- Speaker #0
Alors, il faut définir éducation financière.
- Speaker #1
Je t'en prie.
- Speaker #2
Parfois, c'est aussi à une éducation. Donc, on n'a jamais été éduqué financièrement. Et donc, tout ça, ça se ressent effectivement dans sa sphère professionnelle.
- Speaker #1
Pourquoi j'ai voulu aborder le sujet de l'éducation financière chez les femmes entrepreneurs ? Tout simplement, parce que c'est un sujet qui me concerne déjà. Et en échangeant avec d'autres femmes indépendantes, j'ai eu envie de creuser et de comprendre l'impact de cette éducation sur les solopreneurs. Bienvenue dans la saison 2 de Ça suffit les conneries. Ça suffit les conneries, un podcast anti-bullshit sur la communication et l'entreprenariat. Il est là pour accompagner les indépendants à se détacher des injonctions et oser enfin communiquer selon leurs propres règles. En réalité, il y a trois grandes notions dans cette question. La première, c'est celle de l'éducation financière. La deuxième, celle de la question des femmes. Et la troisième, celle de l'entrepreneuriat féminin. Déjà, mettons-nous d'accord. Qu'est-ce que l'éducation financière ? Le Conseil de l'Organisation de coopération et de développement économique, aka l'OCDE, nous donne une définition. L'éducation financière, c'est un moyen pour améliorer la connaissance des produits, des concepts et des risques financiers des individus. Ça leur permet aussi d'avoir l'information, les compétences et la confiance nécessaires pour prendre des décisions financières éclairées, améliorer leur bien-être financier et participer à la vie économique. Si je résume, avoir une éducation financière, c'est ne pas faire l'autruche sur ce qui se passe sur tes comptes, comprendre ce que ton banquier te raconte lors des rendez-vous et ne pas paniquer quand il est temps de remplir ta fiche d'impôt. C'est pour ça que c'est important que l'éducation financière intervienne depuis le plus jeune âge, pour avoir le temps de se familiariser avec le système et tout son jargon. Évidemment, on pense tout de suite au rôle des parents sur le sujet et de la nécessité de cette transmission. Simplement, ça ne se fait pas dans toutes les familles pour des raisons diverses et variées. Dans mon cas, j'ai fait mon éducation une fois adulte et je ne suis pas la seule. Voici ce que nous dit Gaëlle Encarnot, chef de l'entreprise Quête de Sens Pro à ce sujet.
- Speaker #2
Moi, j'en ai fait les frais parce que je n'avais reçu aucune éducation financière. Du plus tôt que je me souvienne, je crois avoir abordé ce sujet-là avec mon père, mais je devais peut-être déjà avoir entre 18 et 20 ans, où il m'a juste dit finalement, tu sais, c'est important d'épargner. Mais juste avec ça, tu vois, sans vraiment savoir la raison, le pourquoi, le comment, comment même fonctionne notre société. Donc, je n'avais aucun repère.
- Speaker #1
Le témoignage d'Elena Daskalaki, coach professionnelle pour les entrepreneurs, abonde dans le même sens.
- Speaker #3
Moi, il y a quelque chose de positif quand même dans mon enfance, c'est que mes deux parents étaient entrepreneurs. Ils étaient à leur compte, donc c'est vrai que j'ai plutôt connu ce modèle-là. C'était un modèle, par contre, avec beaucoup de galères. Donc, ce n'était pas un fluide, ce n'était pas les grands entrepreneurs riches, etc. Mais j'ai vécu quand même cette liberté qu'ils avaient de ce côté-là. J'ai vu aussi un père qui était une catastrophe, je peux le dire parce qu'il ne parle qu'en grec avec l'argent, et une mère qui était plutôt une bonne gestionnaire. Donc, je t'avoue qu'en tant que femme, voir ma mère plutôt gérer le côté finance de la maison, je pense que quelque part inconsciemment, ça m'a aidé aussi à suivre un modèle qui était plutôt positif, malgré quand même le fait que c'était quand même plutôt galère à la maison.
- Speaker #1
Dans d'autres familles, sans s'asseoir solennellement autour d'une table, on explique dans les grandes lignes ce qu'est un budget, comment le gérer, et finalement, quel rapport avoir avec l'argent. C'est ce que nous raconte Adélaïde Naxos, bras droit du web.
- Speaker #0
Mes parents, ils nous ont quand même inculqué à moi et ma sœur, des valeurs et des façons de réfléchir qui peuvent s'apparenter à une éducation financière. Il y en a une à laquelle je pense, tu vois, je sais que mon père... on n'était pas pauvres, on n'était pas riches, comme à peu près Bruno. Mais je sais que par exemple, tu vois, quand on allait faire les courses, et qu'on voulait un petit paquet de bonbons, un truc du genre, mes parents, ils ne nous ont jamais dit non. C'est-à-dire que je sais que financièrement, peut-être qu'on pouvait se le permettre, mais en tout cas, ils ne nous ont jamais appris à nous priver financièrement, ce qui fait que je ne me prive pas. Je n'ai pas cette tendance à... Ah non, je peux pas. Tu vois, ça ne me stresse pas. Alors que ce n'est pas vrai. Je m'achète très très peu de choses. Mais je ne suis pas stressée, tu vois, déjà par le fait de dépenser de l'argent. Ça, c'est une première chose. Et ensuite, je me rappelle très bien que, par exemple, ma maman, quand on faisait des courses, elle me disait, regarde les prix au kilo. Tu vois, donc c'est un réflexe que j'ai de regarder les prix au kilo et de faire les comparaisons. Ça, c'est moins cher au kilo. Ça, c'est plus cher. Mais en même temps, moi, je n'ai besoin que de ça. Et le reste, je ne l'utiliserai pas. Donc du coup, je vais prendre plutôt celui-ci. etc etc chose que maintenant j'apprends à mon mari également il y a eu ça, on avait des comptes quand on était petite sur lesquels nos parents ils nous mettaient toujours de l'argent et une fois on voulait s'acheter un vélo avec ma soeur et donc ils nous ont montré l'état de nos comptes, ils ont dit voilà vous avez ça le vélo il coûte tant est-ce que vous pouvez le dépenser bon alors je suis pas sûre qu'on ait vraiment compris tu vois à ce moment là ce que ça voulait vraiment dire on a juste vu que ça rentrait dedans, on s'est dit bah oui et on a eu nos vélos rires Mais tu vois, il y avait cette notion de conte aussi. Et quand j'ai démarré dans la vie active, j'ai démarré à 18 ans, j'étais à picard surgelé. Et j'avais mes premières payes, etc. Évidemment, la première paye, comme beaucoup de monde, je l'ai cramée, tu vois. Genre, je me suis acheté des trucs, j'ai fait des cadeaux. Comme dame, je fais tout le temps des cadeaux quand j'ai de l'argent. Après, ma mère nous a toujours appris à mettre de côté. Ce qui veut dire que je mettais systématiquement une partie, peut-être même la moitié, je suis pas sûre, de ma paye de côté. et ça c'est quelque chose qui fait que quand on s'est marié avec Gaëtan j'avais beaucoup d'argent de gosé enfin beaucoup, selon moi, encore une fois mes calculs sont pas forcément très normaux, donc j'ai toujours eu cette espèce d'éducation tu vois, où on se prive pas mais en même temps on fait quand même attention on vérifie les prix on compare et on met de côté
- Speaker #1
Stéphanie Joncard, fondatrice de J'aime la paperasse et experte en micro-entreprise a un témoignage similaire je...
- Speaker #4
Je pense que je l'ai eu d'une certaine manière. Si on regarde, par exemple, l'argent de poche. Voilà, c'est un exemple tout bête, mais j'ai eu de l'argent de poche assez tôt à gérer. Et au fur et à mesure, ça a intégré des achats plus ou moins du quotidien. Donc, j'ai eu quand même cette logique assez tôt. Là-dessus, je pense que j'ai été aidée, sans pour autant qu'il y ait des moments où vraiment on se pose pour en discuter. Voilà, une manière déjà de se familiariser avec ces questions de gestion, le fait de prendre de l'autonomie là-dessus assez tôt, de manière progressive, et puis aussi après, par l'exemple simplement, de voir ce qui se passe chez les parents. Et si j'ai vu certaines choses, ça veut dire qu'on a pu en parler d'une certaine manière. Donc oui, je pense avoir reçu une certaine éducation financière, en tout cas au moins de base. et après ça se développe avec le temps et puis d'avoir toujours dans l'entourage des personnes avec qui pouvoir échanger justement sur ces sujets même adultes pour avoir des points de vue qui vont au moins enrichir la réflexion un
- Speaker #1
peu plus tard dans la saison avec des pros du sujet on te donnera des tips concrets pour reprendre tes finances en main ne t'inquiète pas Comme je te le disais un peu plus tôt, la deuxième notion, c'est le sujet des femmes. J'en suis une, et dans une société patriarcale, il y a de nombreuses inégalités qui creusent un fossé. Que ce soit la grille des salaires, les congés maternités, les congés parentaux, pris en majorité par les femmes, car souvent elles sont le salaire le plus faible du foyer, les temps partiels pour s'occuper des enfants, et d'autres raisons qu'on n'aura pas le temps de détailler, mais qu'Éloïse Boll, fondatrice d'Oseille Compagnie, aborde toujours très bien.
- Speaker #5
Les femmes, qu'elles soient freelance ou salariées, en moyenne, gagnent encore autour de 22% de moins que les hommes pour les salariés et 24% de moins pour les freelances. Donc, elles ont moins d'argent et par-dessus le marché, très souvent, elles assument seules les responsabilités familiales puisqu'elles sont à la tête de plus de 85% des foyers monoparentaux. Finalement, il y a quand même quelque chose qui est très important à prendre en compte, c'est que c'est bien joli de prendre des risques avec ton argent, mais tu prends des risques quand tu peux prendre des risques, quand tu es suffisamment riche pour prendre des risques. Dans l'échelle des investissements, si tu veux investir correctement, d'abord tu te fais une épargne de précaution. Ensuite, tu essayes d'avoir, ça c'est le top si tu y arrives, d'acheter ta maison. Et seulement ensuite, tu fais des investissements boursiers par exemple.
- Speaker #1
Aujourd'hui, ces sujets de société sont traités et abordés par des professionnels de la question et des personnes concernées. Ils méritent d'être en lumière pour qu'on puisse être conscient des axes d'amélioration. Par exemple, on parle souvent du fait que les femmes ne négocient pas leur salaire, mais on parle moins de cette réalité que nous livre Gaëlle, la fondatrice de Quête de Sens Pro.
- Speaker #2
J'aurais envie de te dire oui, je le ressens davantage chez les femmes, mais mine de rien, quand je parle avec beaucoup d'hommes, je me rends compte qu'il y en a plein qui n'ont jamais négocié leur salaire. Beaucoup me disent que finalement ils ont eu leur ascension professionnelle, mais que c'est venu un peu à eux, ou que naturellement ils se sont positionnés sur un autre poste, à une step supérieure, et on leur a fait une proposition qu'ils ont naturellement acceptée, mais ils ne sont jamais rentrés dans la négociation.
- Speaker #1
Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est qu'il y a une croyance persistante sur la relation entre les femmes et les chiffres. C'est ce que nous dit Estelle Bi, avocate en droit des affaires.
- Speaker #6
Cette année j'ai fait X euros. En fait, c'est des plus et des moins. Et en fait, les femmes vont beaucoup plus s'imaginer en mode Oh là là, ça va être ultra compliqué, je ne vais rien comprendre. Alors que moi, je pense que c'est vraiment tout l'éducation d'une manière générale.
- Speaker #1
Gaëlle Encarnot fait le même constat.
- Speaker #2
C'est vraiment la phrase de la famille. Pour nous, les femmes dans la famille, c'est la phrase De toute façon, cette famille, on est nulles en maths Ça, ça nous a suivies, et ça suit encore les nièces qui arrivent, mais que j'essaie de déconstruire là-dessus. Et effectivement, il y a un rapport entre, oui, les maths, OK, il y a les maths à l'école, mais en fait, il y a la logique mathématique, et c'est autre chose encore, et qui sert en fait dans notre quotidien. Et une fois aussi, on porte le regard différent là-dessus, on arrête déjà de se dire… Non mais c'est bon les chiffres, c'est pas pour moi. Mais si en fait, les chiffres sont tout autour de nous, toute la journée, tout le temps. On n'en a pas conscience, mais en fait la logique, on l'a déjà.
- Speaker #1
Pourtant, ça ne semble pas logique quand on sait que dans la majorité des foyers hétérosexuels en tout cas, ce sont les femmes qui gèrent le budget. Et Stelby et Stéphanie Joncard nous ont donné une explication à laquelle je n'avais jamais pensé. D'abord Stéphanie.
- Speaker #4
Je suis toujours choquée quand j'entends une femme qui a des enfants, qui a l'habitude de gérer plein de choses au quotidien. et au moment où elle crée son entreprise qui va dire ah non mais moi je sais pas faire je sais rien faire, j'ai pas l'habitude de gérer je ne sais pas m'organiser etc et qui n'a pas conscience qu'en fait, elle a déjà développé pas mal de compétences dans ce domaine. Donc oui, c'est un nouveau domaine. Oui, il y a des choses à apprendre. Mais dans la gymnastique, que ça demande de gérer les choses, d'avoir certaines choses en tête, de chercher aussi des supports, ça peut être des outils, etc. En tout cas, de ne pas rester démunie face à une problématique ou simplement la mettre de côté. Je pense que globalement, beaucoup de femmes développent des aptitudes pour ça. et qu'après, ça sert toujours. De toute façon, tout est lié. C'est une manière de fonctionner, finalement.
- Speaker #1
Puis, Estelle.
- Speaker #6
C'est très différent de gérer un budget parce qu'en fait, on t'explique. La gestion d'un budget, c'est... Aujourd'hui, j'ai, par exemple, le foyer, il y a 5 000 euros, tu vois, tous les mois. Et en fait, après, tu vas mettre dans des cases. Mais gérer pour gagner plus d'argent... ça n'a rien à voir. Tu vois, en logique, ce n'est pas du tout la même chose. Donc, parce que psychologiquement, tu vas dire, bon, bah, OK, il faut que je fasse telle ou telle chose, alors que, tu vois, moi, je suis un certain nombre de comptes sur Insta, sur l'éducation financière, et en fait, que je trouve assez extraordinaire parce qu'en fait, ils t'expliquent comment faire, voilà, c'est un découvert en plus. Donc, vraiment, pour te sortir un peu de la mouise, enfin, tu vois, c'est ça financièrement parlant, mais c'est très différent. de se dire, je gère un budget. Tu vois, tu es toujours dans un truc un peu de manque, quoi. Tu n'as pas suffi... En fait, ce que tu gagnes, ce n'est pas suffisant. Donc, ce que je fais, c'est des enveloppes. Il y a X euros qui est dédié ce mois-ci pour les courses. Il faut que je paye ensuite la cantine des enfants et tout. Mais après, quand tu dois gérer, faire un prévis pour comment gagner de l'argent... pour moi, c'est deux choses différentes. Tu sais, ton cerveau, il ne fonctionne pas de la même... Ce n'est pas du tout la même chose. Et en fait, surtout, c'est peut-être la psychologie de comptoir, quand tu gères un budget comme ça, tu es plutôt dans une vision un peu, entre guillemets, de manque. C'est-à-dire que je ne peux pas dépasser ça. Alors qu'en fait, normalement, quand tu es entrepreneur, tu te dis, bon, ok, l'année dernière, j'ai fait 50K, cette année, je vais faire 60K. Donc, en fait, on est plutôt dans une logique un peu de croissance. Mais comment tu fais pour justement faire cette croissance de différence de 10K ? Du coup, il va y avoir un impact dans les chiffres parce qu'il va y avoir des investissements. Donc, ce qui n'est pas du tout la même chose.
- Speaker #1
Depuis le Covid, il y a une grosse remise en question de la place du travail chez l'humain en général, et il y a une vraie quête de sens. Le travail, qui doit être dur, laborieux, laisse place à une action plus douce et réfléchie. Travailler, c'est oui, si on peut s'y épanouir. C'est souvent par cette quête que de nombreuses personnes s'intéressent à l'entrepreneuriat, remettre du sens, trouver une raison de se lever le matin. C'est ce qui nous emmène au troisième point que soulève cette question de l'impact de l'éducation financière chez les femmes solopreneurs, l'entrepreneuriat féminin lui-même. Comme le dit Estelle, c'est quelque chose qui reste assez nouveau et dont on se soucie peu. Le chiffre des femmes indépendantes est moins important que chez nos homologues masculins. Pourtant, elles sont les premières à choisir d'ouvrir une micro-entreprise. Y a-t-il un lien entre l'éducation financière et le choix de ce statut ? C'est la question qu'on se posera dans le prochain épisode. Si tu as aimé cet épisode, je t'invite à mettre des étoiles et ou un commentaire selon la plateforme via laquelle tu l'écoutes. Et surtout, tu peux venir suivre Ça suffit les conneries sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn et Threads. Je te dis rendez-vous pour le prochain épisode. A très vite !