- Speaker #0
Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Mougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la troisième et dernière partie de l'interview de Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Bonne écoute ! Un petit sujet autour, effectivement, on a parlé tout à l'heure des collaborateurs avec les équipes numériques, les équipes éditoriales. Comment est-ce qu'à Radio-Canada, on va dire, est-ce qu'il y a un plan de formation ? des collaborateurs par rapport à l'IA ? Est-ce que c'est de l'acculturation ? Est-ce que c'est des ateliers sur de la prise en main d'outils ? Comment est-ce que vous avez démystifié un petit peu et on va dire peut-être un peu entraîné une dynamique des équipes sur le sujet ?
- Speaker #1
Oui, moi dans mon groupe, étant donné qu'on développe des outils à l'interne, par exemple pour la gestion du contenu, etc. Donc, on a déjà des équipes de formation qui sont là pour former. tous les contributeurs éditoriaux au pays, donc pour s'assurer qu'ils puissent utiliser les outils de façon la plus efficace possible. Dans le contexte de l'intelligence artificielle, de par mon implication, on a vraiment avancé sur des formats, des formations plus spécifiques, je devrais dire. Par exemple, sur comment faire, l'art de faire des prompts, par exemple. donc Puis l'idée derrière ça, c'était de pouvoir former, et c'est ce qu'on est en train de faire, de former des enthousiastes qui aimeraient comprendre, au-delà de juste écrire un prompt sans comprendre vraiment la logique derrière, comment on peut tirer profit d'un prompt qui est structuré, architecturé d'une certaine façon pour avoir une réponse qui est encore plus éloquente. Donc ça, c'est un exemple. Puis, de faire la formation... à l'ensemble des groupes, incluant des exécutifs. Ça permet aussi d'avoir un effet aussi de, OK, on a des outils en main, puis on comprend un petit peu plus comment ces outils-là peuvent nous aider. Donc, ça, c'est un exemple très appliqué. Moi, on a une équipe aussi qui fait de la formation au niveau national, qui s'intéresse aussi à l'intelligence artificielle. Là, ce n'est pas moi qui la gère, cette équipe-là, mais... Je sais qu'ils ont ça aussi à cœur. Puis l'objectif, encore une fois, c'est de s'assurer de faire une montée en compétences. Donc, étant donné qu'on est un peu les experts du sujet, on a travaillé avec eux pour commencer à établir les bases sur c'est quoi l'intelligence artificielle. Donc, l'espèce de formation de base, le bootcamp de l'IA 101. Puis, ça veut dire quoi de l'IA ? C'est quoi la définition ? Comment ça peut être appliqué ? Dans quel contexte ? Puis, on essaie vraiment de… Juste de démystifier les premières questions, parce que les gens artificiels, c'est des mathématiques, donc c'est juste des statistiques, c'est des probabilités. Mais souvent, c'est quelque chose qui a l'air un petit peu trop magique ou mystérieux pour les gens dans la salle. On essaie juste de démystifier un peu ça pour que les gens comprennent, puis faire la suite. Dans un monde idéal, c'est de former la boîte au complet, de faire un programme de montant en compétences qui permet aux gens… de travailler avec des outils comme ça, avec une aisance et une assurance.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Et d'ailleurs, ça, ça joue peut-être aussi sur, on va dire, sur les profils, on va dire les nouveaux profils à Radio-Canada ou les profils à en devenir. Comment est-ce que, on va dire, dans le recrutement, ça va peut-être influencer, ou en tout cas, ça va peut-être jouer aussi, cette connaissance, cette maîtrise, la non-peur de l'usage de ces outils. Est-ce que c'est déjà une réflexion qui est en cours aussi pour faire venir des... des profils qui vont pouvoir aussi participer activement à tout ça ?
- Speaker #1
Oui, un bon exemple, c'est, je parlais de la collaboration qu'on avait aussi avec la salle de rédaction, entre autres. Donc, on a vraiment collectivement cherché un profil qui pourrait jouer un rôle de conseil pour les salles de rédaction, mais qui vient d'une salle de rédaction. Donc, c'est quelqu'un qui a des formations en journalisme, mais c'est quelqu'un aussi qui est... exposé aux possibilités de l'intelligence artificielle. Donc, on crée des rôles un peu plus exploratoires comme ça pour justement aller vraiment comprendre ces intersections-là entre deux expertises, voir comment au final, on peut tirer notre épingle du jeu aussi avec les outils qui sont disponibles pour nous. Puis dans un contexte comme ça, c'est des rôles qui n'existent pas. C'est des rôles qui nous, on se permet d'explorer, de créer. Il y a une part d'incertitude dans tout ça, mais on sent logiquement que ça fait du sens. Puis dans ce cas-ci, on a une personne aujourd'hui qui, son rôle est vraiment de faire l'intersection entre les équipes numériques et la salle de rédaction pour dire, moi, je comprends ce que vous voulez dire au niveau éditorial. Puis ensuite… Ou des fois, à l'inverse, je comprends ce que les équipes technologiques essaient de faire. Donc, comment on arrive à trouver juste un milieu pour s'assurer qu'on ne vient pas dénaturer une salle de rédaction, qu'on ne vienne pas dénaturer du développement numérique, par exemple.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, ça favorise la collaboration.
- Speaker #1
Il n'y a pas d'engagement de succès, on s'entend, mais je pense qu'il faut vraiment le tester. Parce qu'il y a probablement d'autres rôles comme ça qui doivent être créés. Je pensais développeur avec une expertise dans le natural language processing. Jamais il y a cinq ans, je n'aurais pensé embaucher quelqu'un comme ça. Mais c'est le genre de rôle qu'il faut de plus en plus explorer. C'est le genre d'expertise qu'on va devoir avoir si on veut rester pertinent.
- Speaker #0
En même temps, ça traduit une vraie volonté de la part de Radio-Canada de ne pas faire les choses par silo. C'est transverse et c'est aussi comme ça que les projets arrivent à avancer. Et ça, c'est plutôt vertueux, en tout cas, dans la mise en place de tout ça. Juste, je voulais revenir aussi un petit peu par rapport à l'usage de l'IA plutôt dans les domaines de la création et de la production, que ce soit un peu dans tous les contenus. Comment est-ce que là, ça se positionne ? Est-ce qu'il y a déjà des choses qui sont effectives dans ces domaines-là ?
- Speaker #1
En ce moment, on est en réflexion sur ces sujets-là précisément. L'objectif étant de voir est-ce qu'il y a des opportunités d'utiliser de l'intelligence artificielle. Ce qu'on ne peut pas comprendre, c'est qu'on fait de la production interne, on fait affaire avec des producteurs externes aussi. Donc, ils s'assoient en audio ou en télé, en vidéo. Donc, il y a une industrie aussi derrière, puis dans le respect aussi de cette industrie-là. On cherche vraiment en ce moment, on est plus en mode de réflexion parce que certains producteurs vont vouloir utiliser l'intelligence artificielle. Il y en a d'autres qui demandent la permission, je vais dire ça comme ça, comme nous on est un diffuseur public. Mais assurément, l'objectif c'est de voir comment on peut respecter l'écosystème dans lequel on est, mais s'assurer de voir s'il n'y a pas des opportunités aussi. puis Je vais donner un exemple très concret. Par exemple, si on n'a pas les capacités aujourd'hui de rendre disponible certains contenus, est-ce que l'IA peut nous aider ? Mais si oui, dans quel contexte ? Parce que ça devient une production dans laquelle, oui, on a besoin d'intervention humaine, mais on crée du contenu qui n'aurait pas existé normalement autrement. Par exemple, si je fais la transcription de tous nos contenus audios, je le rends en texte, on n'a pas la capacité de faire ça. On a des milliers et des milliers d'heures de contenus audios. Donc, c'est un bénéfice pour le référencement, pour faire découvrir les contenus. Mais la question est éthique. On s'entend à ce qu'on le fait, on ne le fait pas, dans quel contexte. C'est le genre de réflexion que... qu'on doit avoir parce qu'on a des critères aussi de précision sur certains contenus, parce qu'on est normé aussi. Donc, il y a tellement de critères à prendre en considération, peut-être pour résumer comme ça, que la réflexion est vraiment importante avant de se positionner. Puis des fois, c'est de dire, on ne le fait pas aujourd'hui, mais qu'est-ce que ça prendrait pour qu'on le fasse ? Puis des fois, la réflexion, ça serait facile de le faire, mais est-ce qu'on veut vraiment aller là ?
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Comme service public.
- Speaker #0
Il y a opportunité. Bien sûr, oui. Tu sens, par rapport à l'écosystème de la production au Canada, c'est plutôt un écosystème qui est demandeur, ou en tout cas qui est assez actif dans l'usage de ces technologies-là, ou tu sens qu'ils sont encore plutôt dans un modèle, on va dire, classique, et qu'ils s'en contentent, ou en tout cas qu'ils n'ont pas forcément envie d'avancer énormément dans le domaine ?
- Speaker #1
Je ne suis pas la meilleure personne pour répondre à cette question-là, mais ma perception, c'est que c'est la géométrie variable en fonction des différents producteurs. J'ai eu quelques discussions avec des producteurs, mais je ne les connais pas tous, donc je veux m'assurer de respecter leur approche et tout ça, mais il reste que j'ai senti de l'enthousiasme chez certains, de la crainte chez d'autres, ce qui est tout à fait légitime parce qu'on est vraiment dans une transition en ce moment. mais je ne pourrais pas parler au nom de l'ensemble de l'industrie. Là, ça, je n'ai pas l'information.
- Speaker #0
Ça marche. Si on se projette un tout petit peu dans les prochains mois, c'est quoi un peu les grands chantiers, en tout cas, dont tu peux parler, sur lesquels tes équipes, elles planchent et sur lesquels ces technologies-là vont être déployées ? Ça s'oriente plutôt vers quoi ?
- Speaker #1
Nous, vraiment, le chantier qui, j'ai fait allusion un peu plus tôt, c'est vraiment toute la labellisation de nos contenus. Donc, le RAG en tant que tel. dans le sens aussi de faire découvrir nos contenus. C'est vraiment celui sur lequel on planche en ce moment, pas que, mais c'est celui qui, selon moi, a plus de valeur ajoutée à long terme. Donc, c'est vraiment celui-là qui occupe nos équipes, mais on se bute à plein d'enjeux, plein de soucis aussi au passage, mais il est quand même costaud.
- Speaker #0
Donc, en gros, ce n'est pas tant de la création de contenu via l'IA, c'est plutôt la valorisation et la mise en avant, la remise à disposition des contenus, en fait, qui va être un peu au cœur de la stratégie des prochains mois, si je suis ravi un petit peu.
- Speaker #1
Dans notre cas, c'est vraiment un des objectifs, c'est de faire découvrir nos contenus plus facilement parce qu'il y a tellement de contenus disponibles aujourd'hui qu'on veut vraiment mettre l'accent là-dessus. Mais on a quand même des équipes qui explorent avec la production de contenu. Mais on avance un petit peu. Oui,
- Speaker #0
ça marche. Allez, on a fait quelques mois. Je fais une dernière question. Si je te dis Radio-Canada dans cinq ans, à quoi est-ce que ça ressemblerait au niveau expérience utilisateur ? On en a parlé. Allez, on se projette aussi un petit peu au contenu. Comment est-ce que tu imagines un petit peu la chose à cinq ans ? Ce qui est un exercice, je te l'accorde, pas évident.
- Speaker #1
Oui. C'est sûr que c'est difficile de se projeter dans cinq ans, étant donné qu'en six mois, tout peut changer. C'est sûr que notre écosystème actuel est vieillissant. Donc, je m'attends à ce qu'on soit en mesure de moderniser ce qu'on a en ce moment. Par la suite, je vois aussi tout ce qui se fait au niveau des assistants en IA. Donc, je ne serais pas surpris que Radio-Canada développe une approche dans laquelle, encore là, on discute. Il y a beaucoup d'essais dans tout ce que je dis, mais par exemple, je voyais que Washington Post venait de lancer son assistant en IA. Je vois aussi que d'autres joueurs qui lancent leur assistant. Je vois vraiment une expérience disponible, peut-être pour des auditoires qui sont différents, qui est beaucoup plus à l'écrit, en mode assistant en IA. Donc, on est moins dans l'interface classique web, mais on est plus dans un échange avec un outil. un peu à la Gemini ou à la Close, mais vraiment contextualiser dans le média, ce qui nous permettrait entre autres de s'assurer que tous les contenus sont validés et les sources sont validées aussi parce que ça serait notre pôle à nous. Pour arriver à faire ça, ça prend un rack, donc vous pouvez comprendre qu'il y a de la suie dans les idées. C'est étendu, je vois vraiment des nouveaux… en fait, je vais le résumer comme ça. Je vois vraiment des nouveaux comportements utilisateurs et on va devoir s'ajuster à ces nouveaux comportements-là, principalement au niveau de la recherche des contenus et la découvrabilité des contenus. Donc, il va y avoir, selon moi, un écosystème qui va encore être un peu plus conventionnel, mais on va voir aussi quand même une grande évolution au niveau des comportements sans nécessairement d'interface comme on connaît aujourd'hui.
- Speaker #0
Finalement, est-ce que l'IA et ces technologies-là pour Radio-Canada dans les années à venir, ce n'est pas renforcer finalement la robustesse de vos expertises, de vos contenus, en favorisant la découvrabilité et puis en montrant au public que les contenus sont là, les contenus sont rigoureux et les contenus sont à leur service ?
- Speaker #1
C'est ça notre mission, de s'assurer de rendre disponible, de faire les meilleurs contenus possibles, puis d'informer, d'éclairer et de divertir.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Toujours un plaisir. Encore une fois, on a toujours des bonnes discussions. C'est très facile pour moi de parler de ces sujets-là parce que je baigne dans tout ça tous les jours.
- Speaker #0
C'est la fin de la troisième et dernière partie de cette interview de DeepMedia avec Maxime Saint-Pierre, directeur général des médias numériques à Radio-Canada. Je vous donne rendez-vous prochainement pour de nouvelles interviews avec celles et ceux qui façonnent l'avenir des médias à l'ère du numérique. En attendant, pour ne manquer aucun des prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquats. DeepMedia est un podcast autoproduit par FollowMeConseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisé en liens génératifs et social media. A très bientôt !