- Speaker #0
Bonjour, bienvenue dans le podcast Communication de Campagne. Je suis Gail Lettonet, sa fondatrice. On se retrouve une fois par mois pour parler de ruralité. Comment faire de la ruralité un allié de développement ? Développement économique, mais aussi social, sociétal, environnemental et culturel. Hors des grandes villes, des grandes agglomérations. Pour cela, je vais à la rencontre de celles et ceux qui font de la ruralité une force. Ensemble, on aborde les solutions pour créer du lien, des enclavés pour faire société. Mon intention avec ce podcast est de découvrir des réalisations inspirantes qui ont fait du territoire rural un facteur clé de leur succès. Je les interroge sur l'angle de la communication, qui fait partie des conditions essentielles pour la réussite d'un projet. Si tu apprécies ma démarche, tu peux en parler autour de toi, partager, écrire un commentaire ou donner une note. Si tu veux me contacter, Écris-moi à comdecampagne.com Pour cet épisode, je te propose d'aller à la rencontre de Cléa Carmié. J'ai rencontré Cléa grâce à une connaissance commune, Geneviève Remilleux, que je remercie pour sa mise en relation. Quand on pense ruralité, campagne, les premières images qui peuvent nous venir à l'esprit sont souvent celles de la ferme, de l'agriculteur sur son tracteur, les bottes en caoutchouc pour se promener dans les chemins de terre, ou encore les bottes de paille. L'agriculture est une composante très forte du milieu rural. Cléa s'occupe de la formation et de l'accompagnement à l'installation de paysannes et de paysans à l'ADR de l'Ain, l'Association pour le développement de l'emploi. agricoles et paysans. Donc rencontrer Cléa s'avérait évident pour alimenter ce podcast. D'autre part, discuter d'agriculture avec une femme, alors que le secteur est encore très masculin, c'est une bonne façon de montrer que le métier change, qu'il intéresse les femmes. Et puis l'ADR porte des valeurs fortes. Elle s'attache justement à lever les freins de l'accès au métier de l'agriculture paysanne aux femmes en recherchant des solutions pour concilier leurs projets d'installation et leur vie personnelle. La DR accompagne des porteurs et des porteuses de projets qui veulent se lancer dans le métier avec une approche différente, en lien les uns avec les autres, en partage des pratiques et des techniques. Encore la preuve qu'il y a des initiatives novatrices réussies qui initient à d'autres rapports à la terre, à sa culture, à son environnement. Revenons à notre invitée. Cléa est une femme convaincue par sa mission. Et convaincante. Accessible, posée. Souriante, on sent qu'elle a à cœur de partager connaissances et compétences aux personnes qui la sollicitent. On pourrait presque deviner une certaine tendresse pour les paysans et paysannes qui franchissent le pas, qui s'engagent dans un métier rude, exigeant, avec une volonté de pratiquer l'agriculture et l'élevage avec respect et soin des produits, des sols et des humains. Quant à la communication de l'ADR, priorisée en direction de ses adhérents, et vers les partenaires avant tout. Ils restent en contact avec des outils numériques, mais aussi grâce au bon vieux papier, une valeur sûre, le bouche à oreille faisant le reste. L'interview de Cléa, c'est maintenant. Allez ! Bonjour Cléa, tu vas bien ?
- Speaker #1
Bonjour, oui, ça va, merci.
- Speaker #0
Je suis ravie de te rencontrer pour ce nouvel enregistrement de communication de campagne. Cléa, je t'ai sollicité suite à la recommandation d'une connaissance commune, Geneviève Remilleux. que je remercie pour cette mise en relation. Nous allons parler ruralité en correspondance directe avec ce qui nous vient immédiatement à l'esprit quand on imagine la campagne. C'est la terre, la culture et l'élevage. Tu travailles pour l'ADR comme chargé d'accompagnement installation. Et avant que tu nous présentes cette structure, est-ce que tu peux nous décrire le lieu où nous enregistrons cet échange ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. On est aujourd'hui dans les locaux de la MCC à Bourg-en-Bresse, qui est la Maison de la Culture et de la Citoyenneté. C'est un bâtiment qui abrite notamment la GLCA, qui accompagne toutes les associations et bon nombre d'associations. Donc on a nos bureaux, nos locaux ici. Voilà, donc on est à l'endroit où on travaille au quotidien.
- Speaker #0
Donc on est au sein de la ville de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur le département ? Pourquoi l'ADR est installé dans le département ? Parce que je crois que la structure n'est pas forcément présente dans tous les départements de France.
- Speaker #1
Alors on n'est peut-être pas présent dans tous les départements, mais dans nombreux départements quand même, parce que les ADR, qui sont des associations, sont constituées en réseau. pas du tout isolé dans notre métier parce qu'on a la chance d'avoir des collègues dans la totalité, quasi-totalité des départements d'Auvergne-Rhône-Alpes et aussi à l'échelle nationale. Donc on a une tête de réseau qui s'appelle la FADR, la Fédération des ADR. On a la chance de travailler avec un réseau nombreux, nombreuses au niveau des salariés et dynamique au niveau de l'agriculture paysanne. Dans l'implique, Plus spécifiquement, nous, on a effectivement un rayonnement qui est départemental. Et finalement, les ADR sont là pour accompagner le développement d'une agriculture paysanne. Et c'est nécessaire et riche dans l'ensemble des territoires et dans l'ensemble des territoires de l'Ain.
- Speaker #0
Ok, on va en reparler un petit peu plus tard. Avant, j'aimerais que tu te présentes, que tu nous expliques qui tu es, le poste que tu occupes. Comment tu en es arrivée à t'intéresser à l'agriculture paysanne et à travailler dans ce domaine ?
- Speaker #1
Alors moi je suis Cléa, animatrice à l'ADR de Lens, sur le volet accompagnement à l'installation. J'imagine qu'on développera plus tard, mais j'ai vraiment une casquette d'accompagnement à l'installation des paysannes et des paysans sur le département. Pourquoi l'agriculture ? Ça remonte quand même assez loin. Alors moi je suis née et j'ai grandi en ville, donc je ne peux pas attribuer ça à mes origines. Par contre j'ai toujours été passionnée par toutes les questions environnementales et toutes les questions en lien avec la dynamique des territoires et au cœur de tout ça aussi l'humain. Et donc très rapidement lors de mes études d'ingénieur pour être ingénieur agricole, je me suis spécialisée sur ces thématiques-là. Et les ADR je suis tombée dedans en dernière année d'école, vraiment sincèrement. Quand j'ai découvert ce réseau, la force de ce réseau, la richesse de ce réseau et tout ce que ça pouvait ouvrir comme possible et tout ce que ça permet sur les territoires, je me suis dit que c'était là qu'il fallait que j'aille mettre mon énergie. Donc en fin d'études, j'ai fait un stage long dans une ADR, dans l'Indre à l'époque, sur la question de l'accompagnement à l'installation des porteurs et porteuses de projets. Suite à ce stage, j'ai démarré ma vie professionnelle à l'ADR du Loir-et-Cher, où je suis restée quelques années, avant d'arriver il y a dix ans à l'ADR de Lens. Donc voilà, un parcours mono-ADR.
- Speaker #0
Tu me disais que tu as toujours été intéressée par l'environnement. Est-ce que tu as un souvenir précis par rapport à ça ? Même si tu es née et tu as grandi en ville ?
- Speaker #1
Non, ce n'est pas des souvenirs précis. Je pense que j'ai toujours été quelqu'un d'assez militant, d'assez touchée par tout ce qui se passe, tout ce qui nous entoure et ces questions. de justice au sens large, qu'elles soient environnementales, sociales, etc. Ce sont des thématiques qui ont toujours été très dynamisantes pour moi et moteurs dans mon quotidien. Je pense que l'idée de pouvoir mettre ce militantisme au service de ma vocation professionnelle, ça a été une belle chance pour moi et du coup, je l'ai saisi.
- Speaker #0
En faisant quelques recherches, je suis tombée sur l'étude Agrest de 2020. qui indiquait qu'en 2020, l'un comptait 3015 exploitations, avec une moyenne de 81 hectares, une majorité d'exploitation en élevage et j'ai retenu également 10% d'installations en bio. Ça représente près de 6000 personnes travaillant dans une exploitation agricole, 4000 chefs d'exploitation, dont 20% de femmes, on va en parler aussi plus tard, et également 24% de ces chefs d'exploitation qui ont 60 ans et plus. Je ne rentrerai pas plus dans ces détails, mais on peut trouver le lien de cette infographie sur le site de la Chambre d'agriculture de l'Ain. Avec ADR, nous sommes toujours dans le domaine de l'agriculture, plus que jamais même, sous un angle différent, une approche différente. Et notamment, moi, ce qui m'a interpellée, c'est l'appellation agriculture paysanne, qui revient beaucoup dans les écrits de l'ADR. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est l'ADR et pourquoi on parle d'agriculture paysanne ?
- Speaker #1
Oui. L'ADR Le sigle veut dire Association départementale de développement de l'emploi agricole et rural. C'est un sigle qui est hérité du passé, ça fait quand même bien 25 ans que l'ADR de Lens existe et plus largement encore que les ADR existent. Et du coup, moi quand je le vulgarise et quand j'explique aux gens, je dis plutôt ADR, Association de développement de l'agriculture paysanne. Donc effectivement, c'est vraiment ces termes-là qui sont forts et importants pour nous. Je pourrais décrire après tout ce qu'on met derrière et expliquer pourquoi c'est un projet qui nous semble important. Mais les ADR, peut-être pour juste recontextualiser, historiquement ce sont des associations qui ont été créées par des paysannes, des paysans, qui militaient au sein de la Confédération Paysanne, qui est un syndicat agricole, issu du syndicat Paysans Travailleurs. Les personnes dans les campagnes étaient vraiment investies. auprès de la Confédération Paysanne pour défendre politiquement une agriculture paysanne. Que ce soit en siégeant dans les instances, en étant présent pour peser sur les décisions politiques, que ce soit en menant des actions d'analyse fine de ce qui était en train de se passer dans les politiques publiques et en essayant de faire bouger les politiques publiques, que ce soit via de l'action directe, via... La mise en place d'actions un petit peu coup de poing quand il fallait essayer de mettre en lumière et de médiatiser des choses qui pouvaient être vraiment à l'encontre de ce projet d'agriculture paysanne au niveau des projets de la société et des politiques publiques. Donc voilà, il y avait des paysannes, paysans investis qui se sont dit c'est super de défendre politiquement un projet, mais si on ne permet pas de le faire vivre dans nos campagnes, si on ne le rend pas possible sur nos territoires, si on ne montre pas sur nos fermes que c'est possible, que ça marche et qu'on... peu avancé là-dessus, notre projet politique n'a pas sens en lui-même. Et donc du coup, les ADR, elles ont été créées dans ce contexte-là comme outil de développement du projet de l'agriculture paysanne qui était aussi porté par ce syndicat qu'est la Confédération paysanne.
- Speaker #0
D'accord, c'est plutôt une question de façon de vivre au-delà du métier, au-delà de l'activité professionnelle ?
- Speaker #1
Oui, une façon d'être à la société en fait.
- Speaker #0
Voilà, ok. Tu parlais de valeurs, quelles sont les valeurs de l'ADR ?
- Speaker #1
Pour aborder cette notion d'agriculture paysanne et cette notion de valeur, je vais plutôt revenir sur la définition de l'agriculture paysanne, parce que du coup dans le réseau, derrière ces termes se cachent vraiment des critères et des thématiques de travail, donc on travaille au quotidien à l'ADR avec les adhérents et les adhérentes, qui sont définis et vraiment très importants. D'abord il y a la question de l'autonomie. Alors la question de l'autonomie, elle est vraiment centrale. Et elle est assez plurielle, parce que quand on parle d'autonomie sur une ferme, on peut parler de plusieurs choses. On peut parler d'une autonomie économique, on peut parler d'une autonomie au niveau des intrants, donc de tous les produits qui vont être amenés sur la ferme. On peut parler d'autonomie semencière, on peut parler d'autonomie peut-être aussi décisionnelle, donc être en capacité de prendre des décisions éclairées soi-même concernant sa ferme. D'autonomie, ça peut être aussi l'indépendance par rapport au marché. Voilà, c'est une autonomie vraiment au sens large du terme, mais qui est centrale dans la définition de l'agriculture paysanne. Quand on parle de cette agriculture paysanne, on parle aussi du travail avec la nature. C'est un deuxième grand critère qui est important. Donc c'est tout le rapport qu'on a entre la ferme, les paysans, paysannes et la nature. Donc ça va être à la fois les questions de... de biodiversité, qu'elle soit cultivée ou qu'elle soit naturelle, de la préservation des ressources naturelles au sens large, ça peut être de l'eau, des terres, des sols, etc. Voilà, cette question de maintenir la fertilité des sols, qui est aussi centrale quand on parle de technique. Donc voilà, tout ce lien vraiment à l'environnement au sens large. Un troisième critère qui est très important, c'est la notion de qualité des productions. Derrière la notion de qualité, c'est là où peuvent éventuellement entrer des labels et des signes de distinction. Mais c'est un petit endroit derrière. Tous les gens qui sont adhérents ou qui s'approchent de notre structure ne sont pas forcément sous un label qualité. C'est distinct. Mais derrière la notion de qualité, c'est vraiment l'idée et la volonté de produire une alimentation gustativement intéressante, nutritionnellement intéressante. Voilà, vraiment travailler. sur la qualité des produits qui sont donnés à manger derrière aux consommateurs et aux consommatrices.
- Speaker #0
Avec un souci de respect. du produit et des conditions de production.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. C'est vrai qu'on n'a pas parlé dans le travail avec la nature, mais toutes les questions de bien-être animal vont rentrer là-dedans. Ça englobe beaucoup de choses. Un autre aspect important, un quatrième critère, c'est la notion de répartition des moyens de production. Là, il y a une petite phrase qui est intéressante, on dit souvent trois petites fermes valent mieux qu'une grande C'est l'idée qu'on peut être nombreux et nombreuses sur les territoires, qu'on peut se partager les outils et les moyens de production, que ce soit l'outillage technique, que ce soit la main d'oeuvre, que ce soit les terrains, le foncier, l'accès au foncier, et puis le reste. Mais c'est l'idée de se dire que c'est possible d'être nombreux et peut-être de réfléchir en coopération, plutôt que d'être dans un processus permanent de disparition des paysans et d'augmentation du coût des tailles de fermes. Il y a un vrai travail là-dessus dans notre projet d'agriculture paysanne.
- Speaker #0
Oui, par rapport à ça, je rebondis parce qu'effectivement, je disais tout à l'heure qu'on avait une moyenne de 81 hectares par exploitation dans le département de l'Ain. En revanche, j'ai cru voir sur les documents de l'ADR que les installations concernent essentiellement des surfaces autour de 10 hectares. En tout cas, on est sur des... En tout cas,
- Speaker #1
je serais bien incapable de donner des surfaces. En tout cas, il y a deux choses derrière ce que tu dis. D'un côté, et tu l'as bien nommé dans l'un, mais d'un point de vue national, il y a une vraie hécatombe dans le monde paysan. On est passé d'un million de paysans dans les années 80 à 380 000 aujourd'hui, je crois. Enfin voilà, on a perdu 700 000 paysans en 25 ans.
- Speaker #0
Et ce n'est pas fini ?
- Speaker #1
Et ce n'est pas fini parce que là, il y a toutes les baby-boomers, baby-boomers qui vont partir à la retraite. Et en fait... Là, les dix années qui viennent vont être catastrophiques. Demain, mais vraiment demain, après-demain, ça sera peut-être 200, 250 000 paysans. Et on va dire qu'il y a vraiment une réalité et un complexe agro-industriel qui est si fort et une volonté politique si forte de ne pas remplacer les paysans que du coup, on va dans le mur sur ces questions-là. Donc ça, c'est une première chose qui me semble importante de nommer.
- Speaker #0
Selon toi, il y a une volonté de ne pas remplacer ? C'est un vaste ensemble de choses qui font qu'il y a de moins en moins de gens qui ont envie de rentrer dans ce métier, de reprendre les exploitations.
- Speaker #1
C'est vrai que je suis un peu provoque quand je dis ça, mais la réalité c'est quand même qu'on a la production agricole aujourd'hui qui est coincée dans un énorme étau, avec du côté de l'aval des grandes entreprises alimentaires, que ce soit sur les volets de transformation des matières premières. que ce soit sur la distribution, avec la grande distribution, mais on a vraiment des grandes entreprises de Laval qui utilisent la production agricole finalement presque comme un minerai et qui en fait considèrent que la production agricole est à son service et en fait posent un cadre qui n'est en fait très peu discutable pour les producteurs. Posent ses conditions. Posent ses conditions, etc.
- Speaker #0
Ils font un peu la pluie et le beau temps.
- Speaker #1
Exactement. Et de l'autre côté, du côté de l'amont, donc en amont de la production agricole, on a aussi des grandes entreprises industrielles. Donc on a tout ce qui va être l'industrie de la chimie, on en a parlé, tout ce qui va être engrais, pesticides, l'industrie des semences. Tout à l'heure, je parlais d'autonomie semencière. Ça peut être aussi toute l'industrie du machinisme agricole, les banques. Enfin voilà, toutes ces entreprises-là. On étau toujours avec la production agricole, les politiques publiques, donc tout ce que met en œuvre l'État. et le ministère, etc. Et j'ai cité la FNSEA et l'ensemble des structures qui sont rattachées, parce que du coup j'ai cité les chambres d'agriculture, j'ai cité, enfin voilà, on peut parler d'autres choses, la presse agricole, etc. Et du coup, la production agricole est vraiment coincée au milieu de ça, avec une industrialisation qui a été croissante depuis l'après-guerre. Voilà, je le fais très vite et c'est compliqué de résumer des pensées un petit peu politiques qui sont complexes, parce qu'en fait il y a vraiment cette notion de complexité. Mais du coup, voilà, il n'empêche que la réalité aujourd'hui, c'est que depuis 50 ans, on est dans une industrialisation de l'agriculture, on est dans un fonctionnement qui ne permet pas à la production agricole d'avoir des revenus justes, qui ne permet pas à la production agricole d'avoir un système concurrentiel. On ne peut pas, en tant qu'être humain sur une ferme, être concurrent avec de la machine. Aujourd'hui, on remplace les humains par des machines, on remplace les cerveaux par des serveurs, mais ça ne marche pas, on ne peut pas être concurrent. Donc tant qu'on n'aura pas une politique qui est réellement protectionniste, et là on le voit très bien avec les débats en ce moment sur le Mercosur, ces questions de libre-échange, elles sont l'illustration qu'eux effectuent. Effectivement, la volonté politique, elle n'est pas toujours à réinstaller un million de paysans, comme le souhaite l'ADR, mais plutôt, effectivement, à favoriser des chemins qui aient une industrialisation et une ouverture de la concurrence qui vient, en fait, mathématiquement détruire les fermes telles qu'elles existent aujourd'hui, les fermes familiales, etc., et qui ne permettent pas. à des paysannes et des paysans de vivre de leur métier. Je ne parle même pas de dignement, juste de vivre de leur métier et d'avoir des fermes qui soient tenables et rentables.
- Speaker #0
Effectivement, derrière cette problématique de production, de l'alimentation, il y a également plein d'autres dommages collatéraux avec ces fermes et ces agriculteurs qui disparaissent. C'est la dynamique des campagnes, c'est l'aménagement et le travail sur les paysages, c'est les emplois. C'est le lien social. En fait, il y a plein de sujets qui sont reliés à ce problème de l'agriculture.
- Speaker #1
Et du coup, ça a fait une bonne transition parce que si je reviens sur les critères et les valeurs qui sont importantes pour l'agriculture paysanne, il y a tout un aspect autour des questions sociales, justement. Le cinquième critère que je te cite aujourd'hui sur les six qui sont vraiment fondamentaux, c'est vraiment la question de comment l'humain est au cœur de la dynamique, comment le paysan est un acteur local, que ce soit sur les questions... du réseau local, du partage agricole, de l'ouverture de la ferme, de la transparence face aux consommateurs, du fait d'impliquer les citoyens dans cette dynamique-là, dans le fait de s'investir, dans le fait de vraiment avoir une attention aux questions sociales sur les fermes. Aujourd'hui, les fermes en agriculture paysanne sont clairement beaucoup plus employeuses que des fermes industrielles, par exemple. Donc voilà, c'est toutes ces questions de comment on recrée de l'emploi, comment on redynamise les territoires. Et c'est vraiment un axe et quelque chose qui est aussi fort. dans notre travail au quotidien. Et peut-être que du coup, je peux citer la sixième thématique. Bien sûr. Et comme ça, on aura une vision globale de ce qu'on met derrière la notion d'agriculture paysanne, c'est la transmissibilité des fermes. Et là, c'est vraiment fondamental de se donner les moyens de transmettre les fermes aux nouvelles générations, dans le sens où on aura beau avoir avancé sur tous les autres critères, si les fermes ne sont pas transmissibles, on ne pourra pas généraliser un modèle, enfin voilà, on ne pourra pas avancer. Donc il y a vraiment cette idée-là de travailler avec les futurs sédants, de travailler aussi avec les potentiels repreneurs, repreneuses, et de travailler auprès des politiques publiques, etc. Mais c'est peut-être moins notre domaine à l'ADR, nous on est là plutôt pour les usagers et usagères, mais vraiment l'idée de travailler avec elles et avec eux la capacité de transmettre les fermes.
- Speaker #0
Ok, donc beaucoup de valeurs, mais aussi des gros enjeux pour les années à venir.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Alors peut-être pour te raconter un petit peu plus l'ADR de l'Ain, les missions sur lesquelles nous on travaille et puis comment on s'organise. Il faut savoir que, comme je l'ai dit, c'est une association, loi 1901.
- Speaker #0
Avec une gouvernance très singulière, mais on en parlera plus tard.
- Speaker #1
Oui, et donc l'ADR de l'Ain, on a vraiment deux grands axes de travail. D'un point de vue développement, on accompagne d'un côté les pratiques paysannes. Donc accompagner les agriculteurs, les agricultrices dans leur démarche. Alors je ne l'ai pas dit, mais la notion d'agriculture paysanne, ce n'est pas un label, ce n'est pas une qualification. C'est vraiment un état d'esprit et une démarche. Donc tout le monde, même une grosse ferme productiviste, pourrait tout à fait être dans une démarche d'agriculture paysanne. À partir du moment où on a envie de progresser sur les questions d'autonomie, de travail avec la nature, de qualité, etc. Bienvenue ! D'accord. Voilà. Et ouvertes aujourd'hui, on a à peu près 200 adhérents, adhérentes qui sont sur des fermes sur le territoire. Mais la porte est vraiment ouverte à tout le monde. Donc n'hésitez pas à venir toquer au bureau à la MCC. Je disais un premier acte qui est vraiment l'accompagnement dans les pratiques paysannes. Donc c'est comment accompagner les gens concrètement sur leurs fermes, dans leurs pratiques. Ça peut être sur des aspects vraiment techniques. Donc on a beaucoup de choses en lien avec les filières, etc. Ça peut être aussi de l'accompagnement de groupes. Donc peut-être qu'on en reparlera, mais l'ADR accompagne des pairs qui ont envie de travailler sur une thématique. Donc là, par exemple, il y a le groupe Graines de Lins, qui travaille sur la multiplication de variétés anciennes de blé et qui a monté une filière farine. Il y a le groupe Maraîchage, qui travaille ensemble sur l'autonomie semencière et qui a même été jusqu'à auto-construire du matériel en commun. Enfin voilà, il y a vraiment de l'accompagnement de dynamique locale sur des thématiques précises. Ça passe aussi, cet accompagnement dans les pratiques, évidemment, par l'organisation de formation. Donc on est organisme de formation et on va organiser chaque année un certain nombre de formations à destination des paysannes, des paysans du territoire. On part toujours des besoins du terrain. C'est-à-dire que le catalogue formation, il n'aura pas du tout la même tête cet hiver que l'hiver prochain, parce qu'on part des besoins sur le terrain, de ce qu'on rencontre, de ce qu'on nous fait remonter, et on construit nos formations pour répondre aux besoins du terrain.
- Speaker #0
Oui, j'ai même vu sur le site internet que vous faisiez des formations sur mesure.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. C'est l'avantage d'être sous un format associatif, c'est que ça nous permet quand même une grande souplesse d'action, une grande réactivité. Du coup, on peut tout à fait être dans la créativité, dans l'invention permanente pour répondre à un tenté, à des besoins qui seraient exprimés. Donc ça, c'est chouette. Donc voilà, tout un volet vraiment sur l'accompagnement des pratiques paysannes. Et on a un deuxième grand volet dont on a déjà touché quelques mots, mais qui est l'accompagnement à l'installation et à la transmission. Donc là, pareil, on est vraiment sur un accompagnement qui peut partir dès l'arrivée d'une idée, d'une envie. On reçoit des gens à l'ADR qui se posent des questions sur et pourquoi pas moi ? et pourquoi pas moi, paysan ou paysanne demain ? mais qui ont besoin d'être accompagnés dans la réflexion, dans la confrontation à la réalité. Dans les étapes, dans la méthodologie de projet, voilà par où je commence, quelles questions je dois me poser, par quel bout je prends les choses. C'est quand même pas rien de s'installer en agriculture paysanne aujourd'hui.
- Speaker #0
C'est un projet de vie au-delà d'un champ carrière.
- Speaker #1
Et à la fois effectivement un projet professionnel avec création d'entreprise, etc. Et aussi derrière souvent un projet de vie avec beaucoup de personnes qui effectivement sont en reconversion. Pas que, on a aussi des fils et filles de paysannes, mais on a aussi beaucoup de gens en reconversion.
- Speaker #0
Aujourd'hui encore, on habite sur son lieu de travail ?
- Speaker #1
Pas forcément. On a une belle diversité sur les choix et les modalités qui sont mises en œuvre à l'installation. C'est vrai que traditionnellement, on a l'image de la ferme avec la maison d'habitation sur place, etc. Ça peut être le cas, ça peut être une volonté même, un impératif dans certains cas. Ça ne l'est pas toujours. Il y a aussi pas mal de personnes qui sont contentes de pouvoir couper aussi. Il y a aussi la question des collectifs. Quand on s'installe en collectif aujourd'hui... Du coup, forcément, il n'y a pas toujours la place pour tous les membres du collectif sur place. Donc, c'est un peu des choix stratégiques. Donc, voilà, sur le volet accompagnement à l'installation et à la transmission, parce que du coup, je disais, on accompagne les gens dès l'émergence, on les aide à monter leurs projets et on les accompagne jusqu'à l'installation au sens propre du terme. On peut même les aider à déposer des dossiers pour les aides de l'État à l'installation. notamment la DGA, la dotation jeune agriculteur. On les accompagne jusqu'au dépôt de leur dossier, jusqu'à la création effective de l'entreprise, etc. On les suit ensuite sur ce qu'on appelle nous, dans notre jargon d'animateur, le post-installation. En fait, c'est vraiment, on va accompagner les gens dans les premières années d'installation, qui sont souvent des années très difficiles. Il faut tout installer, reprendre, s'intégrer dans une nouvelle équipe quand on rejoint une ferme. Il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux humains. Il y a des enjeux de temps de travail, il y a aussi tout le temps de monter en compétences, d'être évidemment efficace, il y a toute la question de la mécanisation. Du coup, c'est des années qui sont...
- Speaker #0
Tout en prenant soin de soi, j'imagine.
- Speaker #1
En essayant de prendre soin de soi au maximum, effectivement.
- Speaker #0
Pas aller au bout de ses ressources personnelles.
- Speaker #1
C'est ça. Du coup, c'est des années qui sont souvent un peu cruciales à prendre soin. Donc on est là aussi pour accompagner les gens sur ces premières années.
- Speaker #0
Voilà, ils ne sont pas tout seuls dans leur aventure.
- Speaker #1
Et on accompagne jusqu'au bout de la chaîne, c'est-à-dire jusqu'aux personnes qui décident de soit cesser leur activité, pour toutes ces raisons, soit de transmettre leur ferme parce qu'ils sont arrivés au bout du parcours.
- Speaker #0
Et donc là, du coup, on va être aussi très présent au niveau ADH sur tout le volet accompagnement, qu'il soit, encore une fois, méthodologique, qu'il soit humain. On peut aller jusqu'à de l'accompagnement entre cédants et repreneurs. On peut aller jusqu'à de l'accompagnement à la médiation, des fois, quand il y a besoin, ou à la régulation, pour ne pas utiliser les gros mots tout de suite. Mais voilà, on a tout ce panel qui passe par de la formation, qui passe par de l'accompagnement individuel. qui passe aussi par le renvoi vers nos partenaires parce que nous on est accompagnateurs mais pas conseillers et on n'est pas spécialisés dans toutes les thématiques parce que l'installation c'est vaste. Il y a la question de l'accès aux fonciers, la question des statuts, la question du chiffrage économique, la question de l'humain, du collectif. C'est tellement d'endroits où il y a besoin de se poser des questions que nous on va aussi renvoyer vers des personnes ressources. Que ce soit des paysans, des paysannes du territoire qui sont là pour accompagner les futurs, et on les remercie parce qu'on a vraiment un réseau très riche là-dessus, ou que ce soit des structures partenaires, donc on s'inclut dans un réseau, on travaille avec d'autres associations, on travaille avec d'autres personnes ressources, et on peut aussi orienter les gens vers ces associations partenaires ou vers ces personnes ressources.
- Speaker #1
Est-ce qu'il peut y avoir un système de mentorat ? Quelqu'un ? Une personne déjà installée qui va venir un peu comme un parrain, une marraine.
- Speaker #0
Oui, on appelle ça effectivement dans les milieux paysans, on parle de parrainage, marrainage. On a effectivement, que ce soit à travers la mise en place de stages pour aller soit tester, savoir si on est bien fait pour ce métier, soit monter en compétence. Voilà, on peut nous accompagner de nombreux stages sur les fermes de notre réseau, que ce soit à travers... la mise en place de relectures et de mini-juries pour travailler les chiffrages économiques des porteurs et porteuses de projets. Donc on va soumettre les projets ficelés à des gens du réseau qui vont avoir comme mission d'avoir un œil critique, alors critique positive bien sûr, mais d'avoir un œil critique sur les projets des gens. Voilà, on a aussi un maraînage un peu plus spécifique, mais sur les questions de maternité quand on s'installe en agriculture, parce que c'est vrai qu'on rencontre... Cette question de la maternité, soit à l'installation, soit dans les premières années, on trouve ça important qu'il y ait un relais par des paysannes, vraiment pour voir accompagner les personnes concernées, parce que c'est vrai que la question de l'accès au droit n'est pas toujours facile, qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles il y a des embûches. Du coup, ne pas être seule pour traverser la maternité, ça nous semblait important. Donc voilà, le tutorat n'existe pas de manière formelle, par contre on le fait vivre de manière informelle à plein d'endroits. et avec des personnes différentes tout au long de l'installation, et puis même une fois installées.
- Speaker #1
Je reviens sur la question de la maternité. J'ai cru voir qu'il y avait quasiment autant de femmes que d'hommes qui venaient toquer à votre porte pour des projets. Ça peut être une première surprise quand on connaît un petit peu le métier de l'agriculture, qui est quand même un métier exigeant, notamment physiquement parlant. Pour autant, à priori, ça ne rebute pas. des porteuses de projets. Qu'est-ce qui les motive de se lancer dans cette aventure qui peut être pour une femme, peut-être parfois encore plus exigeante que pour un homme ?
- Speaker #0
Oui, déjà, c'est ce que tu dis, c'est vrai. Chaque année, on a entre 100 et 150 porteurs et porteuses de projets qui viennent toquer à la porte.
- Speaker #1
150, rien que dans le département de l'Ain.
- Speaker #0
Oui, alors ça peut être des gens qu'on a accompagnés les années précédentes. Oui, c'est pour ça que je m'autorise à dire le chiffre, parce que souvent, il surprend. Oui. Donc sur les 150, il y en a avec qui on était déjà en lien les années précédentes, qu'on continue à accompagner, parce que s'installer, ça ne prend pas six mois, ça prend plutôt un à des fois quatre, cinq ans.
- Speaker #1
D'accord, jusqu'à six ans.
- Speaker #0
Oui, même des fois plus. C'est vrai qu'il y a des gens qu'on accompagne très longtemps, et ça, c'est une réalité et une spécificité du milieu paysan. C'est bien de le savoir,
- Speaker #1
d'ailleurs. On y pense sérieusement que ça peut être... un temps long.
- Speaker #0
Et bien oui, ne serait-ce que sur les démarches administratives, si on veut s'installer avec les aides, on dit c'est un an minimum et après il y a toute la question de l'accès au foncier qui peut être très compliqué parce que le foncier est verrouillé dans le monde agricole notamment à cause des politiques agricoles et des subventions à l'hectare, mais voilà et du coup, il y a tout un processus entre l'administratif entre la recherche de foncier si c'est une reprise de ferme, il va y avoir toute la période de transition avec les personnes qui cèdent la ferme, il faut que les... Les agendas matchs, donc toute la question du timing. Il peut y avoir la question de la formation et de l'expérience, parce qu'aujourd'hui, s'installer sans expérience, c'est quand même pas conseillé. Nous, on incite grandement les gens, non seulement à s'être formés, mais aussi à avoir pratiqué en tant que salarié agricole, par exemple, ou en stage, peu importe, mais d'avoir déjà un bagage avant de s'installer, donc il y a aussi toute cette période-là.
- Speaker #1
J'ai une petite question qui me vient comme ça à l'esprit. On peut s'installer sans s'être formé, sans avoir de diplôme ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Alors par contre, tout à l'heure, je nommais la DGA, par exemple. C'est une aide qui ne sera pas attribuée si on n'a pas la capacité agricole, donc si on n'est pas diplômé. d'un certain niveau de diplôme. Donc il y a quand même des freins, mais l'accès au métier n'est pas réglementé. Donc oui, c'est possible. Donc voilà, oui, c'est possible. Oui, c'est long. Oui, il y a beaucoup de gens motivés. Ce que je disais tout à l'heure, entre 100 et 150 par an, rien qu'à l'ADR, et avec des gens extrêmement dynamiques et qui ont cette envie vraiment profonde en eux. Et oui, sur les personnes qu'on rencontre, il y en a la moitié qui sont des femmes et qui ont un projet de devenir paysanne. Je pense qu'aujourd'hui, dans les publics qu'on rencontre, nous, on n'a vraiment pas de différenciation entre les profits des personnes qui arrivent. Par contre, on a conscience, effectivement, des freins spécifiques que pourront rencontrer des paysannes, futures paysannes. Quand je parlais de la maternité, c'est une chose, mais il y en a d'autres, ne serait-ce que sur le fait que le monde agricole, aujourd'hui, reste un monde assez sexiste et macho, quand on se le dise. Donc, du coup, il y a tout ce volet-là. Je conseille la BD Il est où le patron ? pour aller... Se confronter à la réalité, elle est absolument géniale, très drôle, et elle balaye très bien la réalité du monde agricole aujourd'hui. Donc un monde agricole qui reste très sexiste. Ce qui veut dire quoi ? C'est pas seulement dire on va se prendre des réflexions, c'est se dire on va pas me laisser monter sur le tracteur. Je vais aller en stage, j'aurai pas accès aux mêmes choses que mon collègue masculin. On va peut-être plus m'assigner des tâches qu'on considère comme des tâches. Je mets des grosses guillemets avec les doigts féminines, donc on va plutôt me montrer... la transformation, on va me montrer comment fonctionne la compta, enfin voilà. Donc tout ça, c'est des choses, nous on accompagne les gens à déconstruire ça, puis aller oser lever les freins, et sur les questions après de pénibilité au travail que tu as abordées, il y a en face quelque chose qui s'appelle l'ergonomie, et je pense qu'effectivement depuis toujours le monde agricole a été pensé par et pour les hommes, et aujourd'hui je pense qu'il y a vraiment des marges de progrès pour que... être aux manettes d'une ferme, ça soit accessible à une femme. Bon, il y a encore du boulot, parce qu'il y en a, elles ne trouvent même pas des vêtements à leur taille. Quand on parle d'ergonomie, le chemin est long. Voilà. Mais si on ne s'y attèle pas, ça ne bougera pas. Donc, on s'y attèle et je pense qu'il n'y a effectivement pas de raison et vraiment, vraiment pas de raison que les femmes soient moins capables de s'installer aujourd'hui que les hommes. Donc, allez-y, les femmes. Installez-vous.
- Speaker #1
Je rebondis sur l'ergonomie. Ça peut être aussi... Une bonne opportunité de faire avancer effectivement les environnements de travail, les conditions de travail. Les hommes s'y retrouveront aussi. En fin de carrière, les gens sont abîmés. Les hommes, en l'occurrence, sont abîmés physiquement. Donc si on améliore les conditions de travail pour les femmes, parce que les femmes l'exigent et poussent, forcément les hommes y trouveront aussi leur compte au point de vue de la santé.
- Speaker #0
Mais bien sûr. Qui n'a pas envie de réduire sa pénibilité au travail ?
- Speaker #1
Ce n'est pas parce qu'on est agriculteur qu'on doit se casser le dos, se casser complètement pour son métier.
- Speaker #0
Après, on peut parler de la question des revenus, de l'égalité de revenus, on peut parler de la question des statuts, avec quand même pendant des décennies des sous-statuts qui ont relégué les femmes à des rangs où il y avait très peu de paiements de cotisations sociales, voire pas déclarés, pas de retraite derrière, donc aussi des grandes dépendances. au sein des couples qui ne sont pas forcément faciles.
- Speaker #1
Aujourd'hui, ça perdure ?
- Speaker #0
Alors, évidemment, il y a toujours ce schéma qui existe. Après, effectivement, on a une grande attention lors de l'accompagnement à l'installation, lors des choix qui sont faits, de bien sensibiliser les personnes sur la question. Je parlais du fait qu'on accompagnait sur le choix des statuts, ça fait partie des sujets, évidemment, qu'on aborde pour faire en sorte que les choix des personnes soient des choix éclairés et soient les choix les plus stratégiques possibles. concernant leur installation.
- Speaker #1
Quelles sont les forces qui poussent à aller au bout des projets ? Pour des projets, comme tu viens de l'expliquer,
- Speaker #0
qui sont simples. Oui, et j'aurais envie de dire de manière un petit peu provocatrice encore une fois, pourquoi les gens vont aller s'installer dans un métier qui est effectivement pénible physiquement, où on travaille un nombre d'heures incroyable et qui n'est pas rémunérateur. Alors je caricature un petit peu parce qu'il y a évidemment des personnes qui arrivent à avoir des activités rémunératrices, mais on sait quand même que de manière globale... La question du revenu paysan est cruciale et là aussi au niveau politique, il y a vraiment des choses à mettre en œuvre. Effectivement, pourquoi les gens y vont aujourd'hui ? Les motivations, elles sont vraiment diverses. Il y a la question quelque part de l'autonomie et la liberté qui sont à discuter. Je ne ferai pas le débat ici, mais où s'installer en étant son propre patron ou sa propre patronne. Aujourd'hui, c'est un vrai moteur dans beaucoup de situations qu'on rencontre.
- Speaker #1
Tu parlais de l'autonomie comme valeur ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
En fait, on retrouve cette envie d'être son propre patron, indépendant.
- Speaker #0
Ce qui demande d'aller travailler beaucoup sur la question de dépendance, parce que je pense que l'agriculture est loin d'être dénuée de dépendance aujourd'hui. Mais voilà, ça reste une motivation. Tout à l'heure, je disais que la production agricole, elle était coincée entre l'amont, l'aval et les politiques publiques et syndicales. On retrouve ça exactement ici. Et puis en plus, on peut rajouter la météo. Oui,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #0
Donc je tempère.
- Speaker #1
Le changement climatique, tout ça.
- Speaker #0
Mais ça reste une motivation première, je pense, dans les personnes qu'on rencontre. Il y a vraiment aussi la notion de retrouver une activité qui a du sens. Donc voilà, il y a cet aspect liberté, il y a cet aspect sens qui est fondamental. Et vraiment, vraiment, je vois beaucoup de gens, moi, dans mon quotidien, qui n'en peuvent plus de travailler, de passer des heures et des heures et des heures chaque semaine. pour un métier qui ne fait pas sens pour eux, pour des activités qui ne font pas sens pour eux et pour elles, et même des fois qui sont à l'inverse de leurs propres valeurs. Donc ça c'est aussi une source de motivation très forte. Je citerai aussi le fait de revenir, mais je pense que c'est en lien avec le sens, mais de retourner à un travail avec du vivant. Ça c'est quelque chose aussi qu'on retrouve beaucoup dans les motivations, donc avoir un travail qui touche au monde vivant et qui permet d'amener aussi... des valeurs à cet endroit-là. Et bien sûr, quand on s'installe paysans, paysannes, et moi, les personnes que j'accompagne, c'est des gens qui ont vocation à nourrir les populations à minima en local. Et donc, il y a aussi toute cette entrée des questionnements autour de l'alimentation et du nourrir.
- Speaker #1
Du nourrir, qui est notre première médication, avant tout. En tout cas, ma façon de voir les choses, c'est que si on s'alimente bien, déjà, On repousse un peu les maladies, mais c'est une finalité noble de pouvoir nourrir ses semblables. C'est une motivation profonde de ceux qui ont envie de franchir le pas.
- Speaker #0
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
On a parlé des freins, des difficultés. On va passer à la partie communication. Je disais tout à l'heure que j'avais été vraiment intéressée par le mode de fonctionnement d'ADR. Est-ce que tu peux nous en parler, puisque ça rejoint la communication interne ? Comment fonctionne cette association ? Qui compose cette association ?
- Speaker #0
Alors l'ADR de l'Ain, effectivement, elle est composée des salariés que j'ai cités tout à l'heure. Donc on est quatre salariés animateurs et animatrices, donc deux sur le volet accompagnement des pratiques paysannes et deux sur le volet accompagnement, installation et transmission. Et on a deux autres personnes sur des tout petits temps de travail qui viennent nous donner des petits coups de pouce sur la communication et sur l'administratif. Donc ça, c'est l'équipe salariée qui est quand même assez restreinte par rapport à toute l'activité qu'on peut avoir. Et la force de cette association, c'est qu'elle est vraiment constituée d'un fort réseau adhérents, adhérentes. Et parmi ces gens, de nombreuses personnes qui s'impliquent au sein de l'association. Donc on a des personnes qui s'impliquent au sein de deux grandes commissions, qui sont sans surprise la commission pratique paysanne et la commission installation transmission. Donc là, ce sont des commissions qui sont mixtes parce qu'on les fait avec la Confédération paysanne, avec des membres de la Confédération paysanne. et également des membres du CAJ, le Comité d'Action Juridique, qui est une association partenaire qui travaille vraiment sur l'autonomie dans les questions en lien avec le droit. Ces commissions, donc ces personnes qui participent aux commissions, qu'elles soient de l'ADR, de la Confédération Paysanne ou du CAJ, vont vraiment se réunir deux fois par an pour donner des orientations stratégiques et travailler des sujets de fond. Donc ça, c'est les personnes qui pour nous sont impliquées dans les commissions, c'est ce qu'on appelle notre conseil d'administration. Pour nous, les membres du CA de l'ADR sont les personnes impliquées au nom de l'ADR dans ces deux commissions. Et donc ce sont les personnes qui vont orienter notre travail sur les années à venir et puis orienter la politique de l'ADR plus largement sur ces questions de pratiques paysannes ou d'installation de transmission. Et après, pour le volet plus opérationnel, on va dire, pour faire tourner l'assaut au quotidien, on a un bureau composé de huit personnes, quatre hommes et quatre femmes, avec une belle parité, qui du coup, eux, sont issus du monde agricole, donc soit travaillent... en lien avec le métier de paysan-paysanne, soit sont motivés par ces thématiques et ont envie de participer à la dynamique locale.
- Speaker #1
Donc ça peut être de manière bénévole ?
- Speaker #0
C'est tout, c'est tout des bénévoles.
- Speaker #1
C'est que des bénévoles, d'accord.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Qui font ça sur le temps libre qu'ils n'ont pas.
- Speaker #1
Pas d'exclamation. Oui.
- Speaker #0
Et on les remercie chaleureusement.
- Speaker #1
Il y a un président, du coup ?
- Speaker #0
Non, donc on fonctionne sous forme de collégial.
- Speaker #1
C'est ça qui m'a attiré mon attention.
- Speaker #0
Le bureau de l'ADR est un bureau collégial, donc il n'y a pas de titre à signer, si ce n'est le titre de trésorier-trésorière, une obligation légale. Il est pratique d'avoir un référent dans l'équipe, mais sinon, effectivement, on a un fonctionnement collégial. Et après, on va fonctionner avec des sous-groupes en fonction des thématiques qui sont importantes. Donc, on a par exemple un sous-groupe RH qui va travailler les questions RH quand il y a besoin.
- Speaker #1
Et au niveau de la prise de décision, comment ça se passe ? Ce sont des votes, ce sont des discussions, un consensus ?
- Speaker #0
On est sur la prise de décision au consentement, qui est légèrement différente de celle au consensus. Et c'est quelque chose qui, au sein du bureau, est quand même assez fluide et facile à animer, dans le sens où on a une équipe plutôt stable, qui a l'habitude de travailler ensemble. On s'autorise quand même des réunions quand il y a besoin de prendre des décisions, des réunions plus longues. en présentiel et avec mes collègues on essaye de les préparer, de les animer au mieux pour que la prise de décision soit le plus fluide possible et le plus facile pour les administrateurs et les administratrices.
- Speaker #1
Comment vous communiquez entre vous et entre les adhérents, les membres du CA pour que justement vous soyez à peu près tous au même niveau d'information ?
- Speaker #0
Cette question elle est cruciale et elle nous anime régulièrement. On a plusieurs modes de fonctionnement. Déjà, il y a l'Eternal Mail. On a un groupe mail par commission qui permet de faire circuler de l'info aux membres de la commission Installation Transmission aux pratiques paysannes. On a aussi l'outil WhatsApp, alors que tout le monde n'a pas. Ce n'est pas toujours facile, mais il n'empêche qu'on a des groupes par thématique. Par exemple, j'ai un petit groupe Installation, avec qui je communique au quotidien sur mes suivis, mes accompagnements. à qui je peux poser mes questions, à qui je peux demander des sollicitations quand j'en ai. Ça permet d'avoir l'arc actif.
- Speaker #1
Quasiment en temps réel. Voilà,
- Speaker #0
c'est ça. Donc, ce genre d'outils. Puis après, pour communiquer plus en externe, on va avoir ce qu'on appelle nous nos feuilles d'infos qui sont envoyées régulièrement tout au long de l'année et qui varient. On peut avoir de manière assez régulière des agendas où là, on va mettre un petit peu tous les événements et les formations à venir. Pour le mois qui suit, on peut avoir des feuilles d'infos thématiques. Par exemple, une feuille d'infos spéciale élevage ou spéciale maraîchage ou spéciale foncier, accès au foncier, les fermes qui sont à céder, les terrains à récupérer, les gens qui cherchent, etc. Donc voilà, des feuilles d'infos thématiques.
- Speaker #1
Ce sont des feuilles papier ?
- Speaker #0
Non, c'est des envois mail numériques.
- Speaker #1
On est dans le mail à nouveau ? Oui, tout à fait. Avec quand même une identité graphique ? Oui,
- Speaker #0
oui, oui, tout à fait. Ça, c'est notre collègue qui s'occupe de ça.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Qui s'occupe de faire quelque chose de plutôt joli et au maximum lisible. Parce que c'est vrai qu'elles peuvent être longues.
- Speaker #1
Du coup,
- Speaker #0
à tout le réseau. À chaque fois, même personne. Oui, oui. Je pense qu'on a plus de 1000 personnes qui reçoivent.
- Speaker #1
1000 personnes ?
- Speaker #0
Oui. Et après ? Sur le département de l'Ain ? Oui. Non, sur le département de l'Ain. D'accord. Et après, on peut effectivement avoir plutôt des communications ciblées, mais ça, ça va être plus ponctuel. Il n'y a pas de régularité, c'est plus en fonction des besoins du moment,
- Speaker #1
au coup par coup.
- Speaker #0
Et puis après, chaque année, il y a un petit envoi papier avec le sommaire du catalogue formation. On peut envoyer, quand il y a des choses très importantes, ça peut être envoyé avec la convocation à l'AG, par exemple. Ça permet d'avoir un lien. Pas de pieds au moins une ou deux fois dans l'année.
- Speaker #1
D'accord. Voilà. Et les réunions physiques, c'est donc l'AG uniquement, ou il peut y avoir plusieurs temps forts dans l'année ?
- Speaker #0
Il y a déjà les plénières des commissions, qui sont quand même des temps qui rassemblent. Il y a la fête de l'agriculture paysanne, qui, tous les ans, permet de rassembler les troupes et de passer un moment vraiment riche et convivial ensemble.
- Speaker #1
Ce n'est pas que l'ADR, là ?
- Speaker #0
ADR, Confédération Paysanne et CAGE, toujours les mêmes.
- Speaker #1
Le trio.
- Speaker #0
Le trio. Donc voilà, la fête paysanne qui permet de fédérer. Et puis après, on peut avoir énormément de temps qui ponctuent l'année, qui peuvent être des fermes ouvertes, qui peuvent être des visites, qui peuvent être des temps de travail ou des temps de formation sur des fermes. Après, de manière plus ciblée, on a énormément dans notre réseau de temps de rencontre. Pas forcément ouvert à tout le monde, qui peuvent l'être, mais en tout cas, il y a vraiment la richesse du réseau. C'est aussi du coup... Du coup, la qualité et la fréquence des temps en présentiel. Pour nous, l'humain est un peu au cœur du projet. Donc, on fait en sorte de le soigner et de l'avoir présent le plus souvent possible.
- Speaker #1
D'entretenir les liens et de favoriser les rencontres. C'est un petit peu d'organisation et de travail. Oui. Les animateurs et animatrices qui prenaient en charge toutes ces organisations.
- Speaker #0
Oui, ça fait partie du métier, effectivement.
- Speaker #1
Juste un petit point sur la communication externe. Quelqu'un qui se pose des questions justement sur son projet professionnel, il a envie de s'engager dans un projet lié à l'agriculture, comment il va vous connaître ? Comment il peut avoir connaissance de l'ADA ?
- Speaker #0
Notre premier mode de communication c'est le bouche à oreille. On compte vraiment sur les paysannes et les paysans installés, sur les porteurs et portesses de projets qu'on accompagne, et puis sur tous les citoyens et citoyennes hors agricole qui nous connaissent pour... parler et faire connaître de l'ADR et dire aux gens, arrêtez de vous poser des questions, appelez-les. N'hésitez pas, prenez votre téléphone, passez un coup de fil à Cléa. Donc ça, c'est vraiment, s'il y a un message à faire passer, c'est que nos meilleurs prescripteurs sont nos adhérents et les personnes qui nous connaissent. Parce qu'effectivement, comme on reste un réseau alternatif, un réseau parallèle à tout ce qui va être chambre d'agriculture, etc., il y a peu d'endroits où, effectivement, on communique sur nous. et sur notre existence. Même dans l'enseignement agricole, il y a parfois des gens qui me disent qu'à travers toutes leurs années, ils n'ont jamais entendu parler de nos structures. Nous, on n'a pas la capacité interne d'avoir une force de communication forte. On n'a ni les moyens, ni les moyens humains, ni les moyens financiers d'avancer là-dessus. Donc du coup, c'est vrai qu'on est connus de par les actions qu'on mène et la notoriété dans le monde agricole. J'incite les personnes à en parler autour d'elles et autour d'eux. Je vous remercie de faire parler de nous aujourd'hui.
- Speaker #1
C'est avec grand plaisir. C'est le réseau qui fait que vous êtes connus ou on va vous connaître.
- Speaker #0
C'est ça. C'est la porte d'entrée. Après, on a des petites plaquettes, on a des choses comme ça. Mais quand on n'est pas du milieu agricole, on ne tombe pas dessus. Après, on a quand même un site Internet qui n'est pas trop mal fait. Si les personnes tapent installation agriculture, agriculture paysanne, assez rapidement, ils peuvent nous identifier. Mais entre nous identifier et ce que je disais tout à l'heure, passer le cap de prendre son téléphone et d'appeler, Il y a une marche et donc voilà, le réseau paysan peut inciter à monter cette marche de manière facile.
- Speaker #1
L'ADR est une mine d'informations pour déjà rien que s'informer, sans forcément avoir une idée très précise déjà, ou une décision de prise.
- Speaker #0
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
Quels sont les projets que l'ADR a dans sa besace ?
- Speaker #0
Alors ?
- Speaker #1
Les années à venir ou déjà l'année prochaine peut-être ?
- Speaker #0
Oui, des projets, il y en a toujours par centaines, c'est toujours un... Un souci en interne, c'est qu'on a une activité riche et toujours foisonnante. On a engagé tout un travail autour de l'installation en collectif. Ça, c'est des choses qu'on va continuer. Tout le travail qu'on a engagé sur la question du genre en agriculture et des inégalités, on va continuer en 2025. On travaille aussi autour de la question de la restructuration des fermes. Diviser les fermes qui, pour l'instant, ne font que grandir, grandir, grandir. Ça, on va en faire compte. s'arment pour réussir à les rediviser et pour installer des paysans plus nombreux que le nombre de fermes qui partent à la transmission. Donc ça, c'est un gros travail de fond aussi qui nous occupe et qui va nous occuper. Continuer aussi à développer la filière farine de graines de lin. Je crois que les maraîchers maraîchères ont aussi pas mal de projets en interne. Il y a un groupe autour des PAM, des productrices et producteurs de plantes aromatiques et médicinales qui se structurent. On a un gros travail de fond sur la question du piment de Bresse aussi, sur le redéveloppement de ce condiment.
- Speaker #1
Tu dis redéveloppement parce que par le passé ?
- Speaker #0
Le piment de Bresse existait et là l'idée c'est bien de récupérer des variétés anciennes, de les réadapter à nos sols, de les multiplier et puis de recréer une filière. En fait on est sur les mêmes principes.
- Speaker #1
Donc il n'y a pas que dans le sud-ouest qu'on...
- Speaker #0
Qu'on fait du piment. Il y a le piment de Bresse.
- Speaker #1
Bon, et bien c'est une bonne information à prendre.
- Speaker #0
Et voilà, et après on a plein d'autres projets qui vont être des projets plus partenariaux et je ne pourrais pas tous les citer. Peut-être je peux m'autoriser à faire un petit zoom sur l'un d'entre eux parce qu'il est d'actualité. Il y a l'idée de faire de l'agriculture un commun dans les valeurs qu'on porte et donc faire de l'alimentation un commun. Et pour ça, de passer par la notion de socialisation. Et donc du coup, je voudrais mettre en lumière... Une expérience, un projet qui a lieu à l'échelle nationale, mais avec un zoom sur l'échelle départementale, qui est le projet de SSA, donc Sécurité Sociale de l'Alimentation, qui n'est pas une solution en soi, mais qui peut être un ingrédient pour aller vers une socialisation. Et donc du coup, l'idée, c'est de créer une branche de la Sécurité Sociale qui serait consacrée à l'alimentation. Et donc, comme le même principe de la sécu qu'on connaît, ça va être lever des cotisations d'un côté et de l'autre côté, reverser les cotisations sous forme d'une quantité monétaire qui ne pourra être utilisée que pour faire des achats alimentaires chez des partenaires conventionnés, dans des magasins, auprès de producteurs, productrices, etc. Et donc, l'idée, c'est que d'un point de vue local, il y a toute une dynamique, tout un groupe qui s'est monté. pour tenter une expérimentation de cette sécurité sociale de l'alimentation à l'échelle du territoire de l'agglomération de Bourg. Donc Bourg et ses alentours. Et donc l'idée en 2025, ça sera de créer une petite expérimentation qui va s'appuyer sur le brin, sur la monnaie locale et sur le bénévolat. Donc on cherche à motiver un grand nombre de familles pour rejoindre l'aventure. Et l'idée, ce sera de tenter à notre échelle une petite sécurité sociale de l'alimentation avec des cotisations et une somme d'argent mensuel sous forme de brin à aller dépenser pour s'alimenter dans les structures et partenaires qui seront conventionnées.
- Speaker #1
Les cotisations, elles seront basées sur quels ?
- Speaker #0
Elles sont basées sur plusieurs critères, je ne les ai pas tous en tête, mais je sais qu'il y a la question du revenu, la question du patrimoine et il y en a peut-être un troisième que j'ai oublié.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
L'idée après, c'est de montrer que ça peut être généralisable à l'échelle nationale et pourquoi pas de soumettre ça à nos politiques pour qu'un jour, ça voit le jour.
- Speaker #1
Ok, oui, donc c'est très novateur. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Ça fait partie de toute la créativité qu'on peut avoir pour essayer de créer des alternatives en parallèle de tout le travail qui peut y avoir d'un point de vue politique derrière. Mais du coup, de finalement permettre une vraie démocratie alimentaire, faire sortir l'agriculture de qualité. de cette notion de niche et cette notion d'agriculture réservée à un certain public. Donc là, l'idée, c'est vraiment d'aller vers une démocratisation de l'alimentation de qualité. Et donc la SSA est un des moyens à inventer pour réouvrir la question de l'alimentation, réouvrir la question de la socialisation et aller vraiment vers une démocratie alimentaire.
- Speaker #1
Très bien, merci pour cette information qui, je pense, va intéresser beaucoup de monde. Après, je renverrai aussi le développement de ce projet vers les supports de communication pour mieux comprendre comment cela va se former, comment on peut candidater pour participer à ce projet d'expérimentation.
- Speaker #0
Pour terminer, je vais te demander de nous donner un petit exemple qui t'a marqué depuis le début de ton activité au centre d'ADA. Un parcours qui t'a marqué, une réussite qui te semble intéressante à mettre en avant pour montrer toute la force d'ADA ou toute la force de la ruralité.
- Speaker #1
Je peux peut-être citer un exemple tout frais d'enlun et ça sera l'occasion de leur passer un petit bonjour. Il y a un collectif qui s'est installé tout récemment. Il et elle se sont installés à Sète. Donc sept amis d'études qui ont repris une ferme, donc une ferme qui était exclusivement ferme laitière avec transformation fromagère. Donc je salue aussi la sédante et le sédant qui ont mis une énergie et un dynamisme au profit de rendre possible une transmission pour un collectif qui vient non seulement bouleverser les habitudes de la ferme mais rajouter des ateliers. Bien sûr les vaches laitières et les fromages. restent mais sont rejoints par du maraîchage, par des abeilles, par des porcs et d'autres animaux et cultures. Donc voilà pour dire que l'installation en collectif c'est une sacrée aventure mais que c'est possible et que c'est un beau moyen de créer de l'emploi et de reprendre des fermes du territoire.
- Speaker #0
On leur souhaite une pleine réussite et une longue vie à leur exploitation. Merci Cléa pour cet échange sur l'agriculture paysanne qui on l'a vu porte des valeurs fortes, des projets essentiels pour notre alimentation. de qualité et pour l'activité locale, la dynamique rurale, le lien social et plein d'autres valeurs. Merci beaucoup et puis bonne continuation.
- Speaker #1
Eh bien, un grand merci.
- Speaker #0
Au revoir. Au revoir.
- Speaker #2
C'est ainsi que ce podcast s'achève. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous donne envie d'en parler autour de vous, de le partager. Rendez-vous dans un mois pour découvrir le prochain épisode. D'ici là, vous pouvez consulter mon site www.glc-com.com Ma page est dédiée aux notes, backstage, infos inédites sur ce podcast. A très bientôt !