- Orateur #0
Dans l'ombre, un podcast produit par Ouillard et Time to sign off.
- Orateur #1
Bienvenue dans Dans l'Ombre, le podcast produit par We Are et Time to Sign Off, où on reçoit ceux qui, par vocation, ne parlent jamais. Visiteurs du soir, hommes et femmes de l'ombre, agents secrets et agents de stars, bref, toutes celles et ceux qui tirent les ficelles mais évitent la lumière. Ce sont eux que nous recevons dans Dans l'Ombre pour qu'ils nous expliquent leur métier et leur méthode et qu'ils nous racontent leur histoire. Je suis Romain Dossal, fondateur de la newsletter d'information Time to Sign Off, TTSO, et ce soir je reçois une voix. Une voix que vous connaissez peut-être si vous êtes un ou une habitué du journal du Hard, emblématique émission de Canal+, il en est, sur l'actualité du porno et du sexe. Ce soir, je reçois Lélé O, présentatrice du journal du Hard de Canal, donc, mais aussi performeuse et podcasteuse porno, une femme qui a décidé de parler de sexe, de raconter du porno, de même en jouer à l'écran sans jamais laisser filmer son visage. Bonsoir Lélé.
- Orateur #2
Bonsoir.
- Orateur #1
Alors Lélé, j'ai énuméré vos métiers en introduction. Est-ce qu'on peut les reprendre un à un et que vous m'expliquez en quoi consiste chacun ? Et commençons par ce que vous faites sur Canal depuis combien de temps ?
- Orateur #2
Ça fait 7 ans, je crois.
- Orateur #1
D'accord.
- Orateur #2
On me demande tout le temps et je ne sais jamais, mais je crois que ça fait 7 ans et ça doit faire 5 saisons que je le présente, le journal du hard. Avant ça, j'ai commencé par ce qu'on appelle des jerk-off instructions. C'est comme ça que j'ai d'ailleurs commencé ma carrière porne. Donc avec ma voix et un petit peu de mon corps, toujours ma bouche mais pas mes yeux, je guide les hommes majoritairement dans leur masturbation. Je leur explique comment faire, je les stoppe, je leur dis de continuer. Et c'est comme ça que j'ai été repérée et que j'ai fait la dernière chronique d'abord du Journal du Habe, qui était un jerk-off instructions de peut-être 40 secondes ou une minute pour les mettre un peu en jambes avant de regarder le film du mois. Et ensuite, je suis passée de chroniqueuse à présentatrice. Et là, je suis une présentatrice masquée. Donc soit on travaille avec des jeux d'ombre, soit j'ai un masque. C'est toujours ma voix, toujours ma bouchée, mon corps, mais jamais mes yeux.
- Orateur #1
Alors ça, c'est pour Canal et... performance porno. Il y a eu une performance porno avant Canal.
- Orateur #2
Il y en a toujours une. Il y en a toujours une. J'ai d'abord commencé sur Pornhub. Vraiment pas pour faire une carrière. Vraiment pas pour être performeuse, justement. J'ai vraiment commencé parce que je trouvais que le porno que je regardais ne me convenait pas. Je voyais beaucoup de femmes jouir les jambes écartées en hurlant. Et moi, je ne jouis pas comme ça. Et je me suis dit qu'il était temps qu'on montre au... Alors, c'était vraiment un truc très hétérocentré, mais c'est devenu après aussi beaucoup pour les femmes. Mais dans l'idée, je me suis dit, il ne faut pas qu'on continue à véhiculer le fait que toutes les femmes prennent du plaisir en hurlant, les jambes écartées. Moi, j'avais envie de montrer autre chose. Je pense que mes vidéos ont fait aussi du bien à des femmes qui se sont reconnues dans ma façon de jouir. J'ai commencé comme ça, une vidéo en me disant, allez, elle sera sur la toile et on verra bien.
- Orateur #1
Alors justement, c'était une question que j'avais pour vous un peu plus loin, mais parlons-en maintenant. Qu'est-ce qui vous fait venir au porno ? Quel est l'acte fondateur ? Et d'abord, quel rapport vous avez, vous, préexistant au porno ? Vous êtes, on peut le dire sans vous faire offense, vous avez une trentaine d'années. Oui, j'ai 36 ans. Vous avez 36 ans, donc moi je suis une génération différente. Chaque génération, et on en parlera probablement, a son rapport au porno. Quel était le vôtre et qu'est-ce qu'il y avait de préexistant avant que vous n'en deveniez une actrice ?
- Orateur #2
Alors, moi je pense que j'ai d'abord découvert un peu des films érotiques quand j'étais jeune. je dirais que le premier que j'ai vu j'avais peut-être 13 ou 14 ans avec des copains au pain, on se fait un goûter et puis hop, on regarde. Alors, c'était sur RTL 9. C'était à la télé ? C'était à la télévision, oui. Moi, je n'étais pas dans le groupe qui se passait les cassettes enregistrées des parents. Je n'ai vraiment jamais été intéressée par le porno. Ce n'était pas comme les garçons. En tout cas, c'est ce que je ressentais. Ça me questionnait, la sexualité me questionnait. Mais le porno, c'était encore un autre domaine pour moi. C'était un peu l'interdit. Ça a été un truc très excitant dès que j'en ai vu, bien sûr. Mais après, je suis passée à autre chose. J'ai peut-être eu une toute petite période après, peut-être à la fac. Et ensuite, étrangement, ça m'est venu parce que je travaillais dans une friperie à Paris. Et une de mes collègues me parle de Pornhub. Et je me dis, mais qu'est-ce que c'est ce truc ? Moi, je connaissais YouPorn de vite fait. Et donc, j'ai regardé Pornhub.
- Orateur #1
Quelle est la différence entre Pornhub et YouPorn ?
- Orateur #2
YouPorn a été racheté par Pornhub. Ce sont deux sites. Mais Pornhub est quand même le gros site aujourd'hui que tout le monde regarde. YouPorn, c'était avant. Et puis ensuite, Pornhub est venu tout exploser en termes de nombre de vidéos et de chiffres. Donc, j'ai regardé Pornhub. Je me suis dit, tiens, c'est vrai, ça fait hyper longtemps. Je crois qu'à ce moment-là, en plus, j'avais un amant qui venait à la maison et on mettait du porn. C'était mes premiers émois. En tout cas, je retrouvais ces émois-là. un peu différent de la simple sexualité. Là, il y avait une autre structure qui me venait à se connecter dans mon cerveau et qui me faisait vivre des sensations fortes. Et puis ensuite, je tombe sur vraiment un homme absolument immonde et toxique avec lequel je suis en couple pendant un mois. qui a des problèmes d'alcool, etc. Donc je le quitte et il me harcèle. Et là, je me dis, je ne me ferai plus jamais toucher par aucun mec de ma vie. Je rentre littéralement vivre chez mon papa parce que je n'ai plus d'appartement, je n'ai plus rien. Et là, je fais une dépression assez violente sur laquelle je n'avais pas mis de mots. Et c'est comme ça que je m'enfonce d'abord un peu dans un truc d'addiction au porn. Mon papa habitait chez sa nana, donc moi j'étais dans cette maison. qui était mon cocon et qui m'a reconstruite, finalement. Mais c'est passé par le porno, je crois, parce qu'en fait, j'ai regardé du porno, je me suis beaucoup excitée et puis en faisant cette vidéo, ensuite, j'ai eu des contacts parce que sur Pornhub, il y a comme une communauté, comme sur Instagram. Puis j'ai parlé avec des gens et puis j'ai fait du sexe en virtuel. Et puis je me suis rendue compte aussi du pouvoir que je pouvais avoir sur les hommes. Alors, ce n'était pas un pouvoir que j'utilisais à mauvaise escient, bien sûr, mais c'était juste... Je retrouvais un peu mon enveloppe, quoi, parce que j'avais été assez violentée par ce garçon.
- Orateur #1
Vous dites à la fois, il y a eu addiction au porno et il y a eu reconstruction, il y a eu un effet thérapeutique. Il y a eu addiction et thérapie ?
- Orateur #2
Parce que je suis très forte. Je suis très forte, je sens quand je tombe dans un truc qui ne me convient pas et donc je sais en sortir. J'ai évidemment aussi suivi une thérapie, j'ai fait le MDR. C'est à ce moment-là aussi...
- Orateur #1
Attendez, le MDR, vous pouvez dire ce que c'est ?
- Orateur #2
Alors, c'est une technique... je crois que c'est un petit peu aussi en rapport avec l'hypnose mais en gros ce sont des mouvements oculaires qu'on fait faire soit avec les doigts, soit on pose les doigts sur les genoux qui viennent aider surtout dans les traumas donc c'est un moyen me semble-t-il de reproduire des mouvements oculaires qu'on fait pendant nos rêves et qui viennent aider dans le conscient à guérir à digérer des informations traumatiques. Et à ce moment-là, je découvre, je savais, mais à ce moment-là, je parle avec mon psy aussi d'une violence sexuelle que j'ai subie quand j'étais petite, puis adolescente avec mon cousin. Et lui me dit, Lélé, pour ne pas donner mon prénom, il me dit, mais tu as subi un viol. Et donc, là, tout mon monde aussi s'emboîte. Je deviens une victime et là, le porno me fait comprendre aussi plein de choses, c'est-à-dire que je m'excite sur certaines choses. Ma sexualité, je me suis toujours dit non, non, ce viol, il ne m'a jamais... Non, ce n'est pas ça qui m'a modifiée, etc. Alors que bien sûr, un viol modifie, modifie aussi, ce sont mes premiers émois sexuels. Donc évidemment, ensuite, tout mon imaginaire sexuel est modifié par ça. Donc je me suis reconstruite comme ça, entre la thérapie... Le porno où j'ai compris aussi ma sexualité. Vraiment, je me suis retrouvée, grâce à ma force, ça j'en ai conscience, parce que j'ai toujours une force comme ça pour transformer les événements qui m'arrivent en quelque chose qui va m'apprendre et me construire. Et effectivement, du coup, c'est devenu thérapeutique, ne serait-ce que dans ma relation aux hommes, en fait. Il y a eu aussi, après Pornhub, le fait de discuter avec les garçons. Ils m'ont dit, tiens, tu devrais essayer un site de cam. Donc, je suis devenue camgirl. les soirs et Camgirl excusez Camgirl ce sont je sais pas si vous avez déjà vu ce sont des c'est les petites nanas il y a des des sites internet où il y a plein de petits écrans et il y a des petites nanas qui attendent qu'on vienne se connecter sur leur vidéo à elles et on est en live en fait et on se fait tipper de l'argent pour faire des choses et moi je me faisais tipper je donnais mon je donnais mon un goal donc par exemple à à 50 tokens, je ne sais plus combien c'était les monnaies, mais à 50 ou 500 tokens, j'enlève le haut, voilà. Et en fait, j'ai découvert comme ça aussi que même si j'étais payée, en fait j'avais le pouvoir aussi de dire non, là j'ai plus envie. Ça a été vraiment, tout s'est fait comme ça pour me reconstruire. Et là où je crois que souvent on se dit que le porno, toutes ces situations dans lesquelles on se retrouve un peu femme-objet. pourrait nous traumatiser, ce qui peut être le cas si ce n'est pas fait comme moi par choix. Ça, c'est important. J'ai eu une chance inouïe de pouvoir le faire par choix et en toute sécurité, sans montrer mon visage notamment. Je pense que vraiment, ça aide aussi plein de femmes à se reconstruire. La relation de pouvoir, on se dit qu'elle est payée, donc elle est dominée. Moi, je suis payée, donc je suis dominante.
- Orateur #1
Vous dites la relation de pouvoir, elle est payée. Vous vous inscrivez dans quel système ? Pornhub ? Concrètement, vous faites une vidéo de vous ? Vous l'uploadez, vous la téléchargez sur Pornhub et vous n'avez aucune interaction avec Pornhub, avec qui que ce soit qui vous dise, qui vous tienne la main, qui vous... Ah non, ouais. Y'a rien. Donc ça, c'est vous en toute liberté. Et ensuite, vous êtes rémunérés pour ça ?
- Orateur #2
Oui, on est rémunérés un peu comme sur YouTube, c'est-à-dire qu'on est rémunérés au nombre de vues. Ce qui est aujourd'hui ridicule parce que maintenant, il y a OnlyFans qui, là, est complètement différent en termes de revenus. Mais à l'époque, oui, c'est ça. c'est que Pornhub, en plus, c'est un endroit qui est séparé du monde par un clic. As-tu plus de 18 ans ? C'est tout. Les vidéos sont publiques. Elles sont évidemment, dès qu'elles sont sur Internet, elles sont sur tous les sites porno. Tout est complètement piraté. Donc, on est partout et on n'est pas beaucoup rémunérés quand même.
- Orateur #1
Vous pouvez nous donner une idée ?
- Orateur #2
Le plus gros que j'ai fait sur Pornhub, et ça a été quand j'ai pu vendre des petites vidéos aussi, j'ai fait 1800 euros. Donc c'est vraiment pas énorme par rapport au boulot que ça demandait. Pornhub, il y a ce système aussi où pour être vu et repéré par l'algorithme et donc être en première page, ce qui m'est arrivé, j'ai eu beaucoup de chance, il faut créer, créer, créer, créer.
- Orateur #1
D'accord, c'est un peu comme une logique de SEO. Exactement. Pour les gens qui posent dans Internet, c'est de créer du contenu pour remonter dans les classements Google.
- Orateur #2
Ouais. Donc moi, c'était ma sexualité quand même. Donc il y a eu un moment où je me suis dit, bon, moi, je n'arrive pas à créer comme ça toutes les semaines un truc. Il y a des nanas qui arrivent, enfin des personnes d'ailleurs, parce que j'avais... tout, mais moi, c'est impossible.
- Orateur #1
Et alors, quand vous me dites, vous dites, ensuite, vous êtes passée à Camgirl, et Camgirl, vous êtes chez vous ? Je suis chez moi. Ah bon, d'accord.
- Orateur #2
En fait, c'est ça, c'est qu'il y a des fermes à Camgirl dans des pays, notamment en voie de développement, enfin voilà, c'est plutôt des endroits... D'exploitation. D'exploitation, exactement. Moi, je suis dans un endroit safe, je suis chez moi, je suis dans ma chambre d'ado, tout est ok, et puis je suis adulte, voilà. Donc, c'est... C'est important que vraiment les gens comprennent que ça n'est évidemment pas une solution thérapeutique. Il vaut mieux aller faire de l'EMDR d'abord, quand même. Mais moi, voilà, ça a été parce que j'avais aussi mon propre pouvoir, mes propres choix à faire. Ça a été un truc très, très intéressant pour moi. Mais malheureusement, le système aujourd'hui... En plus, moi, j'ai commencé, c'était presque un peu le début. On n'était pas du tout sur un porno. Ils m'ont envoyé un mail en me disant... tiens, est-ce que vous voulez gagner de l'argent ? Moi, j'ai fait ma première vidéo en pensant pas en gagner.
- Orateur #1
La première vidéo, c'était quoi l'impulse ?
- Orateur #2
C'était vraiment ce truc où je me dis, en fait, j'en ai trop marre de voir ces orgasmes-là, je sais pas, je vais le faire. Puis ça m'excitait un peu aussi de me mettre en scène, jamais en montrant mon visage, bien sûr, parce qu'au départ, je me disais oh là là, mais si mon père tombe dessus, il y a vraiment un truc... Juste, enfin, c'est pas une carrière, donc j'ai pas du tout envie qu'il tombe sur ma sexualité en fait. Aujourd'hui c'est complètement différent bien sûr parce que... C'est devenu une carrière, manifestement.
- Orateur #1
Aujourd'hui, c'est quoi le rapport que vous avez dans votre famille et dans votre environnement social avec le porno et le fait que vous en fassiez votre carrière ?
- Orateur #2
Alors, mon père est très fier. Donc, je suis très contente de ça. Je suis vraiment très contente de ça. Ça a été surtout quand je lui ai dit « Papa, tu sais, Canal+, m'a contacté. Ils veulent faire un article sur moi. » Il s'est dit « Ouh là là, là, ça devient sérieux. » Mais il a eu peur, évidemment. Quand je lui en ai parlé, il n'a pas compris. Mais il me fait confiance. Il sait aussi que je suis quelqu'un de très sensé, que je ne veux absolument pas me mettre en danger. Et il m'a dit une phrase très juste. Déjà, il m'a dit, mais attends, parce que je lui ai dit, je ne savais pas que j'allais faire une carrière. Je suis désolée, mais maintenant, je t'en parle parce qu'il se passe vraiment des choses. Et il m'a dit, mais tout ce que tu entreprends, tu le réussis. Donc, qu'est-ce que tu croyais ? Alors ça, première fois que mon père me dit un truc comme ça, trop beau. Et il m'a dit, mais tu sais, dans l'environnement dans lequel tu as grandi, c'est quand même très érotique. Mon père est architecte, il a vraiment une relation à la matière qui est assez folle. Et en plus, il voulait faire les beaux-arts, il a toujours pris en photo ma mère. Dans le salon, il y avait une photo des fesses de ma mère habillées, mais il y avait toujours vraiment beaucoup d'érotisme autour de nous, sans que ce soit malsain, ça ne l'a jamais été, et ça c'est important. C'est juste que, je ne sais pas, c'est les années 90, il y avait ce truc-là qui est encore aujourd'hui la maison pour moi. Il n'y a pas de souci et ma mère a toujours été très libre de me parler de sexualité. Non pas de sa sexualité, mais on a toujours parlé de sexualité. Elle a toujours aimé la sexualité. Je sais qu'elle a eu beaucoup de partenaires. Donc, en fait, c'est un endroit assez zen. Il n'y a pas de tabou.
- Orateur #1
On a fait Pornhub, les cams et OnlyFans. Parlez-moi d'OnlyFans parce que... OnlyFans, si je comprends bien, est un business model qui est maintenant passé essentiellement sur du sexe, mais qui était un business model de monétisation du contenu en réalité. Alors comment ça marche OnlyFans ?
- Orateur #2
C'est comme une page Instagram, sauf que si on décide de faire payer l'abonnement pour suivre la page, déjà on peut faire payer un abonnement, ce qui est le cas pour ma page perso. Et en plus, on peut vendre du contenu. Donc là, j'ai des vidéos. Alors moi, mon fonctionnement, et ça a toujours été comme ça, même sur Pornhub, je fais une vidéo de jerk-off instruction, où je guide le garçon pour se masturber. Et ensuite, je lui dis maintenant, tu vas me voir jouir. Et là, je lui fais payer mon orgasme. Et là, en fait, ils ont accès pour 9,90$ ou 99$ à ma page où il y a les vidéos gratuites. Je mets des guillemets parce qu'ils payent juste l'abonnement à la page. Et ils ont les vidéos de Jerk of Instructions et ensuite, il y a mes petits orgasmes. Et là, ils payent. Donc, c'est comme ça que je monétise beaucoup mieux par rapport à Pornhub.
- Orateur #1
Par rapport au contenu, dites-moi, combien vous faites de contenu et combien une idée de ce que ça peut vous rapporter ?
- Orateur #2
Alors moi, en général, je fais une vidéo par mois. Mais je fais aussi du sexting si j'ai envie. Donc, je discute avec les garçons pour les exciter. Ils me payent, je vends des culottes. J'ai des petits trucs comme ça, des petits trucs mignons comme ça. En gros, c'est entre 3 et 7 000 dollars par mois, avec vraiment beaucoup moins d'efforts par rapport à Pornhub. Mais par contre, je suis présente dans le chat, je prends le temps de parler avec eux. Et moi, c'est un endroit... C'est quand même un endroit dans lequel j'amène de la sécurité, je leur amène de la sécurité. Il y a quelque chose de presque thérapeutique pour eux maintenant, parce qu'ils viennent me poser des questions par rapport à leur sexualité, par rapport à leur relation avec leur femme. Donc c'est un endroit où ils payent pour avoir accès à moi, à mon cerveau, à mon corps, certes, mais il y a des relations quand même qui se créent, qui sont assez intéressantes pour moi.
- Orateur #1
Le cheminement, l'acte fondateur, on a vu ça. Est-ce que vous vous donnez une ambition ? dans le porno que vous créez. Avant même de parler d'un message potentiel, est-ce qu'il y a une ambition ? Est-ce qu'il y a une ambition esthétique ? Est-ce qu'il y a une ambition de contenu, de valeur ? Qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ?
- Orateur #2
J'aime bien cette question. Je pense que je n'avais pas d'ambition. C'est ça qui est intéressant. Et je pense qu'en fait, je n'en ai jamais, mais que ça me fait faire de grandes choses. Donc, j'aime bien. Je crois que je fonctionne vraiment beaucoup à l'amour et à l'honnêteté, à l'humanité, en fait. Tiens, un truc. peut-être, j'ambitionne aujourd'hui que mon porno soit humain et reconnecte les gens à leur humanité. Donc, je ne sais pas si je suis efficace pour tout le monde, bien évidemment, ou si c'est efficace pour tout le monde, mais j'aimerais que mon porno aujourd'hui, en tout cas celui que je fais personnellement, parce qu'après il y a Vox, ça c'est encore autre chose, mais j'aimerais que ce porno-là... Aide les gens à se reconnecter à leurs sensations, à leurs émotions aussi, parce que je vais vraiment chercher des choses aussi de cet ordre-là. Donc, mon ambition, elle est un peu humaine. Elle est dans l'amour et dans l'humanité, de se retrouver avec soi et se donner de l'amour aussi. J'en donne. Je pense qu'ils arrivent à s'en donner aussi.
- Orateur #1
On va revenir là-dessus ensuite. Mais effectivement, il y avait un troisième métier dont on a parlé en introduction, podcasteuse audio-porn. Alors ça, c'est la voix. C'est quelque chose qui nous tient à cœur ici.
- Orateur #2
Racontez-moi ce que vous faites là-dessus J'ai un podcast porn qui s'appelle Vox
- Orateur #1
Vox
- Orateur #2
3X C'est vrai, V-O-X-X-X C'est un podcast qui au départ d'ailleurs était fait pour les femmes et aujourd'hui il est pour tout le monde aujourd'hui j'en suis la directrice artistique donc il y a beaucoup de voix, il n'y a pas que la mienne moi je travaille les textes avec mon pôle d'autorise on est vraiment en travail en binôme comme ça euh Ce podcast...
- Orateur #1
Ce sont des contenus qui sont créés, vous ne faites pas de la littérature érotique ? Ah non,
- Orateur #2
c'est pas ça. Là, pour le coup, ça a été une décision importante pour moi. C'est que la littérature érotique existe. Lire un livre érotique, ça existe. Moi, j'avais envie, encore une fois, de quelque chose de très sensoriel, d'immersif et d'humain, à nouveau. Là, il y a quand même autre chose, c'est que comme je m'adresse à toute la population... J'ai envie aussi, dans mon ambition, que l'audio porn devienne... Là, j'ai de l'ambition pour l'audio porn. C'est que vraiment, j'ai envie que ça devienne un support qui soit tout aussi reconnu que les porns en vidéo. Je pense notamment à la jeunesse qui est en train d'arriver, qui va tomber sur des images parce qu'on est un monde d'images. Et j'aimerais qu'ils puissent tomber sur Vox en tapant porn et qu'ils puissent avoir de l'audio dans leurs oreilles. D'abord pour garder un peu d'imaginaire, parce que je crois qu'on a perdu de ça. L'imagination qui est quand même très très importante. Aussi pour avoir, à mes yeux en tout cas, une sexualité un peu plus safe, parce que dans Vox, on a beaucoup de phrases douces et sexies, mais sur le consentement, on aborde, je pense, une fourchette très large des types de sexualité, mais on le fait toujours avec beaucoup de respect et beaucoup de douceur. Donc, j'aimerais que le porno, aujourd'hui, contienne le porno audio dans la tête des gens.
- Orateur #1
Oui, et le porno audio, arrêtez-moi si je me trompe, ça me semble aussi être un moyen d'échapper à ce que je constate, à la violence du porno, à la violence du narratif porno de base, qui est quand même présenter une femme non maîtresse de son désir qui allume un mec, et ce qui se termine par une séquence fellation, pénétration, orgasme soumis de la femme.
- Orateur #2
Quand ce n'est pas une éjaculation faciale ou un truc... Oui, oui.
- Orateur #1
Et il me semble, on avait cette conversation offline, vous et moi, sur les différences entre la télé et la radio, il me semble qu'il y a une douceur potentielle de la voix et de laisser à l'imagination et à un univers des possibles qui me semble plus grand. Oui,
- Orateur #2
je crois aussi que quand on entend quelque chose, on est beaucoup moins traumatisé. que quand on le voit. C'est-à-dire que nous, alors l'idée, c'est évidemment de traumatiser les personnes, mais à chaque audio, en plus, on met des trigger warnings en disant attention, là, il y a des insultes, des fessées. Mais mine de rien, l'entendre, c'est quand même pas la même chose parce qu'on va quand même dans des trucs assez hard, toujours présentés en douceur, bien évidemment, pour que les personnes qui écoutent puissent couper si elles n'ont pas envie d'entendre ça. Mais la vidéo, une fois qu'on est tombé dessus, le truc reste imprimé derrière la rétine et oui, il est violent. Je suis très d'accord, c'est très violent.
- Orateur #1
Alors justement, restons sur la violence. Est-ce que, donc répétons-le, vous avez fait le choix de ne pas montrer votre visage. C'était dicté par quoi au départ ? Par une pure précaution ? Par une précaution et un kink, un fantasme ? Par une volonté éditoriale ? Qu'est-ce que c'était ?
- Orateur #2
Alors, encore une fois, très humain et sans faire exprès, je crois. Parce que moi, à chaque fois, c'est comme ça que ça se passe. Mais bon, déjà, la première, je me dis... Surtout pas que mon père tombe dessus. J'avais un peu honte, en fait. Il y avait un truc de honte de... Voilà, j'ai une sexualité, peut-être qu'elle n'est pas normale parce que là, j'ai envie de me masturber devant une caméra et l'envoyer au monde. Donc d'abord, la honte. Honnêtement, il y a de ça. Ensuite, c'est devenu un jeu. Parce qu'en fait, je vois bien que ma bouche, c'est très joli, que je peux véhiculer beaucoup d'infos avec ma bouche, ma voix et mon corps. Il y a même une vidéo qui a été en première page monde sur Pornhub où je mettais du noir au bout de 5 minutes de vidéo. Je mets un noir pendant peut-être 5 minutes aussi et je n'utilisais que ma voix. Donc j'ai vu qu'il y avait un jeu où les gens qui venaient voir la vidéo, d'un coup je les mettais dans un truc très imaginaire et ça leur plaisait. Et ils imaginaient mes yeux et ils voulaient voir mes yeux. Je me suis dit non mais là je ne peux plus les montrer quoi, c'est fini. Au départ, je pense que c'est vraiment un truc assez instinctif de « non mais j'ai honte, je ne peux pas montrer » . Et puis après, vraiment, c'est devenu presque un truc intellectuel pour moi de « je vais vous montrer que vous pouvez prendre du plaisir même à aller imaginer mes yeux » . Moi, souvent, quand on me dit « quand est-ce qu'on va voir tes yeux ? » , je leur dis « mais là, tu les as déjà vus, en fait, ils sont dans ta tête, tu vois mes yeux » .
- Orateur #1
Est-ce que vous pensez que vous perdriez du pouvoir érotique ? Alors, je rassure tout le monde. Elle n'a pas un monosauce.
- Orateur #0
Elle n'a pas la tête de cynoc.
- Orateur #1
Mais est-ce que vous pensez que vous perdriez à l'heure actuelle du pouvoir ? Alors, cette question est double, à vrai dire. J'ai lu quelque part que vous étiez à ce stade en train de vous poser la question de oui, mais finalement, j'aimerais bien montrer ma tête tout entière potentiellement et que vous ne saviez pas très bien comment rendre le problème. Alors ça, vous allez nous expliquer ça. Et d'autre part, est-ce que vous pensez que vous avez quelque chose à perdre dans votre pouvoir érotique en montrant complètement votre tête ? En tuant le mystère.
- Orateur #2
Ouais, moi je suis sûre que je perds du pouvoir érotique, que j'en gagne ailleurs, ça c'est autre chose, avec mes yeux verts, avec ma façon de... Je sais que je peux jouer aussi avec mes yeux, je le vois très bien avec mon partenaire par exemple. Mais en plus, je crois que je briserais tellement d'imagination à la fois de tous ces garçons qui se sont dit, ou même ces filles, ou peu importe la fourchette dans laquelle ils se sentent au niveau du genre. En fait, je n'ai pas du tout envie de briser ces personnes. Ça, c'est un peu difficile. Je crois que le pouvoir érotique, celui-là en tout cas, celui que j'ai d'être suggestive, me plaît trop pour montrer mes yeux, en tout cas dans des vidéos érotiques. Maintenant, montrer mon visage, c'est une grande question. C'est intéressant parce qu'il y a des moments où je crois qu'en fait, ça correspond surtout à des moments où moi, je suis fragile, je perds un peu confiance en moi et je me dis, si je montrais qu'on me reconnaissait, ça me ferait du bien au moral. Mais je crois que c'est quand même un peu dangereux. Il y a aussi le fait que je fais des interviews sur Instagram pour Canal et où des fois, c'est juste un gros plan de ma bouche et c'est dommage parce que j'aimerais aussi qu'on voit mon visage, mon cerveau et que je suis autre chose que cette performeuse érotique. Je crois que le visage, c'est vraiment... La personne que je suis à l'intérieur qui a parfois envie de dire, « Viens, on assume le truc et on le dit. » Mais il y a beaucoup à perdre en termes de tranquillité, notamment.
- Orateur #1
Est-ce que vous avez parlé à des actrices porno, justement, de ce rapport qui change tout ?
- Orateur #2
Je les vois. Je les ai vues sur Canal+, notamment, parce qu'il y avait toujours une petite performance qui venait à la fin. Une performance, je ne sais pas pourquoi je dis petite, d'ailleurs. De grandes performeuses. J'ai vu ces femmes-là à Canal. c'est quand même très difficile Et on n'est pas sur des grandes, grandes actrices porno, comme je pense notamment à Nikita Bellucci, Lisa Del Sierra, Anya Kinski, qui sont vraiment partout, partout, partout. Là, je parle de performeuses plutôt sur Internet. Je pense à Little Angel, qui, elle, a cartonné complètement. Et on sent que derrière, quand même, sa vie a basculé. Donc, c'est quelqu'un de très, très intelligent, Little Angel. Et je l'embrasse. C'est quelqu'un que j'ai beaucoup apprécié. Mais j'ai vu, ouais. que c'est autre chose. Après, moi, je n'ai pas un contenu comme le sien. C'est-à-dire que j'ai un contenu, ça, on en parlait en off. Je pense que j'ai un contenu un peu pour les intellos quand même. Il y a un truc où j'ai l'impression qu'on est sur des gens qui sauraient respecter. C'est complètement différent. Je n'ai pas de partenaire à l'écran. Je n'ai pas différents partenaires à l'écran, ce qui apparemment fait qu'on a droit à moins de respect si on a plein de partenaires différents. Moi, je ne suis pas d'accord avec ça, mais voilà. Donc j'ai un espèce de truc qui est respectable, et là aussi je mets des guillemets, respectable pour la société, et donc j'ai l'impression qu'on ne m'embête pas.
- Orateur #1
Justement, vous venez parfaitement à ma question qui est la question de la haine et de la violence en ligne. Vous, vous avez commencé par du online, donc vous êtes aux premières loges, si je peux m'exprimer ainsi, de cette affaire. Est-ce que vous en avez été la victime ? Est-ce que vous en êtes toujours la victime ? Comment est-ce que vous avez géré ça ?
- Orateur #2
Franchement, j'ai dû recevoir dans toute ma carrière huit messages un peu nuls. J'ai vraiment une chance inouïe.
- Orateur #1
Sur des milliers de messages ?
- Orateur #2
Ah ouais, des milliers, ouais. J'ai eu vraiment beaucoup de chance. Et puis en plus, on le retient celui-là, où ils disent « t'es nul » , des trucs... Alors là, depuis, je ne regarde plus du tout les commentaires sur Pornhub, par exemple, mais c'est très rare. Il y a un seul fan que j'ai bloqué parce que je le trouvais complètement zinzin et jaloux. Donc lui, je l'ai bloqué. Je lui ai dit « je ne veux plus avoir affaire à toi du tout » . C'est le seul. Et il y avait un mec, je me souviens, sur Cam4. qui aimait trop aller voir sur les Ausha des lives et écrire des insultes et des trucs. Et en fait, ce mec, en live, je lui ai dit « Oh là là, mais ça va pas fort, toi ? » Je lui ai dit « Bah vas-y, écoute, si tu veux, c'est l'endroit, vas-y, insulte-moi. » Et il m'avait fait un message en privé en me disant « Oh là là, merci, t'as raison, je vais hyper mal, je suis déprimée et tout, je sais pas pourquoi, j'ai besoin d'insulter toutes les femmes en ligne et tout. » J'ai retourné le truc sans faire exprès. Je m'étais juste dit, il ne va pas bien. Mais non, j'ai beaucoup de chance.
- Orateur #1
C'est très frappant ce que vous dites. Parce que nous, on fait de l'information. Tous les jours, on publie un journal, TTSO. Et on a vu, ça fait 15 ans qu'on fait ça, on a vu ces dernières années une polarisation et une agression poindre qu'on n'avait pas vue, qu'on n'avait absolument pas vue. Et à l'heure actuelle, j'avais l'habitude de dire qu'on avait 90% de messages qui étaient adorables, de gens qui nous disaient c'est formidable ce que vous faites, etc. La proportion de messages de haine, le mot est fort, mais de messages polémiques a énormément augmenté ces derniers temps. Et je serais, sur les milliers de messages nous aussi qu'on a reçus, je serais bien en peine de vous dire que j'en ai eu que 8 qui étaient très insultants. On en a beaucoup plus que ça. Donc c'est quand même assez étonnant, vu la violence. qui est par ailleurs véhiculée, me semble-t-il, par le porno, que dans ce milieu-là, vous n'ayez finalement que des messages d'amour, et on ne peut que s'en réjouir.
- Orateur #2
En fait, c'est ça, c'est que mon ambition, c'était l'amour, et du coup, j'en ai reçu, je crois. Mais non, je crois que les gens vont mal, et potentiellement de plus en plus mal, et les gens se mettent dans un rapport de force, parce que dès lors que dans le rapport humain, comme là, vous et moi, on se rencontre, et donc on établit une relation qui est un peu plus dans l'émotionnel, puisque... il y a un contact humain, là, c'est plus difficile d'être dans le rapport de force. On change un peu de registre. Mais en fait, en ligne, les gens ne se rencontrent pas. Et donc, ils sont complètement dans leur rapport de force où il faut dominer et humilier et agresser l'autre pour se sentir un peu vivant et fort. Donc, c'est un vrai problème, je pense, de toute façon, dans tous les milieux.
- Orateur #0
Quand ça se passe en ligne, je pense qu'il y a de la violence. Parce que je le vois sur Instagram, sur des posts qui n'ont rien à voir avec le porno par exemple. Il y a toujours ces gens-là qui sont en colère. Mais le porno, alors le mien c'est ça, c'est que le mien respecte beaucoup et véhicule de l'amour. Donc ouais, j'ai reçu en échange quoi. Je crois qu'il y avait aussi ça, mais des fois il y a des personnes qui véhiculent de l'amour et qui sont quand même insultées sur Internet. C'est assez terrible.
- Orateur #1
Alors justement, puisqu'on est sur Internet, quel est votre rapport avec les plateformes, avec Insta en particulier, dont on sait qu'ils sont quand même très prudes ? Comment est-ce que vous vivez dans l'interstice de la mormonnerie ?
- Orateur #0
Eh bien, les mormons sont des durs à cuire. J'en suis au sixième compte. Le sixième compte Instagram. C'est pour ça que mon compte, c'est Lélé. Oh, oh, oh, oh, Lélé, parce que j'ai commencé avec... Oshititslele, puis j'avais mis Oshititslele Backup, et puis après je me suis dit bon je vais faire Leleo Lele, et en fait je rajoute des Ausha chaque compte.
- Orateur #1
Alors pour nos auditeurs, moi j'ai trouvé Lele, j'ai travaillé sur cette interview et j'ai trouvé Leleo, c'est le premier truc qui sort sur Instagram, Leleo c'est votre bonne page votre bonne page que je conseille à tout le monde il y a des photos absolument exceptionnelles vous vous prenez en photo dans des toilettes de TGV ou d'avion, donc des trucs hyper exigus et vous faites des poses, c'est pas du tout porno vous êtes parfaitement habillé, vous faites des poses hyper acrobatiques C'est objectivement un très, très bon travail de photo.
- Orateur #0
Merci beaucoup. Ça, c'est par exemple parce que... Encore une fois, c'est marrant, c'est un peu à l'image de ce que je disais tout à l'heure. C'est qu'il m'arrive un problème. C'est que je me fais virer d'Instagram en permanence. Il faut savoir quand même que ma première photo Instagram, c'était un téton. Je n'avais pas capté qu'on ne pouvait pas en mettre.
- Orateur #1
Cacher ce téton que je ne saurais pas.
- Orateur #0
Là, en plus, je n'ai mis que le téton. J'avais fait comme si on regardait dans un Judas. J'avais mis mon téton. Mon œil exprès pour... Et en fait, ils m'ont viré mon téton. Et je me suis dit, ah mince, on n'a pas le droit de mettre un téton. Mais ce que je ne savais pas, c'était le début d'une saga folle avec Instagram, où j'allais me faire censurer tout le temps. Et donc, à force de censure et à force de prendre le train parce que j'ai une vie nomade, je me suis dit, on va faire un truc. Ouais, ça a commencé d'abord en montrant mes fesses, en fait, dans les toilettes du train, qui sont quand même un endroit de l'imaginaire érotique assez... Assez marquée, vraiment, on me parle souvent de ça. Qu'est-ce que tu fais dans les toilettes ?
- Orateur #1
Est-ce que vous avez lu la nouvelle d'Emmanuel Carrère dans un roman russe ? C'est dans un roman russe qui était paru en nouvelle unique dans le monde un été, qui est une scène d'amour dans un train et dans les toilettes d'un train, qui est une scène absolument, une nouvelle très très très très très explicite, absolument formidable. qui était sorti dans le monde en tiré à part en nouvelle et qu'il a repris dans un roman russe je vérifierai mais je dirai en fin de podcast si je me suis planté mais je crois que c'est ça mais envoyez moi la ref que je lise ça parce que c'est vrai que le train du coup tout le monde en parle évidemment tout le monde imagine que je fais des folies dans ces toilettes de train alors
- Orateur #0
que non parce que déjà effectivement c'est quand même assez sordide la plupart du temps je prends déjà le risque d'être en chaussette et de poser mes mains à des endroits qui sont faits pour reposer les pieds, puisque je mets souvent la tête à l'envers. Bon, il y a quand même à chaque fois du savon mousse, là, un peu. Mais ouais, je me suis dit, je vais prendre le contre-pied, en fait, parce que de toute façon, je ne peux pas faire autrement. La réalité, c'est que malgré ça, là, moi, je suis connectée à quatre comptes Instagram. Il y a mon backup qui s'appelle Chouin à grande vitesse, parce que c'est comme ça qu'on m'a appelée. Voilà, ça me va très bien. Donc là, Chouin à grande vitesse, le compte Vox. Mon compte perso que j'ai laissé mourir depuis des années et les Léo, tous ensemble se sont fait censurer. En sachant que mon compte perso, j'ai vraiment des Ausha et de la nature, mais il a sauté aussi. Et j'ai dû payer un hacker qui bosse pour Meta en Inde. Je l'ai payé en crypto-monnaie pour récupérer mes comptes. Parce qu'en fait, Vox, on a besoin quand même de ce minimum de vitrines, même si Vox fonctionne très bien. par lui-même et je suis hyper fière de ça. Mais Lélé, surtout, je travaille pour Canal, je fais des interviews via Instagram. C'est ma vitrine, en fait. Si je n'ai plus Instagram, je n'existe plus. Surtout que là, Pornhub, quand même, ça, c'est aussi important. Là, il y a une loi qui est passée. Il faut que les consommateuristes de porn montrent leur visage et prouvent leur identité pour prouver leur majorité. Là, Pornhub... a décidé de faire la grève et donc n'existe plus en France. Donc je n'existe plus sur Pornhub, je n'existe plus sur Instagram. Si j'existe uniquement sur OnlyFans, qui n'est pas du tout fait pour qu'on me trouve, si on va sur OnlyFans, il faut un lien depuis l'extérieur, ben en fait, j'existe plus, donc je perds tout mon argent. Donc c'est assez horrible parce qu'Instagram, on en est, et on est toutes et tous d'accord, tous les gens qui sont créateurices comme moi, de contenu, même si c'est pour de l'éducation sur la sexualité, on est tous d'accord qu'on est des esclaves. En tout cas, on est à la merci d'Instagram.
- Orateur #1
C'est le cas de manière générale des créateurs de contenu, des créateurs de contenu qui sont à la merci des grandes plateformes américaines. C'est ça. C'est évidemment un énorme problème de souveraineté.
- Orateur #0
Oui, exactement. Et avec, quand même, le petit truc en plus que j'aime bien expliquer parce que je crois que les gens ne se rendent pas compte. Moi, par exemple, mon banquier, c'est ce que je fais, heureusement, parce qu'il m'a dit, en fait, je ne peux pas te faire de crédit si j'explique tes revenus. Donc lui, en fait, il doit mentir parce qu'il sait qu'il va me protéger. Il doit mentir parce qu'il faut savoir aussi que, par contre, quand on est dans le porn, même les banques, en fait... On est complètement à leur merci. C'est en fonction de leur bon vouloir, parce que nous sommes un métier à risque.
- Orateur #1
C'est un métier à risque ou un métier stigmatisé ?
- Orateur #0
Un stigmatisé. À risque, je crois que l'industrie du porn, c'est quand même une des industries qui a toujours bien fonctionné au niveau thune. Donc, je n'ai pas trop l'intérêt de dire, je ne te prête pas d'argent, alors qu'ils savent très bien que j'en gagne, et j'en gagne beaucoup. Enfin, j'en gagne beaucoup, en tout cas, j'en gagne assez pour avoir un crédit. Je pense que c'est surtout stigmatisé. Je pense qu'ils ont peur de Mastercard, des visas qui régulièrement coupent les vivres un peu partout. Nous, sur Vox, c'est pareil. On a une plateforme qui prend notre argent et qui, au début de l'été, nous a dit « Vous avez dix jours. Après, on arrête de prendre votre argent parce que vous faites du porno. » Alors qu'avant de signer un contrat, on leur avait expliqué ce qu'on faisait. Et donc, tous les ans, ils nous redisent ça et nous, on doit leur dire ... Regardez, vous aviez validé, ils disent « Ah non, pardon, on s'est trompé, excusez-moi. » Mais en fait, nous, pendant dix jours, on balise, en fait, parce que d'un coup, on n'aurait plus d'argent. Mais pour moi, c'est juste parce qu'on est stigmatisé et qu'il y a un truc puritain, il y a un environnement mormon global, j'imagine. Je comprends même pas très bien, parce que je me dis « Mais on vous rapporte de l'argent. » C'est ça que je comprends pas. C'est qu'en fait, le porn rapporte de l'argent. Donc là, pour une fois, dans ce monde, ce serait pas l'argent le moteur mais Un truc idéologique.
- Orateur #1
Mais alors, deux questions là-dessus. Est-ce que vous avez un jugement sur la couleur et l'odeur de l'argent du porno, sachant ce qu'est le porno, pas simplement celui que vous faites, ce qu'est le porno de manière générale ? Et deuxième question, vous parliez d'éducation. Est-ce que vous pensez que le porno est du bannissement de porno effectif ? Du bannissement de Pornhub au sens où Pornhub refuse de se soumettre à la loi sur la déclaration de majorité effective pour les utilisateurs de porno. Est-ce que vous pensez que le porno a un rôle d'éducation, a un rôle à jouer dans l'éducation sexuelle des jeunes qui accèdent à la sexualité ?
- Orateur #0
Oui, il y a quand même une réalité. C'est que sur Pornhub, par exemple, il y a eu à un moment des pubs qui tournaient qui étaient quand même largement pédophiles. Moi, j'avais fait un mail, d'ailleurs, parce que j'étais en contact avec les gens de Pornhub, parce que quand on commence à être assez haut dans le classement, on a d'autres contacts. Et ils m'avaient répondu, désolé, nous, en fait, on paye une agence de pub, et puis elles choisissent ce qu'elles mettent. Bien sûr qu'il y a du sale. Maintenant, ce que je trouve assez hypocrite, c'est que l'argent est sale à plein d'autres endroits, parce qu'il y a l'argent de la guerre, il y a l'argent... Il y a quand même, à mes yeux... L'argent est quand même globalement sale. Et justement, il y a une question d'éducation derrière. C'est-à-dire que l'argent se retrouve dans ces endroits sales parce qu'il y a des tabous. Alors ça, pour moi, c'est le grand classique. En fait, on a des tabous, mais on va quand même y aller. Donc en fait, pour y aller, il faut passer par un chemin étroit et sombre, sans faire de jeu de mots ou d'images. Dans l'idée, c'est d'aller... En cachette, choper des trucs est de plus en plus violent et de plus en plus dégoûtant. Là, mon ambition sur l'humanité, c'est là où elle prend toute sa naissance. C'est que si on éduque les gens à observer leur propre humanité, leur propre truc dégoûtant aussi, parce qu'on a tous un truc dégoûtant en nous, on a tous pensé à des trucs, parce qu'on a subi des violences ou pas, parce qu'on en a vu ou pas, on a tous et toutes des trucs dégoûtants. Mais je me dis que si on ne met pas de tabou, qu'on essaie d'éduquer les gens autrement que dans le tabou même des émotions. J'ai l'impression que la consommation du porno et autres choses violentes, je pense même aux jeux vidéo, etc. J'ai l'impression qu'elle pourrait se décaler vers quelque chose d'un peu plus sain. Parce que... Et c'est là où c'est important aussi, le porno, non, le porno n'a pas un rôle éducatif au départ. Le porno, il a un rôle récréatif. Mais la réalité, c'est que la consommation de porno est devenue un truc éducatif parce qu'on a mis un tabou sur le sexe. Et donc, si on revient aux bases et que quand on fabrique un enfant, on essaye du mieux qu'on peut de lui apprendre, lui inculquer des valeurs qui sont cool pour lui. et aussi surtout de l'écouter, de l'entendre dans ses réflexions, dans ses émotions, qu'on prend un peu plus le temps. Je ne dis pas que c'est facile, attention, parce qu'on est aussi dans un monde qui ne donne pas le temps aux parents, mais voilà, je pense que ça irait mieux. Je le crois. Mais je ne suis pas... Je sais aussi que c'est un travail titanesque.
- Orateur #1
Je vais terminer là-dessus. Et en vous posant quand même une question de recommandation de contenu, est-ce que vous pourriez me donner, si vous aviez à nous donner trois sites On a parlé des vôtres, mais à cela excepté, trois sites ou trois comptes ou trois trucs de porno ou de sexe que vous trouvez recommandables ?
- Orateur #0
Alors, c'est marrant parce que moi, je n'en consomme pas du tout, mais...
- Orateur #1
Ah oui, c'est une question que je ne vous ai pas posée. C'est une question hyper importante.
- Orateur #0
J'en consomme plus.
- Orateur #1
Vous n'en consommez plus ? Non. Depuis que vous en faites, vous n'en consommez plus ?
- Orateur #0
Plus du tout. Depuis que j'en fais, mais là, ça fait au moins cinq ans que là, ça y est, j'ai ma dose. mais
- Orateur #1
Et ça vous intéresse toujours d'en faire ? Oui, c'est autre chose. Vous prenez toujours du plaisir à en faire ? Pour moi, c'est autre chose.
- Orateur #0
Ça fait un peu partie de ma sexualité aujourd'hui. C'est complètement différent, oui. C'est complètement différent. Je dirais que... Je ne sais pas si j'ai des sites à recommander. Je sais qu'il y a... Je ne suis même pas sûre qu'elle existe encore. Mais il y avait... Four Chambers. Four, comme le quatre Chambers. C'est Vex Tape qui faisait ça. Il y a Erika Lust. dont on entend parler souvent.
- Orateur #1
Réka Lust, qui est...
- Orateur #0
Une pornographe. Elle est hollandaise, mais elle bosse en Espagne. Et elle crée du porno. Moi, j'ai travaillé dans une de ses prods, qui est quand même assez... Oui, il y a un travail avec de la coordination d'intimité, donc des personnes qui sont là, c'était mon rôle, pour s'occuper des acteurs porno et vérifier que le consentement était bien exprimé. qu'il y avait des préservatifs, que les tests étaient faits. Il y a quand même quelque chose de très sécure. Il y a le travail d'Anushka aussi, qui est une pornographe qui produit souvent pour Canal. Il y a Carré Rose, ça c'est Carmina. Je sais que ce sont des productions qui sont précautionneuses. Mais c'est surtout que j'ai une recommandation, c'est de se dire, ok, dès que vous consommez du porno, de toute façon, on va en consommer. Il y a des gens qui vont en consommer, et même du porno sale. Moi, je pense qu'il faut surtout se questionner sur la culpabilité qu'on ressent. C'est-à-dire, si je ressens derrière de la culpabilité, il y a peut-être un truc à aller creuser pour éviter de... Et je ne dis pas que c'est facile, mais je crois que si on regarde des choses qui nous rendent coupables, il faut aller chercher un peu plus loin. Ça se travaille aussi avec des psys, des sexologues, des sexothérapeutes. je pense qu'il faut aller casser les tabous. Pour moi, c'est ça. Donc après, bien sûr que Pornhub, c'est de l'argent plus sale. Mais parfois, si c'est le truc qui excite et que si je vais sur Erika Lust et que ça ne m'excite pas, ça ne va pas être fonctionnel. Donc s'ils regardent Pornhub, j'aurais envie de leur dire, ou d'autres vidéos, j'aurais envie de leur dire, OK, même si vous vous sentez coupable, qu'est-ce qu'il faut faire ? Et puis surtout, il faut voir ce que ça fait sur votre propre sexualité derrière. Pour moi, ça, c'est le plus important. qu'est-ce que ma consommation à moi crée dans ma... dans ma sexualité, est-ce qu'il y a un problème ou pas ?
- Orateur #1
C'est sur cette interrogation que nous allons nous quitter. Merci beaucoup Lélé, c'était un grand plaisir de vous recevoir.
- Orateur #0
Avec plaisir aussi, vraiment.