- Julien Boujot
Bienvenue dans Deep Media, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. Deep Media, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la troisième et dernière partie de l'interview de Sandrine Roustand, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Bonne écoute ! Toute cette formation des équipes, etc., cette montée en compétence et cette diversification, ça joue aussi, c'est un terme qu'on a évoqué tout à l'heure, l'intelligence artificielle, on n'a pas forcément approfondi le truc, entre à la fois le nouveau bâtiment qui va permettre de produire un petit peu à 360 et la montée en compétence des équipes. Ça va forcément de pair avec l'intelligence artificielle, comment est-ce que ça se caractérise et comment est-ce que ça se manifeste dans le quotidien à plusieurs niveaux, au niveau de la RTBF.
- Sandrine Roustan
C'est quelque chose qui était déjà utilisé par le passé, depuis la digitalisation en fait, mais qu'on n'appelait pas comme ça. En fait, l'IA, elle va être partout, tout comme le digital est aujourd'hui partout. nous ça nous rapporte rajoute une couche de formation parce que ça fait peur précisément sur un thème et unique thème en réalité qui est l'IA va faire mon travail à ma place. Ça c'est l'unique problème que l'on a, il est là . Parce que tout le reste, si on enlève cette peur, cette crainte et qu'on montre tout ce qui est capable de faire une IA et comment il faut l'utiliser tout comme on a à un moment donné on est passé de la machine à écrire au Word, c'est exactement le même schéma. Il faut un temps d'adaptation qu'on a eu parce que par le passé on allait un peu moins vite, là il faut aller encore plus vite. Et donc c'est ça qui est compliqué. Mais l'IA on l'intègre maintenant partout et on va effectivement avec Mediasquare, qui est le nom de notre nouveau bâtiment, avoir l'application directe. Et là les gens que l'on a formés, qui sont montés en compétences, en février 26, puisqu'on déménage en février 26, vont voir. concrètement ce que c'est. Et ça, ça va changer l'appréciation de l'IA, parce que nous, on a toujours tenu au niveau social dans l'entreprise le même discours, c'est qu'on ne fait pas de licenciement économique, même en situation difficile. On forme les gens, mais il faut qu'ils acceptent. On forme les gens, on les accompagne pour qu'ils fassent évoluer le métier, et il y a une démultiplication des canaux de diffusion. Nous sommes et nous allons devenir de plus en plus des médiévores. Il y a une étude assez sérieuse, je ne me rappelle plus malheureusement la source, mais qui dit que d'ici 2030, nous allons consommer jusqu'à 9h30 de contenu, lire, écrire, voir, etc. Parce qu'il y en aura d'autres qui vont arriver, podcasts, etc. par jour. Donc on va avoir besoin de gens, et on va avoir besoin en plus de l'intelligence artificielle, et on va avoir besoin de productivité. Il y aura des métiers qui vont disparaître, ça c'est clair, mais comme il y en a d'autres qui vont arriver, peut-être dans une proportion moindre, certes, mais qui vont de toute façon nécessiter plus de monde pour pouvoir produire plus, parce qu'il y a plus de canaux, et qu'on a besoin de plus de contenu. Donc, l'intelligence artificielle va servir à ça, en fait.
- Julien Boujot
Et c'est l'accompagnement qui fait que ça ne va pas créer cette espèce de rupture comme certains le craignent.
- Sandrine Roustan
Ça peut le créer dans certains métiers, il ne faut pas être... non plus naïf, mais encore une fois, si on se forme, si on considère l'assistant, enfin l'assistant, pardon, l'IA comme un véritable assistant, si on arrive à maîtriser l'outil pour, justement, qu'il nous serve à se débarrasser des tâches un petit peu répétitives, on va arriver à quelque chose, en fait, assez génial. Il faut juste, par l'exemple, sans arrêt montrer par l'exemple, ce que ça peut... le apporter à la personne qui l'utilise.
- Julien Boujot
Et là , avant le février 26 et ce déménagement dans le Mediasquare, il y a des exemples concrets déjà d'applications ?
- Sandrine Roustan
Heureusement qu'on l'utilise déjà et qu'on n'attend pas les murs de Mediasquare parce qu'on a un certain nombre d'applications de logiciels qu'on utilise. On en a aussi créé nous en interne pour qu'elles soient tunisées exactement à ce dont on a besoin. On l'utilise dans la préparation de la production déjà . beaucoup pour justement gérer toute la partie des rushages. Pour les professionnels qui connaissent, c'est qu'il faut décrire tout ce qui est dit dans tous les tournages pour pouvoir faire des montages rapides. On l'utilise pour le séquençage, on l'utilise pour préparer des trailers, on l'utilise pour préparer des bandes annonces, on l'utilise pour se projeter dans des décors qu'on voudrait fabriquer, mais on voudrait voir ce que ça donne avant de dépenser des fortunes dans certains décors. On l'utilise, alors ça c'est pour toute la partie production, on l'utilisera dans des outils aussi d'automatisation dans des studios, on l'utilise à tous les niveaux en réalité, on va l'utiliser. La recherche aussi, ça va être ce qu'on appelle la recherche documentaire par rapport aux archives. On va utiliser la reconnaissance spatiale si on veut faire, je ne sais pas, quelqu'un malheureusement meurt demain et on n'était pas préparé. Et c'est une grande figure, je ne sais pas, de la littérature, on va pouvoir rentrer son nom à les recherches. toutes les archives en rentrant juste son nom parce qu'on aura par avant et ça aussi on s'en occupe à la RTBF rentrer toutes les métadonnées toutes les descriptions du contenu de manière très claire et on va pouvoir utiliser comme ça de manière très rapide et sortir un sujet en une minute là où il fallait franchement 5 jours par le passé donc je trouve que c'est génial
- Julien Boujot
Il n'y a pas de domaines qui sont interdits, par exemple le domaine de l'info ? Alors si,
- Sandrine Roustan
bien sûr, il y a des précautions à prendre, évidemment. Il y a des problématiques de droit d'auteur, ça il ne faut pas... Mais nous, en tant que service public, c'est précisément là , au même titre que dans l'information en général, on apporte de la confiance sur laquelle on veut être un label sécurité. On n'utilisera rien qui soit hors des clous de la loi du droit d'auteur, hors des clous de la vérification de l'information. hors des clous de la diffamation et compagnie. Nous, c'est précisément ce qu'on va pouvoir promettre à nos concitoyens, spectateurs, téléspectateurs, télénotes, etc. Et ça fait la grande différence. Donc l'IA, on doit l'utiliser et faire attention à ce qu'elle soit correctement retransmise à nos publics.
- Julien Boujot
La RTBF d'où ? présente sur Ovio avec toutes les plateformes. Il y a aussi la présence sur les réseaux sociaux, qui est quand même prépondérante. Comment est-ce que la RTBF se positionne par rapport à ça ? Quelle est sa stratégie ? C'est quoi un petit peu son positionnement dans l'écosystème belge sur les réseaux sociaux ?
- Sandrine Roustan
Déjà , on va revenir un tout petit peu. Donc, on est un média de service public. C'est très important parce que ce que les gens ne savent pas, c'est qu'on a des obligations en tant que média de service public. C'est-à -dire qu'on nous a donné historiquement, il y a des années, la concession. de canaux de distribution, en l'occurrence ce qu'on appelle la TV et la radio linéaire, mais contre des missions. Et donc on a des obligations de production, on doit dépenser de l'argent localement pour créer des nouveaux talents. On a des obligations de diffusion, pour éviter de diffuser des œuvres que américaines, ou pour ne diffuser que des œuvres dédiées à des publics de tel ou tel âge, on doit être dans le pluralisme. Et donc tout ça, il y a des indicateurs, il y a des quotas qui sont particulièrement vérifiés. On a des obligations de vérification d'information bien évidemment. On doit adresser tous les publics et pas un seul public qui rapporte de l'argent par exemple mais bien tous les publics. Donc c'est l'aspect aussi démocratique. On doit créer des débats, on doit être moteur aussi dans l'éducation, le numérique etc. Ce rôle que n'ont pas du tout les réseaux sociaux. Rôles, ni rôles, ni obligations. Ils n'ont aucune obligation. Les plateformes dont on a parlé, Netflix, Amazon, Disney, depuis peu ont des obligations de dépenser un minimum de leur chiffre d'affaires sur le territoire dans la production locale. C'est d'ailleurs un problème parce qu'ils ont l'obligation, mais pour certains, ils ne le font pas. Ils préfèrent payer une amende que d'investir une équipe et accompagner parce que c'est du boulot. Les talents, localement, eux, ils préfèrent payer une amende et puis on achète des trucs tout faits. Alors que RTBF, c'est une obligation. Pour revenir aux réseaux sociaux, les réseaux sociaux n'ont aucune obligation, même pas d'investir dans la production locale. Même pire, ils nous volent nos talents parce que... Quand on est un jeune talent, on croit toujours que le réseau social, ça va être mieux que les vieux médias de service public, parce qu'on vous vend dans votre chambre, vous allez faire ce que vous voulez, vous allez être des influenceurs, ça va être formidable et vous allez être payé pour ça, revenus publicitaires partagés, sauf qu'il faut toucher, je ne sais, je crois que c'est 10 000, pour pouvoir vivre de cette influence, il faut pouvoir toucher peut-être 10 000 personnes par jour, quoi, facile, et encore vous gagnez le SMIC avec ça. Donc... Donc ils nous volent nos talents parce que nous du coup on est plus attractif pour eux. Ils nous volent notre publicité sur le territoire. Ils nous volent l'éducation parce que... Enfin les jeunes publics parce qu'ils proposent des tutos pour faire une bombe à côté de tutos pour faire un exercice de maths. Et donc pour moi YouTube par exemple, vous avez Facebook, vous avez Instagram, mais YouTube qui fait du format long, du format court, qui nous vole. nos contenus indirectement. Alors, évidemment qu'on a des services juridiques, mais comme on est un petit pays, à un moment donné, on ne peut pas tout vérifier. YouTube a aussi des systèmes pour essayer de limiter le vol de contenu. Mais quand vous avez quelqu'un qui se filme devant votre contenu qui est diffusé en télé et qui commente la chose, moi, je ne lui ai pas demandé de faire ça. Or, il utilise mon contenu pour lequel moi, j'ai dépensé de l'argent. Et la pub et l'attention va chez YouTube. Donc, ça devient compliqué. Donc on ne peut pas non plus ne pas reconnaître que YouTube ou les réseaux sociaux, Facebook et tout ça sont ultra importants dans la vie des gens maintenant. Ils ont une accessibilité, une facilité. Donc moi, on a une politique qui est triple. La première, c'est d'éduquer aux médias pour expliquer ce que je viens de vous dire, sans parler du fait que l'IA sur les réseaux sociaux n'est pas vérifiée, que les informations que vous pouvez croiser sont des informations qui sont très souvent grossies, fakers. et qui peut tronquer votre discernement. Donc l'éducation, pour ça, c'est très important. Je n'aime pas du tout ce mot, je ne sais pas, il faudra qu'on en trouve un autre, parce que ce n'est franchement pas sexy, mais c'est vraiment ce que ça veut dire. La deuxième chose, c'est qu'on ne peut pas ne pas être nous-mêmes avec nos contenus sur ces plateformes, mais ce qu'on souhaite faire, c'est les utiliser comme des bandes annonces finalement de ce que l'on fait et donner envie à tous ceux qui sont sur ces réseaux sociaux de revenir. vers notre plateforme et en l'occurrence on a des techniques, on essaie d'être le plus attractif possible et puis à la fin on coupe certains contenus en leur disant si vous avez aimé et que vous voulez la suite, venez chez nous, comme on ferait dans n'importe quel autre type d'activité. Et puis la troisième chose, c'est ce qu'on appelle le rapatriement, l'éducation aux médias, et puis la troisième chose c'est qu'on les utilise encore parce qu'on n'a pas l'outil, mais ça va venir, pour l'interactivité, pour l'interaction. Parce que tout ce qui est live, nous on le fait déjà , mais l'interactivité en plus du live, ça on utilise les réseaux sociaux pour faire ça pour le moment. Mais la bataille n'est pas terminée, on arrive bientôt avec un outil pour parvenir à faire cette troisième stratégie tout seul, sans eux.
- Julien Boujot
Merci beaucoup pour l'échange. On a réussi à aborder, je pense, à dresser un panorama assez large de ce qui peut être fait actuellement à l'RTBF et surtout ce qui sera fait... dans le futur, on a bien noté février 26 pour...
- Sandrine Roustan
Pour le déménagement, ça va être un grand moment.
- Julien Boujot
C'est ça, pour le Mediasquare, pour voir un petit peu ce que ça donne. Et encore merci pour le temps d'échange. Et puis, voilà , on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode de DeepMedia.
- Sandrine Roustan
Merci !
- Julien Boujot
C'est la fin de la troisième et dernière partie de cette interview de DeepMedia avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour de nouvelles interviews avec celles et ceux qui façonnent l'avenir des médias à l'heure du numérique. En attendant... Pour ne manquer aucun des prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquates. DeepMedia est un podcast autoproduit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IA générative et social media. A très bientôt !