- Speaker #0
Né de l'imaginaire d'Anki Bilal en 1992, puis concrétisé par l'artiste néerlandais Yéper Rubin en 2003, le sport qui mélange la boxe anglaise et le jeu d'échecs est aujourd'hui en plein essor car il est tout simplement génial. Bienvenue dans le podcast de Chez Toxie. Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien, que vous avez passé un bon week-end. Comme tous les lundis où on se retrouve, je suis hyper contente d'être là. Et aujourd'hui, je vous présente un entretien avec un chasse-boxeur, un champion, qui s'appelle Valentin Marcel, que vous connaissez sûrement, et que moi je connais très bien. parce que c'est la deuxième personne que j'ai rencontrée quand j'ai découvert le chessboxing en 2022 à Paris. Et donc je suis très contente de faire cet entretien aujourd'hui parce que même si on se connaît déjà bien, il y a vraiment des choses que j'ai envie qu'on aille creuser ensemble. Donc Valentin, bienvenue, je suis très contente de te recevoir. Et je vais commencer comme toujours par faire un résumé de ce que je sais de toi et tu me diras évidemment si j'ai oublié des choses importantes. Donc Valentin, t'as 33 ans, t'es né en Picardie, t'as grandi dans le Jura. T'es très proche de ta famille et t'as eu une enfance plutôt heureuse. Tu joues aux échecs depuis que t'as 7 ans. Les échecs ont une place importante dans ta vie depuis toujours. T'as fait beaucoup de tournois, beaucoup de voyages quand t'étais jeune pour les échecs. T'as fait des études d'ingénieur après avoir fait une prépa. T'es docteur en robotique et t'as été donc chercheur les dernières années. T'as déménagé à Prague où t'as vécu pendant un peu plus de 3 ans. Et là tu viens de te réinstaller à Paris pour... Une nouvelle phase, on va dire. Tu as toujours été très sportif aussi. Je sais que tu as fait quasiment tous les sports. Et même jusqu'à faire de la danse, etc. On en parlera. Sinon, au niveau du chess boxing, un beau palmarès. Tu es triple champion du monde de chess boxing. Tu as gagné les championnats du monde en 2022, 2023 et 2024. Mais tu es aussi champion IFC en catégorie Master. Donc à 2000 élos, en moins de 80 kilos. Et tu as gagné la couronne en juillet dernier à l'Olympia. Pendant l'IFC 6 contre Karl Strugnell. Aussi au niveau du développement du sport. Tu as participé au développement du Club de Paris, tu étais un des pionniers du Club de Paris avec Xavier en 2019 et tu as aussi fondé le club de chessboxing de Prague en République tchèque où tu as vécu pendant quelques années. Je pense qu'on peut raisonnablement dire que tu as découvert le chessboxing un peu par hasard, que c'est devenu une passion et qu'aujourd'hui c'est vraiment quelque chose qui a une place prépondérante dans ta vie. Et donc ce que j'ai envie qu'on creuse ensemble c'est quel est ce sens que tu as à mettre le chessboxing et comment est-ce que ça a changé ta vie. Du coup Valentin, est-ce que j'ai oublié quelque chose ?
- Speaker #1
Non, t'as bien résumé. Parfait.
- Speaker #0
C'est complet donc. Et donc voilà, je vais commencer comme toujours par le début. Donc raconte-moi un peu ton enfance, ton adolescence. T'étais comment quand t'étais jeune ?
- Speaker #1
Quand j'étais jeune, j'ai eu une enfance assez sympathique en fait. J'avais mes petites passions, j'ai toujours été passionné de la réflexion, je faisais des casse-têtes, j'adorais faire des matchs, j'adorais philosopher un peu sur la vie, des trucs comme ça, j'étais un petit peu particulier on va dire. comme enfant, mais j'ai eu une enfance plutôt heureuse, assez sympathique et épanouie. J'ai toujours eu des facilités un peu à l'école, sortir. Peut-être que j'avais besoin de plus de motivation pour avoir des meilleures notes, mais je m'en sortais sans trop bosser. Voilà, donc c'est plutôt enfance tranquille. Et les échecs avaient déjà une place assez importante dans ma vie. Donc mon père m'a appris à jouer aux échecs quand j'avais 7 ans. Et on jouait à plein de jeux, à la ballonne, aux dames, on jouait même à la wallée, on faisait énormément de jeux de société avec mon père. Et les échecs, j'ai vraiment pris... goût au jeu et surtout mes parents m'ont acheté un petit, tu sais les petits ordinateurs, les petits jeux électroniques que tu peux jouer tout seul dessus, tu appuies sur la case, tu la joues et l'ordinateur va jouer un autre coup en réponse et tu dois essayer de battre l'ordinateur quoi, il y avait tous les niveaux de A0 la case A1, pardon, à la case H8. Donc, il y avait 64 niveaux. Et je m'amusais à essayer de battre l'ordi, quoi. C'était mon activité du soir dans ma chambre. Je m'enfermais, puis je jouais contre l'ordinateur. Je sais que les piles, elles tombent en rade. Et généralement, je suis arrivé à un niveau où chaque coup prenait plus de deux heures, deux, trois heures. Donc, j'allais manger, je revenais, et il y avait le nouveau coup de l'ordinateur, et je pouvais continuer à jouer la partie. Le problème, c'est que les piles, elles ne tenaient pas le coup. Donc ça jouait deux coups, quatre heures, et après ça s'éteignait totalement. Donc il fallait remettre la position en appuyant sur les cases, etc. Et attendre encore deux heures pour avoir le prochain coup. Mais d'un moment, ça ne sert plus à rien, il faut jouer contre des humains. Et donc, vers l'âge de... Quand j'étais en 6e, 5e, il y avait un club d'échecs dans mon collège. Et j'ai eu la chance d'avoir aussi rencontré mes camarades de jeux d'échecs, de clubs d'échecs là-bas, qui sont mes amis d'enfance, avec qui on a fait énormément de tournois. On a joué tous nos étés, on a fait des tournois de championnat de France jeune. On a fait énormément de compétitions. C'était mon enfance. L'adolescence, je n'allais pas partir... au lac ou faire des activités à la montagne. Je partais au tournoi d'échecs. C'est comme ça que j'ai passé un peu mon temps libre, mes vacances, quand j'étais gamin. Donc on a fait les championnats de France collège, les championnats de France lycée aussi. Et on a gagné le championnat de France des lycées. Deuxième fois, on a participé. C'était à Toulouse. C'est là où j'ai rencontré pour la première fois Lara Armas, d'ailleurs, qui jouait pour son club. Donc les deux sœurs Armas. Et on avait gagné la compétition à ce moment-là.
- Speaker #0
Vos passions échec depuis très jeune, pas vraiment. Au-delà de jouer en famille, au-delà vraiment juste d'avoir appris avec ton père. C'était déjà un peu central.
- Speaker #1
À partir du moment où je battais mon père, il ne voulait plus jouer avec moi. Donc ça, ça arrive plutôt à pas mal de gens. L'enfant progresse très, très, très vite. Et on est très frustrés. de ne pas pouvoir battre son fils.
- Speaker #0
Et tu penses que c'est quoi l'âge, bon pas idéal, mais à partir de quel âge, est-ce que c'est intéressant d'apprendre aux enfants à jouer aux échecs ?
- Speaker #1
Je pense que déjà à partir de 5 ans, il y a une fascination qui peut être créée déjà au niveau des pièces, de manipuler les objets, de voir des pièces noires et blanches, de les bouger correctement. Ça peut arriver très tôt. Et puis je pense qu'il y a une espèce d'affinité qui se crée avec le jeu, ça dépend des gens. Il y a des enfants qui sont fascinés mais totalement par le jeu, par pouvoir réfléchir et voir les pièces ou les bouger simplement sur l'échiquier. Il y a d'autres qui fonctionnent un peu moins comme ça. Et je pense qu'il n'y a pas d'âge à part 5 ans, 6 ans, il faut quand même pouvoir avoir un petit peu de contrôle de soi. pour pouvoir comprendre un peu l'intérêt.
- Speaker #0
Et ok, donc tu as une enfance, on va dire, joyeuse, assez classique, qui marche bien, tu as des facilités, tu as les échecs dans ta vie, tu fais des jeux, etc., plutôt sain, quoi. Donc tu grandis avec une enfance facile et en tout cas agréable de ce que tu racontes. Et c'est quoi ton cheminement professionnel ? Tu as envie de faire quoi de ta vie ? Est-ce que tu es jeune ? Est-ce que tu as envie de faire, voilà, entre 15 et 20 ans ? C'est quoi ton cheminement, en fait, sur l'avenir, quoi ?
- Speaker #1
Alors je suis... Parce que j'ai pas forcément d'envie particulière, j'ai pas forcément de choix ou de direction principale. Je suis un petit peu la voie royale. J'ai pas forcément de motivation à bosser, pas forcément d'objectif de travail, je sais pas. Je sais juste que je suis pas trop mauvais. Donc quant à faire, autant optimiser les chances et continuer les voies élites qui s'ouvrent à moi, un peu comme on peut le faire en France. Donc j'ai fait une classe prépa, et là je pars de chez moi, je vais m'installer à Besançon. Et là je fais deux ans de prépa. Et ça se passe plutôt bien. À la fin des deux années de prépa, on passe des concours pour des écoles d'ingénieurs. Donc, c'est la suite, en fait. Il n'y a pas de réflexion. Tu fais la prépa, tu fais les concours d'école, tu intègres une école et tu continues la voie. Donc, moi, je n'avais pas forcément d'envie, de motivation. Donc, je suivais. Tant que ça fonctionne, je continue. Et je suis pris dans une école à Paris, à Cachan. Elle est une aise de Cachan, école normale sub de Cachan. Et donc, ça c'est le grand voyage, je quitte le Franche-Comté pour aller m'installer dans la région parisienne. Et je me dis, cool, ça va me changer un petit peu de l'ambiance franco-ontoise. Et je ne me rendais pas compte de ce que je quittais encore pour le moment. Tu sais, il y a le Franche-Comté, il y a le terroir, il y a la nourriture, il y a la nature, il y a les lacs. Et d'un côté, je me mets à vivre dans... dans la grande ville. Et j'arrive là-bas, ça se passe toujours bien, j'ai des bonnes notes, encore une fois, ça continue. Et je suis un petit peu ce qui s'offre à moi. Je n'ai pas forcément de choix particulier, d'envie particulière, je continue. On m'offre la possibilité de faire une thèse. Je cherche une thèse à faire. J'ai des financements de mon école pour une thèse, et donc je cherche un sujet qui me motive. J'arrive sur... Une offre de thèse sur la perception de l'espace. Je trouve ça un truc fascinant, c'est un truc que je ne comprends pas, c'est mystique un petit peu. Comment le cerveau peut comprendre l'espace, comment utiliser la robotique pour comprendre ça. Je faisais des trucs un petit peu farfelus, utiliser des mathématiques, de la philosophie. Je me suis dit, ça peut être intéressant de se mettre à un petit challenge comme ça. Et puis comme ça, quand j'aurai une thèse, je ne pourrais pas dire que j'ai regretté, puisque j'ai une thèse. Je continue encore une fois à aller de l'avant tant que je peux. Et à aucun moment je me pose vraiment de questions sur qu'est-ce que je veux vraiment en fait. Et ça continue comme ça, je suis le chemin, tant que c'est possible je le fais. Et je me retrouve à faire cette thèse, donc ça commence très bien. Et deux premières années, trois premières années, ça avance, je fais des résultats, j'ai même des papiers au bout de quelques mois sur mon sujet, un article, un papier, donc c'est quelque chose d'assez dur, il en faut un pour valider sa thèse. Et donc, j'ai ça dès les premiers deux mois de ma thèse. Donc, je suis OK, très bien. J'ai déjà un peu validé ma thèse. Je n'ai plus besoin de faire grand-chose. Et en fait, c'est à partir de ce moment-là que tout part un peu en cacahuète où je commence à faire un autre papier qui, lui, est rejeté. Et là, je commence à avoir les premières difficultés un petit peu dans ma carrière. Et là, tout s'écoute et se fonde pour moi. Parce que j'ai toujours eu des facilités. Je n'ai toujours eu pas de problème. pour avancer, pour faire ce que je veux. Enfin, ce que je veux. Si je veux quelque chose, quoi. Et j'avance comme ça en me mettant des objectifs, des challenges, genre avoir une thèse, faire un master, aller à Paris... C'est des idées comme ça que ça va être assez difficile pour moi, donc ça va me motiver, ça va me faire avancer, quoi. Et j'arrive à ce moment-là où il n'y a plus grand chose qui fonctionne. J'arrive pas à avancer, j'arrive pas à me motiver à avancer sur le sujet, le sujet est... très compliqué et je me rends compte que là il faut que je fasse un changement complet de ma mentalité parce que ça avance plus, j'arrive plus à me motiver, à bosser je passe les journées à réaliser des vidéos YouTube, à jouer aux échecs ça va plus du tout donc je termine cette thèse en grande difficulté j'ai mes 5 ans enfin 4 ans et demi et je me sépare en même temps à ce moment là c'est le début de la vie un petit peu compliquée Et je me rends compte que quand j'écris mon manuscrit de thèse dans mon petit appart parisien de 15 mètres carrés, qu'il n'y a rien de glorieux après, j'ai pas de chemin après la thèse, parce qu'à part devenir chercheur, mais bon, c'est déjà ce que je fais, quoi. Il n'y a plus d'évolution. Et je me rends compte que j'écris sur des choses que j'ai pas forcément envie d'écrire, j'ai envie de changer un petit peu d'idée, mais bon, il faut terminer sa thèse, il faut la finir. Et donc j'écris cette... test dans mon petit appart parisien 15 mètres carrés je suis seul et je vis des vaches et pas d'organisation je me lève à 2 heures du matin pour écrire je me recouche fait des 16 dans l'après midi je bois 5 litres de café je fume des cigarettes à l'époque aussi et et à un moment je vois cette offre de facebook ce petit petite publicité pour le club de chess boxing de paris un entraînement C'était en juillet 2019, il me semble, et c'était la Fédération française des échecs qui avait mis ça sur Facebook. Je me dis, il faut que je sorte de cet environnement, et je me dis, pourquoi pas faire de la boxe ? S'il y a un truc qui va me changer les idées, c'est bien la boxe, c'est me prendre des coups, c'est un peu me réveiller. J'ai une espèce de rêve un petit peu terrible, à ce moment-là, en me disant, je ne comprends pas ce qui m'arrive, et je n'ai pas d'activité physique. Ma vie sociale, elle est un peu... Elle n'est pas ouf, quoi. Et je dois continuer ce travail. Je n'ai pas de motivation pour le faire. Et je vais, justement, au premier cours de chessboxing. C'est mon premier cours de boxe. Et à l'époque, le club de Paris, c'était Xavier, c'était Kevin, c'était Tim aussi, Tim Harvey. Et il n'y avait pas forcément de profs, quoi. les cours c'était Kevin qui me les donnait, Kevin Gage. Et il a fait un petit peu de boxe quand il était jeune, mais c'était pas non plus la folie. Et du coup, moi je trouve ça génial. Enfin je prends tout ce qu'on me donne, je vois les mouvements, j'essaie de... Et je me prends des patates dans la tronche et j'ai envie de les remettre. Je pense plus à rien d'autre à ce moment-là. Donc c'est une espèce d'état de... Tous mes soucis ont disparu et j'ai envie de progresser, j'ai envie d'apprendre. C'est vraiment un truc qui... Enfin, je commence à voir un progrès, l'apprentissage en fait, que j'avais perdu dans ma thèse parce que tu sais déjà à peu près tout, tu as fini tes études et là tu dois concrétiser les choses. Et là, je reprends l'apprentissage en fait.
- Speaker #0
Ok, et donc du coup, tu commences à faire ces cours de chestboxing régulièrement et tu dis que tu vois une différence, un progrès, mais c'est parce que tu te découvres une passion ou est-ce que ça te débloque aussi au niveau de ton travail ?
- Speaker #1
Je dirais pas que ça me débloque au niveau de mon travail, j'ai toujours les mêmes soucis dans le taf. C'est juste que c'est une fenêtre d'oxygène pour moi. Dans une vie qui est marquée par la régularité, par le fait de réfléchir constamment, j'étais... Tout le temps dans mes pensées, dans le métro, je réfléchissais à mes modèles de mathématiques, à mes simulations, à ma rédaction, aux cours que je donnais aussi à l'université. Et en dehors de ça, je n'avais pas forcément de manière de sortir un peu de tout ça. Donc c'était juste une période d'oxygénation. Donc au début, le chessbooking c'est sympa, mais en fait j'aurais fait des cours de boxe, ça aurait été pareil. Ça me faisait du bien. Et le fait que c'était dans une ambiance très conviviale m'a permis aussi de ne pas mettre trop la pression par rapport à ça. Donc c'est vraiment, en plus du fait que j'apprends la boxe, j'apprends aussi dans un environnement très très sympathique, où il y a tout un sport à développer, etc. Bon, je ne m'y mets pas forcément à fond pour le moment, mais je trouve ça très sympa. Et assez vite, je progresse assez vite en fait, dans les 3-4 mois. Je commence déjà à avoir une bonne base de boxe. Je m'entraînais comme un fou à la maison, je regardais des vidéos, je faisais du shadowboxing, je regardais dans le miroir, je corrigeais mes positions, etc. Donc ça, j'étais vraiment à fond. Et ça m'a permis en fait d'avoir aussi de séquencer ma semaine parce que j'avais ce chestboxing et j'avais ma journée off de travail. Alors quand tu fais une thèse et quand tu rédiges ta thèse généralement, c'est très compliqué de s'organiser des week-ends surtout là j'étais seul, j'avais pas forcément de choses pour me motiver à sortir ou faire autre chose. Donc ça me régulait ma semaine et puis ça me faisait des petites physiques. Puis quand j'avais envie je faisais un peu de shadowboxing, je regardais des vidéos de boxe pour me changer un peu les idées. Donc c'était vraiment une oxygénation pour moi.
- Speaker #0
Et tu avais, parce que la thèse tu dis que tu as mis quatre ans et demi mais... Tu avais une deadline, tu avais des contraintes ? Ou c'est vraiment, tu fais ton projet et quand tu le termines, tu termines ? Comment ça se passe à ce niveau-là ?
- Speaker #1
J'avais des deadlines, oui. Il fallait que je termine avant la fin de l'année. Parce que sinon, il faut se réinscrire à l'université, il faut payer des frais, il faut redemander une prolongation pour le contrat doctoral, etc. C'est un peu compliqué. Donc, il fallait que j'envoie un papier en octobre, novembre. Finalement, je l'ai envoyé le 25 décembre. Ça aussi, c'était assez difficile. Le 25, le matin, à 2h du matin, j'envoie le compte-rendu final à mes examinateurs, les pauvres. Donc ouais ça c'était ma vie donc ça ne m'a pas empêché de devoir travailler à fond.
- Speaker #0
Et donc du coup si on reste sur le côté pour l'instant professionnel et carrière, j'ai plein de questions mais donc tu finis cette thèse donc fin 2019 et... Donc 2019, là on est en 2025, donc ça va faire 6 ans à peu près. Oui c'est ça, fin d'année, début d'année, donc ça va faire 6 ans. Et là tu reviens de Prague. Et donc tu disais tout à l'heure que le stress, enfin en tout cas le vide post-thèse, tu ne savais pas trop où est-ce que ça allait aller. Une fois que tu avais ta thèse, super, tu as un doctorat et tout ça, mais tu ne savais pas ce que ça allait donner. Et du coup, qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu en as fait ? Qu'est-ce que tu as fait de tout ce temps ? Et qu'est-ce que tu as décidé de faire ? Toi qui avais, comme tu disais, plutôt... Tu t'es laissé porter, tu n'avais pas vraiment prévu tout ce qui s'est passé.
- Speaker #1
Alors, j'ai terminé ma thèse et j'ai eu besoin de respirer. Donc, j'ai fait une pause un petit peu. Je cherchais un petit peu du travail, mais j'ai touché le chômage pendant un an après la thèse. Et donc, j'ai... Et puis il y a eu le Covid aussi qui est apparu assez rapidement. Donc j'ai terminé ma thèse exactement en février 2020. Et le Covid est arrivé exactement à ce moment-là. Donc ce n'était pas forcément la joie pour chercher du travail. D'ailleurs, il n'y avait plus d'offres en postdoc. J'ai regardé les listes de postdoc et il n'y avait plus rien. Il n'y avait plus d'offres. On ne pouvait plus chercher de postdoc. Donc c'est le travail de recherche contractuelle, chercheur contractuel après la thèse. Donc j'ai mis un an à... à essayer de récupérer de ces cinq ans de thèse qui ne sont pas forcément super bien terminés. Donc c'était ça l'objectif, c'était d'arriver à retrouver la motivation pour comprendre qu'est-ce que je fais maintenant ? J'ai ma thèse, ok, qu'est-ce que je fais ? Et pendant un an, je ne me suis pas trop posé de questions, il y avait le Covid, je me suis dit, bon, il y a le Covid, les gens comprendront que je ne cherchais pas forcément activement du travail, etc. Et au moment où je commence à me dire, il faut que je change cette situation, je prends contact avec un chercheur dont je connaissais le nom. Je demande d'ailleurs à un des chercheurs qui assiste à la défense de ma thèse s'il n'avait pas des idées de gens avec qui je pourrais travailler dans la même idée, dans le même domaine. Et il m'a justement donné le nom de ce chercheur qui cherchait un postdoctorat. Et donc je postule et ça se passe bien et c'était à Prague. Et j'ai décidé de... Bon, fallait que je voyage, fallait que je sorte de Paris. Là, j'avais besoin de changer, de reprendre un petit peu d'air et puis de savoir à peu près ce que je veux faire. Et donc, voilà, je suis parti à Prague et j'ai fait, je continue cette recherche sur le même sujet. La perception, cette fois, au lieu de la perception de l'espace, il faut d'abord comprendre le corps, donc la perception du corps avec les robots. Donc, on étudie comment les enfants, les robots perçoivent leur corps. après la... apercevoir leur corps. Et donc le but c'est de développer des algorithmes d'IA pour construire avec les capteurs, les capteurs de peau, les capteurs visuels, les capteurs dans les muscles, pour construire une représentation du corps en fait, comme un enfant. Donc ça c'était l'objectif. C'est un sujet fascinant, qui est un sujet un peu de niche, et pas énormément utilisé en IA, parce que la mode de l'IA c'est pas l'IA Comment on appelle ça ? Ce n'est pas la mode de l'IA avec un corps, simplement. C'est la mode de l'IA qui traite des informations de manière un peu passive et qui t'en sort ensuite une espèce de description synthétique de ce qui se passe, où sont les objets dans l'image, etc. Et moi, ce que je fais, c'est de l'IA avec un corps, donc l'IA robotique, où on doit agir sur le corps pour récupérer des informations sur le monde, comme un peu le fait un enfant quand il naît. il envoie des commandes dans ses muscles, et c'est la seule chose qui sort du cerveau, c'est des commandes motrices, on va dire. Le corps bouge, et ensuite on récupère les capteurs, les changements sensoriels, et on essaye de les intégrer pour avoir une idée de ce qui se passe en fait à l'extérieur. Parce qu'en fait, le cerveau, lui, il ne sait pas ce qui se passe à l'extérieur, il est juste les entrées, les sorties, et le but c'est de comprendre en fait comment on peut stimuler le système pour comprendre le monde. et construire le corps, construire l'espace, etc. Donc ça, c'est mon sujet de recherche. J'ai continué à faire ça à Prague, tout en découvrant la ville.
- Speaker #0
Pendant quatre ans ? Non.
- Speaker #1
Pendant quatre ans, oui.
- Speaker #0
Pendant quatre ans ? Donc de 2021 à 2025 ? C'est ça. En 2024. Ok. Donc tu as travaillé avec ce chercheur pendant quatre ans, et aujourd'hui, tu en es où ?
- Speaker #1
Donc j'ai travaillé pendant quatre ans, et en même temps, du coup, je m'entraînais aussi. au chess boxing. Et je trouve qu'au bout de 4 ans, j'ai atteint, en fait, j'ai une idée un peu plus claire de ce que je veux et je ne crois pas que la recherche, c'est ce qui m'attend dans le futur. J'ai encore envie, j'ai envie de changer. J'ai envie de changer d'orientation, j'ai envie de faire de la recherche plus appliquée, plus concrète. J'adore l'utilisation de ma recherche dans le contexte médical, par exemple pour les enfants. pour essayer d'étudier les pathologies neurodégénératives sur la façon dont ils bougent, dont ils apprennent le monde. Et on peut détecter énormément de choses juste en regardant leurs mouvements. Ça, c'est des choses qui m'intéressent énormément. Et je suis là en train de me dire, voilà, je veux des choses plus concrètes. Par exemple, faire de la détection de maladies, faire de l'utilisation de statistiques, de mouvements. pour des choses plus utiles, plutôt que la recherche en elle-même. J'ai l'impression que ma mentalité n'est pas d'aller plus loin dans cette direction-là.
- Speaker #0
Et donc, du coup, ça passerait par la création d'outils dans des startups ou des choses très modernes, ou vraiment aller travailler dans le médical. Comment tu vois le truc ? Après, c'est peut-être pas très précis.
- Speaker #1
C'est pas très concret, en fait. Je ne sais pas encore. Je suis en train de me renseigner. Il y a énormément de possibilités. C'est ça la difficulté. Je fais de l'IA, de la robotique. C'est tellement à la mode qu'il y a tellement de façons de faire les choses. Je suis en train de chercher une qui me convient. Avec une application, avec des capteurs. Ça peut être des capteurs tactiles, des capteurs visuels. capteurs musculaires, des choses sur le mouvement donc avec des caméras qui suivent le mouvement des corps et puis je ne sais pas, on peut faire énormément de choses on peut détecter compétences par exemple sportives en regardant les mouvements on peut analyser je ne sais pas pas analyser le stress en regardant la humidification de ta peau on peut faire énormément de choses et en fait je me rends compte que je m'en fous un petit peu de l'application tant que ça me fait réfléchir et tant que ça a une espèce d'impact sur la société et c'est en lien aussi avec ma passion donc je me rends compte que maintenant j'aimerais bien travailler un peu en lien avec le sport avec avec la boxe avec peut-être les enfants encore ça sera encore et le médical c'est quelque chose qui m'intéresse énormément Maintenant que j'ai développé mes centres d'intérêt, c'est un peu tard, mais c'est maintenant que je me rends compte que c'est mes centres d'intérêt, je vais chercher quelque chose là-dedans. Ce n'est pas très concret, il y a beaucoup de possibilités différentes. Et je suis prêt à... En fait, ce que j'aime, c'est apprendre. Je n'ai pas envie de continuer à faire la même chose dans ma carrière. Le but, ce n'est pas d'écloper ma carrière, mais le but, c'est de développer mon apprentissage, encore une fois. Que ça soit des choses complètement différentes, ça m'intéresse énormément. Que ça soit artistique aussi, ça peut être l'étude sur la danse, ça peut être l'étude même sur la création, utiliser un robot pour créer des œuvres en réel, ça peut être super intéressant. J'ai plein de choses qui m'intéressent en fait. Donc je ne me mets pas de contraintes par rapport à ça. Encore une fois, je n'ai pas d'idée claire de ce que je veux faire. Par contre, je sais ce que je ne veux pas faire et je sais ce que j'aime.
- Speaker #0
C'est vraiment la première étape, déjà. Enfin, c'est déjà une bonne étape.
- Speaker #1
C'est déjà une bonne étape. Bon, j'ai 33 ans, j'ai 9 ans de recherche, 9 ans d'expérience, et je suis prêt à tout mettre à la poubelle pour étudier une nouvelle chose, quoi. Bon, ce n'est pas à la poubelle, parce que j'ai des compétences particulières qui peuvent être utilisées dans le travail, mais bon, je sais que je peux en développer assez rapidement des nouvelles.
- Speaker #0
Non, mais tu es prêt à changer de phase, en tout cas.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Tu t'apprêtes à commencer une nouvelle phase. Oui,
- Speaker #1
et puis j'ai plus ce problème de syndrome de l'imposteur. C'est quelque chose que j'ai...
- Speaker #0
C'est peut-être ça que ça t'a apporté ces 9 ans de recherche.
- Speaker #1
Exactement. C'était 5 ans, la dotesse, c'était terrible. Les premières années de post-doc, c'était terrible aussi. Le temps de s'adapter à tout ça. Et maintenant, je me rends compte qu'il y a des gens compétents et on n'est pas tous hyper compétents dans notre domaine. Et on a tous à apprendre. Et je pense que c'est important d'avoir un environnement de travail où on tolère l'apprentissage des gens.
- Speaker #0
Ce que je trouve hyper intéressant, c'est le parcours brillant, sans encombre. Comme tu as dit, un peu la voie royale. Ingénieur, doctorat, etc. Et tout ça sans vraiment l'avoir choisi. Donc, c'est être un peu laissé porter, emmené par le cycle classique du succès, si on peut dire. Et du coup, est-ce que dans ce cheminement, on va dire des dix dernières années, même s'il n'était pas vraiment choisi et qu'en même temps, c'est une belle carrière, en tout cas une belle partie de carrière, est-ce que tu réussissais à y trouver du sens et de l'épanouissement ? Globalement, après, j'imagine que c'est par phase, mais... Tu n'as pas vraiment choisi les deux dernières années et maintenant que tu décides de passer dans une autre phase, qu'est-ce que tu retires de tout ça ?
- Speaker #1
C'est un peu l'équivalent de sortir d'une période un peu de doute. Même si j'étais assez heureux en général, je me suis rendu compte que j'avais besoin d'apprendre à... Il fallait que je vive les choses pour pouvoir savoir ce qui m'intéresse. Il fallait que je vive la difficulté, parce que je me rends compte là que sans difficulté, on ne sait pas trop ce qu'on veut. Continuer une voie où tout est plus ou moins évident, tout n'est pas trop difficile. Je ne dis pas que je n'ai pas travaillé, j'ai travaillé assez dur d'ailleurs, mais ça n'a jamais été un problème. Je travaillais dur et je réussissais. Et donc là je me rends compte que même en travaillant dur de louper, là ça me pose des questions en fait. Est-ce que ça vaut le coup ? Qu'est-ce qui m'intéresse vraiment ? Pourquoi ça n'a pas marché à ce moment-là alors que j'ai donné la même chose, j'ai travaillé autant ? En fait je me suis rendu compte que j'ai atteint une limite de ce que j'ai envie de faire. Je n'ai pas envie de vivre comme ça, je n'ai pas envie de vivre ma vie à... à poursuivre des choses qui ne m'intéressent pas. Et je pense que c'est le moment maintenant d'arrêter de chercher la voie facile ou la voie même que tout le monde me recommande et d'aller chercher moi-même, même si ça ne plaît pas, chercher la difficulté dans des choses qui m'intéressent et apprendre comme ça.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, on va dire depuis quelques mois et cette transition, c'est la première fois que vraiment tu en arrives à cette décision ? C'est quelque chose que tu penses que tu as mûri depuis des années, mais... t'es prêt que maintenant à vraiment passer le pas on va dire. Je l'ai mûri dans le sens où j'ai quand même fait un an de chômage en me disant que la recherche, ce n'est pas pour moi. Et après, je me dis qu'il faut que je revienne à l'activité, mais c'est difficile de revenir à l'activité après un an de chômage, à faire quelque chose de complètement nouveau. Donc, j'ai pris encore une fois la solution de facilité, mais au moins, ça me permettait de voyager et de partir et de voir le monde un petit peu. Et ça, ça m'a fait énormément de bien parce que je suis arrivé à Prague, j'ai sorti de mes habitudes, je pouvais créer des nouvelles habitudes, je pouvais apprendre des nouvelles choses, apprendre une nouvelle langue, rencontrer de nouvelles personnes. Et tout était à reconstruire en fait. Et je me rends tout compte qu'en reconstruisant à ma manière, à vraiment ce qui m'intéressait, je faisais des choses complètement nouvelles pour moi. et c'est comme ça que j'apprends, que j'ai appris dans la vie. J'ai commencé à danser, j'ai commencé à faire de la danse contemporaine, j'ai commencé justement à aller dans les... Un club de boxe vrai, dur, on va dire. Et puis, j'ai commencé à vivre la vie comme ça m'intéressait, quoi. Plutôt qu'avoir mes habitudes de Parisien, avoir les mêmes choses. Bon, après, bien sûr, mes amis me manquaient, ma famille me manquait. Énormément de choses me manquaient. La nourriture française me manquait aussi. Mais d'un côté, je pouvais faire des expériences, je pouvais faire des trucs. qui était complètement nouveau pour moi et qui me demandait aussi de challenger un petit peu ma zone de confort. Je fais la danse improvisation contact où tu dois toucher des inconnus, des adultes, des femmes, des vieux, des adolescents. Et tu es là, tu danses avec tout le monde. C'était une expérience assez de renaissance un peu pour moi où je pouvais me reconstruire sur des choses qui sont... un peu bizarre, on va dire, de l'extérieur, et finalement dans un sens, pour moi, parce que j'ai des intérêts un petit peu, peut-être pas communs, avec ma recherche, avec aussi cette passion pour le chessboxing, et du coup, c'est un peu embrasser cette originalité que j'ai, et la découvrir, en fait, en partant. C'est grâce au voyage que ça m'a permis de faire ça. Bon, le travail, par contre, c'était toujours un peu le même. Et donc là, je suis en train de... d'aller en avant et changer un petit peu cette manière de passer les 8 heures par jour de ma vie.
- Speaker #1
Mais donc ce questionnement que tu as aujourd'hui de transition, tu l'avais déjà il y a 6 ans. Tu as décidé d'aller vers la facilité et de quand même prendre un boulot de post-doc. Mais en fait, tu avais déjà conscience de ça il y a 6 ans, mais tu n'étais pas prêt peut-être à aller à l'encontre du truc. Et donc aujourd'hui, tu en reviens au même questionnement, sauf que là, tu es prêt ? Parce que c'est ça.
- Speaker #0
Je pense, oui. Je pense que je suis prêt. Et je ne pense pas que j'étais prêt à l'époque. Sortir de... Enfin, le chômage, c'est dur. C'est une espèce de... Je n'étais pas très, très productif dans ma manière. J'étais un petit peu encore en travail sur moi parce que je pense que j'ai eu un épisode de dépression assez important. Et je pense que c'est important de s'en rendre compte. Donc, j'ai dû en sortir un peu. Mettre du temps à me remotiver, à retrouver le goût avec les choses. de la vie quoi, et puis il y a des choses un peu productives pour la société et ça c'était compliqué de repartir de zéro. J'avais besoin un petit peu de cette... au moins de reprendre un peu les habitudes, même si c'était pas forcément des habitudes qui me motivaient à long terme, mais au moins quelque chose qui me permettait de reconstruire un peu ma vie personnelle.
- Speaker #1
Et est-ce que tu penses que t'es prêt aujourd'hui et que tu l'étais pas avant parce que c'est une question de barrière ou en tout cas d'image qu'on se fait, de ce qu'on doit faire, c'est-à-dire que... Tu vois, depuis que t'es jeune, belle carrière, belles études, etc. Et donc, tu t'étais dit que c'était un peu ça ton chemin. Et donc, c'était un peu, entre guillemets, il ne fallait pas en sortir. Et donc, maintenant, tu te rends compte qu'en fait, on peut et qu'il n'y a pas de raison de ne pas le faire ?
- Speaker #0
Je pense qu'on se convainc nous-mêmes que notre choix est bon parce qu'on a peur de changer de direction. Et c'est une question vraiment de peur et de courage. J'ai l'impression que je manquais de courage de sortir un peu de cette voie-là. Et c'était une question de « ah ouais, j'avais peur » . J'avais peur de faire des erreurs, j'avais peur de tester de nouvelles choses. Et c'était vraiment ce travail sur la peur que j'ai découvert un peu à Prague, en disant, voilà, bon, l'espace confort, en fait, ça ne va pas. Il faut un moment te lancer. J'ai rencontré énormément de gens qui ont fait justement ces épreuves. Il n'y en a aucun qui regrette d'avoir testé des nouvelles choses, de s'être mis dans cette... Justement, d'affronter cette peur de faire des choses qui ne sont pas... tracé pour soi. Et je pense que c'est le truc que j'en déduirais de tout ça, c'est que voilà, j'ai toujours choisi un petit peu un côté un peu confortable et que d'ailleurs je l'ai découvert avec le chess boxing, c'est genre la boxe c'était pas si confortable que ça. Il faut prendre des risques, il faut aller à fond sur les choses qui te motivent, même si c'est difficile, même si ça fait peur, même si c'est dur. Et c'est ce que j'apprends un petit peu avec cette expatriation à Prague. Et quand je reviens ici, je dis là, tout le monde me dit, tu fais de l'IA, de la robotique, tu n'auras pas de problème à trouver un travail. Oui, mais bon, j'en ai marre de suivre ma propre, de la voie tracée, les trucs évidents, et j'ai envie un petit peu de challenger un petit peu cette vision-là. et faire des choses qui font un petit peu peur, un petit peu d'arrêter le travail de 10 ans et partir sur autre chose, et dire voilà, c'est ça qui m'intéresse.
- Speaker #1
Mais donc, du coup, on en a déjà discuté, moi j'ai envie de te dire, mais du coup, c'est quoi ce truc qui n'est pas la voie de l'IA à la robotique, mais peut-être que tu ne sais pas et que tu n'as pas encore la réponse et que tu vas la découvrir.
- Speaker #0
Voilà, mais je n'ai plus peur en tout cas.
- Speaker #1
Tu n'as plus peur, mais tu es prêt à...
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Donc potentiellement tu seras prêt à rejoindre un projet qui puisse être un Paris ou qui ne soit pas la grosse boîte classique ou le truc comme ça quoi ?
- Speaker #0
Je suis prêt à ça, oui.
- Speaker #1
C'est bien ça, c'est intéressant. Et tu es content d'être entré à Paris ?
- Speaker #0
Oui, je pense que j'ai fait mon chemin à Prague et il y a des choses qui me manquent en France et ok, c'est très bien, c'est une super ville Prague, c'est vraiment génial d'y vivre. Par contre, quand tu regardes un petit peu, ce n'est pas là-bas que tu vas avoir ton futur travail. Le salaire, ce n'est pas ouf. Les opportunités, l'ambition, ce n'est pas le critère numéro un des chèques. Du coup, c'est un truc que j'essaie de retrouver ici en France. Il y a beaucoup plus de gens motivés, des dynamismes en termes d'entreprise, de choses nouvelles à explorer ici, vraiment.
- Speaker #1
Et tu disais tout à l'heure que ce qui comptait pour toi, c'était pas la carrière, mais c'était plutôt d'apprendre et de te challenger. Et donc, tu dirais que t'es pas carriériste ?
- Speaker #0
Ah non, je suis pas carriériste. Je l'ai jamais été. Justement, je voulais avoir une thèse, puisque je trouvais ça cool. Mais avoir une carrière avec une thèse, c'est être chercheur, éputé, etc. Et je me rends compte que c'est pas du tout le genre de travail que je veux faire. Je les côtoie, ces gens-là, qui font une carrière de rechercheur. Et je suis désolé, j'ai une admiration énorme parce que c'est une partie tellement importante de leur vie qu'ils passent juste pour ça. Et je ne fais pas ça. Moi, je fais du sport, je fais du chess boxing. J'ai envie de développer d'autres trucs à côté. Donc, je ne peux pas faire une carrière de recherche.
- Speaker #1
Non, mais une carrière dans autre chose même. Carriériste en général, tu vois.
- Speaker #0
Il faudrait que... Ça peut être n'importe quoi, si j'avais une idée.
- Speaker #1
Non, mais ça veut dire, est-ce que tu te dis, peut-être qu'un jour, j'aurai ma propre boîte de développement, de tel truc, où je trouverai ma passion ? Enfin, tu vois, je voudrais une quête peut-être de pouvoir, de statut, pour moi, d'être carriériste de façon un peu générale, c'est vrai que toi, vu que tu es dans un truc de transition, c'est peut-être pas évident. Mais est-ce que tu t'aspires à des grandes choses professionnelles, ou ta vision, c'est plutôt d'avoir un taf qui te plaît, où tu te sens utile, etc., mais de t'épanouir dans autre chose ?
- Speaker #0
Oui, je pense que c'est plutôt cette dernière manière. Par contre, je suis carriériste au chessboxing, on va dire.
- Speaker #1
J'étais sûre que tu allais dire ça. On va y revenir assez bientôt d'ailleurs. Mais j'ai une autre question un peu personnelle. Tu pourrais me dire ou est-ce que c'est facile pour toi de dire qui sont les personnes que tu admis ou en tout cas qui t'inspirent le plus ?
- Speaker #0
C'est une question assez particulière. Ça dépend de mon état d'esprit du moment. Par exemple, Quand j'ai découvert le chessboxing, j'avais une période et j'étais complètement fasciné par la vie de Mike Horn. Il fallait de l'aventure dans ma vie. Donc je me suis mis à lire ses livres, à suivre un petit peu, à explorer avec lui. Donc d'un côté, j'étais inspiré à ce moment-là. Maintenant, je viens d'écouter le livre audio de la bibliographie de Mike Tyson. Je ne connaissais pas ces choses-là et je les trouve fascinants, fascinants d'abnégation, de réflexion sur lui-même et même d'intelligence en voyant tout ce qu'il a vécu dans son enfance. Et pour moi, c'est fascinant. Et donc, je ne suis pas fasciné par quelques réussites ou des réussites professionnelles, etc. Je suis fasciné par les discours de vie. Et donc, je suis en train de lire plusieurs bibliographies pour apprendre de plus des gens. Parce que c'est quelque chose que je me suis rendu compte, je n'avais pas forcément de rôle modèle dans ma vie. Et je me rends compte maintenant qu'en fait, ça fait du bien de s'inspirer des autres.
- Speaker #1
Tu disais donc qu'en 2019, quand tu découvres le chessboxing, ça t'amène un bol d'air frais, ça t'amène de la sortie, ça te fait vraiment du bien dans cette période qui est un peu pas évidente pour toi. Est-ce À ce moment-là, c'est vraiment un moment de détente, de repos et de plaisir ? Ou est-ce que tout de suite, tu prends le truc très au sérieux et tu prends tout de suite le mood compétition et voilà, devenir le meilleur ?
- Speaker #0
Non, pour le moment, ça n'a pas forcément d'importance. J'ai juste besoin déjà de m'échapper. Mais par contre, je m'y mets avec une avidité totale. Quand même, la salle de boxe, elle est à 45 minutes en vélo. de Vosgira, de la rue Vosgira, que je fais tous les dimanches aller-retour. Donc c'est vraiment un truc... Et j'y vais, mais avec un plaisir total. Je fais des sprints de vélo pour monter le cardio en arrivant, pour être bien échauffé comme il faut. Et juste, c'est un plaisir immense, immense. Pour le moment, je m'en moque de la compétition. Je veux juste apprendre, je veux taper dans des pads, et taper le plus fort possible. Et bouger le plus vite possible, et d'être le plus stable possible, et puis d'apprendre le moment, comment tu vas éviter les coups, faire des esquives, c'est des trucs complètement nouveaux, je trouve ça extraordinaire. Je me rends compte que ça devient sérieux un peu quand je dois préparer mon premier combat contre Jules, dans un rassemblement de chessboxers A7. Donc c'est un combat pas officiel, c'est un rassemblement, donc c'est la première fois que je rencontrais les... La fameuse team championne du monde 2019. Et je crois qu'on est en 2020, je fais du chess boxing depuis... C'est en 2020 ou 2021 ?
- Speaker #1
En septembre 2020.
- Speaker #0
Septembre 2020 ? C'est vrai, c'est une alcalmie de Covid. Et j'entraîne depuis août 2019. Mais c'est Covid, donc on ne s'est pas entraîné. Et puis je faisais un entraînement tous les dimanches quand il y avait les entraînements. Donc je me rappelle, j'étais au chômage à ce moment-là, donc je ne m'en concentrais que sur ça. Parce que c'était la seule chose à faire. Je n'avais pas de travail à chercher, c'était le Covid, un peu. Enfin j'aurais dû, normalement, si j'étais un bon citoyen. Et c'est le seul truc qui me motive. On ne pouvait pas avoir de partenaire, il n'y avait pas d'entraînement dans les salles, donc il fallait que je me débrouille tout seul pour m'entraîner. Donc je me faisais des... des échelles de vitesse dans le sable pour m'entraîner à côté de chez moi. Je faisais beaucoup de cardio, je faisais aller courir, j'allais faire des sprints, j'avais fait toutes mes listes d'exercices à faire que je faisais tous les jours. Et je me préparais pour ce combat, sans vraiment faire de sparring ou quoi que ce soit.
- Speaker #1
Avant de commencer le chessboxing en 2019, t'étais plutôt sportif ? De 0 à 25 ans ou pas du tout ?
- Speaker #0
J'ai toujours été sportif, depuis tout petit.
- Speaker #1
Parlez de ça, tu faisais quoi comme sport ?
- Speaker #0
À 5 ans, je commençais le foot. À 7 ans, j'ai fait en plus de la gym artistique, jusqu'à mon adolescence, 13 ans, on va dire. Après, j'ai fait de l'athlétisme, j'ai fait de l'aïkido, j'ai fait du rugby, de l'escalade en UNSS. J'étais au championnat de France de lancer de disques quand j'étais cadet pour passer le bac, parce qu'il y avait de lancer de disques au bac, et je me suis dit, pourquoi pas m'entraîner au lancer de disques ? Et j'étais pris dans les minimas de championnats de France. Donc je suis allé à Évry, j'étais le seul du club à aller aux championnats de France jeunes. Il était là, j'ai toute la pression sur moi. Et j'ai fait le championnat de France cadet, de lancer de disques. Et après à l'école, j'ai fait du volleyball, j'ai fait du handball, j'ai fait du badminton, j'ai fait énormément de sport.
- Speaker #1
Et donc du coup, les années de thèse, tu fais du sport ou t'as...
- Speaker #0
arrêter parce que manque de temps et c'est pas le mood le seul truc que je fais pendant la thèse c'est des échecs je faisais des compétitions par équipe avec le club de malakoff et maths donc c'est un dimanche ou un ou deux dimanches tous les mois on
- Speaker #1
fait un on fait une partie d'échecs par équipe lente ok mais donc voilà c'est quelque chose voilà c'est pas que tu découvres le sport à 25 ans en fait c'est qu'on n'avait pas du tout parlé je sais pas pourquoi mais mais tu es déjà tu étais très sportif de base quoi
- Speaker #0
Oui, j'ai surtout une bonne proportion pour les sports techniques qui demandent une bonne connaissance et une maîtrise du corps. Donc l'athlétisme dans ce disque, c'est quelque chose de hyper technique et c'est au centimètre près, à l'angle près. Il faut avoir vraiment... Et l'Akido, c'est pareil. C'est vraiment, je pense, un talent que j'ai pour les sports, c'est cette capacité à connaître la position de mon corps, le delta de mes... mes muscles, la tension, etc. Donc c'est pour ça que je me suis dit que la boxe, j'allais apprendre vite, et donc je n'avais pas peur de me lancer dans ce nouveau truc. Et puis moi, j'étais plutôt fan de handball, de volet, de sport un peu co, qui demandait un petit peu de compatibilité. J'étais pivot dans l'équipe de handball, et j'aimais bien jouer des épaules, jouer de la physique, et ça marchait bien, ça. Donc c'est vraiment un kiff que j'avais. Et par contre, j'ai découvert le sport un petit peu individuel. S'entraîner pour un sport individuel à ce niveau-là, pour la boxe, c'est vraiment quelque chose que j'adore totalement.
- Speaker #1
Et donc ce premier combat en 2020, comment tu te prépares ? Tu y vas ? Tu rencontres tes chessboxers ?
- Speaker #0
Oui, et je fais mon premier combat contre Jules. Tout ce que je savais, c'est qu'il avait un petit... peu d'expérience de mma c'est un mec qui aimait bien se battre qui faisait que se battre avec ses amis et ben bref je suis tout à fait ok ça va être assez va être intense et moi j'arrive je suis pas fait de devraient ce pari n'est jamais été dans un club de boxe et juste fait les clubs de l'entraînement de chess boxing le dimanche on y va gentiment quoi fait pas vraiment des sparrings et je m'entraîne que que le cardio que le cardio que le cardoche lui que je cours je fais des trucs de jambes je m'entraîne énormément sur le sur le footwork ce que Je lis que c'est important, donc je m'entraîne que là-dessus. Mais en fait, je n'avais pas d'endurance. Bref, le combat se passe, ça se passe bien. Les échecs, je me moquais un petit peu. Déjà, ce n'est pas un combat officiel, donc perdre aux échecs, ce n'est pas important. L'important, c'était de faire les trois rondes de boxe. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas essayé de gagner aux échecs. C'est juste que mon objectif, c'était vraiment de la survie à ce moment-là. Je voulais savoir s'il était capable de survivre. Et ça se passe et je me rends compte que je suis hyper fatigué. En fait, je n'avais pas d'endurance musculaire de puissance. En fait, je donnais des coups, mais après, les bras tombaient. Donc, j'aimais travailler ça. Je n'en avais pas de sac de frappe. Je faisais que du footwork, je faisais que bouger. Donc, c'est ce que j'ai fait tout le combat un peu avec un coup par-ci, par-là. Et puis bouger, bouger, bouger, bouger. Donc, je survis un peu les rounds de boxe. Il me tape bien. C'est assez équilibré, mais il a de dessus quand même. et je donne une tour juste avant le dernier round de boxe. Ça, je me rappellerai toujours, c'est ma première vision du chessboxing, tu perds, enfin, tu souffres énormément les deux premiers rounds de boxe, et juste à la fin du deuxième round d'échecs, tu donnes une tour. Et tu dois retourner à la boxe, sachant que tu vas perdre aux échecs après. Et tu te dis, mais je ne peux pas gagner à la boxe, je ne suis pas le maître KO, je n'ai plus d'énergie, je n'ai plus rien. Et tu es là, mais il faut quand même y retourner, ou je peux juste abandonner ? Il n'y a plus d'espoir. Ils étaient là, mais c'était vraiment un sentiment assez particulier de dire « Bon, on y va, on va voir. » Et je découvre ça chez moi, en fait, que c'est possible, même en étant complètement défaitiste, en sachant que tu n'as pas gagné, d'aller encore prendre des patates. De pouvoir le faire, je trouve, c'est ma plus grande fierté de ce moment-là, de ce combat-là. C'était d'être capable de dire « Bon, On est là pour la survie, bah survie encore pour le troisième round de boxe et bats-toi jusqu'au bout, bats-toi jusqu'au bout. Et ça, c'est la chose que j'ai découvert en fait chez moi pour ce combat-là. Et j'en suis, ça m'a mis une fierté énorme de pouvoir être capable de faire ça à ce moment-là.
- Speaker #1
Et donc pour tous les chessboxeurs en herbe ou en tout cas tous les chessboxeurs qu'on connaît et qui peut-être les gens qui découvrent le chessboxing, qui commencent et qui font leur premier combat et qui vont faire leur premier combat dans les mois qui arrivent, possiblement dans les stages qu'on organise. Justement, qu'est-ce qu'on se dit dans ce moment-là ? Ou on sait qu'on a perdu ? C'est quelque chose que je me suis souvent demandé, moi qui ne fais pas de chessboxing, comment tu arrives à y retourner ? C'est pour la fierté ? Comment tu fais pour y retourner quand tu sais que dans tous les cas, a priori, c'est mort ?
- Speaker #0
Je pense qu'il faut arriver à ce premier combat avec une autre envie que de gagner, simplement. Parce que si tu ne veux que gagner, ça ne sert à rien. Tu sais que tu vas perdre, tu sais que tu n'as plus d'énergie, tu sais que ça ne va pas... on ne sait jamais, mais bon... Là, je savais que je n'allais pas le mettre KO. Il avait plus de cardio que moi. Je sentais que mes coups ne portaient plus. Et du coup, je me dis que j'étais là pour la survie. Depuis le début, je voulais juste monter mon expérience, savoir que je pouvais tenir le coup, les trois rounds de boxe. Et si j'avais voulu juste gagner, je n'aurais pas pu tenir. Il fallait que je vienne pour la survie et pour savoir de quoi je suis capable, de quoi mon corps est capable, de quoi mon mental est capable. Et donc, à ce moment-là, on s'en fout de qui gagne ou pas.
- Speaker #1
Mais donc du coup tu arrives à... Comment tu fais pour ne pas être... Avant ce dernier round, te dire de toute façon j'ai perdu et ne pas perdre toute motivation d'y retourner. Enfin ne pas... Mentalement en fait.
- Speaker #0
Il y a une partie de la motivation qui... qui disparaît, c'est la motivation de gagner. Elle est là quand même. Et celle-là, elle disparaît totalement. Mais qu'est-ce qui reste derrière ? C'est ça le truc. Et j'étais obligé de me dire, en fait, à ce moment-là, qu'est-ce que je veux d'autre ? Et j'ai dû faire ce travail dans la minute de transition après donner ma pièce, donc le temps de rendre compte que j'ai donné une pièce, et ensuite me dire... bon, qu'est-ce que tu vas faire pour se rendre de boxe ? Et c'est ça, c'est cette espèce de tas mental où tu te dis, en fait, je suis là pour montrer ma survie, donc j'y vais. Je donne le maximum de ce que je vais. Et puis, il n'y a pas d'autre manière, en fait. Il n'y a pas d'abandon, il n'y a pas le choix, en fait, à ce moment-là.
- Speaker #1
Et donc, tu perds ce premier combat, et je crois que c'est le seul combat que tu as perdu, il me semble.
- Speaker #0
Après, si on compte les combats non officiels... Je pense pas avoir. J'ai perdu des parties de chess boxing aux échecs, ça m'est arrivé quoi.
- Speaker #1
Mais donc ok, donc voilà, pour revenir à ce que tu disais, t'étais pas du tout dans cet esprit de compétition, jusqu'à ce combat-là, tu perds ce combat. Et qu'est-ce qui se passe après ? Est-ce que ça déclenche quelque chose ? Est-ce que c'est là que tu switches ? Ou est-ce que ça se fait progressivement ? Parce qu'en gros, là on est en 2020. Et en 2022, tu participes à tes premiers championnats du monde. Et donc, qu'est-ce qui se passe entre la fin de ce premier combat que tu perds et ton premier voyage avec l'équipe de France en 2022 ? Est-ce que d'avoir perdu ce combat, ça te déclenche quelque chose ou est-ce que c'est une dynamique de compétition qui s'est créée petit à petit ?
- Speaker #0
Ce premier combat, il me permet de passer l'étape de... J'appelle l'étape de survie, simplement. De savoir ce que c'est... kidsolering, de savoir ce que c'est que de prendre des coups, de pouvoir quand même leur donner, de pouvoir survivre. Ce que ça me donne, en fait, c'est que ça m'ouvre toute la possibilité de, en fait, comment améliorer et comment, maintenant, chercher la gagne, en fait. Qu'est-ce qui m'a manqué ? Qu'est-ce que j'aurais pu montrer de mieux ? Il faut que je m'entraîne cette endurance de puissance. Enfin, ça m'a monté toutes mes faiblesses à travailler pour gagner. Donc c'est l'étape de survie qui est terminée, et maintenant c'est l'étape, je cherche à gagner. Je cherche à gagner, à être le meilleur, à me raffiner en fait, pour être le meilleur. Développer toutes les compétences nécessaires pour gagner, pour gagner au chessboxing. Et donc c'est à ce moment-là où je commence à, justement c'était août 2021, et j'arrive à Prague en 2022. Donc là, je crois que j'ai fait tous les clubs de Paris, les séances d'essai de tous les clubs de Paris après ça, juste pour faire des sparrings. C'était ma période où je n'avais pas d'argent, mais j'allais quand même entraîner. Et je crois que j'ai même pris un abonnement à la salle du Temple. Il y avait des réductions pour 100 euros le mois, mais c'était ma seule... C'est ma seule grosse dépense de chômeur. Et là, je commence vraiment à essayer de raffiner mon côté boxeur, être le meilleur. Et du coup, j'arrive à Prague. Je trouve un club à Prague. C'était le premier club, c'était pas ouf. C'était un club assez particulier. Mais par contre, je m'entraîne tous les jours. Je m'entraîne tous les jours, j'y vais à fond. Et je trouve un autre club qui va devenir mon club favori de Prague, le Coutil Gym. Et là, il y a les meilleurs boxeurs de République tchèque, il y a tous les niveaux de sparring, il y a tous les niveaux de poids, il y a des très bons cours, et c'est là où vraiment je me développe énormément. Et je fais ça pendant un mois, juste avant le championnat du monde, il me semble. Un mois d'entraînement très, très concret, avant d'aller au championnat du monde. Et là, j'ai vraiment, vraiment bossé ma boxe pour être solide. Bon il se trouve que j'étais pas hyper solide mais j'étais solide suffisamment pour tenir face à des boxeurs professionnels russes, tenir un round en tout cas face à un fameux Ergachev qui a une trentaine de combats amateurs, qui envoyait assez lourd en fait. Et ça m'a permis de tenir cette période la plus difficile, le combat le plus difficile, c'était ce combat là enfin, là où j'ai pris le plus cher à la boxe et j'ai tenu, c'était juste un round de boxe donc j'ai... J'ai réussi à tenir et après c'était un peu plus facile, j'avais le niveau suffisant pour maintenir l'avantage aux échecs. C'est comme ça que je suis devenu champion du monde en 2022 en Thalia. Et après, je continue à m'entraîner avec des boxeurs en fait. C'est hyper important de pouvoir boxer contre plus fort que soi en fait, pour progresser simplement. Et là, j'ai des cours de qualité extraordinaire en fait que je n'ai jamais eu. Et c'est devenu ma vie un peu, c'est devenu mes copains, c'est devenu ma vie. C'est le raffinement de ma technique de boxe qui fait que maintenant je suis plus technique, je suis bien, je peux tenir contre des gens beaucoup plus... Je comprends en fait ce qui se passe dans le ring. Je comprends l'agressivité, je comprends le contrôle spatial, la technique, la vitesse. Je comprends tous ces paramètres un petit peu qui sont importants et que je ne comprenais pas du tout avant.
- Speaker #1
Et donc tu penses que c'est ça la clé ? C'est vraiment l'intensité d'entraînement et combattre contre des mecs plus forts que toi ?
- Speaker #0
La clé pour devenir un bon boxeur, pour moi, le premier truc, c'est d'avoir une combinaison d'apprentissage technique et de pratique de sparring. Mais ça peut être sparring léger. Moi, j'ai une intelligence aussi d'imitation. Je regarde beaucoup les autres et j'essaie d'appliquer un peu ces techniques. Tout le monde a cette chose-là. Et je pense que c'est hyper important d'avoir des cours de groupe pour voir les meilleurs boxeurs, comment ils font. de s'imaginer à leur place, de voir comment ils font, pourquoi il est plus rapide dans cet appui-là, pourquoi il fait cette chose-là. À ce moment-là, j'aurais fait autre chose. Et se poser des questions à chaque entraînement. Et c'est important aussi d'avoir un travail technique, donc d'avoir un coach qui te dit, positionne ton bras comme ça, mieux sur le côté, lève un peu plus ce bras gauche, incline un petit peu ton poing, essaie de toujours garder les poings fermés, n'essaie pas d'avoir la main décontractée, par exemple. Tous ces petits détails que seulement un coach... Un contre un peut te dire. Et c'est hyper important d'avoir les cours de groupe et les cours de technique. Et puis après, de s'entraîner, de se motiver soi-même pour le physique. L'important, c'est d'avoir une espèce de discipline, de suivre un peu le schéma classique entraînement de groupe, entraînement technique avec le coach, essayer d'appliquer un peu ce que le coach te dit dans les entraînements de groupe, faire des sparrings, appliquer toujours les... Donc c'est hyper important d'avoir quelque chose d'assez structuré. Et c'est aussi important de se rendre compte qu'on n'est pas le meilleur juge de ses propres compétences. On est même le pire juge de ses propres compétences, je pense. Ça, c'est mon avis. Il ne faut pas juste se satisfaire de son propre avis sur ce qu'on est capable de faire. C'est le pire truc à faire. On est les pires juges de soi-même. C'est beaucoup de choses en un. C'est vrai que je n'ai pas dit ça de manière hyper synthétique.
- Speaker #1
Non, c'est très bien. Et donc, tu parles de tout le côté boxe, des entraînements, de la technique, des sparrings, de combattre des gens plus hauts. Enfin, voilà, toutes les pièces que tu as ajoutées pour devenir un meilleur boxeur. Il y a aussi quelque chose que je sais que tu faisais quand tu étais à Paris. Et je crois que c'est quand tu préparais les championnats du monde, justement. C'est des séances de préparation mentale avec un coach spécialisé, un préparateur mental. qui était le coach de Paris pendant un temps. Est-ce que tu peux expliquer un petit peu ce que tu faisais avec lui, ce que ça a pu t'apporter, etc. Parce que c'est tout un autre volet du truc en fait.
- Speaker #0
Ouais, j'avais la chance de travailler avec Christian qui était en fin de formation justement de coaching mental et qui cherchait des athlètes à accompagner. Et il a contacté le club de chess boxing parce qu'il aime bien les choses un peu fun pour lui, le chess boxing. qu'est-ce que c'est qu'un attest de chessboxing, comment accompagner ? Sur le papier, c'est vachement bien. Coaching mental pour un chessboxer, ça a l'air d'être super important. Il y a le côté combat, il y a le côté boxe, il y a le côté aussi sérénité aux échecs, et c'est de switcher entre les deux. Et donc, j'ai travaillé pendant, je crois, quelque chose comme six mois avec lui. Donc, c'était pendant le Covid. Il préférait faire en direct. Donc, il venait chez moi, il avait l'attestation et tout. on m'était... les distances de sécurité, on se parlait de loin, etc. Il a mis en place du coaching mental. Et le coaching mental, en fait, on ne sait pas trop ce que c'est tant qu'on ne l'a pas fait. Et j'ai l'impression qu'on a beaucoup de mauvaises idées sur comment ça fonctionne. Le rôle du coach mental, ce n'est pas juste de... « Ah, je bloque sur quelque chose mentalement, j'y suis pas, il faut que je me motive. » Et en fait, ça se rapproche aussi un peu d'une forme de... thérapie, on va dire que c'est assez léger sur le côté thérapie, mais ça demande aussi de savoir les sources des blocages ou le manque de routine, de discipline. Ça peut être l'organisation du temps, simplement, l'organisation des entraînements, comment tu te lèves le matin si tu te sens fatigué, de mettre tout ça un peu sur le papier et de discuter un peu des méthodes, comment on peut s'améliorer là-dessus. Et il a fait pas mal de... de travail sur les transitions, parce que je lui ai demandé justement, j'aimerais bien les transitions, comment je pourrais me mettre dans, me motiver pour être dans la partie boxe, me motiver dans la partie d'échecs, donc ça c'est la partie super pratique, mais il m'a aussi énormément aidé sur la partie motivation, c'était surtout comment mettre en place les motivations, comment gérer les émotions, et comment en fait mettre sur le papier les axes d'amélioration personnelle en fait. Donc ça se rapproche un peu à du développement personnel aussi avec quelques outils techniques de respiration, de routine, le fait que Nadal met ses petites bouteilles un peu orientées de manière très spécifique avant de servir etc. C'est la même chose en boxe, on essaie de remettre aussi une espèce de retrouvée avec un peu de sophrologie ou un petit peu de... de visualisation, retrouver cet état où on est le plus performant, typiquement. Donc, je me rappelle, il y a des choses que j'ai remarquées. Quand je tourne un peu les épaules, quand je suis à la boxe, c'est une manière de me dire, voilà, je suis bien, allez, on y va. Ou par exemple, devant l'échiquier, ne plus bouger, et s'imaginer la dernière fois qu'on a joué aux échecs et qu'on était hyper performant, ou en quel état on était, et essayer de retrouver cette... cet état de sensation d'hyperperformance, de focus, et de le retrouver, de s'imaginer être à ce moment-là, et d'essayer de se remettre exactement dans l'état dans lequel on était quand on performait. Et il m'a donné plein de petits outils comme ça, et je pense que le plus important, c'est qu'il m'a donné la possibilité de le voir moi-même, de le travailler moi-même, de voir comment on peut travailler sur ces choses-là, et faire les efforts soi-même. Et ça, c'est le plus important. Ce n'est pas avoir les solutions tout de suite, c'est d'avoir aussi la méthode de travail pour le coaching mental. Et ça, c'est hyper utile. Je sais comment agir quand je stresse. Je sais comment me parler à moi-même quand j'ai peur. Et ça, c'est les choses importantes. Après, il y a encore des choses à travailler, évidemment. Mais ça a eu un impact sur ma partie de gérer ma vie, en fait. Gérer mon travail, gérer la fatigue. Par exemple, se lever le matin avant de faire du sport. Comprendre pourquoi se lever et comment se motiver pour se lever tôt, comment se motiver pour travailler et s'entraîner. Parce que lui, il est aussi un grand athlète de très longue distance. Il court des centaines de kilomètres, il fait des compétitions comme ça. Donc, il sait ce que c'est que s'entraîner, se lever à 5h du matin, s'entraîner, aller au travail, revenir à la maison, s'entraîner encore, etc. Donc, il a pu me donner les outils un petit peu pour... pour arriver à organiser mon temps pour le faire. Il n'y a pas forcément de solution tout le temps. On doit sacrifier des choses.
- Speaker #1
C'est intéressant, ça. Je ne savais pas tous ces détails sur le travail écrition. Et est-ce que tu te prépares pareil pour les championnats du monde que pour un IFC ?
- Speaker #0
Pour moi c'est complètement différent. C'est bien,
- Speaker #1
ça je te pose la question.
- Speaker #0
Les championnats du monde c'est des formats très courts où simplement jouer aux échecs vite et tenir à la boxe. Il y a beaucoup moins d'impact deux rounds de boxe, trois rounds de boxe, sur ta manière de jouer aux échecs, ta fatigue, etc. C'est des parties plus rapides donc l'avantage quand tu es le meilleur joueur d'échecs, ça fonctionne plutôt bien normalement. Encore, il faut savoir comment adapter son style pour ça. Mais l'IFC, pour moi, c'est quelque chose où je me suis mis... Quand je me suis préparé à l'IFC, je faisais deux entraînements par jour. Et je travaillais en même temps et je bossais mes échecs parce que j'ai des adversaires qui sont assez costauds quand même en face et des gros joueurs d'échecs alors que je n'avais pas besoin de bosser les échecs pour la championne du monde, par exemple. Ça, c'est un énorme changement. Bosser les échecs, pour moi, c'est une torture. C'est une torture parce que c'est exactement les mêmes outils de réflexion que mon travail, en fait. Je trouve que les joueurs d'échecs sont des chercheurs. Ils ont exactement la même approche, ils doivent chercher exactement ce qui se fait, les méthodes actuelles, les dernières sorties de la théorie et des choses comme ça, et ensuite ils doivent les appliquer comme des... C'est comme appliquer des modèles mathématiques en fait, que tu apprends, tu travailles et ensuite tu les appliques à ton travail. C'est exactement pareil aux échecs, tu dois apprendre tout ça et ensuite l'appliquer, voir si ça fonctionne avec des parties. et ensuite reprendre en détail tout ce qui s'est passé. Et pour moi, c'est assez compliqué d'enchaîner une journée de recherche et une soirée ou une matinée d'entraînement aux jeux d'échecs. Donc c'est complètement différent, parce que pour les IFC, je devais me préparer aux échecs. Contre Karl, j'avais pris deux semaines de congé pour pouvoir justement bosser mes échecs, parce qu'il est bien meilleur que moi aux échecs sur le papier. Et fallait que j'avais les noirs donc fallait que je trouve une ouverture potable. Donc j'ai bossé, j'ai potassé à fond et au final pour tomber sur une jobava où je bafouille et je suis surpris et du coup je me retrouve à faire n'importe quoi dès les premiers coups d'ouverture, ça pardonne pas. Donc ouais je comprends l'importance d'être vachement bien préparé, même encore plus maintenant avec l'expérience. Et puis il y a aussi le fait qu'il y a 11 randes pour un IFC. 5 randes maximales, 7 randes maximales pour les championnats du monde. Et du coup, la préparation physique, elle est un peu différente. Il faut se préparer à tenir les 11 randes quand on prépare pour un IFC.
- Speaker #1
Je veux bien qu'on rentre un peu plus dans le détail sur ton combat contre Jules, que ce soit sur ta préparation, mais aussi sur le combat en soi-même. Parce que vous avez un niveau qui est assez proche et c'est tout l'intérêt d'ailleurs des combats que vous faites tous les deux.
- Speaker #0
Ouais alors le combat contre Jules c'était un combat juste après mon championnat du monde en 2022, donc c'est février 2023. Donc il y a une grosse partie de la préparation physique qui est déjà présente pour le championnat du monde, donc on réutilise ça, c'est assez pratique. Ce qui s'était passé c'est que je venais d'arriver dans cette gym, ça faisait un mois que j'étais là. donc je connaissais pas encore les manières de fonctionner, etc. Donc tout ce que j'ai fait, c'est que j'ai pris les coachs à partie, je les ai payés pour faire des séances individuelles, deux fois par semaine, plus les cours de groupe, et je faisais ça tous les jours, et j'allais de temps en temps courir le matin, pas tout le temps. Et pour moi, c'était le gros combat, quoi. J'avais jamais fait d'IFC, j'avais jamais fait 11 rounds. Je ne savais pas du tout ce que mon corps allait tenir ou pas. Et puis je devais aussi monter en poids énormément. J'étais à 15 kilos de plus en fait. 10 kilos pardon, 10 kilos de plus. J'ai combattu à 75 en 2022, 75 kilos. Et contre Jules j'étais à 85. Donc il fallait que je fasse de la musculation en plus pour monter de poids. Donc j'ai rajouté aussi ça un petit peu. Parce qu'en deux mois, deux trois mois, c'est pas assez pour prendre en masse. Donc c'était un petit peu... light pour bien organiser mon temps donc c'est une nouvelle gym je connaissais pas forcément les méthodes de fonctionnement de travail j'apprenais surtout des sparring en groupe et des cours particuliers avec les coachs donc je me suis concentré sur la boxe je faisais quelques quelques entraînements d'échecs aussi en live donc des blitz des parties rapides et j'ai pas plus travaillé que ça les échecs finalement mais je me suis vraiment concentré sur le cardio box et j'ai suivi les conseils de mes coachs en disant, j'ai un combat dans un mois ils me disaient, tu viens deux fois par semaine, on fait ça et puis ils nous préparaient exactement pour les rounds pour les cinq minutes de rounds, etc donc il y avait un gros travail de communication avec les coachs et c'est ce que j'ai fait, donc c'était mon premier entraînement sérieux vraiment de boxe et ça a très bien fonctionné j'étais bien J'étais pas trop fatigué à cause de l'entraînement, je me sentais bien mentalement, j'étais fort en fait. Mais je savais pas sur le moment quand j'arrive sur le ring, je sais pas si je fais tenir le coup, je sais pas comment ça va se passer, je sais qu'il est fort, je sais que je peux prendre des énormes coups, mais j'étais prêt à ça. Et finalement, je me suis rendu compte qu'il a un peu sous-performé pendant ce combat-là, et je me suis retrouvé à l'aise assez vite, je le touchais, il me touchait pas, j'arrivais à gérer la distance. J'arrivais à avoir 1 ou 2 cm, à feinter un peu la tête pour qu'il lance un jab, et ensuite arriver avec une main gauche au moment où il lance son jab en passant par en dessous. J'ai réussi à le timer, j'ai réussi à rentrer très vite dans le combat, et ça allait. J'ai eu un peu plus de fatigue à partir du troisième, du quatrième round. Donc j'ai senti, mais le combat n'a pas duré plus longtemps. Donc ça s'est plutôt bien passé. Je sens que j'aurais pu faire mieux en termes de physique. Mais par contre, j'étais bien. J'étais bien préparé, au moins pour 3-4 ans, j'étais bien. Et après, il a fait une erreur.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il a joué un peu passivement et j'ai pu dérouler en fait. Donc en fait, il ne m'a jamais mis forcément un peu en difficulté. et j'ai pu... dérouler un peu ma méthode et j'ai jamais eu besoin de reprendre le contrôle de me redire change de stratégie change ça change ça non c'est plutôt dans les corners c'était il en a parlé pendant son épisode je sais pas si tu l'as écouté mais il en parle aussi du combat ouais
- Speaker #1
ouais j'ai écouté c'est marrant c'est ça qui m'intéresse moi c'est d'avoir aussi les deux versions tu vois les deux les deux réalités en fait la réalité qu'il avait lui et la tienne par rapport à ce combat quoi
- Speaker #0
C'était une surprise pour moi de dérouler autant. En même temps, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire. Je n'avais pas fait de sparring particulièrement du même niveau. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre en termes de son niveau. Je ne sais pas trop mon niveau, à part j'ai fait des randes pour le championnat du monde de chestboxing. Mais j'étais un peu dans le doute de mon niveau à ce niveau-là. Et comme ça s'est passé assez bien dès le début, j'ai pas eu de doute pendant le combat. Donc ouais, on a appris après qu'il était aussi une espèce de transition d'apprentissage où il commençait à reprendre la technique et du coup il avait l'impression d'avoir tout oublié. Je suis passé par là contre Karl cette fois, où j'ai dû changer de stratégie parce que si on passe justement au combat de Karl, c'est pas du tout le même style de combat, c'est un très haut. très fort joueur d'échecs et je dois le mettre KO en fait. Alors que Jules, je ne savais pas en fait. Je pouvais m'adapter à ce qui se passait. Si aux échecs j'étais moins bien, j'aurais mis plus d'intensité dans la boxe. Donc j'étais prêt pour ça. Pour Karl, pour moi, il n'y avait qu'une seule stratégie, celle de tenir aux échecs et d'aller à fond à la boxe. Et en fait, dans cette gym, on a un entraînement de type style soviétique, ce qu'on appelle style soviétique. C'est un entraînement un peu de boxe amateur. à longue distance, beaucoup de mouvement et beaucoup de sécurité en fait. Et je me dis que ce n'est pas un style qu'il faut pour Karl. Il faut absolument que je trouve une autre manière de lancer ce combat plutôt que faire des bonds, des pendulums steps, etc. Ce n'est pas forcément la bonne méthode pour y aller. Et donc, j'ai trouvé un autre coach, Stéphane Pitra, qui m'a accompagné du coup pendant le combat. Et voilà, c'était le but. C'était apprendre-moi un autre style de boxe. Apprends-moi un boxe à... à distance, tu rentres beaucoup et tu vas travailler énormément les coups, les combinaisons. Et c'est plutôt ça que j'ai mis en place. Mais par contre, j'ai commencé dans trois, quatre mois. Ouais, c'est ça. Quatre mois avant le combat, je commençais à m'entraîner avec ce coach et j'ai l'impression de revenir à zéro. C'est le genre de coach qui te dit, non, pendant la même séance, pendant les trois minutes de round, il te reprend juste sur la position de ton jab, la position de ta main droite. ta position de ta main gauche, ta position de ton pied, ton genou, tes hanches. Et reprends ça, et reprends ça, et reprends ça. Et toute la séance d'une heure, elle se passe juste à corriger ta position de ton jab. Enfin, peut-être pas l'heure entière, mais... Et en gros, il dit, voilà, on se revoit la semaine prochaine, en espérant que t'aies bossé ça à la maison. Bosser ton jab, ta position, regarde-toi dans le miroir, fais attention, à travers ton step, l'équilibre, etc. Donc j'ai eu un travail de fourmi, et j'ai eu l'impression de ne plus savoir boxer du tout. et je pense que ça arrive à... à beaucoup de gens, quand on réapprend un style, un nouveau style, il faut absolument repartir de zéro. Je pense que c'est ce qui est arrivé à Jules à ce moment-là pour le combat. Après, je ne sais pas s'il en parle en détail. Par contre, j'ai appris très vite le nouveau style de boxe. Stéphane était super fort, super bon coach. C'est exactement ce qu'il me fallait pour cette chose-là. Par contre, j'ai un énorme doute pendant un mois de ce que je savais encore boxer. D'ailleurs, même pendant le combat, je sors du combat. Bon, Carl est... est KO et le coach me dit, sur le moment ça va, Karl va mieux et il me dit après il y a encore des choses à travailler, on ne peut pas respirer et c'est exactement le genre de coach que je cherche, la précision infinie sur la technique, c'est quelque chose que j'adore en fait, j'adore apprendre et voilà.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qu'on fait quand on est un vaincu et qu'on a tous les titres ? C'est quoi maintenant le... C'est quoi l'objectif ?
- Speaker #0
Il n'y a plus de titre à espérer, en attendant qu'il y en a d'autres qui se créent, peut-être. Tout ce qui peut se faire, c'est dans la durée. Et simplement, en parlant de coaching mental, de préparation mentale, les motivations, elles changent. Une fois que tu es champion, tu es champion répété, tu fais quoi en fait ? Pourquoi tu continues à faire ça ? Et la question est simple. J'adore ça, j'adore former les gens, j'adore coacher les gens au club de République tchèque. Il y a une des choses qui me fait le plus plaisir, qu'avant, il m'aurait peut-être fait du mal à l'égo, c'est que les gens viennent me dire, toi, dans deux ans, je te bats. C'était mon objectif. Attends deux ans, je te défonce. Dans deux ans, je te bats. Donne-moi deux ans et je te retrouve en finale de championnat du monde et je te massacre. Au début, je suis là, OK. Mais en fait, je me trompe, c'est le meilleur compliment qu'on peut te faire. J'adore ça. J'adore quand les gens sont... sont motivés de combattre contre moi, c'est quelque chose que avant j'aurais flippé de ouf, ils me ciblent et tout. Maintenant je prends ça avec un peu plus de recul et je dis c'est cool de motiver un peu les gens à choper le titre en fait, venez choper le titre, je vous attends avec plaisir et je veux voir le chessboxing progresser, c'est pas juste moi avoir plus de titres, ce qui m'intéresse c'est d'avoir de plus en plus de combattants forts. pour rendre un peu la discipline intéressante et la faire progresser en termes de technique, en termes d'intérêt médiatique, etc. C'est ça mon intérêt principal maintenant, c'est que le chessboxing se développe avec moi et de voir de plus en plus de combattants super forts, des types, des Jules, il n'y en a pas beaucoup en fait, on les attend avec impatience. Donc pour le moment il y a Jules, c'est la prochaine étape, et donc c'est le Jules 2 en fait, c'est celui qui a passé cette étape de réapprentissage on va dire, qui s'est mis dans la technique et qui fait ça vraiment bien, proprement, et voir s'il y a des nouveaux combattants qui vont arriver, c'est ça l'objectif.
- Speaker #1
Pour l'instant tu ne vois pas vraiment d'adversaires, peut-être à part Jules, je ne sais pas du coup, mais qui te font peur, on va dire en tout cas tu... Tu te sens vraiment challengé par eux. Est-ce que, du coup, tu n'as pas vraiment la pression pour le moment ou malgré ça, le fait d'avoir ces titres et de ne pas vouloir les perdre et puis l'image un peu que tu donnes aussi, c'est-à-dire le fait d'être un peu le champion pour l'instant invaincu, ça te met la pression ou tu es au-dessus de ça et finalement, tu veux continuer à gagner, garder ton titre et progresser, etc.
- Speaker #0
Je pense que la pression, c'est aussi la peur de le perdre. Si tu considères que bleu. que rester champion c'est l'objectif principal. Comme je l'ai dit, l'objectif principal là c'est pas de rester champion, c'est de voir justement une deuxième vague de chessboxers. Si je le gagne, et bien je le recombattrai et puis on se combattra jusqu'à ce qu'il y ait une domination totale pour le moment tant qu'il n'y a pas de relève en fait. Mais ça vient, on voit des gens qui progressent très vite en termes d'échecs et de boxe, et puis on n'a pas recruté tout le monde encore pour le La pression, elle est là quand même quand je me prépare pour les compétitions, parce que je suis le favori. Et d'ailleurs, c'est assez compliqué de se mettre dans la position du favori, parce qu'il y a une petite erreur et puis hop, c'est fini. Et puis, il y a des attentes derrière, etc. Donc, moi, ce qui m'intéresse, c'est de voir le progrès, de tester les gens. Je ne vois pas de pression. En fait, je n'ai pas trop peur de perdre mon titre. si je perds mon titre contre quelqu'un qui a vraiment sa place à ce niveau-là. Donc j'ai plus de pression contre des gens que je considère peut-être qui ne devraient pas être champions, même si ça reste un combat, c'est un combat de chessboxing, tout peut se passer en fait, une pièce peut tomber en un coup, un chaos peut arriver très vite. Donc ce qui m'intéresse, c'est de monter le niveau et d'attendre en fait, leur donner en fait la... L'objectif à atteindre aux autres, c'est ça. Il faut me battre moi maintenant et je vais continuer à m'entraîner, je vais continuer à être meilleur à la boxe, je vais m'entraîner aux échecs et maintenant, essayer de me rattraper, bon courage, et on va voir ce que ça donne.
- Speaker #1
Et au-delà de la compétition, tu dis que tu as envie de voir le sport se développer, toucher de plus en plus de monde, etc. Toi, même à moyen ou long terme, en dehors de la compétition, qu'est-ce que tu as envie de faire, qu'est-ce qui te plaît ? Je crois que c'est coacher qui te plaît. C'est quoi toi qui t'excite dans le chessboxing hors compétition ?
- Speaker #0
Ce que j'aime c'est vraiment cette réunion de profil complètement absurde. Des gens, tu les regardes et tu te dis qu'ils n'ont pas forcément leur place au premier abord dans un club de boxe. Et moi ce qui m'intéresse c'est justement... repeupler les salles de boxe avec des gens qui n'ont pas forcément d'une même envie de baston, de violence, on va dire ces choses là, c'est un peu des clichés, c'est pas du tout ce qui se passe dans les salles de boxe. Mais je veux que justement les gens qui ont l'impression de ne pas avoir leur place, C'est une impression de ne pas avoir sa place dans un club de boxe. Ils prennent leurs pieds à comprendre comment ça marche, qu'est-ce qui est difficile, pourquoi c'est si intéressant que ça la boxe, sans juste dire c'est un sport de bourrin, etc. Donc ce qui m'intéresse c'est de discuter au plus grand monde. de parler aux gens qui ne connaissent pas le sport, de faire des initiations, et ensuite de former un petit peu les petits nouveaux à devenir des combattants, et à venir aux championnats du monde. Donc là, j'ai réussi à amener deux Tchèques aux championnats du monde, qui se sont plutôt bien débrouillés, et je vois qu'ils ont des flammes dans leurs yeux, j'adore ça, franchement, c'est ce qu'il y a de plus important, d'arriver à... à utiliser en fait ce titre pour quelque chose d'autre que juste la récompense personnelle, en gros. C'est utiliser un peu le fait d'être champion pour pouvoir justifier, d'aller en parler à des gens, de faire des talks à des clubs d'échecs, etc. De dire, voilà, je suis champion du monde, donc je sais de quoi je parle, mais venez essayer, venez voir, venez faire ces choses-là. Et c'est ça qui me motive le plus. je me rends compte que j'ai une bonne capacité à écouter, à regarder, à motiver et à faire progresser les gens, surtout pour le moment plutôt des débutants. Et c'est vraiment une motivation supplémentaire d'amener des combattants aux championnats du monde. Et puis de voir aussi… au-delà de moi, de coacher, de suivre la famille du chessboxing, comment elle s'agrandit, comment elle se construit, et le travail de Guillaume et de la Fédération française, et de toi, Mona, autour de comment on peut motiver des gens à faire un sport qui n'existait pas, et comment créer une famille autour d'une motivation comme ça. Et ça, je trouve... Tu parlais d'inspiration, des gens qui m'inspirent, ben voilà. Les membres de la Fédération Française de Chess Boxing m'inspirent énormément parce que c'est quelque chose que je ne sais pas encore faire et j'apprends énormément en regardant comment créer des familles, comment on amène des gens à se motiver sur un truc un petit peu... ça n'a pas forcément de sens en soi-même, c'est juste un sport où on sait le faire, on a des règles et puis on se combat entre nous mais en soi-même ce n'est pas reconnu par qui que ce soit. Et ça nous suffit. Et c'est ça que je trouve fascinant. Ça nous suffit d'être ensemble, ça nous suffit de se motiver pour ça.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu dirais, justement... En fait, c'était ma question, mais du coup, tu as un petit peu répondu, mais qu'est-ce que tu dirais, soit à des débutants, que ce soit aux échecs ou en boxe, ou alors à des gens qui sont curieux, mais qui pensent que pour le coup, c'est peut-être pas pour eux, ou que c'est trop difficile, quoi ?
- Speaker #0
Oui, il n'y a rien de trop difficile tant qu'on n'a pas essayé. Bon, après, si c'était si difficile que ça, on va pas non plus se forcer non plus à faire des choses. C'est trop dur. J'essaie de motiver des gens qui ont des blessures aux épaules. C'est peut-être un petit peu compliqué.
- Speaker #1
Non, mais tu vois, tu parlais de la peur tout à l'heure. Il y a des gens qui ont envie de faire des choses, mais qui ont peur. Peur de jamais être assez bon aux échecs, peur de jamais prendre le niveau en boxe, peur de se faire taper, enfin, peur de plein de choses, tu vois, qui peuvent être des freins, en fait, à quelque chose qui peut les intéresser, je veux dire.
- Speaker #0
Alors, pour avoir vu des gens qui arrivent au chessboxing ou qui font des combats au début sans peur, en disant voilà c'est trop bien je vais monter sur le ring, je sais que c'est un peu dur mais je veux vraiment le faire et d'autres qui disent oh non c'est pas pour moi c'est trop dur de préparer pour des combats en fait les deux personnes sont les mêmes après le combat, c'est genre je suis trop fier de moi, j'ai plein de choses à apprendre et ça revient exactement même, il faut vivre en fait l'expérience, que tu es peur, que tu n'es pas peur Une fois que tu as fait ton combat, tu sauras vraiment ce qui s'est passé, pourquoi tu as eu peur, pourquoi tu n'as pas eu peur. Et pour avoir vu les deux personnes faire des premiers sparrings par exemple, et se dire « Waouh, en fait j'adore, je me prends des coups, mais en fait ça va, ça ne fait pas si mal que ça. » Donc tout ce qu'il y a à faire, c'est d'y aller, même si tu as peur, même si tu n'as pas peur. Et il faut le faire. Tu verras la personne que tu seras après avoir essayé. Et c'est là où tu pourras dire « En fait, ce n'est pas pour moi, c'est pour moi. » C'est assez bateau de dire ça comme ça, mais c'est assez compliqué de motiver quelqu'un qui a peur. Il faut aller chercher très loin. Pourquoi cette peur, elle est là ? Est-ce que tu as peur de la douleur ? Est-ce que tu as été conditionné à dire que la boxe et la violence, ce n'est pas bien ? Et du coup, est-ce que tu dois reprendre en contexte ? En fait, ce n'est peut-être pas si mal que ça. Est-ce que tu as peur d'avoir ta santé pour ta vie, etc. ? Donc, il y a plein de... C'est plus difficile, mais... La seule manière de sortir de cette peur, c'est de passer une fois sur le ring, et puis de se rendre compte, en fait, que ce n'est pas si terrible que ça. Après, il y a des types de coachs qui font que les premières fois ne sont pas forcément très agréables. Et ça, ce n'est pas du tout ce que j'encourage, parce qu'en fait, ça filtre les gens qui ont peur, ça filtre les gens qui ne sont pas juste des combattants vraiment de base, et du coup, on ne se rend pas compte à quel point la peur peut disparaître. la peur elle peut évoluer dans l'excitation, je dis souvent ça, se rendre compte que c'est les mêmes symptômes en fait que de l'excitation. Tu as des frissons dans les mains, tu as l'adrénaline, tu as le cœur qui bat fort, en fait c'est de l'excitation, c'est l'envie de finir ça au plus vite et puis d'y aller quoi. Et une fois qu'on arrive à transformer cette chose-là, on a un Un bâtable en fait, parce qu'après avoir fait le combat contre Jules... J'ai pris le train de retour, j'étais sur un espèce de petit nuage. Et le train, à un moment, s'est arrêté sur les voies pendant 10 minutes, 10-15 minutes, et la clim s'est arrêtée de fonctionner. Et j'étais là, mais tout va bien, il n'y a pas de problème, on va patienter. Il y a des gens qui commençaient à râler, il n'y a plus de clim, on va être en retard, etc. Et j'étais, mais c'était un monde complètement différent. Si tu savais ce que c'était d'être sur un ring de boxe... Qu'est-ce que c'est que la chaleur, le corps qui sue, avoir 10 minutes de clim en moins, ça semble ridicule, ça semble vraiment ridicule. Et quand tu fais justement... du combat de boxe, le reste de la vie, ça te semble facile, en fait, un petit peu. Parce que t'as plus ces problèmes d'inconfort, tu sais ce que c'est que la vraie douleur, enfin, ces choses-là, plus ou moins, c'est le reste quand même du sport, mais ça aide dans la vie d'avoir cette expérience de difficulté un peu forte, d'avoir peur pour soi, d'avoir peur pour sa santé, et c'est des choses qu'on... On ne vit pas dans la vie de tous les jours, on vit dans une vie de mode confortable et tant qu'on n'a pas ce contraste, on ne peut pas s'en rendre compte en fait.
- Speaker #1
C'est une transition parfaite parce qu'en fait, finalement, c'est ce que tu as trouvé dans le chess boxing que tu n'avais pas dans ton travail, c'est-à-dire le confort du travail, le confort du chemin versus la passion et l'inconfort, si j'ai bien compris ce que tu expliquais tout à l'heure. Et du coup, ça amène à ma dernière question. Donc... Tu as 33 ans et aujourd'hui tu es en pleine période de transition et de changement et d'introspection aussi je pense, recherche de soi etc. Recherche de sens et d'aller chercher des nouvelles façons de prendre du plaisir dans ton travail et dans ta vie, t'épanouir etc. Et donc j'aimerais te demander, pour terminer, qu'est-ce que tu dirais ? au Valentin, qui a 18 ans, qui sort du lycée et qui part en prépa. Mais après, sinon, je vais te laisser choisir. Qu'est-ce que tu dirais peut-être au Valentin Covid, un peu déprimé, un peu dans le mal, un peu perdu ? Je te laisse choisir lequel aurait plus besoin, qu'on lui dise quelque chose.
- Speaker #0
Je ne pense pas que le Valentin Covid, il aurait besoin, il s'aurait pu changer quoi que ce soit de savoir. Il n'aurait pas pris le moindre conseil. Il avait besoin de réfléchir, de se poser. Donc, je dirais plutôt au Valentin de 18 ans de ne pas foncer à tête baissée, quoi. D'essayer de prendre un peu de recul sur tes propres émotions, sur ta propre envie dans la vie, en fait, simplement. C'est bien beau d'être bon, c'est bien beau de s'en sortir tout le temps, d'être optimiste. C'est ça, surtout. C'est d'avoir ce... Être optimiste, c'est une espèce de malédiction où tu te dis toujours ça va aller, ça va aller. Et en fait, je dis, j'aimerais bien venir et dire, si tu ne fais pas les bons choix, ça va mal se passer. Si tu continues comme ça sans prendre de décision, ça ne va pas fonctionner, ça ne va pas aller. Donc j'ai dit, n'aie pas peur, fais des trucs, réfléchis sur ce que tu aimes, sur ce que tu veux faire, sur vraiment ce qui a un sens, fais des expériences, peut-être un petit peu loufoques, un petit peu en dehors de ce qu'on te dit de faire, arrête d'être optimiste. La vie, elle se construit dès maintenant et elle se construit d'une manière... pas linéaire en fait. Il faut être en difficulté, il faut avoir vu des choses, vivre des sentiments forts, il faut ces choses-là en fait. Ça ne sert pas de juste suivre la voie qu'on te montre, il faut que tu trouves la tienne en fait, et que tu la trouves, si tu ne l'as pas, si tu n'arrives pas à avoir l'émotion ou les envies particulières, il faut que tu te plantes, il faut que tu ailles dans les choses extrêmes un petit peu. Bon, c'est un petit peu bizarre de dire ça, mais je sais que moi, j'aurais besoin de de commencer la boxe à ce niveau-là. J'aurais eu besoin de commencer les choses un peu dures et de prendre des décisions qui me plaisent vraiment. Et puis ça va bien se passer au final. Je ne sais pas, parce que c'est... Après, j'ai pris ces décisions. Je suis allé à Paris, j'ai allé dans une grande école, j'ai préparé une thèse. Ça, je le savais toujours que j'avais besoin de me challenger et de faire des choses un peu difficiles. Mais par contre, essaye de trouver une orientation, peut-être en dehors de ce qu'on te propose, simplement, qui est vraiment personnelle à toi. Et arrête d'être optimiste. Parce que je trouve qu'il n'y a rien de pire que de se dire tout va bien se passer. Enfin, c'est mon point de vue personnel, parce que comme vous comprenez avec mon histoire là, je me dirais à moi-même arrête d'être optimiste, parce que même dans le plus pire moment, je me disais toujours, ton Valentin du futur, il va être bien, j'ai confiance en moi, ça va bien se passer. Et même à ce moment-là, tu vois, j'aurais dû dire, en fait ça va pas bien se passer, qu'est-ce que tu vas faire pour que ça se passe bien ? Et c'est ça en fait qui m'a manqué. Voilà.
- Speaker #1
On prend. Sorti de son contexte, on peut trouver ça étonnant, mais avec le contexte c'est très clair. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose pour terminer ?
- Speaker #0
Non, j'ai hâte que le chessboxing prenne de l'ampleur. C'est vraiment une perle en fait, c'est une perle de société humaine, c'est une perle pour le bien-être mental, c'est un objectif de vie, c'est quelque chose de difficile, c'est quelque chose qu'on apprend toujours, tout le temps. Et ce que j'aime beaucoup, c'est qu'on n'est jamais le meilleur, que ce soit aux échecs ou à la boxe, on n'est jamais le meilleur. C'est pareil dans la vie, il faut toujours apprendre des gens meilleurs que toi, même des gens moins bons, et aider ceux qui ont besoin. que m'apprend le chessboxing. C'est une super leçon de vie et j'ai la chance d'en être champion du monde. On va continuer comme ça.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Valentin. Merci à tous de nous avoir écoutés. J'espère que cet épisode vous a plu. Moi, j'ai trouvé que c'était passionnant et qu'on creuse à nouveau des sujets qui sont un peu différents, avec des angles différents. C'est vraiment ça que j'aime dans chaque épisode, c'est aller comprendre la personnalité de la personne que j'ai avec moi. Qu'est-ce qui est particulier chez elle ? Et c'est quoi son fonctionnement ? J'ai envie d'aller creuser. Et je trouve qu'encore une fois, avec Valentin, on a vraiment réussi à le faire. Donc je suis ravie, merci. Et comme toujours, si l'épisode vous a plu, je vous invite à le partager à un ami, à un proche, sur les réseaux sociaux, ou à mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute, ou à mettre un commentaire. C'est vraiment des petites actions qui peuvent paraître anodines, mais qui comptent énormément pour moi, et qui permettent de faire connaître le podcast et de soutenir mon travail. Sinon, je voulais vous remercier pour tous vos retours et tous vos messages d'encouragement, de soutien, qui m'aident et qui m'encouragent. Et sur ce, je vous dis bonne semaine et on se retrouve très bientôt pour un épisode un peu différent. Je vous souhaite une très bonne semaine et je vous embrasse.