- Speaker #0
Né de l'imaginaire d'Enki Bilal en 1992, puis concrétisé par l'artiste néerlandais Iepe Rubingh en 2003, ce sport qui mélange la boxe anglaise et le jeu d'échecs est aujourd'hui en plein essor car il est tout simplement génial. Bienvenue dans le podcast du chessboxing. Bonjour à tous et bonne année. C'est la rentrée aujourd'hui, et je suis hyper contente de reprendre avec vous après ces deux semaines de vacances. C'est le premier épisode de l'année, et la deuxième partie d'entretien avec Guillaume Salançon, avec qui je travaille au quotidien depuis bientôt deux ans, qui est, pour ceux qui ne le savent pas, président de la Fédération de Chess Boxing de France, mais aussi producteur des IFC, la Ligue privée de Chessboxing Intellectual Fight Club et en fait plus globalement un des plus gros meneurs du Chessboxing en France. Si jamais vous n'avez pas écouté la première partie donc l'épisode précédent, je vous conseille d'y aller en premier, ce sera plus agréable de commencer par le début et plus cohérent pour comprendre ce qu'on va expliquer aujourd'hui. En tout cas, je trouve que ça a tout son sens de commencer l'année en parlant de questions assez profondes, de visions, d'identités et de répondre aussi à des possibles objections que... des gens peuvent avoir sur notre travail. Mais aussi, j'ai vraiment voulu questionner Guillaume assez profondément pour qu'il m'explique ce qu'il a dans la tête, pourquoi il fait ce qu'il fait, ce que ça lui apporte. Et j'ai trouvé cet épisode vraiment passionnant. On rentre vraiment dans l'intime. Je trouve que c'est vraiment très riche et ça m'a vraiment énormément plu. J'espère que ça vous plaira autant qu'à moi. Donc Guillaume, à la fin de l'épisode précédent, on parlait des IFC et je te demandais où est-ce qu'on en est fin 2023.
- Speaker #1
On est un peu bloqué parce qu'il faut qu'on trouve des financements. Donc, on a un petit peu levé le pied là-dessus parce qu'il faut qu'on s'assure une pérennité sur ces projets-là. Et donc, à ce moment-là où on commençait un peu à être en réflexion, donc novembre 2023, où on se disait, voilà, comment est-ce qu'on fait ? Comment est-ce qu'on relance la machine ? On a été contacté par Paris 2024. et le projet Olympiade Culturelle pour faire un événement, enfin pour faire un IFC à l'Olympia lors de trois jours avant les JO. Et là, ça a été une sorte de révélation, c'est-à-dire qu'en fait, les personnes qui nous ont contactées étaient vraiment extraordinaires et elles ont compris que dans cette Olympiade Culturelle, le chestboxing avait plus que sa place. C'est-à-dire que non seulement sa place en tant que discipline hybride qui mêle art et sport, mais aussi comme événement à proprement parler, parce qu'il n'y avait que des spectacles magnifiques. Il y avait un spectacle d'apnée dans tous les lieux de l'Olympia, un truc sublime avec de la musique. C'était vraiment magnifique. Mais c'était un spectacle, c'était un truc qui était répété, qui était préparé. Nous, on allait arriver sur le ring et il allait y avoir deux combats dont on ne savait pas la finalité, comment ça allait se passer. Et ça, ça a amené à un truc où en fait, tous les gens... Ce qui m'a marqué, c'est plus les gens qui travaillaient à l'Olympia. Les régisseurs, les techniciens, qui ont été déjà des professionnels incroyables, des gens extraordinaires avec qui tu te sens bien direct, mais qui ont vécu ce qu'on a vécu pendant le deuxième combat. Parce que le premier combat de Kenza Esnera était superbe, mais le deuxième nous a provoqué une émotion totale avec le chaos de Karl. Et en fait, ce qui s'est passé ce soir-là, Ça a été pour moi, je pense, une consécration absolue parce qu'au niveau de la production de tout l'événement, c'était extraordinaire. Parce qu'encore une fois, les équipes incroyables, Enki qui avait fait la DA, tout le monde à fond, tout le monde avait conscience de l'événement qu'on était en train de vivre. 2500 personnes en plein JO, enfin juste avant les JO. Et donc à ce niveau-là, j'étais pleinement heureux. Je me disais que voilà. que c'était quelque chose qui allait être incroyable pour le sport. Et ça l'a été. Mais le problème, c'est que le sport a repris ses droits. T'as beau préparer tout ce que tu veux, t'es pas à l'abri d'un chaos au bout de deux minutes de boxe. C'est ce qui s'est passé avec Karl. Ce qui, moi, m'a fait vraiment redescendre un peu de l'euphorie de l'événement parce qu'on a eu hyper peur. Et voilà, Karl a été hyper important pour moi. Mais voilà, ça a été hyper dur de vivre ça. Et ça m'a fait aussi, pareil, me prendre conscience qu'il fallait qu'on fasse vraiment très attention à la sécurité, que c'était de moins en moins un jeu, que le niveau, il progressait de folie, et que les mecs, ils devenaient vraiment des super bons boxeurs. Et qu'effectivement, Valentin, c'est monstrueux maintenant. Et voilà. Et en même temps, c'est aussi ça qu'Enki a créé, qu'on a voulu nous développer. Moi, Valentin... Je l'ai connu au tout début et je vois son évolution, c'est absolument incroyable. Et c'est comme Karl aussi, pareil. Je vais dire un mot sur Karl quand même, parce que Karl, lui, fait partie aussi de ces gens-là qui m'ont aidé dans l'IFC. Parce qu'à un moment donné, il était champion, lui, en Angleterre. Donc c'était vraiment le goat, quoi. Il était un vaincu. Et à un moment donné, je lui ai dit, c'était un peu un mythe, tu vois, pour moi, d'arriver à lui parler. J'étais un peu intimidé, tu vois, au début, et on parlait pendant des heures, des heures, des heures. Et à un moment donné, je lui ai dit, écoute, en fait, il faut que tu viennes, on va créer cette catégorie avec Jules, toi, Valentin. Sergei, il y a plein d'autres, il y a Alexander Zozulia et tout ça. Cette catégorie, on va dire Masters, où les mecs jouent très bien aux échecs, donc plus de 2000 élos, on va dire, et 85 kilos. Et je lui dis, elle va nous aider, cette catégorie, parce qu'il y a vraiment de l'adversité. Et on va montrer aux gens ce que c'est vraiment du chess boxing propre, vraiment avec du beau jeu d'échecs et de la belle boxe. Et donc, il est venu et il m'a dit, oui, il a accepté le combat contre Jules, tu vois, qu'il a gagné au cabaret sauvage. Donc ça, ça fait partie des IFC, c'était les IFC 3, 2 ou 3. Et il a gagné. Donc, il a gagné la couronne. Et donc, du coup, il a fait lui-même son documentaire, qui est absolument génial. Et voilà. Et puis, du coup, il est rentré dans la ligue. Et en fait, Karl, ça a été une sorte de catalyseur. Enfin, en gros, il a accepté de changer de ligue pour venir s'essayer à l'IFC et pour se dire, OK, est-ce que je suis le meilleur ou pas, tu vois. Et en fait... Voilà, aujourd'hui, les plus beaux combats de Karl. Enfin, il a eu des très beaux, mais le combat contre Jules, il est dingue. Et celui contre Valentin, malheureusement, il n'est pas dingue. Mais le fait qu'ils viennent et le fait qu'on fasse ces combats avec lui, ça a fait qu'en gros, le chessboxing mondial s'est réuni et que tout le monde a compris. En fait, il a été celui qui a fait comprendre à tout le monde que l'IFC, ça valait la peine de venir parce que... C'était là, en gros, où on allait vraiment pouvoir déterminer qui était le champion. Donc voilà, toute cette période-là, entre le premier où on débute et le dernier en 2024 à l'Olympia, où on fait quelque chose qui vraiment tient la route et qui visuellement a fait connecter les gens, a fait comprendre aux gens que notre sport était très, très sérieux.
- Speaker #0
On a une très belle production vidéo. On retrouve des très belles images sur YouTube.
- Speaker #1
Oui, sur la chaîne YouTube de l'IFC. Vas-y, on fait de la promo.
- Speaker #0
Et donc là, les IFC, l'objectif, c'est d'aller en organiser un peu partout dans le monde.
- Speaker #1
Oui, alors ça, ça serait absolument le rêve absolu. Là, je combinerais passion du chessboxing plus passion des voyages. Non, non, non, oui, ça, c'est vraiment l'objectif. C'est une ligue internationale. Alors évidemment, on les a fait en France, à Paris et à Sète, parce que c'est pratique pour nous. Mais l'objectif, c'est sûr, c'est d'aller dans tous les pays forts en chessboxing. On a déjà beaucoup de pays qui sont hyper motivés. Là, je dois aller à Istanbul, voir Dogukan et tous nos amis turcs. Il faudrait qu'on fasse quelque chose à Berlin avec Joseph. J'ai nos amis russes de Saint-Pétersbourg qui veulent aussi qu'on fasse des choses là-bas. Donc voilà, moi, l'envie, elle y est. On a tous très envie. Après, le problème, c'est toujours la même chose. Il faut qu'on ait un modèle économique qui tienne la route parce que c'est trop... Parce qu'on ne peut pas assumer de telles sommes si on n'a pas soit des partenaires, soit des gens qui achètent ou un apport financier. Donc voilà, on le fait un peu au jour le jour. On essaye de démarcher des partenaires. On essaye de continuer à faire vivre le truc et à sensibiliser au sport. J'ai un bon espoir. Aussi, tu vois, je vois avec certains streamers avec qui on travaille, avec... certaines chaînes de télé. Je sens qu'il y a une envie. Après, c'est un peu compliqué de dire de quoi sera fait demain, mais je pense que visuellement, ce sport, il mérite une exposition. Et donc, je pense qu'à un moment donné, tous ces partenaires-là comprendront. Je pense que les gens commencent à comprendre de plus en plus. Mais je pense que très rapidement, des chess.com ou des Décathlon, des gens avec qui on a envie de travailler en gros, parce que ce sont des marques qu'on aime, on est tous sur chess.com, on a des valeurs communes. Mais je pense que ces gens-là comprendront à un moment donné. Mais pour que ces marques et ces partenaires comprennent, il faut que nous aussi, on fasse notre bout de chemin. et qu'à mon nez, ils se disent non, mais oui, c'est vraiment… ce sport a vraiment un avenir et donc on veut y aller. L'idée, pour moi, elle est de toujours… j'ai du mal à demander des choses à des partenaires ou à des gens. J'ai plus envie de leur dire regardez, venez monter avec nous, on va vivre un super truc, tu vois. J'ai plus envie que… Par exemple, Chess.com ou Decathlon considèrent le fait de venir être partenaire du chessboxing que ce soit une chance pour eux. Enfin, pas une chance, mais en tout cas une opportunité. Plus que de se dire, oh bon, les pauvres, on va leur donner, tu vois. Je n'ai pas envie qu'on fasse pitié, je ne veux pas qu'on fasse pitié. Notre sport, il ne fait pas pitié, tu vois. Par respect pour ceux qui le pratiquent, notre sport, il est sérieux, il est établi et il a des bases solides, tu vois. On se débrouille très bien, on fait notre petit bonhomme de chemin. Tous les gens qui sont dans notre communauté sont des gens qui sont passionnés, qui ont un super bon état d'esprit.
- Speaker #0
Et donc, on a parlé des IFC et on va parler de l'autre casquette que tu as. Comment est-ce que tu te retrouves aujourd'hui président de la fédération ? pas française, mais de la Fédération de Chess Boxing de France. Parler un petit peu aussi du travail qu'on fait ensemble, des missions, de la vision, et aussi pourquoi tu as créé cette FEDE et où est-ce qu'on va.
- Speaker #1
L'idée de la FEDE, si tu veux, c'était pareil, c'était un truc assez naturel. C'est-à-dire que le jour où, avec Thomas, on décide d'aller faire un peu le tour de France et d'aller voir s'il y a des chessboxers qui existent, on ne sait pas ce qu'on va trouver. Un gars à Angers, un gars à La Rochelle, un gars à Nantes, un gars à Toulouse, un gars à Montbéliard. Et quand on rencontre tous ces personnages, qui sont tous extraordinaires, à un moment donné, je dis à mon cousin, c'est un peu un délire, mais en fait, j'avais l'impression de vivre à la communauté de l'anneau, tu sais, des seigneurs des anneaux. Car à un moment donné, des mecs qui se retrouvent, tu sais, pour une mission. J'ai pensé à deux trucs. J'ai pensé aux seigneurs des anneaux et j'ai pensé à Kaamelott, où le roi Arthur doit fédérer toutes les provinces, machin. Et bien là, j'avais un peu cette idée-là, où en gros, je me retrouvais avec des gens qui arrivaient un peu de toute la France et je me suis dit, en fait, on est en train de créer... une équipe de France, mais si on a une équipe de France, il faut une fédération, tu vois. C'est vraiment le truc, genre, on va faire comme les vrais sports. C'est comme un peu des gamins dans une cour d'école qui se disent, on va jouer aux cow-boys et aux indiens, tu vois. C'est le même truc. Là, on va jouer à avoir une fédé. Et donc, du coup, on a vraiment fait ça, mais on a voulu... Et moi, c'est un peu mon délire. Il y a longtemps, il y a quelques années, j'ai voulu créer une micronation. Tu vois, ce truc de dire, on prend des codes qui sont déjà existants et on va les faire, on va les détourner, on va les faire nôtres, tu vois. Et en gros, l'idée, moi, ce qui me plaisait dans la fédération, c'était de me dire, putain, on va monter une fédération qui ne peut pas s'appeler fédération française, effectivement, parce qu'on n'a pas encore l'agrément, mais on va monter une fédération et en gros... On fera ce qu'on veut dans cette fédération, tu vois. On pourra être un peu avant-garde, être un peu, tu vois... Bon, au final, c'était un peu un délire, parce qu'en fait, au final, il faut être hyper sérieux, il faut faire le truc hyper bien. Mais si eux, il y avait cette envie de se dire, ah ouais, c'est un peu comme ça, une aventure humaine qu'on va vivre ensemble et qu'on va créer. L'idée, elle part que comme ça, tu vois, elle se dit, putain, on y va. Et quand on se dit qu'on va faire ça, tous, ils disent, mais il faut que ce soit toi le président. Parce que moi, à la limite, c'était même pas... Mais comme j'avais eu ce rôle un peu de catalyseur et tout machin, ben j'ai dit oui, tu vois, j'ai dit oui, on y va. Mais sans même me dire les conséquences que ça allait. Je ne l'ai pas pris au sérieux. L'idée, c'était de trouver un peu de sous pour qu'on parte à 10 au championnat du monde et qu'on fasse ce truc-là, qu'on ait des survêtes. qu'on est l'équipe et qu'on est France écrit sur les survêtes, moi, ça me faisait délirer. Mais ça me faisait délirer à la fois de façon... Ça me faisait rire, mais j'étais hyper premier degré. C'est-à-dire que je me disais, putain, mais on a le droit de s'appeler équipe de France, même si personne ne savait. Le ministère des Sports, ils ne connaissent pas notre existence. Eh bien, on parlait au nom de la France, tu vois. Tu vois ce que je veux dire ? Il y avait un truc comme ça que je trouvais génial, de rêve de gosse à vivre. On va dans une compétition internationale et on est l'équipe de France, tu vois. et on va chanter l'hymne, ou on va, tu vois. Et en fait, au début, moi, j'étais là, tu sais, quand tu sais que tu joues un rôle, mais que tu t'arrives à te convaincre un peu de le faire pour les autres, et qu'en fait, tout le monde arrive à se convaincre, et qu'en fait, comme tout le monde arrive à se convaincre, à un moment donné, ça devient sérieux. Donc il y a eu tout ce truc-là, qui fait qu'à un moment donné, c'était un peu plus un délire, un peu, pas un délire, mais un truc un peu, on se dit, allez, c'est une performance, on va créer un truc, on va s'amuser, on va faire un truc un peu insolite. Et au final, le résultat, c'est le documentaire. Il faut que les gens le regardent parce que j'explique un peu tout ça. C'est un peu redondant, mais en gros, voilà. Et avec tout ce qu'on a vécu, on s'est dit non, mais attends, on ne peut pas partir et se dire au revoir et dire ça y est, c'est fini. Si tu veux, on était pris tous à notre propre piège. C'est à la fois quelque chose où je me dis encore un truc de plus, mais au final, qui m'apporte tellement de plaisir que je suis très, très, très heureux d'avoir fait ça. Donc, c'est comme ça que tout part.
- Speaker #0
Donc, il y a cette expérience à Antalya en 2019 où vous partez. Donc, pour la première fois, il y a une vraie équipe de France avec des maillots, avec l'hymne, avec la Coupe de la meilleure nation. Qu'est-ce qui se passe en 2019 quand tu rentres dans ta lia, quoi ?
- Speaker #1
C'est très, très partagé parce qu'on se rend compte qu'on a vécu un truc extraordinaire entre nous, mais qu'on a vachement de mal à l'expliquer aux gens. Mais ce qui a été génial, c'est qu'on filme depuis le début. Pas depuis réellement le début parce que les premières réunions, les premiers rassemblements, je les ai faits seuls. Mais très rapidement, j'ai demandé à deux amis à moi que j'avais à l'époque avec qui je travaillais sur des petits courts-métrages pendant mon festival. Je leur ai dit en fait, venez les gars, je vis un truc incroyable, je rencontre des gens de ouf. Et en fait, je suis sûr qu'il y a un truc à faire, il y a un film à faire, il y a un doc à faire là-dessus. Venez, suivez-moi un week-end. Et vous me dites ce que vous en pensez. Et en fait, à partir du moment où ils sont venus, le premier week-end en juin à Belfort, moi, j'avais fait un premier rassemblement en avril et la FEDE était déjà créée en avril 2019. On a créé l'assaut en avril 2019. Et donc, ils sont venus, ils ont filmé. Et puis après, ils ne m'ont pas lâché, en fait. Ils m'ont filmé pendant un an et ils ont filmé toute l'aventure. Donc, en fait, on avait des traces de ça. Donc, en fait, on sort de là. on est tous contents, on explique un peu tout ce qu'on a fait à nos familles mais bon ils sont contents pour nous mais il n'y a personne qui en parle dans la presse on n'est pas officiel, tout le monde s'en fout et là on se dit nous on a des images et on va essayer de monter quelque chose on va faire un film sur cette histoire sur cette aventure et donc commence le travail où en gros avec les deux réalisateurs du film On se met à dérusher, à faire des montages, à rencontrer des producteurs, à aller voir des chaînes. Le truc s'est fait comme ça et en fait, on s'est dit, on ne peut pas l'expliquer à nos proches, on ne peut pas leur en parler, mais par contre, on va pouvoir leur montrer. Donc du coup, on s'est dit que ça allait être notre façon. En fait, c'est comme si tu fais un peu un film de vacances. Sauf que là, on s'est rendu compte de la difficulté justement de ne pas faire un film de vacances et faire un film qui peut plaire à n'importe qui au grand public. Donc là... Si tu veux, l'idée était de vraiment faire comprendre ce qu'on avait vécu, mais en même temps, c'est développer une autre corde à son arc, qui m'a vraiment plu aussi dans ce travail-là de production de films. Mais en gros, pour répondre à ta question, ce qui se passe après, il y a ça, donc l'envie de faire ce film, et après, très rapidement, il y a le Covid. C'est-à-dire qu'en fait, on finit de tourner le film, parce qu'on fait des entretiens après les championnats du monde avec tous les combattants, genre une semaine avant le Covid. On est à Montbéliard et on rentre et en fait, bim, on se fait confiner. Et là, on est à distance avec les deux réalisateurs et on échange, on dérush et on commence à travailler là-dessus. Et après, très rapidement, après le Covid, Yéppé décède. Et donc là, ça pareil, ça a été le coup qui a failli nous faire tout arrêter. Mais à tous, que ce soit à tous, les Indiens, les Allemands, ça a été terrible. Soudain, terrible. Iepé est venu une semaine chez moi avant le Covid. Et c'est pour ça que je parlais de M83. C'était des musiques qu'il aimait, c'était des choses qu'il m'a dit. Donc on avait parlé de ce qu'on allait faire, du futur. Tu vois, on a été hyper motivés. On devait avoir un IFC qui était programmé pour avril 2020. Donc tout a été annulé. Enfin, tout c'est Iepé qui disparaît. Là, on était vraiment au plus mal et puis donc on s'est dit, écoute, on ne peut plus faire de chess boxing. La seule chose qu'on doit faire, c'est se plonger dans le film. Et on a travaillé tous les trois pour que le film se fasse. Donc, on est allé voir une chaîne de télé, on est allé voir des coproducteurs. Et le film est sorti en mars 2023 sur Canopus. Donc ça, ça a été une vraie grosse période pour s'occuper du temps. tant qu'on ne pouvait pas faire de chest boxing, donc il fallait bien faire des choses. Donc on a mis toute notre énergie dans ce film, donc c'est ce qui s'est passé après. Et donc là, si tu veux, cette fédé qui était arrivée comme une sorte de... comme un truc un peu... Abstrait, quoi. Comment ?
- Speaker #0
Un peu abstrait,
- Speaker #1
quoi. Oui, abstrait, mais plus de l'ordre du jeu, tu vois. On s'amusait, on se dit on va monter une fédé, puis on verra ce que ça... Là, on prend conscience. qu'il faut que ça vive et que justement, que grâce à la FED et ce qu'on va développer en France, que l'esprit de Yéppé continue à vivre parmi nous. En fait, on s'est tous rendu compte que la seule solution pour faire notre deuil et pour accepter sa disparition, c'était de continuer d'être des soldats du chess boxing, ce qu'il aurait aimé faire. C'était son rêve absolu. Moi, j'ai beaucoup parlé avec sa mère et son frère à ce sujet-là. Et c'est aussi pour ça que j'ai repris les IFC, pour honorer sa mémoire et le faire vivre par son œuvre, par ce qu'il avait créé, par le jazz boxing. Donc du coup, on se dit, OK, on va se concentrer sur la FED. On va évidemment... continuer à participer au championnat du monde s'il y en a qui peuvent être organisés parce qu'il y a eu du mal, enfin on a eu du mal à en faire et les prochains ont été en 2022, donc trois ans après. Et en même temps, on va essayer de se structurer et vu qu'on a Kamel à Montbéliard, Paul à Toulouse, Antoine à Nantes, Jules à Angers, vous, toi et tous les Parisiens, Lara à Lille, tu vois, on s'est dit, En fait, on a des clubs et on a une fédération, donc on va vraiment essayer de développer ça et de le faire le plus sérieusement possible. Alors, ça ne se fait pas comme ça, du jour au lendemain, c'est très long, c'est très compliqué. Et les choses se sont mises en place petit à petit. Il faut dire qu'il a stagné un peu, et puis après, tu es rentré dans la partie Mona, et là, on a mis une autre dynamique en place. Ça t'a permis de faire en sorte... que sa structure, qu'on crée des clubs. Donc voilà, on a étoffé un peu l'équipe. Tu vois, toi, tu as pris ta part. Il y a aussi Thomas qui s'est plus investi, Paul aussi qui s'est investi beaucoup, Lara, Kamel. Donc après, j'ai du mal à en parler parce que ça serait plus à toi d'en parler si on devait parler de la FED. Pour moi, ce qui est important, c'est que le sport soit défendu par des valeurs et des missions et des objectifs. qui en tout cas nous semble important pour le développement du chess boxing. C'est pour ça qu'on a défini cinq grandes missions pour la FEDE. La première mission, c'est la mission sportive, mise en place des clubs, en gros le chess boxing pour tous, c'est-à-dire essayer de mettre en place le plus de dynamique, d'initiatives, de clubs dans toutes les villes où on pourrait avoir des gens qui auraient envie de s'essayer au sport. L'idée, c'est de structurer les clubs, de structurer les éducateurs, les arbitres, créer toute cette petite communauté, en tout cas, lui donner de plus en plus de force, d'organisation pour que tous ceux qui veulent pratiquer du chess boxing, ils aient un club pas très loin de chez eux. Ça, c'est le boulot sur lequel toi, tu travailles énormément et qui fait qu'aujourd'hui, je crois qu'on a à peu près une vingtaine de clubs actifs et on a une vingtaine de clubs en préparation. Enfin, en gros... On va pouvoir avoir une quarantaine de clubs d'ici 2026. Et puis, ce qui est aussi hyper gratifiant en faisant ça, c'est qu'on se rend compte de l'engouement qu'il y a et de l'envie de chessboxers ou de futurs chessboxers de créer des clubs. J'étais à Nantes il y a trois semaines, j'étais à Lille le week-end dernier, et de voir toutes ces dynamiques, ces énergies, et en gros... Moi, je vis comme dans un jour sans fin. Tout ce que je vois, par exemple, le club de Lille qui se crée, j'ai vu le club de Toulouse se créer deux ans avant et il y a les mêmes mécanismes, les mêmes fonctionnements. Ce sont des communautés qui se créent, des gens qui s'aiment bien, qui ne se connaissent pas, qui se découvrent. Tu as des gens qui viennent de la boxe, des gens qui viennent des échecs, c'est des mondes qui se rencontrent. Et ça fait forcément des choses hyper intéressantes. Je vois le club de Rennes, par exemple. une dynamique incroyable. Ils ont leur maillot, ils ont leur logo, tout le monde a le logo, ils font partie du même truc. Tu vois, il y a ce sentiment d'appartenance de club qui est hyper important, qui fait que voilà, tu vois qu'en fait, les gens, ils ont besoin de ça, en fait. Ils ont besoin de vivre des aventures, de se retrouver ensemble avec des gens qui partagent la même passion. Outre le fait de sa condition sociale ou de son origine ou de son statut, tu vois, son niveau de vie, les gens se retrouvent et font du chess boxing et c'est ce qui les réunit. Et voilà, donc ça, c'est le pilier le plus important, on va dire, de la FED. Mais après, on s'est rendu compte aussi, par notre expérience, que le chestboxing pouvait, en plus d'être juste un sport qui fait du bien, pouvait être un sport qui fait du bien aussi au cerveau, à l'âme. Et donc, ça pouvait toucher des choses qu'on ne soupçonnait pas au début. Mais ça, c'est des choses, personnellement, moi, que j'ai compris avec le contact de Kamel, quand je voyais comment il pouvait... enseigner le chess boxing dans les quartiers ou à la PJJ, en gros pour les jeunes qui sont quand même un peu en difficulté. Donc lui, il serait pareil, il serait à même d'en parler, beaucoup mieux que moi. Et voilà, travailler sur le fait que le chess boxing peut valoriser, peut aider à prendre confiance, peut aider à se concentrer. Donc il y a ce côté-là, le côté, on va dire... travailler en zone un peu sensible dans les quartiers. Mais on a aussi envie de travailler, une autre mission c'est de travailler dans les écoles, donc l'aspect pédagogique. On a aussi fait l'expérience de stage en prison et en milieu carcéral. On a un de nos champions qui a appris à jouer aux échecs en prison et c'est quelque chose qui fonctionne hyper bien. Donc, on a eu l'occasion de faire des stages. Voilà, tout ça, c'est hyper intéressant parce que du coup, ça amène le chess boxing aussi à d'autres niveaux. Un niveau social qui, moi, m'intéresse et qui intéresse tous les chess boxeurs. D'ailleurs, il y a le club de Villers-le-Bel, j'aimerais en parler deux minutes, mais qui est... mené par Emmanuel et toute son équipe, et qui se sert du chessboxing pour alimenter son programme de mentoring et pour l'aider dans tout le travail qu'ils font avec tous les jeunes de la ville. Et les résultats sont dingues. Les résultats sont très concrets et très rapides. On le voit tout de suite. Donc on se dit qu'il y a vraiment une dimension sociale, pédagogique, en plus de la dimension sportive. qui pour moi, ces dimensions-là sont aussi importantes que la dimension sportive ou la création de club. C'est-à-dire qu'on peut amener le chessboxing à d'autres publics qui n'auraient pas forcément eu accès. Et en plus de ça, via le chessboxing, on va leur donner quelques clés, quelques codes. Par exemple, le truc tout bête, mais l'idée de perdre aux échecs est hyper intéressante parce que quand tu perds, la seule façon de ne pas refaire l'erreur, c'est d'analyser ta partie. Donc analyser pourquoi tu as perdu. Et en gros, le carré-clé, d'ailleurs, leur devise est vraiment hyper intéressante aux jeunes. Tu perds, t'apprends, t'apprends, tu réussis, tu gagnes. C'est bien de gagner, on veut tous gagner, mais l'idée que le chessboxing n'amène pas que la culture de la gagne et amène cette culture de la réflexion, de se dire pourquoi est-ce qu'on a perdu et pourquoi est-ce que l'autre a été meilleur. En plus, il y a un truc qui est fondamental au chessboxing, c'est qu'on peut... pas tricher le chessboxeur il peut pas tricher enfin tu vois tous vu des combats ou à un moment donné on voit tellement ça se donne tellement sur le ring ça donne tellement tout qu'à un moment donné il n'y a pas de possibilité de triche et donc la seule personne à qui en vouloir quand on perd c'est soi même et hyper intéressant dans ce monde actuel ou en gros on veut des résultats tout de suite on veut gagner on dit aux autres Gamin, il faut gagner, il faut gagner. Il n'y a aucun, presque, on enlèverait l'honneur de celui qui a perdu. Alors que pour moi, deux chessboxers qui montent sur un ring,
- Speaker #0
Déjà, moi, ils ont gagné mon respect. Les deux ont gagné mon respect. C'est difficile à leur expliquer ça. Souvent, quand ils sont déçus, quand ils ont perdu, ils sont hyper déçus, tu vois. Et en fait, parfois, moi, il y a des défaites de certains gars de l'équipe qui m'ont mille fois plus bouleversé que des victoires. Et j'ai envie de leur dire, mais en fait, tu ne te rends pas compte comment et pourquoi cette défaite, elle a été importante pour moi ou pour quelqu'un d'autre. Je veux dire, ça, en fait, c'est aussi un truc hyper beau dans ce sport. Et que j'aimerais bien, ça c'est un état d'esprit. Alors je sais que j'ai un peu du mal avec ça, parce que je sais que tous les compétiteurs, genre Kamel, mon cousin, ils sont dans cette culture de la gagne quand même. Mais il y a, je trouve, ces enjeux-là et ces limites-là qui font qu'en gros, que ce sport amène certaines valeurs qui ne sont pas forcément compatibles avec d'autres sports. Ou vraiment, par exemple, tu vois, certains membres de l'équipe qui ont un gros niveau en boxe et qui ont... Un gros palmarès en boxe qui ont fait de très grosses compétitions nationales et internationales nous disent que dans la boxe, c'est vraiment chacun pour soi, il y a du trash talk, ça se branche, ça se défie, c'est pas une ambiance hyper sympa. Moi, je pense dans le chess boxing, pour l'instant, on se défie sur le ring, il y a quand même une adversité et tout, mais après, il y a quand même une vraie... un vrai échange, que ce soit même avec les concurrents, enfin les autres pays, ou les autres combattants. Et souvent, quand des mecs se combattent, ils deviennent amis. C'est assez incroyable. Et ça, on peut en parler même, comment dire, je ne trahirai pas Andreas, qui m'a expliqué ça, qui me dit, écoute-moi, je ne pensais pas, mais à chaque fois qu'il a combattu quelqu'un, il est devenu pote avec lui. Il y a un truc comme ça qui les relie, qui relie tous les chessboxers et ils se rendent compte de chacun les efforts qu'ils ont faits. Parce qu'encore une fois, un joueur d'échecs qui ouvre une salle de boxe et qui va faire son premier entraînement, ou un boxeur qui va faire son premier tournoi, qui va se faire éclater un dimanche par un gamin de 8 ans, ces deux personnes-là, elles ont pris un risque. Elles sont sorties de leur précaré et elles sont allées, elles ont eu du courage. Il y en a qui diront qu'ils préfèrent perdre aux échecs que se prendre des coups dans la tronche, c'est sûr. Mais... quand bien même les deux ont fait un pas dans l'inconnu qui mérite qu'à un moment donné, on le respecte. Je trouve que ça, c'est hyper intéressant dans ce sport qui fait qu'à un moment donné, ces deux mondes sont tellement différents et tellement opposés qu'à un moment donné, il faut un supplément un peu d'âme ou un peu une vision différente pour le boxeur de venir aux échecs et le joueur d'échecs d'aller à la boxe. fondamentalement et je crois que tous les chessboxeurs que j'ai rencontré tous les chessboxeurs en france dans le monde j'ai tous j'ai tous vu j'ai vu en chacun d'eux quelque chose d'intéressant de passionnant de différentes qui c'est un truc qui caractérise le chess boxing et donc je me dis si on arrive à amener ça dans l'école dans des quartiers difficiles dans des prisons dans des clubs dans des entreprises aussi parce qu'on n'a pas parlé mais on a envie de d'aller travailler d'aller faire des démonstrations dans des entreprises qui peuvent partager d'autres valeurs, la valeur d'abnégation, de punacité, de travail, de discipline, qui sont plus relatives au sport. Mais en gros, il y a tout un truc qui tourne autour de ce sport qui me fait, moi, me dire qu'on a une autre carte à jouer que juste celle du sport. On a un truc à faire différent, en tout cas de singulier, pas différent, je ne veux pas qu'on soit différent pour être différent, mais en tout cas, je sens qu'il y a d'autres curseurs qu'on peut toucher, qui, moi, me semblent vachement intéressants. Donc du coup, voilà, ça c'est en gros les idées qu'on a, la vision qu'on a pour la fédération et l'état d'esprit qu'on aimerait mettre en place. Maintenant, voilà, ce qu'il faut pour la fédération, c'est qu'on ait l'agrément. Ça, c'est encore autre chose parce que c'est un travail qui est assez complexe. Il faut avoir quelques années d'existence, il faut pouvoir montrer, selon certains critères, qu'on correspond à un sport. sérieux, on va dire, un nombre de clubs, un nombre de licenciés. Et en même temps, il faut aussi qu'on arrive à montrer quelque chose qui est très subjectif, c'est-à-dire l'importance que peut avoir ce sport. Donc, par la médiatisation, par peut-être le documentaire, par justement tout ce qui peut se passer autour du chess boxing, comment est-ce qu'il peut être enseigné dans les écoles, en prison. Toutes ces actions qu'on est en train de mener sont importantes. pour qu'on puisse avoir à un moment donné, j'espère très bientôt, l'agrément du ministère des Sports.
- Speaker #1
C'est intéressant parce que souvent, quand je parle de ça, que ce soit à des gens qui veulent créer des clubs, même à des chessboxers, etc. Souvent, on nous dit, mais OK, l'agrément, c'en est où ? Pourquoi ça n'avance pas ? Je pense que pas mal de personnes ne comprennent pas forcément, ou en tout cas, ne mesurent pas le poids et l'importance de ce fameux agrément, en quel moi, je crois complètement. Et en fait, ce que je trouve assez génial, c'est que si on y arrive, et je pense qu'on y arrivera, en fait, c'est historique. C'est-à-dire que si on arrive à avoir cet agrément, on va avoir... légitimer un sport dans tout un pays et si ça se trouve dans 50 ans les gens ils feront du chestboxing à l'école et c'est ça le truc en fait et quand les gens nous disent l'agrément c'en est où, c'est long, il faut bien qu'on prépare un truc qui potentiellement peut changer tellement de choses en fait,
- Speaker #0
en tout cas moi je crois à ça il y a deux questions dans ce que tu dis et en fait la première ceux qui te demandent ceux qui nous demandent c'est plus à toi qu'ils demandent ceux qui nous demandent c'en est où de l'agrément ils ne savent pas l'étendue... du travail et le niveau du dossier. Donc en fait, ils pensent qu'en gros, non, mais après, pourquoi pas ? Ça peut être qu'à un moment donné, il faut peut-être plus l'expliquer, mais c'est compliqué. Donc ça, c'est la première chose. Deuxième chose, je suis aussi convaincu qu'on va l'avoir l'agrément. À un moment donné, ça peut être dans six mois, dans dix ans, je ne sais pas, mais si tu veux, ce n'est pas nous qui allons avoir l'agrément, c'est que ce sport va prouver qu'il est indispensable. Et nous, tout notre rôle, il est d'essayer de le faire arriver le plus vite possible, au bon moment, avec des bons timings et tout, avec nos moyens. C'est difficile. Si on parle du sport intrinsèquement, il va un jour être reconnu comme un sport officiel. Il est déjà au Chili, il est en Turquie, il est en Iran. Tu vois, c'est dingue. Il a été reconnu par les ministères des Sports. Aujourd'hui, c'est vrai qu'on n'a pas le bras long, on n'a pas des contacts. Il faudrait qu'on fasse un peu de lobbying. Voilà, mais on va y arriver. Moi, je ne me fais pas tellement de soucis. Le temps qu'on prend, c'est aussi un temps qui nous permet de faire notre dossier, de nous crédibiliser. Je suis convaincu que ce sera le cas. Et pour finir sur ce que tu dis, on va créer une FED et on va avoir l'agrément. Rien que ça, c'est une folie. Si tu regardes tous les sports aujourd'hui qui se sont créés et qui ont eu l'agrément, ceux qui sont vraiment reconnus, très, très peu ont été créés comme nous, ce qu'on est en train de faire. Déjà, ça vient d'artistes. Et en plus de ça, les mecs qui ont créé le sport sont encore là. Il y a un truc qui sera historique. Et encore une fois, si tu veux, pour moi, ça ne fait même plus aucun doute que le chessboxing sera enseigné à l'école. C'est déjà ce qui se passe en Russie. Par exemple, ils ont une école de chessboxing à Saint-Pétersbourg, comme un sport à tute. Donc ça, pour moi, c'est une évidence. Et après... Si tu veux, la deuxième évidence pour moi, qui est encore un peu plus folle, dès notre première rencontre avec Enki, moi, dans ma tête, c'était ce sport, il est olympique, c'est évident au sens grec antique du terme, tu vois. Et Enki, le premier rendez-vous que je fais, il me dit la même chose. Il me dit il faut qu'on aille aux olympiques Et là, je suis allé, je lui ai fait vous plaisantez ? Et il me dit non, non, je suis hyper sérieux Je lui ai fait parce que moi, je pense un peu pareil Et ça, c'était en 2018, tu vois. Et depuis 2018, j'ai qu'une idée en tête, c'est de me dire que, en fait, le vrai challenge, c'est qu'on soit aux JO. Ce n'est pas d'avoir l'agrément. L'agrément, pour moi, c'est une question de temps, c'est une question de moyens, c'est une question de travail, c'est une question d'équipe. C'est une question d'avoir un budget, tu vois, une subvention qui nous aide à avoir des gens qu'on soit plus organisés, et pas juste que nous deux, tu vois. Par contre, les JO, voilà, moi, c'est le truc qui me ferait rêver. Ça serait, je pense, un peu le challenge d'une vie, tu vois, déjà, faire reconnaître un sport au niveau... nationale, fédérale, c'est fou. Mais si on pouvait défendre le dossier pour aller au JO avec toute la WCBO, c'est-à-dire la Fédération internationale, parce que là, on est plein à travailler là-dessus, mais ça serait pour moi un accomplissement total. Et de se dire qu'après aussi, grâce à ce travail-là, des jeunes vont pouvoir se réaliser, trouver leur voie et s'accomplir dans un sport ou en tout cas... qu'un sport puisse les aider dans leur vie.
- Speaker #1
Et justement, tu fais partie de la WCBO, donc la World Chess Boxing Organization, la Fédération Internationale de Chess Boxing, qui a été créée par Yépe, et dont Lara, d'ailleurs, que j'ai interviewée. Donc Lara est la présidente de la WCBO. Les challenges, est-ce que c'est les mêmes qu'en France ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Non, alors la WCBO, ça a été un peu compliqué, parce que ça a été, tu vois, il a fallu restructurer tout ça et tout. Ça a été un peu compliqué, le décès de Yépe. Et l'année dernière, on était assez contents parce qu'on s'est dit que Lara pouvait être la présidente parfaite qu'il nous fallait. Le truc, c'est que moi, Lara, je voulais qu'elle prenne le relais de la fédé française. Et en fait, l'année dernière, on s'est retrouvés au Championnat du Monde en Italie. Et en fait, je me suis retrouvé dans une réunion où en gros, ça n'allait pas. Et je suis allé voir Lara, je lui ai dit, écoute, Lara, en fait, ce n'est pas la Fédé française qu'il faut que tu prennes, c'est la WCBO, parce qu'en fait, c'est toi. Et elle me dit, OK. Et donc, on est allé, elle est allée, elle a fait un PowerPoint en une matinée. Elle est allée présenter sa candidature auprès de tout le monde. Moi, j'étais trop heureux. Et là, elle est arrivée, elle a parlé russe, elle a parlé allemand, elle a parlé anglais, elle a parlé français, elle a même parlé indien. Elle a calmé tout le monde. Et en fait, là, si tu veux, tout a changé. C'est-à-dire qu'elle est devenue présidente et là, on s'est dit, OK, ça va être cool. Le problème, c'est que Lara travaillait pour les JO. Donc, pendant toute l'année, elle a dû être un peu en stand-by jusqu'à la fin des JO. Et là, depuis la fin des JO, elle a appris son rôle à fond. Elle a déjà... régler mille problèmes. Et du coup, l'objectif, maintenant, c'est Lara et nous, derrière, on a Volvango, l'Italien, Matt, l'Américain, Peter, le Russe, Joseph, l'Allemand et moi. Et en gros, on essaye de se concentrer sur des choses qui me font penser à ce que nous on fait à la Fédé française, mais juste à un niveau international. C'est-à-dire qu'on a exactement les mêmes problèmes, on essaye de trouver des partenaires, on essaye de trouver du budget pour pouvoir travailler sur les compétitions, les championnats du monde. Comment est-ce que la WCBO doit être l'ombrelle protectrice de toutes les fédérations ? C'est vraiment Lara et Joseph qui font un travail concret, quotidien. Moi, je suis plus là sur les décisions, les votes, tout ça et tout, mais voilà. Par contre, ce qui est génial, c'est d'avoir Lara, qu'elle amène un peu de l'esprit de l'équipe de France. Toutes les relations se sont hyper détendues. Il y avait un peu un côté comme ça, genre, on se regarde en chien de faïence, les pays, on s'aime bien, mais on est un peu... Et le fait d'avoir Lara et d'avoir vécu tout ce qu'on a vécu, le décès de Dieppe et cette envie tous ensemble de promouvoir le chessboxing dans nos pays respectifs, nous a hyper soudés. et on a une équipe super. Je suis vraiment hyper content. Après, on va dire ce que je peux apporter, c'est-à-dire la production d'événements, c'est-à-dire amener des nouveautés dans les règles, faire des matchmaking, ce genre de choses-là qui m'intéressent.
- Speaker #1
On en avait un petit peu parlé. Qu'en est-il des championnats du monde en France ?
- Speaker #0
Nous, on a envie de le faire en 2025 en France. On devait le faire en France. Et le souci, c'est qu'en gros, faire les championnats du monde, c'est pareil, toujours une histoire de moyens. Il faut qu'on trouve des budgets. C'est vraiment un process qui est récurrent, ça revient toujours. Et là, en fait, il se pourrait qu'on ait une possibilité pour faire ça dans un autre pays, car on aurait un sponsor qui serait prêt à, en tout cas, s'occuper ou prendre en charge le coût des championnats du monde en 2025. Donc, ça pourrait être reporté en 2026. Ce qui en soit, moi, personnellement, ne me dérange pas. Et au contraire, ça nous laissera encore plus de temps pour bien se préparer et faire quelque chose de bien. Parce que c'est sûr que si on fait les championnats du monde en France, toi comme moi et comme tous les autres, on a envie de faire un truc bien. Qui met le chestboxing à l'honneur, qui montre la vitalité de ce qui se passe en France. Ça pourrait être aussi un super moyen pour convaincre aussi le ministère des Sports pour l'agrément. Enfin, tu vois, il y a vraiment une vraie opportunité à faire ça. C'est un événement qui ramène du monde partout dans le monde et qui peut être hyper intéressant en termes de compétition sportive, mais aussi de ce qu'on a à raconter. Donc voilà, il se pourrait qu'on fasse en 2026 ou en 2025, c'est en cours de discussion. Et le pays serait la Serbie et on ferait ça à Belgrade. Alors, moi, il y a aussi un côté hyper émotionnel. C'est pour deux raisons. Première raison, c'est que la Belgrade, c'est la ville de naissance d'Anki, qu'il a grandi là-bas, qu'il a développé son amour pour les échecs à Belgrade. C'est aussi le pays d'adoption de Karl, que j'aime par-dessus tout et que je veux visiter en Serbie depuis très longtemps. Et donc, ça serait l'occasion. Et aussi parce qu'on aurait peut-être moyen de rencontrer Emir Kusturika, qui est donc son beau-père. Je le balance, je m'en fous. Et je t'avoue que je suis absolument fan, c'est mon idole de cinéma, Mirko Storica. Il y a aussi une autre raison, la Serbie c'est un des seuls pays qui accepte les Russes. Et donc ça aussi c'est un problème en ce moment avec ce qui se passe en Ukraine. Les Russes sont un peu personnalement gratas dans certains pays, comme nous, nous le sommes là-bas. Et je t'avoue que, chessboxingment parlant... Moi, ça m'embête parce que s'il n'y a pas les Russes dans les compétitions, il manque quelque chose parce que ce sont quand même les meilleurs. Ils font partie des meilleurs, on va dire, chessboxeurs mondiaux. Donc, du coup... Le fait de le faire en Serbie, les Russes pourront être là. Quelles que soient nos opinions, quelles que soient ce qu'on peut penser politiquement, je n'ai pas envie d'amalgamer et je n'ai pas envie de mélanger ces gens-là, ces chessboxers, avec ce que peuvent faire les régimes de certains pays. Surtout, j'ai envie que, encore une fois, les valeurs du chessboxing nous donnent les clés pour pouvoir juger ou appréhender une situation. Le chessboxing amène de la nuance. Enfin, je veux dire, tu vois, il faut absolument pouvoir faire la part des choses entre l'horreur ou la folie d'un gouvernement et le peuple qui compose ce pays. Encore une fois, le chessboxing nous amène à penser comme ça. Et honnêtement, il y a plein de gens aujourd'hui qui ne comprennent pas peut-être ce que je dis, parce que pour eux, les choses sont assez péremptoires. C'est comme ça ou comme ça, c'est blanc ou c'est noir. Ben non, justement... Dans le chessboxing, on se rend compte qu'en fait, tout n'est pas que comme ça. Il y a vraiment des nuances. J'ai envie d'appliquer ça, moi. Comment est-ce qu'on peut appréhender ce genre de trucs qui arrivent et qui nous dépassent comme une guerre entre deux pays ?
- Speaker #1
On a discuté tout à l'heure de la balance du juste milieu entre travailler et développer des projets à plusieurs et allier des visions parfois différentes. Et d'ailleurs, notamment, comme tu venais d'expliquer pour la WCBO, les différences. socio-culturelles importantes et des différences de vision. Et pour le coup, entre les IFC, la FED en France et ta place au bord de la WCBO, t'as une place et une influence majeure dans le chessboxing. Je pense que c'est quelque chose qui peut questionner, qui peut gêner potentiellement des gens qui ont une vision différente de la tienne. D'un côté, le truc, c'est que le sport ne t'appartient, ne nous appartient pas à la FED, aux IFC. Et donc toi, d'un autre côté, tu tiens à garder les projets FEDE, IFC que tu mènes et que tu développes depuis quelques années maintenant avec une ligne directrice qui est celle de Enki et YEP. Donc ma question c'est, qu'est-ce que tu dis aux gens qui pourraient dire ou penser que tu veux contrôler le chessboxing ou qu'en tout cas tu ne veux pas laisser d'autres gens s'en emparer ?
- Speaker #0
J'espère qu'il n'y a pas grand monde qui pense ça. Déjà il y a deux choses distinctes, il y a la FEDE et les IFC. Les IFC, c'est quelque chose qui correspond plus à une envie... d'événements, de compétitions, et pas que moi d'ailleurs, mais dont on s'occupe de façon privée. La FED, c'est complètement autre chose. Dès que l'agrément sera obtenu, moi, je ne veux plus être président de la FED. Mais vraiment, c'est-à-dire qu'être président de la FED, ce n'est pas un choix, je ne me suis pas présenté, je n'ai pas été élu, on va dire. C'est qu'en fait, ça s'est présenté comme ça. Et en gros, ce qui me plaît par rapport à tous les chessboxers, c'est qu'à un moment donné... Si on vit tout ça, c'est parce qu'on a pris un risque, c'est parce qu'à un moment donné, on était des pionniers. Il y a des gens qui veulent être président de la FED là, à ma place, mais je leur donne la place sans problème. Le seul truc, c'est qu'il y a une feuille de route à respecter et que, très honnêtement, si j'ai pris cette responsabilité-là, c'est qu'au moment où j'ai pris cette responsabilité-là, il n'y avait personne et qu'on était les seuls. Donc, déjà, moi, la première chose que je voudrais dire à ces gens-là, c'est laissez-nous le temps de réaliser nos objectifs, par exemple d'avoir l'agrément. Et après, moi, je serais heureux que d'autres personnes s'emparent de la FED et la gèrent. La seule chose qui me semble importante, c'est pouvoir transmettre, on va dire, l'héritage de Yéppé, de Enki et de toute l'équipe de France de la première de 2019 pour essayer de faire en sorte... que l'état d'esprit qu'on a réussi à créer perdure et règne au sein de notre FED. Je pense que le prochain président de la FED de chessboxing, il faudra qu'il ait fait un bout de chemin dans le chessboxing, qu'il ait de l'expérience, que ce soit un mec conciliant, qui a envie, qui aime ça. Je veux dire, on peut peut-être me reprocher des choses, mais on ne peut pas me reprocher la passion que j'ai pour ce sport et l'envie que j'ai envie de le faire découvrir. Et en fait, tous ceux qui pensent ça, c'est peut-être qu'ils ne me connaissent pas. Pas ou mal, parce qu'honnêtement, mes autres activités m'amènent plein de choses. Si aujourd'hui je me dévoue corps et âme pour le chessboxing, ce n'est pas pour des raisons personnelles, parce que je m'amuse et que je prends du plaisir, mais ce n'est pas pour de l'ego. Pour moi, le sport est mille fois plus important que tous les egos qu'on peut avoir et qu'on rencontre dans le sport, c'est normal. Il y a des gens qui ont des egos, moi je pense que j'ai un ego. Mais je n'ai pas un ego qui mettra un jour en péril le chess boxing. À chaque fois que je dois prendre une décision pour le chess boxing, je pense au sport et à l'intérêt général et à ce que le sport apporte. Je ne pense pas à moi, mon petit plaisir ou ce que j'aurais aimé ou ce que je n'aurais pas aimé. J'essaye de traiter tout le monde de la même façon, de donner mon temps et ma... passion et mes conseils si je peux à tout le monde, j'essaye d'être vraiment disponible. Voilà, s'il y avait le moindre souci, le moindre problème, bien sûr que je pourrais l'entendre et que je pourrais très simplement laisser la place. Avec grand plaisir. Et encore une fois, laisser la place à quelque chose, ça veut dire que quelque chose s'est créé. Donc si quelque chose s'est créé, ça veut dire qu'on a fait notre boulot, qu'on a fait notre part du truc, tu vois. Le chestboxing, je ne le vois pas comme soit une carrière ou soit un objectif professionnel. Je suis juste tombé amoureux d'un sport que je trouve génial, avec des gens qui le pratiquent, qui deviennent mes amis et que j'ai besoin de voir, de voir évoluer. Et c'est tout, tu vois, pour moi, il n'y a pas de calcul. Alors après, c'est sûr que certains peuvent dire, ben ouais, voilà, je m'occupe de la FED, je m'occupe des IFC, je m'occupe de la WCBO, mais en soi, WCBO, je ne fais pas vraiment grand-chose. Sur les IFC, bon, ben oui, mais c'est plus un format, c'est une ligue, c'est une compétition, que bien sûr, j'ai repris le format qu'avait créé YEP, mais que j'upgrade et que je travaille depuis longtemps. Donc ça, c'est complètement à part. Et encore une fois, le travail qu'on fait sur la FEDE, c'est plus un plaisir de se dire qu'en gros, on est utile et qu'on fait du bien à la communauté. Donc moi, à partir du moment où le truc sera lancé, qu'on aura l'agrément et tout, moi, c'est évident que je vais laisser la place. Aujourd'hui, je me dis qu'il n'y a pas grand monde qui doit se battre pour cette place non plus. Il ne faut pas non plus se dire que, tu vois, parce que c'est hyper dur, c'est hyper contraignant, ça demande du temps. on dépense notre propre argent. Enfin, je veux dire, c'est des choses qui sont quand même... Les gens ne le savent pas forcément, mais c'est plus de la dévotion qu'un retour qui fait du bien à l'ego. Moi, la seule chose qui me fait plaisir, c'est de voir que le sport se développe et qu'il y a de plus en plus de gens qui le pratiquent et que ces gens-là sont motivés et contents quand ils voient des champions comme Kamel ou Thomas ou Paul ou quand ils me voient... et que je leur dis que c'est possible, qu'on peut créer un club et que ce club bien souvent se crée. Comme cette année, on a eu des chessboxeurs de Rennes qui sont venus de Grenoble, de Montreuil, de nouveaux clubs. Je suis omniprésent parce qu'à un moment donné, il n'y avait personne. Mais moi, j'aspire à être de moins en moins présent. Et c'est aussi peut-être pour ça qu'on fait ce podcast, pour une bonne fois, pour tout dire. Et puis après, à un moment donné, laisser vraiment la place aux autres parce que j'ai bien conscience qu'à un moment donné, On m'a peut-être un peu trop vu ou trop entendu. Et ça, moi, je veux passer la main à ce niveau-là. Et c'est aussi pour ça que toi, Mona, tu fais ce podcast. C'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup plus de presse qui sort sur les athlètes, sur les combattants. Et ça, moi, ça me va très, très bien. J'ai d'autres projets. Les autres projets sur lesquels je peux travailler peuvent plus m'apporter ce genre de choses. Cette vie-là d'aventure qu'on vit, plein de rebondissements, plein d'aventures, plein d'émotions. C'est juste ça, moi, qui m'intéresse dans le chessboxing. Les batailles d'égo ou le fait qu'on ne se comprenne pas, c'est bien souvent parce qu'il n'y a pas assez de communication. Et ça aussi, pareil, c'est quelque chose que j'essaye de réparer au max et d'être le plus disponible pour expliquer ce qu'on veut faire, d'où on vient et où on veut aller. Après, j'ai une chance qui est chouette, c'est d'avoir un ki. Et Anki, pareil, Anki, si aujourd'hui on est ensemble et qu'on est très proches, c'est parce qu'aussi il y a une histoire derrière tout ça, tu vois. Et donc ça, on ne peut pas l'enlever aussi, tu vois, cette proximité qu'on a et qu'on avait avec Yéppé, et qu'on a maintenant tous les deux, et le pacte qu'on a un peu scellé, lui et moi, c'est de se dire qu'en gros, on serait toujours là pour s'aider, pour se guider, pour se donner des conseils. Et pour ne pas oublier notre ligne de conduite, qui est de développer ce sport, de le promouvoir de la façon dont Yépe aurait voulu et comme aussi un qui le veut.
- Speaker #1
J'en arrive à ma dernière question. Tu m'as dit l'autre jour que tu te sentais heureux, épanoui. Tu sens que tu sais où tu vas et donc tu vas avoir 50 ans l'année prochaine. Et comme t'expliquais au début de cet entretien, chaque expérience en amène une autre, sans tomber dans des trucs clichés. Mais voilà, les choses se font. Si tu devais donner un conseil au toi il y a 25 ans, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #0
Je lui dirais, pars un an en Angleterre, va apprendre à parler anglais couramment. C'est un truc que je regrette vraiment beaucoup. Parce que pareil, tu vois, l'anglais, alors je parle un peu anglais, ça va, tu vois, mais je n'ai pas un niveau de ouf et ça, ça m'a toujours un peu frustré parce que ça m'a bloqué un autre monde en fait, un nouveau monde qui s'ouvrait. Je suis assez admiratif, mon associé, toi aussi Mona, tu parles vraiment. Et j'étais toujours un peu frustré de ne pas pouvoir communiquer avec le monde. Et cette barrière-là, c'est un peu compliqué. Donc je me serais donné ce conseil-là. Mais le vrai conseil que je me serais donné, c'est en fait, c'est un peu le résumé de l'histoire que je t'ai raconté. C'est de se dire, tu peux être en échec, que tes plans ne se déroulent pas comme prévu, que tout ce genre de péripéties qu'on peut tous vivre à un moment, que j'ai vécu aussi à cette époque-là, et qui m'a vachement handicapé, qui m'a vachement affecté au niveau de ma confiance, au niveau de mon... Est-ce que je suis capable ? Ce genre de choses, tu vois. Et en fait, je lui dirais de bien sûr intégrer pourquoi est-ce que ça a foiré, mais de pas forcément être paniqué parce qu'en gros, s'il avait un cap et qu'il pouvait s'y tenir, que tout se passera bien. Par moment, certains problèmes de la vie peuvent complètement te paniquer, complètement te faire douter, complètement te faire switcher, te dire je ne suis pas capable, du coup je vais faire un truc Et en gros, c'est de se dire que non, si tu restes intègre, si tu restes fidèle à une vision, à trouver une passion, à se dire qu'est-ce qui nous anime, qu'est-ce que tu aimes, qu'est-ce que tu as envie de donner ? Je pense que si on suit un cap, Et ce cap, il peut être défini par mille façons. Ça peut être une certaine attitude, une droiture, ou une passion, ou une discipline. Tu vois ce que je veux dire ? Je pensais que j'allais faire des bonnes études, et puis à un moment donné, je me retrouve au McDo, et puis là, je me dis, en fait, non, t'es naze. Et c'est à ce moment-là où j'aurais aimé comprendre que je n'étais pas naze, et que tout ça allait être... que quelque chose que j'allais mûrir et que j'allais travailler et qui allait me faire ce que je suis. Dès que tu as envie de faire quelque chose, il faut le faire parce que même si tu ne comprends pas ce que ça va t'amener dans l'immédiat, tu comprendras que ça va t'amener quelque chose après. C'est-à-dire qu'à un moment donné, tu te dis Ok, je vais faire cette action mais tu ne te rends pas compte des conséquences qu'elle va avoir, mais que par contre, tu sens qu'il faut que tu la fasses. Moi, c'est ça le conseil que je donnerais à tout le monde. C'est à chaque fois que vous pouvez ressentir une envie, comment dire, irrépressible de faire quelque chose, bien sûr dans le cadre de la loi, mais de faire quelque chose qui vous anime. Je ne sais pas, moi, faire son parachute ou j'en sais rien. Bref, il y a mille trucs, quoi. Eh bien, il faut le faire. Faire un film, par exemple, il y a des gens qui disent Ah ouais, faire un film Ou écrire, tu vois, par exemple, s'il y a des gens qui se disent Ah ben non, moi je peux pas Moi, jusqu'à 45 ans, je n'ai jamais écrit. Puis à un moment donné, je me suis dit Ah ben non, pourquoi je n'écrirais pas des histoires ou des choses ? Et en fait, à un moment donné, on se met des barrières. Il y a une sorte de déterminisme selon notre milieu, le milieu auquel on appartient, d'où on vient, peu importe. Et en fait, moi, je suis contre ce déterminisme. de fait, c'est-à-dire que c'est quelque chose qui me rend fou de me dire qu'un tel aura une étiquette parce qu'il vient de là, parce qu'il a fait ci, parce qu'il a fait ça. C'est quelque chose qui m'ennuie terriblement. En tout cas, moi, c'est pas comme ça que je veux mener ma vie et je pense que le chess boxing aussi est aussi une réponse à ça. C'est aussi pour ça que moi, j'y trouve tant de bonheur. C'est un gros doigt d'honneur au déterminisme, le chess boxing. C'est genre ouais, t'es joueur d'échecs, mais t'es pas qu'un nerd, tu vois, tu peux être sportif. Et oui, tu es un boxeur, mais tu peux réfléchir. Tu vois, avoir un raisonnement et être intelligent et être pas considéré comme un... On est obligé d'être dans des cases, avoir une étiquette. Les étiquettes, au bout d'un certain temps, elles partent. Elles mettent du temps à partir. Et c'est ce qui est en train de se passer avec le chessboxing. Je dirais à un jeune garçon comme ça, de 20, 25 ans, qui se cherche et qui n'a pas encore hyper confiance en lui, je lui dirais, fais en gros tout ce que tu as envie de faire. Parce que tout est possible si tu as des bonnes personnes qui t'entourent. une bonne vision des choses, franchement, tu finiras, je pense, par y arriver. Et le meilleur exemple, je finis sur ça, mais c'est nos chessboxers, comme Paul Sergent, on voit débuter... tout frêle, tout chétif, tout genre qui un an et demi après, parce que le mec a mis en place un système de travail, une discipline, un objectif, tu vois, machin, il y est arrivé. Et il est arrivé de quelle manière ? C'est-à-dire en devenant un vrai boxeur, en dominant un monstre, tu vois, et il est passé par des étapes et il a perdu, tu vois, et il a fait son chemin pour arriver à ça. Et ça, tu vois, c'est hyper chouette parce que... grâce au chessboxing, il l'a compris ça. Il l'a compris ce que moi, à 25 ans, je n'avais pas compris. Ce que je n'avais peut-être pas le chessboxing dans ma vie, ou ce genre d'exemples comme des Paul ou des Kenza qui à un moment donné te font te dire, on peut y arriver.
- Speaker #1
Merci Guillaume. Je vous remercie beaucoup de ce temps que vous avez passé avec nous. J'espère que vous avez passé un bon moment, que vous avez appris des choses, que vous avez compris, mieux compris peut-être. la vision que Guillaume portait, la vision qu'on porte au quotidien dans notre travail, que ce soit à la Fédération ou en IFC. J'espère que ça vous a plu. Autant que moi, ça m'a plu, en tout cas, de faire cet entretien avec lui. Si vous avez des questions, s'il y a des choses, des points en particulier que vous avez envie de creuser, s'il y a des gens que vous avez envie que j'aille interviewer, par exemple, je vous invite vraiment à m'envoyer un message pour me le dire. Des idées que vous pourriez me donner aussi. Ensuite, il y a aussi une façon très simple pour vous de me soutenir et de soutenir ce podcast. C'est soit de le partager à un ami, un proche ou quelqu'un autour de vous qui ne comprend pas ce que c'est le chessboxing. Mais sinon, d'aller mettre une note ou un commentaire, cinq étoiles, sur votre plateforme d'écoute. C'est vraiment des petites choses pour vous qui vont vous prendre quelques secondes, voire quelques minutes, qu'on a souvent la flemme de faire, mais qui sont vraiment les seules petites choses que vous pouvez faire pour me soutenir et pour m'encourager à continuer ce podcast, que je prends énormément de plaisir à faire d'ailleurs. Donc voilà, encore une fois, merci. Et on se retrouve dans deux semaines avec Jules, qui est au niveau des combattants, un des pionniers aussi en France. avec qui on va parler beaucoup moins d'organisation et de fédération, et beaucoup plus de combat, d'état d'esprit et d'apprentissage en fait. Merci beaucoup à tous, je vous souhaite une très bonne semaine, une très bonne rentrée, et je vous embrasse. Ciao !