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Corporalités

#12 À la rencontre d'Adrien Matter : la pratique de la transversalité (chapitre 1)

#12 À la rencontre d'Adrien Matter : la pratique de la transversalité (chapitre 1)

39min |27/08/2024
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#12 À la rencontre d'Adrien Matter : la pratique de la transversalité (chapitre 1)

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39min |27/08/2024
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Description

🧘🏻‍♂️ Dans cet épisode captivant de Corporalités, je te présente Adrien, un véritable explorateur du mouvement et de la posture depuis près de 25 ans.


Avec plus de 25 000 heures d'enseignement à son actif, Adrien est aujourd'hui directeur pédagogique du centre A-lyne et auteur du livre Le Yoga pour les hommes (Leduc - 2021). Il est aussi créateur du podcast "La tête aux pieds".


🌟 Son parcours est fascinant : il est passé des arts martiaux au Pilates et au Yoga, tout en enseignant dans des lieux aussi variés qu'une prison, une université, un hôpital ou encore une école. Adrien croit fermement en l'importance de redonner au corps sa place centrale pour transformer les défis individuels et sociaux.


Dans cette interview, Adrien nous parle de son approche unique du mouvement, de la pédagogie et de l'importance de la qualité de la pratique. On discute de comment pratiquer plutôt que de simplement quoi pratiquer, de l'intérêt de la transversalité des disciplines, et des transferts de compétences qui en découlent. 💬


❓ Pourquoi écouter cet épisode ?


➡️ Découvre l'expérience et les enseignements d'un expert passionné par le corps et le mouvement.

➡️ Plonge dans des réflexions profondes sur la pédagogie du mouvement et comment elle peut enrichir notre quotidien.

➡️ Apprends comment une pratique somatique et athlétique peut influencer positivement une masculinité plus équilibrée.


🔔 N'oublie pas de t'abonner à "Corporalités" pour ne manquer aucun de nos dialogues inspirants ! Pense à laisser une note, un commentaire et à partager avec tes amis pour faire découvrir ce podcast autour de toi.


🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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➡️ Pour retrouver Adrien Matter :

🔗 Instagram : https://www.instagram.com/adrien.matter/

🎙️ Podcast : https://www.instagram.com/lateteauxpieds/

🌐 Le centre A-Lyne : https://www.pilatesfrance.com/

📕 Son livre “Le Yoga pour les hommes” : https://www.editionsleduc.com/produit/2522/9791028521561/le-yoga-pour-les-hommes


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratorices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice en pilates, danseuse improvisatrice, praticienne de chefs. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin. Et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Bonjour pour ce nouvel épisode du podcast Corporalité. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Adrien Mater, collègue et binôme de projet, on en parlera un peu plus tard. Je te laisse la parole, je te laisse te présenter Adrien.

  • Speaker #1

    Salut Gaëlle, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Adrien Mater, actuellement je suis directeur du centre E-Line, donc un centre de formation de professeurs de pilates à Paris. Et j'ai un parcours dans le mouvement maintenant, ça fait bientôt 25 ans que j'étudie sur le corps en mouvement. Le corps et l'esprit en mouvement aussi d'ailleurs. Et donc j'ai commencé par les arts martiaux, puis j'ai bifurqué vers le pilates et le yoga en tant que professeur d'abord. Et maintenant, je me consacre beaucoup à la formation de prof parce que je pense que c'est là que je peux m'épanouir. Et en plus que ça peut aider aussi à transmettre. une certaine vision de l'individu en mouvement dans la société. Je pense que ça, c'est vraiment important.

  • Speaker #0

    Ok, super. Alors moi, j'ai une première question pour toi qui est de... Tu as dit un petit peu que tu viens des arts martiaux, que tu es arrivé au Pilates. Comment ça s'est fait ce cheminement d'une technique à l'autre en fait ? Qu'est-ce qui t'a plu en premier dans le mouvement peut-être quand tu as commencé adolescent ? Qu'est-ce qui t'a ramené vers quelque chose qui est un mouvement peut-être plus... Plus interne, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Moi, j'étais très loin du corps quand j'étais enfant. J'étais obèse et j'étais très mental. Donc, j'aimais les jeux vidéo, les films, les livres. Et le sport, c'était ce que je détestais vraiment par-dessus tout parce que je ne me sentais pas du tout à l'aise. Aussi parce que ce n'était pas valorisé dans ma famille. C'était plutôt une famille de classe moyenne. Et mon père, il n'était pas du tout physique. Et ma mère, elle s'était beaucoup... construite parce qu'elle, elle venait d'une famille plus pauvre et en allant, elle s'était fait une place justement, on parle l'apprentissage intellectuel, culturel et donc elle valorisait beaucoup ça, le savoir, mais du coup que le corps c'était un peu, et l'exercice physique et le travail manuel c'était un peu négligé, c'était moins valorisé disons. Donc en fait, il n'y avait pas beaucoup de facteurs. Moi, je détestais ça. Dans ma famille, ça ne nous intéressait pas trop. Donc il n'y avait pas grand-chose qui m'attirait vers ça. À l'adolescence, j'ai eu envie de changer un petit peu. J'ai commencé par les scrims. J'ai moins détesté, donc c'était bien. Et puis un jour, pour suivre mes copains, je suis allé dans une salle d'arts martiaux parce qu'ils voulaient s'y mettre. Et au début, j'y allais vraiment pour être avec les autres. Et progressivement, il s'est passé quelque chose. Moi, je pense qu'à l'adolescence... Comme tous les adolescents, mais là, il y avait une situation familiale particulière que j'avais certains besoins. Et inconsciemment, en fait, j'ai vu que ça m'aidait à me construire, d'être dans cette salle d'art martiaux. Et aussi, c'était un art martial assez particulier, ça s'appelait Vosantoc ou Vos Vietnams, c'est un truc assez confidentiel, qui n'avait pas beaucoup de membres. Mais par contre, l'école a été structurée autour d'un maître qui était vraiment fascinant. puisque lui, il avait appris dès l'enfance d'une façon assez traditionnelle. Et donc, il était à la fois acrobate, chorégraphe, combattant, entraîneur. Il avait des élèves depuis vraiment longtemps. Il y a des gens qui pratiquaient depuis une vingtaine d'années avec lui. Et donc, à la fois la figure de cette personne et la structure, l'école qui existait autour, c'est ça qui m'a donné envie de m'investir et de progresser. C'était vraiment très dur pour moi parce que moi, je n'avais pas du tout un corps qui était fait pour ça. C'est un art martial vietnamien, donc ce n'est pas du tout les mêmes corps, ni les mêmes environnements. Ça demandait beaucoup de souplesse, de grâce, de précision. Moi, je manquais de tout, sauf de volonté au bout d'un moment. Quand j'ai commencé à m'y mettre, c'était ça ma passion, c'était même mon obsession. Toutes les qualités qui me faisaient défaut, je pense qu'elles étaient compensées par mon obstination farouche. Et donc, c'est ça qui m'a aidé à progresser. Sauf que quand même, moi, c'est bien d'être obstiné, mais je pense que je manquais d'encadrement aussi, de conseils de qualité. Et puis, moi, je manquais de patience, de pas mal de choses. Donc, je me suis beaucoup blessé. Parce que ce qui me plaisait le plus, c'était de faire des combats. Donc, il n'y avait pas de compétition. Mais c'est facile de trouver des gens pour combattre. Pas une bagarre de rue, mais des pratiquants de la même discipline ou d'une autre. Et puis, on organise des petites choses comme ça pour se tester. Parce que moi, j'ai fait ça en France, mais aussi à l'étranger, en Chine et au Canada. Parce que j'étais étudiant et donc j'ai eu l'occasion d'aller vivre à l'étranger. J'ai trouvé plein de gens pour m'entraîner. J'ai pris beaucoup plus de coups que j'en ai donné. Et même quand je donnais des coups, parfois j'abîmais mon corps. J'avais des blessures à peu près à toutes les articulations, aux chevilles, aux genoux. Et c'est devenu plus grave quand ça a attaqué le dos et la hanche et la nuque. Il y avait un moment où j'avais 25 ans et on m'a diagnostiqué de l'arthrose de hanche. J'avais déjà une discopathie. J'étais vraiment très abîmé le jour où je suis allé faire mon IRM, je crois. Le type a regardé les images de ma hanche et m'a dit mais qu'est-ce que vous avez fait pour avoir la hanche dans cet état-là ? Donc moi je voulais continuer à m'entraîner, mais c'était plus possible. Il y a des moments où j'avais du mal à marcher, donc pour faire 2000 coups de pied par jour c'était compliqué. Donc j'ai dû changer un petit peu. Comme je voulais continuer, j'ai eu l'occasion de me professionnaliser. J'ai passé un BPGEPS dans les métiers de la forme, AG2F. Donc, ce n'était pas ma discipline, mais c'était un moyen de devenir enseignant professionnel. Et là, j'ai découvert l'anatomie. Ça, en fait, c'était une révélation, même si c'était vraiment à la dure avec le prof que j'avais. Mais j'ai compris qu'il n'y avait rien de mystérieux ni de hasardeux, ce qui, pour moi, était le cas jusque-là. Enfin, je ne savais pas pourquoi ça marchait ou pourquoi ça ne marchait pas, pourquoi certains étaient forts et d'autres moins. Et là, en fait, ça s'est éclairé sous un jour nouveau. J'ai acquis pas mal de... de connaissances pour moins me blesser et prendre en charge les zones qui étaient déjà abîmées. Et puis, du coup, j'ai découvert le milieu des métiers de la forme, disons, qui n'était pas ce que je préférais, mais ça m'a aidé à faire une transition parce que là, c'est là qu'on m'a parlé de Pilates pour la première fois. Et par l'intermédiaire d'un patron de salle, je suis allé chez Euline, justement. Et je pense que pour plein de raisons, je n'y serais jamais allé de moi-même. Parce que c'était dans le centre de Paris et que moi, je vivais en banlieue et que je n'allais pas trop souvent dans Paris. Ma vie, elle était ailleurs. Aussi, pour une question de tarif, parce que pour moi, 300 euros par an, je m'entraînais avec un maître de Kung Fu légendaire. Donc, quand je voyais les prix des formations à Paris, je me disais, mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien m'apporter que je ne peux pas avoir avec mon maître tous les jours ? Bref, tout ça, ça a été facilité parce qu'on m'a donné l'adresse. On m'a dit, va là. Et en poussant la porte. j'ai vu qu'il y avait quand même quelque chose de particulier, parce que j'avais cette étude des arts martiaux qui m'avait amené à pousser pas mal de portes. J'avais l'habitude de rentrer dans des lieux et de sentir si ça allait coller ou pas. Et là, j'ai vu qu'il y avait un truc exceptionnel. J'ai découvert les machines. J'ai vu à l'époque l'équipe enseignante qui était organisée autour de Martin Curtis Hawks. Et que ces gens, clairement, ils connaissaient quelque chose que moi, je ne connaissais pas. et dont on ne parlait pas vraiment dans l'école dans laquelle j'étais. Et donc, comme je ne fais pas les choses à moitié, un peu même à l'excès, je me suis mis là-dedans à fond et j'ai découvert tout un monde différent autour du pilates et du yoga dans Paris-Centre. Donc, j'ai vraiment changé de discipline, changé d'environnement.

  • Speaker #0

    Tu as abandonné l'art martial à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, quasiment. Parce que vraiment, déjà, j'avais moins de temps. Et puis, j'ai eu des prises de conscience. Peut-être qu'on en reparlera, que c'est vraiment très précieux, cet art martial, dans ma vie. Je pense que tous les jours, je m'en sers d'une façon ou d'une autre. Même si ce n'est pas externe, ça m'imprègne et c'est très bien. Il y avait des choses avec lesquelles j'avais besoin de couper aussi. Parce que les dynamiques traditionnelles, c'est vraiment précieux. C'est plein de bonnes choses. Il y a des moments où ça mérite d'être équilibré. Sinon, c'est difficile de trouver sa place, un épanouissement. vraiment profond. Ça peut être la même chose ailleurs, mais en tout cas moi ce changement d'atmosphère il m'a vraiment fait du bien. Et donc j'ai découvert le yoga à peu près au même moment et donc j'ai fait une formation de prof chez Gérard Arnault parce que j'avais fait deux cours et le vinyasa c'était extraordinaire enfin c'est comme si vraiment je retrouvais des choses que je connaissais des arts martiaux à la fois dans le pilates et dans le yoga mais organisé différemment et je sentais que ça pouvait me faire du bien. Et donc, je me suis mis dedans à fond et c'est comme ça vraiment que je suis rentré dans le yoga et dans le pilates. Ce qui avait fait le lien, c'était qu'à un moment, quand j'étais très blessé, pardon, je reviens légèrement en arrière, j'ai fait du tai chi aussi avec mon maître. qui lui aussi était blessé. J'essaie de faire une histoire un peu condensée, sinon on y passe dix heures. Mais voilà, le fait, en fait ce qui a été fondateur, c'était le fait de coordonner la respiration et le mouvement et la tension que je pouvais porter à mon corps. J'avais compris ça aussi parce qu'en Chine, j'avais fait beaucoup de combats au sol et donc le fait d'être collé à la personne, et plus d'être, avant c'était beaucoup de disciplines de percussion, d'être collé à la personne, d'être collé au sol, tout ça, ça avait... contribué déjà à façonner une sensorialité et donc ce que j'avais appris au sol et en tai chi ça s'est vraiment révélé sur les tapis de yoga et sur les machines pilates voilà moi est ce que j'observe plein de fois chez les gens qui arrivent aux pilates c'est souvent

  • Speaker #0

    quand c'est des gens qui arrivent dans l'univers soit sportif soit de danse c'est que c'est vraiment des histoires souvent assez souffrante enfin tu vois où les gens se sont blessés où il ya eu vraiment des soucis Et le pilates ou le yoga est arrivé à ce moment-là pour suppler, pour guérir un peu quelque chose qui n'était pas vraiment à sa place. Et c'est vrai que quand on peut pratiquer ces méthodes-là en amont ou en parallèle, c'est vraiment là où ça va prendre tout son sens. Moi, je pense que le pilates est... Si on veut parler... spécifiquement de ça parce qu'on est tous les deux enseignants et formateurs quand même de ça donc c'est notre outil principal c'est vraiment un outil merveilleux pour comprendre comment ton corps fonctionne et l'utiliser ensuite dans toutes les disciplines dont tu as besoin ça peut être dans ta vie quotidienne si tu n'as pas de discipline particulière si tu pratiques pas un sport Mais ça peut être un support, en fait, pour mieux organiser ton corps, mieux l'aligner et éviter de te blesser. Et puis surtout, j'allais dire, de l'aimer, en fait. Tu vois, d'être aussi dans une certaine acceptation. Tu parlais de tes limitations, de tes difficultés. D'être dans une certaine acceptation. Alors, bien sûr, on veut toujours s'améliorer, améliorer les choses. Mais il y a, OK, ça, c'est ma physionomie. J'ai des manques de mobilité à certains endroits. Je suis fichue comme ça et en fait, comment je m'organise pour réussir à bouger en accord avec le corps que j'ai sans me faire mal ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, cette histoire de pratiquants qui viennent au pilates, mais moi j'avais commencé par le tai chi par exemple, qui changent de façon de faire une fois qu'ils n'ont plus le choix, c'est un peu à la fois un grand classique et c'est très dommage. Donc effectivement, je pense qu'il faudrait intégrer beaucoup plus. dans la préparation des pratiquants des disciplines comme ça, comme le pilates. Et tu l'as très bien dit. C'est qu'en fait, au-delà d'une mécanique différente, donc le travail sur l'alignement, la coordination, des choses qui sont vraiment importantes, moi, je crois que ce qui m'a aidé profondément, le plus profondément, c'est une façon d'être au corps différente. Et que pourtant, je pouvais m'entraîner 8 heures par jour, mais vraiment comme une machine. En fait, c'est après, j'avais déjà 10 ans d'expérience, j'ai compris que je pouvais basculer mon bassin. Enfin, il y a plein de choses comme ça, une prise de conscience du corps qui est venue, alors que ça aurait dû être dans l'autre sens en fait. C'est d'abord comprendre le corps, les propriétés du corps en général et du mien en particulier, pour voir qu'effectivement, on n'a pas tous les mêmes capacités, même si c'est des structures qui sont similaires. Et à partir de là, construire une pratique. Donc ce que je vois quand même, c'est que notamment à l'école des gens qui viennent se former, il y a de plus en plus de jeunes, qui sont athlètes, qui envisagent déjà un peu la suite de leur carrière et que ça va se transformer. Et c'est des gens qui ne sont pas encore blessés. Donc ça, je suis vraiment content. Et j'ai l'impression quand même qu'il y a un mouvement autour de ça, où effectivement le fait que le pilates, le yoga et peut-être d'autres façons de... de vivre soit un petit peu plus médiatisé. Disons, ça peut aider les gens à réfléchir autrement. Moi, il me semble qu'à mon époque, alors je vais parler comme un vieux, je ne suis pas si vieux que ça, mais quand je m'entraînais, il n'y avait pas tout ça. Enfin, le pilates, le yoga, enfin le yoga, on voyait tous vaguement ce que c'était, mais voilà, je pense que les choses ont changé. C'est vraiment pour le mieux. Après, c'est toujours une grande question. Tu parlais du transfert. effectivement des compétences qu'on pouvait acquérir dans le pilates, dans d'autres choses. Ça, je pense que c'est vraiment important. Là, en ce moment, c'est les JO, donc c'est aussi d'actualité. Je pense qu'il y a un moment où quand même, que ce soit pour des activités compétitives ou non, Moi, il n'y avait pas de compétition dans mon art martial, par exemple. Dans la danse, il n'y a pas vraiment de compétition. Il peut y avoir les spectacles, donc en tout cas, il y a une notion de performance. Et donc, c'est vrai aussi pour le sport de haut niveau. Je pense que le sport, ce n'est pas toujours bon pour la santé et les impératifs de la discipline, elles vont prendre le pas sur l'intégrité des athlètes. Donc effectivement, le fait de changer la façon de s'entraîner, c'est important et ça peut aider les gens à moins se blesser ou à se blesser moins gravement peut-être. Mais qu'après, en fait, ce n'est pas la même chose. Et je pense que vraiment, ce qu'on peut apporter... Alors, il faut soutenir les athlètes qui se consacrent à leur discipline corps et âme. On ne peut pas leur dire, finalement, ce n'est pas bien, tu dois arrêter. Donc ça, vraiment, je pense que c'est une partie importante du travail. Il faut les aider. Mais au-delà de ça, plus j'enseigne et plus je forme, plus j'ai l'impression... Parce que ça peut être la même chose à un autre niveau. Les gens, ils peuvent venir au pilates parce qu'ils pensent que c'est une gym qui... sculpte le corps et pour avoir une silhouette, pour avoir une image extérieure qui soit assez divisante. D'une façon générale, je pense qu'on est persuadé qu'on n'est pas assez bien. Et moi, je pense que si je me suis détruit le corps et j'ai fait le tour du monde pour taper sur des gens et me faire taper dessus, alors ça m'a apporté plein de choses. Mais je pense que c'est parce que je me disais qu'il fallait que je devienne quelqu'un ou que je mérite quelque chose et qu'au bout d'un certain moment, alors on pourra me dire que c'est bon. Et j'ai l'impression que c'est un peu le moteur de la plupart des gens. C'est peut-être là-dessus aussi que notre société fonctionne.

  • Speaker #0

    La notion de dépassement.

  • Speaker #1

    Mais on veut se dépasser alors qu'on ne se connaît pas forcément déjà si bien que ça. Et qu'à mon avis, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut rester dans son canapé et tout ça. Mais en fait, je ne pense pas qu'il y ait vraiment quelque chose à dépasser. Et que de partir du principe qu'on n'est pas assez et qu'il faut faire plus, je crois que ça vient aussi d'une... incompréhension et d'une méconnaissance de ce que c'est le corps humain et d'avoir le corps qu'on a et de pouvoir faire ce qu'on fait, c'est miraculeux en fait, c'est extraordinaire. Moi, j'ai un peu dormi pendant les cours de science à l'école et je le regrette vraiment beaucoup aujourd'hui. Donc, j'essaie de rattraper ma culture scientifique, bien modestement, mais de comprendre un peu la physique, comment c'est faire. J'ai du mal, mais je suis curieux. Et puis, la biologie et l'évolution, et qu'on soit là et même qu'on puisse se parler. En plus, nous, maintenant, on a fabriqué des bidules où on peut se parler à distance. Même si on était face à face, ce serait incroyable que pour l'instant, on n'a pas trouvé ça ailleurs. Alors, on ne connaît qu'un tout petit bout de l'univers, mais ce n'est pas comme si la vie, c'était ça allait de soi et partout, il y a de la vie. Donc, bon, vraiment, il faudrait faire une série de plus d'abdos parce que sinon, ce n'est vraiment pas terrible. Non, en fait, il y a une façon d'être au corps qui ne... ne fait pas abandonner ni la curiosité, ni l'envie, ni l'enthousiasme et toutes ces choses-là. Mais je pense que le besoin de performance et de dépassement, justement, il peut vraiment passer au second plan. Et en fait, juste d'être là et d'être vivant, c'est une performance sur un calou qui flotte dans l'infini universel. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus que ça ? Simplement d'essayer de s'émerveiller de ça. Je trouve que c'est une tâche déjà bien suffisante.

  • Speaker #0

    L'émerveillement, c'est une notion magnifique. Ça me fait penser vraiment à ce que tu es en train de développer là, ce que j'appelle la pédagogie de l'expérience. Je pense que souvent dans les pratiques comme le pédate ou le yoga, ce qui nous met un peu dedans, l'écueil, C'est que comme c'est un répertoire formel avec des exercices et des formes, de mon point de vue, on peut tomber dans l'écueil d'essayer de reproduire la forme et de penser que le but du jeu est de reproduire la forme. De mon point de vue, le but du jeu n'est pas du tout de reproduire la forme. Le but du jeu est d'expérimenter dans ton corps avec curiosité ce que tu es capable de faire. Et si ça s'approche de la forme, c'est génial. Si ça ne s'approche pas tant, c'est OK. Et si tu découvres une autre forme, alors c'est génial. Voilà, ça, c'est mon point de vue. Donc, effectivement, ça amène plein de questions autour de notre méthode et autour de ces méthodes-là, en règle générale. C'est quelle est la place de l'individu, de l'expérience du jeu que tu es en train de faire quand tu es sur ton réformeur ou sur ton... ton tapis en train d'expérimenter des choses dans ton corps, de te dire, ah tiens, mon articulation a fait comme ça, elle fait comme ça, et comment c'est si maintenant je la mets dans l'autre sens, et quand même, si je ferme les doigts, si je ouvre les doigts, d'être vraiment curieux de ça. Et en même temps, ça nous amène aussi à la notion, qui est une notion qu'on voulait aborder un petit peu, entre la tradition et l'innovation. C'est-à-dire que tu as une forme qui a été écrite, qui est comme un fil conducteur ou un protocole que tu peux poursuivre, qui est très intéressant, qui fait que tu retombes toujours sur tes pattes. Moi, j'ai grand plaisir à pratiquer dans un certain protocole. Mais des fois, c'est rigolo aussi d'aller casser le protocole et puis d'aller juste jouer avec ce qui existe, avec ce qu'elle a. Moi,

  • Speaker #1

    c'est... je suis entièrement d'accord avec toi et c'est ce qui nous unit et nous réunit en fait cette réflexion même si elle n'était pas articulée à ce moment là j'ai commencé à la voir justement quand j'ai fait mes voyages au Canada et en Chine surtout au Canada où je cherchais des adversaires et moi j'avais une forme très codifiée, j'ai fait une sorte de danse classique des arts martiaux et j'ai vu que ça marchait vraiment pas très très bien quoi Et que, mais donc comme on faisait des combats, encore une fois, c'était contrôlé, mais moyennement contrôlé. Ben ouais, j'ai, enfin je me suis abîmé, j'ai saigné, j'ai craché mon sang et tout ça. Je me suis dit, ah, il faudrait quand même que je change des choses, quoi. Parce que là, c'est, en l'état, ça ne fonctionne pas. Et je ne pense pas que ce soit la forme en elle-même qui soit mauvaise. C'est la façon dont ça a été codifié et transmis. Parce que je pense que les gens qui ont mis au point ces formes-là, ils... Je savais de quoi ils parlaient. Mais donc, ça a éveillé mon regard. Donc, j'ai adapté mon style un peu. Et après, j'ai vu des gens, quand je suis retourné dans mon école, qui montraient des choses et ça se voyait, qu'ils ne comprenaient pas ce qu'ils expliquaient. Mais ils répétaient ce qu'ils avaient vu. Donc, moi, j'ai continué mon exploration. Et j'ai trouvé vraiment quelque chose d'un peu hybride. Et une fois, j'étais avec mon maître. Et je faisais mon truc, je faisais un petit combat. Et j'étais bien à l'aise. Alors, je faisais un truc un peu différent. Mais moi, ça me convenait. J'étais bien dans ce que je faisais. Et pourtant, j'ai rarement été bien dans ma pratique martiale. Et lui me dit, non, ce n'est pas comme ça. Il ne faut pas faire ça. Le style de notre école, c'est comme ci, comme ça. Et j'ai senti au niveau psychomoteur que ça m'avait ramené 4 en 1. Enfin, ça m'a bloqué. Parce qu'à l'époque, moi, je faisais ce qu'il me disait. Et donc, j'ai contraint mon schéma moteur. Et ça n'allait pas du tout. Et après, j'ai changé. Du coup, c'était aussi pour ça que c'était une bouffée d'air frais. Et donc... Ce truc de la forme et du fond, disons, il se retrouve partout et notamment dans le pilates. Alors effectivement, il y a une contrainte puisque si l'idée, je pense que l'enseignement, si on veut transmettre une essence, la forme c'est un support. Mais qu'au final, si à chaque génération, il n'y a pas quelque chose qui est réactivé, renouvelé, réexpérimenté. ça devient quelque chose d'un peu creux, d'un peu vide. Et donc, on s'attache au fur et à mesure à l'exécution de la forme parce qu'on pense que c'est ça qui va faire la qualité de l'expérience, alors que non, en fait. Et que c'est ça la difficulté, on peut transmettre une force, une forme, pardon, mais on ne peut pas transmettre une expérience. Donc, je pense fondamentalement qu'avec le répertoire pilates, mais pas que, ce qu'on est vraiment censé faire... c'est de créer un espace où les gens vont pouvoir vivre cette expérience avec les formes traditionnelles du répertoire ou non. Parce que sinon, en fait, on devient un peu comme des gardiens de musée où il ne faut pas toucher, il ne faut pas changer, il faut regarder. Et on dit c'est ça le modèle. Et je pense dans le cadre peut-être de la plupart des maîtres, puisque c'était quand même des gens qui eux-mêmes innovaient, et en tout cas de Pilate, si j'ai bien compris, je ne suis pas un... Un fanatique de l'histoire du Pilate, mais ce que j'ai saisi un peu de ce qu'il faisait, c'était que lui, il était en invention perpétuelle. Et que de son temps, je parle sous ton contrôle, il n'y avait pas les listes qui existent aujourd'hui. En fait, lui, il enseignait un peu. Alors, il donnait des cours collectifs, mais surtout des cours privés, si j'ai bien saisi. Et puis, il regardait un peu la personne. Et puis, il sentait un peu comment ça allait, de quoi il allait avoir besoin. Soit il... Il proposait sur l'instant, soi-même, il fabriquait un nouvel accessoire, quelque chose comme ça. Donc lui, il était dedans, dans ce magma un peu perpétuel.

  • Speaker #0

    Il a créé effectivement des exercices ou certains appareils ou certaines choses, vraiment pour certains élèves spécifiquement. Il y avait, je crois que c'est Cassie Grant, qui est une des elders qui s'est formée avec lui, qui n'est plus de ce monde, mais qui avait dit, il nous regardait, on avait l'impression qu'il nous scannait totalement du regard, de haut en bas. C'est comme s'il voyait à travers toi et comprenait comment tu fonctionnais dans ton mouvement. Et d'un seul coup, il allait vraiment te proposer quelque chose qui était très spécifique à tes besoins. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a autant de lignées de sensibilité à l'intérieur du pilates, puisqu'il s'est beaucoup adapté à chacun de ses élèves. Et donc, chacun de ses élèves a pris comme une facette de son travail. Mais je pense que lui, dans sa globalité, de sa carrière de 40 ou 50 ans d'enseignement du mouvement, il avait eu des facettes énormes d'adaptabilité.

  • Speaker #1

    Et je pense que du coup, c'est un signe de réussite qu'il y a un peu cette multitude qui émerge et que c'est bien, c'est bon signe. Et ce qu'il y avait chez Eulaine, un prof qui s'appelait Grégory Montéant, qui m'a beaucoup influencé. Et il avait des maximes comme ça qui lui venaient. Et il disait, il ne faut pas s'attacher aux petites recettes, il faut comprendre la logique interne. Et en fait, c'est vrai. Donc, c'est ce qu'on dit. Finalement, ça résume un peu ça. C'est plutôt le fond que la forme. Même s'il y a des moments, peut-être, c'est comme quand on est pratiquant ou enseignant. Moi, j'ai l'impression que c'est un peu le même processus que quand on… processus de croissance, donc comme quand on se développe quand on est enfant, au début on apprend en imitant et en reproduisant ce qu'on voit. Et en tant que prof c'est pareil, il y a Bruce Lee qui disait il faut d'abord s'imiter, intégrer et innover ensuite. Moi il y a des moments où j'étais un clone de mes profs, je parlais comme eux, je faisais comme eux, je disais il y a des moments où même il y avait chez Eulaine, moi j'étais le clone de Greg et il y avait une élève dans une autre salle Moi, je donnais un cours et Greg arrive devant elle, elle me dit, elle lui dit, mais je croyais que tu étais dans la salle parce qu'en fait, je l'imitais tellement qu'elle avait l'impression que c'était Greg. Bon, donc ça, c'est qu'il faut en passer par là. C'est normal, mais du coup, c'est juste une étape. Si on se dit, ben voilà, tu dois reproduire avec la copie conforme de ceux qui t'ont formé. Ça, c'est pas bon de dire OK, au début, tu vas imiter. Après, tu feras ton truc. Ça, c'est meilleur, je pense, parce qu'on ne peut pas non plus. tout de suite lâcher dans le grand bain et dire allez vas-y maintenant invente un truc il faut bien des étapes intermédiaires et moi je trouve que forcément tu savais qu'on allait en parler il y a un truc que je trouve très bien actuellement, ce qui m'inspire pas mal c'est une pratique qui s'appelle Fighting Monkey et là en fait il y a c'est l'excès inverse il n'y a pas de répertoire donc en fait quand il y a des stages qui sont organisés Il y a des choses qui reviennent quand même, il y a une structure mais il n'y a pas de répertoire disons. Et ça change tout le temps en fait. Et les profs, c'est un couple, Joseph et Linda, ils inventent perpétuellement. Et donc je pense que c'est à peu près sûr qu'on ne fait jamais deux fois la même chose. Il y a des choses qui reviennent.

  • Speaker #0

    Ils inventent des expériences,

  • Speaker #1

    des situations de travail. Des situations de travail, exactement. Et ça très bien, c'est ça, des situations de travail, des situations de mouvement. Et donc même leur truc, son programme s'appelle Zéro Forme justement. Et alors moi je suis son mentorship actuellement, mais au point que c'est tellement libre qu'il y a des moments, pour le coup ça manque un peu, moi je suis un peu perdu dans ce qu'il faut faire. Donc c'est très bien, moi ça m'ouvre l'esprit, mais c'est le truc inverse, l'exemple inverse. Et ce que tu disais sur les situations de mouvement ou de travail, Ça, je l'ai vu aussi en faisant du systema. Alors, je n'en ai pas fait beaucoup. Je n'en ai fait que deux fois. Mais les deux fois, c'est ça qui m'a frappé. C'est qu'en fait, dans les arts martiaux, il peut y avoir des choses, c'est très codifié. Tu fais un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, dix fois moi, puis après dix fois toi. Et puis bon, comme ça, on apprend. C'est vrai, mais je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen d'apprendre. Quand je suis allé faire du systema, les deux fois, le prof, il explique un petit peu des choses. Il donne un contexte. Et puis après, hop, c'est parti. Et on voit ce qui se passe. Et vraiment, les deux fois, c'était tard dans ma carrière martiale, disons, dans ma recherche, mais c'était très agréable parce que c'était beaucoup plus libre et beaucoup plus réaliste. Je ne sais pas si vraiment la recherche de réalisme dans l'art martial sera l'objet d'un autre podcast peut-être. Mais en tout cas, ça me paraissait beaucoup plus intelligent. Je me suis dit, mais si je m'étais entraîné comme ça plus tôt, je serais arrivé à d'autres choses. Là, c'est dans le... Enfin, vraiment, voilà, cet espace semi-guidé, puisqu'on en revient un peu à Fighting Monkey, où si c'est complètement libre, le truc s'écroule. Mais on peut donner quelques règles du jeu. Et puis après, les gens, ils se débrouillent avec ça. Parce que s'il n'y a pas de règles, il n'y a pas de jeu non plus. Tu vois, si on se met devant un plateau, un jeu d'échec, et qu'en fait, tu peux faire ce que tu veux, tu peux lancer les pièces à ton adversaire, ça manque de structure. Mais par contre, même dans un espace disons semi-guidé, c'est assez épanouissant. Et moi, c'est ce que j'essaie d'amener maintenant dans mes formations de pilates et même dans mes cours.

  • Speaker #0

    où j'ai compris aussi que moi, je n'étais pas au centre de l'expérience parce que je ne suis pas là pour transmettre le pilates, justement. On en revient à l'idée qu'on crée les conditions favorables à ce que les gens vivent une expérience. Donc, moi, je suis garant de ça, de pas mal de choses, du rythme, de l'ambiance, de ce que je peux apporter comme correction, je ne sais pas si c'est le terme, mais suggestion, des choses comme ça, des modifications, comment j'accompagne les gens, mais c'est eux qui font le travail. Et même dans la formation et dans l'enseignement. Je pense que c'est possible d'avoir cette approche-là pour du pilates classique, par exemple. C'est comment le positionnement du prof change pour faire vivre une expérience aux gens. Actuellement, je suis une formation de formateur aussi dans un truc très carré. Ce n'est pas du tout en lien avec le mouvement. C'est comment on va former des adultes. Et le type, il a commencé son… C'était vraiment très, très bien. Mais il commence son séminaire en disant former n'est pas transmettre Et là, ça a éveillé ma curiosité, mais avant, ça m'aurait révolté que bien sûr que si former, c'était transmettre, et c'était transmettre les secrets ancestraux des maîtres, parce que tu comprends, dans la montagne du dragon, on a développé ces techniques. Et en fait, non. Et la raison, c'était intéressant vraiment. En fait, c'est pas former n'est pas que transmettre Il faut transmettre quand même des petites choses. Mais l'idée, ce n'est pas de passer le répertoire de génération en génération. C'est d'essayer de faire passer tout ce qui ne rentre pas dans les cases, tout ce qui ne rentre pas dans la liste, mais tout ce qui fait le lien et qui va faire la différence entre des chorégraphies vides qui, au mieux, n'ont que peu d'intérêt, au pire, vont blesser les gens parce qu'on peut se faire mal en pilates aussi, ce n'est pas magique. Et... Alors que sinon, ça peut être quelque chose de profondément, justement, formateur et transformateur. Et ça, effectivement, ce n'est pas forcément dans le répertoire. Ça ne dépend pas que de ça.

  • Speaker #1

    On en revient à la question de, non pas qu'est-ce que tu fais, mais comment tu le fais. Finalement, qu'est-ce que tu fais, qui n'est pas tant d'importance que ça. Mais c'est le comment, avec quelle qualité. Et ça, c'est le cœur de mes réflexions. qu'on peut appeler la pédagogie d'expérience, la pédagogie somatique. Et donc, toutes les techniques somatiques, tu vois, le Feldenkrais, le BMC, viennent de cette pédagogie-là, de mettre la personne au cœur de l'expérience. Et toutes ces pratiques de mouvement, donc le Fighting Monkey, mais tu vois, dans la lignée d'Hydro Portal et toutes ces pratiques-là, on en a un peu discuté avec Alain lors du dernier podcast. Je trouve ça intéressant parce que ça vient chercher vraiment un mouvement qui est très complet, très curieux et qui va essayer d'aller chercher tous les angles morts qu'on peut avoir. Parce que moi, ce que j'ai observé, c'est que quand tu travailles des formes très précises, tu vois, si tu vas travailler ton enchaînement vinyasa ou ton reformer niveau 3, etc., eh bien, tu as des angles morts physiquement. Tu as des choses que tu ne travailles pas tant que ça. Tu vas avoir des endroits du corps qui, du coup, vont être faibles. ou certaines compétences du corps qui vont être faibles. Et je crois que c'est un maître du Qigong, j'avais entendu dire ça, on est fort, en fait, on peut mesurer notre force, de nos compétences, à l'endroit le plus faible qu'on a. Donc si j'ai tout plein de choses très très très bien, mais j'ai un endroit qui est faible, ben en fait, je suis à ce niveau-là. Je suis au niveau de ma compétence. Donc pour moi, c'est très intéressant d'essayer de percevoir les zones un peu grises, les angles morts qu'on peut avoir dans une technique. et se dire comment à l'intérieur de la technique je peux apporter de la lumière sur ces angles morts ou compléter avec des choses transversales. Notamment, par exemple, dans le pilates, on travaille beaucoup dans des plans uniques, sagittales, frontales, il n'y a pas beaucoup de spirales. On a des techniques maintenant plus récentes, comme le gyro, comme le garuda, qui nous ont amené des spirales. Donc, intéressant. d'amener ce travail-là, non pas forcément de changer la forme, mais simplement de faire ton exercice de pilates avec cette prise de conscience de la spirale à l'intérieur. Des fois, c'est vraiment des petites subtilités, ça ne veut pas dire forcément je vais jeter le répertoire, je vais faire autre chose, mais c'est comment je l'adapte subtilement. Et on aborde un autre thème qu'on aime beaucoup, c'est la transversalité, c'est comment on crée des ponts entre toutes ces expériences-là.

  • Speaker #0

    Oui, et moi, je pense que du coup, c'est l'approche que j'ai trouvée chez Alain quand j'ai poussé la porte. Et c'est ça qui m'a plu, je pense, et qui m'a aussi aidé à... à lâcher les arts martiaux et le monde que je connaissais, parce que j'ai retrouvé là des choses que je connaissais et que j'aimais. Je me suis dit, OK, ça, c'est la suite logique de mon parcours. Parce que quand je prenais des cours de réformeur, notamment avec Greg, j'avais l'impression de faire un cours d'arts martiaux, par exemple. Parce qu'il y avait de l'habileté, de la précision, de l'effort, mais enfin, plein de choses. Et que assez vite, j'ai vu, parce qu'il y a eu une transition quand même qui s'est faite sur le temps, j'ai vu l'effet que ça avait dans ma pratique d'origine. Et j'ai vu que ça avait transformé ma pratique. J'ai eu l'occasion, à plusieurs années d'intervalle, de faire les essais et de voir comment j'étais métamorphosé dans ma pratique de base. Alors que, comme je l'ai dit en préambule, en fait, être dans le corps en mouvement, ce n'était pas du tout acquis pour moi. Et en plus, dans cette discipline très exigeante. Et en fait, c'est ça qui m'avait manqué. Peut-être que j'aurais pu m'entraîner autrement plus tôt. Mais il y a une année... où j'ai vu que je pouvais faire tout ce que je voulais dans l'art martial, alors que j'avais été dans des combats, j'avais beaucoup subi les combats que j'avais faits, là, j'étais obligé de doser pour ne pas, toute proportion gardée, mais pulvériser le mec que j'avais en face de moi, parce que je faisais ce que je voulais, et je lui mettais mon pied dans la tête, et dans là, enfin, voilà, c'était libre. Donc ce transfert-là, il est vraiment essentiel, et je pense que, en tout cas, moi, c'est comme ça que je le présente à mes stagiaires. En fait, le pilates, c'est un moyen et pas une fin. Ça peut l'être si on aime la forme classique et qu'on y va pour se faire plaisir. C'est OK, je ne suis pas en train de critiquer ça, mais qu'à mon avis, la valeur ajoutée, elle n'est pas dans le fait de devenir expert en pilates. Elle est dans le fait de devenir expert de soi-même, disons. Et moi, quand je travaille avec des particuliers, avec des stagiaires, mais c'est un peu différent parce qu'il y a quand même un objectif d'obtenir un diplôme, de se professionnaliser. Il y a une direction qui est un peu orientée déjà. Mais avec des gens de l'extérieur, moi, j'estime que j'ai fait mon travail quand ils arrivent à faire des choses qu'on n'a pas travaillées ensemble. Donc, j'ai eu une cliente qui arrivait mieux à monter à cheval, une autre qui avait plus mal au cou quand elle se tournait en vélo puisqu'elle avait des hernies discales. Quelqu'un qui me dit, j'ai pu faire un déménagement et je n'ai pas eu mal au dos. Des choses comme ça. alors qu'on n'avait pas travaillé spécifiquement ces aspects, ni l'équitation, ni le vélo, ni le déménagement. Et le truc le plus fou, c'est que pendant un moment, j'ai donné des cours de yoga pour hommes, on pourra en parler un peu après si tu veux, et donc il y a un de mes élèves qui a réussi à accompagner sa femme pendant qu'elle accouchait avec la respiration, le centre, les choses comme ça, alors qu'en toute logique, tu auras déjà compris qu'en yoga pour hommes, on ne travaille pas la préparation à l'accouchement. Ce n'est pas le cœur de notre pratique. Et pourtant, avec ce qu'il avait compris, lui, pendant les cours sur son corps, il a réussi à pouvoir être là pour sa compagne à ce moment-là. Et quand j'ai vu ce texto-là, j'ai trouvé ça incroyable. Alors, j'étais content de moi. J'étais content pour eux, j'étais content de moi. Mais il y a quelque chose qui se passe aussi malgré moi. Moi, je n'avais jamais eu ça en tête en lui parlant de la respiration et de comment il pouvait engager son transverse. Voilà, l'être au corps, alors que l'avenir s'annonce un petit peu compliqué pour l'humanité et pour le reste du vivant sur Terre. J'ai l'impression, moi, que c'est un peu ça l'issue, si jamais il en existe une, ce qui n'est pas garanti. Mais elle est là, quoi. Elle est dans comment, alors qu'on a des machines de plus en plus performantes et tout ça. La clé pour nous, elle est de revenir au corps et d'être profondément organique.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Description

🧘🏻‍♂️ Dans cet épisode captivant de Corporalités, je te présente Adrien, un véritable explorateur du mouvement et de la posture depuis près de 25 ans.


Avec plus de 25 000 heures d'enseignement à son actif, Adrien est aujourd'hui directeur pédagogique du centre A-lyne et auteur du livre Le Yoga pour les hommes (Leduc - 2021). Il est aussi créateur du podcast "La tête aux pieds".


🌟 Son parcours est fascinant : il est passé des arts martiaux au Pilates et au Yoga, tout en enseignant dans des lieux aussi variés qu'une prison, une université, un hôpital ou encore une école. Adrien croit fermement en l'importance de redonner au corps sa place centrale pour transformer les défis individuels et sociaux.


Dans cette interview, Adrien nous parle de son approche unique du mouvement, de la pédagogie et de l'importance de la qualité de la pratique. On discute de comment pratiquer plutôt que de simplement quoi pratiquer, de l'intérêt de la transversalité des disciplines, et des transferts de compétences qui en découlent. 💬


❓ Pourquoi écouter cet épisode ?


➡️ Découvre l'expérience et les enseignements d'un expert passionné par le corps et le mouvement.

➡️ Plonge dans des réflexions profondes sur la pédagogie du mouvement et comment elle peut enrichir notre quotidien.

➡️ Apprends comment une pratique somatique et athlétique peut influencer positivement une masculinité plus équilibrée.


🔔 N'oublie pas de t'abonner à "Corporalités" pour ne manquer aucun de nos dialogues inspirants ! Pense à laisser une note, un commentaire et à partager avec tes amis pour faire découvrir ce podcast autour de toi.


🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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📕 Son livre “Le Yoga pour les hommes” : https://www.editionsleduc.com/produit/2522/9791028521561/le-yoga-pour-les-hommes


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratorices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice en pilates, danseuse improvisatrice, praticienne de chefs. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin. Et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Bonjour pour ce nouvel épisode du podcast Corporalité. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Adrien Mater, collègue et binôme de projet, on en parlera un peu plus tard. Je te laisse la parole, je te laisse te présenter Adrien.

  • Speaker #1

    Salut Gaëlle, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Adrien Mater, actuellement je suis directeur du centre E-Line, donc un centre de formation de professeurs de pilates à Paris. Et j'ai un parcours dans le mouvement maintenant, ça fait bientôt 25 ans que j'étudie sur le corps en mouvement. Le corps et l'esprit en mouvement aussi d'ailleurs. Et donc j'ai commencé par les arts martiaux, puis j'ai bifurqué vers le pilates et le yoga en tant que professeur d'abord. Et maintenant, je me consacre beaucoup à la formation de prof parce que je pense que c'est là que je peux m'épanouir. Et en plus que ça peut aider aussi à transmettre. une certaine vision de l'individu en mouvement dans la société. Je pense que ça, c'est vraiment important.

  • Speaker #0

    Ok, super. Alors moi, j'ai une première question pour toi qui est de... Tu as dit un petit peu que tu viens des arts martiaux, que tu es arrivé au Pilates. Comment ça s'est fait ce cheminement d'une technique à l'autre en fait ? Qu'est-ce qui t'a plu en premier dans le mouvement peut-être quand tu as commencé adolescent ? Qu'est-ce qui t'a ramené vers quelque chose qui est un mouvement peut-être plus... Plus interne, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Moi, j'étais très loin du corps quand j'étais enfant. J'étais obèse et j'étais très mental. Donc, j'aimais les jeux vidéo, les films, les livres. Et le sport, c'était ce que je détestais vraiment par-dessus tout parce que je ne me sentais pas du tout à l'aise. Aussi parce que ce n'était pas valorisé dans ma famille. C'était plutôt une famille de classe moyenne. Et mon père, il n'était pas du tout physique. Et ma mère, elle s'était beaucoup... construite parce qu'elle, elle venait d'une famille plus pauvre et en allant, elle s'était fait une place justement, on parle l'apprentissage intellectuel, culturel et donc elle valorisait beaucoup ça, le savoir, mais du coup que le corps c'était un peu, et l'exercice physique et le travail manuel c'était un peu négligé, c'était moins valorisé disons. Donc en fait, il n'y avait pas beaucoup de facteurs. Moi, je détestais ça. Dans ma famille, ça ne nous intéressait pas trop. Donc il n'y avait pas grand-chose qui m'attirait vers ça. À l'adolescence, j'ai eu envie de changer un petit peu. J'ai commencé par les scrims. J'ai moins détesté, donc c'était bien. Et puis un jour, pour suivre mes copains, je suis allé dans une salle d'arts martiaux parce qu'ils voulaient s'y mettre. Et au début, j'y allais vraiment pour être avec les autres. Et progressivement, il s'est passé quelque chose. Moi, je pense qu'à l'adolescence... Comme tous les adolescents, mais là, il y avait une situation familiale particulière que j'avais certains besoins. Et inconsciemment, en fait, j'ai vu que ça m'aidait à me construire, d'être dans cette salle d'art martiaux. Et aussi, c'était un art martial assez particulier, ça s'appelait Vosantoc ou Vos Vietnams, c'est un truc assez confidentiel, qui n'avait pas beaucoup de membres. Mais par contre, l'école a été structurée autour d'un maître qui était vraiment fascinant. puisque lui, il avait appris dès l'enfance d'une façon assez traditionnelle. Et donc, il était à la fois acrobate, chorégraphe, combattant, entraîneur. Il avait des élèves depuis vraiment longtemps. Il y a des gens qui pratiquaient depuis une vingtaine d'années avec lui. Et donc, à la fois la figure de cette personne et la structure, l'école qui existait autour, c'est ça qui m'a donné envie de m'investir et de progresser. C'était vraiment très dur pour moi parce que moi, je n'avais pas du tout un corps qui était fait pour ça. C'est un art martial vietnamien, donc ce n'est pas du tout les mêmes corps, ni les mêmes environnements. Ça demandait beaucoup de souplesse, de grâce, de précision. Moi, je manquais de tout, sauf de volonté au bout d'un moment. Quand j'ai commencé à m'y mettre, c'était ça ma passion, c'était même mon obsession. Toutes les qualités qui me faisaient défaut, je pense qu'elles étaient compensées par mon obstination farouche. Et donc, c'est ça qui m'a aidé à progresser. Sauf que quand même, moi, c'est bien d'être obstiné, mais je pense que je manquais d'encadrement aussi, de conseils de qualité. Et puis, moi, je manquais de patience, de pas mal de choses. Donc, je me suis beaucoup blessé. Parce que ce qui me plaisait le plus, c'était de faire des combats. Donc, il n'y avait pas de compétition. Mais c'est facile de trouver des gens pour combattre. Pas une bagarre de rue, mais des pratiquants de la même discipline ou d'une autre. Et puis, on organise des petites choses comme ça pour se tester. Parce que moi, j'ai fait ça en France, mais aussi à l'étranger, en Chine et au Canada. Parce que j'étais étudiant et donc j'ai eu l'occasion d'aller vivre à l'étranger. J'ai trouvé plein de gens pour m'entraîner. J'ai pris beaucoup plus de coups que j'en ai donné. Et même quand je donnais des coups, parfois j'abîmais mon corps. J'avais des blessures à peu près à toutes les articulations, aux chevilles, aux genoux. Et c'est devenu plus grave quand ça a attaqué le dos et la hanche et la nuque. Il y avait un moment où j'avais 25 ans et on m'a diagnostiqué de l'arthrose de hanche. J'avais déjà une discopathie. J'étais vraiment très abîmé le jour où je suis allé faire mon IRM, je crois. Le type a regardé les images de ma hanche et m'a dit mais qu'est-ce que vous avez fait pour avoir la hanche dans cet état-là ? Donc moi je voulais continuer à m'entraîner, mais c'était plus possible. Il y a des moments où j'avais du mal à marcher, donc pour faire 2000 coups de pied par jour c'était compliqué. Donc j'ai dû changer un petit peu. Comme je voulais continuer, j'ai eu l'occasion de me professionnaliser. J'ai passé un BPGEPS dans les métiers de la forme, AG2F. Donc, ce n'était pas ma discipline, mais c'était un moyen de devenir enseignant professionnel. Et là, j'ai découvert l'anatomie. Ça, en fait, c'était une révélation, même si c'était vraiment à la dure avec le prof que j'avais. Mais j'ai compris qu'il n'y avait rien de mystérieux ni de hasardeux, ce qui, pour moi, était le cas jusque-là. Enfin, je ne savais pas pourquoi ça marchait ou pourquoi ça ne marchait pas, pourquoi certains étaient forts et d'autres moins. Et là, en fait, ça s'est éclairé sous un jour nouveau. J'ai acquis pas mal de... de connaissances pour moins me blesser et prendre en charge les zones qui étaient déjà abîmées. Et puis, du coup, j'ai découvert le milieu des métiers de la forme, disons, qui n'était pas ce que je préférais, mais ça m'a aidé à faire une transition parce que là, c'est là qu'on m'a parlé de Pilates pour la première fois. Et par l'intermédiaire d'un patron de salle, je suis allé chez Euline, justement. Et je pense que pour plein de raisons, je n'y serais jamais allé de moi-même. Parce que c'était dans le centre de Paris et que moi, je vivais en banlieue et que je n'allais pas trop souvent dans Paris. Ma vie, elle était ailleurs. Aussi, pour une question de tarif, parce que pour moi, 300 euros par an, je m'entraînais avec un maître de Kung Fu légendaire. Donc, quand je voyais les prix des formations à Paris, je me disais, mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien m'apporter que je ne peux pas avoir avec mon maître tous les jours ? Bref, tout ça, ça a été facilité parce qu'on m'a donné l'adresse. On m'a dit, va là. Et en poussant la porte. j'ai vu qu'il y avait quand même quelque chose de particulier, parce que j'avais cette étude des arts martiaux qui m'avait amené à pousser pas mal de portes. J'avais l'habitude de rentrer dans des lieux et de sentir si ça allait coller ou pas. Et là, j'ai vu qu'il y avait un truc exceptionnel. J'ai découvert les machines. J'ai vu à l'époque l'équipe enseignante qui était organisée autour de Martin Curtis Hawks. Et que ces gens, clairement, ils connaissaient quelque chose que moi, je ne connaissais pas. et dont on ne parlait pas vraiment dans l'école dans laquelle j'étais. Et donc, comme je ne fais pas les choses à moitié, un peu même à l'excès, je me suis mis là-dedans à fond et j'ai découvert tout un monde différent autour du pilates et du yoga dans Paris-Centre. Donc, j'ai vraiment changé de discipline, changé d'environnement.

  • Speaker #0

    Tu as abandonné l'art martial à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, quasiment. Parce que vraiment, déjà, j'avais moins de temps. Et puis, j'ai eu des prises de conscience. Peut-être qu'on en reparlera, que c'est vraiment très précieux, cet art martial, dans ma vie. Je pense que tous les jours, je m'en sers d'une façon ou d'une autre. Même si ce n'est pas externe, ça m'imprègne et c'est très bien. Il y avait des choses avec lesquelles j'avais besoin de couper aussi. Parce que les dynamiques traditionnelles, c'est vraiment précieux. C'est plein de bonnes choses. Il y a des moments où ça mérite d'être équilibré. Sinon, c'est difficile de trouver sa place, un épanouissement. vraiment profond. Ça peut être la même chose ailleurs, mais en tout cas moi ce changement d'atmosphère il m'a vraiment fait du bien. Et donc j'ai découvert le yoga à peu près au même moment et donc j'ai fait une formation de prof chez Gérard Arnault parce que j'avais fait deux cours et le vinyasa c'était extraordinaire enfin c'est comme si vraiment je retrouvais des choses que je connaissais des arts martiaux à la fois dans le pilates et dans le yoga mais organisé différemment et je sentais que ça pouvait me faire du bien. Et donc, je me suis mis dedans à fond et c'est comme ça vraiment que je suis rentré dans le yoga et dans le pilates. Ce qui avait fait le lien, c'était qu'à un moment, quand j'étais très blessé, pardon, je reviens légèrement en arrière, j'ai fait du tai chi aussi avec mon maître. qui lui aussi était blessé. J'essaie de faire une histoire un peu condensée, sinon on y passe dix heures. Mais voilà, le fait, en fait ce qui a été fondateur, c'était le fait de coordonner la respiration et le mouvement et la tension que je pouvais porter à mon corps. J'avais compris ça aussi parce qu'en Chine, j'avais fait beaucoup de combats au sol et donc le fait d'être collé à la personne, et plus d'être, avant c'était beaucoup de disciplines de percussion, d'être collé à la personne, d'être collé au sol, tout ça, ça avait... contribué déjà à façonner une sensorialité et donc ce que j'avais appris au sol et en tai chi ça s'est vraiment révélé sur les tapis de yoga et sur les machines pilates voilà moi est ce que j'observe plein de fois chez les gens qui arrivent aux pilates c'est souvent

  • Speaker #0

    quand c'est des gens qui arrivent dans l'univers soit sportif soit de danse c'est que c'est vraiment des histoires souvent assez souffrante enfin tu vois où les gens se sont blessés où il ya eu vraiment des soucis Et le pilates ou le yoga est arrivé à ce moment-là pour suppler, pour guérir un peu quelque chose qui n'était pas vraiment à sa place. Et c'est vrai que quand on peut pratiquer ces méthodes-là en amont ou en parallèle, c'est vraiment là où ça va prendre tout son sens. Moi, je pense que le pilates est... Si on veut parler... spécifiquement de ça parce qu'on est tous les deux enseignants et formateurs quand même de ça donc c'est notre outil principal c'est vraiment un outil merveilleux pour comprendre comment ton corps fonctionne et l'utiliser ensuite dans toutes les disciplines dont tu as besoin ça peut être dans ta vie quotidienne si tu n'as pas de discipline particulière si tu pratiques pas un sport Mais ça peut être un support, en fait, pour mieux organiser ton corps, mieux l'aligner et éviter de te blesser. Et puis surtout, j'allais dire, de l'aimer, en fait. Tu vois, d'être aussi dans une certaine acceptation. Tu parlais de tes limitations, de tes difficultés. D'être dans une certaine acceptation. Alors, bien sûr, on veut toujours s'améliorer, améliorer les choses. Mais il y a, OK, ça, c'est ma physionomie. J'ai des manques de mobilité à certains endroits. Je suis fichue comme ça et en fait, comment je m'organise pour réussir à bouger en accord avec le corps que j'ai sans me faire mal ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, cette histoire de pratiquants qui viennent au pilates, mais moi j'avais commencé par le tai chi par exemple, qui changent de façon de faire une fois qu'ils n'ont plus le choix, c'est un peu à la fois un grand classique et c'est très dommage. Donc effectivement, je pense qu'il faudrait intégrer beaucoup plus. dans la préparation des pratiquants des disciplines comme ça, comme le pilates. Et tu l'as très bien dit. C'est qu'en fait, au-delà d'une mécanique différente, donc le travail sur l'alignement, la coordination, des choses qui sont vraiment importantes, moi, je crois que ce qui m'a aidé profondément, le plus profondément, c'est une façon d'être au corps différente. Et que pourtant, je pouvais m'entraîner 8 heures par jour, mais vraiment comme une machine. En fait, c'est après, j'avais déjà 10 ans d'expérience, j'ai compris que je pouvais basculer mon bassin. Enfin, il y a plein de choses comme ça, une prise de conscience du corps qui est venue, alors que ça aurait dû être dans l'autre sens en fait. C'est d'abord comprendre le corps, les propriétés du corps en général et du mien en particulier, pour voir qu'effectivement, on n'a pas tous les mêmes capacités, même si c'est des structures qui sont similaires. Et à partir de là, construire une pratique. Donc ce que je vois quand même, c'est que notamment à l'école des gens qui viennent se former, il y a de plus en plus de jeunes, qui sont athlètes, qui envisagent déjà un peu la suite de leur carrière et que ça va se transformer. Et c'est des gens qui ne sont pas encore blessés. Donc ça, je suis vraiment content. Et j'ai l'impression quand même qu'il y a un mouvement autour de ça, où effectivement le fait que le pilates, le yoga et peut-être d'autres façons de... de vivre soit un petit peu plus médiatisé. Disons, ça peut aider les gens à réfléchir autrement. Moi, il me semble qu'à mon époque, alors je vais parler comme un vieux, je ne suis pas si vieux que ça, mais quand je m'entraînais, il n'y avait pas tout ça. Enfin, le pilates, le yoga, enfin le yoga, on voyait tous vaguement ce que c'était, mais voilà, je pense que les choses ont changé. C'est vraiment pour le mieux. Après, c'est toujours une grande question. Tu parlais du transfert. effectivement des compétences qu'on pouvait acquérir dans le pilates, dans d'autres choses. Ça, je pense que c'est vraiment important. Là, en ce moment, c'est les JO, donc c'est aussi d'actualité. Je pense qu'il y a un moment où quand même, que ce soit pour des activités compétitives ou non, Moi, il n'y avait pas de compétition dans mon art martial, par exemple. Dans la danse, il n'y a pas vraiment de compétition. Il peut y avoir les spectacles, donc en tout cas, il y a une notion de performance. Et donc, c'est vrai aussi pour le sport de haut niveau. Je pense que le sport, ce n'est pas toujours bon pour la santé et les impératifs de la discipline, elles vont prendre le pas sur l'intégrité des athlètes. Donc effectivement, le fait de changer la façon de s'entraîner, c'est important et ça peut aider les gens à moins se blesser ou à se blesser moins gravement peut-être. Mais qu'après, en fait, ce n'est pas la même chose. Et je pense que vraiment, ce qu'on peut apporter... Alors, il faut soutenir les athlètes qui se consacrent à leur discipline corps et âme. On ne peut pas leur dire, finalement, ce n'est pas bien, tu dois arrêter. Donc ça, vraiment, je pense que c'est une partie importante du travail. Il faut les aider. Mais au-delà de ça, plus j'enseigne et plus je forme, plus j'ai l'impression... Parce que ça peut être la même chose à un autre niveau. Les gens, ils peuvent venir au pilates parce qu'ils pensent que c'est une gym qui... sculpte le corps et pour avoir une silhouette, pour avoir une image extérieure qui soit assez divisante. D'une façon générale, je pense qu'on est persuadé qu'on n'est pas assez bien. Et moi, je pense que si je me suis détruit le corps et j'ai fait le tour du monde pour taper sur des gens et me faire taper dessus, alors ça m'a apporté plein de choses. Mais je pense que c'est parce que je me disais qu'il fallait que je devienne quelqu'un ou que je mérite quelque chose et qu'au bout d'un certain moment, alors on pourra me dire que c'est bon. Et j'ai l'impression que c'est un peu le moteur de la plupart des gens. C'est peut-être là-dessus aussi que notre société fonctionne.

  • Speaker #0

    La notion de dépassement.

  • Speaker #1

    Mais on veut se dépasser alors qu'on ne se connaît pas forcément déjà si bien que ça. Et qu'à mon avis, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut rester dans son canapé et tout ça. Mais en fait, je ne pense pas qu'il y ait vraiment quelque chose à dépasser. Et que de partir du principe qu'on n'est pas assez et qu'il faut faire plus, je crois que ça vient aussi d'une... incompréhension et d'une méconnaissance de ce que c'est le corps humain et d'avoir le corps qu'on a et de pouvoir faire ce qu'on fait, c'est miraculeux en fait, c'est extraordinaire. Moi, j'ai un peu dormi pendant les cours de science à l'école et je le regrette vraiment beaucoup aujourd'hui. Donc, j'essaie de rattraper ma culture scientifique, bien modestement, mais de comprendre un peu la physique, comment c'est faire. J'ai du mal, mais je suis curieux. Et puis, la biologie et l'évolution, et qu'on soit là et même qu'on puisse se parler. En plus, nous, maintenant, on a fabriqué des bidules où on peut se parler à distance. Même si on était face à face, ce serait incroyable que pour l'instant, on n'a pas trouvé ça ailleurs. Alors, on ne connaît qu'un tout petit bout de l'univers, mais ce n'est pas comme si la vie, c'était ça allait de soi et partout, il y a de la vie. Donc, bon, vraiment, il faudrait faire une série de plus d'abdos parce que sinon, ce n'est vraiment pas terrible. Non, en fait, il y a une façon d'être au corps qui ne... ne fait pas abandonner ni la curiosité, ni l'envie, ni l'enthousiasme et toutes ces choses-là. Mais je pense que le besoin de performance et de dépassement, justement, il peut vraiment passer au second plan. Et en fait, juste d'être là et d'être vivant, c'est une performance sur un calou qui flotte dans l'infini universel. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus que ça ? Simplement d'essayer de s'émerveiller de ça. Je trouve que c'est une tâche déjà bien suffisante.

  • Speaker #0

    L'émerveillement, c'est une notion magnifique. Ça me fait penser vraiment à ce que tu es en train de développer là, ce que j'appelle la pédagogie de l'expérience. Je pense que souvent dans les pratiques comme le pédate ou le yoga, ce qui nous met un peu dedans, l'écueil, C'est que comme c'est un répertoire formel avec des exercices et des formes, de mon point de vue, on peut tomber dans l'écueil d'essayer de reproduire la forme et de penser que le but du jeu est de reproduire la forme. De mon point de vue, le but du jeu n'est pas du tout de reproduire la forme. Le but du jeu est d'expérimenter dans ton corps avec curiosité ce que tu es capable de faire. Et si ça s'approche de la forme, c'est génial. Si ça ne s'approche pas tant, c'est OK. Et si tu découvres une autre forme, alors c'est génial. Voilà, ça, c'est mon point de vue. Donc, effectivement, ça amène plein de questions autour de notre méthode et autour de ces méthodes-là, en règle générale. C'est quelle est la place de l'individu, de l'expérience du jeu que tu es en train de faire quand tu es sur ton réformeur ou sur ton... ton tapis en train d'expérimenter des choses dans ton corps, de te dire, ah tiens, mon articulation a fait comme ça, elle fait comme ça, et comment c'est si maintenant je la mets dans l'autre sens, et quand même, si je ferme les doigts, si je ouvre les doigts, d'être vraiment curieux de ça. Et en même temps, ça nous amène aussi à la notion, qui est une notion qu'on voulait aborder un petit peu, entre la tradition et l'innovation. C'est-à-dire que tu as une forme qui a été écrite, qui est comme un fil conducteur ou un protocole que tu peux poursuivre, qui est très intéressant, qui fait que tu retombes toujours sur tes pattes. Moi, j'ai grand plaisir à pratiquer dans un certain protocole. Mais des fois, c'est rigolo aussi d'aller casser le protocole et puis d'aller juste jouer avec ce qui existe, avec ce qu'elle a. Moi,

  • Speaker #1

    c'est... je suis entièrement d'accord avec toi et c'est ce qui nous unit et nous réunit en fait cette réflexion même si elle n'était pas articulée à ce moment là j'ai commencé à la voir justement quand j'ai fait mes voyages au Canada et en Chine surtout au Canada où je cherchais des adversaires et moi j'avais une forme très codifiée, j'ai fait une sorte de danse classique des arts martiaux et j'ai vu que ça marchait vraiment pas très très bien quoi Et que, mais donc comme on faisait des combats, encore une fois, c'était contrôlé, mais moyennement contrôlé. Ben ouais, j'ai, enfin je me suis abîmé, j'ai saigné, j'ai craché mon sang et tout ça. Je me suis dit, ah, il faudrait quand même que je change des choses, quoi. Parce que là, c'est, en l'état, ça ne fonctionne pas. Et je ne pense pas que ce soit la forme en elle-même qui soit mauvaise. C'est la façon dont ça a été codifié et transmis. Parce que je pense que les gens qui ont mis au point ces formes-là, ils... Je savais de quoi ils parlaient. Mais donc, ça a éveillé mon regard. Donc, j'ai adapté mon style un peu. Et après, j'ai vu des gens, quand je suis retourné dans mon école, qui montraient des choses et ça se voyait, qu'ils ne comprenaient pas ce qu'ils expliquaient. Mais ils répétaient ce qu'ils avaient vu. Donc, moi, j'ai continué mon exploration. Et j'ai trouvé vraiment quelque chose d'un peu hybride. Et une fois, j'étais avec mon maître. Et je faisais mon truc, je faisais un petit combat. Et j'étais bien à l'aise. Alors, je faisais un truc un peu différent. Mais moi, ça me convenait. J'étais bien dans ce que je faisais. Et pourtant, j'ai rarement été bien dans ma pratique martiale. Et lui me dit, non, ce n'est pas comme ça. Il ne faut pas faire ça. Le style de notre école, c'est comme ci, comme ça. Et j'ai senti au niveau psychomoteur que ça m'avait ramené 4 en 1. Enfin, ça m'a bloqué. Parce qu'à l'époque, moi, je faisais ce qu'il me disait. Et donc, j'ai contraint mon schéma moteur. Et ça n'allait pas du tout. Et après, j'ai changé. Du coup, c'était aussi pour ça que c'était une bouffée d'air frais. Et donc... Ce truc de la forme et du fond, disons, il se retrouve partout et notamment dans le pilates. Alors effectivement, il y a une contrainte puisque si l'idée, je pense que l'enseignement, si on veut transmettre une essence, la forme c'est un support. Mais qu'au final, si à chaque génération, il n'y a pas quelque chose qui est réactivé, renouvelé, réexpérimenté. ça devient quelque chose d'un peu creux, d'un peu vide. Et donc, on s'attache au fur et à mesure à l'exécution de la forme parce qu'on pense que c'est ça qui va faire la qualité de l'expérience, alors que non, en fait. Et que c'est ça la difficulté, on peut transmettre une force, une forme, pardon, mais on ne peut pas transmettre une expérience. Donc, je pense fondamentalement qu'avec le répertoire pilates, mais pas que, ce qu'on est vraiment censé faire... c'est de créer un espace où les gens vont pouvoir vivre cette expérience avec les formes traditionnelles du répertoire ou non. Parce que sinon, en fait, on devient un peu comme des gardiens de musée où il ne faut pas toucher, il ne faut pas changer, il faut regarder. Et on dit c'est ça le modèle. Et je pense dans le cadre peut-être de la plupart des maîtres, puisque c'était quand même des gens qui eux-mêmes innovaient, et en tout cas de Pilate, si j'ai bien compris, je ne suis pas un... Un fanatique de l'histoire du Pilate, mais ce que j'ai saisi un peu de ce qu'il faisait, c'était que lui, il était en invention perpétuelle. Et que de son temps, je parle sous ton contrôle, il n'y avait pas les listes qui existent aujourd'hui. En fait, lui, il enseignait un peu. Alors, il donnait des cours collectifs, mais surtout des cours privés, si j'ai bien saisi. Et puis, il regardait un peu la personne. Et puis, il sentait un peu comment ça allait, de quoi il allait avoir besoin. Soit il... Il proposait sur l'instant, soi-même, il fabriquait un nouvel accessoire, quelque chose comme ça. Donc lui, il était dedans, dans ce magma un peu perpétuel.

  • Speaker #0

    Il a créé effectivement des exercices ou certains appareils ou certaines choses, vraiment pour certains élèves spécifiquement. Il y avait, je crois que c'est Cassie Grant, qui est une des elders qui s'est formée avec lui, qui n'est plus de ce monde, mais qui avait dit, il nous regardait, on avait l'impression qu'il nous scannait totalement du regard, de haut en bas. C'est comme s'il voyait à travers toi et comprenait comment tu fonctionnais dans ton mouvement. Et d'un seul coup, il allait vraiment te proposer quelque chose qui était très spécifique à tes besoins. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a autant de lignées de sensibilité à l'intérieur du pilates, puisqu'il s'est beaucoup adapté à chacun de ses élèves. Et donc, chacun de ses élèves a pris comme une facette de son travail. Mais je pense que lui, dans sa globalité, de sa carrière de 40 ou 50 ans d'enseignement du mouvement, il avait eu des facettes énormes d'adaptabilité.

  • Speaker #1

    Et je pense que du coup, c'est un signe de réussite qu'il y a un peu cette multitude qui émerge et que c'est bien, c'est bon signe. Et ce qu'il y avait chez Eulaine, un prof qui s'appelait Grégory Montéant, qui m'a beaucoup influencé. Et il avait des maximes comme ça qui lui venaient. Et il disait, il ne faut pas s'attacher aux petites recettes, il faut comprendre la logique interne. Et en fait, c'est vrai. Donc, c'est ce qu'on dit. Finalement, ça résume un peu ça. C'est plutôt le fond que la forme. Même s'il y a des moments, peut-être, c'est comme quand on est pratiquant ou enseignant. Moi, j'ai l'impression que c'est un peu le même processus que quand on… processus de croissance, donc comme quand on se développe quand on est enfant, au début on apprend en imitant et en reproduisant ce qu'on voit. Et en tant que prof c'est pareil, il y a Bruce Lee qui disait il faut d'abord s'imiter, intégrer et innover ensuite. Moi il y a des moments où j'étais un clone de mes profs, je parlais comme eux, je faisais comme eux, je disais il y a des moments où même il y avait chez Eulaine, moi j'étais le clone de Greg et il y avait une élève dans une autre salle Moi, je donnais un cours et Greg arrive devant elle, elle me dit, elle lui dit, mais je croyais que tu étais dans la salle parce qu'en fait, je l'imitais tellement qu'elle avait l'impression que c'était Greg. Bon, donc ça, c'est qu'il faut en passer par là. C'est normal, mais du coup, c'est juste une étape. Si on se dit, ben voilà, tu dois reproduire avec la copie conforme de ceux qui t'ont formé. Ça, c'est pas bon de dire OK, au début, tu vas imiter. Après, tu feras ton truc. Ça, c'est meilleur, je pense, parce qu'on ne peut pas non plus. tout de suite lâcher dans le grand bain et dire allez vas-y maintenant invente un truc il faut bien des étapes intermédiaires et moi je trouve que forcément tu savais qu'on allait en parler il y a un truc que je trouve très bien actuellement, ce qui m'inspire pas mal c'est une pratique qui s'appelle Fighting Monkey et là en fait il y a c'est l'excès inverse il n'y a pas de répertoire donc en fait quand il y a des stages qui sont organisés Il y a des choses qui reviennent quand même, il y a une structure mais il n'y a pas de répertoire disons. Et ça change tout le temps en fait. Et les profs, c'est un couple, Joseph et Linda, ils inventent perpétuellement. Et donc je pense que c'est à peu près sûr qu'on ne fait jamais deux fois la même chose. Il y a des choses qui reviennent.

  • Speaker #0

    Ils inventent des expériences,

  • Speaker #1

    des situations de travail. Des situations de travail, exactement. Et ça très bien, c'est ça, des situations de travail, des situations de mouvement. Et donc même leur truc, son programme s'appelle Zéro Forme justement. Et alors moi je suis son mentorship actuellement, mais au point que c'est tellement libre qu'il y a des moments, pour le coup ça manque un peu, moi je suis un peu perdu dans ce qu'il faut faire. Donc c'est très bien, moi ça m'ouvre l'esprit, mais c'est le truc inverse, l'exemple inverse. Et ce que tu disais sur les situations de mouvement ou de travail, Ça, je l'ai vu aussi en faisant du systema. Alors, je n'en ai pas fait beaucoup. Je n'en ai fait que deux fois. Mais les deux fois, c'est ça qui m'a frappé. C'est qu'en fait, dans les arts martiaux, il peut y avoir des choses, c'est très codifié. Tu fais un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, dix fois moi, puis après dix fois toi. Et puis bon, comme ça, on apprend. C'est vrai, mais je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen d'apprendre. Quand je suis allé faire du systema, les deux fois, le prof, il explique un petit peu des choses. Il donne un contexte. Et puis après, hop, c'est parti. Et on voit ce qui se passe. Et vraiment, les deux fois, c'était tard dans ma carrière martiale, disons, dans ma recherche, mais c'était très agréable parce que c'était beaucoup plus libre et beaucoup plus réaliste. Je ne sais pas si vraiment la recherche de réalisme dans l'art martial sera l'objet d'un autre podcast peut-être. Mais en tout cas, ça me paraissait beaucoup plus intelligent. Je me suis dit, mais si je m'étais entraîné comme ça plus tôt, je serais arrivé à d'autres choses. Là, c'est dans le... Enfin, vraiment, voilà, cet espace semi-guidé, puisqu'on en revient un peu à Fighting Monkey, où si c'est complètement libre, le truc s'écroule. Mais on peut donner quelques règles du jeu. Et puis après, les gens, ils se débrouillent avec ça. Parce que s'il n'y a pas de règles, il n'y a pas de jeu non plus. Tu vois, si on se met devant un plateau, un jeu d'échec, et qu'en fait, tu peux faire ce que tu veux, tu peux lancer les pièces à ton adversaire, ça manque de structure. Mais par contre, même dans un espace disons semi-guidé, c'est assez épanouissant. Et moi, c'est ce que j'essaie d'amener maintenant dans mes formations de pilates et même dans mes cours.

  • Speaker #0

    où j'ai compris aussi que moi, je n'étais pas au centre de l'expérience parce que je ne suis pas là pour transmettre le pilates, justement. On en revient à l'idée qu'on crée les conditions favorables à ce que les gens vivent une expérience. Donc, moi, je suis garant de ça, de pas mal de choses, du rythme, de l'ambiance, de ce que je peux apporter comme correction, je ne sais pas si c'est le terme, mais suggestion, des choses comme ça, des modifications, comment j'accompagne les gens, mais c'est eux qui font le travail. Et même dans la formation et dans l'enseignement. Je pense que c'est possible d'avoir cette approche-là pour du pilates classique, par exemple. C'est comment le positionnement du prof change pour faire vivre une expérience aux gens. Actuellement, je suis une formation de formateur aussi dans un truc très carré. Ce n'est pas du tout en lien avec le mouvement. C'est comment on va former des adultes. Et le type, il a commencé son… C'était vraiment très, très bien. Mais il commence son séminaire en disant former n'est pas transmettre Et là, ça a éveillé ma curiosité, mais avant, ça m'aurait révolté que bien sûr que si former, c'était transmettre, et c'était transmettre les secrets ancestraux des maîtres, parce que tu comprends, dans la montagne du dragon, on a développé ces techniques. Et en fait, non. Et la raison, c'était intéressant vraiment. En fait, c'est pas former n'est pas que transmettre Il faut transmettre quand même des petites choses. Mais l'idée, ce n'est pas de passer le répertoire de génération en génération. C'est d'essayer de faire passer tout ce qui ne rentre pas dans les cases, tout ce qui ne rentre pas dans la liste, mais tout ce qui fait le lien et qui va faire la différence entre des chorégraphies vides qui, au mieux, n'ont que peu d'intérêt, au pire, vont blesser les gens parce qu'on peut se faire mal en pilates aussi, ce n'est pas magique. Et... Alors que sinon, ça peut être quelque chose de profondément, justement, formateur et transformateur. Et ça, effectivement, ce n'est pas forcément dans le répertoire. Ça ne dépend pas que de ça.

  • Speaker #1

    On en revient à la question de, non pas qu'est-ce que tu fais, mais comment tu le fais. Finalement, qu'est-ce que tu fais, qui n'est pas tant d'importance que ça. Mais c'est le comment, avec quelle qualité. Et ça, c'est le cœur de mes réflexions. qu'on peut appeler la pédagogie d'expérience, la pédagogie somatique. Et donc, toutes les techniques somatiques, tu vois, le Feldenkrais, le BMC, viennent de cette pédagogie-là, de mettre la personne au cœur de l'expérience. Et toutes ces pratiques de mouvement, donc le Fighting Monkey, mais tu vois, dans la lignée d'Hydro Portal et toutes ces pratiques-là, on en a un peu discuté avec Alain lors du dernier podcast. Je trouve ça intéressant parce que ça vient chercher vraiment un mouvement qui est très complet, très curieux et qui va essayer d'aller chercher tous les angles morts qu'on peut avoir. Parce que moi, ce que j'ai observé, c'est que quand tu travailles des formes très précises, tu vois, si tu vas travailler ton enchaînement vinyasa ou ton reformer niveau 3, etc., eh bien, tu as des angles morts physiquement. Tu as des choses que tu ne travailles pas tant que ça. Tu vas avoir des endroits du corps qui, du coup, vont être faibles. ou certaines compétences du corps qui vont être faibles. Et je crois que c'est un maître du Qigong, j'avais entendu dire ça, on est fort, en fait, on peut mesurer notre force, de nos compétences, à l'endroit le plus faible qu'on a. Donc si j'ai tout plein de choses très très très bien, mais j'ai un endroit qui est faible, ben en fait, je suis à ce niveau-là. Je suis au niveau de ma compétence. Donc pour moi, c'est très intéressant d'essayer de percevoir les zones un peu grises, les angles morts qu'on peut avoir dans une technique. et se dire comment à l'intérieur de la technique je peux apporter de la lumière sur ces angles morts ou compléter avec des choses transversales. Notamment, par exemple, dans le pilates, on travaille beaucoup dans des plans uniques, sagittales, frontales, il n'y a pas beaucoup de spirales. On a des techniques maintenant plus récentes, comme le gyro, comme le garuda, qui nous ont amené des spirales. Donc, intéressant. d'amener ce travail-là, non pas forcément de changer la forme, mais simplement de faire ton exercice de pilates avec cette prise de conscience de la spirale à l'intérieur. Des fois, c'est vraiment des petites subtilités, ça ne veut pas dire forcément je vais jeter le répertoire, je vais faire autre chose, mais c'est comment je l'adapte subtilement. Et on aborde un autre thème qu'on aime beaucoup, c'est la transversalité, c'est comment on crée des ponts entre toutes ces expériences-là.

  • Speaker #0

    Oui, et moi, je pense que du coup, c'est l'approche que j'ai trouvée chez Alain quand j'ai poussé la porte. Et c'est ça qui m'a plu, je pense, et qui m'a aussi aidé à... à lâcher les arts martiaux et le monde que je connaissais, parce que j'ai retrouvé là des choses que je connaissais et que j'aimais. Je me suis dit, OK, ça, c'est la suite logique de mon parcours. Parce que quand je prenais des cours de réformeur, notamment avec Greg, j'avais l'impression de faire un cours d'arts martiaux, par exemple. Parce qu'il y avait de l'habileté, de la précision, de l'effort, mais enfin, plein de choses. Et que assez vite, j'ai vu, parce qu'il y a eu une transition quand même qui s'est faite sur le temps, j'ai vu l'effet que ça avait dans ma pratique d'origine. Et j'ai vu que ça avait transformé ma pratique. J'ai eu l'occasion, à plusieurs années d'intervalle, de faire les essais et de voir comment j'étais métamorphosé dans ma pratique de base. Alors que, comme je l'ai dit en préambule, en fait, être dans le corps en mouvement, ce n'était pas du tout acquis pour moi. Et en plus, dans cette discipline très exigeante. Et en fait, c'est ça qui m'avait manqué. Peut-être que j'aurais pu m'entraîner autrement plus tôt. Mais il y a une année... où j'ai vu que je pouvais faire tout ce que je voulais dans l'art martial, alors que j'avais été dans des combats, j'avais beaucoup subi les combats que j'avais faits, là, j'étais obligé de doser pour ne pas, toute proportion gardée, mais pulvériser le mec que j'avais en face de moi, parce que je faisais ce que je voulais, et je lui mettais mon pied dans la tête, et dans là, enfin, voilà, c'était libre. Donc ce transfert-là, il est vraiment essentiel, et je pense que, en tout cas, moi, c'est comme ça que je le présente à mes stagiaires. En fait, le pilates, c'est un moyen et pas une fin. Ça peut l'être si on aime la forme classique et qu'on y va pour se faire plaisir. C'est OK, je ne suis pas en train de critiquer ça, mais qu'à mon avis, la valeur ajoutée, elle n'est pas dans le fait de devenir expert en pilates. Elle est dans le fait de devenir expert de soi-même, disons. Et moi, quand je travaille avec des particuliers, avec des stagiaires, mais c'est un peu différent parce qu'il y a quand même un objectif d'obtenir un diplôme, de se professionnaliser. Il y a une direction qui est un peu orientée déjà. Mais avec des gens de l'extérieur, moi, j'estime que j'ai fait mon travail quand ils arrivent à faire des choses qu'on n'a pas travaillées ensemble. Donc, j'ai eu une cliente qui arrivait mieux à monter à cheval, une autre qui avait plus mal au cou quand elle se tournait en vélo puisqu'elle avait des hernies discales. Quelqu'un qui me dit, j'ai pu faire un déménagement et je n'ai pas eu mal au dos. Des choses comme ça. alors qu'on n'avait pas travaillé spécifiquement ces aspects, ni l'équitation, ni le vélo, ni le déménagement. Et le truc le plus fou, c'est que pendant un moment, j'ai donné des cours de yoga pour hommes, on pourra en parler un peu après si tu veux, et donc il y a un de mes élèves qui a réussi à accompagner sa femme pendant qu'elle accouchait avec la respiration, le centre, les choses comme ça, alors qu'en toute logique, tu auras déjà compris qu'en yoga pour hommes, on ne travaille pas la préparation à l'accouchement. Ce n'est pas le cœur de notre pratique. Et pourtant, avec ce qu'il avait compris, lui, pendant les cours sur son corps, il a réussi à pouvoir être là pour sa compagne à ce moment-là. Et quand j'ai vu ce texto-là, j'ai trouvé ça incroyable. Alors, j'étais content de moi. J'étais content pour eux, j'étais content de moi. Mais il y a quelque chose qui se passe aussi malgré moi. Moi, je n'avais jamais eu ça en tête en lui parlant de la respiration et de comment il pouvait engager son transverse. Voilà, l'être au corps, alors que l'avenir s'annonce un petit peu compliqué pour l'humanité et pour le reste du vivant sur Terre. J'ai l'impression, moi, que c'est un peu ça l'issue, si jamais il en existe une, ce qui n'est pas garanti. Mais elle est là, quoi. Elle est dans comment, alors qu'on a des machines de plus en plus performantes et tout ça. La clé pour nous, elle est de revenir au corps et d'être profondément organique.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

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Description

🧘🏻‍♂️ Dans cet épisode captivant de Corporalités, je te présente Adrien, un véritable explorateur du mouvement et de la posture depuis près de 25 ans.


Avec plus de 25 000 heures d'enseignement à son actif, Adrien est aujourd'hui directeur pédagogique du centre A-lyne et auteur du livre Le Yoga pour les hommes (Leduc - 2021). Il est aussi créateur du podcast "La tête aux pieds".


🌟 Son parcours est fascinant : il est passé des arts martiaux au Pilates et au Yoga, tout en enseignant dans des lieux aussi variés qu'une prison, une université, un hôpital ou encore une école. Adrien croit fermement en l'importance de redonner au corps sa place centrale pour transformer les défis individuels et sociaux.


Dans cette interview, Adrien nous parle de son approche unique du mouvement, de la pédagogie et de l'importance de la qualité de la pratique. On discute de comment pratiquer plutôt que de simplement quoi pratiquer, de l'intérêt de la transversalité des disciplines, et des transferts de compétences qui en découlent. 💬


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratorices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice en pilates, danseuse improvisatrice, praticienne de chefs. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin. Et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Bonjour pour ce nouvel épisode du podcast Corporalité. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Adrien Mater, collègue et binôme de projet, on en parlera un peu plus tard. Je te laisse la parole, je te laisse te présenter Adrien.

  • Speaker #1

    Salut Gaëlle, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Adrien Mater, actuellement je suis directeur du centre E-Line, donc un centre de formation de professeurs de pilates à Paris. Et j'ai un parcours dans le mouvement maintenant, ça fait bientôt 25 ans que j'étudie sur le corps en mouvement. Le corps et l'esprit en mouvement aussi d'ailleurs. Et donc j'ai commencé par les arts martiaux, puis j'ai bifurqué vers le pilates et le yoga en tant que professeur d'abord. Et maintenant, je me consacre beaucoup à la formation de prof parce que je pense que c'est là que je peux m'épanouir. Et en plus que ça peut aider aussi à transmettre. une certaine vision de l'individu en mouvement dans la société. Je pense que ça, c'est vraiment important.

  • Speaker #0

    Ok, super. Alors moi, j'ai une première question pour toi qui est de... Tu as dit un petit peu que tu viens des arts martiaux, que tu es arrivé au Pilates. Comment ça s'est fait ce cheminement d'une technique à l'autre en fait ? Qu'est-ce qui t'a plu en premier dans le mouvement peut-être quand tu as commencé adolescent ? Qu'est-ce qui t'a ramené vers quelque chose qui est un mouvement peut-être plus... Plus interne, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Moi, j'étais très loin du corps quand j'étais enfant. J'étais obèse et j'étais très mental. Donc, j'aimais les jeux vidéo, les films, les livres. Et le sport, c'était ce que je détestais vraiment par-dessus tout parce que je ne me sentais pas du tout à l'aise. Aussi parce que ce n'était pas valorisé dans ma famille. C'était plutôt une famille de classe moyenne. Et mon père, il n'était pas du tout physique. Et ma mère, elle s'était beaucoup... construite parce qu'elle, elle venait d'une famille plus pauvre et en allant, elle s'était fait une place justement, on parle l'apprentissage intellectuel, culturel et donc elle valorisait beaucoup ça, le savoir, mais du coup que le corps c'était un peu, et l'exercice physique et le travail manuel c'était un peu négligé, c'était moins valorisé disons. Donc en fait, il n'y avait pas beaucoup de facteurs. Moi, je détestais ça. Dans ma famille, ça ne nous intéressait pas trop. Donc il n'y avait pas grand-chose qui m'attirait vers ça. À l'adolescence, j'ai eu envie de changer un petit peu. J'ai commencé par les scrims. J'ai moins détesté, donc c'était bien. Et puis un jour, pour suivre mes copains, je suis allé dans une salle d'arts martiaux parce qu'ils voulaient s'y mettre. Et au début, j'y allais vraiment pour être avec les autres. Et progressivement, il s'est passé quelque chose. Moi, je pense qu'à l'adolescence... Comme tous les adolescents, mais là, il y avait une situation familiale particulière que j'avais certains besoins. Et inconsciemment, en fait, j'ai vu que ça m'aidait à me construire, d'être dans cette salle d'art martiaux. Et aussi, c'était un art martial assez particulier, ça s'appelait Vosantoc ou Vos Vietnams, c'est un truc assez confidentiel, qui n'avait pas beaucoup de membres. Mais par contre, l'école a été structurée autour d'un maître qui était vraiment fascinant. puisque lui, il avait appris dès l'enfance d'une façon assez traditionnelle. Et donc, il était à la fois acrobate, chorégraphe, combattant, entraîneur. Il avait des élèves depuis vraiment longtemps. Il y a des gens qui pratiquaient depuis une vingtaine d'années avec lui. Et donc, à la fois la figure de cette personne et la structure, l'école qui existait autour, c'est ça qui m'a donné envie de m'investir et de progresser. C'était vraiment très dur pour moi parce que moi, je n'avais pas du tout un corps qui était fait pour ça. C'est un art martial vietnamien, donc ce n'est pas du tout les mêmes corps, ni les mêmes environnements. Ça demandait beaucoup de souplesse, de grâce, de précision. Moi, je manquais de tout, sauf de volonté au bout d'un moment. Quand j'ai commencé à m'y mettre, c'était ça ma passion, c'était même mon obsession. Toutes les qualités qui me faisaient défaut, je pense qu'elles étaient compensées par mon obstination farouche. Et donc, c'est ça qui m'a aidé à progresser. Sauf que quand même, moi, c'est bien d'être obstiné, mais je pense que je manquais d'encadrement aussi, de conseils de qualité. Et puis, moi, je manquais de patience, de pas mal de choses. Donc, je me suis beaucoup blessé. Parce que ce qui me plaisait le plus, c'était de faire des combats. Donc, il n'y avait pas de compétition. Mais c'est facile de trouver des gens pour combattre. Pas une bagarre de rue, mais des pratiquants de la même discipline ou d'une autre. Et puis, on organise des petites choses comme ça pour se tester. Parce que moi, j'ai fait ça en France, mais aussi à l'étranger, en Chine et au Canada. Parce que j'étais étudiant et donc j'ai eu l'occasion d'aller vivre à l'étranger. J'ai trouvé plein de gens pour m'entraîner. J'ai pris beaucoup plus de coups que j'en ai donné. Et même quand je donnais des coups, parfois j'abîmais mon corps. J'avais des blessures à peu près à toutes les articulations, aux chevilles, aux genoux. Et c'est devenu plus grave quand ça a attaqué le dos et la hanche et la nuque. Il y avait un moment où j'avais 25 ans et on m'a diagnostiqué de l'arthrose de hanche. J'avais déjà une discopathie. J'étais vraiment très abîmé le jour où je suis allé faire mon IRM, je crois. Le type a regardé les images de ma hanche et m'a dit mais qu'est-ce que vous avez fait pour avoir la hanche dans cet état-là ? Donc moi je voulais continuer à m'entraîner, mais c'était plus possible. Il y a des moments où j'avais du mal à marcher, donc pour faire 2000 coups de pied par jour c'était compliqué. Donc j'ai dû changer un petit peu. Comme je voulais continuer, j'ai eu l'occasion de me professionnaliser. J'ai passé un BPGEPS dans les métiers de la forme, AG2F. Donc, ce n'était pas ma discipline, mais c'était un moyen de devenir enseignant professionnel. Et là, j'ai découvert l'anatomie. Ça, en fait, c'était une révélation, même si c'était vraiment à la dure avec le prof que j'avais. Mais j'ai compris qu'il n'y avait rien de mystérieux ni de hasardeux, ce qui, pour moi, était le cas jusque-là. Enfin, je ne savais pas pourquoi ça marchait ou pourquoi ça ne marchait pas, pourquoi certains étaient forts et d'autres moins. Et là, en fait, ça s'est éclairé sous un jour nouveau. J'ai acquis pas mal de... de connaissances pour moins me blesser et prendre en charge les zones qui étaient déjà abîmées. Et puis, du coup, j'ai découvert le milieu des métiers de la forme, disons, qui n'était pas ce que je préférais, mais ça m'a aidé à faire une transition parce que là, c'est là qu'on m'a parlé de Pilates pour la première fois. Et par l'intermédiaire d'un patron de salle, je suis allé chez Euline, justement. Et je pense que pour plein de raisons, je n'y serais jamais allé de moi-même. Parce que c'était dans le centre de Paris et que moi, je vivais en banlieue et que je n'allais pas trop souvent dans Paris. Ma vie, elle était ailleurs. Aussi, pour une question de tarif, parce que pour moi, 300 euros par an, je m'entraînais avec un maître de Kung Fu légendaire. Donc, quand je voyais les prix des formations à Paris, je me disais, mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien m'apporter que je ne peux pas avoir avec mon maître tous les jours ? Bref, tout ça, ça a été facilité parce qu'on m'a donné l'adresse. On m'a dit, va là. Et en poussant la porte. j'ai vu qu'il y avait quand même quelque chose de particulier, parce que j'avais cette étude des arts martiaux qui m'avait amené à pousser pas mal de portes. J'avais l'habitude de rentrer dans des lieux et de sentir si ça allait coller ou pas. Et là, j'ai vu qu'il y avait un truc exceptionnel. J'ai découvert les machines. J'ai vu à l'époque l'équipe enseignante qui était organisée autour de Martin Curtis Hawks. Et que ces gens, clairement, ils connaissaient quelque chose que moi, je ne connaissais pas. et dont on ne parlait pas vraiment dans l'école dans laquelle j'étais. Et donc, comme je ne fais pas les choses à moitié, un peu même à l'excès, je me suis mis là-dedans à fond et j'ai découvert tout un monde différent autour du pilates et du yoga dans Paris-Centre. Donc, j'ai vraiment changé de discipline, changé d'environnement.

  • Speaker #0

    Tu as abandonné l'art martial à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, quasiment. Parce que vraiment, déjà, j'avais moins de temps. Et puis, j'ai eu des prises de conscience. Peut-être qu'on en reparlera, que c'est vraiment très précieux, cet art martial, dans ma vie. Je pense que tous les jours, je m'en sers d'une façon ou d'une autre. Même si ce n'est pas externe, ça m'imprègne et c'est très bien. Il y avait des choses avec lesquelles j'avais besoin de couper aussi. Parce que les dynamiques traditionnelles, c'est vraiment précieux. C'est plein de bonnes choses. Il y a des moments où ça mérite d'être équilibré. Sinon, c'est difficile de trouver sa place, un épanouissement. vraiment profond. Ça peut être la même chose ailleurs, mais en tout cas moi ce changement d'atmosphère il m'a vraiment fait du bien. Et donc j'ai découvert le yoga à peu près au même moment et donc j'ai fait une formation de prof chez Gérard Arnault parce que j'avais fait deux cours et le vinyasa c'était extraordinaire enfin c'est comme si vraiment je retrouvais des choses que je connaissais des arts martiaux à la fois dans le pilates et dans le yoga mais organisé différemment et je sentais que ça pouvait me faire du bien. Et donc, je me suis mis dedans à fond et c'est comme ça vraiment que je suis rentré dans le yoga et dans le pilates. Ce qui avait fait le lien, c'était qu'à un moment, quand j'étais très blessé, pardon, je reviens légèrement en arrière, j'ai fait du tai chi aussi avec mon maître. qui lui aussi était blessé. J'essaie de faire une histoire un peu condensée, sinon on y passe dix heures. Mais voilà, le fait, en fait ce qui a été fondateur, c'était le fait de coordonner la respiration et le mouvement et la tension que je pouvais porter à mon corps. J'avais compris ça aussi parce qu'en Chine, j'avais fait beaucoup de combats au sol et donc le fait d'être collé à la personne, et plus d'être, avant c'était beaucoup de disciplines de percussion, d'être collé à la personne, d'être collé au sol, tout ça, ça avait... contribué déjà à façonner une sensorialité et donc ce que j'avais appris au sol et en tai chi ça s'est vraiment révélé sur les tapis de yoga et sur les machines pilates voilà moi est ce que j'observe plein de fois chez les gens qui arrivent aux pilates c'est souvent

  • Speaker #0

    quand c'est des gens qui arrivent dans l'univers soit sportif soit de danse c'est que c'est vraiment des histoires souvent assez souffrante enfin tu vois où les gens se sont blessés où il ya eu vraiment des soucis Et le pilates ou le yoga est arrivé à ce moment-là pour suppler, pour guérir un peu quelque chose qui n'était pas vraiment à sa place. Et c'est vrai que quand on peut pratiquer ces méthodes-là en amont ou en parallèle, c'est vraiment là où ça va prendre tout son sens. Moi, je pense que le pilates est... Si on veut parler... spécifiquement de ça parce qu'on est tous les deux enseignants et formateurs quand même de ça donc c'est notre outil principal c'est vraiment un outil merveilleux pour comprendre comment ton corps fonctionne et l'utiliser ensuite dans toutes les disciplines dont tu as besoin ça peut être dans ta vie quotidienne si tu n'as pas de discipline particulière si tu pratiques pas un sport Mais ça peut être un support, en fait, pour mieux organiser ton corps, mieux l'aligner et éviter de te blesser. Et puis surtout, j'allais dire, de l'aimer, en fait. Tu vois, d'être aussi dans une certaine acceptation. Tu parlais de tes limitations, de tes difficultés. D'être dans une certaine acceptation. Alors, bien sûr, on veut toujours s'améliorer, améliorer les choses. Mais il y a, OK, ça, c'est ma physionomie. J'ai des manques de mobilité à certains endroits. Je suis fichue comme ça et en fait, comment je m'organise pour réussir à bouger en accord avec le corps que j'ai sans me faire mal ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, cette histoire de pratiquants qui viennent au pilates, mais moi j'avais commencé par le tai chi par exemple, qui changent de façon de faire une fois qu'ils n'ont plus le choix, c'est un peu à la fois un grand classique et c'est très dommage. Donc effectivement, je pense qu'il faudrait intégrer beaucoup plus. dans la préparation des pratiquants des disciplines comme ça, comme le pilates. Et tu l'as très bien dit. C'est qu'en fait, au-delà d'une mécanique différente, donc le travail sur l'alignement, la coordination, des choses qui sont vraiment importantes, moi, je crois que ce qui m'a aidé profondément, le plus profondément, c'est une façon d'être au corps différente. Et que pourtant, je pouvais m'entraîner 8 heures par jour, mais vraiment comme une machine. En fait, c'est après, j'avais déjà 10 ans d'expérience, j'ai compris que je pouvais basculer mon bassin. Enfin, il y a plein de choses comme ça, une prise de conscience du corps qui est venue, alors que ça aurait dû être dans l'autre sens en fait. C'est d'abord comprendre le corps, les propriétés du corps en général et du mien en particulier, pour voir qu'effectivement, on n'a pas tous les mêmes capacités, même si c'est des structures qui sont similaires. Et à partir de là, construire une pratique. Donc ce que je vois quand même, c'est que notamment à l'école des gens qui viennent se former, il y a de plus en plus de jeunes, qui sont athlètes, qui envisagent déjà un peu la suite de leur carrière et que ça va se transformer. Et c'est des gens qui ne sont pas encore blessés. Donc ça, je suis vraiment content. Et j'ai l'impression quand même qu'il y a un mouvement autour de ça, où effectivement le fait que le pilates, le yoga et peut-être d'autres façons de... de vivre soit un petit peu plus médiatisé. Disons, ça peut aider les gens à réfléchir autrement. Moi, il me semble qu'à mon époque, alors je vais parler comme un vieux, je ne suis pas si vieux que ça, mais quand je m'entraînais, il n'y avait pas tout ça. Enfin, le pilates, le yoga, enfin le yoga, on voyait tous vaguement ce que c'était, mais voilà, je pense que les choses ont changé. C'est vraiment pour le mieux. Après, c'est toujours une grande question. Tu parlais du transfert. effectivement des compétences qu'on pouvait acquérir dans le pilates, dans d'autres choses. Ça, je pense que c'est vraiment important. Là, en ce moment, c'est les JO, donc c'est aussi d'actualité. Je pense qu'il y a un moment où quand même, que ce soit pour des activités compétitives ou non, Moi, il n'y avait pas de compétition dans mon art martial, par exemple. Dans la danse, il n'y a pas vraiment de compétition. Il peut y avoir les spectacles, donc en tout cas, il y a une notion de performance. Et donc, c'est vrai aussi pour le sport de haut niveau. Je pense que le sport, ce n'est pas toujours bon pour la santé et les impératifs de la discipline, elles vont prendre le pas sur l'intégrité des athlètes. Donc effectivement, le fait de changer la façon de s'entraîner, c'est important et ça peut aider les gens à moins se blesser ou à se blesser moins gravement peut-être. Mais qu'après, en fait, ce n'est pas la même chose. Et je pense que vraiment, ce qu'on peut apporter... Alors, il faut soutenir les athlètes qui se consacrent à leur discipline corps et âme. On ne peut pas leur dire, finalement, ce n'est pas bien, tu dois arrêter. Donc ça, vraiment, je pense que c'est une partie importante du travail. Il faut les aider. Mais au-delà de ça, plus j'enseigne et plus je forme, plus j'ai l'impression... Parce que ça peut être la même chose à un autre niveau. Les gens, ils peuvent venir au pilates parce qu'ils pensent que c'est une gym qui... sculpte le corps et pour avoir une silhouette, pour avoir une image extérieure qui soit assez divisante. D'une façon générale, je pense qu'on est persuadé qu'on n'est pas assez bien. Et moi, je pense que si je me suis détruit le corps et j'ai fait le tour du monde pour taper sur des gens et me faire taper dessus, alors ça m'a apporté plein de choses. Mais je pense que c'est parce que je me disais qu'il fallait que je devienne quelqu'un ou que je mérite quelque chose et qu'au bout d'un certain moment, alors on pourra me dire que c'est bon. Et j'ai l'impression que c'est un peu le moteur de la plupart des gens. C'est peut-être là-dessus aussi que notre société fonctionne.

  • Speaker #0

    La notion de dépassement.

  • Speaker #1

    Mais on veut se dépasser alors qu'on ne se connaît pas forcément déjà si bien que ça. Et qu'à mon avis, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut rester dans son canapé et tout ça. Mais en fait, je ne pense pas qu'il y ait vraiment quelque chose à dépasser. Et que de partir du principe qu'on n'est pas assez et qu'il faut faire plus, je crois que ça vient aussi d'une... incompréhension et d'une méconnaissance de ce que c'est le corps humain et d'avoir le corps qu'on a et de pouvoir faire ce qu'on fait, c'est miraculeux en fait, c'est extraordinaire. Moi, j'ai un peu dormi pendant les cours de science à l'école et je le regrette vraiment beaucoup aujourd'hui. Donc, j'essaie de rattraper ma culture scientifique, bien modestement, mais de comprendre un peu la physique, comment c'est faire. J'ai du mal, mais je suis curieux. Et puis, la biologie et l'évolution, et qu'on soit là et même qu'on puisse se parler. En plus, nous, maintenant, on a fabriqué des bidules où on peut se parler à distance. Même si on était face à face, ce serait incroyable que pour l'instant, on n'a pas trouvé ça ailleurs. Alors, on ne connaît qu'un tout petit bout de l'univers, mais ce n'est pas comme si la vie, c'était ça allait de soi et partout, il y a de la vie. Donc, bon, vraiment, il faudrait faire une série de plus d'abdos parce que sinon, ce n'est vraiment pas terrible. Non, en fait, il y a une façon d'être au corps qui ne... ne fait pas abandonner ni la curiosité, ni l'envie, ni l'enthousiasme et toutes ces choses-là. Mais je pense que le besoin de performance et de dépassement, justement, il peut vraiment passer au second plan. Et en fait, juste d'être là et d'être vivant, c'est une performance sur un calou qui flotte dans l'infini universel. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus que ça ? Simplement d'essayer de s'émerveiller de ça. Je trouve que c'est une tâche déjà bien suffisante.

  • Speaker #0

    L'émerveillement, c'est une notion magnifique. Ça me fait penser vraiment à ce que tu es en train de développer là, ce que j'appelle la pédagogie de l'expérience. Je pense que souvent dans les pratiques comme le pédate ou le yoga, ce qui nous met un peu dedans, l'écueil, C'est que comme c'est un répertoire formel avec des exercices et des formes, de mon point de vue, on peut tomber dans l'écueil d'essayer de reproduire la forme et de penser que le but du jeu est de reproduire la forme. De mon point de vue, le but du jeu n'est pas du tout de reproduire la forme. Le but du jeu est d'expérimenter dans ton corps avec curiosité ce que tu es capable de faire. Et si ça s'approche de la forme, c'est génial. Si ça ne s'approche pas tant, c'est OK. Et si tu découvres une autre forme, alors c'est génial. Voilà, ça, c'est mon point de vue. Donc, effectivement, ça amène plein de questions autour de notre méthode et autour de ces méthodes-là, en règle générale. C'est quelle est la place de l'individu, de l'expérience du jeu que tu es en train de faire quand tu es sur ton réformeur ou sur ton... ton tapis en train d'expérimenter des choses dans ton corps, de te dire, ah tiens, mon articulation a fait comme ça, elle fait comme ça, et comment c'est si maintenant je la mets dans l'autre sens, et quand même, si je ferme les doigts, si je ouvre les doigts, d'être vraiment curieux de ça. Et en même temps, ça nous amène aussi à la notion, qui est une notion qu'on voulait aborder un petit peu, entre la tradition et l'innovation. C'est-à-dire que tu as une forme qui a été écrite, qui est comme un fil conducteur ou un protocole que tu peux poursuivre, qui est très intéressant, qui fait que tu retombes toujours sur tes pattes. Moi, j'ai grand plaisir à pratiquer dans un certain protocole. Mais des fois, c'est rigolo aussi d'aller casser le protocole et puis d'aller juste jouer avec ce qui existe, avec ce qu'elle a. Moi,

  • Speaker #1

    c'est... je suis entièrement d'accord avec toi et c'est ce qui nous unit et nous réunit en fait cette réflexion même si elle n'était pas articulée à ce moment là j'ai commencé à la voir justement quand j'ai fait mes voyages au Canada et en Chine surtout au Canada où je cherchais des adversaires et moi j'avais une forme très codifiée, j'ai fait une sorte de danse classique des arts martiaux et j'ai vu que ça marchait vraiment pas très très bien quoi Et que, mais donc comme on faisait des combats, encore une fois, c'était contrôlé, mais moyennement contrôlé. Ben ouais, j'ai, enfin je me suis abîmé, j'ai saigné, j'ai craché mon sang et tout ça. Je me suis dit, ah, il faudrait quand même que je change des choses, quoi. Parce que là, c'est, en l'état, ça ne fonctionne pas. Et je ne pense pas que ce soit la forme en elle-même qui soit mauvaise. C'est la façon dont ça a été codifié et transmis. Parce que je pense que les gens qui ont mis au point ces formes-là, ils... Je savais de quoi ils parlaient. Mais donc, ça a éveillé mon regard. Donc, j'ai adapté mon style un peu. Et après, j'ai vu des gens, quand je suis retourné dans mon école, qui montraient des choses et ça se voyait, qu'ils ne comprenaient pas ce qu'ils expliquaient. Mais ils répétaient ce qu'ils avaient vu. Donc, moi, j'ai continué mon exploration. Et j'ai trouvé vraiment quelque chose d'un peu hybride. Et une fois, j'étais avec mon maître. Et je faisais mon truc, je faisais un petit combat. Et j'étais bien à l'aise. Alors, je faisais un truc un peu différent. Mais moi, ça me convenait. J'étais bien dans ce que je faisais. Et pourtant, j'ai rarement été bien dans ma pratique martiale. Et lui me dit, non, ce n'est pas comme ça. Il ne faut pas faire ça. Le style de notre école, c'est comme ci, comme ça. Et j'ai senti au niveau psychomoteur que ça m'avait ramené 4 en 1. Enfin, ça m'a bloqué. Parce qu'à l'époque, moi, je faisais ce qu'il me disait. Et donc, j'ai contraint mon schéma moteur. Et ça n'allait pas du tout. Et après, j'ai changé. Du coup, c'était aussi pour ça que c'était une bouffée d'air frais. Et donc... Ce truc de la forme et du fond, disons, il se retrouve partout et notamment dans le pilates. Alors effectivement, il y a une contrainte puisque si l'idée, je pense que l'enseignement, si on veut transmettre une essence, la forme c'est un support. Mais qu'au final, si à chaque génération, il n'y a pas quelque chose qui est réactivé, renouvelé, réexpérimenté. ça devient quelque chose d'un peu creux, d'un peu vide. Et donc, on s'attache au fur et à mesure à l'exécution de la forme parce qu'on pense que c'est ça qui va faire la qualité de l'expérience, alors que non, en fait. Et que c'est ça la difficulté, on peut transmettre une force, une forme, pardon, mais on ne peut pas transmettre une expérience. Donc, je pense fondamentalement qu'avec le répertoire pilates, mais pas que, ce qu'on est vraiment censé faire... c'est de créer un espace où les gens vont pouvoir vivre cette expérience avec les formes traditionnelles du répertoire ou non. Parce que sinon, en fait, on devient un peu comme des gardiens de musée où il ne faut pas toucher, il ne faut pas changer, il faut regarder. Et on dit c'est ça le modèle. Et je pense dans le cadre peut-être de la plupart des maîtres, puisque c'était quand même des gens qui eux-mêmes innovaient, et en tout cas de Pilate, si j'ai bien compris, je ne suis pas un... Un fanatique de l'histoire du Pilate, mais ce que j'ai saisi un peu de ce qu'il faisait, c'était que lui, il était en invention perpétuelle. Et que de son temps, je parle sous ton contrôle, il n'y avait pas les listes qui existent aujourd'hui. En fait, lui, il enseignait un peu. Alors, il donnait des cours collectifs, mais surtout des cours privés, si j'ai bien saisi. Et puis, il regardait un peu la personne. Et puis, il sentait un peu comment ça allait, de quoi il allait avoir besoin. Soit il... Il proposait sur l'instant, soi-même, il fabriquait un nouvel accessoire, quelque chose comme ça. Donc lui, il était dedans, dans ce magma un peu perpétuel.

  • Speaker #0

    Il a créé effectivement des exercices ou certains appareils ou certaines choses, vraiment pour certains élèves spécifiquement. Il y avait, je crois que c'est Cassie Grant, qui est une des elders qui s'est formée avec lui, qui n'est plus de ce monde, mais qui avait dit, il nous regardait, on avait l'impression qu'il nous scannait totalement du regard, de haut en bas. C'est comme s'il voyait à travers toi et comprenait comment tu fonctionnais dans ton mouvement. Et d'un seul coup, il allait vraiment te proposer quelque chose qui était très spécifique à tes besoins. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a autant de lignées de sensibilité à l'intérieur du pilates, puisqu'il s'est beaucoup adapté à chacun de ses élèves. Et donc, chacun de ses élèves a pris comme une facette de son travail. Mais je pense que lui, dans sa globalité, de sa carrière de 40 ou 50 ans d'enseignement du mouvement, il avait eu des facettes énormes d'adaptabilité.

  • Speaker #1

    Et je pense que du coup, c'est un signe de réussite qu'il y a un peu cette multitude qui émerge et que c'est bien, c'est bon signe. Et ce qu'il y avait chez Eulaine, un prof qui s'appelait Grégory Montéant, qui m'a beaucoup influencé. Et il avait des maximes comme ça qui lui venaient. Et il disait, il ne faut pas s'attacher aux petites recettes, il faut comprendre la logique interne. Et en fait, c'est vrai. Donc, c'est ce qu'on dit. Finalement, ça résume un peu ça. C'est plutôt le fond que la forme. Même s'il y a des moments, peut-être, c'est comme quand on est pratiquant ou enseignant. Moi, j'ai l'impression que c'est un peu le même processus que quand on… processus de croissance, donc comme quand on se développe quand on est enfant, au début on apprend en imitant et en reproduisant ce qu'on voit. Et en tant que prof c'est pareil, il y a Bruce Lee qui disait il faut d'abord s'imiter, intégrer et innover ensuite. Moi il y a des moments où j'étais un clone de mes profs, je parlais comme eux, je faisais comme eux, je disais il y a des moments où même il y avait chez Eulaine, moi j'étais le clone de Greg et il y avait une élève dans une autre salle Moi, je donnais un cours et Greg arrive devant elle, elle me dit, elle lui dit, mais je croyais que tu étais dans la salle parce qu'en fait, je l'imitais tellement qu'elle avait l'impression que c'était Greg. Bon, donc ça, c'est qu'il faut en passer par là. C'est normal, mais du coup, c'est juste une étape. Si on se dit, ben voilà, tu dois reproduire avec la copie conforme de ceux qui t'ont formé. Ça, c'est pas bon de dire OK, au début, tu vas imiter. Après, tu feras ton truc. Ça, c'est meilleur, je pense, parce qu'on ne peut pas non plus. tout de suite lâcher dans le grand bain et dire allez vas-y maintenant invente un truc il faut bien des étapes intermédiaires et moi je trouve que forcément tu savais qu'on allait en parler il y a un truc que je trouve très bien actuellement, ce qui m'inspire pas mal c'est une pratique qui s'appelle Fighting Monkey et là en fait il y a c'est l'excès inverse il n'y a pas de répertoire donc en fait quand il y a des stages qui sont organisés Il y a des choses qui reviennent quand même, il y a une structure mais il n'y a pas de répertoire disons. Et ça change tout le temps en fait. Et les profs, c'est un couple, Joseph et Linda, ils inventent perpétuellement. Et donc je pense que c'est à peu près sûr qu'on ne fait jamais deux fois la même chose. Il y a des choses qui reviennent.

  • Speaker #0

    Ils inventent des expériences,

  • Speaker #1

    des situations de travail. Des situations de travail, exactement. Et ça très bien, c'est ça, des situations de travail, des situations de mouvement. Et donc même leur truc, son programme s'appelle Zéro Forme justement. Et alors moi je suis son mentorship actuellement, mais au point que c'est tellement libre qu'il y a des moments, pour le coup ça manque un peu, moi je suis un peu perdu dans ce qu'il faut faire. Donc c'est très bien, moi ça m'ouvre l'esprit, mais c'est le truc inverse, l'exemple inverse. Et ce que tu disais sur les situations de mouvement ou de travail, Ça, je l'ai vu aussi en faisant du systema. Alors, je n'en ai pas fait beaucoup. Je n'en ai fait que deux fois. Mais les deux fois, c'est ça qui m'a frappé. C'est qu'en fait, dans les arts martiaux, il peut y avoir des choses, c'est très codifié. Tu fais un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, dix fois moi, puis après dix fois toi. Et puis bon, comme ça, on apprend. C'est vrai, mais je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen d'apprendre. Quand je suis allé faire du systema, les deux fois, le prof, il explique un petit peu des choses. Il donne un contexte. Et puis après, hop, c'est parti. Et on voit ce qui se passe. Et vraiment, les deux fois, c'était tard dans ma carrière martiale, disons, dans ma recherche, mais c'était très agréable parce que c'était beaucoup plus libre et beaucoup plus réaliste. Je ne sais pas si vraiment la recherche de réalisme dans l'art martial sera l'objet d'un autre podcast peut-être. Mais en tout cas, ça me paraissait beaucoup plus intelligent. Je me suis dit, mais si je m'étais entraîné comme ça plus tôt, je serais arrivé à d'autres choses. Là, c'est dans le... Enfin, vraiment, voilà, cet espace semi-guidé, puisqu'on en revient un peu à Fighting Monkey, où si c'est complètement libre, le truc s'écroule. Mais on peut donner quelques règles du jeu. Et puis après, les gens, ils se débrouillent avec ça. Parce que s'il n'y a pas de règles, il n'y a pas de jeu non plus. Tu vois, si on se met devant un plateau, un jeu d'échec, et qu'en fait, tu peux faire ce que tu veux, tu peux lancer les pièces à ton adversaire, ça manque de structure. Mais par contre, même dans un espace disons semi-guidé, c'est assez épanouissant. Et moi, c'est ce que j'essaie d'amener maintenant dans mes formations de pilates et même dans mes cours.

  • Speaker #0

    où j'ai compris aussi que moi, je n'étais pas au centre de l'expérience parce que je ne suis pas là pour transmettre le pilates, justement. On en revient à l'idée qu'on crée les conditions favorables à ce que les gens vivent une expérience. Donc, moi, je suis garant de ça, de pas mal de choses, du rythme, de l'ambiance, de ce que je peux apporter comme correction, je ne sais pas si c'est le terme, mais suggestion, des choses comme ça, des modifications, comment j'accompagne les gens, mais c'est eux qui font le travail. Et même dans la formation et dans l'enseignement. Je pense que c'est possible d'avoir cette approche-là pour du pilates classique, par exemple. C'est comment le positionnement du prof change pour faire vivre une expérience aux gens. Actuellement, je suis une formation de formateur aussi dans un truc très carré. Ce n'est pas du tout en lien avec le mouvement. C'est comment on va former des adultes. Et le type, il a commencé son… C'était vraiment très, très bien. Mais il commence son séminaire en disant former n'est pas transmettre Et là, ça a éveillé ma curiosité, mais avant, ça m'aurait révolté que bien sûr que si former, c'était transmettre, et c'était transmettre les secrets ancestraux des maîtres, parce que tu comprends, dans la montagne du dragon, on a développé ces techniques. Et en fait, non. Et la raison, c'était intéressant vraiment. En fait, c'est pas former n'est pas que transmettre Il faut transmettre quand même des petites choses. Mais l'idée, ce n'est pas de passer le répertoire de génération en génération. C'est d'essayer de faire passer tout ce qui ne rentre pas dans les cases, tout ce qui ne rentre pas dans la liste, mais tout ce qui fait le lien et qui va faire la différence entre des chorégraphies vides qui, au mieux, n'ont que peu d'intérêt, au pire, vont blesser les gens parce qu'on peut se faire mal en pilates aussi, ce n'est pas magique. Et... Alors que sinon, ça peut être quelque chose de profondément, justement, formateur et transformateur. Et ça, effectivement, ce n'est pas forcément dans le répertoire. Ça ne dépend pas que de ça.

  • Speaker #1

    On en revient à la question de, non pas qu'est-ce que tu fais, mais comment tu le fais. Finalement, qu'est-ce que tu fais, qui n'est pas tant d'importance que ça. Mais c'est le comment, avec quelle qualité. Et ça, c'est le cœur de mes réflexions. qu'on peut appeler la pédagogie d'expérience, la pédagogie somatique. Et donc, toutes les techniques somatiques, tu vois, le Feldenkrais, le BMC, viennent de cette pédagogie-là, de mettre la personne au cœur de l'expérience. Et toutes ces pratiques de mouvement, donc le Fighting Monkey, mais tu vois, dans la lignée d'Hydro Portal et toutes ces pratiques-là, on en a un peu discuté avec Alain lors du dernier podcast. Je trouve ça intéressant parce que ça vient chercher vraiment un mouvement qui est très complet, très curieux et qui va essayer d'aller chercher tous les angles morts qu'on peut avoir. Parce que moi, ce que j'ai observé, c'est que quand tu travailles des formes très précises, tu vois, si tu vas travailler ton enchaînement vinyasa ou ton reformer niveau 3, etc., eh bien, tu as des angles morts physiquement. Tu as des choses que tu ne travailles pas tant que ça. Tu vas avoir des endroits du corps qui, du coup, vont être faibles. ou certaines compétences du corps qui vont être faibles. Et je crois que c'est un maître du Qigong, j'avais entendu dire ça, on est fort, en fait, on peut mesurer notre force, de nos compétences, à l'endroit le plus faible qu'on a. Donc si j'ai tout plein de choses très très très bien, mais j'ai un endroit qui est faible, ben en fait, je suis à ce niveau-là. Je suis au niveau de ma compétence. Donc pour moi, c'est très intéressant d'essayer de percevoir les zones un peu grises, les angles morts qu'on peut avoir dans une technique. et se dire comment à l'intérieur de la technique je peux apporter de la lumière sur ces angles morts ou compléter avec des choses transversales. Notamment, par exemple, dans le pilates, on travaille beaucoup dans des plans uniques, sagittales, frontales, il n'y a pas beaucoup de spirales. On a des techniques maintenant plus récentes, comme le gyro, comme le garuda, qui nous ont amené des spirales. Donc, intéressant. d'amener ce travail-là, non pas forcément de changer la forme, mais simplement de faire ton exercice de pilates avec cette prise de conscience de la spirale à l'intérieur. Des fois, c'est vraiment des petites subtilités, ça ne veut pas dire forcément je vais jeter le répertoire, je vais faire autre chose, mais c'est comment je l'adapte subtilement. Et on aborde un autre thème qu'on aime beaucoup, c'est la transversalité, c'est comment on crée des ponts entre toutes ces expériences-là.

  • Speaker #0

    Oui, et moi, je pense que du coup, c'est l'approche que j'ai trouvée chez Alain quand j'ai poussé la porte. Et c'est ça qui m'a plu, je pense, et qui m'a aussi aidé à... à lâcher les arts martiaux et le monde que je connaissais, parce que j'ai retrouvé là des choses que je connaissais et que j'aimais. Je me suis dit, OK, ça, c'est la suite logique de mon parcours. Parce que quand je prenais des cours de réformeur, notamment avec Greg, j'avais l'impression de faire un cours d'arts martiaux, par exemple. Parce qu'il y avait de l'habileté, de la précision, de l'effort, mais enfin, plein de choses. Et que assez vite, j'ai vu, parce qu'il y a eu une transition quand même qui s'est faite sur le temps, j'ai vu l'effet que ça avait dans ma pratique d'origine. Et j'ai vu que ça avait transformé ma pratique. J'ai eu l'occasion, à plusieurs années d'intervalle, de faire les essais et de voir comment j'étais métamorphosé dans ma pratique de base. Alors que, comme je l'ai dit en préambule, en fait, être dans le corps en mouvement, ce n'était pas du tout acquis pour moi. Et en plus, dans cette discipline très exigeante. Et en fait, c'est ça qui m'avait manqué. Peut-être que j'aurais pu m'entraîner autrement plus tôt. Mais il y a une année... où j'ai vu que je pouvais faire tout ce que je voulais dans l'art martial, alors que j'avais été dans des combats, j'avais beaucoup subi les combats que j'avais faits, là, j'étais obligé de doser pour ne pas, toute proportion gardée, mais pulvériser le mec que j'avais en face de moi, parce que je faisais ce que je voulais, et je lui mettais mon pied dans la tête, et dans là, enfin, voilà, c'était libre. Donc ce transfert-là, il est vraiment essentiel, et je pense que, en tout cas, moi, c'est comme ça que je le présente à mes stagiaires. En fait, le pilates, c'est un moyen et pas une fin. Ça peut l'être si on aime la forme classique et qu'on y va pour se faire plaisir. C'est OK, je ne suis pas en train de critiquer ça, mais qu'à mon avis, la valeur ajoutée, elle n'est pas dans le fait de devenir expert en pilates. Elle est dans le fait de devenir expert de soi-même, disons. Et moi, quand je travaille avec des particuliers, avec des stagiaires, mais c'est un peu différent parce qu'il y a quand même un objectif d'obtenir un diplôme, de se professionnaliser. Il y a une direction qui est un peu orientée déjà. Mais avec des gens de l'extérieur, moi, j'estime que j'ai fait mon travail quand ils arrivent à faire des choses qu'on n'a pas travaillées ensemble. Donc, j'ai eu une cliente qui arrivait mieux à monter à cheval, une autre qui avait plus mal au cou quand elle se tournait en vélo puisqu'elle avait des hernies discales. Quelqu'un qui me dit, j'ai pu faire un déménagement et je n'ai pas eu mal au dos. Des choses comme ça. alors qu'on n'avait pas travaillé spécifiquement ces aspects, ni l'équitation, ni le vélo, ni le déménagement. Et le truc le plus fou, c'est que pendant un moment, j'ai donné des cours de yoga pour hommes, on pourra en parler un peu après si tu veux, et donc il y a un de mes élèves qui a réussi à accompagner sa femme pendant qu'elle accouchait avec la respiration, le centre, les choses comme ça, alors qu'en toute logique, tu auras déjà compris qu'en yoga pour hommes, on ne travaille pas la préparation à l'accouchement. Ce n'est pas le cœur de notre pratique. Et pourtant, avec ce qu'il avait compris, lui, pendant les cours sur son corps, il a réussi à pouvoir être là pour sa compagne à ce moment-là. Et quand j'ai vu ce texto-là, j'ai trouvé ça incroyable. Alors, j'étais content de moi. J'étais content pour eux, j'étais content de moi. Mais il y a quelque chose qui se passe aussi malgré moi. Moi, je n'avais jamais eu ça en tête en lui parlant de la respiration et de comment il pouvait engager son transverse. Voilà, l'être au corps, alors que l'avenir s'annonce un petit peu compliqué pour l'humanité et pour le reste du vivant sur Terre. J'ai l'impression, moi, que c'est un peu ça l'issue, si jamais il en existe une, ce qui n'est pas garanti. Mais elle est là, quoi. Elle est dans comment, alors qu'on a des machines de plus en plus performantes et tout ça. La clé pour nous, elle est de revenir au corps et d'être profondément organique.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

Description

🧘🏻‍♂️ Dans cet épisode captivant de Corporalités, je te présente Adrien, un véritable explorateur du mouvement et de la posture depuis près de 25 ans.


Avec plus de 25 000 heures d'enseignement à son actif, Adrien est aujourd'hui directeur pédagogique du centre A-lyne et auteur du livre Le Yoga pour les hommes (Leduc - 2021). Il est aussi créateur du podcast "La tête aux pieds".


🌟 Son parcours est fascinant : il est passé des arts martiaux au Pilates et au Yoga, tout en enseignant dans des lieux aussi variés qu'une prison, une université, un hôpital ou encore une école. Adrien croit fermement en l'importance de redonner au corps sa place centrale pour transformer les défis individuels et sociaux.


Dans cette interview, Adrien nous parle de son approche unique du mouvement, de la pédagogie et de l'importance de la qualité de la pratique. On discute de comment pratiquer plutôt que de simplement quoi pratiquer, de l'intérêt de la transversalité des disciplines, et des transferts de compétences qui en découlent. 💬


❓ Pourquoi écouter cet épisode ?


➡️ Découvre l'expérience et les enseignements d'un expert passionné par le corps et le mouvement.

➡️ Plonge dans des réflexions profondes sur la pédagogie du mouvement et comment elle peut enrichir notre quotidien.

➡️ Apprends comment une pratique somatique et athlétique peut influencer positivement une masculinité plus équilibrée.


🔔 N'oublie pas de t'abonner à "Corporalités" pour ne manquer aucun de nos dialogues inspirants ! Pense à laisser une note, un commentaire et à partager avec tes amis pour faire découvrir ce podcast autour de toi.


🎧 Bonne écoute et à très vite pour un nouvel épisode !


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📕 Son livre “Le Yoga pour les hommes” : https://www.editionsleduc.com/produit/2522/9791028521561/le-yoga-pour-les-hommes


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🎶 Musique : Ostinato, musique composée par @philippebadenpowell spécialement pour “Corporalités”.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratorices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice en pilates, danseuse improvisatrice, praticienne de chefs. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin. Et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Bonjour pour ce nouvel épisode du podcast Corporalité. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Adrien Mater, collègue et binôme de projet, on en parlera un peu plus tard. Je te laisse la parole, je te laisse te présenter Adrien.

  • Speaker #1

    Salut Gaëlle, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Adrien Mater, actuellement je suis directeur du centre E-Line, donc un centre de formation de professeurs de pilates à Paris. Et j'ai un parcours dans le mouvement maintenant, ça fait bientôt 25 ans que j'étudie sur le corps en mouvement. Le corps et l'esprit en mouvement aussi d'ailleurs. Et donc j'ai commencé par les arts martiaux, puis j'ai bifurqué vers le pilates et le yoga en tant que professeur d'abord. Et maintenant, je me consacre beaucoup à la formation de prof parce que je pense que c'est là que je peux m'épanouir. Et en plus que ça peut aider aussi à transmettre. une certaine vision de l'individu en mouvement dans la société. Je pense que ça, c'est vraiment important.

  • Speaker #0

    Ok, super. Alors moi, j'ai une première question pour toi qui est de... Tu as dit un petit peu que tu viens des arts martiaux, que tu es arrivé au Pilates. Comment ça s'est fait ce cheminement d'une technique à l'autre en fait ? Qu'est-ce qui t'a plu en premier dans le mouvement peut-être quand tu as commencé adolescent ? Qu'est-ce qui t'a ramené vers quelque chose qui est un mouvement peut-être plus... Plus interne, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Moi, j'étais très loin du corps quand j'étais enfant. J'étais obèse et j'étais très mental. Donc, j'aimais les jeux vidéo, les films, les livres. Et le sport, c'était ce que je détestais vraiment par-dessus tout parce que je ne me sentais pas du tout à l'aise. Aussi parce que ce n'était pas valorisé dans ma famille. C'était plutôt une famille de classe moyenne. Et mon père, il n'était pas du tout physique. Et ma mère, elle s'était beaucoup... construite parce qu'elle, elle venait d'une famille plus pauvre et en allant, elle s'était fait une place justement, on parle l'apprentissage intellectuel, culturel et donc elle valorisait beaucoup ça, le savoir, mais du coup que le corps c'était un peu, et l'exercice physique et le travail manuel c'était un peu négligé, c'était moins valorisé disons. Donc en fait, il n'y avait pas beaucoup de facteurs. Moi, je détestais ça. Dans ma famille, ça ne nous intéressait pas trop. Donc il n'y avait pas grand-chose qui m'attirait vers ça. À l'adolescence, j'ai eu envie de changer un petit peu. J'ai commencé par les scrims. J'ai moins détesté, donc c'était bien. Et puis un jour, pour suivre mes copains, je suis allé dans une salle d'arts martiaux parce qu'ils voulaient s'y mettre. Et au début, j'y allais vraiment pour être avec les autres. Et progressivement, il s'est passé quelque chose. Moi, je pense qu'à l'adolescence... Comme tous les adolescents, mais là, il y avait une situation familiale particulière que j'avais certains besoins. Et inconsciemment, en fait, j'ai vu que ça m'aidait à me construire, d'être dans cette salle d'art martiaux. Et aussi, c'était un art martial assez particulier, ça s'appelait Vosantoc ou Vos Vietnams, c'est un truc assez confidentiel, qui n'avait pas beaucoup de membres. Mais par contre, l'école a été structurée autour d'un maître qui était vraiment fascinant. puisque lui, il avait appris dès l'enfance d'une façon assez traditionnelle. Et donc, il était à la fois acrobate, chorégraphe, combattant, entraîneur. Il avait des élèves depuis vraiment longtemps. Il y a des gens qui pratiquaient depuis une vingtaine d'années avec lui. Et donc, à la fois la figure de cette personne et la structure, l'école qui existait autour, c'est ça qui m'a donné envie de m'investir et de progresser. C'était vraiment très dur pour moi parce que moi, je n'avais pas du tout un corps qui était fait pour ça. C'est un art martial vietnamien, donc ce n'est pas du tout les mêmes corps, ni les mêmes environnements. Ça demandait beaucoup de souplesse, de grâce, de précision. Moi, je manquais de tout, sauf de volonté au bout d'un moment. Quand j'ai commencé à m'y mettre, c'était ça ma passion, c'était même mon obsession. Toutes les qualités qui me faisaient défaut, je pense qu'elles étaient compensées par mon obstination farouche. Et donc, c'est ça qui m'a aidé à progresser. Sauf que quand même, moi, c'est bien d'être obstiné, mais je pense que je manquais d'encadrement aussi, de conseils de qualité. Et puis, moi, je manquais de patience, de pas mal de choses. Donc, je me suis beaucoup blessé. Parce que ce qui me plaisait le plus, c'était de faire des combats. Donc, il n'y avait pas de compétition. Mais c'est facile de trouver des gens pour combattre. Pas une bagarre de rue, mais des pratiquants de la même discipline ou d'une autre. Et puis, on organise des petites choses comme ça pour se tester. Parce que moi, j'ai fait ça en France, mais aussi à l'étranger, en Chine et au Canada. Parce que j'étais étudiant et donc j'ai eu l'occasion d'aller vivre à l'étranger. J'ai trouvé plein de gens pour m'entraîner. J'ai pris beaucoup plus de coups que j'en ai donné. Et même quand je donnais des coups, parfois j'abîmais mon corps. J'avais des blessures à peu près à toutes les articulations, aux chevilles, aux genoux. Et c'est devenu plus grave quand ça a attaqué le dos et la hanche et la nuque. Il y avait un moment où j'avais 25 ans et on m'a diagnostiqué de l'arthrose de hanche. J'avais déjà une discopathie. J'étais vraiment très abîmé le jour où je suis allé faire mon IRM, je crois. Le type a regardé les images de ma hanche et m'a dit mais qu'est-ce que vous avez fait pour avoir la hanche dans cet état-là ? Donc moi je voulais continuer à m'entraîner, mais c'était plus possible. Il y a des moments où j'avais du mal à marcher, donc pour faire 2000 coups de pied par jour c'était compliqué. Donc j'ai dû changer un petit peu. Comme je voulais continuer, j'ai eu l'occasion de me professionnaliser. J'ai passé un BPGEPS dans les métiers de la forme, AG2F. Donc, ce n'était pas ma discipline, mais c'était un moyen de devenir enseignant professionnel. Et là, j'ai découvert l'anatomie. Ça, en fait, c'était une révélation, même si c'était vraiment à la dure avec le prof que j'avais. Mais j'ai compris qu'il n'y avait rien de mystérieux ni de hasardeux, ce qui, pour moi, était le cas jusque-là. Enfin, je ne savais pas pourquoi ça marchait ou pourquoi ça ne marchait pas, pourquoi certains étaient forts et d'autres moins. Et là, en fait, ça s'est éclairé sous un jour nouveau. J'ai acquis pas mal de... de connaissances pour moins me blesser et prendre en charge les zones qui étaient déjà abîmées. Et puis, du coup, j'ai découvert le milieu des métiers de la forme, disons, qui n'était pas ce que je préférais, mais ça m'a aidé à faire une transition parce que là, c'est là qu'on m'a parlé de Pilates pour la première fois. Et par l'intermédiaire d'un patron de salle, je suis allé chez Euline, justement. Et je pense que pour plein de raisons, je n'y serais jamais allé de moi-même. Parce que c'était dans le centre de Paris et que moi, je vivais en banlieue et que je n'allais pas trop souvent dans Paris. Ma vie, elle était ailleurs. Aussi, pour une question de tarif, parce que pour moi, 300 euros par an, je m'entraînais avec un maître de Kung Fu légendaire. Donc, quand je voyais les prix des formations à Paris, je me disais, mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien m'apporter que je ne peux pas avoir avec mon maître tous les jours ? Bref, tout ça, ça a été facilité parce qu'on m'a donné l'adresse. On m'a dit, va là. Et en poussant la porte. j'ai vu qu'il y avait quand même quelque chose de particulier, parce que j'avais cette étude des arts martiaux qui m'avait amené à pousser pas mal de portes. J'avais l'habitude de rentrer dans des lieux et de sentir si ça allait coller ou pas. Et là, j'ai vu qu'il y avait un truc exceptionnel. J'ai découvert les machines. J'ai vu à l'époque l'équipe enseignante qui était organisée autour de Martin Curtis Hawks. Et que ces gens, clairement, ils connaissaient quelque chose que moi, je ne connaissais pas. et dont on ne parlait pas vraiment dans l'école dans laquelle j'étais. Et donc, comme je ne fais pas les choses à moitié, un peu même à l'excès, je me suis mis là-dedans à fond et j'ai découvert tout un monde différent autour du pilates et du yoga dans Paris-Centre. Donc, j'ai vraiment changé de discipline, changé d'environnement.

  • Speaker #0

    Tu as abandonné l'art martial à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, quasiment. Parce que vraiment, déjà, j'avais moins de temps. Et puis, j'ai eu des prises de conscience. Peut-être qu'on en reparlera, que c'est vraiment très précieux, cet art martial, dans ma vie. Je pense que tous les jours, je m'en sers d'une façon ou d'une autre. Même si ce n'est pas externe, ça m'imprègne et c'est très bien. Il y avait des choses avec lesquelles j'avais besoin de couper aussi. Parce que les dynamiques traditionnelles, c'est vraiment précieux. C'est plein de bonnes choses. Il y a des moments où ça mérite d'être équilibré. Sinon, c'est difficile de trouver sa place, un épanouissement. vraiment profond. Ça peut être la même chose ailleurs, mais en tout cas moi ce changement d'atmosphère il m'a vraiment fait du bien. Et donc j'ai découvert le yoga à peu près au même moment et donc j'ai fait une formation de prof chez Gérard Arnault parce que j'avais fait deux cours et le vinyasa c'était extraordinaire enfin c'est comme si vraiment je retrouvais des choses que je connaissais des arts martiaux à la fois dans le pilates et dans le yoga mais organisé différemment et je sentais que ça pouvait me faire du bien. Et donc, je me suis mis dedans à fond et c'est comme ça vraiment que je suis rentré dans le yoga et dans le pilates. Ce qui avait fait le lien, c'était qu'à un moment, quand j'étais très blessé, pardon, je reviens légèrement en arrière, j'ai fait du tai chi aussi avec mon maître. qui lui aussi était blessé. J'essaie de faire une histoire un peu condensée, sinon on y passe dix heures. Mais voilà, le fait, en fait ce qui a été fondateur, c'était le fait de coordonner la respiration et le mouvement et la tension que je pouvais porter à mon corps. J'avais compris ça aussi parce qu'en Chine, j'avais fait beaucoup de combats au sol et donc le fait d'être collé à la personne, et plus d'être, avant c'était beaucoup de disciplines de percussion, d'être collé à la personne, d'être collé au sol, tout ça, ça avait... contribué déjà à façonner une sensorialité et donc ce que j'avais appris au sol et en tai chi ça s'est vraiment révélé sur les tapis de yoga et sur les machines pilates voilà moi est ce que j'observe plein de fois chez les gens qui arrivent aux pilates c'est souvent

  • Speaker #0

    quand c'est des gens qui arrivent dans l'univers soit sportif soit de danse c'est que c'est vraiment des histoires souvent assez souffrante enfin tu vois où les gens se sont blessés où il ya eu vraiment des soucis Et le pilates ou le yoga est arrivé à ce moment-là pour suppler, pour guérir un peu quelque chose qui n'était pas vraiment à sa place. Et c'est vrai que quand on peut pratiquer ces méthodes-là en amont ou en parallèle, c'est vraiment là où ça va prendre tout son sens. Moi, je pense que le pilates est... Si on veut parler... spécifiquement de ça parce qu'on est tous les deux enseignants et formateurs quand même de ça donc c'est notre outil principal c'est vraiment un outil merveilleux pour comprendre comment ton corps fonctionne et l'utiliser ensuite dans toutes les disciplines dont tu as besoin ça peut être dans ta vie quotidienne si tu n'as pas de discipline particulière si tu pratiques pas un sport Mais ça peut être un support, en fait, pour mieux organiser ton corps, mieux l'aligner et éviter de te blesser. Et puis surtout, j'allais dire, de l'aimer, en fait. Tu vois, d'être aussi dans une certaine acceptation. Tu parlais de tes limitations, de tes difficultés. D'être dans une certaine acceptation. Alors, bien sûr, on veut toujours s'améliorer, améliorer les choses. Mais il y a, OK, ça, c'est ma physionomie. J'ai des manques de mobilité à certains endroits. Je suis fichue comme ça et en fait, comment je m'organise pour réussir à bouger en accord avec le corps que j'ai sans me faire mal ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'effectivement, cette histoire de pratiquants qui viennent au pilates, mais moi j'avais commencé par le tai chi par exemple, qui changent de façon de faire une fois qu'ils n'ont plus le choix, c'est un peu à la fois un grand classique et c'est très dommage. Donc effectivement, je pense qu'il faudrait intégrer beaucoup plus. dans la préparation des pratiquants des disciplines comme ça, comme le pilates. Et tu l'as très bien dit. C'est qu'en fait, au-delà d'une mécanique différente, donc le travail sur l'alignement, la coordination, des choses qui sont vraiment importantes, moi, je crois que ce qui m'a aidé profondément, le plus profondément, c'est une façon d'être au corps différente. Et que pourtant, je pouvais m'entraîner 8 heures par jour, mais vraiment comme une machine. En fait, c'est après, j'avais déjà 10 ans d'expérience, j'ai compris que je pouvais basculer mon bassin. Enfin, il y a plein de choses comme ça, une prise de conscience du corps qui est venue, alors que ça aurait dû être dans l'autre sens en fait. C'est d'abord comprendre le corps, les propriétés du corps en général et du mien en particulier, pour voir qu'effectivement, on n'a pas tous les mêmes capacités, même si c'est des structures qui sont similaires. Et à partir de là, construire une pratique. Donc ce que je vois quand même, c'est que notamment à l'école des gens qui viennent se former, il y a de plus en plus de jeunes, qui sont athlètes, qui envisagent déjà un peu la suite de leur carrière et que ça va se transformer. Et c'est des gens qui ne sont pas encore blessés. Donc ça, je suis vraiment content. Et j'ai l'impression quand même qu'il y a un mouvement autour de ça, où effectivement le fait que le pilates, le yoga et peut-être d'autres façons de... de vivre soit un petit peu plus médiatisé. Disons, ça peut aider les gens à réfléchir autrement. Moi, il me semble qu'à mon époque, alors je vais parler comme un vieux, je ne suis pas si vieux que ça, mais quand je m'entraînais, il n'y avait pas tout ça. Enfin, le pilates, le yoga, enfin le yoga, on voyait tous vaguement ce que c'était, mais voilà, je pense que les choses ont changé. C'est vraiment pour le mieux. Après, c'est toujours une grande question. Tu parlais du transfert. effectivement des compétences qu'on pouvait acquérir dans le pilates, dans d'autres choses. Ça, je pense que c'est vraiment important. Là, en ce moment, c'est les JO, donc c'est aussi d'actualité. Je pense qu'il y a un moment où quand même, que ce soit pour des activités compétitives ou non, Moi, il n'y avait pas de compétition dans mon art martial, par exemple. Dans la danse, il n'y a pas vraiment de compétition. Il peut y avoir les spectacles, donc en tout cas, il y a une notion de performance. Et donc, c'est vrai aussi pour le sport de haut niveau. Je pense que le sport, ce n'est pas toujours bon pour la santé et les impératifs de la discipline, elles vont prendre le pas sur l'intégrité des athlètes. Donc effectivement, le fait de changer la façon de s'entraîner, c'est important et ça peut aider les gens à moins se blesser ou à se blesser moins gravement peut-être. Mais qu'après, en fait, ce n'est pas la même chose. Et je pense que vraiment, ce qu'on peut apporter... Alors, il faut soutenir les athlètes qui se consacrent à leur discipline corps et âme. On ne peut pas leur dire, finalement, ce n'est pas bien, tu dois arrêter. Donc ça, vraiment, je pense que c'est une partie importante du travail. Il faut les aider. Mais au-delà de ça, plus j'enseigne et plus je forme, plus j'ai l'impression... Parce que ça peut être la même chose à un autre niveau. Les gens, ils peuvent venir au pilates parce qu'ils pensent que c'est une gym qui... sculpte le corps et pour avoir une silhouette, pour avoir une image extérieure qui soit assez divisante. D'une façon générale, je pense qu'on est persuadé qu'on n'est pas assez bien. Et moi, je pense que si je me suis détruit le corps et j'ai fait le tour du monde pour taper sur des gens et me faire taper dessus, alors ça m'a apporté plein de choses. Mais je pense que c'est parce que je me disais qu'il fallait que je devienne quelqu'un ou que je mérite quelque chose et qu'au bout d'un certain moment, alors on pourra me dire que c'est bon. Et j'ai l'impression que c'est un peu le moteur de la plupart des gens. C'est peut-être là-dessus aussi que notre société fonctionne.

  • Speaker #0

    La notion de dépassement.

  • Speaker #1

    Mais on veut se dépasser alors qu'on ne se connaît pas forcément déjà si bien que ça. Et qu'à mon avis, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut rester dans son canapé et tout ça. Mais en fait, je ne pense pas qu'il y ait vraiment quelque chose à dépasser. Et que de partir du principe qu'on n'est pas assez et qu'il faut faire plus, je crois que ça vient aussi d'une... incompréhension et d'une méconnaissance de ce que c'est le corps humain et d'avoir le corps qu'on a et de pouvoir faire ce qu'on fait, c'est miraculeux en fait, c'est extraordinaire. Moi, j'ai un peu dormi pendant les cours de science à l'école et je le regrette vraiment beaucoup aujourd'hui. Donc, j'essaie de rattraper ma culture scientifique, bien modestement, mais de comprendre un peu la physique, comment c'est faire. J'ai du mal, mais je suis curieux. Et puis, la biologie et l'évolution, et qu'on soit là et même qu'on puisse se parler. En plus, nous, maintenant, on a fabriqué des bidules où on peut se parler à distance. Même si on était face à face, ce serait incroyable que pour l'instant, on n'a pas trouvé ça ailleurs. Alors, on ne connaît qu'un tout petit bout de l'univers, mais ce n'est pas comme si la vie, c'était ça allait de soi et partout, il y a de la vie. Donc, bon, vraiment, il faudrait faire une série de plus d'abdos parce que sinon, ce n'est vraiment pas terrible. Non, en fait, il y a une façon d'être au corps qui ne... ne fait pas abandonner ni la curiosité, ni l'envie, ni l'enthousiasme et toutes ces choses-là. Mais je pense que le besoin de performance et de dépassement, justement, il peut vraiment passer au second plan. Et en fait, juste d'être là et d'être vivant, c'est une performance sur un calou qui flotte dans l'infini universel. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus que ça ? Simplement d'essayer de s'émerveiller de ça. Je trouve que c'est une tâche déjà bien suffisante.

  • Speaker #0

    L'émerveillement, c'est une notion magnifique. Ça me fait penser vraiment à ce que tu es en train de développer là, ce que j'appelle la pédagogie de l'expérience. Je pense que souvent dans les pratiques comme le pédate ou le yoga, ce qui nous met un peu dedans, l'écueil, C'est que comme c'est un répertoire formel avec des exercices et des formes, de mon point de vue, on peut tomber dans l'écueil d'essayer de reproduire la forme et de penser que le but du jeu est de reproduire la forme. De mon point de vue, le but du jeu n'est pas du tout de reproduire la forme. Le but du jeu est d'expérimenter dans ton corps avec curiosité ce que tu es capable de faire. Et si ça s'approche de la forme, c'est génial. Si ça ne s'approche pas tant, c'est OK. Et si tu découvres une autre forme, alors c'est génial. Voilà, ça, c'est mon point de vue. Donc, effectivement, ça amène plein de questions autour de notre méthode et autour de ces méthodes-là, en règle générale. C'est quelle est la place de l'individu, de l'expérience du jeu que tu es en train de faire quand tu es sur ton réformeur ou sur ton... ton tapis en train d'expérimenter des choses dans ton corps, de te dire, ah tiens, mon articulation a fait comme ça, elle fait comme ça, et comment c'est si maintenant je la mets dans l'autre sens, et quand même, si je ferme les doigts, si je ouvre les doigts, d'être vraiment curieux de ça. Et en même temps, ça nous amène aussi à la notion, qui est une notion qu'on voulait aborder un petit peu, entre la tradition et l'innovation. C'est-à-dire que tu as une forme qui a été écrite, qui est comme un fil conducteur ou un protocole que tu peux poursuivre, qui est très intéressant, qui fait que tu retombes toujours sur tes pattes. Moi, j'ai grand plaisir à pratiquer dans un certain protocole. Mais des fois, c'est rigolo aussi d'aller casser le protocole et puis d'aller juste jouer avec ce qui existe, avec ce qu'elle a. Moi,

  • Speaker #1

    c'est... je suis entièrement d'accord avec toi et c'est ce qui nous unit et nous réunit en fait cette réflexion même si elle n'était pas articulée à ce moment là j'ai commencé à la voir justement quand j'ai fait mes voyages au Canada et en Chine surtout au Canada où je cherchais des adversaires et moi j'avais une forme très codifiée, j'ai fait une sorte de danse classique des arts martiaux et j'ai vu que ça marchait vraiment pas très très bien quoi Et que, mais donc comme on faisait des combats, encore une fois, c'était contrôlé, mais moyennement contrôlé. Ben ouais, j'ai, enfin je me suis abîmé, j'ai saigné, j'ai craché mon sang et tout ça. Je me suis dit, ah, il faudrait quand même que je change des choses, quoi. Parce que là, c'est, en l'état, ça ne fonctionne pas. Et je ne pense pas que ce soit la forme en elle-même qui soit mauvaise. C'est la façon dont ça a été codifié et transmis. Parce que je pense que les gens qui ont mis au point ces formes-là, ils... Je savais de quoi ils parlaient. Mais donc, ça a éveillé mon regard. Donc, j'ai adapté mon style un peu. Et après, j'ai vu des gens, quand je suis retourné dans mon école, qui montraient des choses et ça se voyait, qu'ils ne comprenaient pas ce qu'ils expliquaient. Mais ils répétaient ce qu'ils avaient vu. Donc, moi, j'ai continué mon exploration. Et j'ai trouvé vraiment quelque chose d'un peu hybride. Et une fois, j'étais avec mon maître. Et je faisais mon truc, je faisais un petit combat. Et j'étais bien à l'aise. Alors, je faisais un truc un peu différent. Mais moi, ça me convenait. J'étais bien dans ce que je faisais. Et pourtant, j'ai rarement été bien dans ma pratique martiale. Et lui me dit, non, ce n'est pas comme ça. Il ne faut pas faire ça. Le style de notre école, c'est comme ci, comme ça. Et j'ai senti au niveau psychomoteur que ça m'avait ramené 4 en 1. Enfin, ça m'a bloqué. Parce qu'à l'époque, moi, je faisais ce qu'il me disait. Et donc, j'ai contraint mon schéma moteur. Et ça n'allait pas du tout. Et après, j'ai changé. Du coup, c'était aussi pour ça que c'était une bouffée d'air frais. Et donc... Ce truc de la forme et du fond, disons, il se retrouve partout et notamment dans le pilates. Alors effectivement, il y a une contrainte puisque si l'idée, je pense que l'enseignement, si on veut transmettre une essence, la forme c'est un support. Mais qu'au final, si à chaque génération, il n'y a pas quelque chose qui est réactivé, renouvelé, réexpérimenté. ça devient quelque chose d'un peu creux, d'un peu vide. Et donc, on s'attache au fur et à mesure à l'exécution de la forme parce qu'on pense que c'est ça qui va faire la qualité de l'expérience, alors que non, en fait. Et que c'est ça la difficulté, on peut transmettre une force, une forme, pardon, mais on ne peut pas transmettre une expérience. Donc, je pense fondamentalement qu'avec le répertoire pilates, mais pas que, ce qu'on est vraiment censé faire... c'est de créer un espace où les gens vont pouvoir vivre cette expérience avec les formes traditionnelles du répertoire ou non. Parce que sinon, en fait, on devient un peu comme des gardiens de musée où il ne faut pas toucher, il ne faut pas changer, il faut regarder. Et on dit c'est ça le modèle. Et je pense dans le cadre peut-être de la plupart des maîtres, puisque c'était quand même des gens qui eux-mêmes innovaient, et en tout cas de Pilate, si j'ai bien compris, je ne suis pas un... Un fanatique de l'histoire du Pilate, mais ce que j'ai saisi un peu de ce qu'il faisait, c'était que lui, il était en invention perpétuelle. Et que de son temps, je parle sous ton contrôle, il n'y avait pas les listes qui existent aujourd'hui. En fait, lui, il enseignait un peu. Alors, il donnait des cours collectifs, mais surtout des cours privés, si j'ai bien saisi. Et puis, il regardait un peu la personne. Et puis, il sentait un peu comment ça allait, de quoi il allait avoir besoin. Soit il... Il proposait sur l'instant, soi-même, il fabriquait un nouvel accessoire, quelque chose comme ça. Donc lui, il était dedans, dans ce magma un peu perpétuel.

  • Speaker #0

    Il a créé effectivement des exercices ou certains appareils ou certaines choses, vraiment pour certains élèves spécifiquement. Il y avait, je crois que c'est Cassie Grant, qui est une des elders qui s'est formée avec lui, qui n'est plus de ce monde, mais qui avait dit, il nous regardait, on avait l'impression qu'il nous scannait totalement du regard, de haut en bas. C'est comme s'il voyait à travers toi et comprenait comment tu fonctionnais dans ton mouvement. Et d'un seul coup, il allait vraiment te proposer quelque chose qui était très spécifique à tes besoins. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a autant de lignées de sensibilité à l'intérieur du pilates, puisqu'il s'est beaucoup adapté à chacun de ses élèves. Et donc, chacun de ses élèves a pris comme une facette de son travail. Mais je pense que lui, dans sa globalité, de sa carrière de 40 ou 50 ans d'enseignement du mouvement, il avait eu des facettes énormes d'adaptabilité.

  • Speaker #1

    Et je pense que du coup, c'est un signe de réussite qu'il y a un peu cette multitude qui émerge et que c'est bien, c'est bon signe. Et ce qu'il y avait chez Eulaine, un prof qui s'appelait Grégory Montéant, qui m'a beaucoup influencé. Et il avait des maximes comme ça qui lui venaient. Et il disait, il ne faut pas s'attacher aux petites recettes, il faut comprendre la logique interne. Et en fait, c'est vrai. Donc, c'est ce qu'on dit. Finalement, ça résume un peu ça. C'est plutôt le fond que la forme. Même s'il y a des moments, peut-être, c'est comme quand on est pratiquant ou enseignant. Moi, j'ai l'impression que c'est un peu le même processus que quand on… processus de croissance, donc comme quand on se développe quand on est enfant, au début on apprend en imitant et en reproduisant ce qu'on voit. Et en tant que prof c'est pareil, il y a Bruce Lee qui disait il faut d'abord s'imiter, intégrer et innover ensuite. Moi il y a des moments où j'étais un clone de mes profs, je parlais comme eux, je faisais comme eux, je disais il y a des moments où même il y avait chez Eulaine, moi j'étais le clone de Greg et il y avait une élève dans une autre salle Moi, je donnais un cours et Greg arrive devant elle, elle me dit, elle lui dit, mais je croyais que tu étais dans la salle parce qu'en fait, je l'imitais tellement qu'elle avait l'impression que c'était Greg. Bon, donc ça, c'est qu'il faut en passer par là. C'est normal, mais du coup, c'est juste une étape. Si on se dit, ben voilà, tu dois reproduire avec la copie conforme de ceux qui t'ont formé. Ça, c'est pas bon de dire OK, au début, tu vas imiter. Après, tu feras ton truc. Ça, c'est meilleur, je pense, parce qu'on ne peut pas non plus. tout de suite lâcher dans le grand bain et dire allez vas-y maintenant invente un truc il faut bien des étapes intermédiaires et moi je trouve que forcément tu savais qu'on allait en parler il y a un truc que je trouve très bien actuellement, ce qui m'inspire pas mal c'est une pratique qui s'appelle Fighting Monkey et là en fait il y a c'est l'excès inverse il n'y a pas de répertoire donc en fait quand il y a des stages qui sont organisés Il y a des choses qui reviennent quand même, il y a une structure mais il n'y a pas de répertoire disons. Et ça change tout le temps en fait. Et les profs, c'est un couple, Joseph et Linda, ils inventent perpétuellement. Et donc je pense que c'est à peu près sûr qu'on ne fait jamais deux fois la même chose. Il y a des choses qui reviennent.

  • Speaker #0

    Ils inventent des expériences,

  • Speaker #1

    des situations de travail. Des situations de travail, exactement. Et ça très bien, c'est ça, des situations de travail, des situations de mouvement. Et donc même leur truc, son programme s'appelle Zéro Forme justement. Et alors moi je suis son mentorship actuellement, mais au point que c'est tellement libre qu'il y a des moments, pour le coup ça manque un peu, moi je suis un peu perdu dans ce qu'il faut faire. Donc c'est très bien, moi ça m'ouvre l'esprit, mais c'est le truc inverse, l'exemple inverse. Et ce que tu disais sur les situations de mouvement ou de travail, Ça, je l'ai vu aussi en faisant du systema. Alors, je n'en ai pas fait beaucoup. Je n'en ai fait que deux fois. Mais les deux fois, c'est ça qui m'a frappé. C'est qu'en fait, dans les arts martiaux, il peut y avoir des choses, c'est très codifié. Tu fais un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre, dix fois moi, puis après dix fois toi. Et puis bon, comme ça, on apprend. C'est vrai, mais je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen d'apprendre. Quand je suis allé faire du systema, les deux fois, le prof, il explique un petit peu des choses. Il donne un contexte. Et puis après, hop, c'est parti. Et on voit ce qui se passe. Et vraiment, les deux fois, c'était tard dans ma carrière martiale, disons, dans ma recherche, mais c'était très agréable parce que c'était beaucoup plus libre et beaucoup plus réaliste. Je ne sais pas si vraiment la recherche de réalisme dans l'art martial sera l'objet d'un autre podcast peut-être. Mais en tout cas, ça me paraissait beaucoup plus intelligent. Je me suis dit, mais si je m'étais entraîné comme ça plus tôt, je serais arrivé à d'autres choses. Là, c'est dans le... Enfin, vraiment, voilà, cet espace semi-guidé, puisqu'on en revient un peu à Fighting Monkey, où si c'est complètement libre, le truc s'écroule. Mais on peut donner quelques règles du jeu. Et puis après, les gens, ils se débrouillent avec ça. Parce que s'il n'y a pas de règles, il n'y a pas de jeu non plus. Tu vois, si on se met devant un plateau, un jeu d'échec, et qu'en fait, tu peux faire ce que tu veux, tu peux lancer les pièces à ton adversaire, ça manque de structure. Mais par contre, même dans un espace disons semi-guidé, c'est assez épanouissant. Et moi, c'est ce que j'essaie d'amener maintenant dans mes formations de pilates et même dans mes cours.

  • Speaker #0

    où j'ai compris aussi que moi, je n'étais pas au centre de l'expérience parce que je ne suis pas là pour transmettre le pilates, justement. On en revient à l'idée qu'on crée les conditions favorables à ce que les gens vivent une expérience. Donc, moi, je suis garant de ça, de pas mal de choses, du rythme, de l'ambiance, de ce que je peux apporter comme correction, je ne sais pas si c'est le terme, mais suggestion, des choses comme ça, des modifications, comment j'accompagne les gens, mais c'est eux qui font le travail. Et même dans la formation et dans l'enseignement. Je pense que c'est possible d'avoir cette approche-là pour du pilates classique, par exemple. C'est comment le positionnement du prof change pour faire vivre une expérience aux gens. Actuellement, je suis une formation de formateur aussi dans un truc très carré. Ce n'est pas du tout en lien avec le mouvement. C'est comment on va former des adultes. Et le type, il a commencé son… C'était vraiment très, très bien. Mais il commence son séminaire en disant former n'est pas transmettre Et là, ça a éveillé ma curiosité, mais avant, ça m'aurait révolté que bien sûr que si former, c'était transmettre, et c'était transmettre les secrets ancestraux des maîtres, parce que tu comprends, dans la montagne du dragon, on a développé ces techniques. Et en fait, non. Et la raison, c'était intéressant vraiment. En fait, c'est pas former n'est pas que transmettre Il faut transmettre quand même des petites choses. Mais l'idée, ce n'est pas de passer le répertoire de génération en génération. C'est d'essayer de faire passer tout ce qui ne rentre pas dans les cases, tout ce qui ne rentre pas dans la liste, mais tout ce qui fait le lien et qui va faire la différence entre des chorégraphies vides qui, au mieux, n'ont que peu d'intérêt, au pire, vont blesser les gens parce qu'on peut se faire mal en pilates aussi, ce n'est pas magique. Et... Alors que sinon, ça peut être quelque chose de profondément, justement, formateur et transformateur. Et ça, effectivement, ce n'est pas forcément dans le répertoire. Ça ne dépend pas que de ça.

  • Speaker #1

    On en revient à la question de, non pas qu'est-ce que tu fais, mais comment tu le fais. Finalement, qu'est-ce que tu fais, qui n'est pas tant d'importance que ça. Mais c'est le comment, avec quelle qualité. Et ça, c'est le cœur de mes réflexions. qu'on peut appeler la pédagogie d'expérience, la pédagogie somatique. Et donc, toutes les techniques somatiques, tu vois, le Feldenkrais, le BMC, viennent de cette pédagogie-là, de mettre la personne au cœur de l'expérience. Et toutes ces pratiques de mouvement, donc le Fighting Monkey, mais tu vois, dans la lignée d'Hydro Portal et toutes ces pratiques-là, on en a un peu discuté avec Alain lors du dernier podcast. Je trouve ça intéressant parce que ça vient chercher vraiment un mouvement qui est très complet, très curieux et qui va essayer d'aller chercher tous les angles morts qu'on peut avoir. Parce que moi, ce que j'ai observé, c'est que quand tu travailles des formes très précises, tu vois, si tu vas travailler ton enchaînement vinyasa ou ton reformer niveau 3, etc., eh bien, tu as des angles morts physiquement. Tu as des choses que tu ne travailles pas tant que ça. Tu vas avoir des endroits du corps qui, du coup, vont être faibles. ou certaines compétences du corps qui vont être faibles. Et je crois que c'est un maître du Qigong, j'avais entendu dire ça, on est fort, en fait, on peut mesurer notre force, de nos compétences, à l'endroit le plus faible qu'on a. Donc si j'ai tout plein de choses très très très bien, mais j'ai un endroit qui est faible, ben en fait, je suis à ce niveau-là. Je suis au niveau de ma compétence. Donc pour moi, c'est très intéressant d'essayer de percevoir les zones un peu grises, les angles morts qu'on peut avoir dans une technique. et se dire comment à l'intérieur de la technique je peux apporter de la lumière sur ces angles morts ou compléter avec des choses transversales. Notamment, par exemple, dans le pilates, on travaille beaucoup dans des plans uniques, sagittales, frontales, il n'y a pas beaucoup de spirales. On a des techniques maintenant plus récentes, comme le gyro, comme le garuda, qui nous ont amené des spirales. Donc, intéressant. d'amener ce travail-là, non pas forcément de changer la forme, mais simplement de faire ton exercice de pilates avec cette prise de conscience de la spirale à l'intérieur. Des fois, c'est vraiment des petites subtilités, ça ne veut pas dire forcément je vais jeter le répertoire, je vais faire autre chose, mais c'est comment je l'adapte subtilement. Et on aborde un autre thème qu'on aime beaucoup, c'est la transversalité, c'est comment on crée des ponts entre toutes ces expériences-là.

  • Speaker #0

    Oui, et moi, je pense que du coup, c'est l'approche que j'ai trouvée chez Alain quand j'ai poussé la porte. Et c'est ça qui m'a plu, je pense, et qui m'a aussi aidé à... à lâcher les arts martiaux et le monde que je connaissais, parce que j'ai retrouvé là des choses que je connaissais et que j'aimais. Je me suis dit, OK, ça, c'est la suite logique de mon parcours. Parce que quand je prenais des cours de réformeur, notamment avec Greg, j'avais l'impression de faire un cours d'arts martiaux, par exemple. Parce qu'il y avait de l'habileté, de la précision, de l'effort, mais enfin, plein de choses. Et que assez vite, j'ai vu, parce qu'il y a eu une transition quand même qui s'est faite sur le temps, j'ai vu l'effet que ça avait dans ma pratique d'origine. Et j'ai vu que ça avait transformé ma pratique. J'ai eu l'occasion, à plusieurs années d'intervalle, de faire les essais et de voir comment j'étais métamorphosé dans ma pratique de base. Alors que, comme je l'ai dit en préambule, en fait, être dans le corps en mouvement, ce n'était pas du tout acquis pour moi. Et en plus, dans cette discipline très exigeante. Et en fait, c'est ça qui m'avait manqué. Peut-être que j'aurais pu m'entraîner autrement plus tôt. Mais il y a une année... où j'ai vu que je pouvais faire tout ce que je voulais dans l'art martial, alors que j'avais été dans des combats, j'avais beaucoup subi les combats que j'avais faits, là, j'étais obligé de doser pour ne pas, toute proportion gardée, mais pulvériser le mec que j'avais en face de moi, parce que je faisais ce que je voulais, et je lui mettais mon pied dans la tête, et dans là, enfin, voilà, c'était libre. Donc ce transfert-là, il est vraiment essentiel, et je pense que, en tout cas, moi, c'est comme ça que je le présente à mes stagiaires. En fait, le pilates, c'est un moyen et pas une fin. Ça peut l'être si on aime la forme classique et qu'on y va pour se faire plaisir. C'est OK, je ne suis pas en train de critiquer ça, mais qu'à mon avis, la valeur ajoutée, elle n'est pas dans le fait de devenir expert en pilates. Elle est dans le fait de devenir expert de soi-même, disons. Et moi, quand je travaille avec des particuliers, avec des stagiaires, mais c'est un peu différent parce qu'il y a quand même un objectif d'obtenir un diplôme, de se professionnaliser. Il y a une direction qui est un peu orientée déjà. Mais avec des gens de l'extérieur, moi, j'estime que j'ai fait mon travail quand ils arrivent à faire des choses qu'on n'a pas travaillées ensemble. Donc, j'ai eu une cliente qui arrivait mieux à monter à cheval, une autre qui avait plus mal au cou quand elle se tournait en vélo puisqu'elle avait des hernies discales. Quelqu'un qui me dit, j'ai pu faire un déménagement et je n'ai pas eu mal au dos. Des choses comme ça. alors qu'on n'avait pas travaillé spécifiquement ces aspects, ni l'équitation, ni le vélo, ni le déménagement. Et le truc le plus fou, c'est que pendant un moment, j'ai donné des cours de yoga pour hommes, on pourra en parler un peu après si tu veux, et donc il y a un de mes élèves qui a réussi à accompagner sa femme pendant qu'elle accouchait avec la respiration, le centre, les choses comme ça, alors qu'en toute logique, tu auras déjà compris qu'en yoga pour hommes, on ne travaille pas la préparation à l'accouchement. Ce n'est pas le cœur de notre pratique. Et pourtant, avec ce qu'il avait compris, lui, pendant les cours sur son corps, il a réussi à pouvoir être là pour sa compagne à ce moment-là. Et quand j'ai vu ce texto-là, j'ai trouvé ça incroyable. Alors, j'étais content de moi. J'étais content pour eux, j'étais content de moi. Mais il y a quelque chose qui se passe aussi malgré moi. Moi, je n'avais jamais eu ça en tête en lui parlant de la respiration et de comment il pouvait engager son transverse. Voilà, l'être au corps, alors que l'avenir s'annonce un petit peu compliqué pour l'humanité et pour le reste du vivant sur Terre. J'ai l'impression, moi, que c'est un peu ça l'issue, si jamais il en existe une, ce qui n'est pas garanti. Mais elle est là, quoi. Elle est dans comment, alors qu'on a des machines de plus en plus performantes et tout ça. La clé pour nous, elle est de revenir au corps et d'être profondément organique.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.

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