- Speaker #0
Né de l'imaginaire d'Anki Bilal en 1992, puis concrétisé par l'artiste néerlandais Yéper Rubin en 2003, ce sport qui mélange la boxe anglaise et le jeu d'échecs est aujourd'hui en plein essor car il est tout simplement génial. Bienvenue dans le podcast de Chez Pelsine. Bonjour à tous, on est lundi et je suis très contente d'être avec vous comme toujours. J'ai décidé pour ce 9e épisode de continuer dans la lignée des pionniers, des premières personnes qui ont fait vivre le chessboxing en France. Et c'est pourquoi je reçois Paul, Paul Duché. Et ce qui est trop cool, c'est que t'es un profil très très différent de Jules que j'ai reçu il y a deux semaines. Donc Paul, t'as 32 ans, t'es né en Normandie à côté de Caen. où t'as passé la plupart de ton enfance. T'habites aujourd'hui à Toulouse, depuis 2012 environ. Et t'as fondé le club Chess Boxing Toulouse, en 2019, qui est un des premiers clubs de France. Tu joues aux échecs avec ton père depuis des années. T'as commencé à faire du chess boxing alors que t'étais intérimaire. On te voit évidemment dans le documentaire Mental Combat, qui est sorti sur Canal+. Et j'ai l'impression que tu as vraiment trouvé un sens à ta vie grâce au chess boxing. Et d'ailleurs pas pour rien, étant donné que t'as fait 4 championnats du monde, 3 IFC. et qu'à ton dernier IFC A7, à l'IFC 5, tu as gagné la couronne de champion du monde de ta catégorie. Tout le monde te connaît et t'apprécie beaucoup. Et tu es aussi la preuve, et c'est ce que je trouve intéressant à souligner, c'est que tu es l'exemple même du mec normal. Tu n'es pas un champion de boxe, tu n'es pas un maître des échecs. Tu es un mec comme tout le monde, mais qui, avec patience, résilience, détermination et bon esprit aussi, s'est fait sa place dans le monde du chessboxing, que ce soit au niveau sportif, mais aussi au niveau communautaire et social. Tu fais évidemment partie de la FEDE. Et t'étais dans la première équipe de France qui est partie à Antalya en 2019. Et pour moi, évidemment, tout le monde est différent. Mais pour moi, en fait, si tout le monde avait la même vision que toi, le chestboxing pourrait continuer à rester beau et pur. Voilà, Paul, est-ce que j'ai oublié quelque chose ?
- Speaker #1
Si c'est la vision que tu as de moi, c'est super flatteur. Écoute, je suis très content que tu le vois comme ça, parce que c'est moi comme ça aussi que j'ai envie d'être, que j'ai envie de voir les choses. C'est vrai que ça a pris une ampleur, moi, dans ma vie que je n'imaginais pas. J'y vais un petit peu par hasard et j'y reste pour l'ambiance, pour la cohérence, pour la cohésion. et je m'y maintiens pour vraiment m'aboutir en tant que personne je suis pas forcément toujours en train de courir après les victoires, les trucs etc c'est quelque chose d'un petit peu secondaire moi ce qui m'intéresse vraiment dans cette discipline là que je pratique c'est tout le parcours je vois ça un peu comme un rite initiatique je suis parti un peu de rien je savais pas forcément bien jouer aux échecs je sais toujours pas bien jouer aux échecs je savais pas forcément très bien boxer je sais toujours pas très bien boxer mais je prends toujours autant de plaisir qu'au début. Tu sais, la partie accompagnement, la partie fédé, faire partie de cette équipe-là, ça m'a permis de voir un autre aspect aussi du sport. Une fois que mes compétitions sont faites, c'est être présent pour les coéquipiers parce que je me fais souvent éliminer en premier en championnat du monde. Je n'ai jamais réussi à gagner le moindre match qualificatif. Mais du coup, ça m'a permis, notamment en Arménie, sur les derniers champions du monde, j'ai pu profiter du reste de la compétition avec tous les copains. en étant présent dans le coin, en étant présent pour les échauffements, en étant présent même de partager ça avec eux. Moi, c'est une énorme fierté parce que je vis les trucs avec eux par procuration. Et je vais te dire, c'est même plus intense. J'ai plus d'émotion, moi, à accompagner les copains combattre qu'à combattre moi-même parce que c'est devenu, moi, c'est devenu un peu une routine. Moi, j'ai déjà fait cinq ou six combats, donc je commence à m'habituer. Donc, je ne dirais pas que les combats sont moins intenses, mais on a une appréhension un peu différente du truc. Par contre, c'est toujours la même appréhension quand c'est les copains qui vont combattre. Et quand ça se passe mal, c'est terrible pour le Canada, mais quand ça se passe bien, c'est génial. Je pense à la victoire de Polo, par exemple, aux dernières championnes du monde. Là, c'était fou. On était trop contents.
- Speaker #0
Donc, on va revenir en arrière. Pour commencer, comme toujours, je voudrais que tu me racontes un petit peu qu'est-ce que tu fais de zéro à 20 ans.
- Speaker #1
De mes zéros à 20 ans, je coule une enfance heureuse et épanouie dans un petit village avec mon papa et ma maman. Mon parcours scolaire normal, je ne suis pas spécialement un bon élève, pas spécialement très travailleur. mais ça va, je survis mon parcours scolaire sans trop de soucis. Toujours la moyenne, toujours sans trop travailler. Mes parents, qui étaient très aimants, m'ont toujours dit que j'étais beau et intelligent. Arrivé à la vingtaine, j'ai cru que c'était quelque chose de vrai. Malheureusement, j'ai eu cette manie de croire qu'en étant beau et intelligent, ça me suffirait à survivre au monde du travail, au monde des études supérieures. Malheureusement, l'intelligence sans travail, c'est juste une sale manie. Aujourd'hui, j'ai un peu de difficulté, tu vois, par exemple, à progresser aux échecs parce que je n'ai pas forcément été un gamin très rigoureux à l'école. Donc, reprendre aujourd'hui le parcours d'études, si tu veux, mais tourner vers les échecs, je me rends compte que ma progression est lente et laborieuse. Mais bon, ce n'est pas très grave. Alors, de mes 0 à mes 20 ans aussi, il y a un truc qui a beaucoup marqué ma vie, c'est la pratique du basket. Pareil, je n'étais pas forcément un très bon joueur, mais j'avais, tu vois, ce plaisir à aller aux entraînements, aller aux matchs. Donc ça a commencé au club de village, avec tous les copains du village, on allait se retrouver le samedi après-midi jouer les matchs de basket avec les mamans qui tapaient sur les casseroles avec les cuillères en bois. Il y avait cette ambiance club de village qui me plaisait bien. J'avais l'impression de faire partie d'un tout, de faire partie d'un collectif. Ça a été aussi une très bonne école d'apprentissage. Parce que quand tu fais partie d'un collectif, il y a un certain nombre de règles, un certain nombre de valeurs auxquelles tu dois adhérer. Ça, c'est quelque chose qui m'a marqué, moi, personnellement. Et Parcours Sportif qui a été marqué par des éducateurs. Notamment un monsieur, je ne sais pas s'il écoutera le podcast, mais je vais le citer, un monsieur qui s'appelle Cédric, qui me coachait quand j'étais en... en minime donc de mes 14 à mes 16 ans, qui a été plus qu'un entraîneur, qui a été un modèle, tu vois, une espèce de grand frère. Et c'est ce monsieur-là qui m'a donné envie de faire du coaching. Alors, il faut donner un peu de contexte. Ça s'est passé à l'âge de 14-15 ans où je commençais à faire des conneries, tu vois, aller picoler, fumer des pétards avec les copains. Et je me suis fait attraper par ma mère qui m'a dit, bah écoute, tu fais le con avec l'alcool et tout ça, tu seras privé de basket. Alors tu sais, à l'époque, privé de sport, c'était la punition. C'était terrible, c'était un peu la fin du monde. Et je me dis, qu'est-ce que je vais faire pendant ce temps ? Et il se trouve que ma petite sœur, Anne, son entraîneur de basket à elle, devait quitter la région parce qu'il avait trouvé un poste ailleurs, etc. Donc il cherchait un entraîneur remplaçant. Donc ça a été ma première expérience avec le coaching. Ça a forcément été un succès parce que j'étais moi très sérieux dans cette pratique-là et je leur mettais beaucoup de pression. Et je n'avais pas compris à l'époque les enjeux de ces gamines-là qui voulaient juste se retrouver et jouer entre elles. Mais je n'ai pas lâché pour autant. J'ai toujours continué un petit peu à coacher des équipes de jeunes à côté de moi à ma pratique du basket, ce qui me permettait d'avoir un peu un autre volet de la pratique du sport. Et c'est tout aussi intéressant, tu vois. À côté de ça, j'étais investi, je faisais de l'arbitrage. Ça a été une grosse, grosse partie de mon enfance.
- Speaker #0
Et tu en fais encore ?
- Speaker #1
Non, parce que là, je fais peut-être 10 heures de boxe par semaine et à peu près autant d'échecs. Donc, je n'ai plus le temps. Je t'avoue que ça me manque. Je m'éloigne pour l'instant des terrains de basket physiquement, mais pas mentalement. Je suis toujours les compétitions de basket. Je vais souvent voir des matchs de jeunes aussi à Toulouse.
- Speaker #0
C'est qui les trois personnes les plus influentes de ta vie ? Ou en tout cas, grâce à qui est-ce que tu dirais que tu es la personne que tu es aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je vais citer ce monsieur dont on a parlé, Cédric, qui a été un mentor à la fois cool, à la fois strict, intransigeant mais juste, qui m'a permis de grandir en tant que personne. Voilà, énorme big up à ce monsieur qui m'a amené un peu la rigueur dont je manquais dans ma pratique sportive. Après, je vais citer le papa et la maman. J'ai vachement été influencé par eux, dans le sens où la maman, c'est un peu la figure sportive de l'équipe, qui était elle prof d'éducation physique. Mon papa, lui, c'était plus la partie échec, parce que ça a été, comme je t'ai dit, mon partenaire d'échec pendant des années et des années. C'était plus l'aspect, la rigueur intellectuelle, qui était très présent aussi, surtout l'aspect scolaire. J'ai eu une enfance très bien cadrée par ces deux personnes-là. Et puis, je vais citer ma frangine aussi, ma frangine Nanou, qui est une meuf bien équilibrée, avec qui je partage énormément de choses, etc. Et puis, je suis très heureux, moi, tu vois, d'avoir cette meuf-là dans ma life, dans ma vie.
- Speaker #0
Et donc, justement, en parlant de ça, c'est quoi ta vie aujourd'hui ?
- Speaker #1
Là, tout de suite, tu vois, on est le 24 janvier 2025. Je sors d'un entretien d'embauche ce matin, parce que ça fait presque deux ans que je suis au chômage. Et il va falloir que ça reprenne, parce que les finances ne sont pas au top, on va dire. C'est après-midi. je vais aller retrouver Lucas pour un entraînement de boxe et ce soir je vais me poncer une heure, une heure et demie de problème aux échecs disons que ça se partage là principalement entre recherche de boulot, boxe et échec pour le boulot là tu vois je cherche plutôt un temps partiel parce que j'aimerais pouvoir continuer à m'entraîner à m'entraîner à côté. L'objectif là c'est de se préparer pour les prochains rassemblements pour arriver en forme au prochain rassemblement et pouvoir faire des perfs corrects toujours avec l'idée un petit peu lointaine de gagner les prochains matchs officiels qui se présenteront Alors là, avec Guillaume, effectivement, on était en train de réfléchir à pas mal d'oppositions sur des IFC, des trucs. Et spoiler, il va y avoir des trucs super intéressants. Même moi, il y a des match-ups qui vont m'être proposés, ça va être du très très lourd. Je ne sais pas si je peux trop, je ne vais peut-être pas en parler maintenant, mais il va y avoir des trucs de fous.
- Speaker #0
Le travail pour toi, c'est un moyen ? Ce n'est pas une passion particulièrement ? Ou est-ce que c'est que tu ne peux pas vivre du chestboxing ? Qu'est-ce que tu as de ta vision du travail ? Moi,
- Speaker #1
j'ai un rapport un peu particulier au travail. Le travail, pour moi, ça doit rester alimentaire, ça ne doit pas devenir une passion. Je comprends qu'il y ait des gens qui ne fonctionnent pas comme ça, et je respecte totalement, mais je veux pouvoir être un électron libre. C'est-à-dire, si à un moment donné, je ne plais pas dans mon travail, je ne plais pas dans les conditions que j'ai, je veux pouvoir tout larguer sans avoir de remords et sans avoir de gens qui comptent sur moi. Ce qui n'était pas forcément le cas pour ma dernière expérience professionnelle, où j'ai eu du mal à lever le pied, où je me suis fait un petit peu piéger, si tu veux, par le gros salaire et par les grosses responsabilités. Je suis parti à ça du burn-out, si tu veux, et où j'avais vraiment laissé la... Le travail, prendre le dessus un petit peu sur la vie personnelle et sur la vie sportive. Chose que je ne ferai plus, cette fois-ci. Je cherche plutôt du temps partiel, je cherche plutôt des boulots où personne n'a besoin de moi, où je ne suis pas un maillon essentiel de la chaîne. Comme ça, si j'ai une autre opportunité un jour, je peux m'en aller. Donc ouais, le travail, c'est plus un moyen d'aller faire les choses que j'ai envie de faire à côté. Ma vie, elle n'est pas au boulot. Ma vie, elle est en dehors du boulot.
- Speaker #0
C'est très intéressant, je trouve, parce que c'est un truc qu'on n'entend jamais. Et moi, c'est vrai que je pense pas l'inverse, mais quasiment. T'aimerais pas, demain, travailler pour la Fédération de Chess Boxing ?
- Speaker #1
La réponse est oui, mais à certaines conditions. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moi, je fais ce que je fais parce que j'ai envie de le faire. Je vais à tous les rassemblements, je vais à tous les championnats du monde, je fais des tableurs Excel avec Guillaume parce que ça m'éclate. et j'ai peur si tu veux que le jour où c'est plus un plaisir que le jour où ça devient une obligation on va dire professionnelle, financière que j'ai plus le même engouement et le même plaisir à faire ça. Je pense que la relation avec l'argent peut parfois dégrader le rapport que t'as aux choses moi c'est quelque chose qui me fait un peu peur alors je dis pas que je ne veux pas vivre du chessboxing c'est pas vrai J'aimerais beaucoup en vivre, mais je pense que j'ai un travail à faire sur moi-même. J'ai un travail de maturation à faire par rapport à ça. Peut-être que l'occasion se présentera un jour et je verrai à l'instant T si c'est envisageable. Mais voilà, pour l'instant, je trouve que les choses sont très bien comme ça. J'ai ma vie professionnelle, qui n'est pas très excitante, mais qui me permet de remplir le frigo et de payer les factures. Et j'ai ma vie sportive, personnelle, où là, je m'éclate, où je fais des trucs super avec les copains.
- Speaker #0
Je sais que tu m'as répondu et je vais creuser encore un peu plus. Donc, l'idée de te dire que du lundi au vendredi, tu contribues... au développement du chatboxing et que t'es payé pour parce que t'amènes de la valeur, etc., t'as plus peur que ça t'amène une pression et que ça t'en détache, plutôt que de te dire « j'ai tellement de chance de bosser pour un truc qui pour moi n'est même pas du travail, mais comme j'amène de la valeur et que c'est très utile, eh ben je me fais rémunérer pour. »
- Speaker #1
Ça, c'est le tableau idyllique dans la réalité. Je sais que moi, j'ai mes limites aussi, que je peux apporter certaines choses, etc. Mais je pense aujourd'hui, en fait, tout simplement, je ne suis pas assez mature professionnellement pour avoir ce détachement-là. comme je t'ai dit ça viendra peut-être un jour j'aime bien l'idée si tu veux de contribuer de façon bénévole parce que tu sais moi le bénévolat en fait c'était une grosse partie de ma vie dans les associations sportives auxquelles j'ai participé dans mon enfance, mon adolescence, mon âge adulte et c'est aussi une liberté en fait de dire voilà je ne dépends pas financièrement de vous, je suis là parce que j'ai des choses à apporter, c'est une façon aussi de d'acheter une certaine liberté de penser une liberté de faire, une liberté de dire moi quand je fais mes trucs à Toulouse avec mon asso j'ai pas de compte à rendre à personne les licences on les fait payer une bouchée de pain mais c'est histoire d'eux c'est une manière d'amener la contribution je dirige un peu le truc comme je veux et comme j'entends et ça c'est chouette d'avoir de compte à rendre à personne dans un truc où tu t'éclates et je suis pas sûr que si tu veux en étant salarié de la fédération française je puisse avoir le même ménagement idéalement et je sais que avec toi et Guillaume ça se passera très bien parce que on est déjà si tu veux un petit peu dans cette dynamique là mais les choses sont bien comme ça j'ai pas besoin j'ai pas besoin d'avoir un salaire à la fin du mois pour faire les choses voilà pour m'éclater et faire les choses quoi tu vois je vois très bien et je trouve ça hyper intéressant c'est que mon avis si tu veux je comprends très bien qu'il y a des gens qui s'affirment aussi par leur utilité par leur travail etc moi c'est pas mon cas j'ai pas besoin d'être payé pour faire les choses que j'aime quoi si j'aime ce que je fais ma récompense est immatérielle quoi non mais après c'est ça c'est une question d'angle c'est que finalement toi tu dis j'ai pas besoin qu'on me paye pour faire un truc que j'aime moi je dis
- Speaker #0
quel bonheur d'être payé pour faire quelque chose que j'aime donc c'est juste une perception après je critique,
- Speaker #1
c'est pas du tout un jugement c'est juste que c'est super intéressant de parler avec quelqu'un qui est comme moi moi-même je comprends que c'est mon avis propre c'est appliqué avec mes filtres avec ma vision du monde mais qui est complètement subjectif quelqu'un peut parler chez autrement,
- Speaker #0
ça ne me pose pas de problème et qu'il y a peut-être une question justement comme tu l'as dit plusieurs fois d'engagement aussi d'engagement, de pression, de compte à rendre et c'est peut-être quelque chose que tu n'aimes pas
- Speaker #1
Bien sûr, parce que, comme je t'ai dit, ma dernière expérience pro, là, c'était quelque chose... J'étais vraiment très engagé, j'étais vraiment à fond dedans. Je bossais énormément, peut-être trop. J'ai un peu laissé ma vie personnelle de côté. Maintenant, je vais rentrer, si tu veux, dans le monde du travail avec un peu plus de méfiance, un peu plus de recul, de distance. Mais je sais pourquoi je le fais, si tu veux. Je le fais pour pouvoir me payer un billet d'avion pour aller en Serbie l'année prochaine, pour payer l'hôtel, pour machin.
- Speaker #0
Tu cherches un taf dans quoi ?
- Speaker #1
Mon boulot de base... je suis téléprospecteur c'était les boulots que je faisais il y a une dizaine d'années j'ai un petit peu évolué maintenant je fais un peu plus de business développement donc ça peut être par exemple une entreprise qui a besoin de développer son portefeuille client moi je prends le téléphone je fais de la prospection ou je relance des clients déjà existants etc. En fait dès qu'une boîte a besoin d'un petit peu de développement commercial je peux être utile j'ai fait 40 métiers dans ma vie j'ai changé à chaque fois j'ai même fait manœuvre tu sais en revenant des championnats du monde 2009 je suis allé porter des plaques de placo ouais par quatre je suis allé bosser en cuisine d'hôpitaux j'ai même postulé pour faire du téléphone rose à une époque je peux pas été pris ça me faisait marrer du coup j'ai postulé tu vois et le gars m'a dit qu'il cherchait pas de chercher que des voix de meuf en fait je cherchais pas de voix d'homme ça c'était assez marrant c'est assez cohérent finalement en fait ta vision du travail et le fait que tu n'aies pas besoin d'être dans un métier passion tant que l'entreprise ça se passe bien
- Speaker #0
Comme tu dis que les gens sont sympas. Et c'est hyper cohérent avec aussi, toi, ta vision du chessboxing, de la compétition et tout ça. Donc, ce qui est important pour toi, c'est d'exercer tes passions et de faire ce que tu aimes dans la vie. Comment tu en es arrivé au chessboxing ? Je veux bien que tu m'expliques un peu le process de tout ça.
- Speaker #1
Oui. Moi, je déménage à Toulouse il y a une grosse dizaine d'années maintenant pour suivre mon ex-petite amie qui allait faire ses études de sociaux à Toulouse. Mais à l'époque, je n'étais pas forcément quelqu'un de très ambitieux ni professionnellement ni personnellement. Ma vie, c'était quoi ? C'était les petits boulots, fumer des bêtards, jouer à League of Legends. et jouer et entraîner au basket là je t'ai résumé peut-être 95% des trucs que je faisais à l'époque je vais jeter un peu dans ce truc je te dis pas que c'était un truc c'était une période malheureuse si tu veux mais bon je m'étais un petit peu endormi la ville était devenue confortable le petit train train le petit truc quoi et arrive la séparation avec la copine j'ai un pote à ce moment là qui me propose de venir faire de la boxe et moi j'avais pas envie de me faire taper sur la gueule m'intéresse pas laisse moi tranquille sauf qu'il a été assez convaincant il a utilisé des bons arguments donc j'ai fini par lui promettre de venir faire une séance d'essai avec lui et donc je vais là bas c'est une rue qui est en centre ville et la salle de boxe est dans une cave donc tu descends un espèce de pente de garage et t'arrives dans une cave etc première impression l'odeur ça pue la mort ça pue tu sais la vieille odeur de transpirance etc imagine 50 gus dans une cave de 100 mètres carrés d'accord l'horreur c'est des hulkers dégueu j'y vais quand même je fais les séances d'essai et j'adore ça En fait, j'adore. Je trouve ça trop bien. Je me défoule, ça me fait du bien, etc. Donc j'y vais tous les jours. Je m'entraîne une fois par jour, sauf exception. Donc je fais l'année complète là-bas, au Fight Club. Et je me dis, bon, ok, let's go, on va continuer. On va essayer de faire un peu de compétition. Et par le hasard des choses, par le hasard des choses, d'ailleurs, le hasard des choses, c'est une bouille à baisse chez mon voisin. Donc je me pointe là-bas et je rencontre une personne qui s'appelle Malika, qui est une ancienne championne ou vice-championne de Rock Club. Et donc on finit par discuter, etc. Et Malika a été accompagnée d'un gars qui s'appelait Cassiano, qui à l'époque voulait devenir boxeur professionnel. Puis entre deux boulots, je lui ai dit, écoute, prends-moi dans ton équipe, moi je vais venir m'entraîner avec vous, je suis trop chaud pour progresser. À ce moment-là, j'ai un an de boxe, tu vois, décollage. J'ai pris trois ans de niveau en l'espace de deux mois d'été. Alors je te parle, l'entraînement intensif, il fallait être à l'entraînement à 9h, et là on ponce, on fait des pompes, des abdos, on fait des sparrings tous les jours, etc. Et alors, pour info... Lucas je l'avais rencontré tu sais à la salle de boxe et je l'ai amené avec moi et donc Lucas je l'ai un petit peu embarqué avec moi dans l'aventure comme ça alors l'acte fondateur du chessboxing c'était pendant cet été là ça devait être au mois de juillet Malika qui est une personne assez organisée qui aimait bien planifier les choses nous invite à manger chez elle on se pose et tout et elle commence à sortir papier stylo à dire bon les gars c'est quoi les projets et moi je suis là comme un con je me dis qu'est-ce que tu me veux Pourquoi tu me demandes mes projets ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? On m'a jamais demandé ce que je voulais faire de ma vie. Moi, à l'époque, ma vie, c'était un long fleuve tranquille. Je suivais un peu le mouvement. Du coup, on te pose une question comme ça, toute simple, anodine. Tu veux faire quoi de ta vie ? Et moi, je me dis, je sais pas, en fait. Là, je me retrouve con, je sais pas quoi lui dire. C'est parce que Malika, elle s'occupe de nous. Vraiment, elle consacre du temps, elle nous entraîne, etc. Donc, c'est pas quelqu'un que t'as envie de décevoir. Moi, je me sens obligé de... Ok, vas-y, propose quelque chose. Bon, j'aimerais bien devenir plus souple. pour faire de la boxe taille, j'aimerais bien faire des compétitions de boxe. Ah, puis j'aimerais bien faire du chess boxing, je repensais à ça comme ça. Et là, j'ai senti, tu vois, il y a eu un déclic chez elle. Elle m'a dit, ah, mais c'est trop bien. Tac, tac, tac. Elle tape sur Facebook. Tiens, regarde, il y a ce gars-là, Thomas Cazeneuve, je ne sais pas si tu connais. Il part en Inde, là, il va faire les championnats du monde, contacte-le. Je lui dis, ok. On met un petit message à Thomas sur Facebook. Et de là, commence à germer une petite idée. Tu vois, je n'ai pas grand-chose à faire de ma vie. Je vais aller faire un championnat du monde de chess boxing. Donc je regarde, c'est en Russie, etc. Ok, il faut que je fasse le passeport pour aller en Russie, d'accord. Il va falloir que je trouve un boulot pour payer les billets d'avion. Ok, ok. Donc je commence à m'organiser. Au mois de septembre, octobre, on commence à se mettre une énorme diète. Je mange boxe, je vis boxe, etc. Et je joue vite fait sur chess.com. Quelques mois passent, arrive février, et je reçois un appel. Je reçois un appel d'un gars qui s'appelle Guillaume. Je ne sais pas si tu le connais aussi. Guillaume qui me dit, salut Paul, j'ai vu que tu as envoyé un message à mon cousin Thomas. On monte une équipe pour aller au... au championnat du monde en Russie à la fin de l'été. Est-ce que tu veux venir ? C'est le genre de question où tu ne peux pas dire non. Moi, je dis, bien sûr que je viens. Et je lui parle de mon niveau de boxe, mon niveau d'échec, qui n'est pas suffisant. Je n'ai clairement pas le niveau pour y aller. Et il essaie de me faire comprendre que ça va être chaud, tu comprends, etc. Sauf que moi, j'avais déjà fait les papiers, j'avais déjà appelé l'ambassade de Russie pour savoir s'il fallait du truc pour les visas, les machins, les trucs. Et là, je lui ai dit, moi, je vais y aller avec ou sans toi. Tu peux me dire ce que tu veux. J'ai déjà pris la décision d'y aller. Donc là, ils m'ont dit « Bon, ok, tu vas venir, on va s'organiser » . Je me suis un petit peu imposé, j'avoue que ce n'était pas forcément très malin de m'avoir, parce que je n'avais pas conscience à l'époque du déficit de niveau que j'avais. Et Guillaume me propose du coup de rejoindre un rassemblement à Sète, donc Sète-Toulouse, je suis juste à côté, c'est parfait, un rassemblement à Sète avec tous les chessboxers de toute la France. Ok, trop bien, vas-y, let's go, on y va. Je retrouve Antoine et Jules, qui arrivent respectivement de Nantes et Angers, en voiture, qui passent par Toulouse, qui me récupèrent, et on part tous les 3 à 7. Donc la rencontre avec Jules, ça a été un trauma, dans le sens où moi, avec mon petit 1200 Elo, j'ai compris qu'il y avait des mecs beaucoup plus forts que moi. Genre Jules, tu vois, on a joué dans la voiture, là. Jules, il jouait en aveugle. Moi, j'avais le séquier sur les genoux, sur la banquette arrière, tu vois. Et Jules m'a mis une misère. Je me suis dit, ah ouais, en fait, c'est ça le niveau d'échec et tout. Donc arrive le stage, le stage je sais pas super bien, on rencontre tout le monde, on rencontre Kamel, on rencontre Wilfried, etc. Tous les anciens, un peu la communauté de l'anneau, tu vois, qu'on les appelle. Premier truc que je fais en arrivant à Toulouse, je m'inscris à un club d'échecs. Parce que non seulement j'ai pas le niveau en boxe, j'ai pas le niveau aux échecs non plus. Ça a été la prise de conscience un peu... Après ça, je suis parti en stage, en stage commando chez Wil pendant quelques jours, il y a eu les événements aussi à Montbéliard, et c'est là que tu vois, c'est à Montbéliard, en rencontrant Kamel et si tu veux tout son entourage, que j'ai compris que c'était quelque chose qui était... un peu plus sérieux que juste un sport rigolo. Parce que ce que Kamel avait mis en place à Montbéliard, moi, ça m'a montré un petit peu la puissance que pouvait avoir ce sport. Donc ça, c'était incroyable. Ça, c'était vraiment fantastique. Et c'est là que je me suis dit, OK, t'es sur la bonne voie. Tu tiens vraiment un truc excitant. C'est pas juste du sport, c'est un peu plus. Ausha, va au bout des choses, fais ta compète et advienne que pourra. Deuxième rassemblement en septembre. Ça se passe bien. Moi, j'ai passé l'été à bosser, j'ai progressé. Je suis un peu plus en confiance, etc. Là, Guillaume me propose de faire ce qu'on appelle un IFC, un Techify Club. où je dois affronter justement Antoine, le gars de Nantes. Sauf qu'Antoine se blesse, et dernier moment, c'est Kevin Gage qui le remplace. Alors bonne nouvelle, parce que Kevin, je le voyais un peu moins fort qu'Antoine en boxe, mais mauvaise nouvelle, parce que le niveau d'échec de Kevin du coup est beaucoup plus élevé que le mien. Donc ça va être du coup un vrai challenge. Mais là pour te dire, moi je suis jamais monté sur un ring. Jamais. J'ai fait des sparrings, des sparrings durs avec les gars du club, etc. J'ai fait quelques compétitions d'échecs, mais j'ai jamais vraiment fait de chessboxing. Et donc là, c'est cabaret sauvage. Il y a Enki Bilal qui est là, il y a Yepé qui est là, il y a tous les autres gars qui sont là. Il y a ta tronche sur un écran géant, etc., qui s'affiche avec ton poids, ton âge et tout. Grosse pression, tu vois. Et dans mon coin, c'est Lucas. Lucas, à l'époque, qui est en terminale, qui n'a même pas fini le lycée. J'ai dû appeler sa daronne pour lui dire « Madame, est-ce que tu veux bien que Lucas vienne avec moi à Paris pour faire du coaching, du chessboxing et tout ? » Donc on s'est arrangé pour faire monter Lucas en bus, etc. Et c'est depuis ce jour que je me dis « Je veux ce mec dans mon coin. » parce qu'il a été incroyable il a été professionnel jusqu'au bout c'était son premier coaching c'était mon premier combat on a fait nos débuts ensemble et maintenant Lucas il gère des gars il gère des salles il est en place c'est le boss mais ce jour là moi je me chie dessus c'est l'horreur je passe la pire journée de ma vie clairement la journée avant le combat elle est horrible je stresse de fou une fois sur le ring c'est la catastrophe je boxe dégueulasse la partie d'échec C'est dégueulasse aussi, il donne très vite une dame. C'est l'enfer, tu vois. Il n'y a rien qui se passe bien. Et énorme big up à Kevin, d'ailleurs, qui avait accepté le combat vraiment deux semaines à l'avance et qui a tenu, tu vois. Il a été courageux, le pépère, parce que je suis vraiment allé fort, tu vois. Et il a tenu, tu vois. Il a fait une super game, tu vois. Franchement, là, je le dis maintenant sans complexe, Kevin méritait de gagner cette game. Le combat est sur YouTube. Les auditeurs pourront le trouver s'ils veulent. Ce n'est vraiment pas glorieux, mais je m'en sors, tu vois. Je m'en sors de justesse. C'était un peu la condition avec Guillaume. Il m'a dit, si tu veux venir au championnat du monde, il faut que tu performes sur ce combat-là. Donc ça, cet IFC, c'était en novembre. C'était début novembre 2019. Donc hype de fou, tu vois. Il y a des médias qui en parlent. Il y a des télés et tout. On sent que le truc est en train de prendre, etc. Et maintenant, il faut aller au championnat du monde. Peut-être juste un mois après l'IFC. Et là, c'est un peu l'inconnu, si tu veux. On ne sait pas. on sait pas où on va je sais pas si t'as déjà vu le Seigneur des Anneaux du coup ouais j'imagine que t'as déjà vu le Seigneur des Anneaux t'as jamais vu le Seigneur des Anneaux ? On est dans la comté, tout se passe bien, on s'est bien entraîné, etc. Et on va se taper avec des orques et des gobelins, etc. Et en fait, on se rend compte que les hobbits ne sont pas si nuls que ça. Ça se passe bien. Et les orques sont sympas, en fait. Les orques sont nos copains. Moi, je rencontre un turc qui est assez énervé au niveau bagarre. Donc on commence, partie d'échec se passe bien. Je suis en avance au temps, je suis en avance matériel aussi, positionnellement aussi. Donc j'ai des chances de gagner. Sauf que sur le ring, c'est un peu la tempête. J'en prends un peu plein la gueule. Et sur l'échiquier, tu vois, je suis en train de conclure. Il me reste peut-être 4-5 coups à jouer pour gagner la partie. Donc je speed, tu vois, je joue vite, je joue vite. Et là, ding, ding, ding, il faut retourner à la boxe. Je n'ai pas eu le temps de finir. Donc là, je comprends que c'est chaud, tu vois, parce qu'il va falloir tenir un deuxième round contre ce mec qui est énervé, qui a déjà une trentaine de combats amateurs et tout. Moi, c'est que mon deuxième combat, c'est chaud, tu vois. Et je prends la tempête. Je prends un knockdown à un moment parce qu'il me touche dans les côtes. J'ai mal et tout. Je me relève, tu vois. Je regarde mon coin, je leur demande combien de temps il reste pour finir le round. Ils me disent 30 secondes, 30 secondes, tu tiens 30 secondes, t'as gagné. Sauf que l'arbitre a décidé de m'arrêter, donc j'ai pris un cas au technique à ce moment-là. Mais tu vois, avec l'urcul justifié. Donc malheureusement, ma participation au championnat du monde s'arrête là, premier combat, un peu déçu tu vois. Je m'y attendais, mais j'aurais aimé passer ce combat-là. Ceci dit, c'est peut-être une très bonne chose que j'ai perdu ce combat-là, parce que juste après, c'était un petit peu le boss de fin, c'était Oleg Petrovski. tu sais le laiton qui a affronté Baptiste en 2024 à Erevan et lui c'était quelque chose niveau baston c'était encore plus fort et c'est un des top joueurs échecs du milieu du chessboxing, gros gros challenge mais voilà et donc du coup moi je me retrouve là-bas en Turquie, je me dis ok vas-y je vais m'occuper de l'équipe etc et là on a vécu le truc vraiment par procuration la victoire de Jules, la victoire d'Anto la victoire d'Anto était très symboliquement très très forte, les deux victoires parce qu'il sort Matt Thomas qui était le tenant du titre dans sa caté ... Et voilà, ça c'est des moments inoubliables. Et puis le temps qu'on passe aussi avec la DRFR, des gens qu'on découvre, qu'on apprécie malgré l'adversité, etc. Donc ça pose un petit peu les bases de ce que va devenir un peu la fédé française et la fédé mondiale. Et c'est une super expérience, tu vois, on repart de là. Moi, j'ai plein de trucs à raconter à mes proches, etc. Je suis comme un ouf et j'ai qu'une envie, c'est de remonter sur un ring et de refaire les combats. Donc c'est après ça que moi, je signe définitivement les papiers pour fonder le club de chessboxing, qui avait déjà une existence... on va dire pratique mais pas d'existence légale après ça il ya eu la broye et la période qu'ovide ou c'est oui c'est pas passé grand chose il y avait des combats des effets prévus qu'on a été annulé pour cause de coville etc le spa grave moi j'en profite tu vois pour continuer à bosser aux échecs et à la boxe on refait quand même un rassemblement en septembre 2020 où on rencontre on va dire un peu la génération la deuxième génération de chessboxer donc il ya valentin qui est arrivé là qui est un très gros éléments dans la team france tu vois Et on continue à poser les bases de ce que va être cette fédération, parce que c'est ça aussi le projet auquel moi j'adhère. Il y a la partie compétition, il y a la partie sportive qui est super, et il y a la partie création de projet, la partie création de club et création de fédération qui est aussi super excitante. Donc je suis très heureux de faire partie de cette dynamique-là. On passe après en 2020. 2021, il n'y a pas de championnat du monde. 2022, on repart en Turquie. On est en petit comité. Moi j'y participe mais pas en tant que combattant parce que physiquement je ne suis pas très en forme. J'avais fait des calculs rénaux quelques mois avant, ça avait grandement perturbé mon entraînement. J'ai quand même envie d'être là, j'ai quand même envie d'être présent. Donc je dis aux gars, écoutez moi je viens comme porteur d'eau ou slash coach etc. Je me mets à disposition des gars parce que j'ai quand même envie d'être là, de profiter de l'ambiance. Donc j'en profite pour recréer aussi d'autres liens avec des gars de Russie, notamment Danil, avec Dogan aussi, le gars de Turquie etc. qui sont des mecs super en fait. au-delà de l'aspect compétition c'est vraiment des mecs en or et qui ont des parcours de vie super intéressants donc ce championnat est quand même assez mémorable parce que Lara chope son deuxième titre Thomas lui perd en finale contre un jeune gars, un jeune russe qui est assez surprenant, assez fort Jules ne participe pas à cela mais c'est Valentin et Wilfried aussi qui vont choper leur première médaille pour chacun, on fait la rencontre d'Assane aussi Assane qui viendra un peu plus tard mon adversaire pour l'IFC numéro 5 Et donc, préparation pour 2023. Je crois qu'en 2023, il y a eu un ou deux rassemblements. Je me rappelle qu'à ce moment-là, nous, on est dans une démarche vraiment d'ouverture. On fait la rencontre de certains gars comme Polo Sergent, comme Sardoch. On commence à trouver des gars, des mecs de plus en plus solides, de plus en plus sérieux et qui ont envie de faire de la compète, etc. Donc, c'est vraiment super. Je crois qu'entre-temps, il y a eu deux IFC.
- Speaker #0
Si je dis pas de bêtises, il y en a un où mon camarade Arthur s'est battu contre Vito.
- Speaker #1
En 2023, il y a février à Paris et en mai à
- Speaker #0
Cèdre. C'est celui auquel j'ai participé, oui, effectivement, contre Léo. Alors ça, c'était un vrai challenge aussi, parce que je me présente là-bas un petit peu en déficit de poids par rapport à l'adversaire. Je suis à 70 kilos, à 71 kilos, pardon. Lui, il est à 75. Donc je sais que c'est un match-up où ça va cogner fort. En plus, tu vois, Léo, c'est quand même un mec qui est assez... assez barraques et ça, pas forcément un technicien mais un mec assez puissant, assez solide on avait un petit écart de niveau aux échecs que j'ai réussi à matérialiser en victoire mais ça a été un beau challenge parce que ce versaire dangereux et puis le cadre était fantastique c'était incroyable, celui-là franchement c'était mon combat préféré ne serait-ce que pour le cadre, rien que le cadre c'était absolument incroyable après ça on part en Italie, en championnat du monde organisé à Riccione où là c'est pareil, c'est la folie alors là on se rend compte du coup qu'on est peut-être pas si fort que ça parce que les russes ont beaucoup de monde beaucoup de jeunes notamment donc on est peut-être serré un petit peu à la traîne en termes sportifs par rapport aux russes mais bon voilà c'est aussi comme ça qu'on s'épanouit c'est dans l'adversité, dans la difficulté ça grappe quand même des petites médailles il y a Jules et Valentin qui prennent chacun une breloque on est même pas surpris que ces mecs là gagnent des médailles tellement ils sont forts ... C'est peut-être les deux meilleurs gars qu'il y a dans le jazz boxing. Je ne parle pas seulement en France, je parle dans le monde. Je pense que ça discute très très fort. On a aussi Thomas qui est là en grand frère pour venir un peu cadrer l'équipe. Donc c'est toujours cool de l'avoir aussi autour. Et moi, à ce moment-là, j'affronte un Italien qui est plus fort que moi aux échecs. Et je ne joue pas super bien. Ça donne une dame très vite dans l'ouverture et je me retrouve en difficulté. Je perds encore pour changer. Mais encore une fois, j'ai l'occasion de profiter de ces championnats du monde pour vivre. avec mes potes, donc moi le truc qui m'a marqué sur ce championnat c'était la victoire de Pierre, Gabriel, qui gagne contre mon adversaire de l'IFC, Léo mais qui est forfait pour le prochain round parce qu'il s'en est pris tellement plein la gueule le pauvre, mais tu vois il s'en est pris plein la gueule mais il a quand même terminé le combat, moi j'avais trouvé ça super stylé donc gros big up à lui il y a tellement de trucs en fait à chaque fois sur chacune des semaines qu'on passe au championnat du monde que je peux pas tout résumer comme ça là sur un podcast mais émotionnellement c'est toujours très riche très fort, ça a été la découverte de Terry aussi Kéric est un mec qui a une vibe de baston incroyable c'est une espèce d'icône de la pop culture Thierry pour moi c'est un mec, il est là,
- Speaker #1
il pèse j'adore ce mec comment ça se fait que tu gagnes tous les IFC et que tu perds au championnat du monde ?
- Speaker #0
très simplement, en fait les IFC c'est des combats qui sont mis en place avec des oppositions équilibrées c'est à dire qu'aux IFC j'ai un mec qui fait mon poids, j'ai un mec qui fait mon niveau d'échec et un mec qui a à peu près mon niveau de boxe donc c'est un peu plus facile de survivre à... dans ce contexte d'adversité. Il y a aussi peut-être le format qui est un peu plus long, qui me convient un peu plus, parce que bien jouer aux échecs sur un format court, c'est difficile. Moi, je n'ai pas forcément le niveau pour bien jouer en pleats. Je pense que je m'épanouis un peu plus sur les parties. Ce qui n'était pas le cas contre Kevin au premier FC, où il m'a vraiment défoncé. Mais sur les deux autres adversaires que j'ai eus, là, j'ai pu avoir un peu plus de temps de réflexion pour poser une partie un peu plus solide et un peu plus correcte. Alors qu'au championnat du monde, tu peux vraiment tomber... C'est un peu Kinder Surprise, quoi. Tu ne sais pas vraiment s'il... On commence à connaître les gars, maintenant. On sait à peu près, parce qu'il y a un peu... les mêmes têtes chaque année. Là, c'est un peu pilou-face. Tu tombes sur un gars vraiment beaucoup plus fort que toi à ses échecs, c'est chaud. Un mec beaucoup plus fort que toi à la boxe, c'est chaud aussi. Moi, je suis ni fort aux échecs, ni fort à la boxe. Pour gagner, il faut que tu vois... C'est quand même bien d'avoir une discipline où tu es à l'aise. Les gars chez nous, ils ont vraiment un point fort. Les gars comme Jules Thomas, c'est vraiment des super joueurs d'échecs. Et ça commence à devenir des super boxeurs. Jules et Valentin, notamment, ils ont bien bossé aux échecs, etc. Mais souvent, on se rend compte que c'est les bons joueurs d'échecs qui survivent. Il y a eu une exception, tu vois. Il y a eu deux exceptions. je connais dans ce championnat du monde, c'est le Finlandais Zachary, qui avait gagné un championnat du monde comme ça en 2019, et Hassan. Hassan, qui est moyen aux échecs, et qui a pourtant réussi à arracher un titre de championnat du monde, si tu veux, en se battant comme un mort de faim, pour arracher des victoires un petit peu au couteau. Et gros respect à lui, d'ailleurs, parce que 2023, lui, il est reparti avec le titre en poche. Et c'est les seules exceptions. Sinon, la plupart des mecs qui s'en sortent là-dedans, c'est les mecs qui sont joueurs d'échecs.
- Speaker #1
Et donc toi, tu penses que c'est bien d'avoir des matchmaking pas forcément équilibré comme il y a au championnat du monde ?
- Speaker #0
Alors, bien, je ne sais pas. Pour le format IFC, où on est sur des soirées de spectacle, des soirées de gala, on n'a pas envie de voir un Mike Tyson contre un Magnus Carlsen, aucun intérêt. L'un va défoncer l'autre et l'autre va défoncer l'un. Tu vois, je vais te parler par exemple du meilleur combat que j'ai vu. C'est Léo contre Sardoch. C'était le premier combat de Sardoch. Et je crois que c'était aussi le premier combat de Léo, si je ne dis pas de bêtise. Donc les deux sont en primo combat, la partie d'échec est équilibrée, la boxe est équilibrée, je donne les deux premiers rounds à Léo et les trois derniers à Sardoch. Mais ça se rend vraiment coup pour coup, il y a un storytelling, il y a un suspense, même si le niveau de boxe n'est pas le meilleur et si le niveau d'échec n'est pas le meilleur, si tu veux. Je te dis ça alors que les mecs jouent mieux que moi aux échecs, mais objectivement, il y a des mecs qui sont meilleurs, les deux à l'époque jouent autour des 1700 et 1800, tu vois à peu près. Et le match est vraiment super, tu vois, le match est accroché, c'est haletant, il y a du suspense, etc. Et c'est un vrai régal à regarder, tu vois. Pour moi, c'était vraiment le super game. T'as des matchs où les niveaux de boxe et les niveaux d'échecs sont plus élevés, mais c'est pas forcément les matchs les plus intéressants. Les matchs les plus intéressants, c'est les matchs les plus serrés, quoi. Donc c'est pour ça que les IFC proposent des catégories d'échecs. Et c'est pour ça que moi, tu vois, je vais pas, par exemple, jouer contre un Julk à demi-leveau, tu vois, ça a aucun intérêt, je vais me faire arracher la tête, quoi. je vais plutôt jouer contre des gars style Hassan style Terry qui sont autour des 1400-1500 Elo comme moi et même si les parties sont dégueulasses le match contre Hassan par exemple j'ai fait des tas de bourdes c'était pas une belle partie mais je pense qu'on a quand même proposé un truc qui était intéressant à garder dans le sens où on fait tous les deux les mêmes erreurs stupides et on se tape bien et on se régale moi c'est ce que j'ai ressenti j'ai eu énormément de plaisir sur ce dernier essai c'était un régal Parce que justement, c'est incertain. On ne sait pas qui au final va gagner. Tout est possible dans la partie. Les parties sont tellement rocambolesques. De toute façon, tout peut se passer.
- Speaker #1
Tu gagnes aux échecs, mais je veux dire, même en boxe, ça se passe très bien. Alors que le mec, il tombe sur toi, il donne tout. Et parce que tu avais une boxe qui était très différente. Et c'est vrai que tu n'es pas très agressif. Contrairement à des Hassan, à des Jules, peu importe. Mais du coup, explique un peu. Tu es à la fois hyper souple et hyper agile. Est-ce que tu as appris ce style parce que tu sais qu'il te convient ou c'est parce que c'est comme ça que tu aimes boxer ?
- Speaker #0
Il faut être humble, je pense, et il faut rendre à César ce qui appartient à César. C'est en grande partie grâce à Lucas, qui m'a suivi pendant pas mal d'entraînements, etc., qui a compris comment je pouvais et comment je voulais boxer et qui m'a donné les outils, la rigueur pour pouvoir appliquer ce style-là. Et encore, ce que tu vois contre Hassan, c'est que je peux faire mieux que ça. Je n'ai pas été forcément hyper propre contre Hassan et je ne suis pas forcément moi 100% satisfait de ce combat-là. mais Lucas m'a dit ok tu veux boxer relâché il n'y a pas de problème tu peux le faire mais il faut que tu sois fort sur les appuis il faut que tu sois fort techniquement il m'a dit voilà t'as peut-être le cas à cocher etc donc l'enjeu contre Hassan qui on le rappelle n'est pas forcément un boxeur très technique mais qui est quelqu'un qui a une énergie, un cardio et une volonté on va dire inébranlable il fallait être prêt donc ça passait par beaucoup de renforcement physique on a fait aussi beaucoup de cardio on a pas fait tellement si tu veux de boxe technique etc parce qu'on savait que techniquement on était au point mais il fallait être prêt physiquement il fallait... prêt à tenir le coup. Et je t'avoue que j'étais un peu énervé aussi contre Hassan parce que c'était un sacré challenge, sachant qu'il avait vraiment roulé sur les mondiaux de 2023. Donc le mec arrivait avec de la confiance, une envie de dominer. Et je te dis ça alors que, tu vois, le jour du... la veille du combat, on a passé la journée ensemble, t'allais manger au kebab et tout, c'était génial. Hassan, c'est mon pote, tu vois. C'est mon pote, mais on avait vraiment envie de se la donner. c'est son coach en fait Deno qui avait proposé l'idée il avait dit à Hassan ah ouais lui ça peut être un bon matchup pour toi parce qu'on est vraiment très différents Hassan il est petit carré cubique tu vois alors que moi je suis grand fin gringalet et je pense qu'on a proposé une opposition de style qui était assez marrante tu vois et alors l'idée simplement c'était de laisser passer la tempête je savais que j'allais me faire tartiner ça me dérangeait pas j'aime ça je suis pas contre prendre des coups il fallait esquiver les gros coups parce qu'Hassan il est capable de développer quand même une bonne Non seulement il est capable de développer une bonne patate Et en plus il peut le faire ce qu'il veut en maintenant De la vitesse dans ses séries etc Donc là l'idée c'était vraiment de pas paniquer, d'accepter le combat Et de remiser une fois qu'il allait s'épuiser Et je pense que c'est ce que j'ai réussi à faire Là où ça m'a posé le plus de problèmes c'est aux échecs Parce que j'ai fait une connerie Très rapidement en début de partie J'ai perdu une qualité sur une fourchette de cavalier Truc débile tu vois mais sous pression, sous stress J'ai pas fait super attention et j'ai laissé passer la fourchette Et j'ai réussi après à transformer Des pions avancés en en dames, ce qui m'a permis de gagner, mais je me suis un peu fait bouger quand même, tu vois. C'est plus là que moi j'étais surpris, je ne l'attendais pas, à ce qu'il me bouge comme ça aux échecs. Mais au final, ça va, ça passe, et ouais, vivement la suite, quoi.
- Speaker #1
Donc tu dis que t'aimes ça, tu dis que t'aimes te faire bouger, justement. On voit d'ailleurs, quand t'es sur le ring, à ta tête, qu'en fait, t'es en plein kiff, quoi. Autant il y en a qui sont vraiment, quand ils montent sur le ring, voilà, vénèrent les sourcils français, on sent qu'ils se mettent dans une bulle un peu de colère, etc., pour tuer l'autre, quoi. C'est d'ailleurs un peu ce que disait Jules la semaine dernière. Autant toi, je ne sais pas si tu es, mais tu as l'air détendu, tu souris. Et quand le mec, il t'attaque, tu as juste l'air d'être en plein kiff. Et du coup, explique un peu.
- Speaker #0
Tu as dit un mot intéressant dans ton énoncé. Tu as dit détendu. Et petite réspective, on est en septembre-octobre 2018. J'assiste à mon quatrième, cinquième, sixième cours de boxe. Je ne sais plus exactement. Il y a un prof qui s'appelle Tiana, accessoirement prof de l'éducation. C'est un parcours un petit peu atypique qui nous fait un cours sur le relâchement musculaire. Un changement musculaire, c'est quoi ? C'est la capacité à boxer sans maintenir forcément beaucoup de tension dans les bras et dans les épaules. Et moi, ça a été un déclic. Ça a été une prise de niveau phénoménale. C'est-à-dire que les semaines avant, j'avais les lèvres explosées, je saignais du nez toutes les séances, etc. C'était une catastrophe. À partir de ce moment-là, à partir du moment où j'ai assimilé cette notion-là, ça a été un déclic. Je n'ai plus pris de coups forts. J'ai commencé à esquiver, j'ai commencé à bouger, j'ai commencé à remiser. Et ça a été un déclic. Ça, c'est ce que j'ai voulu mettre en place pour mon style de combat, parce que je suis mis le plus fort. ni le plus endurant, mais je peux être le plus relâché, le plus détendu. Ça, c'est quelque chose que je peux faire, parce que ça correspond bien au style de boxe. Je te disais tout à l'heure que j'aime bien me faire bouger, dans le sens où oui, c'est aussi un moyen d'exprimer ta personnalité, ta façon de combattre. J'aime beaucoup cette idée, moi, de répondre à la violence par l'esquive, par l'évitement, pas par la confrontation brutale, mais par une espèce de nonchalance. Je sais que c'est parfois l'impression que je renvoie. alors que c'est quelque chose que j'ai vraiment conscientisé j'accepte de prendre des coups pour pouvoir en redonner derrière sachant que je vais pas faire forcément beaucoup de dégâts mais que c'est des coups qui vont impacter c'est des coups qui vont toucher qui vont surprendre, qui vont calmer un peu l'adversaire on monte sur le ring outre l'aspect compétition on monte sur un ring aussi pour se montrer, pour s'affirmer aux yeux des autres et moi j'ai trouvé un moyen d'expression là-dedans de dire je comprends les codes de la boxe je les accepte mais je suis pas obligé de ... Je ne suis pas obligé de jouer avec de la même façon que le font mes adversaires. Tu vois Hassan qui est par exemple en brute force, etc. et qui va essayer vraiment d'étouffer, d'endormir son adversaire. Moi, j'ai une approche peut-être un peu différente des styles de boxe qu'on a pu voir dans le chess boxing. Mais je m'éclate comme ça, c'est ma façon de faire. Je ne sais pas si c'est la plus efficace. Alors, il y a aussi le fait que quand je m'entraîne, quand je fais les sparrings, je termine toujours les séances en affrontant le mec le plus dangereux, le mec le plus lourd, le mec le plus solide. souvent des poids lourds, j'aime bien faire masser les côtes par des poids lourds pour mettre ce truc là en pratique, de dire ok ce mec là il est plus fort que toi, ce mec là il est plus solide que toi mais c'est pas grave, tu vas faire face, tu vas l'affronter avec tes armes etc c'est comme ça que je m'épanouis, c'est comme ça que je m'éclate et t'as pas peur ? plus maintenant et ça il faut remercier Valentin Marcel pour ça, qui en 2022 m'a sorti une phrase qui m'a un peu marqué et après le premier combat je lui ai dit mais ça va, t'avais pas peur et tout ... T'as pas peur pour ton prochain combat ? Non, il n'y a pas de peur, il n'y a que de l'excitation. J'avais peur en 2019. J'avais peur au premier EFC, j'avais peur au deuxième. Plus que la peur de me faire taper, c'est la peur de perdre. Maintenant, je n'ai plus peur, je suis excité, je profite de chaque instant. La victoire, la défaite, c'est un paramètre que je ne maîtrise pas à 100%. Je ne vais pas me prendre la tête avec ça. Mais me faire taper, non, je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur maintenant, parce que je suis préparé. J'ai fait des entraînements, j'ai bossé mes problèmes, j'ai fait les tactiques et tout. Donc si je perds, je perds. C'est la vie, tu vois, c'est pas grave. L'important, c'est pas le résultat, c'est le parcours que tu fais pour arriver à ce résultat-là.
- Speaker #1
Tant que tu disais tout à l'heure en début d'entretien que t'étais pas spécialement compétitif, t'avais quand même peur de perdre.
- Speaker #0
Bien sûr, mais la peur de perdre, c'est très différent de l'envie de gagner. C'est encore une fois, et ça c'est quelque chose, tu vois, moi je me disais souvent, j'ai pas besoin du regard des autres pour vivre, pour m'exprimer. Quand j'ai commencé le chessboxing, cette vision du monde, elle a un peu changé. Tu existes. par le regard des autres, tu t'affirmes en tant qu'être humain par le regard des autres, et t'as jamais envie de montrer une version de toi qui perd, quoi. Ça a peut-être, moi, été un frein dans mes premiers combats, de me dire tu vas perdre, tu vas perdre, tu sais, je me rappelle vraiment en 2019, le premier essai, dans ma tête, devant la partie échec, c'était, ah, tu vas te faire défoncer, tu vas te faire défoncer, tu vas te faire défoncer, c'est un truc qui est paralysant, en fait. Maintenant, c'est, j'ai plus, on va dire, peur de décevoir, dans le sens où je risque de pas produire une belle partie d'échec, ou de pas produire une belle box. Ça, ça m'emmerde, tu vois, que quelqu'un regarde mon combat et me dise « Ouais, ta boxe, c'est de la merde, ta partie échec, c'est de la merde. » Ça, j'ai pas envie. Donc j'ai envie de montrer le meilleur de moi-même, tu vois. Dans le sens où, voilà, c'est aussi une façon de s'affirmer. C'est quelque chose de très... Le formateur, pour ça, le chessboxing, c'est une façon de se montrer tel qu'on est au regard des autres. De prendre le risque d'une défaite, d'une humiliation publique. Parce que c'est ça, quand tu montes sur un ring, tu prends le risque de t'humilier, de te prendre un KO, de te prendre un échec et mat, etc. Mais aussi de se confronter à ça, se confronter au regard des autres, c'est une façon de grandir en tant qu'humain, en tant que personne, tu vois.
- Speaker #1
Comment t'étais avant de commencer le chessboxing et comment ta vision peut-être de la vie ou du monde a changé depuis ?
- Speaker #0
Alors, ça a changé sur un point précis que je viens d'évoquer, c'est le regard que tu portes sur les autres. Je ne pense pas avoir tellement changé dans ma façon d'être et dans ma façon de vivre parce que j'ai toujours été quelqu'un d'assez jovial et enthousiaste, tu vois. J'ai toujours fait les choses par plaisir. Tant que ça m'apporte du plaisir, je continue à les faire et je ne me pose pas plus de questions que ça. Je ne vois pas forcément les choses à... moyen ou long terme, mais ça m'a donné une rigueur en fait. Ça m'a donné un outil pour supporter le quotidien. Genre tu vois, quand j'étais en 2019, en intérim, en pleine prépa pour les championnats du monde, j'avais un boulot où ça ne se passait pas très bien, c'était un peu dysfonctionnel dans la boîte. des prises de tête avec les autres salariés, etc. Et moi, je me dis, mais attends, tu vas te taper tous les soirs avec des gusses de 100 kilos et tu te prends la tête pour un boulot qui n'est pas si important. Donc finalement, ça relativise un peu les petits tracas de la vie. Que sont les petits tracas de la vie à côté d'un poids lourd de 100 kilos qui veut te péter les dents ? Pas grand-chose, en fait. Ce qui est paradoxal, c'est que je ne suis pas obligé d'aller me faire péter les dents par des poids lourds de 100 kilos, mais je choisis d'y aller, en fait. Ah, parce que je pense qu'en fait, ça fait du bien de se réconcilier avec la violence. Tu sais, je pense qu'on vit dans des sociétés qui sont assez, je vais mettre des guillemets, pacifiées, mais on n'a pas de guerre, on n'a pas de gros problèmes sociaux, etc. Le monde occidental n'est plus forcément familier avec la violence physique, alors que paradoxalement, notre société peut parfois être hyper violente dans sa relation avec les autres, dans son individualisme, etc. Donc se réconcilier avec la violence physique, c'est une façon aussi de mieux appréhender la violence psychologique que tu peux... que tu peux parfois croiser dans ce monde. Et tu peux faire le chemin inverse. Les échecs, c'est un jeu, c'est un sport qui est extrêmement brutal, qui est extrêmement violent, beaucoup plus qu'il n'y paraît. Et se confronter là à cette adversité, à cette violence, ça permet aussi de bien appréhender la violence psychologique et physique du monde. Donc moi, je dirais que ça m'a apporté ça. Je me sens un peu mieux armé pour affronter la violence de nos sociétés.
- Speaker #1
Et tu trouves que c'est plus difficile de progresser en boxe ou aux échecs ?
- Speaker #0
ça c'est mon avis perso mais je pense que c'est lié aussi à ma pratique des échecs qui n'est pas forcément la bonne je trouve que ma progression des échecs est très lente et très laborieuse tandis qu'en boxe j'ai toujours l'impression de progresser au même rythme assez régulièrement assez constant aux échecs c'est des paliers, c'est des pics et il n'y a jamais rien d'acquis en fait si tu t'entraînes pas, si tu zappes une journée de pratique, quelques compétitions tu peux très vite dégrader ton niveau et en ça la pratique des échecs est extrêmement ingrate parce qu'il faut toujours s'accrocher, il faut toujours se battre, etc. Ça m'arrive, moi, de me faire défoncer par des mioches de 9-10 ans sur les tournois. Et ça, c'est dur. Le gamin te défonce. Et le pire, c'est qu'après, il te fait de la pédagogie, il t'explique pourquoi il t'a défoncé et t'apprends des trucs et c'est intéressant. Mais je trouve ça aussi super que je puisse apprendre de ce minot-là avec qui je partage cette passion pour le jeu d'échecs et qui a lui aussi des choses à m'apprendre. C'est un truc qui transcende l'âge, qui transcende les milieux sociaux. C'est super. C'est un super outil de création de biens sociaux.
- Speaker #1
Et comment est-ce que tu as appris à ne plus avoir peur de perdre ?
- Speaker #0
Premièrement, perdre, ce n'est pas une fatalité. Regarde le parcours de Jules, par exemple. C'est un mec, à chaque fois qu'il a perdu, il a appris et il est revenu plus fort. Paul Sergent, en 2023, il se prend un knockdown au premier rang. En 2024, il est champion du monde et avec la manière. Voilà, le premier conseil, c'est perdre. Perdre, on s'en fout, en fait. Perdre, ce n'est pas grave. Et assume. Tu perds, t'assumes. Ce n'est pas grave. Le deuxième truc, c'est tu t'épanouis et tu progresses. dans l'adversité, dans la difficulté. L'essentiel, c'est le chemin que tu parcours pour arriver à cette victoire ou à cette défaite. Et c'est là qu'il est le parcours initiatique pour moi. C'est dans la rigueur que tu vas mettre dans tes entraînements, c'est la rigueur et la passion que tu vas mettre dans ta pratique, c'est l'amour que tu vas développer pour ton sport, pour ton activité, qui va faire de toi une personne plus accomplie et plus aboutie.
- Speaker #1
En théorie, tu as tout à fait raison, mais... Je pense à quelqu'un qui perd, parce que c'est une question d'ego, vachement, quand même.
- Speaker #0
L'ego, il n'a pas sa place, en fait, là-dedans. L'ego, c'est un truc toxique. On va nuancer un petit peu le propos, parce qu'il y a certaines personnes qui se nourrissent de ça, qui se nourrissent de cet Ausha. Même moi, tu vois, je suis en train d'y penser, mais par rapport à ce que je t'ai dit un peu avant, le fait de projeter une image de choix vers les autres, c'est aussi un truc d'ego. Mais il ne faut pas que cet ego, il phagocyte l'envie, la passion, le plaisir que tu as à faire les choses. Si tu fais tout par ego, tu vas... tu vas forcément te confronter à des gens ou à des situations qui seront plus fortes que toi où tu ne pourras pas alimenter ton ego correctement parce que si tu fais les choses juste pour alimenter ton ego pour moi c'est pas une raison valable de faire quelque chose l'ego c'est une composante de ta personne c'est pas bien ou mal c'est quelque chose de gris c'est quelque chose qu'il faut comprendre, qu'il faut accepter il ne faut pas que ça empiète sur le reste On n'est pas au service de sa personne, on est au service d'un sport, on est au service d'une fédération, d'un club, d'une vibe. Je ne sais pas comment dire. Il ne faut pas que les gosses, ce soit un truc prépondérant, là-dedans. Après, je te dis ça parce que je viens des sports-co aussi. L'approche n'est peut-être pas la même que des mecs qui viennent vraiment purement du monde des échecs ou de la boxe.
- Speaker #1
C'est peut-être pour ça que tu n'as pas la même mentalité que pas mal de chessboxeurs.
- Speaker #0
Je ne suis pas sûr parce qu'en fait, tu réfléchis, il y a pas mal de gars qui sont aussi dans ce truc-là. au service du collectif, je pense à Paul Sergent, à Kenza, à Eduardo, à des gens qui ne sont pas forcément là pour toujours gagner des titres. Martin aussi, il est comme ça, dans le collectif, il est là, il est présent. Je pense que tu l'as beaucoup chez des gars comme Jules, tu l'as aussi un petit peu chez Valentin, mais je n'ai pas l'impression que ce soit le moteur principal de la majorité des gens. Je pense à mon camarade Samuel de Toulouse. Lui, c'est un mec qui ne se met pas en avant, qui n'est pas forcément un individualiste, mais il est plus au service d'un collectif, au service d'un projet. Je ne ressens pas forcément ce côté égo chez ce boxeur. C'est peut-être très présent sur le ring, sur l'aspect boxe ou sur l'aspect combat des échecs, mais en dehors, ce n'est pas quelque chose de prépondérant. Je ne pense pas, en tout cas. Peut-être que je me trompe. Peut-être que c'est moi qui ai une vision embellie des choses, mais ce n'est pas quelque chose que je ressens trop.
- Speaker #1
J'ai l'impression que pour toi, le chestboxing va infiniment plus loin que... les combats et le côté sportif. Et c'est quelque chose qui se retient énormément au championnat du monde, entre autres, mais surtout au championnat du monde, c'est que tu échanges tes maillots et tu échanges des fringues avec tous les chessboxers de tous les pays. Et voilà, tu es un peu, on va dire, l'ambassadeur français au championnat du monde qui est pote avec tout le monde.
- Speaker #0
Vu que je perds mes matchs très rapidement, j'ai le temps pour me consacrer à autre chose. Donc l'accompagnement des copains dans les coins ou dans les préparations d'avant le match. Mais il y a aussi la troisième mi-temps, ça c'est important. Même si je bois quasiment pas d'alcool, j'aime beaucoup cet esprit de troisième mi-temps. On débriefe à chaque fois avec les adversaires, etc. Et ça a été l'occasion de sympathiser avec deux super gars. Les premiers auxquels je pense, c'est Dani. le fondateur du club de Moscou, et Dogan qui fait un super boulot dans sa ville, dans son quartier à Istanbul. Ça, c'est des mecs en or, tu vois. Même sans forcément bien se comprendre, parce qu'il y a la barrière de la langue, notamment avec Danil, tu vois. Parce qu'avec Danil, on se parle avec un traducteur sur le téléphone. On sent que c'est un mec qui a une fibre humaine. Moi, ça me parle, tu vois, les gars, comme ça. Parce que je sens que ce que je vis, ce que je ressens, ils ont un peu la même envie, tu vois, la même passion. Mais en fait, je pense que c'est des gars qui ont compris ce qu'était l'héritage de Yéper Rubin, qui ont adhéré à son mouvement. Alors pour ceux qui ne savent pas, Yéper Rubin, c'est le Jésus du chessboxing. On a Nkibilal, c'est Dieu, et on a Yéper Rubin, c'est Jésus, son Messie. Yéper, c'est celui qui a mis en forme le chessboxing. On parle d'une époque, c'était dans les années 2000-2003, je crois, qui a fait en sorte que le chessboxing devienne ce qu'il est actuellement. Et il a ramené aussi cette touche de mec un peu cool, un peu décalé, parce que c'était aussi un artiste. et malgré ce côté cool décalé il a vraiment beaucoup insisté sur le fait que ça doit rester un sport cool ça doit rester un sport bienveillant et je suis vrai je retrouve ça, ce qui est paradoxal parce qu'on se met quand même des bonnes marmites dans la tronche mais il y a ce côté bienveillant c'est la guerre sur le ring mais après on est tous une bande de gars qui partageons la même passion et ça compte plus que l'adversité je trouve Et est-ce que c'est ça la vision que tu portes au club de Toulouse ? Oui, on se met aussi des bonnes marmites. Le meilleur investissement qu'on ait fait, je pense, un jour, je suis allé acheter des casques à Décathlon avec une visière, on les a testés avec Arthur et on s'est dit, c'est le meilleur investissement. C'est trop bien. Du coup, on peut se taper très très fort et prendre du plaisir quand même. Moi, ce que je voulais, c'est une vision qui est un peu en train d'évoluer parce que je compte aussi beaucoup sur mes camarades là-dessus. Je disais tout à l'heure que je pouvais tout décider tout seul, mais ce n'est pas comme ça que je veux faire. Je veux aussi que les gars participent et que ce soit partie prenante du club. Moi, j'avais pour idée de faire que des cours gratuits, de faire payer des licences à personne, etc. Donc, le trésorier et le secrétaire m'ont dit « Attends, tu ne peux pas faire ça, il faut commencer à faire payer des licences, des machins, des trucs, etc. » Donc, on a Samy qui nous a fait un joli logo, un logo qui est sur Instagram, etc., qu'on a imprimé sur des t-shirts et qu'on vend, si tu veux, symboliquement, on le vend à une cinquantaine d'euros et ça fait fille d'adhésion. On donne aux gars un t-shirt, on leur demande 50 euros pour une adhésion nouvelle. Ce qui ne me paraît pas choquant, en sachant qu'il y a des cours... qui a des cours toutes les semaines. En ce moment, on est sur des cours le dimanche matin dans le parc, qui sont un peu ouverts à tous. C'est-à-dire que là, on prend le tout venant. Souvent, on laisse un échec supplémentaire s'il y a des mioches qui passent, qui veulent jouer la balade dominicale. C'est lié au fait que notre tout premier entraîneur d'échecs est un monsieur qui s'appelle Bruno. Bruno, à Toulouse, il joue sur une des places centrales de la ville, sur la place Wilson. Il joue avec des passants dans la rue, c'est-à-dire qu'il s'installe. Il vient en début d'après-midi, vers 14h. Il pose ses échecs dans la rue et il joue avec un petit peu le tout venant. Et moi, j'avais trouvé ça... Ça m'avait parlé, tu vois, j'avais fait ça un peu après le Covid, je l'avais remplacé quand il n'était pas là. Et c'est quelque chose qui m'avait marqué, c'était aussi une façon intéressante de créer du lien social. Donc je me suis dit que ça, on allait le garder. Voilà, ouvert à tous, bienveillant, participatif. Tant que les personnes viennent avec une bonne attitude et bonnes intentions, on est vraiment un club qui est ouvert à tous. Et ça, moi, j'y tiens. Donc j'ai dit au gars, quoi qu'il arrive, même si on a une salle, même si... vous devenez des super boxeurs, des super joueurs d'échecs, que vous allez dans les clubs d'échecs, dans les clubs de boxe à côté. Moi, je resterai, je viendrai le dimanche matin, je poserai mes échecs dans le parc. Même si on n'est que deux, si il y a une personne qui vient, je continue à venir le dimanche matin. Et je ne te cache pas que l'hiver, souvent, on n'est pas nombreux. On est deux, trois, quatre, ce n'est pas grave. Je viens quand même, ça fait partie du job, ça fait partie de la mission. Parce que c'est important, en fait. Parce que moi, les moments où j'avais envie d'aller dehors, jouer aux échecs, faire des trucs, il y avait Bruno qui était là. Et c'est une façon aussi un petit peu de rendre hommage à ce monsieur-là, qui a été l'un de mes premiers entraîneurs d'échecs, en fait.
- Speaker #1
Et je sais que ce n'est pas facile de pérenniser une association. C'est quoi les difficultés et c'est quoi votre plan en ce moment ?
- Speaker #0
La nouveauté, c'est qu'on a un partenariat avec un club qui est du côté de Sao Zolong, à Toulouse, où c'est un club de boxe qui nous a ouvert un créneau d'une heure, une heure et demie le samedi après-midi. Donc l'idée, c'est qu'on va chez eux, qu'on donne des cours d'échecs un petit peu aux gens de chez eux qui sont plutôt des boxeurs. Même si on a quelques surprises, on s'en reparlera peut-être un moment, on a quelques trouvailles intéressantes. Des mecs qui viennent avec un gros niveau de boxe et qui ont déjà un niveau solide aux échecs. L'objectif là-bas, c'est de pérenniser ce créneau. Il faut que je voie avec les dirigeants de la salle comment ça peut se passer, comment ça peut évoluer, etc. Et après, bah... Tu sais que cette année, il y a eu, je vais dire un gars, parce que Sabri, il n'était pas vraiment au club, on l'a rencontré aux détections, mais il y a Samuel qui est venu avec moi en mondiaux, et ça, c'est une grande fierté, parce que c'est le deuxième combattant du Chase Boxing Toulouse qui part en compétition. Il y avait Arthur qui était parti faire un IFC déjà en 2022, et Samuel qui rejoint. Sabri, je ne le compte pas vraiment, parce que Sabri, c'est un profil vraiment spécifique, c'est un mec qui vient de la boxe, c'est un boxeur qui est très autonome. On s'est rencontrés un tout petit peu avant les Champions du Monde, donc à l'époque, je ne le comptais pas encore comme partie prenante du club. mais j'espère que lui viendra parce que tu vois c'est un mec super précieux aussi donc ça pour te répondre tu vois c'est un objectif d'emmener des gars en compétition ne serait-ce que pour qu'eux vivent le plaisir que moi j'ai eu à aller rencontrer des chessboxers en toute la France d'ailleurs au dernier rassemblement on est venu à 7 j'ai dit aux gars moi je veux pas que vous traîniez ensemble pendant le truc vous allez trouver des gars vous allez vous faire des copains des autres clubs etc c'est vos devoirs vous allez vous faire des copains donc pour te répondre voilà court terme envoyer des mecs en compète, moyen terme pour nous l'idée c'est de se stabiliser une séance hebdomadaire qui soit pas la séance du parc du dimanche matin parce que celle-là elle restera quoi qu'il arrive. Et puis alors moi l'objectif que j'ai à long terme, ça c'est un truc qu'on a en tête avec Lucas très très fort, c'est qu'on veut former des jeunes parce qu'on voit tous les Russes qui ramènent des minots aux champions du monde on veut nous aussi avoir des jeunes là qui viennent du club de Toulouse on va avoir des jeunes, on va avoir des féminines aussi parce que c'est un sport qui est pour l'instant plutôt masculin et on trouve ça dommage Parce qu'il y a vraiment de super combattantes. Je pense à Kenza, notamment, qui galère à trouver des opposants. En France, c'est un peu compliqué. Tu as des meufs en Inde aussi qui pèsent très très lourd. En Russie, c'est des machines. Nous, on aimerait un jour qu'il y ait une meuf de Toulouse qui vienne et qui pète des bouches. Ce serait un des projets, on va dire, à long terme. Mais il faut le temps, je pense. Ce n'est pas quelque chose qui se fait comme ça du jour au lendemain. Pareil pour les minots, il faut être un minimum structuré, etc. Après, j'ai mes défauts en tant que gestionnaire de club. C'est que je ne suis pas forcément très porté sur l'avenir. vraiment dans l'instant présent et je donne de mon temps, de mon énergie, mais pas forcément comme il faudrait. J'en ai conscience, tu vois, c'est pas quelque chose que je me cache à moi-même, mais moi je vais continuer à assurer les cours, je vais continuer à être présent pour les gars qui veulent s'entraîner, etc. Je sais, je suis un optimiste, donc je pense que les choses vont se décanter petit à petit et que ça va se mettre en place tranquillement. Je sais pas encore quelle forme ça prendra, je sais pas encore quel fonctionnement on peut adopter. En tout cas, l'assaut est créé, le compte bancaire est créé, on avance tranquillement. Moi, c'est plus ma philosophie, tu vois, on avance comme ça et puis on verra où le vent nous porte.
- Speaker #1
Ok, c'est plutôt Lucas qui pense aux côtés de développement.
- Speaker #0
Il n'y a pas que lui, parce que Lucas a toujours gravité autour du projet, de près ou de loin. Après, il y a Samy, le graphiste, et Arthur, le trésorier, qui amènent une rigueur et une exigence que moi, je n'ai pas forcément. Lucas, notamment sur la partie développement de projet, il est super moteur sur ces trucs-là. C'est lui qui a eu l'idée, par exemple, d'organiser des achats à Toulouse. Ça fera qu'on s'en reparle, d'ailleurs. on a pour projet de faire venir tous les chessboxers de France au chessboxing club de Toulouse et ça tu vois c'est Lucas qui est moteur sur ces projets là et moi ça me fait vraiment énormément de bien d'avoir ces mecs là autour tu vois parce que moi finalement je suis juste en fait le fer de lance mais il y a du monde qui pousse aussi derrière je pense à Samy qui a beaucoup structuré aussi tous les tournois d'échecs qu'on organisait à une époque, Arthur qui m'a aidé aussi à développer partenariat avec des entreprises, on a fait plusieurs visios pour aller chercher des sponsors, des trucs comme ça etc. Tu vois chacun de ces mecs là ils apportent ... ils apportent leur petit quelque chose. Je peux continuer, la liste est longue. Tu vois, par exemple, Gwen, Gwen, c'est l'un de nos meilleurs joueurs d'échecs. Lui, il est un peu leader sur la partie préparation, quand il y a des mecs qui partent en combat, etc. Je sais qu'il est là et qu'il est présent. Et tu vois, ces mecs-là, ils font tous beaucoup de bien. Moi, je chapeaute juste le truc, parce que je suis là tout le temps, mais chacun vient avec sa petite pierre, etc. C'est un club qui est vachement collaboratif. Ça reste une dictature, ça reste moi le chef, mais c'est une dictature qui se passe bien, parce que tout le monde peut participer un peu.
- Speaker #1
Dicta cool quoi !
- Speaker #0
Ouais, dicta cool, j'aime bien cette idée de dicta cool, c'est ça !
- Speaker #1
On en a parlé en tout début d'entretien et je trouve ça intéressant quand on parle du club, et même pareil pour la FEDE d'ailleurs, de revenir rapidement sur ce sujet. Comme tu le dis très bien et c'est très lucide sur ce que t'es, c'est super d'ailleurs je trouve, t'as pas une vision très business du chestboxing. Et donc toi t'aimerais, je crois, tu me dis si je me trompe, que le chestboxing soit disponible gratuitement partout pour tout le monde, pour permettre aux plus de gens possibles d'en pratiquer, pour permettre aux plus de gens possibles de comprendre à quel point c'est génial. et je sais que t'es pas le seul à penser ça il y a d'autres personnes au sein de la FEDE ou en France en tout cas qui pensent un peu pareil que toi et à la fois je comprends tout à fait en fait en théorie je trouve ça hyper noble tu vois et en même temps est-ce que tu penses pas quand même que l'argent est une composante nécessaire pour pouvoir développer le sport rien que par le fait de pouvoir avoir des ressources que ce soit humaines technologiques ou physiques ouais je comprends tu sais on
- Speaker #0
change les choses et on change le monde qu'à son échelle Moi ce que je veux et ce que je peux faire c'est de donner des cours de chess boxing et créer des ambiances de club. C'est ce que je sais faire. est-ce que c'est ce que j'ai envie de faire ? Le reste, je suis pas sûr que je sois forcément la personne la plus pertinente et la mieux placée pour le faire. Mais c'est pour ça, je pense qu'on se complète très bien, tu vois, par exemple, toi, moi, Guillaume, Kamel aussi, dans son rôle, Thomas aussi, qui peut apporter des choses. Même, tu sais, des mecs comme Antoine, tu parlais du côté universel et du côté gratuit pour tous. Antoine, à Nantes, je sais qu'il est attaché à ces sujets-là, à l'accessibilité. Donc, moi, je suis pas inquiet, je connais mes forces et mes faiblesses, mais encore une fois, c'est pas une aventure individuelle, là, c'est un projet vraiment collectif qu'on monte et c'est la somme de toutes ces individualités-là qui vont faire que le... projets avancent. Moi, je sais ce que je peux apporter. Je peux apporter de la présence sur la partie boxe, sur la partie échec, donner des cours. Par exemple, je sais que je suis très fort pour prendre un débutant en boxe, le former, prendre un débutant aux échecs, le former. Et après, tu vois, même dans la formation des chessboxers, j'ai mes limites. C'est des limites que je connais et que j'ai identifiées, mais je sais qu'elles seront complétées par d'autres individualités. Je vois que ça se passe comme ça dans mon club et ça marche oui. Ça avance tranquillement et on prend du plaisir à déjà être ensemble. Il ne faut pas porter le poids du monde sur ses épaules non plus. Ça reste un jeu, ça reste un sport qui est super, mais qui est tellement évident que ça va se développer lui-même. Si ce ne sera pas moi, ce sera quelqu'un d'autre qui apportera les choses. On peut tous avoir des défaillances, tu vois ce que je veux dire.
- Speaker #1
Tout à fait. Ma dernière question, c'est, tu disais en tout début aussi qu'il y a 10-12 ans, quand tu es arrivé à Toulouse, tu te laissais un peu porter, tu vivotais, tu sens le but particulier. et aujourd'hui en tout cas ça fait bientôt 3 ans qu'on se connait et je trouve que t'as l'air plutôt épanoui, plutôt serein, plutôt heureux qu'est-ce que tu dirais aux toi qui se laissaient un peu porter et qui n'avaient pas trop de but arrête de fumer du shit,
- Speaker #0
arrête de jouer à lol va faire du sport espèce de branleur c'est des années un peu perdues je te dis pas que j'ai été malheureux parce que j'ai toujours été fondamentalement quelqu'un d'heureux et d'épanoui, c'est juste que c'est stylé aussi d'avoir des objectifs c'est cool d'avancer vers un truc qui te dépasse chose que j'avais pas forcément il y a une dizaine d'années donc il y a cette espèce espèce de petite urgence à rattraper le temps perdu, mais qui n'est pas grave. On dit souvent, pas de regrets que des remords. Moi, j'ai énormément de regrets, et je le vis très bien. C'est mes regrets qui me font avancer. C'est un peu le temps que j'ai perdu à VGT, là, aujourd'hui, qui me pousse à être un meilleur chessboxer, un meilleur combattant. Je pense que je me dirais... C'est super chaud, en plus, de se parler à son soi du passé, parce qu'on peut influencer le futur, boucle temporelle, etc. Bref. Je laisserai les choses telles qu'elles sont parce qu'il faut passer par cette période de végétation pour se rendre plus actif. C'est comme dans les déceptions amoureuses. Il faut faire des conneries pour comprendre qu'on n'était pas forcément sur la bonne voie. C'était des conneries que j'ai faites. J'ai un peu perdu de temps à être un branleur. Je suis un peu moins un branleur maintenant grâce à cette période.
- Speaker #1
Tu veux rajouter quelque chose pour terminer ?
- Speaker #0
Je veux remercier trois personnes dont j'ai déjà parlé dans cette vidéo, mais c'est avec... eux que tout est parti, c'est Lucas, Malika et Bruno tu vois, c'était mes compères du début à Toulouse, c'est eux qui m'ont un peu mis le pied à l'étrier et c'est eux qui m'ont donné de l'énergie de faire des dingueries comme ça, pour aller se battre avec des turcs, c'est ces personnes là qui m'ont sorti un peu de mon état végétatif et pour ça je les en remercie, parce que la zone de confort c'est cool, mais c'est bien aussi de sortir de temps en temps de sa zone de confort et là je suis là dedans et je suis là dedans tout le temps et c'est remis en question permanente et en fait j'adore ça c'est vraiment super et c'est grandement grâce à eux grâce à eux trois que ça bouge et après c'est ces trois personnes là en fait qui m'ont permis de rencontrer tout le microcosme de chessboxing donc toi Guillaume Thomas etc donc c'est vraiment tu vois c'est vraiment la base il y a plein de gens à remercier en fait mais l'étincelle qui a déclenché le truc c'est vraiment ces trois là donc c'est eux que j'ai envie de remercier et c'est eux que j'ai envie de mettre à l'honneur aujourd'hui merci beaucoup Paul merci Mona
- Speaker #1
Merci à tous de nous avoir écoutés. J'espère que vous avez passé un bon moment, que vous avez appris des choses et que vous comprenez pourquoi est-ce que la vision de Paul est aussi importante pour nous, pour le développement de la Fédération. On se retrouve dans deux semaines pour un prochain épisode. Passez une très bonne semaine et je vous embrasse.