- Speaker #0
Selon une étude récente de PwC, 60% des dirigeants français pensent que leur organisation disparaîtra d'ici 10 ans si leur modèle d'affaires n'évolue pas. Alors, dans un contexte où 6 limites planétaires sur 9 sont déjà dépassées, où 2 tiers de la planète pourrait manquer d'eau en 2025, et où 40% de la population vit sous un régime autoritaire, oui, les entreprises ont un rôle à jouer et leur modèle d'affaires doit nécessairement évoluer pour avoir un véritable impact sur leur partie prenante. Au-delà d'être rentable, Les leaders de demain sont ces entreprises qui auront su tisser un lien de confiance unique avec leur partie prenante. Ce lien, c'est ce qu'on appelle leur capital social. Je suis Nathalie Descoux, fondatrice du cabinet de conseil en stratégie d'avenir Natvise. Mon rôle ? Aider les dirigeants et dirigeantes d'entreprises à renforcer durablement leur leadership grâce à l'innovation en modèle d'affaires. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de celles et ceux qui, par vision, conviction, ou tout simplement pour une question de survie, ont repensé le modèle d'affaires de leur entreprise ou leur industrie pour le rendre plus durable. Quel a été leur détonateur ? Comment ont-ils fait ? Quel impact sur leur partie prenante ? Quelle valeur cela a-t-il créé pour l'entreprise ? Ensemble, nous découvrirons les business models du futur et tenterons de vous inspirer pour que vous aussi vous transformiez votre entreprise, votre marque ou encore votre direction en vue de générer plus de valeur et plus d'impact pour vos parties prenantes. Vous écoutez Capital Social, le podcast qui décrypte les business models du futur. Bienvenue ! Chers auditeurs, chères auditrices, bonjour ! Alors aujourd'hui à ce micro, pour inaugurer notre nouvelle série de podcasts sur les dirigeants et dirigeantes qui créent de la valeur avec des modèles d'affaires vertueux sur le plan environnemental, social et sociétal, j'ai l'immense plaisir et le grand honneur de recevoir Damien Duquesne. plus connu sous le nom de Chef Damien. Il a publié de nombreux livres ayant trait au monde de la cuisine aux éditions Solar. Il était également enseignant au lycée hôtelier de Soissons, créateur du site de cuisine 750g.com et cofondateur de la brasserie 750g La Table, située porte de Versailles à Paris, que je vous recommande fortement. Alors, il y a moins d'un an, Damien a fondé Naissance, et c'est pour ça qu'on reçoit Damien aujourd'hui, Naissance N-E-C-E-N-S-E. Alors Naissance est la première boisson mondiale faite avec 0% d'eau, transportée avec 0% de plastique et faite à base d'ingrédients 100% bio. Ce qui vous a valu Damien d'être présenté par Le Parisien récemment comme le restaurateur qui a banni les sodas industriels et trouvé une alternative, en l'occurrence avec des herbes et des plantes. Damien, bonjour et merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
- Speaker #1
C'est un plaisir et puis je pense que la présentation est tellement bien que je n'ai rien à rajouter en fait. Mais si,
- Speaker #0
justement, première question Damien, avant qu'on rentre dans le dur, quand on a préparé cette interview, vous m'avez dit que vous étiez fils d'agriculteur, vous êtes né le 16 septembre 1968 à Madagascar. Peut-être pour nos auditeurs et auditrices, j'aimerais bien que vous vous présentiez, vous nous racontiez un petit peu votre parcours, d'où vous venez.
- Speaker #1
Qui vous êtes ? Ça va pas être très compliqué, moi je suis né à Madagascar, après j'ai été un petit peu élevé dans le sud-ouest, un petit peu élevé dans le sud-ouest, j'ai fait une école hôtelière, j'étais un très mauvais élève à l'école, un peu hyperactif, et donc après la 3e... je me suis dit qu'est-ce que je peux faire pour qu'est-ce que je peux trouver comme étude où je vais très vite être sur le terrain très vite je vais travailler et hop j'ai dit les voyages à palais de la restauration je suis en train de super école hôtelière j'ai détesté parce que ça n'allait pas si vite. Heureusement, j'allais bosser tous les week-ends, j'allais faire plein de trucs partout. Et puis après, ils n'ont pas voulu à l'école que je poursuive mon école, parce que j'étais un trop mauvais élève. Donc ils m'ont viré de l'école à la fin du premier cycle. Je n'ai pas fait de deuxième cycle. Et puis après, je suis allé travailler. Comme j'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup le travail, il a fallu que je trouve une voie, en fait. Parce que quand on dit que je rentre dans la restauration, on peut faire du service, de la cuisine... de l'hébergement. Et j'ai eu une rencontre extraordinaire avec une femme autodidacte, qui s'appelle Aline Roch, qui avait un petit restaurant à côté de là où vivaient mes parents, dans le sud-ouest. Et elle m'a... Alors que j'avais fait des étoilés, j'avais fait plein de trucs. J'avais déjà un beau début de parcours dans la restauration. Et en fait, elle m'a bouleversé, parce que... Elle m'a tout réappris en disant T'effaces tout, en gros, tout ce que t'as appris à l'école, tout ce que t'as appris dans les grands restaurants, t'effaces tout, on va faire un reset. Et je vais te montrer ce que c'est qu'une cuisine ménagère, une cuisine paysanne, une cuisine de femmes, avec énormément de culture derrière. Titou et Aline, c'était un couple de restaurateurs ultra cultivés qui faisaient de la musique, qui étaient psychologues. qui était géologue, qui avait fait le Larzac, etc. Des gens un petit peu de gauche, un petit peu engagés. Et en fait, ils m'ont... J'étais quand même dans une famille un peu... Des gens à peu près intelligents quand même. Et du coup, ils m'ont expliqué ce que c'était de faire à manger, mais avec du sens, quoi. Avec vraiment du sens, mais à tous les niveaux. Du sens, j'achète quoi ? Quel geste je fais ? pour préparer, quelle méthode de cuisson j'utilise pour faire le moins de gaspillage possible énergétique, et comment je le vends, et pourquoi je le vends avec amour, et pourquoi au final... ça marche parce qu'en fait, cuire un steak, tout le monde sait faire, au final, on s'en fout, quoi. Mais ce qui est intéressant, c'est où j'achète le steak, comment je le transforme, et est-ce que je le sers avec amour, et est-ce que je le sers... Parce qu'en fait, manger, c'est politique. Et donc, moi, être juste cuisinier, ça ne m'intéresse pas. Moi, ce qui m'intéresse, c'est être un cuisinier, dans son temps et avec un intérêt pour... Qu'est-ce que je fais ? Ça sert à quoi, en fait ?
- Speaker #0
Le sens.
- Speaker #1
Ah, du sens, exactement.
- Speaker #0
Alors... Bonne transition. Du coup, on est là pour se parler de naissance. Naissance, comment ça naît ? Comment te vient l'idée ? Qu'est-ce que c'est d'abord ? Et est-ce que tu peux nous raconter le jour peut-être où tu as eu cette révélation ?
- Speaker #1
Donc, issue de cette formation intellectuelle un peu militante un petit peu, dès que j'ai ouvert un restaurant, c'était à peu près il y a neuf ans, j'ai ouvert un restaurant à Paris, après le succès de 750 grammes. parallèlement à ma vie de professeur, j'étais encore professeur de cuisine, je me dis mais plus ça va, plus j'étais mal à l'aise de servir des sodas industriels, je faisais à manger, je mutais beaucoup d'amour, j'étais... Un restaurant, en moyenne, un mauvais restaurant, il a 6-7 fournisseurs différents, moi j'en ai entre 110 et 150 selon les moments, etc. Et je me dis mais pourquoi t'as une... Tu vends une merde industrielle, un soda industriel à la carte, alors que tu mets tout ton amour pour choisir tous les produits, pour bien les cuisiner, à un prix abordable. Tu vas sélectionner les vins, parce que t'es amoureux du vin, mon frère est vigneron, il travaille en biodynamie à Bordeaux. Et pourquoi tu vends un produit qui est dans un supermarché et qui est composé de chimie, de plastique ? Enfin, un produit de merde, quoi. Et là , du coup, je me dis, je vais arrêter. Et là , je vais boire un verre avec une amie dans un bar un peu chicose de Paris. Et d'habitude, moi, je bois toujours de l'alcool parce que quand je bois un verre de vin, je me dis, il y a un cépage, il y a un vigneron, il y a une méthode d'élevage, il y a des arômes, il y a des terroirs, c'est calcaire, c'est argileau. Et donc, je me dis, chaque fois, je vais passer un moment. Quand je mange, j'ai un petit peu réfléchi à ce que je mange et avoir un peu d'émotion. Et là , je vois un tonic à la carte à 12 euros. Je me dis, waouh, 12 euros, c'est cher. Et je me dis, je vais prendre ce tonic à 12 balles parce que celui-là , il va me faire vibrer. Et là , le serveur parisien, il m'amène ça. Très jolie bouteille. Je pense que les deux mecs ont dû faire une école de commerce à la con et passer à la bouteille. un an à développer leur bouteille, à réfléchir sur le packaging. Et là , ils avaient bossé. Il y avait le petit truc bleu-blanc-rouge fabriqué dans le 17ème arrondissement, 0,5, selon la recette de ma grand-mère. Enfin, tout le produit marketing naze par excellence. Très, très belle bouteille. À l'intérieur, c'était dégueulasse. Et je me dis mais ils auraient pu... Et en fait je pense qu'ils ont confié, comme ils s'en foutaient, c'est que des écoles de commerce à la con, ils ont voulu confier, faire le marketing eux, parce que pour eux c'était une mine d'or, et ils ne se sont pas intéressés au produit, et ils ont demandé à un vague emballeur, un peu naze, il a dit fais-moi ton nique, mais ce que tu veux, on s'en fout et ça va marcher. Mais non, parce que l'intérieur c'était pas bon. Et là je goûte, vraiment zéro émotion, et puis je retourne l'étiquette et je vois. dans l'ordre des croissants, eau gazéifiée, sucre de canne, acide citrique, arôme quinquina. Je me dis, il se fout de ma gueule le mec, il se fout de ma gueule. Je lui dis, mais il aurait pas pu mettre du vrai quinquina, il aurait pas pu mettre un peu d'orange, etc. Donc furieux, je bois mon mauvais tonique, je le termine parce que j'aime pas gâcher, j'arrive au resto, je vais sur Amazon que je déteste, test, mais quand je suis très énervé, je vais sur Amazon une fois tous les deux ans, et je commande dans la précipitation tous ces ingrédients, du quinquina, un tout petit peu d'acide citrique, de l'orange amer, je reçois ça, et la magie d'Amazon, 6 heures après, ou 7 heures après, et là je vais dans la cuisine, je fais un sirop de sucre de canne, c'est un sirop à 30, c'est 1,350 kg de sucre, et un litre d'eau, et puis je mets les ingrédients, je mets une petite poignée de quinquina, je mets un creux de main d'orange amer, je vais dans mon jardin, j'ai la chance d'avoir un petit jardin, hop, une branche de romarin, du genièvre, clac clac clac, un peu écrasé, je porte à ébullition, et miracle ! J'ai un sirop tonique. Miracle. Et là , je rajoute de l'eau pétillante, parce que nous, bien sûr, on ne transporte pas d'eau, etc. On fabrique notre eau pétillante. Et là , hop, je goûte, et je dis, mais c'est un Schweppes, mais en meilleur. C'est un super tonique. Et là , je dis à mes petits serveurs, parce que je travaille avec des étudiants, je dis, et ce soir, vous dites que le chef a inventé un tonique, on va faire gin tonique et tonique. Et là , les personnes qui ont bu ça, et on a vendu pas mal le premier soir, me disent, c'est super bon votre truc, vous devriez continuer. J'ai dit vas-y go on y va, le lendemain je fais la limonade, après demain le cola ça a été un peu plus compliqué, la ginger beer c'était plutôt simple, puis après j'ai dit mais moi ah mais merde je vais faire un truc avec des plantes, bam je vais faire un soda sauvage, un soda alpin, et en gros en 2-3 mois je cale toutes mes recettes. moi, je commence à peser quand même. Et puis, mon fils, qui fait des études et qui est un peu moins bête que moi, me dit, papa, pourquoi tu le... Le partagerais pas à tes amis restaurateurs ? Et je commence à vendre à des copains restaurateurs qui disent, c'est génial ton truc, tu nous vends des sachets de... sucre, de plantes et tout magique sans saloperie dedans, tout en bio avec un terroir français, etc. Nous, on a juste à rajouter de l'eau, on fait bouillir, on a un concentré qu'on va garder plus de trois mois au frigo, et après on rajoute de l'eau pétillante et c'est meilleur, c'est moins cher, il n'y a plus de bouteilles, etc. Et puis, l'aventure a démarré doucement parce que je suis un peu hyperactif et une fois que j'ai créé le truc, ça m'intéresse un peu moins. Et après, j'ai au bout de quelques mois d'essai, etc., au bout d'un an, je me suis dit, maintenant, il faut que j'y je demande de l'aide. Et sur les réseaux sociaux, sur LinkedIn, j'ai dit, qui veut être mon associé ? Et j'ai une nana qui est arrivée qui s'appelle Charlotte. Elle a fait un passage chez Valrhona, chez Café Joyeux. Elle est quelqu'un qui aime la bouffe et donc qui m'aide à structurer la boîte. C'est la cofondatrice de Naissance. Et depuis un an, on a plus de 300 restaurants comme clients. On est rentré à la Grande Épicerie. On va rentrer très bientôt, j'espère, chez Nature et Découverte. puis après chez Biocorp, etc. En fait, on veut changer le monde de la boisson, parce que 63% de l'impact carbone d'un soda, quand on achète un soda en bouteille, en canette, en plastique, c'est son emballage et c'est le transport de l'eau. Et ça, avec une essence, c'est fini.
- Speaker #0
Vous disruptez complètement le secteur du soda. C'est ça aujourd'hui ce que fait Naissance. Est-ce que vous pouvez rentrer un peu plus en détail sur... C'est quoi votre modèle d'affaires ? Parce qu'on est à la capitale sociale, dans votre cas, on décrypte les modèles d'affaires du futur. Vous avez commencé à le dire. C'est qui vos clients aujourd'hui ? Combien de références vous en avez parlé ? Qui sont les producteurs justement de plantes et d'herbes qui sont vos fournisseurs de matières premières ? Comment vous les rémunérez ? Bref, comment ça marche, grosso modo, naissance ? C'est-à -dire comment vous créez la valeur, comment vous la captez et comment vous la distribuez ?
- Speaker #1
On va en parler pendant des heures. En fait, la recette, elle est simple. On est d'accord, c'est du sucre, un petit peu d'acide citrique selon les recettes, des plantes. Il y a deux types de plantes. Il y a des plantes cultivées. Il faut imaginer un... Un champ d'un hectare chez nous, un hectare de plantes pour naissance, c'est du bio. Et c'est souvent sur un hectare, qui fait 100 mètres sur 100 mètres, c'est après quatre plates-bandes. Et une première plate-bande, on va dire, c'est de la menthe poivrée. La deuxième, c'est du romarin. La troisième, c'est une jachère, puisqu'il faut laisser reposer le sol. Et la quatrième, on va imaginer que c'est de la verveine, une bande de verveine. Donc on a des bandes de 20-25 mètres de long, comme ça, sur cette parcelle de 100 mètres. Et tous les 3-4 ans, nos agriculteurs, ils changent la... la destination des plantes pour laisser reposer le sol et pour amener de la biodiversité. Ça, c'est notre paysan de plantes, il est comme ça. Et après, il va récolter ses plantes, il va les sécher. Puis après, on a un deuxième fournisseur qui est extraordinaire, qui s'appelle RACI Carapam. Et là ... On a 50 paysans sans terre, ils sont basés en Auvergne, c'est des gens qui n'ont pas de terre, et qui sont amoureux de la nature et qui vont aller, selon les saisons, aller récolter et glaner des plantes dans la nature, et les sécher, les vendre à la coopérative, et nous on a tout ce catalogue de plantes médicinales sauvages, et on achète des plantes sauvages pour les assembler pour nos recettes.
- Speaker #0
Génial !
- Speaker #1
Ça, c'est extraordinaire. Et après, de temps en temps, on a besoin d'épices ou de colorants comme l'hibiscus. Là , on va partir à l'étranger. On va toujours prendre des filières bio, responsables, éthiques. On va essayer de faire attention que le mec ne prenne pas des coups de fouet dans la figure, comme certains abus qu'on a pu connaître. Et donc, à partir de ça, tout ça, ça va chez Adatrice, qui est notre producteur de plantes et qui a un entrepôt et qui, lui, va réaliser par exemple toutes les tisanes pour Biocop et lui va assembler selon nos recettes, toutes les plantes, les mélanger avec le sucre et le sucre et les plantes et on mélange tout ça on met en sachet, c'est expédié chez le restaurateur, le restaurateur il reçoit un sachet, ce qu'il faut comprendre c'est qu'un sachet de 3 kilos c'est 40 litres de boisson et si je le mettais en caisse de soda industriel marque rouge 33 centilitres ça serait 100 kilos Donc quand vous achetez 3 kg de naissance, vous évitez de transporter 100 kg de poids sur la route et vous évitez de produire des bouteilles. C'est une solution où il y a zéro transport d'eau, zéro bouteille. Alors nos clients, c'est incroyable. On a commencé par des copains. Et puis aujourd'hui, il n'y a pas un secteur de la restauration qui n'est pas intéressé par notre solution. Récemment, là , on a plein d'étoiles Michelin. On va partir en Arabie Saoudite pour un très grand chef français parce qu'il va ouvrir un restaurant-bar là -bas. On est dans les deux étoiles Michelin un petit peu partout en France. Puis après, on est aussi dans des bistrots. dans des cantines on est un peu partout en fait on est là où les gens estiment que si on peut être moins polluant dans le secteur des boissons ils ont envie d'adopter nos solutions c'est meilleur, c'est moins cher ça produit zéro déchet le mec qui... alors on a un frein au niveau du business c'est l'intelligence quand vous avez quelqu'un qui n'est pas très intelligent il a du mal à se remettre en question et la paresse et l'habitude... Donc l'intelligence apparaît, c'est l'habitude. C'est-à -dire que quand vous avez porté des caisses toute votre vie et que vous êtes très content de les avoir descendues dans la cave, vous vous êtes cassé le dos et puis à les remettre, les redescendre, les re-renvoyer vides, etc., quand au mieux elles sont consignées. vous dites, ouais, mais ça a toujours marché comme ça, donc tout va bien. Donc, il faut casser ses habitudes. Et il faut qu'intellectuellement, on dit, attends, prends une demi-heure, trois quarts d'heure pour réfléchir différemment. Et tu vas voir, ça marche. Et en fait, ce qui est extraordinaire, c'est que la première commande... le premier envoi d'un client qui fait une première commande. Et on fait attention qu'il comprenne bien ce qu'il a commandé. Qu'il est bien, bien... Donc on essaie de l'aider à mettre en place.
- Speaker #0
De la culturer, en fait.
- Speaker #1
Et une fois qu'il y a trois commandes... Plus jamais il reviendra au monde d'avant. Plus jamais, plus jamais.
- Speaker #0
C'est intéressant ce que vous dites, c'est la réticence au changement qui fait que c'est ça qui est difficile en fait, quand on disrupte un secteur comme ce que vous êtes en train de faire.
- Speaker #1
Nous on est seul au monde. C'est-à -dire qu'on a inventé un truc qui n'existait pas avant. On est le tank des années 80 en bio, en bienfaits, en bons pour la santé et pour les agriculteurs. Et du coup... Du coup on arrive en disant, moi des fois genre dans un bar ou dans un resto, j'y reviens avec un sachet, je vous fais goûter des boissons, le mec il me regarde et me dit c'est qui ce con quoi, c'est qui ce con, il va me vendre du tang, et après en général quand il goûte, même à 100%, il me dit ah désolé j'avais pas...
- Speaker #0
La qualité du produit. Oui, c'est hyper bas.
- Speaker #1
Honnêtement, c'est très, très, très bon. Alors,
- Speaker #0
vous êtes très, vous l'avez dit, très B2B, mais vous êtes aussi B2C. Vous commencez à vendre aux consommateurs lambda.
- Speaker #1
Non, on ne voulait pas aller dans le B2C. Et puis, on a eu une très belle rencontre sur un salon avec la grande épicerie qui nous a dit on aimerait bien que vous veniez tester. On a fait un premier test en juillet 2024 qui a été plutôt très, très concluant. Et puis après, deuxième rencontre, et puis on a Biocop avec qui on parle depuis pas mal de temps, qui dit on a vraiment envie de vous référencer, donc on va rentrer normalement dans plus de 200 Biocop en mars. Et puis là , je ne sais pas si ça va se faire, mais ça les intéresse beaucoup, peut-être chez Nature et Découverte.
- Speaker #0
D'accord. Et en ligne on peut aussi, moi si je peux commander une boisson, je peux...
- Speaker #1
Ce qui est rigolo, c'est qu'en fait, moi au resto, j'ai un petit présentoir. Petit comptoir à naissance, et on en vend 10-15 par jour quand même. Ça veut dire qu'il y a des gens qui disent, moi j'en ai marre de porter mes bouteilles de limonade, de monter les deux étages et mes bouteilles de limonade, j'en ai marre que ma poubelle soit remplie de plastique, j'en ai marre de tout ça quoi.
- Speaker #0
Vous l'avez dit en préambule de cette interview, il y a quelque chose de politique dans votre combat, pratiquement. On sent que l'entreprise doit être politique. D'ailleurs, quand on a préparé cette interview, vous me disiez, oui, l'entreprise doit jouer un rôle vis-à -vis des gens qui vous fournissent les matières premières, vis-à -vis de son consommateur, vis-à -vis de la société. J'aimerais bien vous entendre sur ce sujet.
- Speaker #1
Je suis peut-être un patron un peu particulier, mais moi, je sais que mon passage sur Terre, il est compté. Et c'est très court, le passage sur Terre, il est très très très très court, c'est une étincelle. Et donc je me dis, quitte à passer sur Terre, autant faire des choses un peu positives. Et donc, on voit que le modèle ultra-capitaliste, qui ne se préoccupe pas des autres en fait, qui pense qu'à capitaliser, il est en panne, il ne marche pas, et il est catastrophique pour la planète. Et moi, j'ai trois enfants. et je sais qu'aujourd'hui un français mange une carte bleue de microplastique par semaine qu'en 2060 mes enfants, moi je serais mort mais ils vont manger trois cartes bleues de plastique ça me rend fou en fait ça me rend fou comment on peut être aussi si irresponsable et aussi court-termiste. Et donc, moi, dans tout ce que je fais, dans tous mes actes, aujourd'hui, professionnel en entreprise, je me dis, est-ce que ça a un intérêt pour la société ? Parce que de toute façon, on peut dire, je vais faire une boîte incroyable, et puis si on écrase tout autour, il n'y aura personne pour acheter. Donc, oui, oui, c'est très politique. Faire la cuisine, c'est politique. Manger au restaurant, c'est politique. quand on va manger dans un fast-food désincarné, où on va manger que du surgelé et que des produits ultra transformés, et avec des bouteilles en plastique ou au mieux des canettes, on ne sert à personne, on ne sert pas à soi-même, on ne sert pas à la société, on ne sert pas à la planète. Par contre, quand vous allez manger dans un petit restaurant... où le mec achète des produits de saison, il fait attention d'avoir une bonne relation avec ses fournisseurs, il fait attention à ne pas gaspiller l'eau, il fait attention à récupérer ses déchets, etc. Ce mec, il sert à quelque chose. Donc, quand je vais dans un restaurant naze, qui fait n'importe quoi, je me rends coupable d'une complicité avec quelque chose qui va... pas pour la planète, qui ne va pas pour l'avenir. Et donc, moi, si c'est faire les choses sans aucun sens, je préfère arrêter de suite de faire de l'entreprise.
- Speaker #0
Vous vous considérez comme un activiste gastronomique ?
- Speaker #1
Gastronomique, je ne sais pas, parce que... Non, je me considère comme un citoyen éveillé, activiste. Oui, oui, oui, je suis activiste parce que je parle, parce que je... Il y a des choses qui ne vont pas et je le dis et je les combats surtout parce que quand vous avez un problème dans la vie, moi j'avais un problème avec ces boissons industrielles et j'ai résolu le problème et plus jamais dans mon restaurant et dans de plus en plus de restaurants, on vendra des boissons industrielles. Et puis s'il y a des gens qui ont envie de boire des boissons industrielles et qui ont envie de boire de la chimie etc, c'est super, ils ont le droit, des trucs trop sucrés, jeter la bouteille en plastique à la fin à la poubelle, c'est leur droit et si ça leur va c'est très bien, s'ils se régalent avec ça. Mais aussi, on a le droit d'avoir d'autres propositions. Moi, quand j'ai un client chez moi qui veut un coca, on lui dit, ici, vous n'aurez pas de coca, parce qu'ici, on a zéro boisson industrielle. Et ça ne pose pas de problème, en fait. Les gens sont très, très contents d'avoir une offre différente.
- Speaker #0
Donner le choix, en fait.
- Speaker #1
C'est ça, c'est un problème du choix.
- Speaker #0
Au consommateur. Et aujourd'hui, vous vous dites, j'aurais réussi si quoi ? On l'a compris, votre combat, vous le dites très clairement, c'est effectivement le plastique. le gâchis d'eau, le gâchis de façon générale, il y a l'importance effectivement de l'entreprise politique telle que vous l'avez décrite, vous vous dites moi sur ce passage sur Terre, j'aurais réussi si quoi.
- Speaker #1
Alors moi je suis prêt à mourir le jour où la solution des boissons solides qui représentent énormément de volume, quand dans un supermarché, vous rentrez dans n'importe quel supermarché en France ou dans le monde, et vous aurez une offre où vous direz, tiens, tu peux acheter une bouteille si t'as pas envie de t'embêter. Tu peux aussi acheter une forme solide de boisson, parce qu'en faisant ce choix, tu vas boire mieux, et tu vas moins polluer, tu ne vas pas polluer du tout. Et donc, c'est un problème de choix, en fait. Et le problème, c'est que... Toute cette industrie, elle a écrasé tous les petits concurrents. Et aujourd'hui, c'est un problème de choix. Et c'est aussi un problème de diversité. Parce qu'en fait, quand vous buvez des boissons industrielles, en gros, il y a cinq goûts. Mais c'est bon, il faut que vous ayez compris les cinq goûts. Vous vous ennuyez profondément. Et aujourd'hui, en allant creuser dans le répertoire extraordinaire des boissons sans alcool dans le monde, Il y a des choses extraordinaires qu'on a totalement oubliées. Par exemple, si vous allez au Pérou, ils ont une boisson à base de maïs noir. Ils font une sorte de sangria glacée qui est extraordinaire, qui s'appelle la chicha morada. Et qu'on a testé de manière... Si vous allez en Afrique de l'Ouest, vous allez boire un bissap. Si vous allez en Afrique, vous allez boire aussi un jus de baobab, etc. C'est extraordinaire ce qui s'est... L'être humain a inventé des choses extraordinaires. Et tout ce rouleau compresseur de l'industrie a tout effacé. Et du coup, on se fait chier. C'est comme quand vous écoutez une radio pourrie où ils vous passent les dix mêmes morceaux toute la journée, comme des abrutis. Mais non, la vie, ce n'est pas ça. La vie, c'est un milliard de morceaux de musique africaine, de classique, de... de tango, de chansons françaises, de rap extraordinaire. Et ça, c'est la vie. Mais la vie, c'est l'étincelle. C'est extraordinaire. Et quand on vous dit, non, non, tu vas écouter cinq morceaux merdiques qu'on va t'imposer et tu vas écouter en boucle tes cinq morceaux merdiques toute la journée, tu deviens con, en fait.
- Speaker #0
Justement, qu'est-ce qui vous inspire, vous, aujourd'hui, Damien ? Chef Damien, c'est qui les gens qui vous inspirent au quotidien ?
- Speaker #1
Moi, les gens qui m'inspirent, c'est des gens qui sont curieux, éveillés. En fait, les gens qui sont... qui ont les yeux qui brillent et qui ont encore cette étincelle de dire Pourquoi ? Je veux comprendre. Tiens, tiens, ça a l'air bon ton truc. Et la chose qui me rend le plus triste au monde, c'est quelqu'un qui a éteint la lumière dans ses yeux et qui, à n'importe quel âge de la vie, ça peut être à 20 ans, je crois que c'est Brel qui raconte en disant Il y a des gens qui sont déjà morts à 25 ans, même si leur corps va tenir. jusqu'à 90 et je pense que le plus beau cadeau de la vie c'est d'avoir cette curiosité cette appétence et cette cette envie de dire ah c'est cool putain j'ai envie de voir autre chose j'ai envie ah Ah, c'est quoi ? Ça existe, ça ? Etc. Et c'est extraordinaire. Beaucoup de gens ont éteint la lumière dans leurs yeux, dans leur cœur, et du coup, ils ont des vies... Alors, heureusement qu'il y a des réseaux sociaux qui leur envoient des images merdiques toute la journée, comme ça, ils ont l'impression d'avoir une vie incroyable. Mais c'est pas ça, la vie. La vie, c'est la rencontre, c'est la mamie, c'est ma voisine, c'est des gens extraordinaires, mais de manière très simple. C'est des gens qui ont un petit peu de colère en eux, qui disent Non, je me révolte contre les injustices. Ce n'est pas se contenter d'un modèle qui va plutôt très bien, mine de rien, en Occident et en France. On est quand même très gâtés. Mais qui se dit Si on peut quand même améliorer les choses, c'est l'esprit des Lumières, c'est l'esprit de tout ça.
- Speaker #0
Dans la lutte réside l'espoir.
- Speaker #1
Oui, exactement. S'il n'y a pas de lutte, sans chance.
- Speaker #0
Alors, cette interview arrive à terme, Damien. Moi, j'en retiens plusieurs choses. Vous avez... Merci d'abord d'être venu. Un énorme merci d'avoir partagé votre expérience. Il y a trois choses, je trouve, qui sont intéressantes dans ce que vous dites. L'envie, d'abord, vous l'avez très bien expliqué. Envie de donner le choix au consommateur, et ça, je crois qu'on l'a bien compris. La lutte, on vient d'en parler, celle de combattre effectivement l'hyper-consommation de plastique et de malbouffe, etc. Et puis, je dirais, j'ai envie de finir aussi sur la confiance. Quand on vous entend et quand on vous écoute, on comprend effectivement que vous avez su créer un lien de confiance unique avec votre consommateur, avec votre associé, avec votre partenaire, avec votre client. Et ça, on aime bien, puisque ici, ça s'appelle capital social. Le capital social, c'est ce lien un petit peu particulier que les entreprises arrivent ou non à tisser avec leur partie prenante. Et je trouve ça très intéressant. Damien ? Je vous remercie grandement. Je remercie également toute l'équipe technique de 1212 qui rend ce podcast possible. Peut-être mot de la fin, si vous deviez la prochaine personne qui sera à votre place sur ce podcast, si ça devait être le prochain patron qui disrupte finalement son industrie et qui crée un business model du futur, vous diriez Nathalie, demain tu dois inviter qui ?
- Speaker #1
Non mais ce qui est extraordinaire je trouve c'est que C'est qu'on parle beaucoup d'écologie et on prend ça comme une... Enfin, d'écologie, de RSE, tout ça, on dit Ah, c'est compliqué, etc. C'est vrai qu'il y a des lois, c'est vrai qu'il y a des trucs. Mais en fait, moi, plus je fais de l'écologie, mais sincère, de l'engagement sincère, plus mes business, mon restaurant est naissance, plus ça marche, en fait. Plus on est sincère, plus ça marche. Et l'écologie, le RSE, l'engagement n'est pas du tout incompatible avec l'esprit d'entreprise en fait.
- Speaker #0
Les valeurs ont de la valeur.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Les valeurs ont de la valeur. Et pour revenir sur la confiance, je pense que... Un des signes d'appauvrissement et de peur de l'autre, et ce qui explique des fois des votes totalement extrémistes, idiots, c'est la confiance. Quand vous regardez des analyses, vous apercevez que des gens qui ont peur de l'avenir et qui ont peur de ce qui va se passer, en fait déjà ils ne font pas confiance à leurs voisins.
- Speaker #0
Moi, tous mes voisins, je leur fais confiance. Bien sûr, il y en a qui sont moins sympas que d'autres, mais globalement, je fais confiance en l'être humain. 97 ou 98% des gens, ils sont incroyables. Ils ont des qualités. Si vous commencez à penser que la plupart des gens autour de vous, vous ne pouvez pas leur donner confiance, vous risquez d'avoir une vie de merde.
- Speaker #1
Ce sera le mot de la fin. En tout cas, je vous remercie, Damien. J'ai passé une conversation passionnante. Merci pour votre temps. chères auditrices et auditeurs je vous donne rendez-vous dans un mois pour le prochain épisode de Capital Social, le podcast qui décrypte les business models du futur Merci beaucoup Damien Merci