distribution c'était bien, mais c'était très exigeant en termes d'horaire. Et j'avais une toute petite fille que je ne voyais pas beaucoup. Donc il y avait quand même un changement là qui pouvait aussi me permettre d'avoir une vie un peu plus équilibrée. En tout cas, il y a de la flexibilité chez eBay, ce qui me permet, oui, des fois d'avoir des calls avec les États-Unis très tard le soir. Mais peut-être qu'à l'après-midi, si j'ai eu besoin d'emmener ma fille chez le pédiatre, c'est possible.

  • Speaker #0

    OK. Donc ce premier job chez eBay, tu t'occupes de la page promotion.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Et après, tu changes de job.

  • Speaker #1

    Alors, pourquoi ? Parce qu'en fait, je m'étais dit que ma durée record, c'était trois ans. Tous les trois ans, je changeais de boîte.

  • Speaker #0

    Après, quand on se connaît et qu'on sait que c'est tous les trois ans,

  • Speaker #1

    au bout de trois ans, il y a un cycle. C'est un peu ce qu'on voit d'ailleurs autour de nous. Au bout de trois ans, on a un peu fait le tour, on a envie de voir autre chose. Et la chance qu'on a chez eBay, c'est qu'on peut changer sans changer. On peut changer de rôle sans forcément changer d'entreprise. et c'est ce que j'ai fait. Donc, moins de trois ans, au bout de deux ans, j'ai eu ma deuxième fille. Donc, je suis partie en congé maternité et en revenant, puisque eBay se réinvente tout le temps, donc il y a beaucoup de réorganisation, il y a beaucoup de flexibilité dans notre organisation. J'ai eu une discussion ouverte avec ma manager qui n'a pas changé elle aussi, qui est toujours dans l'entreprise. sur mon développement, en fait, tout simplement. Et là, c'est elle qui a donné l'impulsion et qui m'a proposé un nouveau poste dans son équipe en France, donc de me consacrer aux vendeurs particuliers. Donc, c'est le business C2C chez eBay. Comment faire pour que plus de personnes vendent sur eBay en tant que particuliers ? Qu'est-ce qu'ils vendent ? Quels sont leurs freins ? Quelle campagne marketing ? Quel partenariat ? Etc. Je ne l'avais pas du tout envisagé. Je n'avais pas encore complètement compris comment ça marchait, comment on driveait sa carrière chez eBay. J'ai eu un coup de pouce de mon manager qui m'a expliqué comment ça marchait et qui m'a parlé de développement plan. Donc, tout le monde chez eBay doit écrire son développement plan. Et après, on ne le suit pas forcément. Mais en fait, on écrit et on se force à se poser des questions sur ce qu'on aime faire, sur ce qu'on aime moins, sur ce qu'on recherche et ce qu'on recherche moins.

  • Speaker #0

    C'est trop bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça aide. C'est pas un exercice facile et c'est des fois des conversations, je pense, difficiles que j'ai moi maintenant avec mon équipe. Parce qu'il faut quand même se connaître un peu et parfois partager avec la personne qui nous manage. Ça, j'aime pas trop en fait. Ça, c'est difficile.

  • Speaker #0

    Ça demande un exercice d'honnêteté envers son manager et de transparence qui est assez ouf.

  • Speaker #1

    Exactement, et donc de confiance. Parce que s'il n'y a pas de confiance, ça va être une conversation qui va être difficile à avoir. On peut penser que s'il y a des intérêts plus stratégiques en jeu, le manager va utiliser ce qu'on dit, etc. Mais du coup, c'est un exercice, je pense, qui force un petit peu, qui nous force à nous remettre en question.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, en tant que DG d'Ibev France, comment tu fais pour instaurer une confiance dans tout ? toutes tes équipes, pour qu'ils puissent tous avoir ces conversations ?

  • Speaker #1

    Alors, j'espère vraiment me montrer la plus authentique possible, parce que c'est comme ça que je suis. J'espère que la personne en face de moi va, par mimétisme, adopter cette transparence. Il y a une culture du feedback aussi. Alors, ça peut paraître très américain quand on le dit en France, mais... Il y a l'expression « feedback is a gift » . Alors attention, il y a une façon évidemment de partager ce qu'on pense et il y a surtout une façon de demander à l'autre ce qu'il pense. Et je pense que l'écoute, on le dit beaucoup, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Ok, trop intéressant. Est-ce que tu penses que ça change que eBay soit dirigé, enfin que eBay France et eBay Europe aujourd'hui soient dirigés par des femmes et aient été dirigés par des femmes depuis longtemps ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça change beaucoup les choses. Pour moi, ce qui a changé les choses, c'est que mon manager direct soit une femme et soit une femme pendant les 11 ans.

  • Speaker #0

    C'était la première fois au bout de ta carrière ? Oui,

  • Speaker #1

    et ça a beaucoup changé les choses pour moi. Parce que je pense que dans la relation qu'on a construite, c'était une relation qui était très différente. C'est une personne que j'ai choisie, puisque quand j'ai passé mon entretien chez eBay, J'ai vraiment eu un coup de coudre professionnel. Je me suis dit, cette personne-là, j'ai envie de travailler avec elle. Elle est inspirante, elle est intéressante. On va faire des choses ensemble. Et donc, il y a une super complémentarité. Je sais que c'est des rencontres qui sont extrêmement rares. Mais encore aujourd'hui, avec les différents leaders que je rencontre chez eBay, on ne construit vraiment pas du tout la même relation entre femmes. Et du coup, ça m'a servi, ça m'a été utile parce que j'ai ensuite compris qu'il y avait une notion de sponsor, de support qu'on doit trouver dans ces très grandes entreprises pour gagner en visibilité, pour essayer encore une fois de progresser dans l'entreprise. Et c'est plus facile pour une femme de le faire par sororité.

  • Speaker #0

    Je voudrais revenir un peu sur la suite de ta carrière chez eBay. Est-ce que du coup, tu passes de la gestion de cette page promotion ? à l'engagement des vendeurs en C2C. Et après, t'as encore un autre poste. Et encore un autre, et encore un autre. Comment est-ce que tu as choisi tes postes chez eBay ?

  • Speaker #1

    J'ai appris avec le temps à être très tactique et très opportuniste.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Parce que j'avais du mal moi-même à définir ce que j'avais envie de faire. J'ai vu des signes, là où il n'y en avait sûrement même pas. Mais par exemple, quand quelqu'un partait, où quand il y avait une réorganisation au sein de l'équipe française, je proposais des choses. Donc je me proposais, je mettais en avant ce que je pourrais apporter, et c'est ce qui m'a servi pour les deux postes précédents. Alors évidemment, ça nécessitait que j'aie construit une relation de confiance, encore une fois, avec mon manager, mais elle a suivi mes recommandations, qui m'ont servi de tremplin. Donc j'étais responsable des vendeurs C2C. Mon collègue B2C est parti, je lui ai dit, écoute, super, moi ce qui m'intéresse c'est justement d'être responsable de tous les vendeurs. Et je pense qu'il y a des optimisations d'un domaine à l'autre à faire.

  • Speaker #0

    Tu es vraiment allée avec un plan de solution.

  • Speaker #1

    Exactement, mais gagnant-gagnant. Bon, évidemment, c'est quelque chose qu'on entend beaucoup en négociation, mais je lui ai présenté les avantages que ça présentait pour son organisation. Et évidemment, elle savait qu'il y avait des avantages liés. pour moi, à ma progression, à mon propre développement.

  • Speaker #0

    Du coup, c'était quoi les deux jobs précédents avant ton poste actuel ?

  • Speaker #1

    Donc ensuite, j'ai pris la direction du coup à la fois des vendeurs particuliers et des vendeurs professionnels de la plateforme, donc responsables des vendeurs. Et ensuite, j'ai aussi proposé le poste suivant que j'ai occupé. Donc encore une fois, dans une discussion de réorganisation.

  • Speaker #0

    Tu crées ton job à chaque fois ?

  • Speaker #1

    Un peu, ouais.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais la créativité, j'aime ça. Et surtout, encore une fois, comme on est dans une organisation mouvante, ça correspond aussi à une meilleure façon d'atteindre nos objectifs et de faire grandir eBay en France. Et donc, on avait une nouvelle organisation par catégorie, par catégorie de produits, de catégorie management. Et du coup, j'ai été... gentiment offrir ma candidature en tant que directrice des catégories auprès de mon manager.

  • Speaker #0

    Et donc, tu l'as eue.

  • Speaker #1

    Et encore une fois, cette nouvelle structure, mon manager était OK pour me suivre dans cette structuration qui a fonctionné, qui a vraiment très bien fonctionné. Et j'en arrive au poste de directrice générale. Là, c'est la réorganisation de l'entreprise qui m'a aidée. Il y a un autre élément qui existe dans beaucoup d'entreprises qui s'appelle les succession plans. Donc on doit avoir chez eBay un plan de développement, puis on doit aussi avoir un plan de succession. C'est-à-dire ? Si demain je quitte l'entreprise, qui est derrière moi ? Qui est-ce que je prépare ? Qui est-ce que j'accompagne ? Qui est-ce que je sponsorise pour prendre mon job ?

  • Speaker #0

    C'est ouf ça aussi.

  • Speaker #1

    C'est ce qui permet aussi cette évolution, c'est ce qui permet aussi à tout le monde de regarder vers l'avant. et pas pour dégommer la personne qui est devant, parce que c'est un peu l'image des fois qu'on a, je dirais en plus, encore une fois culturellement. Mais en fait, pas du tout. C'est plutôt, si je réussis mon job de manager, alors j'ai une super successeur ou un super successeur qui va être prêt quand moi je partirai, ou s'il m'arrive quelque chose, ou si je dois m'absenter pour prendre mon poste.

  • Speaker #0

    Pour une jeune femme qui rentre dans une grosse boîte, comme eBay, demain, qui rentre sur le marché du travail, Tu lui donnerais quoi comme conseil ? Le premier truc qu'elle devrait faire ?

  • Speaker #1

    Il faut être super ouvert d'esprit et super agile. Parce que si tu t'enfermes dans une boîte et que tu ne vois qu'un seul type d'évolution de poste ou de relation, tu vas forcément te mettre des limites. Donc tu t'ouvres, tu te crées un réseau, tu parles avec un maximum de personnes et garde l'esprit ouvert parce que peut-être que le prochain job c'est pas celui que tu pensais.

  • Speaker #0

    Et toi, tu devrais rester encore 10 ans, enfin 11 ans chez eBay.

  • Speaker #1

    Je pourrais, ouais, franchement, sans problème.

  • Speaker #0

    Maintenant, je voudrais te poser des questions qu'on reçoit de nos lectrices, Sarah, parce que chaque semaine, on reçoit des centaines de mails de nos lectrices qui nous posent des questions sur le boulot, la vie au travail, qu'elles soient entrepreneurs, freelance ou salariés. Donc je vais te lire un premier mail. Hello, c'est QLB. Petite question rapide. J'évolue dans une entreprise majoritairement dirigée par des hommes et parfois, j'ai du mal à trouver ma place et à me faire entendre. Tu aurais des conseils pour mieux affirmer ma voix dans ce contexte ? Merci beaucoup, Sophie. Qu'est-ce que tu répondrais à Sophie ?

  • Speaker #1

    Alors Sophie, oui, j'ai un peu d'expérience en la matière. Il faut que tu te trouves des alliés. Il faut que tu te trouves des alliés. Je ne peux pas croire que tu sois la seule femme, ou du moins la seule femme friendly. Oui,

  • Speaker #0

    c'est quand même un peu compliqué comme boîte en France aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, ou même des fois, il y a des alliés qui sont masculins. Et déjà, une fois que tu as identifié des personnes avec qui tu vas pouvoir avoir une relation de confiance, discuter de la façon dont ça se passe, tu vas pouvoir commencer à être toi-même. Et si t'es toi-même, reste toi-même, s'il te plaît. Et reste toi-même et essaye d'être confiante et de dire ce que tu penses. Je pense que c'est la meilleure façon de gérer ses relations. Faut pas essayer de mettre une veste et de faire semblant d'être plus masculine qu'on l'est ou de jouer des coudes. Je pense qu'en fait, il faut s'accepter soi-même pour être accepté des autres.

  • Speaker #0

    Tu t'en parles beaucoup du fait de rester authentique, de rester soi-même. C'est un truc qui a été difficile pour toi ?

  • Speaker #1

    Ça a été super chaud. C'est pour ça que j'insiste. En fait, parce qu'avec de la distance, j'ai des regrets. J'aurais dû peut-être plus ruer dans les brancards. J'aurais peut-être dû dire les choses, mettre les choses sur la table. Peut-être que j'aurais eu moins ce poids, en fait, de devoir porter une bannière. Peut-être que c'est ce qui porte aujourd'hui mes engagements, mais toujours est-il que c'est plus agréable de grandir par soi-même qu'en prenant des claques.

  • Speaker #0

    Autre que cet épisode où il fallait être habillée d'une certaine façon pour aller faire valider ses bons d'achat, est-ce que tu as d'autres situations où tu t'es dit, là c'est quand même plus compliqué parce que je suis une femme ?

  • Speaker #1

    Là encore une fois, il y en a beaucoup des exemples.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en donner un ?

  • Speaker #1

    J'ai eu un entretien avec mon premier boss aussi, où je suis allée le voir. Et encore une fois, j'avais préparé mon dossier, mon argumentation pour travailler sur un projet hardcore gaming, donc un jeu de guerre. Et là, j'ai vraiment eu face à face la réponse de non, tu n'auras pas ce projet parce que tu es une femme. Et je me suis écrasée. Et ça, c'est encore un regret que j'ai aujourd'hui. on a du mal à ne pas s'en vouloir soi-même, de ne pas avoir résisté.

  • Speaker #0

    Je suis très impressionnée aussi, et je pense que c'est un truc qui est sous-estimé dans le monde du travail, un truc qui revient régulièrement dans notre conversation, depuis qu'on a commencé cet enregistrement, c'est que tu étais très préparée. Tu as toujours su qu'il fallait préparer à mort, parce que moi j'ai l'impression que c'est un truc que tu apprends sur le tas, et que moi j'aimerais que toutes les femmes qui écoutent sachent. Comment est-ce que toi tu prépares du coup ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien les jeux vidéo, donc je prépare ma guerre. Je pense qu'on ne part pas sans armes. On ne peut pas partir sans armes. Déjà parce que les personnes que j'allais affronter me mettaient déjà un handicap de départ. Et ensuite parce qu'on est dans le milieu du travail, donc on a une argumentation qui est sensée, peut-être qu'il y a de l'affect derrière. C'est comme quand on va en interro, c'est très scolaire mais j'estime qu'il faut venir avec du concret. Donc le concret c'est des chiffres, des résultats, des expériences, des propositions. Je pense qu'on ne peut pas improviser. Ou alors il y a déjà une relation et il y a déjà une conversation qui est en cours. Mais pour une conversation difficile ou pour une négociation, on doit se préparer. On doit anticiper les questions. Et on doit surtout amener la conversation. Si on ne parle pas, si on ne pose pas de questions, il ne se passera rien.

  • Speaker #0

    Et je trouve que c'est un conseil très juste. Je suis très contente que tu l'aies dit. Maintenant, Sarah, je vais te poser des questions. Et je voudrais que tu me répondes avec la première chose qui te vient à l'esprit. Ok. Après, c'est quand même mon podcast. Et du coup, je n'hésiterai pas à creuser si les réponses m'intriguent.

  • Speaker #1

    Ça marche.

  • Speaker #0

    C'est qui la femme qui t'inspire le plus ?

  • Speaker #1

    Ça n'a pas besoin d'être sur toute ta vie,

  • Speaker #0

    ça peut aussi juste être une en ce moment.

  • Speaker #1

    En ce moment, c'est une de mes meilleures amies qui m'inspire. C'est une battante, elle a un parcours de vie compliqué et elle a monté sa boîte. Et ça, c'est quelque chose vraiment que j'admire, d'ailleurs que j'aime bien dans ton podcast. C'est une entrepreneuse et... Elle a monté sa boîte, elle s'en sort vraiment bien. Et encore une fois, elle n'était pas aidée par la vie.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi quand tu es en manque d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Je fais du sport.

  • Speaker #0

    Tu fais quoi comme sport ?

  • Speaker #1

    Ça me vide l'esprit. Je vais courir, je fais de la muscu, je fais de la danse. Ah oui,

  • Speaker #0

    tu fais de tout en fait.

  • Speaker #1

    Du yoga.

  • Speaker #0

    Tu fais beaucoup de sport dans la semaine ?

  • Speaker #1

    Ouais, je suis hyper active.

  • Speaker #0

    Ok. Et à l'inverse, tu fais quoi quand tu doutes ?

  • Speaker #1

    Quand je doute, je me réfugie auprès des gens que j'aime.

  • Speaker #0

    Tu dirais quoi à la Sarah de 18 ans ?

  • Speaker #1

    Je lui dirais, détends-toi. Elle était stressée. Détends-toi. Non, mais détends-toi par rapport à toi-même, par rapport à tes attentes, par rapport à... À tout ce que tu vois autour de toi, il n'y a rien de grave. Prends ce qui arrive et puis franchement, tout va bien.

  • Speaker #0

    C'est quoi la question que tu ne veux plus qu'on te pose ?

  • Speaker #1

    C'est pas trop dur d'être une directrice quand on est une femme ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas sur ton CV, mais qui a marqué ta carrière ?

  • Speaker #1

    Les claques que j'ai évoquées ? Un procès avec mon premier employeur. Waouh ! À 25 ans, c'est bien. Pour non-respect de la clause de non-concurrence, qui est évidemment non-valide, mais ça forge.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mentor ?

  • Speaker #1

    J'ai des sponsors.

  • Speaker #0

    C'est quoi la différence pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors mentor, je n'aime pas trop cette image de Pygmalion, que je trouve un peu sexiste. Mais par contre, j'ai des sponsors. C'est-à-dire que j'ai plusieurs personnes dans l'entreprise et en dehors, avec qui je parle régulièrement, avec qui on échange des conseils. Et j'inclus même mon manager là-dedans qui parle de moi quand je suis pas là et qui parle de moi en bien. Et ça c'est important aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi ton unpopular opinion à propos du monde du travail ? Un truc que tout le monde pense mais toi t'es pas d'accord.

  • Speaker #1

    Il y a un truc chez eBay qui est vachement bien et qui est hyper décrié, c'est le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Donc évidemment, quand j'en parle avec mes pères, etc. Ah bon, congé sabbatique, mais dis-donc, c'est terrible. Tu perds une ressource, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    C'est la catastrophe.

  • Speaker #1

    Bah oui. Et chez eBay, en fait, tous les cinq ans, on a un mois de congé.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Qui nous est donné, comme ça, on en fait ce qu'on veut. C'est un mois.

  • Speaker #0

    Tu dois le prendre genre...

  • Speaker #1

    Tu dois le prendre. D'affilé.

  • Speaker #0

    Un mois d'affilé, ouais, c'était ça ma question.

  • Speaker #1

    On peut même rajouter des congés. Et en fait, ça a complètement changé mon avis sur le congé sabbatique.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que ça s'organise, ça s'anticipe, ça se discute avec le manager, etc. Mais du coup, ça donne des parenthèses de respiration à toutes les personnes qui en bénéficient. Et en fait, ça m'a un peu ouvert l'esprit sur les gens qui, parfois, partent pendant un mois, deux mois, six mois, faire autre chose et après qu'ils retrouvent un nouveau souffle professionnel.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de ta carrière dans 30 ans ?

  • Speaker #1

    De ma carrière ? Peut-être pas de ma carrière, mais j'aurais bien aimé avoir un impact chez eBay. Qu'on se dise, par exemple, des initiatives que j'aurais mis en place chez eBay en France ou ailleurs, notamment sur la consommation responsable et les sujets d'écologie que j'essaye de porter en ce moment dans notre feuille de route. J'aimerais bien qu'on ait eu un impact, en tout cas pour la planète.

  • Speaker #0

    Écoute Sarah, merci infiniment d'être venue sur le podcast C'est qui la bosse ? Je vais finir avec une toute dernière question. Qui est la prochaine femme qu'on devrait recevoir sur le podcast C'est qui la bosse ?

  • Speaker #1

    Alors il y a quelqu'un que je suis sur LinkedIn, que j'aime beaucoup, que j'ai déjà rencontré, qui s'appelle Maud Sarda. Oui. Qui a fondé Labelle Emmaüs.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui est une plateforme responsable qui permet de revendre des objets d'occasion qui ont été donnés chez Emmaüs. Et je la trouve... vraiment intéressante.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, c'est une bosse. C'est une bosse. C'est une bosse. Merci encore d'être venue sur le podcast, Sarah.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Et à très vite.

Share

Embed

You may also like