- Speaker #0
« Conversations responsables » , le podcast des écosystèmes inclusifs.
- Speaker #1
Bienvenue dans ce nouvel épisode des « Conversations responsables » et dans cette série spéciale consacrée à la Fondation L'Échiquier pour la vie, fondation qui utilise le jeu d'échecs pour favoriser l'inclusion. Sous l'égide de la Fondation FACE et en partenariat avec la Fédération Française des échecs, L'Echiquier pour la Vie prévient et lutte contre l'exclusion sous toutes ses formes en France et à l'international. Dans cette série de portraits, les conversations responsables partent à la rencontre du comité exécutif et des partenaires clés de la Fondation. Nous nous trouvons aujourd'hui au siège du Cercle de l'Union Interalliée à l'hôtel Pérrinet de Jars à Paris, qui était l'hôtel particulier d'Henri de Rothschild lui-même. Nous sommes ici à l'occasion de la soirée inaugurale de la Fondation L'Échiquier pour la Vie et j'ai le plaisir d'accueillir Marie-Laure Charles, membre du collège de la Fondation, pour nous parler de l'action de la Fondation. Bonjour Marie-Laure et bienvenue.
- Speaker #2
Bonjour et merci beaucoup de m'interviewer.
- Speaker #1
Je vous en prie. Alors Marie-Laure, vous faites partie du Comité Exécutif de la Fondation L'Echiquier pour la vie. Cette fondation a plusieurs missions, on va le voir. Vous vous intéressez notamment à l'inclusion des enfants et plus spécifiquement atteints d'autisme. La Haute Autorité de Santé estime aujourd'hui qu'environ 100 000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600 000 adultes sont autistes en France. C'est un chiffre colossal. En quoi le jeu d'échec peut-il aider ces personnes et comment vous y prenez-vous ?
- Speaker #3
J'ai rencontré les enfants autistes par le Rotary. Dans le Rotary, on est très inclusif et on avait organisé pas mal d'événements spécialement pour autistes,
- Speaker #2
dont Andivoile. C'est là que je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup d'autistes et j'ai rencontré des parents. Et donc avec la Fondation Française du Jeu d'Échecs, quand Franck Droin a créé justement la section handicap, j'ai mis évidemment en relation tout de suite le jeu d'échec avec l'IME, l'Institut Médico-Éducatif de Neuilly-sur-Seine, que je connais parce que je suis élue à Neuilly-sur-Seine. Et en faisant un feedback avec les parents, on se rend compte que le jeu d'échec, quand il est joué par des autistes, ça leur apprend beaucoup de choses, ça leur apprend à être patient. Parce que quand vous jouez blanc, vous attendez que les Noirs jouent et vice versa. Sachant que les autistes normalement ne sont pas du tout patients, donc ça leur apprend la patience. Et le feedback des parents aussi me disent tous que grâce aux jeux d'échecs, maintenant les enfants autistes jouent aux jeux de société avec leurs parents et leurs frères et sœurs, ce qu'ils ne faisaient pas du tout avant. Donc ça leur change la vie vraiment. Donc grâce à ça, écoutez, c'est merveilleux.
- Speaker #1
Donc un outil de re-socialisation finalement, l'échec permet cela. Alors on vous a vu lors d'un reportage sur TF1 avec des enfants autistes. On mettra le lien en commentaire de ce podcast. Pour les personnes qui souhaitent le consulter, vous avez fait des actions assez majeures avec l'Echiquier pour la vie. Quelles sont-elles ? Est-ce que vous travaillez avec des écoles ? Comment ça se passe ?
- Speaker #3
Dans ce reportage, c'est justement l'Institut Médico-Educatif de Neuilly-sur-Seine dont je viens de parler. Ça va bien illustrer tout ça. En fait, on a des joueurs d'échecs qui forment les enseignants. Ce ne sont pas les joueurs d'échecs qui forment les jeunes, c'est les enseignants de ces IME, donc l'Institut Médico-Educatif, qui forment leurs... propres élèves. Ils se connaissent bien parce que les autistes n'aiment pas trop la nouveauté. Voilà, ça c'est connu. Donc c'est leur éducateur qui les forme. Donc en fait, la fondation va former les éducateurs dans les IME, puis les éducateurs formeront eux-mêmes leurs propres élèves. Et ce qu'on a également fait à Neuilly-sur-Seine, on a formé les parents. Donc un samedi, même plusieurs samedis de suite, parce que les parents apprennent à jouer aux échecs pour pouvoir jouer avec leurs enfants chez eux ce qui est encore une fois une grosse révolution
- Speaker #1
Ça prend combien de temps de former une équipe d'accompagnants aux échecs ?
- Speaker #3
Ça dépend du niveau du jeu. Certains formateurs jouent un peu aux échecs. Évidemment, on privilégie les gens qui jouent déjà aux échecs. Comme ça, ils ont déjà les bases. Mais sinon, il faudra juste apprendre à jouer aux échecs. Donc, ça dépend du niveau. Mais là, le niveau n'est pas obligé d'être très élevé. Ce ne sont pas des champions. On n'en fait pas des champions non plus. Quoique, il y en a qui pourraient être champions.
- Speaker #1
Vous nous parlez de l'Institut Médico-Éducatif de Neuilly, c'est l'une des initiatives qui ont été mises en place par la Fondation. Est-ce qu'il y en a d'autres ? Et depuis quelle date avez-vous commencé à travailler avec ces publics ?
- Speaker #3
On a commencé il y a à peu près trois ans et on est un peu dans toute la France. Et généralement c'est porté par les clubs d'échecs locaux évidemment. Et nous au niveau de la Fondation, on gère ça au niveau national, mais c'est chaque club d'échecs dans la ville qui prend ça en charge en fait.
- Speaker #1
Aujourd'hui, vous avez des résultats. On a un peu de recul, trois ans. Est-ce que l'effet escompté est là ? Est-ce qu'il y a une nette amélioration auprès des publics, peut-être même au-delà du volet social, au niveau cognitif ?
- Speaker #3
Oui, c'est justement ce que vous verrez dans le fameux reportage qui est sur LCI. Oui, c'est magnifique. En fait, on cherche des financements pour continuer à former les formateurs, les éducateurs. Chaque année, il y a de plus en plus d'instituts médico-éducatifs qui ont des cours de jeu d'échecs. Donc, c'est magnifique.
- Speaker #1
Pensez-vous aujourd'hui qu'on peut dire que le jeu d'échecs est un outil d'insertion des publics en situation de handicap ?
- Speaker #3
Ah oui, totalement, vraiment totalement.
- Speaker #1
Quels sont vos objectifs à Horizon 2030 ? Former des formateurs, quels sont les autres objectifs pour, peut-être, étendre ces pratiques ?
- Speaker #3
On va les étendre aux personnes qui sont trisomiques. On a un accord avec Café Joyeux par exemple. Étendre le plus possible, pas que l'autisme, mais étendre le plus possible ce qu'on fait également au Rotary d'ailleurs. Le lien est assez fort en fait.
- Speaker #1
Peut-être rappeler ce qu'est Café Joyeux pour les personnes qui nous écoutent. Il s'agit d'une chaîne de café-restaurant qui emploie exclusivement des jeunes qui sont trisomiques,
- Speaker #3
en situation de trisomie 21. Ça s'appelle Café Joyeux, c'est jaune, c'est joyeux, c'est très sympathique.
- Speaker #1
Pour revenir sur le jeu d'échecs, quel est votre lien avec le jeu à titre personnel ? Parce que c'est vrai que c'est un jeu qui est un petit peu considéré comme élitiste, en tout cas du grand public. Quel est votre lien ? Comment en êtes-vous arrivée là ?
- Speaker #3
En fait, je suis ancienne vice-championne de France, mais quand j'étais jeune, il y a très très très très très très très longtemps, j'ai appris par mon papa et après j'avais un professeur dans un groupe d'échecs quand j'étais jeune, quand j'étais petite. Je joue très très peu maintenant, mais quand j'ai rencontré Franck Droin, qui a créé cette Fondation, ça a fait tilt tout de suite. Donc voilà, je suis une ancienne championne.
- Speaker #1
Quelles sont les qualités qu'apporte le jeu d'échecs, quelle que soit la personne, qu'on soit une personne en situation de handicap ou non d'ailleurs ?
- Speaker #3
Ça permet de réfléchir, ça permet d'avoir une stratégie et ça au quotidien, en fait, on le voit. On se reconnaît entre joueurs d'échecs, même si on n'a pas joué depuis très, très, très longtemps. On a une certaine logique, on réfléchit très vite et au niveau stratégique, on n'est pas trop mauvais.
- Speaker #1
La stratégie, la rapidité, finalement l'agilité.
- Speaker #3
Tout à fait, absolument.
- Speaker #1
Est-ce que c'est ce qui a motivé votre engagement dans la fondation ? Toutes ces qualités, vous avez dit peut-être de les transmettre pour faire une bonne action ?
- Speaker #3
Absolument, puis aussi avec le Rotary, comme je suis très impliquée au Rotary, ça va ensemble. J'ai un très bon réseau aussi pour trouver des mécènes, pour trouver des écoles où apporter cette formation. C'est tout ça en fait. Évidemment, nous sommes tous bénévoles, je tiens à le dire. C'est du bénévolat, du pur bénévolat.
- Speaker #1
Alors, avant de clôturer cette interview, Marie-Laure, je vais vous poser la petite question rigolote de l'interview. Si vous étiez une pièce du jeu d'échecs, laquelle choisiriez-vous pour mener à bien votre action vers l'inclusion ?
- Speaker #3
Je suis une femme, donc la reine, évidemment. Je n'ai pas voulu dire le roi, mais la reine, évidemment.
- Speaker #1
La reine, et il se trouve qu'on en a deux dans l'équipe du Comité Exécutif.
- Speaker #3
Absolument. Donc, nous sommes deux reines dans le comité exécutif, donc c'est parfait. Donc,
- Speaker #1
il n'y aura pas de jalouse. Merci Marie-Laure Charles. On rappelle que vous faites partie du comité exécutif de la fondation L'Échiquier pour la vie. Fondation qui utilise le jeu d'échecs pour favoriser l'inclusion. Sous l'égide de la fondation FACE, en partenariat avec la Fédération française des échecs. Nous sommes aujourd'hui au cercle de l'interallié à l'occasion de la soirée d'inauguration de la Fondation. Et pour toutes les personnes qui souhaiteraient approfondir le sujet, rendez-vous sur le site https://fondation-echiquierpourlavie.fr. Merci, à très bientôt.
- Speaker #3
Merci beaucoup, à bientôt.
- Speaker #0
Conversations responsables, le podcast des écosystèmes inclusifs.
