- Speaker #0
Radio Vostok.ch Complètement débule. Débule ou bien ? On dirait qu'il te manque une case. Débule. Il te manque une case. Complètement débule. L'émission qui parle bande dessin. Aujourd'hui, on va parler d'une série qui cartonne depuis quelques années. Undertaker. Un western un peu différent des autres, puisqu'il met en avant un personnage un peu spécial. Un faux soyeur. Jonas Crowe, croque-mort de profession, a une mission simple. enterrer les morts. Mais avec lui, même les cadavres ne restent pas tranquilles bien longtemps. Undertaker, c'est une série qui fait sensation depuis bientôt 10 ans. Aux manettes, un trio magique, avec Xavier Dorison au scénario, Ralph Meyer au dessin et Caroline Delaby à la couleur. Voici ces deux derniers à notre micro. Mais honneur aux dames, donc, on va commencer avec toi, Caroline, la coloriste de la série Undertaker. D'abord, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Alors coloriste, j'ai envie de commencer cette interview un peu différemment que d'habitude. Je vais parler de ce métier-là. C'est quoi coloriste en BD ?
- Speaker #1
Alors coloriste en BD, comme le nom l'indique, on fait les couleurs des bandes dessinées. Et le but du coloriste, c'est pas seulement de mettre la couleur, mais de soutenir la narration, le storytelling. Donc en fait, on est au service de l'histoire. Ben oui.
- Speaker #0
Et comment on fait pour mettre de la couleur ? On prend des crayons, on colorie ? Comment ça se passe techniquement ?
- Speaker #1
Alors, il y a plusieurs possibilités. Ça peut être en couleur directe sur les pages originales. Et là, il y a plusieurs techniques possibles. Ça peut être de l'aquarelle, de la gouache. Il y a plein de possibilités. Ça peut être la technique par les bleus qui a maintenant tendance à vraiment disparaître. Ou alors là, par contre, on scanne les pages, on les imprime sur du papier et le trait. est atténué à la place d'être noir, il est gris. Et donc là, pareil, on met en couleur sur ces scans. Et après ça, il y a une autre impression qui se fait sur un film, qu'on superpose, et là l'impression par contre de le trait en noir. Mais ça, par le coup, c'est une méthode qui a tendance vraiment à disparaître, parce qu'elle est très...
- Speaker #0
C'est plus la tienne, ça veut dire ? Non,
- Speaker #1
non, moi je n'ai jamais travaillé de cette façon-là. Moi je travaille en numérique à 100%. Et aujourd'hui, je pense que... On est au-delà des 90%. Oui, c'est beaucoup plus confortable et beaucoup plus rapide.
- Speaker #0
Comment on choisit les couleurs ?
- Speaker #1
Alors, les couleurs sur Undertaker, on les choisit très, très en amont. En fait, quand on termine un cycle, en général, même un peu avant, on se réunit tous les trois et on parle des thèmes qu'on aura envie d'aborder dans le cycle suivant. Et on parle... tout de suite du décor, de la saison, tout ça. Et donc, les couleurs s'imposent en fonction de l'histoire et de la temporalité de l'histoire. Donc, au final, la gamme colorée se met en place avant même qu'on décide, avant même que le scénario soit écrit ou que Ralph attaque les pages. Donc,
- Speaker #0
le début, c'est très clair pour toi. Et comment on sait qu'une planche,
- Speaker #1
elle est finie en termes de couleurs ? Moi je fonctionne de manière assez instinctive, donc quand mon œil me dit que c'est bon, que mon œil navigue de manière sensée sur la page, sensée ça veut dire qu'il y a une, en fait, l'œil doit naviguer en suivant la narration sur la page, dans la case aussi d'ailleurs, et donc quand mon œil fait bien ce travail-là de manière naturelle, C'est clair qu'on est dans un intérieur ou un extérieur, que c'est clair que c'est le jour ou la nuit.
- Speaker #0
Un vrai feeling visuel.
- Speaker #1
Il y a un vrai feeling visuel et évidemment, je dois suivre l'histoire. Donc quand tout est en place à ce niveau-là et que l'œil navigue de manière naturelle dans la page, alors c'est que c'est bon.
- Speaker #0
Alors on va parler un peu de ton parcours, mais très rapidement. Je crois que si j'ai bien vu, tu as fait des études en architecture d'intérieur. Oui. Puis tu as une formation en chromo et luminothérapie.
- Speaker #1
Oh là là, oui.
- Speaker #0
Et tes fans de BD ? Alors, avant de rentrer dans tous ces détails-là, en fait, c'était la destinée, la BD, parce que tout ça, en fait, ça colle bien avec ce métier de coloriste ?
- Speaker #1
Oui, oui, ça colle bien avec le métier de coloriste, que j'ai finalement commencé un peu par hasard et par curiosité, parce que Ralph avait... En fait, Ralph avait envie de vraiment se consacrer avant tout au dessin, par manque de temps, parce que les couleurs, ça prend du temps aussi. Donc, il avait essayé de travailler avec deux autres coloristes avec qui ça n'a pas collé. Et puis moi, ça me titilla. Donc je lui ai demandé pour faire un essai. Et puis naturellement, je suis allée dans le même sens que lui. Donc en utilisant des gammes colorées très restreintes, on essaye toujours de... Le but de la couleur, ce n'est pas d'épater la galerie, c'est juste de soutenir l'histoire. Mon but, ce n'est pas que les personnes referment le bouquin en disant waouh, j'en ai pris plein les yeux c'est qu'elles referment le bouquin en se disant bien sûr, bien sûr, c'est vraiment l'objectif principal
- Speaker #0
Ralph, il est avec nous, un duo qui fonctionne bien, parce que vous travaillez en duo sur la série Undertaker depuis le début. Avant de passer le micro à Ralph, peut-être j'ai envie de te demander, toi tu la pitches comment la série Undertaker ?
- Speaker #1
Je la pitche, comment ?
- Speaker #0
Ouais, c'est pas facile, mais bon.
- Speaker #1
Ah bah, je pitcherai... C'est l'histoire d'un... Ah mince, voilà que le nom m'échappe.
- Speaker #0
Croque-mort ?
- Speaker #1
Tu sais, oui, d'un croque-mort, mais plus qu'un croque-mort, c'est un homme qui n'aime pas ses contemporains, finalement.
- Speaker #0
Un misanthrope ?
- Speaker #1
Un misanthrope, voilà, merci. L'histoire d'un misanthrope... C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens,
- Speaker #0
hein. Sauf quand ils sont morts
- Speaker #1
Je dirais, je la pitcherais L'histoire d'un misanthrope désespéré qui au fur et à mesure de ses rencontres retrouve peut-être un peu d'espoir et foi en l'humanité
- Speaker #0
Il s'appelle Jonas Kro, on va en parler pas mal et puis on va en parler avec le dessinateur, donc Ralph Meyer Salut Ralph ! Si je te demande le même exercice tu pitches pareil, tu la présentes comment sur la série ?
- Speaker #2
Oui, disons dans un premier temps que c'est un western western avec tous les codes du genre mais c'est vrai qu'avec un personnage principal qui est un croque-mort ce qui fait que ça permet de décaler un petit peu tous les passages obligés du genre et d'amener je crois un petit peu de fraîcheur sur le genre.
- Speaker #0
Alors voilà ce personnage donc Jonas Crowe c'est vrai que voilà c'est un personnage un peu atypique, croque-mort alors on le distingue très rapidement avec son haut de forme, son costume noir, sa cape, sa b***h barbe, ses yeux bleus, un misanthrope on le disait, un anti-héros, une gueule. Et puis je crois qu'en fait ce personnage c'est un peu toi qui en a eu l'idée, c'est correct ?
- Speaker #2
Oui tout à fait, l'idée c'était, il y avait une envie forte de faire un western, depuis des années, et puis un jour je ne sais pas comment, l'idée de mettre en avant le croque-mort m'a paru intéressante parce que graphiquement parlant c'est un personnage qui est directement identifiable. Très visuel. Très visuel. Donc ça, c'est super intéressant, à partir du moment où on veut créer un nouveau personnage, d'avoir déjà cette qualité-là sur le personnage. Donc à partir de là, j'ai proposé l'idée à Xavier, qui a été enthousiaste, qui aimait bien l'idée. Mais c'est vrai que derrière, après, il y a eu un gros travail de sa part pour créer après un concept solide de série. Parce qu'il y a des idées comme ça qui sont fun, mais c'est pas pour autant déclinable sur l'idée d'une série, c'est-à-dire avoir de multiples aventures. Mais bon, il a fait un très beau film.
- Speaker #0
On va parler un peu de ce scénario et de cette série qui fonctionne avec des diptyques. J'avais simplement envie aussi de souligner que toi aussi, t'es un amoureux inconditionnel du genre, des westerns. Blueberry, Durango, Bouncer, Lucky Luke. Toi, ça a baigné un peu ton enfance aussi ?
- Speaker #2
Oui, alors Blueberry, évidemment, Lucky Luke, évidemment aussi, et Comanche. Je pense que c'est les trois westerns qui m'ont vraiment marqué plus jeune.
- Speaker #0
Bon, alors voilà, Jonas Crowe, Undertaker, l'histoire de ce croque-mort. Est-ce qu'on se documente un peu sur le métier pour aussi le dessiner ? J'ai envie de faire référence à un cours donné en tome 3. Jonas Crowe, il vérifie que le mort est mort, il vérifie la rigidité cadavérique, il fait la toilette du corps à l'alcool, il inventaire des bijoux, il ferme la bouche via la couture du palais. Tout ça, c'est véridique, on se documente un petit peu pour mettre en image un croque-mort ?
- Speaker #2
Bien sûr, bien sûr. C'est même des passages qui sont très importants, parce qu'ils amènent la crédibilité sur le personnage. Et évidemment, c'est... C'est un travail de documentation, mais qui a été fait en l'occurrence dans un premier temps par Xavier. Et voilà, ce qu'il faut savoir c'est que par contre en termes de date, on est peut-être 10 ans un peu en avance avant l'arrivée réelle des Undertaker à cette époque-là.
- Speaker #0
Alors voilà, on peut faire une petite aparté historique. Le contexte historique c'est quoi ? C'est le milieu du 19ème siècle, dans les années 1850, on est aux Etats-Unis, dans les Etats du Sud et du Mid-Ouest. C'est donc la perte de la conquête de l'Ouest, la ruée vers l'or, aussi des conflits ethniques et culturels. Donc voilà, les thématiques de l'exclavage et des Native Americans, les Indiens. C'est un peu ça le contexte historique ?
- Speaker #2
Oui, c'est un petit peu plus tard. C'est quelques années après la guerre de sécession. Donc plutôt 1870, on va dire, dans ces Ausha. Oui, parce que, inévitablement, notre personnage a également un passé compliqué.
- Speaker #0
Le cavale, c'est un ancien tireur d'élite de son nom, Lance Strickland. Il essaie d'être incognito, en fait.
- Speaker #2
Exactement, et c'est pour ça que le croque-mort, la profession lui va très bien, parce que le croque-mort, c'est quelqu'un qu'on voit, mais qu'on ne regarde pas. Et donc ça lui permet de passer d'état en état en étant relativement discret, parce qu'il n'est pas quand même super discret non plus.
- Speaker #0
Alors on est avec toi, Ralph Meyer et aussi Caroline Delaby, on parle de Undertaker, cette série aux éditions d'Argo. Il y a également d'autres personnages que j'ai envie de citer, qui suivent l'histoire tout au long de la série. Alors un des personnages, il y a même des animaux, puisqu'il y a Jed, le fameux vautour qui accompagne Undertaker. Pourquoi Jet d'ailleurs ? Pourquoi il s'appelle comme ça ?
- Speaker #2
Alors ça c'est du pur Xavier d'horizon, donc j'aurais du mal à répondre.
- Speaker #0
Un mot en tout cas sur cet animal qui devient un personnage à part entière quasiment.
- Speaker #2
Tout à fait, et ça c'est une vraie création de Xavier, qui a amené le personnage tout de suite. Et c'est vrai que ça fait référence à plein de choses finalement, autant au croque-mort de Maurice et Goscinny dans Lucky Luke, que... à des personnages comme Tintin et Milou et compagnie.
- Speaker #0
Et puis on s'y attache, parce que finalement, on découvre aussi que le vautour, c'est le seul oiseau qui ne tue pas. Il y a des oiseaux qui tuent, mais lui, il attend, il va vers des proies qui sont mortes. Donc il devient presque un peu sympathique au fil des pages.
- Speaker #2
Ah ben on espère, on espère.
- Speaker #0
Oui, puis j'avais aussi envie de parler du corbillard. Parce que le corbillard, il apparaît assez rapidement, avec un slogan sur le corbillard, dès le tome 2, Last wishes C'est sympa à dessiner, Corbiard ?
- Speaker #2
Alors, il y a plus sympa qu'un Corbiard à dessiner, clairement. Mais bon, après, c'est vrai que c'est un personnage à part entière de la série, qui subit des évolutions, comme vous l'avez dit, dès le tome 2, avec des ajouts qui sont liés au personnage de Rose Prairie, qui va s'associer pendant un temps à Jonas. Oui, non, vraiment un personnage à part entière, tout à fait.
- Speaker #0
On va parler un peu de l'histoire, ce Undertaker. Avant, juste rappeler que la série a démarré en 2015. On en est au septième album. Plus de 600 000 albums vendus, je crois. C'est plutôt pas mal, non, quand même ?
- Speaker #2
Oui, même un peu plus. Je crois qu'on a dépassé les 900 000 récemment.
- Speaker #0
Et puis une série qui plaît. J'avais envie de citer un ou deux commentaires que j'ai vus sur des forums. Par exemple, le commentaire d'un certain Bédélis qui dit Le dessin est extraordinaire, de très beaux gros plans sur les personnages, parfois ajuster les yeux à la Sergio Leone. Les chevaux, les individus, les décors sont tellement maîtrisés que j'ai l'impression de feuilleter un film. La mise en couleur est superbe. Sympa, non, comme commentaire. Ou encore Kerrigan666. J'adore cette série qui est pour moi certainement l'une des meilleures dans la catégorie western, voire la meilleure. C'est cool ces commentaires, non ?
- Speaker #2
C'est tout à fait agréable, clairement.
- Speaker #0
Bon et voilà au bout de temps d'année on n'est pas lassé de faire des interviews pour parler de Undertaker ?
- Speaker #2
Non parce que c'est notre bébé qui va bientôt avoir 10 ans. Mais non au contraire c'est vraiment très très agréable comme vous le disiez avec le succès et tous les retours qu'on a. C'est un vrai moteur pour continuer à avancer sur cette série avec ce personnage.
- Speaker #0
Alors voilà, pour ceux qui ne connaissent pas, moi j'ai envie de parler un peu de l'histoire avec vous, d'aller au travers les quelques tomes. On ne va pas tout raconter, mais voilà, comme je le disais, c'est une série qui fonctionne avec des diptyques. Diptyque, ça veut dire deux albums pour raconter une histoire. Et au milieu de ces diptyques, bien sûr, il y a une trame avec des personnages et une histoire de fond qu'on retrouve. Premier diptyque, voilà, tomes 1 et 2, Mangeurs d'or et Danse avec les vautours. Voilà, le décor se met en place avec le personnage principal. On a Rose Prairie. qui fait son apparition, qui va, voilà, elle est un peu aux antipodes du personnage principal, et puis il y a une petite histoire qui va se mettre en place entre eux. Et puis j'avais envie de dire qu'à chaque diptyque, il y a aussi une thématique forte, qui reste finalement assez d'actualité. Dans le premier diptyque, il s'agit d'un chercheur d'or qui va être enterré avec son or, et puis voilà, la thématique en fait, c'est presque un peu, voilà... tous ces gros business aujourd'hui avec peut-être à leur tête des gens qui gagnent beaucoup d'argent et qui ne veulent pas vraiment le partager. Est-ce que cette lecture de la trame est bonne et est-ce que c'est correct qu'en fait à chaque fois il y a une thématique forte qui veut aussi être en résonance avec notre vie moderne ? Caroline, tu veux peut-être en parler un petit peu ?
- Speaker #1
Oui, en fait c'est un vrai parti pris de notre part de traiter de sujets de société actuel, mais qui en fait étaient aussi actuels à l'époque. L'accaparement des richesses, ce n'est pas quelque chose de neuf dans la société humaine. Donc c'est effectivement un sujet qui, au-delà du pitch qui était super, de l'idée de ce gars qui décide de se faire enterrer avec tout son or dans le ventre pour ne pas partager, pour le garder avec lui.
- Speaker #0
Avec l'or dans l'éternité.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Donc évidemment, le pitch était rigolo, mais c'est surtout le message qui était derrière qui nous intéressait. Et puis évidemment, traiter de sujets actuels de manière un peu... finalement anachroniques parce qu'on est quand même dans une aventure qui se passe au 19e, ça permet en fait parfois de mettre les choses en perspective de manière différente et de parfois, en tant que lecteur, de faire des liens. Parce qu'en fait, on est obligé de faire des liens dans ces moments-là avec des choses vraiment qu'on vit ou des bilans qu'on fait quand on regarde les infos et ce genre de choses. C'est une façon un peu détournée finalement d'interpeller le lecteur sur certaines problématiques qui sont toujours actuelles. Et puis, effectivement, chaque diptyque, le premier l'accaparement des richesses, le deuxième sur certains individus qui ont le droit de vie et de mort sur d'autres.
- Speaker #0
Avec un personnage fabuleux, ce Jeronimus Quint, un espèce d'ogre qui est médecin, et qui est un très bon médecin, mais qui finalement, de temps en temps, décide de mutiler certains de ses patients. Ils vont s'apanacer. contre la douleur. Moi, ça m'a fait vachement penser à la crise des opioïdes.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Et puis, lui, ça roge le droit pour tous les dix patients ou tous les neuf patients qu'il arrive à traiter, parce que c'est un chirurgien de grand talent qui arrive à faire ce que d'autres de ses confrères n'arrivent pas du tout à faire. Donc, pour chaque neuf ou dix patients sauvés, il décide d'en sacrifier un pour faire avancer la science.
- Speaker #0
Troisième diptyque, donc tome 5 et 6, l'Indien blanc pour le tome 5, Salvare pour le tome 6. Là voilà, on est dans la thématique vraiment des Indiens. Tu veux en dire un mot de ce diptyque, Ralph ?
- Speaker #2
Oui, l'idée était d'avoir des personnages qui sont à mi-chemin entre deux cultures et comment trouver sa place dans des conditions... telle que celle-ci. Voilà, ça aussi, je pense que c'est des situations qu'on peut retrouver très facilement. Alors voilà,
- Speaker #0
dans ce titre-là, Jonas, il doit récupérer le corps du fils de l'héritier Barclay. Donc voilà, un nom qui est peut-être bien connu du monde bancaire, qui a été kidnappé et tué par les Indiens. Puis au fil de l'aventure, on se rend compte que ce n'est pas du tout ça. Et au milieu de tout ça, on a toujours ce personnage principal qui a cette thématique de retrouver des gens pour les enterrer.
- Speaker #2
Oui, tout à fait. Et qui lui aussi se pose des questions sur sa vie à lui, en parallèle, sur le fait qu'il est dans une impasse totale avec sa misanthropie, mais aussi avec l'espoir qu'il a découvert via Rose. L'amour peut-être. L'amour, tout à fait. Et donc peut-être une possibilité d'avoir une vie un peu plus agréable et en connexion avec les autres. Lui, il a ce cheminement-là pendant tout ce diptyque-là, avant d'arriver au dernier diptyque.
- Speaker #0
Qui s'ouvre avec le tome 7, qui est sorti il n'y a pas très longtemps, qui s'appelle Mister Prairie. Alors Mister Prairie, c'est le mari de Miss Prairie, qui fait son retour dans ce diptyque, et voilà, qui est un peu l'espéré de Jonas Crowe. Là, en fait, les thématiques abordées, c'est encore des thématiques d'actualité, et puis tout aussi graves, on va dire, dans leur... dans ce qui est mis en scène, l'avortement, l'intégrisme religieux et l'homosexualité ?
- Speaker #2
Oui, tout à fait. C'est un sujet qui nous tenait à cœur et qui était dans l'air du temps apparemment, vu qu'à partir du moment où Xavier avait terminé d'écrire le scénario depuis quelques semaines, je crois, que les événements qu'on connaît aux Etats-Unis... sont apparus. Donc voilà, à nouveau on est vraiment dans une actualité brûlante. Et ce qui est étonnant, c'est de se dire aussi que vu qu'il y a eu quand même pas mal de recherches historiques faites pour développer ce diptyque-là, on s'est rendu compte que l'histoire se répétait. C'est-à-dire que l'avortement n'était pas du tout un sujet de société à l'époque. Mais c'est devenu un sujet de société à partir du moment où il y a eu des ligues de vertu qui ont apparu, notamment via Anthony Comstock. Et donc, on se retrouve dans une situation qui est quand même très similaire à celle qu'on connaît aujourd'hui.
- Speaker #0
Alors voilà, des histoires qui ont beaucoup de corps, puisqu'il y a des résonances avec notre actualité. Mais toutes ces histoires sont aussi soutenues par le dessin. Je parle beaucoup de l'histoire parce qu'il y a le scénario derrière, mais c'est plus Xavier Dorison. Toi, tu es au dessin, Ralph. Je voulais parler un peu de dessin avec toi. Tu voulais rajouter quelque chose ?
- Speaker #2
Oui, je voulais quand même ajouter que... Je me rends compte que la manière dont on présente la série est aussi quand même à l'air très très sérieuse et grave, mais ça reste aussi du divertissement, c'est de la grande aventure, avec un personnage qui ne manque pas d'humour. Et que voilà,
- Speaker #0
ça reste un grand stade. Parce que j'ai préparé une petite séquence justement pour le présenter un peu autrement, notre Jonas Crowe. Alors si ça va pour toi, parlons un peu de dessin. D'abord ma première question c'est pourquoi est-ce que l'imagerie du western est-elle si fantastique à destiner ? Et pourquoi c'est le genre roi ?
- Speaker #2
Le western ? En tout cas, en tant que dessinateur réaliste, c'est un univers merveilleux à dessiner. C'est dessiner du minéral, tout ce qui est canyon et compagnie. C'est un pied extraordinaire de dessiner ça, des chevaux. On transpire pas mal à les dessiner, mais après, c'est vraiment agréable à essayer de mettre en mouvement. Et puis il y a toute une lignée de dessinateurs qui se sont passés auparavant, en commençant par Jigé, puis Girault évidemment, François Bouc, Christian Rossi, qui ont amené une impulsion extraordinaire dans le genre. Et évidemment, en tant que dessinateur réaliste, ça donne une envie incroyable d'y aller aussi. Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Et ton inspiration, alors j'imagine qu'elle vient un peu du cinéma, on parlait tout à l'heure, il y a un commentaire de Sergio Leone, mais je crois qu'elle vient aussi de la peinture ?
- Speaker #2
Oui, tout à fait. Il y a plein de peintres, de Remington à Incy Wyatt, on peut s'en parler de Garpeyne, enfin il y en a une multitude qui ont vraiment peint l'Ouest à l'époque d'ailleurs. Et c'est une mine de documentation et une mine d'émerveillement fantastique.
- Speaker #0
Alors Ralph, je vais faire écho à une question que j'ai posée à Caroline tout à l'heure. Quand est-ce qu'on sait qu'un dessin est terminé ?
- Speaker #2
Quand il remplit sa fonction.
- Speaker #0
Ça me va comme réponse, très bien. Tom 7, on disait, on parle de Undertaker avec Ralph Meyer et toi, Caroline Delaby. Tom 7, on sait que c'est des deep... Un top 8 à venir, je crois qu'il arrive en 2025.
- Speaker #2
2025, c'est bien.
- Speaker #0
Et du coup, je crois qu'après chaque diptyque, vous vous réunissez tous les trois avec Xavier Dorizon pour parler de la prochaine thématique. Est-ce que vous allez vous réunir pour parler des tomes 9 et 10 ?
- Speaker #2
Oui, c'est déjà fait. En fait, évidemment, on a quand même une vision un peu à long terme de la série et notamment avec un réservoir de pitch. pour deux vies à peu près. Mais par contre, on ne s'interdit pas d'avoir une idée sur le moment qui nous paraît en connexion avec le diptyque précédent et qui fait avancer l'histoire d'une manière nouvelle.
- Speaker #0
Bon, le début de la série 2015, c'est presque dix ans. Vous allez partir pour dix ans supplémentaires. C'est une série qui va durer, quoi.
- Speaker #2
Oui, tout à fait. Dès le départ, ça a été prévu comme une série au long cours. C'est vraiment l'envie qu'on avait. marcher dans les traces justement de toutes les grandes séries populaires western qui a pu y avoir avant nous.
- Speaker #0
Bon, ben nous on adore, on conseille à nos auditeurs. Ralph, Caroline, pour finir l'émission, on a ce qu'on appelle des questions débules. Com-com-complètement débules ! Eh oh ! Il te manque une case ? Euh, t'es débule ! Alors je commence avec toi Ralph. Une onomatopée, ça s'écrit ou ça se dessine ?
- Speaker #2
Euh... pour moi ça se dessine. Parce que chaque onomatopée a son identité graphique.
- Speaker #0
Ok, ça me va. Caroline, une onomatopée, ça se colorie ?
- Speaker #1
Ah oui, définitivement, ça se colorie. Alors parfois, ça se colorie en noir, mais oui, bien sûr, ça se colorie. Ça fait partie, comme dirait Elve, de l'identité graphique de l'onomatopée, mais aussi de son expression.
- Speaker #0
Ralph, est-ce que c'est important d'avoir une bonne coloriste ?
- Speaker #2
Évidemment.
- Speaker #0
Est-ce que vivre avec une coloriste, ça rend la vie en rose ?
- Speaker #2
Plus que du rose, toutes les couleurs, tous les jours.
- Speaker #0
Parce que voilà, j'ose le dire, vous êtes un duo à la scène, mais un couple aussi à la ville. Caroline, est-ce que tu sais dessiner ?
- Speaker #1
Je sais dessiner essentiellement des perspectives vu ma formation d'architecte d'intérieur. Et c'est à peu près tout. Oui, je sais un peu dessiner, mais je ne dessine pas. Ce n'est pas ma grande passion.
- Speaker #0
Ralph, pas trop difficile de dessiner un croque-mort qui danse avec un vautour. Je fais allusion à une planche en tome 5, page 11.
- Speaker #2
Alors, ça demande des ajustements. Ce n'est pas évident, évident, parce qu'il faut rester dans le registre. du dessin réaliste et en même temps amener quelque chose qui est de l'ordre de la comédie, de l'humoristique. Donc c'est des ajustements à faire qui sont quand même assez...
- Speaker #0
Exercices un peu d'équilibriste, j'ai l'impression. Oui,
- Speaker #2
tout à fait. Mais très intéressant à faire.
- Speaker #0
Est-ce qu'il existe le palace, l'ambassadeur à la Nouvelle Orléans qu'on voit en tome 6, page 24 ?
- Speaker #2
Alors, il ne s'appelle pas l'Ambassadeur, mais il part en effet d'une documentation qui est d'un grand bâtiment comme ça qui existait.
- Speaker #0
Alors, on le disait, Caroline, on revient à toi. Jonas Crowe, c'est un personnage qui est aussi drôle, souvent cynique. J'avais envie de vous proposer un petit jeu, un petit jeu d'exit. Je vous propose certaines de ses expressions. Je donne juste le début et vous devez me donner la fin. Oh, dur, hein ? Oh,
- Speaker #1
le piège !
- Speaker #0
On commence avec toi, Caroline. N'épargne pas aujourd'hui... Ouais, c'est dur, c'est dur.
- Speaker #1
C'est super dur. N'épargne pas aujourd'hui le mort que tu pourras enterrer demain. Ouh,
- Speaker #0
c'est pas loin, c'est pas loin. N'épargne pas aujourd'hui celui qui voudra encore te buter demain. Et t'étais pas loin. En tome 3, page 30. Allez à toi, Ralph. Quand le vautour se tire... Ah oui, en plus, il y a la sirène. Il y a la sirène qui passe en même temps. Quand le vautour se tire... Je rappelle, on dixite Jonas Krau qui a des répliques assez fantastiques dans tous les albums. J'essaie de faire deviner la suite de ces répliques. Quand le vautour se tire,
- Speaker #2
il vaut mieux en faire autant ? Quand le vautour se tire,
- Speaker #0
prépare-toi au pire. Tom Pat,
- Speaker #2
page 18. C'est un métier.
- Speaker #0
On retourne à Caroline. Selon Jonas Krau, que fit Dieu au huitième jour ?
- Speaker #1
Que fit Dieu le 8ème juillet ? Ah bah il a mis au monde les mécréants pour que Jonas puisse s'en occuper !
- Speaker #0
Encore mieux, il ferma sa gueule. Tome 4, page 23. Et derrière, Lean, un personnage très intéressant qui rajoute Et le 9ème, il écouta sa femme Allez, une dernière ! Quand on construit sur la merde...
- Speaker #2
Ah bah c'est dans le dernier celui-là en plus.
- Speaker #0
Pas tout à fait, c'est dans le tome 6, à la fin du tome 600, page 30. Oui, il y a de l'esprit, on est dedans. Quand on construit sur la merde, on finit toujours par s'y enfoncer. Voilà, Ralph, Caroline, on parlait avec vous de Undertaker, un western qui est brillant, qui sort un peu de l'ordinaire en mettant en page un Undertaker, un croque-mort en français. C'est aux éditions d'Argo. On se rencontre ici à Bédéphile, à Lausanne. Dernière question débile pour finir, vous savez qu'on n'est pas loin de la place où la BD a été inventée, vous savez où a été inventée la BD ? Non, pas du tout. Genève,
- Speaker #1
un certain Rodolphe Topper. Oui,
- Speaker #0
ça oui, d'accord, ok. J'aime bien, j'aime bien finir sur un peu de suicitude. En tout cas, c'était un plaisir de vous avoir dans l'émission, merci et à très bientôt. Plaisir partagé.
- Speaker #1
Plaisir partagé, merci beaucoup. Et pour finir, la sélection de quelques albums que nous vous conseillons si vous souhaitiez vous caler une petite bande dessinée tout prochainement. On commence avec Héritage fossile.
- Speaker #2
C'est quoi cette BD ?
- Speaker #1
Année 2087. Après avoir tenté de coloniser Mars, l'humanité a identifié une autre planète, Ganymae. D'un point de vue constitution et conditions, c'est la soeur jumelle de la Terre. Cool ! C'est la planète à viser. Mais il faut 20 000 années de voyage pour l'atteindre.
- Speaker #3
Oulah, c'est loin !
- Speaker #1
Impensable, impossible, et pourtant... Un équipage est constitué et embarque à bord du vaisseau, héritage ou un nom. Le voyage est rendu possible grâce à des biostases de 25 ans.
- Speaker #3
Euh, biostases, tu m'expliques là ?
- Speaker #1
Les biostases, c'est une sorte d'hibernation entre lesquelles s'intercalent des périodes d'éveil. Et dans le cadre de ce voyage, les périodes d'éveil sont de 5 jours seulement, ce qui fait un total de 11 ans d'éveil sur toute la durée des 20 000 années de voyage. À mi-parcours, après 10 000 années donc, L'équipage développe un eczéma cosmique.
- Speaker #3
Oulala, ça sent pas bon ton truc là.
- Speaker #1
Leur cellule se pétrifie, comme s'il se fossilisait. Pierre, ça va ? Les ennuis commencent. Et très vite, les objectifs de colonisation et de survie de l'espèce semblent bien compromis.
- Speaker #3
Et voilà ! Pourtant,
- Speaker #1
le vaisseau contenait les embryons nécessaires pour donner naissance à une nouvelle civilisation. Sans spolier l'histoire, oui, une partie de l'équipage arrivera sur la planète visée. Mais à quelle fin ? Chut ! SF et anticipation. pour cette BD qui ouvre les portes du temps, de l'espace et de la survie. Une ambiance entre interstellar et la route. Un dessin qui mixe des techniques 2D et 3D pour un rendu qui colle bien à l'ambiance. Une histoire qui vous emporte et une fin à la Kubrick.
- Speaker #2
Vraiment une très bonne BD.
- Speaker #1
Héritage fossile, c'est un ovni de Philippe Vallette aux éditions Telcourt. On continue avec Revoir comme Anche. C'est qui ? Red Dust, c'est le nom de ce vieil homme qui essaie d'oublier son passé.
- Speaker #3
Oh le vieux !
- Speaker #1
Il vit maintenant à l'écart. en attendant la fin. Pauvre papy ! Mais une jeune femme va venir bouleverser sa vie. Et surtout, lui imposer un voyage vers le passé, pour en voir cette femme qu'il n'a jamais oubliée, Comanche. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire originelle à laquelle cette BD est liée, Comanche, c'est une héroïne mythique. Une femme qu'on en fait peu dans les westerns. Une propriétaire terrienne qui, après avoir hérité d'un ranch, a tout fait pour garder ses terres dans leur respect des traditions, et notamment celles des Indiens. Et Red Dust a passé l'essentiel de sa vie sur le ranch. Fidèle serviteur, compagnon d'armes, admirateur et secrètement amoureux de Comanche.
- Speaker #3
J'étais amoureux le pépé.
- Speaker #1
Mais ça, c'était il y a bien longtemps. Il n'a jamais revu Comanche et le voici pour un voyage vers le passé. Un voyage emprunt de nostalgie et de mélancolie. Accompagné d'une jeune femme qui lui rappelle toute sa vie d'antan.
- Speaker #3
Je vais verser ma petite dame là.
- Speaker #1
Retour sur le film d'une vie qu'on ne peut refaire mais qu'on peut regarder. à l'infini.
- Speaker #3
Oh, c'est beau ça !
- Speaker #1
Voici un album magnifique qui rend hommage à une série mythique. Et pas besoin d'avoir lu Comanche pour se laisser remporter par un scénario qui est une ode au temps qui passe, au souvenir qui reste et à la vie qui s'enfuit. Un dessin aiguisé et panoramique de toute beauté et même une playlist sur mesure pour lire l'album en musique. Cool ! Revoir Comanche, c'est de Romain Renard aux éditions Le Lombard. Et on finit avec une BD suisse. Helvetius.
- Speaker #2
Ça parle de quoi ?
- Speaker #1
L'histoire commence en moins 59 avant Jésus-Christ.
- Speaker #3
Oula, on part de loin là.
- Speaker #1
Sur une scène assez violente de Jules César, qui fait un cauchemar au cours duquel il viole sa propre mère.
- Speaker #3
Hein ? T'arrêtes lui.
- Speaker #1
À cette période de l'histoire, les germains et les helvètes s'affrontent au centre de l'actuel plateau suisse. César, lui, doit composer avec le peuple et le Sénat. Entouré de Crassus, l'homme le plus riche, et de Pompée, le plus grand général, César n'a qu'une envie, conforter son pouvoir et la domination de Rome. Vini, vidi, vici. Et pendant ce temps... les germains affrontent et gagnent du terrain sur les séquanes dans le Jura. Leur objectif, faire tomber les helvètes pour à terme régner sur des terres que même les romains n'osent pas pénétrer,
- Speaker #3
la Gaule. C'est astérisque, c'est un truc.
- Speaker #1
Mais les helvètes s'associent aux éduants, résidents de l'actuelle Bourgogne. Ils veulent avec leur soutien récupérer les séquanes et créer une alliance de trois rois pour le bien et l'autonomie de leur peuple.
- Speaker #2
Je comprends rien.
- Speaker #1
Les helvètes en seraient les leaders pour qu'un jour nouveau se lève sur les pays celtes. Mais tout ne va pas fonctionner comme prévu et les Helvètes n'auront plus qu'une solution. L'exil. Voici en BD l'histoire de la migration des Helvètes, son impact sur la Rome antique, sur le devenir des peuples celtes et avec ses conséquences qui auront façonné le monde d'aujourd'hui. Histoire suisse, stratégie coloniale, peuple dominant et dominé, voici l'histoire brute qui rappelle ô combien la Suisse est un pays à part dont l'héritage doit beaucoup à de petits peuples vaillants qui se sont ardemment défendus au cœur d'une Europe tiraillée entre des géants. Helvetius, c'est une BD de Dominique Ziegler, avec au dessin Carlos Moran et Vincenzo Giordano. C'est aux éditions Paquet. Voilà, voilà. Alors, bonne lecture. Et comme on dit dans l'émission, les bulles, il n'y en a pas que dans le champagne, mais aussi plein les BD. Et le 9e art, lui, se consomme sans modération. Alors, soyez débules. Complètement débules.
- Speaker #4
On dirait qu'il te manque une case. Débules. Il te manque une case. Complètement débules.