- Speaker #0
Bonjour, je suis Maud Bernos, photographe depuis longtemps et podcasteuse depuis maintenant, et je vous propose d'écouter Déclic, un podcast dédié aux femmes photographes. Nous y parlerons photographie, bien sûr, mais aussi création, parcours, influence, obsession, désir et combat. Chaque mois, je recevrai une photographe qui nous dévoilera son parcours de création, sa vision du féminisme et ses engagements en tant que femme photographe. Aujourd'hui, je suis très heureuse d'accueillir à mes côtés la photographe Sarah Imloul. Photographe française, née de mer bretonne et de père cabile, Sarah a grandi à Mulhouse. Au cours de ses études à l'EPA de Toulouse, elle découvre un procédé photographique ancien, le calotype. Ce procédé, Sarah ne le quittera plus et il contribue à la particularité et à l'unicité de son travail. Hors cadre, hors champ, hors normes, ses photographies sont rares, extra, ordinaires. Chaque photographie est un reliquaire. un hôtel, un trésor. Ce qui en fait leur singularité, c'est la technique utilisée, mais c'est aussi et surtout la façon de travailler de Sarah. Chaque photographie est pensée, dessinée, mise en scène, puis retravaillée de façon unique dans son laboratoire. Sarah photographie à la chambre, en noir et blanc et en pose longue. Elle compose chaque image avec précision et délicatesse. Vêtements, décors, objets, personnages. absolument rien n'est laissé au hasard. Le résultat ? Des photographies uniques, étranges, oniriques et envoûtantes. Il me serait plus facile de parler d'œuvres d'art pour chacune d'entre elles, tant son travail relève plus d'un travail d'artisan long et minutieux que de celui d'un photographe des temps modernes. On l'imagine tout à fait déambuler devant nous, avec grâce et légèreté, dans de grandes maisons abandonnées, une petite valise à la main, contenant tout le merveilleux matériel servant à composer ses photos, puis installer sa chambre, ses modèles, ses objets, chasser la lumière naturelle à la recherche de clair-obscur et appuyer sur le déclencheur après de longues heures de travail. Sarah doit être perfectionniste. Il faut l'être pour créer comme elle le fait. Sarah, bonjour et bienvenue dans Déclic.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Sarah, tu viens d'écouter mon introduction. Est-ce que tu es perfectionniste ?
- Speaker #1
Oui, je sais ce que je ne veux pas. Et souvent, je ne veux pas que ça ressemble à de la photo, ou à une certaine photo. Donc je m'applique beaucoup à ce que ça ressemble le plus possible à ce que j'ai dans la tête. Donc en ça, oui, je suis perfectionniste. Je prends le temps qu'il faut jusqu'à ce que je réussisse. Je ne photographie pas si ça me convient pas, je ne fais même pas l'image. Je ne garde rien s'il y a la moindre chose qui me fait douter ou qui ne me convient pas. Je suis assez dure. Ma hantise, depuis toujours, c'est la belle photo. C'est ma hantise. La belle photo qui ne dit rien. Même la sublime photo. J'ai toujours lutté contre ça et j'ai toujours eu ça en toutes les photos que j'ai faites. J'ai toujours eu ça en tête, de ne pas aller au purement esthétique.
- Speaker #0
On va parler de photos longues mains, mais j'aimerais bien que tu me racontes un petit peu avant ton enfance et ton parcours jusqu'à la photo. Comment tu es arrivée à la photo ?
- Speaker #1
Je suis née en 1986 à Mulhouse. Et j'ai fait depuis que je suis... très très jeune, je pense, je sais pas, peut-être 8 ans. Beaucoup de danse, et après, beaucoup de théâtre. Et au départ, je pensais que j'allais travailler dans un théâtre, quand j'étais petite. Mais un jour, je voulais être maquilleuse, le lendemain, coiffeuse, après, je voulais être costumière, après, finalement, je voulais être... metteur en scène et puis finalement je voulais faire la lumière et puis finalement bon. Et parallèlement à ça, j'ai très vite, quand j'étais petite, créé des spectacles avec ma famille, déjà avec mes petits cousins, cousines, l'été pendant les vacances ou les week-ends, voilà. Et je forçais un peu d'ailleurs... J'étais l'aînée, donc c'était facile, mais à participer à mon spectacle. Et j'ai toujours organisé... Oui, organiser des représentations en contrôlant tout, c'est-à-dire qui allait faire quoi, comment il allait être maquillé, avec quelle robe, à quel moment il intervenait. J'avais des cahiers où j'écrivais acte 1, acte 2, l'entracte, voilà. Je préparais des affiches, je faisais des affiches. C'était très sérieux. Donc voilà, et puis après, au début de l'adolescence, j'ai commencé à faire des photos pour garder un peu une trace de ça, avec l'argentique de ma mère, que je développais en noir et blanc. Parce que j'avais réussi à rencontrer quelqu'un, moi j'étais au collège, et j'avais réussi à rencontrer quelqu'un qui était étudiant au Beaux-Arts, pas loin de mon collège. Et j'allais dans les labos du Beaux-Arts, donc complètement fraudants, enfin je n'ai absolument pas le droit d'être là. Et je faisais du développement, mais complètement sauvage, en ne n'y connaissant rien en fait. Et ça c'est mes premiers contacts avec le labo noir et blanc, et puis la mise en scène photographiée.
- Speaker #0
Tu prenais en photo tes mises en scène ? Oui,
- Speaker #1
tu faisais avec la fille de la sœur de ma mère, Elsa, que je photographie toujours aujourd'hui. Je la prenais en photo, elle était très très jeune, je la prenais en photo, je l'habillais, c'était un peu comme ma poupée, on s'amusait, et puis elle se laissait faire, donc ça a commencé très tôt.
- Speaker #0
Les photos étaient hyper instinctives, du coup c'était... tu n'avais pas de technique photographique, tu avais la technique de la mise en scène.
- Speaker #1
J'avais aucune technique photo. Mais je faisais déjà des choses, je les ai revues il n'y a pas si longtemps, avec des reflets, dans des miroirs. Je cherchais déjà de façon très enfantine, naïve. Mais on sent que je cherchais quand même déjà à un peu troubler la perception. Il y avait toujours quelque chose d'un peu spécial dans le cadrage, où je cherchais quelque chose. Ce n'était pas juste une preuve, ce n'était pas un document qui témoignait de quelque chose. C'était un peu plus. Mais avec le recul, maintenant, je me dis que j'essayais déjà de rajouter une dimension ou de... de modifier la réalité en plus de ce que j'avais mis en scène. C'est-à-dire de créer une image, une trace de ce qui avait été mis en place, mais une trace comme au travers d'un prisme un peu magique ou quelque chose qui te sort du réel, qui t'emmène ailleurs en fait. Après j'étais au lycée... très mauvaise à l'école, de toute façon. Mais, enfin, ça ne m'intéressait pas. Je ne pensais pas que c'était possible d'être photographe, que c'était un métier. Mais à 18 ans, j'étais à Toulouse et j'ai vu qu'il y avait une école de photo qui s'appelle l'ETPA. Et ça m'a... Après, je n'en ai plus fait, finalement, quand j'étais au lycée, la photo. Enfin, pas trop. J'en faisais quand même un peu, mais... C'était vraiment un amusement pour moi. Je n'avais aucune ambition dans la photographie. Et puis, j'ai vu qu'il y avait cette école de photos. Et là, tout est... Donc, j'ai été admise dans cette école. Et tout est remonté, quoi. Toutes ces choses de l'enfance, en fait, cette espèce de quête de l'enfance, est remontée. Et j'ai repris exactement là où je m'étais arrêtée. Enfin, j'ai l'impression.
- Speaker #0
Pendant cette école, c'est là que tu as découvert la calotypie ? Oui. Qui est aussi un... Pour moi, de l'extérieur, qui est aussi en soi un spectacle. Tu as toute une mise en scène pour pouvoir l'utiliser, tu as toute une matérialité. L'appareil lui-même est un spectacle.
- Speaker #1
Oui, c'est une chambre, mais c'est surtout qu'il y a quelque chose du domaine de l'art vivant, parce qu'en fait, le négatif papier que j'utilise... ces trois iso de sensibilité. Donc en fait, comme je travaille essentiellement en lumière du jour, c'est des temps de pause qui sont très longs, un peu comme les portraits du 19e. où les gens ne devaient pas du tout bouger. Et donc il y a quelque chose d'assez, pas morbide, mais effrayant des fois. Des postures qui ne sont pas vraiment naturelles, qui sont très rigides, très statiques. Ça, ça m'intéressait beaucoup. Donc il y a vraiment quelque chose de l'ordre de la performance. Pendant les prises de vue, parce qu'il ne faut pas du tout bouger, on recommence. Moi, je vais développer mes images pendant la prise de vue. Donc, je m'absente, je reviens, on refait. Je m'absente, je reviens, on refait. Si on fait deux photos différentes dans la journée, c'est une bonne journée.
- Speaker #0
Oui, il y a toute la pensée de la photo qui est faite avant. qui doit durer des mois.
- Speaker #1
Je ne me rends pas compte. Je fabrique l'image en amont. J'écris beaucoup avant. Je fais des croquis préparatoires. Je chine les objets dont j'ai besoin, les tissus dont j'ai besoin. Si je ne les ai pas trouvés, je les redessine après sur le négatif. Je trouve un papier qui correspond. Je vais faire un collage. C'est vraiment la fabrication d'une image. entièrement.
- Speaker #0
Oui, du fin de l'avant, pendant, après. Est-ce que tu peux me parler de tes différentes séries ? Moi, je connais le cirque, Dash Los, et Passage. Je les trouve super différentes, toutes les trois. Je vois des points communs, mais je les trouve très, très différentes dans Dash Los. Tu photographies des êtres humains qui sont des gens de ta famille, à ma connaissance, et on ne les voit pas. En fait, on ne voit personne, c'est toujours des bandeaux, des collages, des carrés, des jambes coupées. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de jambes coupées. Pourquoi la famille et les corps coupés ? Pourquoi on ne voit jamais l'être humain en fait ?
- Speaker #1
En fait, Das Schloss, c'est une constellation familiale, photographique, surréaliste. Mais ce ne sont pas des portraits. Ou alors ce sont des portraits psychiques. Je dirais même le portrait de mes projections. À aucun moment, il était question de les montrer. Et puis je crois aussi qu'il y avait quelque chose de l'ordre, non pas de l'annulation de leur identité, mais je pense de pudeur. C'est la première fois que je les photographiais eux et il y a quand même quelques nus. Et puis des situations qui ne sont pas forcément même simples à jouer dans ce que ça implique symboliquement. Et du coup le fait de savoir, je pense pour eux, mais même pour moi en le photographiant, qu'il n'y avait finalement pas ce visage. que c'était vraiment de l'ordre du symbole, de la projection et donc du théâtre, de la mise en distance. C'était beaucoup plus facile et ça faisait vraiment sens avec ce que je voulais faire. Donc ça allait de soi que les visages n'apparaîtraient pas. Et ça avait absolument scandalisé Agnès Varda, qui devait écrire la préface du livre au départ, qui m'a dit mais vous avez réduit en... Pulse a né en votre famille, vous les avez complètement annulés, c'est incroyable d'avoir été aussi cruelle avec eux, mais quelle performance, j'aurais adoré réussir à faire ça, vraiment bravo, et c'était pas du tout mon intention. Et quand elle est partie, elle m'a dit Écoutez, je veux bien écrire votre texte. Et puis, souvenez-vous bien d'une chose, c'est qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, et encore moins à son père. Et j'étais très, très étonnée par tout ce qu'elle m'avait dit. Parce qu'en fait, elle avait vraiment... Mais je pense que le but d'une œuvre, c'est ça. C'est qu'elle avait vraiment projeté sa propre histoire sur... mon histoire sur ce que j'avais créé. Alors que moi, j'avais fait tout l'inverse. C'était vraiment une ode à cette famille que j'aime tant. C'était un hommage, c'était une déclaration d'amour, c'était tout sauf... un massacre et finalement moi j'ai pas voulu qu'on le fasse parce que ça correspondait pas du tout à ce que je voulais dire et je pouvais pas les trahir en fait même si c'était agnès vardin et même si ça aurait été vraiment bien d'avoir une préface signée par elle pour mon premier livre je pouvais pas leur faire ça c'était pas possible et je pouvais pas me faire ça non plus trahir à ce point mon travail donc c'est pas on l'a pas fait
- Speaker #0
Dans ta série Passage, qui se différencie beaucoup pour moi d'Hashloss, j'ai eu plus de mal à comprendre et à trouver le sens de la série. Après, j'ai lu beaucoup de choses dessus. Est-ce que toi, tu peux m'en dire un peu plus justement sur cette série ? Parce que j'ai compris que c'était un peu ta biographie.
- Speaker #1
En fait, Passage, ça correspond à un moment Un peu particulier, où j'étais enfermée à Paris dans mon appartement parce que je n'osais plus sortir de chez moi, c'était après les attentats du Bataclan. Et il fallait que je me mette à la création. Il fallait que je produise, que je travaille en fait. Mais en même temps, je n'osais pas sortir et j'avais des images... J'avais très peur en fait de mourir. Je pensais vraiment que j'allais mourir. On allait me tuer. Et je me suis dit, il faut que j'arrive à photographier quand même quelque chose. Même si je ne sors pas et que je ne vois personne. Et du coup, je me suis dit, si c'est ta dernière série, parce que je pensais qu'on allait me tuer si je sortais, en me disant, il y a bien un jour où je vais sortir et donc on va me tuer à ce moment-là, il faut quand même que j'ai fait une dernière série avant. Et donc je... J'ai fait cette série comme un... je ne peux pas vraiment l'expliquer.
- Speaker #0
Un testament ?
- Speaker #1
Oui, un testament, un inventaire, un inventaire de ce qui me représente, de ce que j'avais sous la main, de mes peurs, de mes visions, des choses auxquelles je tiens. Mais c'est vrai que... C'est une série qui est assez symbolique, symboliste, métaphysique, peut-être hermétique d'ailleurs. Et qui est très enfermée finalement. Qui est comme... J'étais dans une crypte pendant tout ce temps-là.
- Speaker #0
Du coup, contextualiser, ça prend un sens qui est immense.
- Speaker #1
Oui, après elles ont quand même des titres, mais j'ai fait beaucoup de... des espèces de ready-made un peu aussi surréaliste et un peu quand même avec de l'humour c'est à dire que c'était très noir et en même temps une façon vraiment de me sauver de me sortir de ce de me sortir de de cette de cette angoisse quoi donc par exemple il ya un moulin à café qui s'appelle l'urne ce que je trouvais que c'était une très belle urne si éventuellement voilà donc en fait ça m'a permis mais comme je pense tout le travail depuis le début mais vraiment à mettre les choses à distance et en fait chaque image a été vraiment vu, enfin en tout cas pensé par moi à travers un prisme assez violent et assez comme une redigestion enfin de ce qui s'était passé, plus ou moins camouflé parce que les gens ne voient pas forcément ce que j'ai voulu dire et c'est pour ça que je n'ai pas voulu m'étendre non plus sur chaque image. Je laisse la liberté à chacun de s'approprier la vision de l'œuvre et je ne sais plus qui dit que c'est le spectateur qui finit l'œuvre en fait. Donc je ne voulais pas dire bon alors ça c'est ça, ça c'est ça, ça c'est parce que ci, ça c'est parce que ça. Mais moi en tout cas il fallait que je le fasse et que pour je pense vraiment mettre à distance tous ces sujets tous ces sujets qui me clouaient au sol en fait.
- Speaker #0
Et c'est une série qui a été faite dans l'urgence.
- Speaker #1
Après je suis sortie de chez moi et c'est passé.
- Speaker #0
Mais du coup, ça a été fait hyper...
- Speaker #1
Mais pas du tout.
- Speaker #0
Non, ça n'a pas été fait rapidement. Non, non, ça a resté très longtemps. Ah, tu es vraiment restée très longtemps chez toi, sans sortir de chez toi ?
- Speaker #1
Je sortais, mais... Mais oui, c'est vrai. J'allais au Franprix, quoi, au bout de la rue, tu vois. Il est question d'aller au restaurant, au cinéma, prendre le train, pas la peine d'y penser.
- Speaker #0
Et t'es toujours vivante.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et t'as fait d'autres séries depuis ?
- Speaker #1
Oui, j'ai fait une série qui s'appelle Chez moi, pendant le confinement.
- Speaker #0
Avec des animaux ? Avec des animaux. Qui nous réapproprient le...
- Speaker #1
Qui reviennent, ouais. Qui reviennent dans les... En fait, j'étais très touchée pendant le confinement par les animaux qui revenaient. dans les villes, dans les renards, des chants d'oiseaux qu'on n'avait pas entendus depuis très longtemps, etc. Et je trouvais ça tellement touchant et donc je me suis laissée emporter dans cette idée-là et j'ai imaginé des animaux sauvages rentrer dans mon appartement. Une girafe, un crocodile, voilà. Donc, j'ai fait après du collage dans ma chambre noire pour les insérer sur mon négatif et donc dans la maison.
- Speaker #0
Sarah, tu viens tout juste de terminer une résidence à Deauville pour le festival Planche Contact. Peux-tu nous dévoiler un peu comment tu as travaillé ?
- Speaker #1
En fait, j'ai écrit une note d'intention qui s'appelle La mémoire de l'eau où, en gros, je m'attèle à... Mettre tous mes souvenirs dans l'eau pour qu'ils soient conservés pour toujours. C'est une théorie qui est sortie dans les années 80 dans le magazine Nature. C'est quelque chose de sérieux. Mais qui sont la base aussi de l'homéopathie. Mettre mes souvenirs dans l'eau ? Oui, alors je me suis retrouvée, moi qui suis entre quatre murs chez moi, dans mon studio, avec mes lumières, mes objets, mes ciseaux, mes cartons, tout quoi, pour faire de la magie. Je me retrouve sur la plage avec ma chambre dans mon sac à dos et mes châssis et, comme je te disais tout à l'heure, la... Tu as vu une ombre sublime, le temps que tu arrives, il pleut. La veille, tu as vu un rocher que tu adores. En fait, c'est maré haute, on ne le voit plus. Enfin bon, maintenant je suis mieux organisée avec les marées. Oui, oui, c'était un vrai... La première fois que j'y suis allée, j'étais très perturbée, parce que tout d'un coup, c'est comme si... Oui. dans un atelier à ciel ouvert avec du vent et de la pluie et la lumière qui change tout le temps ou un pas comme si quelqu'un s'amuser avec ta lampe enfin à ombres ombres insupportables donc donc du coup en fait je dis je dis ça mais en fait la deuxième session de résidence parce qu'en fait il ya quatre sessions en tout un mois pour moi il a 3 mais la deuxième Je me suis remise à l'intérieur, finalement. J'ai trouvé une autre façon de parler de mon sujet. Et je me suis remise à l'intérieur, où je me coince entre deux murs dans un jardin. Je suis entre la haie, la porte du garage et le mur de la terrasse. Je me coince dans des coins où je peux reconstruire mon décor. Et où il peut se passer quelque chose, oui, avec les ombres, avec... Ou pas, mais je veux dire... En fait, je retrouve des petits studios à Deauville. J'ai arrêté la plage.
- Speaker #0
D'accord, t'es plus en extérieur.
- Speaker #1
Si,
- Speaker #0
mais... Mais tu reconstruis un intérieur en extérieur. Exactement. Tu fais ton petit théâtre.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Tu continues ton petit théâtre.
- Speaker #1
Ben oui.
- Speaker #0
J'aimerais bien savoir quelles sont tes influences féminines qui ont marqué ton parcours et qui t'ont, même des personnes que tu as croisées sur ta route, et qui ont modifié ton parcours de vie ou ton parcours photographique ?
- Speaker #1
Dans les femmes, évidemment Louise Bourgeois, Nikit Sinfal, vraiment, et puis dans son élocution, sa façon de s'exprimer. d'exprimer sa pensée, je la trouve extraordinaire, de simplicité en fait, et de franchise et de pureté et en même temps de violence. Après j'ai rencontré des photographes que j'admirais pendant toute mon enfance, Sarah Moon. qui m'a aussi démontré des choses qui m'ont fait beaucoup de bien sur... Parce que j'étais très perfectionniste au départ, mais un peu dans le mauvais sens, c'est-à-dire que je m'infligeais vraiment techniquement des choses, pas pour que ce soit parfait, mais pour que ça corresponde vraiment à la pureté de la photographie, arte povera, je me débrouille, je fais le truc toute seule, je fabrique, je machin. Et puis tout d'un coup, quand j'ai rencontré Sarah Moon, elle m'a dit mais non, regarde, tu fais comme ça, ça marche aussi Et comme un peu désacraliser la partie mise en œuvre, parce qu'en fait, on ne voit pas ça, et on l'oublie, et ça ne compte pas. Et puis une personne qui compte énormément pour moi aussi, qui est une... une auteure magnifique qui s'appelle Avril Benard qui a sorti un livre cette année qui s'appelle À ceux qui ont tout perdu, sublime, premier roman. Mais c'est une très grande artiste et une très grande amie et elle m'a aussi beaucoup encouragée, beaucoup nourrie mon univers. C'est très important aussi les amitiés d'artistes dans la création. Comme quand j'étais enfant avec ma cousine par exemple, on a vraiment besoin de complices pour jouer. Et puis sinon, dans mes inspirations féminines, ça se ferait plus dans des attitudes, dans des façons de procéder, dans une sorte de naturel. Pas comme il faut entre guillemets, mais ce qui n'a rien à voir avec mon travail. Mais j'ai toujours adoré le travail de Mai Wen, par exemple, sur la famille, sur les tabous, sur aller là où il ne faudrait pas, poser les questions peut-être qui ne se posent pas. Alors maintenant, avec la libération de la parole, c'est moins contrasté avec le reste de la société. Mais je me souviens quand Pardonnez-moi est sorti, le premier film de Mai Wen, c'était pour moi, c'était un modèle en fait. Cette fille qui part avec sa caméra filmer sa famille, poser des questions, on ne sait pas si c'est vrai, si ce n'est pas vrai, si c'est un documentaire, si c'est un film pour le ciné, si elle se joue de tout ça et ça tremble et tout le monde parle en même temps et c'est une femme quoi. et elle était jeune à ce moment-là, donc ça m'a beaucoup touchée. Il y a une autre chose qui a beaucoup compté pour moi, que j'ai vue des centaines de fois, qui n'est pas une œuvre d'un artiste, d'une femme, parce que j'essaie de rester sur les femmes, mais c'est un film qui s'appelle La fidélité de André Zulawski, dans lequel il faisait jouer sa femme à l'époque. Sophie Marceau, qui est l'histoire d'une photographe. En fait, c'est l'adaptation de la princesse de Clèves dans un monde moderne, parisien, de photographe. Et Sophie Marceau est photographe. Et elle est complètement libre, enfin, libre et pas, mais... Il est question de morale et d'amour et de fidélité. Enfin, c'est la princesse de Clèves. Mais avec tout le matériel... de la photographe. Et en fait, ça a été un choc pour moi parce que j'ai vu pour la première fois une femme manipuler des appareils photos, des grosses optiques, des pellicules. Et ça m'a fait l'effet de... Comme quand on voit, je ne sais pas, les jeunes pêches mergats sublimes qui montent une Kalachnikov. Tout d'un coup, je me dis... C'était comme une guerrière pour moi. Enfin, c'était comme une... Ça m'a fait rêver. alors qu'avant l'image du photographe me faisait pas du tout rêver mais pas du tout je trouvais ça même assez ringard et tout d'un coup de voir une femme manipuler l'appareil photo après j'en ai découvert d'autres évidemment qui ont existé mais là j'étais très jeune quand j'ai vu ce film et je l'ai vu quand il est sorti donc j'avais 14 ans C'était un choc et ça m'a toujours fait rêver.
- Speaker #0
C'est magnifique, en fait. Il est magnifique, ce film. Il n'a pas eu... Je ne sais pas. Pas beaucoup de gens l'ont vu, j'ai l'impression, mais... Voilà. Donc Sophie Marceau a eu une vraie influence dans sa carrière de photographe.
- Speaker #1
Que je regarderai, parce que je ne la connais pas. Je ne l'ai pas vue. J'aimerais te poser une dernière question. J'en ai des dizaines d'autres, mais j'aimerais t'en poser une dernière, très concrète. Quelles sont tes obsessions ? Quels sont tes combats ? Et quels sont tes désirs ? C'est trois questions en fait.
- Speaker #0
C'est trois questions, mais c'est un peu la même chose. Mon obsession, mon désir et mon combat, c'est de pouvoir faire ça toute ma vie. C'est la chose la plus importante pour moi.
- Speaker #1
Merci beaucoup,
- Speaker #2
Sarah.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, partagez-le autour de vous et sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas non plus à laisser un avis positif sur vos applications de podcast. Pour ne rien manquer de déclic, suivez-moi à atmaudebernose sur Instagram. Si vous avez des compliments, des critiques ou des réflexions, n'hésitez pas non plus, ça aide toujours. Merci enfin à la Cité Audacieuse pour son studio d'enregistrement. A bientôt !