- Julien Boujot
Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrit les médias à l'ère du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social médias et agénératif, mais avant tout passionné et curieux de l'univers médias depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technos et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. Lutte Médialique, Dergueux, Lepilloda, c'est parti. Sandrine, on se rend bonjour. Merci d'essuyer les plats, d'être là pour la première.
- Sandrine Roustan
C'est un plaisir, en fait.
- Julien Boujot
On va le dire tout de suite, on se connaît, on se connaît bien.
- Sandrine Roustan
Oui, on se connaît pas mal, en tout cas, en effet.
- Julien Boujot
On a travaillé ensemble il y a 15 ans.
- Sandrine Roustan
15 ans, le temps passe vite. Je dirais peut-être presque plus.
- Julien Boujot
C'est ça, ça fait déjà un bon moment. En tout cas, c'est cool d'avoir répondu présent pour ce premier...
- Sandrine Roustan
Peut-être dire dans quel contexte ?
- Julien Boujot
Oui,
- Sandrine Roustan
carrément. C'était à Média France Productions. C'était à l'époque la boîte de prod de France Télévisions qui est devenue Studio France Télévisions. Exactement. Et je me souviens qu'on t'a fait venir pour faire de la veille, du développement et de la stratégie aussi. Et je me souviens avoir écrit avec toi ou toi avec moi un beau rapport qui s'appelait France TV Studio, la prochaine ère de MFP. Comme quoi, on était visionnaires. Tu l'étais en tout cas.
- Julien Boujot
Ça, il y a une quinzaine d'années, effectivement. Et puis depuis, il s'est passé plein de choses. On ne va pas revenir sur tout ton parcours, mais en tout cas, ce qui est assez marquant, c'est ton passage en Chine, donc dans un groupe média international. Peut-être en dire deux mots pour le préciser.
- Sandrine Roustan
Pour nous, c'est international, mais pour les Chines, c'était un média évidemment national. Donc en fait, je suis partie avec mon mari qui lui avait une opportunité d'expatriation. Je n'avais pas du tout prévu de travailler en Chine, mais au contraire, de plutôt mettre la... pédale douce après avoir passé quelques années à France Télévisions et avoir dirigé France 4. Et en réalité, en allumant la télévision en Chine, je n'ai pas pu résister car j'ai découvert un monde absolument dingue. Puisqu'on était donc en 2014 à l'époque et qu'on vivait déjà là-bas tout ce qu'on vit maintenant ici, à savoir la plateformisation des médias. Et donc, j'ai participé à la plateformisation d'un média chinois qui s'appelle Shanghai Media Group. qui est le deuxième média le plus important après CCTV bien sûr. Et donc c'était une aventure de 7 ans que j'ai passée là-bas, qui était absolument incroyable. Et j'ai l'impression d'être un peu, d'avoir passé un moment dans le futur, pour être honnête.
- Julien Boujot
Donc après tu as pris la DeLorean, tu es revenue un petit peu dans le passé. Covid,
- Sandrine Roustan
le Covid m'a fait prendre la DeLorean et revenir en France, enfin plus exactement en Belgique, où je travaille maintenant à la... RTBF en tant que directrice générale du pôle des contenus.
- Julien Boujot
Ça tombe bien, parce que ça va être le sujet de notre petit échange. L'idée, ça va être dans ce podcast, effectivement, de parler de l'évolution et de la digitalisation des médias audiovisuels publics, en l'occurrence pour la RTBF. Donc, si on commence un petit peu sur le sujet, pourquoi est-ce que le sujet de la digitalisation dans le contexte actuel d'un média public et dans le contexte actuel des GAFA ? Comment est-ce que ça se caractérise et comment est-ce que la RTBF se positionne dans cet univers-là ? Entre sa présence média, sa présence média multiple, je pense que tu vas revenir dessus, et puis aussi un petit peu les missions de services publics qui l'animent.
- Sandrine Roustan
Je vais faire une toute petite introduction sur la RTBF, qui est un média public francophone belge, donc à destination de la communauté francophone de Belgique, qui est un pays qui est séparé en deux, avec les Néerlandais d'un côté flamand et les francophones wallons de l'autre. C'est un média public qui, depuis 2016, opère une transformation digitale. Ça veut dire qu'elle plateformise ses antennes. Historiquement, il y a ce qu'on appelle de la télévision linéaire, de la radio linéaire, et puis on a rajouté la partie digitale. En 2016, il y a eu une forme de disruption à la RTVF, où ils ont décidé, et ce fut parmi les premiers, à mettre en place Ovio.be, leur plateforme. Ovio ça veut dire audio et vidéo. Donc déjà en 2016 ils avaient anticipé le fait qu'ils mettraient et de la radio augmentée audio et de la télé augmentée Ovio, enfin de la vidéo, sur cette plateforme. Et depuis elle n'a de cesse de se transformer, on en est à la version 4 car plus les technologies le permettent, plus les fonctionnalités se modernisent, plus on a de la recommandation, plus on a de la personnalisation et plus cette plateforme devient... centrale dans la plateformisation donc la digitalisation de de tout ce que l'on produit, de tout ce que l'on achète, de tout ce que l'on diffuse, de tout ce que l'on met comme politique de création et de contenu à disposition du public, et donc l'interactivité.
- Julien Boujot
Par rapport à la France, c'est un espèce de conglomérat, parce qu'en France on a des plateformes de médias, de services publics un petit peu disparates.
- Sandrine Roustan
C'est-à-dire qu'en France, il n'y a pas eu encore la transformation vraiment digitale qui permet d'avoir sur une même plateforme tous les contenus de services publics, c'est-à-dire... Lina qui a sa plateforme qui est d'ailleurs très très bien faite. Radio France qui a aussi une plateforme et une accessibilité avec une application qui est très très bien faite. France.tv qui est aussi plutôt très très bien faite mais c'est France.tv. Et puis il y a également TV5MONDE qui a aussi une plateforme très très bien faite. Donc il y a 4-5 points d'entrée pour en fait un média public qui a pour chacun les mêmes missions. En réalité, plutôt patrimonial pour Lina. plutôt de l'information, de la culture et du divertissement pour France TV et puis pour Radio France également en termes de radio, d'être le plus proche du public et d'offrir des débats, des talks, de la musique et aussi de la culture. Ils n'ont pas encore opéré la transformation digitale que font, on sait déjà, tous les pays du Nord, mais il y a des explications à ça. Le Nord, c'est la Belgique, l'Angleterre, les pays scandinaves. Tout simplement, c'est historique en France. Il y a eu l'éclatement de l'ORTF. Et donc, psychologiquement, revenir à une notion où on re-rationalise tout, où on remet tout ensemble, déjà c'est un problème. Politiquement, ce n'est pas non plus bien vu, parce qu'évidemment, ça pose des problèmes de mutualisation et de difficultés tout simplement sociales. C'est-à-dire, comment faire que tous ces gens travaillent ensemble ? Et puis il y a eu une expertisation des métiers, une silotation des métiers qui a été très forte. Donc plus des lois qui n'ont pas suivi dans l'audiovisuel et qui n'ont pas aidé à ce que l'audiovisuel public puisse totalement se transformer. Ça ne veut pas dire pourtant qu'ils sont moins bons ou meilleurs, ils sont juste encore à un niveau de transformation qui n'est pas abouti.
- Julien Boujot
Et de cette manière, avec la plateforme Ovio qui regroupe tout, comment est-ce que ça participe à nourrir un petit peu tous les enjeux d'un média d'audiovisuel public ?
- Sandrine Roustan
Alors, on a deux fenêtres, pour être très exacte, d'exposition de tout ce qu'on fait. Donc il y a Ovio, audio-vidéo, qui est la plateforme un peu bibliothèque de tous les contenus que l'on propose. Sur nos antennes linéaires, il y a également tout un tas de découpages pour qu'on puisse consommer plus vite certaines émissions qui sont trop longues. On a également des podcasts natifs. On a également des partenaires, par exemple en Belgique, il y a Energi, en version télé, qui nous propose certains de leurs programmes. On a AB Explore sur la plateforme auquel on peut avoir accès. Il y a également une chaîne d'information qui s'appelle LN24, qui ne fait pas partie du groupe, mais qui est un partenaire, on peut avoir accès. Il y a également tous les médias de proximité, ceux qui sont organisés différents. différemment que la France, c'est-à-dire qu'il y a des médias locaux en Belgique, ils sont également sur la plateforme. Donc déjà, on voit que c'est d'être le plus... On a également l'INA qui s'appelle la Sonuma, qui est sur la plateforme. Donc c'est vraiment la première des missions de OVO, c'est vraiment de donner accès gratuitement, simplement, par un seul point d'entrée digital avec le pouce sur l'application, à toute cette bibliothèque de contenus vidéo et audio. Et puis il y a une deuxième fenêtre d'entrée qui est aussi une sorte de... D'énorme succès, et qui permet à Ovio aussi d'être un énorme succès, c'est un site d'information au sens large. Pas seulement des news, mais aussi de la culture, des loisirs, aussi des papiers qui sont écrits. C'est que de l'écrit avec une obligation. Il n'y a pas un seul des articles qui n'est pas accompagné par une mini-vidéo ou un mini-audio qui, si on en veut plus, renvoie directement sur la plateforme Ovio. Donc on a créé comme ça un écosystème, en fait. qui, en termes digital, est vertueux. Parce que quand on veut en savoir plus, on va vers des articles écrits de Ovio, vers RTBF Actu, c'est son nom. Et quand on veut avoir des contenus audiovisuels, on revient à l'audiovisuel, tiens, tiens, tiens. Eh bien, à ce moment-là, il y a un lien qui va directement sur la plateforme
- Julien Boujot
Ovio. Donc, avec Ovio, vous jouez dans la catégorie des grands en termes de plateforme, c'est-à-dire dans le... Dans l'écosystème avec les grosses plateformes type américaines, on va citer les noms, Netflix et compagnie, etc. Comment est-ce qu'on se positionne là-dedans ? Est-ce qu'on part à armes égales ? C'est une question rhétorique, je pense que j'ai déjà un peu la réponse. Mais surtout, comment est-ce qu'on se positionne et comment est-ce que ça se passe, même le relationnel avec eux ?
- Sandrine Roustan
Pour nous, ce n'est pas un compétiteur. D'abord, on compare ce qui est comparable, Netflix, pour ne pas les citer, ou même Amazon Prime. pour paliciter, ou Disney+, pour paliciter enfin toutes ces plateformes. sont payantes déjà, donc nous nous sommes gratuits. Elles sont en fait dans l'économie de l'attention, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas dans la volonté de donner de l'information, d'être proches des gens. Elles ont finalement très peu, en tout cas pour Netflix, très très peu de contenu belge francophone. Il n'y a que 2% sur la plateforme Netflix belge francophone de contenu francophone. Donc c'est très très peu. Évidemment, vous pouvez les sous-titrer, et avec justement, je pense qu'on en parlera après, l'IA maintenant avoir accès à la langue, mais en attendant, ce n'est pas de la production locale. Le service public, que ce soit Ovio Télé, Ovio Digital ou RTBF Actu, ou les radios, nous, on doit faire avant tout, notre plus grande mission, c'est d'informer avec notre prisme, de manière impartiale, pluraliste. les publics qui sont les nôtres. Et on a un peu un instinct de propriété sur nos publics quelque part, dans le sens où on pense qu'on est les meilleurs pour leur parler et on pense qu'on est les meilleurs pour qu'ils aient confiance en nous parce qu'on leur donne des gages de confiance. On vérifie l'information, on va les voir physiquement, parce que le territoire n'est pas très grand, et on se déplace, on fait des conférences, on fait des séminaires, on fait des débats que l'on diffuse d'une manière ou d'une autre, c'est-à-dire soit ce sont des débats sociétaux qui sont diffusés sur nos plateformes dites... TV linéaire, soit sur notre digital. Et donc ça, c'est unique. On a des visages aussi, que n'ont pas ces plateformes, des visages sur lesquels les gens peuvent s'attacher, suivre. On a aussi une forme d'horloge nationale que n'ont pas ces plateformes. Et donc, on est un accompagnateur, nous. Donc, on est aussi proche au niveau de la culture, puisqu'on doit participer, et on est OK, on est content de le faire, au financement. de la culture et à la possibilité, à la volonté de révéler des talents. Les nouveaux talents belges ou francophones n'ont pas été créés par Netflix, ils sont créés par la RTBF en premier lieu. On leur offre des espaces pour le faire et puis on a également une volonté, alors j'aime pas trop ce mot mais j'en ai pas trouvé de meilleur, de vouloir participer à l'éducation. de manière ludique, à la compréhension du monde, à aiguiser les curiosités des enfants et des nouvelles générations. Et là est notre plus grand défi, c'est de rester attractif pour ce que j'appelle les kids et les ados. C'est le plus grand défi qu'on a et sur lequel on travaille énormément à l'RTBF.
- Julien Boujot
Et ça aussi c'est un vrai défi, c'est-à-dire que sur une plateforme, une entrée unique finalement, il y a toutes les générations qui doivent se retrouver.
- Sandrine Roustan
Oui,
- Julien Boujot
alors...
- Sandrine Roustan
C'est un grand défi, mais nous, on a créé un certain nombre de marques, de programmes un peu dédiés et ou des espaces. Je m'explique. On a un espace qui s'appelle Ovio Kids sur la plateforme Ovio. On a également une chaîne qui s'appelle Ovio Kids TV. Comme ça, c'est facile de se retrouver. Et dans Ovio Kids... Corner sur le digital, on a un espace sécurisé. C'est-à-dire que les enfants, une fois qu'ils sont dessus, s'ils veulent en sortir, ils doivent demander à leurs parents un code qui leur est envoyé par mail. De manière à ce qu'ils n'aillent pas sur la plateforme voir d'autres contenus qui ne leur sont pas dédiés. Et on a également beaucoup d'interactivité sur cet espace pour que l'enfant joue en apprenant, apprend en jouant. On a également beaucoup de dessins animés, ce n'est pas que de l'éducation, il y a également des moments de divertissement, mais c'est un espace sécurisé pour eux. Et puis pour les ados, on a créé une chaîne pour le coup qui est une chaîne dite digitale où on poste régulièrement un certain nombre de contenus qui deviennent des marques un peu reconnues qui s'appelle Tarmac et ça c'est plutôt une chaîne qu'on retrouve sur tous les réseaux sociaux, YouTube, Facebook et compagnie, mais dont on retrouve aussi des contenus sur notre plateforme Ovio. Ce qui fait que lorsque les ados accrochent à des contenus sur les réseaux sociaux, parce qu'ils y sont beaucoup, dans ces contenus-là, on leur explique bien que s'ils veulent la suite, il faut qu'ils aillent sur Ovio. Ils cliquent et ils arrivent sur Ovio.
- Julien Boujot
Effectivement, les ports d'entrée sont multiples sur la même plateforme. Je voulais aborder aussi le côté financement, monétisation, tout ça. C'est une plateforme, ça coûte énormément d'argent à développer. Voilà, le contenu va apparaître en termes de production, ça demande des budgets conséquents. L'RTBF, il y a aussi des contraintes budgétaires, effectivement. Et donc, comment est-ce que cette plateformisation, elle s'inscrit aussi dans cette logique et dans ces contraintes budgétaires ?
- Sandrine Roustan
Peut-être qu'on va revenir un tout petit peu pour expliquer que la RTBF, en fait, c'est quatre chaînes de télévision classique, donc dites linéaires. C'est six stations de radio classique dites linéaires, qui sont augmentées, moi c'est comme ça que je le définis, sur la plateforme Ovio et sur le site RTBF Actu. Mais il y a également quelques chaînes digitales à destination des zones publiques que l'on retrouve sur Ovio, puisqu'elles ne sont pas diffusées sur le linéaire, de fait. Et ces fameuses chaînes digitales, c'est donc Tarmac dont je vous ai parlé, qui sont dédiées plutôt aux ados. Et puis on a également XP, qui est une chaîne de jeux vidéo qui sont diffusées sur tous les réseaux sociaux, dont on retrouve les principaux contenus sur Ovio. Et donc on ne fait pas que dire qu'on veut parler aux jeunes, ce qui est beaucoup le cas de plein de médias à mon goût. On le fait. Et surtout, ça ne sert à rien. Enfin moi, je ne vais pas dire je vais parler aux jeunes. J'ai 30 ans d'expérience, j'ai 55 ans, c'est totalement, à mon avis, hors générationnel pour moi. Par contre, je les engage. Il faut engager les jeunes qui s'occupent de leur génération. Voilà, et ça c'est un point qui est très important parce qu'après, au niveau du financement, si je vous ai fait cette description-là, c'est qu'on a un mode de financement qui est une dotation publique, c'est mixte en fait. et de la publicité, mais on a un plafond de publicité qu'on ne peut pas dépasser, 25% de notre budget global. Et alors après, sur des modes de subvention ou de partenariat, on recherche beaucoup de sponsoring, on recherche beaucoup de mécénat, et on offre la confiance, la qualité de l'information et l'espace sécurisé à des annonceurs. Et on s'aperçoit, notamment parce qu'on développe des missions comme ... la durabilité, la diversité, que l'on continue à assumer, parce que je sais qu'il y a certains pays en ce moment, notamment pour ne pas les nommer, les États-Unis, qui reviennent sur leur politique. Nous, on ne revient pas sur notre politique de diversité, on l'assume, mais on s'aperçoit que finalement, il y a un certain nombre d'annexeurs qui reviennent et qui se disent, même en termes de partenariat, il y a plein de choses à faire avec le service public, qui ne peuvent pas faire avec les médias dits GAFAM, comme vous appelez. Parce que c'est de la publicité et de la commercialisation à outrance. Donc, ils ont besoin des deux. Et moi, en tant que média public et en tant que financement, j'ai aussi besoin des deux. Simplement, c'est un quart, trois quarts, mais il me faut aussi que les annonceurs, les marques, soient un peu mécènes et qu'elles participent à ces missions que je vous ai décrites. Parce qu'on s'aperçoit que les jeunes, qui sont donc les générations les plus importantes, en tout cas pour nous, services publics, c'est qu'elles y croient, elles sont ouvertes, elles demandent qu'il y ait ce type d'approche. Et donc, pour nous, c'est un triptyque au niveau du financement.
- Julien Boujot
Et donc, par rapport, on va dire, dans un univers qui est un petit peu chamboulé, Ovio se présente vraiment comme une safe place, finalement, parce qu'avec une garantie... on va dire d'informations vérifiées, certifiées, avec un écosystème qui est vérifié et en tout cas qui répond à des attentes, à de fortes attentes.
- Sandrine Roustan
D'autant plus qu'on a mis en place un algorithme que l'on qualifie nous de sain, parce qu'il permet la découvrabilité, c'est-à-dire qu'à 50% c'est de la recommandation personnalisée et à 50% C'est du aléatoire pour vous faire découvrir d'autres contenus auxquels vous n'auriez absolument pas pensé et qui ne sont pas dans votre sphère habituelle. Et ça, on a eu un prix l'année dernière à l'UR, l'Union Européenne des Médias Publics, parce que c'est, à mon avis, un des axes les plus symboliques du média de service public. Et le service que l'on doit rendre au public qui nous finance, indirectement, c'est celui d'être un média... comme vous dites, safe place, on pourrait dire sain, qui permet en tout cas d'avoir un moment de pause. Nous, on ne veut pas aller plus vite que la musique, plus vite que tout le monde. Je pense qu'on est dans une espèce de washing machine informationnelle et nous, on veut offrir la possibilité de poser, réfléchir. C'est un petit peu... Je me souviens, parce que je ne vis plus en France aujourd'hui, mais je me souviens... Je vais faire... D'ailleurs, ça satisfait CIT à Radio France parce que je me souviens que même déjà il y a quelques années, quand à un moment donné j'en avais plein la tête de toutes ces informations continues en permanence des réseaux sociaux, je me mettais sur FIP. Vous voyez, cette espèce d'environnement où d'un seul coup, on est dans un endroit où on est sécurisé. On sait qu'on ne va pas en avoir trop parce qu'on ne nous considère pas comme une cible commerciale. C'est ça aussi le service public, ne pas considérer les gens comme des cibles commerciales, mais bien comme des citoyens avec lesquels on a envie d'échanger.
- Julien Boujot
C'est le bon contenu à la bonne personne selon... Voilà, il parle... Forcer la consommation avec des contenus inadaptés.
- Sandrine Roustan
Oui, alors ça, c'est le fameux temps d'attention que Netflix, par contre, et ses consoeurs et confrères vendent. C'est qu'eux, ils ont une personnalisation extrême. Ils ont une recommandation extraordinaire qui fait que quand vous êtes vraiment fan d'un secteur, déjà, le repère, et puis il ne va pas arrêter de vous en proposer. Mais comme vous, vous êtes fan, vous n'allez pas arrêter de le consommer. Donc c'est... C'est un droit, il n'y a pas de problème. Mais à côté, c'est impossible qu'il n'existe pas un média de service public avec tout ce que je vous ai décrit. Ce n'est pas possible. Et d'ailleurs, je vais même aller plus loin, ce n'est pas possible non plus qu'il n'y ait pas un média privé. C'est-à-dire qu'il n'ait pas toutes ses missions, mais qu'il y en a d'autres et qui sont beaucoup plus tournées vers le divertissement ou vers la cible commerciale. Il faut que ce petit monde-là arrive à trouver un équilibre pour vivre ensemble. Parce qu'on ne peut pas être... une démocratie avec des médias pluralistes si on n'a qu'une sorte de média.
- Julien Boujot
C'est la fin de la première partie de cette interview de Deep Media avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite de cet échange où l'on va continuer d'explorer le futur des médias à l'heure du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquats. DeepMedia est un podcast autoproduit par Follow me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IR générative et social media. A très bientôt !