- Speaker #0
Dans l'ombre,
- Speaker #1
un podcast produit par We Are et Time to Sign Off. Bonsoir et bienvenue dans Dans l'ombre, le podcast produit par We Are et Time to Sign Off, où on reçoit ceux qui, par vocation, ne parlent jamais. Visiteurs du soir, hommes et femmes de l'ombre, agents secrets ou agents de stars, bref, toutes celles et ceux qui tirent les ficelles mais évitent la lumière. Donc moi, je suis Romain Dessal, je suis le fondateur de la newsletter d'information Time to Sign Off TTSO. Ce soir donc, je reçois Anne Méau. fondatrice et présidente d'Image7. Bonsoir Anne Méo.
- Speaker #0
Bonsoir. Anne Méo,
- Speaker #1
juste pour commencer, justement, je voudrais que vous définissiez Image7, parce que je vous ai entendu dire que vous n'aimiez pas le mot agence. Je ne sais pas comment définir Image7, un cabinet de conseil, un médecin de famille. Dites-moi un petit peu comment vous définiriez cette société qui est, je le précise, est la première agence indépendante, déjà je la qualifie, de communication en France.
- Speaker #0
Alors, si j'avais, effectivement, on a une agence de... communication stratégique, mais on est aussi un médecin de famille, c'est-à-dire qu'il y a une chose dont je suis j'ose le dire assez fier, c'est la durabilité de nos contrats. Ce que je veux dire, c'est que on a, par exemple, on travaille avec la famille Pinot depuis 30 ans, avec le Crédit Agricole depuis 25 ans.
- Speaker #1
Vous avez créé l'agence en 1988.
- Speaker #0
Exactement. J'allais vous dire, on rentre souvent sur des crises avec nos clients. et après on leur explique, et ils comprennent d'ailleurs assez bien, que pour bien gérer des crises, il faut bien se connaître et que la communication corporelle contribue à la fois à installer une image qui vous aide à gérer les crises, voilà, et aussi à prévenir ces crises.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc médecin de famille parce qu'on suit les gens et parce que… Mais je n'y avais jamais pensé, médecin de famille, mais j'aime bien l'expression…
- Speaker #1
Vous êtes fille de médecin. Oui,
- Speaker #0
je suis fille de médecin, exactement. Et parce que mon père était ophtalmo, et il me disait que justement, en regardant un fond de l'œil, on peut trouver une tumeur. Et un bon médecin de famille, c'est quelqu'un que vous venez voir parce que vous avez mal quelque part, et en fait, qui vous trouve la vraie raison de votre pathologie. Et nous, moi, je crois beaucoup à la vision globale des choses. C'est-à-dire qu'il y a tel problème ou telle chose, et en fait, il faut essayer de comprendre pourquoi il y a ça, avant de se précipiter pour régler le problème. Il faut aller vite, bien sûr, mais il faut essayer d'avoir la compréhension. Du système. Et c'est ce que doit faire un bon médecin de famille.
- Speaker #1
Alors, reprenons les choses dans l'ordre. Vous êtes parisienne, vous avez une enfance bourgeoise, si on peut dire. Vous êtes fille de médecin. Vous rentrez à Sciences Po assez tôt. Vous rentrez à Sciences Po après le bac. Et puis aussi assez tôt.
- Speaker #0
À 17 ans.
- Speaker #1
À 17 ans, oui. Et puis aussi assez tôt, vous allez être projeté dans le monde politique. Un petit peu par hasard, si j'ai bien compris, ou par opportunité. Vous rentrez à l'Élysée. En étant encore étudiante en droit, non ?
- Speaker #0
Je rentre à l'Élysée après Sciences Po. Oui, je terminais ma maîtrise de droit. J'avais fait la campagne de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, l'année de mon diplôme.
- Speaker #1
En tant que bénévole ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. J'arrivais avec mes polis copiés. Giscard avait monté une cellule évaluation à l'Élysée, qui était une cellule... On préparait les législatives où nous avions la tâche ingrate d'arriver à 7h du matin, écouter les radios, les télés, faire une note de synthèse pour les conseillers techniques qui arrivaient vers 9h, 9h30. Et puis l'après-midi, travailler sur tous les dossiers gouvernementaux mal vendus. Et en fait, ils avaient prévu, les gens de l'Élysée, une cellule avec quatre garçons. Et Giscard a dit « Trouvez-moi une jeune femme » . Et donc moi, mon CV est arrivé via les Républicains indépendants. Et je crois que j'ai été, Giscard m'a choisi parce que j'étais lauréate du concours général de version latine et qu'il s'est dit que je devais avoir une tête organisée. Donc c'est un hasard complet, oui.
- Speaker #1
D'accord. Et alors, qu'est-ce qu'on apprend et qui on rencontre quand on est projeté à 20 ans, même pas à 20 ans, à l'Élysée pour son premier job ?
- Speaker #0
On apprend d'abord à travailler et on apprend à travailler encore. C'est-à-dire que... que quand vous travaillez... C'est une époque, je pense que l'Élysée est peut-être encore épargnée, mais c'est une époque où la classe politique était vraiment d'un haut niveau intellectuel. Vous, vous arrivez toute jeune, vous voulez que vos notes soient à la hauteur, vous voulez... En plus, j'allais dire, moi j'ai un syndrome bon élève, donc je déteste rendre une copie mauvaise.
- Speaker #1
J'y serai pas un temps.
- Speaker #0
J'allais vous dire, j'espère... avec qui j'ai gardé moi des liens jusqu'à sa mort et pour qui j'ai le plus profond respect et à la fin même de l'affection, n'est pas quelqu'un, comment dirais-je, qui vous met forcément complètement à l'aise. Donc, c'est un challenge permanent et donc c'est une très bonne formation. L'autre chose, c'est que ça vous apprend du coup, et ça m'a beaucoup aidé quand j'ai monté IMAGET, à n'avoir peur de personne. Parce que je dis que quand on a pu... Travailler avec Valérie Giscard d'Estaing qui était quand même un cerveau très impressionnant, vous n'avez pas peur et la peur est très mauvaise conseillère.
- Speaker #1
Bien sûr. Et qui vous rencontrez ? Quelles vont être les grandes rencontres que vous faites pendant ces années de formation ?
- Speaker #0
En politique ? Je les ai à peu près tous rencontrés. Après, c'est sûrement Alain Madelin avec qui j'ai le plus travaillé et qui m'a alors là appris. En fait, on était très différents. Donc, moi, j'avais une culture classique, science po latin grec, très classique. Et lui me disait « Tu connais le système de sécurité sociale en Hollande, aux Pays-Bas ? Est-ce que tu as lu Mises ? » Je me souviens, un jour, il est arrivé avec un pavé, l'action humaine, en me disant « Est-ce que tu as lu Mises ? » Je lui ai dit « Non, je n'ai pas lu Mises » . Et donc, j'ai eu une deuxième formation, j'allais dire, probablement d'ouverture internationale, et d'ouverture à ce qui n'est pas le microcosme français. Donc, j'allais dire, ce sont sûrement les deux hommes politiques qui m'ont le plus construite.
- Speaker #1
C'est amusant parce que les deux sont des intellectuels. En réalité, Madeleine, on le voit, l'image première qu'on a, c'est un homme politique libéral, mais c'est avant tout un très grand intellectuel. Madeleine Giscard est, comme vous le dites, un cerveau. Donc ça, c'est les années de formation. Vous avez des rôles.
- Speaker #0
J'ai appris autre chose parce que quand Giscard a été battu, moi, je me suis, avec une dame qui est morte maintenant et que j'aimais énormément, Marie-Hélène Descamps, on s'est occupé de la communication de l'ancien président et il ne voulait pas qu'on... Comme il disait, qu'on fasse comme Flambeau et qu'on veille le cercueil. Et qu'on ait chacune une activité. Et elle travaillait avec Michel Dornano et moi je m'occupais du groupe parlementaire. Et là, et puis moi j'avais été élu très jeune. C'est-à-dire que la première fois que j'ai voté, j'ai voté pour moi. Ce qui est assez sympa et j'ai été élu. C'est un vote qui m'avait...
- Speaker #1
Vous partagez cette caractéristique avec de très grands dictateurs.
- Speaker #0
Ah bon ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Speaker #1
Sans doute, sans doute,
- Speaker #0
vous votez pour Michel Dornano. Non mais ça a été un... Je pense que tout le monde vote pour soi quand il est candidat à une élection.
- Speaker #1
Tout le monde n'est pas candidat.
- Speaker #0
Je pense que c'est une hypocrisie totale. Non, mais c'était le président qui m'avait dit, il y a des municipales, il faut vous présenter. Je lui ai dit, mais moi, oui, ou pourquoi ? Et en fait, j'avais une maison au Touquet, je me suis présenté au Touquet, j'ai été élu. J'ai adoré mes mandats municipaux. Mais ce que je veux dire, c'est que j'ai appris aussi dans la vie politique que c'est souvent vos propres amis. qui vous désigne, article 1, et deuxièmement, que ça n'est pas qu'au mérite, j'allais vous dire. Et ça, ça a été le grand bonheur, quand j'ai monté Image7, de voir que dans le privé, vous êtes jugé sur ce que vous faites. C'est-à-dire qu'en gros, si vous bossez bien, votre boîte marche. Si vous bossez mal, votre boîte ne marche pas. Et c'est un système beaucoup plus juste que les aléas de la vie politique.
- Speaker #1
revenez sur si je peux me permettre sur ça n'est pas qu'au mérite en politique c'est quoi les autres ?
- Speaker #0
je pense déjà que les circonscriptions il y a un petit jeu il faut être un féodé aux uns ou aux autres moi j'ai un grand principe de liberté qui a toujours guidé ma vie c'est à dire que c'est pour ça que je suis très sincère sur l'instrumentalisation et donc vous n'êtes jamais complètement libre moi par exemple il m'avait proposé que J'aurais pu être ministre au moment où ils avaient fait des jupettes. Heureusement que je n'ai pas accepté. J'avais déjà monté une machette. Je me suis dit, j'ai dû pendant 12 heures me demander. Mais bon, j'aimais trop ma boîte et cette nouvelle aventure. Et puis en fait, je réalisais et je savais que je n'avais pas vraiment de pouvoir. Parce que le pouvoir, quand les institutions de la Ve République fonctionnaient, était à l'Élysée et à Matignon, mais assez peu dans les... Dans les ministères, et puis surtout, c'est que vous êtes obligé après de... Moi, je pense qu'effectivement, un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Une équipe, ça doit être soudé. Donc, c'est rentrer dans un mode de fonctionnement que je ne souhaitais pas être le mien. Alors,
- Speaker #1
vous me donnez une transition parfaite. Donc, 1988, vous créez Image 7, c'est le choix de la liberté ?
- Speaker #0
Complètement. Alors, on ne va pas faire de politique, mais je vais dire... Je n'avais plus envie... Valéry Giscard d'Estaing n'avait pas un destin évident. J'avais beaucoup d'affection pour tous mes copains libéraux, mais je ne peux pas dire que j'imaginais forcément un chemin présidentiel pour l'un ou pour l'autre. Et pour moi, la politique, comme je n'avais pas envie de faire de la politique en me faisant élire, J'ai eu envie d'une nouvelle aventure, puis surtout une envie, comme je dis en riant, d'avoir un vrai métier. Mais de savoir si j'étais capable, parce que c'est pour ça que quand vous dites femme de l'ombre, j'ai été en politique vraiment femme de l'ombre. Quand vous devenez chef d'entreprise, vous n'êtes pas une femme de l'ombre. Moi, j'ai 75 personnes que je gère, je fais tourner ma boutique, je suis un chef d'entreprise. Je pense pour ça d'ailleurs que mes clients... Je m'apprécie, j'ose espérer qu'il m'apprécie, mais je pense que s'il reste, c'est qu'il m'apprécie. Puis si on en a des nouveaux, c'est grâce aux anciens clients qui disent « allez les voir » , c'est justement pour ça.
- Speaker #1
Absolument. Mais j'aimerais revenir sur quelque chose. Vous avez un engagement à droite. Pourquoi cet engagement à droite politiquement très tôt ? Parce que moi,
- Speaker #0
je suis d'une génération où, je suis plus vieille que vous, où le totalitarisme... Moi, je me suis engagé pour les libertés contre le marxisme à une époque où les Khmers rouges assassinaient, où l'Union soviétique était un gigantesque goulag. et où nous avions en France une série d'intellectuels bien-pensants, soutenus par des journaux bien-pensants, qui vous expliquaient que c'était eux la liberté. Bon, ayant toujours eu finalement un tempérament assez rebelle, et n'ayant pas une passion pour la majorité silencieuse. Parce que je pense que si on a des idées, on les dit, et on essaie de se battre pour elles, et j'ai d'ailleurs un grand respect pour les gens qui ont eu le courage, dans des périodes difficiles, de... d'affronter le danger, ce qui n'est absolument pas mon cas. Et donc je me suis engagée forcément, l'antimarxisme c'est à droite. Après, donc ça, ça a été un engagement presque romantique. Puis après, c'est là où je ne renie pas du tout mes engagements, au contraire, avec Valéry Giscard d'Estaing ou Alain Madelin, c'est que je pense sincèrement... qu'une société libérale c'est check and balance, c'est pouvoir et contre-pouvoir. Et je pense, Madeleine dit toujours, on ne donne pas la garde du lait Ausha, je suis assez d'accord avec ce proverbe libéral. Et je pense qu'une société, je pense que l'État ne fait pas tout, je pense qu'il faut un État fort à sa place, et d'ailleurs ce qu'on voit actuellement sur, j'allais dire, notre État qu'il faut réformer, et... montre que l'État ne peut pas tout faire et qu'à un moment, il s'engorge. Mais ce n'est pas du tout le sujet, ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai monté IMAGET. Moi, j'ai monté IMAGET parce que je savais faire ça, je voulais quitter la politique au nom d'un principe de liberté, mais aussi un principe de bonheur. C'est-à-dire que je pense qu'on peut avoir deux vies, on ne peut pas en avoir trois. Ça, c'est très important. L'homme politique, et c'est pour ça d'ailleurs que je l'ai plaint, ils ont une circonscription à gérer, c'est un métier de chien, c'est-à-dire qu'il faut aller deux, trois jours dans leur fief, etc. Ils ont souvent leur vie à gagner parce qu'ils ne sont pas élus forcément. Et puis, ils ont une vie personnelle, de famille, avec leurs amours, leurs enfants, etc. Et je pense que... Leurs emmerdes. Les emmerdes, ils les ont souvent aussi plus dans les autres vies. Et moi, je pense qu'on peut avoir deux vies. Je pense qu'on peut mener bien deux vies. Je pense que trois. Je peux vous dire déjà, être une femme, avoir une famille. Élever trois enfants, être heureuse, parce que moi je pense que je suis heureuse, et que je ne me dirais pas au moment de mourir, je suis passé à côté de ma vie, je pense que je l'ai vécu ma vie, et en même temps avoir le bonheur d'avoir monté quelque chose qui est un peu mon quatrième enfant, et qui grandit, qui change, mais comme un enfant d'ailleurs, qui s'améliore, qui évolue. C'est un bonheur total.
- Speaker #1
Alors justement, cet enfant, est-ce que vous pouvez m'en expliquer les métiers ?
- Speaker #0
Alors moi, j'ai monté une machette à une époque où la com' était quand même encore un peu pratiquée par des jeunes femmes avenantes qui répétaient ce qu'on leur demandait de répéter, par des jeunes gens de bonne famille qu'on mettait au poste de com' parce que ce n'était pas forcément les plus brillants, mais qu'ils étaient bien élevés. Parce que la politique, on vit avec les combats politiques, il y a une proximité très forte dans les équipes politiques, donc on participe aux décisions. Et je pense que la com politique était plutôt un peu en avance par rapport à la communication de l'entreprise. En plus, surtout quand vous essayez de défendre le libéralisme en France, avec le succès que vous avez vu, on peut dire qu'il y a des vents contraires. La communication d'entreprise à l'époque était... quelque chose de plus normé. Les vents contraires, ils sont arrivés avec les réseaux sociaux, avec le fait que tout le monde s'intéresse à ce que font les entreprises, donc ils sont jugés de toutes parts, comme l'est un homme politique. C'est ça qui a été la bascule. Et moi, mon idée a été de dire, je vais embaucher des gens. Alors moi, je n'ai pas de gens qui ont été formés à la com. J'ai des Sciences Po, j'ai Normal Sub, j'ai des... des écoles de commerce, et ce sont des gens qui ont fait de la philo, des gens qui ont fait de l'histoire, et ce sont des gens qui peuvent comprendre l'histoire. Parce que mon métier, c'est d'abord de comprendre. Comprendre l'intelligence, ça vient d'intelligo-comprendre. De comprendre l'entreprise et de comprendre aussi la psychologie des gens. Parce que je ne crois pas qu'on fasse des préconisations sur paperboard qui soient toujours les mêmes. Je pense que je ne crois qu'aux surmesures, je crois qu'aux tailor-made. Et donc il faut comprendre leurs problèmes, comprendre où ils veulent aller, comment les aider où aller. Donc ça s'appelle de la communication stratégique. Si vous voulez réussir un projet ou une entreprise, Il vous faut de l'argent, ça c'est les finances. Il vous faut des hommes, ça c'est les RH. Mais la troisième chose dans le monde moderne la plus importante, c'est d'avoir une bonne communication stratégique. C'est-à-dire de faire comprendre à tous les... J'aime pas ce mot stakeholder, mais partie prenante n'est pas un mot non plus extrêmement parlant. Pourquoi, ce que vous faites, ce que fait votre entreprise, et à quoi aussi elle sert. Alors elle sert bien sûr à... Moi je fais partie des gens qui pensent qu'une entreprise doit gagner de l'argent, d'abord, mais elle sert aussi à fabriquer des beaux produits, à donner du rêve, et puis aussi à aider l'environnement à faire mille choses. Et c'est ça bâtir une communication stratégique. Et parallèlement, dans ce monde qui est de plus en plus complexe, donc les patrons ont besoin d'avoir des gens qui essaient, et les directions de la communication qui sont considérablement professionnalisées, et qui franchement... Maintenant, on n'a pas vraiment besoin de nous pour expliquer à tel journaliste tel ou tel truc. Ils ont aussi besoin de gens qui les aident à réfléchir à toute l'évolution sociologique, sémantique. Parce qu'une com, elle s'adresse à un univers, donc tout cet univers qui change. Et parallèlement, moi j'ai renforcé, c'est pour ça je pense qu'Immachette se porte si bien, j'ai renforcé des compétences techniques. Donc on a une, moi j'ai fait appel à un type... qui travaillait chez Chevreux pour développer la communication financière chez nous. On a un jeune Américain qui vient de chez Joël Franck. On est une équipe très financière, que les IR et les directeurs financiers sont heureux, qu'ils peuvent challenger ces gens-là et qu'avec qui ils sont heureux de discuter et de travailler. Parce qu'il faut un degré de connaissance. J'ai une équipe de lobbying, public affairs, dirigée par une jeune femme, par une femme. Moi, je trouve tout le monde jeune, forcément. Une femme formidable, Florence Dessos. J'ai une équipe de com' de crise sociale. J'ai comme ça une série de compétences, de gens qui sont à la fois très pointus sur des univers, mais qui ont la vision globale. Et je pense que c'est ça, une bonne communication. Et je pense que c'est ça, la force d'Imachat. D'autant qu'il y a deux mantras, c'est l'intelligence collective. Je vais y croire, mais complètement. Je pense qu'on est beaucoup plus intelligent à plusieurs intelligents, pas à plusieurs crétins, pour trouver la voie et la solution. Et surtout avec des intelligences différentes, parce que le monde fait appel à tellement de talents différents. Et savoir, et moi je pense que mon petit talent à moi, c'est d'avoir réussi à fédérer des gens assez exceptionnels, parce qu'il y a une qualité de consultant remarquable. que je rends suffisamment heureux pour qu'il n'ait pas envie de partir, qui reste, puisqu'il y a là aussi très peu de turnover. C'est quelques jeunes qui, par moment, veulent partir, mais en général, il y a une très forte... Les gens restent très longtemps. Et tout ça donne une alchimie, je pense, d'intelligence avec un S. D'ailleurs, on va faire, on va organiser en juin, une nuit des intelligences. Je pense que c'est très amusant parce qu'il y aura l'IA, il y aura un truc. Et c'est vrai que vous me taquiniez tout à l'heure en disant qu'en politique, j'ai aimé travailler avec des intellectuels. Mais moi, de même que je crois aux métapolitiques, je pense qu'on peut être extrêmement efficace et qu'il faut mettre les mains dans le cambouis. Et personne, aucun de nos clients vous dira qu'on ne met pas les mains dans le cambouis, moi y compris. Mais on met les mains dans le cambouis, mais on a essayé de réfléchir avant.
- Speaker #1
Vous dites mettre les mains dans le cambouis. Il y a deux aspects de la communication. Il y a effectivement l'aspect stratégique dont vous avez parlé, cette fédération de différents savoir-faire, de différentes spécialisations, et il y a l'exécution. Et j'aimerais bien qu'on parle de l'exécution. Est-ce que l'exécution a changé dans les dernières années ? Je pense en particulier avec l'émergence des réseaux sociaux, avant ça des chaînes d'information en continu. Est-ce que l'exécution a pris une part différente ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Il y a deux choses. D'abord, il y a un rapport au temps qui a changé. C'est qu'autrefois, le premier conseil d'un vieux consultant était de dire le temps, vous ne précipitez pas, tête baissée, que souvent, d'ailleurs, ils avaient raison. Mais le monde a changé. Et donc, maintenant, si vous dites, oh là là, vous ne précipitez pas, vous pouvez être mort avant d'avoir réfléchi. Donc, il faut toujours une réponse, même quand il y a une crise, même d'attente, mais pour ne pas laisser se propager n'importe quoi.
- Speaker #1
On ne peut plus ne pas répondre.
- Speaker #0
On ne peut plus ne pas répondre. Donc, il y a ce premier point, c'est le rapport au temps. Enfin, il faut répondre plus vite. Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a le rapport au temps et puis il y a le fait que... Tout le monde autrefois, moi ça m'avait frappé avec l'histoire de la Société Générale. Comment il s'appelait le jeune ? Kerviel. Voilà. Et en fait, les dirigeants de la Société Générale, qui d'ailleurs ont réussi à sauver leur banque, et c'était ça le plus important, ils ne s'y étaient pas trompés, mais en même temps avaient complètement sous-estimé le flot que tout le monde s'intéresserait à leur sujet. Parce que Kerviel était devenu un rebond des bois. alors que c'était juste un petit marlou qu'on n'avait pas repéré, et c'était devenu quasiment... Et eux se préoccupaient beaucoup, et ils avaient raison de la communication financière et d'essayer de sauver la banque, mais beaucoup moins, et peut-être trop tard, ou en tout cas pas assez tôt, d'un espèce de combat sociétal. Et je me souviens de la tête de Daniel Bouton, pour qui d'ailleurs j'ai beaucoup de respect et d'amitié. Mais parce qu'on parlait de RTL, on ne disait pas forcément des choses totalement justes, mais il y avait un embrasement de l'opinion publique. Et les réseaux sociaux, alors après les chaînes d'info, maintenant il y a les réseaux sociaux, font qu'en gros, tout le monde se préoccupe. Moi, je suis sûr qu'il y a des commentaires sur TTSO de gens qui n'ont jamais été invités, qui ne l'ont jamais écouté, qui ne savent même pas ce que c'est. Mais dont ils ont entendu parler, ils ont vu votre... peut-être qu'il n'en revenait pas ou je ne sais pas quoi. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est quand même un peu ça, le monde dans lequel on vit. Et donc, ça change quand même considérablement le paradigme de la communication. Deux choses. Un, le rapport au temps. Et deux, le fait que vous ne pouvez pas juste dire j'ai une communication B2B. Vous devez tenir compte de l'opinion publique. Et ça, c'est un truc auquel la politique vous a bien préparé.
- Speaker #1
Est-ce que... Le fantasme sur vos métiers, qui sont les métiers de l'influence, c'est de se dire vous pouvez étouffer des affaires ou vous pouvez manipuler des vérités. Prenons les deux choses. Est-ce qu'on peut étouffer une affaire ? Moi,
- Speaker #0
je ne crois pas. C'est-à-dire que je pense qu'autrefois, oui, sûrement.
- Speaker #1
Mais autrefois, comment ça se passait ? On a pris un journaliste ?
- Speaker #0
Je ne suis plus une gamine, mais je n'ai pas connu cette période-là. Moi, quand j'ai commencé, j'allais dire rentrer dans l'univers de la communication d'entreprise. dans les années 90, 88, 89, et le monde avait déjà considérablement évolué. Et le secret n'existe plus. Donc, étouffer une affaire, c'est même, je vous dirais, dangereux. Alors, ce qu'on peut faire, c'est ne pas essayer de s'agiter, de la propager. Ça s'appelle le monitoring. Donc c'est vrai qu'on a des instruments, on monite les réseaux sociaux. On surveille les veilles, nous on a un département de veille extrêmement compétent et qui analyse au fond les tendances, les réseaux, ce qui sort, etc. Ce qui nous permet de mesurer l'impact. Et il ne faut pas forcément se précipiter trop tôt, mais vous n'étouffez rien. Ça c'est le premier truc. La deuxième chose, c'est que vous dans la vie, si on vous ment, on ne vous ment pas deux fois je suppose. C'est-à-dire, une fois que vous vous êtes rendu compte, moi en tout cas, je peux vous dire que si on me ment une fois, je ne vous fais plus jamais confiance. Et donc, la relation avec les journalistes, les analyses financières, tous les médias au sens étymologique du terme, elle se fait aussi sur la confiance. Moi, je pense que vous pouvez avoir des gens qui, pour des raisons diverses variées, n'aiment pas un tel... tel ou même ça tout à fait, mais personne ne vous dira qu'on ment. Je ne pense pas que vous trouverez un média sérieux qui vous dira qu'on ment. On ne ment jamais. Et moi, il y a une règle dans la maison, c'est que je dis qu'on ne ment pas. Il y a même une expression d'un de nos consultants qui dit que la confiance est un fusil à un coup. Et c'est vrai pour nos clients aussi, parce que s'ils mentent, ils perdent toute crédibilité et on ne la récupère pas, cette crédibilité.
- Speaker #1
Quelles sont les barrières éthiques ?
- Speaker #0
J'anticipais votre question. Moi, par exemple, j'avais été convaincu. Ils avaient une équipe juridique assez formidable chez Servier. Ils étaient venus me voir en me disant non, non, non, c'est pas ce que vous croyez. Venez essayer de nous aider sur le Mediator.
- Speaker #1
Oui, Servier, c'est le laboratoire pharmaceutique et le Mediator, c'est ce scandale sanitaire.
- Speaker #0
Exactement. Donc, me voilà avec eux. Alors, tant que les réunions étaient avec eux, on essayait de réfléchir à des solutions qui passaient de toute façon par la reconnaissance du problème. On ne pouvait pas savoir jusqu'où avec des freins juridiques et des protections. Et puis, un changement d'équipe. Et là, vous pouvez redémarrer. Et je me souviens d'une réunion où, en gros, Servier avait parlé au monde, menti comme un arracheur de dents, et je lui dis « Monsieur, moi je ne peux pas travailler dans ces conditions, si vous parlez sans nous prévenir et que vous dites des trucs faux. » Et il ne me regarde pas, il regarde son collaborateur, et il lui dit « Vous direz à cette jeune fille, je n'avais rien d'une jeune fille mais il devait avoir 90 ans, vous direz à cette jeune fille que je ne la paie pas. » pour qu'elle me donne son avis, mais que je la paie pour qu'elle répète ce que je lui dis. Donc je me suis levé et je lui ai dit, écoutez monsieur, dans ces conditions, je crois que notre collaboration va s'arrêter tout de suite. Au revoir monsieur, voilà. Je pense qu'on ne peut pas travailler dans ces conditions-là, donc on ne peut pas travailler dans le mensonge, c'est la première chose. Moi j'ai eu un autre exemple, un avocat me dit, oh là là, j'ai un client, mais c'est compliqué, alors il est étranger, il ne veut pas que tu saches qui il est, on va faire un zoom. en secret, enfin je ne le verrai pas, en caché, lui il te verra et il faut que tu lui expliques, il m'achète, je me dis c'est bizarre leur truc, il me dit oui mais c'est quelqu'un, il faut qu'il ait confiance. Donc je me prête à l'exercice et forcément je démarre en disant que moi il y a une base pour travailler, il faut qu'il y ait une relation de confiance avec les clients, que je ne veux pas qu'on me mente, que je ne révélerai pas les secrets que je n'ai pas à révéler, je crois aux secrets professionnels, mais que je ne propagerai pas de mensonges et tout. Je n'ai jamais eu de nouvelles du monsieur. Donc je pense qu'il faut avoir, bien sûr, des limites éthiques. Puis vous pouvez avoir aussi des gens que vous ne sentez pas du tout. Et là, il faut botter en touche poliment.
- Speaker #1
Ça vous est arrivé d'avoir des gens que vous ne sentiez pas du tout, mis à part l'incident Servier ?
- Speaker #0
Oui, mais je n'aurais pas la grossièreté de vous donner des noms.
- Speaker #1
Bien entendu, bien entendu. Et alors, donc, on ne ment pas, on n'étouffe pas, on ne ment pas, mais... Comment on influe sur un narratif ? Comment est-ce qu'on influe sur un récit ?
- Speaker #0
D'abord, il faut le bâtir, le narratif. C'est-à-dire que je pense que très souvent... Alors là, vous me parlez de la communication corporelle ou de la crise ? Là, on est sur la crise.
- Speaker #1
Prenez le sous-langue qui vous paraît le plus...
- Speaker #0
Je pense que c'est d'ailleurs la même chose pour tous. Je pense que d'abord, il faut essayer de comprendre l'histoire de l'entreprise et de l'expliquer. La communication, moi je crois qu'il y a un concept d'utilité, il faut se demander à quoi ça sert. Ça sert à une chose, ça aide l'entreprise à prospérer, ou le projet, et à aller plus loin. Et ça veut dire qu'il faut réussir à parler au marché financier, en France malheureusement au marché politique qui est très présent, et aux consommateurs, et effectivement à tous ces médias que sont les journalistes. Que peut être aussi la présence dans un événement ? Vous voyez ce que je veux dire ? Il faut définir. la ligne de communication, les valeurs de l'entreprise, qu'elle défend, qui elle est, et après l'expliquer. Donc c'est quand même le premier boulot.
- Speaker #1
Laissez-moi vous interrompre sur un truc. Vous dites qu'en France, les politiques sont toujours présents. Ça fait toujours partie de l'écosystème que vous considérez ?
- Speaker #0
C'est une chose qui surprend d'ailleurs toujours, alors peut-être de moins en moins, mais encore beaucoup de nos clients étrangers, parce que maintenant on a 40% de clients étrangers. c'est le fait qu'il faut au moins les informer pour ne pas qu'ils considèrent qu'un projet est malsain.
- Speaker #1
Parce que centralisme jacobin...
- Speaker #0
Ah oui, oui, oui. Et puis je pense que souvent il y a deux mondes, le monde politique et le monde de l'entreprise, qui ne se comprennent pas. Donc en fait, pour moi, les affaires publiques... Ça n'est pas inviter un élu au match de foot, ce qu'on n'a jamais fait, qui d'ailleurs je crois est maintenant passible de la loi et ça ne me choque pas. C'est vraiment accompagner notre client avec une grille de lecture que le politique peut comprendre.
- Speaker #1
Vous faites concrètement, vous faites rencontrer les clients et les politiques ?
- Speaker #0
On a des équipes qui peuvent faire ça, préparer à des auditions, oui, bien sûr. On a une équipe très solide en affaires publiques. Parce qu'ils sont très juristes. On a recruté aussi l'ancien patron de l'autorité de la concurrence. On a des, je ne dirais pas des pointures, mais on a des gens de bonne qualité.
- Speaker #1
Et alors, donc, revenons sur la construction du narratif et l'influence sur le message.
- Speaker #0
Après, il ne faut pas se tromper de cible, j'allais vous dire. C'est pour ça que je dis toujours, il y a le latin et le grec. Le latin, c'est mettre les choses à l'endroit. Il y a des déclinaisons. Il faut chercher le verbe, le compliment, remettre tout à l'endroit. Et en fait, la com, c'est... C'est souvent empêcher le client de partir dans tous les sens et de reconstruire les priorités, les choses et tout. Et le grec, c'est effectivement, et c'est là-dessus que vous voulez m'emmener, c'est le chemin de travers, c'est l'originalité, le truc à trouver. Le truc à trouver ne doit pas être un mensonge. Vous voyez ce que je veux dire ? Ça peut être essayer d'abord de montrer pourquoi quelque chose existe. expliquer parce que très souvent, il y a un problème d'explication. Après, ça peut être essayer de mettre le... Moi, je dis toujours, il ne faut pas de Botox, mais on peut se maquiller. C'est-à-dire qu'on peut mettre son regard en valeur. Je pense que quand on commence à se piquer trop, on ne ressemble plus à grand-chose. Donc, ce que je veux dire, c'est que vous pouvez aussi mettre en valeur. Je pense qu'une entreprise qui est sympathique et qui traverse une crise, parce que tout le monde peut traverser une crise, qu'on n'est pas forcément au courant de ce qui se passe dans telle usine ou tel truc. Et si on est de bonne foi, qu'on explique, mais que par ailleurs, l'entreprise a une belle image de boîte sociétalement responsable et qui ne se conduit pas comme un pignouf, eh bien j'allais dire, les médias et le public lui ont ses grés. Et donc le jugent différemment. Et ceux qui ont vécu les crises les plus violentes sont en général des entreprises. qui était très hermétique et absolument pas transparente avant.
- Speaker #1
Et ça, ça me paraît être quand même nouveau, la dimension sociétale des entreprises.
- Speaker #0
Ça fait quand même, je pense, près d'une dizaine d'années. On est quand même dans un pays où, moi, je pense qu'il y a un vieux fonds catholique. Les catholiques n'aiment pas l'argent, les protestants trouvent que c'est très bien. En France, si tu gagnes de l'argent, tu es quand même un peu louche. Avec un truc fascinant, c'est que si tu en hérites, tu es déjà moins... suspect, alors que moi j'avoue que je préfère la méritocratie et que j'ai beaucoup d'admiration pour les entrepreneurs qui bâtissent quelque chose.
- Speaker #1
Oui, et d'ailleurs la France se signale parmi tous les pays de l'OCDE, se signale comme le pays où on hérite le plus de ses fortunes, ce qui est contre-intuitif, mais la France, ce n'est pas du tout la méritocratie qu'elle aspire à être depuis 200 ans.
- Speaker #0
Donc ce que je voulais moi vous dire, c'est que comme on n'aime pas l'argent, on n'aime pas le profit. Moi, je me souviens, je ne donnerai pas de nom de gens célèbres disant, mais c'est horrible, avec les profits qu'ils ont, ils pourraient faire ça ou ça. Je me permets de rappeler qu'il y a les salaires à payer, les actionnaires à payer, et puis après, on peut effectivement avoir une action sociétalement utile. Mais je crois à l'utilité de cette image et que les entreprises soient partie prenante d'un certain nombre de... de projets. D'ailleurs, ne serait-ce que parce que l'État, la machine à redistribuer ne fonctionne pas très bien. Et donc, il y a une vraie utilité sociétale des entreprises. Mais c'est quelque chose qui leur sert. C'est-à-dire qu'en France, pour qu'il y ait une acceptabilité du profit... Il faut donner.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une mesure de la communication ? Est-ce qu'il y a une mesure du succès de la communication ?
- Speaker #0
Alors, les clients, je vais vous dire moi comment je le mesure. Mais les clients qui vous disent, vous mettez le nombre de citations dans les médias, dans le contrat, vous savez, etc. Je refuse toujours en leur disant, si vous êtes cités 95 fois en disant que vous êtes les plus nuls, les plus ripoux, etc. J'aurais rempli votre objectif de contrat, je ne suis pas sûr que j'aurais rempli votre objectif de communication. Moi, mon critère, c'est la satisfaction du client. Un client satisfait, ça se voit... Alors d'abord, la première chose, c'est qu'il reste votre client satisfait. Et nous, c'est incroyable. C'est pour ça que vous parliez de médecins de famille. Parce que, j'allais dire, moi, chaque truc est une histoire. Avec les Pinault, ça a commencé, François Pinault était encore dans le bois, il arrivait dans la distrib, on a vécu ensemble l'affaire Gucci, j'ai choisi, vous savez quand vous faites des choix, vous ne choisissez pas toujours le plus puissant, ça vous fait des liens à vie avec les gens. Hermès, si on reste dans cet univers, on les a défendus, mais parce que c'est une boîte extraordinaire, donc vous bâtissez des liens avec toute une entreprise qui est formidable. Et vous continuez. Donc ça, ça fait 11 ou 12 ans qu'on les accompagne. Le crédit agricole, c'est mon associé Thibault Leclerc, mais ça fait 25 ans. Et on en a vu des présidents passer, mais on est tellement dans l'ADN de l'entreprise qu'on nous met dans la corbeille de mariée du suivant. Et donc, je pense que le premier critère de satisfaction, c'est que ça dure. Et le deuxième critère... Moi j'ai toujours un consultant, c'est quand votre client, qui peut être le patron, le directeur financier, le dire-com, vous demande des choses au-delà de pourquoi ils sont venus. Nous on est un couteau suisse, c'est-à-dire qu'on arrive pour quelque chose,
- Speaker #1
qu'on règle,
- Speaker #0
qu'on résout, et on reste pour plein d'autres choses. Et je pense que c'est aussi un dialogue que nos clients aiment avec les consultants en charge de leur dossier. Et puis quand on ne sait pas, on leur dit « Écoute, ça, vraiment, là, je ne peux pas t'aider, mais je vais essayer de te trouver le meilleur. » Et bien évidemment, on ne prend jamais de commission sur les gens qu'on recommande. Donc on est libre, toujours ce principe de liberté, de recommander des gens qu'on croit vraiment de bonne qualité.
- Speaker #1
Je voulais revenir sur les exemples que vous citiez. Vous avez parlé de Kering, enfin d'Epino.
- Speaker #0
Je peux parler des Mérieux.
- Speaker #1
Restons sur Kering et Hermès. Est-ce qu'on peut être, manifestement oui, l'agence de communication la plus puissante de France et en même temps se battre avec Bernard Arnault ?
- Speaker #0
Je ne me bats pas avec Bernard Arnault. Je suis la seule agence qui ne soit pas rémunérée par Bernard Arnault. Donc ça entraîne aussi le fait que toute personne qui peut se trouver face à une volonté d'acquisition vient nous chercher. Mais ce n'est pas, j'allais dire, ce n'est pas de la... C'est en aucun moment une vindicte personnelle contre ce grand patron, soyons clairs. Et alors, oui, on est dans un état de droit quand même. On peut parfaitement survivre en n'étant pas l'allié d'un homme puissant.
- Speaker #1
Dont acte. Est-ce qu'il y a des dossiers indéfendables ? Est-ce qu'il y a des trucs sur lesquels vous dites... Non, sur ce coup-là, on ne peut pas.
- Speaker #0
L'exemple, c'est le médiator. Quand j'ai vu que le type avait menti et que c'était quelque chose d'avéré. Quelque chose d'avéré, à la limite, vous pouvez dire on a failli, on prend nos responsabilités, on change d'équipe et on redémarre parce que le laboratoire, ce n'est pas que ça, c'est une nouvelle. Mais si l'idée de dire non, on n'a pas menti et on n'a pas nié le réel, vous ne pouvez pas défendre ça. C'est indéfendable. Et puis vous avez aussi, enfin moi je ne rentrerai pas dans les noms et les détails, on avait été appelé pour des histoires aussi de bien mal acquis. En général, ce sont les clients qui paient le mieux. Mais moi, je ne veux pas faire ça. Je veux pouvoir...
- Speaker #1
Les bien mal acquis pour les postes de job ?
- Speaker #0
Je n'ai pas voulu être avocate. Alors d'abord, c'est assez drôle parce que je me suis dit, je ne connais personne. Non, mais je vous jure que c'est vrai. Donc un avocat a besoin de réseaux, de célébrités. Je vous jure que c'est vrai. Et puis surtout, je me suis dit, mais moi... Je ne dois pas avoir la fibre d'avocate parce que si un type a violé une petite fille, je ne pourrais pas le défendre, je ne pourrais pas. Et donc ce que j'aime quand même dans mon métier, où on est, d'ailleurs contrairement à un avocat, on devient des porte-parole de nos entreprises. Donc il faut qu'on y croit. Et puis en plus vous ne pouvez pas être bon et leur donner des bons conseils si vous ne les aimez pas, vous considérez que c'est des malfrats ou des crétins, vous ne pouvez pas.
- Speaker #1
J'ai deux dernières questions pour conclure. Vous avez la réputation, enfin on en a un petit peu parlé, d'être une femme, je ne dis pas une femme de droite, mais une femme fidèle à la droite. Est-ce que ça, ça change quelque chose dans votre métier, dans votre approche du métier ?
- Speaker #0
J'allais dire, d'avoir fait de la politique jeune, ça fait qu'effectivement je connais, mais qu'il soit de droite ou de gauche. Quand vous êtes au Parlement, moi j'ai bossé au Parlement, vous connaissez tout le monde, et en fait ce milieu politique est un petit monde. Et à Imachette, il y a des gens qui ont des sensibilités différentes, et quand je recrute les gens... Je ne les recrute pas sur leur appartenance politique. En revanche, je les recrute. Bien évidemment, j'essaie de trouver des gens très intelligents et compétents. Et il y a des valeurs de droiture, ce qui n'est pas la même chose, des valeurs de droiture qui sont pour moi très importantes. Je n'aime pas les faux culs. Dans la maison, on se parle très franchement. On peut se parler même un peu cash. Mais il n'y a rien dans le dos des gens, il n'y a pas d'intrigue, il n'y a pas de... Et je pense que c'est aussi une des choses que les consultants apprécient autant. On ne fait pas de politique dans la maison, on fait son boulot au mieux. S'il y a un problème, on vient en parler. Si on n'est pas d'accord, on le dit. Mais en même temps, quand on tranche, on y va. Et c'est tous pour un, pour tous. On a un truc que je trouve formidable. Il y a un WhatsApp qu'on appelle... Ce n'est pas moi, ils appellent Image7 Stronger. qui est où chacun échange, tu as les coordonnées d'un tel, j'ai tel sujet, est-ce que tu me conseilles ça ? Enfin, tu vois, c'est une vraie, il y a une vraie solidarité, etc. Et ça, ça passe par des qualités humaines. Moi, je n'aime pas les gens envieux, jaloux, arrivistes. C'est des traits de caractère que je déteste. Donc, la droiture, pour moi, est très, très, très importante. Un autre truc que je voulais dire, c'est que... J'ai connu toute cette classe politique, mais je n'ai, et j'en suis très fier, je n'ai jamais été l'ami d'aucun président de la République. C'est-à-dire que, je pense que c'est un secret pour personne que j'ai monté Imachet, j'avais Valéry Giscard d'Estaing et Madeleine sur le front quand Mitterrand était président. Ça ne m'a pas empêché de travailler très bien avec les gouvernements socialistes quand il fallait. Et moi, je me suis, et justement, dans Imachet, je ne fais pas de politique, dans Imachet. je ne fais que de la communication d'entreprise, je n'ai pas de communication politique. Et après, la série pour Chirac, que je connaissais très bien et avec qui j'avais une gentille relation, mais j'étais une giscardienne, on ne peut pas dire que ce… Vous voyez, je n'ai jamais été liée à Sarkozy. Hollande, paradoxalement, on était à Sciences Po ensemble, donc c'est peut-être celui avec qui j'ai des relations, mais ce n'est pas du tout mes idées politiques. Vous voyez, mon agence n'est liée à aucun réseau politique. C'est très important.
- Speaker #1
Ma dernière question, Anne Méo. Est-ce que vous vous définiriez comme une femme de pouvoir ?
- Speaker #0
Alors, c'est drôle, c'est Léa Salamé. On a le droit de citer des podcasts concurrents. Dans Femmes Puissantes, qui m'a dit « Qu'est-ce que c'est ta définition du pouvoir ? Je t'ai sélectionnée dans les Femmes Puissantes. » Et je vous assure que j'en suis restée comme trois ronds de frites en lui disant « Mais pourquoi moi ? Je ne suis pas puissante. » Alors après, j'ai réfléchi sur la puissance. Et qu'est-ce que c'est que la puissance ? Et je me suis dit qu'il y avait peut-être d'ailleurs un rapport à la puissance plus féminin, qui est d'avoir le pouvoir de faire. Moi, je suis quelqu'un... Vous voyez, il y a dans la vie, justement, on parlait des intellectuels, moi-même, je pense que je lis beaucoup, je pense que je me passionne pour les choses de l'esprit, mais si je vois qu'une lampe va tomber, moi, je vais me précipiter pour empêcher qu'elle tombe. Je ne veux pas être l'intellectuel. qui va vous expliquer pourquoi avec les lois de la pesanteur, la lampe va tomber. Ce que je veux dire, c'est que ce qui est important, c'est le pouvoir de faire. Moi, je me suis interrogé à ce moment-là, qu'est-ce que la puissance et suis-je une femme puissante ? Je ne pense pas être une femme puissante. Mais si les autres m'ont catalogué dans les femmes puissantes, je me suis interrogé. Et je pense que j'aime, dans mon parcours de vie, c'est que ça me donne le... Le pouvoir d'aider des causes à gagner, le pouvoir d'aider de belles entreprises à faire, le pouvoir de faire des choses utiles finalement, parce que moi j'ai la naïveté de penser que mon métier est utile. Et puis parallèlement, moi j'ai monté avec Véronique Moraly, Force Femmes, on a utilisé tous nos réseaux, et effectivement ils sont larges, pour au fond créer une association. qui existe maintenant depuis 15 ans et qui aide les femmes de plus de 45 ans en rupture d'emploi à se reconstruire en trouver un. et qui est, j'allais dire, extrêmement performante, puisque c'est un mot que j'aime. Si vous m'autorisez encore un truc, il y a une chose que j'aimerais dire, et qui me rend aussi assez fière, c'est que mes collaborateurs, dans un séminaire, ont dit qu'ils allaient faire un manifesto. Qu'est-ce que c'est, les trois mots ? Ce n'est pas trouvé par moi, c'est trouvé par eux. Je crois que ce jour-là, je serais allé les embrasser tous. Ils disent, image 7, c'est le courage de dire, la liberté de faire, la volonté d'exceller. Quand vous avez les gens de votre boîte qui considèrent que c'est ça leur métier, je peux vous dire que vous pouvez être heureux.
- Speaker #1
Merci beaucoup Anne Méo.