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La marche, une aventure spirituelle - épisode 2 : le sac à dos

La marche, une aventure spirituelle - épisode 2 : le sac à dos

18min |30/10/2024
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La marche, une aventure spirituelle - épisode 2 : le sac à dos

La marche, une aventure spirituelle - épisode 2 : le sac à dos

18min |30/10/2024
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Description

Quand on s’équipe pour partir sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, on remplit son sac à dos avec soin pour conserver l’essentiel et se séparer du superflu.


Croire, saison 3 – épisode 2/10 :


Dans son sac à dos, le pèlerin de St-Jacques de Compostelle transporte sa maison, autrement dit, tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu’un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d’eau et de nourriture. Conserver l’essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s’effectue tout au long du chemin.


CRÉDITS :


Rédaction en chef : Arnaud Alibert et Paul de Coustin. Cheffe du service Religion : Céline Hoyeau. Reportage, montage et réalisation : Gilles Donada, journaliste au service Religion. Mixage : Sarah Lefèvre. Chargée de production : Célestine Albert-Steward. Visuel : Isaline Moulin. Directrice du marketing, audience et développement : Laurence Szabason. Musique : Alegria extrait de l’album Spiritual guitar, de Diego Baëza, Bayard Musique.


Écoutez les autres saisons de "Croire, le podcast de l’aventure spirituelle" :


- Saison 1 : Les voies de la prière

- Saison 2 : Vies de moines


► Vous avez une question ou une remarque ? Écrivez-nous à cette adresse : podcast.lacroix@groupebayard.com



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans son sac à dos, le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle transporte sa maison, autrement dit tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu'un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d'eau et de nourriture. Conserver l'essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s'effectue tout au long du chemin. Pour en savoir plus, je me suis rendu au puits en velais, à Conques et à Santiago de Compostela, et j'ai demandé à des pèlerins s'ils acceptaient de m'ouvrir leur sac à dos. Voilà, je pense que vous n'avez plus qu'à vous installer. Je suis Gilles Donada, journaliste à La Croix. Dans ce podcast, je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui vivent la marche comme une aventure spirituelle. Mettez vos sacs dans les sacs que vous avez là. Après, comme je vous montrais, vous prenez votre sac à dos avec le sac et quand on vous demande dans les centres de ne pas retirer le sac, de ne pas prendre le sac. Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a une règle implicite qui veut qu'on parte avec un sac trop chargé. C'est l'expérience de Sophie, originaire de Toulon, qui marche pour la quatrième fois sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #1

    La première fois, mon sac devait faire à peu près, je pense, 22 ou 23 kilos. Voilà. Et donc la personne de l'association a fait à peu près les yeux que tu viens de faire, à savoir ma bonne dame, vous ne marcherez pas bien longtemps Et je lui ai dit c'est bon, tu es gentille, mais je fais bien comme je veux Je l'ai pensé, je ne l'ai pas dit, il était très gentil. Et effectivement, j'ai marché trois jours. Et au bout de trois jours, mon dos était flingué, notamment parce que j'avais une tente dedans et que j'ai beaucoup marché. Et après des longues marches, on n'a pas envie de planter sa tente. Donc j'ai arrêté mon chemin là et j'ai troqué mon... pèlerinage pour du tourisme, c'est-à-dire je suis allée au Mont-Saint-Michel, mais en bus. Et je me suis dit, très bon apprentissage, comme je ne pouvais pas renvoyer la tente par colis ou autre au destinataire, je me suis dit, la prochaine fois que j'emprunte le chemin, je serai plus vigilante sur mon sac. Et les fois d'après, c'était plus épuré, c'est-à-dire je me suis dit, j'ai besoin de moins, et même j'avais toujours trop. Et là, par exemple, pour mon quatrième départ, j'ai encore moins sur certaines choses, mais pas d'autres. C'est-à-dire, j'ai comme besoin d'un peu de kilométrage pour marcher, pour accepter de me délester vraiment, tu vois.

  • Speaker #0

    Une sagesse du chemin affirme que le poids du sac, c'est le poids de nos peurs. Et que celle-ci se dissimule souvent dans des phrases comme je vais prendre ça, on ne sait jamais je vais le prendre au cas où Écoutons par exemple Léa, aide-soignante à Perpignan, qui fait l'inventaire de son sac très encombré au départ du puits en velais.

  • Speaker #2

    Avec le petit indispensable, ça c'était mon mari qui me l'a imposé. le chargeur solaire, au cas où que je me perde dans la nature.

  • Speaker #0

    Ah oui, puis ça pèse un peu son...

  • Speaker #2

    Ça pèse un petit peu. Il va avec tout, et je ne sais pas combien de jours de charge il tient. Plus la lumière, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    C'est pour le dessus du sac.

  • Speaker #2

    Et ensuite, on passe à l'intérieur du sac. Des boîtes de conserves. On ne sait jamais si sur la route, j'ai faim ou un moment où il n'y a rien pour manger.

  • Speaker #0

    Là, il y en a quatre.

  • Speaker #2

    Il y en a quatre, oui.

  • Speaker #0

    Je suis une folle. C'est quoi ? C'est le thon ?

  • Speaker #2

    C'est les salades à ouvrir sans ouvre-boîte, etc. Voilà. Mon sac qui fait du coup 10 kilos.

  • Speaker #0

    Et donc, pas d'expérience de marche ?

  • Speaker #2

    Non, aucune expérience de marche. Je me lance à l'aventure. C'est la grande aventure. Et pour faire une vraie aventure, il ne fallait pas la faire à moitié. Quand je fais les choses, je les fais en entier. Donc, du coup, j'ai dit, on y va à fond. Aucune réservation, rien du tout, c'est moi et le chemin. Je trouve que je me suis quand même pas trop mal débrouillée pour une première.

  • Speaker #3

    Allez,

  • Speaker #4

    alors toi Eric,

  • Speaker #0

    pour plier les oreilles un petit peu, voilà. Madame, vous portez combien, l'honneur ? Je suis beau,

  • Speaker #3

    on va pas peser.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant dans le sac à dos des pèlerins, ce sont ces objets qu'ils choisissent d'emporter, quel que soit leur poids. Sur la place de la cathédrale de Santiago de Compostela, j'ai rencontré Marlène, qui marche sur les chemins avec des nus pieds. Voici pourtant ce qu'elle tire de son sac à dos. Ah bah oui.

  • Speaker #3

    C'est sur-grandonnées. Oui,

  • Speaker #0

    bah...

  • Speaker #3

    Ah, c'est des... 13 ! Bah, elles font 600 grammes. Donc, je sais que je me trimballe 600 grammes pour rien, entre guillemets, mais... Donc, elles ont commencé à conques et je ne me voyais pas les abandonner alors qu'elles avaient commencé le chemin. Donc, oui, je me trimballe avec 600 grammes. Pas pour rien, parce que j'aurais peut-être plus ou moins besoin, mais voilà.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression, oui, là encore, c'est... En fait, depuis qu'à Hort, tu m'as dit que tu marches sur les pieds. En fait... Tu savais que tu n'en avais pas besoin ? Ou alors tu t'es dit, c'est un au cas où ça ? Ou alors non, tu vas les emmener jusqu'à Saint-Jacques ? En fait, c'est plutôt que tu as amené les chaussures ?

  • Speaker #3

    Alors le cheminement a changé. Parce qu'en fait, à la CAO, je pensais vraiment les remettre quand je suis allée jusqu'à Pimbo. Et puis finalement, non. Et l'année d'après, quand je suis repartie, je me suis dit, je ne peux pas les laisser puisqu'elles ont commencé le chemin. Oui, c'est ça. Après, c'était plus, j'ai envie de les emmener à Saint-Jacques.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Même si tu n'étais pas au pied.

  • Speaker #3

    C'est pour oublier.

  • Speaker #0

    Léa, quant à elle, est très sensible à la dimension des cadeaux.

  • Speaker #2

    Ah oui, j'ai fait ça ! C'est des bracelets que je comptais laisser sur le chemin avec un mot, avec un truc pour qu'un prochain pèlerin tombe dessus, et que ce soit le bracelet porte-bonheur. C'est des bracelets que moi j'ai faits comme celui-là.

  • Speaker #0

    Ils sont faits en quoi ?

  • Speaker #2

    En laine. Comme je suis bricoleuse, j'ai fait quelques petits bracelets que je n'ai pas eu le temps de trop faire. Au départ, je voulais faire des coquilles Saint-Jacques en crochet, mais je n'ai pas réussi. Alors, c'était pas très joli. Mon livre, révélation du pourquoi je suis venue sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Alors, ça s'appelle ?

  • Speaker #2

    Madonkaoua, plus jamais sans moi. Cette femme, elle va trouver du travail dans un nouveau cabinet d'avocat. Et elle est dans une vie un petit peu nocive où elle ne veut pas reconnaître ce qui se passe dans sa vie. Et le nouveau cabinet d'avocat lui dit, vous êtes embauché, mais il faut faire trois mois d'essai. Et ces trois mois d'essai, c'est tirer un papier. et on vous dira où est-ce que vous allez. Donc elle, elle dit Non mais je veux être avocate à Paris, je ne vois pas le problème du papier. Elle lui dit Non, non, mais allez-y. Donc ils insistent et elle tire le papier de Saint-Jacques-de-Compostelle et elle doit partir faire ses trois mois d'essai, acheminer sur Saint-Jacques-de-Compostelle pour revenir meilleure, voilà, avoir le meilleur d'elle-même pour devenir après une meilleure avocate. Voilà. Et donc sur toute la route, elle va croiser des gens qui vont la faire se remettre en question et qu'est-ce que la vie, la priorité dans la vie, etc. Et se poser les bonnes questions sur qu'est-ce que la vie.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça fait...

  • Speaker #2

    Ah ben ça, ça a fait sonner quelque chose en moi qui a dit qu'il faut partir. J'ai déjà lu, j'ai même dit qu'il fallait que je relise en soulignant des passages.

  • Speaker #0

    C'est ça, il va y avoir un usage aussi pendant le chemin.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il va y avoir un usage pendant le chemin et j'aimerais le faire signer, peut-être soit par des randonneurs, soit par des gens chez qui je vais dormir ou quoi que ce soit. Pour le jour où je le reprête à des gens autour de moi, ils puissent avoir aussi des messages de gens qui auront fait le chemin ou qui, en tous les cas, auront été touchés par le chemin.

  • Speaker #0

    Pour Sophie, la Toulonnaise, le contenu a été mûrement pensé.

  • Speaker #1

    En termes d'habits, tu vois, on est sur du minimalisme.

  • Speaker #0

    Et oui, l'histoire de la robe. Tu as une robe et tu te dis, ça, je veux la garder, je veux la prendre. Bien sûr,

  • Speaker #1

    parce que la première fois que j'ai emprunté le chemin, le soir, il fait chaud, on a envie de se poser. Nos habits sont humides de la transpiration. Donc, on a envie d'une petite tenue confort, tranquille, que je n'avais pas. Et je me suis dit, diantre, mais ce n'est pas Dieu possible. Je veux avoir une petite robe. Donc, la deuxième ou la troisième fois, j'ai pris une petite robe d'été. Et du coup, le soir, je me sentais chill. Je me sentais bien avec les petites tongs qui vont bien.

  • Speaker #0

    La robe, ce n'était pas seulement un aspect pratique. Il y avait aussi un aspect... Tout à fait,

  • Speaker #1

    mais tu ne fais pas si bien dire. C'était aussi pour me sentir féminine et belle le soir. Je me suis dit, je peux être pèlerine. et pas être dégueu. Je veux être une pèlerine classe le soir. Genre, oui, j'ai marché toute la journée, je suis pourvue de courbatures, et donc, je suis élégante.

  • Speaker #0

    Certains objets sont porteurs d'une dimension psychologique et spirituelle.

  • Speaker #1

    Là, on est vraiment sur des choix de qu'est-ce qu'on choisit, parce que là, on est sur une bougie pour faire un rituel. Super,

  • Speaker #0

    une petite bougie qui est une petite tasse avec une rose.

  • Speaker #1

    Avec une rose et effectivement, un petit rituel que je vais offrir, qui est aussi en écho avec ce pourquoi je prends le chemin, enfin, pourquoi j'emprunte le chemin, qui est un petit rituel à ma lignée de féminine. Voilà, que je ferai, je pense, là où je m'arrêterai. Et des cahiers, écoute, que ce soit pour prendre des notes, pour travailler sur des projets. Parce que je me suis dit que j'avais aussi envie de me poser par moments quand je me sentais inspirée pour avancer sur des projets. Et voilà, donc j'ai de quoi écrire. Et je me suis dit aujourd'hui que ce cahier-ci allait servir pour des intentions de prière pour les gens qui me connaissaient et qui avaient envie que j'amène leurs intentions de prière jusqu'où je vais. Donc je vais proposer ça pour ceux qui veulent, parce que j'ai une amie qui m'a spontanément demandé d'intentionner si j'allais en église ou dans un cimetière. Donc j'ai dit, pose-moi ta demande et je vais faire la factrice du chemin. On est dans le symbolique et dans le sensé. Ça passe par plein de choses, mais ça passe aussi par le fait de ranger sa chambre intérieure et de poser juste une intention simple qui puisse soutenir son progrès, spirituel notamment. Il y a une thématique générale autour de la féminité et de mon lien avec ça. Mais tout à l'heure, pendant les Vépres, en pensant à l'intention de mon ami, je me dirais ce serait quoi l'intention de fond pour moi. Et en fait, ce qui est sorti à ce moment-là, juste en me reliant, c'était de convertir la tension de conflit en feu de joie.

  • Speaker #0

    De fait, certains objets sont porteurs d'une sorte de feu intérieur. Sœur Marie, qui tient le gîte Saint-François au Puy-en-Velay, est souvent émue de voir ce que les pèlerins transportent avec eux.

  • Speaker #4

    Moi, depuis que je fais l'accueil, j'attends des pèlerins qui disent que, voilà, ils portent sur leur dos beaucoup de souffrance. Un jour, pareil aussi, il y a un monsieur qui arrive avec deux... deux coquilles et je lui ai dit, elles sont vraiment très belles vos coquilles. Il m'a dit, regardez, il y a ma femme qui vient de partir et il y a moi et je pars avec elle. C'est véridique, je vous en parle, mais j'ai l'impression de le vivre encore.

  • Speaker #0

    Heureusement, les pèlerins portent aussi des poids plus légers et plus réjouissants. C'est le cas de Jean et de Claire qui marchent avec Antoine, leur fils de 8 mois, juché dans un porte-bébé.

  • Speaker #5

    Ça a un impact logistique, c'est que Claire porte Antoine et les affaires d'Antoine, et moi je porte le reste, donc ça fait quand même un sac de 20 kilos avec la tente, les affaires pour deux, etc. Parce qu'on ne loge pas que dans les abatials ou dans les hébergements de pèlerins. On peut par exemple s'arrêter, si on trouve un bras de rivière ou quelque chose de très beau, s'arrêter et puis camper là, bivouaquer avec Antoine. Et donc ça fait un peu plus de poids, ce qui fait qu'on réduit un peu les étapes. Avant on était des gros marcheurs, on avait tendance à faire des bonnes étapes. à 30 km et puis maintenant on est plutôt à 15 km déjà, on sent nos pattes.

  • Speaker #2

    Oui les gens sont assez épatés, étonnés, abasourdis.

  • Speaker #5

    On nous dit qu'on est courageux quand on nous voit transpirant avec nos gros machins.

  • Speaker #2

    Les gens sentent aussi qu'on est clintons et heureux d'être là. Et c'est hyper chouette parce que c'est aussi un moyen de rentrer en contact avec les gens et de tisser du lien.

  • Speaker #5

    C'est peut-être aussi notre façon d'évangéliser à nous. Les gens aujourd'hui, il y en a beaucoup qui ne veulent pas d'enfants, même sur le chemin de Saint-Jacques, on parlait à des jeunes de 20 ans, etc. Quand on leur montre ce que c'est d'être un jeune parent, d'avoir un bébé en bonne santé qui va bien, qui est content d'être avec nous, etc. C'est aussi une façon de montrer qu'on peut encore faire une famille, on peut encore faire des choses, même quand on est jeune parent, continuer de s'amuser, continuer de découvrir des choses. Même dans des conditions un peu partielles de confort, ce n'est pas grave et ça vaut le coup.

  • Speaker #3

    On va à Santiago. D'où la charrette. La chariote.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez me la décrire ?

  • Speaker #3

    En fait, c'est un petit chariot qui porte mon sac à dos. Et moi, je ne me sentais plus de porter, ne serait-ce que 8 kilos ou 10 kilos. Et en cherchant un dispositif, on a trouvé celui-là. Et du coup, en fait,

  • Speaker #2

    je le tracte.

  • Speaker #3

    J'ai une ceinture là, en fait.

  • Speaker #0

    Comme un baudrier en fait.

  • Speaker #3

    Le tract, c'est plutôt pas mal au niveau des épaules, des hanches, des genoux et des pieds.

  • Speaker #0

    Ça soulage beaucoup.

  • Speaker #3

    Ça soulage énormément,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #3

    J'ai mon sac à dos dedans.

  • Speaker #0

    12,6 kg. Et donc en poids porté, c'est seulement... 20%. Donc 12,

  • Speaker #3

    ça fait l'équivalent de 3,

  • Speaker #0

    4 kg. Et alors, vous lui avez donné un nom ?

  • Speaker #3

    Oui, c'est Charlotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi Charlotte ?

  • Speaker #3

    La petite chariote.

  • Speaker #0

    Au fil des kilomètres, on apprend à ne conserver que l'essentiel dans ce sac à dos. Et le rapport à ses affaires personnelles s'allège aussi grâce à un climat particulier qu'on ne trouve que sur le camino, comme nous l'explique Marlène.

  • Speaker #3

    Dans les auberges, on a tous nos sacs, on a tous nos affaires, on sait qu'on a tous de l'argent, nos téléphones, bref, on a ce qu'on a besoin. Il n'y a aucun vol. Parce qu'on sait qu'on est tous dans le même bateau. Il n'y a plus de classe sociale, c'est juste qu'on est des marcheurs, des randonneurs, des pèlerins. C'est pas quel mot on veut utiliser et on y va. Donc oui, c'est vraiment la confiance envers l'autre. Alors, ce n'est pas le monde des bisounours, mais c'est vraiment la confiance qu'on veut. Et encore plus présente sur ce chemin.

  • Speaker #0

    L'apprentissage de l'allègement a des conséquences inattendues après le retour chez soi.

  • Speaker #3

    Au final, les seules choses qu'on a besoin, c'est trouver à boire, trouver à manger et un lieu pour dormir. Ça allège beaucoup de choses et justement, après, quand on revient dans le monde réel, c'est sûr que ça change notre vision et on voit qu'on a besoin de beaucoup moins de choses. Donc moi, je sais que dans ma vie perso, maintenant, je me prends beaucoup moins la tête et j'ai allégé beaucoup de choses et je n'ai pas besoin de fioriture ni rien. Il faut juste être en bonne santé avec sa famille, ses amis, avoir un toit et de quoi manger et le reste, ça suivra.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as allégé, enfin, qu'est-ce que tu as simplifié dans ta vie quotidienne ?

  • Speaker #3

    Dans ma vie quotidienne, qu'est-ce que j'ai allégé ? Juste moins de... Ouais, c'est ça, moins se prendre la tête. C'est vraiment ça, c'est de prendre du recul sur les choses, de ne pas s'énerver si ça ne marche pas et se dire, c'est pas grave, ça marchera plus tard. Et de juste, voilà, prendre du recul et profiter un maximum.

  • Speaker #0

    Même sentiment de délivrance pour Véronique. Une coach sportive belge qui accompagne un groupe de marcheurs sur le chemin.

  • Speaker #6

    Mon mari vous dirait quand je pars en vacances, mes valises, elles sont bien lourdes parce que je ne sais pas quoi choisir. Ici, on prend l'essentiel et ça m'a aidée. C'est en cours dans ma vie. Je suis occupée à me délester de tout ce qui est trop et qu'on n'a pas besoin.

  • Speaker #0

    Dernier délestage, c'était quoi ?

  • Speaker #6

    Mon dernier délestage ? Ma garde-robe. Après, comme fonctionnaire, j'étais plutôt tailleur, talon, etc. Je n'ai plus du tout besoin de tout ça. Donc, mon dernier délaissage, c'est liquider tout ce qu'il y a dans ma garde-robe. Et avant, j'aurais cherché à revendre. Ici, c'était une ancienne vie. Je mets ça dans un sac. Chez nous, on appelle ça les petits riens. Je crois que chez vous, on parle des maïs ou quelque chose comme ça. Et donc, voilà, le dernier délaissage, c'est ça.

  • Speaker #0

    Nous voici arrivés au terme du second épisode de notre série La marche, une aventure spirituelle S'il vous a intéressé, s'il vous a mis en route, n'hésitez pas à le partager, à vous abonner et à laisser une étoile, un avis ou un cœur. Les podcasts Croire sont à retrouver sur toutes les plateformes et sur le site et l'appli La Croix.

Description

Quand on s’équipe pour partir sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, on remplit son sac à dos avec soin pour conserver l’essentiel et se séparer du superflu.


Croire, saison 3 – épisode 2/10 :


Dans son sac à dos, le pèlerin de St-Jacques de Compostelle transporte sa maison, autrement dit, tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu’un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d’eau et de nourriture. Conserver l’essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s’effectue tout au long du chemin.


CRÉDITS :


Rédaction en chef : Arnaud Alibert et Paul de Coustin. Cheffe du service Religion : Céline Hoyeau. Reportage, montage et réalisation : Gilles Donada, journaliste au service Religion. Mixage : Sarah Lefèvre. Chargée de production : Célestine Albert-Steward. Visuel : Isaline Moulin. Directrice du marketing, audience et développement : Laurence Szabason. Musique : Alegria extrait de l’album Spiritual guitar, de Diego Baëza, Bayard Musique.


Écoutez les autres saisons de "Croire, le podcast de l’aventure spirituelle" :


- Saison 1 : Les voies de la prière

- Saison 2 : Vies de moines


► Vous avez une question ou une remarque ? Écrivez-nous à cette adresse : podcast.lacroix@groupebayard.com



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Transcription

  • Speaker #0

    Dans son sac à dos, le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle transporte sa maison, autrement dit tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu'un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d'eau et de nourriture. Conserver l'essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s'effectue tout au long du chemin. Pour en savoir plus, je me suis rendu au puits en velais, à Conques et à Santiago de Compostela, et j'ai demandé à des pèlerins s'ils acceptaient de m'ouvrir leur sac à dos. Voilà, je pense que vous n'avez plus qu'à vous installer. Je suis Gilles Donada, journaliste à La Croix. Dans ce podcast, je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui vivent la marche comme une aventure spirituelle. Mettez vos sacs dans les sacs que vous avez là. Après, comme je vous montrais, vous prenez votre sac à dos avec le sac et quand on vous demande dans les centres de ne pas retirer le sac, de ne pas prendre le sac. Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a une règle implicite qui veut qu'on parte avec un sac trop chargé. C'est l'expérience de Sophie, originaire de Toulon, qui marche pour la quatrième fois sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #1

    La première fois, mon sac devait faire à peu près, je pense, 22 ou 23 kilos. Voilà. Et donc la personne de l'association a fait à peu près les yeux que tu viens de faire, à savoir ma bonne dame, vous ne marcherez pas bien longtemps Et je lui ai dit c'est bon, tu es gentille, mais je fais bien comme je veux Je l'ai pensé, je ne l'ai pas dit, il était très gentil. Et effectivement, j'ai marché trois jours. Et au bout de trois jours, mon dos était flingué, notamment parce que j'avais une tente dedans et que j'ai beaucoup marché. Et après des longues marches, on n'a pas envie de planter sa tente. Donc j'ai arrêté mon chemin là et j'ai troqué mon... pèlerinage pour du tourisme, c'est-à-dire je suis allée au Mont-Saint-Michel, mais en bus. Et je me suis dit, très bon apprentissage, comme je ne pouvais pas renvoyer la tente par colis ou autre au destinataire, je me suis dit, la prochaine fois que j'emprunte le chemin, je serai plus vigilante sur mon sac. Et les fois d'après, c'était plus épuré, c'est-à-dire je me suis dit, j'ai besoin de moins, et même j'avais toujours trop. Et là, par exemple, pour mon quatrième départ, j'ai encore moins sur certaines choses, mais pas d'autres. C'est-à-dire, j'ai comme besoin d'un peu de kilométrage pour marcher, pour accepter de me délester vraiment, tu vois.

  • Speaker #0

    Une sagesse du chemin affirme que le poids du sac, c'est le poids de nos peurs. Et que celle-ci se dissimule souvent dans des phrases comme je vais prendre ça, on ne sait jamais je vais le prendre au cas où Écoutons par exemple Léa, aide-soignante à Perpignan, qui fait l'inventaire de son sac très encombré au départ du puits en velais.

  • Speaker #2

    Avec le petit indispensable, ça c'était mon mari qui me l'a imposé. le chargeur solaire, au cas où que je me perde dans la nature.

  • Speaker #0

    Ah oui, puis ça pèse un peu son...

  • Speaker #2

    Ça pèse un petit peu. Il va avec tout, et je ne sais pas combien de jours de charge il tient. Plus la lumière, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    C'est pour le dessus du sac.

  • Speaker #2

    Et ensuite, on passe à l'intérieur du sac. Des boîtes de conserves. On ne sait jamais si sur la route, j'ai faim ou un moment où il n'y a rien pour manger.

  • Speaker #0

    Là, il y en a quatre.

  • Speaker #2

    Il y en a quatre, oui.

  • Speaker #0

    Je suis une folle. C'est quoi ? C'est le thon ?

  • Speaker #2

    C'est les salades à ouvrir sans ouvre-boîte, etc. Voilà. Mon sac qui fait du coup 10 kilos.

  • Speaker #0

    Et donc, pas d'expérience de marche ?

  • Speaker #2

    Non, aucune expérience de marche. Je me lance à l'aventure. C'est la grande aventure. Et pour faire une vraie aventure, il ne fallait pas la faire à moitié. Quand je fais les choses, je les fais en entier. Donc, du coup, j'ai dit, on y va à fond. Aucune réservation, rien du tout, c'est moi et le chemin. Je trouve que je me suis quand même pas trop mal débrouillée pour une première.

  • Speaker #3

    Allez,

  • Speaker #4

    alors toi Eric,

  • Speaker #0

    pour plier les oreilles un petit peu, voilà. Madame, vous portez combien, l'honneur ? Je suis beau,

  • Speaker #3

    on va pas peser.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant dans le sac à dos des pèlerins, ce sont ces objets qu'ils choisissent d'emporter, quel que soit leur poids. Sur la place de la cathédrale de Santiago de Compostela, j'ai rencontré Marlène, qui marche sur les chemins avec des nus pieds. Voici pourtant ce qu'elle tire de son sac à dos. Ah bah oui.

  • Speaker #3

    C'est sur-grandonnées. Oui,

  • Speaker #0

    bah...

  • Speaker #3

    Ah, c'est des... 13 ! Bah, elles font 600 grammes. Donc, je sais que je me trimballe 600 grammes pour rien, entre guillemets, mais... Donc, elles ont commencé à conques et je ne me voyais pas les abandonner alors qu'elles avaient commencé le chemin. Donc, oui, je me trimballe avec 600 grammes. Pas pour rien, parce que j'aurais peut-être plus ou moins besoin, mais voilà.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression, oui, là encore, c'est... En fait, depuis qu'à Hort, tu m'as dit que tu marches sur les pieds. En fait... Tu savais que tu n'en avais pas besoin ? Ou alors tu t'es dit, c'est un au cas où ça ? Ou alors non, tu vas les emmener jusqu'à Saint-Jacques ? En fait, c'est plutôt que tu as amené les chaussures ?

  • Speaker #3

    Alors le cheminement a changé. Parce qu'en fait, à la CAO, je pensais vraiment les remettre quand je suis allée jusqu'à Pimbo. Et puis finalement, non. Et l'année d'après, quand je suis repartie, je me suis dit, je ne peux pas les laisser puisqu'elles ont commencé le chemin. Oui, c'est ça. Après, c'était plus, j'ai envie de les emmener à Saint-Jacques.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Même si tu n'étais pas au pied.

  • Speaker #3

    C'est pour oublier.

  • Speaker #0

    Léa, quant à elle, est très sensible à la dimension des cadeaux.

  • Speaker #2

    Ah oui, j'ai fait ça ! C'est des bracelets que je comptais laisser sur le chemin avec un mot, avec un truc pour qu'un prochain pèlerin tombe dessus, et que ce soit le bracelet porte-bonheur. C'est des bracelets que moi j'ai faits comme celui-là.

  • Speaker #0

    Ils sont faits en quoi ?

  • Speaker #2

    En laine. Comme je suis bricoleuse, j'ai fait quelques petits bracelets que je n'ai pas eu le temps de trop faire. Au départ, je voulais faire des coquilles Saint-Jacques en crochet, mais je n'ai pas réussi. Alors, c'était pas très joli. Mon livre, révélation du pourquoi je suis venue sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Alors, ça s'appelle ?

  • Speaker #2

    Madonkaoua, plus jamais sans moi. Cette femme, elle va trouver du travail dans un nouveau cabinet d'avocat. Et elle est dans une vie un petit peu nocive où elle ne veut pas reconnaître ce qui se passe dans sa vie. Et le nouveau cabinet d'avocat lui dit, vous êtes embauché, mais il faut faire trois mois d'essai. Et ces trois mois d'essai, c'est tirer un papier. et on vous dira où est-ce que vous allez. Donc elle, elle dit Non mais je veux être avocate à Paris, je ne vois pas le problème du papier. Elle lui dit Non, non, mais allez-y. Donc ils insistent et elle tire le papier de Saint-Jacques-de-Compostelle et elle doit partir faire ses trois mois d'essai, acheminer sur Saint-Jacques-de-Compostelle pour revenir meilleure, voilà, avoir le meilleur d'elle-même pour devenir après une meilleure avocate. Voilà. Et donc sur toute la route, elle va croiser des gens qui vont la faire se remettre en question et qu'est-ce que la vie, la priorité dans la vie, etc. Et se poser les bonnes questions sur qu'est-ce que la vie.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça fait...

  • Speaker #2

    Ah ben ça, ça a fait sonner quelque chose en moi qui a dit qu'il faut partir. J'ai déjà lu, j'ai même dit qu'il fallait que je relise en soulignant des passages.

  • Speaker #0

    C'est ça, il va y avoir un usage aussi pendant le chemin.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il va y avoir un usage pendant le chemin et j'aimerais le faire signer, peut-être soit par des randonneurs, soit par des gens chez qui je vais dormir ou quoi que ce soit. Pour le jour où je le reprête à des gens autour de moi, ils puissent avoir aussi des messages de gens qui auront fait le chemin ou qui, en tous les cas, auront été touchés par le chemin.

  • Speaker #0

    Pour Sophie, la Toulonnaise, le contenu a été mûrement pensé.

  • Speaker #1

    En termes d'habits, tu vois, on est sur du minimalisme.

  • Speaker #0

    Et oui, l'histoire de la robe. Tu as une robe et tu te dis, ça, je veux la garder, je veux la prendre. Bien sûr,

  • Speaker #1

    parce que la première fois que j'ai emprunté le chemin, le soir, il fait chaud, on a envie de se poser. Nos habits sont humides de la transpiration. Donc, on a envie d'une petite tenue confort, tranquille, que je n'avais pas. Et je me suis dit, diantre, mais ce n'est pas Dieu possible. Je veux avoir une petite robe. Donc, la deuxième ou la troisième fois, j'ai pris une petite robe d'été. Et du coup, le soir, je me sentais chill. Je me sentais bien avec les petites tongs qui vont bien.

  • Speaker #0

    La robe, ce n'était pas seulement un aspect pratique. Il y avait aussi un aspect... Tout à fait,

  • Speaker #1

    mais tu ne fais pas si bien dire. C'était aussi pour me sentir féminine et belle le soir. Je me suis dit, je peux être pèlerine. et pas être dégueu. Je veux être une pèlerine classe le soir. Genre, oui, j'ai marché toute la journée, je suis pourvue de courbatures, et donc, je suis élégante.

  • Speaker #0

    Certains objets sont porteurs d'une dimension psychologique et spirituelle.

  • Speaker #1

    Là, on est vraiment sur des choix de qu'est-ce qu'on choisit, parce que là, on est sur une bougie pour faire un rituel. Super,

  • Speaker #0

    une petite bougie qui est une petite tasse avec une rose.

  • Speaker #1

    Avec une rose et effectivement, un petit rituel que je vais offrir, qui est aussi en écho avec ce pourquoi je prends le chemin, enfin, pourquoi j'emprunte le chemin, qui est un petit rituel à ma lignée de féminine. Voilà, que je ferai, je pense, là où je m'arrêterai. Et des cahiers, écoute, que ce soit pour prendre des notes, pour travailler sur des projets. Parce que je me suis dit que j'avais aussi envie de me poser par moments quand je me sentais inspirée pour avancer sur des projets. Et voilà, donc j'ai de quoi écrire. Et je me suis dit aujourd'hui que ce cahier-ci allait servir pour des intentions de prière pour les gens qui me connaissaient et qui avaient envie que j'amène leurs intentions de prière jusqu'où je vais. Donc je vais proposer ça pour ceux qui veulent, parce que j'ai une amie qui m'a spontanément demandé d'intentionner si j'allais en église ou dans un cimetière. Donc j'ai dit, pose-moi ta demande et je vais faire la factrice du chemin. On est dans le symbolique et dans le sensé. Ça passe par plein de choses, mais ça passe aussi par le fait de ranger sa chambre intérieure et de poser juste une intention simple qui puisse soutenir son progrès, spirituel notamment. Il y a une thématique générale autour de la féminité et de mon lien avec ça. Mais tout à l'heure, pendant les Vépres, en pensant à l'intention de mon ami, je me dirais ce serait quoi l'intention de fond pour moi. Et en fait, ce qui est sorti à ce moment-là, juste en me reliant, c'était de convertir la tension de conflit en feu de joie.

  • Speaker #0

    De fait, certains objets sont porteurs d'une sorte de feu intérieur. Sœur Marie, qui tient le gîte Saint-François au Puy-en-Velay, est souvent émue de voir ce que les pèlerins transportent avec eux.

  • Speaker #4

    Moi, depuis que je fais l'accueil, j'attends des pèlerins qui disent que, voilà, ils portent sur leur dos beaucoup de souffrance. Un jour, pareil aussi, il y a un monsieur qui arrive avec deux... deux coquilles et je lui ai dit, elles sont vraiment très belles vos coquilles. Il m'a dit, regardez, il y a ma femme qui vient de partir et il y a moi et je pars avec elle. C'est véridique, je vous en parle, mais j'ai l'impression de le vivre encore.

  • Speaker #0

    Heureusement, les pèlerins portent aussi des poids plus légers et plus réjouissants. C'est le cas de Jean et de Claire qui marchent avec Antoine, leur fils de 8 mois, juché dans un porte-bébé.

  • Speaker #5

    Ça a un impact logistique, c'est que Claire porte Antoine et les affaires d'Antoine, et moi je porte le reste, donc ça fait quand même un sac de 20 kilos avec la tente, les affaires pour deux, etc. Parce qu'on ne loge pas que dans les abatials ou dans les hébergements de pèlerins. On peut par exemple s'arrêter, si on trouve un bras de rivière ou quelque chose de très beau, s'arrêter et puis camper là, bivouaquer avec Antoine. Et donc ça fait un peu plus de poids, ce qui fait qu'on réduit un peu les étapes. Avant on était des gros marcheurs, on avait tendance à faire des bonnes étapes. à 30 km et puis maintenant on est plutôt à 15 km déjà, on sent nos pattes.

  • Speaker #2

    Oui les gens sont assez épatés, étonnés, abasourdis.

  • Speaker #5

    On nous dit qu'on est courageux quand on nous voit transpirant avec nos gros machins.

  • Speaker #2

    Les gens sentent aussi qu'on est clintons et heureux d'être là. Et c'est hyper chouette parce que c'est aussi un moyen de rentrer en contact avec les gens et de tisser du lien.

  • Speaker #5

    C'est peut-être aussi notre façon d'évangéliser à nous. Les gens aujourd'hui, il y en a beaucoup qui ne veulent pas d'enfants, même sur le chemin de Saint-Jacques, on parlait à des jeunes de 20 ans, etc. Quand on leur montre ce que c'est d'être un jeune parent, d'avoir un bébé en bonne santé qui va bien, qui est content d'être avec nous, etc. C'est aussi une façon de montrer qu'on peut encore faire une famille, on peut encore faire des choses, même quand on est jeune parent, continuer de s'amuser, continuer de découvrir des choses. Même dans des conditions un peu partielles de confort, ce n'est pas grave et ça vaut le coup.

  • Speaker #3

    On va à Santiago. D'où la charrette. La chariote.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez me la décrire ?

  • Speaker #3

    En fait, c'est un petit chariot qui porte mon sac à dos. Et moi, je ne me sentais plus de porter, ne serait-ce que 8 kilos ou 10 kilos. Et en cherchant un dispositif, on a trouvé celui-là. Et du coup, en fait,

  • Speaker #2

    je le tracte.

  • Speaker #3

    J'ai une ceinture là, en fait.

  • Speaker #0

    Comme un baudrier en fait.

  • Speaker #3

    Le tract, c'est plutôt pas mal au niveau des épaules, des hanches, des genoux et des pieds.

  • Speaker #0

    Ça soulage beaucoup.

  • Speaker #3

    Ça soulage énormément,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #3

    J'ai mon sac à dos dedans.

  • Speaker #0

    12,6 kg. Et donc en poids porté, c'est seulement... 20%. Donc 12,

  • Speaker #3

    ça fait l'équivalent de 3,

  • Speaker #0

    4 kg. Et alors, vous lui avez donné un nom ?

  • Speaker #3

    Oui, c'est Charlotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi Charlotte ?

  • Speaker #3

    La petite chariote.

  • Speaker #0

    Au fil des kilomètres, on apprend à ne conserver que l'essentiel dans ce sac à dos. Et le rapport à ses affaires personnelles s'allège aussi grâce à un climat particulier qu'on ne trouve que sur le camino, comme nous l'explique Marlène.

  • Speaker #3

    Dans les auberges, on a tous nos sacs, on a tous nos affaires, on sait qu'on a tous de l'argent, nos téléphones, bref, on a ce qu'on a besoin. Il n'y a aucun vol. Parce qu'on sait qu'on est tous dans le même bateau. Il n'y a plus de classe sociale, c'est juste qu'on est des marcheurs, des randonneurs, des pèlerins. C'est pas quel mot on veut utiliser et on y va. Donc oui, c'est vraiment la confiance envers l'autre. Alors, ce n'est pas le monde des bisounours, mais c'est vraiment la confiance qu'on veut. Et encore plus présente sur ce chemin.

  • Speaker #0

    L'apprentissage de l'allègement a des conséquences inattendues après le retour chez soi.

  • Speaker #3

    Au final, les seules choses qu'on a besoin, c'est trouver à boire, trouver à manger et un lieu pour dormir. Ça allège beaucoup de choses et justement, après, quand on revient dans le monde réel, c'est sûr que ça change notre vision et on voit qu'on a besoin de beaucoup moins de choses. Donc moi, je sais que dans ma vie perso, maintenant, je me prends beaucoup moins la tête et j'ai allégé beaucoup de choses et je n'ai pas besoin de fioriture ni rien. Il faut juste être en bonne santé avec sa famille, ses amis, avoir un toit et de quoi manger et le reste, ça suivra.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as allégé, enfin, qu'est-ce que tu as simplifié dans ta vie quotidienne ?

  • Speaker #3

    Dans ma vie quotidienne, qu'est-ce que j'ai allégé ? Juste moins de... Ouais, c'est ça, moins se prendre la tête. C'est vraiment ça, c'est de prendre du recul sur les choses, de ne pas s'énerver si ça ne marche pas et se dire, c'est pas grave, ça marchera plus tard. Et de juste, voilà, prendre du recul et profiter un maximum.

  • Speaker #0

    Même sentiment de délivrance pour Véronique. Une coach sportive belge qui accompagne un groupe de marcheurs sur le chemin.

  • Speaker #6

    Mon mari vous dirait quand je pars en vacances, mes valises, elles sont bien lourdes parce que je ne sais pas quoi choisir. Ici, on prend l'essentiel et ça m'a aidée. C'est en cours dans ma vie. Je suis occupée à me délester de tout ce qui est trop et qu'on n'a pas besoin.

  • Speaker #0

    Dernier délestage, c'était quoi ?

  • Speaker #6

    Mon dernier délestage ? Ma garde-robe. Après, comme fonctionnaire, j'étais plutôt tailleur, talon, etc. Je n'ai plus du tout besoin de tout ça. Donc, mon dernier délaissage, c'est liquider tout ce qu'il y a dans ma garde-robe. Et avant, j'aurais cherché à revendre. Ici, c'était une ancienne vie. Je mets ça dans un sac. Chez nous, on appelle ça les petits riens. Je crois que chez vous, on parle des maïs ou quelque chose comme ça. Et donc, voilà, le dernier délaissage, c'est ça.

  • Speaker #0

    Nous voici arrivés au terme du second épisode de notre série La marche, une aventure spirituelle S'il vous a intéressé, s'il vous a mis en route, n'hésitez pas à le partager, à vous abonner et à laisser une étoile, un avis ou un cœur. Les podcasts Croire sont à retrouver sur toutes les plateformes et sur le site et l'appli La Croix.

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Description

Quand on s’équipe pour partir sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, on remplit son sac à dos avec soin pour conserver l’essentiel et se séparer du superflu.


Croire, saison 3 – épisode 2/10 :


Dans son sac à dos, le pèlerin de St-Jacques de Compostelle transporte sa maison, autrement dit, tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu’un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d’eau et de nourriture. Conserver l’essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s’effectue tout au long du chemin.


CRÉDITS :


Rédaction en chef : Arnaud Alibert et Paul de Coustin. Cheffe du service Religion : Céline Hoyeau. Reportage, montage et réalisation : Gilles Donada, journaliste au service Religion. Mixage : Sarah Lefèvre. Chargée de production : Célestine Albert-Steward. Visuel : Isaline Moulin. Directrice du marketing, audience et développement : Laurence Szabason. Musique : Alegria extrait de l’album Spiritual guitar, de Diego Baëza, Bayard Musique.


Écoutez les autres saisons de "Croire, le podcast de l’aventure spirituelle" :


- Saison 1 : Les voies de la prière

- Saison 2 : Vies de moines


► Vous avez une question ou une remarque ? Écrivez-nous à cette adresse : podcast.lacroix@groupebayard.com



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans son sac à dos, le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle transporte sa maison, autrement dit tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu'un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d'eau et de nourriture. Conserver l'essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s'effectue tout au long du chemin. Pour en savoir plus, je me suis rendu au puits en velais, à Conques et à Santiago de Compostela, et j'ai demandé à des pèlerins s'ils acceptaient de m'ouvrir leur sac à dos. Voilà, je pense que vous n'avez plus qu'à vous installer. Je suis Gilles Donada, journaliste à La Croix. Dans ce podcast, je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui vivent la marche comme une aventure spirituelle. Mettez vos sacs dans les sacs que vous avez là. Après, comme je vous montrais, vous prenez votre sac à dos avec le sac et quand on vous demande dans les centres de ne pas retirer le sac, de ne pas prendre le sac. Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a une règle implicite qui veut qu'on parte avec un sac trop chargé. C'est l'expérience de Sophie, originaire de Toulon, qui marche pour la quatrième fois sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #1

    La première fois, mon sac devait faire à peu près, je pense, 22 ou 23 kilos. Voilà. Et donc la personne de l'association a fait à peu près les yeux que tu viens de faire, à savoir ma bonne dame, vous ne marcherez pas bien longtemps Et je lui ai dit c'est bon, tu es gentille, mais je fais bien comme je veux Je l'ai pensé, je ne l'ai pas dit, il était très gentil. Et effectivement, j'ai marché trois jours. Et au bout de trois jours, mon dos était flingué, notamment parce que j'avais une tente dedans et que j'ai beaucoup marché. Et après des longues marches, on n'a pas envie de planter sa tente. Donc j'ai arrêté mon chemin là et j'ai troqué mon... pèlerinage pour du tourisme, c'est-à-dire je suis allée au Mont-Saint-Michel, mais en bus. Et je me suis dit, très bon apprentissage, comme je ne pouvais pas renvoyer la tente par colis ou autre au destinataire, je me suis dit, la prochaine fois que j'emprunte le chemin, je serai plus vigilante sur mon sac. Et les fois d'après, c'était plus épuré, c'est-à-dire je me suis dit, j'ai besoin de moins, et même j'avais toujours trop. Et là, par exemple, pour mon quatrième départ, j'ai encore moins sur certaines choses, mais pas d'autres. C'est-à-dire, j'ai comme besoin d'un peu de kilométrage pour marcher, pour accepter de me délester vraiment, tu vois.

  • Speaker #0

    Une sagesse du chemin affirme que le poids du sac, c'est le poids de nos peurs. Et que celle-ci se dissimule souvent dans des phrases comme je vais prendre ça, on ne sait jamais je vais le prendre au cas où Écoutons par exemple Léa, aide-soignante à Perpignan, qui fait l'inventaire de son sac très encombré au départ du puits en velais.

  • Speaker #2

    Avec le petit indispensable, ça c'était mon mari qui me l'a imposé. le chargeur solaire, au cas où que je me perde dans la nature.

  • Speaker #0

    Ah oui, puis ça pèse un peu son...

  • Speaker #2

    Ça pèse un petit peu. Il va avec tout, et je ne sais pas combien de jours de charge il tient. Plus la lumière, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    C'est pour le dessus du sac.

  • Speaker #2

    Et ensuite, on passe à l'intérieur du sac. Des boîtes de conserves. On ne sait jamais si sur la route, j'ai faim ou un moment où il n'y a rien pour manger.

  • Speaker #0

    Là, il y en a quatre.

  • Speaker #2

    Il y en a quatre, oui.

  • Speaker #0

    Je suis une folle. C'est quoi ? C'est le thon ?

  • Speaker #2

    C'est les salades à ouvrir sans ouvre-boîte, etc. Voilà. Mon sac qui fait du coup 10 kilos.

  • Speaker #0

    Et donc, pas d'expérience de marche ?

  • Speaker #2

    Non, aucune expérience de marche. Je me lance à l'aventure. C'est la grande aventure. Et pour faire une vraie aventure, il ne fallait pas la faire à moitié. Quand je fais les choses, je les fais en entier. Donc, du coup, j'ai dit, on y va à fond. Aucune réservation, rien du tout, c'est moi et le chemin. Je trouve que je me suis quand même pas trop mal débrouillée pour une première.

  • Speaker #3

    Allez,

  • Speaker #4

    alors toi Eric,

  • Speaker #0

    pour plier les oreilles un petit peu, voilà. Madame, vous portez combien, l'honneur ? Je suis beau,

  • Speaker #3

    on va pas peser.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant dans le sac à dos des pèlerins, ce sont ces objets qu'ils choisissent d'emporter, quel que soit leur poids. Sur la place de la cathédrale de Santiago de Compostela, j'ai rencontré Marlène, qui marche sur les chemins avec des nus pieds. Voici pourtant ce qu'elle tire de son sac à dos. Ah bah oui.

  • Speaker #3

    C'est sur-grandonnées. Oui,

  • Speaker #0

    bah...

  • Speaker #3

    Ah, c'est des... 13 ! Bah, elles font 600 grammes. Donc, je sais que je me trimballe 600 grammes pour rien, entre guillemets, mais... Donc, elles ont commencé à conques et je ne me voyais pas les abandonner alors qu'elles avaient commencé le chemin. Donc, oui, je me trimballe avec 600 grammes. Pas pour rien, parce que j'aurais peut-être plus ou moins besoin, mais voilà.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression, oui, là encore, c'est... En fait, depuis qu'à Hort, tu m'as dit que tu marches sur les pieds. En fait... Tu savais que tu n'en avais pas besoin ? Ou alors tu t'es dit, c'est un au cas où ça ? Ou alors non, tu vas les emmener jusqu'à Saint-Jacques ? En fait, c'est plutôt que tu as amené les chaussures ?

  • Speaker #3

    Alors le cheminement a changé. Parce qu'en fait, à la CAO, je pensais vraiment les remettre quand je suis allée jusqu'à Pimbo. Et puis finalement, non. Et l'année d'après, quand je suis repartie, je me suis dit, je ne peux pas les laisser puisqu'elles ont commencé le chemin. Oui, c'est ça. Après, c'était plus, j'ai envie de les emmener à Saint-Jacques.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Même si tu n'étais pas au pied.

  • Speaker #3

    C'est pour oublier.

  • Speaker #0

    Léa, quant à elle, est très sensible à la dimension des cadeaux.

  • Speaker #2

    Ah oui, j'ai fait ça ! C'est des bracelets que je comptais laisser sur le chemin avec un mot, avec un truc pour qu'un prochain pèlerin tombe dessus, et que ce soit le bracelet porte-bonheur. C'est des bracelets que moi j'ai faits comme celui-là.

  • Speaker #0

    Ils sont faits en quoi ?

  • Speaker #2

    En laine. Comme je suis bricoleuse, j'ai fait quelques petits bracelets que je n'ai pas eu le temps de trop faire. Au départ, je voulais faire des coquilles Saint-Jacques en crochet, mais je n'ai pas réussi. Alors, c'était pas très joli. Mon livre, révélation du pourquoi je suis venue sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Alors, ça s'appelle ?

  • Speaker #2

    Madonkaoua, plus jamais sans moi. Cette femme, elle va trouver du travail dans un nouveau cabinet d'avocat. Et elle est dans une vie un petit peu nocive où elle ne veut pas reconnaître ce qui se passe dans sa vie. Et le nouveau cabinet d'avocat lui dit, vous êtes embauché, mais il faut faire trois mois d'essai. Et ces trois mois d'essai, c'est tirer un papier. et on vous dira où est-ce que vous allez. Donc elle, elle dit Non mais je veux être avocate à Paris, je ne vois pas le problème du papier. Elle lui dit Non, non, mais allez-y. Donc ils insistent et elle tire le papier de Saint-Jacques-de-Compostelle et elle doit partir faire ses trois mois d'essai, acheminer sur Saint-Jacques-de-Compostelle pour revenir meilleure, voilà, avoir le meilleur d'elle-même pour devenir après une meilleure avocate. Voilà. Et donc sur toute la route, elle va croiser des gens qui vont la faire se remettre en question et qu'est-ce que la vie, la priorité dans la vie, etc. Et se poser les bonnes questions sur qu'est-ce que la vie.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça fait...

  • Speaker #2

    Ah ben ça, ça a fait sonner quelque chose en moi qui a dit qu'il faut partir. J'ai déjà lu, j'ai même dit qu'il fallait que je relise en soulignant des passages.

  • Speaker #0

    C'est ça, il va y avoir un usage aussi pendant le chemin.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il va y avoir un usage pendant le chemin et j'aimerais le faire signer, peut-être soit par des randonneurs, soit par des gens chez qui je vais dormir ou quoi que ce soit. Pour le jour où je le reprête à des gens autour de moi, ils puissent avoir aussi des messages de gens qui auront fait le chemin ou qui, en tous les cas, auront été touchés par le chemin.

  • Speaker #0

    Pour Sophie, la Toulonnaise, le contenu a été mûrement pensé.

  • Speaker #1

    En termes d'habits, tu vois, on est sur du minimalisme.

  • Speaker #0

    Et oui, l'histoire de la robe. Tu as une robe et tu te dis, ça, je veux la garder, je veux la prendre. Bien sûr,

  • Speaker #1

    parce que la première fois que j'ai emprunté le chemin, le soir, il fait chaud, on a envie de se poser. Nos habits sont humides de la transpiration. Donc, on a envie d'une petite tenue confort, tranquille, que je n'avais pas. Et je me suis dit, diantre, mais ce n'est pas Dieu possible. Je veux avoir une petite robe. Donc, la deuxième ou la troisième fois, j'ai pris une petite robe d'été. Et du coup, le soir, je me sentais chill. Je me sentais bien avec les petites tongs qui vont bien.

  • Speaker #0

    La robe, ce n'était pas seulement un aspect pratique. Il y avait aussi un aspect... Tout à fait,

  • Speaker #1

    mais tu ne fais pas si bien dire. C'était aussi pour me sentir féminine et belle le soir. Je me suis dit, je peux être pèlerine. et pas être dégueu. Je veux être une pèlerine classe le soir. Genre, oui, j'ai marché toute la journée, je suis pourvue de courbatures, et donc, je suis élégante.

  • Speaker #0

    Certains objets sont porteurs d'une dimension psychologique et spirituelle.

  • Speaker #1

    Là, on est vraiment sur des choix de qu'est-ce qu'on choisit, parce que là, on est sur une bougie pour faire un rituel. Super,

  • Speaker #0

    une petite bougie qui est une petite tasse avec une rose.

  • Speaker #1

    Avec une rose et effectivement, un petit rituel que je vais offrir, qui est aussi en écho avec ce pourquoi je prends le chemin, enfin, pourquoi j'emprunte le chemin, qui est un petit rituel à ma lignée de féminine. Voilà, que je ferai, je pense, là où je m'arrêterai. Et des cahiers, écoute, que ce soit pour prendre des notes, pour travailler sur des projets. Parce que je me suis dit que j'avais aussi envie de me poser par moments quand je me sentais inspirée pour avancer sur des projets. Et voilà, donc j'ai de quoi écrire. Et je me suis dit aujourd'hui que ce cahier-ci allait servir pour des intentions de prière pour les gens qui me connaissaient et qui avaient envie que j'amène leurs intentions de prière jusqu'où je vais. Donc je vais proposer ça pour ceux qui veulent, parce que j'ai une amie qui m'a spontanément demandé d'intentionner si j'allais en église ou dans un cimetière. Donc j'ai dit, pose-moi ta demande et je vais faire la factrice du chemin. On est dans le symbolique et dans le sensé. Ça passe par plein de choses, mais ça passe aussi par le fait de ranger sa chambre intérieure et de poser juste une intention simple qui puisse soutenir son progrès, spirituel notamment. Il y a une thématique générale autour de la féminité et de mon lien avec ça. Mais tout à l'heure, pendant les Vépres, en pensant à l'intention de mon ami, je me dirais ce serait quoi l'intention de fond pour moi. Et en fait, ce qui est sorti à ce moment-là, juste en me reliant, c'était de convertir la tension de conflit en feu de joie.

  • Speaker #0

    De fait, certains objets sont porteurs d'une sorte de feu intérieur. Sœur Marie, qui tient le gîte Saint-François au Puy-en-Velay, est souvent émue de voir ce que les pèlerins transportent avec eux.

  • Speaker #4

    Moi, depuis que je fais l'accueil, j'attends des pèlerins qui disent que, voilà, ils portent sur leur dos beaucoup de souffrance. Un jour, pareil aussi, il y a un monsieur qui arrive avec deux... deux coquilles et je lui ai dit, elles sont vraiment très belles vos coquilles. Il m'a dit, regardez, il y a ma femme qui vient de partir et il y a moi et je pars avec elle. C'est véridique, je vous en parle, mais j'ai l'impression de le vivre encore.

  • Speaker #0

    Heureusement, les pèlerins portent aussi des poids plus légers et plus réjouissants. C'est le cas de Jean et de Claire qui marchent avec Antoine, leur fils de 8 mois, juché dans un porte-bébé.

  • Speaker #5

    Ça a un impact logistique, c'est que Claire porte Antoine et les affaires d'Antoine, et moi je porte le reste, donc ça fait quand même un sac de 20 kilos avec la tente, les affaires pour deux, etc. Parce qu'on ne loge pas que dans les abatials ou dans les hébergements de pèlerins. On peut par exemple s'arrêter, si on trouve un bras de rivière ou quelque chose de très beau, s'arrêter et puis camper là, bivouaquer avec Antoine. Et donc ça fait un peu plus de poids, ce qui fait qu'on réduit un peu les étapes. Avant on était des gros marcheurs, on avait tendance à faire des bonnes étapes. à 30 km et puis maintenant on est plutôt à 15 km déjà, on sent nos pattes.

  • Speaker #2

    Oui les gens sont assez épatés, étonnés, abasourdis.

  • Speaker #5

    On nous dit qu'on est courageux quand on nous voit transpirant avec nos gros machins.

  • Speaker #2

    Les gens sentent aussi qu'on est clintons et heureux d'être là. Et c'est hyper chouette parce que c'est aussi un moyen de rentrer en contact avec les gens et de tisser du lien.

  • Speaker #5

    C'est peut-être aussi notre façon d'évangéliser à nous. Les gens aujourd'hui, il y en a beaucoup qui ne veulent pas d'enfants, même sur le chemin de Saint-Jacques, on parlait à des jeunes de 20 ans, etc. Quand on leur montre ce que c'est d'être un jeune parent, d'avoir un bébé en bonne santé qui va bien, qui est content d'être avec nous, etc. C'est aussi une façon de montrer qu'on peut encore faire une famille, on peut encore faire des choses, même quand on est jeune parent, continuer de s'amuser, continuer de découvrir des choses. Même dans des conditions un peu partielles de confort, ce n'est pas grave et ça vaut le coup.

  • Speaker #3

    On va à Santiago. D'où la charrette. La chariote.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez me la décrire ?

  • Speaker #3

    En fait, c'est un petit chariot qui porte mon sac à dos. Et moi, je ne me sentais plus de porter, ne serait-ce que 8 kilos ou 10 kilos. Et en cherchant un dispositif, on a trouvé celui-là. Et du coup, en fait,

  • Speaker #2

    je le tracte.

  • Speaker #3

    J'ai une ceinture là, en fait.

  • Speaker #0

    Comme un baudrier en fait.

  • Speaker #3

    Le tract, c'est plutôt pas mal au niveau des épaules, des hanches, des genoux et des pieds.

  • Speaker #0

    Ça soulage beaucoup.

  • Speaker #3

    Ça soulage énormément,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #3

    J'ai mon sac à dos dedans.

  • Speaker #0

    12,6 kg. Et donc en poids porté, c'est seulement... 20%. Donc 12,

  • Speaker #3

    ça fait l'équivalent de 3,

  • Speaker #0

    4 kg. Et alors, vous lui avez donné un nom ?

  • Speaker #3

    Oui, c'est Charlotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi Charlotte ?

  • Speaker #3

    La petite chariote.

  • Speaker #0

    Au fil des kilomètres, on apprend à ne conserver que l'essentiel dans ce sac à dos. Et le rapport à ses affaires personnelles s'allège aussi grâce à un climat particulier qu'on ne trouve que sur le camino, comme nous l'explique Marlène.

  • Speaker #3

    Dans les auberges, on a tous nos sacs, on a tous nos affaires, on sait qu'on a tous de l'argent, nos téléphones, bref, on a ce qu'on a besoin. Il n'y a aucun vol. Parce qu'on sait qu'on est tous dans le même bateau. Il n'y a plus de classe sociale, c'est juste qu'on est des marcheurs, des randonneurs, des pèlerins. C'est pas quel mot on veut utiliser et on y va. Donc oui, c'est vraiment la confiance envers l'autre. Alors, ce n'est pas le monde des bisounours, mais c'est vraiment la confiance qu'on veut. Et encore plus présente sur ce chemin.

  • Speaker #0

    L'apprentissage de l'allègement a des conséquences inattendues après le retour chez soi.

  • Speaker #3

    Au final, les seules choses qu'on a besoin, c'est trouver à boire, trouver à manger et un lieu pour dormir. Ça allège beaucoup de choses et justement, après, quand on revient dans le monde réel, c'est sûr que ça change notre vision et on voit qu'on a besoin de beaucoup moins de choses. Donc moi, je sais que dans ma vie perso, maintenant, je me prends beaucoup moins la tête et j'ai allégé beaucoup de choses et je n'ai pas besoin de fioriture ni rien. Il faut juste être en bonne santé avec sa famille, ses amis, avoir un toit et de quoi manger et le reste, ça suivra.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as allégé, enfin, qu'est-ce que tu as simplifié dans ta vie quotidienne ?

  • Speaker #3

    Dans ma vie quotidienne, qu'est-ce que j'ai allégé ? Juste moins de... Ouais, c'est ça, moins se prendre la tête. C'est vraiment ça, c'est de prendre du recul sur les choses, de ne pas s'énerver si ça ne marche pas et se dire, c'est pas grave, ça marchera plus tard. Et de juste, voilà, prendre du recul et profiter un maximum.

  • Speaker #0

    Même sentiment de délivrance pour Véronique. Une coach sportive belge qui accompagne un groupe de marcheurs sur le chemin.

  • Speaker #6

    Mon mari vous dirait quand je pars en vacances, mes valises, elles sont bien lourdes parce que je ne sais pas quoi choisir. Ici, on prend l'essentiel et ça m'a aidée. C'est en cours dans ma vie. Je suis occupée à me délester de tout ce qui est trop et qu'on n'a pas besoin.

  • Speaker #0

    Dernier délestage, c'était quoi ?

  • Speaker #6

    Mon dernier délestage ? Ma garde-robe. Après, comme fonctionnaire, j'étais plutôt tailleur, talon, etc. Je n'ai plus du tout besoin de tout ça. Donc, mon dernier délaissage, c'est liquider tout ce qu'il y a dans ma garde-robe. Et avant, j'aurais cherché à revendre. Ici, c'était une ancienne vie. Je mets ça dans un sac. Chez nous, on appelle ça les petits riens. Je crois que chez vous, on parle des maïs ou quelque chose comme ça. Et donc, voilà, le dernier délaissage, c'est ça.

  • Speaker #0

    Nous voici arrivés au terme du second épisode de notre série La marche, une aventure spirituelle S'il vous a intéressé, s'il vous a mis en route, n'hésitez pas à le partager, à vous abonner et à laisser une étoile, un avis ou un cœur. Les podcasts Croire sont à retrouver sur toutes les plateformes et sur le site et l'appli La Croix.

Description

Quand on s’équipe pour partir sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, on remplit son sac à dos avec soin pour conserver l’essentiel et se séparer du superflu.


Croire, saison 3 – épisode 2/10 :


Dans son sac à dos, le pèlerin de St-Jacques de Compostelle transporte sa maison, autrement dit, tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu’un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d’eau et de nourriture. Conserver l’essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s’effectue tout au long du chemin.


CRÉDITS :


Rédaction en chef : Arnaud Alibert et Paul de Coustin. Cheffe du service Religion : Céline Hoyeau. Reportage, montage et réalisation : Gilles Donada, journaliste au service Religion. Mixage : Sarah Lefèvre. Chargée de production : Célestine Albert-Steward. Visuel : Isaline Moulin. Directrice du marketing, audience et développement : Laurence Szabason. Musique : Alegria extrait de l’album Spiritual guitar, de Diego Baëza, Bayard Musique.


Écoutez les autres saisons de "Croire, le podcast de l’aventure spirituelle" :


- Saison 1 : Les voies de la prière

- Saison 2 : Vies de moines


► Vous avez une question ou une remarque ? Écrivez-nous à cette adresse : podcast.lacroix@groupebayard.com



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans son sac à dos, le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle transporte sa maison, autrement dit tout ce qui lui est nécessaire. On dit habituellement qu'un sac à dos ne doit pas dépasser 10% du poids chez les hommes et 8% chez les femmes, hors provision d'eau et de nourriture. Conserver l'essentiel et se séparer du superflu est un vrai apprentissage qui s'effectue tout au long du chemin. Pour en savoir plus, je me suis rendu au puits en velais, à Conques et à Santiago de Compostela, et j'ai demandé à des pèlerins s'ils acceptaient de m'ouvrir leur sac à dos. Voilà, je pense que vous n'avez plus qu'à vous installer. Je suis Gilles Donada, journaliste à La Croix. Dans ce podcast, je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui vivent la marche comme une aventure spirituelle. Mettez vos sacs dans les sacs que vous avez là. Après, comme je vous montrais, vous prenez votre sac à dos avec le sac et quand on vous demande dans les centres de ne pas retirer le sac, de ne pas prendre le sac. Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a une règle implicite qui veut qu'on parte avec un sac trop chargé. C'est l'expérience de Sophie, originaire de Toulon, qui marche pour la quatrième fois sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #1

    La première fois, mon sac devait faire à peu près, je pense, 22 ou 23 kilos. Voilà. Et donc la personne de l'association a fait à peu près les yeux que tu viens de faire, à savoir ma bonne dame, vous ne marcherez pas bien longtemps Et je lui ai dit c'est bon, tu es gentille, mais je fais bien comme je veux Je l'ai pensé, je ne l'ai pas dit, il était très gentil. Et effectivement, j'ai marché trois jours. Et au bout de trois jours, mon dos était flingué, notamment parce que j'avais une tente dedans et que j'ai beaucoup marché. Et après des longues marches, on n'a pas envie de planter sa tente. Donc j'ai arrêté mon chemin là et j'ai troqué mon... pèlerinage pour du tourisme, c'est-à-dire je suis allée au Mont-Saint-Michel, mais en bus. Et je me suis dit, très bon apprentissage, comme je ne pouvais pas renvoyer la tente par colis ou autre au destinataire, je me suis dit, la prochaine fois que j'emprunte le chemin, je serai plus vigilante sur mon sac. Et les fois d'après, c'était plus épuré, c'est-à-dire je me suis dit, j'ai besoin de moins, et même j'avais toujours trop. Et là, par exemple, pour mon quatrième départ, j'ai encore moins sur certaines choses, mais pas d'autres. C'est-à-dire, j'ai comme besoin d'un peu de kilométrage pour marcher, pour accepter de me délester vraiment, tu vois.

  • Speaker #0

    Une sagesse du chemin affirme que le poids du sac, c'est le poids de nos peurs. Et que celle-ci se dissimule souvent dans des phrases comme je vais prendre ça, on ne sait jamais je vais le prendre au cas où Écoutons par exemple Léa, aide-soignante à Perpignan, qui fait l'inventaire de son sac très encombré au départ du puits en velais.

  • Speaker #2

    Avec le petit indispensable, ça c'était mon mari qui me l'a imposé. le chargeur solaire, au cas où que je me perde dans la nature.

  • Speaker #0

    Ah oui, puis ça pèse un peu son...

  • Speaker #2

    Ça pèse un petit peu. Il va avec tout, et je ne sais pas combien de jours de charge il tient. Plus la lumière, on ne sait jamais.

  • Speaker #1

    C'est pour le dessus du sac.

  • Speaker #2

    Et ensuite, on passe à l'intérieur du sac. Des boîtes de conserves. On ne sait jamais si sur la route, j'ai faim ou un moment où il n'y a rien pour manger.

  • Speaker #0

    Là, il y en a quatre.

  • Speaker #2

    Il y en a quatre, oui.

  • Speaker #0

    Je suis une folle. C'est quoi ? C'est le thon ?

  • Speaker #2

    C'est les salades à ouvrir sans ouvre-boîte, etc. Voilà. Mon sac qui fait du coup 10 kilos.

  • Speaker #0

    Et donc, pas d'expérience de marche ?

  • Speaker #2

    Non, aucune expérience de marche. Je me lance à l'aventure. C'est la grande aventure. Et pour faire une vraie aventure, il ne fallait pas la faire à moitié. Quand je fais les choses, je les fais en entier. Donc, du coup, j'ai dit, on y va à fond. Aucune réservation, rien du tout, c'est moi et le chemin. Je trouve que je me suis quand même pas trop mal débrouillée pour une première.

  • Speaker #3

    Allez,

  • Speaker #4

    alors toi Eric,

  • Speaker #0

    pour plier les oreilles un petit peu, voilà. Madame, vous portez combien, l'honneur ? Je suis beau,

  • Speaker #3

    on va pas peser.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant dans le sac à dos des pèlerins, ce sont ces objets qu'ils choisissent d'emporter, quel que soit leur poids. Sur la place de la cathédrale de Santiago de Compostela, j'ai rencontré Marlène, qui marche sur les chemins avec des nus pieds. Voici pourtant ce qu'elle tire de son sac à dos. Ah bah oui.

  • Speaker #3

    C'est sur-grandonnées. Oui,

  • Speaker #0

    bah...

  • Speaker #3

    Ah, c'est des... 13 ! Bah, elles font 600 grammes. Donc, je sais que je me trimballe 600 grammes pour rien, entre guillemets, mais... Donc, elles ont commencé à conques et je ne me voyais pas les abandonner alors qu'elles avaient commencé le chemin. Donc, oui, je me trimballe avec 600 grammes. Pas pour rien, parce que j'aurais peut-être plus ou moins besoin, mais voilà.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression, oui, là encore, c'est... En fait, depuis qu'à Hort, tu m'as dit que tu marches sur les pieds. En fait... Tu savais que tu n'en avais pas besoin ? Ou alors tu t'es dit, c'est un au cas où ça ? Ou alors non, tu vas les emmener jusqu'à Saint-Jacques ? En fait, c'est plutôt que tu as amené les chaussures ?

  • Speaker #3

    Alors le cheminement a changé. Parce qu'en fait, à la CAO, je pensais vraiment les remettre quand je suis allée jusqu'à Pimbo. Et puis finalement, non. Et l'année d'après, quand je suis repartie, je me suis dit, je ne peux pas les laisser puisqu'elles ont commencé le chemin. Oui, c'est ça. Après, c'était plus, j'ai envie de les emmener à Saint-Jacques.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Même si tu n'étais pas au pied.

  • Speaker #3

    C'est pour oublier.

  • Speaker #0

    Léa, quant à elle, est très sensible à la dimension des cadeaux.

  • Speaker #2

    Ah oui, j'ai fait ça ! C'est des bracelets que je comptais laisser sur le chemin avec un mot, avec un truc pour qu'un prochain pèlerin tombe dessus, et que ce soit le bracelet porte-bonheur. C'est des bracelets que moi j'ai faits comme celui-là.

  • Speaker #0

    Ils sont faits en quoi ?

  • Speaker #2

    En laine. Comme je suis bricoleuse, j'ai fait quelques petits bracelets que je n'ai pas eu le temps de trop faire. Au départ, je voulais faire des coquilles Saint-Jacques en crochet, mais je n'ai pas réussi. Alors, c'était pas très joli. Mon livre, révélation du pourquoi je suis venue sur le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Alors, ça s'appelle ?

  • Speaker #2

    Madonkaoua, plus jamais sans moi. Cette femme, elle va trouver du travail dans un nouveau cabinet d'avocat. Et elle est dans une vie un petit peu nocive où elle ne veut pas reconnaître ce qui se passe dans sa vie. Et le nouveau cabinet d'avocat lui dit, vous êtes embauché, mais il faut faire trois mois d'essai. Et ces trois mois d'essai, c'est tirer un papier. et on vous dira où est-ce que vous allez. Donc elle, elle dit Non mais je veux être avocate à Paris, je ne vois pas le problème du papier. Elle lui dit Non, non, mais allez-y. Donc ils insistent et elle tire le papier de Saint-Jacques-de-Compostelle et elle doit partir faire ses trois mois d'essai, acheminer sur Saint-Jacques-de-Compostelle pour revenir meilleure, voilà, avoir le meilleur d'elle-même pour devenir après une meilleure avocate. Voilà. Et donc sur toute la route, elle va croiser des gens qui vont la faire se remettre en question et qu'est-ce que la vie, la priorité dans la vie, etc. Et se poser les bonnes questions sur qu'est-ce que la vie.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça fait...

  • Speaker #2

    Ah ben ça, ça a fait sonner quelque chose en moi qui a dit qu'il faut partir. J'ai déjà lu, j'ai même dit qu'il fallait que je relise en soulignant des passages.

  • Speaker #0

    C'est ça, il va y avoir un usage aussi pendant le chemin.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il va y avoir un usage pendant le chemin et j'aimerais le faire signer, peut-être soit par des randonneurs, soit par des gens chez qui je vais dormir ou quoi que ce soit. Pour le jour où je le reprête à des gens autour de moi, ils puissent avoir aussi des messages de gens qui auront fait le chemin ou qui, en tous les cas, auront été touchés par le chemin.

  • Speaker #0

    Pour Sophie, la Toulonnaise, le contenu a été mûrement pensé.

  • Speaker #1

    En termes d'habits, tu vois, on est sur du minimalisme.

  • Speaker #0

    Et oui, l'histoire de la robe. Tu as une robe et tu te dis, ça, je veux la garder, je veux la prendre. Bien sûr,

  • Speaker #1

    parce que la première fois que j'ai emprunté le chemin, le soir, il fait chaud, on a envie de se poser. Nos habits sont humides de la transpiration. Donc, on a envie d'une petite tenue confort, tranquille, que je n'avais pas. Et je me suis dit, diantre, mais ce n'est pas Dieu possible. Je veux avoir une petite robe. Donc, la deuxième ou la troisième fois, j'ai pris une petite robe d'été. Et du coup, le soir, je me sentais chill. Je me sentais bien avec les petites tongs qui vont bien.

  • Speaker #0

    La robe, ce n'était pas seulement un aspect pratique. Il y avait aussi un aspect... Tout à fait,

  • Speaker #1

    mais tu ne fais pas si bien dire. C'était aussi pour me sentir féminine et belle le soir. Je me suis dit, je peux être pèlerine. et pas être dégueu. Je veux être une pèlerine classe le soir. Genre, oui, j'ai marché toute la journée, je suis pourvue de courbatures, et donc, je suis élégante.

  • Speaker #0

    Certains objets sont porteurs d'une dimension psychologique et spirituelle.

  • Speaker #1

    Là, on est vraiment sur des choix de qu'est-ce qu'on choisit, parce que là, on est sur une bougie pour faire un rituel. Super,

  • Speaker #0

    une petite bougie qui est une petite tasse avec une rose.

  • Speaker #1

    Avec une rose et effectivement, un petit rituel que je vais offrir, qui est aussi en écho avec ce pourquoi je prends le chemin, enfin, pourquoi j'emprunte le chemin, qui est un petit rituel à ma lignée de féminine. Voilà, que je ferai, je pense, là où je m'arrêterai. Et des cahiers, écoute, que ce soit pour prendre des notes, pour travailler sur des projets. Parce que je me suis dit que j'avais aussi envie de me poser par moments quand je me sentais inspirée pour avancer sur des projets. Et voilà, donc j'ai de quoi écrire. Et je me suis dit aujourd'hui que ce cahier-ci allait servir pour des intentions de prière pour les gens qui me connaissaient et qui avaient envie que j'amène leurs intentions de prière jusqu'où je vais. Donc je vais proposer ça pour ceux qui veulent, parce que j'ai une amie qui m'a spontanément demandé d'intentionner si j'allais en église ou dans un cimetière. Donc j'ai dit, pose-moi ta demande et je vais faire la factrice du chemin. On est dans le symbolique et dans le sensé. Ça passe par plein de choses, mais ça passe aussi par le fait de ranger sa chambre intérieure et de poser juste une intention simple qui puisse soutenir son progrès, spirituel notamment. Il y a une thématique générale autour de la féminité et de mon lien avec ça. Mais tout à l'heure, pendant les Vépres, en pensant à l'intention de mon ami, je me dirais ce serait quoi l'intention de fond pour moi. Et en fait, ce qui est sorti à ce moment-là, juste en me reliant, c'était de convertir la tension de conflit en feu de joie.

  • Speaker #0

    De fait, certains objets sont porteurs d'une sorte de feu intérieur. Sœur Marie, qui tient le gîte Saint-François au Puy-en-Velay, est souvent émue de voir ce que les pèlerins transportent avec eux.

  • Speaker #4

    Moi, depuis que je fais l'accueil, j'attends des pèlerins qui disent que, voilà, ils portent sur leur dos beaucoup de souffrance. Un jour, pareil aussi, il y a un monsieur qui arrive avec deux... deux coquilles et je lui ai dit, elles sont vraiment très belles vos coquilles. Il m'a dit, regardez, il y a ma femme qui vient de partir et il y a moi et je pars avec elle. C'est véridique, je vous en parle, mais j'ai l'impression de le vivre encore.

  • Speaker #0

    Heureusement, les pèlerins portent aussi des poids plus légers et plus réjouissants. C'est le cas de Jean et de Claire qui marchent avec Antoine, leur fils de 8 mois, juché dans un porte-bébé.

  • Speaker #5

    Ça a un impact logistique, c'est que Claire porte Antoine et les affaires d'Antoine, et moi je porte le reste, donc ça fait quand même un sac de 20 kilos avec la tente, les affaires pour deux, etc. Parce qu'on ne loge pas que dans les abatials ou dans les hébergements de pèlerins. On peut par exemple s'arrêter, si on trouve un bras de rivière ou quelque chose de très beau, s'arrêter et puis camper là, bivouaquer avec Antoine. Et donc ça fait un peu plus de poids, ce qui fait qu'on réduit un peu les étapes. Avant on était des gros marcheurs, on avait tendance à faire des bonnes étapes. à 30 km et puis maintenant on est plutôt à 15 km déjà, on sent nos pattes.

  • Speaker #2

    Oui les gens sont assez épatés, étonnés, abasourdis.

  • Speaker #5

    On nous dit qu'on est courageux quand on nous voit transpirant avec nos gros machins.

  • Speaker #2

    Les gens sentent aussi qu'on est clintons et heureux d'être là. Et c'est hyper chouette parce que c'est aussi un moyen de rentrer en contact avec les gens et de tisser du lien.

  • Speaker #5

    C'est peut-être aussi notre façon d'évangéliser à nous. Les gens aujourd'hui, il y en a beaucoup qui ne veulent pas d'enfants, même sur le chemin de Saint-Jacques, on parlait à des jeunes de 20 ans, etc. Quand on leur montre ce que c'est d'être un jeune parent, d'avoir un bébé en bonne santé qui va bien, qui est content d'être avec nous, etc. C'est aussi une façon de montrer qu'on peut encore faire une famille, on peut encore faire des choses, même quand on est jeune parent, continuer de s'amuser, continuer de découvrir des choses. Même dans des conditions un peu partielles de confort, ce n'est pas grave et ça vaut le coup.

  • Speaker #3

    On va à Santiago. D'où la charrette. La chariote.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez me la décrire ?

  • Speaker #3

    En fait, c'est un petit chariot qui porte mon sac à dos. Et moi, je ne me sentais plus de porter, ne serait-ce que 8 kilos ou 10 kilos. Et en cherchant un dispositif, on a trouvé celui-là. Et du coup, en fait,

  • Speaker #2

    je le tracte.

  • Speaker #3

    J'ai une ceinture là, en fait.

  • Speaker #0

    Comme un baudrier en fait.

  • Speaker #3

    Le tract, c'est plutôt pas mal au niveau des épaules, des hanches, des genoux et des pieds.

  • Speaker #0

    Ça soulage beaucoup.

  • Speaker #3

    Ça soulage énormément,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #3

    J'ai mon sac à dos dedans.

  • Speaker #0

    12,6 kg. Et donc en poids porté, c'est seulement... 20%. Donc 12,

  • Speaker #3

    ça fait l'équivalent de 3,

  • Speaker #0

    4 kg. Et alors, vous lui avez donné un nom ?

  • Speaker #3

    Oui, c'est Charlotte.

  • Speaker #0

    Pourquoi Charlotte ?

  • Speaker #3

    La petite chariote.

  • Speaker #0

    Au fil des kilomètres, on apprend à ne conserver que l'essentiel dans ce sac à dos. Et le rapport à ses affaires personnelles s'allège aussi grâce à un climat particulier qu'on ne trouve que sur le camino, comme nous l'explique Marlène.

  • Speaker #3

    Dans les auberges, on a tous nos sacs, on a tous nos affaires, on sait qu'on a tous de l'argent, nos téléphones, bref, on a ce qu'on a besoin. Il n'y a aucun vol. Parce qu'on sait qu'on est tous dans le même bateau. Il n'y a plus de classe sociale, c'est juste qu'on est des marcheurs, des randonneurs, des pèlerins. C'est pas quel mot on veut utiliser et on y va. Donc oui, c'est vraiment la confiance envers l'autre. Alors, ce n'est pas le monde des bisounours, mais c'est vraiment la confiance qu'on veut. Et encore plus présente sur ce chemin.

  • Speaker #0

    L'apprentissage de l'allègement a des conséquences inattendues après le retour chez soi.

  • Speaker #3

    Au final, les seules choses qu'on a besoin, c'est trouver à boire, trouver à manger et un lieu pour dormir. Ça allège beaucoup de choses et justement, après, quand on revient dans le monde réel, c'est sûr que ça change notre vision et on voit qu'on a besoin de beaucoup moins de choses. Donc moi, je sais que dans ma vie perso, maintenant, je me prends beaucoup moins la tête et j'ai allégé beaucoup de choses et je n'ai pas besoin de fioriture ni rien. Il faut juste être en bonne santé avec sa famille, ses amis, avoir un toit et de quoi manger et le reste, ça suivra.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as allégé, enfin, qu'est-ce que tu as simplifié dans ta vie quotidienne ?

  • Speaker #3

    Dans ma vie quotidienne, qu'est-ce que j'ai allégé ? Juste moins de... Ouais, c'est ça, moins se prendre la tête. C'est vraiment ça, c'est de prendre du recul sur les choses, de ne pas s'énerver si ça ne marche pas et se dire, c'est pas grave, ça marchera plus tard. Et de juste, voilà, prendre du recul et profiter un maximum.

  • Speaker #0

    Même sentiment de délivrance pour Véronique. Une coach sportive belge qui accompagne un groupe de marcheurs sur le chemin.

  • Speaker #6

    Mon mari vous dirait quand je pars en vacances, mes valises, elles sont bien lourdes parce que je ne sais pas quoi choisir. Ici, on prend l'essentiel et ça m'a aidée. C'est en cours dans ma vie. Je suis occupée à me délester de tout ce qui est trop et qu'on n'a pas besoin.

  • Speaker #0

    Dernier délestage, c'était quoi ?

  • Speaker #6

    Mon dernier délestage ? Ma garde-robe. Après, comme fonctionnaire, j'étais plutôt tailleur, talon, etc. Je n'ai plus du tout besoin de tout ça. Donc, mon dernier délaissage, c'est liquider tout ce qu'il y a dans ma garde-robe. Et avant, j'aurais cherché à revendre. Ici, c'était une ancienne vie. Je mets ça dans un sac. Chez nous, on appelle ça les petits riens. Je crois que chez vous, on parle des maïs ou quelque chose comme ça. Et donc, voilà, le dernier délaissage, c'est ça.

  • Speaker #0

    Nous voici arrivés au terme du second épisode de notre série La marche, une aventure spirituelle S'il vous a intéressé, s'il vous a mis en route, n'hésitez pas à le partager, à vous abonner et à laisser une étoile, un avis ou un cœur. Les podcasts Croire sont à retrouver sur toutes les plateformes et sur le site et l'appli La Croix.

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