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"J'ai une équipe qui vit toujours dans le futur" 🎙️ Maxime St-Pierre, DG Médias numériques à Radio Canada - Deep Media 🎧 cover
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Deep Media

"J'ai une équipe qui vit toujours dans le futur" 🎙️ Maxime St-Pierre, DG Médias numériques à Radio Canada - Deep Media 🎧

"J'ai une équipe qui vit toujours dans le futur" 🎙️ Maxime St-Pierre, DG Médias numériques à Radio Canada - Deep Media 🎧

15min |10/06/2025|

29

Play
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"J'ai une équipe qui vit toujours dans le futur" 🎙️ Maxime St-Pierre, DG Médias numériques à Radio Canada - Deep Media 🎧

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15min |10/06/2025|

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Description

Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada est le troisième invité de Deep Media.

Avec lui, nous allons explorer la manière dont Radio Canada cadre l'usage de l'IA générative dans l'ensemble de ses missions au travers notamment de 7 principes directeurs que nous allons explorer ensemble. Nous allons également découvrir de quelle manière la culture d'entreprise est travaillée pour faire découvrir ces technologies et leurs éventuelles implications. Comme l'apport de l'IA générative est-elle jaugée dans de nombreuses missions ? Comment sont définis ces 7 principes directeurs et comment se matérialisent ils au quotidien ? On fera aussi le point sur les échanges et l'influence de Radio Canada au sein de l'écosystème technologique et médiatique.

Deep Media l'interview épisode 8 🎙️ Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • PrĂ©sentateur

    Bienvenue dans Deep Media, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. Deep Media, c'est un... temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Bonne écoute !

  • Julien Boujot

    Juste sur ce projet dont tu parlais, là je vais juste rebondir sur le côté relation entre les équipes numériques chez toi, les équipes éditoriales, comment est-ce que ça se passe et comment est-ce que l'éditorial, on va dire... a réagi à la mise en place de ce projet ? J'ai bien compris qu'ils étaient clairement inclus. Et comment est-ce qu'ils sont assez emballés par le système ou au contraire, ça nécessite encore de les convaincre assez fortement ?

  • Maxime St-Pierre

    Moi, je suis vraiment privilégié d'avoir des collègues qui sont ouverts aussi à explorer ce type de technologie-là. Donc, il y a vraiment une cellule en innovation dans la salle de rédaction. C'est souvent avec elle qu'on va collaborer pour ce type d'initiative-là. Ce qu'elle nous permet, c'est de comprendre qu'on veut explorer, qu'il y a des zones de flou, mais on les explore ensemble. Ça, je pense que c'est la meilleure approche pour le succès d'une initiative. Puis on partage les succès comme on partage les échecs, on s'entend, mais de le faire ensemble, ça permet aussi de bien comprendre la réalité de tout ça chacun pour pouvoir s'ajuster. quand le projet prend de l'ampleur par la suite. Donc, on commence plus petit, on voit s'il y a des sensibilités, on voit s'il y a des enjeux XY, par exemple, puis par la suite, quand c'est le temps d'y aller vraiment à fond la caisse, à ce moment-là, on a déjà des partenaires, on a déjà eu nos succès, on a déjà eu nos échecs, puis la transparence dans tout ça, c'est extrêmement important. Moi, je dis souvent, j'ai une équipe qui essaie toujours de vivre dans le futur, puis Les équipes en information, eux, se doivent de couvrir l'actualité au présent. Dans ce contexte-là, on essaie de trouver un juste équilibre pour qu'on puisse se supporter l'un et l'autre. Dans ce cas-ci, c'est un exemple, mais on travaille main dans la main avec les gens de l'éditorial. Des fois, on n'est pas d'accord, mais on se le dit. On est d'accord qu'on n'est pas d'accord. On essaie vraiment de cheminer et d'avancer. Une fin de non recevoir d'une équipe ou d'une autre, à ce moment-là, on essaie de trouver une autre piste aussi. Le but étant, encore une fois, de mieux servir les auditoires. Donc, je pense que c'est vraiment ça l'important, c'est d'avoir cette posture-là en tête. Puis, par la suite, c'est d'avancer. Tout le monde ensemble est dans la main.

  • Julien Boujot

    Oui, c'est ça. Donc, en tout cas, il n'y a pas une volonté d'être réfractaire là-dessus. Et tu as même, à l'inverse, on va dire, ton éditeur, des fois, qui va venir un peu toquer à la porte et qui se dit, tiens, on aurait une idée, une envie et on aurait besoin de tes équipes.

  • Maxime St-Pierre

    Ça peut arriver. C'est en exposant les gens, les équipes et les possibilités des différents outils. C'est sûr, au départ, tout le monde est un peu craintif. On ne connaît pas, on ne sait pas. Donc, on doit vraiment apprendre à travailler avec les outils en place, bien les connaître. Mais par la suite, on y prend goût. Ça fait en sorte que, par exemple, ça nous rend plus efficaces, ça nous permet des fois de nous relancer sur des idées parce que l'outil, on peut lui dire « est-ce qu'il y a quelque chose dans mon angle mort que je n'ai pas vu dans ma réflexion ? » Puis, les outils comme Gemini, par exemple, peuvent dire « moi, je te propose X, Y, Z. » Donc, le syndrome de la page blanche aussi peut nous aider sans nécessairement lui demander de faire le travail de rédaction et tout ça, juste de nous remettre sur des pistes. C'est un exemple parmi tant d'autres de comment on peut utiliser au quotidien. un assistant en IA pour même juste influencer notre travail. Mais le but, encore une fois, c'est de le faire le mieux possible. Dans ce contexte-là, au départ, on se met tous d'accord que c'est de l'inconnu. Par la suite, en avançant, on se rend compte que, ensemble et avec les outils qu'on a entre les mains, on peut être encore plus efficace et aller encore plus loin. Mais pour ça, ça prend des gens aussi qui ont cette ouverture d'esprit-là.

  • Julien Boujot

    Oui, bien sûr. Et c'est hyper intéressant. Et après, tout à l'heure, on reviendra un petit peu peut-être sur la culture d'entreprise que ça nécessite par rapport à tout ça.

  • PrĂ©sentateur

    Je voulais revenir sur un point tout Ă  l'heure.

  • Julien Boujot

    On parlait aussi un petit peu des comportements des auditeurs, de tout le public de Radio-Canada. Ça, par rapport, est-ce qu'il y a des projets qui sont menés avec de l'IA, en tout cas des technologies, par rapport à l'analyse ? de ces comportements, leur consommation média, etc. pour aussi faire évoluer vos stratégies et peut-être aussi, ne serait-ce que la stratégie de distribution.

  • Maxime St-Pierre

    On a des outils déjà en place pour collecter les signaux, encore une fois dans un but de mieux faire notre travail. Par exemple, dans la dernière année, on a pris la décision de demander aux gens de s'authentifier sur nos applications mobiles. Comme service public, c'est une étape importante, mais encore une fois, c'était dans le but de mieux servir les auditoires. Donc, dans un contexte où… tous les joueurs du privé ont énormément d'informations sur les utilisateurs. Nous, le conseil a été qu'on devait aussi aller dans cette Ausha, encore une fois, pour capter les signaux, voir si les personnes ont une propension à regarder un contenu X, écouter un contenu Y. Donc, oui, on a des outils comme ça en place. L'objectif, encore une fois, c'est vraiment de rester pertinent. C'est ça. C'est au cœur de notre mission, la pertinence, la confiance, la proximité. Donc, moi, je le vois vraiment sous cette lentille-là.

  • Julien Boujot

    OK. Au niveau des règles, des principes éthiques, parce que ça, c'est un sujet qui est majeur quand on parle d'IA générative et quand on parle de toutes ces technologies-là, comment est-ce que Radio-Canada s'est structuré, continue peut-être de se structurer avec peut-être une mise à jour aussi d'éventuels éléments de cadrage ? Voilà, comment est-ce que ça se présente ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, il y a déjà plus d'un an, on a mis en place, pas plus d'un an, peut-être même un an pile, mais on a mis en place des principes directeurs d'utilisation d'intelligence artificielle, qui a été rédigé par un comité de travail. Le but, c'est qu'on ait été en mesure de collecter l'ensemble de la rétroaction des différentes équipes, juste pour mettre un cadre à la base, un socle sur lequel on peut s'appuyer. Donc, on a mis en place les sept principes directeurs. Par exemple, la responsabilité humaine, la transparence, l'équité, le respect des droits d'auteur, l'expérimentation. J'en oublie deux. La collaboration, il m'en manque un dans la liste, mais vous comprenez un peu le principe. Bien sûr. Donc, l'idée derrière ça, c'était de pouvoir mettre ces principes directeurs-là en place pour que par la suite, dans l'application quotidienne, les équipes déjà aient des balises sur lesquelles s'appuyer. Moi, j'ai le privilège de représenter Radio-Canada au niveau de l'intelligence artificielle sur ces questions-là. Donc, moi, je m'invite aussi dans des comités pour creuser un peu plus sur des sujets, par exemple, au niveau du numérique, bien entendu, mais aussi au niveau de la création, au niveau de la production. Comment on peut, est-ce qu'il y a des endroits où on est à l'aise d'utiliser l'intelligence artificielle ou pas ? parce qu'on peut pas en a décision de dire On n'a pas besoin d'intelligence artificielle pour ce genre d'activité, mais toujours dans le respect des principes directeurs en place. L'idée derrière ça, c'est de... Parce que ça, c'est quand même beaucoup de critères. Il y a beaucoup de syndicats aussi. Donc, on veut vraiment le faire dans une optique de transparence. Puis, c'est de se poser tous ensemble les bonnes questions. Puis, de voir si les réponses, on est tous à l'aise avec ça. Il y a des normes qui sont en place, je parlais des droits d'auteur un peu plus tôt, mais ce n'est pas parce que l'IA existe que soudainement, on ne va plus respecter la loi sur les droits d'auteur. Donc, ce n'est pas parce que l'IA existe qu'on ne respectera pas les normes et pratiques journalistiques en place. Donc, c'est le genre aussi de réflexion qu'on a collectivement, puis ça chemine et ça change et ça évolue parce qu'en un an, c'est une industrie qui a énormément évolué. pour voir comment nous, on tire notre épingle du jeu aussi là-dedans. Mais ça nous a permis, par exemple, de lancer les résumés d'articles par voie de synthèse. On le dit très bien, d'entrée de jeu, que c'est une intelligence artificielle avec une voie de synthèse qui lit les articles, grosso modo. Mais l'objectif, encore une fois, on l'a commencé petit. Il y avait quelques articles, vérifier le niveau de précision, vérifier s'il y avait des enjeux, demander aux utilisateurs de... aussi de revenir avec la rétroaction s'il voyait des enjeux. Par la suite, on a étendu cette offre-là à l'ensemble de nos articles. Donc, c'est un peu l'approche qu'on utilise aussi au final, mais toujours dans le respect des sept principes directeurs. Donc, est-ce que ces principes-là vont changer à terme ? C'est possible, mais pour le moment, on s'appuie sur ces sept principes-là, que ce soit… du côté de CBC, le penchant anglophone ou de Radio-Canada. Puis si on est à pied à les faire évoluer parce que l'industrie a changé, on va se rasseoir et on va en discuter. Mais l'idée derrière ça, c'est de voir c'est comment l'intelligence artificielle peut jouer un rôle dans notre quotidien sans non plus dénaturer qui on est et notre travail.

  • Julien Boujot

    Bien sûr. Et visiblement, ça ne vous bride pas non plus dans les projets que vous menez. C'est-à-dire qu'avec ces sept principes directeurs, vous arrivez quand même à mettre en place des projets et à évoluer et à continuer de progresser en la matière.

  • Maxime St-Pierre

    Comme quoi, l'exploration est importante dans le processus parce qu'on ne peut pas non plus… ne rien faire, ne pas développer notre esprit critique, ne pas comprendre comment ça fonctionne sous le capot, sachant très bien que l'intelligence artificielle va façonner la façon aussi qu'on va se développer au final. Elle est omniprésente sur à peu près tous les appareils connectés qui existent aujourd'hui. Donc, c'est faux de penser qu'on peut juste continuer sans utiliser l'IA aujourd'hui. chaque personne qui utilise son téléphone. On utilise l'IA plusieurs fois par jour, même sans s'en rendre compte. Donc, on est vraiment là-dedans, mais encore une fois, avec prudence et regard. Puis, notre objectif est différent des autres. Encore une fois, on n'est pas là pour générer des revenus.

  • Julien Boujot

    Oui, et ça, c'est une vraie différence et c'est ce qui vous permet aussi d'aller explorer des choses. D'ailleurs, il y a peut-être aussi des petits camarades qui regardent, j'imagine, avec attention ce que vous faites et peut-être aussi qui s'inspirent de ces expérimentations, on va dire, non lucratives. que vous faites pour peut-être aussi miser sur des technologies ? Il y a peut-être un exemple en la matière ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, bien, nous, on fait partie d'un regroupement qui s'appelle les médias francophones publics. Donc, on retrouve là-dedans des médias francophones comme Radio-France, France Télévisions, RTBF, RTS, donc c'est le penchant suisse, entre autres. Il y a d'autres médias du Québec aussi et du Canada. Puis l'objectif, c'est de partager aussi ces connaissances-là pour... du moins apprendre des erreurs des autres ou d'apprendre des apprentissages, je pourrais me permettre de le dire comme ça, et d'échanger et de voir s'il n'y a pas aussi des synergies possibles lorsque c'est pertinent de le faire. Puis ça arrive, ça arrive qu'il y ait des collaborations aussi entre les différents médias publics francophones.

  • Julien Boujot

    Et d'ailleurs, par rapport à ces médias francophones publics, comment est-ce que tu juges, alors je ne vais pas te demander un classement, qui est en avance et qui ne l'est pas, mais comment est-ce que tu juges un peu la dynamique en la matière des médias francophones publics ? Est-ce que tu trouves qu'ils sont plutôt bien situés, est-ce qu'ils sont plutôt actifs en la matière ou au contraire qu'ils sont un petit peu suiveurs et peut-être un petit peu en retard ?

  • Maxime St-Pierre

    Je pense vraiment que c'est la géométrie variable en fonction de chacun des médias. Et puis, il y en a qui vont spécialiser dans certains éléments, tandis que d'autres, ça va être dans d'autres. Il faut comprendre que des médias qui sont, je vais dire, plus généralistes, qui font à la fois... de la vidéo, de l'audio et de l'écrit, tandis qu'il y en a d'autres qui focussent seulement sur de la vidéo, il y en a d'autres qui focussent seulement sur de l'audio. Je vais vous donner un exemple, par exemple Radio-France. Radio-France focusse seulement sur l'audio. Donc, c'est sûr que l'ensemble des initiatives sont dans ce sens-là, tandis que pour Radio-Canada, on va avoir des exemples vraiment où des fois on est en audio, des fois on est à l'écrit, des fois on est en vidéo. Donc, ça fait en sorte que… Au final, on a des initiatives qui sont, on a un portfolio qui est plus large, donc moins spécifique. D'un autre côté, ça nous permet d'avancer sur tous les fronts, puis lorsque c'est possible, bien entendu, et d'avoir des collabos aussi avec des joueurs qui sont sur ces dossiers-là. Mais on n'aura jamais autant le focus sur un type de média parce qu'on est plus généraliste de façon globale. Mais dans ces échanges-là, c'est très riche, on se partage des bons coups, puis au final, on est tous là pour les mêmes raisons. Donc, c'est d'offrir une bonne expérience, de rester pertinent, de maintenir un niveau de confiance élevé avec les auditoires. Donc, dans ce sens-là, ça devient beaucoup plus facile aussi d'échanger parce qu'on a des objectifs qui sont très similaires.

  • PrĂ©sentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Maxime St-Pierre. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où l'on va continuer d'explorer le futur des médias à l'ère du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les commentaires et étoiles adéquates. DeepMedia est un podcast autoproduit par FollowMeConseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisé en IA générative et social media. A très bientôt !

Description

Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada est le troisième invité de Deep Media.

Avec lui, nous allons explorer la manière dont Radio Canada cadre l'usage de l'IA générative dans l'ensemble de ses missions au travers notamment de 7 principes directeurs que nous allons explorer ensemble. Nous allons également découvrir de quelle manière la culture d'entreprise est travaillée pour faire découvrir ces technologies et leurs éventuelles implications. Comme l'apport de l'IA générative est-elle jaugée dans de nombreuses missions ? Comment sont définis ces 7 principes directeurs et comment se matérialisent ils au quotidien ? On fera aussi le point sur les échanges et l'influence de Radio Canada au sein de l'écosystème technologique et médiatique.

Deep Media l'interview épisode 8 🎙️ Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • PrĂ©sentateur

    Bienvenue dans Deep Media, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. Deep Media, c'est un... temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Bonne écoute !

  • Julien Boujot

    Juste sur ce projet dont tu parlais, là je vais juste rebondir sur le côté relation entre les équipes numériques chez toi, les équipes éditoriales, comment est-ce que ça se passe et comment est-ce que l'éditorial, on va dire... a réagi à la mise en place de ce projet ? J'ai bien compris qu'ils étaient clairement inclus. Et comment est-ce qu'ils sont assez emballés par le système ou au contraire, ça nécessite encore de les convaincre assez fortement ?

  • Maxime St-Pierre

    Moi, je suis vraiment privilégié d'avoir des collègues qui sont ouverts aussi à explorer ce type de technologie-là. Donc, il y a vraiment une cellule en innovation dans la salle de rédaction. C'est souvent avec elle qu'on va collaborer pour ce type d'initiative-là. Ce qu'elle nous permet, c'est de comprendre qu'on veut explorer, qu'il y a des zones de flou, mais on les explore ensemble. Ça, je pense que c'est la meilleure approche pour le succès d'une initiative. Puis on partage les succès comme on partage les échecs, on s'entend, mais de le faire ensemble, ça permet aussi de bien comprendre la réalité de tout ça chacun pour pouvoir s'ajuster. quand le projet prend de l'ampleur par la suite. Donc, on commence plus petit, on voit s'il y a des sensibilités, on voit s'il y a des enjeux XY, par exemple, puis par la suite, quand c'est le temps d'y aller vraiment à fond la caisse, à ce moment-là, on a déjà des partenaires, on a déjà eu nos succès, on a déjà eu nos échecs, puis la transparence dans tout ça, c'est extrêmement important. Moi, je dis souvent, j'ai une équipe qui essaie toujours de vivre dans le futur, puis Les équipes en information, eux, se doivent de couvrir l'actualité au présent. Dans ce contexte-là, on essaie de trouver un juste équilibre pour qu'on puisse se supporter l'un et l'autre. Dans ce cas-ci, c'est un exemple, mais on travaille main dans la main avec les gens de l'éditorial. Des fois, on n'est pas d'accord, mais on se le dit. On est d'accord qu'on n'est pas d'accord. On essaie vraiment de cheminer et d'avancer. Une fin de non recevoir d'une équipe ou d'une autre, à ce moment-là, on essaie de trouver une autre piste aussi. Le but étant, encore une fois, de mieux servir les auditoires. Donc, je pense que c'est vraiment ça l'important, c'est d'avoir cette posture-là en tête. Puis, par la suite, c'est d'avancer. Tout le monde ensemble est dans la main.

  • Julien Boujot

    Oui, c'est ça. Donc, en tout cas, il n'y a pas une volonté d'être réfractaire là-dessus. Et tu as même, à l'inverse, on va dire, ton éditeur, des fois, qui va venir un peu toquer à la porte et qui se dit, tiens, on aurait une idée, une envie et on aurait besoin de tes équipes.

  • Maxime St-Pierre

    Ça peut arriver. C'est en exposant les gens, les équipes et les possibilités des différents outils. C'est sûr, au départ, tout le monde est un peu craintif. On ne connaît pas, on ne sait pas. Donc, on doit vraiment apprendre à travailler avec les outils en place, bien les connaître. Mais par la suite, on y prend goût. Ça fait en sorte que, par exemple, ça nous rend plus efficaces, ça nous permet des fois de nous relancer sur des idées parce que l'outil, on peut lui dire « est-ce qu'il y a quelque chose dans mon angle mort que je n'ai pas vu dans ma réflexion ? » Puis, les outils comme Gemini, par exemple, peuvent dire « moi, je te propose X, Y, Z. » Donc, le syndrome de la page blanche aussi peut nous aider sans nécessairement lui demander de faire le travail de rédaction et tout ça, juste de nous remettre sur des pistes. C'est un exemple parmi tant d'autres de comment on peut utiliser au quotidien. un assistant en IA pour même juste influencer notre travail. Mais le but, encore une fois, c'est de le faire le mieux possible. Dans ce contexte-là, au départ, on se met tous d'accord que c'est de l'inconnu. Par la suite, en avançant, on se rend compte que, ensemble et avec les outils qu'on a entre les mains, on peut être encore plus efficace et aller encore plus loin. Mais pour ça, ça prend des gens aussi qui ont cette ouverture d'esprit-là.

  • Julien Boujot

    Oui, bien sûr. Et c'est hyper intéressant. Et après, tout à l'heure, on reviendra un petit peu peut-être sur la culture d'entreprise que ça nécessite par rapport à tout ça.

  • PrĂ©sentateur

    Je voulais revenir sur un point tout Ă  l'heure.

  • Julien Boujot

    On parlait aussi un petit peu des comportements des auditeurs, de tout le public de Radio-Canada. Ça, par rapport, est-ce qu'il y a des projets qui sont menés avec de l'IA, en tout cas des technologies, par rapport à l'analyse ? de ces comportements, leur consommation média, etc. pour aussi faire évoluer vos stratégies et peut-être aussi, ne serait-ce que la stratégie de distribution.

  • Maxime St-Pierre

    On a des outils déjà en place pour collecter les signaux, encore une fois dans un but de mieux faire notre travail. Par exemple, dans la dernière année, on a pris la décision de demander aux gens de s'authentifier sur nos applications mobiles. Comme service public, c'est une étape importante, mais encore une fois, c'était dans le but de mieux servir les auditoires. Donc, dans un contexte où… tous les joueurs du privé ont énormément d'informations sur les utilisateurs. Nous, le conseil a été qu'on devait aussi aller dans cette Ausha, encore une fois, pour capter les signaux, voir si les personnes ont une propension à regarder un contenu X, écouter un contenu Y. Donc, oui, on a des outils comme ça en place. L'objectif, encore une fois, c'est vraiment de rester pertinent. C'est ça. C'est au cœur de notre mission, la pertinence, la confiance, la proximité. Donc, moi, je le vois vraiment sous cette lentille-là.

  • Julien Boujot

    OK. Au niveau des règles, des principes éthiques, parce que ça, c'est un sujet qui est majeur quand on parle d'IA générative et quand on parle de toutes ces technologies-là, comment est-ce que Radio-Canada s'est structuré, continue peut-être de se structurer avec peut-être une mise à jour aussi d'éventuels éléments de cadrage ? Voilà, comment est-ce que ça se présente ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, il y a déjà plus d'un an, on a mis en place, pas plus d'un an, peut-être même un an pile, mais on a mis en place des principes directeurs d'utilisation d'intelligence artificielle, qui a été rédigé par un comité de travail. Le but, c'est qu'on ait été en mesure de collecter l'ensemble de la rétroaction des différentes équipes, juste pour mettre un cadre à la base, un socle sur lequel on peut s'appuyer. Donc, on a mis en place les sept principes directeurs. Par exemple, la responsabilité humaine, la transparence, l'équité, le respect des droits d'auteur, l'expérimentation. J'en oublie deux. La collaboration, il m'en manque un dans la liste, mais vous comprenez un peu le principe. Bien sûr. Donc, l'idée derrière ça, c'était de pouvoir mettre ces principes directeurs-là en place pour que par la suite, dans l'application quotidienne, les équipes déjà aient des balises sur lesquelles s'appuyer. Moi, j'ai le privilège de représenter Radio-Canada au niveau de l'intelligence artificielle sur ces questions-là. Donc, moi, je m'invite aussi dans des comités pour creuser un peu plus sur des sujets, par exemple, au niveau du numérique, bien entendu, mais aussi au niveau de la création, au niveau de la production. Comment on peut, est-ce qu'il y a des endroits où on est à l'aise d'utiliser l'intelligence artificielle ou pas ? parce qu'on peut pas en a décision de dire On n'a pas besoin d'intelligence artificielle pour ce genre d'activité, mais toujours dans le respect des principes directeurs en place. L'idée derrière ça, c'est de... Parce que ça, c'est quand même beaucoup de critères. Il y a beaucoup de syndicats aussi. Donc, on veut vraiment le faire dans une optique de transparence. Puis, c'est de se poser tous ensemble les bonnes questions. Puis, de voir si les réponses, on est tous à l'aise avec ça. Il y a des normes qui sont en place, je parlais des droits d'auteur un peu plus tôt, mais ce n'est pas parce que l'IA existe que soudainement, on ne va plus respecter la loi sur les droits d'auteur. Donc, ce n'est pas parce que l'IA existe qu'on ne respectera pas les normes et pratiques journalistiques en place. Donc, c'est le genre aussi de réflexion qu'on a collectivement, puis ça chemine et ça change et ça évolue parce qu'en un an, c'est une industrie qui a énormément évolué. pour voir comment nous, on tire notre épingle du jeu aussi là-dedans. Mais ça nous a permis, par exemple, de lancer les résumés d'articles par voie de synthèse. On le dit très bien, d'entrée de jeu, que c'est une intelligence artificielle avec une voie de synthèse qui lit les articles, grosso modo. Mais l'objectif, encore une fois, on l'a commencé petit. Il y avait quelques articles, vérifier le niveau de précision, vérifier s'il y avait des enjeux, demander aux utilisateurs de... aussi de revenir avec la rétroaction s'il voyait des enjeux. Par la suite, on a étendu cette offre-là à l'ensemble de nos articles. Donc, c'est un peu l'approche qu'on utilise aussi au final, mais toujours dans le respect des sept principes directeurs. Donc, est-ce que ces principes-là vont changer à terme ? C'est possible, mais pour le moment, on s'appuie sur ces sept principes-là, que ce soit… du côté de CBC, le penchant anglophone ou de Radio-Canada. Puis si on est à pied à les faire évoluer parce que l'industrie a changé, on va se rasseoir et on va en discuter. Mais l'idée derrière ça, c'est de voir c'est comment l'intelligence artificielle peut jouer un rôle dans notre quotidien sans non plus dénaturer qui on est et notre travail.

  • Julien Boujot

    Bien sûr. Et visiblement, ça ne vous bride pas non plus dans les projets que vous menez. C'est-à-dire qu'avec ces sept principes directeurs, vous arrivez quand même à mettre en place des projets et à évoluer et à continuer de progresser en la matière.

  • Maxime St-Pierre

    Comme quoi, l'exploration est importante dans le processus parce qu'on ne peut pas non plus… ne rien faire, ne pas développer notre esprit critique, ne pas comprendre comment ça fonctionne sous le capot, sachant très bien que l'intelligence artificielle va façonner la façon aussi qu'on va se développer au final. Elle est omniprésente sur à peu près tous les appareils connectés qui existent aujourd'hui. Donc, c'est faux de penser qu'on peut juste continuer sans utiliser l'IA aujourd'hui. chaque personne qui utilise son téléphone. On utilise l'IA plusieurs fois par jour, même sans s'en rendre compte. Donc, on est vraiment là-dedans, mais encore une fois, avec prudence et regard. Puis, notre objectif est différent des autres. Encore une fois, on n'est pas là pour générer des revenus.

  • Julien Boujot

    Oui, et ça, c'est une vraie différence et c'est ce qui vous permet aussi d'aller explorer des choses. D'ailleurs, il y a peut-être aussi des petits camarades qui regardent, j'imagine, avec attention ce que vous faites et peut-être aussi qui s'inspirent de ces expérimentations, on va dire, non lucratives. que vous faites pour peut-être aussi miser sur des technologies ? Il y a peut-être un exemple en la matière ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, bien, nous, on fait partie d'un regroupement qui s'appelle les médias francophones publics. Donc, on retrouve là-dedans des médias francophones comme Radio-France, France Télévisions, RTBF, RTS, donc c'est le penchant suisse, entre autres. Il y a d'autres médias du Québec aussi et du Canada. Puis l'objectif, c'est de partager aussi ces connaissances-là pour... du moins apprendre des erreurs des autres ou d'apprendre des apprentissages, je pourrais me permettre de le dire comme ça, et d'échanger et de voir s'il n'y a pas aussi des synergies possibles lorsque c'est pertinent de le faire. Puis ça arrive, ça arrive qu'il y ait des collaborations aussi entre les différents médias publics francophones.

  • Julien Boujot

    Et d'ailleurs, par rapport à ces médias francophones publics, comment est-ce que tu juges, alors je ne vais pas te demander un classement, qui est en avance et qui ne l'est pas, mais comment est-ce que tu juges un peu la dynamique en la matière des médias francophones publics ? Est-ce que tu trouves qu'ils sont plutôt bien situés, est-ce qu'ils sont plutôt actifs en la matière ou au contraire qu'ils sont un petit peu suiveurs et peut-être un petit peu en retard ?

  • Maxime St-Pierre

    Je pense vraiment que c'est la géométrie variable en fonction de chacun des médias. Et puis, il y en a qui vont spécialiser dans certains éléments, tandis que d'autres, ça va être dans d'autres. Il faut comprendre que des médias qui sont, je vais dire, plus généralistes, qui font à la fois... de la vidéo, de l'audio et de l'écrit, tandis qu'il y en a d'autres qui focussent seulement sur de la vidéo, il y en a d'autres qui focussent seulement sur de l'audio. Je vais vous donner un exemple, par exemple Radio-France. Radio-France focusse seulement sur l'audio. Donc, c'est sûr que l'ensemble des initiatives sont dans ce sens-là, tandis que pour Radio-Canada, on va avoir des exemples vraiment où des fois on est en audio, des fois on est à l'écrit, des fois on est en vidéo. Donc, ça fait en sorte que… Au final, on a des initiatives qui sont, on a un portfolio qui est plus large, donc moins spécifique. D'un autre côté, ça nous permet d'avancer sur tous les fronts, puis lorsque c'est possible, bien entendu, et d'avoir des collabos aussi avec des joueurs qui sont sur ces dossiers-là. Mais on n'aura jamais autant le focus sur un type de média parce qu'on est plus généraliste de façon globale. Mais dans ces échanges-là, c'est très riche, on se partage des bons coups, puis au final, on est tous là pour les mêmes raisons. Donc, c'est d'offrir une bonne expérience, de rester pertinent, de maintenir un niveau de confiance élevé avec les auditoires. Donc, dans ce sens-là, ça devient beaucoup plus facile aussi d'échanger parce qu'on a des objectifs qui sont très similaires.

  • PrĂ©sentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Maxime St-Pierre. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où l'on va continuer d'explorer le futur des médias à l'ère du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les commentaires et étoiles adéquates. DeepMedia est un podcast autoproduit par FollowMeConseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisé en IA générative et social media. A très bientôt !

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Description

Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada est le troisième invité de Deep Media.

Avec lui, nous allons explorer la manière dont Radio Canada cadre l'usage de l'IA générative dans l'ensemble de ses missions au travers notamment de 7 principes directeurs que nous allons explorer ensemble. Nous allons également découvrir de quelle manière la culture d'entreprise est travaillée pour faire découvrir ces technologies et leurs éventuelles implications. Comme l'apport de l'IA générative est-elle jaugée dans de nombreuses missions ? Comment sont définis ces 7 principes directeurs et comment se matérialisent ils au quotidien ? On fera aussi le point sur les échanges et l'influence de Radio Canada au sein de l'écosystème technologique et médiatique.

Deep Media l'interview épisode 8 🎙️ Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • PrĂ©sentateur

    Bienvenue dans Deep Media, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. Deep Media, c'est un... temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Bonne écoute !

  • Julien Boujot

    Juste sur ce projet dont tu parlais, là je vais juste rebondir sur le côté relation entre les équipes numériques chez toi, les équipes éditoriales, comment est-ce que ça se passe et comment est-ce que l'éditorial, on va dire... a réagi à la mise en place de ce projet ? J'ai bien compris qu'ils étaient clairement inclus. Et comment est-ce qu'ils sont assez emballés par le système ou au contraire, ça nécessite encore de les convaincre assez fortement ?

  • Maxime St-Pierre

    Moi, je suis vraiment privilégié d'avoir des collègues qui sont ouverts aussi à explorer ce type de technologie-là. Donc, il y a vraiment une cellule en innovation dans la salle de rédaction. C'est souvent avec elle qu'on va collaborer pour ce type d'initiative-là. Ce qu'elle nous permet, c'est de comprendre qu'on veut explorer, qu'il y a des zones de flou, mais on les explore ensemble. Ça, je pense que c'est la meilleure approche pour le succès d'une initiative. Puis on partage les succès comme on partage les échecs, on s'entend, mais de le faire ensemble, ça permet aussi de bien comprendre la réalité de tout ça chacun pour pouvoir s'ajuster. quand le projet prend de l'ampleur par la suite. Donc, on commence plus petit, on voit s'il y a des sensibilités, on voit s'il y a des enjeux XY, par exemple, puis par la suite, quand c'est le temps d'y aller vraiment à fond la caisse, à ce moment-là, on a déjà des partenaires, on a déjà eu nos succès, on a déjà eu nos échecs, puis la transparence dans tout ça, c'est extrêmement important. Moi, je dis souvent, j'ai une équipe qui essaie toujours de vivre dans le futur, puis Les équipes en information, eux, se doivent de couvrir l'actualité au présent. Dans ce contexte-là, on essaie de trouver un juste équilibre pour qu'on puisse se supporter l'un et l'autre. Dans ce cas-ci, c'est un exemple, mais on travaille main dans la main avec les gens de l'éditorial. Des fois, on n'est pas d'accord, mais on se le dit. On est d'accord qu'on n'est pas d'accord. On essaie vraiment de cheminer et d'avancer. Une fin de non recevoir d'une équipe ou d'une autre, à ce moment-là, on essaie de trouver une autre piste aussi. Le but étant, encore une fois, de mieux servir les auditoires. Donc, je pense que c'est vraiment ça l'important, c'est d'avoir cette posture-là en tête. Puis, par la suite, c'est d'avancer. Tout le monde ensemble est dans la main.

  • Julien Boujot

    Oui, c'est ça. Donc, en tout cas, il n'y a pas une volonté d'être réfractaire là-dessus. Et tu as même, à l'inverse, on va dire, ton éditeur, des fois, qui va venir un peu toquer à la porte et qui se dit, tiens, on aurait une idée, une envie et on aurait besoin de tes équipes.

  • Maxime St-Pierre

    Ça peut arriver. C'est en exposant les gens, les équipes et les possibilités des différents outils. C'est sûr, au départ, tout le monde est un peu craintif. On ne connaît pas, on ne sait pas. Donc, on doit vraiment apprendre à travailler avec les outils en place, bien les connaître. Mais par la suite, on y prend goût. Ça fait en sorte que, par exemple, ça nous rend plus efficaces, ça nous permet des fois de nous relancer sur des idées parce que l'outil, on peut lui dire « est-ce qu'il y a quelque chose dans mon angle mort que je n'ai pas vu dans ma réflexion ? » Puis, les outils comme Gemini, par exemple, peuvent dire « moi, je te propose X, Y, Z. » Donc, le syndrome de la page blanche aussi peut nous aider sans nécessairement lui demander de faire le travail de rédaction et tout ça, juste de nous remettre sur des pistes. C'est un exemple parmi tant d'autres de comment on peut utiliser au quotidien. un assistant en IA pour même juste influencer notre travail. Mais le but, encore une fois, c'est de le faire le mieux possible. Dans ce contexte-là, au départ, on se met tous d'accord que c'est de l'inconnu. Par la suite, en avançant, on se rend compte que, ensemble et avec les outils qu'on a entre les mains, on peut être encore plus efficace et aller encore plus loin. Mais pour ça, ça prend des gens aussi qui ont cette ouverture d'esprit-là.

  • Julien Boujot

    Oui, bien sûr. Et c'est hyper intéressant. Et après, tout à l'heure, on reviendra un petit peu peut-être sur la culture d'entreprise que ça nécessite par rapport à tout ça.

  • PrĂ©sentateur

    Je voulais revenir sur un point tout Ă  l'heure.

  • Julien Boujot

    On parlait aussi un petit peu des comportements des auditeurs, de tout le public de Radio-Canada. Ça, par rapport, est-ce qu'il y a des projets qui sont menés avec de l'IA, en tout cas des technologies, par rapport à l'analyse ? de ces comportements, leur consommation média, etc. pour aussi faire évoluer vos stratégies et peut-être aussi, ne serait-ce que la stratégie de distribution.

  • Maxime St-Pierre

    On a des outils déjà en place pour collecter les signaux, encore une fois dans un but de mieux faire notre travail. Par exemple, dans la dernière année, on a pris la décision de demander aux gens de s'authentifier sur nos applications mobiles. Comme service public, c'est une étape importante, mais encore une fois, c'était dans le but de mieux servir les auditoires. Donc, dans un contexte où… tous les joueurs du privé ont énormément d'informations sur les utilisateurs. Nous, le conseil a été qu'on devait aussi aller dans cette Ausha, encore une fois, pour capter les signaux, voir si les personnes ont une propension à regarder un contenu X, écouter un contenu Y. Donc, oui, on a des outils comme ça en place. L'objectif, encore une fois, c'est vraiment de rester pertinent. C'est ça. C'est au cœur de notre mission, la pertinence, la confiance, la proximité. Donc, moi, je le vois vraiment sous cette lentille-là.

  • Julien Boujot

    OK. Au niveau des règles, des principes éthiques, parce que ça, c'est un sujet qui est majeur quand on parle d'IA générative et quand on parle de toutes ces technologies-là, comment est-ce que Radio-Canada s'est structuré, continue peut-être de se structurer avec peut-être une mise à jour aussi d'éventuels éléments de cadrage ? Voilà, comment est-ce que ça se présente ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, il y a déjà plus d'un an, on a mis en place, pas plus d'un an, peut-être même un an pile, mais on a mis en place des principes directeurs d'utilisation d'intelligence artificielle, qui a été rédigé par un comité de travail. Le but, c'est qu'on ait été en mesure de collecter l'ensemble de la rétroaction des différentes équipes, juste pour mettre un cadre à la base, un socle sur lequel on peut s'appuyer. Donc, on a mis en place les sept principes directeurs. Par exemple, la responsabilité humaine, la transparence, l'équité, le respect des droits d'auteur, l'expérimentation. J'en oublie deux. La collaboration, il m'en manque un dans la liste, mais vous comprenez un peu le principe. Bien sûr. Donc, l'idée derrière ça, c'était de pouvoir mettre ces principes directeurs-là en place pour que par la suite, dans l'application quotidienne, les équipes déjà aient des balises sur lesquelles s'appuyer. Moi, j'ai le privilège de représenter Radio-Canada au niveau de l'intelligence artificielle sur ces questions-là. Donc, moi, je m'invite aussi dans des comités pour creuser un peu plus sur des sujets, par exemple, au niveau du numérique, bien entendu, mais aussi au niveau de la création, au niveau de la production. Comment on peut, est-ce qu'il y a des endroits où on est à l'aise d'utiliser l'intelligence artificielle ou pas ? parce qu'on peut pas en a décision de dire On n'a pas besoin d'intelligence artificielle pour ce genre d'activité, mais toujours dans le respect des principes directeurs en place. L'idée derrière ça, c'est de... Parce que ça, c'est quand même beaucoup de critères. Il y a beaucoup de syndicats aussi. Donc, on veut vraiment le faire dans une optique de transparence. Puis, c'est de se poser tous ensemble les bonnes questions. Puis, de voir si les réponses, on est tous à l'aise avec ça. Il y a des normes qui sont en place, je parlais des droits d'auteur un peu plus tôt, mais ce n'est pas parce que l'IA existe que soudainement, on ne va plus respecter la loi sur les droits d'auteur. Donc, ce n'est pas parce que l'IA existe qu'on ne respectera pas les normes et pratiques journalistiques en place. Donc, c'est le genre aussi de réflexion qu'on a collectivement, puis ça chemine et ça change et ça évolue parce qu'en un an, c'est une industrie qui a énormément évolué. pour voir comment nous, on tire notre épingle du jeu aussi là-dedans. Mais ça nous a permis, par exemple, de lancer les résumés d'articles par voie de synthèse. On le dit très bien, d'entrée de jeu, que c'est une intelligence artificielle avec une voie de synthèse qui lit les articles, grosso modo. Mais l'objectif, encore une fois, on l'a commencé petit. Il y avait quelques articles, vérifier le niveau de précision, vérifier s'il y avait des enjeux, demander aux utilisateurs de... aussi de revenir avec la rétroaction s'il voyait des enjeux. Par la suite, on a étendu cette offre-là à l'ensemble de nos articles. Donc, c'est un peu l'approche qu'on utilise aussi au final, mais toujours dans le respect des sept principes directeurs. Donc, est-ce que ces principes-là vont changer à terme ? C'est possible, mais pour le moment, on s'appuie sur ces sept principes-là, que ce soit… du côté de CBC, le penchant anglophone ou de Radio-Canada. Puis si on est à pied à les faire évoluer parce que l'industrie a changé, on va se rasseoir et on va en discuter. Mais l'idée derrière ça, c'est de voir c'est comment l'intelligence artificielle peut jouer un rôle dans notre quotidien sans non plus dénaturer qui on est et notre travail.

  • Julien Boujot

    Bien sûr. Et visiblement, ça ne vous bride pas non plus dans les projets que vous menez. C'est-à-dire qu'avec ces sept principes directeurs, vous arrivez quand même à mettre en place des projets et à évoluer et à continuer de progresser en la matière.

  • Maxime St-Pierre

    Comme quoi, l'exploration est importante dans le processus parce qu'on ne peut pas non plus… ne rien faire, ne pas développer notre esprit critique, ne pas comprendre comment ça fonctionne sous le capot, sachant très bien que l'intelligence artificielle va façonner la façon aussi qu'on va se développer au final. Elle est omniprésente sur à peu près tous les appareils connectés qui existent aujourd'hui. Donc, c'est faux de penser qu'on peut juste continuer sans utiliser l'IA aujourd'hui. chaque personne qui utilise son téléphone. On utilise l'IA plusieurs fois par jour, même sans s'en rendre compte. Donc, on est vraiment là-dedans, mais encore une fois, avec prudence et regard. Puis, notre objectif est différent des autres. Encore une fois, on n'est pas là pour générer des revenus.

  • Julien Boujot

    Oui, et ça, c'est une vraie différence et c'est ce qui vous permet aussi d'aller explorer des choses. D'ailleurs, il y a peut-être aussi des petits camarades qui regardent, j'imagine, avec attention ce que vous faites et peut-être aussi qui s'inspirent de ces expérimentations, on va dire, non lucratives. que vous faites pour peut-être aussi miser sur des technologies ? Il y a peut-être un exemple en la matière ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, bien, nous, on fait partie d'un regroupement qui s'appelle les médias francophones publics. Donc, on retrouve là-dedans des médias francophones comme Radio-France, France Télévisions, RTBF, RTS, donc c'est le penchant suisse, entre autres. Il y a d'autres médias du Québec aussi et du Canada. Puis l'objectif, c'est de partager aussi ces connaissances-là pour... du moins apprendre des erreurs des autres ou d'apprendre des apprentissages, je pourrais me permettre de le dire comme ça, et d'échanger et de voir s'il n'y a pas aussi des synergies possibles lorsque c'est pertinent de le faire. Puis ça arrive, ça arrive qu'il y ait des collaborations aussi entre les différents médias publics francophones.

  • Julien Boujot

    Et d'ailleurs, par rapport à ces médias francophones publics, comment est-ce que tu juges, alors je ne vais pas te demander un classement, qui est en avance et qui ne l'est pas, mais comment est-ce que tu juges un peu la dynamique en la matière des médias francophones publics ? Est-ce que tu trouves qu'ils sont plutôt bien situés, est-ce qu'ils sont plutôt actifs en la matière ou au contraire qu'ils sont un petit peu suiveurs et peut-être un petit peu en retard ?

  • Maxime St-Pierre

    Je pense vraiment que c'est la géométrie variable en fonction de chacun des médias. Et puis, il y en a qui vont spécialiser dans certains éléments, tandis que d'autres, ça va être dans d'autres. Il faut comprendre que des médias qui sont, je vais dire, plus généralistes, qui font à la fois... de la vidéo, de l'audio et de l'écrit, tandis qu'il y en a d'autres qui focussent seulement sur de la vidéo, il y en a d'autres qui focussent seulement sur de l'audio. Je vais vous donner un exemple, par exemple Radio-France. Radio-France focusse seulement sur l'audio. Donc, c'est sûr que l'ensemble des initiatives sont dans ce sens-là, tandis que pour Radio-Canada, on va avoir des exemples vraiment où des fois on est en audio, des fois on est à l'écrit, des fois on est en vidéo. Donc, ça fait en sorte que… Au final, on a des initiatives qui sont, on a un portfolio qui est plus large, donc moins spécifique. D'un autre côté, ça nous permet d'avancer sur tous les fronts, puis lorsque c'est possible, bien entendu, et d'avoir des collabos aussi avec des joueurs qui sont sur ces dossiers-là. Mais on n'aura jamais autant le focus sur un type de média parce qu'on est plus généraliste de façon globale. Mais dans ces échanges-là, c'est très riche, on se partage des bons coups, puis au final, on est tous là pour les mêmes raisons. Donc, c'est d'offrir une bonne expérience, de rester pertinent, de maintenir un niveau de confiance élevé avec les auditoires. Donc, dans ce sens-là, ça devient beaucoup plus facile aussi d'échanger parce qu'on a des objectifs qui sont très similaires.

  • PrĂ©sentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Maxime St-Pierre. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où l'on va continuer d'explorer le futur des médias à l'ère du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les commentaires et étoiles adéquates. DeepMedia est un podcast autoproduit par FollowMeConseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisé en IA générative et social media. A très bientôt !

Description

Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada est le troisième invité de Deep Media.

Avec lui, nous allons explorer la manière dont Radio Canada cadre l'usage de l'IA générative dans l'ensemble de ses missions au travers notamment de 7 principes directeurs que nous allons explorer ensemble. Nous allons également découvrir de quelle manière la culture d'entreprise est travaillée pour faire découvrir ces technologies et leurs éventuelles implications. Comme l'apport de l'IA générative est-elle jaugée dans de nombreuses missions ? Comment sont définis ces 7 principes directeurs et comment se matérialisent ils au quotidien ? On fera aussi le point sur les échanges et l'influence de Radio Canada au sein de l'écosystème technologique et médiatique.

Deep Media l'interview épisode 8 🎙️ Maxime St-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio Canada


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • PrĂ©sentateur

    Bienvenue dans Deep Media, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. Deep Media, c'est un... temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Bonne écoute !

  • Julien Boujot

    Juste sur ce projet dont tu parlais, là je vais juste rebondir sur le côté relation entre les équipes numériques chez toi, les équipes éditoriales, comment est-ce que ça se passe et comment est-ce que l'éditorial, on va dire... a réagi à la mise en place de ce projet ? J'ai bien compris qu'ils étaient clairement inclus. Et comment est-ce qu'ils sont assez emballés par le système ou au contraire, ça nécessite encore de les convaincre assez fortement ?

  • Maxime St-Pierre

    Moi, je suis vraiment privilégié d'avoir des collègues qui sont ouverts aussi à explorer ce type de technologie-là. Donc, il y a vraiment une cellule en innovation dans la salle de rédaction. C'est souvent avec elle qu'on va collaborer pour ce type d'initiative-là. Ce qu'elle nous permet, c'est de comprendre qu'on veut explorer, qu'il y a des zones de flou, mais on les explore ensemble. Ça, je pense que c'est la meilleure approche pour le succès d'une initiative. Puis on partage les succès comme on partage les échecs, on s'entend, mais de le faire ensemble, ça permet aussi de bien comprendre la réalité de tout ça chacun pour pouvoir s'ajuster. quand le projet prend de l'ampleur par la suite. Donc, on commence plus petit, on voit s'il y a des sensibilités, on voit s'il y a des enjeux XY, par exemple, puis par la suite, quand c'est le temps d'y aller vraiment à fond la caisse, à ce moment-là, on a déjà des partenaires, on a déjà eu nos succès, on a déjà eu nos échecs, puis la transparence dans tout ça, c'est extrêmement important. Moi, je dis souvent, j'ai une équipe qui essaie toujours de vivre dans le futur, puis Les équipes en information, eux, se doivent de couvrir l'actualité au présent. Dans ce contexte-là, on essaie de trouver un juste équilibre pour qu'on puisse se supporter l'un et l'autre. Dans ce cas-ci, c'est un exemple, mais on travaille main dans la main avec les gens de l'éditorial. Des fois, on n'est pas d'accord, mais on se le dit. On est d'accord qu'on n'est pas d'accord. On essaie vraiment de cheminer et d'avancer. Une fin de non recevoir d'une équipe ou d'une autre, à ce moment-là, on essaie de trouver une autre piste aussi. Le but étant, encore une fois, de mieux servir les auditoires. Donc, je pense que c'est vraiment ça l'important, c'est d'avoir cette posture-là en tête. Puis, par la suite, c'est d'avancer. Tout le monde ensemble est dans la main.

  • Julien Boujot

    Oui, c'est ça. Donc, en tout cas, il n'y a pas une volonté d'être réfractaire là-dessus. Et tu as même, à l'inverse, on va dire, ton éditeur, des fois, qui va venir un peu toquer à la porte et qui se dit, tiens, on aurait une idée, une envie et on aurait besoin de tes équipes.

  • Maxime St-Pierre

    Ça peut arriver. C'est en exposant les gens, les équipes et les possibilités des différents outils. C'est sûr, au départ, tout le monde est un peu craintif. On ne connaît pas, on ne sait pas. Donc, on doit vraiment apprendre à travailler avec les outils en place, bien les connaître. Mais par la suite, on y prend goût. Ça fait en sorte que, par exemple, ça nous rend plus efficaces, ça nous permet des fois de nous relancer sur des idées parce que l'outil, on peut lui dire « est-ce qu'il y a quelque chose dans mon angle mort que je n'ai pas vu dans ma réflexion ? » Puis, les outils comme Gemini, par exemple, peuvent dire « moi, je te propose X, Y, Z. » Donc, le syndrome de la page blanche aussi peut nous aider sans nécessairement lui demander de faire le travail de rédaction et tout ça, juste de nous remettre sur des pistes. C'est un exemple parmi tant d'autres de comment on peut utiliser au quotidien. un assistant en IA pour même juste influencer notre travail. Mais le but, encore une fois, c'est de le faire le mieux possible. Dans ce contexte-là, au départ, on se met tous d'accord que c'est de l'inconnu. Par la suite, en avançant, on se rend compte que, ensemble et avec les outils qu'on a entre les mains, on peut être encore plus efficace et aller encore plus loin. Mais pour ça, ça prend des gens aussi qui ont cette ouverture d'esprit-là.

  • Julien Boujot

    Oui, bien sûr. Et c'est hyper intéressant. Et après, tout à l'heure, on reviendra un petit peu peut-être sur la culture d'entreprise que ça nécessite par rapport à tout ça.

  • PrĂ©sentateur

    Je voulais revenir sur un point tout Ă  l'heure.

  • Julien Boujot

    On parlait aussi un petit peu des comportements des auditeurs, de tout le public de Radio-Canada. Ça, par rapport, est-ce qu'il y a des projets qui sont menés avec de l'IA, en tout cas des technologies, par rapport à l'analyse ? de ces comportements, leur consommation média, etc. pour aussi faire évoluer vos stratégies et peut-être aussi, ne serait-ce que la stratégie de distribution.

  • Maxime St-Pierre

    On a des outils déjà en place pour collecter les signaux, encore une fois dans un but de mieux faire notre travail. Par exemple, dans la dernière année, on a pris la décision de demander aux gens de s'authentifier sur nos applications mobiles. Comme service public, c'est une étape importante, mais encore une fois, c'était dans le but de mieux servir les auditoires. Donc, dans un contexte où… tous les joueurs du privé ont énormément d'informations sur les utilisateurs. Nous, le conseil a été qu'on devait aussi aller dans cette Ausha, encore une fois, pour capter les signaux, voir si les personnes ont une propension à regarder un contenu X, écouter un contenu Y. Donc, oui, on a des outils comme ça en place. L'objectif, encore une fois, c'est vraiment de rester pertinent. C'est ça. C'est au cœur de notre mission, la pertinence, la confiance, la proximité. Donc, moi, je le vois vraiment sous cette lentille-là.

  • Julien Boujot

    OK. Au niveau des règles, des principes éthiques, parce que ça, c'est un sujet qui est majeur quand on parle d'IA générative et quand on parle de toutes ces technologies-là, comment est-ce que Radio-Canada s'est structuré, continue peut-être de se structurer avec peut-être une mise à jour aussi d'éventuels éléments de cadrage ? Voilà, comment est-ce que ça se présente ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, il y a déjà plus d'un an, on a mis en place, pas plus d'un an, peut-être même un an pile, mais on a mis en place des principes directeurs d'utilisation d'intelligence artificielle, qui a été rédigé par un comité de travail. Le but, c'est qu'on ait été en mesure de collecter l'ensemble de la rétroaction des différentes équipes, juste pour mettre un cadre à la base, un socle sur lequel on peut s'appuyer. Donc, on a mis en place les sept principes directeurs. Par exemple, la responsabilité humaine, la transparence, l'équité, le respect des droits d'auteur, l'expérimentation. J'en oublie deux. La collaboration, il m'en manque un dans la liste, mais vous comprenez un peu le principe. Bien sûr. Donc, l'idée derrière ça, c'était de pouvoir mettre ces principes directeurs-là en place pour que par la suite, dans l'application quotidienne, les équipes déjà aient des balises sur lesquelles s'appuyer. Moi, j'ai le privilège de représenter Radio-Canada au niveau de l'intelligence artificielle sur ces questions-là. Donc, moi, je m'invite aussi dans des comités pour creuser un peu plus sur des sujets, par exemple, au niveau du numérique, bien entendu, mais aussi au niveau de la création, au niveau de la production. Comment on peut, est-ce qu'il y a des endroits où on est à l'aise d'utiliser l'intelligence artificielle ou pas ? parce qu'on peut pas en a décision de dire On n'a pas besoin d'intelligence artificielle pour ce genre d'activité, mais toujours dans le respect des principes directeurs en place. L'idée derrière ça, c'est de... Parce que ça, c'est quand même beaucoup de critères. Il y a beaucoup de syndicats aussi. Donc, on veut vraiment le faire dans une optique de transparence. Puis, c'est de se poser tous ensemble les bonnes questions. Puis, de voir si les réponses, on est tous à l'aise avec ça. Il y a des normes qui sont en place, je parlais des droits d'auteur un peu plus tôt, mais ce n'est pas parce que l'IA existe que soudainement, on ne va plus respecter la loi sur les droits d'auteur. Donc, ce n'est pas parce que l'IA existe qu'on ne respectera pas les normes et pratiques journalistiques en place. Donc, c'est le genre aussi de réflexion qu'on a collectivement, puis ça chemine et ça change et ça évolue parce qu'en un an, c'est une industrie qui a énormément évolué. pour voir comment nous, on tire notre épingle du jeu aussi là-dedans. Mais ça nous a permis, par exemple, de lancer les résumés d'articles par voie de synthèse. On le dit très bien, d'entrée de jeu, que c'est une intelligence artificielle avec une voie de synthèse qui lit les articles, grosso modo. Mais l'objectif, encore une fois, on l'a commencé petit. Il y avait quelques articles, vérifier le niveau de précision, vérifier s'il y avait des enjeux, demander aux utilisateurs de... aussi de revenir avec la rétroaction s'il voyait des enjeux. Par la suite, on a étendu cette offre-là à l'ensemble de nos articles. Donc, c'est un peu l'approche qu'on utilise aussi au final, mais toujours dans le respect des sept principes directeurs. Donc, est-ce que ces principes-là vont changer à terme ? C'est possible, mais pour le moment, on s'appuie sur ces sept principes-là, que ce soit… du côté de CBC, le penchant anglophone ou de Radio-Canada. Puis si on est à pied à les faire évoluer parce que l'industrie a changé, on va se rasseoir et on va en discuter. Mais l'idée derrière ça, c'est de voir c'est comment l'intelligence artificielle peut jouer un rôle dans notre quotidien sans non plus dénaturer qui on est et notre travail.

  • Julien Boujot

    Bien sûr. Et visiblement, ça ne vous bride pas non plus dans les projets que vous menez. C'est-à-dire qu'avec ces sept principes directeurs, vous arrivez quand même à mettre en place des projets et à évoluer et à continuer de progresser en la matière.

  • Maxime St-Pierre

    Comme quoi, l'exploration est importante dans le processus parce qu'on ne peut pas non plus… ne rien faire, ne pas développer notre esprit critique, ne pas comprendre comment ça fonctionne sous le capot, sachant très bien que l'intelligence artificielle va façonner la façon aussi qu'on va se développer au final. Elle est omniprésente sur à peu près tous les appareils connectés qui existent aujourd'hui. Donc, c'est faux de penser qu'on peut juste continuer sans utiliser l'IA aujourd'hui. chaque personne qui utilise son téléphone. On utilise l'IA plusieurs fois par jour, même sans s'en rendre compte. Donc, on est vraiment là-dedans, mais encore une fois, avec prudence et regard. Puis, notre objectif est différent des autres. Encore une fois, on n'est pas là pour générer des revenus.

  • Julien Boujot

    Oui, et ça, c'est une vraie différence et c'est ce qui vous permet aussi d'aller explorer des choses. D'ailleurs, il y a peut-être aussi des petits camarades qui regardent, j'imagine, avec attention ce que vous faites et peut-être aussi qui s'inspirent de ces expérimentations, on va dire, non lucratives. que vous faites pour peut-être aussi miser sur des technologies ? Il y a peut-être un exemple en la matière ?

  • Maxime St-Pierre

    Oui, bien, nous, on fait partie d'un regroupement qui s'appelle les médias francophones publics. Donc, on retrouve là-dedans des médias francophones comme Radio-France, France Télévisions, RTBF, RTS, donc c'est le penchant suisse, entre autres. Il y a d'autres médias du Québec aussi et du Canada. Puis l'objectif, c'est de partager aussi ces connaissances-là pour... du moins apprendre des erreurs des autres ou d'apprendre des apprentissages, je pourrais me permettre de le dire comme ça, et d'échanger et de voir s'il n'y a pas aussi des synergies possibles lorsque c'est pertinent de le faire. Puis ça arrive, ça arrive qu'il y ait des collaborations aussi entre les différents médias publics francophones.

  • Julien Boujot

    Et d'ailleurs, par rapport à ces médias francophones publics, comment est-ce que tu juges, alors je ne vais pas te demander un classement, qui est en avance et qui ne l'est pas, mais comment est-ce que tu juges un peu la dynamique en la matière des médias francophones publics ? Est-ce que tu trouves qu'ils sont plutôt bien situés, est-ce qu'ils sont plutôt actifs en la matière ou au contraire qu'ils sont un petit peu suiveurs et peut-être un petit peu en retard ?

  • Maxime St-Pierre

    Je pense vraiment que c'est la géométrie variable en fonction de chacun des médias. Et puis, il y en a qui vont spécialiser dans certains éléments, tandis que d'autres, ça va être dans d'autres. Il faut comprendre que des médias qui sont, je vais dire, plus généralistes, qui font à la fois... de la vidéo, de l'audio et de l'écrit, tandis qu'il y en a d'autres qui focussent seulement sur de la vidéo, il y en a d'autres qui focussent seulement sur de l'audio. Je vais vous donner un exemple, par exemple Radio-France. Radio-France focusse seulement sur l'audio. Donc, c'est sûr que l'ensemble des initiatives sont dans ce sens-là, tandis que pour Radio-Canada, on va avoir des exemples vraiment où des fois on est en audio, des fois on est à l'écrit, des fois on est en vidéo. Donc, ça fait en sorte que… Au final, on a des initiatives qui sont, on a un portfolio qui est plus large, donc moins spécifique. D'un autre côté, ça nous permet d'avancer sur tous les fronts, puis lorsque c'est possible, bien entendu, et d'avoir des collabos aussi avec des joueurs qui sont sur ces dossiers-là. Mais on n'aura jamais autant le focus sur un type de média parce qu'on est plus généraliste de façon globale. Mais dans ces échanges-là, c'est très riche, on se partage des bons coups, puis au final, on est tous là pour les mêmes raisons. Donc, c'est d'offrir une bonne expérience, de rester pertinent, de maintenir un niveau de confiance élevé avec les auditoires. Donc, dans ce sens-là, ça devient beaucoup plus facile aussi d'échanger parce qu'on a des objectifs qui sont très similaires.

  • PrĂ©sentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Maxime St-Pierre. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où l'on va continuer d'explorer le futur des médias à l'ère du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les commentaires et étoiles adéquates. DeepMedia est un podcast autoproduit par FollowMeConseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisé en IA générative et social media. A très bientôt !

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