- Speaker #0
Dans la nature des choses, le podcast qui nous est dédié, à nous, les écosensibles qui ressentons le besoin urgent de recréer un lien profond avec le vivant. Dans un monde en crise, où les urgences écologiques nous bousculent et où l'indifférence menace, ce podcast, à travers des pistes d'action et des réflexions, est un espace pour transformer nos peurs et notre colère en action au service de la transition socio-écologique. Je suis Isabelle Giraldo, écofacilitatrice. et guide de reconnexion à la nature. Ici, pas de leçon de morale, mais une exploration sensible et engagée pour partager nos peurs et nos espoirs. Pour ce premier épisode, j'ai choisi d'accueillir Gwenaëlle Lenoïc, car après avoir découvert ses partages sur Instagram, j'ai remarqué à quel point nous partageons la même vision du monde et beaucoup de valeurs communes.
- Speaker #1
C'est ça ma maison et je ne suis pas d'une autre. planète, je suis de la planète Terre. Et ça, c'est unique.
- Speaker #0
Commencer ce podcast avec elle est apparu comme une évidence. À travers son travail, Gwenaëlle nous invite à repenser notre relation à la Terre, non pas comme une simple ressource, mais comme un espace de guérison. Elle partagera aussi son expérience avec le travail qui relie, un processus transformateur qui convertit nos émotions face à la crise écologique en actions durables et créatrices de changements. Alors prépare-toi à un échange riche et inspirant. pour ensemble continuer à bâtir un avenir emprunt de sens et de solidarité. Bonjour Bélaëlle et bienvenue. Et en tout cas, je voulais vraiment te remercier du fond du cœur d'avoir accepté d'être ma première invitée. C'est un grand moment. Et tout d'abord, je voulais te demander où tu es. Comment tu vas ce matin ?
- Speaker #1
Oui, bonjour Isabelle. Merci beaucoup de ton invitation. Je suis vraiment honorée d'être la première à prendre la parole. Où je suis et comment je vais ce matin ? Je suis actuellement dans ma chambre à Rennes. Rennes, c'est un passage transitoire vers la Bretagne. Je suis à Rennes et je vais bien ce matin. Il y a une douce pluie que je vois à travers ma fenêtre et je vois les arbres. Et la brume, c'est très joli.
- Speaker #0
En fait, je voulais commencer par te demander, parce que c'est vrai que lors de notre premier échange, j'ai remarqué pas mal de similitudes entre nos parcours et même entre notre enfance, un peu d'enfant expatrié, et cette ouverture sur le monde et sur d'autres cultures. Et donc, je voulais te demander, comment est-ce que tu penses, toi, que cette ouverture à d'autres cultures, en tout cas, ce contact avec d'autres cultures, a peut-être façonné ta vision de l'écologie ?
- Speaker #1
Oui, j'ai... Je me souviens de cette première rencontre avec toi. Et c'est vrai qu'il y avait plein de résonances dans mon parcours. Donc, je suis franco-philippine. Mon père est breton. Ma mère est philippine. Et je suis née à Abu Dhabi. Et ensuite, toute la famille a voyagé de pays en pays. Donc, en moyenne, tous les deux ans. déménageaient. Et c'est vrai que ça a été un constant enracinement, déracinement. Alors, mes parents travaillaient dans le tourisme et ils sont passés par plein de métiers différents, de serveuse à cuistot, différents métiers dans le tourisme. Et on a eu la chance de vivre, enfin moi, j'ai grandi en tout cas dans plusieurs pays africains, le Congo, le Gabon, le Tchad, mais aussi on a vécu en Guadeloupe, au Brésil, en Polynésie, et tout... Tout ce contact avec différentes cultures et ces contrastes aussi, parce que j'étais dans des écoles, des collèges, des lycées français à l'étranger. J'étais aussi dans une école franco-gabonaise et j'avais des amis de différentes cultures. Et puis, en vivant dans ces villes, dans ces lieux où on habitait, il y avait à la fois le contraste avec la culture expatriée à l'étranger, mais aussi la réalité de... de vie au quotidien et de différentes classes sociales. Et ça, j'ai pu l'observer dès toute petite. Et aussi même, ne serait-ce que dans les cultures dont sont issues mes parents, les Philippines qui sont un pays pauvre, et la France qui est un pays dit développé. Donc comment vivre entre ces différentes cultures, avec aussi cet éveil. En étant petite et adolescente, au cours d'histoire-géographie et ensuite plus tard au cours de géopolitique, comment sentir ces différentes... imbrications et aussi rapports de force et de pouvoir entre différentes cultures, différents pays, et comment aussi ça peut se jouer dans des liens plus intimes. Et c'est comme ça aussi que, pour répondre à ta question, comment cette première exposition à des rencontres interculturelles a forgé en moi cette attention aux liens entre ce qui se passe intimement et aux vécus profonds de... Ah oui, je suis aussi issue d'un métissage. Les personnes ont différents regards sur moi. Moi, j'ai différents regards sur moi-même et sur le monde. Et c'est très complexe. Et comment tout ça nourrit aussi un regard politique sur l'identité, sur les relations, sur les liens. Et j'ai vu que ça avait fait écho en toi parce que tu es franco-cumodène.
- Speaker #0
Je suis colombo. belge.
- Speaker #1
Colombo-belge,
- Speaker #0
oui. Mon papa est colombien et ma maman est belge. Et ce qui m'a touchée aussi, c'est que tu parles beaucoup de ce lien à la terre. Et moi, je me souviens, étant enfant, de deux lignées différentes, aussi voyageant beaucoup, de manquer peut-être un peu d'ancrage, tu vois, de se dire et on en reparlera encore, parce que je me souviens, par exemple, à mon premier atelier du travail qui relie. On m'avait dit, amenez quelque chose qui représente votre terre. Et à ce moment-là, j'ai dit, mais moi, je n'appartiens à aucune terre, en fait. C'était très difficile pour moi de concrétiser ce lien à un territoire ou à une terre. Et puis peut-être, à peu à peu, je me suis dit, mais peut-être que c'est une force, en fait, d'avoir justement ce mélange de cultures, d'avoir connu d'autres choses. Je me suis rendu compte aussi à quel point c'était un privilège, un peu comme toi, tu vois, d'avoir connu une nature sauvage aussi. Peut-être que tu peux aussi nous en dire plus sur comment ça a façonné toi, ce lien à la terre. Qu'est-ce que ça représente pour toi ? Complètement.
- Speaker #1
Je rebondis et je raisonne avec cette expérience de ramener une terre. Parce que c'est un rituel aussi que j'ai vécu dans un atelier de travail qui relie, où j'étais participante. Et donc, on nous proposait de ramener un petit peu de terre de chez soi. Bon aussi, peut-être que j'en parlerai plus tard, mais ma vie nomade a continué. jusqu'à très récemment. Je ne suis pas encore fixée sur une terre, mais là, c'est cette quête. Et j'ai notamment ces deux dernières années vécues et voyagées à travers des écolieux en France. Donc, j'avais mon van et puis je faisais du woofing de ferme en ferme, mettre les mains dans la terre et puis habiter un petit peu dans les forêts, au bord des rivières. Évidemment, m'installer temporairement dans certains endroits. au cours de l'hiver. Et il y avait aussi cette sensation de « bon ben ma terre, c'est la terre quoi ! » Et je me souviens que j'avais pris quand même une poignée de terre du lieu où j'étais et c'était vraiment, peu importe où je suis, la terre c'est ma maison et je peux en prendre soin, je peux en contribuer et je peux sentir cette appartenance à la terre. Et là, j'ai pris conscience que ça a forgé cette espèce de soi écologique. Et c'est ce que décrivent les astronautes quand ils sont propulsés dans l'espace et qu'ils voient de loin cette planète bleue. Et ils sentent en eux quelque chose de particulier et d'unique. J'appartiens à cette Terre et c'est chez moi. Et je suis humain, je suis terrien, je suis humaine, je suis terrienne. C'est de me rendre compte que... C'est ça ma maison. Et je ne suis pas d'une autre planète, je suis de la planète Terre. Et ça, c'est unique. Et du coup, me retrouver avec cette sensation à la fois de déracinement, mais en même temps d'enracinement profond à cette Terre qui est ma maison, ça constitue vraiment ce lien fort de... C'est ma Terre, il n'y en a aucune autre, il n'y a pas de planète B, et donc je vais en prendre soin. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. C'est beau ça. C'est très beau de... Ce sentiment d'appartenance que tu décris, on peut vraiment le ressentir avec toi, c'est notre maison, il faut qu'on en prenne soin. Je pense que c'est un lien important que tu fais. Ça peut peut-être faire le lien aussi avec l'éco-psychologie, parce que ton site, je pense, c'est eco-psychologie.fr. Qu'est-ce que toi, tu entends par éco-psychologie ? Parce que c'est peut-être un mot que les auditeuristes n'ont pas forcément entendu, ou on ne sait pas très bien ce que ça veut dire, parce qu'on associe ça peut-être... Comment avec la psychologie ? Donc, toi, qu'est-ce que tu entends par là ? C'est quoi pour toi l'éco-psychologie ?
- Speaker #1
C'est prendre soin des liens entre... entre la psyché, entre les ressentis, entre mes pensées, entre tout ce qui se passe dans le fort intime, dans le fort intérieur, et la terre. Ce n'est pas une addition entre écologie plus psychologie. C'est aller dans cette zone d'interconnexion profonde. C'est dans le subtil, c'est même accéder peut-être au spirituel. Et c'est aussi... Un endroit qui est totalement transversal, où l'art peut s'inviter, la magie, la vulnérabilité, le politique, la géopolitique, l'actualité. Et c'est aussi, pour moi, l'éco-psychologie, un espace ouvert de questionnements infinis. Et il y a plein de courants en éco-psychologie quand on met le nez dedans. Il y a aussi beaucoup d'autres sites qui parlent d'éco-psychologie. Et c'est un courant qui est quand même assez récent. Théodore Ausha l'a formalisé dans les années 90. Et aujourd'hui, je trouve qu'il est très aidant pour nommer cette fracture profonde entre le soi et la terre, et le vivant. Et l'éco-psychologie, c'est un courant de pensée, enfin plusieurs courants. courants de pensée qui sont pour moi en ce moment très soutenants pour réfléchir, penser P-E-N-S-E-R et aussi penser P-A-N-S-E-R nos liens aux vivants.
- Speaker #0
On fait ce lien entre ce qui se passe à l'intérieur de nous et ce qui se passe dans notre environnement et on parle aussi beaucoup d'éco-anxiété. Est-ce que tu fais aussi ce lien-là entre éco-psychologie, donc ce qui se passe dans notre espace intérieur ? où nos ressentis, nos émotions qui peuvent découler de ce qui est en train de se passer à l'extérieur, et notamment par rapport aux crises socio-écologiques qu'on connaît actuellement. Comment tu décrirais, toi, l'éco-anxiété ? Parce que j'en parle aussi beaucoup, je trouve que le mot n'est pas super bien choisi, mais j'aimerais bien avoir ton avis aussi.
- Speaker #1
On en a parlé déjà quand on s'est rencontrés, et c'est vrai que puisqu'on parle d'émotions... J'ai ressenti un petit peu de colère ces dernières années. D'abord de l'inconfort et puis un peu de la colère de comment ce mot a été utilisé à plein d'endroits, de plein de façons que je ne ressentais pas forcément juste. Et je trouvais qu'il y avait quand même aussi un certain business de l'éco-anxiété qui commençait à se mettre en place, que ça allait très très vite et que ça ne prenait pas soin. de la complexité, de la subtilité de ce qui peut être ressenti. Et en même temps, je vois bien que si ce mot valise a été utilisé à tout va, c'est qu'il y avait besoin, pour beaucoup de gens, beaucoup de gens avaient besoin d'approprier ce terme pour peut-être modéliser beaucoup de choses qu'autrement ils n'arrivaient pas à exprimer. Et l'éco-anxiété, bon déjà c'est très... Très limitant, parce qu'il n'y a pas que l'anxiété, il y a tellement de choses. On pourrait dire éco-colère, éco-tristesse, éco-joie aussi, parce qu'il y a de la joie finalement dans cette boucle d'émotions, dans le rapport au vivant. Donc je trouve que c'est un terme très limitant. Et aussi, ça vient pathologiser la personne qui l'utilise, ou en tout cas, ça pathologise les individus. dans le sens où je suis éco-anxieuse et je suis un peu malade du fait que ce monde ne tourne pas rond, alors que non, c'est plutôt l'inverse, c'est plutôt cette planète qui est malade. Et si je ressens des choses inconfortables, si j'ai des ressentis, des émotions inconfortables, c'est qu'en fait, je vais très bien dire « Ah, telle personne est éco-anxieuse » , tout de suite, ça vient mettre le focus sur l'individu, alors que... qu'elle vit des choses, mais elle est juste en réaction à travers le fait qu'on est dans un système capitaliste, patriarcal, colonial, qui vient écraser, dévaster le vivant. Ce n'est pas nouveau. Et des personnes dans le monde qui réagissent à ça de manière plus ou moins forte, c'est simplement qu'elles sont lucides, conscientes, informées sur ce qui se passe. Elles ont le privilège d'accéder à ces informations. et elles réagissent comme elles le peuvent. Et voilà pourquoi l'éco-anxiété, une fois qu'on a expliqué tout ça, finalement, c'est un terme un petit peu limitant. Et aussi, qui peut, je crois, s'il est mal... Comment dire ? S'il est posé comme un diagnostic, il peut être empêchant. Il peut empêcher de tirer sur ce fil d'action, de transformation, d'aller chercher, d'aller puiser dans les ressentis, les traverser. Et aussi, que ces émotions, comme un effet domino, puissent être entendues. est comprise et ressentie par d'autres et que ça contribue à un changement social. Et en même temps, je trouve intéressant que, et je vois que dans le milieu, les psychologues, les éco-psychologues, les praticiens en éco-psychologie et puis toutes les personnes qui prennent soin, que ce soit d'ailleurs dans un cadre d'expertise, parce qu'on est dans une société d'experts d'ailleurs, qui a été critiquée aussi par le théoricien Théodore Ausha. que j'ai déjà cité, mais aussi hors d'un cadre d'expertise, juste un cadre amical, d'entraide. Ça se passe à différents niveaux. Et je trouve intéressant aussi qu'il y ait un mouvement qui s'interroge sur l'éco-anxiété, sur l'éco-psychologie, pour que chacun, chacune, à son échelle, puisse s'en emparer et trouver des solutions dans cet état du monde qui fait beaucoup de mal à beaucoup de gens et à beaucoup de vivants. Surtout actuellement, à l'heure où on se parle, on est en janvier 2025, à quelques jours suivant l'investiture du président actuel des États-Unis, Donald Trump, entouré de personnalités assez cocasses, on va dire. Et il y a énormément d'inquiétudes et d'anxiété, et d'éco-anxiété, mais aussi de facho-anxiété. Donc voilà, éco-anxiété, c'est très réduit pour parler de ça, et en même temps. C'est une belle opportunité pour ouvrir les débats, la discussion et s'en sortir de cet entre-soi, entre personnes touchées par l'écologie.
- Speaker #0
C'est vrai, j'aime bien le fait que tu dises que c'est un terme qui est peut-être très réductionniste, que certaines personnes, elles ont un mal-être, mais pas forcément lié à l'environnement en fait. Mais ça englobe beaucoup plus, et tu l'as très bien nommé, ça englobe aussi les crises sociales qu'on connaît, toutes les crises actuelles. Et éco-anxiété, c'est dire, ben non, mais en fait, moi, je ne me soucie pas de l'écologie, mais je ne vais quand même pas bien. Ben oui, mais forcément, ce n'est pas que l'écologie. C'est tout le système, comme tu dis, patriarcal, colonial. Et c'est un problème qui est beaucoup plus profond. Donc, c'est assez juste ce que tu dis. Moi, j'aime bien dire aussi que ce qui m'a impressionnée, oui, ou ce que je trouve assez fou, c'est qu'on a réussi à choisir un terme, finalement, qui remet de nouveau la faute sur l'individu. Donc on revient de nouveau à cette société finalement assez individualiste pour un problème qui finalement est collectif. Et là peut-être, alors faire le lien, mais justement on en parlait aussi avec ce travail qui relie. Ce que j'aime beaucoup aussi dans le travail que tu proposes, en fait, ce n'est pas des pratiques individuelles finalement. C'est quelque chose qu'on va vivre ensemble et on va trouver des solutions ensemble. Et il y a ce retour à quelque chose de... je ne sais pas si c'est communautaire, mais collectif, de ne pas se sentir seule. Déjà, je trouve que ça, c'est un des gros problèmes aussi des personnes qui pourraient avoir des émotions écologiques par rapport à ce qui est en train de se passer, de se retrouver assez isolées. Et finalement, les ateliers que tu proposes créent du lien et créent du collectif et créent peut-être un réseau de soutien, ce qui est super important, je trouve aussi, par les temps qui courent, tu en as un peu parlé. Je voulais te demander peut-être d'abord présenter le travail qui relie ou présenter les ateliers que tu proposes et comment ça aide justement à prendre soin de ces émotions écologiques.
- Speaker #1
Le travail qui relie a été créé par Giovanna Maissi, qui est une autrice, qui est beaucoup décrite comme éco-philosophe. C'est une docteure spécialiste en théorie des systèmes. Elle est aussi pratiquante du bouddhisme tibétain. Elle a été très active dans les années 70 et notamment dans les luttes antinucléaires, féministes, écoféministes. C'est une pionnière en éco-psychologie et ses travaux m'inspirent beaucoup. Elle est plurieautrice et il y a notamment le livre que je peux recommander aux personnes qui... qui serait intéressé de découvrir les travaux de Joanna Macy. C'est « L'espérance en mouvement » qui a été récemment traduit et édité en langue française et qu'elle a co-écrit avec Chris Johnston, qui est un médecin spécialiste des addictions. Le travail qui relie de Joanna Macy, c'est un processus qu'elle a forgé à partir des années 60-70 et ensuite qui s'est de plus en plus formalisé en prenant la forme d'une spirale en quatre étapes. C'est un processus qu'on va traverser. avec tout d'abord la première étape de la spirale qui est s'enraciner dans la gratitude. Ensuite, la deuxième étape, c'est honorer notre peine pour le monde, honorer notre souffrance pour le monde, qui est cette étape où on va venir plonger justement dans ses ressentis, ses émotions, ses pensées douloureuses pour la Terre. Entre parenthèses, espaces qu'on n'a pas forcément dans nos sociétés modernes, occidentales, actuelles. On a peut-être des espaces de deuil quand on perd un être. proche de la famille, par exemple, mais il n'y a pas d'espace de deuil quand on perd, par exemple, un bout de forêt de notre enfance qui a été rasé. Il n'y a pas d'espace de deuil collectif pour ça. Ça, c'est quelque chose qu'on peut vivre dans un atelier du travail qui relie. L'étape 3, c'est ce passage très délicat qui s'appelle « porter un nouveau regard » . où il y a vraiment quelque chose de l'ordre de la transformation profonde qui se passe, comme le moment du déclic, où justement, quand on est allé toucher les profondeurs du désespoir, de la désespérance, il y a quelque chose qui vient changer et s'activer sur... Et comme aussi on a pu s'appuyer sur l'étape 1 de la gratitude d'être vivant dans cette terre, On peut retrouver nos ressources et nos puissances immenses pour venir trouver un espace de créativité, de transformation, de changement et donc de porter un nouveau regard et de contribuer à ce que Joanna Améicy appelle le changement de cap. Et derrière, à l'étape 4, aller de l'avant, porter ces nouvelles graines pour la vie, pour soutenir une société au soutien de la vie. et aller de l'avant avec ce que moi individuellement je porte, mais surtout collectivement, comment le groupe peut contribuer après, telle une tribu au service de la terre, d'amener des nouvelles propositions, des idées de changement, etc. et l'incorporer dans le quotidien. Donc c'est un travail qui est... puissant. Et on en parlait juste avant, au début de notre rencontre, que c'est des ateliers qui, au départ, s'appelaient Work for Despair and Empowerment. Donc le travail du désespoir et de l'émancipation, c'est un processus qui est, quand on le traverse, il est vivifiant, il permet d'aller en profondeur. avec soi, avec les autres, avec le reste du vivant, avec ce qui existe, avec le subtil, avec l'invisible. Il y a quelque chose d'immense qui se produit, de profondément transformateur, d'empuissant, d'empouvoirant. C'est le fameux empowerment. En tout cas, pour moi, ça a été hyper soutenant et pour beaucoup de gens qui vivent le processus du travail qui relie. Selon aussi comment il est conduit, parce que ça dépend aussi de qui porte cet atelier du travail qui relie, comment il est porté et donc comment les personnes aussi, avec la coloration du groupe, parce qu'évidemment, chaque atelier va être totalement différent. J'aime bien faire l'analogie avec une sorte de pièce d'artisanat qui est façonnée en fonction de l'humeur du jour, l'équipe de co-facilitation. la saison, le lieu où ça se passe, la forêt qui nous entoure, avec quoi viennent les personnes à ce moment-là, dans cette spirale du travail qui relie, et qu'est-ce qui en ressort. Et à chaque fois, c'est différent. Et à chaque fois, on peut revivre la spirale avec une énergie, un regard totalement différent. Et aussi, une teinte aussi. Ça, c'était l'enseignement de la dernière spirale, une espèce de teinte à chaque fois différente. de tout ce que j'ai cité avant, mais aussi est-ce qu'une étape a été peut-être un petit peu prédominante ? En tout cas, ça peut être le cas. À un moment, dans la spirale, je vais vivre une étape de manière plus ou moins inconfortable, plus ou moins forte. Par exemple, l'étape 2, qui peut être inconfortable. Et revivre à nouveau une spirale, et là, sentir encore plus fort ce déclic. Et là, l'étape 3, vivre comme une espèce d'ouverture immense de tous les possibles. Oui. C'est très vivant, c'est très organique. Et moi, j'aime bien aussi, par amour pour la transmission, j'aime bien nommer de quelles lignées aussi je transmets. Moi, j'ai vécu mes premières spirales du travail qui relient et j'ai été formée aussi par Claire Carré et Laure Bressan de l'association Ocosodansant. qui a amené le travail qui relie dans l'espace francophone. Mais je tiens aussi à citer qu'il y a beaucoup d'initiatives dans l'espace francophone, et notamment, toi aussi, les ateliers que tu proposes, Isabelle.
- Speaker #0
Oui, j'avais envie de rebondir aussi, parce que tu m'as partagé que tu avais vécu, tu avais facilité une spirale en début d'année, là, il y a quelques jours, quelques semaines. Et comme c'était... Bien, chouette de commencer l'année avec ça. Et comme ça continuait à te porter, je ne sais pas si tu veux peut-être en dire plus, je trouve que c'est beau ça du travail qui relie. Ce n'est pas juste on vient, on fait un atelier et puis c'est fini. Mais tu as vraiment exprimé le fait que ça continue à te porter encore aujourd'hui, peut-être à travers des choses qui ne sont pas toujours faciles dans le monde, ce qui est en train de se passer.
- Speaker #1
Dans les temps qui courent, on a commencé l'échange à discuter sur cette investiture de Donald Trump. Parce que là, c'est très récent, c'est très présent. Je crois que ça touche beaucoup de monde. Ça a aussi choqué et surpris beaucoup de monde la réélection de Trump. D'autres personnes s'y attendaient. Elles sentaient les choses venir. Et dans tous les cas, ça questionne. Personnellement, ça m'a choquée. Et en même temps, on parlait de cet atelier. J'ai co-animé un atelier le tout premier week-end de janvier. C'était une spirale du travail qui relie de deux jours et demi. J'en profite pour ouvrir une parenthèse. Un atelier peut durer deux heures. J'aime bien parler d'atelier de travail qui relie, déjà quand on peut passer au moins une ou deux nuits sur place dans un lieu entouré du vivant. Ça permet vraiment de vivre le processus de manière complètement reliée au vivant. Et ça peut aller jusqu'à trois jours, cinq jours, trois semaines. Et donc, c'était un atelier de deux jours et demi, début janvier, pour s'ouvrir à la douceur, ouvrir l'année dans la douceur du vivant et commencer l'année dans cette teinte de la spirale. Et la spirale, c'est une teinte d'une énergie d'empuissancement. pour traverser ces temps difficiles que nous vivons et venir avec tout ce pouvoir d'agir à l'intérieur, tout ce pouvoir dans le cœur, dans le ventre, d'offrir au monde toute la vie en nous et toute la créativité pour proposer des alternatives et des utopies désirables et réalisables. Et aussi montrer qu'il y a déjà des choses qui existent, parce qu'on parle beaucoup de nouveaux imaginaires. d'utopie, etc. Mais ce n'est pas juste quelque chose qui est dans l'imaginaire, c'est du réel. Il y a des utopies concrètes qui existent déjà, des imaginaires présents. Et ce que j'aime bien aussi rappeler, c'est que c'est un choix. Un choix de dans quel monde j'ai envie de vivre, de quel mode de vie j'ai envie de choisir. Et ce n'est pas juste construire, imaginer un plan d'action à 2050, par exemple. C'est aujourd'hui, je choisis. Et ça peut être déjà des petits pas à réaliser à partir de là où j'en suis. Ça peut être des changements de vie rapides et radicaux. Et c'est OK. C'est comment chacun, chacune peut contribuer au changement de cap versus le business as usual, on fait comme d'habitude. Et comment entrer en rupture et comment nourrir cette rupture pour revenir à cette spirale vécue début janvier. Pour moi, ça a été hyper soutenant et encore après. Parce que j'ai réalisé qu'à cette fameuse soirée d'investiture, quand il y a eu tous ces faits choquants, et puis tous ces représentants d'extrême droite et du fascisme dans tous les pays du monde, et notamment aussi nos représentants français là-bas, j'ai réalisé que comme j'avais à un moment donné, et notamment dans l'étape 2 de l'atelier, j'avais pu tomber toute ma peur. J'avais...
- Speaker #0
Et puis, il y avait un objet, un symbole de la peur, donc la pierre de la peur. Et j'avais pris cette pierre. Et dans cet espace-là, que moi, je considère et que je porte comme un espace vraiment sacré, sacré, sécurisant, confidentiel, de non-jugement et bienveillant. Je tiens à préciser qu'il y a un cadre aussi pour ça. Donc, j'ai pu vraiment exprimer et contacter et sentir, comme je ne l'avais jamais ressenti avant, toute ma peur. peur de l'investiture qui allait arriver de Donald Trump. Et aussi, j'ai pu expnommer ma peur de Elon Musk et tous ses projets délirants d'aller sur Mars et de faire des bunkers. Enfin, c'est à fond dans la collapsologie, mais vraiment la dystopie horrible, quoi, du chacun pour soi et du l'homme est un pour l'homme. Contrairement à d'autres récits qui sont bas. Le collectif, le faire ensemble, le faire face ensemble, l'entraide, le soutien, la coopération, la solidarité, et qu'on vient défendre dans le travail qui relie. Donc c'est un travail aussi qui est extrêmement politique, pour que, comme dit Joanna Macy, quand les temps difficiles arrivent, alors je la paraphrase, on n'en arrive pas à nous agresser les uns les autres. Et c'est ça, c'est des espaces où on réapprend à prendre soin, à cultiver l'amour, la gratitude, l'entraide. et le traverser les moments difficiles ensemble et pas séparément. Et donc, j'avais pu nommer cette peur profonde. Et donc, quelques jours après vient ce moment, ce moment d'investiture, ce moment délirant. On dirait qu'on est vraiment dans un film, un cauchemar. Et j'ai senti à ce moment-là que c'est là, j'accepte, j'accueille, je traverse. Et c'était déjà transformé en moi, parce que derrière la peur, il y a ce courage d'agir, et le courage de faire face à nos peurs, et de les affronter, et de se tenir droit devant nos peurs. Et là, il y a eu vraiment cet élan de « Ok, je vois, j'ai peur, mais j'y vais, et j'affronte. » Et j'ai ressenti une espèce de puissance à l'intérieur, déjà de sentir que je n'étais pas seule, qu'il y avait tous mes camarades. bons camarades de lutte par ailleurs, mais aussi mes camarades de tribu du travail qui relient. On s'appelle entre nous les Écopotes. Donc, il y a tout un réseau d'entraide qui se passe. On s'appelle, on s'envoie des e-mails. Et donc, ce soir-là, j'ai envoyé un e-mail à mes Écopotes de cet atelier de début janvier, où je n'ai d'ailleurs même pas du tout parlé de ce qui se passait avec cette investiture, où juste j'ai envoyé... La playlist des musiques qui nous avait inspirées, on avait dessiné une fresque collective. J'ai envoyé une photo aussi où on avait créé quelque chose de très, très joli dans le vivant, parce qu'on peut faire du land art. Et vraiment, j'avais nourri ça et nourri tous mes merci à elles et eux d'exister et d'agir chacun, chacune, là où ils sont. Et je les ai invités à partager leurs élans dans le changement de cap. Qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce qu'ils crient ? Quels combats ils sont en train de mener ? Quelles actions pour préserver la Terre ils sont en train de mener à ce moment-là ? Alors quand je dis la Terre, c'est aussi la Terre et tout le vivant. C'est aussi des actions pour préserver l'égalité femmes-hommes, pour les droits des personnes LGBTQ+. C'est tellement important en ce moment, notamment avec ce qui se passe avec Trump et ses sbires. C'est comment, à tous les niveaux, j'agis pour la tolérance, le respect, l'amour des vivants, et se comprendre et se connecter. Cultiver aussi cet esprit critique, toujours, mais avec des valeurs de lien et de respect mutuel, réciproque.
- Speaker #1
J'aime beaucoup entendre ce que tu dis. Il y a beaucoup de mots qui résonnent vraiment fort en moi. Quelque chose qui me vient aussi quand je t'entends, c'est le courage, ce n'est pas l'absence de peur, mais c'est agir malgré la peur. Et ça, tu l'as vraiment bien démontré avec ton partage. Tu dis, ben voilà, même si on... La peur,
- Speaker #2
elle est là.
- Speaker #1
Et ça, ça fait un peu le lien avec les co-anxiétés. On entend parfois, tu en as parlé, ce business de les co-anxiétés. On va guérir les co-anxiétés, on va soigner les co-anxiétés. En fait, c'est se dire, non, mais... Elle est toujours là, les émotions sont toujours là, mais elle ne nous empêche plus d'agir. Et c'est ça, je pense, qui est très, très fort avec le travail qui relie, que tu as vraiment réussi à bien faire passer, c'est que ça nous offre justement des clés pour pouvoir continuer à agir malgré nos émotions. Et plus se laisser submerger, anesthésier avec nos émotions, parce que ça, c'est peut-être, pour moi en tout cas, le plus grand danger auquel on peut faire face, c'est de se dire, c'est un peu le fatalisme en fait, c'est foutu pour foutu, de toute façon. Ce sentiment d'impuissance aussi, de se dire qui je suis moi pour espérer pouvoir changer quelque chose. Tu en as très bien parlé aussi avec ce nom qui avait le travail qui reliait avant, de despair and empowerment. C'est vraiment retrouver sa puissance en fait. C'est pour ça que j'avais à cœur que tu partages ça aussi, parce que tu le démontres bien. Et que finalement, ce n'est pas juste l'atelier en fait, c'est de pouvoir se soutenir après et tout au long. Et je trouve ça tellement important actuellement. Et puis tu as touché du doigt aussi quelque chose que moi j'aime bien dire, ce dont le monde a le plus besoin aujourd'hui, c'est d'écoute profonde. Je pense que c'est ça aussi le cadeau du travail qui relie, c'est de pouvoir être entendu et de pouvoir être vu dans nos émotions. Et je fais peut-être le lien avec d'autres choses que tu proposes aussi, qui sont ces cercles de paroles, qui sont aussi tellement importants, où là tu fais vraiment le cadeau d'ouvrir ces espaces d'écoute profonde. Tu veux aussi en dire un peu plus ?
- Speaker #0
Oui. Et d'ailleurs, je souligne que le fait de vivre des spirales, des ateliers du travail qui relient, ça a été très soutenant pour moi dès le début. Alors, je ne l'ai pas dit au départ, mais depuis aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours senti cette urgence d'agir pour arrêter la destruction du vivant. de puiser n'importe comment dans toutes les ressources terrestres qui sont juste des richesses terrestres. Même les minéraux, les végétaux, les arbres. J'ai vécu sept ans au Gabon, de mon enfance à mon adolescence. Et donc, il y avait un parc à bois flottant. Donc, c'est tous les arbres qui sont dépouillés, qui sont coupés de manière extrêmement rapide. On a souvent l'image d'hectares et d'hectares comme plein de terrains de football qu'on va en quelques secondes arracher à la terre. Et je me souviens de ces parcs à bois, comme des arbres morts flottant sur l'eau, qui attendaient d'être chargés sur des portes-conteneurs pour traverser la mer et arriver jusque dans d'autres pays où le bois allait être transformé et transformé dans les meubles qu'on va acheter ensuite. à Ikea, Maison du Monde, etc., pour ne pas les nommer. Donc, nourrir ce consumérisme, aussi cet ultra-consumérisme occidental. Et je voyais tous ces arbres morts flottants. Tout ça, ça a forgé aussi plus tard mon amour pour la défense des forêts. Et donc, j'ai eu un parcours... Je suis juriste de formation et j'ai eu un parcours où j'ai été activiste dans... dans l'économie sociale et solidaire et dans les ONG et associations. Et donc, de manière quand même très tête, donc très axée sur le mental, sur l'intellect, puisque l'institution, école, université poussent à ça. Alors, c'est très bien, mais la tête, c'est un bon serviteur, mais c'est un mauvais maître. Et aussi, j'avais besoin, et beaucoup de gens... qui vit cette crise de sens. En fait, c'est aussi une quête de sortir de la tête et d'être un peu... Rester dans la tête tout en étant aussi plus dans le cœur et plus dans le ventre, plus dans le corps. Et ça, c'est ce que ça m'a apporté, le travail qui relie et aussi les cercles de paroles dont je vais en parler. Et le yoga aussi, parce que je suis aussi enseignante du yoga. C'est pas juste être dans le mental, mais aussi... Se relier au sentir, à l'accueil des émotions dans l'être, ça peut paraître... Je le dis en même temps, je ferme les yeux, mais en podcast, on ne voit pas l'image. C'est comment j'accueille les ressentis, mais pas juste quelque chose de théorique, c'est quelque chose qui se vit dans le corps, c'est quelque chose qui est profondément incorporé. Et donc, il y a plein d'outils, de pratiques qui aident à se relier aux ressentis et à... Ouvrir le cœur, et ça passe par de la poésie, ça passe par le sensible, c'est des pratiques très sensibles. C'est pas juste un cadre et un socle théorique, même si c'est super. Donc on est sur différents plans, différents niveaux. Parce que aussi... Ça, c'est quelque chose peut-être que je n'ai pas précisé. C'est que dans l'éco-psychologie, c'est une prise de conscience. Évidemment, il y a des connaissances, il y a les rapports du GIEC, il y a des chiffres. On le sait depuis des décennies. Le rapport Meadows sur les limites de la croissance, il est là depuis 1972. On le sait depuis les années 70 au moins. Il y a eu Silent Spring de Rachel Carson, le printemps silencieux, qui alerte. sur le fait que le vivant, c'est un et on ne fait rien. Beaucoup de gens font beaucoup de choses, mais la majorité, c'est le business as usual. Et donc, là, l'enjeu pour moi, c'est OK, la stratégie d'être dans la tête, dans le mental, de faire des PowerPoints, de faire du militantisme, de la lutte, j'y suis encore, j'y reste, mais je veux ajouter une stratégie en plus qui est plus... subtile, plus sous-jacente, plus profonde, c'est d'aller dans le corps, d'aller dans les émotions, d'aller dans le sentir pour ressentir les éclosions à l'intérieur. Moi, si j'ai voulu m'engager pour défendre les forêts, c'est parce que j'étais profondément touchée de voir devant moi ces tonnes et ces tonnes et ces tonnes de billes de bois coupées pour aller ailleurs et qui étaient arrachées à leurs forêts. Et c'est ça, en fait, c'est ce vécu sensible. que j'ai envie de faire revivre aux personnes, ou en tout cas de faire prendre conscience qu'il y a un vécu sensible, qu'on est dans un monde, comme tu le disais très bien Isabelle, qui nous anesthésie, qui nous coupe, qui coupe les liens à la terre, qui coupe les liens entre nous et les liens à soi-même aussi, parce qu'on devient anesthésié de nos propres ressentis, quand on est dans une vie à diminuer à l'heure, qui nous mène au stress et au burn-out, et donc on se coupe de nos ressentis. pour pouvoir supporter ça. Et ça, c'est intenable. Et je sens que j'ai de la colère quand j'en parle. Et donc, moi, ça a été soutenant de vivre le travail qui relie il y a quelques années pour ralentir. C'était une retraite de cinq jours au milieu d'une forêt en Bretagne, dans un écolieu. Et aussi, ce qui a été très soutenant, c'était le yoga, la pratique du yoga, qui est devenue quotidienne. Moi, ça fait 20 ans que j'ai découvert le yoga. Mais la pratique est devenue vraiment... nécessaires et même nécessaires à ma survie dans des années de stress, dans ma jeune vie active, après quand j'ai commencé à travailler, et aussi les cercles de femmes. J'ai découvert des cercles pour les personnes qui sont vues et qui se sentent femmes dans notre société et qui ont leur menstruation. Il y a aussi des cercles de femmes qui... avec les femmes ménopausées. Il y a aussi des cercles aussi femmes cisgenres, femmes transgenres. Il y a vraiment différents types d'espaces en fonction de ce qui a été choisi pour tel ou tel cercle. Et du coup, ça peut être critiqué en disant, oui, mais ce n'est pas inclusif, du coup, vous excluez les hommes, etc. Non, c'est juste qu'il y a différents espaces. Et là, il y a un espace pour tel cercle. tel type de personne. Et ça fait du bien de ce côté tu le mets tout à l'heure. Et j'aime beaucoup, c'est ne pas avoir peur de cet aspect communautaire. C'est ne pas avoir peur que se retrouver en communauté pour justement réaliser qu'il y a des sujets de communauté, ça permet de prendre soin en communauté. Et pas juste d'être un individu coupé et séparé qui ne sait pas qu'il se passe des choses en communauté. Et se retrouver en communauté, je pense que ça fait surtout peur aux élites qui veulent séparer les personnes et qui ont peur de la puissance de la communauté. Mais quand les communautés se relient et se relient pour prendre soin, alors là, il y a quelque chose de puissant qui se passe. Il y a quelque chose de réparateur, de profondément réparateur. Et ensuite, ça permet aussi de discuter. Ça fait penser, par exemple, à une communauté, ça peut être un syndicat. Ça peut faire peur qu'il y ait des syndicats dans des grosses entreprises, mais en fait, il y en a besoin aussi pour traiter des sujets communs. Communauté, pour venir à la racine, c'est le sens commun, le sens du commun. Et on a beaucoup oublié le sens du bien commun. Et ces espaces-là, ils sont tellement merveilleux pour se retrouver en communauté. Et donc, il y a un cadre qui est mis en place. Alors, j'aime bien, encore une fois, dans cet aspect de lignée, de transmission citée, que j'ai vécu les cercles et je me suis formée auprès de Camille Sfèze, qui est dans la tradition de ce qu'on appelle les Tantes Rouges. Et donc, c'est aussi beaucoup d'inspiration. des peuples d'Amérique latine, mais des peuples de pratiques natives. On a parlé aussi quand on s'est rencontrés, parce que ça vient toucher beaucoup de questionnements sur l'appropriation culturelle aussi, et c'est comment rencontrer ces pratiques-là, comment se faire guider par ces pratiques, avec cette conscience aussi que ce sont des pratiques d'ailleurs, mais qui viennent aussi en soutien, et comment en parler et comment les partager avec le plus d'humilité. possible avec un soin et cette conscience que ce sont des pratiques orales et que les pratiques orales qui se transmettent et qui peuvent être transmises avec un bâton de parole et qui se font aussi dans l'intimité du cercle avec beaucoup de choses confidentielles avec ce qui ne peut pas être nommé dans des mots avec juste la puissance du souffle et de l'énergie qui se crée à ce moment-là Comment pouvoir en parler, le transmettre sans dénaturer ? Parce qu'une pratique orale, ce n'est pas ce qu'on peut écrire sur un powerpoint, ou dans un bouquin. Ça se passe dans le corps, dans le sensible, dans le réel. Je vois qu'il y a beaucoup de cercles qui commencent à être proposés en ligne. Ça peut être aidant et soutenant. En même temps, je défends les cercles. En réel, se donner rendez-vous dans un lieu, dans un espace qui est installé avec les coussins de méditation, les affous, la bougie. On prend le temps de se poser, on respire ensemble, on entend le souffle, on sent la présence de l'autre. Et là, d'être vraiment en présence dans le réel et pas derrière. Ça change beaucoup de choses.
- Speaker #1
j'aurais tant à dire sur ça je regarde un oeil sur l'heure qui tourne quand même et je me dis il y a plein de trucs que j'avais envie d'approfondir peut-être qu'on fera un épisode un prochain épisode pour continuer parce qu'il y a tellement de choses à dire il y a tellement de pistes qu'on pourrait continuer à explorer ensemble en tout cas c'est hyper riche tout ce que tu partages et je pense que pour un premier épisode c'est déjà pas mal Pour que les auditeurices puissent intégrer tout ça, petit à petit, commencer à partager ces nouvelles notions, en fait, qui ne sont pas nouvelles, mais qui, peut-être pour certains, certaines ne sont pas tellement connues. Je suis vraiment très, très heureuse de tout ce que tu dis. Et chaque fois, j'ai des papillons dans le ventre qui disent « Ah oui, je suis tellement d'accord avec toi, c'est tellement juste. » Donc, ça me fait vraiment plaisir que tu nous aies... raconter tout ça. Peut-être pour commencer tout doucement à clôturer. J'avais envie de poser cette question à chaque fois que j'ai un invité, parce que finalement, tu l'as très bien dit, je pense qu'on manque de liens, on manque de connexions. Moi, j'aime bien parler de la connexion à soi. Tu en as parlé un peu avec le yoga et les pratiques pour revenir dans le corps. C'est tellement important. La connexion aux autres aussi, puisqu'on est quand même dans une société qui est hyper individualiste. Et qui, tu en as aussi parlé, nous amène souvent à voir ce récit de séparation, de se dire je suis séparée de tout le monde et presque je pourrais vivre en autonomie, alors qu'on sait de plus en plus l'être humain est un être profondément social, donc on a vraiment besoin des autres. Donc recréer du lien aux autres et puis surtout aussi recréer du lien aux vivants. Et donc j'avais envie de te demander, est-ce qu'il y aurait une pratique comme ça que tu pourrais nous partager ? facile à mettre en place, qu'on pourrait chacun, chacune expérimenter chez nous pour justement créer du lien.
- Speaker #0
Je ne vais pas parler de pratiques dehors en nature parce qu'il y en a beaucoup qui le feront très très bien. Et comme c'est le premier épisode, je me dis que ça peut être pas mal de partager quelque chose vraiment de simplissime. Parce que souvent, quand on pense à l'éco-psychologie, à se ressourcer en nature, il y a... Il peut y avoir pour certaines personnes, par exemple, qui vivent en ville, cette logique de contrainte d'aller dans le parc, de se mouvoir. Parce que le vivant, maintenant, on en est tellement écartelé qu'il n'est peut-être pas toujours accessible. Et en même temps, le vivant, il est accessible immédiatement. C'est déjà se ressentir soi. Peut-être juste s'asseoir, se poser une minute et respirer. sentir à l'intérieur que je suis vivant, je suis vivante, je suis un être du vivant, juste ça. sans chercher à faire quelque chose de très compliqué ou d'extraordinaire. Et même, puisqu'on parlait d'interconnexion et de lien à soi, mais de lien aux autres aussi, vivant humain et non humain, ça peut être pour se relier à un autre être vivant, par exemple dans une situation au travail ou avec les amis. Une pratique qui m'aide beaucoup, qui est de mettre plus de temps, plus de lenteur. Par exemple, je vais croiser mes collègues, et bien je vais poser l'intention de respirer, d'être consciente de ce que je ressens, de ce que je vis, de ce que j'ai envie de leur dire, et aussi d'avoir envie de les entendre, mais de les entendre vraiment, de les écouter. Et donc je vais, par exemple, avant de rentrer dans le bureau ou avant de solliciter une réunion, prendre un temps. Quelques secondes pour me poser, respirer, me centrer et écouter les battements de mon cœur, écouter ma respiration. Et ensuite, y aller. Vraiment ce temps de pause. Et aussi poser l'intention à l'intérieur de moi de me dire, j'ai envie de l'écouter. Et donc, je vais commencer ce lien en regardant la personne dans les yeux, en respirant calmement, en lui souriant. en lui demandant vraiment comment tu vas. Juste un ça va, mais avec l'intention réelle de d'écouter sa réponse et de prendre le temps d'accueillir et de digérer sa réponse et de le ou la regarder dans les yeux, en souriant, en accueillant, en accueillant l'autre avec comment cette personne est là maintenant, mais réellement, pas dans... Pas dans le speed, la précipitation de notre monde. Voilà.
- Speaker #1
Super, merci.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux encore partager quelque chose ? On a fait le tour pour l'instant.
- Speaker #0
J'ai cité l'espérance en mouvement de Joanna Macy et Chris Johnston. Je peux recommander, alors j'aime beaucoup les livres, les livres me soutiennent. Le livre extraordinaire de « Tresser les herbes sacrées » de Robin Wall Timmerer. Donc « Tresser les herbes sacrées » que je trouve sublime, plein de poésie, qui est agréable, doux à lire. C'est comme un soin de le lire. Et pour les personnes peut-être qui seraient seules. et qui écoutent ce podcast, déjà de prendre soin du lien à soi. Et puis peut-être écouter ce podcast, c'est déjà un premier pas. Et cette pratique de méditation, d'ancrage avec soi-même, et peut-être de s'intéresser à vivre une expérience de cercle de parole, que ce soit un cercle de parole en mixité choisie ou pas, à voir selon ce qui vous appelle. de vivre une ou plusieurs spirales du travail qui relie, de prendre le temps de se faire des propositions, de voir ce qui fait écho ou pas, aussi d'aller voir à la source. Par exemple, le travail qui relie, ça vient de Johanna Meissier, donc peut-être d'explorer un peu quelles sont ses influences et de comparer les différents types de propositions. Par exemple... On peut voir passer des propositions de spirale du travail qui relie, non pas en quatre étapes comme je l'ai décrit, mais en trois étapes, avec l'étape 2 qui est difficile, honorer notre peine pour le monde, qui peut être squeezée, qui peut être enlevée, donc ça peut être un peu questionnant. Donc vraiment y aller avec la curiosité de découvrir, de venir creuser, de s'interroger, d'y aller aussi. Ce que je disais, l'esprit, je n'aime pas trop dire l'esprit. l'esprit critique, parce que ça ne m'intéresse pas de critiquer pour critiquer, mais l'esprit questionnant, curieux, ouvert, pour s'interroger sur d'où ça vient, quelles sont les intentions, de ne pas hésiter à poser des questions et à s'entretenir avec les personnes qui proposent ces espaces, parce que des fois ça peut convenir, des fois ça peut ne pas me parler, et c'est ok. C'est d'explorer différentes approches qui permettent aussi de trouver Vaisselle où ça fait sens, où ça résonne, où ça fait des clics et où on peut trouver du soutien avec sa petite tribu qu'on aura rencontrée.
- Speaker #1
En tout cas, je mettrai tous ces liens, les livres que tu as mentionnés, ton site. Je mettrai les liens dans la description, comme ça, si les personnes ont envie d'explorer, comme tu le dis si bien, je vais mettre les liens. Ce sera plus facile que d'aller vers des recherches Google. Eh bien, en tout cas, tout grand merci. Un merci du fond du cœur. C'était vraiment très, très riche comme échange. Et je suis vraiment heureuse et honorée aussi d'avoir fait ce premier épisode avec toi.
- Speaker #0
Merci Isabelle, c'était un vrai plaisir d'échanger avec toi avant, pendant et après cet enregistrement. Merci de lancer cet épisode, merci de lancer ce podcast, on en a grandement besoin et merci de vrai toi aussi.
- Speaker #2
Et voilà, j'espère que cet échange t'aura inspiré et que tu en ressors avec une vision plus claire de l'éco-psychologie, du travail qui relie. et de ces espaces de transformation que sont les cercles de parole. Peut-être même que l'envie germe en toi de rejoindre un atelier ou de tisser plus consciemment du lien avec le vivant, en toi et autour de toi. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner à Dans la nature des choses sur ta plateforme d'écoute préférée et à laisser un avis ou un commentaire. Ça m'aide énormément à faire connaître ce podcast. Tu peux aussi t'abonner à la newsletter pour recevoir des ressources complémentaires, des réflexions, et des invitations à approfondir cette reconnexion au vivant. Merci d'avoir été là. Et surtout, prends soin de toi et du monde qui t'entoure. À très bientôt pour un nouvel épisode de Dans la nature des choses.