Speaker #0Bienvenue au podcast Corporalité, les exploratorices du corps en mouvement. C'est une série d'entretiens sur le corps. Je suis Yael Pankos, exploratrice moi-même et curieuse du mouvement et des pratiques corporelles. J'ai plusieurs casquettes, dont celle de formatrice empinate, danseuse improvisatrice, praticienne de chassons. Tout au long de mon parcours, j'ai découvert de nombreuses personnes inspirantes sur mon chemin. Et j'aimerais partager ces découvertes avec vous. Bienvenue dans cet épisode en solo du podcast Corporalité. Eh bien, aujourd'hui, je me suis posé une question de départ qui est la suivante. Quand on pratique une activité physique, que ce soit le pilates, le yoga, le movement, le gyro, la marche à pied, un art martial, qu'est-ce qu'on entraîne ? On entraîne, bien entendu, notre corps, notre corps physique. les articulations, on va entraîner les muscles, les tissus, nos fascias, nos ligaments, on va aller chercher nos amplitudes articulaires, on va aller travailler certaines combinaisons de mouvements, certaines coordinations. Et cette approche est importante, mais elle est loin d'être suffisante, puisque notre corps n'est pas simplement une machine qu'on doit huiler et entretenir. D'ailleurs, il y a une expression que j'ai retrouvée et que je trouve assez vilaine. On parle quelquefois de « capital santé » . Alors vraiment, je trouve que c'est assez vilain, même si je comprends l'idée d'avoir comme une sorte de réservoir et qu'il faut prendre soin de notre santé et la nourrir. Mais je préférerais au mot « capital » , effectivement le mot de nourrir notre santé ou de l'alimenter. et d'utiliser plutôt des mots qui auraient à voir avec la culture et la permaculture en règle générale. Donc c'est comme cultiver un bon engrais, comme préparer la terre pour la semence. Et la semence serait les pratiques et les mouvements qu'on va y déposer dans ce terreau. Et d'ailleurs, la médecine chinoise nous parle de ça, elle nous parle de terrain. Quand on parle de notre santé, on parle d'un terrain qu'on va venir travailler pour pouvoir l'améliorer. pouvoir le rendre fertile, l'idée d'avoir un terrain fertile. Voilà. Bien sûr, on va pratiquer des mouvements, on va pratiquer des enchaînements de mouvements et puis on va y porter une certaine attention. Avec notre attention, on va y porter une certaine présence. Et c'est là où, pour moi, se fait le lien entre le corps et l'esprit ou en tout cas émerge une expression du corps et de l'esprit. dans la synergie, puisqu'on ne peut pas faire l'un avec l'autre, puisqu'ils sont indissociables, ils ne sont qu'une seule unité. Ça serait comme une pièce avec un vice-versa, devant, un recto et un verso. J'ai un seul élément et il s'exprime avec différentes facettes. Le corps et l'esprit sont des facettes de l'expression de mon être comme un être humain. On sait que cette pratique qu'on va faire, Ça a des répercussions, notamment sur notre humeur, sur la couleur qu'on va avoir dans notre journée. Ça va de ce fait influencer notre perception du monde, notre relation aux autres. Donc je dirais que c'est comme une sorte d'hygiène de vie. Je parlais de terrain fertile, de terreau pour notre santé, mais c'est comme une certaine hygiène de vie de notre relation à nous-mêmes et de ce fait de notre relation au monde et aux autres. C'est comme une sorte de lien entre notre microcosme et macrocosme. Comment ce qui se passe à l'intérieur est le reflet de ce qui existe à l'extérieur et vice versa. Dans la médecine chinoise, on retrouve beaucoup de cette notion de microcosme, l'intérieur de mon corps et macrocosme, l'univers. On pourrait dire que nous sommes une sorte de reproduction des différents... éléments, des différentes structures qui existent dans l'univers, qui sont reproductibles à différentes échelles. Et on en est une de ces échelles et puis on a plein d'autres reproductions de ces structures-là à l'intérieur de notre propre corps, au travers de nos cellules, de nos tissus et même de notre ADN. Voilà, donc il y a vraiment cette idée-là qu'on est finalement comme un petit grain de... de sable au milieu de ce grand univers et qu'on a notre place, notre rôle, et en tout cas notre raison d'être, j'ai envie de dire, une certaine cohérence à être là où nous sommes. Alors, se pose la question aussi de qu'est-ce qu'on entraîne, mais comment on l'entraîne ? Et là, il existe une variété indéfinie, infinie de pratiques possibles. On a des affinités avec certaines pratiques. Moi, je pratique depuis longtemps la danse, les pratiques plutôt somatiques, plutôt antérosceptives, qui me mettent plutôt vers l'intérieur. Mais c'est intéressant d'avoir une sorte d'équilibre, de balance avec des pratiques aussi plus vers l'extérieur, des pratiques à plusieurs. Je pense aux sports collectifs, aux sports de combat, aux arts martiaux, aux sports en extérieur, en intérieur. Donc il y a toute une palette de pratiques qui nous permettent d'avoir des interactions très variées et qui vont nous permettre de polir un petit peu toutes ces différentes facettes qui existent dans notre corps. Parce que si j'utilise tout le temps la même pratique et le même type de pratique, je vais avoir comme des sortes de manque de zones grises, d'angles morts dans certaines compétences et dans certaines qualités corporelles. On peut se poser la question de la variabilité, de quel type de pratique, quelle variété de pratiques j'incorpore dans mes disciplines, dans mon quotidien. Et ça peut être des pratiques sportives, mais aussi des pratiques d'ordre social, faire le jardin, aller marcher, aller au bal, faire toutes sortes de choses comme ça, font partie aussi des pratiques physiques qui sont très importantes. Ce n'est pas juste de dire « Ah, j'ai enfilé mon legging, je vais faire du sport » . Il existe plein d'autres façons de se mettre en mouvement dans notre vie quotidienne. Voilà, donc je trouve que c'est important, assez essentiel de se poser cette question, comment je me mets en mouvement dans ma vie ? Et j'aurais envie de finir par une très courte citation d'Éric Barret, dans son livre « De l'abandon » , qui est vraiment une perle, je vous conseille vivement Éric Barret. qui a été enseignant de yoga du Cachemire et qui est un très grand penseur. Si vous êtes intéressé par le mouvement, par la méditation et par les réflexions autour de ces sujets-là, je vous conseille vivement ce livre. Il nous dit « Ce dont vous avez besoin est toujours disponible près de vous. Les techniques qui participent de cette recherche ne résonnent que pour celui qui vit cette intimité avec le moment présent. » Merci d'avoir écouté cet épisode. Si tu as aimé, partage-le avec ta communauté et laisse un like ou un commentaire sur ta plateforme d'écoute. Cela m'aidera à rendre le podcast plus visible. Merci à Philippe Padden-Powell d'avoir si généreusement composé la musique originale de cette émission. La musique rythme nos vies et apporte de la joie au cœur. Avoir une musique qui me ressemble pour accompagner votre écoute est un vrai cadeau.