Speaker #0Bienvenue dans les minutes du crime une série d'épisodes hebdomadaires qui font partie du podcast Contre-enquête. Aujourd'hui, nous allons nous intéresser à l'affaire Wayne Williams, un homme qui a été soupçonné du meurtre de plus d'une vingtaine d'enfants et de jeunes hommes. Nous allons voir comment la police a mené son enquête et comment il a finalement été arrêté et condamné. À la fin des années 70, Atlanta est une ville en pleine mutation. Après des décennies de ségrégation raciale et de tensions sociales, elle s'efforce de se réinventer comme un centre de commerce et de culture dynamique du Sud. Mais la croissance urbaine rapide s'accompagne d'une augmentation des disparités sociales, les quartiers riches et les zones déshéritées coexistent, créant une mosaïque de contrastes frappants. Cette dualité renforce le sentiment de division au sein même de la communauté de la ville. La pauvreté, le chômage et la criminalité sont des problèmes omniprésents qui exacerbent les inégalités et alimentent la méfiance envers les autorités. C'est dans ce climat déjà tendu que commencent les premières disparitions. En juillet 1979, la première victime, Edward Hope Smith, disparaît après avoir quitté un terrain de basketball. Son corps est retrouvé des semaines plus tard, marquant ainsi le début d'une série d'événements tragiques. Leurs corps sont retrouvés dans des bois, dans des terrains vagues ou même dans des rivières, souvent des semaines après leur disparition. La plupart portent des signes d'étranglement évident, mais les preuves matérielles manquent cruellement pour les événements. Pour les policiers. En 1980, la situation est devenue tellement critique et le nombre de disparitions a tellement augmenté que la police d'Atlanta débordée a fait appel au FBI pour obtenir de l'aide. Une unité spéciale a été créée pour enquêter sur les meurtres, mais malgré les efforts conjugués des autorités locales et fédérales, les pistes restent minces. Une découverte importante va alors aiguiller l'enquête dans la bonne direction. Les enquêteurs découvrent en effet une fibre synthétique inhabituelle sur les vêtements de certaines victimes. Cette fibre, différente de celle couramment utilisée dans la fabrication des tapis, des couvertures ou des vêtements, pourrait être un indice crucial, mais sans comparaison possible avec d'autres fibres découvertes chez un suspect, cet élément est pour l'instant inutile. En février 1981, la presse révèle l'existence de cette fibre synthétique, ce qui pousse le tueur à changer de méthode. Les nouvelles victimes sont désormais retrouvées immergées dans des cours d'eau, rendant plus difficile la récupération des preuves matérielles. Les meurtres continuent et la peur se propage de plus en plus à travers la ville. Les parents sont terrifiés et ils ne laissent plus leurs enfants sortir seuls. Le 22 mai 1981, un élément décisif se produit. Aux premières heures du matin, une patrouille de police surveille les abords de la rivière Chatauchi, un lieu où plusieurs corps ont déjà été retrouvés. Les policiers entendent un bruit suspect provenant du pont James Jackson et en s'approchant, ils découvrent un homme, Wayne Williams, un jeune organisateur de concert, en train de quitter les lieux précipitamment. Williams est interpellé et interrogé sur place, mais il est relâché faute de preuves immédiates. Deux jours plus tard, le corps de Nathaniel Carter, 27 ans, est retrouvé dans la rivière non loin de l'endroit où Williams avait été aperçu. Cette découverte relance l'enquête et Williams devient un suspect de tout premier plan. Il est arrêté le 21 juin 1981. Lors de leur enquête, les policiers découvrent dans la voiture et la maison de Williams des fibres de tissu similaires à celles retrouvées sur les premières victimes. Cet élément établit un lien crucial entre Williams et les meurtres. Les enquêteurs retracent la fibre jusqu'à une usine de Dalton, en Géorgie, qui a produit un tapis contenant cette fibre spécifique. L'analyse approfondie révèle que seulement quelques milliers de mètres carrés de ce tapis ont été fabriqués et la probabilité de trouver cette fibre ailleurs est donc extrêmement faible. Les preuves s'accumulent contre Williams, mais les autorités décident d'obtenir le maximum d'éléments contre lui. L'analyse des fibres synthétiques, qui a déjà joué un rôle essentiel dans son identification, est devenue la pierre angulaire de l'enquête. Parallèlement à cela, la police interroge des témoins, analyse les déplacements de Williams et il découvre qu'il avait été vu à proximité des lieux où plusieurs victimes ont disparu. Les déclarations de témoins oculaires et des relevés téléphoniques montrent également que Williams avait contacté certaines des victimes avant leur disparition. Tout ceci constitue un faisceau d'éléments qui contribue à renforcer le dossier contre lui. L'affaire a bien entendu pris une tournure médiatique importante. La pression publique et la couverture médiatique poussent les autorités à agir avec diligence. Wayne est inculpé pour les meurtres de deux des victimes, Nathaniel Carter et Jimmy Ray Payne. Le procès s'ouvre en janvier 1982 et il attire l'attention de la presse nationale et internationale. Les procureurs présentent évidemment en preuve les fibres comme étant un lien déterminant entre Williams et ses victimes. La rareté de ces fibres synthétiques retrouvées à la fois sur les corps des victimes et dans le domicile et la voiture de Williams sont évidemment un élément clé pour la poursuite. La défense de Williams, quant à elle, tente de semer le doute sur la fiabilité des preuves matérielles, mais aussi sur les méthodes des enquêteurs. Ils avancent que les fibres pourraient très bien provenir d'autres sources et critiquent la manière dont l'enquête a été menée. Cette enquête, d'ailleurs, ne s'est pas limitée aux deux seuls meurtres pour lesquels Williams est jugé. Elle s'est étendue à d'autres disparitions et des meurtres similaires survenus à Atlanta entre 1979 et 1981. Bien que Williams ne soit officiellement jugé que pour deux meurtres, les autorités espèrent que sa condamnation mettra fin à la série de crimes et apaisera les craintes de la communauté. Après des semaines de délibérations intenses et de témoignages détaillés, le verdict tombe le 27 février 1982. Wayne Williams est reconnu coupable des meurtres de Nathaniel Carter et Jimmy Ray Payne. La condamnation repose largement sur les preuves matérielles, notamment les fibres synthétiques, ainsi que les témoignages des experts qui ont mis en évidence la correspondance de ces fibres et celles découvertes sur les corps des victimes. Wayne Williams est condamné à deux peines consécutives de réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Les réactions aux verdicts sont partagées. Pour certains, la condamnation de Williams représente une victoire de la justice et la fin du cauchemar pour Atlanta. Mais pour d'autres, des doutes subsistent quant à la culpabilité de Wayne pour tous les meurtres. Le cas de Wayne Williams continue pendant des années de susciter des débats et des controverses. Bien que condamné, il clame encore et encore son innocence et affirme qu'il a été victime d'une erreur judiciaire. Ses avocats et plusieurs défenseurs des droits civiques continuent de lutter pour la réouverture du dossier, espérant obtenir une révision du procès et la découverte de nouveaux éléments prouvant son innocence. En 2005, le chef de la police a ordonné la réouverture des enquêtes sur les meurtres de quatre garçons attribués à Williams, évoquant des doutes sur sa culpabilité dans ses nouveaux dossiers. Des tests d'ADN effectués des décennies plus tard ont en effet mis en évidence la présence d'une séquence d'ADN mitochondriale qui correspondrait à celle de Williams sur les corps de certaines victimes, bien que ces résultats ne soient pas totalement concluants. La série de meurtres qui est survenue à Atlanta entre 1979 et 1981 a profondément marqué la population et la condamnation de Williams a apporté un certain soulagement aux familles des victimes et à la communauté. Williams a maintenu son innocence, affirmant que les autorités d'Atlanta avaient dissimulé des preuves impliquant le Ku Klux Klan pour éviter une guerre raciale. Le cas Wayne Williams continue de diviser l'opinion publique locale, certains étant encore convaincus qu'il n'a pas commis tous les crimes qui lui sont imputés. Un fait reste pourtant clair, les meurtres ont cessé après son arrestation. C'était les minutes du crime. Avant de vous laisser, je voudrais partager avec vous un message. Si vous aimez Contre-Enquête, alors je suis sûr que vous aimerez le podcast Crime Oublié de Camille Debreuil. Chaque vendredi, plongez avec elle dans l'histoire avec un grand H et explorez les mystères oubliés des affaires criminelles méconnues avant l'avènement de l'ADN et des nouvelles technologies. Dans Crimes oubliés, découvrez avec Camille des secrets enfouis depuis des centaines d'années dans les archives. Pour les passionnés de crimes et d'histoire, ne manquez pas ce rendez-vous incontournable. Le lien vers le podcast de Camille Debreuil se trouve dans la description de cet épisode. Je vous le recommande chaudement. Bonne écoute.