- Speaker #0
L'épisode, il démarre dans quelques secondes, mais avant ça, je te rappelle, tu peux mettre 5 étoiles sur Spotify et Apple Podcast. Tu peux aussi mettre un commentaire sur Apple Podcast ou la section sondage sur Spotify. Et finalement, si tu veux me faire un retour sur Instagram, c'est dedicated underscore podcast. Je te remercie d'avance. Bonne écoute. Peace out. What's up,
- Speaker #1
y'all ?
- Speaker #0
You're tuning in to the Dedicated Podcast. Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien. On est de retour pour l'épisode numéro 33 avec un invité. Numéro 33 comme Scotty Beepen ou Larry Bird. Alors aujourd'hui, je reçois un invité que je pourrais résumer en un mot, endurant par exemple. Christophe Denorg est coureur d'ultra trail, recordman du monde de dénivelé en 24 heures et un des rares Suisses à avoir pris le départ de la fameuse et redoutable Barclay Marathon. Il est aussi professeur, papa, mari. Et on va parler de sport, de dépassement de soi et aussi de comment on trouve l'équilibre dans l'extrême. Alors, Christophe, comment tu vas ?
- Speaker #1
Salut Abie, ça va très bien. Je te remercie de m'accueillir dans ton podcast.
- Speaker #0
C'est moi qui te remercie d'être présent aujourd'hui. Alors, on va parler de plusieurs choses. J'ai mentionné deux, trois aspects pendant l'introduction, mais on va gentiment commencer en parlant de sport quand tu étais gamin, par exemple. C'est quoi les premiers souvenirs que tu as liés au sport ?
- Speaker #1
Alors, je dirais que j'ai toujours été actif en étant enfant. Je pense que de nos jours, on dirait même hyperactif. De nos jours, on a tendance à médiquer les enfants qui sont un peu trop actifs. À l'époque, ce n'était pas le cas. Du coup, mes premiers souvenirs de sport, je dirais que j'avais 5-6 ans et je faisais du judo.
- Speaker #0
Ah, judo, ok.
- Speaker #1
Judo à l'époque, qui est quelque chose de pas mal pour les enfants très actifs, parce qu'il y a un côté cadrant, tout en se défoulant en même temps. Et puis après, j'ai enchaîné beaucoup de choses. J'ai fait du vélo, du BMX. Après, j'ai fait du tennis. Puis je suis revenu au vélo, mais en mode VTT. Donc voilà, j'ai toujours été actif et sportif.
- Speaker #0
Ok. Et ça veut dire que t'es... Ton attirance pour les sports d'endurance, elle vient depuis que t'es gamin en fait ?
- Speaker #1
Pour les sports d'endurance, pas directement.
- Speaker #0
Le vélo, c'est vrai que d'une certaine manière, ouais. Voilà,
- Speaker #1
mais c'est vrai que quand j'étais gamin, le vélo que je faisais, c'était du BMX, c'était plutôt du court, de la vitesse ou du freestyle, ce genre de choses-là. Par contre effectivement le VTT ça c'est venu quand j'avais entre 16 et 18 ans déjà Où là tout d'un coup j'ai commencé à découvrir une dominante on va dire physique dans le sport Et pas uniquement l'aspect jeu Souvent quand on est gamin le sport c'est seulement du jeu Et puis des fois quand on découvre l'aspect physique dans le sport Ça peut même être des footballeurs qui tout d'un coup se rendent compte que pour progresser Le talent ne suffit pas, ils doivent entraîner, aller à la salle, faire des footings ... Et c'est là qu'en général, les sportifs se séparent en deux. Il y a ceux qui aiment continuer là-dedans. C'est vrai. Puis il y a ceux qui préfèrent rester sur le jeu.
- Speaker #0
Et du coup, tu parlais de BMX et d'autres sports. C'est à partir de quand que la course à pied, on va dire, de manière générale déjà, elle prend place dans ta vie ?
- Speaker #1
La course à pied, c'est venu nettement plus tard. Ok. C'est-à-dire que je dirais qu'entre le BMX et la course à pied, enfin entre le VTT et la course à pied, on va dire, j'ai eu une autre phase qui a été le fitness.
- Speaker #0
Ah ok.
- Speaker #1
J'avais fait pas mal de sports en salle, sports de force, où là, on est à des années-lumières des sports d'endurance et des sports outdoor. Et puis, mon but, là, c'était de prendre de la masse, du volume musculaire. J'avais même fait des compétitions à une époque, des compétitions de bodybuilding. Une toute autre vie par rapport à maintenant. Je suis branché sur l'outdoor.
- Speaker #0
OK. Et du coup, la course à pied, elle vient... après cette phase fitness et sport de force ?
- Speaker #1
Elle vient après cette phase fitness. Entre deux, il y a encore eu une phase, il y a eu beaucoup de phases différentes. Il y a encore eu une phase planche à voile,
- Speaker #0
où là,
- Speaker #1
j'avais énormément de plaisir à découvrir après le sport en salle, à découvrir plutôt le sport outdoor. Par contre, il y a un côté très contraignant dans la planche à voile, c'est que dès qu'il y a un coup de vent, il faut être prêt à tout lâcher pour y aller. Et puis, à l'arrivée de mes enfants, ce n'était plus vraiment possible d'avoir cette flexibilité. Et c'était seulement là, donc j'avais 30 ans en 2010, que du coup, je me suis mis à la course à pied. Parce que la course à pied est un côté beaucoup plus simple. On a 45 minutes devant soi, on n'a pas besoin de chercher un partenaire d'entraînement, on n'a pas besoin d'avoir des excellentes conditions météo, on prend ses baskets, on sort 45 minutes.
- Speaker #0
Et juste pour revenir à la planche à voile, est-ce que tu faisais partie de ces gens qu'on voit sur le lac à n'importe quel moment de l'année, dès qu'il y a du vent ?
- Speaker #1
Oui, j'y allais toute l'année. J'y allais toute l'année, c'était une période assez agréable de ma vie, je dirais dans le sens où, dans l'activité elle-même, je pense que c'est l'activité qui me procurait le plus de sensations fortes et tout, un plaisir extrême dans l'activité. Par contre, comme je disais, beaucoup de contraintes, et des fois, 4 heures de prix dans une journée pour préparer le matériel et tout ça, pour au final, 15 minutes de navigation intéressante. Oui, c'est dur. Il y avait aussi un petit peu des frustrations qui venaient en même temps.
- Speaker #0
Et tu prends la course, enfin tu démarres la course, comme tu as expliqué. Tu démarres comme nous tous, c'est-à-dire tu vas courir un 5, 10 kilomètres. Puis après, peut-être tu t'inscris dans des semi-marathons ou des marathons. Ou bien tu es directement parti sur des grosses distances. Qu'est-ce que tu fais ?
- Speaker #1
Un petit peu des deux. C'est-à-dire que dans un premier temps, je pars avec, on va dire, un petit peu comme tout le monde, mais 3 fois 45 minutes d'entraînement par semaine. Comme le... Coureur amateur type, qui va préparer le BCN Tour ou une sorte de compétition là. Par contre, très très vite, c'est un peu parti en vrille. Dans une soirée, une fois un petit peu arrosée avec un copain, on s'est lancé le défi de faire le défi du Val-de-Travers, qui était la longue course de l'époque. Il n'y en avait pas encore beaucoup à l'époque de ces courses d'ultra-trail. Et puis, qui était une course de 72 kilomètres dans le Val-de-Travers. Et puis, il nous restait quoi ? Genre six semaines avant la course et on n'avait aucune préparation.
- Speaker #0
Parce que là, tu faisais que des courses de 45 minutes, deux, trois fois par semaine.
- Speaker #1
Exactement. et je m'étais lancé là-dedans sans aucune préparation et finalement c'est aussi une forme d'apprentissage des fois de griller un peu les étapes alors qu'il y en a beaucoup qui vont dire il ne faut pas le faire, c'est un truc à se blesser et tout ça mais c'est finalement ça aussi c'est des bonnes leçons d'humilité et puis c'est là qu'on se rend compte que si ça nous plaît il faudra revenir la fois d'après mais mieux préparé.
- Speaker #0
Ça s'est bien passé cette course d'ailleurs ou pas ?
- Speaker #1
Ça s'est bien passé passé sur le premier tiers de course.
- Speaker #0
Vous avez terminé ? Non.
- Speaker #1
Ah ok.
- Speaker #0
C'était ça la question.
- Speaker #1
Non seulement j'ai pas terminé, en plus j'ai pris le départ seul parce que mon pote il m'a laissé tomber parce que d'un coup il m'a dit je suis en période d'examen et tout on s'était lancé le défi ensemble et d'un coup je me suis retrouvé seul au départ et sur les 72 kilomètres j'ai abandonné après 40. J'avais des tendinites, j'avais mal partout. Mais voilà, ça ne m'a pas dégoûté. Je dirais que ça m'a donné un petit peu le virus. Et puis, de manière très, très raisonnable, je pense que deux jours après, je m'inscrivais sur une 100 kilomètres. Un peu ce côté de brûler les états. Mais voilà, c'est aussi ça, finalement, qui donne des fois des ambitions un peu trop élevées. Ça fait qu'on tombe de haut, mais qui permet aussi de...
- Speaker #0
Bon, après, c'est fou de voir le dévouement que tu as dans ces courses et puis l'envie de faire ces courses. Mais ça n'a pas l'air d'avoir... impacté ta motivation d'abandonner. C'est aussi une bonne chose.
- Speaker #1
Oui, c'est une bonne chose. Je dirais qu'il y a un petit peu deux écoles dans l'ultra-trail. Il y a ceux qui vont venir d'une école très conservatrice, peut-être ceux qui viennent de l'athlétisme à la base. Ils vont déjà performer sur un 5 km pour passer sur le 10 km, puis un marathon, puis un marathon, puis quand ils performent sur un marathon, ils passeront dans du trail, de l'ultra-trail. Et ça, c'est des personnes qui vont vraiment respecter les étapes, qui vont essayer de garder de la vitesse. quand ils augmentent un petit peu les distances et puis qu'ils vont rapidement viser peut-être les chronos, les podiums puis sinon il y a l'autre école, il y a ceux qui veulent vraiment viser ça comme un challenge en se disant si je passe la ligne d'arrivée, ce sera déjà une victoire pour moi même si je suis dernier, c'est pas grave et je dirais qu'au départ, mes premières années d'ultra trail pour moi c'était ça, je voyais des courses qui me faisaient rêver par des parcours magnifiques ou bien des noms de courses connues par exemple Cierzynal qui est une épreuve très très connue ... Et puis, autant il y a des personnes qui vont faire 10 ans pour finalement se lancer et se dire, allez, je m'inscris à Cierzynal. Et puis moi, je me suis lancé très rapidement avec l'idée, pas forcément de faire un chrono, mais en me disant, si je passe la ligne d'arrivée, c'est une victoire pour moi.
- Speaker #0
C'est une bonne mentalité, surtout quand on n'est pas sûr de pouvoir finir la course, se mettre une contrainte de temps. C'est vrai que ça complique un peu tout ça.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
C'est comme ça que tu démarres le trail et l'ultra-trail alors ?
- Speaker #1
C'est exactement ça. Donc du coup, entre le moment où j'ai démarré la course et le moment où j'ai démarré l'ultra-trail, il n'y a pratiquement pas de délai entre deux. C'est presque en simultané.
- Speaker #0
Ok. Et quand tu fais ces courses longue distance, il y a des efforts extrêmes bien sûr, il y a une sorte de fight mental. Tu arrives à trouver de la stimulation là-dedans ou bien c'est après qu'elle vient ? Comment dire ce côté satisfaisant ? Il vient après ou pendant ? C'est comment ?
- Speaker #1
Je me dis souvent que pendant la course, il faut que j'aille au moins deux tiers de plaisir et j'accepte un tiers de souffrance. Si on commence à avoir plus de la moitié de souffrance dans une course, ça ne vaut pas vraiment la peine. Donc voilà, j'ai quand même envie d'avoir une satisfaction pendant. Et après, effectivement, selon le résultat, on a une satisfaction encore d'autant plus grande après qui, elle, va justifier peut-être le dernier tiers de course. Là, on était vraiment dans le dur et dans la souffrance tout le long. On a dû serrer les dents pour maintenir le rythme, pour aller au bout.
- Speaker #0
Tu as parlé d'une première course à 70 kg, ensuite 100 km. J'imagine que tu as continué à monter ? Oui,
- Speaker #1
exactement.
- Speaker #0
Tu as sauté les étapes encore ?
- Speaker #1
J'ai un peu moins grillé les étapes après. Après, j'ai commencé à m'entraîner un peu plus progressivement. Je n'étais plus à mes 3 fois 45 minutes d'entraînement par semaine. année après année, quand mes enfants grandissaient, on retrouve aussi un petit peu de temps libre. J'ai des jumeaux, donc les deux premières années de vie avec des jumeaux, c'est un peu de la survie. On a un peu de peine à trouver du temps libre à côté. Et puis voilà, quand ils grandissent, après quand ils commencent l'école, tout d'un coup, on retrouve un petit peu plus de temps libre, un peu plus de disponibilité pour s'entraîner. Et puis tout d'un coup, ça ouvre le champ des possibles. sur les courses qu'on peut faire. Puis effectivement, après, j'ai augmenté les distances jusqu'à... J'avais fait une 360 km.
- Speaker #0
360 kilomètres t'es presque à Paris là mais du coup c'est toutes des courses similaires c'est à dire c'est souvent dans la montagne ou alors il y a des choses qui sont un peu plus communes
- Speaker #1
c'est à dire un peu plus comme des marathons ou c'est plat etc la plupart de ces courses celles que j'ai faites au départ pendant les premières années elles ont comme point commun d'être en nature plutôt en montagne avec du dénivelé ... le minimum de bitume possible. Ça n'a jamais été mon truc de courir au plat et sur le bitume. Du coup, on a aussi une motivation externe avec les paysages et tout ça. Quand je parlais d'une course de 360 km, j'avais passé pratiquement six jours. Donc, il y a aussi des phases où on dort, des matins où on passe un col et puis on voit le lever du soleil. Enfin, c'est vraiment gratifiant qui donne beaucoup d'énergie.
- Speaker #0
Mais c'est très bien que tu parles de ça, parce que la 360 km, c'est le Swiss Peak, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et comment tu gères, parce que tu as parlé de six jours, déjà, démarrer la course, te dire que tu as six jours, déjà, mentalement, c'est déjà un combat, mais comment tu gères, tu vois, les choses comme la nourriture, le repos, c'est quelque chose que tu prévois à l'avance ? Parce que moi, qui me vois des fois, enfin, je vais régulièrement courir, des fois, je me dis, ok, je vais aller faire tant de kilomètres ou à tel temps, mais après, une fois que je suis dedans, j'ai tendance à, certaines fois, changer mes décisions. Donc, toi... au niveau du repos, de la nourriture ? Comment est-ce que tu cherches ça ?
- Speaker #1
C'est très bien que tu soulèves ça, surtout par rapport à la Swiss Peak, parce que c'est une course vraiment exemple sur un plan de départ qui était bien rodé et qui a volé en éclats. C'est-à-dire que ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a des ravitaillements sur la course, approximativement tous les 15 à 20 kilomètres. Donc ça permet de recharger les gourdes, de prendre un petit peu de nourriture sur soi pour tenir jusqu'au ravitaillement suivant. Et puis, à peu près tous les 80 à 100 kilomètres, il y a ce qu'ils appellent une base de vie. C'est des endroits où on peut manger un repas chaud, on a des matelas où on peut dormir aussi. Par contre, le chronomètre continue de tourner. Donc, ceux qui vont viser le podium, ils vont faire des micro-siestes de 20 minutes. Et puis, ils repartent. L'année où j'avais fait la Swiss Peak, le gagnant, moi, j'avais fait six jours. Le gagnant, il en avait fait trois. Et il avait dormi trois fois 20 minutes.
- Speaker #0
Mais tu as des assistants ou quelque chose comme ça ? Parce qu'à ce moment-là, tu n'as pas toute ta tête, en vrai. Non mais tu vois ce que je veux dire, tu n'es pas rationnel.
- Speaker #1
Je vois ce que tu veux dire. Alors je dirais que le fait de ne pas être rationnel, c'est surtout le manque de sommeil qui crée ça. Et en fait, comme je disais, mon plan de base a volé en éclats. C'est-à-dire que mon plan de base, c'était de faire telle pause à telle basse vie pour faire une petite sieste de deux heures, puis à telle autre. Et puis en fait, j'ai pris le départ, j'étais déjà un peu grippé, un peu malade. Pas bien. Oui, ce n'est pas top pour une course comme ça. L'avantage sur une course de six jours, c'est qu'on a le temps de guérir pendant la course.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est incroyable ça.
- Speaker #1
Donc après les 48 premières heures où j'étais au fond du gouffre, tout d'un coup, j'étais à la limite de l'abandon. Et ça a commencé à aller un peu mieux. Et là, je me suis rendu compte que mes plans de base n'étaient de toute façon pas respectés. Je me suis dit, on va profiter d'une belle semaine en montagne. Et j'ai regardé un petit peu les bases-vies où elles étaient. Et je me suis dit, au lieu de faire des petites siestes d'une heure et demie, deux heures, j'ai pratiquement fait des nuits complètes à chaque fois. des 6h à 7h, c'est aussi pour ça que j'ai pris 6 jours pour le faire. Et du coup, ça a été énormément de plaisir. J'ai pratiquement plus dû mettre la lampe frontale, parce que quand il faisait nuit et que je dormais, et très souvent, la journée, je redépassais des personnes qui titubaient sur le sentier, parce qu'en fait, ils avaient eu une heure de sommeil. Et quand on est en manque de sommeil, comme tu dis, on perd toutes ses capacités, toute sa lucidité. Et on a vite fait de rattraper des... des temps énormes, des 5-6 heures de pause pour dormir, si on est frais quand on repart le lendemain, ça se rattrape très très vite.
- Speaker #0
Au final, tu as eu énormément de plaisir durant cette course.
- Speaker #1
C'était une super belle expérience. En plus, j'ai pu la vivre à deux avec le même partenaire,
- Speaker #0
celui qui m'avait laissé tomber,
- Speaker #1
donc il s'est bien racheté. On s'était fait une super semaine en montagne tous les deux.
- Speaker #0
Ça paraît bête, mais je me suis posé cette question en préparant l'épisode. Comment est-ce que tu gères les batteries ? De ton téléphone peut-être ? Je ne sais pas si tu as un téléphone, une montre en tout cas ?
- Speaker #1
Exactement, le téléphone, la montre et puis la lampe frontale. C'est vraiment les trois points importants où il faut gérer les batteries. Alors ce qu'il faut savoir, c'est que sur les très très longues courses, on a un sac d'allègement qui nous suit d'une base de vie à une autre. Ça veut dire qu'il y a ce qu'on a dans le sac à dos, mais on a un gros sac qui a vraiment une bonne contenance. Et puis celui-là,
- Speaker #0
quand on le porte.
- Speaker #1
Voilà exactement, quand on arrive à une base de vie, on le retrouve. Donc tout d'un coup, on va pouvoir changer les batteries. Quand nous, la course en question, on faisait même 6 heures de pause à la base vie, on avait même le temps de les recharger directement sur place. Et si on n'a pas le temps de les recharger sur place, il faut des batteries externes, enfin pouvoir changer de batterie. pour repartir directement. Mais par contre, on va retrouver notre sac 100 kilomètres plus loin à la base de vie suivante.
- Speaker #0
Sur cette course, par exemple, ou sur d'autres ultra trails, tu écoutes de la musique ou pas ?
- Speaker #1
Très rarement. Je n'ai pratiquement jamais écouté de musique. De temps en temps, je l'utilise à l'entraînement quand je sens que j'ai un peu une baisse de motivation. Et tout d'un coup, je me dis, allez, je prends de la musique, ça va me donner un petit coup de boost. Je ne sais pas pourquoi, j'ai presque l'impression en moi que la musique, c'est tricher. C'est un peu comme si c'était une aide extérieure. Alors que, voilà, finalement, il faut aussi dire, on n'a pas encore parlé de la barre clé. Enfin, tu l'as juste évoqué au départ. Sur la barre clé, on n'a le droit à rien d'électronique du tout. Donc, on n'a pas le droit à la musique. Donc, je n'ai pas envie de trop, finalement, avoir cette espèce de petit dopage. C'est une forme de dopage, mais complètement autorisée et poétique. Mais voilà, cette musique qui est une vraie petite aide, en tout cas moralement, ça peut vraiment aider. Je n'ai pas envie de m'y habituer, puis de me retrouver à la Barclay où je n'ai plus le droit de la voir.
- Speaker #0
C'est vrai. Mais du coup, tu penses à quoi ? Alors... Parce que sur, par exemple, peut-être pas la 360 km, parce que tu as été avec ton ami durant la course, donc peut-être que vous avez pu échanger, mais sur d'autres courses, tu penses à quoi quand tu cours des fois ? Alors,
- Speaker #1
c'est vrai que c'est important d'occuper son esprit. Oui. Des fois, j'ai une musique en tête. Oui. Des fois, j'aime une musique que je n'aime pas du tout ou bien qui est un petit peu gonflante et puis elle me tourne dans la tête. J'essaye de la chasser et elle revient dedans. J'ai un souvenir d'une course où j'avais fait 24 heures avec une chanson de Pierre Perret qui tournait dans ma tête. Ah ouais. Mais sinon, très souvent, autre chose qui m'aide bien, tu as mentionné le fait que j'étais prof. Je suis prof de maths. Oui. Et je calcule énormément pendant que je cours. C'est-à-dire que je sais que... Je pars d'un poste de ravitaillement, j'ai 21 km avant le prochain poste, j'ai 1500 mètres de dénivellation. Selon mes calculs, j'avais prévu de faire pour cette portion 2h10. Au fur et à mesure, je me dis que j'ai déjà fait tant de kilomètres, tant de dénivellations, j'en suis à 25 minutes. Je repointe très fréquemment ça. C'est des choses qui m'aident quand je fais des efforts un peu plus ... plus spéciaux on va dire, plutôt que des ultra trails comme quand j'ai fait par exemple mes 24 heures où je vais faire des enchaînements des navets, des allers-retours, d'être très souvent en train de compter, réactualiser un petit peu mes prévisions, mes temps de passage, ça m'occupe l'esprit.
- Speaker #0
Bon ben écoute, c'est une bonne manière d'occuper ton temps avec des équations à plusieurs inconnues.
- Speaker #1
Exactement, j'ai tout le temps pour les résoudre là.
- Speaker #0
Tu cours toujours pour te dépasser ou alors des fois c'est pour... pour simplement faire du sport. Est-ce qu'il y a toujours un objectif derrière tes courses, que ce soit l'entraînement ou alors les courses ?
- Speaker #1
Il y a quand même souvent une idée de performance derrière. Bien sûr qu'il y a aussi la notion de plaisir, et puis il n'est pas juste d'être en nature et tout ça. Mais c'est vrai que j'ai des amis qui sont portés uniquement presque par le plaisir. Ils vont faire une sortie en nature. S'ils ont oublié leur montre, et qu'ils ne savent pas à quelle vitesse ils ont couru, combien de kilomètres ils ont fait, ça leur est égal. Tout ce qu'ils veulent, c'est écouter le chant des oiseaux, voir un beau lever de soleil, et ça leur suffit. Alors, bien sûr que moi, ça me plaît aussi, mais j'ai quand même toujours un petit peu cette notion de performance qui est derrière, et de me dépasser. Et sinon, une autre motivation aussi pour courir, c'est si j'ai une journée un petit peu stressante, ou j'ai beaucoup de choses en tête. Il y a des fois, voilà, j'ai... J'ai des choses au niveau du travail, au niveau de l'administratif dans ma vie privée. J'ai plein de trucs et je sens que je suis un petit peu en surcharge cognitive. Puis des fois, quand on est en surcharge comme ça, on a l'impression qu'on n'est plus efficace du tout. Du coup, malgré le fait que je me sente stressé, c'est là que je vais privilégier le fait d'aller courir. Et pendant une heure, une heure et demie de course, j'ai l'impression qu'en fait, toutes les idées se remettent un peu en place. Je n'y pense pas quand j'y cours. Quand j'y cours, ça fait un peu le vide. Voilà, mais quand je reviens... J'ai l'impression d'être beaucoup plus efficace sur mes pensées.
- Speaker #0
C'est intéressant que tu aies mentionné tes amis qui courent sans montre, parce que ça, moi je me suis fait complètement avoir par les statistiques. J'ai du mal à aller courir sans le chrono, ou juste pour le plaisir comme ça. Alors oui, ça m'arrive de temps en temps, mais c'est vrai que cet aspect temps, et le temps au kilomètre, certaines fois c'est un piège.
- Speaker #1
C'est un piège énorme. Et je suis... particulièrement sensible à ce piège puisque comme je te l'ai dit je cours de maths et je suis en train de compter pendant que je cours et c'est vrai que ben il y a le réseau social principal des coureurs c'est Strava il y en a qui disent si c'est pas sur Strava c'est que ça va pas exister oui j'ai arrêté Strava parce que c'était trop toxique pour moi si tu vois une personne qui allait courir tu te dis oh mince exactement alors il y a un côté toxique dans Strava je dirais que moi je suis sur Strava Et le piège pour moi, c'est pas forcément... Il y a des fois un côté un peu de s'exhiber sur ce travail. Il y a fait tant de choses et tout. Je ne pense pas que ça, ce soit un piège pour moi. Par contre, simplement le fait de voir mes statistiques qui s'accumulent et de dire, ah, cette semaine, j'aurais voulu faire 7000 mètres de dénivellation, puis j'en suis qu'à 4000. Enfin, ça peut vite être un piège où tout d'un coup, on n'est plus à l'écoute de son corps parce que c'est les chiffres qui prennent le dessus.
- Speaker #0
Est-ce que tu as une course en ultra-thrill qui t'a particulièrement marqué ?
- Speaker #1
Il y en a plusieurs, si je devais en dire un, je dirais peut-être la Diagonale des Fous.
- Speaker #0
Voilà, très bien. Et du coup, tu es aussi finisseur de la Diagonale des Fous. Combien de kilomètres ? C'est quoi sa spécificité ?
- Speaker #1
Alors, la Diagonale des Fous, c'est sur l'île de la Réunion, donc en plein milieu de l'océan Indien, enfin, dans l'océan Indien, on traverse toute l'île. Ça représente à peu près 170 kilomètres. et 10 000 mètres de dénivellation. Donc, du point de vue des mensurations, c'est un peu un ultra-trail classique, comme il y a aussi l'UTMB, qui est un ultra-trail très connu, qui fait le tour du massif du Mont-Blanc. C'est aussi 170 km et 10 000 mètres de dénivellation. Chérec a deux grosses différences sur la Diagonale des Fous, enfin, on va dire trois. La première, c'est que les bâtons sont interdits pour des questions de préservation des sentiers. Pour moi, c'est vraiment mon accessoire principal. Donc, ça a vraiment été un réapprentissage. Tout d'un coup, quand on est dans des côtes vraiment pentues, tout d'un coup, de voir progresser sans les bâtons. La deuxième différence, c'est que c'est beaucoup plus technique. Des sentiers avec des marches très hautes, beaucoup de racines et tout ça. Puis la troisième différence pour moi, c'est l'ambiance. C'est que toute l'île vit que pour cette ultra trail. Et je trouve que ça nous porte de manière complètement magique.
- Speaker #0
Oui, j'ai vu des images de cette course. Et puis en plus, il y a des... L'environnement est magnifique là-bas, donc c'est vrai que ça change un peu d'ici. C'est très joli ici aussi, mais c'est totalement différent de ton cadre d'entraînement. Exactement,
- Speaker #1
du point de vue de l'environnement, comme tu le dis, c'est vraiment superbe. Après, il y a aussi les difficultés qui vont avec. C'est-à-dire que la nuit, on peut passer pratiquement à zéro degré quand on monte dans les hauteurs de l'île. La journée, quand on est au fond du cirque de Mafate, il peut faire plus de 30 degrés. Donc, on a des amplitudes thermiques énormes auxquelles on n'est pas forcément habitué. Les coureurs locaux, c'est leur vie dans l'habitude. Et c'est difficile, effectivement, quand on vient d'ici, de s'adapter aux conditions là-bas.
- Speaker #0
Alors, avant qu'on passe au prochain sujet, j'aimerais que tu me parles de l'Ultra Trail Montmartre. Parce que tu l'as gagné, tu es vainqueur et tu as le record, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement, oui. explique nous ce que c'est donc c'est à Montbard j'imagine c'est à Paris oui c'est à Paris exactement est-ce que c'est la montée qui va au Sacré-Cœur c'est bien celle-là alors bon là on est vraiment dans une course très marginale c'est là que les choses ont commencé à partir un petit peu en vrille pour moi c'est-à-dire que on parlait tout à l'heure d'Ultra Trail où je t'ai dit que la plupart des Ultra Trail que j'ai fait c'était en nature on imagine les beaux levées de soleil on refuse le bitume et tout ça on est en harmonie avec le chant des oiseaux Et là, tout d'un coup, l'Ultra Trail de Montmartre, c'est quelque chose de complètement différent. C'est un délire inventé par un Parisien qui s'est dit, à Paris, on n'a pas de montagne, mais on a des idées. Donc, on va faire suffisamment d'aller-retour dans les escaliers du Sacré-Cœur jusqu'à arriver à une dénivellation équivalente à l'Ultra Trail du Mont-Blanc, donc 10 000 mètres de dénivellation. Incroyable. Et du coup, ça représentait 271 aller-retour dans les escaliers. Au final, il s'est même trompé dans son calcul parce qu'il avait pris le dénivelé du funiculaire qui était de 37 mètres, mais les escaliers montent un peu plus haut que le funiculaire, donc ça fait 43 mètres. Donc c'est même 11 650 mètres de dénivelé.
- Speaker #0
Donc là, on voit très bien que tu es professeur de maths. Et du coup, tu as fait ça pendant 16 heures et 10 minutes.
- Speaker #1
Exactement. C'est-à-dire qu'on part un soir à 22 heures. Ce n'est pas une course officielle. C'est-à-dire qu'il sélectionne quelques personnes par Facebook et tout. C'est en train de prendre une ampleur énorme parce que plein de monde veut y participer. Mais d'un autre côté, comme il n'a pas les autorisations pour faire une course dans l'escalier le plus touristique de Paris, ça se fait un petit peu de manière inofficielle. Donc, il ne sélectionne qu'une vingtaine de personnes par année pour le faire.
- Speaker #0
Et du coup, il faut le faire la nuit parce qu'il y a moins de monde.
- Speaker #1
Oui, enfin, de toute façon, la plupart font plus de 24 heures. Et en fait, à la première édition, ça aussi, c'est une idée assez sympa qu'il a eue. À la première édition, il y a eu un seul finisher qui avait fait de mémoire 25h30. Et du coup, quand il a fait la deuxième édition, il a dit maintenant, si on veut être finisher, non seulement il faut faire les 271 allers-retours, mais en plus, il faut faire moins de 25h30. Sinon, en gros, il a instauré comme ça une barrière horaire. Et cette barrière horaire, il fallait la battre pour pouvoir être finisher.
- Speaker #0
Et toi, tu l'as pulvérisé en fait.
- Speaker #1
Alors, entre deux, elle avait déjà été pulvérisée avant moi, c'est-à-dire que quelqu'un l'avait fait en 18 heures, à la deuxième édition. Et du coup, moi, j'ai été sélectionné pour la troisième édition et j'ai commencé à faire mes calculs en me disant, descendre en dessous des 18 heures, ça va être chaud quand même. J'ai trouvé un escalier, ici, à Neuchâtel, qui est à peu près le même dénivelé. Le problème, c'est qu'il y a un chien qui m'aboyait à chaque fois que je faisais le passage. Il y avait le voisinage qui se demandait si je n'étais pas un peu fou. J'ai fait des entraînements jusqu'à 6 heures ici, dans ce même escalier. Et puis, arrivé sur place, c'était un jour où tout s'enchaînait bien. Et puis, alors que je visais de faire moins de 18 heures, j'ai fait 16h10, ce qui était le record de l'épreuve.
- Speaker #0
Tes entraînements, parce que tu vois, moi, je ne connais pas énormément de monde qui fait d'ultra trail. Tu ne t'entraînes jamais sur la longueur complète d'un ultra trail quand tu t'entraînes ?
- Speaker #1
Non, jamais. Même un marathonien, il va très rarement entraîner sur marathon. Il va plutôt s'entraîner à des allures spécifiques marathon. Moi, de mon côté, j'ai très peu de plans d'entraînement. J'essaye avant tout de me laisser guider par le plaisir, par le feeling. Et puis des fois, je vais faire des grosses semaines d'entraînement. Et puis tout d'un coup, je me sens fatigué ou j'ai moins de disponibilité. Et puis je vais faire une semaine beaucoup plus light derrière. Mais globalement, ce qu'essayent de faire la plupart des ultra-trailers, pour, on va dire, pour...
- Speaker #0
Se préparer ?
- Speaker #1
Oui, pour se préparer et pour avoir des conditions à peu près semblables à la course, sans pour autant courir 20 heures d'un coup si la course va faire 20 heures. Ils vont faire des week-end blocks, ou bien 2-3 jours un petit peu choc comme ça. C'est-à-dire que tout d'un coup, on va faire 6 heures d'entraînement un jour, et puis le lendemain, alors qu'on n'a qu'une envie, c'est de se reposer parce qu'on a fait un gros entraînement, on en remet une couche avec 6 heures de plus, et puis on se fait encore un troisième jour, où là on va faire des intensités. sur nos jambes qui sont complètement fracassées dès le premier jour. Et là, on va un petit peu comme ça réussir à mimer des conditions de fatigue qu'on peut avoir dans une course de 20 heures,
- Speaker #0
30 heures ou plus. En tout cas, courage à tous les participants à l'Ultra Trail. C'est vraiment, enfin je veux dire, vous êtes des athlètes élites. Le mot professionnel, finalement, il prend sens parce qu'il y a l'aspect financier, mais en fait, ton... Il y a quoi qui différencie les athlètes ultra-trails d'athlètes professionnels ? En termes d'entraînement, on est presque à la même chose.
- Speaker #1
C'est vrai qu'en termes d'heures d'entraînement, je connais certains athlètes qui s'entraînent encore beaucoup plus que moi. Il y en a certains qui font des 35 heures d'entraînement par semaine et qui travaillent à côté. Donc là, c'est vrai qu'ils font finalement presque l'équivalent d'un double job. Ils ont leur job, plus leur entraînement qui prend un temps plein à lui tout seul.
- Speaker #0
Alors là, tu as mentionné que tu aimais faire plein d'ultra-trails. Tu fais des fois des choses qui sortent un peu. des codes avec l'ultra trail de Montmartre. Et tu as créé le dernier survivant. Exactement. Alors là, on est typiquement dans quelque chose qui sort des codes.
- Speaker #1
On est d'accord. Si je ne me trompe pas, c'est une course qui rassemble 30 coureurs qui font la boucle entre Neuchâtel et Chaumont avec un dénivelé de 300 mètres à parcourir en moins de 30 minutes. Et chaque 30 minutes, il y a un nouveau départ qui est donné.
- Speaker #0
C'est exactement ça.
- Speaker #1
Donc, c'est de la souffrance.
- Speaker #0
C'est beaucoup de souffrance et beaucoup de plaisir. Et du jeu. Finalement, il y a un côté dans beaucoup de choses. Finalement, même si c'est des défis. Je n'aime pas voir l'ultra trail et ses défis comme on est des guerriers. Non, finalement, on s'entraîne à fond pour avoir une bonne condition physique. Puis après, on joue avec cette condition physique en se disant, tiens, jusqu'où on pourrait aller ?
- Speaker #1
Il n'y a pas tout le monde qui peut jouer. Et du coup, l'idée de l'organisation de cet événement, il te vient d'où ?
- Speaker #0
Ça m'est venu de mes participations dans des ultra trails plus classiques. où je faisais le constat que la plupart du temps, les gens partent beaucoup trop vite. Et puis, ils s'effondrent bien avant la moitié de la course et commencent à ralentir. Mais sur pratiquement tous les ultra trails, les gens courent tout le temps sur les 20 premiers kilomètres. Après, ils sont à 80% de marche. Et puis, ils courent de nouveau les 100 derniers mètres pour les photos sur l'arche d'arrivée. Et du coup, j'avais envie d'une course qui, au lieu d'imposer un certain nombre de kilomètres, impose une certaine allure. qu'il soit une allure déjà on va dire assez élevée pour que ça adresse quand même à des sportifs plutôt élites mais pas trop élevée quand même pour que pour justement apprendre cette gestion de course c'est à dire que là comme tu le disais toutes les 30 minutes on a un nouveau départ donc celui qui fait 31 minutes il est éliminé celui qui fait 29 minutes 30 on va dire c'est une gestion parfaite il a juste le temps de boire un petit coup et de repartir par contre celui qui fait 27 minutes pour épargner ces trois minutes qui ne vont pas lui servir à grand-chose. Parce que ces trois minutes, c'est ça, il va attendre, il va boire un coup, il va croquer une morse dans une barre énergétique. Et puis après, il a deux minutes d'attente. Et par contre, il aura dépensé beaucoup trop d'énergie pour gagner ces trois minutes. Donc, on voit très souvent la première boucle, il y en a certains qui arrivent en 26 minutes, 30, 27 minutes. Et puis, ils attendent. Puis, dès la deuxième boucle, tout le monde s'est un peu calé sur le rythme imposé. Et puis la plupart des coureurs, ils arrivent entre 29 minutes et 29 minutes 30 pour ceux qui ont une bonne gestion.
- Speaker #1
C'est quoi les records de la course ? Il y a eu combien de boucles ?
- Speaker #0
Alors en fait, il y a un challenge où le but c'est qu'on puisse être finisher. C'est-à-dire qu'on ne tourne pas comme ça à l'infini. Et le but, c'est si on fait 24 boucles, donc 24 boucles de 30 minutes, ça fait 12 heures. on est considéré comme finisher de la courbe. Et si on a deux dans la 24e boucle, à ce moment-là, c'est le plus rapide sur la 24e boucle.
- Speaker #1
OK, donc il peut y avoir plusieurs finishers.
- Speaker #0
Il peut y avoir plusieurs finishers. Alors, pendant les quatre premières éditions, on n'a pas eu de finisher, parce que le challenge est quand même très, très difficile. Ça veut dire tenir pendant 12 heures d'effort avec pratiquement pas une pause, et puis un rythme imposé qui est quand même élevé. Et la cinquième édition, on a eu trois finishers d'un coup. Et puis là, on vient de vivre la septième édition. On a de nouveau eu deux finishers.
- Speaker #1
superbe t'as créé ce timing mais toi t'as déjà participé ?
- Speaker #0
j'ai participé une fois en 2022 c'était pas une réussite parce que j'ai fait moins de boucles en participant à la course officielle que ce qu'il m'arrive de faire à l'entraînement pour moi parce que la semaine avant la course je porte des tables je porte des bidons d'eau je dors 3h par nuit
- Speaker #1
Et puis tout l'aspect préparationnel qui est dans ta tête.
- Speaker #0
Exactement. Pendant la course, tout le monde me disait « Ah, alors ça fait quoi d'organiser et de participer à sa propre course ? » Donc je discutais et je n'étais pas du tout centré sur ma course. Et puis voilà, j'ai fait une course sympa, mais c'était un petit peu difficile de gérer. Et le statut d'organisateur et de coureur.
- Speaker #1
Alors je me suis baladé sur le site et j'ai vu qu'il y a des conditions d'inscription. Il y a deux, trois choses un peu... Un peu drôle, je dirais, parce qu'il n'y a que 30 participants, si je ne me trompe pas. 30 participants. C'est juste. Est-ce qu'il y a une ou deux choses que tu peux citer, peut-être, parce que j'ai trouvé ça assez drôle. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Je parlais de la notion de jeu tout à l'heure. On est complètement là-dedans. On est dans un événement un petit peu marginal, un peu comme l'Ultra Trail de Montmartre dont on parlait. Et puis, comme il n'y a que 30 participants, le tout, c'est de donner des... des critères de sélection qui soient le plus juste possible pour que tout le monde ait sa chance. Donc, on choisit déjà cinq personnes qui s'appellent les VIP. C'est le tenant du titre, homme et femme, recordman, homme et femme, et une personne qu'on appelle le dossard d'or. C'est une personne qui a participé à toutes les éditions depuis le début. Et lui, il a sa place assurée à chaque fois. Ensuite, on a... Dossard qu'on attribue aux élites, c'est vraiment les meilleurs dossiers. Ça veut dire que si on a le meilleur du monde qui décide de s'inscrire, il sera sélectionné, il n'aura pas besoin de passer par le tirage au sort. Et après, les 15 dernières places, c'est sous forme de tirage au sort. Et là, ce qu'on fait pour que ce soit un petit peu plus joueur, c'est que les concurrents peuvent gagner des tickets supplémentaires en faisant des challenges. Par exemple, le premier ticket supplémentaire qu'ils peuvent gagner, c'est de s'inscrire. à la minute près au moment de l'ouverture des inscriptions. Et la petite vacherie qu'on fait, c'est que les inscriptions, on les ouvre le 1er janvier à minuit. C'est-à-dire au moment où il se fait de bonnes années et qu'ils font péter le champagne, ils doivent penser à la minute près à envoyer leur inscription en même temps.
- Speaker #1
Ok. Ouais, c'est marrant, c'est marrant. J'ai vu ça sur le site. Vous n'hésiterez pas à aller voir ça. Et ça a lieu au mois de mars. Donc, ça a eu lieu le week-end passé. C'est-à-dire au moment où on enregistre. Ça fait le 29 mars, si je ne me trompe pas.
- Speaker #0
C'est juste. En général, c'est presque toujours le dernier samedi de mars, à moins qu'il y ait d'autres compétitions, puis qu'on doive la décaler d'une semaine ou d'une, mais normalement, c'est le dernier samedi de mars.
- Speaker #1
Et tous ceux qui ne pourront pas participer, sachez que Neuchâtel-Chaumont existe tous les jours, donc vous pouvez le faire vous-même et tenter de faire les 30 minutes.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
J'ai parlé dans l'ordre, on a parlé de comment tu as démarré, rencontré le sport, ensuite ta relation avec le trail, comment tu as démarré tout ça. Ensuite, on vient de parler du dernier survivant. Et maintenant, on va parler d'un record du monde que tu as effectué. C'est le record du monde de dénivellation, c'est juste ?
- Speaker #0
C'est exactement ça, le maximum de dénivellation en 24 heures.
- Speaker #1
Est-ce que... Avant que tu démarres ça, est-ce qu'il y a eu un...
- Speaker #0
un événement ou quelque chose qui t'a permis de réaliser que tu pouvais le faire comment est-ce que tu te dis je vais le faire en fait je pense que quand j'ai organisé le dernier survivant j'ai organisé ça dans des pentes extrêmes des pentes qu'on voit rarement même sur une diagonale des fous parce que la montée à côté du funiculaire on a à peu près 40% de pente alors que les cols dans les Alpes habituellement on est plutôt à 20-25% et je me suis rendu compte que quand je suis sur des pentes extrêmes comme ça c'est là que je suis particulièrement performant. Je suis plus un bon marcheur dans une pente très raide plutôt qu'un coureur rapide dans des faux plats. C'est là que je me suis rendu compte que j'avais certaines prédispositions pour ça.
- Speaker #1
Comment tu t'es préparé pour ce record du monde ? Physiquement déjà, mais mentalement aussi. Parce que c'est 24 heures.
- Speaker #0
C'est 24 heures, exactement. J'avais déjà fait des efforts de 24 heures. La différence principale avec ce record du monde, c'est le côté extrêmement répétitif. de l'effort, c'est-à-dire qu'on va choisir une pente la plus raide possible pas trop longue pour pas créer trop de fatigue musculaire avant de passer dans la descente, puis dès qu'on a fini la descente on attaque la montée et puis on fait ce qu'on appelle des navettes en fait, des allers-retours Donc effectivement, mentalement, ça peut présenter une difficulté supplémentaire pour certains. Mais comme je l'ai dit, moi qui occupe pas mal mon cerveau avec les maths, je considérais presque ça comme une facilité. C'est-à-dire, contrairement à un trail classique ou en montagne, quand on quitte un poste de ravitaillement, pendant 2-3 heures, je n'ai plus de temps de passage. Donc pendant 2-3 heures, je me dis comment je vais occuper mon cerveau maintenant. Là, si on prend une pente de 100 mètres de dénivellation, toutes les 6-7 minutes, j'ai fait un aller-retour. Et toutes les 6 ou 7 minutes, ça me permet de me dire « Ah ! » 10 secondes de prix, 15 secondes de retard. Et voilà, je refais mes calculs, donc j'occupe mon esprit comme ça. Ah oui,
- Speaker #1
incroyable. Heureusement que tu as trouvé une manière d'occuper ton esprit, parce que sinon, ça ferait beaucoup de courses à réfléchir à plein d'autres choses qui ne t'aideraient peut-être pas. Et du coup, en termes d'infrastructure, parce qu'on parle de record du monde, comment est-ce qu'on fait valider ça ? Est-ce qu'il faut faire venir des instances ? Comment ça se passe à ce niveau-là ?
- Speaker #0
Alors, ce qu'il faut savoir, c'est qu'en fait, ce record du monde, je l'ai fait deux fois.
- Speaker #1
Oui, c'est juste.
- Speaker #0
Et puis que les choses ont pas mal changé entre la première et la deuxième fois. La première fois, c'est en 2019, ce qui coïncide avec la première année où j'avais organisé le dernier survivant. Et ce n'est pas un hasard, en fait. C'est le dernier survivant qui m'a amené sur cette tentative de record du monde. Comme je le disais tout à l'heure pour le dernier survivant, il y a un challenge qui est de réaliser 24 boucles en 12 heures. Et 24 boucles, ça amène à 9000 mètres à peu près de dénivellation. Et 9000 mètres de dénivellation en 12 heures, c'est vraiment très costaud. D'ailleurs, la première édition du dernier survivant, le vainqueur avait fait 11 boucles. Donc il n'était même pas à la moitié du challenge. Et là, à ce moment-là, sort une information dans la presse spécialisée dans le trail, comme quoi Benoît Gérondel, qui est un ancien vainqueur de la Diagonale des Fous, ça tombe bien puisqu'on en parlait. donc vraiment un athlète élite de très haut niveau, a fait 24 heures d'efforts sur la même bosse et il a cumulé 12 000 mètres de dénivellation. Alors ça fait pas mal de chiffres, mais en gros si on se dit qu'un athlète élite a fait 12 000 mètres de dénivellation en 24 heures, il y en a beaucoup qui m'ont dit ton challenge du dernier survivant, 9 000 mètres en 12 heures, c'est pas possible. En fait, ils m'ont dit j'ai placé la barre trop haut. Et là, c'est mon côté mathématicien qui est ressorti un petit peu. J'ai analysé l'effort de Benoît Girondel et je me suis dit en fait, il a choisi une bosse qu'il aimait bien derrière chez lui. Et puis, il a fait des allers-retours dessus pendant 24 heures, mais il n'a pas cherché vraiment à faire un record du monde de dénivellation. Sa bosse, elle n'était pas suffisamment raide, elle était trop technique, il y avait des racines, il y avait des cailloux. Il y a plein de choses qu'on peut optimiser. Et là, j'avais lancé comme ça sur un coup de tête, même moi, je peux le faire. Alors qu'on est bien d'accord qu'à l'époque, je n'avais encore jamais fait... une performance de très haut niveau. Je parlais en face du vainqueur de la Diagonale des Fous. Et j'avais décidé de faire une tentative, donc en 2019, sur le parcours du dernier survivant, où je me suis dit, non seulement je peux montrer qu'en 24 heures, je vais faire plus de dénivellations que ce qu'a fait Benoît Gérondel, et si je le fais, si j'arrive, ça fera un petit peu de publicité pour le dernier survivant, pour dire que c'est le terrain sur lequel on a fait la dénivellation. Et je m'étais lancé là-dedans. J'avais juste envoyé mes données. Au journaliste qui avait écrit l'article sur Benoît Gérondel, je lui avais dit avant de le tenter. Et puis, tout s'était assez bien passé. J'avais fait 13 600 mètres de dénivellation. À peu près 13 659. Voilà, tu es bien informé, exactement. 13 659. Donc, je faisais à peu près 1000 mètres de plus que Benoît Gérondel. Mais ça ne veut pas dire que je suis meilleur que Benoît Gérondel. J'avais aussi un parcours qui était mieux adapté. Exactement. Et là, j'ai fait ce 13 659 mètres et puis ça a été relayé par la presse spécialisée. Puis à partir du moment où c'était relayé par la presse spécialisée, on va dire que c'était suffisant pour ��tre reconnu dans le milieu et être validé. Mais il n'y a pas de validation par le Guinness Book.
- Speaker #1
Et puis du coup, en 2022, parce qu'en 2022, tu le retentes.
- Speaker #0
Exactement. Alors du coup, après que je l'ai fait, il a été battu par plusieurs personnes. Des athlètes élites qui se sont lancés. Il y a eu un Finlandais, il y a eu un Italien. Ça, c'est un peu internationalisé. Et tout d'un coup, leur corps est passé à 17 200 mètres par un Savoyard, Aurélien Dunampala. Aussi du très, très haut niveau. Quelqu'un qui a déjà fait deuxième de l'UTMB. Donc, du très, très solide. Et puis, à ce moment-là, le même journaliste, celui qui avait fait ce premier article sur Benoît Gérondel, s'est réuni. avec quelques médias, avec quelques personnes de comités, avec des athlètes élites, en disant qu'il y a de plus en plus de personnes qui veulent tenter ce record, on va essayer de lui donner un peu de crédibilité en mettant des règles. Et ils ont mis un certain nombre de règles. La première, c'est que la pente doit être mesurée par un géomètre. Il ne suffit pas juste de donner les données de sa montre, ou bien les données de Strava, qui peuvent des fois ne pas être suffisamment fiables. La pente doit être mesurée par un géomètre. Il faut une cellule électronique en bas et en haut. Là aussi, les données de la montre ne suffisent pas. Un test antidopage, donc un bilan sanguin trois jours avant et trois jours après. Un certain nombre de règles comme ça à respecter pour qu'il soit validé. Mais ça reste quand même, on va dire, une validation entre guillemets. Il n'y a pas la fédération, l'athlétisme et tout, ni toujours pas le Guinness Book. Et voilà, quand j'avais fait ce record en 2022, où là j'avais optimisé tous les paramètres, j'avais quitté Chaumont, j'étais allé sur une piste de ski dans la région de Morteau, en France voisine, où là j'avais une pente encore plus raide, encore moins technique, c'était simplement un champ en herbe très très pentu, où je m'étais préparé spécifiquement. J'avais fait tous ces points nécessaires à la validation, donc mesure par géomètre, le bilan de chacun, toutes ces choses-là. Et je m'étais renseigné après coup, est-ce que je pouvais le faire valider par le Guinness Book ? Et là, je m'étais rendu compte que c'était trop contraignant. Il aurait fallu des personnes qui soient là en permanence pour attester, des personnes assermentées ou des personnes du Guinness Book. Puis si des personnes du Guinness Book se déplacent, c'est des devis qui partaient à 8000 euros ou quelque chose comme ça.
- Speaker #1
Mais bon, tu as le record du monde quand même.
- Speaker #0
Voilà, disons qu'il est reconnu dans le milieu. Dans le milieu, oui, exact.
- Speaker #1
Et depuis 2022, il n'a pas été battu.
- Speaker #0
Il n'a pas été battu. Il y a eu quelques tentatives. Il n'a pas été battu, mais j'ai connaissance d'un ou deux très, très solides qui vont s'y lancer, soit cette année, soit l'année prochaine. Donc, je pense que mon record va pouvoir sérieusement trembler.
- Speaker #1
Et toi, tu comptes le retenter ou pas ?
- Speaker #0
Je pense...
- Speaker #1
S'il est battu,
- Speaker #0
par exemple. S'il est battu, je pense que j'ai fait à peu près ce que je pouvais faire de mieux. En 2022, j'ai eu six mois de préparation hyper intensive où je n'ai pas eu le moindre... Petit souci, le moins petit bobo, je n'ai pas eu une douleur à un tendon, rien du tout pendant six mois, ce qui est extrêmement rare quand on fait une préparation vraiment au max. J'ai eu des conditions parfaites, il faisait frais, pas trop chaud et sec, pas une goutte de pluie. J'ai eu une forme impressionnante du début à la fin, donc je pense que j'ai fait un petit peu ma peak performance et puis que c'est pratiquement possible que je fasse mieux. D'autant que j'approche les 45 ans, donc là je vais quand même que mes performances ne sont pas forcément sur la pente montante.
- Speaker #1
On verra si quelqu'un le bat et si l'ego prend le dessus.
- Speaker #0
Pour retenter quand même.
- Speaker #1
C'est quand même possible. Alors, on va passer au prochain sujet, qui est la Barclay Marathon, ou la Barclay comme on l'entend beaucoup. Moi, j'ai découvert cette course avec Intérieur Sport, je crois que c'était sur Canal+, à l'époque. Oui, c'est juste. Mais toi, comment est-ce que tu as connu cette course ?
- Speaker #0
Alors, je n'arrive plus à me rappeler la première fois que j'en ai entendu parler. Beaucoup de personnes disent « Ah, la première fois, c'était à tel moment, puis ça a fait un choc, je me suis dit que je voulais la faire » . Je ne sais plus exactement la première fois. Mais je me rappelle avoir été particulièrement marqué par un documentaire sur YouTube d'un coureur, Gary Robbins, qui est devenu très connu, non pas parce qu'il a fini la Barclay, mais parce qu'il a échoué pour 6 secondes.
- Speaker #1
Bon, un peu plus que… En fait, il est 6 secondes… et il n'avait pas les bonnes pages.
- Speaker #0
Exactement. En fait, il avait les pages quand même. Il avait les pages après, mais par contre, il s'est trompé dans le parcours. Donc au moment d'arriver à la fin à la Yellow Gate, c'est la barrière jaune qui donne le point de départ, le point d'arrivée, il est arrivé tout simplement du mauvais côté. Et comme il a barclé, même si c'est une forme de course d'orientation où il faut ramener des pages pour prouver qu'on est passé au point de passage, on doit quand même rester sur le tracé obligatoire. Donc du coup, il avait sa dernière page et il a dit, Et au dernier croisement, quand il arrivait sur une arrête de montagne, tout d'un coup, il devait partir à gauche. On ne sait pas pourquoi, il est parti à droite. Alors qu'il arrivait sur un sentier balisé. La Barclay, c'est hors sentier, ce qui est une des grosses difficultés de la Barclay. Et au moment où tout était simple, il lui restait 20 minutes pour terminer. Il est parti du mauvais côté.
- Speaker #1
Il faut que les gens se rendent compte. Après, on va revenir, on va faire une explication. Mais c'est Gary Robbins, t'as dit ? Oui,
- Speaker #0
Gary Robbins.
- Speaker #1
Vous pouvez aller voir sur Internet, si vous tapez son nom et vous notez Barclay, vous allez voir cette photo qui est, franchement, elle est incroyable, la photo. Et il arrive six secondes trop tard sur une course de 60 heures. Donc vraiment, il faut vraiment qu'on se rende compte. C'est peut-être le moment où il a décidé de, je ne sais pas, aller pisser. Puis il est allé cinq mètres plus loin. Peut-être c'est six secondes là ou alors. Peut-être que c'est un moment où il a décidé de s'arrêter. Bref, je trouve ça complètement fou. Pour ceux qui ne connaissent pas la Barclay, si tu devais la décrire en quelques mots ?
- Speaker #0
Je dirais que ce n'est pas juste un ultra trail, c'est une aventure. Il faut savoir que c'est hors sentier, ce n'est pas balisé. On reçoit la carte le jour avant le départ, donc on est dans l'inconnu complet. On n'a pas le droit au GPS. Donc pour s'orienter dans un endroit où il y a très souvent un épais brouillard ou bien des conditions météo très difficiles, on a uniquement la carte et la boussole. Donc la moindre erreur de parcours peut nous faire perdre deux ou trois heures. Parce que pour prouver qu'on a bien suivi le parcours, il faut trouver des livres. Chaque fois qu'on trouve un livre, il faut arracher la page qui correspond à son numéro de dossard. Mais voilà, un livre planqué dans la forêt, si on n'est pas exactement au bon endroit, on peut le chercher sous tous les cailloux, dans tous les creux des arbres.
- Speaker #1
pendant 15 heures et ne jamais le trouver un peu comme le collier d'immunité d'Ancolanta mais du coup cette course qui est alors en quelques statistiques elle fait environ 160 km il y a environ entre 15 et 20 000 mètres dénivelés ça fait environ deux fois l'Everest je crois en montée et descente exactement le temps limite il est donc de 60 heures, ça fait 5 tours donc on a 12 heures pour chaque tour. Alors moi, je trouve que c'est complètement fou ce qu'il a créé. Il y a de plus en plus de gens qui veulent participer. C'est uniquement 40 participants.
- Speaker #0
C'est ça, 40 participants chaque année. Et déjà, la première spécificité qui crée le mythe de la Barclay, c'est qu'il n'y a pas un site pour s'inscrire.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Il faut réussir à contacter l'organisateur. Donc, il faut lui écrire un e-mail, tout simplement. Mais son adresse e-mail, c'est un secret bien gardé. Et je trouve impressionnant, à l'heure d'Internet, des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle, que ce secret soit toujours aussi bien gardé.
- Speaker #1
Du coup, c'est un secret que tu dois garder.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Mais je ne vais pas te demander de le dévoiler, mais est-ce que ça a été compliqué à trouver ?
- Speaker #0
J'ai pris un certain temps pour le trouver et j'ai obtenu des informations de personnes qui m'ont donné ces informations uniquement parce que j'avais déjà fait un certain nombre de performances. Donc je pense que si je n'avais pas déjà eu un certain CV, on ne m'aurait pas mis sur la voie et ça aurait été plus difficile, voire tout simplement impossible.
- Speaker #1
Oui, parce que j'ai vu deux, trois, évidemment, j'ai regardé deux, trois reportages. C'est vrai que... Il y a des informations qui sont des fois données dans des blogs. Des fois, l'adresse est changée apparemment. Il y a des fois des pistes qui sont aussi données à différents endroits. Donc, c'est quelque chose. Tu ne nous diras pas comment tu t'es inscrit. Mais du coup, ce moment où tu as la confirmation, comment ça se passe ?
- Speaker #0
La confirmation que je suis sélectionné. Oui,
- Speaker #1
tu es sélectionné.
- Speaker #0
Alors, je dirais déjà l'année d'avant. J'avais déjà postulé une première fois et j'avais été pris sur la liste d'attente. Donc du coup, c'était un petit peu en deux fois. Et puis, quand j'ai été pris sur la liste d'attente, en fait, j'avais écrit cette année-là à l'organisateur qui s'appelle Laz que je souhaitais ne pas être pris tout de suite à la Barclay. Parce que je voulais tenter un record du monde. Donc, il y a un lien avec ce record du monde dénivelé. Et que je voulais que ce record du monde, entre guillemets, m'ouvre les portes de la Barclay. Et du coup, il me met sur la liste d'attente. Donc, quelque part, comme je n'avais pas officiellement postulé, je lui avais dit que je voudrais. C'était exactement ce que je voulais. Et du coup, en 2022, je fais mon record du monde. Et quand je postule derrière, là, tout d'un coup, j'apprends que je suis pris pour la Barclay 2023.
- Speaker #1
Et tu avertis, du coup ? Par email ou par lettre ?
- Speaker #0
On reçoit un email. Alors, c'est vrai que ce serait encore plus sympa qu'on reçoive un parchemin planté avec une bague dans notre porte.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
exactement. Ça irait bien dans le truc. Non, alors, ça, quand même, ce n'est pas possible. On reçoit un email. Je me rappelle exactement le moment où je l'ai reçu. J'étais à La Réunion, d'ailleurs, quand j'ai participé à la Diagonale des Fous. Donc, je me remettais gentiment de la Diagonale des Fous. Je me disais, OK, il va falloir maintenant récupérer un petit peu parce que j'avais eu un enchaînement, j'avais eu... Mon record de 24 heures de dénivelé, et puis j'étais reparti directement dans la préparation diagonale des fous. Je sentais que le corps était gentiment à bout, puis il avait besoin d'une vraie période de récup.
- Speaker #1
Bon, tu étais au bon endroit pour récupérer aussi.
- Speaker #0
Exactement. Et c'est à ce moment-là que je reçois ce mail qui ne me donne pas du tout envie de récupérer du coup, qui me donne envie de repartir à l'entraînement, exactement.
- Speaker #1
Incroyable. Tu fais partie des rares personnes qui y ont participé. En 2023, lorsque tu participes pour la première fois, J'imagine qu'il y a des attentes par rapport à la course, des doutes, peut-être même des peurs. Quand tu y participes, est-ce que tes attentes, tes peurs, elles correspondent à la course ou c'est pire ?
- Speaker #0
Je dirais qu'en arrivant sur place, la première chose, j'avais l'impression d'être un gamin à Disneyland. C'est-à-dire que tout ce dont j'avais rêvé, ces lieux mythiques. Alors qu'ils n'ont rien à voir avec un parc d'attractions. Dans les lieux mythiques, il y a la prison. Il y a cette fameuse Yellow Gate, la porte de départ. L'AZ, l'organisateur. Toutes ces choses-là devenaient réelles pour moi. Et j'avais vraiment l'impression d'être dans un film, d'être dans un livre. C'était assez impressionnant. Après, pour ce qui est de la course elle-même, comme j'étais bien préparé physiquement, j'ai pu suivre dès le début le groupe de tête avec certains habitués, ce qu'on appelle les vétérans de la barque. Et j'ai fait les deux premiers tours sans sortir la carte, sans sortir la boussole. Simplement.
- Speaker #1
En les suivant ?
- Speaker #0
En les suivant, mais pas seulement en les suivant. C'est-à-dire que c'est aussi un piège de suivre aveuglément parce que finalement, on n'apprend rien du tout. C'est-à-dire en les suivant, mais aussi, j'avais quand même beaucoup bossé sur le parcours. J'avais beaucoup bossé sur la carte. Je m'étais d'ailleurs même fait une petite représentation avec une imprimante 3D de tout le parc. Donc finalement, je connaissais chaque bosse, chaque relief, chaque contour. Et du coup, tout en courant, j'apprenais en me disant, ah ouais, là, on descend dans ce petit vallon-là, OK, on remonte sur cette fenêtre, on suit ce cours d'eau. Et mes potes en deux tours, ils connaissaient, eux, suffisamment les lieux et on n'a pas sorti la carte ni la boussole.
- Speaker #1
Mais ça veut dire que le lieu, tu le connaissais comme si tu avais grandi là-bas, quoi.
- Speaker #0
C'était presque ça, oui. J'avais tellement bossé sur les cartes qu'arriver sur place, il y a tout d'un coup tout qui a pris sens pour moi. J'étais sur place un moment avant la course. Alors, il y a juste une chose... qui a son importance, c'est qu'on n'a pas le droit, à part le jour de la course, de faire du hors-sentier. C'est un parc d'État, puis pour des questions de préservation de l'environnement et aussi pour préserver la magie et l'hiver autour de la course, on n'a pas le droit d'être hors-sentier. Donc, je suis arrivé sur place quelques jours avant, je suis resté sur les sentiers de randonnée classiques, mais sur les sentiers de randonnée classiques, j'avais eu des informations de la part de coureurs d'années précédentes où je connaissais le parcours de l'année d'avant, par exemple. Je me dis, ah ben là, le parcours, il descend depuis ce sommet, puis il va descendre là au fond de ce vallon. Donc voilà, pendant quelques jours, ça m'a permis de repérer un petit peu. sans pouvoir le suivre, mais par où passer ce parcours.
- Speaker #1
Et quand tu es sur place, tu dors en tente ou il y a des endroits qui sont aménagés ? Ça se passe comment ? Ou alors il y a un village à côté ?
- Speaker #0
Alors, c'est un camping, si on veut bien, un campement au départ. Par contre, moi, j'avais pris un Airbnb dans la petite ville d'à côté parce que j'avais fait pratiquement deux semaines avant sur place.
- Speaker #1
Ah ok.
- Speaker #0
Et du coup, j'avais pris le Airbnb. C'est juste 24 heures avant la course. Là, on vient dans le campement. Et puis alors, c'est là que du coup, on se retrouve tous. Donc, on découvre aussi des personnes qui, pour moi, c'est des noms qui ne disent pas grand-chose aux gens, mais pour moi, c'est des légendes. Comme un gamin qui adore le foot, puis qui se retrouve à pouvoir jouer avec Ronaldo et Messi. Et tout d'un coup, je me retrouvais là au milieu. Mais ça, c'est uniquement, on va dire, les 24 heures avant le départ. Quand ils nous redonnent notre dossard et qu'ils nous dévoilent le parcours. Ils nous donnent aussi un roadbook. C'est six ou sept pages d'explications. parce que finalement quand on arrive à un endroit où il y a une croix sur la carte, la croix sur une carte au 1,25 mille ça peut représenter une zone de 50 mètres sur 50 mètres donc là on a quand même un roadbook avec des explications qui vont dire à la confluence des deux rivières vous trouverez un arbre et puis derrière cet arbre il y a deux rochers et puis sous le rocher de gauche c'est là que vous trouverez les rivières des indices quoi tu y vas tout seul là-bas ? alors la première année j'y ai J'étais seul pendant toute ma période de reconnaissance. Et puis, il y a un ami qui m'a rejoint juste pour le moment de la course, histoire de m'aider dans l'assistance aussi. Alors, on n'a pas le droit d'avoir de l'assistance sur le parcours, mais quand on est entre deux boucles, alors là, on peut avoir de l'assistance. Et le but, c'est d'être le plus rapide possible.
- Speaker #1
Une fois qu'on a touché la barrière jaune, c'est ça ?
- Speaker #0
Exactement. Et pas d'assistance tant qu'on n'a pas encore touché la barrière jaune. Et c'est toujours le même ami, c'est Maxime.
- Speaker #1
Celui qui a fait faux plan ?
- Speaker #0
celui qui avait fait le faux plan et les 360 et la deuxième année où j'y suis allé là j'y suis allé avec ma femme qui elle m'avait assisté vraiment de près pendant toutes mes 24 heures quand j'avais fait mon record de dénivellation donc je savais qu'elle était hyper efficace elle savait quoi faire aussi exactement donc là j'avais beaucoup d'ambition mais cette deuxième année c'était moins bien passé je m'étais blessé dès le départ donc pour revenir à la première participation tu fais trois tours
- Speaker #1
donc ce qu'on appelle la fun run exactement donc en termes d'effort c'était quelque chose qui était très dur ou t'as eu je sais pas,
- Speaker #0
t'as dit que les deux premiers tours tu t'es pas perdu t'as pas utilisé la carte voilà alors en fait le groupe de tête qui était très très rapide j'arrivais à les suivre sans trop de problèmes dans les montées puisque on va dire que c'est mon point fort mais dans les descentes ils descendaient tellement bien dans du hors-sentier, dans des sentiers, enfin dans des terrains hyper techniques avec des feuilles, des troncs et tout, que moi je me sentais beaucoup moins économique qu'eux, je devais vraiment être en surf régime. Et donc j'ai vraiment serré les dents pendant une vingtaine d'heures. Oui, c'est long. Pour rester au contact avec eux pendant deux tours. Et après deux boucles, je me suis rendu compte que, pour dire que j'étais, je ne peux pas dire au début, mais je n'étais pas encore à la moitié par rapport aux cinq. J'avais plus de quadriceps, j'arrivais pratiquement plus à courir en descente et là je les ai laissé partir devant. Ça m'a offert un peu un répit. Et puis en fin de deuxième boucle, j'ai pris une petite demi-heure au campement pour faire une sieste, pour bien manger, essayer de me faire un petit massage au niveau des cuisses, ça n'a pas aidé beaucoup. Et après je suis reparti dans le troisième tour un peu plus en mode randonneur. Donc voilà, j'ai essayé de ne pas perdre du temps, d'aller à un bon rythme. Et voilà, ce troisième tour m'a pris beaucoup plus de temps. J'avais fait 20... et une heure pour les deux premières boucles et j'ai fait 15 heures pour la troisième. Donc là, on voit que j'étais au bout.
- Speaker #1
Et du coup, tu t'arrêtes après cette troisième boucle.
- Speaker #0
C'est ça. C'est qu'en fait, il y a un cut-off, il y a une barrière horaire toutes les 12 heures. Donc, j'aurais dû terminer la troisième boucle en moins de 36 heures pour avoir le droit de repartir. J'ai fait 36 heures 15. Après, je n'ai pas un vrai regret sur ces 15 minutes de trop puisque comme je l'ai dit... j'avais fait ma troisième boucle en 15h je vais pas faire la quatrième en 12h mais quand même tu vois quand tu dis ce que 15 minutes représente sur
- Speaker #1
36h c'est vrai
- Speaker #0
Voilà, c'est le sport, on dira.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et du coup, tu retournes en 2024. Exactement. Et on passe par la même procédure pour l'inscription ?
- Speaker #1
Voilà, c'est la même procédure. Maintenant, il n'y a pas eu de changement d'adresse e-mail. C'était toujours la même date pour l'envoyer. Donc, je dirais que les choses étaient quand même nettement plus simples.
- Speaker #0
Et tu es avantageux comme tu as déjà participé ?
- Speaker #1
Avantagé surtout parce que j'avais déjà fait ce qui s'appelle la fun run, des trois boucles. Donc la première année, j'étais considéré comme virgin, c'est-à-dire ceux qui découvrent le parcours pour la première fois. Et les virgins qui font une fun run dès leur première participation, en général, on leur ouvre assez facilement les portes pour leur donner une deuxième chance.
- Speaker #0
Et là, tu te blesses au premier tour, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement. C'est-à-dire que je suis à peine à deux heures d'effort. Donc par rapport à une barclay, c'est vraiment pas grand-chose. Et puis, on perd beaucoup de temps sur un livre. qui était censé être dans le creux d'un arbre et puis on était une dizaine à le chercher comme on était en début de course, on était encore un peu en peloton un peu coupé et puis finalement il y a quelqu'un qui le trouve alors là il y a un petit moment de stress autour de ce livre parce que tout le monde faut aller arracher sa page et quand j'ai ma page au lieu de prendre le temps de la mettre dans le petit sachet étanche que j'avais et tout je fais ça en partant en courant je pars en courant, je mets ma page et tout et puis je regarde pas où je mets les pieds et j'ai une cheville qui tourne ... j'entends vraiment juste le petit clac où je me dis aïe c'est allé trop loin alors j'ai pas voulu lâcher tout de suite j'ai continué en souffrant dessus je me suis dit je suis à la barclay je donne tout si je dois faire 50 heures en souffrant sur une cheville je le ferai mais j'ai tenu encore quoi 5-6 heures de plus puis après je me suis rendu compte des fois quand on a une torsion de cheville quand c'est chaud on se dessus ça passe et là je me rendais compte que pas après pas la douleur augmentait de plus en plus Et puis quand tout d'un coup je suis arrivé au passage vers la prison, il y a un tunnel qui passe sur la prison. J'étais d'ailleurs un des intents, un mythique de la Barclay, où on marche dans l'eau. Et du coup je me suis dit, je laisse un petit coup les pieds dans l'eau, ça va peut-être un peu faire du bien. Et en fait ça n'a pas fait du bien, ça me l'a tétanisé complètement et derrière je n'arrivais même plus à marcher. Et j'ai abandonné à ce stade-là.
- Speaker #0
Et comment tu reviens jusqu'au campement de base ? Parce que tant que tu n'as pas touché la balise jaune... Tu n'as pas le droit à ce qu'on t'aide, non ? Oui.
- Speaker #1
Alors là, en l'occurrence, comme j'étais vers la prison, j'étais à des seuls endroits, on va dire, civilisés. Je n'étais pas perdu en plein hors-sentier. Je suis allé proche de la route et il y a quelqu'un qui m'a ramené depuis cet endroit-là. Et puis, de toute façon, j'abandonnais. Donc, ce n'est pas considéré comme assistance extérieure. Mais après coup, je me suis quand même rendu compte, ça a été un peu dit, ce n'est pas forcément bien vu de se faire ramener en voiture. Voilà. On doit être considéré vraiment comme des aventuriers. Et puis, l'aventurier qui est perdu au milieu de la forêt amazonienne, il ne va pas faire du stop pour venir. Donc, je pense que l'organisateur aurait préféré me voir me débrouiller tout seul pour rentrer en rampant s'il le fallait. Mais voilà.
- Speaker #0
Dommage. Mentalement, ça a été dur à accepter ou bien ?
- Speaker #1
Oui, je dirais que mentalement, ça a été dur à accepter. Pas dans l'immédiat. Parce que dans l'immédiat, je me suis dit... tout de suite transformé en spectateur de la cour et c'était une édition exceptionnelle c'est d'ailleurs l'édition qui a vu pour la première fois une femme aller au bout, première fois en 40 ans.
- Speaker #0
Bouge pas, bouge pas j'ai le nom quelque part Jasmine Paris exactement,
- Speaker #1
Jasmine Paris qui arrive au bout dans un finish absolument je vais la vidéo quand j'en reparle, j'ai les frissons elle est arrivée avec 1 minute 40 de marge sur 60 heures 1 minute 40 de marche sur la barrière horaire. Donc on était tous en train d'attendre à 59h30, 59h40, à 59h55, on n'y croit plus. Et puis tout d'un coup, on entend quelqu'un qui crie en bas, qui voit arriver un coureur et tout. Puis on se dit, ça peut être qu'elle. Et on la voit débarquer en bas de la petite route du camping à 2 minutes avant la fin. Et puis finir vraiment en sprint, s'effondrer en touchant la barrière jaune. C'était un tout grand moment. Donc je dirais que dans un premier temps, le fait d'être en spectateur et de vivre ces grands moments c'est passé comme de rien je suis revenu chez moi j'ai repris l'entraînement et tout et je me suis dit c'est presque passé trop facilement parce que c'était quand même un gros coup ça a été une centaine d'heures d'entraînement j'avais mis énormément de dents puis après derrière ma saison 2024 elle a été un peu tout en dents de scie j'ai enchaîné d'autres blessures et là ça n'était pas évident j'ai passé un hiver 2024-2025 voilà ... où je me disais, bon, est-ce qu'il faut que je tourne la page ? Est-ce que je suis devenu trop vieux ? Est-ce qu'il faut que je revoie mes ambitions à la baisse ? Puis là, au moment où on se parle maintenant, je te dirais que ça fait deux mois que je suis reparti sur une pente ascendante et puis que je retrouve plein d'ambition et plein d'envie.
- Speaker #0
Et du coup, ça te donne envie d'y participer encore une fois ?
- Speaker #1
Oui, clairement. Alors, pour cette année-là, en 2025, je n'avais pas postulé, c'était volontaire. Après, effectivement, mes déboires de 2024, Je pensais qu'il me fallait un petit peu du temps pour digérer ça. Se relancer dans une préparation, c'est une application énorme sur la vie de famille, sur la vie professionnelle. C'est-à-dire, c'est beaucoup de journées où on est fatigué à 18 heures. Et puis là, on part en hiver à la lampe frontale pour revenir à 23 heures d'entraînement. Et mentalement, je n'étais pas prêt à me réinvestir autant que ça. J'avais besoin de faire un break. Et puis là, clairement, j'ai eu envie d'y retourner l'année prochaine.
- Speaker #0
Ben écoute, on te le souhaite, on regardera tout ça. Ça se passe à quel moment de l'année ?
- Speaker #1
La Barclay, ça a toujours eu lieu dans le courant du mois de mars, presque en même temps que le dernier survivant. D'ailleurs, l'année dernière, j'avais décalé un peu le dernier survivant par rapport à la Barclay, parce que je savais que je serais à la Barclay, donc le temps de rentrée. Le dernier survivant avait eu lieu début avril.
- Speaker #0
Ok, donc en quelques chiffres, en 2024, il y a cinq finishers, c'est ça ? Exactement. Si je ne me trompe pas, dont Jasmine Paris, qui est la première femme. Jusqu'en 2023, il y avait eu 15 finishers et la course existe depuis 1986.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
1986, donc 15 finishers de 1986 à 2023 et 5 finishers en plus en 2024. Taux d'abandon, 99%. Oui, alors je ne sais pas si c'est…
- Speaker #1
C'est ce qui est voulu à la base. À la base, ce qui est voulu, c'est qu'il y ait 1% de finishers. Et ça a été le cas pas dans longtemps. Et là, 2023-2024, on a eu deux années exceptionnelles. Déjà, non seulement à cause des conditions météo, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu une goutte de pluie. Et puis, à partir du moment où on est en haut-sentier et qu'il faut chercher des bouquins paumés dans la nature, il suffit d'un orage ou d'un peu de brouillard et ça change tout. Et là, on a eu vraiment deux belles années en termes de conditions. Et en plus de ça, on va dire que la start list, les athlètes qui viennent au départ sont de plus en plus entraînés, de plus en plus préparés. donc il suffit qu'il y en ait un qui ait les capacités de finir pour que ce soit un groupe très homogène et puis il y en a vite 3, 5 ou 7 qui ont les capacités d'aller au bout c'est dans quel état aux Etats-Unis ?
- Speaker #0
dans le Tennessee je me disais ok très bien, on espère que tu pourras participer à nouveau, on verra ça de toute façon, il y a des reportages qui sortent tout le temps d'ailleurs, t'as participé à un reportage je connais plus le youtuber vous pourrez le retrouver en tapant Barclay Marathon ... Il y a un youtubeur français qui a fait un reportage de 30 minutes qui est très bien fait d'ailleurs.
- Speaker #1
C'est juste, c'est John Rimbaud.
- Speaker #0
Voilà, exactement. Alors, on va passer �� la dernière partie. Moi, j'imagine que toutes ces performances, ces courses, ça demande une discipline extrême. Ils ressemblent à quoi ton quotidien ? Après, tu dis que tu fais aussi beaucoup de choses par plaisir. Donc, j'ai l'impression aussi que si tu as envie de souffler, tu souffles. Mais... C'est... que tu en prépares.
- Speaker #1
Exactement. Je pense que la clé, c'est de faire les choses par plaisir. Et je pense que mon année 2024, qui a un petit peu été difficile mentalement, où c'était lié à ma blessure à la Barclay, mais c'est aussi lié que je pense que j'ai fait une préparation Barclay qui était trop centrée sur les contraintes. Elle a peut-être un objectif trop grand qui me faisait peur à moi-même, où tout d'un coup, les contraintes ont remplacé le plaisir. J'ai oublié cette phrase. basique qu'on dit tout le temps, que le bonheur il doit pas être dans l'objectif mais il doit être sur le chemin, et finalement pour moi j'ai fait un chemin qui était uniquement jalonné de contraintes, et comme l'objectif n'a pas eu lieu non plus au final on se rend compte qu'il reste pas grand chose, donc ça c'est vraiment l'apprentissage je dirais que j'ai eu par rapport à ça mais globalement c'est clair que c'est un quotidien hyper chargé, avec un emploi, je suis prof à 100% ... J'ai une vie de famille, une femme, deux enfants, et ils ont 14 ans, alors maintenant ils deviennent grands, donc c'est l'âge où c'est gentiment moi qui vais me battre pour faire des activités avec eux, plutôt qu'eux qui veulent faire des activités avec moi. Mais pour dire que, voilà, bien sûr, ça demande quand même beaucoup, beaucoup. Je ne vais pas dire de sacrifice, je n'aime pas ce mot-là, parce que finalement c'est du plaisir, ce n'est pas quelque chose de si important le sport dans la vie, c'est que...
- Speaker #0
À ce niveau-là, oui.
- Speaker #1
C'est qu'un bonus. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai.
- Speaker #1
Ça doit être qu'un bonus. Ça ne doit pas nous empêcher de vivre à côté. Mais c'est quand même effectivement beaucoup de temps pris sur le quotidien.
- Speaker #0
Et ça occupe, quand tu es en prépa par exemple, ça occupe beaucoup de place dans ta tête ?
- Speaker #1
Oui, ça va occuper beaucoup de place dans ma tête. Oui, clairement. Parce que c'est une fois de plus mon côté mathématicien qui ressort. Oui, bien sûr. Dans une prépa, on calcule ses temps de passage. Et puis sur le papier, ça a toujours l'air possible et ça a toujours l'air faisable. De temps en temps, c'est bien de faire une sortie pour vérifier ce qu'on a mis sur le papier en se disant finalement, ce n'est pas si facile que ça.
- Speaker #0
Je vais revenir à une stat que j'ai trouvée sur la Barclay. Et ça, je trouve ça très intéressant, qui est dans ce reportage YouTube. La majorité des finishers de la Barclay, donc parmi les 23 qui ont fini, la majorité sont soit mathématiciens, ingénieurs. Il s'avère que toi, tu es professeur de maths. C'est quoi cette corrélation ?
- Speaker #1
C'est quelque chose qui est souvent sorti, et je pense que c'est vrai, c'est qu'en fait, la Barclay, plus qu'une course... plus même qu'une aventure, c'est un espèce de problème à résoudre. C'est une espèce d'équation avec des dizaines d'inconnus et il faut vraiment tenir compte de tous les paramètres. Il faut recenser toutes les informations possibles et imaginables. Je pense qu'on peut être le meilleur athlète au monde si on va là-bas les mains dans les poches sans avoir bossé avant. On ne pourra pas aller au bout. C'est hyper important de savoir ce qui s'est fait sur la Barclay pratiquement sur les 30 dernières années. d'avoir des informations parce que tout d'un coup, il y a quelqu'un qui va juste faire un compte-rendu de sa course où il va donner une petite info. On va se rendre compte, ah tiens, à tel endroit, si on se perd, par exemple, il y a un endroit où on dessine une colline, puis on arrive en bas, puis la rivière, elle doit couler de Ausha droite, puis tout d'un coup, elle coule de droite à gauche. Puis on se dit, mais comment ça se fait ? C'est qu'on a viré un petit peu trop à droite sur la colline et puis qu'on n'est plus sur la même rivière. Puis à ce moment-là, il faut savoir comment réagir. C'est un exemple parmi des dizaines, mais il faut vraiment avoir pratiquement toutes les... Un ancien finisher disait qu'il connaissait par cœur toutes les lignes de niveau, toutes les courbes de niveau de la Marclay. Donc il y a une démarche vraiment scientifique là-dedans.
- Speaker #0
Ok, très bien. Alors avant qu'on passe à quelques questions de fin que j'ai pour toi, tu as des courses qui sont prévues ?
- Speaker #1
Alors j'ai quelques dossards, on va dire plaisir. Après mes déboires de 2024, puis comme je te dis, je suis en train de remonter la pente. Il y a de ça deux mois en arrière. Oui, il y a deux mois en arrière, je n'aurais peut-être pas parlé avec le même optimisme. Du coup, je me suis dit, je ne vais pas viser des gros objectifs, mais des dossards de plaisir. Par exemple, je me suis inscrit au Swiss Canyon Trail, qui est notre course régionale ici. Cette année, c'est la 30e édition et ils font une édition anniversaire en faisant une course de 168 kilomètres. C'est la première fois qu'ils font 10 ans. Donc, je me suis dit, pour une fois qu'on a une course de cette longueur dans la région,
- Speaker #0
je pense. C'est vrai, oui. magnifique bon bah alors courage c'est quand ? ça ce sera le 6 et 7 juin ok bon bah courage pour cette pour cette course alors avant que j'arrive à mes questions de fin j'ai un un petit questionnaire t'as le choix entre deux options simplement et tu dois en choisir une donc la Barclay ou alors l'Ultra Trail Mont Blanc la Barclay ok entraînement court mais haute intensité ou long et endurant ?
- Speaker #1
Lent et endurant.
- Speaker #0
Courir sous froid et pluie ou sous 35 degrés ?
- Speaker #1
Celle-là, elle est difficile. Je vais dire sous 35 degrés.
- Speaker #0
Un ultra trail avec zéro ravitaillement ou un ultra sans montre GPS ?
- Speaker #1
Elle est difficile aussi, on va dire sans ravitaillement. Ok.
- Speaker #0
Trail en montagne ou course dans le désert ?
- Speaker #1
Trail en montagne.
- Speaker #0
Et finalement, celle-là elle est dure je trouve, record personnel mais zéro spectateur. ou grosse ambiance mais pas ton jour ?
- Speaker #1
Record personnel sans spectateur.
- Speaker #0
Tu as fait le record de dénivellation sans grand public, si je ne me trompe pas.
- Speaker #1
Il y a quelques personnes qui étaient venues, ce n'était pas énorme.
- Speaker #0
Des gens autour de toi peut-être et des gens de la région peut-être, mais ce n'était pas comme à La Réunion par exemple. Oui, bien sûr,
- Speaker #1
par la même ambiance.
- Speaker #0
Ok, alors on va passer aux questions de fin, Christophe. Si tu pouvais passer une heure avec une personnalité de ton choix, qui t'inspire, qui te motive ? Alors,
- Speaker #1
c'est pas très original, mais je vais dire Kylian Jornet, qui, dans le domaine de la course, alors, il n'est pas forcément connu du grand public, comme Ronaldo ou Messi, parce qu'on parle de l'ultra-près, il n'est pas de foot, mais voilà, c'est le plus grand coureur en montagne de tous les temps, et puis, je dirais, l'intérêt de pouvoir rencontrer et parler avec un Kylian Jornet, c'est que si on... on prend les trois gros domaines qui m'ont fait vibrer dans ce sport, qu'on a fait en revue aujourd'hui, le dernier survivant que j'organise, les 24 heures de dénivellation et la Barclay, c'est trois domaines dans lesquels je voudrais volontiers discuter avec lui. Je suis sûr qu'il pourrait être intéressé par participer au dernier survivant, par tenter, pourquoi pas, une fois le record de dénivellation à 24 heures et mettre un gros pied aux fesses à la marque que j'avais mise.
- Speaker #0
On ne sait pas, peut-être. Peut-être pas. Deuxième question, ton son du moment.
- Speaker #1
Alors, côté musique, je suis très branché. Je disais tout à l'heure que j'ai déjà 45 ans, que je suis gentiment vieillissant. Mais côté musique, on peut croire que j'en ai 65. très branché variété française, vieille langue française. Donc voilà, ça peut être du Renault, ça peut être... Mais aussi dans la chanson française, certaines choses qui n'ont pas forcément 30 ou 40 ans, qui sont un peu plus modernes, ça peut être Claudio Capeo, Boulevard des Airs.
- Speaker #0
panneau. Ok, très bien. Est-ce que tu as un compte Instagram à recommander ?
- Speaker #1
Je suis très peu sur Instagram, mais il y a un compte qui me plaît beaucoup, c'est les Genoux dans le Gif. Les Genoux dans le Gif, c'est un Français et sa femme qui ont lancé un compte où ils décrivent avec humour toute l'actualité du trail. Je trouve qu'ils font beaucoup de bien dans un sport pour montrer le côté avant tout. jeu et amusant et pas le côté austère qu'on peut imaginer dans le sport.
- Speaker #0
Très bien. Et si tu avais une question à poser au prochain invité du podcast ?
- Speaker #1
Puisqu'on est dans un podcast et on parle d'être dévoué à une passion, je me dirais, est-ce que c'est possible de faire de sa passion son métier sans pour autant perdre de cette passion, que la passion reste intacte ? Très bien.
- Speaker #0
Merci infiniment. pour ton temps, on arrive gentiment à la fin, avant que tu partes j'ai un cadeau pour toi c'est le sel LVDD c'est un sel pimenté j'espère qu'il t'aidera dans les dénivellations c'est le partenaire cadeau LVDD.ch pour toutes les commandes, pour tous ceux qui sont encore là avec nous il est présent aussi à Manor partout en Suisse donc voilà, ça c'est pour toi et une dernière fois, merci Christophe Merci à toi Courage pour la suite, j'espère pas de blessures, j'espère une autre Barclay. On va suivre ça de façon très assidue et j'espère que tu te rends compte que c'est plutôt incroyable tout ce que tu as accompli.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai, mais j'aimerais qu'on a souvent tendance à regarder plus vers le futur que vers le passé.
- Speaker #0
Tu sais, moi quand j'ai appris que tu avais fait les Barclays, pour moi c'était incroyable. Pour moi, c'est comme me dire que quelqu'un a joué la Coupe du Monde au foot.
- Speaker #1
C'est vrai que la Barclay, au niveau des retours que j'ai eus, je me rends compte que c'est vraiment quelque chose de mythique, qui touche les gens, même des gens qui ne sont pas connaisseurs dans la course. Ça a beaucoup plus parlé de ma participation à la Barclay que de mon record du monde.
- Speaker #0
Très bien. En tout cas, merci encore une fois. Moi, je vais juste clôturer l'épisode. Donc, à toutes les auditrices et les auditeurs qui sont encore là, je vous remercie infiniment pour votre écoute. Comme d'habitude, vous pouvez laisser votre commentaire sur la section sondage sur Spotify, Deezer aussi. Et les 5 étoiles sur Apple Podcasts, Deezer et Spotify. Ouais, si je ne me trompe pas. Et voilà, on se voit au prochain épisode. Bye bye.
- Speaker #1
Bye bye.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté.
- Speaker #1
Bye bye.