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Carrières de Parents - Décomplexer la parentalité en Entreprise

302. Charlotte Boujassy - Créer un environnement bienveillant en entreprise pour tous

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17min |17/10/2024
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Carrières de Parents - Décomplexer la parentalité en Entreprise

302. Charlotte Boujassy - Créer un environnement bienveillant en entreprise pour tous

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17min |17/10/2024
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Description

Aujourd’hui, je reçois Charlotte Boujassy, experte en développement des talents dans l'industrie pharmaceutique et maman active.


Avec Charlotte, on a discuté de son parcours inspirant en tant que jeune maman, qui a su jongler entre ses ambitions professionnelles et sa vie de famille, le tout dans un environnement où le soutien aux parents reste souvent limité.


On a abordé des sujets forts comme :

  • Les défis de concilier parentalité et carrière dans un monde professionnel exigeant,

  • L’importance d’une vraie flexibilité au travail et du rôle clé des managers dans le soutien aux parents,

  • Comment la parentalité ne doit jamais être un frein à l’évolution de carrière, mais au contraire, un moteur de performance.


Charlotte met en avant l’urgence pour les entreprises d’instaurer une culture d’entreprise plus bienveillante et inclusive, qui permette aux parents de s’épanouir pleinement, tant au travail qu’à la maison.


Un échange inspirant et sans détour, qui pousse à réfléchir sur la parentalité en entreprise et à repenser nos façons de travailler.


Belle écoute !


Delphine


Musique : Titre: Gaia / Auteur: Nova Noma / Source: https://soundcloud.com/nova-noma / Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Carrière de parent, le podcast qui décomplexe la parentalité dans le monde de l'entreprise. Je suis Delphine et j'accompagne au quotidien les services de ressources humaines et les dirigeants dans la réussite de leurs projets parentalité pour leurs salariés. Dans chaque épisode, nous explorerons comment profiter au mieux de votre vie familiale et de votre vie professionnelle. Nous verrons ensemble toutes les solutions qui s'offrent à vous pour faciliter votre quotidien et vous permettre d'atteindre vos objectifs pros et persos. Pour cela, un jeudi sur deux. Je vais partager avec vous des astuces et bonnes pratiques et vous présenter des personnalités ou parcours inspirants. Mais avant toute chose, mettez le podcast dans vos favoris pour ne rater aucun épisode. Je vous souhaite une belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode de Carrière de Parent. Aujourd'hui, j'accueille Charlotte Boujassi. Bonjour Charlotte.

  • Speaker #2

    Bonjour Delphine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté de participer à cet épisode. Charlotte, comme le veut la tradition, dans un premier temps, je te laisse te présenter.

  • Speaker #2

    Très bien Delphine, alors je suis Charlotte Bougessy, je suis née et j'ai grandi à Strasbourg, mais je suis depuis maintenant une dizaine d'années à Munich avec mes deux filles et mes deux chats. Et je travaille dans une grande entreprise pharmaceutique japonaise où je suis en charge pour l'Europe du développement des talents et du leadership.

  • Speaker #1

    J'imagine que ce choix de carrière n'est pas dû au hasard, est-ce que tu peux déjà dans un premier temps nous raconter un petit peu ton parcours de maman en entreprise ?

  • Speaker #2

    Si je dois lier les deux, en fait, c'est assez simple parce que j'ai eu mes enfants assez jeunes. Donc, il a commencé très tôt ce parcours de maman en entreprise. J'ai eu ma première fille, en fait, à la fin de mon VIE, qui était un contrat de deux ans à l'étranger, que j'ai fait à l'époque chez Airbus à Munich. Et donc, je n'avais même pas 26 ans quand elle est née. Et après, je suis retournée, j'ai suivi mon mari à l'époque à Paris. Et là, j'ai en fait eu un premier contrat, à nouveau chez Airbus d'ailleurs. d'un peu moins d'un an. Puis après, on est retourné à Munich. Et en fait, j'ai eu comme ça pendant 4-5 ans des postes, on va dire, relativement juniors ou administratifs dans le domaine du learning and development. Et je voulais bien avoir mon premier, mon prochain step, faire un peu carrière, comme on dit. Mais en fait, en changeant de pays, en ayant une langue, voilà, l'allemand, que je ne maîtrisais pas assez pour prendre des postes à responsabilité en allemand. Et en ayant un, puis un deuxième enfant, à peine 30 ans, dans un pays qui n'est pas vraiment fait pour les mamans qui travaillent, ça a mis un peu de temps. Et en fait, je n'ai pas du tout une carrière idéale, telle qu'on décrit aux jeunes étudiants. J'ai finalement eu mon premier poste de manager il y a à peu près 3-4 ans. Et là, en fait, les choses se sont accélérées. Je suis toujours restée dans ce qu'on appelle le learning and development, donc autour du training, programme de leadership, identification, développement des talents. Et donc j'ai eu ce premier poste de manager il y a 3 ans et demi, 4 ans. Après j'ai changé de poste, je suis passée directement à Associate Director dans une petite biotech. Et après je suis retournée dans l'entreprise dans laquelle je suis aujourd'hui en tant que directrice. Et au final ça fait, on va dire, 3-4 ans qu'on peut dire de moi que j'ai une carrière, donc on va dire un début de carrière très lent, qui est dû à mon choix de parentalité assez tôt dans ma carrière. Mais voilà, aujourd'hui c'est vrai que quand on m'apprend, on me demande toujours comment je fais pour tout gérer. J'ai d'abord géré la parentalité et puis après la carrière. Je n'ai pas fait les deux tout en même temps.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est intéressant parce qu'aujourd'hui, ce que tu fais dans ton quotidien, c'est finalement d'accompagner les talents à se développer au sein de l'entreprise. Oui. Et ce que tu nous disais, c'est que finalement, ta parentalité t'a un peu freinée dans ta carrière ?

  • Speaker #2

    Oui, je pourrais dire ça. Maintenant, je trouve que c'est aussi un peu un choix, on va dire. Enfin, je pense que c'est des choses qu'on peut faire, que j'aurais pu faire. Après, j'ai eu des choix de vie où j'étais entre Munich et Paris, où mon mari à l'époque finissait son école d'avocat. Et donc, à ce moment-là, ça a convenu que je puisse prendre des boulots, on va dire, ce qu'on peut appeler alimentaires, en me disant qu'une fois que j'aurais eu mes deux ou trois enfants, à l'époque, j'étais un peu plus ambitieuse. Je recommencerai ma carrière. Donc, c'était quelque chose quand même que j'avais d'une certaine manière planifié, que j'avais en tête, que ce serait un peu plus lent. Et moi, ça m'a convenu. Donc, je ne peux pas dire que j'ai été discriminée de quoi que ce soit, parce que finalement, en Allemagne, j'ai pu prendre un an et demi à la maison. Ce qui aurait peut-être été un peu plus difficile si j'avais eu un poste à responsabilité. Et je dois dire qu'en tant que maman, ça a été absolument génial. Donc, maintenant que je suis retombée sur mes pattes, je peux dire que je n'ai aucun regret. Sur le moment, c'était un risque, mais c'est un risque que j'ai pris en pleine conscience. Puis j'ai eu la chance de rencontrer des bonnes personnes qui m'ont permis de prendre plus de responsabilités, mais une fois que ma deuxième fille avait 3-4 ans.

  • Speaker #1

    Au début, tu t'es vraiment focalisée sur ta famille, et puis c'est vrai que ton conjoint avait des besoins aussi pour se développer, donc tu t'es un petit peu concentrée sur ça, et ensuite à partir du moment où tes enfants ont commencé à grandir, et puis finalement tu as rencontré des personnes aussi qui t'ont accepté dans ce rôle de maman, tu as pu commencer à évoluer.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Et donc aujourd'hui, on se pose de plus en plus la question, comment est-ce qu'on peut essayer de faire les deux ? Donc à la fois mener une carrière épanouissante et profiter de ses enfants, parce que ça reste quand même quelque chose qui est primordial pour les jeunes parents. On voit que les entreprises commencent à se dire qu'il y a peut-être quelque chose à faire entre gérer la carrière de ses talents et accompagner la parentalité. Pour autant, il y a quand même encore beaucoup d'entreprises qui se disent que c'est un sujet intime. Parce que c'est très relatif au domaine du personnel. Est-ce que c'est ton avis à toi sur le sujet ?

  • Speaker #2

    Je vais être assez directe. Je pense que c'est la meilleure excuse pour ne rien faire. Parce que oui, c'est vrai que c'est un sujet en partie intime. Mais je crois que le Covid aujourd'hui a fait que beaucoup acceptent qu'il n'y a pas de séparation totale entre le privé et le professionnel. Si, quand on arrive au travail à 8h30 ou 9h, On a toute une journée derrière nous, déjà, que comme tout parent, on anticipe déjà la sortie de l'école, les devoirs, les courses et compagnie. Et encore, ça c'est là où tout se passe bien. On ne parle pas d'enfants malades, on ne parle pas de nuits absolument pourries. Je crois qu'il est difficile de croire que ça n'a aucun impact. Donc, en entreprise, je pense qu'une entreprise intelligente, stratégique, qui se dit que ça a un impact parce que ça en a un. Et je ne veux pas limiter ça aux enfants, il s'agit de tous les... personnes, tous les employés qui ont un rôle d'aidant d'une forme ou d'une autre. Si l'entreprise peut faire en sorte de faciliter la vie des salariés, ça les fidélisera, ça leur permettra de se développer, ça les rendra plus performants. Maintenant, voilà, ça requiert une intentionnalité qui est plus facile de mettre sous le tapis, derrière, c'est un sujet privé. Je pense qu'on peut le faire de manière intelligente, sans être intrusif dans la vie privée des gens.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que pour toi, il y a vraiment cette idée d'accompagner, de trouver des solutions pour faciliter le quotidien ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Je pense que tu fais partie d'une entreprise qui montre que c'est possible pour trouver des solutions de garde. Rien que le fait d'avoir une entreprise, et parfois c'est des toutes petites entreprises, il y a des grands comptes, des petits comptes. Pour un employé, avoir quelqu'un dans son entreprise, et une entreprise de façon générale, qui dit qu'elle veut avoir... une aide proactive pour les parents pour trouver un système de garde alors qu'on sait à quel point c'est difficile, c'est énorme je crois vraiment que pour attirer les gens et les fidéliser c'est incroyable après voilà, il faut une intentionnalité mais c'est faisable et après de façon plus générale, là j'ai proposé quelque chose de vraiment concret mais il y a aussi la flexité au quotidien et c'est quelque chose que je dis autour de moi une fois plus en Allemagne on a quand même... Mes filles, elles sont plus tard à la maison aux 3 et 5 heures. Si je n'avais pas une flexibilité dans les horaires, je ne pourrais pas travailler à plus de 80 Et ça, c'est des choses qui ne demandent finalement pas de grands investissements de la part de l'entreprise, si ce n'est d'avoir une culture de management, de leadership, dans la confiance et ce qu'on appelle en anglais l'empowerment des employés. Si les parents ont la possibilité de s'organiser autour des enfants de la manière la plus productive qui soit, très bien, moi ça m'arrive parfois de travailler à 7h ou de retravailler le soir. Mais si on me demandait de travailler tous les jours de 9h à 5h, je ne pourrais pas le faire.

  • Speaker #1

    Finalement, la culture de la synchrone peut tout à fait s'appliquer à une vie avec des enfants.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc tu nous as parlé de flexibilité. Qu'est-ce qu'il y a d'autre qui peut être important pour les parents ?

  • Speaker #2

    Je crois que c'est vraiment d'avoir un manager qui est un peu sensible à ces questions. Et je crois vraiment que ce n'est pas dépendant du fait qu'un manager ait ou pas des enfants. Et une fois de plus, ça ne dépend pas du fait d'avoir des enfants, ça peut concerner le handicap, ça peut concerner le rôle du parent aidant de façon générale. Mais d'avoir une entreprise et un manager, parce que finalement ça se joue souvent au niveau de l'équipe même. On peut avoir un PDG dans une énorme boîte qui dit vouloir aider les parents. Si on a un manager direct qui vraiment n'y paye aucune attention, ça ne va pas aider. Ce qui aide, c'est d'avoir un manager ou d'ailleurs des collègues. Et c'est là où pour moi, j'insiste, on peut blâmer une entreprise, on peut blâmer la société, mais en fait, on a tous un rôle, surtout quand on commence à avoir des niveaux de leadership intéressants. Mais aussi, finalement, en tant que collègues, on a tous un rôle à jouer pour créer un environnement safe pour les parents. Demandez comment se passe le retour de congé maternité. Demandez comment ça se passe les nuits. Demandez si vous avez trouvé une place en crèche. Demandez comment se passe l'entrée à l'école, parce qu'une fois qu'on commence avec les devoirs en CP, c'est encore une autre chose à gérer le soir. Mais juste avoir ces petites questions du quotidien qui montrent en fait qu'on sait ce par quoi la personne passe. Il y a un espace pour parler. Mais souvent, ça suffit. On a besoin un peu de ventiler, mais on n'a pas non plus envie d'en parler deux heures, en vrai. On a envie de passer à autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est beaucoup de compréhension, finalement, de pouvoir se projeter, d'empathie, et puis surtout, pas de culpabilisation.

  • Speaker #2

    Zéro culpabilisation. Après, voilà, moi, je pense que j'ai une chance assez immense. C'est que je suis dans un pays, finalement, où on critique beaucoup. le peu de soutien aux parents qui travaillent. Et en même temps, moi je dis toujours, on idéalise un peu depuis l'Allemagne ce qui se passe en France. En Allemagne, il y a par exemple vraiment la culture de ce qu'ils appellent le fire event la culture de la soirée. C'est-à-dire qu'à partir de 5 ou 6 heures, ce n'est pas normal de travailler. Donc, je sais qu'à l'époque, on est arrivé à Munich, quand mon mari à l'époque… était encore à son bureau d'avocat en tant que stagiaire à 6h, 6h30, on lui disait mais rentre chez toi, t'es là pour profiter, t'as ta famille alors qu'à Paris, il était rarement à la maison avant 9h30 pour un salaire prof du néant. Donc, je trouve que ça permet quand même de profiter beaucoup plus et d'avoir un meilleur équilibre. Je n'ai jamais eu aucune remarque, comme certaines de mes amies à Paris, à 5h le vendredi, ah, mais tu prends ton après-midi Tellement classique. Zéro bienveillance. Mais moi, ça ne m'est jamais arrivé. Et au contraire, les gens disent à 5h, je pars. Et j'ai une collègue, une personne de mon équipe qui est absolument géniale. Elle, elle aime travailler très tôt. Moi, ce n'est pas mon cas. Quand je le fais, c'est vraiment parce que je n'ai pas le choix. Et elle commence souvent à travailler à 7h, 7h30. À 4h, 4h30, elle a fini de travailler. Elle n'a pas d'enfant.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être un choix qu'on fait aussi même quand on n'a pas d'enfant.

  • Speaker #2

    Mais voilà, en fait, c'est donner la possibilité aux gens qu'ils aient un hobby, qu'ils aient un parent vieillissant, qu'ils aient des enfants. de s'organiser autour de leurs contraintes de vie. Mais évidemment, de la part du management, ça demande une certaine organisation, parce qu'il s'agit de se dire, mon employé ou mon team member n'est pas là pour répondre à ma demande à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. C'est à moi de prévoir le boulot et de lui dire, voilà, on a une deadline pour temps, pas pour hier ni pour avant-hier. Tu te débrouilles, je suis là si tu as besoin pour un petit call, un petit WhatsApp. C'est vrai que je suis multidisponible, c'est un peu désinconvénient, mais ça marche. Mais après, chacun travaille de son côté autour de ses contraintes et autour finalement de ses passions en dehors du travail. Parce que c'est vraiment quelque chose qui, pour moi, qui est important, c'est de ne pas réduire ça, la question de la parentalité.

  • Speaker #1

    Oui, et puis si on le réduit à la parentalité uniquement, on peut avoir toute une partie de la population des effectifs qui se dit on n'en fait que pour les parents et finalement, nous, quand on n'est pas parents, on ne compte pas.

  • Speaker #2

    Oui, et après, voilà, moi c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis séparée avec mon ex-mari. Alors on me dira je suis mère célibataire Non, moi je suis coparent avec mon ex-mari. On s'entend très bien en tant que parents, et ce n'est pas du tout la même chose, on va dire, qu'une maman qui va peut-être être en couple, mais dont le mari va avoir énormément de déplacements professionnels et qui va se retrouver du lundi au vendredi en fait seule, ce n'est pas la même chose d'avoir cette chance immense que j'ai d'avoir deux enfants en bonne santé que d'avoir un enfant peut-être avec des besoins spéciaux, que d'avoir un parent vieillissant sans avoir d'enfant. Voilà, moi j'ai la chance d'avoir des parents en bonne santé, des grands-parents en bonne santé, des enfants en bonne santé. Et un employeur qui me donne la flexibilité. Donc ça, ça arrive quand même. Ça ne veut pas dire que c'est facile tous les jours, mais ça, pour moi, cette flexibilité, je le dis encore, je le dis à chaque fois qu'on m'interroge, mais si je n'avais pas mon manager, cette culture de travail, et un pays où on n'a quand même pas cette culture de travailler à 9h pour du présentéisme pour le présentéisme, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Et pourtant, je pense que tout le monde reconnaîtra que je suis extrêmement productive.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ce qui prouve bien que finalement, on n'a pas besoin de corréler les horaires de travail avec les compétences ou la capacité à travailler.

  • Speaker #2

    Absolument pas. Mais non, parce que par exemple, moi, je ne suis pas du tout efficace avant 10h du matin. Je n'aime pas du tout me lever le matin. Bon, je dois me faire violence parce qu'il faut quand même que je travaille. Et puis en fait, le soir, quand j'aimerais travailler, j'ai mes enfants. Mais en fait, la vérité, c'est que vaut mieux finalement travailler quand on est le plus efficace. Moi, si ça me va bien de travailler le samedi matin, je sais que certains vont pousser des cris d'enfraie. J'ai parlé avec des gens à qui ça ne convient pas du tout, mais moi ça me va, parce que ça me permet finalement de partir un peu plus tôt. Certains jours où il fait beau avec mes enfants, j'en profite, et le samedi matin quand elles vont être avec leur papa. je vais me concentrer sur du travail de fond et pendant trois heures, personne ne va me déranger.

  • Speaker #1

    Et puis, ça prouve bien aussi que finalement, l'employeur, quand il joue un rôle sur l'accompagnement à des temps de vie un petit peu particuliers où tu as besoin de te concentrer sur le personnel, ça finalement va te permettre de propulser le niveau pro aussi.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et c'est là où moi, j'ai eu énormément de chance. Et c'est là où je dis, il ne faut pas attendre que la société ou l'entreprise soit prête. On peut toujours, toujours... tous faire la différence. Dans mon premier poste, vraiment à responsabilité, qui était Associate Director Learning and Development dans une biotech, au dernier entretien, j'ai dit à la DRH, parce que je lui ai dit mais je ne vais jamais gérer en fait, avec deux enfants, une semaine sur deux, je dois aller gérer seule, je n'ai aucune famille à côté. Et je lui ai dit la question où je me suis dit bon, ça va être la fin, je vais écouter, j'ai mes enfants seuls une semaine sur deux, j'ai besoin de flexibilité. Aujourd'hui, la flexibilité, le poste est plus intéressant. le statut est plus intéressant, le salaire est plus intéressant, mais si je n'ai pas cette flexibilité, je ne pourrai pas faire. Et je me suis dit, c'est la fin. Là, j'ai ça. Et en fait, j'ai eu une personne absolument extraordinaire, Maria Castrezana, je peux la nommer, qui m'a regardée en me disant, moi aussi j'ai eu deux enfants, moi aussi je me suis séparée, et je te donnerai toute la flexibilité depuis le début, et on fera en sorte que ça marche. Voilà. Et moi, sans cette personne, je ne serais pas là en fait. Donc, une personne. Et on peut tous être cette personne.

  • Speaker #1

    Mais c'est une super conclusion. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton partage. Où est-ce qu'on peut te retrouver, Charlotte, si on veut échanger avec toi, si on veut te remercier pour tout ce que tu nous as dit ?

  • Speaker #2

    Écoutez, sur LinkedIn, tout simplement. Charlotte Boujassi. J'ai un nom que presque personne n'a. Un prénom avec ce nom que personne n'a. Je suis très facilement retrouvable sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Jacqueline.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Charlotte. On te retrouve très bientôt pour un autre sujet qui va, je suis certaine... beaucoup intéressé les jeunes parents.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, à très vite.

  • Speaker #1

    À bientôt, au revoir.

Description

Aujourd’hui, je reçois Charlotte Boujassy, experte en développement des talents dans l'industrie pharmaceutique et maman active.


Avec Charlotte, on a discuté de son parcours inspirant en tant que jeune maman, qui a su jongler entre ses ambitions professionnelles et sa vie de famille, le tout dans un environnement où le soutien aux parents reste souvent limité.


On a abordé des sujets forts comme :

  • Les défis de concilier parentalité et carrière dans un monde professionnel exigeant,

  • L’importance d’une vraie flexibilité au travail et du rôle clé des managers dans le soutien aux parents,

  • Comment la parentalité ne doit jamais être un frein à l’évolution de carrière, mais au contraire, un moteur de performance.


Charlotte met en avant l’urgence pour les entreprises d’instaurer une culture d’entreprise plus bienveillante et inclusive, qui permette aux parents de s’épanouir pleinement, tant au travail qu’à la maison.


Un échange inspirant et sans détour, qui pousse à réfléchir sur la parentalité en entreprise et à repenser nos façons de travailler.


Belle écoute !


Delphine


Musique : Titre: Gaia / Auteur: Nova Noma / Source: https://soundcloud.com/nova-noma / Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Carrière de parent, le podcast qui décomplexe la parentalité dans le monde de l'entreprise. Je suis Delphine et j'accompagne au quotidien les services de ressources humaines et les dirigeants dans la réussite de leurs projets parentalité pour leurs salariés. Dans chaque épisode, nous explorerons comment profiter au mieux de votre vie familiale et de votre vie professionnelle. Nous verrons ensemble toutes les solutions qui s'offrent à vous pour faciliter votre quotidien et vous permettre d'atteindre vos objectifs pros et persos. Pour cela, un jeudi sur deux. Je vais partager avec vous des astuces et bonnes pratiques et vous présenter des personnalités ou parcours inspirants. Mais avant toute chose, mettez le podcast dans vos favoris pour ne rater aucun épisode. Je vous souhaite une belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode de Carrière de Parent. Aujourd'hui, j'accueille Charlotte Boujassi. Bonjour Charlotte.

  • Speaker #2

    Bonjour Delphine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté de participer à cet épisode. Charlotte, comme le veut la tradition, dans un premier temps, je te laisse te présenter.

  • Speaker #2

    Très bien Delphine, alors je suis Charlotte Bougessy, je suis née et j'ai grandi à Strasbourg, mais je suis depuis maintenant une dizaine d'années à Munich avec mes deux filles et mes deux chats. Et je travaille dans une grande entreprise pharmaceutique japonaise où je suis en charge pour l'Europe du développement des talents et du leadership.

  • Speaker #1

    J'imagine que ce choix de carrière n'est pas dû au hasard, est-ce que tu peux déjà dans un premier temps nous raconter un petit peu ton parcours de maman en entreprise ?

  • Speaker #2

    Si je dois lier les deux, en fait, c'est assez simple parce que j'ai eu mes enfants assez jeunes. Donc, il a commencé très tôt ce parcours de maman en entreprise. J'ai eu ma première fille, en fait, à la fin de mon VIE, qui était un contrat de deux ans à l'étranger, que j'ai fait à l'époque chez Airbus à Munich. Et donc, je n'avais même pas 26 ans quand elle est née. Et après, je suis retournée, j'ai suivi mon mari à l'époque à Paris. Et là, j'ai en fait eu un premier contrat, à nouveau chez Airbus d'ailleurs. d'un peu moins d'un an. Puis après, on est retourné à Munich. Et en fait, j'ai eu comme ça pendant 4-5 ans des postes, on va dire, relativement juniors ou administratifs dans le domaine du learning and development. Et je voulais bien avoir mon premier, mon prochain step, faire un peu carrière, comme on dit. Mais en fait, en changeant de pays, en ayant une langue, voilà, l'allemand, que je ne maîtrisais pas assez pour prendre des postes à responsabilité en allemand. Et en ayant un, puis un deuxième enfant, à peine 30 ans, dans un pays qui n'est pas vraiment fait pour les mamans qui travaillent, ça a mis un peu de temps. Et en fait, je n'ai pas du tout une carrière idéale, telle qu'on décrit aux jeunes étudiants. J'ai finalement eu mon premier poste de manager il y a à peu près 3-4 ans. Et là, en fait, les choses se sont accélérées. Je suis toujours restée dans ce qu'on appelle le learning and development, donc autour du training, programme de leadership, identification, développement des talents. Et donc j'ai eu ce premier poste de manager il y a 3 ans et demi, 4 ans. Après j'ai changé de poste, je suis passée directement à Associate Director dans une petite biotech. Et après je suis retournée dans l'entreprise dans laquelle je suis aujourd'hui en tant que directrice. Et au final ça fait, on va dire, 3-4 ans qu'on peut dire de moi que j'ai une carrière, donc on va dire un début de carrière très lent, qui est dû à mon choix de parentalité assez tôt dans ma carrière. Mais voilà, aujourd'hui c'est vrai que quand on m'apprend, on me demande toujours comment je fais pour tout gérer. J'ai d'abord géré la parentalité et puis après la carrière. Je n'ai pas fait les deux tout en même temps.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est intéressant parce qu'aujourd'hui, ce que tu fais dans ton quotidien, c'est finalement d'accompagner les talents à se développer au sein de l'entreprise. Oui. Et ce que tu nous disais, c'est que finalement, ta parentalité t'a un peu freinée dans ta carrière ?

  • Speaker #2

    Oui, je pourrais dire ça. Maintenant, je trouve que c'est aussi un peu un choix, on va dire. Enfin, je pense que c'est des choses qu'on peut faire, que j'aurais pu faire. Après, j'ai eu des choix de vie où j'étais entre Munich et Paris, où mon mari à l'époque finissait son école d'avocat. Et donc, à ce moment-là, ça a convenu que je puisse prendre des boulots, on va dire, ce qu'on peut appeler alimentaires, en me disant qu'une fois que j'aurais eu mes deux ou trois enfants, à l'époque, j'étais un peu plus ambitieuse. Je recommencerai ma carrière. Donc, c'était quelque chose quand même que j'avais d'une certaine manière planifié, que j'avais en tête, que ce serait un peu plus lent. Et moi, ça m'a convenu. Donc, je ne peux pas dire que j'ai été discriminée de quoi que ce soit, parce que finalement, en Allemagne, j'ai pu prendre un an et demi à la maison. Ce qui aurait peut-être été un peu plus difficile si j'avais eu un poste à responsabilité. Et je dois dire qu'en tant que maman, ça a été absolument génial. Donc, maintenant que je suis retombée sur mes pattes, je peux dire que je n'ai aucun regret. Sur le moment, c'était un risque, mais c'est un risque que j'ai pris en pleine conscience. Puis j'ai eu la chance de rencontrer des bonnes personnes qui m'ont permis de prendre plus de responsabilités, mais une fois que ma deuxième fille avait 3-4 ans.

  • Speaker #1

    Au début, tu t'es vraiment focalisée sur ta famille, et puis c'est vrai que ton conjoint avait des besoins aussi pour se développer, donc tu t'es un petit peu concentrée sur ça, et ensuite à partir du moment où tes enfants ont commencé à grandir, et puis finalement tu as rencontré des personnes aussi qui t'ont accepté dans ce rôle de maman, tu as pu commencer à évoluer.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Et donc aujourd'hui, on se pose de plus en plus la question, comment est-ce qu'on peut essayer de faire les deux ? Donc à la fois mener une carrière épanouissante et profiter de ses enfants, parce que ça reste quand même quelque chose qui est primordial pour les jeunes parents. On voit que les entreprises commencent à se dire qu'il y a peut-être quelque chose à faire entre gérer la carrière de ses talents et accompagner la parentalité. Pour autant, il y a quand même encore beaucoup d'entreprises qui se disent que c'est un sujet intime. Parce que c'est très relatif au domaine du personnel. Est-ce que c'est ton avis à toi sur le sujet ?

  • Speaker #2

    Je vais être assez directe. Je pense que c'est la meilleure excuse pour ne rien faire. Parce que oui, c'est vrai que c'est un sujet en partie intime. Mais je crois que le Covid aujourd'hui a fait que beaucoup acceptent qu'il n'y a pas de séparation totale entre le privé et le professionnel. Si, quand on arrive au travail à 8h30 ou 9h, On a toute une journée derrière nous, déjà, que comme tout parent, on anticipe déjà la sortie de l'école, les devoirs, les courses et compagnie. Et encore, ça c'est là où tout se passe bien. On ne parle pas d'enfants malades, on ne parle pas de nuits absolument pourries. Je crois qu'il est difficile de croire que ça n'a aucun impact. Donc, en entreprise, je pense qu'une entreprise intelligente, stratégique, qui se dit que ça a un impact parce que ça en a un. Et je ne veux pas limiter ça aux enfants, il s'agit de tous les... personnes, tous les employés qui ont un rôle d'aidant d'une forme ou d'une autre. Si l'entreprise peut faire en sorte de faciliter la vie des salariés, ça les fidélisera, ça leur permettra de se développer, ça les rendra plus performants. Maintenant, voilà, ça requiert une intentionnalité qui est plus facile de mettre sous le tapis, derrière, c'est un sujet privé. Je pense qu'on peut le faire de manière intelligente, sans être intrusif dans la vie privée des gens.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que pour toi, il y a vraiment cette idée d'accompagner, de trouver des solutions pour faciliter le quotidien ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Je pense que tu fais partie d'une entreprise qui montre que c'est possible pour trouver des solutions de garde. Rien que le fait d'avoir une entreprise, et parfois c'est des toutes petites entreprises, il y a des grands comptes, des petits comptes. Pour un employé, avoir quelqu'un dans son entreprise, et une entreprise de façon générale, qui dit qu'elle veut avoir... une aide proactive pour les parents pour trouver un système de garde alors qu'on sait à quel point c'est difficile, c'est énorme je crois vraiment que pour attirer les gens et les fidéliser c'est incroyable après voilà, il faut une intentionnalité mais c'est faisable et après de façon plus générale, là j'ai proposé quelque chose de vraiment concret mais il y a aussi la flexité au quotidien et c'est quelque chose que je dis autour de moi une fois plus en Allemagne on a quand même... Mes filles, elles sont plus tard à la maison aux 3 et 5 heures. Si je n'avais pas une flexibilité dans les horaires, je ne pourrais pas travailler à plus de 80 Et ça, c'est des choses qui ne demandent finalement pas de grands investissements de la part de l'entreprise, si ce n'est d'avoir une culture de management, de leadership, dans la confiance et ce qu'on appelle en anglais l'empowerment des employés. Si les parents ont la possibilité de s'organiser autour des enfants de la manière la plus productive qui soit, très bien, moi ça m'arrive parfois de travailler à 7h ou de retravailler le soir. Mais si on me demandait de travailler tous les jours de 9h à 5h, je ne pourrais pas le faire.

  • Speaker #1

    Finalement, la culture de la synchrone peut tout à fait s'appliquer à une vie avec des enfants.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc tu nous as parlé de flexibilité. Qu'est-ce qu'il y a d'autre qui peut être important pour les parents ?

  • Speaker #2

    Je crois que c'est vraiment d'avoir un manager qui est un peu sensible à ces questions. Et je crois vraiment que ce n'est pas dépendant du fait qu'un manager ait ou pas des enfants. Et une fois de plus, ça ne dépend pas du fait d'avoir des enfants, ça peut concerner le handicap, ça peut concerner le rôle du parent aidant de façon générale. Mais d'avoir une entreprise et un manager, parce que finalement ça se joue souvent au niveau de l'équipe même. On peut avoir un PDG dans une énorme boîte qui dit vouloir aider les parents. Si on a un manager direct qui vraiment n'y paye aucune attention, ça ne va pas aider. Ce qui aide, c'est d'avoir un manager ou d'ailleurs des collègues. Et c'est là où pour moi, j'insiste, on peut blâmer une entreprise, on peut blâmer la société, mais en fait, on a tous un rôle, surtout quand on commence à avoir des niveaux de leadership intéressants. Mais aussi, finalement, en tant que collègues, on a tous un rôle à jouer pour créer un environnement safe pour les parents. Demandez comment se passe le retour de congé maternité. Demandez comment ça se passe les nuits. Demandez si vous avez trouvé une place en crèche. Demandez comment se passe l'entrée à l'école, parce qu'une fois qu'on commence avec les devoirs en CP, c'est encore une autre chose à gérer le soir. Mais juste avoir ces petites questions du quotidien qui montrent en fait qu'on sait ce par quoi la personne passe. Il y a un espace pour parler. Mais souvent, ça suffit. On a besoin un peu de ventiler, mais on n'a pas non plus envie d'en parler deux heures, en vrai. On a envie de passer à autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est beaucoup de compréhension, finalement, de pouvoir se projeter, d'empathie, et puis surtout, pas de culpabilisation.

  • Speaker #2

    Zéro culpabilisation. Après, voilà, moi, je pense que j'ai une chance assez immense. C'est que je suis dans un pays, finalement, où on critique beaucoup. le peu de soutien aux parents qui travaillent. Et en même temps, moi je dis toujours, on idéalise un peu depuis l'Allemagne ce qui se passe en France. En Allemagne, il y a par exemple vraiment la culture de ce qu'ils appellent le fire event la culture de la soirée. C'est-à-dire qu'à partir de 5 ou 6 heures, ce n'est pas normal de travailler. Donc, je sais qu'à l'époque, on est arrivé à Munich, quand mon mari à l'époque… était encore à son bureau d'avocat en tant que stagiaire à 6h, 6h30, on lui disait mais rentre chez toi, t'es là pour profiter, t'as ta famille alors qu'à Paris, il était rarement à la maison avant 9h30 pour un salaire prof du néant. Donc, je trouve que ça permet quand même de profiter beaucoup plus et d'avoir un meilleur équilibre. Je n'ai jamais eu aucune remarque, comme certaines de mes amies à Paris, à 5h le vendredi, ah, mais tu prends ton après-midi Tellement classique. Zéro bienveillance. Mais moi, ça ne m'est jamais arrivé. Et au contraire, les gens disent à 5h, je pars. Et j'ai une collègue, une personne de mon équipe qui est absolument géniale. Elle, elle aime travailler très tôt. Moi, ce n'est pas mon cas. Quand je le fais, c'est vraiment parce que je n'ai pas le choix. Et elle commence souvent à travailler à 7h, 7h30. À 4h, 4h30, elle a fini de travailler. Elle n'a pas d'enfant.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être un choix qu'on fait aussi même quand on n'a pas d'enfant.

  • Speaker #2

    Mais voilà, en fait, c'est donner la possibilité aux gens qu'ils aient un hobby, qu'ils aient un parent vieillissant, qu'ils aient des enfants. de s'organiser autour de leurs contraintes de vie. Mais évidemment, de la part du management, ça demande une certaine organisation, parce qu'il s'agit de se dire, mon employé ou mon team member n'est pas là pour répondre à ma demande à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. C'est à moi de prévoir le boulot et de lui dire, voilà, on a une deadline pour temps, pas pour hier ni pour avant-hier. Tu te débrouilles, je suis là si tu as besoin pour un petit call, un petit WhatsApp. C'est vrai que je suis multidisponible, c'est un peu désinconvénient, mais ça marche. Mais après, chacun travaille de son côté autour de ses contraintes et autour finalement de ses passions en dehors du travail. Parce que c'est vraiment quelque chose qui, pour moi, qui est important, c'est de ne pas réduire ça, la question de la parentalité.

  • Speaker #1

    Oui, et puis si on le réduit à la parentalité uniquement, on peut avoir toute une partie de la population des effectifs qui se dit on n'en fait que pour les parents et finalement, nous, quand on n'est pas parents, on ne compte pas.

  • Speaker #2

    Oui, et après, voilà, moi c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis séparée avec mon ex-mari. Alors on me dira je suis mère célibataire Non, moi je suis coparent avec mon ex-mari. On s'entend très bien en tant que parents, et ce n'est pas du tout la même chose, on va dire, qu'une maman qui va peut-être être en couple, mais dont le mari va avoir énormément de déplacements professionnels et qui va se retrouver du lundi au vendredi en fait seule, ce n'est pas la même chose d'avoir cette chance immense que j'ai d'avoir deux enfants en bonne santé que d'avoir un enfant peut-être avec des besoins spéciaux, que d'avoir un parent vieillissant sans avoir d'enfant. Voilà, moi j'ai la chance d'avoir des parents en bonne santé, des grands-parents en bonne santé, des enfants en bonne santé. Et un employeur qui me donne la flexibilité. Donc ça, ça arrive quand même. Ça ne veut pas dire que c'est facile tous les jours, mais ça, pour moi, cette flexibilité, je le dis encore, je le dis à chaque fois qu'on m'interroge, mais si je n'avais pas mon manager, cette culture de travail, et un pays où on n'a quand même pas cette culture de travailler à 9h pour du présentéisme pour le présentéisme, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Et pourtant, je pense que tout le monde reconnaîtra que je suis extrêmement productive.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ce qui prouve bien que finalement, on n'a pas besoin de corréler les horaires de travail avec les compétences ou la capacité à travailler.

  • Speaker #2

    Absolument pas. Mais non, parce que par exemple, moi, je ne suis pas du tout efficace avant 10h du matin. Je n'aime pas du tout me lever le matin. Bon, je dois me faire violence parce qu'il faut quand même que je travaille. Et puis en fait, le soir, quand j'aimerais travailler, j'ai mes enfants. Mais en fait, la vérité, c'est que vaut mieux finalement travailler quand on est le plus efficace. Moi, si ça me va bien de travailler le samedi matin, je sais que certains vont pousser des cris d'enfraie. J'ai parlé avec des gens à qui ça ne convient pas du tout, mais moi ça me va, parce que ça me permet finalement de partir un peu plus tôt. Certains jours où il fait beau avec mes enfants, j'en profite, et le samedi matin quand elles vont être avec leur papa. je vais me concentrer sur du travail de fond et pendant trois heures, personne ne va me déranger.

  • Speaker #1

    Et puis, ça prouve bien aussi que finalement, l'employeur, quand il joue un rôle sur l'accompagnement à des temps de vie un petit peu particuliers où tu as besoin de te concentrer sur le personnel, ça finalement va te permettre de propulser le niveau pro aussi.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et c'est là où moi, j'ai eu énormément de chance. Et c'est là où je dis, il ne faut pas attendre que la société ou l'entreprise soit prête. On peut toujours, toujours... tous faire la différence. Dans mon premier poste, vraiment à responsabilité, qui était Associate Director Learning and Development dans une biotech, au dernier entretien, j'ai dit à la DRH, parce que je lui ai dit mais je ne vais jamais gérer en fait, avec deux enfants, une semaine sur deux, je dois aller gérer seule, je n'ai aucune famille à côté. Et je lui ai dit la question où je me suis dit bon, ça va être la fin, je vais écouter, j'ai mes enfants seuls une semaine sur deux, j'ai besoin de flexibilité. Aujourd'hui, la flexibilité, le poste est plus intéressant. le statut est plus intéressant, le salaire est plus intéressant, mais si je n'ai pas cette flexibilité, je ne pourrai pas faire. Et je me suis dit, c'est la fin. Là, j'ai ça. Et en fait, j'ai eu une personne absolument extraordinaire, Maria Castrezana, je peux la nommer, qui m'a regardée en me disant, moi aussi j'ai eu deux enfants, moi aussi je me suis séparée, et je te donnerai toute la flexibilité depuis le début, et on fera en sorte que ça marche. Voilà. Et moi, sans cette personne, je ne serais pas là en fait. Donc, une personne. Et on peut tous être cette personne.

  • Speaker #1

    Mais c'est une super conclusion. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton partage. Où est-ce qu'on peut te retrouver, Charlotte, si on veut échanger avec toi, si on veut te remercier pour tout ce que tu nous as dit ?

  • Speaker #2

    Écoutez, sur LinkedIn, tout simplement. Charlotte Boujassi. J'ai un nom que presque personne n'a. Un prénom avec ce nom que personne n'a. Je suis très facilement retrouvable sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Jacqueline.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Charlotte. On te retrouve très bientôt pour un autre sujet qui va, je suis certaine... beaucoup intéressé les jeunes parents.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, à très vite.

  • Speaker #1

    À bientôt, au revoir.

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Description

Aujourd’hui, je reçois Charlotte Boujassy, experte en développement des talents dans l'industrie pharmaceutique et maman active.


Avec Charlotte, on a discuté de son parcours inspirant en tant que jeune maman, qui a su jongler entre ses ambitions professionnelles et sa vie de famille, le tout dans un environnement où le soutien aux parents reste souvent limité.


On a abordé des sujets forts comme :

  • Les défis de concilier parentalité et carrière dans un monde professionnel exigeant,

  • L’importance d’une vraie flexibilité au travail et du rôle clé des managers dans le soutien aux parents,

  • Comment la parentalité ne doit jamais être un frein à l’évolution de carrière, mais au contraire, un moteur de performance.


Charlotte met en avant l’urgence pour les entreprises d’instaurer une culture d’entreprise plus bienveillante et inclusive, qui permette aux parents de s’épanouir pleinement, tant au travail qu’à la maison.


Un échange inspirant et sans détour, qui pousse à réfléchir sur la parentalité en entreprise et à repenser nos façons de travailler.


Belle écoute !


Delphine


Musique : Titre: Gaia / Auteur: Nova Noma / Source: https://soundcloud.com/nova-noma / Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Carrière de parent, le podcast qui décomplexe la parentalité dans le monde de l'entreprise. Je suis Delphine et j'accompagne au quotidien les services de ressources humaines et les dirigeants dans la réussite de leurs projets parentalité pour leurs salariés. Dans chaque épisode, nous explorerons comment profiter au mieux de votre vie familiale et de votre vie professionnelle. Nous verrons ensemble toutes les solutions qui s'offrent à vous pour faciliter votre quotidien et vous permettre d'atteindre vos objectifs pros et persos. Pour cela, un jeudi sur deux. Je vais partager avec vous des astuces et bonnes pratiques et vous présenter des personnalités ou parcours inspirants. Mais avant toute chose, mettez le podcast dans vos favoris pour ne rater aucun épisode. Je vous souhaite une belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode de Carrière de Parent. Aujourd'hui, j'accueille Charlotte Boujassi. Bonjour Charlotte.

  • Speaker #2

    Bonjour Delphine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté de participer à cet épisode. Charlotte, comme le veut la tradition, dans un premier temps, je te laisse te présenter.

  • Speaker #2

    Très bien Delphine, alors je suis Charlotte Bougessy, je suis née et j'ai grandi à Strasbourg, mais je suis depuis maintenant une dizaine d'années à Munich avec mes deux filles et mes deux chats. Et je travaille dans une grande entreprise pharmaceutique japonaise où je suis en charge pour l'Europe du développement des talents et du leadership.

  • Speaker #1

    J'imagine que ce choix de carrière n'est pas dû au hasard, est-ce que tu peux déjà dans un premier temps nous raconter un petit peu ton parcours de maman en entreprise ?

  • Speaker #2

    Si je dois lier les deux, en fait, c'est assez simple parce que j'ai eu mes enfants assez jeunes. Donc, il a commencé très tôt ce parcours de maman en entreprise. J'ai eu ma première fille, en fait, à la fin de mon VIE, qui était un contrat de deux ans à l'étranger, que j'ai fait à l'époque chez Airbus à Munich. Et donc, je n'avais même pas 26 ans quand elle est née. Et après, je suis retournée, j'ai suivi mon mari à l'époque à Paris. Et là, j'ai en fait eu un premier contrat, à nouveau chez Airbus d'ailleurs. d'un peu moins d'un an. Puis après, on est retourné à Munich. Et en fait, j'ai eu comme ça pendant 4-5 ans des postes, on va dire, relativement juniors ou administratifs dans le domaine du learning and development. Et je voulais bien avoir mon premier, mon prochain step, faire un peu carrière, comme on dit. Mais en fait, en changeant de pays, en ayant une langue, voilà, l'allemand, que je ne maîtrisais pas assez pour prendre des postes à responsabilité en allemand. Et en ayant un, puis un deuxième enfant, à peine 30 ans, dans un pays qui n'est pas vraiment fait pour les mamans qui travaillent, ça a mis un peu de temps. Et en fait, je n'ai pas du tout une carrière idéale, telle qu'on décrit aux jeunes étudiants. J'ai finalement eu mon premier poste de manager il y a à peu près 3-4 ans. Et là, en fait, les choses se sont accélérées. Je suis toujours restée dans ce qu'on appelle le learning and development, donc autour du training, programme de leadership, identification, développement des talents. Et donc j'ai eu ce premier poste de manager il y a 3 ans et demi, 4 ans. Après j'ai changé de poste, je suis passée directement à Associate Director dans une petite biotech. Et après je suis retournée dans l'entreprise dans laquelle je suis aujourd'hui en tant que directrice. Et au final ça fait, on va dire, 3-4 ans qu'on peut dire de moi que j'ai une carrière, donc on va dire un début de carrière très lent, qui est dû à mon choix de parentalité assez tôt dans ma carrière. Mais voilà, aujourd'hui c'est vrai que quand on m'apprend, on me demande toujours comment je fais pour tout gérer. J'ai d'abord géré la parentalité et puis après la carrière. Je n'ai pas fait les deux tout en même temps.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est intéressant parce qu'aujourd'hui, ce que tu fais dans ton quotidien, c'est finalement d'accompagner les talents à se développer au sein de l'entreprise. Oui. Et ce que tu nous disais, c'est que finalement, ta parentalité t'a un peu freinée dans ta carrière ?

  • Speaker #2

    Oui, je pourrais dire ça. Maintenant, je trouve que c'est aussi un peu un choix, on va dire. Enfin, je pense que c'est des choses qu'on peut faire, que j'aurais pu faire. Après, j'ai eu des choix de vie où j'étais entre Munich et Paris, où mon mari à l'époque finissait son école d'avocat. Et donc, à ce moment-là, ça a convenu que je puisse prendre des boulots, on va dire, ce qu'on peut appeler alimentaires, en me disant qu'une fois que j'aurais eu mes deux ou trois enfants, à l'époque, j'étais un peu plus ambitieuse. Je recommencerai ma carrière. Donc, c'était quelque chose quand même que j'avais d'une certaine manière planifié, que j'avais en tête, que ce serait un peu plus lent. Et moi, ça m'a convenu. Donc, je ne peux pas dire que j'ai été discriminée de quoi que ce soit, parce que finalement, en Allemagne, j'ai pu prendre un an et demi à la maison. Ce qui aurait peut-être été un peu plus difficile si j'avais eu un poste à responsabilité. Et je dois dire qu'en tant que maman, ça a été absolument génial. Donc, maintenant que je suis retombée sur mes pattes, je peux dire que je n'ai aucun regret. Sur le moment, c'était un risque, mais c'est un risque que j'ai pris en pleine conscience. Puis j'ai eu la chance de rencontrer des bonnes personnes qui m'ont permis de prendre plus de responsabilités, mais une fois que ma deuxième fille avait 3-4 ans.

  • Speaker #1

    Au début, tu t'es vraiment focalisée sur ta famille, et puis c'est vrai que ton conjoint avait des besoins aussi pour se développer, donc tu t'es un petit peu concentrée sur ça, et ensuite à partir du moment où tes enfants ont commencé à grandir, et puis finalement tu as rencontré des personnes aussi qui t'ont accepté dans ce rôle de maman, tu as pu commencer à évoluer.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Et donc aujourd'hui, on se pose de plus en plus la question, comment est-ce qu'on peut essayer de faire les deux ? Donc à la fois mener une carrière épanouissante et profiter de ses enfants, parce que ça reste quand même quelque chose qui est primordial pour les jeunes parents. On voit que les entreprises commencent à se dire qu'il y a peut-être quelque chose à faire entre gérer la carrière de ses talents et accompagner la parentalité. Pour autant, il y a quand même encore beaucoup d'entreprises qui se disent que c'est un sujet intime. Parce que c'est très relatif au domaine du personnel. Est-ce que c'est ton avis à toi sur le sujet ?

  • Speaker #2

    Je vais être assez directe. Je pense que c'est la meilleure excuse pour ne rien faire. Parce que oui, c'est vrai que c'est un sujet en partie intime. Mais je crois que le Covid aujourd'hui a fait que beaucoup acceptent qu'il n'y a pas de séparation totale entre le privé et le professionnel. Si, quand on arrive au travail à 8h30 ou 9h, On a toute une journée derrière nous, déjà, que comme tout parent, on anticipe déjà la sortie de l'école, les devoirs, les courses et compagnie. Et encore, ça c'est là où tout se passe bien. On ne parle pas d'enfants malades, on ne parle pas de nuits absolument pourries. Je crois qu'il est difficile de croire que ça n'a aucun impact. Donc, en entreprise, je pense qu'une entreprise intelligente, stratégique, qui se dit que ça a un impact parce que ça en a un. Et je ne veux pas limiter ça aux enfants, il s'agit de tous les... personnes, tous les employés qui ont un rôle d'aidant d'une forme ou d'une autre. Si l'entreprise peut faire en sorte de faciliter la vie des salariés, ça les fidélisera, ça leur permettra de se développer, ça les rendra plus performants. Maintenant, voilà, ça requiert une intentionnalité qui est plus facile de mettre sous le tapis, derrière, c'est un sujet privé. Je pense qu'on peut le faire de manière intelligente, sans être intrusif dans la vie privée des gens.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que pour toi, il y a vraiment cette idée d'accompagner, de trouver des solutions pour faciliter le quotidien ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Je pense que tu fais partie d'une entreprise qui montre que c'est possible pour trouver des solutions de garde. Rien que le fait d'avoir une entreprise, et parfois c'est des toutes petites entreprises, il y a des grands comptes, des petits comptes. Pour un employé, avoir quelqu'un dans son entreprise, et une entreprise de façon générale, qui dit qu'elle veut avoir... une aide proactive pour les parents pour trouver un système de garde alors qu'on sait à quel point c'est difficile, c'est énorme je crois vraiment que pour attirer les gens et les fidéliser c'est incroyable après voilà, il faut une intentionnalité mais c'est faisable et après de façon plus générale, là j'ai proposé quelque chose de vraiment concret mais il y a aussi la flexité au quotidien et c'est quelque chose que je dis autour de moi une fois plus en Allemagne on a quand même... Mes filles, elles sont plus tard à la maison aux 3 et 5 heures. Si je n'avais pas une flexibilité dans les horaires, je ne pourrais pas travailler à plus de 80 Et ça, c'est des choses qui ne demandent finalement pas de grands investissements de la part de l'entreprise, si ce n'est d'avoir une culture de management, de leadership, dans la confiance et ce qu'on appelle en anglais l'empowerment des employés. Si les parents ont la possibilité de s'organiser autour des enfants de la manière la plus productive qui soit, très bien, moi ça m'arrive parfois de travailler à 7h ou de retravailler le soir. Mais si on me demandait de travailler tous les jours de 9h à 5h, je ne pourrais pas le faire.

  • Speaker #1

    Finalement, la culture de la synchrone peut tout à fait s'appliquer à une vie avec des enfants.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc tu nous as parlé de flexibilité. Qu'est-ce qu'il y a d'autre qui peut être important pour les parents ?

  • Speaker #2

    Je crois que c'est vraiment d'avoir un manager qui est un peu sensible à ces questions. Et je crois vraiment que ce n'est pas dépendant du fait qu'un manager ait ou pas des enfants. Et une fois de plus, ça ne dépend pas du fait d'avoir des enfants, ça peut concerner le handicap, ça peut concerner le rôle du parent aidant de façon générale. Mais d'avoir une entreprise et un manager, parce que finalement ça se joue souvent au niveau de l'équipe même. On peut avoir un PDG dans une énorme boîte qui dit vouloir aider les parents. Si on a un manager direct qui vraiment n'y paye aucune attention, ça ne va pas aider. Ce qui aide, c'est d'avoir un manager ou d'ailleurs des collègues. Et c'est là où pour moi, j'insiste, on peut blâmer une entreprise, on peut blâmer la société, mais en fait, on a tous un rôle, surtout quand on commence à avoir des niveaux de leadership intéressants. Mais aussi, finalement, en tant que collègues, on a tous un rôle à jouer pour créer un environnement safe pour les parents. Demandez comment se passe le retour de congé maternité. Demandez comment ça se passe les nuits. Demandez si vous avez trouvé une place en crèche. Demandez comment se passe l'entrée à l'école, parce qu'une fois qu'on commence avec les devoirs en CP, c'est encore une autre chose à gérer le soir. Mais juste avoir ces petites questions du quotidien qui montrent en fait qu'on sait ce par quoi la personne passe. Il y a un espace pour parler. Mais souvent, ça suffit. On a besoin un peu de ventiler, mais on n'a pas non plus envie d'en parler deux heures, en vrai. On a envie de passer à autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est beaucoup de compréhension, finalement, de pouvoir se projeter, d'empathie, et puis surtout, pas de culpabilisation.

  • Speaker #2

    Zéro culpabilisation. Après, voilà, moi, je pense que j'ai une chance assez immense. C'est que je suis dans un pays, finalement, où on critique beaucoup. le peu de soutien aux parents qui travaillent. Et en même temps, moi je dis toujours, on idéalise un peu depuis l'Allemagne ce qui se passe en France. En Allemagne, il y a par exemple vraiment la culture de ce qu'ils appellent le fire event la culture de la soirée. C'est-à-dire qu'à partir de 5 ou 6 heures, ce n'est pas normal de travailler. Donc, je sais qu'à l'époque, on est arrivé à Munich, quand mon mari à l'époque… était encore à son bureau d'avocat en tant que stagiaire à 6h, 6h30, on lui disait mais rentre chez toi, t'es là pour profiter, t'as ta famille alors qu'à Paris, il était rarement à la maison avant 9h30 pour un salaire prof du néant. Donc, je trouve que ça permet quand même de profiter beaucoup plus et d'avoir un meilleur équilibre. Je n'ai jamais eu aucune remarque, comme certaines de mes amies à Paris, à 5h le vendredi, ah, mais tu prends ton après-midi Tellement classique. Zéro bienveillance. Mais moi, ça ne m'est jamais arrivé. Et au contraire, les gens disent à 5h, je pars. Et j'ai une collègue, une personne de mon équipe qui est absolument géniale. Elle, elle aime travailler très tôt. Moi, ce n'est pas mon cas. Quand je le fais, c'est vraiment parce que je n'ai pas le choix. Et elle commence souvent à travailler à 7h, 7h30. À 4h, 4h30, elle a fini de travailler. Elle n'a pas d'enfant.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être un choix qu'on fait aussi même quand on n'a pas d'enfant.

  • Speaker #2

    Mais voilà, en fait, c'est donner la possibilité aux gens qu'ils aient un hobby, qu'ils aient un parent vieillissant, qu'ils aient des enfants. de s'organiser autour de leurs contraintes de vie. Mais évidemment, de la part du management, ça demande une certaine organisation, parce qu'il s'agit de se dire, mon employé ou mon team member n'est pas là pour répondre à ma demande à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. C'est à moi de prévoir le boulot et de lui dire, voilà, on a une deadline pour temps, pas pour hier ni pour avant-hier. Tu te débrouilles, je suis là si tu as besoin pour un petit call, un petit WhatsApp. C'est vrai que je suis multidisponible, c'est un peu désinconvénient, mais ça marche. Mais après, chacun travaille de son côté autour de ses contraintes et autour finalement de ses passions en dehors du travail. Parce que c'est vraiment quelque chose qui, pour moi, qui est important, c'est de ne pas réduire ça, la question de la parentalité.

  • Speaker #1

    Oui, et puis si on le réduit à la parentalité uniquement, on peut avoir toute une partie de la population des effectifs qui se dit on n'en fait que pour les parents et finalement, nous, quand on n'est pas parents, on ne compte pas.

  • Speaker #2

    Oui, et après, voilà, moi c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis séparée avec mon ex-mari. Alors on me dira je suis mère célibataire Non, moi je suis coparent avec mon ex-mari. On s'entend très bien en tant que parents, et ce n'est pas du tout la même chose, on va dire, qu'une maman qui va peut-être être en couple, mais dont le mari va avoir énormément de déplacements professionnels et qui va se retrouver du lundi au vendredi en fait seule, ce n'est pas la même chose d'avoir cette chance immense que j'ai d'avoir deux enfants en bonne santé que d'avoir un enfant peut-être avec des besoins spéciaux, que d'avoir un parent vieillissant sans avoir d'enfant. Voilà, moi j'ai la chance d'avoir des parents en bonne santé, des grands-parents en bonne santé, des enfants en bonne santé. Et un employeur qui me donne la flexibilité. Donc ça, ça arrive quand même. Ça ne veut pas dire que c'est facile tous les jours, mais ça, pour moi, cette flexibilité, je le dis encore, je le dis à chaque fois qu'on m'interroge, mais si je n'avais pas mon manager, cette culture de travail, et un pays où on n'a quand même pas cette culture de travailler à 9h pour du présentéisme pour le présentéisme, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Et pourtant, je pense que tout le monde reconnaîtra que je suis extrêmement productive.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ce qui prouve bien que finalement, on n'a pas besoin de corréler les horaires de travail avec les compétences ou la capacité à travailler.

  • Speaker #2

    Absolument pas. Mais non, parce que par exemple, moi, je ne suis pas du tout efficace avant 10h du matin. Je n'aime pas du tout me lever le matin. Bon, je dois me faire violence parce qu'il faut quand même que je travaille. Et puis en fait, le soir, quand j'aimerais travailler, j'ai mes enfants. Mais en fait, la vérité, c'est que vaut mieux finalement travailler quand on est le plus efficace. Moi, si ça me va bien de travailler le samedi matin, je sais que certains vont pousser des cris d'enfraie. J'ai parlé avec des gens à qui ça ne convient pas du tout, mais moi ça me va, parce que ça me permet finalement de partir un peu plus tôt. Certains jours où il fait beau avec mes enfants, j'en profite, et le samedi matin quand elles vont être avec leur papa. je vais me concentrer sur du travail de fond et pendant trois heures, personne ne va me déranger.

  • Speaker #1

    Et puis, ça prouve bien aussi que finalement, l'employeur, quand il joue un rôle sur l'accompagnement à des temps de vie un petit peu particuliers où tu as besoin de te concentrer sur le personnel, ça finalement va te permettre de propulser le niveau pro aussi.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et c'est là où moi, j'ai eu énormément de chance. Et c'est là où je dis, il ne faut pas attendre que la société ou l'entreprise soit prête. On peut toujours, toujours... tous faire la différence. Dans mon premier poste, vraiment à responsabilité, qui était Associate Director Learning and Development dans une biotech, au dernier entretien, j'ai dit à la DRH, parce que je lui ai dit mais je ne vais jamais gérer en fait, avec deux enfants, une semaine sur deux, je dois aller gérer seule, je n'ai aucune famille à côté. Et je lui ai dit la question où je me suis dit bon, ça va être la fin, je vais écouter, j'ai mes enfants seuls une semaine sur deux, j'ai besoin de flexibilité. Aujourd'hui, la flexibilité, le poste est plus intéressant. le statut est plus intéressant, le salaire est plus intéressant, mais si je n'ai pas cette flexibilité, je ne pourrai pas faire. Et je me suis dit, c'est la fin. Là, j'ai ça. Et en fait, j'ai eu une personne absolument extraordinaire, Maria Castrezana, je peux la nommer, qui m'a regardée en me disant, moi aussi j'ai eu deux enfants, moi aussi je me suis séparée, et je te donnerai toute la flexibilité depuis le début, et on fera en sorte que ça marche. Voilà. Et moi, sans cette personne, je ne serais pas là en fait. Donc, une personne. Et on peut tous être cette personne.

  • Speaker #1

    Mais c'est une super conclusion. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton partage. Où est-ce qu'on peut te retrouver, Charlotte, si on veut échanger avec toi, si on veut te remercier pour tout ce que tu nous as dit ?

  • Speaker #2

    Écoutez, sur LinkedIn, tout simplement. Charlotte Boujassi. J'ai un nom que presque personne n'a. Un prénom avec ce nom que personne n'a. Je suis très facilement retrouvable sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Jacqueline.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Charlotte. On te retrouve très bientôt pour un autre sujet qui va, je suis certaine... beaucoup intéressé les jeunes parents.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, à très vite.

  • Speaker #1

    À bientôt, au revoir.

Description

Aujourd’hui, je reçois Charlotte Boujassy, experte en développement des talents dans l'industrie pharmaceutique et maman active.


Avec Charlotte, on a discuté de son parcours inspirant en tant que jeune maman, qui a su jongler entre ses ambitions professionnelles et sa vie de famille, le tout dans un environnement où le soutien aux parents reste souvent limité.


On a abordé des sujets forts comme :

  • Les défis de concilier parentalité et carrière dans un monde professionnel exigeant,

  • L’importance d’une vraie flexibilité au travail et du rôle clé des managers dans le soutien aux parents,

  • Comment la parentalité ne doit jamais être un frein à l’évolution de carrière, mais au contraire, un moteur de performance.


Charlotte met en avant l’urgence pour les entreprises d’instaurer une culture d’entreprise plus bienveillante et inclusive, qui permette aux parents de s’épanouir pleinement, tant au travail qu’à la maison.


Un échange inspirant et sans détour, qui pousse à réfléchir sur la parentalité en entreprise et à repenser nos façons de travailler.


Belle écoute !


Delphine


Musique : Titre: Gaia / Auteur: Nova Noma / Source: https://soundcloud.com/nova-noma / Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Carrière de parent, le podcast qui décomplexe la parentalité dans le monde de l'entreprise. Je suis Delphine et j'accompagne au quotidien les services de ressources humaines et les dirigeants dans la réussite de leurs projets parentalité pour leurs salariés. Dans chaque épisode, nous explorerons comment profiter au mieux de votre vie familiale et de votre vie professionnelle. Nous verrons ensemble toutes les solutions qui s'offrent à vous pour faciliter votre quotidien et vous permettre d'atteindre vos objectifs pros et persos. Pour cela, un jeudi sur deux. Je vais partager avec vous des astuces et bonnes pratiques et vous présenter des personnalités ou parcours inspirants. Mais avant toute chose, mettez le podcast dans vos favoris pour ne rater aucun épisode. Je vous souhaite une belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode de Carrière de Parent. Aujourd'hui, j'accueille Charlotte Boujassi. Bonjour Charlotte.

  • Speaker #2

    Bonjour Delphine.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir accepté de participer à cet épisode. Charlotte, comme le veut la tradition, dans un premier temps, je te laisse te présenter.

  • Speaker #2

    Très bien Delphine, alors je suis Charlotte Bougessy, je suis née et j'ai grandi à Strasbourg, mais je suis depuis maintenant une dizaine d'années à Munich avec mes deux filles et mes deux chats. Et je travaille dans une grande entreprise pharmaceutique japonaise où je suis en charge pour l'Europe du développement des talents et du leadership.

  • Speaker #1

    J'imagine que ce choix de carrière n'est pas dû au hasard, est-ce que tu peux déjà dans un premier temps nous raconter un petit peu ton parcours de maman en entreprise ?

  • Speaker #2

    Si je dois lier les deux, en fait, c'est assez simple parce que j'ai eu mes enfants assez jeunes. Donc, il a commencé très tôt ce parcours de maman en entreprise. J'ai eu ma première fille, en fait, à la fin de mon VIE, qui était un contrat de deux ans à l'étranger, que j'ai fait à l'époque chez Airbus à Munich. Et donc, je n'avais même pas 26 ans quand elle est née. Et après, je suis retournée, j'ai suivi mon mari à l'époque à Paris. Et là, j'ai en fait eu un premier contrat, à nouveau chez Airbus d'ailleurs. d'un peu moins d'un an. Puis après, on est retourné à Munich. Et en fait, j'ai eu comme ça pendant 4-5 ans des postes, on va dire, relativement juniors ou administratifs dans le domaine du learning and development. Et je voulais bien avoir mon premier, mon prochain step, faire un peu carrière, comme on dit. Mais en fait, en changeant de pays, en ayant une langue, voilà, l'allemand, que je ne maîtrisais pas assez pour prendre des postes à responsabilité en allemand. Et en ayant un, puis un deuxième enfant, à peine 30 ans, dans un pays qui n'est pas vraiment fait pour les mamans qui travaillent, ça a mis un peu de temps. Et en fait, je n'ai pas du tout une carrière idéale, telle qu'on décrit aux jeunes étudiants. J'ai finalement eu mon premier poste de manager il y a à peu près 3-4 ans. Et là, en fait, les choses se sont accélérées. Je suis toujours restée dans ce qu'on appelle le learning and development, donc autour du training, programme de leadership, identification, développement des talents. Et donc j'ai eu ce premier poste de manager il y a 3 ans et demi, 4 ans. Après j'ai changé de poste, je suis passée directement à Associate Director dans une petite biotech. Et après je suis retournée dans l'entreprise dans laquelle je suis aujourd'hui en tant que directrice. Et au final ça fait, on va dire, 3-4 ans qu'on peut dire de moi que j'ai une carrière, donc on va dire un début de carrière très lent, qui est dû à mon choix de parentalité assez tôt dans ma carrière. Mais voilà, aujourd'hui c'est vrai que quand on m'apprend, on me demande toujours comment je fais pour tout gérer. J'ai d'abord géré la parentalité et puis après la carrière. Je n'ai pas fait les deux tout en même temps.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est intéressant parce qu'aujourd'hui, ce que tu fais dans ton quotidien, c'est finalement d'accompagner les talents à se développer au sein de l'entreprise. Oui. Et ce que tu nous disais, c'est que finalement, ta parentalité t'a un peu freinée dans ta carrière ?

  • Speaker #2

    Oui, je pourrais dire ça. Maintenant, je trouve que c'est aussi un peu un choix, on va dire. Enfin, je pense que c'est des choses qu'on peut faire, que j'aurais pu faire. Après, j'ai eu des choix de vie où j'étais entre Munich et Paris, où mon mari à l'époque finissait son école d'avocat. Et donc, à ce moment-là, ça a convenu que je puisse prendre des boulots, on va dire, ce qu'on peut appeler alimentaires, en me disant qu'une fois que j'aurais eu mes deux ou trois enfants, à l'époque, j'étais un peu plus ambitieuse. Je recommencerai ma carrière. Donc, c'était quelque chose quand même que j'avais d'une certaine manière planifié, que j'avais en tête, que ce serait un peu plus lent. Et moi, ça m'a convenu. Donc, je ne peux pas dire que j'ai été discriminée de quoi que ce soit, parce que finalement, en Allemagne, j'ai pu prendre un an et demi à la maison. Ce qui aurait peut-être été un peu plus difficile si j'avais eu un poste à responsabilité. Et je dois dire qu'en tant que maman, ça a été absolument génial. Donc, maintenant que je suis retombée sur mes pattes, je peux dire que je n'ai aucun regret. Sur le moment, c'était un risque, mais c'est un risque que j'ai pris en pleine conscience. Puis j'ai eu la chance de rencontrer des bonnes personnes qui m'ont permis de prendre plus de responsabilités, mais une fois que ma deuxième fille avait 3-4 ans.

  • Speaker #1

    Au début, tu t'es vraiment focalisée sur ta famille, et puis c'est vrai que ton conjoint avait des besoins aussi pour se développer, donc tu t'es un petit peu concentrée sur ça, et ensuite à partir du moment où tes enfants ont commencé à grandir, et puis finalement tu as rencontré des personnes aussi qui t'ont accepté dans ce rôle de maman, tu as pu commencer à évoluer.

  • Speaker #2

    Voilà, tout à fait. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Et donc aujourd'hui, on se pose de plus en plus la question, comment est-ce qu'on peut essayer de faire les deux ? Donc à la fois mener une carrière épanouissante et profiter de ses enfants, parce que ça reste quand même quelque chose qui est primordial pour les jeunes parents. On voit que les entreprises commencent à se dire qu'il y a peut-être quelque chose à faire entre gérer la carrière de ses talents et accompagner la parentalité. Pour autant, il y a quand même encore beaucoup d'entreprises qui se disent que c'est un sujet intime. Parce que c'est très relatif au domaine du personnel. Est-ce que c'est ton avis à toi sur le sujet ?

  • Speaker #2

    Je vais être assez directe. Je pense que c'est la meilleure excuse pour ne rien faire. Parce que oui, c'est vrai que c'est un sujet en partie intime. Mais je crois que le Covid aujourd'hui a fait que beaucoup acceptent qu'il n'y a pas de séparation totale entre le privé et le professionnel. Si, quand on arrive au travail à 8h30 ou 9h, On a toute une journée derrière nous, déjà, que comme tout parent, on anticipe déjà la sortie de l'école, les devoirs, les courses et compagnie. Et encore, ça c'est là où tout se passe bien. On ne parle pas d'enfants malades, on ne parle pas de nuits absolument pourries. Je crois qu'il est difficile de croire que ça n'a aucun impact. Donc, en entreprise, je pense qu'une entreprise intelligente, stratégique, qui se dit que ça a un impact parce que ça en a un. Et je ne veux pas limiter ça aux enfants, il s'agit de tous les... personnes, tous les employés qui ont un rôle d'aidant d'une forme ou d'une autre. Si l'entreprise peut faire en sorte de faciliter la vie des salariés, ça les fidélisera, ça leur permettra de se développer, ça les rendra plus performants. Maintenant, voilà, ça requiert une intentionnalité qui est plus facile de mettre sous le tapis, derrière, c'est un sujet privé. Je pense qu'on peut le faire de manière intelligente, sans être intrusif dans la vie privée des gens.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que pour toi, il y a vraiment cette idée d'accompagner, de trouver des solutions pour faciliter le quotidien ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Je pense que tu fais partie d'une entreprise qui montre que c'est possible pour trouver des solutions de garde. Rien que le fait d'avoir une entreprise, et parfois c'est des toutes petites entreprises, il y a des grands comptes, des petits comptes. Pour un employé, avoir quelqu'un dans son entreprise, et une entreprise de façon générale, qui dit qu'elle veut avoir... une aide proactive pour les parents pour trouver un système de garde alors qu'on sait à quel point c'est difficile, c'est énorme je crois vraiment que pour attirer les gens et les fidéliser c'est incroyable après voilà, il faut une intentionnalité mais c'est faisable et après de façon plus générale, là j'ai proposé quelque chose de vraiment concret mais il y a aussi la flexité au quotidien et c'est quelque chose que je dis autour de moi une fois plus en Allemagne on a quand même... Mes filles, elles sont plus tard à la maison aux 3 et 5 heures. Si je n'avais pas une flexibilité dans les horaires, je ne pourrais pas travailler à plus de 80 Et ça, c'est des choses qui ne demandent finalement pas de grands investissements de la part de l'entreprise, si ce n'est d'avoir une culture de management, de leadership, dans la confiance et ce qu'on appelle en anglais l'empowerment des employés. Si les parents ont la possibilité de s'organiser autour des enfants de la manière la plus productive qui soit, très bien, moi ça m'arrive parfois de travailler à 7h ou de retravailler le soir. Mais si on me demandait de travailler tous les jours de 9h à 5h, je ne pourrais pas le faire.

  • Speaker #1

    Finalement, la culture de la synchrone peut tout à fait s'appliquer à une vie avec des enfants.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc tu nous as parlé de flexibilité. Qu'est-ce qu'il y a d'autre qui peut être important pour les parents ?

  • Speaker #2

    Je crois que c'est vraiment d'avoir un manager qui est un peu sensible à ces questions. Et je crois vraiment que ce n'est pas dépendant du fait qu'un manager ait ou pas des enfants. Et une fois de plus, ça ne dépend pas du fait d'avoir des enfants, ça peut concerner le handicap, ça peut concerner le rôle du parent aidant de façon générale. Mais d'avoir une entreprise et un manager, parce que finalement ça se joue souvent au niveau de l'équipe même. On peut avoir un PDG dans une énorme boîte qui dit vouloir aider les parents. Si on a un manager direct qui vraiment n'y paye aucune attention, ça ne va pas aider. Ce qui aide, c'est d'avoir un manager ou d'ailleurs des collègues. Et c'est là où pour moi, j'insiste, on peut blâmer une entreprise, on peut blâmer la société, mais en fait, on a tous un rôle, surtout quand on commence à avoir des niveaux de leadership intéressants. Mais aussi, finalement, en tant que collègues, on a tous un rôle à jouer pour créer un environnement safe pour les parents. Demandez comment se passe le retour de congé maternité. Demandez comment ça se passe les nuits. Demandez si vous avez trouvé une place en crèche. Demandez comment se passe l'entrée à l'école, parce qu'une fois qu'on commence avec les devoirs en CP, c'est encore une autre chose à gérer le soir. Mais juste avoir ces petites questions du quotidien qui montrent en fait qu'on sait ce par quoi la personne passe. Il y a un espace pour parler. Mais souvent, ça suffit. On a besoin un peu de ventiler, mais on n'a pas non plus envie d'en parler deux heures, en vrai. On a envie de passer à autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est beaucoup de compréhension, finalement, de pouvoir se projeter, d'empathie, et puis surtout, pas de culpabilisation.

  • Speaker #2

    Zéro culpabilisation. Après, voilà, moi, je pense que j'ai une chance assez immense. C'est que je suis dans un pays, finalement, où on critique beaucoup. le peu de soutien aux parents qui travaillent. Et en même temps, moi je dis toujours, on idéalise un peu depuis l'Allemagne ce qui se passe en France. En Allemagne, il y a par exemple vraiment la culture de ce qu'ils appellent le fire event la culture de la soirée. C'est-à-dire qu'à partir de 5 ou 6 heures, ce n'est pas normal de travailler. Donc, je sais qu'à l'époque, on est arrivé à Munich, quand mon mari à l'époque… était encore à son bureau d'avocat en tant que stagiaire à 6h, 6h30, on lui disait mais rentre chez toi, t'es là pour profiter, t'as ta famille alors qu'à Paris, il était rarement à la maison avant 9h30 pour un salaire prof du néant. Donc, je trouve que ça permet quand même de profiter beaucoup plus et d'avoir un meilleur équilibre. Je n'ai jamais eu aucune remarque, comme certaines de mes amies à Paris, à 5h le vendredi, ah, mais tu prends ton après-midi Tellement classique. Zéro bienveillance. Mais moi, ça ne m'est jamais arrivé. Et au contraire, les gens disent à 5h, je pars. Et j'ai une collègue, une personne de mon équipe qui est absolument géniale. Elle, elle aime travailler très tôt. Moi, ce n'est pas mon cas. Quand je le fais, c'est vraiment parce que je n'ai pas le choix. Et elle commence souvent à travailler à 7h, 7h30. À 4h, 4h30, elle a fini de travailler. Elle n'a pas d'enfant.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être un choix qu'on fait aussi même quand on n'a pas d'enfant.

  • Speaker #2

    Mais voilà, en fait, c'est donner la possibilité aux gens qu'ils aient un hobby, qu'ils aient un parent vieillissant, qu'ils aient des enfants. de s'organiser autour de leurs contraintes de vie. Mais évidemment, de la part du management, ça demande une certaine organisation, parce qu'il s'agit de se dire, mon employé ou mon team member n'est pas là pour répondre à ma demande à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. C'est à moi de prévoir le boulot et de lui dire, voilà, on a une deadline pour temps, pas pour hier ni pour avant-hier. Tu te débrouilles, je suis là si tu as besoin pour un petit call, un petit WhatsApp. C'est vrai que je suis multidisponible, c'est un peu désinconvénient, mais ça marche. Mais après, chacun travaille de son côté autour de ses contraintes et autour finalement de ses passions en dehors du travail. Parce que c'est vraiment quelque chose qui, pour moi, qui est important, c'est de ne pas réduire ça, la question de la parentalité.

  • Speaker #1

    Oui, et puis si on le réduit à la parentalité uniquement, on peut avoir toute une partie de la population des effectifs qui se dit on n'en fait que pour les parents et finalement, nous, quand on n'est pas parents, on ne compte pas.

  • Speaker #2

    Oui, et après, voilà, moi c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis séparée avec mon ex-mari. Alors on me dira je suis mère célibataire Non, moi je suis coparent avec mon ex-mari. On s'entend très bien en tant que parents, et ce n'est pas du tout la même chose, on va dire, qu'une maman qui va peut-être être en couple, mais dont le mari va avoir énormément de déplacements professionnels et qui va se retrouver du lundi au vendredi en fait seule, ce n'est pas la même chose d'avoir cette chance immense que j'ai d'avoir deux enfants en bonne santé que d'avoir un enfant peut-être avec des besoins spéciaux, que d'avoir un parent vieillissant sans avoir d'enfant. Voilà, moi j'ai la chance d'avoir des parents en bonne santé, des grands-parents en bonne santé, des enfants en bonne santé. Et un employeur qui me donne la flexibilité. Donc ça, ça arrive quand même. Ça ne veut pas dire que c'est facile tous les jours, mais ça, pour moi, cette flexibilité, je le dis encore, je le dis à chaque fois qu'on m'interroge, mais si je n'avais pas mon manager, cette culture de travail, et un pays où on n'a quand même pas cette culture de travailler à 9h pour du présentéisme pour le présentéisme, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Et pourtant, je pense que tout le monde reconnaîtra que je suis extrêmement productive.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ce qui prouve bien que finalement, on n'a pas besoin de corréler les horaires de travail avec les compétences ou la capacité à travailler.

  • Speaker #2

    Absolument pas. Mais non, parce que par exemple, moi, je ne suis pas du tout efficace avant 10h du matin. Je n'aime pas du tout me lever le matin. Bon, je dois me faire violence parce qu'il faut quand même que je travaille. Et puis en fait, le soir, quand j'aimerais travailler, j'ai mes enfants. Mais en fait, la vérité, c'est que vaut mieux finalement travailler quand on est le plus efficace. Moi, si ça me va bien de travailler le samedi matin, je sais que certains vont pousser des cris d'enfraie. J'ai parlé avec des gens à qui ça ne convient pas du tout, mais moi ça me va, parce que ça me permet finalement de partir un peu plus tôt. Certains jours où il fait beau avec mes enfants, j'en profite, et le samedi matin quand elles vont être avec leur papa. je vais me concentrer sur du travail de fond et pendant trois heures, personne ne va me déranger.

  • Speaker #1

    Et puis, ça prouve bien aussi que finalement, l'employeur, quand il joue un rôle sur l'accompagnement à des temps de vie un petit peu particuliers où tu as besoin de te concentrer sur le personnel, ça finalement va te permettre de propulser le niveau pro aussi.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Et c'est là où moi, j'ai eu énormément de chance. Et c'est là où je dis, il ne faut pas attendre que la société ou l'entreprise soit prête. On peut toujours, toujours... tous faire la différence. Dans mon premier poste, vraiment à responsabilité, qui était Associate Director Learning and Development dans une biotech, au dernier entretien, j'ai dit à la DRH, parce que je lui ai dit mais je ne vais jamais gérer en fait, avec deux enfants, une semaine sur deux, je dois aller gérer seule, je n'ai aucune famille à côté. Et je lui ai dit la question où je me suis dit bon, ça va être la fin, je vais écouter, j'ai mes enfants seuls une semaine sur deux, j'ai besoin de flexibilité. Aujourd'hui, la flexibilité, le poste est plus intéressant. le statut est plus intéressant, le salaire est plus intéressant, mais si je n'ai pas cette flexibilité, je ne pourrai pas faire. Et je me suis dit, c'est la fin. Là, j'ai ça. Et en fait, j'ai eu une personne absolument extraordinaire, Maria Castrezana, je peux la nommer, qui m'a regardée en me disant, moi aussi j'ai eu deux enfants, moi aussi je me suis séparée, et je te donnerai toute la flexibilité depuis le début, et on fera en sorte que ça marche. Voilà. Et moi, sans cette personne, je ne serais pas là en fait. Donc, une personne. Et on peut tous être cette personne.

  • Speaker #1

    Mais c'est une super conclusion. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton partage. Où est-ce qu'on peut te retrouver, Charlotte, si on veut échanger avec toi, si on veut te remercier pour tout ce que tu nous as dit ?

  • Speaker #2

    Écoutez, sur LinkedIn, tout simplement. Charlotte Boujassi. J'ai un nom que presque personne n'a. Un prénom avec ce nom que personne n'a. Je suis très facilement retrouvable sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Jacqueline.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Charlotte. On te retrouve très bientôt pour un autre sujet qui va, je suis certaine... beaucoup intéressé les jeunes parents.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, à très vite.

  • Speaker #1

    À bientôt, au revoir.

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