- Speaker #0
Luc Levaillant, bonsoir. Bonsoir, chers amis. Je suis très heureux de vous recevoir. Mais c'est une incongruité. Un journaliste de Libération sur le Figaro Télé.
- Speaker #1
Ça, je l'ai jamais vu.
- Speaker #0
C'est limite. C'est limite scandaleux. Vous êtes le portraitiste de Libé depuis... Depuis quand ?
- Speaker #1
Voilà, depuis 95, depuis 30 ans.
- Speaker #0
30 ans ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
un recueil de vos portraits, mais aussi de vos éditos ou chroniques.
- Speaker #1
Chroniques, oui. J'ai une chronique par semaine, tous les mardis. Et effectivement, on avait fait avec Arnaud un premier recueil de mes portraits d'une actrice, de mannequin qui s'appelait La vie rêvée des filles, il y a une dizaine d'années. Et là, il en a assisté, parce qu'à chaque fois, il fait pareil. Il vient avec, il a déjà fait le livre, en fait, il a fait le recueil des chroniques qui lui plaisaient. Et puis, j'ai quand même un peu la... repris la main, il ne faut pas exagérer.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que ce n'est pas finalement un hasard si vous êtes là, parce que vous aimez bien déranger Libération. Vous êtes un peu celui qui a une parole, je ne sais pas, plus libre ou en tout cas différente des autres, parfois un peu à contre-courant dans le journal.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Ça ne veut pas dire que vous êtes de droite, loin de ça.
- Speaker #1
Voilà, c'est un débat récurrent. Qui est à gauche, qui n'est pas, ce qui n'est pas très grave. Je pense que je suis progressiste et... Et j'ai quelques querelles avec des progressistes de mes amis qui n'ont pas forcément toujours la notion du progrès, c'est ainsi.
- Speaker #0
Voilà, c'est ça. Mais on va en parler. Mais est-ce que le but de vos chroniques et de vos portraits depuis toujours, c'est de déranger ?
- Speaker #1
Est-ce que c'est le but ? Les portraits, pas forcément. Parce qu'il y a quand même une obligation de... Comment dire ? Le portraitisé gagne toujours à la fin. Il faut, même si c'est un point de vue, même si c'est un regard, même si on s'empoigne parfois avec lui ou avec elle.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez été parfois très dur avec des gens ?
- Speaker #1
Je ne suis pas certain, mais parfois on ne se rend pas compte non plus. Et les gens prennent très mal des choses qui sont tout à fait pénibles. Mais après, je pense aussi que je porte l'ensemble de la rubrique qui parfois peut être véhémente. Philippe Lançon, Marie-Dominique Leliet.
- Speaker #0
Que je vais recevoir, Marie-Dominique, je vais la recevoir dans quelques semaines pour sa biographie de Sagan.
- Speaker #1
Voilà, donc il y a eu aussi, il y a des bons...
- Speaker #0
Ah oui, oui, elle est... C'est une vipère, Marie-Dominique, c'est une vipère.
- Speaker #1
Elle est devenue beaucoup plus gentille avec le temps, c'est dommage, c'est dommage.
- Speaker #0
Alors, j'aimerais bien vous faire lire la page 10, qui donne un peu le ton, parce que c'est quand on rassemble ces textes sur des années et des années... Eh bien, ça prend un sens différent quand c'est un livre que quand c'est un journal. Et finalement, vous avez, en faisant ce livre, un peu aussi parlé de vous-même.
- Speaker #1
C'est vrai, parce que là, surtout, c'est un recueil principalement de mes chroniques, qui sont plus un portrait de mes idées, en fait. Il y a aussi quelques portraits, mais c'est surtout mes idées et mes convictions. Et donc, j'écris « La névrose journalistique entretient l'illusion que les rotatifs tourneront sans cesse. » et que les publications en ligne encombreront la bande passante à l'infini. C'est faux, et c'est pourquoi ceci est un arrêt buffet dans la salle de mes pas perdus et une saisie sur le salaire de mes peurs. Ceci est un récit personnel biaisé par l'actualité et un mémorandum avant dépôt des armes et des stylos. Ceci est un lègue aux générations futures, et tant pis si elles s'en contrefouillent. Ceci est une manière de testament, dont j'espère ne pas être le seul et unique héritier, à qui on en fera lecture.
- Speaker #0
Oui, et le recueil de chroniques est un genre littéraire. C'est-à-dire que j'imagine que vous avez lu les recueils de chroniques d'Alexandre Vialat, par exemple, ou de Bernard Franck, ou d'autres, je ne sais pas.
- Speaker #1
Bernard Franck, plus que...
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #1
C'est dans le matin.
- Speaker #0
Oui, mais c'est une chose de le lire dans le matin, c'est une autre chose de le lire quand on les rassemble dans un livre, vous voyez ? Oui,
- Speaker #1
oui, je vois bien, mais c'est vrai que... Est-ce que j'ai lu Bernard Franck en... Pas certain, pas certain.
- Speaker #0
Et vous n'avez pas senti que l'objet livre transformait vos chroniques ? Parce qu'il y en a qui n'ont pas survécu, que vous n'avez pas choisi, que vous n'avez pas retenu.
- Speaker #1
C'est vrai que j'ai essayé de thématiser un peu ce qui est ma logique un peu plus rationnelle, alors qu'Arnaud, mon éditeur... Je dis le Guern, vous avez remarqué, non pas le Guern. Mais je sais,
- Speaker #0
parce que vous êtes breton.
- Speaker #1
C'est la Bretagne du bout du monde.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Mais il était beaucoup plus jazz dans sa façon de faire. Et moi, j'ai une sorte de pesanteur un peu idéologique, sans doute. Et je voulais mettre mes différents thèmes et faire mon programme commun à moi tout seul. Oui.
- Speaker #0
Moi, j'adore les recueils de chroniques et c'est pour ça que je vous invite, parce que je trouve que ce qui est intéressant, c'est de voir ce qui survit à l'actualité. Et finalement, ce qui survit, ce sont justement vos théories, vos digressions, parfois des opinions provocatrices. Des bêtises aussi. Des bêtises, je n'en ai pas trouvé beaucoup.
- Speaker #1
Mais je n'ai pas peur de les affirmer.
- Speaker #0
Mais c'est dangereux en même temps, parce que ce qui est dangereux, ce qui va... Dans un quotidien, ça dure 24 heures. Là, maintenant, les gens vont voir éternellement ce que vous pensiez, par exemple, au moment des attentats de 2015, ou bien sur le mouvement MeToo, des choses comme ça. Maintenant, elles sont noires sur blanc, sur du papier, reliées dans un livre. Il traversera le temps.
- Speaker #1
C'est juste, c'est juste. Mais oui, je pense que le journalisme permet de ne pas être... C'est une névrose assez agréable parce qu'on ne pense qu'au papier suivant. Et on oublie totalement, on n'a aucune notion de l'œuvre, on n'a aucune notion de l'éternité. On est dans un éternel présent et je pense que c'est ce qui permet d'avancer et d'oublier la mort qui vient.
- Speaker #0
Vous avez reçu le prix Albert Londres en 1998. Je ne sais pas si tout le monde est au courant, mais pourtant vous n'êtes pas reporter de guerre.
- Speaker #1
Pas du tout. Mon pacifisme qui était soumis à quelques problématiques ces temps-ci. Le prix Albert Londres, à l'époque, c'était une époque un peu bénie où l'ensemble des genres journalistiques étaient autorisés. Albert Londres, qui est un grand reporter, on était une phase de... pas de fin de l'histoire, mais un peu. On était après, avant 2001, et après... Après la chute du mur. Après la chute du mur. On était entre les deux. Et je pense que le prix Albert-London avait aussi une volonté de, non pas de légèreté, mais de s'ouvrir à l'ensemble des genres journalistiques. Et c'est pour ça que ça a été pour différents portraits, Jane Birkin, je crois, David Douillet. Et après 2001, on est revenu, le prix Albert-London est revenu aux reporteurs de guerre.
- Speaker #0
Non mais vous êtes trop humble parce que... Pour tout, il semblait que si j'avais une période de folie, il m'en fallait pour donner ça. Mais non, c'est très bien qu'on couronne aussi la légèreté. Oui,
- Speaker #1
mais ils ont du mal. Et c'est normal.
- Speaker #0
L'actualité ne les aide pas.
- Speaker #1
Les reporters de guerre, ce n'est pas simple. Bien sûr. Mais je n'ai jamais eu envie de suivre ces traces-là. Ce n'est pas du tout mon univers. Après, il y a du grand reportage dans la tête des gens. Un portrait, c'est ça. On se met dans la tête de Frédéric Bébé, puis on traîne dedans, on s'installe, on ne s'installe pas.
- Speaker #0
J'ai eu le droit d'ailleurs à mon portrait. Voilà,
- Speaker #1
vous aviez le pantalon trempé parce qu'il pleuvait. Et vous étiez en mobilette à Bayonne, et vous êtes revenu avec un pantalon neuf qui vous allait comme un gant. Bravo, bravo.
- Speaker #0
Mais vous vous définissez comme social-libertaire. C'est quoi un social libertaire en 2025 ? Il n'y a plus que vous ? Vous êtes le dernier.
- Speaker #1
Oui, j'en ai peur. Alors, libération a généré des libéraux libertaires. Serge Ulysse est un libéral en matière économique et un libertaire en matière de mœurs. Moi, je me définis comme social en matière économique. C'est-à-dire que je suis pour les 35 heures, je suis pour le... Oui,
- Speaker #0
le Figaro.
- Speaker #1
Le Figaro va avoir du mal. Ce passage sera coupé. Non, non, non. Non, ils vont y venir parce qu'il faut répartir le travail. Bon, maintenant, en termes démographiques, ça change un peu. Mais voilà, je suis pour...
- Speaker #0
La retraite à 60 ans.
- Speaker #1
Oui, pour ceux qui le souhaitent. Et ça, c'est mon côté libertaire qui arrive. Et donc, en matière de mœurs, je suis... Mais je suis totalement libertaire. C'est-à-dire que je pense que je suis pour le droit de mourir. là on va discuter avec Eugénie Bastier et autres. Je suis pour la légalisation de toutes les drogues, parce que j'en ai marre de voir des failles partout, on perd notre temps. Il faut garantir la qualité, garantir les gens qui veulent arrêter, avoir de l'argent pour leur permettre d'arrêter. Oui, oui,
- Speaker #0
c'est très important.
- Speaker #1
De sécurité, mais c'est une incongruité totale que les gens...
- Speaker #0
D'autres pays l'ont fait d'ailleurs.
- Speaker #1
Oui, ça c'est majeur. Sur la prostitution, je suis pour que les travailleurs du sexe volontaire, et les flics ont garanti la volonté, ce qui n'est pas simple, je l'admets, puissent exercer ce métier. Je suis pour la GPA, la PMA, celle de Jérôme Bardumano-Fierro. Mais je suis pour que l'ensemble des libertés, sans parler de la liberté d'expression, qui est quand même la chose majeure, que tout ça s'exerce. Donc, Voilà, c'est un mélange de ces deux choses. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on est sur la liberté.
- Speaker #0
Oui, c'est assez bizarre. C'est qu'au fond, vous, vous êtes resté 68 ans, alors que le journal où vous travaillez, ou bien la gauche, dans son sens, elle est plus vertueuse, plus moralisatrice.
- Speaker #1
Je dis même plus puritaine. Elle les énerve. Oui, oui.
- Speaker #0
Et pourquoi la gauche est devenue si puritaine ? Pourquoi ? Comment vous expliquez ça ? Est-ce que c'est l'ère du temps à l'américaine ? Je ne sais pas.
- Speaker #1
Je pense que c'est pas les Français. Moi, j'ai vécu avec des figures de la transgression que j'adore toujours. Là, on vit, les héros sont les victimes aujourd'hui. Et c'est logique. Je pense qu'on ne les a pas entendus. On n'a pas prêté l'oreille à ces plaintes. légitime pour beaucoup. Mais aujourd'hui, ça prend une telle ampleur que je trouve qu'on régresse. On a peur de tout, de tout le monde. On dramatise des événements du passé dont on ne sait pas forcément ce qu'ils sont. Et surtout, on ne passe pas à autre chose. On est l'hypernésie du moment et pathologique. tout devient drame. La sexualité devient un drame à tous les niveaux. Et ce n'est pas possible. Je pense qu'on ne peut pas vivre avec autant de peur, autant de ressentiment. Il faut être capable d'avancer là-dessus. Et je pense que la gauche, qui a toujours eu le souci des plus faibles, aujourd'hui les idéalise au lieu de les emporter dans un projet commun ou dans une... ou dans une envie commune, et là chacun se recroqueville sur son nombril avec une sorte de pathos général. Et c'est assez nocif, je pense, pour...
- Speaker #0
Pour nos libertés, pour la...
- Speaker #1
Et puis pour la vie en commun. On ne peut pas vivre en commun en se méfiant les uns des autres, en ayant des procès à instruire dont on ne connaît pas les tenants et aboutissants. Et la gauche qui, effectivement, a toujours eu le souci des faibles et des plus petits.
- Speaker #0
Peut-être qu'elle les enferme dans cette souffrance au lieu de les aider à s'émanciper.
- Speaker #1
Voilà, ça naît dans une logique identitaire. Chacun revient à soi, à ses romans et ses compréhensibles. Mais on ne peut pas, il faut les dépasser. On va en mode.
- Speaker #0
C'est assez amusant parce que vous venez de la voile. Vous êtes... Vous racontez dans le livre que vous avez appris très jeune sur un optimiste et puis après vous avez progressé et tout ça. Et c'est parce que vous êtes breton. Y a-t-il un rapport entre la voile et le journalisme ? Parce qu'à un moment, vous parlez de remonter contre le vent.
- Speaker #1
Ah oui, ça c'était ma qualité. J'étais meilleur contre le vent qu'avec le vent. Je me laisse moins porter que je ne m'oppose. Et bien voilà,
- Speaker #0
c'est votre style.
- Speaker #1
Je suis un contralite.
- Speaker #0
On appelle ça border, c'est ça ? tirer des bords, tirer des bords,
- Speaker #1
tirer des bordées aussi. On est chez la Pérouse ici. C'est quand même un grand explorateur. Et voilà, je suis très honoré. Mais est-ce que... Oui, j'ai fait ça. C'était à la fois du sport. J'aime la compétition. J'aime gagner. Je ne suis pas un marin du large. Je n'ai pas fait de transatlantique. Je suis un régatier. J'aime la bagarre. Voilà. J'aime gagner, j'aime le sport et je me reprends au port tous les soirs. Oui,
- Speaker #0
d'accord.
- Speaker #1
Mais je m'ennuie un peu en haut de mer, même si les marins m'ont beaucoup fasciné. Bernard Moitessier est un de mes muraux, la longue route, le barbu qui avait refusé de revenir vers l'Occident pour ne pas perdre son âme. Oui,
- Speaker #0
et puis qui était un grand sage.
- Speaker #1
Oui, qui était aussi un écolo de l'époque. il économisait tout et c'était des poteaux télégraphiques qui faisaient ses mains et tout.
- Speaker #0
Une autre pensée qui traverse votre livre constamment, c'est cette idée que peut-être la littérature ou le journalisme ne sont pas là pour dire le bien, forcément. Peut-être plus pour décrire la réalité, qu'elle soit bien ou mal, mais pas cette idée de bienveillance, de nous rendre meilleurs. Bon, qui est une idée, oui, c'est vrai, très belle, qui est aussi une idée qui a fait des millions de morts. et Et là, c'est le journaliste du Figaro qui vous parle. Mais c'est vrai que ce problème de confusion entre l'art et le bien est un problème aujourd'hui quotidien.
- Speaker #1
Il y a une chronique sur Picasso. Mais il y a tout le licençon d'art. Et l'art n'est pas là pour être édifiant. Enfin, il n'est pas là. S'il veut être édifiant, qu'il soit édifiant, mais qu'il laisse les contradicteurs ou les mauvais esprits. ou y aller de leur... Oui, le... Comment dire ? La littérature, mais la peinture, ne doit pas être là. Pour faire, on ne va pas repeindre des saintes en majesté. On va s'ennuyer. On va s'ennuyer. On s'ennuie beaucoup. Après, il y a toujours eu cette lutte des ligues de vertu. Les ligues de vertu de tous ordres. Quelles soient de droite ou de gauche. mais oui le trumpisme et le wokisme sont les deux on a du stress il y a une censure de droite et une censure de gauche regardez la censure de gauche qui est applaudie après c'est les sensitivity leaders dans les maisons d'édition les coachs d'intimité sur les plateaux de cinéma la censure de Bastien Vivès c'est ahurissant je ne comprends pas qu'on en soit rendu là et que personne ne se rende compte qu'à gauche, on est devenu plus censeur qu'à droite.
- Speaker #0
Est-ce que ce n'est pas aussi un problème de génération ? On est obligé de réexpliquer constamment qu'est-ce que l'art, qu'est-ce que la littérature, qui est la question de Jean-Paul Sartre, et on est sans arrêt... obligé de redire ben non, c'est pas là pour vous rendre meilleur vous faire progresser, la littérature n'est pas un antidépresseur ou n'est pas là pour vous soigner vos plaies, vos bobos est-ce que, tout simplement c'est pas un problème de pédagogie du coup c'est votre rôle,
- Speaker #1
vous faites de la pédagogie dans ce livre oui mais je fais de la pédagogie en m'opposant ou en me moquant qui est mais je je me suis Je ne vais pas me dire, c'est ça que ça doit être. Je suis plutôt là pour me moquer des...
- Speaker #0
Des censeurs.
- Speaker #1
Des censeurs du moment. C'est vrai que, regardez sur ces couches d'intimité sur les plateaux de cinéma. Est-ce qu'il y a des... Alors, je suis très étonné comment la violence... La représentation de la violence peut se répandre où on veut. Il y a un mort tous les trois minutes dans la moindre série télévisée. Et dès qu'il y a un bout de sein maintenant qui apparaît, il faut qu'il y ait un coach d'intimité qui avant ait prévenu le... J'ai l'impression qu'il est plus grave que la sexualité est devenue plus problématique que la violence, que le meurtre. Oui, oui. Donc c'est... Merci.
- Speaker #0
Oui c'est bizarre, mais expliquez votre chronique sur Picasso, parce que vous dites quelque chose d'assez fort sur lui, parce qu'il était un sale type, qu'il a été salaud avec les femmes, j'en sais rien.
- Speaker #1
Mais on ne va pas quand même le mettre sous l'été noir pour ça. On va continuer à le laisser. On peut aimer, détester, mais c'est comme Bastien Villesse dans un autre genre. Il est ahurissant qu'il a fait un dessin grotesque de petite... de Paul avec une bite énorme. C'est un gamin de 7-8 ans. Il y a du grotesque. Ce n'est pas le réel. C'est de la provoque. C'est du dessin, c'est de la représentation. Et qu'il se retrouve à devoir se défendre dans un procès.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Qu'il a gagné, mais...
- Speaker #0
Oui, mais sa vie a été détruite, sa carrière fortement sachée.
- Speaker #1
Et les militants, ils lui courent après.
- Speaker #0
Partout, des manifs. Je lis cette phrase qui est de vous, qui est à propos de Gainsbourg. Il s'agit d'interroger ce moment d'une société, la nôtre, où la distinction entre l'œuvre et l'auteur devient impossible et où des brigades moralisantes vont bientôt faire office de comités de censure. Pourquoi veut-on que les artistes soient des gens bien ? Les artistes, ça a toujours été des gens bizarres, des gens différents.
- Speaker #1
Je pense qu'il y a eu une phase, il y a peu de temps, où il y avait toute licence en art, justement, et où les artistes en ont bien profité, et tant mieux, et où on était ravis. Et je pense que là, on est dans une phase de réaction, qui est quelque chose de cyclique, mais qui est quand même... ennuyeuse pour le pays.
- Speaker #0
Et pour la qualité des œuvres.
- Speaker #1
Pour la qualité des œuvres, je ne sais pas. Je reste prudent là-dessus. Parce que parfois, la censure produit de... Le Cone AIDS aux États-Unis a produit des bons films. Parfois, le fait de devoir tourner les interdits est assez... Mais bon, après, on ne va pas interdire les...
- Speaker #0
Mais je dois dire, Moi, si j'écris ça, que la distinction entre l'œuvre et l'auteur devient impossible, des brigades moralisantes viennent faire office de comité. Si moi, j'écris ça dans le Figaro Magazine, je n'ai aucun problème. Vous, dans l'Ibé, c'est plus courageux. Et vous n'avez pas de, comment dire, des problèmes.
- Speaker #1
C'est une conférence de rédaction, mais ça sert à ça. C'est normal. Il est normal que les gens, à l'Ibé, ne soient pas d'accord avec moi. Et souvent, ils ne sont pas d'accord. Quand je fais Emmanuel Seignet, le portrait d'Emmanuel Seignet, Ah oui, Femme du Diable, que je vais manger avec la Femme du Diable. Il y a un drame le lendemain ou sur le lendemain au comité et on s'engueule. Mais ça fait partie de la culture de libération aussi où on s'engueule. Après, la répétition parfois peut devenir fatigante et de temps en temps, je dis je ne viens plus. Voilà, la rédaction en chef. de ce journal aussi, doit soutenir ce qu'elle a publié. Au bout d'un moment, il faut aussi que... Et si le droit à la contestation de ce que je fais est possible, je veux pouvoir aussi contester ce que font les autres et je veux que la direction qui a publié, qui m'a publié, assume. Et voilà. Dans ce cas-là...
- Speaker #0
Pour l'instant, vous n'êtes toujours pas viré.
- Speaker #1
Pour l'instant, je ne suis pas viré. Je suis trop vieux pour être viré. C'est trop cher. Et donc, on va attendre un peu.
- Speaker #0
Parfois, dans vos portraits d'actrices, on a l'impression que vous draguez un peu votre sujet. Alors, je voulais savoir, est-il arrivé que cela aboutisse ?
- Speaker #1
Jamais. Malheureusement.
- Speaker #0
Le journaliste n'a aucun pouvoir.
- Speaker #1
Mais c'est ce que certains de mes amis appelaient mes papiers hormonaux. Mais c'était vrai. Après, les hormones évoluent avec le temps. Oui,
- Speaker #0
se calment.
- Speaker #1
Se calment, ou du moins... Mais c'est de la séduction de papier. Je suis un donjouin ou un casanova de papier, et ça va pas beaucoup plus loin.
- Speaker #0
Un amoureux virtuel. Mais c'est vrai que ça rend les papiers plus savoureux. Il y a du désir. Il y a du désir, voilà.
- Speaker #1
Il y a du désir, et parfois du désir déçu. Parfois, on est fasciné par telle ou telle actrice ou acteur. Et on s'ennuie et on revient un peu flappé. Mais après aussi, c'est des moments de comédie. C'est de la légèreté qu'on met en scène. On dramatise des choses. Il y a 40 pages dans un journal. Il y en a beaucoup plus, mais l'eBay, il y a une quarantaine de pages. Et c'est la mort, le drame. Le désastre pendant 39 pages. Et la dernière page, on peut un peu se laisser aller.
- Speaker #0
On peut fantasmer.
- Speaker #1
Voilà, et tout n'est pas dramatique, tout n'est pas grave. Et de temps en temps, il faut que les gens aussi rencontrent quelqu'un de sympathique et s'amusent, qui ait des goûts, des couleurs, à manger, à boire, un peu aussi de désir. Oui.
- Speaker #0
C'était la tradition d'ailleurs de Libé, le Libé de la grande époque qu'on aimait, avec Alain Pacadis par exemple, qui rappelait ses turpitudes dans les boîtes de nuit, ou Éric Dahan. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai.
- Speaker #0
Il y avait beaucoup de libertaires à une époque, et maintenant il n'y en a presque plus qu'un.
- Speaker #1
Non, non, non,
- Speaker #0
c'est pas tout. Il y a Lansin, c'est vrai, il y a Philippe Lansin.
- Speaker #1
Lansin, mais même Quentin Girard avec sa nouvelle équipe de mode de vie sur les témoignages. de f... Il y a... Ça va revenir, je suis confiant.
- Speaker #0
Vous pensez vraiment ce que vous dites dans le livre, à savoir que le wokisme a contribué à faire élire Donald Trump ?
- Speaker #1
J'exagère un peu, parce que j'exagère souvent. Oui, je pense que... Mais surtout, le problème, c'est que les États-Unis hystérisent beaucoup les comportements. Donc, c'est... Oui, les facultés, les universités ont été à la pointe d'une déconstruction amenée par les Français aériens d'avis et autres. Et qui... Voilà, la positive action, je suis perplexe. Il ne faut pas interdire. C'est tout.
- Speaker #0
Ça a créé peut-être un climat dans les médias, dans en tout cas les médias intellectuels prestigieux, qui peut-être a contribué à ce que les gens se disent « on va voter pour cet abruti juste pour leur donner une leçon » . C'est un peu ça. Et ça, c'est un risque qui peut arriver en France. C'est-à-dire qu'en France, on peut avoir le même phénomène avec l'extrême droite qui arriverait au pouvoir précisément. pour dire merde à une certaine dictature du politiquement correct. Oui, oui,
- Speaker #1
oui, mais je pense que là, effectivement, il faut qu'il y ait liberté académique dans les universités. Mais cette liberté académique doit valoir pour tout le monde. Et les enseignants ne doivent pas être tenus à faire leur mea culpa. Non, non, il faut quand même... Je ne sais pas si vous...
- Speaker #0
On sent que vous êtes embêté parce que en étant à Libé, vous êtes moins libre que moi.
- Speaker #1
Non, parce que vous vous dites que le wokisme a fait élire trop.
- Speaker #0
Je dis que le wokisme en France peut faire élire Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Ça, je le pense.
- Speaker #1
Mais je pense que c'est plutôt les limites de la gauche actuelle qui... La gauche est à 30% avec les insoumis qui vont plomber l'affaire. Donc là, on se bagarre. C'est une bagarre de petits joueurs. Jamais je n'ai vu la gauche s'y passer. Voilà, 30% insoumis compris qui vont s'empailler avec le PS de toute façon. Quoi qu'il se passe, ça ne peut pas bien se finir parce que l'évolution des insoumis fait que c'est... Oui, mais voilà, ils vont faire perdre la gauche, c'est certain. Oui,
- Speaker #0
mais dans cette histoire-là, vous, vous faites figure de résistant. Je suis désolé de vous employer des grands mots, mais dans l'endroit où vous êtes, avec votre liberté de ton, vous êtes un peu en train de...
- Speaker #1
Vous avez raison, Philippe Lanson dit la même chose, donc Charlie et Ali dans l'Ibé, les deux, même si à l'Ibé, il écrit plus sur l'art et sur la littérature que qu'il n'a une chronique un peu généraliste comme il l'a. Mais c'est vrai qu'on était sans doute plus nombreux avant. Après, c'est plus varié que vous ne le savez pas. Et je dirais que maintenant, les questions internationales qui nous structurent et qui nous font que... Malgré tout, on se réunit. Vous voyez, il y a un côté la paix maintenant et puis solution à deux étapes pour parler de Gaza. Personne n'adule les mots-là. Après, on se dit, on va la cogner sur la gueule comme ça, ça va nous retomber dessus. je pense qu'il y a c'est assez marrant de voir d'ailleurs comment les sujets majeurs d'hier qui étaient quasiment Rima Hassan et Greta Thunberg, aujourd'hui on est passé à et comment Netanyahou a eu le... talent de déplacer le jeu. C'est très étonnant de la rapidité. Donc, tout ça pour dire que Libé aussi n'est pas un monolithique. Et que ça bouge et que les gens se... Voilà, mais bon, c'est vrai que sur le féminisme,
- Speaker #0
c'est empaillé. Toujours dans le livre, moi, je ne parle que de vous dire. Par exemple, est-ce que vous pensez toujours que... Vous préférez Maywenn Lebesco à Adèle Haenel. Oui. Expliquez pourquoi. Parce que Maywenn a fait tourner Johnny Depp dans son dernier film. Adèle Haenel claque la porte des Césars et renonce même à son métier d'actrice où elle était excellente.
- Speaker #1
Ça, ça me fascine aussi. C'est un côté autodestructeur. Ou alors aussi une prise de distance.
- Speaker #0
Mais oui, après, comme actrice, je préfère Magwenn aussi. J'aime bien la réalisatrice, j'aime bien sa folie familiale. C'est assez injuste. Le propos n'est pas que politique. Mais politiquement, effectivement, je...
- Speaker #1
Vous choisirez toujours la liberté, en fait, contre l'interdiction.
- Speaker #0
Et je pense qu'il faut arrêter de mettre l'ensemble des hommes au banc, quelle que soit effectivement la difficulté. J'ai été surpris de l'importance des plaintes des femmes. J'étais surpris, je n'avais pas pris la mesure. Mais ça ne doit pas devenir systématique et le côté tous les hommes sont des violeurs est fatigant. permettre que les choses se passent bien. Je suis pour la stricte égalité entre les hommes et les femmes et je veux que les hommes, comme les femmes, aient droit au masculin traditionnel et au féminin traditionnel. C'est-à-dire que la féminisation d'une société ne doit pas supprimer l'ambition, la violence régulée, l'invention qui sont... Voilà, tout ne doit pas être d'une bienveillance attendrie, calme, alors enjormie.
- Speaker #1
Je vous cite encore, c'est une phrase de vous, et je le précise parce que je suis lâche. Il faut accepter un minimum d'agressivité et d'impulsivité dans les mœurs quotidiennes, histoire de réaliser que l'univers n'est pas gluant de bienveillance. Ça, c'est du Luc Le Vaillant. Est-ce que vous pensez qu'on devient un peu réac en vieillissant ?
- Speaker #0
Non, alors là, je pense être totalement... Moi, je suis, en trait de masculiste, je m'en fiche, je suis un masculiste genderfluide. Oui. Vous le dites souvent,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
Mais surtout, avant Me Too, je n'avais pas l'impression d'être un homme. Après, j'ai dû réfléchir, me remettre en cause, un petit peu, pas beaucoup. Je ne suis pas très repentant en grand chose. Je préfère persévérer dans l'erreur. Mais oui, il est très important qu'à la fois le féminin ait accédé dans le monde de la vie et... professionnel, mais il ne faut pas que ça, que tout le monde s'endorme.
- Speaker #1
Et quand vous dites, l'univers n'est pas gluant de bienveillance, évidemment, la réalité, elle est brutale, elle est parfois violente.
- Speaker #0
Il n'y a pas de raison que si les sociétés sont en guerre, et parfois elles le sont, et malgré tout pour de bonnes raisons, parce que, excusez-moi, contre les Mollahs et les talibans, oui, oui, il faudra peut-être, moi qui suis un pacifiste, je vais me poser des questions, c'est pas moi qui... plein de... c'est mon fils qui a... Mais il n'y a pas de raison que ma fille n'y aille pas aussi. C'est vrai. Voilà, et puis quand même, je la pousse à prendre le Krav Maga ou autre, mais je... Voilà, il faut que la vie en société, que tout le monde n'ait pas peur de l'autre, qu'on aille dans la rue et qu'on ne soit pas tous à dire, ah, il m'a regardé, ah, il m'a... Il faut se défendre, il faut se bagarrer. Et les hommes comme les femmes. Et on ne va pas...
- Speaker #1
Oui, arrêtons de... Enfin, ce n'est pas à moi de dire ça, c'est aux femmes. Mais de se présenter qu'eux comme victimes. Voilà, c'est ça qui ne va pas.
- Speaker #0
Et les hommes aussi ?
- Speaker #1
Ce n'est pas féministe, en fait. Ce n'est pas féministe. Les féministes, ce n'est pas juste la victimisation. Alors, il y a un passage... Moi, qui m'a bien plu, qui est peut-être assez scandaleux, donc du coup, je n'ai pas envie de le lire moi-même. C'est vous le lire, vous laisse le lire. Parce qu'il prédit quelque chose qui est en train d'arriver.
- Speaker #0
Aujourd'hui, oui.
- Speaker #1
Assumez vos propos, Luc.
- Speaker #0
Ah oui, c'est sur la prohibition. Alors, de temps en temps, je fais des monologues. soit d'objets comme le gilet jaune, soit de monuments comme l'Arc de Triomphe, soit de notions. Et là, c'est le monologue de la prohibition. Donc, c'est la prohibition qui parle. Donc, je suis la prohibition. Aujourd'hui, les clients sont pénalisés, mais je laisse les travailleuses du sexe continuer à recoller. Forcément, cette schizophrénie illégale fait flamber les infractions. Merci qui ? Merci la prohibition. Comme j'ai perdu tout espoir de recriminaliser l'avortement et que pour l'euthanasie ça me semble aussi mal parti, j'ai identifié un nouveau relais de croissance. Demain, je me verrai bien dénoncer les visionnages en ligne de ces affreux films X qui, selon certaines de mes copines néo-féministes, maximalise ces deux calamités que sont la culture du viol et le male gaze.
- Speaker #1
Alors là, vous avez prédit quelque chose qui est en train d'arriver. Vous êtes un prophète. Vous aviez senti qu'après l'interdiction de la prostitution, en tout cas la pénalisation des clients, en France, on viendrait à cette étape d'interdiction de la pornographie qui est en train d'arriver. Donc, par le biais du interdit aux moins de 18 ans,
- Speaker #0
Mais ce ne sont pas de l'humour avant 18 ans. Effectivement, c'était une phase d'acquisition des compétences, des connaissances et tout. Donc,
- Speaker #1
on tend dans 18 ans. Évidemment, mais c'est un mouvement qui va aller, je pense, progressivement vers... On va considérer qu'une actrice de porno, c'est comme une prostituée ou une travailleuse du sexe. Et donc, on va... probablement arriver vers des lois similaires et bannir la pornographie.
- Speaker #0
On ne dit pas qu'il n'y a pas de violence dans le tournage de certains films pornographiques. Mais c'est un peu comme la prostitution. J'admets que définir la volonté des... Mais elles sont grandes. Au final, elles sont adultes. Et donc, si elles décident de tourner des films pornographiques, elles sont... Ensuite, s'il y a des problèmes sur le tournage, la justice est là. mais Mais oui, on y est.
- Speaker #1
Et vous dites même à un moment que l'étape suivante, après, ce sera l'interdiction de l'adultère. Et là, on sera comme en Arabie Saoudite ou dans certains pays où l'adultère est interdite. C'est le cas il y a longtemps, mais ça peut...
- Speaker #0
Je pense que les religions dont nous avons peu parlé... J'essaye de traiter de la même manière l'ensemble des religions, que ce soit l'islam, que ce soit... le catholicisme, le christianisme, les évangéliques qui sont quand même gratinés. Et le judaïsme. Le judaïsme, le judaïsme,
- Speaker #1
le judaïsme,
- Speaker #0
le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme,
- Speaker #1
le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme,
- Speaker #0
le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, le judaïsme, que nous avons en soutien de Netanyahou et qui nous pose problème là donc je pense que je ne croyais pas du tout au mot de Malraux le 21ème siècle j'ai totalement tort il sera spirituel ou ne sera pas Alors, ce qui n'est pas tout à fait la même chose que religieux, mais quand même, c'est pas droit.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est vrai. Ni la métaphysique, ni la transcendance, je reste un anticlérical pavlovien.
- Speaker #1
donc là le Figaro je ne sais pas comment ça se passe c'est pas en bimallant le Figaro est vaste comme l'Ibé, c'est pareil il y a une multitude de gens mais c'est vrai que quand Nietzsche a dit que Dieu était mort il est mort oui mais provisoirement et puis il est ressuscité donc en fait Dieu est vraiment chrétien alors il y a un jeu dans cette émission, devine tes citations le vaillant, je vais vous lire des phrases de vous que vous avez écrites un peu partout Et vous devez me dire dans quel livre ou dans quel article. Dans quel article ? Oui, parce que voilà, vous avez écrit ceci. Il ne faut pas prédire trop bruyamment la fin du monde si on veut le changer. J'aime beaucoup ça.
- Speaker #0
Ça, c'est sur mes amis écolos.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Mais là aussi, alors là, franchement, je ricanais. Aujourd'hui, voilà, entre canicule et autre, je ricanais moins. Après, je suis pour le pot. pour une... Je ne suis pas décroissant, je suis pour une croissance durable. Je suis fasciné qu'on arrive à faire pleuvoir.
- Speaker #1
Oui, nous en parlait. On envoie un produit dans les nuages et il pleut. Il pleut.
- Speaker #0
Après, ça pose des problèmes de territoire stellaire. Mais voilà, je pense que le génie humain est quand même capable de... de nous résoudre ça. Donc, ça, c'est dommage.
- Speaker #1
C'est optimiste, ça. Oui,
- Speaker #0
c'est une sorte d'optimisme de gauche. Et la gauche décroissante, écolo, est devenue parfois catastrophiste.
- Speaker #1
Oui, punitive, vous dites.
- Speaker #0
Punitive, oui, je dis même ça. Mais surtout catastrophiste. C'est-à-dire, qui peut amener d'ailleurs les gens à ne plus rien faire, à tourner les pouces.
- Speaker #1
Oui, mais si vous leur dites qu'on va inventer quelque chose qui va régler le réchauffement climatique dans trois ans, On ne va plus rien faire non plus.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est vrai. Mais autant, mais oui, je suis assez prométhéen. En fait, c'est pour ça que j'aime Elon Musk. Je ne devrais pas le dire, mais ce type me fascine. Il me fascine pourquoi ? Avec ses fusées qu'il rattrape. Il les envoie, il les rattrape. Cette chose est merveilleuse. Ça, c'est du génie humain. Je ne sais pas si on ira sur Mars, mais ça me fascine. Après, le type est également fascinant.
- Speaker #1
de faux-tout.
- Speaker #0
Oui, oui, oui, oui. Et ses rapports avec Trump et tout. Voilà, mais tout ça pour dire que, oui, oui, l'écologie...
- Speaker #1
À force de prédire trop bruyamment la fin du monde, on risque de ne pas changer le monde. Autre phrase de vous. J'aurais tant aimé être une canaille. J'aurais aimé être une crapule somptueuse à qui rien ni personne ne résiste. Alors, sur qui avez-vous écrit ça ?
- Speaker #0
François-Marie Bagné. Enfin, qui est devenu... Pas un ami, mais enfin...
- Speaker #1
C'est quelqu'un de... Mais c'est intéressant,
- Speaker #0
c'est extraordinaire. qui a une vie célébrée par Aragon, sa beauté de jeune homme.
- Speaker #1
Aragon mettait du fond de teint quand il voyait Bagné, pour lui plaire, pour ne pas qu'il voit son âge.
- Speaker #0
Et il a supprimé l'héritage. Comment dire ? Il a interrogé la notion d'héritage. Pourquoi on devrait hériter ? Pourquoi ce serait la famille de sang qui devrait hériter, et non pas la famille de cœur ? Parce que Bagné est... Madame L'Oréal avait des relations d'amitié réelles. Après, il a un peu tiré sur la corde, sans doute. Il avait bon goût. Artistiquement,
- Speaker #1
oui. Il me fait la tête, François-Marie, depuis que j'ai dit sur son recueil de portraits qu'il faisait ce qu'il fait de mieux, croquer. C'était juste un mot. C'était juste un mot. Oui, oui. Oh, il est fort. Oui, mais c'est le problème des portraits, vous connaissez ça.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai. Parfois,
- Speaker #1
pour une vanne, on est fâché. une autre phrase de vous il s'agit d'interroger, ah mais je vous l'ai déjà lu alors une autre je ne suis pas spécialement laïque je suis bien pire, je suis un athée enragé, un anti-religieux féroce, un anti-clérical radical, alors ça c'est dans un papier qui a fait scandale à l'époque, parce que vous y parlez c'est celui sur les dans le chapitre mécréant absolument méchant Merci. Et là, vous racontez votre réaction dans le métro en voyant une fille voilée après l'attentat du batailleur.
- Speaker #0
Je me foutais de moi. Je me foutais de ma peur. Donc voilà, c'est pas grave. Effectivement, il y avait une fille en abaya et tout. Je voyais tous les gens qui... On était après le 13 novembre. Il n'y avait pas... Vous voyez, je me moquais d'une sorte de psychose sociale.
- Speaker #1
C'est que vous avez fait l'amalgame. Ils avaient été affreusement injustes avec cette jeune femme. Et vous êtes descendu de la rame du métro en vous disant on ne sait jamais.
- Speaker #0
Saint-Placide, Saint-Germain, la guerre des religions. Je m'étais sans scène, je me moquais de moi.
- Speaker #1
Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #0
En fait, c'est les réseaux sociaux. C'est le CCIF, c'est Marouane Mohamed qui est un frériste qui a été interdit. Maintenant, il est parti en Belgique pour... Plus quelques néo-féministes qui m'aimaient déjà beaucoup. Et qu'il y a eu une alliance des deux puritanismes pour dire libé et raciste. Parce qu'il a peur d'une femme voilée. Moi, dans la rue, elles ont le droit de se voiler. Le carnaval est tout à fait...
- Speaker #1
Vous dites même que vous êtes favorable à leur liberté, même si vous êtes anticlérical ou anti-religion.
- Speaker #0
Je ne les aime pas. Je pense que c'est les... C'est beaucoup plus réacte. Elles sont beaucoup plus réactes. C'est un signe beaucoup plus réacte que les gens du RN. Je pense que ça veut dire qu'elles sont contre l'homosexualité, contre l'anilitaire. Enfin bon, au niveau des mœurs, excusez-moi, mais ça veut dire quelque chose. Mais après, tant qu'elles ne sont pas enseignantes ou fonctionnaires, ma foi, elles s'habillent comme elles veulent.
- Speaker #1
Mais vous avez le droit de...
- Speaker #0
Et j'ai le droit de dire que je ne les aime pas. Et ensuite... Mais le sketch n'est pas vraiment sur ce que je pense. Là, c'est juste les réseaux sociaux qui se sont emballés. Et au journal, ils se sont dit, on nous traite de racistes, alors que c'est le vaillant qui est raciste et pas nous.
- Speaker #1
Non, mais vous êtes dans le seuton de ces religions. Ce n'est pas seulement l'islam.
- Speaker #0
C'est comme vous l'avez dit tout à l'heure. J'ai été élevé chez les soeurs, chez les frères et chez les soeurs en Bretagne. D'ailleurs, les soeurs étaient plutôt sympathiques. Les curés étaient un peu plus durs. Est-ce que vous n'avez pas subi des violences ? Non, non, non.
- Speaker #1
Ça expliquerait beaucoup de choses.
- Speaker #0
Oui, je sais, je sais. En fait, je suis entré très jeune en sixième et j'ai voulu être pensionnaire comme mon père, ce qui était de mon fait, pour faire comme papa. Et en fait, au bout d'un an, je suis rentré chez maman et papa. Et en fait... non franchement je mets c'était un peu oui c'est un peu il vit c'est un peu et après c'est les soeurs c'était en seconde et là j'ai commencé je vais me faire une fure parce qu'on essaie de faire une grève générale tous les ans mais pas forcément donc c'est donc voilà mon rapport à l'argent mais mais sur cette chronique en fait c'est le journal qui a paniqué parce que du style nous on n'est pas raciste
- Speaker #1
Mais n'est-vous non plus ?
- Speaker #0
Oui, donc au lieu de me défendre, ils auraient voulu que je m'excuse. Je ne m'excuse pas. Je ne suis pas du genre à m'excuser. Je fais des conneries, mais... Je la reconnais plus ou moins. Je ne l'excuse pas.
- Speaker #1
Je pense que c'était cohérent. C'était simplement la description d'une angoisse absurde.
- Speaker #0
Et je me foutais de moi.
- Speaker #1
Et de ma couille. Une phrase qui va peut-être plus choquer nos spectateurs du Figaro. J'aurais tellement voulu être apatride.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Alors, ça veut dire quoi ? Que vous êtes internationaliste, anti-français ? Pourtant, vous revendiquez. Bref. Origine bretonne. Là, je vous ai coincé. Là, je pense que j'ai gagné.
- Speaker #0
C'est vrai que quelqu'un comme Corto Maltese me fascinait. Oui, mais il y avait cette volonté de n'appartenir à rien ni à personne, d'être au-delà des frontières, d'être une sorte de... d'être indéterminé et qui pouvait s'auto-créer. aussi.
- Speaker #1
Et on est dans un monde de communautarisme. Et là,
- Speaker #0
les frontières n'ont jamais été... Alors, je râlais contre l'Europe, le grand marché européen, mais quand même, vous voyez, je ne râlais pas. Parce que c'est mon côté social, mais mon côté libertaire trouvait ça pas mal, qu'il n'y ait plus de frontières malgré tout. La mondialisation que j'ai critiquée, c'était... Enfin, voilà. Après, je ne mésestime pas les... les difficultés économiques, l'exploitation de telle et telle population. Mais il y avait ce, voilà, s'auto-engendrer, être indéterminé, je sais bien que c'est plus dingue que ça.
- Speaker #1
Non, parce que c'est cohérent aussi avec votre pacifisme et votre antivilitarisme. C'est John Lennon, c'est « Imagine there's no countries » . Vous êtes resté dans ce truc-là qui est... Oui, oui.
- Speaker #0
C'est là que j'ai du mal. C'est vrai que j'ai du mal. Je ne sais comment faire. Surtout quand je me vois me réjouir qui bombarde avec leur avion extraordinaire.
- Speaker #1
Ah oui, l'avion créé.
- Speaker #0
Je suis dingue. Je ne vais pas me réjouir de ce merdier qui était en train d'être créé et qui va nous générer des haines pour des siècles ou du moins des dizaines d'années.
- Speaker #1
Une autre phrase que j'ai bien aimée, l'intimité artificielle mettra fin à la guerre des sexes. Alors, ce n'est pas dans le livre que vous avez chronique la semaine dernière.
- Speaker #0
Alors, ça, je...
- Speaker #1
La solution à la guerre des sexes, c'est lire.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on va... En fait, c'est une masturbation. Oui, c'est une masturbation sentimentale et sexuelle, mais c'est la fin de l'autre. Donc, on va fonctionner avec soi-même. On va créer son avatar qui sera là pour répondre à nos désirs.
- Speaker #1
Il y a des gens qui sont déjà tombés amoureux de leur intelligence artificielle et qui se sont suicidés par amour pour une machine. Il y a eu des cas, oui, oui. On pourrait être un peu schizo, mais...
- Speaker #0
C'était Scarlett Johansson, pas dans Eve.
- Speaker #1
Oui, dans Her, oui, oui. C'est mon film.
- Speaker #0
Oui, oui, parce que je vois que cette guerre des sexes continue à être assez dure. Il y a quelques néo-féministes qui revendiquent la misandrie. Moi, si je revendique la misogynie, je vais l'entendre. C'est bon, pourquoi pas ? Après, que...
- Speaker #1
Il y avait Alice Coffin qui avait déclaré qu'elle refusait de lire des livres d'hommes. Voilà. C'est son droit.
- Speaker #0
Oui, mais donc, elle ne demande pas... Mais donc, chaque sexe, c'est... Mais donc, je pense que ça, c'est la solution. Avec l'intelligence artificielle. Voilà.
- Speaker #1
Donc, tout le monde va être amoureux de machines.
- Speaker #0
Et donc, je sois là.
- Speaker #1
Ou je crache avec des machines.
- Speaker #0
Ou je crache avec soi-même. Oui, parce que ça, c'est déjà possible. Oui. Et après, ça se finira par un MeToo des...
- Speaker #1
Bien sûr, il y aura un ordinateur qui portera plainte. C'est ça le danger. Bien. Notre autre rubrique très célèbre, les conseils de lecture. Alors, je vais essayer vaguement de retrouver mon questionnaire, puisque je l'ai quelque part. Mais c'est important, on a envie de connaître vos goûts, Luc Levaillant. Le premier, c'était un livre qui donne envie de pleurer.
- Speaker #0
Alors, il ne donne pas envie de pleurer. C'est le Lambeau de Philippe Blançon. Un livre que j'ai très mal lu, que j'ai lu. comme il ne faut pas lire les livres parce que c'est votre ami.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
on a vécu, on a fait bureau commun pendant 20 ans. On se parle toujours. C'est vrai que...
- Speaker #1
Donc, j'avais vécu de près cette attente-là.
- Speaker #0
Alors qu'il raconte comment, avec la culture, avec ses références culturelles, avec ses goûts culturels, il échappe à la douleur, il surmonne la douleur. Moi, je ne lisais que la description de... de ces difficultés physiques qui étaient quand même majeures, ça m'a remporté, etc. Et donc, j'ai très mal lu ce livre qui me donnait envie de pleurer, donc je ne l'ai pas aimé.
- Speaker #1
Trop douloureux, quoi.
- Speaker #0
Trop douloureux.
- Speaker #1
C'est quelque chose qui aurait pu arriver à Libération, un attentat comme ça, avec des gens qui rentrent et qui mitraillent tout le monde. Ça pourrait arriver dans n'importe quelle rédaction.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est vrai. On a eu quelques soucis,
- Speaker #1
mais pas aussi graves. Oui,
- Speaker #0
oui, oui. J'ai très mal lu ce livre, donc je m'en excuse en vrai de filer.
- Speaker #1
Et Annie, il faut arrêter de pleurer.
- Speaker #0
Alors, pour arrêter de pleurer, parce que... au-delà. Il y a de la pleurnicherie actuelle et ça m'importe. Et donc, il faut lire Nietzsche pour ça. Je pense que, par le bien et le mal, qui n'est pas forcément le meilleur, ou pas le plus facile, parce que Nietzsche est le roi de la punchline. Mais surtout, oui, il faut oublier le surhomme et l'éternel retour. Il faut voir juste comment il démonte la philosophie occidentale, comment il prédise Nous, aujourd'hui, notre côté fragmenté...
- Speaker #1
Quel titre ? Par-delà le bien et le mal. C'est tout le problème de la société actuelle. C'est qu'on veut le bien et on veut effacer le mal, faire comme si le mal n'existait pas. Or, lui, il est par-delà. Alors, j'ai une autre question, mais il faut que je retrouve mon truc. Ah oui, un livre pour s'ennuyer, on a encore l'embarras du choix.
- Speaker #0
Oui, mais alors là, je n'ai pas trouvé. Je m'ennuie pas Je lis de moins en moins Les réseaux sociaux me mangent
- Speaker #1
C'est une addiction Vous êtes devenu Instagrammeuse
- Speaker #0
Pas un grand influenceur Ça marche pas tellement
- Speaker #1
L'addiction est ahurissante Vous vous retrouvez à scroller Et à regarder des conneries Des chiens qui font du skateboard
- Speaker #0
Avant je lisais plutôt la nuit
- Speaker #1
Et là C'est un danger Moi j'ai le même problème Ça m'arrive.
- Speaker #0
Voilà, ça c'est une addiction étonnante et j'y suis venu parce qu'il fallait bien savoir ce que je proposerais au comité de rédaction le lendemain ou ce qu'ils allaient me proposer comme portrait, mes amis de l'Ibée, pour savoir qui c'était.
- Speaker #1
Donc vous vous retrouvez avec 4 heures, vous regardez combien de temps au maximum ? Dans votre bain, comme ça ?
- Speaker #0
Mais avant il y avait Twitter qui m'a... c'était la bague, mais maintenant toute la gauche est partie de Twitter, donc ils s'en mettent un peu.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
on n'arrive plus à se châtaigner. Mais Instagram est totalement séduisant. À la fois, ça fait rire. Il y a des belles filles, des moments amusants.
- Speaker #1
Il y a beaucoup de belles filles qui n'existent pas, qui sont en désir.
- Speaker #0
On ne sait plus bien.
- Speaker #1
Vous êtes amoureux quand même ?
- Speaker #0
Pas amoureux. On passe trop vite aussi. Mon ennui.
- Speaker #1
Ah oui, c'est un drame. Il faut réapprendre l'ennui, Luc. Alors, le livre pour crâner dans la rue.
- Speaker #0
Alors...
- Speaker #1
J'ai la réponse, si vous voulez. Parce que j'ai votre antisèche, là.
- Speaker #0
Est-ce que je vous ai dit...
- Speaker #1
Martin Eden, vous m'avez dit.
- Speaker #0
Martin Eden.
- Speaker #1
Crâner dans la rue avec Jack London, moi, je trouve que c'est classe.
- Speaker #0
C'est pas mal. C'est pas mal. C'est assez sérieux, mais c'est marqué. J'ai été fasciné par ce... En plus, Jack London, le côté maritime, il est là, il est voleur d'huîtres. Et puis cette volonté de s'émanciper par l'apprentissage, par le savoir, pour séduire. Et puis cette frénésie, il y a une sorte de... Et puis après,
- Speaker #1
la fin. Et la fin est sublime. La fin, il se noie, il se laisse couler. un livre qui rend intelligent.
- Speaker #0
Ah, là c'est une vanne.
- Speaker #1
Vous n'en avez pas besoin.
- Speaker #0
C'est qui rend plus intelligent que celui-là, mais si j'ai un peu la provoque, c'est la mécanique des femmes de Calaferre. Oui. Qui, par les temps qui courent, est appréciée.
- Speaker #1
Un livre sexuel.
- Speaker #0
À toutes nos dames de grande vertu, pour qu'elles retrouvent un peu... parce qu'il avait une connaissance de ses amies féminines, et aussi une sorte de volonté de puissance sexuelle, et qu'il ne s'embrassait pas de grand-chose.
- Speaker #1
Oui, je ne sais pas s'il serait publiable aujourd'hui, la mécanique. C'est bien pour ça que ça rendrait intelligent. De même que Portnoy, de Roth, ou certains classiques comme ça. Alors, un livre pour draguer. Vous m'avez répondu « Lourdes, lentes » d'André Ardelais.
- Speaker #0
C'est un livre que j'ai beaucoup aimé. Ardelais, c'est les années 50-60. C'est un érotique, mais aussi ça commence avec les coups de marteau sur un cercueil. C'est assez minimal, comme l'écriture. Et Ardelais s'est fait condamner, ou s'est retrouvé au tribunal avec Régine Desforges.
- Speaker #1
Ah oui, oui.
- Speaker #0
Et le juge, le râlait parce qu'il avait les mains dans ses poches comme s'il se branlait devant le tribunal. Donc, ne serait-ce qu'après, c'est un livre vraiment agréable, excitant, mais agréable. On est bien dans ce livre, on se sent en phase avec lui. Voilà, j'aime beaucoup ce personnage qui n'a pas une vie très simple et qui est un poète par ailleurs. Les amusés.
- Speaker #1
Alors, un livre que vous faites semblant d'avoir fini. Là, vous avez dit « Ulysse de Joyce » comme « Tous mes invités » . Donc, je vais arrêter de la poser, celle-là, parce que tout le monde répond à la même chose.
- Speaker #0
J'étais en fave de philo. Mais en fait, ce n'est pas tout à fait vrai, parce que j'ai lu le dernier monologue.
- Speaker #1
Oui, de Molly Bloom. C'est le meilleur moment du livre. Je l'ai fini. Le problème, c'est avant. Oui.
- Speaker #0
Alors, c'était la traduction de Zid. non je sais plus ça a été retraduit mais parfois oui c'était un peu oui oui oui c'est très très difficile mais au fond c'est un passage nécessaire pour la littérature du XXe siècle,
- Speaker #1
il fallait un moment d'abstraction et il y en a eu d'autres je disais que j'étais plus Joyce que Proust oui ça s'est vraiment dédainé d'accord un livre que vous auriez aimé avoir écrit ?
- Speaker #0
le roman inachevé de Merci. d'Aragon. Je connais mieux le poète Aragon, mais c'est magnifique.
- Speaker #1
Puis c'est marrant de dire, le livre que j'aurais aimé écrire, c'est un roman inachevé. Ben oui, voilà. Quel manque d'ambition !
- Speaker #0
Je traite après moi trop d'échecs et de mécontes. J'ai la méchanceté d'un homme qui se noie. Quand il se déteste, Aragon,
- Speaker #1
il est magnifique. Il est encore meilleur. Le pire livre que j'ai jamais lu de ma vie, vous n'avez pas répondu. Il n'y en a pas.
- Speaker #0
J'ai du mal à me faire du mal.
- Speaker #1
Et le livre que vous lisez en ce moment ?
- Speaker #0
Alors, là, je suis dans une phase un peu névrotique où je fais ma tournée des adieux. Je fais des portraits de gens que j'aurais... Vous voyez, j'ai fait Attali, que je n'avais jamais rencontré. Attali, Minc, Daniel Pond-Bendit pour ses 80 ans.
- Speaker #1
Un des rares liberteurs comme vous. Je pense que vous êtes un des derniers.
- Speaker #0
C'est vrai. Et je fais quelque chose assez compliqué, le portrait de Sorge Chalandon, reporter de Nîmes. Qui est devenu un écrivain à succès. À succès, à succès. L'orager fait 200 000, je crois. Et je l'ai rencontré, donc je lis son livre qui n'est pas encore sorti, qui s'appelle Le livre de Kels, où il raconte une année dans la rue. Il a été SDF après, parce qu'il a quitté son père qui le battait. Oui, il était un mec d'extrême droite. et donc il racontait à la fois SDF, il était un peu baba tout ça mais c'était une époque et puis après le début de l'IB la gauche prolétarienne la baston avec André Nouveau,
- Speaker #1
avec l'extrême droite et je retrouve le talent de Sorge quand même non mais déjà son dernier livre sur un bagne d'enfants à Belle-Île-en-Mer c'était très très bien et c'est vrai que
- Speaker #0
que je me retrouve souvent aussi à lire par obligation. Donc, mes choix sont souvent contraints, mais là, c'est un plaisir.
- Speaker #1
Merci infiniment Luc Le Vaillant d'être venu et je conseille aux spectateurs du Figaro et aux autres aussi de lire Dernières Réjouissances et Charmantes Offenses de Luc Le Vaillant. C'est aux éditions du Rocher. Un petit salut à votre éditeur Arnaud Le Guern. Attention, bravo. Et puis, merci à toute l'équipe. Merci à ma mère de m'avoir donné la vie, etc. Et puis surtout, je termine toujours en disant, lisez des livres, sinon vous deviendrez idiots. Mais j'ai trouvé un truc peut-être mieux aujourd'hui. Les dinosaures ne lisaient pas de livres. Et puis après, ils ont disparu. Coïncidence ? Je ne crois pas, non.