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canc'Héros : témoignages patients parcours cancer et informations validées par des professionnels de santé spécialistes en oncologie

#28 L'onco cardio réhabilitation et l'activité physique adaptée avec Laura Cardio-Oncologue à La Rochelle

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1h03 |23/04/2024
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canc'Héros : témoignages patients parcours cancer et informations validées par des professionnels de santé spécialistes en oncologie

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1h03 |23/04/2024
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Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, on parle avec Laura d'onco cardio réhabilitation.

En effet, saviez vous que les facteurs de risques des maladies cardio vasculaires et de cancer sont les mêmes ? Et que l'on observe une perte de chance cardio-vasculaire chez les patients en parcours de soin cancer. Les facteurs pour expliquer cela sont multiples : prise de poids, fonte de la masse musculaire, toxicités cardiaques de certains traitements.

La réhabilitation cardiaque par l'activité physique pendant et en post parcours de soin oncologique est essentielle et permet d'améliorer la qualité de vie des patients. Elle permet aussi de limiter les toxicités sur les organes, avec en premier lieu le cœur.

L'activité physique chez les patients en traitements permet de diminuer la fatigue cancéro-induite et de diminuer certaines douleurs chez certains patients. Mais rappelons aussi que l'activité physique est bénéfique pour tout le monde, patients, entourage, aidants, quelque soit l'âge, au quotidien, en prévention primaire des maladies.


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

N'oubliez pas de mettre un avis et une bonne note sur les plateformes d'écoutes, ça aide à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à le faire connaitre auprès d'un maximum de patients.

N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'Héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Laura,

  • Laura

    Bonjour Abigail,

  • Abigaïl

    Je suis vraiment ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci pour ton temps, merci pour cette interview.

  • Laura

    Merci à toi. Merci de m'accueillir et de donner du temps d'écoute aux patients qui ont un cancer et à leurs aidants.

  • Abigaïl

    Et merci à toi de m'accueillir chez toi, ici à La Rochelle. J'ai fait le déplacement juste pour toi.

  • Laura

    Merci beaucoup. J'espère que tu auras apprécié le petit séjour, le petit parcours qu'on a fait aujourd'hui.

  • Abigaïl

    Ça devait rester secret. Oui, j'ai eu le droit à un restaurant et à une petite visite du centre-ville. En tout cas, merci à toi. Est-ce que tu veux bien te présenter, s'il te plaît, pour les auditeurs qui nous écoutent ?

  • Laura

    Oui, je m'appelle Laura, je suis rochelaise, cardiologue dans un centre de réadaptation cardiovasculaire en périphérie de La Rochelle, qui prend en charge des patients atteints de problèmes cardiaques. On appelle ça des cardiopathies, essentiellement des problèmes comme l'infarctus, la pose de stent, l'insuffisance cardiaque, des gens qui sont en attente de greffe cardiaque, par exemple. Donc des cardiopathies assez sévères. J'ai une casquette de cardiologue du sport et également d'onco-cardiologue. Je suis nouvellement diplômée, ça date de cette semaine.

  • Abigaïl

    Tu viens d'avoir ton DU, félicitations !

  • Laura

    Merci. Donc c'est une casquette que j'ai endossée déjà il y a une dizaine d'années. maintenant, mais ce n'était pas formalisé par un DU parce qu'il n'existait pas. L'oncocardiologie ou la cardio-oncologie, ça dépend de quel côté on se place, c'est une discipline émergente qui permet de prendre en charge de manière globale les patients atteints de cancer, leur permettre d'éviter, de développer des problèmes cardiovasculaires au décours de leur cancer ou pendant leur prise en charge thérapeutique du cancer. et qui permet également à l'oncologue, en cas de problème cardiaque, de mieux manager, de mieux prendre en charge le patient tout en continuant son traitement pour le cancer pour ne pas qu'il y ait de perte de chance. C'est une discipline émergente, comme je disais, et la Société Française de Cardiologie lui a fait une place puisqu'il existe maintenant un groupe de cardio-oncologie à la SFC.

  • Abigaïl

    Voilà. Ok. Et du coup, ça c'est dans ton centre. Explique-nous un petit peu au quotidien comment ça se passe.

  • Laura

    Alors en fait, il y a une dizaine d'années, j'ai eu envie, après de multiples, on va dire, une collusion de différentes informations qui me sont parvenues dans mon exercice quotidien, j'ai eu envie de créer un programme de réadaptation à l'effort pour les patients atteints de cancer. Puisque j'exerçais depuis quelques années dans le centre pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, je voyais les bénéfices d'une prise en charge globale par la pratique de l'activité physique, la gestion du stress et des émotions et la prise en charge également alimentaire. Je voyais une amélioration de leur qualité de vie, également de leur pronostic cardiovasculaire. Depuis 40 ans maintenant, on sait qu'on doit réadapter à l'effort les patients atteints de problèmes cardiaques. Et dans mon exercice quotidien, en 2011, on m'adressait des patientes qui avaient des problèmes cardiaques au décours de leur prise en charge de cancer du sein essentiellement. Donc elles avaient parfois de l'insuffisance cardiaque, des problèmes d'infarctus, mais plutôt de l'insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque qui fonctionnait moins bien. Quelques années au décours de leur prise en charge, ça a commencé à m'alerter un peu. Alors c'est quelque chose qu'on connaît, mais c'est vrai qu'on m'en adressait de plus en plus. Et puis je voyais dans la presse, soit de la presse scientifique, soit de la presse locale... ou national qu'il existait quelques initiatives pour la pratique de l'activité physique dans le cancer. Donc ça a éveillé un peu mes soupçons sur ce qu'on pouvait éventuellement faire dans mon centre pour ces patients. Et puis mon père m'a passé une lecture qui s'appelle Anticancer de David Servan-Schreiber qui est très connue. Et là vraiment ça a été le déclic, parce qu'il parlait de tous les facteurs de risque de cancer qui sont les mêmes que les facteurs de risque cardiovasculaire. Et donc je me suis dit qu'il faut qu'on utilise notre savoir-faire dans le domaine cardiovasculaire en réadaptation pour réadapter à l'effort les patients atteints de cancer.

  • Abigaïl

    Oui, justement j'allais rebondir sur ça. Comment on explique cette imbrication entre problèmes cardiovasculaires et parcours de soins oncologiques ?

  • Laura

    Alors en fait, déjà ce qu'il faut savoir c'est que 40% des cancers, que ce soit en France ou dans le monde, surtout les pays occidentaux, pourraient être éliminés, pourraient être diminués par une meilleure hygiène de vie et en prenant en charge des facteurs de risque qui sont communs, à savoir des facteurs modifiables évidemment, le tabac, l'alcool, la sédentarité, la malbouffe, le stress. En fait, tout ce qu'on connaît. Pour être des facteurs de risque cardiovasculaire, et on va dire faire attention à son cœur et à ses artères en arrêtant de fumer, en limitant l'alcool, etc., on sait que ça peut avoir aussi un impact sur tout un tas de cancers. Pas tous, évidemment, mais il y a un certain nombre de cancers qui pourraient être évitables par la modification d'hygiène de vie. et on sait aussi que la récidive du cancer peut être diminuée si on modifie en profondeur son hygiène de vie. Évidemment, un fumeur aura moins de risque de récidiver son cancer du poumon ou du sein s'il arrête de fumer, etc. Donc ça, c'est le premier paradigme, on va dire, qui est les facteurs de risque qui vont amener une sorte d'inflammation dans le corps et au niveau des organes, soit en générant un cancer, soit en générant... de l'athérosclérose, c'est-à-dire des dépôts de graisse dans les coronaires. Un patient va développer avec ses différents facteurs de risque éventuellement soit une maladie cardiovasculaire, soit un cancer. Si on prend en charge mieux ces facteurs de risque, dès l'annonce du cancer, on sait qu'on va avoir plus d'impact pour limiter la récidive du cancer sur le long terme, enfin le moyen et long terme. Ensuite, la deuxième imbrication est liée au fait que lorsqu'on est atteint d'un cancer, notamment les cancers qui vont nécessiter des thérapies lourdes comme les leucémies, les lymphomes, les pathologies liées aux cancers du sein, les cancers colorectaux, certains cancers aussi dits hormonodépendants, autres que le cancer du sein comme la prostate. Ces différents cancers et leurs thérapies peuvent être potentiellement cardiotoxiques. Il peut y avoir un impact sur les artères coronaires, sur le muscle cardiaque, sur le court, moyen ou long terme. En général, c'est plutôt moyen ou long terme, mais ça va impacter parfois directement les vaisseaux ou le cœur du patient. On pourra peut-être en reparler un petit peu après. Et la troisième chose, c'est que lorsque l'on est atteint par un cancer, on va être plus fatigué, donc on va avoir une espèce de fonte musculaire, on va prendre de la masse grasse, et donc on va diminuer sa capacité physique, et donc on va générer encore plus de sur-risques cardiovasculaires. cardiovasculaire pardon, en étant plus sédentaire et en ayant pris du poids. Une femme qui a un cancer du sein, en moyenne dans les études, prend 5 kg de poids durant son traitement. le muscle fond, mais elle va prendre 5 kg de graisse, par exemple. Donc, on sait que ça peut avoir un impact sur le moyen ou long terme, sur le système cardiovasculaire du patient. C'est vrai aussi dans le cancer de la prostate et chez les patients qui ont été traités pour une greffe de moelle, par exemple. Par une greffe de moelle. bref, de cellules hématopoïétiques, peut générer ce qu'on appelle un pseudo-syndrome métabolique, c'est-à-dire avec un peu plus de risque de diabète, d'hypertension, d'hypercholestérolémie, de surpoids. Donc toutes ces choses-là, les facteurs de risques initiaux du patient, la fonte musculaire et le syndrome dit pseudo-métabolique lié au traitement et le traitement lui-même. du cancer peuvent générer des cardiopathies.

  • Abigaïl

    Et tout ça maintenant, on a des études pour le chiffrer. On n'avait peut-être pas aussi autant de données avant vis-à-vis de tout ça, mais là maintenant, c'est vrai qu'on arrive à avoir des niveaux de preuves très élevés et des chiffres, des études qui sont très probantes. Enfin, on connaît le lien maintenant. Très probants entre eux.

  • Laura

    Oui, en effet, que ce soit certaines chimiothérapies comme les anthracyclines, le cyclophosphamide, certaines thérapies ciblées comme l'herceptine. Donc ça, c'est des chimiothérapies ou des thérapies qui sont utilisées dans le cancer du sein. Lorsqu'on les associe les unes avec les autres, donc indépendamment les unes des autres, il va y avoir un risque d'insuffisance cardiaque qui est aux alentours de 1 à 2-3%. 3%. mais lorsqu'on les associe entre elles, ça fait un espèce de cocktail qui peut générer plus de risques d'insuffisance cardiaque, par exemple, et on peut atteindre des taux de 15 à 20% de patients qui vont coupler anthracycline, cyclophosphamide, endoxan, par exemple, et puis une thérapie ciblée. Donc évidemment, ça ne va pas toucher tous les patients, donc je dis, c'est entre 1 et 20% des patients, mais si on est à 20% des patients, ça fait beaucoup.

  • Abigaïl

    C'est énorme.

  • Laura

    Oui, puisque le... Le nombre de patients qui sont atteints par des cancers en France est très important. En 2025, on aura presque 4 millions, enfin on sera à 3,8 millions de patients qui auront été atteints par un cancer et qui auront survécu, qui seront en rémission ou en guérison du cancer, parce que les thérapies, les thérapeutiques, elles sont hyper... positives et elles améliorent à la fois le pronostic vital du patient, la survie, on n'a rien à dire sur l'efficacité de l'arsenal thérapeutique oncologique. Il est extraordinaire, il y a eu des avancées et il y en a encore tous les jours, c'est vraiment le domaine de la cardio-oncologie qui va se développer, là il est en lien avec les potentiels effets secondaires sur le moyen ou long terme. mais le but c'est de manager, de prendre en charge et d'aider le patient à se prendre en charge le mieux possible pour ne pas avoir ces effets secondaires tout au long de sa vie.

  • Abigaïl

    Oui, on a une dimension du temps au final où on a de plus en plus de patients dans l'après-cancer et donc le but c'est d'instaurer une très bonne hygiène de vie pour diminuer la récidive et améliorer la qualité de vie.

  • Laura

    Exactement. En fait, par exemple, le taux de rémission chez une patiente qui aura un cancer du sein, c'est 90%. Donc 90% de patientes à 5 ans ne récidivent pas leur cancer du sein. Néanmoins, leur pronostic cardiovasculaire est grévé par les thérapeutiques et éventuellement ce que j'expliquais tout à l'heure, la prise de poids, la fonte musculaire. et les éventuels facteurs de risque cardiovasculaires qu'elles peuvent cumuler dans leur vie quotidienne. Donc ce qui va gréver le pronostic de la patiente, c'est plus des problèmes cardiovasculaires que la récidive du cancer en lui-même.

  • Abigaïl

    Oui, et en plus les problèmes cardiovasculaires, on les détecte moins bien chez les femmes je crois. C'est des signes qui sont moins... donc on est doublement pénalisé.

  • Laura

    Alors il y a aussi ça, c'est vrai que si on fait un petit focus sur la santé cardiovasculaire de la femme, les symptômes d'infarctus,ngor sont beaucoup plus florides et moins précis chez la femme que chez l'homme. Donc ça va être des palpitations, des nausées, mais ça ne va pas forcément être la barre dans la poitrine. Donc il y a ça, et puis aussi un patient qui a eu un cancer, ou une patiente qui a eu un cancer, En fait, ça va mettre un petit peu de temps avant que son cœur, par exemple, son cœur va être décliné, pour parler de manière simple, pour nos patients qui écoutent. Par exemple, la pompe cardiaque va se mettre à décliner, mais les symptômes vont apparaître un an après, par exemple. Parce qu'il a déjà cumulé de la fatigue dite cancéro-induite. Donc il ne va pas faire le lien, il va dire je suis fatigué, je suis essoufflé, mais il va plus mettre ça sur le compte du cancer que sur un problème cardiaque. Le but, c'est vraiment d'éduquer le patient à son suivi cardiovasculaire tout au long de sa vie. C'est-à-dire que maintenant, il y a des recommandations robustes de la Société européenne de cardiologie qui sont sorties en septembre 2022 et qui indiquent comment on doit suivre un patient au décours de son cancer, quel que soit son cancer ou le type de molécule qu'il a eu. Il y a des abacs. que les cardiologues sont amenés maintenant à suivre pour mieux suivre leurs patients et pour mieux les prendre en charge et mieux dépister des pathologies qui en effet vont être ou peuvent être silencieuses.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu peux nous parler des bénéfices de l'activité physique pour nos patients ? Il y a plusieurs étapes. Ça peut être pendant le parcours de soins. Les bénéfices sont multiples. On va peut-être déjà commencer par là. Après, il y a tout le bénéfice aussi après les parcours de soins. de l'activité physique et même pour les accompagnants parce qu'au final l'activité physique est bénéfique pour tout l'entourage mais en tout cas je profite que tu sois là et que ce soit ta spécialité je pense que c'est important qu'on ait des données chiffrées sur

  • Laura

    l'activité physique et le bénéfice que ça procure en fait l'activité physique tu as raison de le rappeler c'est bénéfique pour tout le monde à tout âge et au quotidien en prévention primaire des maladies, et on ne devrait pas attendre d'être malade avant d'en pratiquer. Donc ça, c'est le premier message. Donc le message, en fait, ce message-là, c'est celui que j'avais en tête lorsqu'on a monté ce programme de réadaptation pour les patients atteints de cancer dans notre centre cardiovasculaire, pour en effet... au cours du traitement, limiter ce qu'on appelle la fatigue dite cancéro-induite, qui est liée vraiment au syndrome du canapé. Et puis, quand un patient est atteint d'un cancer, son entourage, ou lui-même, mais parfois c'est même l'entourage, va lui dire ne fais pas ci, ne fais pas ça, ne porte pas ce poids, ne porte pas ce sac de linge sale, ne va pas faire les courses, je vais le faire pour toi, etc. Donc le premier message, c'est que lors de l'annonce diagnostique d'un cancer, on devrait quasiment coupler cette annonce diagnostique. pour donner un message d'espoir en disant l'activité physique peut améliorer votre qualité de vie et votre survie sur le court, le moyen ou le long terme. L'activité physique va permettre de diminuer l'essoufflement, de diminuer la fatigue, de limiter l'anxiété et la dépression parce qu'on va produire des hormones dites du bien-être, les endorphines, sérotonines, etc. et donc l'activité physique ça peut être si on n'a pas l'habitude d'en pratiquer ça peut être déjà continuer à faire son ménage continuer à faire ses courses

  • Abigaïl

    par exemple l'entourage qui par bienveillance va dire non ne fait rien,

  • Laura

    ça on est d'accord c'est pas une bonne chose en tout cas quand le patient va bien, qu'il a pas ses nausées ses vomissements évidemment, on va rester logique et cohérent mais si le patient se sent capable il faut plutôt l'encourager parce que la fonte musculaire arrive très rapidement. C'est très ingrat la pratique de l'activité physique, c'est-à-dire qu'on met longtemps avant de pouvoir fabriquer des fibres de l'endurance, mais par contre on les perd assez vite, dès qu'on devient sédentaire. Donc si on n'a pas l'habitude de faire de l'activité physique, il faut se forcer à continuer à faire ce qu'on fait déjà au quotidien, et puis ensuite essayer de garder, si on peut, une activité trois fois par semaine d'activité physique, mais on pourra peut-être le revoir par la suite. Dans les bénéfices de l'activité physique dès l'annonce diagnostique, sur les modèles animaux, il est prouvé qu'on va limiter la toxicité directe, par exemple des anthracyclines, qui est une molécule très utilisée dans les leucémies, les hémopathies malignes et puis le cancer du sein. Et on va limiter très rapidement la toxicité myocardique et les dommages myocardiques, donc le myocarde c'est le muscle du cœur, en pratiquant une activité physique quotidienne. Donc ça c'est un modèle animal, ça a été décrit sur des rats il y a une quinzaine d'années, et puis on tente à le prouver également dans des modèles humains. C'est plus long toujours, mais... Il y a des études qui sont sorties aussi récemment et qui montrent également que lorsque l'on est actif de manière pluri-hebdomadaire, en faisant par exemple de la marche, on reverra le type d'activité mais plutôt de l'endurance, on va limiter la toxicité des produits. des chimiothérapies, des thérapies ciblées, et on va pouvoir limiter la toxicité directe de ces produits, soit au niveau du cœur ou des autres organes. ça peut être le foie, ça peut être la peau, etc.

  • Abigaïl

    Oui, ce n'est pas qu'une toxicité cardiaque qu'on va diminuer sur certaines chimios, c'est toutes les toxicités en général sur tous les organes.

  • Laura

    A priori, c'est ce qui est prouvé dans les dernières études, en effet. Des études qui datent entre 2020 et 2022. Donc c'est pour ça que la pratique de l'activité physique, elle va avoir un impact positif dans la qualité de vie du patient, elle va améliorer tout de suite. le mental du patient, limiter l'anxiété, la dépression, limiter la fatigue, et aussi avoir un impact en diminuant la toxicité des produits. Donc ça c'est vraiment la première chose. Et ensuite lorsqu'on prend l'habitude de faire une activité physique, on a du mal à s'en passer. Et donc sur le plus long terme, on va diminuer le risque de récidive du cancer. Au moins 50% dans le cancer du sein, cancer de prostate, les cancers dits hormonodépendants, cancer colorectal. Donc la pratique d'une activité physique sur le moyen ou long terme, c'est-à-dire à vie, plusieurs fois par semaine, va diminuer le risque de récidive du cancer et va diminuer le risque d'émergence de pathologies cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    Et c'est quoi les recommandations à un patient qui entre dans un parcours de soins et qui n'a pas forcément l'habitude de faire une pratique d'activité physique ? C'est quoi pour lui les référentiels ? Comment il va pouvoir se mettre progressivement dans l'activité physique ? Et est-ce que tu as des chiffres, par exemple X minutes par semaine ? Et comment on sait aussi si on a le bon niveau d'activité physique ? Parce que... faire ses courses, c'est pas la même dépense que d'aller courir. Donc comment on évalue si on est dans un bon niveau d'activité physique en tant que patient ?

  • Laura

    Alors en effet, tout à l'heure je parlais de faire le ménage, s'occuper des enfants, etc. C'est une base, mais ça ne constitue pas un entraînement cardiovasculaire ou pour limiter la récidive du cancer. Ce qui est prouvé et ce qui est recommandé dans le plan cancer en France, mais également par la Société européenne et américaine de cardiologie, et également l'Académie des sports américaine, c'est de pratiquer de l'activité physique de manière plurihebdomadaire. En général, on dit trois fois par semaine, 30 à 60 minutes. Donc ça c'est pour de l'activité physique d'endurance. Donc l'endurance ça peut être la marche, ça peut être le vélo, ça peut être la course à pied, ça peut être le longe-côte, on est à la Rochelle, on pratique la marche aquatique côtière. Ça peut être la randonnée si on est en montagne, ça peut être la natation, ça peut être, il y a beaucoup de choses qui se font aussi maintenant dans le sport santé post-cancer ou per-cancer. Ça peut être l'aviron. il y a tout un tas de choses et qui vont être adaptées aux patients. Donc ces activités physiques d'endurance, il faut les pratiquer en général trois fois par semaine, 30 à 60 minutes par semaine, donc je le disais. Ça peut être couplé avec deux séances d'entraînement de renforcement musculaire par semaine. Donc ça peut être un travail des petits haltères, des travails avec des élastiques, ça peut être du pilates, ça peut être du yoga. Ça peut être toute forme de renforcement musculaire, mais c'est important de coupler ça pendant ou après le cancer. Lorsque le patient n'a pas l'habitude de pratiquer une activité physique, ça arrive quand même fréquemment, je conseille éventuellement que le patient demande une prescription d'activité physique adaptée à son oncologue, à son médecin traitant, à sa gynéco, ça dépend par qui il est suivi.

  • Abigaïl

    Ça, ça se fait de prescrire ?

  • Laura

    Alors, on peut le prescrire. Après, enfin, on peut toujours le prescrire. Pour l'instant, ce n'est pas remboursé à 100 donc certaines mutuelles il y a quand même pas mal de mutuelles qui prennent en charge à l'année un certain nombre de séances après éventuellement maintenant il y a quand même beaucoup d'initiatives locales sur du sport santé dans des clubs de sport je parle de clubs de sport comme du rugby, comme du handball, où le club, avec sa politique responsabilité sociétale et environnementale, RSE, propose des activités physiques d'endurance ou de renforcement musculaire pour les patients. Les villes aussi font aussi énormément. Parfois, ils embauchent des APA et puis ils promeuvent l'activité physique dans les maladies, on va dire dites chroniques. Donc j'encourage quand même les patients à interroger leurs oncologues sur ce qui se fait Dans leur ville ou dans leur région, il y a beaucoup d'initiatives bénévoles ou institutionnelles qui se font, pas que dans les grandes villes, pas que à Paris. Donc ça peut être une manière de mettre le pied à l'étrier parce qu'il faut quand même un tremplin. C'est-à-dire qu'il y a l'annonce diagnostique du cancer, c'est vraiment un coup de massue. c'est très dur à encaisser, et en plus on vous dit, bon, mais ce serait bien de prendre en charge votre hygiène de vie, de vous mettre à faire de l'activité physique, d'arrêter de fumer, de manger équilibré, enfin, ce sont des messages qu'on a du mal à entendre, déjà, et puis, si on n'a jamais pratiqué de l'activité physique, probablement que c'est bien de se rapprocher d'un professionnel qui peut vous aider, ou pendant peut-être un mois, voilà, de se payer quand même, si notre mutuelle ne la prend pas en charge, aussi, une... une séance d'activité physique adaptée avec un coach. Donc si on le fait en autonomie, l'activité physique d'endurance, le bon rythme c'est d'être un petit peu essoufflé. mais de pouvoir dire 4 à 5 mots à la personne qui nous accompagne si on est accompagné. Ou alors il faut simuler d'être accompagné, mais globalement il faut pouvoir dire entre 3 à 5 mots, 5-6 mots, grand max. Si vous pouvez chanter complètement une chanson, c'est que vous n'allez pas assez vite. Ou si vous pouvez tenir une discussion complète, comme je suis en train de faire avec un bon débit, c'est que vous n'allez pas assez vite dans votre activité d'endurance. Voilà, donc... pour avoir le bon niveau d'essoufflement, il faut pouvoir dire quelques mots. Seulement à son voisin, on dit 3 à 5 mots en général.

  • Abigaïl

    D'accord. Et donc, tu nous disais 30 à 60 minutes par semaine.

  • Laura

    3 fois par semaine.

  • Abigaïl

    Oui, 3 fois par semaine. Mais du coup, ça veut dire quoi ? Ça veut dire 20 minutes chaque séance ?

  • Laura

    Si on fait 3 fois par semaine ? 30 minutes 3 fois par semaine, déjà, c'est la base.

  • Abigaïl

    Ah oui, 30 minutes, 3 fois par semaine. Donc 1h30 par semaine.

  • Laura

    D'accord. 30 minutes, 3 fois par semaine. Ouais. Donc du coup, 30 à 60 minutes trois fois par semaine. J'ai peut-être fait une erreur tout à l'heure. Mais oui, donc c'est quand même assez... Il faut que ce soit régulier pour que ça permette aux patients de garder sa masse musculaire ou d'en faire.

  • Abigaïl

    Et donc ça participe aussi à garder le souffle aussi et à faire travailler la fonction cardiaque suffisamment longtemps pour être efficace. Si on fait plus court, du coup,

  • Laura

    on est... En effet, ça va avoir un impact sur le muscle, mais ça va avoir aussi un impact sur la fonction cardio-respiratoire pour les sportifs. C'est le pic de VO2 ou le VO2 max que l'on mesure lors d'un test d'effort avec analyse des gaz respiratoires. En fait, on sait qu'une femme de 40 ans qui a eu un cancer du sein et qui a été traitée pendant 8 à 12 mois, par exemple, c'est à peu près la moyenne. Ça peut être plus longtemps lorsqu'elles ont des thérapies ciblées, une herceptine ça peut durer un an et demi. En fait, une femme de 40 ans qui a eu ce traitement long va avoir une capacité cardiorespiratoire à la fin de ce traitement équivalente à celle d'une femme de 70 ans qui n'a jamais eu de cancer. Donc on baisse énormément sa fonction cardiorespiratoire lorsqu'on est traité. pour le cancer. C'est pour ça que, alors c'est vrai, ça a été étudié par des équipes. Sloane et Jones, qui sont des chercheurs américains qui font ça depuis des années, peut-être 25 ans, ils ont montré ça dans des papiers anciens, voire très récents, d'expliquer qu'on perd parfois 30% de sa capacité cardio-respiratoire au décours de la prise en charge du cancer. C'est vrai quand même beaucoup pour la prise en charge d'hémopathie maligne. Pour tous les jeunes qui nous écoutent et qui sont atteints de leucémie, de lymphome, parce que ça touche malheureusement plutôt les jeunes gens, les enfants ou les jeunes adultes, vraiment garder ça en tête, continuer l'activité physique ou débuter une activité physique et maintenir une bonne hygiène de vie parce que ça va améliorer votre quotidien, ça va limiter votre risque de récidive probablement et aussi ça va limiter un impact défavorable. éventuels de vos traitements sur le système cardiovasculaire.

  • Abigaïl

    Et donc ça, c'est l'impact hors activité physique. Et quand on applique justement les recommandations concernant l'activité physique, est-ce qu'on arrive à mesurer la perte ou la non-perte, justement ?

  • Laura

    Alors, en fait, ça n'a pas été trop étudié. C'est-à-dire que dans ces équipes, on étudie vraiment dans des laboratoires, ou comme moi, je peux le faire dans notre clinique, on va faire des tests à l'effort. à nos patients et on a fait faire une thèse d'impact médico-économique sur le programme d'onco-cardiorehabilitation dans notre clinique. Et cette thèse de cette interne montre qu'on gagne 15 points au test à l'effort. Donc c'est en moyenne 15 watts, mais ça peut aller... Certains patients vont gagner 40 watts, d'autres vont gagner 10 watts, mais en moyenne sur un... un pool de patients qui était de 59 patientes, on gagnait en moyenne 15 points au test d'effort entre le début du programme et après un mois d'activité physique, donc cinq fois par semaine.

  • Abigaïl

    Et ça représente quoi ?

  • Laura

    Ça diminue la mortalité. En fait, à partir de 10 points d'amélioration du test d'effort, on sait que ça diminue énormément la mortalité cardiovasculaire. J'ai des patients qui ne sont pas atteints de cancer, mais on peut le corroborer aussi dans le post cancer. Donc on va gagner des années de vie. Plus on est actif, dynamique, musclé, avec une bonne capacité cardiorespiratoire, moins on aura d'événements cardiovasculaires ou de cancers, et moins on mourra d'un problème cardiovasculaire ou de cancers. Donc c'est non négligeable.

  • Abigaïl

    Ce qui est intéressant, c'est que les patients, quand ils arrivent, ils viennent pour un mois. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu quel type de patient tu suis ? Et puis, quel est leur parcours d'activité physique dans le programme ? Et les bénéfices après, parce que j'imagine que tu les suis même après, quand ils sont sortis de la réhabilitation. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ces patients ?

  • Laura

    Alors en fait ce programme, on est deux centres en France à le promouvoir, on est centre de réadaptation cardiovasculaire, on a utilisé notre savoir-faire d'un domaine cardiovasculaire pour vraiment le transposer aux patients atteints de cancer. Quand on l'a proposé aux oncologues, ils ont été hyper partants parce que ça faisait des années qu'ils attendaient une solution clé en main. où on prendrait en charge le patient de manière globale, parce que pendant 4 semaines, le patient va venir 5 jours, 5 après-midi par semaine. Il va pratiquer 2 activités physiques par après-midi, donc ça peut être de la marche, du vélo, du vélo elliptique, du rameur, du stepper, de l'aquagym, du renforcement musculaire. Il y a toujours une activité physique d'endurance et une activité physique de renforcement musculaire. Donc tous les jours, ça va être couplé à des activités de lâcher prise, où on prend en charge le patient sur le plan des émotions. Donc ça peut être de la sophro, de la relaxation, de la thérapie avec la psychologue. Ça va être également parfois du photolangage. Vraiment, on axe beaucoup sur la gestion émotionnelle pour faire baisser le niveau de stress, parce que le stress aussi, c'est pas qu'un terme, c'est quantifiable au niveau sanguin. Le stress, ça va générer des radicaux libres qui vont être toxiques, etc. Donc vraiment, on... Dans notre parcours, il y a vraiment quelque chose qui est en lien avec la gestion du stress. Et puis, on leur donne aussi des conseils alimentaires. Pendant ce programme, il y a des entretiens avec la diététicienne, des ateliers sur l'alimentation crétoise et puis un cours de cuisine. Et donc tout ça couplé, on va dire que les patients, on a pu quantifier l'amélioration de leur qualité de vie par des questionnaires, le questionnaire qui s'appelle SF36, et on a vu une majoration d'une vingtaine de points du score physique et mental entre le début du programme et la fin du programme. Donc ça, ça m'a permis de faire une étude de faisabilité, mais on continue. de faire ce questionnaire au long cours chez nos patients, et ça se maintient. Et c'est ce que nous, soignants, nous avions vu. C'est-à-dire que quand on a commencé à accueillir ces patients, C'était plutôt des femmes, je vais te réexpliquer après. Ces patientes en hôpital de jour dans notre clinique, elles arrivaient, elles pleuraient, elles n'étaient pas bien. En fait, il y a une forte perte d'estime de soi-même. On a perdu les cheveux, on a perdu les ongles, la peau n'est plus du tout la même, on a pris du poids, on a perdu ses muscles, on n'est plus au boulot, on est fatigué, exténué, on ne peut plus s'occuper de ses enfants. C'est vraiment difficile. On a une perte de sens, on a une perte de repère aussi parce que finalement, nous on prend en charge les patients dans notre clinique pendant un mois en hôpital de jour au décours de leur prise en charge oncologique qui a duré 8-12 mois. Donc pendant 8-12 mois, finalement, il y a l'annonce diagnostique et ensuite, toutes les 2-3 semaines, il y a l'injection, il y a la chimio. Donc elles voient leur oncologue énormément et ensuite, on leur dit bon bah écoutez, vous avez fait la chimio les trois cures par exemple d'anthracycline et ensuite les douze cures de taxol, vous avez fait la radiothérapie pendant 25 séances, là maintenant je vous prescris l'hormonothérapie, et puis on se revoit dans trois mois, six mois, etc. Donc en fait, là il y a tout ce que le patient aussi, il se retrouve avec sa fatigue, avec sa fonte musculaire, avec son arrêt de travail, avec pour autant la maison à gérer. Et l'entourage qui dit bon bah maintenant ça y est, le traitement est fini, ça va aller mieux Sauf que le patient, il a perdu ses repères physiques, mentaux, émotionnels.

  • Abigaïl

    Oui, et puis c'est une période très dure aussi où il y a un sentiment d'abandon. Parce que justement, on n'a plus tout cet entourage, tous ces rendez-vous médicaux. Et c'est vrai que c'est des périodes qui sont vraiment très dures pour les patients. En tout cas, moi c'est ce que je vois dans ma pratique au comptoir.

  • Laura

    C'est exactement ça. Et donc, le timing, on l'a déterminé avec les oncologues. En fait, je n'avais pas assez de place de toute manière pour accueillir tous les patients dès le début de l'annonce diagnostique, donc on les a échelonnés après la fin de la radiothérapie. Ça permettait également aussi qu'ils aient accès à l'aquagym, parce qu'ils font de l'aquagym, on attendait un mois, parce qu'on a quand même beaucoup de patients avec des cancers du sein, que ces patients puissent avoir accès à la piscine. et que leur peau est bien cicatrisée. Et donc, je les voyais arriver vraiment effondrées, et c'était tout à fait légitime. Et à la fin du mois, en fait, je les voyais transformées. beaucoup plus sûre d'elle, avec beaucoup de confiance, parce qu'en fait, il y a l'effet groupe qui joue, on les prend en charge en groupe. Il y a aussi cette capacité à s'évaluer au fur et à mesure. Quotidiennement, elles voyaient, mais je pourrais parler aussi en disant ils voient puisque maintenant on accueille des hommes, mais les patients voient leur progression quotidienne. et ça c'est chiffré à la fin par le test à l'effort également donc à la fois ça rassure le cardiologue en disant vous avez progressé, on voit qu'il n'y a pas de problème cardiaque et puis je vous reverrai dans un mois et je vous reverrai dans un an etc on planifie le suivi, que ce soit moi ou avec un confrère parce que je ne suis pas tous les patients malgré mes casquettes ma casquette de cardio-onco c'est vraiment en général les cardiologues libéraux qui suivent les patientes et puis elles avaient à la fois leur amélioration de capacité physique qui était visible physiquement, émotionnellement elles sentaient mieux l'effet boost de l'activité physique et puis sur le papier c'était noté et c'est noté sur le test à l'effort c'est hyper gratifiant de les suivre pendant un mois et puis de voir de telles transformations En fait, c'est vrai que j'encourage les cardiologues qui écouteront peut-être ce podcast et qui font de la réadaptation cardiaque. Il y a un effet extrêmement gratifiant et équivalent, voire supérieur parfois à des patients atteints de cardiopathie. Parce que c'est très compliqué d'avoir un infarctus et d'avoir eu un stent, mais ça dure un petit peu moins longtemps. Les patients restent deux à quatre jours à l'hôpital, ça va plus vite. Là, c'est des parcours plus longs, où le patient perd vraiment... En fait, se retrouve juste avec son âme, on va dire, mais il n'a plus que ça pour lui, parce que physiquement, émotionnellement, le patient est à la fois satisfait que l'oncologue l'ait aussi bien pris en charge et d'être sauvé de son cancer, mais... il y a quelque chose qui manque sur le plan physique et émotionnel, et il ne sait plus trop où il est, le patient.

  • Abigaïl

    Il faut le temps de la période de reconstruction. C'est ça.

  • Laura

    Nous, on n'est qu'un tremplin. Dans notre exercice, ça dure un mois. Mais c'est un tremplin. Le terme tremplin, c'est vrai. Quand on voit le tremplin au ski, aux Jeux Olympiques, c'est vraiment ça. On leur donne l'élan, et après, le but, c'est de les autonomiser. et de... qu'ils aient envie de s'autonomiser et qu'ils prévoient leur futur.

  • Abigaïl

    Et du coup, tu vois sur le long terme que c'est des bonnes habitudes qui restent, parce que justement, cette prise en charge globale, elle est rare. C'est vrai qu'on a tendance à donner des conseils ponctuels, faire de l'activité physique, va voir une diététicienne pour rééquilibrer l'assiette, arrête de fumer. Mais tout ça, pendant un mois en prise en charge globale,

  • Laura

    ça marque.

  • Abigaïl

    Et oui, parce que c'est tout l'environnement que tu modifies, et du coup, les changements, tu les vois sur le long terme ?

  • Laura

    Alors, c'est vrai que là, c'est quelque chose de cognitif, c'est-à-dire qu'ils ont appris par l'expérience qu'en fait, faire de l'activité physique tous les jours, prendre en charge son assiette et puis ses émotions, eh bien en fait, ça a un fort impact. Et c'est par l'expérience qu'ils vivent qu'ils vont avoir envie. Donc en effet, on a fait du suivi. Du phoning en fait, du suivi téléphonique pendant trois ans, lorsqu'on a monté, co-créé cette première étude en 2015, avant de pouvoir l'institutionnaliser au sein de la clinique, on a fait une étude de faisabilité et on suivait les patients pendant trois ans par téléphone et globalement les patients poursuivaient l'activité physique à 80%, l'activité physique d'endurance. Après, pour ce qui est du tabac, en général, ils arrêtent le tabac dans 90% des cas. Et c'est maintenu. L'alimentation, c'est maintenu à 50%. Donc ça, c'est dans mon quotidien, c'est ce que je perçois, et de cette étude de phoning. Maintenant, à large échelle, je ne pourrais pas donner de chiffres aussi précis. Là, c'est vraiment dans ma petite expérience perso. Mais le fait d'être un tremplin, ça marque les esprits et ça... ça donne une espèce d'ancrage physique. Ils ont senti les bénéfices, ça y est, ils les ont vus, alors qu'ils étaient très très fatigués et pas bien moralement.

  • Abigaïl

    En plus, on dit souvent qu'il faut trois semaines pour changer les habitudes. Donc là, c'est vrai qu'en termes de timing, un mois complet. Et puis avec d'autres patients aussi, il y a l'effet de groupe qui est très bénéfique aussi dans les parcours de soins onco. Le fait d'être avec d'autres patients, ça permet de se soutenir.

  • Laura

    En effet. Alors en fait, on a fait le choix d'accueillir les patients qui ont un cancer en même temps. En fait, ils commencent le mois ensemble, ils le finissent ensemble. Donc ça a amené des choses extraordinaires. Les patients échangent leurs numéros, ils continuent à se voir à l'extérieur, etc. Ensuite, ils sont aussi au contact de patients atteints de cardiopathie, c'est-à-dire qu'ils sont quand même mélangés avec des gens qui ont fait des infarctus. Donc ça a aussi un impact. Mais pourquoi vous êtes là ? Vous avez eu un stent ? Ah ben non, moi j'ai eu un lymphome. Ah bon, pourquoi ? Voilà, et donc ça me fait penser que je n'ai pas répondu à ta question sur les indications. Au départ, on a commencé avec les oncologues, on a choisi de proposer le programme aux patientes atteintes de cancer du sein parce qu'elles avaient des facteurs de risque qui pouvaient être communs aux pathologies cardiovasculaires. Les traitements étaient potentiellement fortement cardiotoxiques. Et puis c'est l'un des cancers les plus fréquents en France, 59 000 cas par an. 500 nouveaux cas à La Rochelle, tous les ans environ. Donc ça a impacté énormément. Et puis ça impacte la famille. Ça impacte les enfants. Donc on s'est dit, on va le proposer aux femmes, parce que ce programme va avoir un impact positif sur elles et leur environnement. Et puis ensuite, les hématologues m'ont dit, mais Laura, il y en a marre. Nous aussi, on a besoin de ça. Et donc du coup, en effet, on a ouvert le programme pour les patients atteints d'hémopathie maligne. Donc on nous adresse parfois des jeunes qui ont eu des leucémies, mais également des patients avec des lymphomes, des myelomes, qui ont des traitements potentiellement cardiotoxiques.

  • Abigaïl

    Et donc on a vu tout le bénéfice de l'activité physique pendant les parcours de soins en termes de diminution de fatigue, d'amélioration de la qualité de vie et justement sur l'après cancer.

  • Laura

    Sur l'après, ça va maintenir en effet la qualité de vie de toute manière parce que même si on est très éloigné du temps du cancer, si on est à 10 ou 15 ans ou 20 ans... Il y a toujours des hauts et des bas dans la vie, donc pratiquer une activité physique, ça permet de s'ancrer, ça permet d'être à l'aise dans ses baskets finalement, et d'être bien dans son corps, et de continuer à être bien émotionnellement, ça c'est clair et net. En général, les grands chefs d'entreprise... chef masculin ou féminin, peu importe, mais ils ont une activité physique régulière. Ils s'ancrent énormément pour aller mieux. Donc c'est valable aussi pour les patients qui ont eu un cancer. Et puis ça va diminuer le risque de récidive du cancer, de 50% chez les patients atteints de cancer du sein, cancer colorectal, cancer de la prostate. Donc les cancers dits hormonodépendants. Alors souvent on me pose la question, on me dit Oui, mais moi mon cancer du sein c'est un cancer triple négatif, donc il n'est pas hormonodépendant. C'est pas grave, enfin c'est pas grave, peu importe. Je dis aux patients, ça a le même impact. On sait que ça va diminuer le risque de récidive de votre cancer, même si c'est un triple négatif. et ensuite ça va diminuer la morbi mortalité cardiovasculaire, parce que les problématiques cardiaques qu'on peut avoir, elles sont parfois, c'est vrai, dans les 5 ans qui suivent le cancer, mais elles peuvent être à 10 ans, 15 ans, 20 ans. Donc lorsqu'on a une radiothérapie, même si la radiothérapie maintenant est très ciblée, on diminue les doses au cœur, il y a vraiment des protocoles d'atténuation de doses. qui font que le cœur est beaucoup moins impacté que dans les années 70 ou 80. Il peut y avoir un impact sur les coronaires ou sur le muscle ou sur le péricarde. Et donc la pratique de l'activité physique va diminuer ces cardiopathies. Je ne peux pas te donner de chiffres parce qu'en fait, on est assez en amont de ce qu'on... C'est-à-dire que... on est vraiment quand même encore au balbutiement de l'onco-cardio-réhabilitation. Nous, on est un peu les promoteurs de cela dans notre centre. On sait que l'impact de l'activité physique, on en parle beaucoup pour limiter la récidive du cancer et pour améliorer la qualité de vie, donc diminuer aussi les arrêts de travail, etc., sur le moyen ou long terme. mais sur la diminution de la cardiopathie en elle-même, il va falloir avoir des études plus longues, plus robustes sur le plan scientifique. Néanmoins, on sait déjà que ça va avoir un impact de pratiquer une activité physique, un impact positif pour éviter ces problèmes cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    On n'en a pas parlé, ça aussi, mais par exemple, pour les patientes qui sont sous hormonothérapie, moi ce que j'explique aussi au comptoir, c'est qu'on va aussi diminuer les douleurs articulaires. Il y a beaucoup de douleurs et en fait, on n'a pas trop de solutions, mis à part l'activité physique. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

  • Laura

    Alors, dans les études, ça ressort. On dit qu'on va limiter les douleurs articulaires sous l'hormonothérapie. Dans mon expérience, on a reçu maintenant 400 patients dans notre clinique, en institutionnel, en hôpital de jour. Je vais dire que je suis à 50-50. C'est-à-dire que soit ça va un peu diminuer, soit ça va complètement les stopper. Mais... Il peut y avoir encore des patientes qui décrivent ces arthralgies malgré ce parcours d'un mois d'activité physique. Donc en fait, c'est comme un effet on-off. Soit ça marche bien, soit ça marche quasiment pas en fait. Sur les douleurs nocturnes notamment qu'elles peuvent avoir, etc. Donc ça en fait, j'espérais avoir peut-être plus d'impact, mais je ne peux pas te dire que c'est impactant positivement pour toutes les patientes.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu leur conseilles à ces patients qui n'ont pas eu de résultats avec l'activité physique ? Qu'est-ce que tu mets en place par ailleurs ? Est-ce qu'il y a des choses à mettre en place ?

  • Laura

    Alors je suis un peu limitée, c'est-à-dire que moi dans ma pratique, c'est pas quelque chose que forcément j'ai appris, donc je les renvoie souvent à leur questionnement de... vers leur oncologue. Je leur conseille de toute manière de continuer la pratique de l'activité physique et on sait que ces arthralgies, elles vont être plutôt importantes la première année, pendant un an et demi, et ensuite elles vont tendre à diminuer. Donc voilà, c'est vrai qu'en général il faut serrer les dents parce que l'hormothérapie c'est 5-7 ans maintenant dans les recos.

  • Abigaïl

    Et en changeant d'activité physique, par exemple en allant plus sur des disciplines, faire du yoga ou ce genre de choses. Je sais pas si ça peut être plus impactant ou pas.

  • Laura

    Ça Alors, c'est vrai que dans mon quotidien, je peux pas te dire, mais c'est vrai que... Je ne l'ai pas expérimenté auprès de mes patientes. Je n'ai pas fait attention en même temps si elles faisaient du yoga ou du pilates et si elles étaient plus soulagées. Instinctivement, ça me paraît être une bonne idée. Peut-être que toi, tu as eu l'info dans les différents podcasts ou dans tes lectures.

  • Abigaïl

    Moi, j'avoue que je dis souvent aux patientes déjà d'essayer et puis de voir le bénéfice qu'elles en tirent. Parce qu'il y a aussi un facteur de l'activité me plaît. ou pas. Et du coup, je vais continuer pendant longtemps après à inscrire cette habitude dans mon mode de vie. Forcément, il faut que ça plaise.

  • Laura

    Alors ça, tu as parfaitement raison. Tu me demandais comment continuer. En fait, comment continuer, c'est déjà, je fais ce que j'aime. Il faut que la patiente ou le patient aille vers une activité qui lui plaise. C'est avec toutes les injonctions, il faut que j'aille marcher, il faut que j'aille courir, il faut que j'aille faire du vélo. C'est compliqué, ça ne marche pas dans le temps. Donc il faut avoir envie de pratiquer une activité physique, il faut la planifier. parce qu'après il y aura la reprise du travail bon après il y a des patients qui ne travaillent plus qui sont retraités mais les retraités sont très actifs aussi et pas forcément pour faire de l'activité physique, ils ont des activités bénévoles donc les patients disent ah mais moi je ne sais pas si je vais avoir le temps donc choisissez une activité physique qui vous plaise planifiez là comme on se brosse les dents François Carré qui est un professeur de cardiologie du sport dit mais vous brossez les dents matin et soir alors pratiquez de l'activité physique tous les jours c'est la même chose,

  • Abigaïl

    c'est la même hygiène de vie en fait mais il faut que ça plaise et puis aussi avec des personnes que l'on aime côtoyer il y a aussi un effet de groupe d'ambiance oui quand on pratique enfin après il y en a qui aiment ou qui n'aiment pas et d'ailleurs il y en a qui préfèrent pratiquer de l'activité physique plutôt seul mais en tout cas voilà ça c'est des facteurs qui peuvent être déterminants il faut se connaître,

  • Laura

    s'écouter souvent en fait la période du cancer c'est une période aussi ou d'introspection où on cherche enfin On peut se chercher et se dire qui je suis, qu'est-ce que j'ai envie, qu'est-ce que cette étape m'apporte pour mieux me connaître et aller me retrouver aussi moi-même. Donc en effet, c'est de quoi j'ai envie, avec qui je veux le faire, est-ce que je suis mieux seule, accompagnée, avec qui, où. Donc ça c'est des questions existentielles, un peu philosophiques aussi, mais qui peuvent au quotidien amener de l'engagement envers soi-même. Ça c'est vrai que c'est quelque chose que je retiens et que mes patients m'ont appris dans le quotidien d'onco-cardiologue ou de cardio-oncologue. C'est le sens de la vie une fois qu'on a eu un cancer et donc de l'engagement envers soi-même. C'est-à-dire que voilà, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour ne plus m'oublier dans mon quotidien ? Donc en effet, je vais avoir envie de pratiquer une activité physique parce que maintenant j'ai eu cette expérience dans cette clinique ou dans ce... cours de sport et ça me plaît, j'ai vu les bénéfices, j'ai vu les bénéfices du coaching mental, j'ai vu les bénéfices d'une alimentation équilibrée, de moins consommer de sucre, tout ça c'est l'expérimentation et c'est mieux se connaître et avoir aussi l'engagement envers soi-même de le faire et de s'y tenir.

  • Abigaïl

    Moi, j'ai en tête l'exemple d'une patiente qui, justement, avait fait un cancer du sein et aussi un accident cardiovasculaire. Et chez cette patiente-là, il y avait tout à revoir, que ce soit l'alimentation, le mode de vie, l'activité physique. Toi, qu'est-ce que tu conseilles à ces patients-là qui... où il faut tout reprendre et c'est difficile parce que c'est la montagne devant soi comment tu les abordes ces patients et en termes de motivation comment tu provoques si on peut provoquer je

  • Laura

    sais que c'est une question dure mais en fait c'est plus ou moins dur moi c'est facile pour moi parce que dans le centre où j'exerce les patients ils sont pris en charge 3 semaines 1 mois Dans le cancer un mois et dans d'autres cardiopathies, ça dépend s'ils sont hospitalisés, s'ils dorment à la clinique ou s'ils sont en hôpital de jour. Mais en fait, ils sont dans un cocon. Dans un cocon, pardon. C'est entre la vie réelle et le cocon hospitalier. Donc en fait, on va leur montrer par les preuves que manger équilibré, pratiquer de l'activité physique tous les jours et faire de la relaxation et de la respiration, de la cohérence cardiaque. ça améliore qu'ils sont au quotidien. Donc, Pour moi, c'est facile d'accompagner ces patients-là parce que j'ai l'outil efficace et efficient pour le faire. Après, si c'est quelqu'un que je vois en consultation externe et qui arrive avec toutes ces problématiques, déjà, s'il a eu un cancer ou une pathologie cardio-vasculaire, je peux lui proposer de venir dans mon centre, mais s'il ne peut pas ou il ne veut pas, ou si on a des patients qui nous écoutent et qui n'ont pas de centre de réadaptation cardiaque près de chez eux, il faut y aller par étapes. Donc en effet, quand même, l'activité physique en premier, le sevrage du tabac avec un tabacologue, se faire aider par quelqu'un, peut-être, je crois que tu as un livre à conseiller pour le sevrage du tabac ?

  • Abigaïl

    Oui, et puis sur le sevrage du tabac, je pense que c'est important de dire que maintenant tout est remboursé. par la sécu. Que ce soit les patchs, que ce soit les pastilles de nicotine, c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à en parler aux médecins qui nous prennent en soin, parce qu'en fait, maintenant, tout est pris en charge. Et tu parlais d'un livre, c'est vrai que... Moi, ce livre-là, je le conseille souvent à mes patients qui souhaitent arrêter de fumer. C'est le livre d'Alan Carr. Et en fait, ce livre-là, il... Comment dire ? Il va vraiment nous faire comprendre toute la psychologie et tous les mécanismes cérébraux liés à la dépendance à la nicotine. Et c'est vrai que ça permet d'avoir le déclic pour se sortir de la dépendance et ne plus jamais replonger dans le tabac.

  • Laura

    Merci pour ces conseils parce que la gestion du tabac, c'est quand même hyper dur pour nos patients. Voilà, parfois il y en a qui ont envie mais ils ont peur d'arrêter, ils se demandent comment ils vont être après, si les émotions vont être au taquet, beaucoup d'émotions inconfortables qu'on n'a pas l'habitude d'accueillir dans les pays occidentaux. Donc en fait il y a tout ça qu'il faut prendre en considération. Donc la première chose je dirais que n'hésitez pas à frapper à la porte soit de votre oncologue, soit de votre cardiologue ou de votre médecin généraliste pour dire bah moi j'irai... J'aimerais bien faire un séjour dans un centre de réadaptation cardiaque. J'ai entendu ça dans un podcast. Je pense que ça peut aussi venir des patients et éveiller les consciences des professionnels.

  • Abigaïl

    Ça veut dire que même un patient qui n'habiterait pas du tout dans le coin, tu pourrais l'accueillir pendant un mois ?

  • Laura

    Oui, nous on pourrait. Il n'y a pas de problème. Il faut que son médecin fasse une demande. et après moi ce que j'aimerais c'est que ça puisse se démocratiser et je pense que ça va le devenir ça va se démocratiser sur tout le territoire et après si des patients frappent à la porte aussi des réadaptateurs ça éveillera les consciences aussi des médecins qui vont dire bah tiens oui pourquoi pas c'est une bonne idée et après si le patient n'a pas la possibilité d'être absent de son travail c'est vrai qu'il faut y aller par étapes Donc la reprise d'une activité physique avec un coach peut-être ou un club. la gestion du tabac avec un médecin, le pharmacien, le tabacologue. Et puis après, tout ce qui est diététique, c'est aussi être accompagné. Mais souvent, on sait ce qu'il faut faire. On sait qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, etc. Après, il faut aussi programmer les achats, aller régulièrement faire les courses, etc. C'est vrai que c'est une nouvelle dynamique, un nouvel ancrage dans son quotidien. Et ne pas se dire, ça passe après. parce que la santé globale, elle passe avant tout. C'est ce qui permet à notre corps d'être véhiculé, d'être en bonne santé et de pouvoir ensuite travailler, promouvoir des projets. Et après, pour ce qui est du patient atteint de cancer, dans certains centres ou dans certains hôpitaux, il y a le parcours de soins post-cancer qui est remboursé à hauteur de six consultations avec des APA. professeur en activité physique adaptée, psychologue et diète, et on peut avoir accès à six consultations, donc c'est pas mal, complètement remboursé par la Sécurité sociale, ça fait suite à un décret de loi de décembre 2020, je crois, et donc du coup, il y a pas mal de centres qui ont eu l'autorisation d'exercer ce parcours de soins. A Pour terminer cet échange, qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage ? Parce que ce n'est pas qu'une question centrée sur le patient, c'est aussi une question familiale quand il s'agit des habitudes de vie avec l'activité physique, modifier nos habitudes en cuisine, éliminer le tabagisme, toutes ces bonnes habitudes de vie, et puis aussi limiter les consommations d'alcool. C'est vrai que tout ça, ce n'est pas... Que l'histoire du patient, c'est aussi l'histoire familiale, c'est les bonnes habitudes à prendre avec l'entourage. Et du coup, ça me fait la transition parfaite sur les aidants qui nous écoutent. Comment ils peuvent accompagner le patient dans l'activité physique et dans toutes ces bonnes recommandations de prévention santé ? C'est une bonne question, excellente même. Parce que quand on est aidant... mais c'est aussi vrai quand on est soignant, parfois on donne beaucoup de soi-même, mais on s'oublie aussi. Donc déjà pour être un bon aidant, il faut déjà prendre soin de soi, donc soi-même pratiquer l'activité physique, et puis avoir le moins de conduite addictive possible, une bonne alimentation, un bon sommeil, une bonne hydratation, enfin bon, ce sont des conseils de base, de vie de base qu'on a oublié parce qu'on a une vie tumultueuse. Comme un ouragan, on bosse, on se lève, on court partout. Donc ça en fait, un aidant, en plus il rajoute l'aide de son conjoint, de son enfant, de sa maman dans le cancer, c'est très compliqué. Donc il doit prendre soin de lui et puis il faut qu'il ait envie de prendre soin de lui. Et puis il peut accompagner la personne qui est malade pour aller... vers une meilleure hygiène de vie, pratiquer l'activité physique. l'accompagner dans la démarche en disant on va l'inscrire dans notre planning, on va faire une sortie ensemble, on va essayer le vélo, le vélo électrique pour ceux qui n'aiment pas le vélo. On va essayer ensemble le longe-côte, la rando. Essayer aussi de sortir des sentiers battus, créer des moments de connivence aussi avec la personne malade. Ça peut être une... une manière de faire.

  • Abigaïl

    Eh bien, en tout cas, merci beaucoup, Laura. Est-ce que tu vois quelque chose à rajouter pour clôturer cette interview, quelque chose qu'on aurait oublié de dire ?

  • Laura

    Écoute, non, je pense que déjà, je te remercie pour ton invitation. Je dirais que ce podcast, il peut avoir une portée vraiment nationale dans la prévention secondaire des cancers et des maladies cardiovasculaires. Donc, j'espère qu'il sera bien écouté et que ce sera à la hauteur de tout l'investissement que tu as pu mettre. Voilà. Merci beaucoup à Abigaïl, en tout cas, de ton invitation.

  • Abigaïl

    Merci à toi Laura, merci pour cet échange qui était fort instructif et qui va apporter beaucoup de valeur à nos patients et aux accompagnants. Merci beaucoup Laura.

  • Laura

    Merci Abigaïl.

  • Abigaïl

    Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de notes entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels. du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, on parle avec Laura d'onco cardio réhabilitation.

En effet, saviez vous que les facteurs de risques des maladies cardio vasculaires et de cancer sont les mêmes ? Et que l'on observe une perte de chance cardio-vasculaire chez les patients en parcours de soin cancer. Les facteurs pour expliquer cela sont multiples : prise de poids, fonte de la masse musculaire, toxicités cardiaques de certains traitements.

La réhabilitation cardiaque par l'activité physique pendant et en post parcours de soin oncologique est essentielle et permet d'améliorer la qualité de vie des patients. Elle permet aussi de limiter les toxicités sur les organes, avec en premier lieu le cœur.

L'activité physique chez les patients en traitements permet de diminuer la fatigue cancéro-induite et de diminuer certaines douleurs chez certains patients. Mais rappelons aussi que l'activité physique est bénéfique pour tout le monde, patients, entourage, aidants, quelque soit l'âge, au quotidien, en prévention primaire des maladies.


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

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N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

Prenez bien soin de vous !


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Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'Héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Laura,

  • Laura

    Bonjour Abigail,

  • Abigaïl

    Je suis vraiment ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci pour ton temps, merci pour cette interview.

  • Laura

    Merci à toi. Merci de m'accueillir et de donner du temps d'écoute aux patients qui ont un cancer et à leurs aidants.

  • Abigaïl

    Et merci à toi de m'accueillir chez toi, ici à La Rochelle. J'ai fait le déplacement juste pour toi.

  • Laura

    Merci beaucoup. J'espère que tu auras apprécié le petit séjour, le petit parcours qu'on a fait aujourd'hui.

  • Abigaïl

    Ça devait rester secret. Oui, j'ai eu le droit à un restaurant et à une petite visite du centre-ville. En tout cas, merci à toi. Est-ce que tu veux bien te présenter, s'il te plaît, pour les auditeurs qui nous écoutent ?

  • Laura

    Oui, je m'appelle Laura, je suis rochelaise, cardiologue dans un centre de réadaptation cardiovasculaire en périphérie de La Rochelle, qui prend en charge des patients atteints de problèmes cardiaques. On appelle ça des cardiopathies, essentiellement des problèmes comme l'infarctus, la pose de stent, l'insuffisance cardiaque, des gens qui sont en attente de greffe cardiaque, par exemple. Donc des cardiopathies assez sévères. J'ai une casquette de cardiologue du sport et également d'onco-cardiologue. Je suis nouvellement diplômée, ça date de cette semaine.

  • Abigaïl

    Tu viens d'avoir ton DU, félicitations !

  • Laura

    Merci. Donc c'est une casquette que j'ai endossée déjà il y a une dizaine d'années. maintenant, mais ce n'était pas formalisé par un DU parce qu'il n'existait pas. L'oncocardiologie ou la cardio-oncologie, ça dépend de quel côté on se place, c'est une discipline émergente qui permet de prendre en charge de manière globale les patients atteints de cancer, leur permettre d'éviter, de développer des problèmes cardiovasculaires au décours de leur cancer ou pendant leur prise en charge thérapeutique du cancer. et qui permet également à l'oncologue, en cas de problème cardiaque, de mieux manager, de mieux prendre en charge le patient tout en continuant son traitement pour le cancer pour ne pas qu'il y ait de perte de chance. C'est une discipline émergente, comme je disais, et la Société Française de Cardiologie lui a fait une place puisqu'il existe maintenant un groupe de cardio-oncologie à la SFC.

  • Abigaïl

    Voilà. Ok. Et du coup, ça c'est dans ton centre. Explique-nous un petit peu au quotidien comment ça se passe.

  • Laura

    Alors en fait, il y a une dizaine d'années, j'ai eu envie, après de multiples, on va dire, une collusion de différentes informations qui me sont parvenues dans mon exercice quotidien, j'ai eu envie de créer un programme de réadaptation à l'effort pour les patients atteints de cancer. Puisque j'exerçais depuis quelques années dans le centre pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, je voyais les bénéfices d'une prise en charge globale par la pratique de l'activité physique, la gestion du stress et des émotions et la prise en charge également alimentaire. Je voyais une amélioration de leur qualité de vie, également de leur pronostic cardiovasculaire. Depuis 40 ans maintenant, on sait qu'on doit réadapter à l'effort les patients atteints de problèmes cardiaques. Et dans mon exercice quotidien, en 2011, on m'adressait des patientes qui avaient des problèmes cardiaques au décours de leur prise en charge de cancer du sein essentiellement. Donc elles avaient parfois de l'insuffisance cardiaque, des problèmes d'infarctus, mais plutôt de l'insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque qui fonctionnait moins bien. Quelques années au décours de leur prise en charge, ça a commencé à m'alerter un peu. Alors c'est quelque chose qu'on connaît, mais c'est vrai qu'on m'en adressait de plus en plus. Et puis je voyais dans la presse, soit de la presse scientifique, soit de la presse locale... ou national qu'il existait quelques initiatives pour la pratique de l'activité physique dans le cancer. Donc ça a éveillé un peu mes soupçons sur ce qu'on pouvait éventuellement faire dans mon centre pour ces patients. Et puis mon père m'a passé une lecture qui s'appelle Anticancer de David Servan-Schreiber qui est très connue. Et là vraiment ça a été le déclic, parce qu'il parlait de tous les facteurs de risque de cancer qui sont les mêmes que les facteurs de risque cardiovasculaire. Et donc je me suis dit qu'il faut qu'on utilise notre savoir-faire dans le domaine cardiovasculaire en réadaptation pour réadapter à l'effort les patients atteints de cancer.

  • Abigaïl

    Oui, justement j'allais rebondir sur ça. Comment on explique cette imbrication entre problèmes cardiovasculaires et parcours de soins oncologiques ?

  • Laura

    Alors en fait, déjà ce qu'il faut savoir c'est que 40% des cancers, que ce soit en France ou dans le monde, surtout les pays occidentaux, pourraient être éliminés, pourraient être diminués par une meilleure hygiène de vie et en prenant en charge des facteurs de risque qui sont communs, à savoir des facteurs modifiables évidemment, le tabac, l'alcool, la sédentarité, la malbouffe, le stress. En fait, tout ce qu'on connaît. Pour être des facteurs de risque cardiovasculaire, et on va dire faire attention à son cœur et à ses artères en arrêtant de fumer, en limitant l'alcool, etc., on sait que ça peut avoir aussi un impact sur tout un tas de cancers. Pas tous, évidemment, mais il y a un certain nombre de cancers qui pourraient être évitables par la modification d'hygiène de vie. et on sait aussi que la récidive du cancer peut être diminuée si on modifie en profondeur son hygiène de vie. Évidemment, un fumeur aura moins de risque de récidiver son cancer du poumon ou du sein s'il arrête de fumer, etc. Donc ça, c'est le premier paradigme, on va dire, qui est les facteurs de risque qui vont amener une sorte d'inflammation dans le corps et au niveau des organes, soit en générant un cancer, soit en générant... de l'athérosclérose, c'est-à-dire des dépôts de graisse dans les coronaires. Un patient va développer avec ses différents facteurs de risque éventuellement soit une maladie cardiovasculaire, soit un cancer. Si on prend en charge mieux ces facteurs de risque, dès l'annonce du cancer, on sait qu'on va avoir plus d'impact pour limiter la récidive du cancer sur le long terme, enfin le moyen et long terme. Ensuite, la deuxième imbrication est liée au fait que lorsqu'on est atteint d'un cancer, notamment les cancers qui vont nécessiter des thérapies lourdes comme les leucémies, les lymphomes, les pathologies liées aux cancers du sein, les cancers colorectaux, certains cancers aussi dits hormonodépendants, autres que le cancer du sein comme la prostate. Ces différents cancers et leurs thérapies peuvent être potentiellement cardiotoxiques. Il peut y avoir un impact sur les artères coronaires, sur le muscle cardiaque, sur le court, moyen ou long terme. En général, c'est plutôt moyen ou long terme, mais ça va impacter parfois directement les vaisseaux ou le cœur du patient. On pourra peut-être en reparler un petit peu après. Et la troisième chose, c'est que lorsque l'on est atteint par un cancer, on va être plus fatigué, donc on va avoir une espèce de fonte musculaire, on va prendre de la masse grasse, et donc on va diminuer sa capacité physique, et donc on va générer encore plus de sur-risques cardiovasculaires. cardiovasculaire pardon, en étant plus sédentaire et en ayant pris du poids. Une femme qui a un cancer du sein, en moyenne dans les études, prend 5 kg de poids durant son traitement. le muscle fond, mais elle va prendre 5 kg de graisse, par exemple. Donc, on sait que ça peut avoir un impact sur le moyen ou long terme, sur le système cardiovasculaire du patient. C'est vrai aussi dans le cancer de la prostate et chez les patients qui ont été traités pour une greffe de moelle, par exemple. Par une greffe de moelle. bref, de cellules hématopoïétiques, peut générer ce qu'on appelle un pseudo-syndrome métabolique, c'est-à-dire avec un peu plus de risque de diabète, d'hypertension, d'hypercholestérolémie, de surpoids. Donc toutes ces choses-là, les facteurs de risques initiaux du patient, la fonte musculaire et le syndrome dit pseudo-métabolique lié au traitement et le traitement lui-même. du cancer peuvent générer des cardiopathies.

  • Abigaïl

    Et tout ça maintenant, on a des études pour le chiffrer. On n'avait peut-être pas aussi autant de données avant vis-à-vis de tout ça, mais là maintenant, c'est vrai qu'on arrive à avoir des niveaux de preuves très élevés et des chiffres, des études qui sont très probantes. Enfin, on connaît le lien maintenant. Très probants entre eux.

  • Laura

    Oui, en effet, que ce soit certaines chimiothérapies comme les anthracyclines, le cyclophosphamide, certaines thérapies ciblées comme l'herceptine. Donc ça, c'est des chimiothérapies ou des thérapies qui sont utilisées dans le cancer du sein. Lorsqu'on les associe les unes avec les autres, donc indépendamment les unes des autres, il va y avoir un risque d'insuffisance cardiaque qui est aux alentours de 1 à 2-3%. 3%. mais lorsqu'on les associe entre elles, ça fait un espèce de cocktail qui peut générer plus de risques d'insuffisance cardiaque, par exemple, et on peut atteindre des taux de 15 à 20% de patients qui vont coupler anthracycline, cyclophosphamide, endoxan, par exemple, et puis une thérapie ciblée. Donc évidemment, ça ne va pas toucher tous les patients, donc je dis, c'est entre 1 et 20% des patients, mais si on est à 20% des patients, ça fait beaucoup.

  • Abigaïl

    C'est énorme.

  • Laura

    Oui, puisque le... Le nombre de patients qui sont atteints par des cancers en France est très important. En 2025, on aura presque 4 millions, enfin on sera à 3,8 millions de patients qui auront été atteints par un cancer et qui auront survécu, qui seront en rémission ou en guérison du cancer, parce que les thérapies, les thérapeutiques, elles sont hyper... positives et elles améliorent à la fois le pronostic vital du patient, la survie, on n'a rien à dire sur l'efficacité de l'arsenal thérapeutique oncologique. Il est extraordinaire, il y a eu des avancées et il y en a encore tous les jours, c'est vraiment le domaine de la cardio-oncologie qui va se développer, là il est en lien avec les potentiels effets secondaires sur le moyen ou long terme. mais le but c'est de manager, de prendre en charge et d'aider le patient à se prendre en charge le mieux possible pour ne pas avoir ces effets secondaires tout au long de sa vie.

  • Abigaïl

    Oui, on a une dimension du temps au final où on a de plus en plus de patients dans l'après-cancer et donc le but c'est d'instaurer une très bonne hygiène de vie pour diminuer la récidive et améliorer la qualité de vie.

  • Laura

    Exactement. En fait, par exemple, le taux de rémission chez une patiente qui aura un cancer du sein, c'est 90%. Donc 90% de patientes à 5 ans ne récidivent pas leur cancer du sein. Néanmoins, leur pronostic cardiovasculaire est grévé par les thérapeutiques et éventuellement ce que j'expliquais tout à l'heure, la prise de poids, la fonte musculaire. et les éventuels facteurs de risque cardiovasculaires qu'elles peuvent cumuler dans leur vie quotidienne. Donc ce qui va gréver le pronostic de la patiente, c'est plus des problèmes cardiovasculaires que la récidive du cancer en lui-même.

  • Abigaïl

    Oui, et en plus les problèmes cardiovasculaires, on les détecte moins bien chez les femmes je crois. C'est des signes qui sont moins... donc on est doublement pénalisé.

  • Laura

    Alors il y a aussi ça, c'est vrai que si on fait un petit focus sur la santé cardiovasculaire de la femme, les symptômes d'infarctus,ngor sont beaucoup plus florides et moins précis chez la femme que chez l'homme. Donc ça va être des palpitations, des nausées, mais ça ne va pas forcément être la barre dans la poitrine. Donc il y a ça, et puis aussi un patient qui a eu un cancer, ou une patiente qui a eu un cancer, En fait, ça va mettre un petit peu de temps avant que son cœur, par exemple, son cœur va être décliné, pour parler de manière simple, pour nos patients qui écoutent. Par exemple, la pompe cardiaque va se mettre à décliner, mais les symptômes vont apparaître un an après, par exemple. Parce qu'il a déjà cumulé de la fatigue dite cancéro-induite. Donc il ne va pas faire le lien, il va dire je suis fatigué, je suis essoufflé, mais il va plus mettre ça sur le compte du cancer que sur un problème cardiaque. Le but, c'est vraiment d'éduquer le patient à son suivi cardiovasculaire tout au long de sa vie. C'est-à-dire que maintenant, il y a des recommandations robustes de la Société européenne de cardiologie qui sont sorties en septembre 2022 et qui indiquent comment on doit suivre un patient au décours de son cancer, quel que soit son cancer ou le type de molécule qu'il a eu. Il y a des abacs. que les cardiologues sont amenés maintenant à suivre pour mieux suivre leurs patients et pour mieux les prendre en charge et mieux dépister des pathologies qui en effet vont être ou peuvent être silencieuses.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu peux nous parler des bénéfices de l'activité physique pour nos patients ? Il y a plusieurs étapes. Ça peut être pendant le parcours de soins. Les bénéfices sont multiples. On va peut-être déjà commencer par là. Après, il y a tout le bénéfice aussi après les parcours de soins. de l'activité physique et même pour les accompagnants parce qu'au final l'activité physique est bénéfique pour tout l'entourage mais en tout cas je profite que tu sois là et que ce soit ta spécialité je pense que c'est important qu'on ait des données chiffrées sur

  • Laura

    l'activité physique et le bénéfice que ça procure en fait l'activité physique tu as raison de le rappeler c'est bénéfique pour tout le monde à tout âge et au quotidien en prévention primaire des maladies, et on ne devrait pas attendre d'être malade avant d'en pratiquer. Donc ça, c'est le premier message. Donc le message, en fait, ce message-là, c'est celui que j'avais en tête lorsqu'on a monté ce programme de réadaptation pour les patients atteints de cancer dans notre centre cardiovasculaire, pour en effet... au cours du traitement, limiter ce qu'on appelle la fatigue dite cancéro-induite, qui est liée vraiment au syndrome du canapé. Et puis, quand un patient est atteint d'un cancer, son entourage, ou lui-même, mais parfois c'est même l'entourage, va lui dire ne fais pas ci, ne fais pas ça, ne porte pas ce poids, ne porte pas ce sac de linge sale, ne va pas faire les courses, je vais le faire pour toi, etc. Donc le premier message, c'est que lors de l'annonce diagnostique d'un cancer, on devrait quasiment coupler cette annonce diagnostique. pour donner un message d'espoir en disant l'activité physique peut améliorer votre qualité de vie et votre survie sur le court, le moyen ou le long terme. L'activité physique va permettre de diminuer l'essoufflement, de diminuer la fatigue, de limiter l'anxiété et la dépression parce qu'on va produire des hormones dites du bien-être, les endorphines, sérotonines, etc. et donc l'activité physique ça peut être si on n'a pas l'habitude d'en pratiquer ça peut être déjà continuer à faire son ménage continuer à faire ses courses

  • Abigaïl

    par exemple l'entourage qui par bienveillance va dire non ne fait rien,

  • Laura

    ça on est d'accord c'est pas une bonne chose en tout cas quand le patient va bien, qu'il a pas ses nausées ses vomissements évidemment, on va rester logique et cohérent mais si le patient se sent capable il faut plutôt l'encourager parce que la fonte musculaire arrive très rapidement. C'est très ingrat la pratique de l'activité physique, c'est-à-dire qu'on met longtemps avant de pouvoir fabriquer des fibres de l'endurance, mais par contre on les perd assez vite, dès qu'on devient sédentaire. Donc si on n'a pas l'habitude de faire de l'activité physique, il faut se forcer à continuer à faire ce qu'on fait déjà au quotidien, et puis ensuite essayer de garder, si on peut, une activité trois fois par semaine d'activité physique, mais on pourra peut-être le revoir par la suite. Dans les bénéfices de l'activité physique dès l'annonce diagnostique, sur les modèles animaux, il est prouvé qu'on va limiter la toxicité directe, par exemple des anthracyclines, qui est une molécule très utilisée dans les leucémies, les hémopathies malignes et puis le cancer du sein. Et on va limiter très rapidement la toxicité myocardique et les dommages myocardiques, donc le myocarde c'est le muscle du cœur, en pratiquant une activité physique quotidienne. Donc ça c'est un modèle animal, ça a été décrit sur des rats il y a une quinzaine d'années, et puis on tente à le prouver également dans des modèles humains. C'est plus long toujours, mais... Il y a des études qui sont sorties aussi récemment et qui montrent également que lorsque l'on est actif de manière pluri-hebdomadaire, en faisant par exemple de la marche, on reverra le type d'activité mais plutôt de l'endurance, on va limiter la toxicité des produits. des chimiothérapies, des thérapies ciblées, et on va pouvoir limiter la toxicité directe de ces produits, soit au niveau du cœur ou des autres organes. ça peut être le foie, ça peut être la peau, etc.

  • Abigaïl

    Oui, ce n'est pas qu'une toxicité cardiaque qu'on va diminuer sur certaines chimios, c'est toutes les toxicités en général sur tous les organes.

  • Laura

    A priori, c'est ce qui est prouvé dans les dernières études, en effet. Des études qui datent entre 2020 et 2022. Donc c'est pour ça que la pratique de l'activité physique, elle va avoir un impact positif dans la qualité de vie du patient, elle va améliorer tout de suite. le mental du patient, limiter l'anxiété, la dépression, limiter la fatigue, et aussi avoir un impact en diminuant la toxicité des produits. Donc ça c'est vraiment la première chose. Et ensuite lorsqu'on prend l'habitude de faire une activité physique, on a du mal à s'en passer. Et donc sur le plus long terme, on va diminuer le risque de récidive du cancer. Au moins 50% dans le cancer du sein, cancer de prostate, les cancers dits hormonodépendants, cancer colorectal. Donc la pratique d'une activité physique sur le moyen ou long terme, c'est-à-dire à vie, plusieurs fois par semaine, va diminuer le risque de récidive du cancer et va diminuer le risque d'émergence de pathologies cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    Et c'est quoi les recommandations à un patient qui entre dans un parcours de soins et qui n'a pas forcément l'habitude de faire une pratique d'activité physique ? C'est quoi pour lui les référentiels ? Comment il va pouvoir se mettre progressivement dans l'activité physique ? Et est-ce que tu as des chiffres, par exemple X minutes par semaine ? Et comment on sait aussi si on a le bon niveau d'activité physique ? Parce que... faire ses courses, c'est pas la même dépense que d'aller courir. Donc comment on évalue si on est dans un bon niveau d'activité physique en tant que patient ?

  • Laura

    Alors en effet, tout à l'heure je parlais de faire le ménage, s'occuper des enfants, etc. C'est une base, mais ça ne constitue pas un entraînement cardiovasculaire ou pour limiter la récidive du cancer. Ce qui est prouvé et ce qui est recommandé dans le plan cancer en France, mais également par la Société européenne et américaine de cardiologie, et également l'Académie des sports américaine, c'est de pratiquer de l'activité physique de manière plurihebdomadaire. En général, on dit trois fois par semaine, 30 à 60 minutes. Donc ça c'est pour de l'activité physique d'endurance. Donc l'endurance ça peut être la marche, ça peut être le vélo, ça peut être la course à pied, ça peut être le longe-côte, on est à la Rochelle, on pratique la marche aquatique côtière. Ça peut être la randonnée si on est en montagne, ça peut être la natation, ça peut être, il y a beaucoup de choses qui se font aussi maintenant dans le sport santé post-cancer ou per-cancer. Ça peut être l'aviron. il y a tout un tas de choses et qui vont être adaptées aux patients. Donc ces activités physiques d'endurance, il faut les pratiquer en général trois fois par semaine, 30 à 60 minutes par semaine, donc je le disais. Ça peut être couplé avec deux séances d'entraînement de renforcement musculaire par semaine. Donc ça peut être un travail des petits haltères, des travails avec des élastiques, ça peut être du pilates, ça peut être du yoga. Ça peut être toute forme de renforcement musculaire, mais c'est important de coupler ça pendant ou après le cancer. Lorsque le patient n'a pas l'habitude de pratiquer une activité physique, ça arrive quand même fréquemment, je conseille éventuellement que le patient demande une prescription d'activité physique adaptée à son oncologue, à son médecin traitant, à sa gynéco, ça dépend par qui il est suivi.

  • Abigaïl

    Ça, ça se fait de prescrire ?

  • Laura

    Alors, on peut le prescrire. Après, enfin, on peut toujours le prescrire. Pour l'instant, ce n'est pas remboursé à 100 donc certaines mutuelles il y a quand même pas mal de mutuelles qui prennent en charge à l'année un certain nombre de séances après éventuellement maintenant il y a quand même beaucoup d'initiatives locales sur du sport santé dans des clubs de sport je parle de clubs de sport comme du rugby, comme du handball, où le club, avec sa politique responsabilité sociétale et environnementale, RSE, propose des activités physiques d'endurance ou de renforcement musculaire pour les patients. Les villes aussi font aussi énormément. Parfois, ils embauchent des APA et puis ils promeuvent l'activité physique dans les maladies, on va dire dites chroniques. Donc j'encourage quand même les patients à interroger leurs oncologues sur ce qui se fait Dans leur ville ou dans leur région, il y a beaucoup d'initiatives bénévoles ou institutionnelles qui se font, pas que dans les grandes villes, pas que à Paris. Donc ça peut être une manière de mettre le pied à l'étrier parce qu'il faut quand même un tremplin. C'est-à-dire qu'il y a l'annonce diagnostique du cancer, c'est vraiment un coup de massue. c'est très dur à encaisser, et en plus on vous dit, bon, mais ce serait bien de prendre en charge votre hygiène de vie, de vous mettre à faire de l'activité physique, d'arrêter de fumer, de manger équilibré, enfin, ce sont des messages qu'on a du mal à entendre, déjà, et puis, si on n'a jamais pratiqué de l'activité physique, probablement que c'est bien de se rapprocher d'un professionnel qui peut vous aider, ou pendant peut-être un mois, voilà, de se payer quand même, si notre mutuelle ne la prend pas en charge, aussi, une... une séance d'activité physique adaptée avec un coach. Donc si on le fait en autonomie, l'activité physique d'endurance, le bon rythme c'est d'être un petit peu essoufflé. mais de pouvoir dire 4 à 5 mots à la personne qui nous accompagne si on est accompagné. Ou alors il faut simuler d'être accompagné, mais globalement il faut pouvoir dire entre 3 à 5 mots, 5-6 mots, grand max. Si vous pouvez chanter complètement une chanson, c'est que vous n'allez pas assez vite. Ou si vous pouvez tenir une discussion complète, comme je suis en train de faire avec un bon débit, c'est que vous n'allez pas assez vite dans votre activité d'endurance. Voilà, donc... pour avoir le bon niveau d'essoufflement, il faut pouvoir dire quelques mots. Seulement à son voisin, on dit 3 à 5 mots en général.

  • Abigaïl

    D'accord. Et donc, tu nous disais 30 à 60 minutes par semaine.

  • Laura

    3 fois par semaine.

  • Abigaïl

    Oui, 3 fois par semaine. Mais du coup, ça veut dire quoi ? Ça veut dire 20 minutes chaque séance ?

  • Laura

    Si on fait 3 fois par semaine ? 30 minutes 3 fois par semaine, déjà, c'est la base.

  • Abigaïl

    Ah oui, 30 minutes, 3 fois par semaine. Donc 1h30 par semaine.

  • Laura

    D'accord. 30 minutes, 3 fois par semaine. Ouais. Donc du coup, 30 à 60 minutes trois fois par semaine. J'ai peut-être fait une erreur tout à l'heure. Mais oui, donc c'est quand même assez... Il faut que ce soit régulier pour que ça permette aux patients de garder sa masse musculaire ou d'en faire.

  • Abigaïl

    Et donc ça participe aussi à garder le souffle aussi et à faire travailler la fonction cardiaque suffisamment longtemps pour être efficace. Si on fait plus court, du coup,

  • Laura

    on est... En effet, ça va avoir un impact sur le muscle, mais ça va avoir aussi un impact sur la fonction cardio-respiratoire pour les sportifs. C'est le pic de VO2 ou le VO2 max que l'on mesure lors d'un test d'effort avec analyse des gaz respiratoires. En fait, on sait qu'une femme de 40 ans qui a eu un cancer du sein et qui a été traitée pendant 8 à 12 mois, par exemple, c'est à peu près la moyenne. Ça peut être plus longtemps lorsqu'elles ont des thérapies ciblées, une herceptine ça peut durer un an et demi. En fait, une femme de 40 ans qui a eu ce traitement long va avoir une capacité cardiorespiratoire à la fin de ce traitement équivalente à celle d'une femme de 70 ans qui n'a jamais eu de cancer. Donc on baisse énormément sa fonction cardiorespiratoire lorsqu'on est traité. pour le cancer. C'est pour ça que, alors c'est vrai, ça a été étudié par des équipes. Sloane et Jones, qui sont des chercheurs américains qui font ça depuis des années, peut-être 25 ans, ils ont montré ça dans des papiers anciens, voire très récents, d'expliquer qu'on perd parfois 30% de sa capacité cardio-respiratoire au décours de la prise en charge du cancer. C'est vrai quand même beaucoup pour la prise en charge d'hémopathie maligne. Pour tous les jeunes qui nous écoutent et qui sont atteints de leucémie, de lymphome, parce que ça touche malheureusement plutôt les jeunes gens, les enfants ou les jeunes adultes, vraiment garder ça en tête, continuer l'activité physique ou débuter une activité physique et maintenir une bonne hygiène de vie parce que ça va améliorer votre quotidien, ça va limiter votre risque de récidive probablement et aussi ça va limiter un impact défavorable. éventuels de vos traitements sur le système cardiovasculaire.

  • Abigaïl

    Et donc ça, c'est l'impact hors activité physique. Et quand on applique justement les recommandations concernant l'activité physique, est-ce qu'on arrive à mesurer la perte ou la non-perte, justement ?

  • Laura

    Alors, en fait, ça n'a pas été trop étudié. C'est-à-dire que dans ces équipes, on étudie vraiment dans des laboratoires, ou comme moi, je peux le faire dans notre clinique, on va faire des tests à l'effort. à nos patients et on a fait faire une thèse d'impact médico-économique sur le programme d'onco-cardiorehabilitation dans notre clinique. Et cette thèse de cette interne montre qu'on gagne 15 points au test à l'effort. Donc c'est en moyenne 15 watts, mais ça peut aller... Certains patients vont gagner 40 watts, d'autres vont gagner 10 watts, mais en moyenne sur un... un pool de patients qui était de 59 patientes, on gagnait en moyenne 15 points au test d'effort entre le début du programme et après un mois d'activité physique, donc cinq fois par semaine.

  • Abigaïl

    Et ça représente quoi ?

  • Laura

    Ça diminue la mortalité. En fait, à partir de 10 points d'amélioration du test d'effort, on sait que ça diminue énormément la mortalité cardiovasculaire. J'ai des patients qui ne sont pas atteints de cancer, mais on peut le corroborer aussi dans le post cancer. Donc on va gagner des années de vie. Plus on est actif, dynamique, musclé, avec une bonne capacité cardiorespiratoire, moins on aura d'événements cardiovasculaires ou de cancers, et moins on mourra d'un problème cardiovasculaire ou de cancers. Donc c'est non négligeable.

  • Abigaïl

    Ce qui est intéressant, c'est que les patients, quand ils arrivent, ils viennent pour un mois. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu quel type de patient tu suis ? Et puis, quel est leur parcours d'activité physique dans le programme ? Et les bénéfices après, parce que j'imagine que tu les suis même après, quand ils sont sortis de la réhabilitation. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ces patients ?

  • Laura

    Alors en fait ce programme, on est deux centres en France à le promouvoir, on est centre de réadaptation cardiovasculaire, on a utilisé notre savoir-faire d'un domaine cardiovasculaire pour vraiment le transposer aux patients atteints de cancer. Quand on l'a proposé aux oncologues, ils ont été hyper partants parce que ça faisait des années qu'ils attendaient une solution clé en main. où on prendrait en charge le patient de manière globale, parce que pendant 4 semaines, le patient va venir 5 jours, 5 après-midi par semaine. Il va pratiquer 2 activités physiques par après-midi, donc ça peut être de la marche, du vélo, du vélo elliptique, du rameur, du stepper, de l'aquagym, du renforcement musculaire. Il y a toujours une activité physique d'endurance et une activité physique de renforcement musculaire. Donc tous les jours, ça va être couplé à des activités de lâcher prise, où on prend en charge le patient sur le plan des émotions. Donc ça peut être de la sophro, de la relaxation, de la thérapie avec la psychologue. Ça va être également parfois du photolangage. Vraiment, on axe beaucoup sur la gestion émotionnelle pour faire baisser le niveau de stress, parce que le stress aussi, c'est pas qu'un terme, c'est quantifiable au niveau sanguin. Le stress, ça va générer des radicaux libres qui vont être toxiques, etc. Donc vraiment, on... Dans notre parcours, il y a vraiment quelque chose qui est en lien avec la gestion du stress. Et puis, on leur donne aussi des conseils alimentaires. Pendant ce programme, il y a des entretiens avec la diététicienne, des ateliers sur l'alimentation crétoise et puis un cours de cuisine. Et donc tout ça couplé, on va dire que les patients, on a pu quantifier l'amélioration de leur qualité de vie par des questionnaires, le questionnaire qui s'appelle SF36, et on a vu une majoration d'une vingtaine de points du score physique et mental entre le début du programme et la fin du programme. Donc ça, ça m'a permis de faire une étude de faisabilité, mais on continue. de faire ce questionnaire au long cours chez nos patients, et ça se maintient. Et c'est ce que nous, soignants, nous avions vu. C'est-à-dire que quand on a commencé à accueillir ces patients, C'était plutôt des femmes, je vais te réexpliquer après. Ces patientes en hôpital de jour dans notre clinique, elles arrivaient, elles pleuraient, elles n'étaient pas bien. En fait, il y a une forte perte d'estime de soi-même. On a perdu les cheveux, on a perdu les ongles, la peau n'est plus du tout la même, on a pris du poids, on a perdu ses muscles, on n'est plus au boulot, on est fatigué, exténué, on ne peut plus s'occuper de ses enfants. C'est vraiment difficile. On a une perte de sens, on a une perte de repère aussi parce que finalement, nous on prend en charge les patients dans notre clinique pendant un mois en hôpital de jour au décours de leur prise en charge oncologique qui a duré 8-12 mois. Donc pendant 8-12 mois, finalement, il y a l'annonce diagnostique et ensuite, toutes les 2-3 semaines, il y a l'injection, il y a la chimio. Donc elles voient leur oncologue énormément et ensuite, on leur dit bon bah écoutez, vous avez fait la chimio les trois cures par exemple d'anthracycline et ensuite les douze cures de taxol, vous avez fait la radiothérapie pendant 25 séances, là maintenant je vous prescris l'hormonothérapie, et puis on se revoit dans trois mois, six mois, etc. Donc en fait, là il y a tout ce que le patient aussi, il se retrouve avec sa fatigue, avec sa fonte musculaire, avec son arrêt de travail, avec pour autant la maison à gérer. Et l'entourage qui dit bon bah maintenant ça y est, le traitement est fini, ça va aller mieux Sauf que le patient, il a perdu ses repères physiques, mentaux, émotionnels.

  • Abigaïl

    Oui, et puis c'est une période très dure aussi où il y a un sentiment d'abandon. Parce que justement, on n'a plus tout cet entourage, tous ces rendez-vous médicaux. Et c'est vrai que c'est des périodes qui sont vraiment très dures pour les patients. En tout cas, moi c'est ce que je vois dans ma pratique au comptoir.

  • Laura

    C'est exactement ça. Et donc, le timing, on l'a déterminé avec les oncologues. En fait, je n'avais pas assez de place de toute manière pour accueillir tous les patients dès le début de l'annonce diagnostique, donc on les a échelonnés après la fin de la radiothérapie. Ça permettait également aussi qu'ils aient accès à l'aquagym, parce qu'ils font de l'aquagym, on attendait un mois, parce qu'on a quand même beaucoup de patients avec des cancers du sein, que ces patients puissent avoir accès à la piscine. et que leur peau est bien cicatrisée. Et donc, je les voyais arriver vraiment effondrées, et c'était tout à fait légitime. Et à la fin du mois, en fait, je les voyais transformées. beaucoup plus sûre d'elle, avec beaucoup de confiance, parce qu'en fait, il y a l'effet groupe qui joue, on les prend en charge en groupe. Il y a aussi cette capacité à s'évaluer au fur et à mesure. Quotidiennement, elles voyaient, mais je pourrais parler aussi en disant ils voient puisque maintenant on accueille des hommes, mais les patients voient leur progression quotidienne. et ça c'est chiffré à la fin par le test à l'effort également donc à la fois ça rassure le cardiologue en disant vous avez progressé, on voit qu'il n'y a pas de problème cardiaque et puis je vous reverrai dans un mois et je vous reverrai dans un an etc on planifie le suivi, que ce soit moi ou avec un confrère parce que je ne suis pas tous les patients malgré mes casquettes ma casquette de cardio-onco c'est vraiment en général les cardiologues libéraux qui suivent les patientes et puis elles avaient à la fois leur amélioration de capacité physique qui était visible physiquement, émotionnellement elles sentaient mieux l'effet boost de l'activité physique et puis sur le papier c'était noté et c'est noté sur le test à l'effort c'est hyper gratifiant de les suivre pendant un mois et puis de voir de telles transformations En fait, c'est vrai que j'encourage les cardiologues qui écouteront peut-être ce podcast et qui font de la réadaptation cardiaque. Il y a un effet extrêmement gratifiant et équivalent, voire supérieur parfois à des patients atteints de cardiopathie. Parce que c'est très compliqué d'avoir un infarctus et d'avoir eu un stent, mais ça dure un petit peu moins longtemps. Les patients restent deux à quatre jours à l'hôpital, ça va plus vite. Là, c'est des parcours plus longs, où le patient perd vraiment... En fait, se retrouve juste avec son âme, on va dire, mais il n'a plus que ça pour lui, parce que physiquement, émotionnellement, le patient est à la fois satisfait que l'oncologue l'ait aussi bien pris en charge et d'être sauvé de son cancer, mais... il y a quelque chose qui manque sur le plan physique et émotionnel, et il ne sait plus trop où il est, le patient.

  • Abigaïl

    Il faut le temps de la période de reconstruction. C'est ça.

  • Laura

    Nous, on n'est qu'un tremplin. Dans notre exercice, ça dure un mois. Mais c'est un tremplin. Le terme tremplin, c'est vrai. Quand on voit le tremplin au ski, aux Jeux Olympiques, c'est vraiment ça. On leur donne l'élan, et après, le but, c'est de les autonomiser. et de... qu'ils aient envie de s'autonomiser et qu'ils prévoient leur futur.

  • Abigaïl

    Et du coup, tu vois sur le long terme que c'est des bonnes habitudes qui restent, parce que justement, cette prise en charge globale, elle est rare. C'est vrai qu'on a tendance à donner des conseils ponctuels, faire de l'activité physique, va voir une diététicienne pour rééquilibrer l'assiette, arrête de fumer. Mais tout ça, pendant un mois en prise en charge globale,

  • Laura

    ça marque.

  • Abigaïl

    Et oui, parce que c'est tout l'environnement que tu modifies, et du coup, les changements, tu les vois sur le long terme ?

  • Laura

    Alors, c'est vrai que là, c'est quelque chose de cognitif, c'est-à-dire qu'ils ont appris par l'expérience qu'en fait, faire de l'activité physique tous les jours, prendre en charge son assiette et puis ses émotions, eh bien en fait, ça a un fort impact. Et c'est par l'expérience qu'ils vivent qu'ils vont avoir envie. Donc en effet, on a fait du suivi. Du phoning en fait, du suivi téléphonique pendant trois ans, lorsqu'on a monté, co-créé cette première étude en 2015, avant de pouvoir l'institutionnaliser au sein de la clinique, on a fait une étude de faisabilité et on suivait les patients pendant trois ans par téléphone et globalement les patients poursuivaient l'activité physique à 80%, l'activité physique d'endurance. Après, pour ce qui est du tabac, en général, ils arrêtent le tabac dans 90% des cas. Et c'est maintenu. L'alimentation, c'est maintenu à 50%. Donc ça, c'est dans mon quotidien, c'est ce que je perçois, et de cette étude de phoning. Maintenant, à large échelle, je ne pourrais pas donner de chiffres aussi précis. Là, c'est vraiment dans ma petite expérience perso. Mais le fait d'être un tremplin, ça marque les esprits et ça... ça donne une espèce d'ancrage physique. Ils ont senti les bénéfices, ça y est, ils les ont vus, alors qu'ils étaient très très fatigués et pas bien moralement.

  • Abigaïl

    En plus, on dit souvent qu'il faut trois semaines pour changer les habitudes. Donc là, c'est vrai qu'en termes de timing, un mois complet. Et puis avec d'autres patients aussi, il y a l'effet de groupe qui est très bénéfique aussi dans les parcours de soins onco. Le fait d'être avec d'autres patients, ça permet de se soutenir.

  • Laura

    En effet. Alors en fait, on a fait le choix d'accueillir les patients qui ont un cancer en même temps. En fait, ils commencent le mois ensemble, ils le finissent ensemble. Donc ça a amené des choses extraordinaires. Les patients échangent leurs numéros, ils continuent à se voir à l'extérieur, etc. Ensuite, ils sont aussi au contact de patients atteints de cardiopathie, c'est-à-dire qu'ils sont quand même mélangés avec des gens qui ont fait des infarctus. Donc ça a aussi un impact. Mais pourquoi vous êtes là ? Vous avez eu un stent ? Ah ben non, moi j'ai eu un lymphome. Ah bon, pourquoi ? Voilà, et donc ça me fait penser que je n'ai pas répondu à ta question sur les indications. Au départ, on a commencé avec les oncologues, on a choisi de proposer le programme aux patientes atteintes de cancer du sein parce qu'elles avaient des facteurs de risque qui pouvaient être communs aux pathologies cardiovasculaires. Les traitements étaient potentiellement fortement cardiotoxiques. Et puis c'est l'un des cancers les plus fréquents en France, 59 000 cas par an. 500 nouveaux cas à La Rochelle, tous les ans environ. Donc ça a impacté énormément. Et puis ça impacte la famille. Ça impacte les enfants. Donc on s'est dit, on va le proposer aux femmes, parce que ce programme va avoir un impact positif sur elles et leur environnement. Et puis ensuite, les hématologues m'ont dit, mais Laura, il y en a marre. Nous aussi, on a besoin de ça. Et donc du coup, en effet, on a ouvert le programme pour les patients atteints d'hémopathie maligne. Donc on nous adresse parfois des jeunes qui ont eu des leucémies, mais également des patients avec des lymphomes, des myelomes, qui ont des traitements potentiellement cardiotoxiques.

  • Abigaïl

    Et donc on a vu tout le bénéfice de l'activité physique pendant les parcours de soins en termes de diminution de fatigue, d'amélioration de la qualité de vie et justement sur l'après cancer.

  • Laura

    Sur l'après, ça va maintenir en effet la qualité de vie de toute manière parce que même si on est très éloigné du temps du cancer, si on est à 10 ou 15 ans ou 20 ans... Il y a toujours des hauts et des bas dans la vie, donc pratiquer une activité physique, ça permet de s'ancrer, ça permet d'être à l'aise dans ses baskets finalement, et d'être bien dans son corps, et de continuer à être bien émotionnellement, ça c'est clair et net. En général, les grands chefs d'entreprise... chef masculin ou féminin, peu importe, mais ils ont une activité physique régulière. Ils s'ancrent énormément pour aller mieux. Donc c'est valable aussi pour les patients qui ont eu un cancer. Et puis ça va diminuer le risque de récidive du cancer, de 50% chez les patients atteints de cancer du sein, cancer colorectal, cancer de la prostate. Donc les cancers dits hormonodépendants. Alors souvent on me pose la question, on me dit Oui, mais moi mon cancer du sein c'est un cancer triple négatif, donc il n'est pas hormonodépendant. C'est pas grave, enfin c'est pas grave, peu importe. Je dis aux patients, ça a le même impact. On sait que ça va diminuer le risque de récidive de votre cancer, même si c'est un triple négatif. et ensuite ça va diminuer la morbi mortalité cardiovasculaire, parce que les problématiques cardiaques qu'on peut avoir, elles sont parfois, c'est vrai, dans les 5 ans qui suivent le cancer, mais elles peuvent être à 10 ans, 15 ans, 20 ans. Donc lorsqu'on a une radiothérapie, même si la radiothérapie maintenant est très ciblée, on diminue les doses au cœur, il y a vraiment des protocoles d'atténuation de doses. qui font que le cœur est beaucoup moins impacté que dans les années 70 ou 80. Il peut y avoir un impact sur les coronaires ou sur le muscle ou sur le péricarde. Et donc la pratique de l'activité physique va diminuer ces cardiopathies. Je ne peux pas te donner de chiffres parce qu'en fait, on est assez en amont de ce qu'on... C'est-à-dire que... on est vraiment quand même encore au balbutiement de l'onco-cardio-réhabilitation. Nous, on est un peu les promoteurs de cela dans notre centre. On sait que l'impact de l'activité physique, on en parle beaucoup pour limiter la récidive du cancer et pour améliorer la qualité de vie, donc diminuer aussi les arrêts de travail, etc., sur le moyen ou long terme. mais sur la diminution de la cardiopathie en elle-même, il va falloir avoir des études plus longues, plus robustes sur le plan scientifique. Néanmoins, on sait déjà que ça va avoir un impact de pratiquer une activité physique, un impact positif pour éviter ces problèmes cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    On n'en a pas parlé, ça aussi, mais par exemple, pour les patientes qui sont sous hormonothérapie, moi ce que j'explique aussi au comptoir, c'est qu'on va aussi diminuer les douleurs articulaires. Il y a beaucoup de douleurs et en fait, on n'a pas trop de solutions, mis à part l'activité physique. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

  • Laura

    Alors, dans les études, ça ressort. On dit qu'on va limiter les douleurs articulaires sous l'hormonothérapie. Dans mon expérience, on a reçu maintenant 400 patients dans notre clinique, en institutionnel, en hôpital de jour. Je vais dire que je suis à 50-50. C'est-à-dire que soit ça va un peu diminuer, soit ça va complètement les stopper. Mais... Il peut y avoir encore des patientes qui décrivent ces arthralgies malgré ce parcours d'un mois d'activité physique. Donc en fait, c'est comme un effet on-off. Soit ça marche bien, soit ça marche quasiment pas en fait. Sur les douleurs nocturnes notamment qu'elles peuvent avoir, etc. Donc ça en fait, j'espérais avoir peut-être plus d'impact, mais je ne peux pas te dire que c'est impactant positivement pour toutes les patientes.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu leur conseilles à ces patients qui n'ont pas eu de résultats avec l'activité physique ? Qu'est-ce que tu mets en place par ailleurs ? Est-ce qu'il y a des choses à mettre en place ?

  • Laura

    Alors je suis un peu limitée, c'est-à-dire que moi dans ma pratique, c'est pas quelque chose que forcément j'ai appris, donc je les renvoie souvent à leur questionnement de... vers leur oncologue. Je leur conseille de toute manière de continuer la pratique de l'activité physique et on sait que ces arthralgies, elles vont être plutôt importantes la première année, pendant un an et demi, et ensuite elles vont tendre à diminuer. Donc voilà, c'est vrai qu'en général il faut serrer les dents parce que l'hormothérapie c'est 5-7 ans maintenant dans les recos.

  • Abigaïl

    Et en changeant d'activité physique, par exemple en allant plus sur des disciplines, faire du yoga ou ce genre de choses. Je sais pas si ça peut être plus impactant ou pas.

  • Laura

    Ça Alors, c'est vrai que dans mon quotidien, je peux pas te dire, mais c'est vrai que... Je ne l'ai pas expérimenté auprès de mes patientes. Je n'ai pas fait attention en même temps si elles faisaient du yoga ou du pilates et si elles étaient plus soulagées. Instinctivement, ça me paraît être une bonne idée. Peut-être que toi, tu as eu l'info dans les différents podcasts ou dans tes lectures.

  • Abigaïl

    Moi, j'avoue que je dis souvent aux patientes déjà d'essayer et puis de voir le bénéfice qu'elles en tirent. Parce qu'il y a aussi un facteur de l'activité me plaît. ou pas. Et du coup, je vais continuer pendant longtemps après à inscrire cette habitude dans mon mode de vie. Forcément, il faut que ça plaise.

  • Laura

    Alors ça, tu as parfaitement raison. Tu me demandais comment continuer. En fait, comment continuer, c'est déjà, je fais ce que j'aime. Il faut que la patiente ou le patient aille vers une activité qui lui plaise. C'est avec toutes les injonctions, il faut que j'aille marcher, il faut que j'aille courir, il faut que j'aille faire du vélo. C'est compliqué, ça ne marche pas dans le temps. Donc il faut avoir envie de pratiquer une activité physique, il faut la planifier. parce qu'après il y aura la reprise du travail bon après il y a des patients qui ne travaillent plus qui sont retraités mais les retraités sont très actifs aussi et pas forcément pour faire de l'activité physique, ils ont des activités bénévoles donc les patients disent ah mais moi je ne sais pas si je vais avoir le temps donc choisissez une activité physique qui vous plaise planifiez là comme on se brosse les dents François Carré qui est un professeur de cardiologie du sport dit mais vous brossez les dents matin et soir alors pratiquez de l'activité physique tous les jours c'est la même chose,

  • Abigaïl

    c'est la même hygiène de vie en fait mais il faut que ça plaise et puis aussi avec des personnes que l'on aime côtoyer il y a aussi un effet de groupe d'ambiance oui quand on pratique enfin après il y en a qui aiment ou qui n'aiment pas et d'ailleurs il y en a qui préfèrent pratiquer de l'activité physique plutôt seul mais en tout cas voilà ça c'est des facteurs qui peuvent être déterminants il faut se connaître,

  • Laura

    s'écouter souvent en fait la période du cancer c'est une période aussi ou d'introspection où on cherche enfin On peut se chercher et se dire qui je suis, qu'est-ce que j'ai envie, qu'est-ce que cette étape m'apporte pour mieux me connaître et aller me retrouver aussi moi-même. Donc en effet, c'est de quoi j'ai envie, avec qui je veux le faire, est-ce que je suis mieux seule, accompagnée, avec qui, où. Donc ça c'est des questions existentielles, un peu philosophiques aussi, mais qui peuvent au quotidien amener de l'engagement envers soi-même. Ça c'est vrai que c'est quelque chose que je retiens et que mes patients m'ont appris dans le quotidien d'onco-cardiologue ou de cardio-oncologue. C'est le sens de la vie une fois qu'on a eu un cancer et donc de l'engagement envers soi-même. C'est-à-dire que voilà, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour ne plus m'oublier dans mon quotidien ? Donc en effet, je vais avoir envie de pratiquer une activité physique parce que maintenant j'ai eu cette expérience dans cette clinique ou dans ce... cours de sport et ça me plaît, j'ai vu les bénéfices, j'ai vu les bénéfices du coaching mental, j'ai vu les bénéfices d'une alimentation équilibrée, de moins consommer de sucre, tout ça c'est l'expérimentation et c'est mieux se connaître et avoir aussi l'engagement envers soi-même de le faire et de s'y tenir.

  • Abigaïl

    Moi, j'ai en tête l'exemple d'une patiente qui, justement, avait fait un cancer du sein et aussi un accident cardiovasculaire. Et chez cette patiente-là, il y avait tout à revoir, que ce soit l'alimentation, le mode de vie, l'activité physique. Toi, qu'est-ce que tu conseilles à ces patients-là qui... où il faut tout reprendre et c'est difficile parce que c'est la montagne devant soi comment tu les abordes ces patients et en termes de motivation comment tu provoques si on peut provoquer je

  • Laura

    sais que c'est une question dure mais en fait c'est plus ou moins dur moi c'est facile pour moi parce que dans le centre où j'exerce les patients ils sont pris en charge 3 semaines 1 mois Dans le cancer un mois et dans d'autres cardiopathies, ça dépend s'ils sont hospitalisés, s'ils dorment à la clinique ou s'ils sont en hôpital de jour. Mais en fait, ils sont dans un cocon. Dans un cocon, pardon. C'est entre la vie réelle et le cocon hospitalier. Donc en fait, on va leur montrer par les preuves que manger équilibré, pratiquer de l'activité physique tous les jours et faire de la relaxation et de la respiration, de la cohérence cardiaque. ça améliore qu'ils sont au quotidien. Donc, Pour moi, c'est facile d'accompagner ces patients-là parce que j'ai l'outil efficace et efficient pour le faire. Après, si c'est quelqu'un que je vois en consultation externe et qui arrive avec toutes ces problématiques, déjà, s'il a eu un cancer ou une pathologie cardio-vasculaire, je peux lui proposer de venir dans mon centre, mais s'il ne peut pas ou il ne veut pas, ou si on a des patients qui nous écoutent et qui n'ont pas de centre de réadaptation cardiaque près de chez eux, il faut y aller par étapes. Donc en effet, quand même, l'activité physique en premier, le sevrage du tabac avec un tabacologue, se faire aider par quelqu'un, peut-être, je crois que tu as un livre à conseiller pour le sevrage du tabac ?

  • Abigaïl

    Oui, et puis sur le sevrage du tabac, je pense que c'est important de dire que maintenant tout est remboursé. par la sécu. Que ce soit les patchs, que ce soit les pastilles de nicotine, c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à en parler aux médecins qui nous prennent en soin, parce qu'en fait, maintenant, tout est pris en charge. Et tu parlais d'un livre, c'est vrai que... Moi, ce livre-là, je le conseille souvent à mes patients qui souhaitent arrêter de fumer. C'est le livre d'Alan Carr. Et en fait, ce livre-là, il... Comment dire ? Il va vraiment nous faire comprendre toute la psychologie et tous les mécanismes cérébraux liés à la dépendance à la nicotine. Et c'est vrai que ça permet d'avoir le déclic pour se sortir de la dépendance et ne plus jamais replonger dans le tabac.

  • Laura

    Merci pour ces conseils parce que la gestion du tabac, c'est quand même hyper dur pour nos patients. Voilà, parfois il y en a qui ont envie mais ils ont peur d'arrêter, ils se demandent comment ils vont être après, si les émotions vont être au taquet, beaucoup d'émotions inconfortables qu'on n'a pas l'habitude d'accueillir dans les pays occidentaux. Donc en fait il y a tout ça qu'il faut prendre en considération. Donc la première chose je dirais que n'hésitez pas à frapper à la porte soit de votre oncologue, soit de votre cardiologue ou de votre médecin généraliste pour dire bah moi j'irai... J'aimerais bien faire un séjour dans un centre de réadaptation cardiaque. J'ai entendu ça dans un podcast. Je pense que ça peut aussi venir des patients et éveiller les consciences des professionnels.

  • Abigaïl

    Ça veut dire que même un patient qui n'habiterait pas du tout dans le coin, tu pourrais l'accueillir pendant un mois ?

  • Laura

    Oui, nous on pourrait. Il n'y a pas de problème. Il faut que son médecin fasse une demande. et après moi ce que j'aimerais c'est que ça puisse se démocratiser et je pense que ça va le devenir ça va se démocratiser sur tout le territoire et après si des patients frappent à la porte aussi des réadaptateurs ça éveillera les consciences aussi des médecins qui vont dire bah tiens oui pourquoi pas c'est une bonne idée et après si le patient n'a pas la possibilité d'être absent de son travail c'est vrai qu'il faut y aller par étapes Donc la reprise d'une activité physique avec un coach peut-être ou un club. la gestion du tabac avec un médecin, le pharmacien, le tabacologue. Et puis après, tout ce qui est diététique, c'est aussi être accompagné. Mais souvent, on sait ce qu'il faut faire. On sait qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, etc. Après, il faut aussi programmer les achats, aller régulièrement faire les courses, etc. C'est vrai que c'est une nouvelle dynamique, un nouvel ancrage dans son quotidien. Et ne pas se dire, ça passe après. parce que la santé globale, elle passe avant tout. C'est ce qui permet à notre corps d'être véhiculé, d'être en bonne santé et de pouvoir ensuite travailler, promouvoir des projets. Et après, pour ce qui est du patient atteint de cancer, dans certains centres ou dans certains hôpitaux, il y a le parcours de soins post-cancer qui est remboursé à hauteur de six consultations avec des APA. professeur en activité physique adaptée, psychologue et diète, et on peut avoir accès à six consultations, donc c'est pas mal, complètement remboursé par la Sécurité sociale, ça fait suite à un décret de loi de décembre 2020, je crois, et donc du coup, il y a pas mal de centres qui ont eu l'autorisation d'exercer ce parcours de soins. A Pour terminer cet échange, qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage ? Parce que ce n'est pas qu'une question centrée sur le patient, c'est aussi une question familiale quand il s'agit des habitudes de vie avec l'activité physique, modifier nos habitudes en cuisine, éliminer le tabagisme, toutes ces bonnes habitudes de vie, et puis aussi limiter les consommations d'alcool. C'est vrai que tout ça, ce n'est pas... Que l'histoire du patient, c'est aussi l'histoire familiale, c'est les bonnes habitudes à prendre avec l'entourage. Et du coup, ça me fait la transition parfaite sur les aidants qui nous écoutent. Comment ils peuvent accompagner le patient dans l'activité physique et dans toutes ces bonnes recommandations de prévention santé ? C'est une bonne question, excellente même. Parce que quand on est aidant... mais c'est aussi vrai quand on est soignant, parfois on donne beaucoup de soi-même, mais on s'oublie aussi. Donc déjà pour être un bon aidant, il faut déjà prendre soin de soi, donc soi-même pratiquer l'activité physique, et puis avoir le moins de conduite addictive possible, une bonne alimentation, un bon sommeil, une bonne hydratation, enfin bon, ce sont des conseils de base, de vie de base qu'on a oublié parce qu'on a une vie tumultueuse. Comme un ouragan, on bosse, on se lève, on court partout. Donc ça en fait, un aidant, en plus il rajoute l'aide de son conjoint, de son enfant, de sa maman dans le cancer, c'est très compliqué. Donc il doit prendre soin de lui et puis il faut qu'il ait envie de prendre soin de lui. Et puis il peut accompagner la personne qui est malade pour aller... vers une meilleure hygiène de vie, pratiquer l'activité physique. l'accompagner dans la démarche en disant on va l'inscrire dans notre planning, on va faire une sortie ensemble, on va essayer le vélo, le vélo électrique pour ceux qui n'aiment pas le vélo. On va essayer ensemble le longe-côte, la rando. Essayer aussi de sortir des sentiers battus, créer des moments de connivence aussi avec la personne malade. Ça peut être une... une manière de faire.

  • Abigaïl

    Eh bien, en tout cas, merci beaucoup, Laura. Est-ce que tu vois quelque chose à rajouter pour clôturer cette interview, quelque chose qu'on aurait oublié de dire ?

  • Laura

    Écoute, non, je pense que déjà, je te remercie pour ton invitation. Je dirais que ce podcast, il peut avoir une portée vraiment nationale dans la prévention secondaire des cancers et des maladies cardiovasculaires. Donc, j'espère qu'il sera bien écouté et que ce sera à la hauteur de tout l'investissement que tu as pu mettre. Voilà. Merci beaucoup à Abigaïl, en tout cas, de ton invitation.

  • Abigaïl

    Merci à toi Laura, merci pour cet échange qui était fort instructif et qui va apporter beaucoup de valeur à nos patients et aux accompagnants. Merci beaucoup Laura.

  • Laura

    Merci Abigaïl.

  • Abigaïl

    Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de notes entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels. du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

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Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, on parle avec Laura d'onco cardio réhabilitation.

En effet, saviez vous que les facteurs de risques des maladies cardio vasculaires et de cancer sont les mêmes ? Et que l'on observe une perte de chance cardio-vasculaire chez les patients en parcours de soin cancer. Les facteurs pour expliquer cela sont multiples : prise de poids, fonte de la masse musculaire, toxicités cardiaques de certains traitements.

La réhabilitation cardiaque par l'activité physique pendant et en post parcours de soin oncologique est essentielle et permet d'améliorer la qualité de vie des patients. Elle permet aussi de limiter les toxicités sur les organes, avec en premier lieu le cœur.

L'activité physique chez les patients en traitements permet de diminuer la fatigue cancéro-induite et de diminuer certaines douleurs chez certains patients. Mais rappelons aussi que l'activité physique est bénéfique pour tout le monde, patients, entourage, aidants, quelque soit l'âge, au quotidien, en prévention primaire des maladies.


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

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Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

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Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'Héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Laura,

  • Laura

    Bonjour Abigail,

  • Abigaïl

    Je suis vraiment ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci pour ton temps, merci pour cette interview.

  • Laura

    Merci à toi. Merci de m'accueillir et de donner du temps d'écoute aux patients qui ont un cancer et à leurs aidants.

  • Abigaïl

    Et merci à toi de m'accueillir chez toi, ici à La Rochelle. J'ai fait le déplacement juste pour toi.

  • Laura

    Merci beaucoup. J'espère que tu auras apprécié le petit séjour, le petit parcours qu'on a fait aujourd'hui.

  • Abigaïl

    Ça devait rester secret. Oui, j'ai eu le droit à un restaurant et à une petite visite du centre-ville. En tout cas, merci à toi. Est-ce que tu veux bien te présenter, s'il te plaît, pour les auditeurs qui nous écoutent ?

  • Laura

    Oui, je m'appelle Laura, je suis rochelaise, cardiologue dans un centre de réadaptation cardiovasculaire en périphérie de La Rochelle, qui prend en charge des patients atteints de problèmes cardiaques. On appelle ça des cardiopathies, essentiellement des problèmes comme l'infarctus, la pose de stent, l'insuffisance cardiaque, des gens qui sont en attente de greffe cardiaque, par exemple. Donc des cardiopathies assez sévères. J'ai une casquette de cardiologue du sport et également d'onco-cardiologue. Je suis nouvellement diplômée, ça date de cette semaine.

  • Abigaïl

    Tu viens d'avoir ton DU, félicitations !

  • Laura

    Merci. Donc c'est une casquette que j'ai endossée déjà il y a une dizaine d'années. maintenant, mais ce n'était pas formalisé par un DU parce qu'il n'existait pas. L'oncocardiologie ou la cardio-oncologie, ça dépend de quel côté on se place, c'est une discipline émergente qui permet de prendre en charge de manière globale les patients atteints de cancer, leur permettre d'éviter, de développer des problèmes cardiovasculaires au décours de leur cancer ou pendant leur prise en charge thérapeutique du cancer. et qui permet également à l'oncologue, en cas de problème cardiaque, de mieux manager, de mieux prendre en charge le patient tout en continuant son traitement pour le cancer pour ne pas qu'il y ait de perte de chance. C'est une discipline émergente, comme je disais, et la Société Française de Cardiologie lui a fait une place puisqu'il existe maintenant un groupe de cardio-oncologie à la SFC.

  • Abigaïl

    Voilà. Ok. Et du coup, ça c'est dans ton centre. Explique-nous un petit peu au quotidien comment ça se passe.

  • Laura

    Alors en fait, il y a une dizaine d'années, j'ai eu envie, après de multiples, on va dire, une collusion de différentes informations qui me sont parvenues dans mon exercice quotidien, j'ai eu envie de créer un programme de réadaptation à l'effort pour les patients atteints de cancer. Puisque j'exerçais depuis quelques années dans le centre pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, je voyais les bénéfices d'une prise en charge globale par la pratique de l'activité physique, la gestion du stress et des émotions et la prise en charge également alimentaire. Je voyais une amélioration de leur qualité de vie, également de leur pronostic cardiovasculaire. Depuis 40 ans maintenant, on sait qu'on doit réadapter à l'effort les patients atteints de problèmes cardiaques. Et dans mon exercice quotidien, en 2011, on m'adressait des patientes qui avaient des problèmes cardiaques au décours de leur prise en charge de cancer du sein essentiellement. Donc elles avaient parfois de l'insuffisance cardiaque, des problèmes d'infarctus, mais plutôt de l'insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque qui fonctionnait moins bien. Quelques années au décours de leur prise en charge, ça a commencé à m'alerter un peu. Alors c'est quelque chose qu'on connaît, mais c'est vrai qu'on m'en adressait de plus en plus. Et puis je voyais dans la presse, soit de la presse scientifique, soit de la presse locale... ou national qu'il existait quelques initiatives pour la pratique de l'activité physique dans le cancer. Donc ça a éveillé un peu mes soupçons sur ce qu'on pouvait éventuellement faire dans mon centre pour ces patients. Et puis mon père m'a passé une lecture qui s'appelle Anticancer de David Servan-Schreiber qui est très connue. Et là vraiment ça a été le déclic, parce qu'il parlait de tous les facteurs de risque de cancer qui sont les mêmes que les facteurs de risque cardiovasculaire. Et donc je me suis dit qu'il faut qu'on utilise notre savoir-faire dans le domaine cardiovasculaire en réadaptation pour réadapter à l'effort les patients atteints de cancer.

  • Abigaïl

    Oui, justement j'allais rebondir sur ça. Comment on explique cette imbrication entre problèmes cardiovasculaires et parcours de soins oncologiques ?

  • Laura

    Alors en fait, déjà ce qu'il faut savoir c'est que 40% des cancers, que ce soit en France ou dans le monde, surtout les pays occidentaux, pourraient être éliminés, pourraient être diminués par une meilleure hygiène de vie et en prenant en charge des facteurs de risque qui sont communs, à savoir des facteurs modifiables évidemment, le tabac, l'alcool, la sédentarité, la malbouffe, le stress. En fait, tout ce qu'on connaît. Pour être des facteurs de risque cardiovasculaire, et on va dire faire attention à son cœur et à ses artères en arrêtant de fumer, en limitant l'alcool, etc., on sait que ça peut avoir aussi un impact sur tout un tas de cancers. Pas tous, évidemment, mais il y a un certain nombre de cancers qui pourraient être évitables par la modification d'hygiène de vie. et on sait aussi que la récidive du cancer peut être diminuée si on modifie en profondeur son hygiène de vie. Évidemment, un fumeur aura moins de risque de récidiver son cancer du poumon ou du sein s'il arrête de fumer, etc. Donc ça, c'est le premier paradigme, on va dire, qui est les facteurs de risque qui vont amener une sorte d'inflammation dans le corps et au niveau des organes, soit en générant un cancer, soit en générant... de l'athérosclérose, c'est-à-dire des dépôts de graisse dans les coronaires. Un patient va développer avec ses différents facteurs de risque éventuellement soit une maladie cardiovasculaire, soit un cancer. Si on prend en charge mieux ces facteurs de risque, dès l'annonce du cancer, on sait qu'on va avoir plus d'impact pour limiter la récidive du cancer sur le long terme, enfin le moyen et long terme. Ensuite, la deuxième imbrication est liée au fait que lorsqu'on est atteint d'un cancer, notamment les cancers qui vont nécessiter des thérapies lourdes comme les leucémies, les lymphomes, les pathologies liées aux cancers du sein, les cancers colorectaux, certains cancers aussi dits hormonodépendants, autres que le cancer du sein comme la prostate. Ces différents cancers et leurs thérapies peuvent être potentiellement cardiotoxiques. Il peut y avoir un impact sur les artères coronaires, sur le muscle cardiaque, sur le court, moyen ou long terme. En général, c'est plutôt moyen ou long terme, mais ça va impacter parfois directement les vaisseaux ou le cœur du patient. On pourra peut-être en reparler un petit peu après. Et la troisième chose, c'est que lorsque l'on est atteint par un cancer, on va être plus fatigué, donc on va avoir une espèce de fonte musculaire, on va prendre de la masse grasse, et donc on va diminuer sa capacité physique, et donc on va générer encore plus de sur-risques cardiovasculaires. cardiovasculaire pardon, en étant plus sédentaire et en ayant pris du poids. Une femme qui a un cancer du sein, en moyenne dans les études, prend 5 kg de poids durant son traitement. le muscle fond, mais elle va prendre 5 kg de graisse, par exemple. Donc, on sait que ça peut avoir un impact sur le moyen ou long terme, sur le système cardiovasculaire du patient. C'est vrai aussi dans le cancer de la prostate et chez les patients qui ont été traités pour une greffe de moelle, par exemple. Par une greffe de moelle. bref, de cellules hématopoïétiques, peut générer ce qu'on appelle un pseudo-syndrome métabolique, c'est-à-dire avec un peu plus de risque de diabète, d'hypertension, d'hypercholestérolémie, de surpoids. Donc toutes ces choses-là, les facteurs de risques initiaux du patient, la fonte musculaire et le syndrome dit pseudo-métabolique lié au traitement et le traitement lui-même. du cancer peuvent générer des cardiopathies.

  • Abigaïl

    Et tout ça maintenant, on a des études pour le chiffrer. On n'avait peut-être pas aussi autant de données avant vis-à-vis de tout ça, mais là maintenant, c'est vrai qu'on arrive à avoir des niveaux de preuves très élevés et des chiffres, des études qui sont très probantes. Enfin, on connaît le lien maintenant. Très probants entre eux.

  • Laura

    Oui, en effet, que ce soit certaines chimiothérapies comme les anthracyclines, le cyclophosphamide, certaines thérapies ciblées comme l'herceptine. Donc ça, c'est des chimiothérapies ou des thérapies qui sont utilisées dans le cancer du sein. Lorsqu'on les associe les unes avec les autres, donc indépendamment les unes des autres, il va y avoir un risque d'insuffisance cardiaque qui est aux alentours de 1 à 2-3%. 3%. mais lorsqu'on les associe entre elles, ça fait un espèce de cocktail qui peut générer plus de risques d'insuffisance cardiaque, par exemple, et on peut atteindre des taux de 15 à 20% de patients qui vont coupler anthracycline, cyclophosphamide, endoxan, par exemple, et puis une thérapie ciblée. Donc évidemment, ça ne va pas toucher tous les patients, donc je dis, c'est entre 1 et 20% des patients, mais si on est à 20% des patients, ça fait beaucoup.

  • Abigaïl

    C'est énorme.

  • Laura

    Oui, puisque le... Le nombre de patients qui sont atteints par des cancers en France est très important. En 2025, on aura presque 4 millions, enfin on sera à 3,8 millions de patients qui auront été atteints par un cancer et qui auront survécu, qui seront en rémission ou en guérison du cancer, parce que les thérapies, les thérapeutiques, elles sont hyper... positives et elles améliorent à la fois le pronostic vital du patient, la survie, on n'a rien à dire sur l'efficacité de l'arsenal thérapeutique oncologique. Il est extraordinaire, il y a eu des avancées et il y en a encore tous les jours, c'est vraiment le domaine de la cardio-oncologie qui va se développer, là il est en lien avec les potentiels effets secondaires sur le moyen ou long terme. mais le but c'est de manager, de prendre en charge et d'aider le patient à se prendre en charge le mieux possible pour ne pas avoir ces effets secondaires tout au long de sa vie.

  • Abigaïl

    Oui, on a une dimension du temps au final où on a de plus en plus de patients dans l'après-cancer et donc le but c'est d'instaurer une très bonne hygiène de vie pour diminuer la récidive et améliorer la qualité de vie.

  • Laura

    Exactement. En fait, par exemple, le taux de rémission chez une patiente qui aura un cancer du sein, c'est 90%. Donc 90% de patientes à 5 ans ne récidivent pas leur cancer du sein. Néanmoins, leur pronostic cardiovasculaire est grévé par les thérapeutiques et éventuellement ce que j'expliquais tout à l'heure, la prise de poids, la fonte musculaire. et les éventuels facteurs de risque cardiovasculaires qu'elles peuvent cumuler dans leur vie quotidienne. Donc ce qui va gréver le pronostic de la patiente, c'est plus des problèmes cardiovasculaires que la récidive du cancer en lui-même.

  • Abigaïl

    Oui, et en plus les problèmes cardiovasculaires, on les détecte moins bien chez les femmes je crois. C'est des signes qui sont moins... donc on est doublement pénalisé.

  • Laura

    Alors il y a aussi ça, c'est vrai que si on fait un petit focus sur la santé cardiovasculaire de la femme, les symptômes d'infarctus,ngor sont beaucoup plus florides et moins précis chez la femme que chez l'homme. Donc ça va être des palpitations, des nausées, mais ça ne va pas forcément être la barre dans la poitrine. Donc il y a ça, et puis aussi un patient qui a eu un cancer, ou une patiente qui a eu un cancer, En fait, ça va mettre un petit peu de temps avant que son cœur, par exemple, son cœur va être décliné, pour parler de manière simple, pour nos patients qui écoutent. Par exemple, la pompe cardiaque va se mettre à décliner, mais les symptômes vont apparaître un an après, par exemple. Parce qu'il a déjà cumulé de la fatigue dite cancéro-induite. Donc il ne va pas faire le lien, il va dire je suis fatigué, je suis essoufflé, mais il va plus mettre ça sur le compte du cancer que sur un problème cardiaque. Le but, c'est vraiment d'éduquer le patient à son suivi cardiovasculaire tout au long de sa vie. C'est-à-dire que maintenant, il y a des recommandations robustes de la Société européenne de cardiologie qui sont sorties en septembre 2022 et qui indiquent comment on doit suivre un patient au décours de son cancer, quel que soit son cancer ou le type de molécule qu'il a eu. Il y a des abacs. que les cardiologues sont amenés maintenant à suivre pour mieux suivre leurs patients et pour mieux les prendre en charge et mieux dépister des pathologies qui en effet vont être ou peuvent être silencieuses.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu peux nous parler des bénéfices de l'activité physique pour nos patients ? Il y a plusieurs étapes. Ça peut être pendant le parcours de soins. Les bénéfices sont multiples. On va peut-être déjà commencer par là. Après, il y a tout le bénéfice aussi après les parcours de soins. de l'activité physique et même pour les accompagnants parce qu'au final l'activité physique est bénéfique pour tout l'entourage mais en tout cas je profite que tu sois là et que ce soit ta spécialité je pense que c'est important qu'on ait des données chiffrées sur

  • Laura

    l'activité physique et le bénéfice que ça procure en fait l'activité physique tu as raison de le rappeler c'est bénéfique pour tout le monde à tout âge et au quotidien en prévention primaire des maladies, et on ne devrait pas attendre d'être malade avant d'en pratiquer. Donc ça, c'est le premier message. Donc le message, en fait, ce message-là, c'est celui que j'avais en tête lorsqu'on a monté ce programme de réadaptation pour les patients atteints de cancer dans notre centre cardiovasculaire, pour en effet... au cours du traitement, limiter ce qu'on appelle la fatigue dite cancéro-induite, qui est liée vraiment au syndrome du canapé. Et puis, quand un patient est atteint d'un cancer, son entourage, ou lui-même, mais parfois c'est même l'entourage, va lui dire ne fais pas ci, ne fais pas ça, ne porte pas ce poids, ne porte pas ce sac de linge sale, ne va pas faire les courses, je vais le faire pour toi, etc. Donc le premier message, c'est que lors de l'annonce diagnostique d'un cancer, on devrait quasiment coupler cette annonce diagnostique. pour donner un message d'espoir en disant l'activité physique peut améliorer votre qualité de vie et votre survie sur le court, le moyen ou le long terme. L'activité physique va permettre de diminuer l'essoufflement, de diminuer la fatigue, de limiter l'anxiété et la dépression parce qu'on va produire des hormones dites du bien-être, les endorphines, sérotonines, etc. et donc l'activité physique ça peut être si on n'a pas l'habitude d'en pratiquer ça peut être déjà continuer à faire son ménage continuer à faire ses courses

  • Abigaïl

    par exemple l'entourage qui par bienveillance va dire non ne fait rien,

  • Laura

    ça on est d'accord c'est pas une bonne chose en tout cas quand le patient va bien, qu'il a pas ses nausées ses vomissements évidemment, on va rester logique et cohérent mais si le patient se sent capable il faut plutôt l'encourager parce que la fonte musculaire arrive très rapidement. C'est très ingrat la pratique de l'activité physique, c'est-à-dire qu'on met longtemps avant de pouvoir fabriquer des fibres de l'endurance, mais par contre on les perd assez vite, dès qu'on devient sédentaire. Donc si on n'a pas l'habitude de faire de l'activité physique, il faut se forcer à continuer à faire ce qu'on fait déjà au quotidien, et puis ensuite essayer de garder, si on peut, une activité trois fois par semaine d'activité physique, mais on pourra peut-être le revoir par la suite. Dans les bénéfices de l'activité physique dès l'annonce diagnostique, sur les modèles animaux, il est prouvé qu'on va limiter la toxicité directe, par exemple des anthracyclines, qui est une molécule très utilisée dans les leucémies, les hémopathies malignes et puis le cancer du sein. Et on va limiter très rapidement la toxicité myocardique et les dommages myocardiques, donc le myocarde c'est le muscle du cœur, en pratiquant une activité physique quotidienne. Donc ça c'est un modèle animal, ça a été décrit sur des rats il y a une quinzaine d'années, et puis on tente à le prouver également dans des modèles humains. C'est plus long toujours, mais... Il y a des études qui sont sorties aussi récemment et qui montrent également que lorsque l'on est actif de manière pluri-hebdomadaire, en faisant par exemple de la marche, on reverra le type d'activité mais plutôt de l'endurance, on va limiter la toxicité des produits. des chimiothérapies, des thérapies ciblées, et on va pouvoir limiter la toxicité directe de ces produits, soit au niveau du cœur ou des autres organes. ça peut être le foie, ça peut être la peau, etc.

  • Abigaïl

    Oui, ce n'est pas qu'une toxicité cardiaque qu'on va diminuer sur certaines chimios, c'est toutes les toxicités en général sur tous les organes.

  • Laura

    A priori, c'est ce qui est prouvé dans les dernières études, en effet. Des études qui datent entre 2020 et 2022. Donc c'est pour ça que la pratique de l'activité physique, elle va avoir un impact positif dans la qualité de vie du patient, elle va améliorer tout de suite. le mental du patient, limiter l'anxiété, la dépression, limiter la fatigue, et aussi avoir un impact en diminuant la toxicité des produits. Donc ça c'est vraiment la première chose. Et ensuite lorsqu'on prend l'habitude de faire une activité physique, on a du mal à s'en passer. Et donc sur le plus long terme, on va diminuer le risque de récidive du cancer. Au moins 50% dans le cancer du sein, cancer de prostate, les cancers dits hormonodépendants, cancer colorectal. Donc la pratique d'une activité physique sur le moyen ou long terme, c'est-à-dire à vie, plusieurs fois par semaine, va diminuer le risque de récidive du cancer et va diminuer le risque d'émergence de pathologies cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    Et c'est quoi les recommandations à un patient qui entre dans un parcours de soins et qui n'a pas forcément l'habitude de faire une pratique d'activité physique ? C'est quoi pour lui les référentiels ? Comment il va pouvoir se mettre progressivement dans l'activité physique ? Et est-ce que tu as des chiffres, par exemple X minutes par semaine ? Et comment on sait aussi si on a le bon niveau d'activité physique ? Parce que... faire ses courses, c'est pas la même dépense que d'aller courir. Donc comment on évalue si on est dans un bon niveau d'activité physique en tant que patient ?

  • Laura

    Alors en effet, tout à l'heure je parlais de faire le ménage, s'occuper des enfants, etc. C'est une base, mais ça ne constitue pas un entraînement cardiovasculaire ou pour limiter la récidive du cancer. Ce qui est prouvé et ce qui est recommandé dans le plan cancer en France, mais également par la Société européenne et américaine de cardiologie, et également l'Académie des sports américaine, c'est de pratiquer de l'activité physique de manière plurihebdomadaire. En général, on dit trois fois par semaine, 30 à 60 minutes. Donc ça c'est pour de l'activité physique d'endurance. Donc l'endurance ça peut être la marche, ça peut être le vélo, ça peut être la course à pied, ça peut être le longe-côte, on est à la Rochelle, on pratique la marche aquatique côtière. Ça peut être la randonnée si on est en montagne, ça peut être la natation, ça peut être, il y a beaucoup de choses qui se font aussi maintenant dans le sport santé post-cancer ou per-cancer. Ça peut être l'aviron. il y a tout un tas de choses et qui vont être adaptées aux patients. Donc ces activités physiques d'endurance, il faut les pratiquer en général trois fois par semaine, 30 à 60 minutes par semaine, donc je le disais. Ça peut être couplé avec deux séances d'entraînement de renforcement musculaire par semaine. Donc ça peut être un travail des petits haltères, des travails avec des élastiques, ça peut être du pilates, ça peut être du yoga. Ça peut être toute forme de renforcement musculaire, mais c'est important de coupler ça pendant ou après le cancer. Lorsque le patient n'a pas l'habitude de pratiquer une activité physique, ça arrive quand même fréquemment, je conseille éventuellement que le patient demande une prescription d'activité physique adaptée à son oncologue, à son médecin traitant, à sa gynéco, ça dépend par qui il est suivi.

  • Abigaïl

    Ça, ça se fait de prescrire ?

  • Laura

    Alors, on peut le prescrire. Après, enfin, on peut toujours le prescrire. Pour l'instant, ce n'est pas remboursé à 100 donc certaines mutuelles il y a quand même pas mal de mutuelles qui prennent en charge à l'année un certain nombre de séances après éventuellement maintenant il y a quand même beaucoup d'initiatives locales sur du sport santé dans des clubs de sport je parle de clubs de sport comme du rugby, comme du handball, où le club, avec sa politique responsabilité sociétale et environnementale, RSE, propose des activités physiques d'endurance ou de renforcement musculaire pour les patients. Les villes aussi font aussi énormément. Parfois, ils embauchent des APA et puis ils promeuvent l'activité physique dans les maladies, on va dire dites chroniques. Donc j'encourage quand même les patients à interroger leurs oncologues sur ce qui se fait Dans leur ville ou dans leur région, il y a beaucoup d'initiatives bénévoles ou institutionnelles qui se font, pas que dans les grandes villes, pas que à Paris. Donc ça peut être une manière de mettre le pied à l'étrier parce qu'il faut quand même un tremplin. C'est-à-dire qu'il y a l'annonce diagnostique du cancer, c'est vraiment un coup de massue. c'est très dur à encaisser, et en plus on vous dit, bon, mais ce serait bien de prendre en charge votre hygiène de vie, de vous mettre à faire de l'activité physique, d'arrêter de fumer, de manger équilibré, enfin, ce sont des messages qu'on a du mal à entendre, déjà, et puis, si on n'a jamais pratiqué de l'activité physique, probablement que c'est bien de se rapprocher d'un professionnel qui peut vous aider, ou pendant peut-être un mois, voilà, de se payer quand même, si notre mutuelle ne la prend pas en charge, aussi, une... une séance d'activité physique adaptée avec un coach. Donc si on le fait en autonomie, l'activité physique d'endurance, le bon rythme c'est d'être un petit peu essoufflé. mais de pouvoir dire 4 à 5 mots à la personne qui nous accompagne si on est accompagné. Ou alors il faut simuler d'être accompagné, mais globalement il faut pouvoir dire entre 3 à 5 mots, 5-6 mots, grand max. Si vous pouvez chanter complètement une chanson, c'est que vous n'allez pas assez vite. Ou si vous pouvez tenir une discussion complète, comme je suis en train de faire avec un bon débit, c'est que vous n'allez pas assez vite dans votre activité d'endurance. Voilà, donc... pour avoir le bon niveau d'essoufflement, il faut pouvoir dire quelques mots. Seulement à son voisin, on dit 3 à 5 mots en général.

  • Abigaïl

    D'accord. Et donc, tu nous disais 30 à 60 minutes par semaine.

  • Laura

    3 fois par semaine.

  • Abigaïl

    Oui, 3 fois par semaine. Mais du coup, ça veut dire quoi ? Ça veut dire 20 minutes chaque séance ?

  • Laura

    Si on fait 3 fois par semaine ? 30 minutes 3 fois par semaine, déjà, c'est la base.

  • Abigaïl

    Ah oui, 30 minutes, 3 fois par semaine. Donc 1h30 par semaine.

  • Laura

    D'accord. 30 minutes, 3 fois par semaine. Ouais. Donc du coup, 30 à 60 minutes trois fois par semaine. J'ai peut-être fait une erreur tout à l'heure. Mais oui, donc c'est quand même assez... Il faut que ce soit régulier pour que ça permette aux patients de garder sa masse musculaire ou d'en faire.

  • Abigaïl

    Et donc ça participe aussi à garder le souffle aussi et à faire travailler la fonction cardiaque suffisamment longtemps pour être efficace. Si on fait plus court, du coup,

  • Laura

    on est... En effet, ça va avoir un impact sur le muscle, mais ça va avoir aussi un impact sur la fonction cardio-respiratoire pour les sportifs. C'est le pic de VO2 ou le VO2 max que l'on mesure lors d'un test d'effort avec analyse des gaz respiratoires. En fait, on sait qu'une femme de 40 ans qui a eu un cancer du sein et qui a été traitée pendant 8 à 12 mois, par exemple, c'est à peu près la moyenne. Ça peut être plus longtemps lorsqu'elles ont des thérapies ciblées, une herceptine ça peut durer un an et demi. En fait, une femme de 40 ans qui a eu ce traitement long va avoir une capacité cardiorespiratoire à la fin de ce traitement équivalente à celle d'une femme de 70 ans qui n'a jamais eu de cancer. Donc on baisse énormément sa fonction cardiorespiratoire lorsqu'on est traité. pour le cancer. C'est pour ça que, alors c'est vrai, ça a été étudié par des équipes. Sloane et Jones, qui sont des chercheurs américains qui font ça depuis des années, peut-être 25 ans, ils ont montré ça dans des papiers anciens, voire très récents, d'expliquer qu'on perd parfois 30% de sa capacité cardio-respiratoire au décours de la prise en charge du cancer. C'est vrai quand même beaucoup pour la prise en charge d'hémopathie maligne. Pour tous les jeunes qui nous écoutent et qui sont atteints de leucémie, de lymphome, parce que ça touche malheureusement plutôt les jeunes gens, les enfants ou les jeunes adultes, vraiment garder ça en tête, continuer l'activité physique ou débuter une activité physique et maintenir une bonne hygiène de vie parce que ça va améliorer votre quotidien, ça va limiter votre risque de récidive probablement et aussi ça va limiter un impact défavorable. éventuels de vos traitements sur le système cardiovasculaire.

  • Abigaïl

    Et donc ça, c'est l'impact hors activité physique. Et quand on applique justement les recommandations concernant l'activité physique, est-ce qu'on arrive à mesurer la perte ou la non-perte, justement ?

  • Laura

    Alors, en fait, ça n'a pas été trop étudié. C'est-à-dire que dans ces équipes, on étudie vraiment dans des laboratoires, ou comme moi, je peux le faire dans notre clinique, on va faire des tests à l'effort. à nos patients et on a fait faire une thèse d'impact médico-économique sur le programme d'onco-cardiorehabilitation dans notre clinique. Et cette thèse de cette interne montre qu'on gagne 15 points au test à l'effort. Donc c'est en moyenne 15 watts, mais ça peut aller... Certains patients vont gagner 40 watts, d'autres vont gagner 10 watts, mais en moyenne sur un... un pool de patients qui était de 59 patientes, on gagnait en moyenne 15 points au test d'effort entre le début du programme et après un mois d'activité physique, donc cinq fois par semaine.

  • Abigaïl

    Et ça représente quoi ?

  • Laura

    Ça diminue la mortalité. En fait, à partir de 10 points d'amélioration du test d'effort, on sait que ça diminue énormément la mortalité cardiovasculaire. J'ai des patients qui ne sont pas atteints de cancer, mais on peut le corroborer aussi dans le post cancer. Donc on va gagner des années de vie. Plus on est actif, dynamique, musclé, avec une bonne capacité cardiorespiratoire, moins on aura d'événements cardiovasculaires ou de cancers, et moins on mourra d'un problème cardiovasculaire ou de cancers. Donc c'est non négligeable.

  • Abigaïl

    Ce qui est intéressant, c'est que les patients, quand ils arrivent, ils viennent pour un mois. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu quel type de patient tu suis ? Et puis, quel est leur parcours d'activité physique dans le programme ? Et les bénéfices après, parce que j'imagine que tu les suis même après, quand ils sont sortis de la réhabilitation. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ces patients ?

  • Laura

    Alors en fait ce programme, on est deux centres en France à le promouvoir, on est centre de réadaptation cardiovasculaire, on a utilisé notre savoir-faire d'un domaine cardiovasculaire pour vraiment le transposer aux patients atteints de cancer. Quand on l'a proposé aux oncologues, ils ont été hyper partants parce que ça faisait des années qu'ils attendaient une solution clé en main. où on prendrait en charge le patient de manière globale, parce que pendant 4 semaines, le patient va venir 5 jours, 5 après-midi par semaine. Il va pratiquer 2 activités physiques par après-midi, donc ça peut être de la marche, du vélo, du vélo elliptique, du rameur, du stepper, de l'aquagym, du renforcement musculaire. Il y a toujours une activité physique d'endurance et une activité physique de renforcement musculaire. Donc tous les jours, ça va être couplé à des activités de lâcher prise, où on prend en charge le patient sur le plan des émotions. Donc ça peut être de la sophro, de la relaxation, de la thérapie avec la psychologue. Ça va être également parfois du photolangage. Vraiment, on axe beaucoup sur la gestion émotionnelle pour faire baisser le niveau de stress, parce que le stress aussi, c'est pas qu'un terme, c'est quantifiable au niveau sanguin. Le stress, ça va générer des radicaux libres qui vont être toxiques, etc. Donc vraiment, on... Dans notre parcours, il y a vraiment quelque chose qui est en lien avec la gestion du stress. Et puis, on leur donne aussi des conseils alimentaires. Pendant ce programme, il y a des entretiens avec la diététicienne, des ateliers sur l'alimentation crétoise et puis un cours de cuisine. Et donc tout ça couplé, on va dire que les patients, on a pu quantifier l'amélioration de leur qualité de vie par des questionnaires, le questionnaire qui s'appelle SF36, et on a vu une majoration d'une vingtaine de points du score physique et mental entre le début du programme et la fin du programme. Donc ça, ça m'a permis de faire une étude de faisabilité, mais on continue. de faire ce questionnaire au long cours chez nos patients, et ça se maintient. Et c'est ce que nous, soignants, nous avions vu. C'est-à-dire que quand on a commencé à accueillir ces patients, C'était plutôt des femmes, je vais te réexpliquer après. Ces patientes en hôpital de jour dans notre clinique, elles arrivaient, elles pleuraient, elles n'étaient pas bien. En fait, il y a une forte perte d'estime de soi-même. On a perdu les cheveux, on a perdu les ongles, la peau n'est plus du tout la même, on a pris du poids, on a perdu ses muscles, on n'est plus au boulot, on est fatigué, exténué, on ne peut plus s'occuper de ses enfants. C'est vraiment difficile. On a une perte de sens, on a une perte de repère aussi parce que finalement, nous on prend en charge les patients dans notre clinique pendant un mois en hôpital de jour au décours de leur prise en charge oncologique qui a duré 8-12 mois. Donc pendant 8-12 mois, finalement, il y a l'annonce diagnostique et ensuite, toutes les 2-3 semaines, il y a l'injection, il y a la chimio. Donc elles voient leur oncologue énormément et ensuite, on leur dit bon bah écoutez, vous avez fait la chimio les trois cures par exemple d'anthracycline et ensuite les douze cures de taxol, vous avez fait la radiothérapie pendant 25 séances, là maintenant je vous prescris l'hormonothérapie, et puis on se revoit dans trois mois, six mois, etc. Donc en fait, là il y a tout ce que le patient aussi, il se retrouve avec sa fatigue, avec sa fonte musculaire, avec son arrêt de travail, avec pour autant la maison à gérer. Et l'entourage qui dit bon bah maintenant ça y est, le traitement est fini, ça va aller mieux Sauf que le patient, il a perdu ses repères physiques, mentaux, émotionnels.

  • Abigaïl

    Oui, et puis c'est une période très dure aussi où il y a un sentiment d'abandon. Parce que justement, on n'a plus tout cet entourage, tous ces rendez-vous médicaux. Et c'est vrai que c'est des périodes qui sont vraiment très dures pour les patients. En tout cas, moi c'est ce que je vois dans ma pratique au comptoir.

  • Laura

    C'est exactement ça. Et donc, le timing, on l'a déterminé avec les oncologues. En fait, je n'avais pas assez de place de toute manière pour accueillir tous les patients dès le début de l'annonce diagnostique, donc on les a échelonnés après la fin de la radiothérapie. Ça permettait également aussi qu'ils aient accès à l'aquagym, parce qu'ils font de l'aquagym, on attendait un mois, parce qu'on a quand même beaucoup de patients avec des cancers du sein, que ces patients puissent avoir accès à la piscine. et que leur peau est bien cicatrisée. Et donc, je les voyais arriver vraiment effondrées, et c'était tout à fait légitime. Et à la fin du mois, en fait, je les voyais transformées. beaucoup plus sûre d'elle, avec beaucoup de confiance, parce qu'en fait, il y a l'effet groupe qui joue, on les prend en charge en groupe. Il y a aussi cette capacité à s'évaluer au fur et à mesure. Quotidiennement, elles voyaient, mais je pourrais parler aussi en disant ils voient puisque maintenant on accueille des hommes, mais les patients voient leur progression quotidienne. et ça c'est chiffré à la fin par le test à l'effort également donc à la fois ça rassure le cardiologue en disant vous avez progressé, on voit qu'il n'y a pas de problème cardiaque et puis je vous reverrai dans un mois et je vous reverrai dans un an etc on planifie le suivi, que ce soit moi ou avec un confrère parce que je ne suis pas tous les patients malgré mes casquettes ma casquette de cardio-onco c'est vraiment en général les cardiologues libéraux qui suivent les patientes et puis elles avaient à la fois leur amélioration de capacité physique qui était visible physiquement, émotionnellement elles sentaient mieux l'effet boost de l'activité physique et puis sur le papier c'était noté et c'est noté sur le test à l'effort c'est hyper gratifiant de les suivre pendant un mois et puis de voir de telles transformations En fait, c'est vrai que j'encourage les cardiologues qui écouteront peut-être ce podcast et qui font de la réadaptation cardiaque. Il y a un effet extrêmement gratifiant et équivalent, voire supérieur parfois à des patients atteints de cardiopathie. Parce que c'est très compliqué d'avoir un infarctus et d'avoir eu un stent, mais ça dure un petit peu moins longtemps. Les patients restent deux à quatre jours à l'hôpital, ça va plus vite. Là, c'est des parcours plus longs, où le patient perd vraiment... En fait, se retrouve juste avec son âme, on va dire, mais il n'a plus que ça pour lui, parce que physiquement, émotionnellement, le patient est à la fois satisfait que l'oncologue l'ait aussi bien pris en charge et d'être sauvé de son cancer, mais... il y a quelque chose qui manque sur le plan physique et émotionnel, et il ne sait plus trop où il est, le patient.

  • Abigaïl

    Il faut le temps de la période de reconstruction. C'est ça.

  • Laura

    Nous, on n'est qu'un tremplin. Dans notre exercice, ça dure un mois. Mais c'est un tremplin. Le terme tremplin, c'est vrai. Quand on voit le tremplin au ski, aux Jeux Olympiques, c'est vraiment ça. On leur donne l'élan, et après, le but, c'est de les autonomiser. et de... qu'ils aient envie de s'autonomiser et qu'ils prévoient leur futur.

  • Abigaïl

    Et du coup, tu vois sur le long terme que c'est des bonnes habitudes qui restent, parce que justement, cette prise en charge globale, elle est rare. C'est vrai qu'on a tendance à donner des conseils ponctuels, faire de l'activité physique, va voir une diététicienne pour rééquilibrer l'assiette, arrête de fumer. Mais tout ça, pendant un mois en prise en charge globale,

  • Laura

    ça marque.

  • Abigaïl

    Et oui, parce que c'est tout l'environnement que tu modifies, et du coup, les changements, tu les vois sur le long terme ?

  • Laura

    Alors, c'est vrai que là, c'est quelque chose de cognitif, c'est-à-dire qu'ils ont appris par l'expérience qu'en fait, faire de l'activité physique tous les jours, prendre en charge son assiette et puis ses émotions, eh bien en fait, ça a un fort impact. Et c'est par l'expérience qu'ils vivent qu'ils vont avoir envie. Donc en effet, on a fait du suivi. Du phoning en fait, du suivi téléphonique pendant trois ans, lorsqu'on a monté, co-créé cette première étude en 2015, avant de pouvoir l'institutionnaliser au sein de la clinique, on a fait une étude de faisabilité et on suivait les patients pendant trois ans par téléphone et globalement les patients poursuivaient l'activité physique à 80%, l'activité physique d'endurance. Après, pour ce qui est du tabac, en général, ils arrêtent le tabac dans 90% des cas. Et c'est maintenu. L'alimentation, c'est maintenu à 50%. Donc ça, c'est dans mon quotidien, c'est ce que je perçois, et de cette étude de phoning. Maintenant, à large échelle, je ne pourrais pas donner de chiffres aussi précis. Là, c'est vraiment dans ma petite expérience perso. Mais le fait d'être un tremplin, ça marque les esprits et ça... ça donne une espèce d'ancrage physique. Ils ont senti les bénéfices, ça y est, ils les ont vus, alors qu'ils étaient très très fatigués et pas bien moralement.

  • Abigaïl

    En plus, on dit souvent qu'il faut trois semaines pour changer les habitudes. Donc là, c'est vrai qu'en termes de timing, un mois complet. Et puis avec d'autres patients aussi, il y a l'effet de groupe qui est très bénéfique aussi dans les parcours de soins onco. Le fait d'être avec d'autres patients, ça permet de se soutenir.

  • Laura

    En effet. Alors en fait, on a fait le choix d'accueillir les patients qui ont un cancer en même temps. En fait, ils commencent le mois ensemble, ils le finissent ensemble. Donc ça a amené des choses extraordinaires. Les patients échangent leurs numéros, ils continuent à se voir à l'extérieur, etc. Ensuite, ils sont aussi au contact de patients atteints de cardiopathie, c'est-à-dire qu'ils sont quand même mélangés avec des gens qui ont fait des infarctus. Donc ça a aussi un impact. Mais pourquoi vous êtes là ? Vous avez eu un stent ? Ah ben non, moi j'ai eu un lymphome. Ah bon, pourquoi ? Voilà, et donc ça me fait penser que je n'ai pas répondu à ta question sur les indications. Au départ, on a commencé avec les oncologues, on a choisi de proposer le programme aux patientes atteintes de cancer du sein parce qu'elles avaient des facteurs de risque qui pouvaient être communs aux pathologies cardiovasculaires. Les traitements étaient potentiellement fortement cardiotoxiques. Et puis c'est l'un des cancers les plus fréquents en France, 59 000 cas par an. 500 nouveaux cas à La Rochelle, tous les ans environ. Donc ça a impacté énormément. Et puis ça impacte la famille. Ça impacte les enfants. Donc on s'est dit, on va le proposer aux femmes, parce que ce programme va avoir un impact positif sur elles et leur environnement. Et puis ensuite, les hématologues m'ont dit, mais Laura, il y en a marre. Nous aussi, on a besoin de ça. Et donc du coup, en effet, on a ouvert le programme pour les patients atteints d'hémopathie maligne. Donc on nous adresse parfois des jeunes qui ont eu des leucémies, mais également des patients avec des lymphomes, des myelomes, qui ont des traitements potentiellement cardiotoxiques.

  • Abigaïl

    Et donc on a vu tout le bénéfice de l'activité physique pendant les parcours de soins en termes de diminution de fatigue, d'amélioration de la qualité de vie et justement sur l'après cancer.

  • Laura

    Sur l'après, ça va maintenir en effet la qualité de vie de toute manière parce que même si on est très éloigné du temps du cancer, si on est à 10 ou 15 ans ou 20 ans... Il y a toujours des hauts et des bas dans la vie, donc pratiquer une activité physique, ça permet de s'ancrer, ça permet d'être à l'aise dans ses baskets finalement, et d'être bien dans son corps, et de continuer à être bien émotionnellement, ça c'est clair et net. En général, les grands chefs d'entreprise... chef masculin ou féminin, peu importe, mais ils ont une activité physique régulière. Ils s'ancrent énormément pour aller mieux. Donc c'est valable aussi pour les patients qui ont eu un cancer. Et puis ça va diminuer le risque de récidive du cancer, de 50% chez les patients atteints de cancer du sein, cancer colorectal, cancer de la prostate. Donc les cancers dits hormonodépendants. Alors souvent on me pose la question, on me dit Oui, mais moi mon cancer du sein c'est un cancer triple négatif, donc il n'est pas hormonodépendant. C'est pas grave, enfin c'est pas grave, peu importe. Je dis aux patients, ça a le même impact. On sait que ça va diminuer le risque de récidive de votre cancer, même si c'est un triple négatif. et ensuite ça va diminuer la morbi mortalité cardiovasculaire, parce que les problématiques cardiaques qu'on peut avoir, elles sont parfois, c'est vrai, dans les 5 ans qui suivent le cancer, mais elles peuvent être à 10 ans, 15 ans, 20 ans. Donc lorsqu'on a une radiothérapie, même si la radiothérapie maintenant est très ciblée, on diminue les doses au cœur, il y a vraiment des protocoles d'atténuation de doses. qui font que le cœur est beaucoup moins impacté que dans les années 70 ou 80. Il peut y avoir un impact sur les coronaires ou sur le muscle ou sur le péricarde. Et donc la pratique de l'activité physique va diminuer ces cardiopathies. Je ne peux pas te donner de chiffres parce qu'en fait, on est assez en amont de ce qu'on... C'est-à-dire que... on est vraiment quand même encore au balbutiement de l'onco-cardio-réhabilitation. Nous, on est un peu les promoteurs de cela dans notre centre. On sait que l'impact de l'activité physique, on en parle beaucoup pour limiter la récidive du cancer et pour améliorer la qualité de vie, donc diminuer aussi les arrêts de travail, etc., sur le moyen ou long terme. mais sur la diminution de la cardiopathie en elle-même, il va falloir avoir des études plus longues, plus robustes sur le plan scientifique. Néanmoins, on sait déjà que ça va avoir un impact de pratiquer une activité physique, un impact positif pour éviter ces problèmes cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    On n'en a pas parlé, ça aussi, mais par exemple, pour les patientes qui sont sous hormonothérapie, moi ce que j'explique aussi au comptoir, c'est qu'on va aussi diminuer les douleurs articulaires. Il y a beaucoup de douleurs et en fait, on n'a pas trop de solutions, mis à part l'activité physique. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

  • Laura

    Alors, dans les études, ça ressort. On dit qu'on va limiter les douleurs articulaires sous l'hormonothérapie. Dans mon expérience, on a reçu maintenant 400 patients dans notre clinique, en institutionnel, en hôpital de jour. Je vais dire que je suis à 50-50. C'est-à-dire que soit ça va un peu diminuer, soit ça va complètement les stopper. Mais... Il peut y avoir encore des patientes qui décrivent ces arthralgies malgré ce parcours d'un mois d'activité physique. Donc en fait, c'est comme un effet on-off. Soit ça marche bien, soit ça marche quasiment pas en fait. Sur les douleurs nocturnes notamment qu'elles peuvent avoir, etc. Donc ça en fait, j'espérais avoir peut-être plus d'impact, mais je ne peux pas te dire que c'est impactant positivement pour toutes les patientes.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu leur conseilles à ces patients qui n'ont pas eu de résultats avec l'activité physique ? Qu'est-ce que tu mets en place par ailleurs ? Est-ce qu'il y a des choses à mettre en place ?

  • Laura

    Alors je suis un peu limitée, c'est-à-dire que moi dans ma pratique, c'est pas quelque chose que forcément j'ai appris, donc je les renvoie souvent à leur questionnement de... vers leur oncologue. Je leur conseille de toute manière de continuer la pratique de l'activité physique et on sait que ces arthralgies, elles vont être plutôt importantes la première année, pendant un an et demi, et ensuite elles vont tendre à diminuer. Donc voilà, c'est vrai qu'en général il faut serrer les dents parce que l'hormothérapie c'est 5-7 ans maintenant dans les recos.

  • Abigaïl

    Et en changeant d'activité physique, par exemple en allant plus sur des disciplines, faire du yoga ou ce genre de choses. Je sais pas si ça peut être plus impactant ou pas.

  • Laura

    Ça Alors, c'est vrai que dans mon quotidien, je peux pas te dire, mais c'est vrai que... Je ne l'ai pas expérimenté auprès de mes patientes. Je n'ai pas fait attention en même temps si elles faisaient du yoga ou du pilates et si elles étaient plus soulagées. Instinctivement, ça me paraît être une bonne idée. Peut-être que toi, tu as eu l'info dans les différents podcasts ou dans tes lectures.

  • Abigaïl

    Moi, j'avoue que je dis souvent aux patientes déjà d'essayer et puis de voir le bénéfice qu'elles en tirent. Parce qu'il y a aussi un facteur de l'activité me plaît. ou pas. Et du coup, je vais continuer pendant longtemps après à inscrire cette habitude dans mon mode de vie. Forcément, il faut que ça plaise.

  • Laura

    Alors ça, tu as parfaitement raison. Tu me demandais comment continuer. En fait, comment continuer, c'est déjà, je fais ce que j'aime. Il faut que la patiente ou le patient aille vers une activité qui lui plaise. C'est avec toutes les injonctions, il faut que j'aille marcher, il faut que j'aille courir, il faut que j'aille faire du vélo. C'est compliqué, ça ne marche pas dans le temps. Donc il faut avoir envie de pratiquer une activité physique, il faut la planifier. parce qu'après il y aura la reprise du travail bon après il y a des patients qui ne travaillent plus qui sont retraités mais les retraités sont très actifs aussi et pas forcément pour faire de l'activité physique, ils ont des activités bénévoles donc les patients disent ah mais moi je ne sais pas si je vais avoir le temps donc choisissez une activité physique qui vous plaise planifiez là comme on se brosse les dents François Carré qui est un professeur de cardiologie du sport dit mais vous brossez les dents matin et soir alors pratiquez de l'activité physique tous les jours c'est la même chose,

  • Abigaïl

    c'est la même hygiène de vie en fait mais il faut que ça plaise et puis aussi avec des personnes que l'on aime côtoyer il y a aussi un effet de groupe d'ambiance oui quand on pratique enfin après il y en a qui aiment ou qui n'aiment pas et d'ailleurs il y en a qui préfèrent pratiquer de l'activité physique plutôt seul mais en tout cas voilà ça c'est des facteurs qui peuvent être déterminants il faut se connaître,

  • Laura

    s'écouter souvent en fait la période du cancer c'est une période aussi ou d'introspection où on cherche enfin On peut se chercher et se dire qui je suis, qu'est-ce que j'ai envie, qu'est-ce que cette étape m'apporte pour mieux me connaître et aller me retrouver aussi moi-même. Donc en effet, c'est de quoi j'ai envie, avec qui je veux le faire, est-ce que je suis mieux seule, accompagnée, avec qui, où. Donc ça c'est des questions existentielles, un peu philosophiques aussi, mais qui peuvent au quotidien amener de l'engagement envers soi-même. Ça c'est vrai que c'est quelque chose que je retiens et que mes patients m'ont appris dans le quotidien d'onco-cardiologue ou de cardio-oncologue. C'est le sens de la vie une fois qu'on a eu un cancer et donc de l'engagement envers soi-même. C'est-à-dire que voilà, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour ne plus m'oublier dans mon quotidien ? Donc en effet, je vais avoir envie de pratiquer une activité physique parce que maintenant j'ai eu cette expérience dans cette clinique ou dans ce... cours de sport et ça me plaît, j'ai vu les bénéfices, j'ai vu les bénéfices du coaching mental, j'ai vu les bénéfices d'une alimentation équilibrée, de moins consommer de sucre, tout ça c'est l'expérimentation et c'est mieux se connaître et avoir aussi l'engagement envers soi-même de le faire et de s'y tenir.

  • Abigaïl

    Moi, j'ai en tête l'exemple d'une patiente qui, justement, avait fait un cancer du sein et aussi un accident cardiovasculaire. Et chez cette patiente-là, il y avait tout à revoir, que ce soit l'alimentation, le mode de vie, l'activité physique. Toi, qu'est-ce que tu conseilles à ces patients-là qui... où il faut tout reprendre et c'est difficile parce que c'est la montagne devant soi comment tu les abordes ces patients et en termes de motivation comment tu provoques si on peut provoquer je

  • Laura

    sais que c'est une question dure mais en fait c'est plus ou moins dur moi c'est facile pour moi parce que dans le centre où j'exerce les patients ils sont pris en charge 3 semaines 1 mois Dans le cancer un mois et dans d'autres cardiopathies, ça dépend s'ils sont hospitalisés, s'ils dorment à la clinique ou s'ils sont en hôpital de jour. Mais en fait, ils sont dans un cocon. Dans un cocon, pardon. C'est entre la vie réelle et le cocon hospitalier. Donc en fait, on va leur montrer par les preuves que manger équilibré, pratiquer de l'activité physique tous les jours et faire de la relaxation et de la respiration, de la cohérence cardiaque. ça améliore qu'ils sont au quotidien. Donc, Pour moi, c'est facile d'accompagner ces patients-là parce que j'ai l'outil efficace et efficient pour le faire. Après, si c'est quelqu'un que je vois en consultation externe et qui arrive avec toutes ces problématiques, déjà, s'il a eu un cancer ou une pathologie cardio-vasculaire, je peux lui proposer de venir dans mon centre, mais s'il ne peut pas ou il ne veut pas, ou si on a des patients qui nous écoutent et qui n'ont pas de centre de réadaptation cardiaque près de chez eux, il faut y aller par étapes. Donc en effet, quand même, l'activité physique en premier, le sevrage du tabac avec un tabacologue, se faire aider par quelqu'un, peut-être, je crois que tu as un livre à conseiller pour le sevrage du tabac ?

  • Abigaïl

    Oui, et puis sur le sevrage du tabac, je pense que c'est important de dire que maintenant tout est remboursé. par la sécu. Que ce soit les patchs, que ce soit les pastilles de nicotine, c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à en parler aux médecins qui nous prennent en soin, parce qu'en fait, maintenant, tout est pris en charge. Et tu parlais d'un livre, c'est vrai que... Moi, ce livre-là, je le conseille souvent à mes patients qui souhaitent arrêter de fumer. C'est le livre d'Alan Carr. Et en fait, ce livre-là, il... Comment dire ? Il va vraiment nous faire comprendre toute la psychologie et tous les mécanismes cérébraux liés à la dépendance à la nicotine. Et c'est vrai que ça permet d'avoir le déclic pour se sortir de la dépendance et ne plus jamais replonger dans le tabac.

  • Laura

    Merci pour ces conseils parce que la gestion du tabac, c'est quand même hyper dur pour nos patients. Voilà, parfois il y en a qui ont envie mais ils ont peur d'arrêter, ils se demandent comment ils vont être après, si les émotions vont être au taquet, beaucoup d'émotions inconfortables qu'on n'a pas l'habitude d'accueillir dans les pays occidentaux. Donc en fait il y a tout ça qu'il faut prendre en considération. Donc la première chose je dirais que n'hésitez pas à frapper à la porte soit de votre oncologue, soit de votre cardiologue ou de votre médecin généraliste pour dire bah moi j'irai... J'aimerais bien faire un séjour dans un centre de réadaptation cardiaque. J'ai entendu ça dans un podcast. Je pense que ça peut aussi venir des patients et éveiller les consciences des professionnels.

  • Abigaïl

    Ça veut dire que même un patient qui n'habiterait pas du tout dans le coin, tu pourrais l'accueillir pendant un mois ?

  • Laura

    Oui, nous on pourrait. Il n'y a pas de problème. Il faut que son médecin fasse une demande. et après moi ce que j'aimerais c'est que ça puisse se démocratiser et je pense que ça va le devenir ça va se démocratiser sur tout le territoire et après si des patients frappent à la porte aussi des réadaptateurs ça éveillera les consciences aussi des médecins qui vont dire bah tiens oui pourquoi pas c'est une bonne idée et après si le patient n'a pas la possibilité d'être absent de son travail c'est vrai qu'il faut y aller par étapes Donc la reprise d'une activité physique avec un coach peut-être ou un club. la gestion du tabac avec un médecin, le pharmacien, le tabacologue. Et puis après, tout ce qui est diététique, c'est aussi être accompagné. Mais souvent, on sait ce qu'il faut faire. On sait qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, etc. Après, il faut aussi programmer les achats, aller régulièrement faire les courses, etc. C'est vrai que c'est une nouvelle dynamique, un nouvel ancrage dans son quotidien. Et ne pas se dire, ça passe après. parce que la santé globale, elle passe avant tout. C'est ce qui permet à notre corps d'être véhiculé, d'être en bonne santé et de pouvoir ensuite travailler, promouvoir des projets. Et après, pour ce qui est du patient atteint de cancer, dans certains centres ou dans certains hôpitaux, il y a le parcours de soins post-cancer qui est remboursé à hauteur de six consultations avec des APA. professeur en activité physique adaptée, psychologue et diète, et on peut avoir accès à six consultations, donc c'est pas mal, complètement remboursé par la Sécurité sociale, ça fait suite à un décret de loi de décembre 2020, je crois, et donc du coup, il y a pas mal de centres qui ont eu l'autorisation d'exercer ce parcours de soins. A Pour terminer cet échange, qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage ? Parce que ce n'est pas qu'une question centrée sur le patient, c'est aussi une question familiale quand il s'agit des habitudes de vie avec l'activité physique, modifier nos habitudes en cuisine, éliminer le tabagisme, toutes ces bonnes habitudes de vie, et puis aussi limiter les consommations d'alcool. C'est vrai que tout ça, ce n'est pas... Que l'histoire du patient, c'est aussi l'histoire familiale, c'est les bonnes habitudes à prendre avec l'entourage. Et du coup, ça me fait la transition parfaite sur les aidants qui nous écoutent. Comment ils peuvent accompagner le patient dans l'activité physique et dans toutes ces bonnes recommandations de prévention santé ? C'est une bonne question, excellente même. Parce que quand on est aidant... mais c'est aussi vrai quand on est soignant, parfois on donne beaucoup de soi-même, mais on s'oublie aussi. Donc déjà pour être un bon aidant, il faut déjà prendre soin de soi, donc soi-même pratiquer l'activité physique, et puis avoir le moins de conduite addictive possible, une bonne alimentation, un bon sommeil, une bonne hydratation, enfin bon, ce sont des conseils de base, de vie de base qu'on a oublié parce qu'on a une vie tumultueuse. Comme un ouragan, on bosse, on se lève, on court partout. Donc ça en fait, un aidant, en plus il rajoute l'aide de son conjoint, de son enfant, de sa maman dans le cancer, c'est très compliqué. Donc il doit prendre soin de lui et puis il faut qu'il ait envie de prendre soin de lui. Et puis il peut accompagner la personne qui est malade pour aller... vers une meilleure hygiène de vie, pratiquer l'activité physique. l'accompagner dans la démarche en disant on va l'inscrire dans notre planning, on va faire une sortie ensemble, on va essayer le vélo, le vélo électrique pour ceux qui n'aiment pas le vélo. On va essayer ensemble le longe-côte, la rando. Essayer aussi de sortir des sentiers battus, créer des moments de connivence aussi avec la personne malade. Ça peut être une... une manière de faire.

  • Abigaïl

    Eh bien, en tout cas, merci beaucoup, Laura. Est-ce que tu vois quelque chose à rajouter pour clôturer cette interview, quelque chose qu'on aurait oublié de dire ?

  • Laura

    Écoute, non, je pense que déjà, je te remercie pour ton invitation. Je dirais que ce podcast, il peut avoir une portée vraiment nationale dans la prévention secondaire des cancers et des maladies cardiovasculaires. Donc, j'espère qu'il sera bien écouté et que ce sera à la hauteur de tout l'investissement que tu as pu mettre. Voilà. Merci beaucoup à Abigaïl, en tout cas, de ton invitation.

  • Abigaïl

    Merci à toi Laura, merci pour cet échange qui était fort instructif et qui va apporter beaucoup de valeur à nos patients et aux accompagnants. Merci beaucoup Laura.

  • Laura

    Merci Abigaïl.

  • Abigaïl

    Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de notes entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels. du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de la saison 3 de canc'Héros, on parle avec Laura d'onco cardio réhabilitation.

En effet, saviez vous que les facteurs de risques des maladies cardio vasculaires et de cancer sont les mêmes ? Et que l'on observe une perte de chance cardio-vasculaire chez les patients en parcours de soin cancer. Les facteurs pour expliquer cela sont multiples : prise de poids, fonte de la masse musculaire, toxicités cardiaques de certains traitements.

La réhabilitation cardiaque par l'activité physique pendant et en post parcours de soin oncologique est essentielle et permet d'améliorer la qualité de vie des patients. Elle permet aussi de limiter les toxicités sur les organes, avec en premier lieu le cœur.

L'activité physique chez les patients en traitements permet de diminuer la fatigue cancéro-induite et de diminuer certaines douleurs chez certains patients. Mais rappelons aussi que l'activité physique est bénéfique pour tout le monde, patients, entourage, aidants, quelque soit l'âge, au quotidien, en prévention primaire des maladies.


Vous pouvez nous retrouver sur Instagram sur la page canc.heros ou sur Facebook sur la page canc'Héros podcast.

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N'hésitez pas à recommander le podcast si vous connaissez dans votre entourage des patients qui pourraient en avoir besoin.


Mille mercis pour votre écoute, vos recommandations et vos messages de soutien !

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Transcription

  • Abigaïl

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis ravie de vous accueillir dans la saison 3 du podcast canc'Héros. Canc'Héros, c'est le podcast santé qui aide les patients atteints de cancer à devenir acteurs de leurs soins. Je suis Abigail, pharmacienne d'officine, et ma mission ici est de favoriser le partage d'expériences autour des parcours de soins cancer, le partage de témoignages entre patients et véhiculer une information de qualité pour les patients atteints de cancer ou en rémission, ainsi que pour leur entourage, les aidants, les accompagnants. Pour ce faire, j'accueillerai à mon micro des patients qui ont pour point commun l'envie de partager leur expérience et leur histoire dans le but d'aider les autres. J'accueillerai aussi des experts, des professionnels de santé, des associations, car je suis convaincue qu'un patient bien informé est un patient qui sera plus facilement acteur de son parcours de soins dans le but d'améliorer sa qualité de vie. Si vous appréciez mon travail, n'hésitez pas à recommander le podcast canc'Héros à d'autres patients qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre un avis et une note sur les plateformes d'écoute afin de rendre canc'Héros plus visible et d'aider un maximum de patients. Mille mercis et je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Laura,

  • Laura

    Bonjour Abigail,

  • Abigaïl

    Je suis vraiment ravie de t'accueillir sur le podcast canc'Héros. Merci pour ton temps, merci pour cette interview.

  • Laura

    Merci à toi. Merci de m'accueillir et de donner du temps d'écoute aux patients qui ont un cancer et à leurs aidants.

  • Abigaïl

    Et merci à toi de m'accueillir chez toi, ici à La Rochelle. J'ai fait le déplacement juste pour toi.

  • Laura

    Merci beaucoup. J'espère que tu auras apprécié le petit séjour, le petit parcours qu'on a fait aujourd'hui.

  • Abigaïl

    Ça devait rester secret. Oui, j'ai eu le droit à un restaurant et à une petite visite du centre-ville. En tout cas, merci à toi. Est-ce que tu veux bien te présenter, s'il te plaît, pour les auditeurs qui nous écoutent ?

  • Laura

    Oui, je m'appelle Laura, je suis rochelaise, cardiologue dans un centre de réadaptation cardiovasculaire en périphérie de La Rochelle, qui prend en charge des patients atteints de problèmes cardiaques. On appelle ça des cardiopathies, essentiellement des problèmes comme l'infarctus, la pose de stent, l'insuffisance cardiaque, des gens qui sont en attente de greffe cardiaque, par exemple. Donc des cardiopathies assez sévères. J'ai une casquette de cardiologue du sport et également d'onco-cardiologue. Je suis nouvellement diplômée, ça date de cette semaine.

  • Abigaïl

    Tu viens d'avoir ton DU, félicitations !

  • Laura

    Merci. Donc c'est une casquette que j'ai endossée déjà il y a une dizaine d'années. maintenant, mais ce n'était pas formalisé par un DU parce qu'il n'existait pas. L'oncocardiologie ou la cardio-oncologie, ça dépend de quel côté on se place, c'est une discipline émergente qui permet de prendre en charge de manière globale les patients atteints de cancer, leur permettre d'éviter, de développer des problèmes cardiovasculaires au décours de leur cancer ou pendant leur prise en charge thérapeutique du cancer. et qui permet également à l'oncologue, en cas de problème cardiaque, de mieux manager, de mieux prendre en charge le patient tout en continuant son traitement pour le cancer pour ne pas qu'il y ait de perte de chance. C'est une discipline émergente, comme je disais, et la Société Française de Cardiologie lui a fait une place puisqu'il existe maintenant un groupe de cardio-oncologie à la SFC.

  • Abigaïl

    Voilà. Ok. Et du coup, ça c'est dans ton centre. Explique-nous un petit peu au quotidien comment ça se passe.

  • Laura

    Alors en fait, il y a une dizaine d'années, j'ai eu envie, après de multiples, on va dire, une collusion de différentes informations qui me sont parvenues dans mon exercice quotidien, j'ai eu envie de créer un programme de réadaptation à l'effort pour les patients atteints de cancer. Puisque j'exerçais depuis quelques années dans le centre pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, je voyais les bénéfices d'une prise en charge globale par la pratique de l'activité physique, la gestion du stress et des émotions et la prise en charge également alimentaire. Je voyais une amélioration de leur qualité de vie, également de leur pronostic cardiovasculaire. Depuis 40 ans maintenant, on sait qu'on doit réadapter à l'effort les patients atteints de problèmes cardiaques. Et dans mon exercice quotidien, en 2011, on m'adressait des patientes qui avaient des problèmes cardiaques au décours de leur prise en charge de cancer du sein essentiellement. Donc elles avaient parfois de l'insuffisance cardiaque, des problèmes d'infarctus, mais plutôt de l'insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque qui fonctionnait moins bien. Quelques années au décours de leur prise en charge, ça a commencé à m'alerter un peu. Alors c'est quelque chose qu'on connaît, mais c'est vrai qu'on m'en adressait de plus en plus. Et puis je voyais dans la presse, soit de la presse scientifique, soit de la presse locale... ou national qu'il existait quelques initiatives pour la pratique de l'activité physique dans le cancer. Donc ça a éveillé un peu mes soupçons sur ce qu'on pouvait éventuellement faire dans mon centre pour ces patients. Et puis mon père m'a passé une lecture qui s'appelle Anticancer de David Servan-Schreiber qui est très connue. Et là vraiment ça a été le déclic, parce qu'il parlait de tous les facteurs de risque de cancer qui sont les mêmes que les facteurs de risque cardiovasculaire. Et donc je me suis dit qu'il faut qu'on utilise notre savoir-faire dans le domaine cardiovasculaire en réadaptation pour réadapter à l'effort les patients atteints de cancer.

  • Abigaïl

    Oui, justement j'allais rebondir sur ça. Comment on explique cette imbrication entre problèmes cardiovasculaires et parcours de soins oncologiques ?

  • Laura

    Alors en fait, déjà ce qu'il faut savoir c'est que 40% des cancers, que ce soit en France ou dans le monde, surtout les pays occidentaux, pourraient être éliminés, pourraient être diminués par une meilleure hygiène de vie et en prenant en charge des facteurs de risque qui sont communs, à savoir des facteurs modifiables évidemment, le tabac, l'alcool, la sédentarité, la malbouffe, le stress. En fait, tout ce qu'on connaît. Pour être des facteurs de risque cardiovasculaire, et on va dire faire attention à son cœur et à ses artères en arrêtant de fumer, en limitant l'alcool, etc., on sait que ça peut avoir aussi un impact sur tout un tas de cancers. Pas tous, évidemment, mais il y a un certain nombre de cancers qui pourraient être évitables par la modification d'hygiène de vie. et on sait aussi que la récidive du cancer peut être diminuée si on modifie en profondeur son hygiène de vie. Évidemment, un fumeur aura moins de risque de récidiver son cancer du poumon ou du sein s'il arrête de fumer, etc. Donc ça, c'est le premier paradigme, on va dire, qui est les facteurs de risque qui vont amener une sorte d'inflammation dans le corps et au niveau des organes, soit en générant un cancer, soit en générant... de l'athérosclérose, c'est-à-dire des dépôts de graisse dans les coronaires. Un patient va développer avec ses différents facteurs de risque éventuellement soit une maladie cardiovasculaire, soit un cancer. Si on prend en charge mieux ces facteurs de risque, dès l'annonce du cancer, on sait qu'on va avoir plus d'impact pour limiter la récidive du cancer sur le long terme, enfin le moyen et long terme. Ensuite, la deuxième imbrication est liée au fait que lorsqu'on est atteint d'un cancer, notamment les cancers qui vont nécessiter des thérapies lourdes comme les leucémies, les lymphomes, les pathologies liées aux cancers du sein, les cancers colorectaux, certains cancers aussi dits hormonodépendants, autres que le cancer du sein comme la prostate. Ces différents cancers et leurs thérapies peuvent être potentiellement cardiotoxiques. Il peut y avoir un impact sur les artères coronaires, sur le muscle cardiaque, sur le court, moyen ou long terme. En général, c'est plutôt moyen ou long terme, mais ça va impacter parfois directement les vaisseaux ou le cœur du patient. On pourra peut-être en reparler un petit peu après. Et la troisième chose, c'est que lorsque l'on est atteint par un cancer, on va être plus fatigué, donc on va avoir une espèce de fonte musculaire, on va prendre de la masse grasse, et donc on va diminuer sa capacité physique, et donc on va générer encore plus de sur-risques cardiovasculaires. cardiovasculaire pardon, en étant plus sédentaire et en ayant pris du poids. Une femme qui a un cancer du sein, en moyenne dans les études, prend 5 kg de poids durant son traitement. le muscle fond, mais elle va prendre 5 kg de graisse, par exemple. Donc, on sait que ça peut avoir un impact sur le moyen ou long terme, sur le système cardiovasculaire du patient. C'est vrai aussi dans le cancer de la prostate et chez les patients qui ont été traités pour une greffe de moelle, par exemple. Par une greffe de moelle. bref, de cellules hématopoïétiques, peut générer ce qu'on appelle un pseudo-syndrome métabolique, c'est-à-dire avec un peu plus de risque de diabète, d'hypertension, d'hypercholestérolémie, de surpoids. Donc toutes ces choses-là, les facteurs de risques initiaux du patient, la fonte musculaire et le syndrome dit pseudo-métabolique lié au traitement et le traitement lui-même. du cancer peuvent générer des cardiopathies.

  • Abigaïl

    Et tout ça maintenant, on a des études pour le chiffrer. On n'avait peut-être pas aussi autant de données avant vis-à-vis de tout ça, mais là maintenant, c'est vrai qu'on arrive à avoir des niveaux de preuves très élevés et des chiffres, des études qui sont très probantes. Enfin, on connaît le lien maintenant. Très probants entre eux.

  • Laura

    Oui, en effet, que ce soit certaines chimiothérapies comme les anthracyclines, le cyclophosphamide, certaines thérapies ciblées comme l'herceptine. Donc ça, c'est des chimiothérapies ou des thérapies qui sont utilisées dans le cancer du sein. Lorsqu'on les associe les unes avec les autres, donc indépendamment les unes des autres, il va y avoir un risque d'insuffisance cardiaque qui est aux alentours de 1 à 2-3%. 3%. mais lorsqu'on les associe entre elles, ça fait un espèce de cocktail qui peut générer plus de risques d'insuffisance cardiaque, par exemple, et on peut atteindre des taux de 15 à 20% de patients qui vont coupler anthracycline, cyclophosphamide, endoxan, par exemple, et puis une thérapie ciblée. Donc évidemment, ça ne va pas toucher tous les patients, donc je dis, c'est entre 1 et 20% des patients, mais si on est à 20% des patients, ça fait beaucoup.

  • Abigaïl

    C'est énorme.

  • Laura

    Oui, puisque le... Le nombre de patients qui sont atteints par des cancers en France est très important. En 2025, on aura presque 4 millions, enfin on sera à 3,8 millions de patients qui auront été atteints par un cancer et qui auront survécu, qui seront en rémission ou en guérison du cancer, parce que les thérapies, les thérapeutiques, elles sont hyper... positives et elles améliorent à la fois le pronostic vital du patient, la survie, on n'a rien à dire sur l'efficacité de l'arsenal thérapeutique oncologique. Il est extraordinaire, il y a eu des avancées et il y en a encore tous les jours, c'est vraiment le domaine de la cardio-oncologie qui va se développer, là il est en lien avec les potentiels effets secondaires sur le moyen ou long terme. mais le but c'est de manager, de prendre en charge et d'aider le patient à se prendre en charge le mieux possible pour ne pas avoir ces effets secondaires tout au long de sa vie.

  • Abigaïl

    Oui, on a une dimension du temps au final où on a de plus en plus de patients dans l'après-cancer et donc le but c'est d'instaurer une très bonne hygiène de vie pour diminuer la récidive et améliorer la qualité de vie.

  • Laura

    Exactement. En fait, par exemple, le taux de rémission chez une patiente qui aura un cancer du sein, c'est 90%. Donc 90% de patientes à 5 ans ne récidivent pas leur cancer du sein. Néanmoins, leur pronostic cardiovasculaire est grévé par les thérapeutiques et éventuellement ce que j'expliquais tout à l'heure, la prise de poids, la fonte musculaire. et les éventuels facteurs de risque cardiovasculaires qu'elles peuvent cumuler dans leur vie quotidienne. Donc ce qui va gréver le pronostic de la patiente, c'est plus des problèmes cardiovasculaires que la récidive du cancer en lui-même.

  • Abigaïl

    Oui, et en plus les problèmes cardiovasculaires, on les détecte moins bien chez les femmes je crois. C'est des signes qui sont moins... donc on est doublement pénalisé.

  • Laura

    Alors il y a aussi ça, c'est vrai que si on fait un petit focus sur la santé cardiovasculaire de la femme, les symptômes d'infarctus,ngor sont beaucoup plus florides et moins précis chez la femme que chez l'homme. Donc ça va être des palpitations, des nausées, mais ça ne va pas forcément être la barre dans la poitrine. Donc il y a ça, et puis aussi un patient qui a eu un cancer, ou une patiente qui a eu un cancer, En fait, ça va mettre un petit peu de temps avant que son cœur, par exemple, son cœur va être décliné, pour parler de manière simple, pour nos patients qui écoutent. Par exemple, la pompe cardiaque va se mettre à décliner, mais les symptômes vont apparaître un an après, par exemple. Parce qu'il a déjà cumulé de la fatigue dite cancéro-induite. Donc il ne va pas faire le lien, il va dire je suis fatigué, je suis essoufflé, mais il va plus mettre ça sur le compte du cancer que sur un problème cardiaque. Le but, c'est vraiment d'éduquer le patient à son suivi cardiovasculaire tout au long de sa vie. C'est-à-dire que maintenant, il y a des recommandations robustes de la Société européenne de cardiologie qui sont sorties en septembre 2022 et qui indiquent comment on doit suivre un patient au décours de son cancer, quel que soit son cancer ou le type de molécule qu'il a eu. Il y a des abacs. que les cardiologues sont amenés maintenant à suivre pour mieux suivre leurs patients et pour mieux les prendre en charge et mieux dépister des pathologies qui en effet vont être ou peuvent être silencieuses.

  • Abigaïl

    Est-ce que tu peux nous parler des bénéfices de l'activité physique pour nos patients ? Il y a plusieurs étapes. Ça peut être pendant le parcours de soins. Les bénéfices sont multiples. On va peut-être déjà commencer par là. Après, il y a tout le bénéfice aussi après les parcours de soins. de l'activité physique et même pour les accompagnants parce qu'au final l'activité physique est bénéfique pour tout l'entourage mais en tout cas je profite que tu sois là et que ce soit ta spécialité je pense que c'est important qu'on ait des données chiffrées sur

  • Laura

    l'activité physique et le bénéfice que ça procure en fait l'activité physique tu as raison de le rappeler c'est bénéfique pour tout le monde à tout âge et au quotidien en prévention primaire des maladies, et on ne devrait pas attendre d'être malade avant d'en pratiquer. Donc ça, c'est le premier message. Donc le message, en fait, ce message-là, c'est celui que j'avais en tête lorsqu'on a monté ce programme de réadaptation pour les patients atteints de cancer dans notre centre cardiovasculaire, pour en effet... au cours du traitement, limiter ce qu'on appelle la fatigue dite cancéro-induite, qui est liée vraiment au syndrome du canapé. Et puis, quand un patient est atteint d'un cancer, son entourage, ou lui-même, mais parfois c'est même l'entourage, va lui dire ne fais pas ci, ne fais pas ça, ne porte pas ce poids, ne porte pas ce sac de linge sale, ne va pas faire les courses, je vais le faire pour toi, etc. Donc le premier message, c'est que lors de l'annonce diagnostique d'un cancer, on devrait quasiment coupler cette annonce diagnostique. pour donner un message d'espoir en disant l'activité physique peut améliorer votre qualité de vie et votre survie sur le court, le moyen ou le long terme. L'activité physique va permettre de diminuer l'essoufflement, de diminuer la fatigue, de limiter l'anxiété et la dépression parce qu'on va produire des hormones dites du bien-être, les endorphines, sérotonines, etc. et donc l'activité physique ça peut être si on n'a pas l'habitude d'en pratiquer ça peut être déjà continuer à faire son ménage continuer à faire ses courses

  • Abigaïl

    par exemple l'entourage qui par bienveillance va dire non ne fait rien,

  • Laura

    ça on est d'accord c'est pas une bonne chose en tout cas quand le patient va bien, qu'il a pas ses nausées ses vomissements évidemment, on va rester logique et cohérent mais si le patient se sent capable il faut plutôt l'encourager parce que la fonte musculaire arrive très rapidement. C'est très ingrat la pratique de l'activité physique, c'est-à-dire qu'on met longtemps avant de pouvoir fabriquer des fibres de l'endurance, mais par contre on les perd assez vite, dès qu'on devient sédentaire. Donc si on n'a pas l'habitude de faire de l'activité physique, il faut se forcer à continuer à faire ce qu'on fait déjà au quotidien, et puis ensuite essayer de garder, si on peut, une activité trois fois par semaine d'activité physique, mais on pourra peut-être le revoir par la suite. Dans les bénéfices de l'activité physique dès l'annonce diagnostique, sur les modèles animaux, il est prouvé qu'on va limiter la toxicité directe, par exemple des anthracyclines, qui est une molécule très utilisée dans les leucémies, les hémopathies malignes et puis le cancer du sein. Et on va limiter très rapidement la toxicité myocardique et les dommages myocardiques, donc le myocarde c'est le muscle du cœur, en pratiquant une activité physique quotidienne. Donc ça c'est un modèle animal, ça a été décrit sur des rats il y a une quinzaine d'années, et puis on tente à le prouver également dans des modèles humains. C'est plus long toujours, mais... Il y a des études qui sont sorties aussi récemment et qui montrent également que lorsque l'on est actif de manière pluri-hebdomadaire, en faisant par exemple de la marche, on reverra le type d'activité mais plutôt de l'endurance, on va limiter la toxicité des produits. des chimiothérapies, des thérapies ciblées, et on va pouvoir limiter la toxicité directe de ces produits, soit au niveau du cœur ou des autres organes. ça peut être le foie, ça peut être la peau, etc.

  • Abigaïl

    Oui, ce n'est pas qu'une toxicité cardiaque qu'on va diminuer sur certaines chimios, c'est toutes les toxicités en général sur tous les organes.

  • Laura

    A priori, c'est ce qui est prouvé dans les dernières études, en effet. Des études qui datent entre 2020 et 2022. Donc c'est pour ça que la pratique de l'activité physique, elle va avoir un impact positif dans la qualité de vie du patient, elle va améliorer tout de suite. le mental du patient, limiter l'anxiété, la dépression, limiter la fatigue, et aussi avoir un impact en diminuant la toxicité des produits. Donc ça c'est vraiment la première chose. Et ensuite lorsqu'on prend l'habitude de faire une activité physique, on a du mal à s'en passer. Et donc sur le plus long terme, on va diminuer le risque de récidive du cancer. Au moins 50% dans le cancer du sein, cancer de prostate, les cancers dits hormonodépendants, cancer colorectal. Donc la pratique d'une activité physique sur le moyen ou long terme, c'est-à-dire à vie, plusieurs fois par semaine, va diminuer le risque de récidive du cancer et va diminuer le risque d'émergence de pathologies cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    Et c'est quoi les recommandations à un patient qui entre dans un parcours de soins et qui n'a pas forcément l'habitude de faire une pratique d'activité physique ? C'est quoi pour lui les référentiels ? Comment il va pouvoir se mettre progressivement dans l'activité physique ? Et est-ce que tu as des chiffres, par exemple X minutes par semaine ? Et comment on sait aussi si on a le bon niveau d'activité physique ? Parce que... faire ses courses, c'est pas la même dépense que d'aller courir. Donc comment on évalue si on est dans un bon niveau d'activité physique en tant que patient ?

  • Laura

    Alors en effet, tout à l'heure je parlais de faire le ménage, s'occuper des enfants, etc. C'est une base, mais ça ne constitue pas un entraînement cardiovasculaire ou pour limiter la récidive du cancer. Ce qui est prouvé et ce qui est recommandé dans le plan cancer en France, mais également par la Société européenne et américaine de cardiologie, et également l'Académie des sports américaine, c'est de pratiquer de l'activité physique de manière plurihebdomadaire. En général, on dit trois fois par semaine, 30 à 60 minutes. Donc ça c'est pour de l'activité physique d'endurance. Donc l'endurance ça peut être la marche, ça peut être le vélo, ça peut être la course à pied, ça peut être le longe-côte, on est à la Rochelle, on pratique la marche aquatique côtière. Ça peut être la randonnée si on est en montagne, ça peut être la natation, ça peut être, il y a beaucoup de choses qui se font aussi maintenant dans le sport santé post-cancer ou per-cancer. Ça peut être l'aviron. il y a tout un tas de choses et qui vont être adaptées aux patients. Donc ces activités physiques d'endurance, il faut les pratiquer en général trois fois par semaine, 30 à 60 minutes par semaine, donc je le disais. Ça peut être couplé avec deux séances d'entraînement de renforcement musculaire par semaine. Donc ça peut être un travail des petits haltères, des travails avec des élastiques, ça peut être du pilates, ça peut être du yoga. Ça peut être toute forme de renforcement musculaire, mais c'est important de coupler ça pendant ou après le cancer. Lorsque le patient n'a pas l'habitude de pratiquer une activité physique, ça arrive quand même fréquemment, je conseille éventuellement que le patient demande une prescription d'activité physique adaptée à son oncologue, à son médecin traitant, à sa gynéco, ça dépend par qui il est suivi.

  • Abigaïl

    Ça, ça se fait de prescrire ?

  • Laura

    Alors, on peut le prescrire. Après, enfin, on peut toujours le prescrire. Pour l'instant, ce n'est pas remboursé à 100 donc certaines mutuelles il y a quand même pas mal de mutuelles qui prennent en charge à l'année un certain nombre de séances après éventuellement maintenant il y a quand même beaucoup d'initiatives locales sur du sport santé dans des clubs de sport je parle de clubs de sport comme du rugby, comme du handball, où le club, avec sa politique responsabilité sociétale et environnementale, RSE, propose des activités physiques d'endurance ou de renforcement musculaire pour les patients. Les villes aussi font aussi énormément. Parfois, ils embauchent des APA et puis ils promeuvent l'activité physique dans les maladies, on va dire dites chroniques. Donc j'encourage quand même les patients à interroger leurs oncologues sur ce qui se fait Dans leur ville ou dans leur région, il y a beaucoup d'initiatives bénévoles ou institutionnelles qui se font, pas que dans les grandes villes, pas que à Paris. Donc ça peut être une manière de mettre le pied à l'étrier parce qu'il faut quand même un tremplin. C'est-à-dire qu'il y a l'annonce diagnostique du cancer, c'est vraiment un coup de massue. c'est très dur à encaisser, et en plus on vous dit, bon, mais ce serait bien de prendre en charge votre hygiène de vie, de vous mettre à faire de l'activité physique, d'arrêter de fumer, de manger équilibré, enfin, ce sont des messages qu'on a du mal à entendre, déjà, et puis, si on n'a jamais pratiqué de l'activité physique, probablement que c'est bien de se rapprocher d'un professionnel qui peut vous aider, ou pendant peut-être un mois, voilà, de se payer quand même, si notre mutuelle ne la prend pas en charge, aussi, une... une séance d'activité physique adaptée avec un coach. Donc si on le fait en autonomie, l'activité physique d'endurance, le bon rythme c'est d'être un petit peu essoufflé. mais de pouvoir dire 4 à 5 mots à la personne qui nous accompagne si on est accompagné. Ou alors il faut simuler d'être accompagné, mais globalement il faut pouvoir dire entre 3 à 5 mots, 5-6 mots, grand max. Si vous pouvez chanter complètement une chanson, c'est que vous n'allez pas assez vite. Ou si vous pouvez tenir une discussion complète, comme je suis en train de faire avec un bon débit, c'est que vous n'allez pas assez vite dans votre activité d'endurance. Voilà, donc... pour avoir le bon niveau d'essoufflement, il faut pouvoir dire quelques mots. Seulement à son voisin, on dit 3 à 5 mots en général.

  • Abigaïl

    D'accord. Et donc, tu nous disais 30 à 60 minutes par semaine.

  • Laura

    3 fois par semaine.

  • Abigaïl

    Oui, 3 fois par semaine. Mais du coup, ça veut dire quoi ? Ça veut dire 20 minutes chaque séance ?

  • Laura

    Si on fait 3 fois par semaine ? 30 minutes 3 fois par semaine, déjà, c'est la base.

  • Abigaïl

    Ah oui, 30 minutes, 3 fois par semaine. Donc 1h30 par semaine.

  • Laura

    D'accord. 30 minutes, 3 fois par semaine. Ouais. Donc du coup, 30 à 60 minutes trois fois par semaine. J'ai peut-être fait une erreur tout à l'heure. Mais oui, donc c'est quand même assez... Il faut que ce soit régulier pour que ça permette aux patients de garder sa masse musculaire ou d'en faire.

  • Abigaïl

    Et donc ça participe aussi à garder le souffle aussi et à faire travailler la fonction cardiaque suffisamment longtemps pour être efficace. Si on fait plus court, du coup,

  • Laura

    on est... En effet, ça va avoir un impact sur le muscle, mais ça va avoir aussi un impact sur la fonction cardio-respiratoire pour les sportifs. C'est le pic de VO2 ou le VO2 max que l'on mesure lors d'un test d'effort avec analyse des gaz respiratoires. En fait, on sait qu'une femme de 40 ans qui a eu un cancer du sein et qui a été traitée pendant 8 à 12 mois, par exemple, c'est à peu près la moyenne. Ça peut être plus longtemps lorsqu'elles ont des thérapies ciblées, une herceptine ça peut durer un an et demi. En fait, une femme de 40 ans qui a eu ce traitement long va avoir une capacité cardiorespiratoire à la fin de ce traitement équivalente à celle d'une femme de 70 ans qui n'a jamais eu de cancer. Donc on baisse énormément sa fonction cardiorespiratoire lorsqu'on est traité. pour le cancer. C'est pour ça que, alors c'est vrai, ça a été étudié par des équipes. Sloane et Jones, qui sont des chercheurs américains qui font ça depuis des années, peut-être 25 ans, ils ont montré ça dans des papiers anciens, voire très récents, d'expliquer qu'on perd parfois 30% de sa capacité cardio-respiratoire au décours de la prise en charge du cancer. C'est vrai quand même beaucoup pour la prise en charge d'hémopathie maligne. Pour tous les jeunes qui nous écoutent et qui sont atteints de leucémie, de lymphome, parce que ça touche malheureusement plutôt les jeunes gens, les enfants ou les jeunes adultes, vraiment garder ça en tête, continuer l'activité physique ou débuter une activité physique et maintenir une bonne hygiène de vie parce que ça va améliorer votre quotidien, ça va limiter votre risque de récidive probablement et aussi ça va limiter un impact défavorable. éventuels de vos traitements sur le système cardiovasculaire.

  • Abigaïl

    Et donc ça, c'est l'impact hors activité physique. Et quand on applique justement les recommandations concernant l'activité physique, est-ce qu'on arrive à mesurer la perte ou la non-perte, justement ?

  • Laura

    Alors, en fait, ça n'a pas été trop étudié. C'est-à-dire que dans ces équipes, on étudie vraiment dans des laboratoires, ou comme moi, je peux le faire dans notre clinique, on va faire des tests à l'effort. à nos patients et on a fait faire une thèse d'impact médico-économique sur le programme d'onco-cardiorehabilitation dans notre clinique. Et cette thèse de cette interne montre qu'on gagne 15 points au test à l'effort. Donc c'est en moyenne 15 watts, mais ça peut aller... Certains patients vont gagner 40 watts, d'autres vont gagner 10 watts, mais en moyenne sur un... un pool de patients qui était de 59 patientes, on gagnait en moyenne 15 points au test d'effort entre le début du programme et après un mois d'activité physique, donc cinq fois par semaine.

  • Abigaïl

    Et ça représente quoi ?

  • Laura

    Ça diminue la mortalité. En fait, à partir de 10 points d'amélioration du test d'effort, on sait que ça diminue énormément la mortalité cardiovasculaire. J'ai des patients qui ne sont pas atteints de cancer, mais on peut le corroborer aussi dans le post cancer. Donc on va gagner des années de vie. Plus on est actif, dynamique, musclé, avec une bonne capacité cardiorespiratoire, moins on aura d'événements cardiovasculaires ou de cancers, et moins on mourra d'un problème cardiovasculaire ou de cancers. Donc c'est non négligeable.

  • Abigaïl

    Ce qui est intéressant, c'est que les patients, quand ils arrivent, ils viennent pour un mois. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu quel type de patient tu suis ? Et puis, quel est leur parcours d'activité physique dans le programme ? Et les bénéfices après, parce que j'imagine que tu les suis même après, quand ils sont sortis de la réhabilitation. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ces patients ?

  • Laura

    Alors en fait ce programme, on est deux centres en France à le promouvoir, on est centre de réadaptation cardiovasculaire, on a utilisé notre savoir-faire d'un domaine cardiovasculaire pour vraiment le transposer aux patients atteints de cancer. Quand on l'a proposé aux oncologues, ils ont été hyper partants parce que ça faisait des années qu'ils attendaient une solution clé en main. où on prendrait en charge le patient de manière globale, parce que pendant 4 semaines, le patient va venir 5 jours, 5 après-midi par semaine. Il va pratiquer 2 activités physiques par après-midi, donc ça peut être de la marche, du vélo, du vélo elliptique, du rameur, du stepper, de l'aquagym, du renforcement musculaire. Il y a toujours une activité physique d'endurance et une activité physique de renforcement musculaire. Donc tous les jours, ça va être couplé à des activités de lâcher prise, où on prend en charge le patient sur le plan des émotions. Donc ça peut être de la sophro, de la relaxation, de la thérapie avec la psychologue. Ça va être également parfois du photolangage. Vraiment, on axe beaucoup sur la gestion émotionnelle pour faire baisser le niveau de stress, parce que le stress aussi, c'est pas qu'un terme, c'est quantifiable au niveau sanguin. Le stress, ça va générer des radicaux libres qui vont être toxiques, etc. Donc vraiment, on... Dans notre parcours, il y a vraiment quelque chose qui est en lien avec la gestion du stress. Et puis, on leur donne aussi des conseils alimentaires. Pendant ce programme, il y a des entretiens avec la diététicienne, des ateliers sur l'alimentation crétoise et puis un cours de cuisine. Et donc tout ça couplé, on va dire que les patients, on a pu quantifier l'amélioration de leur qualité de vie par des questionnaires, le questionnaire qui s'appelle SF36, et on a vu une majoration d'une vingtaine de points du score physique et mental entre le début du programme et la fin du programme. Donc ça, ça m'a permis de faire une étude de faisabilité, mais on continue. de faire ce questionnaire au long cours chez nos patients, et ça se maintient. Et c'est ce que nous, soignants, nous avions vu. C'est-à-dire que quand on a commencé à accueillir ces patients, C'était plutôt des femmes, je vais te réexpliquer après. Ces patientes en hôpital de jour dans notre clinique, elles arrivaient, elles pleuraient, elles n'étaient pas bien. En fait, il y a une forte perte d'estime de soi-même. On a perdu les cheveux, on a perdu les ongles, la peau n'est plus du tout la même, on a pris du poids, on a perdu ses muscles, on n'est plus au boulot, on est fatigué, exténué, on ne peut plus s'occuper de ses enfants. C'est vraiment difficile. On a une perte de sens, on a une perte de repère aussi parce que finalement, nous on prend en charge les patients dans notre clinique pendant un mois en hôpital de jour au décours de leur prise en charge oncologique qui a duré 8-12 mois. Donc pendant 8-12 mois, finalement, il y a l'annonce diagnostique et ensuite, toutes les 2-3 semaines, il y a l'injection, il y a la chimio. Donc elles voient leur oncologue énormément et ensuite, on leur dit bon bah écoutez, vous avez fait la chimio les trois cures par exemple d'anthracycline et ensuite les douze cures de taxol, vous avez fait la radiothérapie pendant 25 séances, là maintenant je vous prescris l'hormonothérapie, et puis on se revoit dans trois mois, six mois, etc. Donc en fait, là il y a tout ce que le patient aussi, il se retrouve avec sa fatigue, avec sa fonte musculaire, avec son arrêt de travail, avec pour autant la maison à gérer. Et l'entourage qui dit bon bah maintenant ça y est, le traitement est fini, ça va aller mieux Sauf que le patient, il a perdu ses repères physiques, mentaux, émotionnels.

  • Abigaïl

    Oui, et puis c'est une période très dure aussi où il y a un sentiment d'abandon. Parce que justement, on n'a plus tout cet entourage, tous ces rendez-vous médicaux. Et c'est vrai que c'est des périodes qui sont vraiment très dures pour les patients. En tout cas, moi c'est ce que je vois dans ma pratique au comptoir.

  • Laura

    C'est exactement ça. Et donc, le timing, on l'a déterminé avec les oncologues. En fait, je n'avais pas assez de place de toute manière pour accueillir tous les patients dès le début de l'annonce diagnostique, donc on les a échelonnés après la fin de la radiothérapie. Ça permettait également aussi qu'ils aient accès à l'aquagym, parce qu'ils font de l'aquagym, on attendait un mois, parce qu'on a quand même beaucoup de patients avec des cancers du sein, que ces patients puissent avoir accès à la piscine. et que leur peau est bien cicatrisée. Et donc, je les voyais arriver vraiment effondrées, et c'était tout à fait légitime. Et à la fin du mois, en fait, je les voyais transformées. beaucoup plus sûre d'elle, avec beaucoup de confiance, parce qu'en fait, il y a l'effet groupe qui joue, on les prend en charge en groupe. Il y a aussi cette capacité à s'évaluer au fur et à mesure. Quotidiennement, elles voyaient, mais je pourrais parler aussi en disant ils voient puisque maintenant on accueille des hommes, mais les patients voient leur progression quotidienne. et ça c'est chiffré à la fin par le test à l'effort également donc à la fois ça rassure le cardiologue en disant vous avez progressé, on voit qu'il n'y a pas de problème cardiaque et puis je vous reverrai dans un mois et je vous reverrai dans un an etc on planifie le suivi, que ce soit moi ou avec un confrère parce que je ne suis pas tous les patients malgré mes casquettes ma casquette de cardio-onco c'est vraiment en général les cardiologues libéraux qui suivent les patientes et puis elles avaient à la fois leur amélioration de capacité physique qui était visible physiquement, émotionnellement elles sentaient mieux l'effet boost de l'activité physique et puis sur le papier c'était noté et c'est noté sur le test à l'effort c'est hyper gratifiant de les suivre pendant un mois et puis de voir de telles transformations En fait, c'est vrai que j'encourage les cardiologues qui écouteront peut-être ce podcast et qui font de la réadaptation cardiaque. Il y a un effet extrêmement gratifiant et équivalent, voire supérieur parfois à des patients atteints de cardiopathie. Parce que c'est très compliqué d'avoir un infarctus et d'avoir eu un stent, mais ça dure un petit peu moins longtemps. Les patients restent deux à quatre jours à l'hôpital, ça va plus vite. Là, c'est des parcours plus longs, où le patient perd vraiment... En fait, se retrouve juste avec son âme, on va dire, mais il n'a plus que ça pour lui, parce que physiquement, émotionnellement, le patient est à la fois satisfait que l'oncologue l'ait aussi bien pris en charge et d'être sauvé de son cancer, mais... il y a quelque chose qui manque sur le plan physique et émotionnel, et il ne sait plus trop où il est, le patient.

  • Abigaïl

    Il faut le temps de la période de reconstruction. C'est ça.

  • Laura

    Nous, on n'est qu'un tremplin. Dans notre exercice, ça dure un mois. Mais c'est un tremplin. Le terme tremplin, c'est vrai. Quand on voit le tremplin au ski, aux Jeux Olympiques, c'est vraiment ça. On leur donne l'élan, et après, le but, c'est de les autonomiser. et de... qu'ils aient envie de s'autonomiser et qu'ils prévoient leur futur.

  • Abigaïl

    Et du coup, tu vois sur le long terme que c'est des bonnes habitudes qui restent, parce que justement, cette prise en charge globale, elle est rare. C'est vrai qu'on a tendance à donner des conseils ponctuels, faire de l'activité physique, va voir une diététicienne pour rééquilibrer l'assiette, arrête de fumer. Mais tout ça, pendant un mois en prise en charge globale,

  • Laura

    ça marque.

  • Abigaïl

    Et oui, parce que c'est tout l'environnement que tu modifies, et du coup, les changements, tu les vois sur le long terme ?

  • Laura

    Alors, c'est vrai que là, c'est quelque chose de cognitif, c'est-à-dire qu'ils ont appris par l'expérience qu'en fait, faire de l'activité physique tous les jours, prendre en charge son assiette et puis ses émotions, eh bien en fait, ça a un fort impact. Et c'est par l'expérience qu'ils vivent qu'ils vont avoir envie. Donc en effet, on a fait du suivi. Du phoning en fait, du suivi téléphonique pendant trois ans, lorsqu'on a monté, co-créé cette première étude en 2015, avant de pouvoir l'institutionnaliser au sein de la clinique, on a fait une étude de faisabilité et on suivait les patients pendant trois ans par téléphone et globalement les patients poursuivaient l'activité physique à 80%, l'activité physique d'endurance. Après, pour ce qui est du tabac, en général, ils arrêtent le tabac dans 90% des cas. Et c'est maintenu. L'alimentation, c'est maintenu à 50%. Donc ça, c'est dans mon quotidien, c'est ce que je perçois, et de cette étude de phoning. Maintenant, à large échelle, je ne pourrais pas donner de chiffres aussi précis. Là, c'est vraiment dans ma petite expérience perso. Mais le fait d'être un tremplin, ça marque les esprits et ça... ça donne une espèce d'ancrage physique. Ils ont senti les bénéfices, ça y est, ils les ont vus, alors qu'ils étaient très très fatigués et pas bien moralement.

  • Abigaïl

    En plus, on dit souvent qu'il faut trois semaines pour changer les habitudes. Donc là, c'est vrai qu'en termes de timing, un mois complet. Et puis avec d'autres patients aussi, il y a l'effet de groupe qui est très bénéfique aussi dans les parcours de soins onco. Le fait d'être avec d'autres patients, ça permet de se soutenir.

  • Laura

    En effet. Alors en fait, on a fait le choix d'accueillir les patients qui ont un cancer en même temps. En fait, ils commencent le mois ensemble, ils le finissent ensemble. Donc ça a amené des choses extraordinaires. Les patients échangent leurs numéros, ils continuent à se voir à l'extérieur, etc. Ensuite, ils sont aussi au contact de patients atteints de cardiopathie, c'est-à-dire qu'ils sont quand même mélangés avec des gens qui ont fait des infarctus. Donc ça a aussi un impact. Mais pourquoi vous êtes là ? Vous avez eu un stent ? Ah ben non, moi j'ai eu un lymphome. Ah bon, pourquoi ? Voilà, et donc ça me fait penser que je n'ai pas répondu à ta question sur les indications. Au départ, on a commencé avec les oncologues, on a choisi de proposer le programme aux patientes atteintes de cancer du sein parce qu'elles avaient des facteurs de risque qui pouvaient être communs aux pathologies cardiovasculaires. Les traitements étaient potentiellement fortement cardiotoxiques. Et puis c'est l'un des cancers les plus fréquents en France, 59 000 cas par an. 500 nouveaux cas à La Rochelle, tous les ans environ. Donc ça a impacté énormément. Et puis ça impacte la famille. Ça impacte les enfants. Donc on s'est dit, on va le proposer aux femmes, parce que ce programme va avoir un impact positif sur elles et leur environnement. Et puis ensuite, les hématologues m'ont dit, mais Laura, il y en a marre. Nous aussi, on a besoin de ça. Et donc du coup, en effet, on a ouvert le programme pour les patients atteints d'hémopathie maligne. Donc on nous adresse parfois des jeunes qui ont eu des leucémies, mais également des patients avec des lymphomes, des myelomes, qui ont des traitements potentiellement cardiotoxiques.

  • Abigaïl

    Et donc on a vu tout le bénéfice de l'activité physique pendant les parcours de soins en termes de diminution de fatigue, d'amélioration de la qualité de vie et justement sur l'après cancer.

  • Laura

    Sur l'après, ça va maintenir en effet la qualité de vie de toute manière parce que même si on est très éloigné du temps du cancer, si on est à 10 ou 15 ans ou 20 ans... Il y a toujours des hauts et des bas dans la vie, donc pratiquer une activité physique, ça permet de s'ancrer, ça permet d'être à l'aise dans ses baskets finalement, et d'être bien dans son corps, et de continuer à être bien émotionnellement, ça c'est clair et net. En général, les grands chefs d'entreprise... chef masculin ou féminin, peu importe, mais ils ont une activité physique régulière. Ils s'ancrent énormément pour aller mieux. Donc c'est valable aussi pour les patients qui ont eu un cancer. Et puis ça va diminuer le risque de récidive du cancer, de 50% chez les patients atteints de cancer du sein, cancer colorectal, cancer de la prostate. Donc les cancers dits hormonodépendants. Alors souvent on me pose la question, on me dit Oui, mais moi mon cancer du sein c'est un cancer triple négatif, donc il n'est pas hormonodépendant. C'est pas grave, enfin c'est pas grave, peu importe. Je dis aux patients, ça a le même impact. On sait que ça va diminuer le risque de récidive de votre cancer, même si c'est un triple négatif. et ensuite ça va diminuer la morbi mortalité cardiovasculaire, parce que les problématiques cardiaques qu'on peut avoir, elles sont parfois, c'est vrai, dans les 5 ans qui suivent le cancer, mais elles peuvent être à 10 ans, 15 ans, 20 ans. Donc lorsqu'on a une radiothérapie, même si la radiothérapie maintenant est très ciblée, on diminue les doses au cœur, il y a vraiment des protocoles d'atténuation de doses. qui font que le cœur est beaucoup moins impacté que dans les années 70 ou 80. Il peut y avoir un impact sur les coronaires ou sur le muscle ou sur le péricarde. Et donc la pratique de l'activité physique va diminuer ces cardiopathies. Je ne peux pas te donner de chiffres parce qu'en fait, on est assez en amont de ce qu'on... C'est-à-dire que... on est vraiment quand même encore au balbutiement de l'onco-cardio-réhabilitation. Nous, on est un peu les promoteurs de cela dans notre centre. On sait que l'impact de l'activité physique, on en parle beaucoup pour limiter la récidive du cancer et pour améliorer la qualité de vie, donc diminuer aussi les arrêts de travail, etc., sur le moyen ou long terme. mais sur la diminution de la cardiopathie en elle-même, il va falloir avoir des études plus longues, plus robustes sur le plan scientifique. Néanmoins, on sait déjà que ça va avoir un impact de pratiquer une activité physique, un impact positif pour éviter ces problèmes cardiovasculaires au décours du cancer.

  • Abigaïl

    On n'en a pas parlé, ça aussi, mais par exemple, pour les patientes qui sont sous hormonothérapie, moi ce que j'explique aussi au comptoir, c'est qu'on va aussi diminuer les douleurs articulaires. Il y a beaucoup de douleurs et en fait, on n'a pas trop de solutions, mis à part l'activité physique. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

  • Laura

    Alors, dans les études, ça ressort. On dit qu'on va limiter les douleurs articulaires sous l'hormonothérapie. Dans mon expérience, on a reçu maintenant 400 patients dans notre clinique, en institutionnel, en hôpital de jour. Je vais dire que je suis à 50-50. C'est-à-dire que soit ça va un peu diminuer, soit ça va complètement les stopper. Mais... Il peut y avoir encore des patientes qui décrivent ces arthralgies malgré ce parcours d'un mois d'activité physique. Donc en fait, c'est comme un effet on-off. Soit ça marche bien, soit ça marche quasiment pas en fait. Sur les douleurs nocturnes notamment qu'elles peuvent avoir, etc. Donc ça en fait, j'espérais avoir peut-être plus d'impact, mais je ne peux pas te dire que c'est impactant positivement pour toutes les patientes.

  • Abigaïl

    Et qu'est-ce que tu leur conseilles à ces patients qui n'ont pas eu de résultats avec l'activité physique ? Qu'est-ce que tu mets en place par ailleurs ? Est-ce qu'il y a des choses à mettre en place ?

  • Laura

    Alors je suis un peu limitée, c'est-à-dire que moi dans ma pratique, c'est pas quelque chose que forcément j'ai appris, donc je les renvoie souvent à leur questionnement de... vers leur oncologue. Je leur conseille de toute manière de continuer la pratique de l'activité physique et on sait que ces arthralgies, elles vont être plutôt importantes la première année, pendant un an et demi, et ensuite elles vont tendre à diminuer. Donc voilà, c'est vrai qu'en général il faut serrer les dents parce que l'hormothérapie c'est 5-7 ans maintenant dans les recos.

  • Abigaïl

    Et en changeant d'activité physique, par exemple en allant plus sur des disciplines, faire du yoga ou ce genre de choses. Je sais pas si ça peut être plus impactant ou pas.

  • Laura

    Ça Alors, c'est vrai que dans mon quotidien, je peux pas te dire, mais c'est vrai que... Je ne l'ai pas expérimenté auprès de mes patientes. Je n'ai pas fait attention en même temps si elles faisaient du yoga ou du pilates et si elles étaient plus soulagées. Instinctivement, ça me paraît être une bonne idée. Peut-être que toi, tu as eu l'info dans les différents podcasts ou dans tes lectures.

  • Abigaïl

    Moi, j'avoue que je dis souvent aux patientes déjà d'essayer et puis de voir le bénéfice qu'elles en tirent. Parce qu'il y a aussi un facteur de l'activité me plaît. ou pas. Et du coup, je vais continuer pendant longtemps après à inscrire cette habitude dans mon mode de vie. Forcément, il faut que ça plaise.

  • Laura

    Alors ça, tu as parfaitement raison. Tu me demandais comment continuer. En fait, comment continuer, c'est déjà, je fais ce que j'aime. Il faut que la patiente ou le patient aille vers une activité qui lui plaise. C'est avec toutes les injonctions, il faut que j'aille marcher, il faut que j'aille courir, il faut que j'aille faire du vélo. C'est compliqué, ça ne marche pas dans le temps. Donc il faut avoir envie de pratiquer une activité physique, il faut la planifier. parce qu'après il y aura la reprise du travail bon après il y a des patients qui ne travaillent plus qui sont retraités mais les retraités sont très actifs aussi et pas forcément pour faire de l'activité physique, ils ont des activités bénévoles donc les patients disent ah mais moi je ne sais pas si je vais avoir le temps donc choisissez une activité physique qui vous plaise planifiez là comme on se brosse les dents François Carré qui est un professeur de cardiologie du sport dit mais vous brossez les dents matin et soir alors pratiquez de l'activité physique tous les jours c'est la même chose,

  • Abigaïl

    c'est la même hygiène de vie en fait mais il faut que ça plaise et puis aussi avec des personnes que l'on aime côtoyer il y a aussi un effet de groupe d'ambiance oui quand on pratique enfin après il y en a qui aiment ou qui n'aiment pas et d'ailleurs il y en a qui préfèrent pratiquer de l'activité physique plutôt seul mais en tout cas voilà ça c'est des facteurs qui peuvent être déterminants il faut se connaître,

  • Laura

    s'écouter souvent en fait la période du cancer c'est une période aussi ou d'introspection où on cherche enfin On peut se chercher et se dire qui je suis, qu'est-ce que j'ai envie, qu'est-ce que cette étape m'apporte pour mieux me connaître et aller me retrouver aussi moi-même. Donc en effet, c'est de quoi j'ai envie, avec qui je veux le faire, est-ce que je suis mieux seule, accompagnée, avec qui, où. Donc ça c'est des questions existentielles, un peu philosophiques aussi, mais qui peuvent au quotidien amener de l'engagement envers soi-même. Ça c'est vrai que c'est quelque chose que je retiens et que mes patients m'ont appris dans le quotidien d'onco-cardiologue ou de cardio-oncologue. C'est le sens de la vie une fois qu'on a eu un cancer et donc de l'engagement envers soi-même. C'est-à-dire que voilà, qu'est-ce que je vais faire maintenant pour ne plus m'oublier dans mon quotidien ? Donc en effet, je vais avoir envie de pratiquer une activité physique parce que maintenant j'ai eu cette expérience dans cette clinique ou dans ce... cours de sport et ça me plaît, j'ai vu les bénéfices, j'ai vu les bénéfices du coaching mental, j'ai vu les bénéfices d'une alimentation équilibrée, de moins consommer de sucre, tout ça c'est l'expérimentation et c'est mieux se connaître et avoir aussi l'engagement envers soi-même de le faire et de s'y tenir.

  • Abigaïl

    Moi, j'ai en tête l'exemple d'une patiente qui, justement, avait fait un cancer du sein et aussi un accident cardiovasculaire. Et chez cette patiente-là, il y avait tout à revoir, que ce soit l'alimentation, le mode de vie, l'activité physique. Toi, qu'est-ce que tu conseilles à ces patients-là qui... où il faut tout reprendre et c'est difficile parce que c'est la montagne devant soi comment tu les abordes ces patients et en termes de motivation comment tu provoques si on peut provoquer je

  • Laura

    sais que c'est une question dure mais en fait c'est plus ou moins dur moi c'est facile pour moi parce que dans le centre où j'exerce les patients ils sont pris en charge 3 semaines 1 mois Dans le cancer un mois et dans d'autres cardiopathies, ça dépend s'ils sont hospitalisés, s'ils dorment à la clinique ou s'ils sont en hôpital de jour. Mais en fait, ils sont dans un cocon. Dans un cocon, pardon. C'est entre la vie réelle et le cocon hospitalier. Donc en fait, on va leur montrer par les preuves que manger équilibré, pratiquer de l'activité physique tous les jours et faire de la relaxation et de la respiration, de la cohérence cardiaque. ça améliore qu'ils sont au quotidien. Donc, Pour moi, c'est facile d'accompagner ces patients-là parce que j'ai l'outil efficace et efficient pour le faire. Après, si c'est quelqu'un que je vois en consultation externe et qui arrive avec toutes ces problématiques, déjà, s'il a eu un cancer ou une pathologie cardio-vasculaire, je peux lui proposer de venir dans mon centre, mais s'il ne peut pas ou il ne veut pas, ou si on a des patients qui nous écoutent et qui n'ont pas de centre de réadaptation cardiaque près de chez eux, il faut y aller par étapes. Donc en effet, quand même, l'activité physique en premier, le sevrage du tabac avec un tabacologue, se faire aider par quelqu'un, peut-être, je crois que tu as un livre à conseiller pour le sevrage du tabac ?

  • Abigaïl

    Oui, et puis sur le sevrage du tabac, je pense que c'est important de dire que maintenant tout est remboursé. par la sécu. Que ce soit les patchs, que ce soit les pastilles de nicotine, c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à en parler aux médecins qui nous prennent en soin, parce qu'en fait, maintenant, tout est pris en charge. Et tu parlais d'un livre, c'est vrai que... Moi, ce livre-là, je le conseille souvent à mes patients qui souhaitent arrêter de fumer. C'est le livre d'Alan Carr. Et en fait, ce livre-là, il... Comment dire ? Il va vraiment nous faire comprendre toute la psychologie et tous les mécanismes cérébraux liés à la dépendance à la nicotine. Et c'est vrai que ça permet d'avoir le déclic pour se sortir de la dépendance et ne plus jamais replonger dans le tabac.

  • Laura

    Merci pour ces conseils parce que la gestion du tabac, c'est quand même hyper dur pour nos patients. Voilà, parfois il y en a qui ont envie mais ils ont peur d'arrêter, ils se demandent comment ils vont être après, si les émotions vont être au taquet, beaucoup d'émotions inconfortables qu'on n'a pas l'habitude d'accueillir dans les pays occidentaux. Donc en fait il y a tout ça qu'il faut prendre en considération. Donc la première chose je dirais que n'hésitez pas à frapper à la porte soit de votre oncologue, soit de votre cardiologue ou de votre médecin généraliste pour dire bah moi j'irai... J'aimerais bien faire un séjour dans un centre de réadaptation cardiaque. J'ai entendu ça dans un podcast. Je pense que ça peut aussi venir des patients et éveiller les consciences des professionnels.

  • Abigaïl

    Ça veut dire que même un patient qui n'habiterait pas du tout dans le coin, tu pourrais l'accueillir pendant un mois ?

  • Laura

    Oui, nous on pourrait. Il n'y a pas de problème. Il faut que son médecin fasse une demande. et après moi ce que j'aimerais c'est que ça puisse se démocratiser et je pense que ça va le devenir ça va se démocratiser sur tout le territoire et après si des patients frappent à la porte aussi des réadaptateurs ça éveillera les consciences aussi des médecins qui vont dire bah tiens oui pourquoi pas c'est une bonne idée et après si le patient n'a pas la possibilité d'être absent de son travail c'est vrai qu'il faut y aller par étapes Donc la reprise d'une activité physique avec un coach peut-être ou un club. la gestion du tabac avec un médecin, le pharmacien, le tabacologue. Et puis après, tout ce qui est diététique, c'est aussi être accompagné. Mais souvent, on sait ce qu'il faut faire. On sait qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, etc. Après, il faut aussi programmer les achats, aller régulièrement faire les courses, etc. C'est vrai que c'est une nouvelle dynamique, un nouvel ancrage dans son quotidien. Et ne pas se dire, ça passe après. parce que la santé globale, elle passe avant tout. C'est ce qui permet à notre corps d'être véhiculé, d'être en bonne santé et de pouvoir ensuite travailler, promouvoir des projets. Et après, pour ce qui est du patient atteint de cancer, dans certains centres ou dans certains hôpitaux, il y a le parcours de soins post-cancer qui est remboursé à hauteur de six consultations avec des APA. professeur en activité physique adaptée, psychologue et diète, et on peut avoir accès à six consultations, donc c'est pas mal, complètement remboursé par la Sécurité sociale, ça fait suite à un décret de loi de décembre 2020, je crois, et donc du coup, il y a pas mal de centres qui ont eu l'autorisation d'exercer ce parcours de soins. A Pour terminer cet échange, qu'est-ce que tu conseillerais à l'entourage ? Parce que ce n'est pas qu'une question centrée sur le patient, c'est aussi une question familiale quand il s'agit des habitudes de vie avec l'activité physique, modifier nos habitudes en cuisine, éliminer le tabagisme, toutes ces bonnes habitudes de vie, et puis aussi limiter les consommations d'alcool. C'est vrai que tout ça, ce n'est pas... Que l'histoire du patient, c'est aussi l'histoire familiale, c'est les bonnes habitudes à prendre avec l'entourage. Et du coup, ça me fait la transition parfaite sur les aidants qui nous écoutent. Comment ils peuvent accompagner le patient dans l'activité physique et dans toutes ces bonnes recommandations de prévention santé ? C'est une bonne question, excellente même. Parce que quand on est aidant... mais c'est aussi vrai quand on est soignant, parfois on donne beaucoup de soi-même, mais on s'oublie aussi. Donc déjà pour être un bon aidant, il faut déjà prendre soin de soi, donc soi-même pratiquer l'activité physique, et puis avoir le moins de conduite addictive possible, une bonne alimentation, un bon sommeil, une bonne hydratation, enfin bon, ce sont des conseils de base, de vie de base qu'on a oublié parce qu'on a une vie tumultueuse. Comme un ouragan, on bosse, on se lève, on court partout. Donc ça en fait, un aidant, en plus il rajoute l'aide de son conjoint, de son enfant, de sa maman dans le cancer, c'est très compliqué. Donc il doit prendre soin de lui et puis il faut qu'il ait envie de prendre soin de lui. Et puis il peut accompagner la personne qui est malade pour aller... vers une meilleure hygiène de vie, pratiquer l'activité physique. l'accompagner dans la démarche en disant on va l'inscrire dans notre planning, on va faire une sortie ensemble, on va essayer le vélo, le vélo électrique pour ceux qui n'aiment pas le vélo. On va essayer ensemble le longe-côte, la rando. Essayer aussi de sortir des sentiers battus, créer des moments de connivence aussi avec la personne malade. Ça peut être une... une manière de faire.

  • Abigaïl

    Eh bien, en tout cas, merci beaucoup, Laura. Est-ce que tu vois quelque chose à rajouter pour clôturer cette interview, quelque chose qu'on aurait oublié de dire ?

  • Laura

    Écoute, non, je pense que déjà, je te remercie pour ton invitation. Je dirais que ce podcast, il peut avoir une portée vraiment nationale dans la prévention secondaire des cancers et des maladies cardiovasculaires. Donc, j'espère qu'il sera bien écouté et que ce sera à la hauteur de tout l'investissement que tu as pu mettre. Voilà. Merci beaucoup à Abigaïl, en tout cas, de ton invitation.

  • Abigaïl

    Merci à toi Laura, merci pour cet échange qui était fort instructif et qui va apporter beaucoup de valeur à nos patients et aux accompagnants. Merci beaucoup Laura.

  • Laura

    Merci Abigaïl.

  • Abigaïl

    Petite note de fin d'épisode pour vous rappeler que vous pouvez télécharger le cadeau gratuit que j'ai créé pour vous. Il s'agit d'une feuille très pratique pour les patients et qui permet la prise de notes entre deux passages dans le service hospitalier. Le but de cette ressource est de faciliter la communication avec l'équipe de soins et de ne pas oublier les choses à dire en consultation. Vous pourrez y signaler vos symptômes, vos éventuels effets indésirables et noter toutes vos questions à poser aux différents professionnels. du service. J'espère que cette ressource vous aidera dans votre prise en charge et vous trouverez le lien pour la télécharger gratuitement en note de l'épisode ainsi que sur la page Instagram. Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de canc'Héros. Si le contenu vous a plu, n'hésitez surtout pas à le partager auprès de patients de votre entourage qui pourraient en avoir besoin. Vous pouvez aussi mettre 5 étoiles sur Apple Podcast et Spotify, ainsi qu'un commentaire sur Apple Podcast. Ça aide vraiment à rendre le podcast canc'Héros plus visible et à aider un maximum de patients. Mille mercis à ceux qui prendront le temps de le faire. Si vous souhaitez me contacter pour me faire des retours sur les thèmes que vous aimeriez que j'aborde, me faire part de vos problématiques ou tout simplement me raconter votre histoire, c'est sur la page Instagram du podcast que ça se passe à canc.heros ou sur la page Facebook canc'Héros Podcast. Je vous souhaite une très belle journée, prenez bien soin de vous et à bientôt !

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