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"On crée des univers éditoriaux distribués via l'octopus" 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF - Deep Media 🎧 cover
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Deep Media

"On crée des univers éditoriaux distribués via l'octopus" 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF - Deep Media 🎧

"On crée des univers éditoriaux distribués via l'octopus" 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF - Deep Media 🎧

14min |01/04/2025|

22

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Description

Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF est la première invitée de Deep Media.

Avec elle, nous allons explorer la manière dont un média de service public se digitalise et aborde l'ensemble des enjeux de distribution, financement et production des contenus pour l'ensemble des publics. Dans ce second épisode, nous allons aborder de quelle manière est désormais pensée l'offre de contenus du côté de la RTBF, comment le groupe public déploie une stratégie d'octopus. Par ailleurs, nous nous pencherons également sur la manière dont les équipes sont formées et accompagnées dans cette mutation des médias

Deep Media l'interview épisode 2 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentateur

    Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Bonne écoute ! Simmo,

  • Julien Boujot

    là on a parlé de la distribution avec Ovio. Une plateforme, ça joue aussi sur la création de contenu, sur les process de production, etc. Comment est-ce que cette plateformisation, traitée à la manière RTBF, elle joue sur aussi toute cette chaîne de production des programmes ?

  • Sandrine Roustan

    Oui, alors la RTBF, elle a aussi une spécificité, c'est qu'elle produit environ 50% de ses propres programmes et qu'elle a une boîte de prod, en fait, internalisée, avec des outils de production, c'est-à-dire des studios, avec des salles de montage, avec des caméras, du matériel, etc. Donc il faut se mettre à la page, si je puis dire, et aussi avancer avec l'évolution technologique du matériel de production. et on voit bien que c'est là que se joue aussi la transformation d'un média public pour pouvoir justement avoir des contenus les plus modernes possibles, adaptables à cette fameuse plateforme, c'est-à-dire avoir tous les formats possibles et aller jusqu'à, parce que c'est notre prochain dossier technologique, aller jusqu'à avoir de la conversation et du messaging sur notre plateforme Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord. Concrètement ?

  • Sandrine Roustan

    C'est-à-dire ? Ce que vous faites sur Facebook, c'est-à-dire commenter des contenus, peut-être rentrer même en relation sur Instagram, notamment avec les influenceurs, des gens qui sont dans les vidéos directement, on va pouvoir le faire sur Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord.

  • Sandrine Roustan

    On travaille sur un outil technologique qui va permettre ça. Parce que l'objectif in fine, c'est de se rapprocher de tout ce qui est les fonctionnalités qui sont les plus engageantes sur les réseaux sociaux. Je parle uniquement de fonctionnalités. Il faut qu'on arrive, nous aussi, en tant que médias publics, à se mettre à la page de cette évolution qui permet d'avoir des narrations différentes dans les contenus, qui permet d'être moderne, et c'est aussi comme ça qu'on attirera les jeunes. Alors, après, je reviens à la partie production, parce qu'on s'aperçoit qu'en termes de production, mais là, ça concerne plutôt les professionnels, et pas vraiment... Quoique, on voit que les concitoyens sont de plus en plus consommateurs d'objets de montage, de... de software, et parfois de très bonne manière. Donc nous, on veut aussi avoir une partie ouverte pour, à terme, on va avoir des... Enfin, à terme, c'est février 2026, on va déménager dans un nouveau bâtiment à la RTBF qui a entièrement été revu et reconçu technologiquement pour que nos régies, c'est-à-dire tout le matériel qu'on utilise pour tourner des studios, soient... mutualisable, c'est-à-dire qu'on n'aura plus d'un côté un studio de télé, de l'autre un studio de radio, on aura des espaces de production dans lesquels on pourra faire de la télé, de la radio ou du digital en fonction de ce qu'on a choisi de faire comme typologie d'émission. On aura soit des studios qui sont bien pour être un peu, comme on est là d'ailleurs, un peu en face-to-face, en intimité, on aura des studios plus grands pour qu'il y ait de la musique, etc. On aura des studios plutôt tall, mais on n'aura plus les studios... de chaîne de télé, de radio ou de digital. Tout ça sera unique et ne franquin.

  • Julien Boujot

    À la RTBF, finalement, on va produire du contenu. On ne va pas produire du contenu télé, du contenu, etc. Ce sera un contenu qui sera adapté selon la méthode de diffusion.

  • Sandrine Roustan

    Exactement. En fait, nous, on ne crée plus non plus pour la télé ou pour la radio. On crée des univers que l'on déploie. On appelle ça la méthode Octopus. En fonction de nos publics, des goûts de nos publics, des usages, de la manière de consommer, la manière de consommer d'un jeune, la manière de consommer d'un moins jeune, ou la manière de consommer de ce qu'on appelle les passionnés, les gens qui sont curieux, n'est pas du tout la même. Ils ont des horaires, le matin ils préfèrent pour certains la télé, le matin par exemple, et puis pour d'autres, pour les mêmes, c'est plutôt en radio, le soir, qu'ils prennent leur temps, et puis au milieu de la journée, ils sont plus sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes digitales. Eh bien, nous, on a créé à l'intérieur de la RTBF des nouveaux métiers, qui sont des éditeurs. d'offres spécialisées dans un public. Et on a décidé qu'il y avait quatre publics, et qu'on était voué à ces publics, qu'on devait leur rendre service. On a le public de ce qu'on appelle des « nous » , c'est-à-dire des gens qui sont plutôt des familles, mais sachant, je vous le dirai après, plus de 35 ans. On a le public des jeunes adultes, qui ont entre 20 et 40 ans. On a le public... des nouvelles générations, les fameux ados et les kids, et puis on a le public des affinitaires qui sont des gens qui sont curieux, plutôt seniors, qui ont envie de prendre le temps, qui ont une certaine connaissance et qui veulent approfondir. Mais on peut très bien passer d'un état à un autre. On n'est pas obligé de rentrer dans une case en tant que public. Mais nous, on adresse ces quatre catégories de public et on adresse non plus des contenus mais des univers que l'on déploie sur la télé, la radio ou le digital en fonction des horaires et de chacun de nos publics.

  • Julien Boujot

    Est-ce que tu as un exemple concret d'un projet qui a été porté par la RTBF qui répond à cette logique de l'Octopus ?

  • Sandrine Roustan

    Pour donner un exemple ?

  • Julien Boujot

    Oui, pour donner un exemple.

  • Sandrine Roustan

    Alors, on a décidé par exemple d'investir un univers qui est celui de la danse. On s'est dit, voilà, il y a 3-4 ans, il y a The Voice qui est un grand carton. On est, je crois, le seul média public à diffuser The Voice. Ça, c'est historique parce qu'on le produit nous-mêmes en fait. Et c'est historique parce qu'il y a dix ans, comme on était la porte à côté de celle de John Demol, avec ce programme à douze ans, je crois, douze ans, eh bien on a été les premiers à l'essayer et ça a été un énorme succès. Et depuis, on est resté avec ce programme sur nos antennes. Et on s'est dit, voilà, mais The Voice est génial parce que chez nous, ça révèle beaucoup les talents. Il y a beaucoup de talents qui sont sortis de The Voice. Comment est-ce qu'on peut faire sur d'autres univers ? On a fait une étude, parce qu'on ne fait jamais rien sans qu'il y ait une raison. Et on s'est aperçu que le premier sport, à part le football, des enfants, c'était la danse, y compris les garçons. Incroyable, il y a énormément de compagnies de danse. Et donc on s'est dit comment est-ce qu'on va faire ? Et là voilà, on investit l'univers de la danse. Il nous faut de la danse pour le public des nous. Donc on fait un grand show parce que c'est familial et donc il faut que ce soit spectaculaire. Et là on dépense un plateau de l'argent du public. Puis de ça, on va faire également pour les réseaux sociaux et les jeunes générations plutôt décorés. des tutos avec des chorés. On va faire, pour tout ce qui est le public infinitaire, des documentaires sur qui est les grands courants de danse classiques ou pas, des grands chorégraphes, des bios, des choses comme ça. On a acheté les droits de la compétition mondiale de breakdance, par exemple. On a acheté des films qui sont dans l'univers de la danse. Ça va de « Saturden Night Fever » jusqu'à « La Bamania » , en passant par, je ne sais plus, je n'ai plus tous les titres en terre, des choses beaucoup plus modernes. On a également un jeu, pour les plus jeunes générations aussi, ça s'appelle « Alors on danse » , pas très… « Stromae » , je le dis, « Alors on chante » , et belge, on l'aurait oublié. Bref, donc vous voyez, c'est ça l'octopus. Et alors ? Pour l'information, c'est ultra pratique, parce que quand on fait les élections, c'est de la même façon qu'on réfléchit. On réfléchit pour tous les publics. On doit attirer sur des thèmes comme ceux-là, même les nouvelles générations. Surtout les jeunes adultes. Pour les nouvelles générations, on va plutôt faire des cours de civisme, à quoi ça sert, pourquoi est-ce qu'on vote, des choses comme ça. Et puis pour les jeunes adultes, on va faire des choses qui sont... beaucoup plus sur les réseaux sociaux interactifs et qui vont être, par exemple, le test ��lectoral. Placez-vous, vous ne savez pas de quel parti politique vous êtes. On a utilisé l'IA pour vous, on a enregistré tous les programmes de tous les partis. Posez une question et on va vous dire dans quel programme, à la fin des 100 questions, quelle est votre note, si je puis dire, et comment vous vous situez. Donc, on voit que c'est... absolument nouveau.

  • Julien Boujot

    Ça se déploie sur tous les formats, que ce soit du divertissement, de l'info, du docu, etc.

  • Sandrine Roustan

    Mais l'approche est complètement nouvelle quand on est sur des univers et des publics, que lorsqu'on est « ah tiens, je vais produire tel ou tel contenu » , et puis c'est juste un contenu en fait.

  • Julien Boujot

    Et c'est jamais annoncé comme tel au public. C'est à l'intern, à la RTBF, vous travaillez de cette manière-là et après...

  • Sandrine Roustan

    Une méthode de travail, et après chacun consomme en fait le contenu de la manière dont il...

  • Julien Boujot

    Et sur ce changement-là, parce que ça implique un vrai changement, comment est-ce que les équipes se sont emparées de ce sujet-là ? Qu'est-ce que ça a nécessité aussi comme aménagement en termes d'organisation ? On a parlé du nouveau pôle de création, on reviendra un petit peu dessus un peu plus tard, mais au niveau des équipes, comment est-ce que ça se...

  • Sandrine Roustan

    Alors c'est sans doute la plus grande transformation qui se cache derrière la transformation digitale. La plateformisation d'un média de service public qui est là depuis, en l'occurrence, l'RTBF existe depuis 70 ans, comme disent les Belges. Donc, il y a une population de gens qui travaillent, et comme il y a une boîte de prod intégrée, depuis des années. Et donc, la véritable révolution et évolution, elle est humaine, elle est d'aller aussi vite que le secteur va, en termes de formation. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une académie. On a créé des certifications, on a créé des parcours de formation obligatoires, on a créé un service qui s'appelle le service de la polycompétence et de la polyvalence pour que les gens de la boîte, il y a quand même 2000 personnes, viennent se former, s'informer. On crée deux fois par an ce qu'on appelle le connect des 200 cadres, donc ça, toutes les boîtes l'ont, mais nous on en dédie un des deux à la transformation digitale. Qu'est-ce que c'est ? Et surtout, on a mis aussi en place dans l'académie des MOOPs, des espèces de sponsoring avec des gens qui arrivent dans la boîte, qui ont certaines expertises qui sont liées au digital, qui deviennent des super-U, des super-utilisateurs, des super-formateurs, et qui doivent prendre, entre guillemets, sous leurs ailes, quelqu'un qui ne l'est pas. Parce qu'on s'est aperçu, quelqu'un qui a en général un certain âge, on s'est aperçu en fait que les gens... avaient honte de dire qu'ils n'arrivaient pas à suivre, qu'ils ne comprenaient pas comment marchaient les nouveaux matériels, même les nouveaux softwares, les nouveaux logiciels. Et c'est venu toute cette façon de penser, qui est en fait passionnante, parce que changer l'humain, c'est finalement beaucoup plus compliqué que changer une caméra. Mais ça nous a beaucoup apporté, parce que du coup, ils s'intéressent encore plus. à la boîte, ils sont plus investis, plus engagés et ils comprennent la difficulté que l'on a et ils nous aident dans la stratégie à changer aussi toute la partie matérielle. Parce qu'il y a la partie matérielle et puis il y a la vie de la boîte. C'est-à-dire qu'il a fallu aussi qu'on change nos process internes et qu'on les digitalise. Avant, on signait des contrats à la main. On ne signe plus de contrat à la main. Pour donner un exemple très précis, on passe par tout un système, un logiciel interne qu'on a créé pour nous avec un... un parcours pour que différentes signatures soient validées afin que la personne à qui on achète le service soit payée. Et donc, toute cette transformation en interne, toute cette transformation de production, toute cette transformation de distribution, c'est-à-dire ovio et digitale, je ne dirais pas qu'elle est plus facile qu'ailleurs, mais en tout cas, elle est vraiment intégrée, comprise, et en interne, on a des guichets et un parcours pour que les gens se forment. Donc, il y a toujours ceux qui... qui sont ouverts, curieux, heureusement qu'il y en a beaucoup. Et puis il y a ceux qui ont toujours encore un peu de difficultés. Mais chez nous, c'est du 80-20. Et on a constaté que dans d'autres médias publics, plutôt du Sud d'ailleurs, de l'Europe, c'est presque l'inverse.

  • Julien Boujot

    C'est ça. Effectivement, il y a un vrai accompagnement, il y a une vraie adhésion en tout cas à toute cette digitalisation et en tout cas à la marche qui est entamée à la RTVF.

  • Sandrine Roustan

    Et quand je vous parlais des super utilisateurs qui ont parfois des expertises venant de l'extérieur, notamment dans le digital, qui apprennent ça à des gens qui sont là depuis longtemps, c'est assez rigolo parce qu'on a parfois des binômes tout à fait étonnants. On a un binôme, celui qui apprend à l'autre, il a 25 ans. Et l'autre qui apprend de celui qui a 25 ans, il en a 55, 60. Et donc, voilà, l'apprenant n'est plus du côté du vieux.

  • Julien Boujot

    On renverse le paradigme.

  • Présentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où on va continuer d'explorer le futur des médias à l'heure du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquates. Deep Media est un podcast autoproduit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IA générative et social media. A très bientôt !

Description

Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF est la première invitée de Deep Media.

Avec elle, nous allons explorer la manière dont un média de service public se digitalise et aborde l'ensemble des enjeux de distribution, financement et production des contenus pour l'ensemble des publics. Dans ce second épisode, nous allons aborder de quelle manière est désormais pensée l'offre de contenus du côté de la RTBF, comment le groupe public déploie une stratégie d'octopus. Par ailleurs, nous nous pencherons également sur la manière dont les équipes sont formées et accompagnées dans cette mutation des médias

Deep Media l'interview épisode 2 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentateur

    Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Bonne écoute ! Simmo,

  • Julien Boujot

    là on a parlé de la distribution avec Ovio. Une plateforme, ça joue aussi sur la création de contenu, sur les process de production, etc. Comment est-ce que cette plateformisation, traitée à la manière RTBF, elle joue sur aussi toute cette chaîne de production des programmes ?

  • Sandrine Roustan

    Oui, alors la RTBF, elle a aussi une spécificité, c'est qu'elle produit environ 50% de ses propres programmes et qu'elle a une boîte de prod, en fait, internalisée, avec des outils de production, c'est-à-dire des studios, avec des salles de montage, avec des caméras, du matériel, etc. Donc il faut se mettre à la page, si je puis dire, et aussi avancer avec l'évolution technologique du matériel de production. et on voit bien que c'est là que se joue aussi la transformation d'un média public pour pouvoir justement avoir des contenus les plus modernes possibles, adaptables à cette fameuse plateforme, c'est-à-dire avoir tous les formats possibles et aller jusqu'à, parce que c'est notre prochain dossier technologique, aller jusqu'à avoir de la conversation et du messaging sur notre plateforme Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord. Concrètement ?

  • Sandrine Roustan

    C'est-à-dire ? Ce que vous faites sur Facebook, c'est-à-dire commenter des contenus, peut-être rentrer même en relation sur Instagram, notamment avec les influenceurs, des gens qui sont dans les vidéos directement, on va pouvoir le faire sur Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord.

  • Sandrine Roustan

    On travaille sur un outil technologique qui va permettre ça. Parce que l'objectif in fine, c'est de se rapprocher de tout ce qui est les fonctionnalités qui sont les plus engageantes sur les réseaux sociaux. Je parle uniquement de fonctionnalités. Il faut qu'on arrive, nous aussi, en tant que médias publics, à se mettre à la page de cette évolution qui permet d'avoir des narrations différentes dans les contenus, qui permet d'être moderne, et c'est aussi comme ça qu'on attirera les jeunes. Alors, après, je reviens à la partie production, parce qu'on s'aperçoit qu'en termes de production, mais là, ça concerne plutôt les professionnels, et pas vraiment... Quoique, on voit que les concitoyens sont de plus en plus consommateurs d'objets de montage, de... de software, et parfois de très bonne manière. Donc nous, on veut aussi avoir une partie ouverte pour, à terme, on va avoir des... Enfin, à terme, c'est février 2026, on va déménager dans un nouveau bâtiment à la RTBF qui a entièrement été revu et reconçu technologiquement pour que nos régies, c'est-à-dire tout le matériel qu'on utilise pour tourner des studios, soient... mutualisable, c'est-à-dire qu'on n'aura plus d'un côté un studio de télé, de l'autre un studio de radio, on aura des espaces de production dans lesquels on pourra faire de la télé, de la radio ou du digital en fonction de ce qu'on a choisi de faire comme typologie d'émission. On aura soit des studios qui sont bien pour être un peu, comme on est là d'ailleurs, un peu en face-to-face, en intimité, on aura des studios plus grands pour qu'il y ait de la musique, etc. On aura des studios plutôt tall, mais on n'aura plus les studios... de chaîne de télé, de radio ou de digital. Tout ça sera unique et ne franquin.

  • Julien Boujot

    À la RTBF, finalement, on va produire du contenu. On ne va pas produire du contenu télé, du contenu, etc. Ce sera un contenu qui sera adapté selon la méthode de diffusion.

  • Sandrine Roustan

    Exactement. En fait, nous, on ne crée plus non plus pour la télé ou pour la radio. On crée des univers que l'on déploie. On appelle ça la méthode Octopus. En fonction de nos publics, des goûts de nos publics, des usages, de la manière de consommer, la manière de consommer d'un jeune, la manière de consommer d'un moins jeune, ou la manière de consommer de ce qu'on appelle les passionnés, les gens qui sont curieux, n'est pas du tout la même. Ils ont des horaires, le matin ils préfèrent pour certains la télé, le matin par exemple, et puis pour d'autres, pour les mêmes, c'est plutôt en radio, le soir, qu'ils prennent leur temps, et puis au milieu de la journée, ils sont plus sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes digitales. Eh bien, nous, on a créé à l'intérieur de la RTBF des nouveaux métiers, qui sont des éditeurs. d'offres spécialisées dans un public. Et on a décidé qu'il y avait quatre publics, et qu'on était voué à ces publics, qu'on devait leur rendre service. On a le public de ce qu'on appelle des « nous » , c'est-à-dire des gens qui sont plutôt des familles, mais sachant, je vous le dirai après, plus de 35 ans. On a le public des jeunes adultes, qui ont entre 20 et 40 ans. On a le public... des nouvelles générations, les fameux ados et les kids, et puis on a le public des affinitaires qui sont des gens qui sont curieux, plutôt seniors, qui ont envie de prendre le temps, qui ont une certaine connaissance et qui veulent approfondir. Mais on peut très bien passer d'un état à un autre. On n'est pas obligé de rentrer dans une case en tant que public. Mais nous, on adresse ces quatre catégories de public et on adresse non plus des contenus mais des univers que l'on déploie sur la télé, la radio ou le digital en fonction des horaires et de chacun de nos publics.

  • Julien Boujot

    Est-ce que tu as un exemple concret d'un projet qui a été porté par la RTBF qui répond à cette logique de l'Octopus ?

  • Sandrine Roustan

    Pour donner un exemple ?

  • Julien Boujot

    Oui, pour donner un exemple.

  • Sandrine Roustan

    Alors, on a décidé par exemple d'investir un univers qui est celui de la danse. On s'est dit, voilà, il y a 3-4 ans, il y a The Voice qui est un grand carton. On est, je crois, le seul média public à diffuser The Voice. Ça, c'est historique parce qu'on le produit nous-mêmes en fait. Et c'est historique parce qu'il y a dix ans, comme on était la porte à côté de celle de John Demol, avec ce programme à douze ans, je crois, douze ans, eh bien on a été les premiers à l'essayer et ça a été un énorme succès. Et depuis, on est resté avec ce programme sur nos antennes. Et on s'est dit, voilà, mais The Voice est génial parce que chez nous, ça révèle beaucoup les talents. Il y a beaucoup de talents qui sont sortis de The Voice. Comment est-ce qu'on peut faire sur d'autres univers ? On a fait une étude, parce qu'on ne fait jamais rien sans qu'il y ait une raison. Et on s'est aperçu que le premier sport, à part le football, des enfants, c'était la danse, y compris les garçons. Incroyable, il y a énormément de compagnies de danse. Et donc on s'est dit comment est-ce qu'on va faire ? Et là voilà, on investit l'univers de la danse. Il nous faut de la danse pour le public des nous. Donc on fait un grand show parce que c'est familial et donc il faut que ce soit spectaculaire. Et là on dépense un plateau de l'argent du public. Puis de ça, on va faire également pour les réseaux sociaux et les jeunes générations plutôt décorés. des tutos avec des chorés. On va faire, pour tout ce qui est le public infinitaire, des documentaires sur qui est les grands courants de danse classiques ou pas, des grands chorégraphes, des bios, des choses comme ça. On a acheté les droits de la compétition mondiale de breakdance, par exemple. On a acheté des films qui sont dans l'univers de la danse. Ça va de « Saturden Night Fever » jusqu'à « La Bamania » , en passant par, je ne sais plus, je n'ai plus tous les titres en terre, des choses beaucoup plus modernes. On a également un jeu, pour les plus jeunes générations aussi, ça s'appelle « Alors on danse » , pas très… « Stromae » , je le dis, « Alors on chante » , et belge, on l'aurait oublié. Bref, donc vous voyez, c'est ça l'octopus. Et alors ? Pour l'information, c'est ultra pratique, parce que quand on fait les élections, c'est de la même façon qu'on réfléchit. On réfléchit pour tous les publics. On doit attirer sur des thèmes comme ceux-là, même les nouvelles générations. Surtout les jeunes adultes. Pour les nouvelles générations, on va plutôt faire des cours de civisme, à quoi ça sert, pourquoi est-ce qu'on vote, des choses comme ça. Et puis pour les jeunes adultes, on va faire des choses qui sont... beaucoup plus sur les réseaux sociaux interactifs et qui vont être, par exemple, le test ��lectoral. Placez-vous, vous ne savez pas de quel parti politique vous êtes. On a utilisé l'IA pour vous, on a enregistré tous les programmes de tous les partis. Posez une question et on va vous dire dans quel programme, à la fin des 100 questions, quelle est votre note, si je puis dire, et comment vous vous situez. Donc, on voit que c'est... absolument nouveau.

  • Julien Boujot

    Ça se déploie sur tous les formats, que ce soit du divertissement, de l'info, du docu, etc.

  • Sandrine Roustan

    Mais l'approche est complètement nouvelle quand on est sur des univers et des publics, que lorsqu'on est « ah tiens, je vais produire tel ou tel contenu » , et puis c'est juste un contenu en fait.

  • Julien Boujot

    Et c'est jamais annoncé comme tel au public. C'est à l'intern, à la RTBF, vous travaillez de cette manière-là et après...

  • Sandrine Roustan

    Une méthode de travail, et après chacun consomme en fait le contenu de la manière dont il...

  • Julien Boujot

    Et sur ce changement-là, parce que ça implique un vrai changement, comment est-ce que les équipes se sont emparées de ce sujet-là ? Qu'est-ce que ça a nécessité aussi comme aménagement en termes d'organisation ? On a parlé du nouveau pôle de création, on reviendra un petit peu dessus un peu plus tard, mais au niveau des équipes, comment est-ce que ça se...

  • Sandrine Roustan

    Alors c'est sans doute la plus grande transformation qui se cache derrière la transformation digitale. La plateformisation d'un média de service public qui est là depuis, en l'occurrence, l'RTBF existe depuis 70 ans, comme disent les Belges. Donc, il y a une population de gens qui travaillent, et comme il y a une boîte de prod intégrée, depuis des années. Et donc, la véritable révolution et évolution, elle est humaine, elle est d'aller aussi vite que le secteur va, en termes de formation. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une académie. On a créé des certifications, on a créé des parcours de formation obligatoires, on a créé un service qui s'appelle le service de la polycompétence et de la polyvalence pour que les gens de la boîte, il y a quand même 2000 personnes, viennent se former, s'informer. On crée deux fois par an ce qu'on appelle le connect des 200 cadres, donc ça, toutes les boîtes l'ont, mais nous on en dédie un des deux à la transformation digitale. Qu'est-ce que c'est ? Et surtout, on a mis aussi en place dans l'académie des MOOPs, des espèces de sponsoring avec des gens qui arrivent dans la boîte, qui ont certaines expertises qui sont liées au digital, qui deviennent des super-U, des super-utilisateurs, des super-formateurs, et qui doivent prendre, entre guillemets, sous leurs ailes, quelqu'un qui ne l'est pas. Parce qu'on s'est aperçu, quelqu'un qui a en général un certain âge, on s'est aperçu en fait que les gens... avaient honte de dire qu'ils n'arrivaient pas à suivre, qu'ils ne comprenaient pas comment marchaient les nouveaux matériels, même les nouveaux softwares, les nouveaux logiciels. Et c'est venu toute cette façon de penser, qui est en fait passionnante, parce que changer l'humain, c'est finalement beaucoup plus compliqué que changer une caméra. Mais ça nous a beaucoup apporté, parce que du coup, ils s'intéressent encore plus. à la boîte, ils sont plus investis, plus engagés et ils comprennent la difficulté que l'on a et ils nous aident dans la stratégie à changer aussi toute la partie matérielle. Parce qu'il y a la partie matérielle et puis il y a la vie de la boîte. C'est-à-dire qu'il a fallu aussi qu'on change nos process internes et qu'on les digitalise. Avant, on signait des contrats à la main. On ne signe plus de contrat à la main. Pour donner un exemple très précis, on passe par tout un système, un logiciel interne qu'on a créé pour nous avec un... un parcours pour que différentes signatures soient validées afin que la personne à qui on achète le service soit payée. Et donc, toute cette transformation en interne, toute cette transformation de production, toute cette transformation de distribution, c'est-à-dire ovio et digitale, je ne dirais pas qu'elle est plus facile qu'ailleurs, mais en tout cas, elle est vraiment intégrée, comprise, et en interne, on a des guichets et un parcours pour que les gens se forment. Donc, il y a toujours ceux qui... qui sont ouverts, curieux, heureusement qu'il y en a beaucoup. Et puis il y a ceux qui ont toujours encore un peu de difficultés. Mais chez nous, c'est du 80-20. Et on a constaté que dans d'autres médias publics, plutôt du Sud d'ailleurs, de l'Europe, c'est presque l'inverse.

  • Julien Boujot

    C'est ça. Effectivement, il y a un vrai accompagnement, il y a une vraie adhésion en tout cas à toute cette digitalisation et en tout cas à la marche qui est entamée à la RTVF.

  • Sandrine Roustan

    Et quand je vous parlais des super utilisateurs qui ont parfois des expertises venant de l'extérieur, notamment dans le digital, qui apprennent ça à des gens qui sont là depuis longtemps, c'est assez rigolo parce qu'on a parfois des binômes tout à fait étonnants. On a un binôme, celui qui apprend à l'autre, il a 25 ans. Et l'autre qui apprend de celui qui a 25 ans, il en a 55, 60. Et donc, voilà, l'apprenant n'est plus du côté du vieux.

  • Julien Boujot

    On renverse le paradigme.

  • Présentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où on va continuer d'explorer le futur des médias à l'heure du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquates. Deep Media est un podcast autoproduit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IA générative et social media. A très bientôt !

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Description

Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF est la première invitée de Deep Media.

Avec elle, nous allons explorer la manière dont un média de service public se digitalise et aborde l'ensemble des enjeux de distribution, financement et production des contenus pour l'ensemble des publics. Dans ce second épisode, nous allons aborder de quelle manière est désormais pensée l'offre de contenus du côté de la RTBF, comment le groupe public déploie une stratégie d'octopus. Par ailleurs, nous nous pencherons également sur la manière dont les équipes sont formées et accompagnées dans cette mutation des médias

Deep Media l'interview épisode 2 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentateur

    Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Bonne écoute ! Simmo,

  • Julien Boujot

    là on a parlé de la distribution avec Ovio. Une plateforme, ça joue aussi sur la création de contenu, sur les process de production, etc. Comment est-ce que cette plateformisation, traitée à la manière RTBF, elle joue sur aussi toute cette chaîne de production des programmes ?

  • Sandrine Roustan

    Oui, alors la RTBF, elle a aussi une spécificité, c'est qu'elle produit environ 50% de ses propres programmes et qu'elle a une boîte de prod, en fait, internalisée, avec des outils de production, c'est-à-dire des studios, avec des salles de montage, avec des caméras, du matériel, etc. Donc il faut se mettre à la page, si je puis dire, et aussi avancer avec l'évolution technologique du matériel de production. et on voit bien que c'est là que se joue aussi la transformation d'un média public pour pouvoir justement avoir des contenus les plus modernes possibles, adaptables à cette fameuse plateforme, c'est-à-dire avoir tous les formats possibles et aller jusqu'à, parce que c'est notre prochain dossier technologique, aller jusqu'à avoir de la conversation et du messaging sur notre plateforme Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord. Concrètement ?

  • Sandrine Roustan

    C'est-à-dire ? Ce que vous faites sur Facebook, c'est-à-dire commenter des contenus, peut-être rentrer même en relation sur Instagram, notamment avec les influenceurs, des gens qui sont dans les vidéos directement, on va pouvoir le faire sur Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord.

  • Sandrine Roustan

    On travaille sur un outil technologique qui va permettre ça. Parce que l'objectif in fine, c'est de se rapprocher de tout ce qui est les fonctionnalités qui sont les plus engageantes sur les réseaux sociaux. Je parle uniquement de fonctionnalités. Il faut qu'on arrive, nous aussi, en tant que médias publics, à se mettre à la page de cette évolution qui permet d'avoir des narrations différentes dans les contenus, qui permet d'être moderne, et c'est aussi comme ça qu'on attirera les jeunes. Alors, après, je reviens à la partie production, parce qu'on s'aperçoit qu'en termes de production, mais là, ça concerne plutôt les professionnels, et pas vraiment... Quoique, on voit que les concitoyens sont de plus en plus consommateurs d'objets de montage, de... de software, et parfois de très bonne manière. Donc nous, on veut aussi avoir une partie ouverte pour, à terme, on va avoir des... Enfin, à terme, c'est février 2026, on va déménager dans un nouveau bâtiment à la RTBF qui a entièrement été revu et reconçu technologiquement pour que nos régies, c'est-à-dire tout le matériel qu'on utilise pour tourner des studios, soient... mutualisable, c'est-à-dire qu'on n'aura plus d'un côté un studio de télé, de l'autre un studio de radio, on aura des espaces de production dans lesquels on pourra faire de la télé, de la radio ou du digital en fonction de ce qu'on a choisi de faire comme typologie d'émission. On aura soit des studios qui sont bien pour être un peu, comme on est là d'ailleurs, un peu en face-to-face, en intimité, on aura des studios plus grands pour qu'il y ait de la musique, etc. On aura des studios plutôt tall, mais on n'aura plus les studios... de chaîne de télé, de radio ou de digital. Tout ça sera unique et ne franquin.

  • Julien Boujot

    À la RTBF, finalement, on va produire du contenu. On ne va pas produire du contenu télé, du contenu, etc. Ce sera un contenu qui sera adapté selon la méthode de diffusion.

  • Sandrine Roustan

    Exactement. En fait, nous, on ne crée plus non plus pour la télé ou pour la radio. On crée des univers que l'on déploie. On appelle ça la méthode Octopus. En fonction de nos publics, des goûts de nos publics, des usages, de la manière de consommer, la manière de consommer d'un jeune, la manière de consommer d'un moins jeune, ou la manière de consommer de ce qu'on appelle les passionnés, les gens qui sont curieux, n'est pas du tout la même. Ils ont des horaires, le matin ils préfèrent pour certains la télé, le matin par exemple, et puis pour d'autres, pour les mêmes, c'est plutôt en radio, le soir, qu'ils prennent leur temps, et puis au milieu de la journée, ils sont plus sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes digitales. Eh bien, nous, on a créé à l'intérieur de la RTBF des nouveaux métiers, qui sont des éditeurs. d'offres spécialisées dans un public. Et on a décidé qu'il y avait quatre publics, et qu'on était voué à ces publics, qu'on devait leur rendre service. On a le public de ce qu'on appelle des « nous » , c'est-à-dire des gens qui sont plutôt des familles, mais sachant, je vous le dirai après, plus de 35 ans. On a le public des jeunes adultes, qui ont entre 20 et 40 ans. On a le public... des nouvelles générations, les fameux ados et les kids, et puis on a le public des affinitaires qui sont des gens qui sont curieux, plutôt seniors, qui ont envie de prendre le temps, qui ont une certaine connaissance et qui veulent approfondir. Mais on peut très bien passer d'un état à un autre. On n'est pas obligé de rentrer dans une case en tant que public. Mais nous, on adresse ces quatre catégories de public et on adresse non plus des contenus mais des univers que l'on déploie sur la télé, la radio ou le digital en fonction des horaires et de chacun de nos publics.

  • Julien Boujot

    Est-ce que tu as un exemple concret d'un projet qui a été porté par la RTBF qui répond à cette logique de l'Octopus ?

  • Sandrine Roustan

    Pour donner un exemple ?

  • Julien Boujot

    Oui, pour donner un exemple.

  • Sandrine Roustan

    Alors, on a décidé par exemple d'investir un univers qui est celui de la danse. On s'est dit, voilà, il y a 3-4 ans, il y a The Voice qui est un grand carton. On est, je crois, le seul média public à diffuser The Voice. Ça, c'est historique parce qu'on le produit nous-mêmes en fait. Et c'est historique parce qu'il y a dix ans, comme on était la porte à côté de celle de John Demol, avec ce programme à douze ans, je crois, douze ans, eh bien on a été les premiers à l'essayer et ça a été un énorme succès. Et depuis, on est resté avec ce programme sur nos antennes. Et on s'est dit, voilà, mais The Voice est génial parce que chez nous, ça révèle beaucoup les talents. Il y a beaucoup de talents qui sont sortis de The Voice. Comment est-ce qu'on peut faire sur d'autres univers ? On a fait une étude, parce qu'on ne fait jamais rien sans qu'il y ait une raison. Et on s'est aperçu que le premier sport, à part le football, des enfants, c'était la danse, y compris les garçons. Incroyable, il y a énormément de compagnies de danse. Et donc on s'est dit comment est-ce qu'on va faire ? Et là voilà, on investit l'univers de la danse. Il nous faut de la danse pour le public des nous. Donc on fait un grand show parce que c'est familial et donc il faut que ce soit spectaculaire. Et là on dépense un plateau de l'argent du public. Puis de ça, on va faire également pour les réseaux sociaux et les jeunes générations plutôt décorés. des tutos avec des chorés. On va faire, pour tout ce qui est le public infinitaire, des documentaires sur qui est les grands courants de danse classiques ou pas, des grands chorégraphes, des bios, des choses comme ça. On a acheté les droits de la compétition mondiale de breakdance, par exemple. On a acheté des films qui sont dans l'univers de la danse. Ça va de « Saturden Night Fever » jusqu'à « La Bamania » , en passant par, je ne sais plus, je n'ai plus tous les titres en terre, des choses beaucoup plus modernes. On a également un jeu, pour les plus jeunes générations aussi, ça s'appelle « Alors on danse » , pas très… « Stromae » , je le dis, « Alors on chante » , et belge, on l'aurait oublié. Bref, donc vous voyez, c'est ça l'octopus. Et alors ? Pour l'information, c'est ultra pratique, parce que quand on fait les élections, c'est de la même façon qu'on réfléchit. On réfléchit pour tous les publics. On doit attirer sur des thèmes comme ceux-là, même les nouvelles générations. Surtout les jeunes adultes. Pour les nouvelles générations, on va plutôt faire des cours de civisme, à quoi ça sert, pourquoi est-ce qu'on vote, des choses comme ça. Et puis pour les jeunes adultes, on va faire des choses qui sont... beaucoup plus sur les réseaux sociaux interactifs et qui vont être, par exemple, le test ��lectoral. Placez-vous, vous ne savez pas de quel parti politique vous êtes. On a utilisé l'IA pour vous, on a enregistré tous les programmes de tous les partis. Posez une question et on va vous dire dans quel programme, à la fin des 100 questions, quelle est votre note, si je puis dire, et comment vous vous situez. Donc, on voit que c'est... absolument nouveau.

  • Julien Boujot

    Ça se déploie sur tous les formats, que ce soit du divertissement, de l'info, du docu, etc.

  • Sandrine Roustan

    Mais l'approche est complètement nouvelle quand on est sur des univers et des publics, que lorsqu'on est « ah tiens, je vais produire tel ou tel contenu » , et puis c'est juste un contenu en fait.

  • Julien Boujot

    Et c'est jamais annoncé comme tel au public. C'est à l'intern, à la RTBF, vous travaillez de cette manière-là et après...

  • Sandrine Roustan

    Une méthode de travail, et après chacun consomme en fait le contenu de la manière dont il...

  • Julien Boujot

    Et sur ce changement-là, parce que ça implique un vrai changement, comment est-ce que les équipes se sont emparées de ce sujet-là ? Qu'est-ce que ça a nécessité aussi comme aménagement en termes d'organisation ? On a parlé du nouveau pôle de création, on reviendra un petit peu dessus un peu plus tard, mais au niveau des équipes, comment est-ce que ça se...

  • Sandrine Roustan

    Alors c'est sans doute la plus grande transformation qui se cache derrière la transformation digitale. La plateformisation d'un média de service public qui est là depuis, en l'occurrence, l'RTBF existe depuis 70 ans, comme disent les Belges. Donc, il y a une population de gens qui travaillent, et comme il y a une boîte de prod intégrée, depuis des années. Et donc, la véritable révolution et évolution, elle est humaine, elle est d'aller aussi vite que le secteur va, en termes de formation. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une académie. On a créé des certifications, on a créé des parcours de formation obligatoires, on a créé un service qui s'appelle le service de la polycompétence et de la polyvalence pour que les gens de la boîte, il y a quand même 2000 personnes, viennent se former, s'informer. On crée deux fois par an ce qu'on appelle le connect des 200 cadres, donc ça, toutes les boîtes l'ont, mais nous on en dédie un des deux à la transformation digitale. Qu'est-ce que c'est ? Et surtout, on a mis aussi en place dans l'académie des MOOPs, des espèces de sponsoring avec des gens qui arrivent dans la boîte, qui ont certaines expertises qui sont liées au digital, qui deviennent des super-U, des super-utilisateurs, des super-formateurs, et qui doivent prendre, entre guillemets, sous leurs ailes, quelqu'un qui ne l'est pas. Parce qu'on s'est aperçu, quelqu'un qui a en général un certain âge, on s'est aperçu en fait que les gens... avaient honte de dire qu'ils n'arrivaient pas à suivre, qu'ils ne comprenaient pas comment marchaient les nouveaux matériels, même les nouveaux softwares, les nouveaux logiciels. Et c'est venu toute cette façon de penser, qui est en fait passionnante, parce que changer l'humain, c'est finalement beaucoup plus compliqué que changer une caméra. Mais ça nous a beaucoup apporté, parce que du coup, ils s'intéressent encore plus. à la boîte, ils sont plus investis, plus engagés et ils comprennent la difficulté que l'on a et ils nous aident dans la stratégie à changer aussi toute la partie matérielle. Parce qu'il y a la partie matérielle et puis il y a la vie de la boîte. C'est-à-dire qu'il a fallu aussi qu'on change nos process internes et qu'on les digitalise. Avant, on signait des contrats à la main. On ne signe plus de contrat à la main. Pour donner un exemple très précis, on passe par tout un système, un logiciel interne qu'on a créé pour nous avec un... un parcours pour que différentes signatures soient validées afin que la personne à qui on achète le service soit payée. Et donc, toute cette transformation en interne, toute cette transformation de production, toute cette transformation de distribution, c'est-à-dire ovio et digitale, je ne dirais pas qu'elle est plus facile qu'ailleurs, mais en tout cas, elle est vraiment intégrée, comprise, et en interne, on a des guichets et un parcours pour que les gens se forment. Donc, il y a toujours ceux qui... qui sont ouverts, curieux, heureusement qu'il y en a beaucoup. Et puis il y a ceux qui ont toujours encore un peu de difficultés. Mais chez nous, c'est du 80-20. Et on a constaté que dans d'autres médias publics, plutôt du Sud d'ailleurs, de l'Europe, c'est presque l'inverse.

  • Julien Boujot

    C'est ça. Effectivement, il y a un vrai accompagnement, il y a une vraie adhésion en tout cas à toute cette digitalisation et en tout cas à la marche qui est entamée à la RTVF.

  • Sandrine Roustan

    Et quand je vous parlais des super utilisateurs qui ont parfois des expertises venant de l'extérieur, notamment dans le digital, qui apprennent ça à des gens qui sont là depuis longtemps, c'est assez rigolo parce qu'on a parfois des binômes tout à fait étonnants. On a un binôme, celui qui apprend à l'autre, il a 25 ans. Et l'autre qui apprend de celui qui a 25 ans, il en a 55, 60. Et donc, voilà, l'apprenant n'est plus du côté du vieux.

  • Julien Boujot

    On renverse le paradigme.

  • Présentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où on va continuer d'explorer le futur des médias à l'heure du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquates. Deep Media est un podcast autoproduit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IA générative et social media. A très bientôt !

Description

Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF est la première invitée de Deep Media.

Avec elle, nous allons explorer la manière dont un média de service public se digitalise et aborde l'ensemble des enjeux de distribution, financement et production des contenus pour l'ensemble des publics. Dans ce second épisode, nous allons aborder de quelle manière est désormais pensée l'offre de contenus du côté de la RTBF, comment le groupe public déploie une stratégie d'octopus. Par ailleurs, nous nous pencherons également sur la manière dont les équipes sont formées et accompagnées dans cette mutation des médias

Deep Media l'interview épisode 2 🎙️ Sandrine Roustan, directrice générale des contenus de la RTBF


Je m’appelle Julien Boujot, connaisseur et curieux de l'univers médiatique depuis plus de 15 ans, et je vous retrouve régulièrement pour Deep Media, le podcast qui prend le temps d’interroger le futur des médias auprès des professionnels du secteur.


Deep Media est un podcast auto produit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseils stratégiques spécialisée en IA générative et social media.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentateur

    Bienvenue dans DeepMedia, le podcast qui décrypte les médias à l'heure du numérique. Je suis Julien Bougeot, consultant social media et IA générative, mais avant tout passionné et curieux de l'univers média depuis plus de 15 ans. Dans un écosystème en perpétuelle transformation, comment les médias s'adaptent-ils ? Comment se réinventer face aux nouvelles technologies et aux géants du numérique ? Quel avenir pour l'information et ceux qui la produisent ? Si ces questions vous intriguent, alors vous êtes au bon endroit. DeepMedia, c'est un temps de réflexion et d'échange avec celles et ceux qui façonnent l'avenir du secteur. À présent, place à la deuxième partie de l'interview de Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Bonne écoute ! Simmo,

  • Julien Boujot

    là on a parlé de la distribution avec Ovio. Une plateforme, ça joue aussi sur la création de contenu, sur les process de production, etc. Comment est-ce que cette plateformisation, traitée à la manière RTBF, elle joue sur aussi toute cette chaîne de production des programmes ?

  • Sandrine Roustan

    Oui, alors la RTBF, elle a aussi une spécificité, c'est qu'elle produit environ 50% de ses propres programmes et qu'elle a une boîte de prod, en fait, internalisée, avec des outils de production, c'est-à-dire des studios, avec des salles de montage, avec des caméras, du matériel, etc. Donc il faut se mettre à la page, si je puis dire, et aussi avancer avec l'évolution technologique du matériel de production. et on voit bien que c'est là que se joue aussi la transformation d'un média public pour pouvoir justement avoir des contenus les plus modernes possibles, adaptables à cette fameuse plateforme, c'est-à-dire avoir tous les formats possibles et aller jusqu'à, parce que c'est notre prochain dossier technologique, aller jusqu'à avoir de la conversation et du messaging sur notre plateforme Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord. Concrètement ?

  • Sandrine Roustan

    C'est-à-dire ? Ce que vous faites sur Facebook, c'est-à-dire commenter des contenus, peut-être rentrer même en relation sur Instagram, notamment avec les influenceurs, des gens qui sont dans les vidéos directement, on va pouvoir le faire sur Ovio.

  • Julien Boujot

    D'accord.

  • Sandrine Roustan

    On travaille sur un outil technologique qui va permettre ça. Parce que l'objectif in fine, c'est de se rapprocher de tout ce qui est les fonctionnalités qui sont les plus engageantes sur les réseaux sociaux. Je parle uniquement de fonctionnalités. Il faut qu'on arrive, nous aussi, en tant que médias publics, à se mettre à la page de cette évolution qui permet d'avoir des narrations différentes dans les contenus, qui permet d'être moderne, et c'est aussi comme ça qu'on attirera les jeunes. Alors, après, je reviens à la partie production, parce qu'on s'aperçoit qu'en termes de production, mais là, ça concerne plutôt les professionnels, et pas vraiment... Quoique, on voit que les concitoyens sont de plus en plus consommateurs d'objets de montage, de... de software, et parfois de très bonne manière. Donc nous, on veut aussi avoir une partie ouverte pour, à terme, on va avoir des... Enfin, à terme, c'est février 2026, on va déménager dans un nouveau bâtiment à la RTBF qui a entièrement été revu et reconçu technologiquement pour que nos régies, c'est-à-dire tout le matériel qu'on utilise pour tourner des studios, soient... mutualisable, c'est-à-dire qu'on n'aura plus d'un côté un studio de télé, de l'autre un studio de radio, on aura des espaces de production dans lesquels on pourra faire de la télé, de la radio ou du digital en fonction de ce qu'on a choisi de faire comme typologie d'émission. On aura soit des studios qui sont bien pour être un peu, comme on est là d'ailleurs, un peu en face-to-face, en intimité, on aura des studios plus grands pour qu'il y ait de la musique, etc. On aura des studios plutôt tall, mais on n'aura plus les studios... de chaîne de télé, de radio ou de digital. Tout ça sera unique et ne franquin.

  • Julien Boujot

    À la RTBF, finalement, on va produire du contenu. On ne va pas produire du contenu télé, du contenu, etc. Ce sera un contenu qui sera adapté selon la méthode de diffusion.

  • Sandrine Roustan

    Exactement. En fait, nous, on ne crée plus non plus pour la télé ou pour la radio. On crée des univers que l'on déploie. On appelle ça la méthode Octopus. En fonction de nos publics, des goûts de nos publics, des usages, de la manière de consommer, la manière de consommer d'un jeune, la manière de consommer d'un moins jeune, ou la manière de consommer de ce qu'on appelle les passionnés, les gens qui sont curieux, n'est pas du tout la même. Ils ont des horaires, le matin ils préfèrent pour certains la télé, le matin par exemple, et puis pour d'autres, pour les mêmes, c'est plutôt en radio, le soir, qu'ils prennent leur temps, et puis au milieu de la journée, ils sont plus sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes digitales. Eh bien, nous, on a créé à l'intérieur de la RTBF des nouveaux métiers, qui sont des éditeurs. d'offres spécialisées dans un public. Et on a décidé qu'il y avait quatre publics, et qu'on était voué à ces publics, qu'on devait leur rendre service. On a le public de ce qu'on appelle des « nous » , c'est-à-dire des gens qui sont plutôt des familles, mais sachant, je vous le dirai après, plus de 35 ans. On a le public des jeunes adultes, qui ont entre 20 et 40 ans. On a le public... des nouvelles générations, les fameux ados et les kids, et puis on a le public des affinitaires qui sont des gens qui sont curieux, plutôt seniors, qui ont envie de prendre le temps, qui ont une certaine connaissance et qui veulent approfondir. Mais on peut très bien passer d'un état à un autre. On n'est pas obligé de rentrer dans une case en tant que public. Mais nous, on adresse ces quatre catégories de public et on adresse non plus des contenus mais des univers que l'on déploie sur la télé, la radio ou le digital en fonction des horaires et de chacun de nos publics.

  • Julien Boujot

    Est-ce que tu as un exemple concret d'un projet qui a été porté par la RTBF qui répond à cette logique de l'Octopus ?

  • Sandrine Roustan

    Pour donner un exemple ?

  • Julien Boujot

    Oui, pour donner un exemple.

  • Sandrine Roustan

    Alors, on a décidé par exemple d'investir un univers qui est celui de la danse. On s'est dit, voilà, il y a 3-4 ans, il y a The Voice qui est un grand carton. On est, je crois, le seul média public à diffuser The Voice. Ça, c'est historique parce qu'on le produit nous-mêmes en fait. Et c'est historique parce qu'il y a dix ans, comme on était la porte à côté de celle de John Demol, avec ce programme à douze ans, je crois, douze ans, eh bien on a été les premiers à l'essayer et ça a été un énorme succès. Et depuis, on est resté avec ce programme sur nos antennes. Et on s'est dit, voilà, mais The Voice est génial parce que chez nous, ça révèle beaucoup les talents. Il y a beaucoup de talents qui sont sortis de The Voice. Comment est-ce qu'on peut faire sur d'autres univers ? On a fait une étude, parce qu'on ne fait jamais rien sans qu'il y ait une raison. Et on s'est aperçu que le premier sport, à part le football, des enfants, c'était la danse, y compris les garçons. Incroyable, il y a énormément de compagnies de danse. Et donc on s'est dit comment est-ce qu'on va faire ? Et là voilà, on investit l'univers de la danse. Il nous faut de la danse pour le public des nous. Donc on fait un grand show parce que c'est familial et donc il faut que ce soit spectaculaire. Et là on dépense un plateau de l'argent du public. Puis de ça, on va faire également pour les réseaux sociaux et les jeunes générations plutôt décorés. des tutos avec des chorés. On va faire, pour tout ce qui est le public infinitaire, des documentaires sur qui est les grands courants de danse classiques ou pas, des grands chorégraphes, des bios, des choses comme ça. On a acheté les droits de la compétition mondiale de breakdance, par exemple. On a acheté des films qui sont dans l'univers de la danse. Ça va de « Saturden Night Fever » jusqu'à « La Bamania » , en passant par, je ne sais plus, je n'ai plus tous les titres en terre, des choses beaucoup plus modernes. On a également un jeu, pour les plus jeunes générations aussi, ça s'appelle « Alors on danse » , pas très… « Stromae » , je le dis, « Alors on chante » , et belge, on l'aurait oublié. Bref, donc vous voyez, c'est ça l'octopus. Et alors ? Pour l'information, c'est ultra pratique, parce que quand on fait les élections, c'est de la même façon qu'on réfléchit. On réfléchit pour tous les publics. On doit attirer sur des thèmes comme ceux-là, même les nouvelles générations. Surtout les jeunes adultes. Pour les nouvelles générations, on va plutôt faire des cours de civisme, à quoi ça sert, pourquoi est-ce qu'on vote, des choses comme ça. Et puis pour les jeunes adultes, on va faire des choses qui sont... beaucoup plus sur les réseaux sociaux interactifs et qui vont être, par exemple, le test ��lectoral. Placez-vous, vous ne savez pas de quel parti politique vous êtes. On a utilisé l'IA pour vous, on a enregistré tous les programmes de tous les partis. Posez une question et on va vous dire dans quel programme, à la fin des 100 questions, quelle est votre note, si je puis dire, et comment vous vous situez. Donc, on voit que c'est... absolument nouveau.

  • Julien Boujot

    Ça se déploie sur tous les formats, que ce soit du divertissement, de l'info, du docu, etc.

  • Sandrine Roustan

    Mais l'approche est complètement nouvelle quand on est sur des univers et des publics, que lorsqu'on est « ah tiens, je vais produire tel ou tel contenu » , et puis c'est juste un contenu en fait.

  • Julien Boujot

    Et c'est jamais annoncé comme tel au public. C'est à l'intern, à la RTBF, vous travaillez de cette manière-là et après...

  • Sandrine Roustan

    Une méthode de travail, et après chacun consomme en fait le contenu de la manière dont il...

  • Julien Boujot

    Et sur ce changement-là, parce que ça implique un vrai changement, comment est-ce que les équipes se sont emparées de ce sujet-là ? Qu'est-ce que ça a nécessité aussi comme aménagement en termes d'organisation ? On a parlé du nouveau pôle de création, on reviendra un petit peu dessus un peu plus tard, mais au niveau des équipes, comment est-ce que ça se...

  • Sandrine Roustan

    Alors c'est sans doute la plus grande transformation qui se cache derrière la transformation digitale. La plateformisation d'un média de service public qui est là depuis, en l'occurrence, l'RTBF existe depuis 70 ans, comme disent les Belges. Donc, il y a une population de gens qui travaillent, et comme il y a une boîte de prod intégrée, depuis des années. Et donc, la véritable révolution et évolution, elle est humaine, elle est d'aller aussi vite que le secteur va, en termes de formation. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une académie. On a créé des certifications, on a créé des parcours de formation obligatoires, on a créé un service qui s'appelle le service de la polycompétence et de la polyvalence pour que les gens de la boîte, il y a quand même 2000 personnes, viennent se former, s'informer. On crée deux fois par an ce qu'on appelle le connect des 200 cadres, donc ça, toutes les boîtes l'ont, mais nous on en dédie un des deux à la transformation digitale. Qu'est-ce que c'est ? Et surtout, on a mis aussi en place dans l'académie des MOOPs, des espèces de sponsoring avec des gens qui arrivent dans la boîte, qui ont certaines expertises qui sont liées au digital, qui deviennent des super-U, des super-utilisateurs, des super-formateurs, et qui doivent prendre, entre guillemets, sous leurs ailes, quelqu'un qui ne l'est pas. Parce qu'on s'est aperçu, quelqu'un qui a en général un certain âge, on s'est aperçu en fait que les gens... avaient honte de dire qu'ils n'arrivaient pas à suivre, qu'ils ne comprenaient pas comment marchaient les nouveaux matériels, même les nouveaux softwares, les nouveaux logiciels. Et c'est venu toute cette façon de penser, qui est en fait passionnante, parce que changer l'humain, c'est finalement beaucoup plus compliqué que changer une caméra. Mais ça nous a beaucoup apporté, parce que du coup, ils s'intéressent encore plus. à la boîte, ils sont plus investis, plus engagés et ils comprennent la difficulté que l'on a et ils nous aident dans la stratégie à changer aussi toute la partie matérielle. Parce qu'il y a la partie matérielle et puis il y a la vie de la boîte. C'est-à-dire qu'il a fallu aussi qu'on change nos process internes et qu'on les digitalise. Avant, on signait des contrats à la main. On ne signe plus de contrat à la main. Pour donner un exemple très précis, on passe par tout un système, un logiciel interne qu'on a créé pour nous avec un... un parcours pour que différentes signatures soient validées afin que la personne à qui on achète le service soit payée. Et donc, toute cette transformation en interne, toute cette transformation de production, toute cette transformation de distribution, c'est-à-dire ovio et digitale, je ne dirais pas qu'elle est plus facile qu'ailleurs, mais en tout cas, elle est vraiment intégrée, comprise, et en interne, on a des guichets et un parcours pour que les gens se forment. Donc, il y a toujours ceux qui... qui sont ouverts, curieux, heureusement qu'il y en a beaucoup. Et puis il y a ceux qui ont toujours encore un peu de difficultés. Mais chez nous, c'est du 80-20. Et on a constaté que dans d'autres médias publics, plutôt du Sud d'ailleurs, de l'Europe, c'est presque l'inverse.

  • Julien Boujot

    C'est ça. Effectivement, il y a un vrai accompagnement, il y a une vraie adhésion en tout cas à toute cette digitalisation et en tout cas à la marche qui est entamée à la RTVF.

  • Sandrine Roustan

    Et quand je vous parlais des super utilisateurs qui ont parfois des expertises venant de l'extérieur, notamment dans le digital, qui apprennent ça à des gens qui sont là depuis longtemps, c'est assez rigolo parce qu'on a parfois des binômes tout à fait étonnants. On a un binôme, celui qui apprend à l'autre, il a 25 ans. Et l'autre qui apprend de celui qui a 25 ans, il en a 55, 60. Et donc, voilà, l'apprenant n'est plus du côté du vieux.

  • Julien Boujot

    On renverse le paradigme.

  • Présentateur

    C'est la fin de la deuxième partie de cette interview de Deep Media avec Sandrine Roustan, directrice générale du pôle contenu de la RTBF. Je vous donne rendez-vous prochainement pour la suite et fin de cet échange où on va continuer d'explorer le futur des médias à l'heure du numérique. En attendant, pour ne pas manquer les prochains épisodes, abonnez-vous à ce podcast et mettez les étoiles et commentaires adéquates. Deep Media est un podcast autoproduit par Follow Me Conseil, agence de formation et conseil stratégique spécialisée en IA générative et social media. A très bientôt !

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