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18. Révolution bleue : récit d'un futur désirable - Jean-Pierre Goux cover
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Dessine-moi un futur désirable !

18. Révolution bleue : récit d'un futur désirable - Jean-Pierre Goux

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1h07 |23/10/2025
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Description

Bonjour à tous,


C'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes !!

Aujourd’hui j’accueille Jean-Pierre Goux.. Mathématicien, Fondateur de Biosphere Economics et OneHome et, Ecrivain.


J’étais très contente d’avoir Jean-Pierre au micro pour 1 raison : il a passé des centaines d’heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose "comment réaliser collectivement la transition ?".

Alors, comment ?
Et bien ça ne tient pas en 2 phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l’épisode.


Dans ses 2 premiers livres, Siècle bleue, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l’échelle planétaire, entre les grandes puissances et qui résonne avec notre monde d’aujourd’hui.


Dans les 2 suivants, c’est l’humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être.


Et si, le Petit Prince m’a quelque peu inspiré pour construire le podcast à ses débuts, pour Jean-Pierre vous allez le voir, les écrits d’Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante.


Une conversation qui j’espère vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue !


C’est parti


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, c'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes. Aujourd'hui j'accueille Jean-Pierre Gou, mathématicien, fondateur de Biosphère Economics et One Home, et écrivain. J'étais très contente d'avoir Jean-Pierre au micro pour une raison. Il a passé des centaines d'heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose, comment réaliser collectivement la transition ? Alors comment ? Eh bien, ça ne tient pas en deux phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l'épisode. Dans ces deux premiers livres, Siècle Bleu, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l'échelle planétaire. entre les grandes puissances et qui résonne particulièrement avec notre monde d'aujourd'hui. Dans les deux suivants, c'est l'humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être. Et si le petit prince m'a quelque peu inspirée pour construire ce podcast, pour Jean-Pierre, vous allez voir, les écrits d'Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante. Voici une conversation qui, j'espère, vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue. C'est parti ! Bonjour Jean-Pierre !

  • Speaker #1

    Bonjour Marie !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec moi ce matin.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravi aussi.

  • Speaker #0

    En plus, moi, je n'avais pas fait de podcast depuis plusieurs mois. Donc, tu es un peu l'invité que j'accueille pour rouvrir cette nouvelle saison. Je suis hyper contente. On va parler en plus de futur désirable pour changer, n'est-ce pas ? Et je suis assez contente parce que parmi tous les invités que j'ai eus, toi, tu as quand même passé énormément d'heures à te poser les questions de qu'est-ce que ça veut dire ? Alors, mes autres invités l'ont fait, je ne dis pas le contraire. Mais toi, tu en as écrit plusieurs livres, notamment. Et ce n'est pas les seuls travaux que tu as, on aura le temps d'en parler. Donc voilà, je suis hyper contente qu'ensemble, on prenne un peu le temps de décrypter qu'est-ce que ça veut dire une transition que tu as écrite, comment elle s'incarne et c'est quoi un petit peu le modèle qu'on va avoir à la fin.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Beau programme ! Mais avant ça, notamment pour ceux qui ne te connaissent pas, je vais te laisser te présenter.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis Jean-Pierre Gou, au départ, moi j'ai une formation d'ingénieur, je me suis spécialisé en mathématiques et j'avais toujours le rêve d'utiliser les maths. pour accélérer la transition écologique. Donc moi, j'ai fait des maths dans un domaine en particulier, de la recherche en optimisation. Départ en France, puis après aux États-Unis, à Chicago, à Northwestern University, puis après pour le ministère de l'Énergie américain. Et avec toujours l'idée de résoudre des grands problèmes d'optimisation, des problèmes d'aide à la décision, pour aider les entreprises ou pour aider des systèmes à fonctionner de manière plus optimale.

  • Speaker #0

    Attends, c'est quoi un problème d'optimisation ?

  • Speaker #1

    Les problèmes d'optimisation, c'est que tu as une fonction avec... des paramètres, mettons des milliers ou des millions de paramètres, des contraintes, c'est-à-dire que ces paramètres peuvent évoluer dans un espace, et c'est de voir dans cet espace quel est le minima ou le maxima de cette fonction. Donc typiquement, tu peux choisir quelles sont les décisions que peut avoir une boîte comme EDF ou Gaz de France, enfin Engie, pour optimiser leur production, tout en respectant des contraintes opérationnelles, en satisfaisant la demande. en ayant des contraintes, par exemple, sur le niveau de CO2 qu'ils doivent émettre. Et donc, ça, ça te fait un planning optimal. En fait, quand tu as des fonctions extrêmement complexes, avec des fonctions de coût complexes et des contraintes complexes, il faut utiliser des algorithmes linéaires, non linéaires, avec des variables combinatoires. Donc, voilà, c'est un champ entier de mathématiques d'aide à la décision et qui peut s'appliquer à tout type de problème de décision. Et moi, j'étais vraiment dans la meilleure équipe mondiale là-bas, à Chicago. et puis après ça... J'ai aidé justement mon ancien boss d'EDF à créer une startup en optimisation qui s'appelle Artelis et qui faisait ce qu'on faisait pour EDF, mais pour tout type d'entreprise du CAC 40. Je suis resté jusqu'en 2004. À l'époque, on était 12 mathématiciens. Et puis là, depuis quelques temps, je retravaille avec eux. Il y a 150 mathématiciens. C'est une boîte qui est à Paris, dans différentes villes. Et qui, sur tous les enjeux de la transition, met à 70% dans l'énergie. Et puis en 2004, moi je suis parti pour travailler dans le domaine vraiment de l'énergie parce qu'on avait décidé de libéraliser l'énergie. J'ai été pendant 15 ans chez Powernext qui gérait les marchés au départ de l'électricité, puis après marché du gaz. On a aussi fait des marchés du CO2, certificat d'économie d'énergie, garantie d'électricité verte. Et ça on l'a fait en France, puis après pour tous les pays européens. J'en ai été directeur général et fin 2019, je suis parti. de cette boîte pour me mettre à mon compte. Je crée un cabinet qui s'appelle Biosphere Economics pour essayer de concilier les enjeux de la biosphère avec l'économie. Donc moi, j'interviens dans un certain nombre d'entreprises, mais surtout, je voulais faire ça pour avoir du temps à côté, pour faire des recherches et écrire, parce que j'ai toujours écrit des romans à côté. On en parlera. Parce que pour moi, il faut évidemment de la technique, des idées pour la transition, mais il faut aussi des imaginaires. Aujourd'hui, on a des imaginaires qui ne sont pas assez forts par rapport à ceux qui sont en place. Et le fait qu'on vive un backlash en ce moment, c'est aussi parce que les imaginaires écologiques... sont pas assez désirables ou pas assez même, moi j'emploie un mot encore plus fort, qui est irrésistible. Irrésistible, c'est vraiment quelque chose que désirable, mais que tu ne peux pas... On ne peut pas irrésister, c'est la définition même. Tu peux dire, non mais là c'est trop beau, j'y vais vraiment. Et en tout cas, désirable, c'est déjà bien. Moi, j'étais aussi président de l'Institut des Futurs Souhaitables. Donc t'as souhaitable, désirable, mais bon, moi j'aime bien irrésistible. Et puis à côté, j'ai une ONG qui s'appelle One Home, qui justement travaille sur l'irrésistibilité par l'expérience. quoi donc J'aime bien jouer sur différents registres, mais le point commun de tout ça, c'est la transition écologique avec un focus sur les entreprises. Parce que le problème aujourd'hui, c'est vraiment la manière dont le système économique est organisé. Tu peux avoir tous les idéaux que tu veux si tu ne fais pas quelque chose où tu te poses la question comment les entreprises peuvent muter et vers quel modèle et avec quelle force elles peuvent... Quelles forces elles peuvent employer pour se transformer ? En fait, tu peux avoir tous les vœux pieux d'un futur désirable, mais tu y resteras si derrière, il n'y a pas une feuille de route pratique pour évoluer.

  • Speaker #0

    Ok, hyper clair. Du coup, je dirais plusieurs casquettes qui peuvent te caractériser. Conférencier, romancier, mathématicien, consultant peut-être aussi. On voit plein de casquettes.

  • Speaker #1

    En fait, il y a à la fois pour avoir un modèle économique personnel, mais c'est aussi des intérêts personnels. Le fait d'avoir un pied dans le monde des entreprises, que ce soit dans des conférences ou dans des accompagnements de conseils, pour moi, ça permet toujours de tester des idées parce qu'assez vite, tu peux devenir éthéré dans tes idées et proposer des choses qui sont inapplicables. Et parfois, quand tu vas les prononcer devant les gens, tu te dis OK, là, il manque des marches ou en tout cas, il manque des jalons à l'échelle pour que les gens puissent passer de là à là. Et j'essaye par les romans, justement, de combler ces jalons, c'est-à-dire que les romans, pour moi... On pourra en reparler, mais c'est vraiment des simulateurs d'idées. En philosophie, on appelle ça des expériences de pensée, pour se dire comment on pourrait faire pour que cette idée naisse. Et là, je suis vraiment dans du sociétal, donc c'est des simulations sociétales.

  • Speaker #0

    Juste avant de plonger sur le sujet du roman, j'avais une question pour toi, avec ton regard de mathématicien. Est-ce que tu vis une certaine forme de dissonance sur les objets techniques sur lesquels tu bosses ? Parce qu'en gros, parfois, on se rend compte que les objets techniques qui nous ont permis de nous développer en tant que société, il y en a certains qui sont aussi parfois à l'origine du problème. Donc, est-ce que toi, tu vis une forme de dissonance ? Je sais que ça peut arriver, notamment chez des jeunes ingénieurs sortis d'école. Il y a eu des matisseurs dans l'histoire, comme Grotendieck aussi, qui... ont été parfois très troublés par certaines avancées, notamment sur des sujets d'armes atomiques, etc. Comment ? Bon là, voilà, on part très loin. Mais est-ce que toi tu lis ça ?

  • Speaker #1

    C'est le mathématicien qui m'a le plus inspiré et qui est au cœur de mon dernier roman, La Clé des Songes. Puisque La Clé des Songes, c'est un livre qu'il a écrit. Et donc c'est en hommage à Grotentic que le livre s'appelle La Clé des Songes. Et effectivement, il a presque été un objecteur de conscience, Grotentic. C'est-à-dire qu'il a quitté le domaine des mathématiques. Il était à l'Institut des Hautes Études à Bure. qui est vraiment le plus haut lieu de la science française, en prétextant qu'il y avait 5 à 10% des fonds de cet institut qui provenait de la recherche de la défense. Et pour lui, les mathématiques étaient utilisées pour la défense. En fait, moi, j'en suis complètement conscient de ça. Moi, j'étais même dans une école d'ingénieurs qui était financée par la DGA, etc. J'ai travaillé au ministère de l'énergie américain, Argonne National Laboratory. C'est là où ils auraient dû faire les premiers tests de la bombe atomique. Mais comme il y a eu une grève, ils les ont fait à l'université de Chicago. Mais en fait, le monde est dual. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu poses la question de la technique, la technique, elle est à la fois le remède et le poison. Donc la question, si tu refuses cette chose-là, en fait, la question, c'est d'arriver à mettre ton temps et ton énergie pour faire de ces techniques un remède. Si tu prends un couteau de cuisine, tu peux faire les meilleurs plats au monde. Tu es ton conjoint. Ce n'est pas écrit le mode d'emploi dessus. Le refus de la technique, ce qu'avait fait d'ailleurs Grotendieck, c'est une possibilité. Mais à partir du moment où elle existe, moi ce qui m'intéresse, c'est d'en trouver les usages qui soient les plus bénéfiques. Et c'est ce que j'essaye de faire en maths quand je les utilise. Il y a des types de missions que je ne fais pas. C'est ne pas nourrir ça. Mais ça n'empêche pas des gens d'utiliser les mêmes types de mathématiques pour des fins qui soient moins glorieuses, voire même extrêmement néfastes. Et je fais la même chose, par exemple, dans One Home, cette ONG où on utilise énormément d'informatique, mais pour créer de la beauté et créer des objets de reliance entre êtres humains et de propagation d'amour, presque. Donc, tout est une question d'intention. Bon, je pense que là... Mais je pourrais refuser tout ça et n'utiliser plus rien de technique ou de mathématiques ou de scientifiques. Mais je trouve que ça fait partie de l'aventure humaine et c'est à nous d'inventer les inventions qui soient justement irrésistibles et qui permettent de nudger, le mot américain nudge c'est de pousser l'utilisation vers un certain sens. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui nudgent par exemple l'utilisation de l'intelligence artificielle pour oppresser. l'humain, mais on pourrait potentiellement l'aider pour l'utiliser aussi pour émanciper l'être humain. C'est aussi un des thèmes que je traite dans mon dernier roman, La clé des songes. Je me posais toujours la question de quelle pourrait être l'utilisation la plus irrésistible de l'IA.

  • Speaker #0

    Et t'as répondu quoi à cette question ?

  • Speaker #1

    Ah ben je peux pas dire, parce que c'est le gros spoil du bouquin. Mais ça fait trois ans que je fais des recherches là-dessus. On voit tout un tas d'utilisations de l'IA, mais qui sont un peu de l'IA washing ou green washing. qui étaient des choses qu'on savait déjà faire en maths. Les gens vous disent, oui, on peut repérer sur des cartes satellites, des nappes de pétrole qui ont été dégazées par des pétroliers. Ça, c'est du traitement d'image, on savait le faire il y a 20 ans. Donc, ce n'est pas propre à l'IA. Et puis, il y a des gens qui vous disent, oui, on peut optimiser telle et telle chose. Moi, c'est des trucs que je fais en maths depuis 25 ans. Donc, ça, ce n'est pas propre à l'IA. Et je me disais aujourd'hui, qu'est-ce qui pourrait vraiment être une utilisation extraordinaire et qui accélère ? l'évolution de l'humanité vers une autre direction. Et donc, il y a une proposition dans le roman. Et d'ailleurs, moi, j'ai beaucoup, évidemment, de gens qui sont des pro-écolos, en fait, dans mon lectorat. Mais pas que. Et c'est des livres, justement, qui ne sont pas clivants. Le but, c'est d'embarquer le plus grand nombre possible. Et même ces gens-là, ils ont trouvé que cette utilisation de l'IA était vraiment révolutionnaire et ça les a émus. Donc, voilà. Et d'ailleurs, j'attends un peu parce que là, j'ai trop de choses à faire en ce moment. mais on va la créer, cette IA-là. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    OK, bon, c'est un super teaser pour lire la clé des songes, du coup.

  • Speaker #1

    Mais par contre, oui, pour revenir à ta question, je me pose toujours la question. Oui, c'est une question qui t'anime aussi,

  • Speaker #0

    personnellement.

  • Speaker #1

    Par exemple, moi, les recherches que je faisais en optimisation, et par exemple en optimisation non linéaire, ces modèles de calibration, c'est au cœur des modèles de LLM aujourd'hui. Et donc, quand on va... Dans un réseau de neurones, optimiser les poids, ça utilise des techniques que moi et d'autres, on a mis au point il y a 25 ans. Et donc, tu te dis, tiens, on a accouché de ça. Alors, est-ce que si nous, on l'avait fait, d'autres l'auraient pas fait ? J'en sais rien. Et puis, les LLM, ça peut avoir des utilisations bénéfiques, mais très néfastes aussi. Donc, la question, c'est vraiment de savoir qu'est-ce qu'on nourrit, en fait, comme intention. Et c'est la question de l'intention. Et donc, on revient toujours au « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » . C'est ça, c'est d'arriver à savoir ce que tu fais et puis trouver des choses qui soient vraiment inspirantes dans l'utilisation de certaines techniques.

  • Speaker #0

    Ok, je ne connaissais pas ce proverbe, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est de qui ?

  • Speaker #1

    Le nom ne me vient pas là tout de suite, mais c'est un philosophe connu.

  • Speaker #0

    Ça marche. Écoute, je te propose maintenant qu'on passe à une discussion sur tes romans. Tu te lances dans l'écriture de Siècles Bleus, notamment le tome 1 dans les années 2007, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai commencé en 2000 et en 2007, j'ai terminé. D'accord, c'est le premier tome. Il a fallu deux ans pour trouver un éditeur, puis après un an pour que ça soit publié. Donc, le premier tome de Siècles Bleus est sorti en... en 2000. Et l'idée, en fait, elle m'est venue le 1er janvier 2000, au tout début du siècle. Enfin, il y avait un... On démarrait un nouveau siècle et je me disais, je voyais comme une avenue. Je me disais, on a deux choix de pistes pour cette avenue. Soit ce siècle qui commence, c'est le dernier en fait de l'histoire de l'humanité, ou en tout cas le dernier dans lequel il y a des conditions d'habitabilité de la Terre qui sont propices à la vie humaine. Et si c'est le cas, on l'appellera le siècle noir, parce que dans 5000 ans, si les civilisations ressurgissent, on parlera de l'époque où par égoïsme ou par confort, parce que le confort est un des énormes freins aujourd'hui à la transition. Je ne sais plus, quelqu'un me disait récemment, il ne savait pas qu'est-ce qui était le plus inquiétant, le bruit des bottes ou le silence des pantoufles. Et je trouve que c'est très intéressant parce qu'un certain nombre de gens... qui sont en charge de la marche du monde aujourd'hui, ils sont en pantoufles, et puis ils sont bien en pantoufles. Et il y a une question de se dire, bon, j'ai tennis samedi, pourquoi j'irais aller travailler pour une ONG ? Enfin, il y a ce truc-là. Et donc, en tout cas, on a une voie qui est possible, qui est le siècle noir. Et l'autre voie, c'est que l'humanité donne ce qu'elle a de meilleur d'elle-même, que chacun donne ce qu'il y a de meilleur de soi-même, et qu'on se transforme. Et dans 5000 ans, on parlera toujours peut-être du siècle bleu. qui était le siècle où l'humanité était au bord du précipice. Et parce qu'il y a un certain nombre de fous, de visionnaires, qui ont eu d'autres idées et qui ont réinventé l'économie, on a évité le précipice et on s'est transformé. On arrive à un mode de civilisation où l'humanité et la biosphère arrivent à vivre ensemble. Et ça, c'était vraiment l'idée que j'avais et qui était l'idée de Siècle Bleu et de Révolution Bleue, qui, in fine, est une nouvelle saga. Donc, Siècle Bleu, c'est en deux tomes et Révolution Bleue, ça sera en trois tomes. Ça peut se lire indépendamment et tous les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Si les gens ont du temps, c'est bien de les lire dans l'ordre, mais ce n'est pas du tout nécessaire. Et surtout, la saga Révolution Bleue est complètement indépendante de Siècle Bleu. Mais voilà, c'était de se dire un peu sur un mode de « et si » , de partir uniquement de choses totalement réalistes, c'est-à-dire qui sont fondées d'un point de vue géopolitique, d'un point de vue psychologique. c'est-à-dire ce livre Il prend en compte la structure de la psyché humaine, les structures individuelles, les structures collectives, les relations entre les États. Donc le cadre, c'est toujours une lutte entre la Chine et les États-Unis pour dominer le monde. Avec en plus dans la clé des songes, justement, l'apparition de l'IA, de la robotique comme étant une autre voie qui pourrait aussi influer. Et de se dire en fait de tout ça, est-ce qu'il n'y aurait pas une autre voie qu'on pourrait décrire ? Et... L'idée, c'est que ça soit une autre voie qui ne soit pas en opposition avec la voie US, la voie Chine ou la voie robotique, mais une voie qui englobe les autres pour utiliser le meilleur de ce que les US pourraient apporter, le meilleur de ce que la Chine pourrait apporter, le meilleur de ce que chaque peuple pourrait apporter en incluant les peuples autochtones, mais aussi le meilleur de ce que la technologie pourrait apporter et de réinventer la notion de technologie. Parce qu'aujourd'hui, pour beaucoup de gens, la technologie, alors il y a une question d'usage, on en a discuté, qui peut être néfaste. Et on peut utiliser l'IA pour faire des robots autonomes, mais aussi pour faire de l'assistanat dans certaines parties du monde pour des enfants à l'école et qui n'auraient pas accès à des professeurs et leur donner la possibilité d'avoir de l'éducation. Donc, il peut y avoir des utilisations d'émancipation extraordinaire. Mais il y a une question aussi, évidemment, et c'est votre travail aussi chez vous, chez Steam, de conception de la technologie. de manière à ce qu'elle ne crée pas de pollution, de déchets, etc. Et donc, pour moi, il y a une question de réinvention de la manière dont on crée la technologie et d'aller massivement vers la bio-inspiration. Et la Révolution Bleue est bio-inspirée, c'est-à-dire beaucoup de biomimétisme, c'est-à-dire de s'inspirer de la nature pour résoudre des problèmes d'ingénierie et d'aller vers une technologie qui soit très économe en métaux, en molécules qui soient, on va dire, polluantes. et de s'inspirer de la nature pour ça.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, ces premiers romans, tu les écris dans les années, comme je disais au début, dans les années 2000. Moi, j'ai été assez bluffée, donc je les ai lus récemment, fin d'année dernière et cette année. J'ai été bluffée à quel point les sujets sont d'actualité et si je devais parier que la date de parution du roman, je n'aurais pas parié sur le début des années 2000. Avec le recul... Comment est-ce que tu lis les choses ? C'est quoi un peu tes grands apprentissages ? Parlons seulement de « Siècle bleu » pour le moment, mais c'est quoi ton recul sur l'écriture de ces romans ? Est-ce que finalement, la fiction t'a un peu dépassé ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que le temps passe vite. Moi, j'ai fini Siècle Bleu il y a 18 ans. Et il y a plein de gens qui le lisent aujourd'hui en me disant... Et effectivement, ils pensent que ça a été écrit l'année dernière. Alors, est-ce que c'est un coup de chance ou pas ? J'en sais rien. Mais au départ, moi, il y a beaucoup de documentation. Et j'essaye d'écrire les livres avec une analyse de la manière dont la société fonctionne et l'être humain fonctionne. Et il y a des invariants. Si tu écris quelque chose qui est trop relié à l'époque, un livre qui est sur Trump ou sur Musk ou sur autre chose, en fait, ton livre va vite être daté parce que le monde aura peut-être évolué vers autre chose. Mais si les invariants, eux, ils ne bougent pas et la société peut évoluer. Et dans le siècle bleu, l'invariant, c'était que finalement... enfin, il y a un certain nombre de gens qui veulent organiser le monde et le capitalisme d'une certaine manière. Mais ce n'est pas un livre anticapitaliste, c'est un livre qui prend et qui est plutôt sur une forme sauvage de capitalisme, qui n'a pas envie de règles et qui n'a pas envie de contraintes, et qui se rend compte que les écologistes sont finalement des ennemis, parce qu'ils ont raison. C'est-à-dire que tout ce qu'ils disent, c'est vrai, et qu'ils veulent les éliminer. et dans le siècle bleu, Le personnage principal qui s'appelle Abel est à la tête d'une organisation éco-activiste, mais invisible. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas pignon sur rue, ils font un certain nombre d'actions chocs contre le gouvernement américain, contre le gouvernement japonais, contre un certain nombre d'entreprises, mais c'est de la menace asymétrique puisqu'on ne sait pas où ils sont. Et ce groupuscule qui s'appelle Gaïa se retrouve accusé d'un crime d'État entre la Chine et les États-Unis qu'ils n'ont pas commis. Sauf que le Abel, il est déterminé et qu'il n'aime pas trop qu'on lui mette un crime sur sa tête qu'il n'a pas fait. Et donc, il part à la recherche de ce secret d'État. Et en fait, c'est un thriller, c'est une chasse à l'homme qui devient aussi une chasse à la femme puisqu'il s'enfuit avec sa femme Lucie. Et ils sont déterminés pour percer ce secret-là et ils déclenchent une sorte de révolution. Et vous avez toute une partie, un peu comme pendant l'affaire Dreyfus, une partie de gens qui sont pro-Gaïa, anti-Gaïa. et on sent bien que derrière le... le discours d'État, il y a un truc qui va pas. Et au fur et à mesure, les peuples se soulèvent, etc. Et ça ne devient pas une révolution violente parce que un des personnages, qui s'appelle Paul Garner, lui est bloqué sur la Lune. C'est le meilleur ami d'Abel. Il fait partie du premier contingent américain à retourner sur la Lune dans une course à la Lune avec la Chine. Et moi, quand j'avais écrit ça dans les années 2000, cette course à la Lune commençait. Et aujourd'hui, elle est réelle puisque... Ce qu'on voit, c'est que même la Chine devrait arriver avant la fin 2030 sur la Lune, avant les États-Unis, parce qu'aujourd'hui, le programme de Musk et de Bezos ont pris énormément de retard. Et donc, voilà. Et là, Trump, récemment, vient d'annoncer qu'il mettait les bouchées doubles sur le programme lunaire. Donc, cette course à la Lune qu'il racontait dans le siècle bleu. Et puis, ils disent, voilà, on a moins de cinq ans pour y retourner. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est un peu un hasard. Enfin, un hasard, je n'en sais rien. En tout cas, je souhaite qu'il y ait un astronaute de ce type-là, parce que lui, il se retrouve bloqué sur la Lune. Ça a un rapport avec ce crime qu'on fait porter à Abel. Et la question, c'est est-ce qu'on va le secourir ou pas ? Et on l'écoute. Et en fait, cet astronaute, c'est un grand rêveur, un grand poète. Il tombe amoureux de la Terre en la voyant depuis l'espace. Et il partage son amour. Et le fait qu'il y ait ce gars tout seul sur la Lune, ça fait penser un petit peu au Petit Prince. Tous les gens se disent, mais attends, là, on est assez fou pour l'avoir laissé tout seul. et puis c'est un type qui est très sympa, qui est adorable, etc. Et donc, il ouvre les cœurs et son destin touche tout le monde. Donc, tout le monde l'écoute tous les jours. Et lui, il parle de la Terre, de merveilleusement. Et le fait d'avoir un point de vue comme ça, extérieur, les gens réalisent qu'on fait n'importe quoi en fait, sur cette planète, qu'on est dans un paradis. Il y a des tas de gens qui rêvent d'aller au paradis après leur mort, mais on est déjà dans un paradis où on est en train de souiller. Et il ramène les gens à l'essentiel. Et lui vit... un effet qu'on appelle l'overview effect, c'est-à-dire c'est la transformation qu'ont subi les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de faire vivre au lecteur cet overview effect par le truchement du roman et que les lecteurs et lectrices tombent amoureux de la Terre. Il y en a beaucoup qui ont eu cet effet en lisant Siècle bleu.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, hyper intéressant. On sent bien les descriptions et toute la poésie qui est amenée par Paul Gartner. Moi, je me posais une question sur la Terre. transition que tu proposes avec le livre, on sent qu'Abel, le personnage principal qui est à la tête de Gaïa, l'ONG, il a une certaine forme quand même de radicalité et de détermination. Est-ce que pour toi, une transition, elle doit être radicale ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, un mot sur le mot radical. Le mot radical veut dire revenir à la racine. Donc, dans ce sens, une transition doit être radicale, c'est-à-dire revenir à la racine. Parce qu'il y a des moments où on a pris des embranchements, d'ailleurs, sur la conception du monde technique, sur la conception de l'économie. Et il faut pouvoir remonter à cette racine-là pour réinventer une nouvelle société. Et une transition incrémentale qui fait juste des patchs par rapport à un modèle, elle ne sera pas suffisante. mais Effectivement, dans Siècle Bleu, qui est une intrigue très courte, elle est sur 28 jours, il y a 14 jours dans le premier tome, 14 jours dans le deuxième tome, donc c'est vraiment un thriller qui n'arrête pas. Et en 28 jours, on ne change pas le monde, on change l'état d'esprit. Donc il y a une espèce de... à la fin de Siècle Bleu, sans spoiler.

  • Speaker #0

    Moi, j'aime les APN, donc vous aurez une APN. Il y a beaucoup de gens dans l'écologie qui n'aiment pas les APN. Moi, je suis un fervent... Je veux que les gens referment ces livres en se disant « waouh » . Et en fait, on pourrait le faire, ce qu'ils décrivent dedans. Et effectivement, la voie que ce Abel explore, c'est la voie de l'activisme. Parce qu'aujourd'hui, il faut des activistes, parce qu'il y a un certain nombre de choses qui sont intolérables, mais ça se retourne contre lui. Et d'ailleurs, ces méthodes sont... tellement peut-être, enfin pas violente parce qu'il y a toujours beaucoup d'humour dans ce qu'il fait, mais si on ennuie le système de cette manière-là, toujours on a un backlash et on se le prend dessus. Et justement, dans Révolution Bleue, le même personnage se retrouve légataire du rêve de Paul Garner. Et le rêve du Paul Garner, c'était de faire cette Révolution Bleue. Et la Révolution Bleue, elle est inspirée d'un peintre, Yves Klein. C'est une révolution qui est, on va dire, plus philosophique qu'une révolution. Il ne s'agit pas de mettre des têtes sur des pics. C'est le processus par lequel l'humanité rejoindrait les limites planétaires et arriverait à vivre en osmose ou en symbiose avec la Terre pendant des millénaires.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'articule, cette révolution, du coup ?

  • Speaker #0

    Justement, Paul Garner, à la fin du siècle bleu, donne quelques pistes, en fait, là-dessus. Et d'ailleurs, moi, quand j'avais publié ce livre en 2012, je m'étais dit que j'avais écrit un manifeste de la révolution bleue en disant tout ce qu'il faut aller réinventer. Et je me disais, il y a plein de gens qui vont se mobiliser pour le faire. et réinventer ça. Et en fait, ça n'a pas eu lieu. Il y a eu plein de conséquences de ce livre. Ça a bougé beaucoup de gens dans leur trajectoire de vie, etc. Mais les gens n'ont pas pris ce manifeste comme un programme. Et pour moi, c'était un programme de travail. Et du coup, moi, depuis dix ans, je travaille là-dessus, sur chacune des questions, dans l'économie, dans l'agriculture, dans l'énergie, dans les infrastructures, dans la gouvernance mondiale, dans l'éducation, etc.

  • Speaker #1

    Tu peux nous en citer deux, trois, par exemple, de questions ? Je vais poser quatre.

  • Speaker #0

    Et donc, au départ, moi, ce que j'ai essayé, c'est de collectionner, en fait, toutes les initiatives, on va dire, inspirantes à travers le monde sur ces différents thèmes. Et j'avais commencé en 2015 à écrire un essai là-dessus en disant, tiens, c'est bien de les réunir. Et je me suis dit, en fait, ça ne sert à rien de les réunir parce qu'en fait, il manque quelque chose. Aujourd'hui, toutes ces innovations, que ce soit le biomimétisme, l'économie régénérative, l'économie circulaire, toute une série d'énergies renouvelables, en fait, ça, ça change un peu le monde. Mais ce n'est pas suffisant. Il y a une sorte de plafond de verre qui bloque toutes ces innovations pour arriver à transformer le monde. Et en fait, je me suis dit, c'est quoi le point commun en termes de plafond de verre de toutes ces innovations ? Et comment est-ce qu'on pourrait le dépasser ? Qu'est-ce qui pourrait les rendre irrésistibles ? Justement, c'était ça la question. Et donc, j'y réfléchis pendant un certain nombre d'années. Et en fait, en 2020, moi, j'avais quitté mon boulot chez Powernext pour me mettre à mon compte. Et je devais m'occuper de cette ONG One Home et je ne savais pas trop ce que j'allais faire d'autre. Puis finalement, en 2020, je me suis dit, bon, il faut que je trouve qu'est-ce que c'est ce truc irrésistible qui nous manque. Et donc, j'ai dû lire 500 bouquins en 2020 pendant le Covid. Et j'ai lu dans tous les domaines en me disant, il faut sortir du champ de la transition pour aller regarder d'autres choses. Donc, j'ai lu des bouquins de sociologie, des bouquins d'histoire, des bouquins de géopolitique, des bouquins de spiritualité. Et en me disant, et puis des tas de bouquins de science sur des tas de choses. et petit à petit... Je suis rentré sur les théories de l'évolution. Et de se dire, en fait, si on dézoome dans le temps, l'espèce humaine n'a pas toujours été ce qu'elle était. On a évolué. Et puis, les espèces, en général, ont évolué. Même la matière et la pichée ont évolué depuis le Big Bang. Et tout ça, ça se structure. Et quand on regarde le monde, en fait, on part d'un tas de billes, de particules qui explosent. Enfin, même si le Big Bang, ce n'est pas une explosion, c'est une dilatation. Enfin, je ne veux pas rentrer dans les détails. Et ces billes se structurent pour faire toujours des structures d'ordre supérieur. Et c'était le prêtre jésuite et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin qui disait, le monde évolue vers plus de structures, vers plus de beauté, vers plus de conscience. Et on se rend compte que le monde se structure comme ça. Et je me suis dit, tiens, est-ce que... Et on se rend compte qu'un certain nombre de crises dans le passé ont été résolues par des espèces, par des mutations, par des métamorphoses. et Le point que je me disais, c'est qu'aujourd'hui, on est beaucoup sur un regard extérieur sur la transition, en se disant, tiens, qu'est-ce qu'il pourrait faire là-dessus ? Mais comme si on enlevait l'espèce humaine de l'équation. Et en fait, je me suis dit, la solution de l'équation, là je reprends un peu ma casquette de mathématicien, c'est peut-être la mutation de l'humanité. C'est-à-dire, si l'humanité ne mute pas vers autre chose, on ne pourra pas réaliser cette transition. Et moi, je me disais toujours, imaginons que dans 100 ans, le monde soit complètement transformé. Moi, ce que j'aimerais, c'est connaître le type de civilisation. ou l'espèce qui a réussi cette transition, c'est quoi ces valeurs ? Donc je suis parti de l'inverse en me disant, quelle serait l'espèce qui rendrait ça souhaitable ? Et en regardant les théories de l'évolution, on s'aperçoit que vous avez des structures d'or supérieur qui se font. Et par exemple, moi, ce qui m'a marqué, ce sont des sauts en complexité quand on passe par exemple du monocellulaire au multicellulaire. On ne sait pas comment ça marche en biologie. Enfin, on sait que des cellules peuvent s'associer, mais par contre, qu'il y ait une identité du groupe. qui émergent, et tu en es l'exemple puisque tu es un assemblage de 30 000 milliards de cellules qui coopèrent pour être toi, et toi, tu es l'identité commune de ces cellules, mais si tu prends une cellule, elles ne savent pas, enfin peut-être, on ne sait pas, on n'a jamais interviewé une cellule, qui est Marie. Et pourtant, l'ensemble de ces cellules font Marie, font Jean-Pierre, font toutes les auditrices et les auditeurs. Et ce sont en complexité, il y en a eu un deuxième, quand l'ensemble des espèces, donc il y a à peu près 9 millions d'espèces, si on met de côté les bactéries et les virus sur Terre, et... elles coopèrent ensemble pour former la biosphère, et qui n'est pas juste comme un collier d'espèces, comme toi, tu n'es pas un collier de cellules, c'est un tout, la biosphère. C'est un ensemble cohérent. C'est un ensemble cohérent qui prend soin des parties, et que les parties constituent. Donc il y a toujours une relation bilatérale entre les parties et le tout. Et je me disais, peut-être la prochaine étape d'évolution de l'humanité, c'est de former un collectif. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est 8 milliards d'êtres humains séparés, et que la prochaine... mutation de l'espèce humaine, ça serait de former un collectif, c'est-à-dire un collectif humain planétaire, un grand ensemble fait de 8 milliards d'humains. Aujourd'hui, ce grand ensemble, il est complètement séparé par des nations, il est séparé par des idées, des idéologies.

  • Speaker #1

    Et géographiquement aussi.

  • Speaker #0

    Géographiquement, oui, mais surtout, la notion d'humanité en tant que tout n'existe pas. Et il y a beaucoup de gens qui parlent de ça, d'émergence d'une conscience planétaire, d'une conscience de l'humanité, et c'est ça qui m'intéressait. Et donc... La révolution bleue, c'est à la fois le récit en trois ans de comment on peut transformer toute l'économie pour avoir justement une économie qui soit au sein des limites planétaires, mais aussi l'émergence de ce collectif planétaire. Donc, il y a quelque chose de presque spirituel, c'est-à-dire l'humanité qui est acculée à cause des difficultés. En fait, ces difficultés qu'on voit aujourd'hui, et par exemple, les limites planétaires, on se dit, oh là là, c'est un précipice dans lequel on va tomber. En fait, cette menace... C'est peut-être ça qui fera que pour la première fois, l'humanité choisit le tous ensemble plutôt que le chacun pour soi. Alors le chacun pour soi, quand on regarde l'actualité, on est en plein dedans aujourd'hui et ça fait partie des hésitations. Quand il y a un stress, on se dit oula, soit je vais avec le plus fort, soit on se met tous ensemble. On voit bien qu'il y a une partie de nous qui serait prête à accepter une perte de liberté et se dire bon, je suis américain, même si je n'aime pas Trump. Bon, je suis quand même bien d'être là, donc je vais quand même voter pour lui parce qu'il fait du bien pour nous. avec la force militaire que l'on a. Mais avec les limites planétaires, les désagréments vont être pour tout le monde. Et donc, pour moi, c'est la force d'appui qui va permettre la naissance de l'humanité. Donc, la Révolution bleue, c'est à la fois le récit de la transformation de l'économie, mais de l'espèce. Et c'est cette transformation qui rend le reste irrésistible. Et donc, cette humanité unie, moi, je l'appelle homo biospheris. C'est symbolisé dans le livre par le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Et moi, j'ai trouvé un certain nombre de lettres qui montrent que le petit prince était le symbole, en fait, d'une humanité unie sur sa planète et que le petit prince n'est pas, on va dire, un individu, mais un collectif, quoi. Et d'ailleurs, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry a même préfacé le premier tome de la Révolution bleue qui s'appelle La petite princesse et dans lequel il y a... énormément de choses dans Le Petit Prince. Et pour moi, Le Petit Prince, c'est un livre magique. C'est le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. C'est le livre de fiction le plus imprimé dans le monde. Il est partout. Et dans le livre, en fait, Le Petit Prince, c'est ce qui permet de relier l'humanité et de faire émerger cette nouvelle humanité-là.

  • Speaker #1

    Et ce que je voulais... Je me permets juste d'intervenir parce que, juste pour revenir sur Le Petit Prince, en fait, c'est assez marrant parce que c'est Le Petit Prince qui m'a aussi donné envie de créer ce podcast. Parce que je me disais, en fait, les messages finalement du Petit Prince, je les relus au moment où je me posais beaucoup de questions pour lancer ce projet. Et je trouvais en fait, dans pas mal de fins de chapitres, de citations du Petit Prince, énormément de résonance avec les sujets qu'on vit sur la notion, sur les baobabs, sur l'eau, sur on voit bien avec les yeux, avec le cœur, pardon. Enfin voilà, il y avait plein de choses qui me parlaient énormément. Et du coup, c'est des invités, c'est des auditeurs aussi qui m'ont renvoyé vers toi en me disant, mais par rapport au Petit Prince, il faut absolument que tu parles à Jean-Pierre Gou. Donc le

  • Speaker #0

    Petit Prince, c'est aussi une des raisons pour lesquelles tu es là aujourd'hui. En fait, c'est un livre magique. Quand je dis magique, c'est plus que magique. C'est un livre qui est très particulier parce que chacun en a une lecture particulière. Et à chaque fois que tu vas le relire, tu vas y trouver autre chose. Et à chaque fois, tu vas te dire, mais ça, ça n'y était pas avant. On connaît tous certains chapitres, mais il y a des chapitres qu'on connaît moins. C'est ces chapitres-là qui vont venir résonner avec un élément dans l'actualité, un élément dans la vie. Et c'est un livre-monde, en fait, Le Petit Prince. Et c'est pour ça que ça parle au monde entier. Et quelles que soient les époques, c'est quand même un livre qui a 80 ans aujourd'hui. Et qui est d'une activité hors normes. Et moi, ce que j'essaie, c'est d'en faire un manuel opératif. Et d'utiliser, en fait, un symbole qui soit un symbole mondial, universel, laïque. Parce qu'aujourd'hui, il y a... Aucune religion qui déteste le petit prince, qui a interdit le petit prince. Même Poutine serait fan du petit prince. Donc, il y a quelque chose pour moi, le petit prince, c'est à la fois un livre qu'on peut dire, tiens, c'est sympa, etc. Non, mais c'est beaucoup plus que ça. Ça peut être une forme de nouvel évangile, mais au sens, on va dire, laïque du terme, c'est-à-dire quelque chose dans lequel on peut puiser et d'aller trouver des leçons de vie. et cette interprétation du petit prince qui serait un collectif planétaire. Personne ne l'avait jamais eu avant. Et par hasard, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry avait lu, et notamment Olivier Daguet, l'héritier, puisque sa grand-mère est la sœur de Saint-Ex, et qu'il n'avait pas eu d'enfant Saint-Ex, quand il a lu « Siècle bleu » , parce qu'il était déjà question un peu du petit prince dans « Siècle bleu » , il avait demandé à me rencontrer et il ne savait pas que j'écrivais « Révolution bleue » . Et ils ne savaient pas non plus que j'écrivais un livre qui s'appelait La Petite Princesse. Et moi, en écrivant La Petite Princesse, qui était le premier tome, je voulais juste mettre dans ce livre une petite fille, parce que je me disais, justement, siècle bleu qui était un peu masculin, avec des éco-activistes, tout ça. Bon, je me disais, il faut rajouter du féminin là-dedans. Et puis, le héros qui était très, on va dire, masculin, en fait, d'une certaine manière, s'adoucit parce que... ils adoptent une petite fille à la fin de siècle bleu qui s'appelle Janie. Et cette petite fille, elle a des grands rêves. Et elle a un cœur immense, elle a beaucoup souffert quand elle est petite. Et en fait, on se rend compte que c'est elle la clé de l'évolution de l'humanité. Et que cette petite fille, Paul Garner, lui a donné un certain nombre de secrets. Elle a 8 ans au début, donc elle ne sait pas ce que ces secrets veulent dire. Et puis Abel se rend compte que ces secrets sont absolument fondamentaux. Et que Paul Garner a semé un certain nombre de petits cailloux blancs. pour nous faire cheminer vers le secret, les clés d'activation d'Homo Biosiris. Et en fait, moi je l'avais appelé la petite princesse parce que c'était en hommage au petit prince. Et en finissant d'écrire ce bouquin, donc il y a deux ans ou trois ans, avant qu'il soit publié, il publie pour la première fois à Gallimard la correspondance entre Saint-Ex et sa femme Consuelo, qui n'avait jamais été publiée pour des questions de droit entre les deux familles. Et dans cette correspondance, il y a une lettre dans laquelle Consuelo se plaint auprès de Saint-Ex. que le petit prince ne lui a pas été dédié. Elle pensait être la rose. Et lui, il était parti à la guerre. Il l'a dédié à son ami Léon Wörth, qui était juif et dans les camps de concentration. Et donc, pour ne pas avoir de problème avec sa femme, il lui dit, écoute, j'écrirai une suite du petit prince et je te la dédierai. Et dans une lettre qui date de six mois avant la mort de Saint-Ex, elle lui dit, OK, tu écriras une suite, tu me la dédieras. Et tu l'appelleras La Petite Princesse.

  • Speaker #1

    Alors que moi,

  • Speaker #0

    j'avais écrit déjà La Petite Princesse. Et là, je me suis dit, il y a quelque chose de complètement magique là-dedans. Et quand j'ai rencontré les héritiers, ils ne savaient pas du tout que j'avais écrit La Petite Princesse. Le livre n'était même pas envoyé à des éditeurs. Et quand Olivier Daguet a vu ça...

  • Speaker #1

    Ça a été quoi, sa réaction ?

  • Speaker #0

    Non, mais il était stupéfait. Parce que quand il a vu le titre, il m'a dit, mais tu es au courant pour la lettre ? Personne ne connaît cette lettre. et c'est la première phase du livre bon ok je sais pas Maintenant, je viens de comprendre pourquoi il fallait qu'on se rencontre, mais je ne sais pas qui a organisé cette rencontre. Donc, il y a eu quelque chose de magique entre nous, un peu comme... Et dans le livre, moi, j'avais changé du coup le scénario pour que la petite fille recherche ce manuscrit, parce que Saint-Ex l'a promis à sa femme, donc ça veut dire qu'il y a réfléchi. Donc, dans le monde des idées, il y a des traces de ces réflexions quelque part, mais peut-être même des écrits. D'ailleurs, je suis toujours en train de chercher ce manuscrit. Aujourd'hui, personne n'en a trouvé la trace, ni des notes. Mais en tout cas, je suis sûr que Saint-Ex y a réfléchi. puisqu'il y fait référence même dans d'autres lettres. Et donc la petite fille cherche ce manuscrit, qu'elle trouve d'ailleurs à la fin de La Clé des Songes, donc dans le tome 2, etc., et qui contient les secrets d'activation d'Homo Bioscii. C'est-à-dire comment on fait naître cette humanité. Et c'est ça le caractère irrésistible. Aujourd'hui, on nous fait rêver sur un monde avec des énergies renouvelables, etc. C'est super, mais c'est quoi la créature ? C'est quoi l'humain du futur qui nous fait rêver, qui nous donnerait envie ? C'est quoi une humanité qui nous donnerait capable du meilleur ? Et en fait, dans la plupart des fictions futuristes, en fait, les gens dépeintent un monde technique, un monde d'organisation économique, mais on ne voit pas la créature et les valeurs humaines. Et moi, c'est ça qui m'intéressait. Et ça, c'est un thème qui est complètement exupérien parce que lui, c'était la seule quête de sa vie. C'était comment élever l'humanité. C'est-à-dire, il voyait bien qu'il y a une espèce de force de pesanteur qui, au niveau individuel et collectif, nous font faire un peu ce que les autres font et qui nous emmène plutôt vers le bas de la colline. Mais pourtant, de tout temps, il y a toujours eu des gens, à toutes les époques, des hommes et des femmes, qui nous ont élevés. Et c'est grâce à eux que l'histoire de l'humanité n'est pas une chute, mais une élévation, mais un peu sinusoïdale, avec des hauts et des bas, etc. Alors, est-ce qu'on est dans un haut et dans un bas ? Au moment où on parle, il y a des atrocités qui se font dans le monde, mais il y a des gens qui font des choses extraordinaires et qui ne lâchent pas. Et en fait, la Révolution bleue, c'est une ode à tout. tous ceux qui se bougent pour la transition, et c'est l'histoire de l'union sacrée de toutes les forces de transition, entre les citoyens, les entreprises, les chercheurs, les politiques, les activistes, etc. Et aujourd'hui, tout ça, ça se tire un peu dans les pattes. Qu'est-ce qui se passerait si on faisait une union sacrée ? Et qu'est-ce qui se passerait si on décidait que cette union sacrée n'était pas une opposition au reste de la société ? Parce que très souvent, on tombe dans une espèce d'allégorie du bien contre le mal, et en fait, ce truc-là a toujours été délétère parce que... Les gens, si vous dites par exemple que là, on est à la défense dans vos bureaux, telle entreprise qui a une tour à la défense et une entreprise à laquelle on ne peut pas parler, en fait, ça crée un syndrome de réaction qui fait qu'ils vont être opposés à ce truc-là. Et si on dit, écoutez, cette entreprise, on est prêt à la prendre là où elle est et de l'accompagner dans sa transition au moment où elle est et d'accepter. Et moi, je dis souvent aux gens, tu sais, la plupart des écolos, il y avait un moment où ils ne l'étaient pas. donc acceptons que d'autres soient au point zéro du changement et ayons cette politique de la main tendue, du non-jugement. Et si à chaque fois que les gens font ça, on leur rappelle toutes les erreurs qu'ils ont fait dans le passé, de mettre le pardon aussi dans cette transition et d'accepter que les gens soient au début. Donc c'est vraiment une... La révolution bleue, c'est de mettre toutes ces innovations ensemble, d'avoir un concept fédérant pour l'humanité et inspirant. et nous inspirer par rapport à ça, qui rend la chose irrésistible et une posture qui soit incluante et qui a pour objectif d'embarquer les 8 milliards 250 millions d'humains.

  • Speaker #1

    Et si on parle maintenant un petit peu plus de homo biospheris, moi j'avais une question pour toi. Est-ce que tu as fait basculer un peu des grands paradigmes de notre monde actuel ? Par exemple, nous chez Steam, parfois, on aime bien réfléchir à... Si jamais on n'avait pas découvert le pétrole, et qu'on avait toutes nos énergies 100% renouvelables, on aurait un paradigme qui est la flexibilité de l'apport en énergie. Et du coup, on se serait probablement organisé autour de cette flexibilité-là. C'est un exemple. Est-ce que toi, dans tes écrits, tu as fait basculer des grands paradigmes qui sont vraiment de fait aujourd'hui qu'on ne challenge même pas, mais quand on se pose et qu'on imagine le monde de demain, on aurait envie de venir les titiller et il y a quelque chose d'autre qui peut être conçu derrière ?

  • Speaker #0

    Alors. Oui, mais dans le roman, il est en essence. Mais il y a un certain nombre de paradigmes qui tombent. Et moi, ce que j'aime bien, c'est toujours de voir comment le micro influence le macro. En physique, il y a tout un domaine qui s'appelle la physique statistique qui étudie comment les micro comportements changent les structures macro. Et moi, le truc qui m'intéresse, c'est l'économie. En parallèle, moi, de mes études d'ingénieur, j'avais fait un master à la Sorbonne sur les modèles mathématiques en économie. et... j'ai toujours été sidéré par voir le premier principe de la microéconomie qui est de dire les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité individuelle. Et bien, si tu prends ça comme axiome, c'est-à-dire qu'il ne part pas d'humains reliés et qu'il y a un optimum global là-dessus, évidemment tu aboutis à un système capitaliste qui détruit tout et qui a pour but de faire hisser chacun. Dans Homo Biospheris, en fait, chaque humain est une cellule d'un grand corps qui est Homo Biospheris. Et donc, l'autre c'est toi mais avec une autre vie. Donc il y a un rapport à l'altérité qui est complètement différent et moi ce qui m'intéresse par exemple c'est de refonder tous les principes de la microéconomie et dans deux semaines, non dans un mois je fais une conférence avec Timothée Parry à Biarritz qu'on va annoncer aujourd'hui Je l'ai reçu sur ce podcast aussi Donc lui il travaille en ce moment sur les imaginaires de l'économie à travers la science-fiction il ne connaissait pas justement mes travaux Et pour la première fois, je vais faire une présentation de c'est quoi le monde économique d'Homo Bioseris. Et c'est quelque chose auquel j'ai parlé aussi à Cédric Villani, en lui disant mathématiquement, on devrait pouvoir changer en fait ce premier principe de la microéconomie et intégrer ces équations pour arriver à une autre forme d'économie. Par exemple, il y a beaucoup de gens qui se disent comment changer la structure du capitalisme. En fait, si tu n'as pas changé les rapports de l'un à l'autre, etc. et refonder la base et donc c'est plutôt de... Un peu comme dans une nuée d'oiseaux, de changer les règles d'interaction entre les individus pour avérer quelque chose. Et ces règles d'interaction, il y a déjà beaucoup de gens dans beaucoup d'endroits qui appliquent ça. C'est-à-dire, quand j'ai deux choix, est-ce que je le fais dans l'intérêt de mon village ou de ma tribu ou dans mon intérêt personnel ? Et tu as des tas de gens qui mettent le collectif avant l'individu et qui, du coup, sont dans des principes qui ne sont pas du tout... le principe de la microéconomie tel qu'il est décrit dans un certain nombre de choses. Et puis, oui, il y a d'autres choses, par exemple dans l'agriculture, dans l'alimentation, parce que c'est quand même aujourd'hui un des domaines les plus polluants, des choses qui sont complètement différentes, dans la santé aussi. Donc tout ça est réinventé dans le monde d'Homo Bioseris. Et effectivement, il y a une partie du monde qui bascule là-dedans et qui n'ont pas du tout le même rapport. Et en ce qui concerne l'énergie, évidemment, si on allait vers des énergies renouvelables, aujourd'hui, on se pose la question de se dire, oh là là, le cycle des jours, de jour-nuit plus le cycle des vents fait que ça ne suit pas la cadence industrielle. Parce qu'avant, on avait des moyens qui étaient pilotables et on pourrait vivre en fonction de ça, en disant demain, ça va être une journée sombre, on va un petit peu moins travailler. On pourrait avoir ce type de choses-là. Mais ça, bon, cet aspect-là, moi, je l'ai développé dans d'autres choses, mais ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse, enfin, en particulier dans le roman. Mais évidemment qu'il faudrait aller vers ce type de choses-là. Mais avec les batteries, aujourd'hui, on peut avoir un décalage dans le temps, donc on n'est pas obligé d'avoir cette flexibilité. Bien sûr,

  • Speaker #1

    c'était plutôt un exercice de réflexion.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, parce que moi, je travaille toujours énormément dans le monde, je prends ma casquette professionnelle, dans le monde de l'énergie. l'essor des batteries. n'avait pas été anticipée, la baisse du coût des batteries non plus. Vous avez tout un tas de gens qui vous disent il y a cinq ans, c'est impossible, etc. Aujourd'hui, c'est phénoménal. Après, ça pose une question de métaux absolument fondamentale. Mais là aussi, il y a des innovations qui arrivent tous les jours et le monde renouvelable pourrait évoluer vers quelque chose qui n'a pas été aussi flexible que d'avoir une société qui évolue en fonction du vent et des cycles de la nature. Même si je trouve que c'est intéressant d'avoir cette... cette idée-là de se dire, tiens, aujourd'hui, il fait sombre, on va rester un peu plus tranquille chez nous. Oui, c'est une autre conception de la société.

  • Speaker #1

    Et aussi, je me demandais, du coup, dans Homo Biospheris, quelle est la place de l'entreprise ? Pareil, est-ce que tu as des paradigmes forts que tu as fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Oui, alors justement, l'idée, c'est de dire que cette humanité unie, alors elle n'est pas posée sur la Terre, mais c'est la... Là aussi, c'est quelque chose qui n'avait pas été proposé, c'est que l'humanité puisse devenir un organe de la biosphère. Quand on regarde la biosphère, qui est cet ensemble des êtres vivants, et qui pourrait être un grand être vivant qui englobe tous les êtres vivants et qui vivent sur la Terre, selon l'hypothèse Gaïa de Lovelock, en fait, quand on regarde Gaïa depuis des milliards d'années, elle s'est structurée, un peu comme un embryon se structure avec des organes qui se structurent au départ. Donc au départ, dans un embryon, c'est le cœur qui se forme d'abord, après il y a des éléments du cerveau, etc. Et puis, petit à petit, tous les organes qui se forment. Et on se rend compte qu'au début, la biosphère, il y avait juste quelques petites bactéries. Puis après, il y a eu un premier grand cycle qui était entre les créatures qui respirent et les créatures qui font de la photosynthèse. Donc ça, c'est le premier cycle de l'oxygène et du CO2. Et puis, il y a d'autres cycles qui se sont créés et qui ont amené le cycle de tous les schnops. Le CHNOPS, vous avez des cycles du soufre, des cycles de l'hydrogène, des cycles du carbone qui existent. qui sont des cycles bio-géochimiques et qui sont incroyables, parce qu'en fait, ils permettent à ces éléments, qui ne sont pas nécessairement les plus abondants à la surface de la Terre, d'être présents partout, le cycle de l'eau étant le plus fou de tous. Et on dirait qu'il y a un grand architecte derrière ça. Alors, il y en a qui vous disent, non, mais ça a un peu de chance qu'il y ait de l'eau un peu partout. Quand vous regardez les cartes des bassins versants du monde, on se dit, on dirait les veines d'une créature. Et il y a quelque chose de cet ordre-là. Et nous, on est en train de découvrir un peu comme des cellules qui se diraient, et-mail. On n'appartenait pas à Marianne Arth là aujourd'hui. Et en fait, je pense qu'on est dans cette quête de réalisation qu'on vit à l'intérieur d'une baleine, comme dans Pinocchio, qui serait cette terre. Et Révolution Bleue, c'est aussi cette quête. C'est-à-dire, l'humanité s'unit, mais réalise qu'elle fait partie d'un grand tout qui est la biosphère. Et dans cette biosphère, en fait, on se rend compte que les forêts, les baleines, les fourmis, l'humus, tout ça ont des rôles locaux, mais des rôles globaux, comme si ensemble, Il formait un organe qui a des rôles de filtration et qui rajoute de la résilience. Et la proposition du bouquin, qui est assez radicale pour le coup, mais radicale pas au sens radical parce qu'elle touche à la racine, c'est que l'humanité, sans le savoir, est en train de s'unir et en train de devenir un organe de la biosphère. Et je m'appuie sur des traités en biologie où ils montrent que certains organes, et c'est très récent cette découverte, quand ils se forment, enfin un nouvel organe quand il se forme, ça peut ressembler parfois à un cancer. Et donc, aujourd'hui, cette espèce de métastasisation de l'économie qu'on voit avec l'humanité pourrait être le signe, si on le décide, de l'atterrissage vers un organe. Et il faudrait qu'on édicte quelles sont les fonctions de cette homo biocéris vis-à-vis de ce grand tout. Et par exemple, si on prend le foie, ça a une quinzaine de fonctions pour le corps, des fonctions de filtration, des fonctions de synthèse de vitamines. Donc, ce seraient quoi les grandes fonctions ? de l'humanité vis-à-vis du vivant ? Et ça, par exemple, c'est une question qui n'a jamais été répondue. Enfin, en tout cas, moi, je ne l'ai jamais vue. Et dans La clé des songes, moi, je propose dix grandes fonctions que l'humanité pourrait avoir avec la biosphère. Alors, dans le livre, ils font un débat planétaire avec lequel il faut intervenir des enfants, des peuples autochtones, etc. Et j'ai essayé de trouver, puis j'ai discuté avec beaucoup de philosophes, beaucoup de biologistes aussi, pour savoir quelles pourraient être les fonctions de l'humanité vis-à-vis de la biosphère. Et je vais répondre du coup à ta question des entreprises. Aujourd'hui, les entreprises, elles évoluent dans un cadre qui n'est pas défini. C'est-à-dire, en gros, je crée une entreprise, je vais faire quoi ? Des trottinettes, des armes, des drones, je ne sais pas quoi. Et l'humanité n'a pas dit quelle est sa fonction vis-à-vis de la biosphère. Donc, évidemment, aucune de ces missions d'entreprise ne sont alignées avec la biosphère. Alors bon, aujourd'hui, on vous rajoute des entreprises à mission. Oui, j'allais te dire, la loi Pacte a fait un peu les choses. La loi Pacte, etc. Mais bon, parfois, c'est bien, mais... part d'entreprise dont les fonctions au départ étaient de répondre à des besoins humains qui n'étaient pas toujours des vrais besoins. Et là, en fait, dans le fait que justement dans la clé des songes, ils aient débattu d'un point de vue planétaire de quelles sont les missions de l'humanité, les gens réalisent qu'il y a ces grandes missions qui les appellent. Et on voit les missions des entreprises s'orienter par rapport à ces dix grands principes. Et donc, ça accélère la transition des entreprises là-dessus. Et on voit l'économie. parce que moi, je regarde toujours les choses larges. Qu'est-ce que c'est l'économie ? C'est l'ensemble des réactions chimiques qui permettent à l'humanité de vivre. Et donc, c'est le métabolisme de l'humanité. Le métabolisme, c'est l'ensemble des réactions chimiques là-dessus. Et donc, on peut voir ça comme tout un tas de petits machins. Vous savez, vous avez des trucs où on vous montre les cellules. Qu'est-ce qu'elles font les unes les autres ? Nous, c'est la même chose. Il y a des interactions. Et aujourd'hui, ce métabolisme, il détruit le corps auquel on appartient. Et il détruit même l'humanité. Et la question, c'est une reconfiguration du métabolisme de l'humanité. Donc, c'est de reformuler la transition écologique et économique comme étant une transformation du métabolisme vers cet homo biospheris qui est intégré et qui a rempli ses missions. Et en fait, le fait qu'on ait verbalisé ses missions, ça accélère les entreprises et les entreprises sont comme des organites. au sein d'organes, parce qu'un organe, c'est fait de sous-ensembles qu'on appelle des organites. Et vous pouvez même dire, par exemple, qu'une entreprise comme Amazon, qui est considérée comme le Satan de l'économie d'aujourd'hui, pourrait être les prémices d'un réseau de distribution logistique ultra-optimisé d'une créature. À partir du moment où il devient, on va dire, sociabilisé et met au service d'un grand projet, il peut permettre de fluidifier un certain nombre d'échanges. À partir du moment où il y a une grande mission, il y a tout un tas de trucs qui étaient... fait à mauvais dessein et qui viennent servir cette chose-là. Donc voilà, et donc les entreprises ont un rôle majeur, mais ce n'est pas juste comme on le voit aujourd'hui, c'est de nous inscrire dans un projet qui est beaucoup plus grand et beaucoup plus inspirant et qui est... Moi, en fait, ça c'est une déformation professionnelle. Dès que je rentrais dans une entreprise, je ne pouvais pas ne pas m'occuper de la stratégie de l'entreprise. Pour Next, au bout d'un an ou deux, j'étais directeur de la stratégie de cette boîte. Parce que pour moi, dans l'écologie, si je ne remonte pas au niveau maximum qui est l'humanité et la biosphère, je me dis, mais si on ne traite pas des choses à ce niveau-là, on ne pourra pas les traiter au niveau en dessous. Et d'ailleurs, on parlait de Grotendieck au début. Ça me vient de Grotendieck, ce truc-là. c'est-à-dire que Grottendieck Il avait une particularité unique dans les mathématiques, c'est-à-dire que quand on lui proposait un problème, il ne cherchait pas à le résoudre, il cherchait à le reformuler pour le généraliser. C'est-à-dire que ce problème, en fait, n'est que l'instantiation d'un problème plus général, qui est lui-même l'instantiation d'un problème plus général, plus général, plus général. Donc, il généralisait les choses, il arrivait dans un espace hyper abstrait, et dans cet espace hyper abstrait, il faisait deux coups de clac-clac, et il résolvait non pas un théorème, mais des millions en même temps. Il y a des gens qui vous disent, il y a deux catégories de mathématiciens, il y a Grotendieck et les autres. Et les autres, c'est je mets toute la force de mon intelligence pour résoudre un problème. Et Grotendieck, c'est je cherche le cadre le plus adapté pour résoudre le problème qui fait que je n'ai plus aucun effort pour résoudre le problème. Et ça, c'est l'élégance la plus totale. Et moi, je m'étais dit, en fait, Grotendieck était probablement... En France, le premier écologiste radical dans les années 60, il avait monté une revue qui s'appelait « Survivre et vivre » . Donc cette question de l'écologie le tracassait. Et dans le livre, parce que Grant Hontick, il a disparu, je ne sais plus si c'est 91 ou 93, mais en tout cas, quand j'ai démarré mes études d'ingénieur, il avait déjà quitté une partie du monde académique. Mais là, il a quitté le monde des humains pour se mettre dans l'Ariège, dans les Pyrénées, dans un village inconnu. Très peu de gens, même ses enfants, ne savaient pas forcément où il était. Il est resté 25 ans là-dedans. Donc moi, je me pose la question de qu'est-ce qu'il a fait pendant ces 25 ans et qu'il aurait pu aider justement à reconcevoir l'économie en utilisant cette théorie qu'on appelle la théorie du vissage-dévissage, c'est-à-dire je dévisse et je revisse. pour prendre du recul et de la hauteur. Et pour moi, en fait, le concept d'homo biocéris, il est de cet ordre-là. Et voilà, c'est vraiment en m'inspirant de Grotendieck que j'ai essayé de le formuler.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Écoute, si nos auditeurs veulent creuser un peu plus sur Grotendieck et pour aller découvrir du coup la théorie visage-dévisage...

  • Speaker #0

    Celle-là, il faut quand même la trouver. Parce qu'en fait, il y a beaucoup d'écrits de Grotendieck et notamment des écrits de... on va dire littéraire, puisque Gallimard a réédité il n'y a pas longtemps « Récolter ce maï » et le livre dont je m'inspirais moi, qui s'appelle « La clé des songes » , qui était inédit. Quand j'ai commencé l'écriture, il a été publié l'année dernière aux éditions du Cendre, mais c'est des livres qui sont très, très cryptiques. Donc derrière, pour aller chercher les pépites, il faut lire mille et quelques pages. Mais c'est quelqu'un qui est hors normes et la plupart des mathématiciens... le considère comme le plus grand génie mathématique du XXe siècle. Mais au-delà de ça, c'est un génie total. Et c'est un humain très particulier. Ça a à voir avec son chemin de vie, qui est un chemin de souffrance, puisque lui, son père est mort à Auschwitz, il a été caché dans différentes familles françaises. Ce n'est pas quelqu'un qui a pu suivre des études normales. En fait, c'était un intuitif. C'est-à-dire, lui, il a fait la fac de maths à Montpellier, mais il avait des espèces de pulsions pour réinventer le monde. Il a toujours tout réinventé de son côté. Donc, il a une force de productivité énorme et aucun fil de créativité. Et en termes de créativité, pour moi, c'est le... Moi, j'utilise beaucoup dans mes ateliers de créativité avec des entreprises parce qu'il avait des conseils sur la créativité qui ne sont pas du tout ce qu'on vous donne à l'école. Par exemple, le premier conseil que Groton Tic donne, qui n'est pas le premier, mais qui est un des conseils qui est dans le... Dans Récolter Sommeil, qui n'est d'ailleurs pas un conseil, c'est la manière dont lui vit les choses, il dit, parce que les gens idéalisent que c'est le chercheur, quelqu'un qui a une grosse puissance intellectuelle pour résoudre un problème, lui dit que la capacité de celui qui découvre, ce n'est pas sa puissance intellectuelle, c'est sa capacité d'écoute à l'égard de ce que l'univers murmure. C'est-à-dire que lui, face à un problème, il ne réfléchit pas, il écoute. Il voit ce qui vient. Et il dit, il faut être comme un enfant, et donc ça rejoint le petit prince, ne pas avoir peur de formuler des choses où vous avez l'air idiot. Et donc, il dit que la plus grande capacité du découvreur ou du chercheur, c'est cette écoute des murmures de l'univers. Et moi, ça m'a toujours inspiré, cette chose-là, parce que déjà, ça... vous enlève le poids de vous dire en fait les idées ne viennent pas de moi, elles sont de l'extérieur. Ça, c'est l'inverse de ce qu'on vous apprend à l'école. On vous apprend à utiliser tout ce que vous avez dans votre tête, alors qu'en fait, tout est à l'extérieur. Et lui, il arrivait à résoudre des problèmes énormes juste en les écoutant. Et les gens se disaient mais comment il a pu faire ça ? Il a dit, ben non, j'écoute, ça vient, je le fais.

  • Speaker #1

    Il y a un rapport à l'intuition, à l'écoute qui est un petit peu supérieur. Oui, mais l'intuition,

  • Speaker #0

    souvent, ça part de soi, ça part de l'extérieur. C'est un espèce de renversement et ça va vers... Je dirais vers quelque chose de beaucoup plus grand. Et en fait, derrière la Révolution Bleue, que ce soit la Petite Princesse ou la Révolution Bleue, comme je vous le disais, c'est le récit de la transition et tous les gens qui sont dans la transition s'y retrouvent. Mais derrière, c'est la naissance de l'humanité. C'est la naissance de l'humanité comme un organe de la biosphère. Et la biosphère n'est qu'une cellule d'un grand tout qui est l'univers. Et Grotentic s'est beaucoup intéressé à la nature de l'intuition et lui, une grosse partie de son intuition venait des rêves. C'est pour ça qu'il a écrit La clé des songes. C'est pour ça que moi, j'ai écrit La clé des songes, parce que moi, j'ai énormément d'intuitions qui viennent aussi des rêves. Et la question qui se posait, c'est qui murmure dans les rêves ? Et moi, qui était la question que je me posais aussi. Et en fait, on se rend compte que derrière les rêves ou derrière l'intuition, il y a quelque chose de l'ordre d'une, presque une conscience universelle dans laquelle on pourrait aller puiser des idées, mais où toutes les idées seraient déjà. Et lui, il avait l'impression que la nuit, il allait dans des endroits où il avait la réponse à toutes les questions. Les réponses lui étaient données de manière symbolique, donc il faut savoir décrypter les rêves, mais qu'à partir de ça, il avait réponse à toutes ces questions. Il disait, cette chose, cette entité qui murmure dans les rêves, elle sait beaucoup plus de choses que je le sais, et il n'y a qu'un seul mot pour la décrire, c'est Dieu. Et là, quand moi j'ai vu ça dans la clé des songes, je me suis dit, oula, là ça part loin. Et en fait, il donne une dessinition de Dieu qui n'est pas un grand barbu dans le ciel, mais qui est en fait une espèce de réservoir dans lequel il y a tout ce qui a été manifesté et non manifesté. C'est un peu des sortes d'anal akashiques et dans lequel on peut aller puiser. Et bon, là, c'est complètement extraordinaire. Et moi, j'ai mis tout ça dans le bouquin, la clé des songes, parce que moi, je suis intimement persuadé qu'il y a ça. Il y a quelque chose qui nous guide, une sorte d'intelligence de la biosphère ou de l'univers. dans lequel, par exemple, tout un tas de peuples autochtones sont reliés. Et nous, on s'est complètement coupé de ça. Et en fait, je parlais, le biomimétisme, pour moi, c'est le niveau zéro de l'inspiration par cette grande conscience universelle de la nature. Mais une fois qu'on a une vision fine, et ça nécessite, comme il le faisait, de faire de la méditation, c'est-à-dire de taire l'espèce de machin qui vous parle à votre moi, blablabla, vous le faites taire, vous écoutez profondément l'univers, et là, il y a toutes les réponses. Donc, la Révolution bleue, ça va jusque-là.

  • Speaker #1

    Ok, super teaser pour la Révolution Bleue et l'accès des songes.

  • Speaker #0

    Vous pouvez trouver plein d'informations sur revolutionbleu.fr. Donc ça, c'est le site de la Révolution Bleue sur le bouquin. Et puis, vous pouvez le trouver partout. Comme je disais, pour moi, ce n'est pas la même énergie que CycleGor. CycleGor, c'est très actuel et c'est très utile pour décrypter un petit peu les lignes de force actuelles. Mais ça ne propose pas un modèle du monde. Non, non, bien sûr. Ça l'esquisse. Et donc, pour moi, le travail sur Révolution Bleue, il est beaucoup plus profond. En tout cas, c'est le truc le plus compliqué que j'ai jamais fait de ma vie. L'écrire, c'est complexe, mais c'est de le penser qui a été le plus complexe. Et puis de bâtir les concepts. Parce que si vous faites une fiction, vous pouvez créer un récit inspirant, mais s'il ne crée pas un concept, ça ne crée pas un nouveau paradigme. Et c'est Aristote. qui avait inventé le concept de concept. Un concept, c'est quoi ? C'est ce qui permet à une idée de s'auto-déployer. C'est-à-dire, c'est une espèce de force en marche qui fait que dès que vous avez un concept, les gens y adhèrent. Et entre une histoire et un concept, c'est deux choses différentes. Donc là, le concept, c'est Homo Biosferis dans la Révolution bleue, qui n'était pas présent dans le siècle bleu, parce qu'à l'époque, moi, je n'avais pas découvert cette chose-là, ou en tout cas, je n'avais pas eu l'intuition de ce truc. Mais c'était en relisant le siècle bleu, en gestation dedans. Mais voilà, et parfois, il faut des années, 18 ans pour arriver à formuler quelque chose. Mais j'en suis qu'au début de tirer les fils de cette homo biocéris.

  • Speaker #1

    On a hâte aussi de voir la suite. On arrive bientôt, Jean-Pierre, à la fin de cet épisode. Peut-être pour conclure, c'est quoi tes projets du moment ? J'ai entendu un petit peu parler de One Home. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce projet ?

  • Speaker #0

    One Home, c'est une ONG qu'on a créée avec des amis qui... qui prend la suite d'un projet qui s'appelait Blue Turn, que j'avais créé avec un ami qui s'appelle Michael Bocara. Et One Home, on a créé ça avec un ami, Kim Winke, qui est designer et qui est aussi patron de la transformation digitale chez Ariane Espace. Et on a créé One Home avec l'idée de faire vivre aux gens l'overview effect. Et l'overview effect, c'est la transformation cognitive qu'ont eu les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Et beaucoup disent qu'ils sont tombés amoureux de la Terre. et Pour reproduire cet effet, on utilise des images uniques de la NASA qui viennent d'un satellite qui s'appelle Discover, qui est le seul satellite qui prend des photos de la Terre toute éclairée dix fois par jour. Et nous, on les a animées avec un algorithme pour faire les premières vidéos 4K de la Terre toute éclairée. Il n'y avait jamais eu ça avant ce projet-là. La Gaïa ne s'était jamais vue de tous les côtés. Et en fait, avec One Home, c'est la première fois qu'on monte la Terre toute éclairée. Donc c'est un outil d'émergence de conscience planétaire. Et nous, on a travaillé avec des artistes, avec des designers, des informaticiens, et puis des personnalités inspirantes pour créer des vidéos de 3 à 5 minutes. Et quand vous les regardez, vous tombez amoureux de la Terre. Donc on a fait des vidéos avec, par exemple, la chanteuse Yael Naïm, avec l'artiste Agoria. On en a fait une avec Jane Goodall. Là, on va sortir un épisode, enfin une vidéo avec Emma Aziza. et un musicien sénégalais qui s'appelle Yaya Minté. Et en fait, le but, c'est de rendre l'amour de la Terre irrésistible. Et donc, cette ONG, vous pouvez tout trouver sur onehome.org. Et sur onehome.org, il y a toutes ces vidéos, tout ça, c'est gratuit. Des tutos pour faire des projections dans vos entreprises, dans des écoles, en début de conférence, en début de conseil d'administration, pour ramener la Terre, parce qu'en fait, on ne voit pas la Terre. Je dirais, la Terre, si vous ne sortez pas dans l'espace, vous ne pouvez pas voir à quoi on appartient. Pendant longtemps, les humains ne savaient pas à quoi ressemblait la Terre. Et donc, on va dire One Home, c'est un peu le pinacle de toute cette aventure de l'élévation humaine et de l'émergence d'une conscience planétaire. Et là, on vient de lancer une toute nouvelle version du site dans lequel, à chaque fois que les gens montrent One Home, ils peuvent mettre un point sur une carte interactive. Et l'idée, c'est que chacun de ces événements est un événement d'amour pour la Terre. Et ce qu'on veut, c'est illuminer la Terre de l'amour de l'humanité. Et on s'est fixé un défi un peu fou là, c'est de montrer que One Home soit montré dans 100 pays avant la fin 2025 pour éclairer la Terre de tout l'amour de l'humanité. Et ça arrive à un moment un peu particulier parce que l'administration Trump a décidé d'arrêter ce satellite le 1er octobre. Donc à partir du 1er octobre, il chante cette conscience planétaire. Pour moi, c'est un trame. Ça fait 28 ans que je suis sur ce satellite. Donc c'est depuis 1997 que je réfléchis à ça et tout. Donc c'est très triste, mais on a 10 ans d'archives. Et avec ça, on peut faire toutes les vidéos qu'on veut. Mais pour moi, c'est un bouleversement et qui est très significatif, ce qui arrive là. Et donc... L'idée de One Home, c'est de faire basculer l'esprit de la Révolution Bleue dans la réalité. Et d'ailleurs, cet élan de montrer la Terre à travers le monde et de poser ces petites projections sur cette carte, on appelle ça la carte de la Révolution Bleue. Et donc, on a mergé l'intention de One Home avec celle de la Révolution Bleue. Et à terme, j'espère que One Home pourra être la base d'un certain nombre d'expériences qui catalyseront l'émergence d'homo biocéris. Donc voilà l'intention. Allez sur onehome.org, vous trouvez des tutos pour organiser vos projections. Il y a une newsletter aussi, vous pouvez vous abonner. Il y a une newsletter sur revolutionbleu.fr pour suivre les évolutions de cette aventure. Ça c'est mon projet du moment. A partir de janvier, je vais écrire aussi le tome 3 de la Révolution Bleue. Mais là, jusqu'à fin décembre, c'est vraiment de... d'essayer de réaliser ce rêve de One Home et de la révolution.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça très chouette d'avoir ce concept dont on parlait tout à l'heure, du livre qui est en train de sortir et de devenir réel. Bravo Jean-Pierre, en tout cas.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et un grand merci d'être venu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi et je suis ravi. J'espère que les auditeurs et auditrices auront passé un bon moment.

  • Speaker #1

    Super. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser une note 5 étoiles et à partager l'épisode autour de vous. Si vous avez des questions, des idées, des suggestions, n'hésitez pas à nous contacter directement sur LinkedIn. Merci et à très vite !

Description

Bonjour à tous,


C'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes !!

Aujourd’hui j’accueille Jean-Pierre Goux.. Mathématicien, Fondateur de Biosphere Economics et OneHome et, Ecrivain.


J’étais très contente d’avoir Jean-Pierre au micro pour 1 raison : il a passé des centaines d’heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose "comment réaliser collectivement la transition ?".

Alors, comment ?
Et bien ça ne tient pas en 2 phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l’épisode.


Dans ses 2 premiers livres, Siècle bleue, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l’échelle planétaire, entre les grandes puissances et qui résonne avec notre monde d’aujourd’hui.


Dans les 2 suivants, c’est l’humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être.


Et si, le Petit Prince m’a quelque peu inspiré pour construire le podcast à ses débuts, pour Jean-Pierre vous allez le voir, les écrits d’Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante.


Une conversation qui j’espère vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue !


C’est parti


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, c'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes. Aujourd'hui j'accueille Jean-Pierre Gou, mathématicien, fondateur de Biosphère Economics et One Home, et écrivain. J'étais très contente d'avoir Jean-Pierre au micro pour une raison. Il a passé des centaines d'heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose, comment réaliser collectivement la transition ? Alors comment ? Eh bien, ça ne tient pas en deux phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l'épisode. Dans ces deux premiers livres, Siècle Bleu, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l'échelle planétaire. entre les grandes puissances et qui résonne particulièrement avec notre monde d'aujourd'hui. Dans les deux suivants, c'est l'humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être. Et si le petit prince m'a quelque peu inspirée pour construire ce podcast, pour Jean-Pierre, vous allez voir, les écrits d'Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante. Voici une conversation qui, j'espère, vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue. C'est parti ! Bonjour Jean-Pierre !

  • Speaker #1

    Bonjour Marie !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec moi ce matin.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravi aussi.

  • Speaker #0

    En plus, moi, je n'avais pas fait de podcast depuis plusieurs mois. Donc, tu es un peu l'invité que j'accueille pour rouvrir cette nouvelle saison. Je suis hyper contente. On va parler en plus de futur désirable pour changer, n'est-ce pas ? Et je suis assez contente parce que parmi tous les invités que j'ai eus, toi, tu as quand même passé énormément d'heures à te poser les questions de qu'est-ce que ça veut dire ? Alors, mes autres invités l'ont fait, je ne dis pas le contraire. Mais toi, tu en as écrit plusieurs livres, notamment. Et ce n'est pas les seuls travaux que tu as, on aura le temps d'en parler. Donc voilà, je suis hyper contente qu'ensemble, on prenne un peu le temps de décrypter qu'est-ce que ça veut dire une transition que tu as écrite, comment elle s'incarne et c'est quoi un petit peu le modèle qu'on va avoir à la fin.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Beau programme ! Mais avant ça, notamment pour ceux qui ne te connaissent pas, je vais te laisser te présenter.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis Jean-Pierre Gou, au départ, moi j'ai une formation d'ingénieur, je me suis spécialisé en mathématiques et j'avais toujours le rêve d'utiliser les maths. pour accélérer la transition écologique. Donc moi, j'ai fait des maths dans un domaine en particulier, de la recherche en optimisation. Départ en France, puis après aux États-Unis, à Chicago, à Northwestern University, puis après pour le ministère de l'Énergie américain. Et avec toujours l'idée de résoudre des grands problèmes d'optimisation, des problèmes d'aide à la décision, pour aider les entreprises ou pour aider des systèmes à fonctionner de manière plus optimale.

  • Speaker #0

    Attends, c'est quoi un problème d'optimisation ?

  • Speaker #1

    Les problèmes d'optimisation, c'est que tu as une fonction avec... des paramètres, mettons des milliers ou des millions de paramètres, des contraintes, c'est-à-dire que ces paramètres peuvent évoluer dans un espace, et c'est de voir dans cet espace quel est le minima ou le maxima de cette fonction. Donc typiquement, tu peux choisir quelles sont les décisions que peut avoir une boîte comme EDF ou Gaz de France, enfin Engie, pour optimiser leur production, tout en respectant des contraintes opérationnelles, en satisfaisant la demande. en ayant des contraintes, par exemple, sur le niveau de CO2 qu'ils doivent émettre. Et donc, ça, ça te fait un planning optimal. En fait, quand tu as des fonctions extrêmement complexes, avec des fonctions de coût complexes et des contraintes complexes, il faut utiliser des algorithmes linéaires, non linéaires, avec des variables combinatoires. Donc, voilà, c'est un champ entier de mathématiques d'aide à la décision et qui peut s'appliquer à tout type de problème de décision. Et moi, j'étais vraiment dans la meilleure équipe mondiale là-bas, à Chicago. et puis après ça... J'ai aidé justement mon ancien boss d'EDF à créer une startup en optimisation qui s'appelle Artelis et qui faisait ce qu'on faisait pour EDF, mais pour tout type d'entreprise du CAC 40. Je suis resté jusqu'en 2004. À l'époque, on était 12 mathématiciens. Et puis là, depuis quelques temps, je retravaille avec eux. Il y a 150 mathématiciens. C'est une boîte qui est à Paris, dans différentes villes. Et qui, sur tous les enjeux de la transition, met à 70% dans l'énergie. Et puis en 2004, moi je suis parti pour travailler dans le domaine vraiment de l'énergie parce qu'on avait décidé de libéraliser l'énergie. J'ai été pendant 15 ans chez Powernext qui gérait les marchés au départ de l'électricité, puis après marché du gaz. On a aussi fait des marchés du CO2, certificat d'économie d'énergie, garantie d'électricité verte. Et ça on l'a fait en France, puis après pour tous les pays européens. J'en ai été directeur général et fin 2019, je suis parti. de cette boîte pour me mettre à mon compte. Je crée un cabinet qui s'appelle Biosphere Economics pour essayer de concilier les enjeux de la biosphère avec l'économie. Donc moi, j'interviens dans un certain nombre d'entreprises, mais surtout, je voulais faire ça pour avoir du temps à côté, pour faire des recherches et écrire, parce que j'ai toujours écrit des romans à côté. On en parlera. Parce que pour moi, il faut évidemment de la technique, des idées pour la transition, mais il faut aussi des imaginaires. Aujourd'hui, on a des imaginaires qui ne sont pas assez forts par rapport à ceux qui sont en place. Et le fait qu'on vive un backlash en ce moment, c'est aussi parce que les imaginaires écologiques... sont pas assez désirables ou pas assez même, moi j'emploie un mot encore plus fort, qui est irrésistible. Irrésistible, c'est vraiment quelque chose que désirable, mais que tu ne peux pas... On ne peut pas irrésister, c'est la définition même. Tu peux dire, non mais là c'est trop beau, j'y vais vraiment. Et en tout cas, désirable, c'est déjà bien. Moi, j'étais aussi président de l'Institut des Futurs Souhaitables. Donc t'as souhaitable, désirable, mais bon, moi j'aime bien irrésistible. Et puis à côté, j'ai une ONG qui s'appelle One Home, qui justement travaille sur l'irrésistibilité par l'expérience. quoi donc J'aime bien jouer sur différents registres, mais le point commun de tout ça, c'est la transition écologique avec un focus sur les entreprises. Parce que le problème aujourd'hui, c'est vraiment la manière dont le système économique est organisé. Tu peux avoir tous les idéaux que tu veux si tu ne fais pas quelque chose où tu te poses la question comment les entreprises peuvent muter et vers quel modèle et avec quelle force elles peuvent... Quelles forces elles peuvent employer pour se transformer ? En fait, tu peux avoir tous les vœux pieux d'un futur désirable, mais tu y resteras si derrière, il n'y a pas une feuille de route pratique pour évoluer.

  • Speaker #0

    Ok, hyper clair. Du coup, je dirais plusieurs casquettes qui peuvent te caractériser. Conférencier, romancier, mathématicien, consultant peut-être aussi. On voit plein de casquettes.

  • Speaker #1

    En fait, il y a à la fois pour avoir un modèle économique personnel, mais c'est aussi des intérêts personnels. Le fait d'avoir un pied dans le monde des entreprises, que ce soit dans des conférences ou dans des accompagnements de conseils, pour moi, ça permet toujours de tester des idées parce qu'assez vite, tu peux devenir éthéré dans tes idées et proposer des choses qui sont inapplicables. Et parfois, quand tu vas les prononcer devant les gens, tu te dis OK, là, il manque des marches ou en tout cas, il manque des jalons à l'échelle pour que les gens puissent passer de là à là. Et j'essaye par les romans, justement, de combler ces jalons, c'est-à-dire que les romans, pour moi... On pourra en reparler, mais c'est vraiment des simulateurs d'idées. En philosophie, on appelle ça des expériences de pensée, pour se dire comment on pourrait faire pour que cette idée naisse. Et là, je suis vraiment dans du sociétal, donc c'est des simulations sociétales.

  • Speaker #0

    Juste avant de plonger sur le sujet du roman, j'avais une question pour toi, avec ton regard de mathématicien. Est-ce que tu vis une certaine forme de dissonance sur les objets techniques sur lesquels tu bosses ? Parce qu'en gros, parfois, on se rend compte que les objets techniques qui nous ont permis de nous développer en tant que société, il y en a certains qui sont aussi parfois à l'origine du problème. Donc, est-ce que toi, tu vis une forme de dissonance ? Je sais que ça peut arriver, notamment chez des jeunes ingénieurs sortis d'école. Il y a eu des matisseurs dans l'histoire, comme Grotendieck aussi, qui... ont été parfois très troublés par certaines avancées, notamment sur des sujets d'armes atomiques, etc. Comment ? Bon là, voilà, on part très loin. Mais est-ce que toi tu lis ça ?

  • Speaker #1

    C'est le mathématicien qui m'a le plus inspiré et qui est au cœur de mon dernier roman, La Clé des Songes. Puisque La Clé des Songes, c'est un livre qu'il a écrit. Et donc c'est en hommage à Grotentic que le livre s'appelle La Clé des Songes. Et effectivement, il a presque été un objecteur de conscience, Grotentic. C'est-à-dire qu'il a quitté le domaine des mathématiques. Il était à l'Institut des Hautes Études à Bure. qui est vraiment le plus haut lieu de la science française, en prétextant qu'il y avait 5 à 10% des fonds de cet institut qui provenait de la recherche de la défense. Et pour lui, les mathématiques étaient utilisées pour la défense. En fait, moi, j'en suis complètement conscient de ça. Moi, j'étais même dans une école d'ingénieurs qui était financée par la DGA, etc. J'ai travaillé au ministère de l'énergie américain, Argonne National Laboratory. C'est là où ils auraient dû faire les premiers tests de la bombe atomique. Mais comme il y a eu une grève, ils les ont fait à l'université de Chicago. Mais en fait, le monde est dual. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu poses la question de la technique, la technique, elle est à la fois le remède et le poison. Donc la question, si tu refuses cette chose-là, en fait, la question, c'est d'arriver à mettre ton temps et ton énergie pour faire de ces techniques un remède. Si tu prends un couteau de cuisine, tu peux faire les meilleurs plats au monde. Tu es ton conjoint. Ce n'est pas écrit le mode d'emploi dessus. Le refus de la technique, ce qu'avait fait d'ailleurs Grotendieck, c'est une possibilité. Mais à partir du moment où elle existe, moi ce qui m'intéresse, c'est d'en trouver les usages qui soient les plus bénéfiques. Et c'est ce que j'essaye de faire en maths quand je les utilise. Il y a des types de missions que je ne fais pas. C'est ne pas nourrir ça. Mais ça n'empêche pas des gens d'utiliser les mêmes types de mathématiques pour des fins qui soient moins glorieuses, voire même extrêmement néfastes. Et je fais la même chose, par exemple, dans One Home, cette ONG où on utilise énormément d'informatique, mais pour créer de la beauté et créer des objets de reliance entre êtres humains et de propagation d'amour, presque. Donc, tout est une question d'intention. Bon, je pense que là... Mais je pourrais refuser tout ça et n'utiliser plus rien de technique ou de mathématiques ou de scientifiques. Mais je trouve que ça fait partie de l'aventure humaine et c'est à nous d'inventer les inventions qui soient justement irrésistibles et qui permettent de nudger, le mot américain nudge c'est de pousser l'utilisation vers un certain sens. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui nudgent par exemple l'utilisation de l'intelligence artificielle pour oppresser. l'humain, mais on pourrait potentiellement l'aider pour l'utiliser aussi pour émanciper l'être humain. C'est aussi un des thèmes que je traite dans mon dernier roman, La clé des songes. Je me posais toujours la question de quelle pourrait être l'utilisation la plus irrésistible de l'IA.

  • Speaker #0

    Et t'as répondu quoi à cette question ?

  • Speaker #1

    Ah ben je peux pas dire, parce que c'est le gros spoil du bouquin. Mais ça fait trois ans que je fais des recherches là-dessus. On voit tout un tas d'utilisations de l'IA, mais qui sont un peu de l'IA washing ou green washing. qui étaient des choses qu'on savait déjà faire en maths. Les gens vous disent, oui, on peut repérer sur des cartes satellites, des nappes de pétrole qui ont été dégazées par des pétroliers. Ça, c'est du traitement d'image, on savait le faire il y a 20 ans. Donc, ce n'est pas propre à l'IA. Et puis, il y a des gens qui vous disent, oui, on peut optimiser telle et telle chose. Moi, c'est des trucs que je fais en maths depuis 25 ans. Donc, ça, ce n'est pas propre à l'IA. Et je me disais aujourd'hui, qu'est-ce qui pourrait vraiment être une utilisation extraordinaire et qui accélère ? l'évolution de l'humanité vers une autre direction. Et donc, il y a une proposition dans le roman. Et d'ailleurs, moi, j'ai beaucoup, évidemment, de gens qui sont des pro-écolos, en fait, dans mon lectorat. Mais pas que. Et c'est des livres, justement, qui ne sont pas clivants. Le but, c'est d'embarquer le plus grand nombre possible. Et même ces gens-là, ils ont trouvé que cette utilisation de l'IA était vraiment révolutionnaire et ça les a émus. Donc, voilà. Et d'ailleurs, j'attends un peu parce que là, j'ai trop de choses à faire en ce moment. mais on va la créer, cette IA-là. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    OK, bon, c'est un super teaser pour lire la clé des songes, du coup.

  • Speaker #1

    Mais par contre, oui, pour revenir à ta question, je me pose toujours la question. Oui, c'est une question qui t'anime aussi,

  • Speaker #0

    personnellement.

  • Speaker #1

    Par exemple, moi, les recherches que je faisais en optimisation, et par exemple en optimisation non linéaire, ces modèles de calibration, c'est au cœur des modèles de LLM aujourd'hui. Et donc, quand on va... Dans un réseau de neurones, optimiser les poids, ça utilise des techniques que moi et d'autres, on a mis au point il y a 25 ans. Et donc, tu te dis, tiens, on a accouché de ça. Alors, est-ce que si nous, on l'avait fait, d'autres l'auraient pas fait ? J'en sais rien. Et puis, les LLM, ça peut avoir des utilisations bénéfiques, mais très néfastes aussi. Donc, la question, c'est vraiment de savoir qu'est-ce qu'on nourrit, en fait, comme intention. Et c'est la question de l'intention. Et donc, on revient toujours au « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » . C'est ça, c'est d'arriver à savoir ce que tu fais et puis trouver des choses qui soient vraiment inspirantes dans l'utilisation de certaines techniques.

  • Speaker #0

    Ok, je ne connaissais pas ce proverbe, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est de qui ?

  • Speaker #1

    Le nom ne me vient pas là tout de suite, mais c'est un philosophe connu.

  • Speaker #0

    Ça marche. Écoute, je te propose maintenant qu'on passe à une discussion sur tes romans. Tu te lances dans l'écriture de Siècles Bleus, notamment le tome 1 dans les années 2007, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai commencé en 2000 et en 2007, j'ai terminé. D'accord, c'est le premier tome. Il a fallu deux ans pour trouver un éditeur, puis après un an pour que ça soit publié. Donc, le premier tome de Siècles Bleus est sorti en... en 2000. Et l'idée, en fait, elle m'est venue le 1er janvier 2000, au tout début du siècle. Enfin, il y avait un... On démarrait un nouveau siècle et je me disais, je voyais comme une avenue. Je me disais, on a deux choix de pistes pour cette avenue. Soit ce siècle qui commence, c'est le dernier en fait de l'histoire de l'humanité, ou en tout cas le dernier dans lequel il y a des conditions d'habitabilité de la Terre qui sont propices à la vie humaine. Et si c'est le cas, on l'appellera le siècle noir, parce que dans 5000 ans, si les civilisations ressurgissent, on parlera de l'époque où par égoïsme ou par confort, parce que le confort est un des énormes freins aujourd'hui à la transition. Je ne sais plus, quelqu'un me disait récemment, il ne savait pas qu'est-ce qui était le plus inquiétant, le bruit des bottes ou le silence des pantoufles. Et je trouve que c'est très intéressant parce qu'un certain nombre de gens... qui sont en charge de la marche du monde aujourd'hui, ils sont en pantoufles, et puis ils sont bien en pantoufles. Et il y a une question de se dire, bon, j'ai tennis samedi, pourquoi j'irais aller travailler pour une ONG ? Enfin, il y a ce truc-là. Et donc, en tout cas, on a une voie qui est possible, qui est le siècle noir. Et l'autre voie, c'est que l'humanité donne ce qu'elle a de meilleur d'elle-même, que chacun donne ce qu'il y a de meilleur de soi-même, et qu'on se transforme. Et dans 5000 ans, on parlera toujours peut-être du siècle bleu. qui était le siècle où l'humanité était au bord du précipice. Et parce qu'il y a un certain nombre de fous, de visionnaires, qui ont eu d'autres idées et qui ont réinventé l'économie, on a évité le précipice et on s'est transformé. On arrive à un mode de civilisation où l'humanité et la biosphère arrivent à vivre ensemble. Et ça, c'était vraiment l'idée que j'avais et qui était l'idée de Siècle Bleu et de Révolution Bleue, qui, in fine, est une nouvelle saga. Donc, Siècle Bleu, c'est en deux tomes et Révolution Bleue, ça sera en trois tomes. Ça peut se lire indépendamment et tous les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Si les gens ont du temps, c'est bien de les lire dans l'ordre, mais ce n'est pas du tout nécessaire. Et surtout, la saga Révolution Bleue est complètement indépendante de Siècle Bleu. Mais voilà, c'était de se dire un peu sur un mode de « et si » , de partir uniquement de choses totalement réalistes, c'est-à-dire qui sont fondées d'un point de vue géopolitique, d'un point de vue psychologique. c'est-à-dire ce livre Il prend en compte la structure de la psyché humaine, les structures individuelles, les structures collectives, les relations entre les États. Donc le cadre, c'est toujours une lutte entre la Chine et les États-Unis pour dominer le monde. Avec en plus dans la clé des songes, justement, l'apparition de l'IA, de la robotique comme étant une autre voie qui pourrait aussi influer. Et de se dire en fait de tout ça, est-ce qu'il n'y aurait pas une autre voie qu'on pourrait décrire ? Et... L'idée, c'est que ça soit une autre voie qui ne soit pas en opposition avec la voie US, la voie Chine ou la voie robotique, mais une voie qui englobe les autres pour utiliser le meilleur de ce que les US pourraient apporter, le meilleur de ce que la Chine pourrait apporter, le meilleur de ce que chaque peuple pourrait apporter en incluant les peuples autochtones, mais aussi le meilleur de ce que la technologie pourrait apporter et de réinventer la notion de technologie. Parce qu'aujourd'hui, pour beaucoup de gens, la technologie, alors il y a une question d'usage, on en a discuté, qui peut être néfaste. Et on peut utiliser l'IA pour faire des robots autonomes, mais aussi pour faire de l'assistanat dans certaines parties du monde pour des enfants à l'école et qui n'auraient pas accès à des professeurs et leur donner la possibilité d'avoir de l'éducation. Donc, il peut y avoir des utilisations d'émancipation extraordinaire. Mais il y a une question aussi, évidemment, et c'est votre travail aussi chez vous, chez Steam, de conception de la technologie. de manière à ce qu'elle ne crée pas de pollution, de déchets, etc. Et donc, pour moi, il y a une question de réinvention de la manière dont on crée la technologie et d'aller massivement vers la bio-inspiration. Et la Révolution Bleue est bio-inspirée, c'est-à-dire beaucoup de biomimétisme, c'est-à-dire de s'inspirer de la nature pour résoudre des problèmes d'ingénierie et d'aller vers une technologie qui soit très économe en métaux, en molécules qui soient, on va dire, polluantes. et de s'inspirer de la nature pour ça.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, ces premiers romans, tu les écris dans les années, comme je disais au début, dans les années 2000. Moi, j'ai été assez bluffée, donc je les ai lus récemment, fin d'année dernière et cette année. J'ai été bluffée à quel point les sujets sont d'actualité et si je devais parier que la date de parution du roman, je n'aurais pas parié sur le début des années 2000. Avec le recul... Comment est-ce que tu lis les choses ? C'est quoi un peu tes grands apprentissages ? Parlons seulement de « Siècle bleu » pour le moment, mais c'est quoi ton recul sur l'écriture de ces romans ? Est-ce que finalement, la fiction t'a un peu dépassé ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que le temps passe vite. Moi, j'ai fini Siècle Bleu il y a 18 ans. Et il y a plein de gens qui le lisent aujourd'hui en me disant... Et effectivement, ils pensent que ça a été écrit l'année dernière. Alors, est-ce que c'est un coup de chance ou pas ? J'en sais rien. Mais au départ, moi, il y a beaucoup de documentation. Et j'essaye d'écrire les livres avec une analyse de la manière dont la société fonctionne et l'être humain fonctionne. Et il y a des invariants. Si tu écris quelque chose qui est trop relié à l'époque, un livre qui est sur Trump ou sur Musk ou sur autre chose, en fait, ton livre va vite être daté parce que le monde aura peut-être évolué vers autre chose. Mais si les invariants, eux, ils ne bougent pas et la société peut évoluer. Et dans le siècle bleu, l'invariant, c'était que finalement... enfin, il y a un certain nombre de gens qui veulent organiser le monde et le capitalisme d'une certaine manière. Mais ce n'est pas un livre anticapitaliste, c'est un livre qui prend et qui est plutôt sur une forme sauvage de capitalisme, qui n'a pas envie de règles et qui n'a pas envie de contraintes, et qui se rend compte que les écologistes sont finalement des ennemis, parce qu'ils ont raison. C'est-à-dire que tout ce qu'ils disent, c'est vrai, et qu'ils veulent les éliminer. et dans le siècle bleu, Le personnage principal qui s'appelle Abel est à la tête d'une organisation éco-activiste, mais invisible. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas pignon sur rue, ils font un certain nombre d'actions chocs contre le gouvernement américain, contre le gouvernement japonais, contre un certain nombre d'entreprises, mais c'est de la menace asymétrique puisqu'on ne sait pas où ils sont. Et ce groupuscule qui s'appelle Gaïa se retrouve accusé d'un crime d'État entre la Chine et les États-Unis qu'ils n'ont pas commis. Sauf que le Abel, il est déterminé et qu'il n'aime pas trop qu'on lui mette un crime sur sa tête qu'il n'a pas fait. Et donc, il part à la recherche de ce secret d'État. Et en fait, c'est un thriller, c'est une chasse à l'homme qui devient aussi une chasse à la femme puisqu'il s'enfuit avec sa femme Lucie. Et ils sont déterminés pour percer ce secret-là et ils déclenchent une sorte de révolution. Et vous avez toute une partie, un peu comme pendant l'affaire Dreyfus, une partie de gens qui sont pro-Gaïa, anti-Gaïa. et on sent bien que derrière le... le discours d'État, il y a un truc qui va pas. Et au fur et à mesure, les peuples se soulèvent, etc. Et ça ne devient pas une révolution violente parce que un des personnages, qui s'appelle Paul Garner, lui est bloqué sur la Lune. C'est le meilleur ami d'Abel. Il fait partie du premier contingent américain à retourner sur la Lune dans une course à la Lune avec la Chine. Et moi, quand j'avais écrit ça dans les années 2000, cette course à la Lune commençait. Et aujourd'hui, elle est réelle puisque... Ce qu'on voit, c'est que même la Chine devrait arriver avant la fin 2030 sur la Lune, avant les États-Unis, parce qu'aujourd'hui, le programme de Musk et de Bezos ont pris énormément de retard. Et donc, voilà. Et là, Trump, récemment, vient d'annoncer qu'il mettait les bouchées doubles sur le programme lunaire. Donc, cette course à la Lune qu'il racontait dans le siècle bleu. Et puis, ils disent, voilà, on a moins de cinq ans pour y retourner. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est un peu un hasard. Enfin, un hasard, je n'en sais rien. En tout cas, je souhaite qu'il y ait un astronaute de ce type-là, parce que lui, il se retrouve bloqué sur la Lune. Ça a un rapport avec ce crime qu'on fait porter à Abel. Et la question, c'est est-ce qu'on va le secourir ou pas ? Et on l'écoute. Et en fait, cet astronaute, c'est un grand rêveur, un grand poète. Il tombe amoureux de la Terre en la voyant depuis l'espace. Et il partage son amour. Et le fait qu'il y ait ce gars tout seul sur la Lune, ça fait penser un petit peu au Petit Prince. Tous les gens se disent, mais attends, là, on est assez fou pour l'avoir laissé tout seul. et puis c'est un type qui est très sympa, qui est adorable, etc. Et donc, il ouvre les cœurs et son destin touche tout le monde. Donc, tout le monde l'écoute tous les jours. Et lui, il parle de la Terre, de merveilleusement. Et le fait d'avoir un point de vue comme ça, extérieur, les gens réalisent qu'on fait n'importe quoi en fait, sur cette planète, qu'on est dans un paradis. Il y a des tas de gens qui rêvent d'aller au paradis après leur mort, mais on est déjà dans un paradis où on est en train de souiller. Et il ramène les gens à l'essentiel. Et lui vit... un effet qu'on appelle l'overview effect, c'est-à-dire c'est la transformation qu'ont subi les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de faire vivre au lecteur cet overview effect par le truchement du roman et que les lecteurs et lectrices tombent amoureux de la Terre. Il y en a beaucoup qui ont eu cet effet en lisant Siècle bleu.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, hyper intéressant. On sent bien les descriptions et toute la poésie qui est amenée par Paul Gartner. Moi, je me posais une question sur la Terre. transition que tu proposes avec le livre, on sent qu'Abel, le personnage principal qui est à la tête de Gaïa, l'ONG, il a une certaine forme quand même de radicalité et de détermination. Est-ce que pour toi, une transition, elle doit être radicale ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, un mot sur le mot radical. Le mot radical veut dire revenir à la racine. Donc, dans ce sens, une transition doit être radicale, c'est-à-dire revenir à la racine. Parce qu'il y a des moments où on a pris des embranchements, d'ailleurs, sur la conception du monde technique, sur la conception de l'économie. Et il faut pouvoir remonter à cette racine-là pour réinventer une nouvelle société. Et une transition incrémentale qui fait juste des patchs par rapport à un modèle, elle ne sera pas suffisante. mais Effectivement, dans Siècle Bleu, qui est une intrigue très courte, elle est sur 28 jours, il y a 14 jours dans le premier tome, 14 jours dans le deuxième tome, donc c'est vraiment un thriller qui n'arrête pas. Et en 28 jours, on ne change pas le monde, on change l'état d'esprit. Donc il y a une espèce de... à la fin de Siècle Bleu, sans spoiler.

  • Speaker #0

    Moi, j'aime les APN, donc vous aurez une APN. Il y a beaucoup de gens dans l'écologie qui n'aiment pas les APN. Moi, je suis un fervent... Je veux que les gens referment ces livres en se disant « waouh » . Et en fait, on pourrait le faire, ce qu'ils décrivent dedans. Et effectivement, la voie que ce Abel explore, c'est la voie de l'activisme. Parce qu'aujourd'hui, il faut des activistes, parce qu'il y a un certain nombre de choses qui sont intolérables, mais ça se retourne contre lui. Et d'ailleurs, ces méthodes sont... tellement peut-être, enfin pas violente parce qu'il y a toujours beaucoup d'humour dans ce qu'il fait, mais si on ennuie le système de cette manière-là, toujours on a un backlash et on se le prend dessus. Et justement, dans Révolution Bleue, le même personnage se retrouve légataire du rêve de Paul Garner. Et le rêve du Paul Garner, c'était de faire cette Révolution Bleue. Et la Révolution Bleue, elle est inspirée d'un peintre, Yves Klein. C'est une révolution qui est, on va dire, plus philosophique qu'une révolution. Il ne s'agit pas de mettre des têtes sur des pics. C'est le processus par lequel l'humanité rejoindrait les limites planétaires et arriverait à vivre en osmose ou en symbiose avec la Terre pendant des millénaires.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'articule, cette révolution, du coup ?

  • Speaker #0

    Justement, Paul Garner, à la fin du siècle bleu, donne quelques pistes, en fait, là-dessus. Et d'ailleurs, moi, quand j'avais publié ce livre en 2012, je m'étais dit que j'avais écrit un manifeste de la révolution bleue en disant tout ce qu'il faut aller réinventer. Et je me disais, il y a plein de gens qui vont se mobiliser pour le faire. et réinventer ça. Et en fait, ça n'a pas eu lieu. Il y a eu plein de conséquences de ce livre. Ça a bougé beaucoup de gens dans leur trajectoire de vie, etc. Mais les gens n'ont pas pris ce manifeste comme un programme. Et pour moi, c'était un programme de travail. Et du coup, moi, depuis dix ans, je travaille là-dessus, sur chacune des questions, dans l'économie, dans l'agriculture, dans l'énergie, dans les infrastructures, dans la gouvernance mondiale, dans l'éducation, etc.

  • Speaker #1

    Tu peux nous en citer deux, trois, par exemple, de questions ? Je vais poser quatre.

  • Speaker #0

    Et donc, au départ, moi, ce que j'ai essayé, c'est de collectionner, en fait, toutes les initiatives, on va dire, inspirantes à travers le monde sur ces différents thèmes. Et j'avais commencé en 2015 à écrire un essai là-dessus en disant, tiens, c'est bien de les réunir. Et je me suis dit, en fait, ça ne sert à rien de les réunir parce qu'en fait, il manque quelque chose. Aujourd'hui, toutes ces innovations, que ce soit le biomimétisme, l'économie régénérative, l'économie circulaire, toute une série d'énergies renouvelables, en fait, ça, ça change un peu le monde. Mais ce n'est pas suffisant. Il y a une sorte de plafond de verre qui bloque toutes ces innovations pour arriver à transformer le monde. Et en fait, je me suis dit, c'est quoi le point commun en termes de plafond de verre de toutes ces innovations ? Et comment est-ce qu'on pourrait le dépasser ? Qu'est-ce qui pourrait les rendre irrésistibles ? Justement, c'était ça la question. Et donc, j'y réfléchis pendant un certain nombre d'années. Et en fait, en 2020, moi, j'avais quitté mon boulot chez Powernext pour me mettre à mon compte. Et je devais m'occuper de cette ONG One Home et je ne savais pas trop ce que j'allais faire d'autre. Puis finalement, en 2020, je me suis dit, bon, il faut que je trouve qu'est-ce que c'est ce truc irrésistible qui nous manque. Et donc, j'ai dû lire 500 bouquins en 2020 pendant le Covid. Et j'ai lu dans tous les domaines en me disant, il faut sortir du champ de la transition pour aller regarder d'autres choses. Donc, j'ai lu des bouquins de sociologie, des bouquins d'histoire, des bouquins de géopolitique, des bouquins de spiritualité. Et en me disant, et puis des tas de bouquins de science sur des tas de choses. et petit à petit... Je suis rentré sur les théories de l'évolution. Et de se dire, en fait, si on dézoome dans le temps, l'espèce humaine n'a pas toujours été ce qu'elle était. On a évolué. Et puis, les espèces, en général, ont évolué. Même la matière et la pichée ont évolué depuis le Big Bang. Et tout ça, ça se structure. Et quand on regarde le monde, en fait, on part d'un tas de billes, de particules qui explosent. Enfin, même si le Big Bang, ce n'est pas une explosion, c'est une dilatation. Enfin, je ne veux pas rentrer dans les détails. Et ces billes se structurent pour faire toujours des structures d'ordre supérieur. Et c'était le prêtre jésuite et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin qui disait, le monde évolue vers plus de structures, vers plus de beauté, vers plus de conscience. Et on se rend compte que le monde se structure comme ça. Et je me suis dit, tiens, est-ce que... Et on se rend compte qu'un certain nombre de crises dans le passé ont été résolues par des espèces, par des mutations, par des métamorphoses. et Le point que je me disais, c'est qu'aujourd'hui, on est beaucoup sur un regard extérieur sur la transition, en se disant, tiens, qu'est-ce qu'il pourrait faire là-dessus ? Mais comme si on enlevait l'espèce humaine de l'équation. Et en fait, je me suis dit, la solution de l'équation, là je reprends un peu ma casquette de mathématicien, c'est peut-être la mutation de l'humanité. C'est-à-dire, si l'humanité ne mute pas vers autre chose, on ne pourra pas réaliser cette transition. Et moi, je me disais toujours, imaginons que dans 100 ans, le monde soit complètement transformé. Moi, ce que j'aimerais, c'est connaître le type de civilisation. ou l'espèce qui a réussi cette transition, c'est quoi ces valeurs ? Donc je suis parti de l'inverse en me disant, quelle serait l'espèce qui rendrait ça souhaitable ? Et en regardant les théories de l'évolution, on s'aperçoit que vous avez des structures d'or supérieur qui se font. Et par exemple, moi, ce qui m'a marqué, ce sont des sauts en complexité quand on passe par exemple du monocellulaire au multicellulaire. On ne sait pas comment ça marche en biologie. Enfin, on sait que des cellules peuvent s'associer, mais par contre, qu'il y ait une identité du groupe. qui émergent, et tu en es l'exemple puisque tu es un assemblage de 30 000 milliards de cellules qui coopèrent pour être toi, et toi, tu es l'identité commune de ces cellules, mais si tu prends une cellule, elles ne savent pas, enfin peut-être, on ne sait pas, on n'a jamais interviewé une cellule, qui est Marie. Et pourtant, l'ensemble de ces cellules font Marie, font Jean-Pierre, font toutes les auditrices et les auditeurs. Et ce sont en complexité, il y en a eu un deuxième, quand l'ensemble des espèces, donc il y a à peu près 9 millions d'espèces, si on met de côté les bactéries et les virus sur Terre, et... elles coopèrent ensemble pour former la biosphère, et qui n'est pas juste comme un collier d'espèces, comme toi, tu n'es pas un collier de cellules, c'est un tout, la biosphère. C'est un ensemble cohérent. C'est un ensemble cohérent qui prend soin des parties, et que les parties constituent. Donc il y a toujours une relation bilatérale entre les parties et le tout. Et je me disais, peut-être la prochaine étape d'évolution de l'humanité, c'est de former un collectif. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est 8 milliards d'êtres humains séparés, et que la prochaine... mutation de l'espèce humaine, ça serait de former un collectif, c'est-à-dire un collectif humain planétaire, un grand ensemble fait de 8 milliards d'humains. Aujourd'hui, ce grand ensemble, il est complètement séparé par des nations, il est séparé par des idées, des idéologies.

  • Speaker #1

    Et géographiquement aussi.

  • Speaker #0

    Géographiquement, oui, mais surtout, la notion d'humanité en tant que tout n'existe pas. Et il y a beaucoup de gens qui parlent de ça, d'émergence d'une conscience planétaire, d'une conscience de l'humanité, et c'est ça qui m'intéressait. Et donc... La révolution bleue, c'est à la fois le récit en trois ans de comment on peut transformer toute l'économie pour avoir justement une économie qui soit au sein des limites planétaires, mais aussi l'émergence de ce collectif planétaire. Donc, il y a quelque chose de presque spirituel, c'est-à-dire l'humanité qui est acculée à cause des difficultés. En fait, ces difficultés qu'on voit aujourd'hui, et par exemple, les limites planétaires, on se dit, oh là là, c'est un précipice dans lequel on va tomber. En fait, cette menace... C'est peut-être ça qui fera que pour la première fois, l'humanité choisit le tous ensemble plutôt que le chacun pour soi. Alors le chacun pour soi, quand on regarde l'actualité, on est en plein dedans aujourd'hui et ça fait partie des hésitations. Quand il y a un stress, on se dit oula, soit je vais avec le plus fort, soit on se met tous ensemble. On voit bien qu'il y a une partie de nous qui serait prête à accepter une perte de liberté et se dire bon, je suis américain, même si je n'aime pas Trump. Bon, je suis quand même bien d'être là, donc je vais quand même voter pour lui parce qu'il fait du bien pour nous. avec la force militaire que l'on a. Mais avec les limites planétaires, les désagréments vont être pour tout le monde. Et donc, pour moi, c'est la force d'appui qui va permettre la naissance de l'humanité. Donc, la Révolution bleue, c'est à la fois le récit de la transformation de l'économie, mais de l'espèce. Et c'est cette transformation qui rend le reste irrésistible. Et donc, cette humanité unie, moi, je l'appelle homo biospheris. C'est symbolisé dans le livre par le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Et moi, j'ai trouvé un certain nombre de lettres qui montrent que le petit prince était le symbole, en fait, d'une humanité unie sur sa planète et que le petit prince n'est pas, on va dire, un individu, mais un collectif, quoi. Et d'ailleurs, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry a même préfacé le premier tome de la Révolution bleue qui s'appelle La petite princesse et dans lequel il y a... énormément de choses dans Le Petit Prince. Et pour moi, Le Petit Prince, c'est un livre magique. C'est le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. C'est le livre de fiction le plus imprimé dans le monde. Il est partout. Et dans le livre, en fait, Le Petit Prince, c'est ce qui permet de relier l'humanité et de faire émerger cette nouvelle humanité-là.

  • Speaker #1

    Et ce que je voulais... Je me permets juste d'intervenir parce que, juste pour revenir sur Le Petit Prince, en fait, c'est assez marrant parce que c'est Le Petit Prince qui m'a aussi donné envie de créer ce podcast. Parce que je me disais, en fait, les messages finalement du Petit Prince, je les relus au moment où je me posais beaucoup de questions pour lancer ce projet. Et je trouvais en fait, dans pas mal de fins de chapitres, de citations du Petit Prince, énormément de résonance avec les sujets qu'on vit sur la notion, sur les baobabs, sur l'eau, sur on voit bien avec les yeux, avec le cœur, pardon. Enfin voilà, il y avait plein de choses qui me parlaient énormément. Et du coup, c'est des invités, c'est des auditeurs aussi qui m'ont renvoyé vers toi en me disant, mais par rapport au Petit Prince, il faut absolument que tu parles à Jean-Pierre Gou. Donc le

  • Speaker #0

    Petit Prince, c'est aussi une des raisons pour lesquelles tu es là aujourd'hui. En fait, c'est un livre magique. Quand je dis magique, c'est plus que magique. C'est un livre qui est très particulier parce que chacun en a une lecture particulière. Et à chaque fois que tu vas le relire, tu vas y trouver autre chose. Et à chaque fois, tu vas te dire, mais ça, ça n'y était pas avant. On connaît tous certains chapitres, mais il y a des chapitres qu'on connaît moins. C'est ces chapitres-là qui vont venir résonner avec un élément dans l'actualité, un élément dans la vie. Et c'est un livre-monde, en fait, Le Petit Prince. Et c'est pour ça que ça parle au monde entier. Et quelles que soient les époques, c'est quand même un livre qui a 80 ans aujourd'hui. Et qui est d'une activité hors normes. Et moi, ce que j'essaie, c'est d'en faire un manuel opératif. Et d'utiliser, en fait, un symbole qui soit un symbole mondial, universel, laïque. Parce qu'aujourd'hui, il y a... Aucune religion qui déteste le petit prince, qui a interdit le petit prince. Même Poutine serait fan du petit prince. Donc, il y a quelque chose pour moi, le petit prince, c'est à la fois un livre qu'on peut dire, tiens, c'est sympa, etc. Non, mais c'est beaucoup plus que ça. Ça peut être une forme de nouvel évangile, mais au sens, on va dire, laïque du terme, c'est-à-dire quelque chose dans lequel on peut puiser et d'aller trouver des leçons de vie. et cette interprétation du petit prince qui serait un collectif planétaire. Personne ne l'avait jamais eu avant. Et par hasard, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry avait lu, et notamment Olivier Daguet, l'héritier, puisque sa grand-mère est la sœur de Saint-Ex, et qu'il n'avait pas eu d'enfant Saint-Ex, quand il a lu « Siècle bleu » , parce qu'il était déjà question un peu du petit prince dans « Siècle bleu » , il avait demandé à me rencontrer et il ne savait pas que j'écrivais « Révolution bleue » . Et ils ne savaient pas non plus que j'écrivais un livre qui s'appelait La Petite Princesse. Et moi, en écrivant La Petite Princesse, qui était le premier tome, je voulais juste mettre dans ce livre une petite fille, parce que je me disais, justement, siècle bleu qui était un peu masculin, avec des éco-activistes, tout ça. Bon, je me disais, il faut rajouter du féminin là-dedans. Et puis, le héros qui était très, on va dire, masculin, en fait, d'une certaine manière, s'adoucit parce que... ils adoptent une petite fille à la fin de siècle bleu qui s'appelle Janie. Et cette petite fille, elle a des grands rêves. Et elle a un cœur immense, elle a beaucoup souffert quand elle est petite. Et en fait, on se rend compte que c'est elle la clé de l'évolution de l'humanité. Et que cette petite fille, Paul Garner, lui a donné un certain nombre de secrets. Elle a 8 ans au début, donc elle ne sait pas ce que ces secrets veulent dire. Et puis Abel se rend compte que ces secrets sont absolument fondamentaux. Et que Paul Garner a semé un certain nombre de petits cailloux blancs. pour nous faire cheminer vers le secret, les clés d'activation d'Homo Biosiris. Et en fait, moi je l'avais appelé la petite princesse parce que c'était en hommage au petit prince. Et en finissant d'écrire ce bouquin, donc il y a deux ans ou trois ans, avant qu'il soit publié, il publie pour la première fois à Gallimard la correspondance entre Saint-Ex et sa femme Consuelo, qui n'avait jamais été publiée pour des questions de droit entre les deux familles. Et dans cette correspondance, il y a une lettre dans laquelle Consuelo se plaint auprès de Saint-Ex. que le petit prince ne lui a pas été dédié. Elle pensait être la rose. Et lui, il était parti à la guerre. Il l'a dédié à son ami Léon Wörth, qui était juif et dans les camps de concentration. Et donc, pour ne pas avoir de problème avec sa femme, il lui dit, écoute, j'écrirai une suite du petit prince et je te la dédierai. Et dans une lettre qui date de six mois avant la mort de Saint-Ex, elle lui dit, OK, tu écriras une suite, tu me la dédieras. Et tu l'appelleras La Petite Princesse.

  • Speaker #1

    Alors que moi,

  • Speaker #0

    j'avais écrit déjà La Petite Princesse. Et là, je me suis dit, il y a quelque chose de complètement magique là-dedans. Et quand j'ai rencontré les héritiers, ils ne savaient pas du tout que j'avais écrit La Petite Princesse. Le livre n'était même pas envoyé à des éditeurs. Et quand Olivier Daguet a vu ça...

  • Speaker #1

    Ça a été quoi, sa réaction ?

  • Speaker #0

    Non, mais il était stupéfait. Parce que quand il a vu le titre, il m'a dit, mais tu es au courant pour la lettre ? Personne ne connaît cette lettre. et c'est la première phase du livre bon ok je sais pas Maintenant, je viens de comprendre pourquoi il fallait qu'on se rencontre, mais je ne sais pas qui a organisé cette rencontre. Donc, il y a eu quelque chose de magique entre nous, un peu comme... Et dans le livre, moi, j'avais changé du coup le scénario pour que la petite fille recherche ce manuscrit, parce que Saint-Ex l'a promis à sa femme, donc ça veut dire qu'il y a réfléchi. Donc, dans le monde des idées, il y a des traces de ces réflexions quelque part, mais peut-être même des écrits. D'ailleurs, je suis toujours en train de chercher ce manuscrit. Aujourd'hui, personne n'en a trouvé la trace, ni des notes. Mais en tout cas, je suis sûr que Saint-Ex y a réfléchi. puisqu'il y fait référence même dans d'autres lettres. Et donc la petite fille cherche ce manuscrit, qu'elle trouve d'ailleurs à la fin de La Clé des Songes, donc dans le tome 2, etc., et qui contient les secrets d'activation d'Homo Bioscii. C'est-à-dire comment on fait naître cette humanité. Et c'est ça le caractère irrésistible. Aujourd'hui, on nous fait rêver sur un monde avec des énergies renouvelables, etc. C'est super, mais c'est quoi la créature ? C'est quoi l'humain du futur qui nous fait rêver, qui nous donnerait envie ? C'est quoi une humanité qui nous donnerait capable du meilleur ? Et en fait, dans la plupart des fictions futuristes, en fait, les gens dépeintent un monde technique, un monde d'organisation économique, mais on ne voit pas la créature et les valeurs humaines. Et moi, c'est ça qui m'intéressait. Et ça, c'est un thème qui est complètement exupérien parce que lui, c'était la seule quête de sa vie. C'était comment élever l'humanité. C'est-à-dire, il voyait bien qu'il y a une espèce de force de pesanteur qui, au niveau individuel et collectif, nous font faire un peu ce que les autres font et qui nous emmène plutôt vers le bas de la colline. Mais pourtant, de tout temps, il y a toujours eu des gens, à toutes les époques, des hommes et des femmes, qui nous ont élevés. Et c'est grâce à eux que l'histoire de l'humanité n'est pas une chute, mais une élévation, mais un peu sinusoïdale, avec des hauts et des bas, etc. Alors, est-ce qu'on est dans un haut et dans un bas ? Au moment où on parle, il y a des atrocités qui se font dans le monde, mais il y a des gens qui font des choses extraordinaires et qui ne lâchent pas. Et en fait, la Révolution bleue, c'est une ode à tout. tous ceux qui se bougent pour la transition, et c'est l'histoire de l'union sacrée de toutes les forces de transition, entre les citoyens, les entreprises, les chercheurs, les politiques, les activistes, etc. Et aujourd'hui, tout ça, ça se tire un peu dans les pattes. Qu'est-ce qui se passerait si on faisait une union sacrée ? Et qu'est-ce qui se passerait si on décidait que cette union sacrée n'était pas une opposition au reste de la société ? Parce que très souvent, on tombe dans une espèce d'allégorie du bien contre le mal, et en fait, ce truc-là a toujours été délétère parce que... Les gens, si vous dites par exemple que là, on est à la défense dans vos bureaux, telle entreprise qui a une tour à la défense et une entreprise à laquelle on ne peut pas parler, en fait, ça crée un syndrome de réaction qui fait qu'ils vont être opposés à ce truc-là. Et si on dit, écoutez, cette entreprise, on est prêt à la prendre là où elle est et de l'accompagner dans sa transition au moment où elle est et d'accepter. Et moi, je dis souvent aux gens, tu sais, la plupart des écolos, il y avait un moment où ils ne l'étaient pas. donc acceptons que d'autres soient au point zéro du changement et ayons cette politique de la main tendue, du non-jugement. Et si à chaque fois que les gens font ça, on leur rappelle toutes les erreurs qu'ils ont fait dans le passé, de mettre le pardon aussi dans cette transition et d'accepter que les gens soient au début. Donc c'est vraiment une... La révolution bleue, c'est de mettre toutes ces innovations ensemble, d'avoir un concept fédérant pour l'humanité et inspirant. et nous inspirer par rapport à ça, qui rend la chose irrésistible et une posture qui soit incluante et qui a pour objectif d'embarquer les 8 milliards 250 millions d'humains.

  • Speaker #1

    Et si on parle maintenant un petit peu plus de homo biospheris, moi j'avais une question pour toi. Est-ce que tu as fait basculer un peu des grands paradigmes de notre monde actuel ? Par exemple, nous chez Steam, parfois, on aime bien réfléchir à... Si jamais on n'avait pas découvert le pétrole, et qu'on avait toutes nos énergies 100% renouvelables, on aurait un paradigme qui est la flexibilité de l'apport en énergie. Et du coup, on se serait probablement organisé autour de cette flexibilité-là. C'est un exemple. Est-ce que toi, dans tes écrits, tu as fait basculer des grands paradigmes qui sont vraiment de fait aujourd'hui qu'on ne challenge même pas, mais quand on se pose et qu'on imagine le monde de demain, on aurait envie de venir les titiller et il y a quelque chose d'autre qui peut être conçu derrière ?

  • Speaker #0

    Alors. Oui, mais dans le roman, il est en essence. Mais il y a un certain nombre de paradigmes qui tombent. Et moi, ce que j'aime bien, c'est toujours de voir comment le micro influence le macro. En physique, il y a tout un domaine qui s'appelle la physique statistique qui étudie comment les micro comportements changent les structures macro. Et moi, le truc qui m'intéresse, c'est l'économie. En parallèle, moi, de mes études d'ingénieur, j'avais fait un master à la Sorbonne sur les modèles mathématiques en économie. et... j'ai toujours été sidéré par voir le premier principe de la microéconomie qui est de dire les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité individuelle. Et bien, si tu prends ça comme axiome, c'est-à-dire qu'il ne part pas d'humains reliés et qu'il y a un optimum global là-dessus, évidemment tu aboutis à un système capitaliste qui détruit tout et qui a pour but de faire hisser chacun. Dans Homo Biospheris, en fait, chaque humain est une cellule d'un grand corps qui est Homo Biospheris. Et donc, l'autre c'est toi mais avec une autre vie. Donc il y a un rapport à l'altérité qui est complètement différent et moi ce qui m'intéresse par exemple c'est de refonder tous les principes de la microéconomie et dans deux semaines, non dans un mois je fais une conférence avec Timothée Parry à Biarritz qu'on va annoncer aujourd'hui Je l'ai reçu sur ce podcast aussi Donc lui il travaille en ce moment sur les imaginaires de l'économie à travers la science-fiction il ne connaissait pas justement mes travaux Et pour la première fois, je vais faire une présentation de c'est quoi le monde économique d'Homo Bioseris. Et c'est quelque chose auquel j'ai parlé aussi à Cédric Villani, en lui disant mathématiquement, on devrait pouvoir changer en fait ce premier principe de la microéconomie et intégrer ces équations pour arriver à une autre forme d'économie. Par exemple, il y a beaucoup de gens qui se disent comment changer la structure du capitalisme. En fait, si tu n'as pas changé les rapports de l'un à l'autre, etc. et refonder la base et donc c'est plutôt de... Un peu comme dans une nuée d'oiseaux, de changer les règles d'interaction entre les individus pour avérer quelque chose. Et ces règles d'interaction, il y a déjà beaucoup de gens dans beaucoup d'endroits qui appliquent ça. C'est-à-dire, quand j'ai deux choix, est-ce que je le fais dans l'intérêt de mon village ou de ma tribu ou dans mon intérêt personnel ? Et tu as des tas de gens qui mettent le collectif avant l'individu et qui, du coup, sont dans des principes qui ne sont pas du tout... le principe de la microéconomie tel qu'il est décrit dans un certain nombre de choses. Et puis, oui, il y a d'autres choses, par exemple dans l'agriculture, dans l'alimentation, parce que c'est quand même aujourd'hui un des domaines les plus polluants, des choses qui sont complètement différentes, dans la santé aussi. Donc tout ça est réinventé dans le monde d'Homo Bioseris. Et effectivement, il y a une partie du monde qui bascule là-dedans et qui n'ont pas du tout le même rapport. Et en ce qui concerne l'énergie, évidemment, si on allait vers des énergies renouvelables, aujourd'hui, on se pose la question de se dire, oh là là, le cycle des jours, de jour-nuit plus le cycle des vents fait que ça ne suit pas la cadence industrielle. Parce qu'avant, on avait des moyens qui étaient pilotables et on pourrait vivre en fonction de ça, en disant demain, ça va être une journée sombre, on va un petit peu moins travailler. On pourrait avoir ce type de choses-là. Mais ça, bon, cet aspect-là, moi, je l'ai développé dans d'autres choses, mais ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse, enfin, en particulier dans le roman. Mais évidemment qu'il faudrait aller vers ce type de choses-là. Mais avec les batteries, aujourd'hui, on peut avoir un décalage dans le temps, donc on n'est pas obligé d'avoir cette flexibilité. Bien sûr,

  • Speaker #1

    c'était plutôt un exercice de réflexion.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, parce que moi, je travaille toujours énormément dans le monde, je prends ma casquette professionnelle, dans le monde de l'énergie. l'essor des batteries. n'avait pas été anticipée, la baisse du coût des batteries non plus. Vous avez tout un tas de gens qui vous disent il y a cinq ans, c'est impossible, etc. Aujourd'hui, c'est phénoménal. Après, ça pose une question de métaux absolument fondamentale. Mais là aussi, il y a des innovations qui arrivent tous les jours et le monde renouvelable pourrait évoluer vers quelque chose qui n'a pas été aussi flexible que d'avoir une société qui évolue en fonction du vent et des cycles de la nature. Même si je trouve que c'est intéressant d'avoir cette... cette idée-là de se dire, tiens, aujourd'hui, il fait sombre, on va rester un peu plus tranquille chez nous. Oui, c'est une autre conception de la société.

  • Speaker #1

    Et aussi, je me demandais, du coup, dans Homo Biospheris, quelle est la place de l'entreprise ? Pareil, est-ce que tu as des paradigmes forts que tu as fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Oui, alors justement, l'idée, c'est de dire que cette humanité unie, alors elle n'est pas posée sur la Terre, mais c'est la... Là aussi, c'est quelque chose qui n'avait pas été proposé, c'est que l'humanité puisse devenir un organe de la biosphère. Quand on regarde la biosphère, qui est cet ensemble des êtres vivants, et qui pourrait être un grand être vivant qui englobe tous les êtres vivants et qui vivent sur la Terre, selon l'hypothèse Gaïa de Lovelock, en fait, quand on regarde Gaïa depuis des milliards d'années, elle s'est structurée, un peu comme un embryon se structure avec des organes qui se structurent au départ. Donc au départ, dans un embryon, c'est le cœur qui se forme d'abord, après il y a des éléments du cerveau, etc. Et puis, petit à petit, tous les organes qui se forment. Et on se rend compte qu'au début, la biosphère, il y avait juste quelques petites bactéries. Puis après, il y a eu un premier grand cycle qui était entre les créatures qui respirent et les créatures qui font de la photosynthèse. Donc ça, c'est le premier cycle de l'oxygène et du CO2. Et puis, il y a d'autres cycles qui se sont créés et qui ont amené le cycle de tous les schnops. Le CHNOPS, vous avez des cycles du soufre, des cycles de l'hydrogène, des cycles du carbone qui existent. qui sont des cycles bio-géochimiques et qui sont incroyables, parce qu'en fait, ils permettent à ces éléments, qui ne sont pas nécessairement les plus abondants à la surface de la Terre, d'être présents partout, le cycle de l'eau étant le plus fou de tous. Et on dirait qu'il y a un grand architecte derrière ça. Alors, il y en a qui vous disent, non, mais ça a un peu de chance qu'il y ait de l'eau un peu partout. Quand vous regardez les cartes des bassins versants du monde, on se dit, on dirait les veines d'une créature. Et il y a quelque chose de cet ordre-là. Et nous, on est en train de découvrir un peu comme des cellules qui se diraient, et-mail. On n'appartenait pas à Marianne Arth là aujourd'hui. Et en fait, je pense qu'on est dans cette quête de réalisation qu'on vit à l'intérieur d'une baleine, comme dans Pinocchio, qui serait cette terre. Et Révolution Bleue, c'est aussi cette quête. C'est-à-dire, l'humanité s'unit, mais réalise qu'elle fait partie d'un grand tout qui est la biosphère. Et dans cette biosphère, en fait, on se rend compte que les forêts, les baleines, les fourmis, l'humus, tout ça ont des rôles locaux, mais des rôles globaux, comme si ensemble, Il formait un organe qui a des rôles de filtration et qui rajoute de la résilience. Et la proposition du bouquin, qui est assez radicale pour le coup, mais radicale pas au sens radical parce qu'elle touche à la racine, c'est que l'humanité, sans le savoir, est en train de s'unir et en train de devenir un organe de la biosphère. Et je m'appuie sur des traités en biologie où ils montrent que certains organes, et c'est très récent cette découverte, quand ils se forment, enfin un nouvel organe quand il se forme, ça peut ressembler parfois à un cancer. Et donc, aujourd'hui, cette espèce de métastasisation de l'économie qu'on voit avec l'humanité pourrait être le signe, si on le décide, de l'atterrissage vers un organe. Et il faudrait qu'on édicte quelles sont les fonctions de cette homo biocéris vis-à-vis de ce grand tout. Et par exemple, si on prend le foie, ça a une quinzaine de fonctions pour le corps, des fonctions de filtration, des fonctions de synthèse de vitamines. Donc, ce seraient quoi les grandes fonctions ? de l'humanité vis-à-vis du vivant ? Et ça, par exemple, c'est une question qui n'a jamais été répondue. Enfin, en tout cas, moi, je ne l'ai jamais vue. Et dans La clé des songes, moi, je propose dix grandes fonctions que l'humanité pourrait avoir avec la biosphère. Alors, dans le livre, ils font un débat planétaire avec lequel il faut intervenir des enfants, des peuples autochtones, etc. Et j'ai essayé de trouver, puis j'ai discuté avec beaucoup de philosophes, beaucoup de biologistes aussi, pour savoir quelles pourraient être les fonctions de l'humanité vis-à-vis de la biosphère. Et je vais répondre du coup à ta question des entreprises. Aujourd'hui, les entreprises, elles évoluent dans un cadre qui n'est pas défini. C'est-à-dire, en gros, je crée une entreprise, je vais faire quoi ? Des trottinettes, des armes, des drones, je ne sais pas quoi. Et l'humanité n'a pas dit quelle est sa fonction vis-à-vis de la biosphère. Donc, évidemment, aucune de ces missions d'entreprise ne sont alignées avec la biosphère. Alors bon, aujourd'hui, on vous rajoute des entreprises à mission. Oui, j'allais te dire, la loi Pacte a fait un peu les choses. La loi Pacte, etc. Mais bon, parfois, c'est bien, mais... part d'entreprise dont les fonctions au départ étaient de répondre à des besoins humains qui n'étaient pas toujours des vrais besoins. Et là, en fait, dans le fait que justement dans la clé des songes, ils aient débattu d'un point de vue planétaire de quelles sont les missions de l'humanité, les gens réalisent qu'il y a ces grandes missions qui les appellent. Et on voit les missions des entreprises s'orienter par rapport à ces dix grands principes. Et donc, ça accélère la transition des entreprises là-dessus. Et on voit l'économie. parce que moi, je regarde toujours les choses larges. Qu'est-ce que c'est l'économie ? C'est l'ensemble des réactions chimiques qui permettent à l'humanité de vivre. Et donc, c'est le métabolisme de l'humanité. Le métabolisme, c'est l'ensemble des réactions chimiques là-dessus. Et donc, on peut voir ça comme tout un tas de petits machins. Vous savez, vous avez des trucs où on vous montre les cellules. Qu'est-ce qu'elles font les unes les autres ? Nous, c'est la même chose. Il y a des interactions. Et aujourd'hui, ce métabolisme, il détruit le corps auquel on appartient. Et il détruit même l'humanité. Et la question, c'est une reconfiguration du métabolisme de l'humanité. Donc, c'est de reformuler la transition écologique et économique comme étant une transformation du métabolisme vers cet homo biospheris qui est intégré et qui a rempli ses missions. Et en fait, le fait qu'on ait verbalisé ses missions, ça accélère les entreprises et les entreprises sont comme des organites. au sein d'organes, parce qu'un organe, c'est fait de sous-ensembles qu'on appelle des organites. Et vous pouvez même dire, par exemple, qu'une entreprise comme Amazon, qui est considérée comme le Satan de l'économie d'aujourd'hui, pourrait être les prémices d'un réseau de distribution logistique ultra-optimisé d'une créature. À partir du moment où il devient, on va dire, sociabilisé et met au service d'un grand projet, il peut permettre de fluidifier un certain nombre d'échanges. À partir du moment où il y a une grande mission, il y a tout un tas de trucs qui étaient... fait à mauvais dessein et qui viennent servir cette chose-là. Donc voilà, et donc les entreprises ont un rôle majeur, mais ce n'est pas juste comme on le voit aujourd'hui, c'est de nous inscrire dans un projet qui est beaucoup plus grand et beaucoup plus inspirant et qui est... Moi, en fait, ça c'est une déformation professionnelle. Dès que je rentrais dans une entreprise, je ne pouvais pas ne pas m'occuper de la stratégie de l'entreprise. Pour Next, au bout d'un an ou deux, j'étais directeur de la stratégie de cette boîte. Parce que pour moi, dans l'écologie, si je ne remonte pas au niveau maximum qui est l'humanité et la biosphère, je me dis, mais si on ne traite pas des choses à ce niveau-là, on ne pourra pas les traiter au niveau en dessous. Et d'ailleurs, on parlait de Grotendieck au début. Ça me vient de Grotendieck, ce truc-là. c'est-à-dire que Grottendieck Il avait une particularité unique dans les mathématiques, c'est-à-dire que quand on lui proposait un problème, il ne cherchait pas à le résoudre, il cherchait à le reformuler pour le généraliser. C'est-à-dire que ce problème, en fait, n'est que l'instantiation d'un problème plus général, qui est lui-même l'instantiation d'un problème plus général, plus général, plus général. Donc, il généralisait les choses, il arrivait dans un espace hyper abstrait, et dans cet espace hyper abstrait, il faisait deux coups de clac-clac, et il résolvait non pas un théorème, mais des millions en même temps. Il y a des gens qui vous disent, il y a deux catégories de mathématiciens, il y a Grotendieck et les autres. Et les autres, c'est je mets toute la force de mon intelligence pour résoudre un problème. Et Grotendieck, c'est je cherche le cadre le plus adapté pour résoudre le problème qui fait que je n'ai plus aucun effort pour résoudre le problème. Et ça, c'est l'élégance la plus totale. Et moi, je m'étais dit, en fait, Grotendieck était probablement... En France, le premier écologiste radical dans les années 60, il avait monté une revue qui s'appelait « Survivre et vivre » . Donc cette question de l'écologie le tracassait. Et dans le livre, parce que Grant Hontick, il a disparu, je ne sais plus si c'est 91 ou 93, mais en tout cas, quand j'ai démarré mes études d'ingénieur, il avait déjà quitté une partie du monde académique. Mais là, il a quitté le monde des humains pour se mettre dans l'Ariège, dans les Pyrénées, dans un village inconnu. Très peu de gens, même ses enfants, ne savaient pas forcément où il était. Il est resté 25 ans là-dedans. Donc moi, je me pose la question de qu'est-ce qu'il a fait pendant ces 25 ans et qu'il aurait pu aider justement à reconcevoir l'économie en utilisant cette théorie qu'on appelle la théorie du vissage-dévissage, c'est-à-dire je dévisse et je revisse. pour prendre du recul et de la hauteur. Et pour moi, en fait, le concept d'homo biocéris, il est de cet ordre-là. Et voilà, c'est vraiment en m'inspirant de Grotendieck que j'ai essayé de le formuler.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Écoute, si nos auditeurs veulent creuser un peu plus sur Grotendieck et pour aller découvrir du coup la théorie visage-dévisage...

  • Speaker #0

    Celle-là, il faut quand même la trouver. Parce qu'en fait, il y a beaucoup d'écrits de Grotendieck et notamment des écrits de... on va dire littéraire, puisque Gallimard a réédité il n'y a pas longtemps « Récolter ce maï » et le livre dont je m'inspirais moi, qui s'appelle « La clé des songes » , qui était inédit. Quand j'ai commencé l'écriture, il a été publié l'année dernière aux éditions du Cendre, mais c'est des livres qui sont très, très cryptiques. Donc derrière, pour aller chercher les pépites, il faut lire mille et quelques pages. Mais c'est quelqu'un qui est hors normes et la plupart des mathématiciens... le considère comme le plus grand génie mathématique du XXe siècle. Mais au-delà de ça, c'est un génie total. Et c'est un humain très particulier. Ça a à voir avec son chemin de vie, qui est un chemin de souffrance, puisque lui, son père est mort à Auschwitz, il a été caché dans différentes familles françaises. Ce n'est pas quelqu'un qui a pu suivre des études normales. En fait, c'était un intuitif. C'est-à-dire, lui, il a fait la fac de maths à Montpellier, mais il avait des espèces de pulsions pour réinventer le monde. Il a toujours tout réinventé de son côté. Donc, il a une force de productivité énorme et aucun fil de créativité. Et en termes de créativité, pour moi, c'est le... Moi, j'utilise beaucoup dans mes ateliers de créativité avec des entreprises parce qu'il avait des conseils sur la créativité qui ne sont pas du tout ce qu'on vous donne à l'école. Par exemple, le premier conseil que Groton Tic donne, qui n'est pas le premier, mais qui est un des conseils qui est dans le... Dans Récolter Sommeil, qui n'est d'ailleurs pas un conseil, c'est la manière dont lui vit les choses, il dit, parce que les gens idéalisent que c'est le chercheur, quelqu'un qui a une grosse puissance intellectuelle pour résoudre un problème, lui dit que la capacité de celui qui découvre, ce n'est pas sa puissance intellectuelle, c'est sa capacité d'écoute à l'égard de ce que l'univers murmure. C'est-à-dire que lui, face à un problème, il ne réfléchit pas, il écoute. Il voit ce qui vient. Et il dit, il faut être comme un enfant, et donc ça rejoint le petit prince, ne pas avoir peur de formuler des choses où vous avez l'air idiot. Et donc, il dit que la plus grande capacité du découvreur ou du chercheur, c'est cette écoute des murmures de l'univers. Et moi, ça m'a toujours inspiré, cette chose-là, parce que déjà, ça... vous enlève le poids de vous dire en fait les idées ne viennent pas de moi, elles sont de l'extérieur. Ça, c'est l'inverse de ce qu'on vous apprend à l'école. On vous apprend à utiliser tout ce que vous avez dans votre tête, alors qu'en fait, tout est à l'extérieur. Et lui, il arrivait à résoudre des problèmes énormes juste en les écoutant. Et les gens se disaient mais comment il a pu faire ça ? Il a dit, ben non, j'écoute, ça vient, je le fais.

  • Speaker #1

    Il y a un rapport à l'intuition, à l'écoute qui est un petit peu supérieur. Oui, mais l'intuition,

  • Speaker #0

    souvent, ça part de soi, ça part de l'extérieur. C'est un espèce de renversement et ça va vers... Je dirais vers quelque chose de beaucoup plus grand. Et en fait, derrière la Révolution Bleue, que ce soit la Petite Princesse ou la Révolution Bleue, comme je vous le disais, c'est le récit de la transition et tous les gens qui sont dans la transition s'y retrouvent. Mais derrière, c'est la naissance de l'humanité. C'est la naissance de l'humanité comme un organe de la biosphère. Et la biosphère n'est qu'une cellule d'un grand tout qui est l'univers. Et Grotentic s'est beaucoup intéressé à la nature de l'intuition et lui, une grosse partie de son intuition venait des rêves. C'est pour ça qu'il a écrit La clé des songes. C'est pour ça que moi, j'ai écrit La clé des songes, parce que moi, j'ai énormément d'intuitions qui viennent aussi des rêves. Et la question qui se posait, c'est qui murmure dans les rêves ? Et moi, qui était la question que je me posais aussi. Et en fait, on se rend compte que derrière les rêves ou derrière l'intuition, il y a quelque chose de l'ordre d'une, presque une conscience universelle dans laquelle on pourrait aller puiser des idées, mais où toutes les idées seraient déjà. Et lui, il avait l'impression que la nuit, il allait dans des endroits où il avait la réponse à toutes les questions. Les réponses lui étaient données de manière symbolique, donc il faut savoir décrypter les rêves, mais qu'à partir de ça, il avait réponse à toutes ces questions. Il disait, cette chose, cette entité qui murmure dans les rêves, elle sait beaucoup plus de choses que je le sais, et il n'y a qu'un seul mot pour la décrire, c'est Dieu. Et là, quand moi j'ai vu ça dans la clé des songes, je me suis dit, oula, là ça part loin. Et en fait, il donne une dessinition de Dieu qui n'est pas un grand barbu dans le ciel, mais qui est en fait une espèce de réservoir dans lequel il y a tout ce qui a été manifesté et non manifesté. C'est un peu des sortes d'anal akashiques et dans lequel on peut aller puiser. Et bon, là, c'est complètement extraordinaire. Et moi, j'ai mis tout ça dans le bouquin, la clé des songes, parce que moi, je suis intimement persuadé qu'il y a ça. Il y a quelque chose qui nous guide, une sorte d'intelligence de la biosphère ou de l'univers. dans lequel, par exemple, tout un tas de peuples autochtones sont reliés. Et nous, on s'est complètement coupé de ça. Et en fait, je parlais, le biomimétisme, pour moi, c'est le niveau zéro de l'inspiration par cette grande conscience universelle de la nature. Mais une fois qu'on a une vision fine, et ça nécessite, comme il le faisait, de faire de la méditation, c'est-à-dire de taire l'espèce de machin qui vous parle à votre moi, blablabla, vous le faites taire, vous écoutez profondément l'univers, et là, il y a toutes les réponses. Donc, la Révolution bleue, ça va jusque-là.

  • Speaker #1

    Ok, super teaser pour la Révolution Bleue et l'accès des songes.

  • Speaker #0

    Vous pouvez trouver plein d'informations sur revolutionbleu.fr. Donc ça, c'est le site de la Révolution Bleue sur le bouquin. Et puis, vous pouvez le trouver partout. Comme je disais, pour moi, ce n'est pas la même énergie que CycleGor. CycleGor, c'est très actuel et c'est très utile pour décrypter un petit peu les lignes de force actuelles. Mais ça ne propose pas un modèle du monde. Non, non, bien sûr. Ça l'esquisse. Et donc, pour moi, le travail sur Révolution Bleue, il est beaucoup plus profond. En tout cas, c'est le truc le plus compliqué que j'ai jamais fait de ma vie. L'écrire, c'est complexe, mais c'est de le penser qui a été le plus complexe. Et puis de bâtir les concepts. Parce que si vous faites une fiction, vous pouvez créer un récit inspirant, mais s'il ne crée pas un concept, ça ne crée pas un nouveau paradigme. Et c'est Aristote. qui avait inventé le concept de concept. Un concept, c'est quoi ? C'est ce qui permet à une idée de s'auto-déployer. C'est-à-dire, c'est une espèce de force en marche qui fait que dès que vous avez un concept, les gens y adhèrent. Et entre une histoire et un concept, c'est deux choses différentes. Donc là, le concept, c'est Homo Biosferis dans la Révolution bleue, qui n'était pas présent dans le siècle bleu, parce qu'à l'époque, moi, je n'avais pas découvert cette chose-là, ou en tout cas, je n'avais pas eu l'intuition de ce truc. Mais c'était en relisant le siècle bleu, en gestation dedans. Mais voilà, et parfois, il faut des années, 18 ans pour arriver à formuler quelque chose. Mais j'en suis qu'au début de tirer les fils de cette homo biocéris.

  • Speaker #1

    On a hâte aussi de voir la suite. On arrive bientôt, Jean-Pierre, à la fin de cet épisode. Peut-être pour conclure, c'est quoi tes projets du moment ? J'ai entendu un petit peu parler de One Home. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce projet ?

  • Speaker #0

    One Home, c'est une ONG qu'on a créée avec des amis qui... qui prend la suite d'un projet qui s'appelait Blue Turn, que j'avais créé avec un ami qui s'appelle Michael Bocara. Et One Home, on a créé ça avec un ami, Kim Winke, qui est designer et qui est aussi patron de la transformation digitale chez Ariane Espace. Et on a créé One Home avec l'idée de faire vivre aux gens l'overview effect. Et l'overview effect, c'est la transformation cognitive qu'ont eu les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Et beaucoup disent qu'ils sont tombés amoureux de la Terre. et Pour reproduire cet effet, on utilise des images uniques de la NASA qui viennent d'un satellite qui s'appelle Discover, qui est le seul satellite qui prend des photos de la Terre toute éclairée dix fois par jour. Et nous, on les a animées avec un algorithme pour faire les premières vidéos 4K de la Terre toute éclairée. Il n'y avait jamais eu ça avant ce projet-là. La Gaïa ne s'était jamais vue de tous les côtés. Et en fait, avec One Home, c'est la première fois qu'on monte la Terre toute éclairée. Donc c'est un outil d'émergence de conscience planétaire. Et nous, on a travaillé avec des artistes, avec des designers, des informaticiens, et puis des personnalités inspirantes pour créer des vidéos de 3 à 5 minutes. Et quand vous les regardez, vous tombez amoureux de la Terre. Donc on a fait des vidéos avec, par exemple, la chanteuse Yael Naïm, avec l'artiste Agoria. On en a fait une avec Jane Goodall. Là, on va sortir un épisode, enfin une vidéo avec Emma Aziza. et un musicien sénégalais qui s'appelle Yaya Minté. Et en fait, le but, c'est de rendre l'amour de la Terre irrésistible. Et donc, cette ONG, vous pouvez tout trouver sur onehome.org. Et sur onehome.org, il y a toutes ces vidéos, tout ça, c'est gratuit. Des tutos pour faire des projections dans vos entreprises, dans des écoles, en début de conférence, en début de conseil d'administration, pour ramener la Terre, parce qu'en fait, on ne voit pas la Terre. Je dirais, la Terre, si vous ne sortez pas dans l'espace, vous ne pouvez pas voir à quoi on appartient. Pendant longtemps, les humains ne savaient pas à quoi ressemblait la Terre. Et donc, on va dire One Home, c'est un peu le pinacle de toute cette aventure de l'élévation humaine et de l'émergence d'une conscience planétaire. Et là, on vient de lancer une toute nouvelle version du site dans lequel, à chaque fois que les gens montrent One Home, ils peuvent mettre un point sur une carte interactive. Et l'idée, c'est que chacun de ces événements est un événement d'amour pour la Terre. Et ce qu'on veut, c'est illuminer la Terre de l'amour de l'humanité. Et on s'est fixé un défi un peu fou là, c'est de montrer que One Home soit montré dans 100 pays avant la fin 2025 pour éclairer la Terre de tout l'amour de l'humanité. Et ça arrive à un moment un peu particulier parce que l'administration Trump a décidé d'arrêter ce satellite le 1er octobre. Donc à partir du 1er octobre, il chante cette conscience planétaire. Pour moi, c'est un trame. Ça fait 28 ans que je suis sur ce satellite. Donc c'est depuis 1997 que je réfléchis à ça et tout. Donc c'est très triste, mais on a 10 ans d'archives. Et avec ça, on peut faire toutes les vidéos qu'on veut. Mais pour moi, c'est un bouleversement et qui est très significatif, ce qui arrive là. Et donc... L'idée de One Home, c'est de faire basculer l'esprit de la Révolution Bleue dans la réalité. Et d'ailleurs, cet élan de montrer la Terre à travers le monde et de poser ces petites projections sur cette carte, on appelle ça la carte de la Révolution Bleue. Et donc, on a mergé l'intention de One Home avec celle de la Révolution Bleue. Et à terme, j'espère que One Home pourra être la base d'un certain nombre d'expériences qui catalyseront l'émergence d'homo biocéris. Donc voilà l'intention. Allez sur onehome.org, vous trouvez des tutos pour organiser vos projections. Il y a une newsletter aussi, vous pouvez vous abonner. Il y a une newsletter sur revolutionbleu.fr pour suivre les évolutions de cette aventure. Ça c'est mon projet du moment. A partir de janvier, je vais écrire aussi le tome 3 de la Révolution Bleue. Mais là, jusqu'à fin décembre, c'est vraiment de... d'essayer de réaliser ce rêve de One Home et de la révolution.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça très chouette d'avoir ce concept dont on parlait tout à l'heure, du livre qui est en train de sortir et de devenir réel. Bravo Jean-Pierre, en tout cas.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et un grand merci d'être venu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi et je suis ravi. J'espère que les auditeurs et auditrices auront passé un bon moment.

  • Speaker #1

    Super. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser une note 5 étoiles et à partager l'épisode autour de vous. Si vous avez des questions, des idées, des suggestions, n'hésitez pas à nous contacter directement sur LinkedIn. Merci et à très vite !

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Description

Bonjour à tous,


C'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes !!

Aujourd’hui j’accueille Jean-Pierre Goux.. Mathématicien, Fondateur de Biosphere Economics et OneHome et, Ecrivain.


J’étais très contente d’avoir Jean-Pierre au micro pour 1 raison : il a passé des centaines d’heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose "comment réaliser collectivement la transition ?".

Alors, comment ?
Et bien ça ne tient pas en 2 phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l’épisode.


Dans ses 2 premiers livres, Siècle bleue, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l’échelle planétaire, entre les grandes puissances et qui résonne avec notre monde d’aujourd’hui.


Dans les 2 suivants, c’est l’humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être.


Et si, le Petit Prince m’a quelque peu inspiré pour construire le podcast à ses débuts, pour Jean-Pierre vous allez le voir, les écrits d’Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante.


Une conversation qui j’espère vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue !


C’est parti


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, c'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes. Aujourd'hui j'accueille Jean-Pierre Gou, mathématicien, fondateur de Biosphère Economics et One Home, et écrivain. J'étais très contente d'avoir Jean-Pierre au micro pour une raison. Il a passé des centaines d'heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose, comment réaliser collectivement la transition ? Alors comment ? Eh bien, ça ne tient pas en deux phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l'épisode. Dans ces deux premiers livres, Siècle Bleu, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l'échelle planétaire. entre les grandes puissances et qui résonne particulièrement avec notre monde d'aujourd'hui. Dans les deux suivants, c'est l'humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être. Et si le petit prince m'a quelque peu inspirée pour construire ce podcast, pour Jean-Pierre, vous allez voir, les écrits d'Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante. Voici une conversation qui, j'espère, vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue. C'est parti ! Bonjour Jean-Pierre !

  • Speaker #1

    Bonjour Marie !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec moi ce matin.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravi aussi.

  • Speaker #0

    En plus, moi, je n'avais pas fait de podcast depuis plusieurs mois. Donc, tu es un peu l'invité que j'accueille pour rouvrir cette nouvelle saison. Je suis hyper contente. On va parler en plus de futur désirable pour changer, n'est-ce pas ? Et je suis assez contente parce que parmi tous les invités que j'ai eus, toi, tu as quand même passé énormément d'heures à te poser les questions de qu'est-ce que ça veut dire ? Alors, mes autres invités l'ont fait, je ne dis pas le contraire. Mais toi, tu en as écrit plusieurs livres, notamment. Et ce n'est pas les seuls travaux que tu as, on aura le temps d'en parler. Donc voilà, je suis hyper contente qu'ensemble, on prenne un peu le temps de décrypter qu'est-ce que ça veut dire une transition que tu as écrite, comment elle s'incarne et c'est quoi un petit peu le modèle qu'on va avoir à la fin.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Beau programme ! Mais avant ça, notamment pour ceux qui ne te connaissent pas, je vais te laisser te présenter.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis Jean-Pierre Gou, au départ, moi j'ai une formation d'ingénieur, je me suis spécialisé en mathématiques et j'avais toujours le rêve d'utiliser les maths. pour accélérer la transition écologique. Donc moi, j'ai fait des maths dans un domaine en particulier, de la recherche en optimisation. Départ en France, puis après aux États-Unis, à Chicago, à Northwestern University, puis après pour le ministère de l'Énergie américain. Et avec toujours l'idée de résoudre des grands problèmes d'optimisation, des problèmes d'aide à la décision, pour aider les entreprises ou pour aider des systèmes à fonctionner de manière plus optimale.

  • Speaker #0

    Attends, c'est quoi un problème d'optimisation ?

  • Speaker #1

    Les problèmes d'optimisation, c'est que tu as une fonction avec... des paramètres, mettons des milliers ou des millions de paramètres, des contraintes, c'est-à-dire que ces paramètres peuvent évoluer dans un espace, et c'est de voir dans cet espace quel est le minima ou le maxima de cette fonction. Donc typiquement, tu peux choisir quelles sont les décisions que peut avoir une boîte comme EDF ou Gaz de France, enfin Engie, pour optimiser leur production, tout en respectant des contraintes opérationnelles, en satisfaisant la demande. en ayant des contraintes, par exemple, sur le niveau de CO2 qu'ils doivent émettre. Et donc, ça, ça te fait un planning optimal. En fait, quand tu as des fonctions extrêmement complexes, avec des fonctions de coût complexes et des contraintes complexes, il faut utiliser des algorithmes linéaires, non linéaires, avec des variables combinatoires. Donc, voilà, c'est un champ entier de mathématiques d'aide à la décision et qui peut s'appliquer à tout type de problème de décision. Et moi, j'étais vraiment dans la meilleure équipe mondiale là-bas, à Chicago. et puis après ça... J'ai aidé justement mon ancien boss d'EDF à créer une startup en optimisation qui s'appelle Artelis et qui faisait ce qu'on faisait pour EDF, mais pour tout type d'entreprise du CAC 40. Je suis resté jusqu'en 2004. À l'époque, on était 12 mathématiciens. Et puis là, depuis quelques temps, je retravaille avec eux. Il y a 150 mathématiciens. C'est une boîte qui est à Paris, dans différentes villes. Et qui, sur tous les enjeux de la transition, met à 70% dans l'énergie. Et puis en 2004, moi je suis parti pour travailler dans le domaine vraiment de l'énergie parce qu'on avait décidé de libéraliser l'énergie. J'ai été pendant 15 ans chez Powernext qui gérait les marchés au départ de l'électricité, puis après marché du gaz. On a aussi fait des marchés du CO2, certificat d'économie d'énergie, garantie d'électricité verte. Et ça on l'a fait en France, puis après pour tous les pays européens. J'en ai été directeur général et fin 2019, je suis parti. de cette boîte pour me mettre à mon compte. Je crée un cabinet qui s'appelle Biosphere Economics pour essayer de concilier les enjeux de la biosphère avec l'économie. Donc moi, j'interviens dans un certain nombre d'entreprises, mais surtout, je voulais faire ça pour avoir du temps à côté, pour faire des recherches et écrire, parce que j'ai toujours écrit des romans à côté. On en parlera. Parce que pour moi, il faut évidemment de la technique, des idées pour la transition, mais il faut aussi des imaginaires. Aujourd'hui, on a des imaginaires qui ne sont pas assez forts par rapport à ceux qui sont en place. Et le fait qu'on vive un backlash en ce moment, c'est aussi parce que les imaginaires écologiques... sont pas assez désirables ou pas assez même, moi j'emploie un mot encore plus fort, qui est irrésistible. Irrésistible, c'est vraiment quelque chose que désirable, mais que tu ne peux pas... On ne peut pas irrésister, c'est la définition même. Tu peux dire, non mais là c'est trop beau, j'y vais vraiment. Et en tout cas, désirable, c'est déjà bien. Moi, j'étais aussi président de l'Institut des Futurs Souhaitables. Donc t'as souhaitable, désirable, mais bon, moi j'aime bien irrésistible. Et puis à côté, j'ai une ONG qui s'appelle One Home, qui justement travaille sur l'irrésistibilité par l'expérience. quoi donc J'aime bien jouer sur différents registres, mais le point commun de tout ça, c'est la transition écologique avec un focus sur les entreprises. Parce que le problème aujourd'hui, c'est vraiment la manière dont le système économique est organisé. Tu peux avoir tous les idéaux que tu veux si tu ne fais pas quelque chose où tu te poses la question comment les entreprises peuvent muter et vers quel modèle et avec quelle force elles peuvent... Quelles forces elles peuvent employer pour se transformer ? En fait, tu peux avoir tous les vœux pieux d'un futur désirable, mais tu y resteras si derrière, il n'y a pas une feuille de route pratique pour évoluer.

  • Speaker #0

    Ok, hyper clair. Du coup, je dirais plusieurs casquettes qui peuvent te caractériser. Conférencier, romancier, mathématicien, consultant peut-être aussi. On voit plein de casquettes.

  • Speaker #1

    En fait, il y a à la fois pour avoir un modèle économique personnel, mais c'est aussi des intérêts personnels. Le fait d'avoir un pied dans le monde des entreprises, que ce soit dans des conférences ou dans des accompagnements de conseils, pour moi, ça permet toujours de tester des idées parce qu'assez vite, tu peux devenir éthéré dans tes idées et proposer des choses qui sont inapplicables. Et parfois, quand tu vas les prononcer devant les gens, tu te dis OK, là, il manque des marches ou en tout cas, il manque des jalons à l'échelle pour que les gens puissent passer de là à là. Et j'essaye par les romans, justement, de combler ces jalons, c'est-à-dire que les romans, pour moi... On pourra en reparler, mais c'est vraiment des simulateurs d'idées. En philosophie, on appelle ça des expériences de pensée, pour se dire comment on pourrait faire pour que cette idée naisse. Et là, je suis vraiment dans du sociétal, donc c'est des simulations sociétales.

  • Speaker #0

    Juste avant de plonger sur le sujet du roman, j'avais une question pour toi, avec ton regard de mathématicien. Est-ce que tu vis une certaine forme de dissonance sur les objets techniques sur lesquels tu bosses ? Parce qu'en gros, parfois, on se rend compte que les objets techniques qui nous ont permis de nous développer en tant que société, il y en a certains qui sont aussi parfois à l'origine du problème. Donc, est-ce que toi, tu vis une forme de dissonance ? Je sais que ça peut arriver, notamment chez des jeunes ingénieurs sortis d'école. Il y a eu des matisseurs dans l'histoire, comme Grotendieck aussi, qui... ont été parfois très troublés par certaines avancées, notamment sur des sujets d'armes atomiques, etc. Comment ? Bon là, voilà, on part très loin. Mais est-ce que toi tu lis ça ?

  • Speaker #1

    C'est le mathématicien qui m'a le plus inspiré et qui est au cœur de mon dernier roman, La Clé des Songes. Puisque La Clé des Songes, c'est un livre qu'il a écrit. Et donc c'est en hommage à Grotentic que le livre s'appelle La Clé des Songes. Et effectivement, il a presque été un objecteur de conscience, Grotentic. C'est-à-dire qu'il a quitté le domaine des mathématiques. Il était à l'Institut des Hautes Études à Bure. qui est vraiment le plus haut lieu de la science française, en prétextant qu'il y avait 5 à 10% des fonds de cet institut qui provenait de la recherche de la défense. Et pour lui, les mathématiques étaient utilisées pour la défense. En fait, moi, j'en suis complètement conscient de ça. Moi, j'étais même dans une école d'ingénieurs qui était financée par la DGA, etc. J'ai travaillé au ministère de l'énergie américain, Argonne National Laboratory. C'est là où ils auraient dû faire les premiers tests de la bombe atomique. Mais comme il y a eu une grève, ils les ont fait à l'université de Chicago. Mais en fait, le monde est dual. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu poses la question de la technique, la technique, elle est à la fois le remède et le poison. Donc la question, si tu refuses cette chose-là, en fait, la question, c'est d'arriver à mettre ton temps et ton énergie pour faire de ces techniques un remède. Si tu prends un couteau de cuisine, tu peux faire les meilleurs plats au monde. Tu es ton conjoint. Ce n'est pas écrit le mode d'emploi dessus. Le refus de la technique, ce qu'avait fait d'ailleurs Grotendieck, c'est une possibilité. Mais à partir du moment où elle existe, moi ce qui m'intéresse, c'est d'en trouver les usages qui soient les plus bénéfiques. Et c'est ce que j'essaye de faire en maths quand je les utilise. Il y a des types de missions que je ne fais pas. C'est ne pas nourrir ça. Mais ça n'empêche pas des gens d'utiliser les mêmes types de mathématiques pour des fins qui soient moins glorieuses, voire même extrêmement néfastes. Et je fais la même chose, par exemple, dans One Home, cette ONG où on utilise énormément d'informatique, mais pour créer de la beauté et créer des objets de reliance entre êtres humains et de propagation d'amour, presque. Donc, tout est une question d'intention. Bon, je pense que là... Mais je pourrais refuser tout ça et n'utiliser plus rien de technique ou de mathématiques ou de scientifiques. Mais je trouve que ça fait partie de l'aventure humaine et c'est à nous d'inventer les inventions qui soient justement irrésistibles et qui permettent de nudger, le mot américain nudge c'est de pousser l'utilisation vers un certain sens. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui nudgent par exemple l'utilisation de l'intelligence artificielle pour oppresser. l'humain, mais on pourrait potentiellement l'aider pour l'utiliser aussi pour émanciper l'être humain. C'est aussi un des thèmes que je traite dans mon dernier roman, La clé des songes. Je me posais toujours la question de quelle pourrait être l'utilisation la plus irrésistible de l'IA.

  • Speaker #0

    Et t'as répondu quoi à cette question ?

  • Speaker #1

    Ah ben je peux pas dire, parce que c'est le gros spoil du bouquin. Mais ça fait trois ans que je fais des recherches là-dessus. On voit tout un tas d'utilisations de l'IA, mais qui sont un peu de l'IA washing ou green washing. qui étaient des choses qu'on savait déjà faire en maths. Les gens vous disent, oui, on peut repérer sur des cartes satellites, des nappes de pétrole qui ont été dégazées par des pétroliers. Ça, c'est du traitement d'image, on savait le faire il y a 20 ans. Donc, ce n'est pas propre à l'IA. Et puis, il y a des gens qui vous disent, oui, on peut optimiser telle et telle chose. Moi, c'est des trucs que je fais en maths depuis 25 ans. Donc, ça, ce n'est pas propre à l'IA. Et je me disais aujourd'hui, qu'est-ce qui pourrait vraiment être une utilisation extraordinaire et qui accélère ? l'évolution de l'humanité vers une autre direction. Et donc, il y a une proposition dans le roman. Et d'ailleurs, moi, j'ai beaucoup, évidemment, de gens qui sont des pro-écolos, en fait, dans mon lectorat. Mais pas que. Et c'est des livres, justement, qui ne sont pas clivants. Le but, c'est d'embarquer le plus grand nombre possible. Et même ces gens-là, ils ont trouvé que cette utilisation de l'IA était vraiment révolutionnaire et ça les a émus. Donc, voilà. Et d'ailleurs, j'attends un peu parce que là, j'ai trop de choses à faire en ce moment. mais on va la créer, cette IA-là. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    OK, bon, c'est un super teaser pour lire la clé des songes, du coup.

  • Speaker #1

    Mais par contre, oui, pour revenir à ta question, je me pose toujours la question. Oui, c'est une question qui t'anime aussi,

  • Speaker #0

    personnellement.

  • Speaker #1

    Par exemple, moi, les recherches que je faisais en optimisation, et par exemple en optimisation non linéaire, ces modèles de calibration, c'est au cœur des modèles de LLM aujourd'hui. Et donc, quand on va... Dans un réseau de neurones, optimiser les poids, ça utilise des techniques que moi et d'autres, on a mis au point il y a 25 ans. Et donc, tu te dis, tiens, on a accouché de ça. Alors, est-ce que si nous, on l'avait fait, d'autres l'auraient pas fait ? J'en sais rien. Et puis, les LLM, ça peut avoir des utilisations bénéfiques, mais très néfastes aussi. Donc, la question, c'est vraiment de savoir qu'est-ce qu'on nourrit, en fait, comme intention. Et c'est la question de l'intention. Et donc, on revient toujours au « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » . C'est ça, c'est d'arriver à savoir ce que tu fais et puis trouver des choses qui soient vraiment inspirantes dans l'utilisation de certaines techniques.

  • Speaker #0

    Ok, je ne connaissais pas ce proverbe, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est de qui ?

  • Speaker #1

    Le nom ne me vient pas là tout de suite, mais c'est un philosophe connu.

  • Speaker #0

    Ça marche. Écoute, je te propose maintenant qu'on passe à une discussion sur tes romans. Tu te lances dans l'écriture de Siècles Bleus, notamment le tome 1 dans les années 2007, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai commencé en 2000 et en 2007, j'ai terminé. D'accord, c'est le premier tome. Il a fallu deux ans pour trouver un éditeur, puis après un an pour que ça soit publié. Donc, le premier tome de Siècles Bleus est sorti en... en 2000. Et l'idée, en fait, elle m'est venue le 1er janvier 2000, au tout début du siècle. Enfin, il y avait un... On démarrait un nouveau siècle et je me disais, je voyais comme une avenue. Je me disais, on a deux choix de pistes pour cette avenue. Soit ce siècle qui commence, c'est le dernier en fait de l'histoire de l'humanité, ou en tout cas le dernier dans lequel il y a des conditions d'habitabilité de la Terre qui sont propices à la vie humaine. Et si c'est le cas, on l'appellera le siècle noir, parce que dans 5000 ans, si les civilisations ressurgissent, on parlera de l'époque où par égoïsme ou par confort, parce que le confort est un des énormes freins aujourd'hui à la transition. Je ne sais plus, quelqu'un me disait récemment, il ne savait pas qu'est-ce qui était le plus inquiétant, le bruit des bottes ou le silence des pantoufles. Et je trouve que c'est très intéressant parce qu'un certain nombre de gens... qui sont en charge de la marche du monde aujourd'hui, ils sont en pantoufles, et puis ils sont bien en pantoufles. Et il y a une question de se dire, bon, j'ai tennis samedi, pourquoi j'irais aller travailler pour une ONG ? Enfin, il y a ce truc-là. Et donc, en tout cas, on a une voie qui est possible, qui est le siècle noir. Et l'autre voie, c'est que l'humanité donne ce qu'elle a de meilleur d'elle-même, que chacun donne ce qu'il y a de meilleur de soi-même, et qu'on se transforme. Et dans 5000 ans, on parlera toujours peut-être du siècle bleu. qui était le siècle où l'humanité était au bord du précipice. Et parce qu'il y a un certain nombre de fous, de visionnaires, qui ont eu d'autres idées et qui ont réinventé l'économie, on a évité le précipice et on s'est transformé. On arrive à un mode de civilisation où l'humanité et la biosphère arrivent à vivre ensemble. Et ça, c'était vraiment l'idée que j'avais et qui était l'idée de Siècle Bleu et de Révolution Bleue, qui, in fine, est une nouvelle saga. Donc, Siècle Bleu, c'est en deux tomes et Révolution Bleue, ça sera en trois tomes. Ça peut se lire indépendamment et tous les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Si les gens ont du temps, c'est bien de les lire dans l'ordre, mais ce n'est pas du tout nécessaire. Et surtout, la saga Révolution Bleue est complètement indépendante de Siècle Bleu. Mais voilà, c'était de se dire un peu sur un mode de « et si » , de partir uniquement de choses totalement réalistes, c'est-à-dire qui sont fondées d'un point de vue géopolitique, d'un point de vue psychologique. c'est-à-dire ce livre Il prend en compte la structure de la psyché humaine, les structures individuelles, les structures collectives, les relations entre les États. Donc le cadre, c'est toujours une lutte entre la Chine et les États-Unis pour dominer le monde. Avec en plus dans la clé des songes, justement, l'apparition de l'IA, de la robotique comme étant une autre voie qui pourrait aussi influer. Et de se dire en fait de tout ça, est-ce qu'il n'y aurait pas une autre voie qu'on pourrait décrire ? Et... L'idée, c'est que ça soit une autre voie qui ne soit pas en opposition avec la voie US, la voie Chine ou la voie robotique, mais une voie qui englobe les autres pour utiliser le meilleur de ce que les US pourraient apporter, le meilleur de ce que la Chine pourrait apporter, le meilleur de ce que chaque peuple pourrait apporter en incluant les peuples autochtones, mais aussi le meilleur de ce que la technologie pourrait apporter et de réinventer la notion de technologie. Parce qu'aujourd'hui, pour beaucoup de gens, la technologie, alors il y a une question d'usage, on en a discuté, qui peut être néfaste. Et on peut utiliser l'IA pour faire des robots autonomes, mais aussi pour faire de l'assistanat dans certaines parties du monde pour des enfants à l'école et qui n'auraient pas accès à des professeurs et leur donner la possibilité d'avoir de l'éducation. Donc, il peut y avoir des utilisations d'émancipation extraordinaire. Mais il y a une question aussi, évidemment, et c'est votre travail aussi chez vous, chez Steam, de conception de la technologie. de manière à ce qu'elle ne crée pas de pollution, de déchets, etc. Et donc, pour moi, il y a une question de réinvention de la manière dont on crée la technologie et d'aller massivement vers la bio-inspiration. Et la Révolution Bleue est bio-inspirée, c'est-à-dire beaucoup de biomimétisme, c'est-à-dire de s'inspirer de la nature pour résoudre des problèmes d'ingénierie et d'aller vers une technologie qui soit très économe en métaux, en molécules qui soient, on va dire, polluantes. et de s'inspirer de la nature pour ça.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, ces premiers romans, tu les écris dans les années, comme je disais au début, dans les années 2000. Moi, j'ai été assez bluffée, donc je les ai lus récemment, fin d'année dernière et cette année. J'ai été bluffée à quel point les sujets sont d'actualité et si je devais parier que la date de parution du roman, je n'aurais pas parié sur le début des années 2000. Avec le recul... Comment est-ce que tu lis les choses ? C'est quoi un peu tes grands apprentissages ? Parlons seulement de « Siècle bleu » pour le moment, mais c'est quoi ton recul sur l'écriture de ces romans ? Est-ce que finalement, la fiction t'a un peu dépassé ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que le temps passe vite. Moi, j'ai fini Siècle Bleu il y a 18 ans. Et il y a plein de gens qui le lisent aujourd'hui en me disant... Et effectivement, ils pensent que ça a été écrit l'année dernière. Alors, est-ce que c'est un coup de chance ou pas ? J'en sais rien. Mais au départ, moi, il y a beaucoup de documentation. Et j'essaye d'écrire les livres avec une analyse de la manière dont la société fonctionne et l'être humain fonctionne. Et il y a des invariants. Si tu écris quelque chose qui est trop relié à l'époque, un livre qui est sur Trump ou sur Musk ou sur autre chose, en fait, ton livre va vite être daté parce que le monde aura peut-être évolué vers autre chose. Mais si les invariants, eux, ils ne bougent pas et la société peut évoluer. Et dans le siècle bleu, l'invariant, c'était que finalement... enfin, il y a un certain nombre de gens qui veulent organiser le monde et le capitalisme d'une certaine manière. Mais ce n'est pas un livre anticapitaliste, c'est un livre qui prend et qui est plutôt sur une forme sauvage de capitalisme, qui n'a pas envie de règles et qui n'a pas envie de contraintes, et qui se rend compte que les écologistes sont finalement des ennemis, parce qu'ils ont raison. C'est-à-dire que tout ce qu'ils disent, c'est vrai, et qu'ils veulent les éliminer. et dans le siècle bleu, Le personnage principal qui s'appelle Abel est à la tête d'une organisation éco-activiste, mais invisible. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas pignon sur rue, ils font un certain nombre d'actions chocs contre le gouvernement américain, contre le gouvernement japonais, contre un certain nombre d'entreprises, mais c'est de la menace asymétrique puisqu'on ne sait pas où ils sont. Et ce groupuscule qui s'appelle Gaïa se retrouve accusé d'un crime d'État entre la Chine et les États-Unis qu'ils n'ont pas commis. Sauf que le Abel, il est déterminé et qu'il n'aime pas trop qu'on lui mette un crime sur sa tête qu'il n'a pas fait. Et donc, il part à la recherche de ce secret d'État. Et en fait, c'est un thriller, c'est une chasse à l'homme qui devient aussi une chasse à la femme puisqu'il s'enfuit avec sa femme Lucie. Et ils sont déterminés pour percer ce secret-là et ils déclenchent une sorte de révolution. Et vous avez toute une partie, un peu comme pendant l'affaire Dreyfus, une partie de gens qui sont pro-Gaïa, anti-Gaïa. et on sent bien que derrière le... le discours d'État, il y a un truc qui va pas. Et au fur et à mesure, les peuples se soulèvent, etc. Et ça ne devient pas une révolution violente parce que un des personnages, qui s'appelle Paul Garner, lui est bloqué sur la Lune. C'est le meilleur ami d'Abel. Il fait partie du premier contingent américain à retourner sur la Lune dans une course à la Lune avec la Chine. Et moi, quand j'avais écrit ça dans les années 2000, cette course à la Lune commençait. Et aujourd'hui, elle est réelle puisque... Ce qu'on voit, c'est que même la Chine devrait arriver avant la fin 2030 sur la Lune, avant les États-Unis, parce qu'aujourd'hui, le programme de Musk et de Bezos ont pris énormément de retard. Et donc, voilà. Et là, Trump, récemment, vient d'annoncer qu'il mettait les bouchées doubles sur le programme lunaire. Donc, cette course à la Lune qu'il racontait dans le siècle bleu. Et puis, ils disent, voilà, on a moins de cinq ans pour y retourner. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est un peu un hasard. Enfin, un hasard, je n'en sais rien. En tout cas, je souhaite qu'il y ait un astronaute de ce type-là, parce que lui, il se retrouve bloqué sur la Lune. Ça a un rapport avec ce crime qu'on fait porter à Abel. Et la question, c'est est-ce qu'on va le secourir ou pas ? Et on l'écoute. Et en fait, cet astronaute, c'est un grand rêveur, un grand poète. Il tombe amoureux de la Terre en la voyant depuis l'espace. Et il partage son amour. Et le fait qu'il y ait ce gars tout seul sur la Lune, ça fait penser un petit peu au Petit Prince. Tous les gens se disent, mais attends, là, on est assez fou pour l'avoir laissé tout seul. et puis c'est un type qui est très sympa, qui est adorable, etc. Et donc, il ouvre les cœurs et son destin touche tout le monde. Donc, tout le monde l'écoute tous les jours. Et lui, il parle de la Terre, de merveilleusement. Et le fait d'avoir un point de vue comme ça, extérieur, les gens réalisent qu'on fait n'importe quoi en fait, sur cette planète, qu'on est dans un paradis. Il y a des tas de gens qui rêvent d'aller au paradis après leur mort, mais on est déjà dans un paradis où on est en train de souiller. Et il ramène les gens à l'essentiel. Et lui vit... un effet qu'on appelle l'overview effect, c'est-à-dire c'est la transformation qu'ont subi les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de faire vivre au lecteur cet overview effect par le truchement du roman et que les lecteurs et lectrices tombent amoureux de la Terre. Il y en a beaucoup qui ont eu cet effet en lisant Siècle bleu.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, hyper intéressant. On sent bien les descriptions et toute la poésie qui est amenée par Paul Gartner. Moi, je me posais une question sur la Terre. transition que tu proposes avec le livre, on sent qu'Abel, le personnage principal qui est à la tête de Gaïa, l'ONG, il a une certaine forme quand même de radicalité et de détermination. Est-ce que pour toi, une transition, elle doit être radicale ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, un mot sur le mot radical. Le mot radical veut dire revenir à la racine. Donc, dans ce sens, une transition doit être radicale, c'est-à-dire revenir à la racine. Parce qu'il y a des moments où on a pris des embranchements, d'ailleurs, sur la conception du monde technique, sur la conception de l'économie. Et il faut pouvoir remonter à cette racine-là pour réinventer une nouvelle société. Et une transition incrémentale qui fait juste des patchs par rapport à un modèle, elle ne sera pas suffisante. mais Effectivement, dans Siècle Bleu, qui est une intrigue très courte, elle est sur 28 jours, il y a 14 jours dans le premier tome, 14 jours dans le deuxième tome, donc c'est vraiment un thriller qui n'arrête pas. Et en 28 jours, on ne change pas le monde, on change l'état d'esprit. Donc il y a une espèce de... à la fin de Siècle Bleu, sans spoiler.

  • Speaker #0

    Moi, j'aime les APN, donc vous aurez une APN. Il y a beaucoup de gens dans l'écologie qui n'aiment pas les APN. Moi, je suis un fervent... Je veux que les gens referment ces livres en se disant « waouh » . Et en fait, on pourrait le faire, ce qu'ils décrivent dedans. Et effectivement, la voie que ce Abel explore, c'est la voie de l'activisme. Parce qu'aujourd'hui, il faut des activistes, parce qu'il y a un certain nombre de choses qui sont intolérables, mais ça se retourne contre lui. Et d'ailleurs, ces méthodes sont... tellement peut-être, enfin pas violente parce qu'il y a toujours beaucoup d'humour dans ce qu'il fait, mais si on ennuie le système de cette manière-là, toujours on a un backlash et on se le prend dessus. Et justement, dans Révolution Bleue, le même personnage se retrouve légataire du rêve de Paul Garner. Et le rêve du Paul Garner, c'était de faire cette Révolution Bleue. Et la Révolution Bleue, elle est inspirée d'un peintre, Yves Klein. C'est une révolution qui est, on va dire, plus philosophique qu'une révolution. Il ne s'agit pas de mettre des têtes sur des pics. C'est le processus par lequel l'humanité rejoindrait les limites planétaires et arriverait à vivre en osmose ou en symbiose avec la Terre pendant des millénaires.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'articule, cette révolution, du coup ?

  • Speaker #0

    Justement, Paul Garner, à la fin du siècle bleu, donne quelques pistes, en fait, là-dessus. Et d'ailleurs, moi, quand j'avais publié ce livre en 2012, je m'étais dit que j'avais écrit un manifeste de la révolution bleue en disant tout ce qu'il faut aller réinventer. Et je me disais, il y a plein de gens qui vont se mobiliser pour le faire. et réinventer ça. Et en fait, ça n'a pas eu lieu. Il y a eu plein de conséquences de ce livre. Ça a bougé beaucoup de gens dans leur trajectoire de vie, etc. Mais les gens n'ont pas pris ce manifeste comme un programme. Et pour moi, c'était un programme de travail. Et du coup, moi, depuis dix ans, je travaille là-dessus, sur chacune des questions, dans l'économie, dans l'agriculture, dans l'énergie, dans les infrastructures, dans la gouvernance mondiale, dans l'éducation, etc.

  • Speaker #1

    Tu peux nous en citer deux, trois, par exemple, de questions ? Je vais poser quatre.

  • Speaker #0

    Et donc, au départ, moi, ce que j'ai essayé, c'est de collectionner, en fait, toutes les initiatives, on va dire, inspirantes à travers le monde sur ces différents thèmes. Et j'avais commencé en 2015 à écrire un essai là-dessus en disant, tiens, c'est bien de les réunir. Et je me suis dit, en fait, ça ne sert à rien de les réunir parce qu'en fait, il manque quelque chose. Aujourd'hui, toutes ces innovations, que ce soit le biomimétisme, l'économie régénérative, l'économie circulaire, toute une série d'énergies renouvelables, en fait, ça, ça change un peu le monde. Mais ce n'est pas suffisant. Il y a une sorte de plafond de verre qui bloque toutes ces innovations pour arriver à transformer le monde. Et en fait, je me suis dit, c'est quoi le point commun en termes de plafond de verre de toutes ces innovations ? Et comment est-ce qu'on pourrait le dépasser ? Qu'est-ce qui pourrait les rendre irrésistibles ? Justement, c'était ça la question. Et donc, j'y réfléchis pendant un certain nombre d'années. Et en fait, en 2020, moi, j'avais quitté mon boulot chez Powernext pour me mettre à mon compte. Et je devais m'occuper de cette ONG One Home et je ne savais pas trop ce que j'allais faire d'autre. Puis finalement, en 2020, je me suis dit, bon, il faut que je trouve qu'est-ce que c'est ce truc irrésistible qui nous manque. Et donc, j'ai dû lire 500 bouquins en 2020 pendant le Covid. Et j'ai lu dans tous les domaines en me disant, il faut sortir du champ de la transition pour aller regarder d'autres choses. Donc, j'ai lu des bouquins de sociologie, des bouquins d'histoire, des bouquins de géopolitique, des bouquins de spiritualité. Et en me disant, et puis des tas de bouquins de science sur des tas de choses. et petit à petit... Je suis rentré sur les théories de l'évolution. Et de se dire, en fait, si on dézoome dans le temps, l'espèce humaine n'a pas toujours été ce qu'elle était. On a évolué. Et puis, les espèces, en général, ont évolué. Même la matière et la pichée ont évolué depuis le Big Bang. Et tout ça, ça se structure. Et quand on regarde le monde, en fait, on part d'un tas de billes, de particules qui explosent. Enfin, même si le Big Bang, ce n'est pas une explosion, c'est une dilatation. Enfin, je ne veux pas rentrer dans les détails. Et ces billes se structurent pour faire toujours des structures d'ordre supérieur. Et c'était le prêtre jésuite et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin qui disait, le monde évolue vers plus de structures, vers plus de beauté, vers plus de conscience. Et on se rend compte que le monde se structure comme ça. Et je me suis dit, tiens, est-ce que... Et on se rend compte qu'un certain nombre de crises dans le passé ont été résolues par des espèces, par des mutations, par des métamorphoses. et Le point que je me disais, c'est qu'aujourd'hui, on est beaucoup sur un regard extérieur sur la transition, en se disant, tiens, qu'est-ce qu'il pourrait faire là-dessus ? Mais comme si on enlevait l'espèce humaine de l'équation. Et en fait, je me suis dit, la solution de l'équation, là je reprends un peu ma casquette de mathématicien, c'est peut-être la mutation de l'humanité. C'est-à-dire, si l'humanité ne mute pas vers autre chose, on ne pourra pas réaliser cette transition. Et moi, je me disais toujours, imaginons que dans 100 ans, le monde soit complètement transformé. Moi, ce que j'aimerais, c'est connaître le type de civilisation. ou l'espèce qui a réussi cette transition, c'est quoi ces valeurs ? Donc je suis parti de l'inverse en me disant, quelle serait l'espèce qui rendrait ça souhaitable ? Et en regardant les théories de l'évolution, on s'aperçoit que vous avez des structures d'or supérieur qui se font. Et par exemple, moi, ce qui m'a marqué, ce sont des sauts en complexité quand on passe par exemple du monocellulaire au multicellulaire. On ne sait pas comment ça marche en biologie. Enfin, on sait que des cellules peuvent s'associer, mais par contre, qu'il y ait une identité du groupe. qui émergent, et tu en es l'exemple puisque tu es un assemblage de 30 000 milliards de cellules qui coopèrent pour être toi, et toi, tu es l'identité commune de ces cellules, mais si tu prends une cellule, elles ne savent pas, enfin peut-être, on ne sait pas, on n'a jamais interviewé une cellule, qui est Marie. Et pourtant, l'ensemble de ces cellules font Marie, font Jean-Pierre, font toutes les auditrices et les auditeurs. Et ce sont en complexité, il y en a eu un deuxième, quand l'ensemble des espèces, donc il y a à peu près 9 millions d'espèces, si on met de côté les bactéries et les virus sur Terre, et... elles coopèrent ensemble pour former la biosphère, et qui n'est pas juste comme un collier d'espèces, comme toi, tu n'es pas un collier de cellules, c'est un tout, la biosphère. C'est un ensemble cohérent. C'est un ensemble cohérent qui prend soin des parties, et que les parties constituent. Donc il y a toujours une relation bilatérale entre les parties et le tout. Et je me disais, peut-être la prochaine étape d'évolution de l'humanité, c'est de former un collectif. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est 8 milliards d'êtres humains séparés, et que la prochaine... mutation de l'espèce humaine, ça serait de former un collectif, c'est-à-dire un collectif humain planétaire, un grand ensemble fait de 8 milliards d'humains. Aujourd'hui, ce grand ensemble, il est complètement séparé par des nations, il est séparé par des idées, des idéologies.

  • Speaker #1

    Et géographiquement aussi.

  • Speaker #0

    Géographiquement, oui, mais surtout, la notion d'humanité en tant que tout n'existe pas. Et il y a beaucoup de gens qui parlent de ça, d'émergence d'une conscience planétaire, d'une conscience de l'humanité, et c'est ça qui m'intéressait. Et donc... La révolution bleue, c'est à la fois le récit en trois ans de comment on peut transformer toute l'économie pour avoir justement une économie qui soit au sein des limites planétaires, mais aussi l'émergence de ce collectif planétaire. Donc, il y a quelque chose de presque spirituel, c'est-à-dire l'humanité qui est acculée à cause des difficultés. En fait, ces difficultés qu'on voit aujourd'hui, et par exemple, les limites planétaires, on se dit, oh là là, c'est un précipice dans lequel on va tomber. En fait, cette menace... C'est peut-être ça qui fera que pour la première fois, l'humanité choisit le tous ensemble plutôt que le chacun pour soi. Alors le chacun pour soi, quand on regarde l'actualité, on est en plein dedans aujourd'hui et ça fait partie des hésitations. Quand il y a un stress, on se dit oula, soit je vais avec le plus fort, soit on se met tous ensemble. On voit bien qu'il y a une partie de nous qui serait prête à accepter une perte de liberté et se dire bon, je suis américain, même si je n'aime pas Trump. Bon, je suis quand même bien d'être là, donc je vais quand même voter pour lui parce qu'il fait du bien pour nous. avec la force militaire que l'on a. Mais avec les limites planétaires, les désagréments vont être pour tout le monde. Et donc, pour moi, c'est la force d'appui qui va permettre la naissance de l'humanité. Donc, la Révolution bleue, c'est à la fois le récit de la transformation de l'économie, mais de l'espèce. Et c'est cette transformation qui rend le reste irrésistible. Et donc, cette humanité unie, moi, je l'appelle homo biospheris. C'est symbolisé dans le livre par le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Et moi, j'ai trouvé un certain nombre de lettres qui montrent que le petit prince était le symbole, en fait, d'une humanité unie sur sa planète et que le petit prince n'est pas, on va dire, un individu, mais un collectif, quoi. Et d'ailleurs, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry a même préfacé le premier tome de la Révolution bleue qui s'appelle La petite princesse et dans lequel il y a... énormément de choses dans Le Petit Prince. Et pour moi, Le Petit Prince, c'est un livre magique. C'est le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. C'est le livre de fiction le plus imprimé dans le monde. Il est partout. Et dans le livre, en fait, Le Petit Prince, c'est ce qui permet de relier l'humanité et de faire émerger cette nouvelle humanité-là.

  • Speaker #1

    Et ce que je voulais... Je me permets juste d'intervenir parce que, juste pour revenir sur Le Petit Prince, en fait, c'est assez marrant parce que c'est Le Petit Prince qui m'a aussi donné envie de créer ce podcast. Parce que je me disais, en fait, les messages finalement du Petit Prince, je les relus au moment où je me posais beaucoup de questions pour lancer ce projet. Et je trouvais en fait, dans pas mal de fins de chapitres, de citations du Petit Prince, énormément de résonance avec les sujets qu'on vit sur la notion, sur les baobabs, sur l'eau, sur on voit bien avec les yeux, avec le cœur, pardon. Enfin voilà, il y avait plein de choses qui me parlaient énormément. Et du coup, c'est des invités, c'est des auditeurs aussi qui m'ont renvoyé vers toi en me disant, mais par rapport au Petit Prince, il faut absolument que tu parles à Jean-Pierre Gou. Donc le

  • Speaker #0

    Petit Prince, c'est aussi une des raisons pour lesquelles tu es là aujourd'hui. En fait, c'est un livre magique. Quand je dis magique, c'est plus que magique. C'est un livre qui est très particulier parce que chacun en a une lecture particulière. Et à chaque fois que tu vas le relire, tu vas y trouver autre chose. Et à chaque fois, tu vas te dire, mais ça, ça n'y était pas avant. On connaît tous certains chapitres, mais il y a des chapitres qu'on connaît moins. C'est ces chapitres-là qui vont venir résonner avec un élément dans l'actualité, un élément dans la vie. Et c'est un livre-monde, en fait, Le Petit Prince. Et c'est pour ça que ça parle au monde entier. Et quelles que soient les époques, c'est quand même un livre qui a 80 ans aujourd'hui. Et qui est d'une activité hors normes. Et moi, ce que j'essaie, c'est d'en faire un manuel opératif. Et d'utiliser, en fait, un symbole qui soit un symbole mondial, universel, laïque. Parce qu'aujourd'hui, il y a... Aucune religion qui déteste le petit prince, qui a interdit le petit prince. Même Poutine serait fan du petit prince. Donc, il y a quelque chose pour moi, le petit prince, c'est à la fois un livre qu'on peut dire, tiens, c'est sympa, etc. Non, mais c'est beaucoup plus que ça. Ça peut être une forme de nouvel évangile, mais au sens, on va dire, laïque du terme, c'est-à-dire quelque chose dans lequel on peut puiser et d'aller trouver des leçons de vie. et cette interprétation du petit prince qui serait un collectif planétaire. Personne ne l'avait jamais eu avant. Et par hasard, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry avait lu, et notamment Olivier Daguet, l'héritier, puisque sa grand-mère est la sœur de Saint-Ex, et qu'il n'avait pas eu d'enfant Saint-Ex, quand il a lu « Siècle bleu » , parce qu'il était déjà question un peu du petit prince dans « Siècle bleu » , il avait demandé à me rencontrer et il ne savait pas que j'écrivais « Révolution bleue » . Et ils ne savaient pas non plus que j'écrivais un livre qui s'appelait La Petite Princesse. Et moi, en écrivant La Petite Princesse, qui était le premier tome, je voulais juste mettre dans ce livre une petite fille, parce que je me disais, justement, siècle bleu qui était un peu masculin, avec des éco-activistes, tout ça. Bon, je me disais, il faut rajouter du féminin là-dedans. Et puis, le héros qui était très, on va dire, masculin, en fait, d'une certaine manière, s'adoucit parce que... ils adoptent une petite fille à la fin de siècle bleu qui s'appelle Janie. Et cette petite fille, elle a des grands rêves. Et elle a un cœur immense, elle a beaucoup souffert quand elle est petite. Et en fait, on se rend compte que c'est elle la clé de l'évolution de l'humanité. Et que cette petite fille, Paul Garner, lui a donné un certain nombre de secrets. Elle a 8 ans au début, donc elle ne sait pas ce que ces secrets veulent dire. Et puis Abel se rend compte que ces secrets sont absolument fondamentaux. Et que Paul Garner a semé un certain nombre de petits cailloux blancs. pour nous faire cheminer vers le secret, les clés d'activation d'Homo Biosiris. Et en fait, moi je l'avais appelé la petite princesse parce que c'était en hommage au petit prince. Et en finissant d'écrire ce bouquin, donc il y a deux ans ou trois ans, avant qu'il soit publié, il publie pour la première fois à Gallimard la correspondance entre Saint-Ex et sa femme Consuelo, qui n'avait jamais été publiée pour des questions de droit entre les deux familles. Et dans cette correspondance, il y a une lettre dans laquelle Consuelo se plaint auprès de Saint-Ex. que le petit prince ne lui a pas été dédié. Elle pensait être la rose. Et lui, il était parti à la guerre. Il l'a dédié à son ami Léon Wörth, qui était juif et dans les camps de concentration. Et donc, pour ne pas avoir de problème avec sa femme, il lui dit, écoute, j'écrirai une suite du petit prince et je te la dédierai. Et dans une lettre qui date de six mois avant la mort de Saint-Ex, elle lui dit, OK, tu écriras une suite, tu me la dédieras. Et tu l'appelleras La Petite Princesse.

  • Speaker #1

    Alors que moi,

  • Speaker #0

    j'avais écrit déjà La Petite Princesse. Et là, je me suis dit, il y a quelque chose de complètement magique là-dedans. Et quand j'ai rencontré les héritiers, ils ne savaient pas du tout que j'avais écrit La Petite Princesse. Le livre n'était même pas envoyé à des éditeurs. Et quand Olivier Daguet a vu ça...

  • Speaker #1

    Ça a été quoi, sa réaction ?

  • Speaker #0

    Non, mais il était stupéfait. Parce que quand il a vu le titre, il m'a dit, mais tu es au courant pour la lettre ? Personne ne connaît cette lettre. et c'est la première phase du livre bon ok je sais pas Maintenant, je viens de comprendre pourquoi il fallait qu'on se rencontre, mais je ne sais pas qui a organisé cette rencontre. Donc, il y a eu quelque chose de magique entre nous, un peu comme... Et dans le livre, moi, j'avais changé du coup le scénario pour que la petite fille recherche ce manuscrit, parce que Saint-Ex l'a promis à sa femme, donc ça veut dire qu'il y a réfléchi. Donc, dans le monde des idées, il y a des traces de ces réflexions quelque part, mais peut-être même des écrits. D'ailleurs, je suis toujours en train de chercher ce manuscrit. Aujourd'hui, personne n'en a trouvé la trace, ni des notes. Mais en tout cas, je suis sûr que Saint-Ex y a réfléchi. puisqu'il y fait référence même dans d'autres lettres. Et donc la petite fille cherche ce manuscrit, qu'elle trouve d'ailleurs à la fin de La Clé des Songes, donc dans le tome 2, etc., et qui contient les secrets d'activation d'Homo Bioscii. C'est-à-dire comment on fait naître cette humanité. Et c'est ça le caractère irrésistible. Aujourd'hui, on nous fait rêver sur un monde avec des énergies renouvelables, etc. C'est super, mais c'est quoi la créature ? C'est quoi l'humain du futur qui nous fait rêver, qui nous donnerait envie ? C'est quoi une humanité qui nous donnerait capable du meilleur ? Et en fait, dans la plupart des fictions futuristes, en fait, les gens dépeintent un monde technique, un monde d'organisation économique, mais on ne voit pas la créature et les valeurs humaines. Et moi, c'est ça qui m'intéressait. Et ça, c'est un thème qui est complètement exupérien parce que lui, c'était la seule quête de sa vie. C'était comment élever l'humanité. C'est-à-dire, il voyait bien qu'il y a une espèce de force de pesanteur qui, au niveau individuel et collectif, nous font faire un peu ce que les autres font et qui nous emmène plutôt vers le bas de la colline. Mais pourtant, de tout temps, il y a toujours eu des gens, à toutes les époques, des hommes et des femmes, qui nous ont élevés. Et c'est grâce à eux que l'histoire de l'humanité n'est pas une chute, mais une élévation, mais un peu sinusoïdale, avec des hauts et des bas, etc. Alors, est-ce qu'on est dans un haut et dans un bas ? Au moment où on parle, il y a des atrocités qui se font dans le monde, mais il y a des gens qui font des choses extraordinaires et qui ne lâchent pas. Et en fait, la Révolution bleue, c'est une ode à tout. tous ceux qui se bougent pour la transition, et c'est l'histoire de l'union sacrée de toutes les forces de transition, entre les citoyens, les entreprises, les chercheurs, les politiques, les activistes, etc. Et aujourd'hui, tout ça, ça se tire un peu dans les pattes. Qu'est-ce qui se passerait si on faisait une union sacrée ? Et qu'est-ce qui se passerait si on décidait que cette union sacrée n'était pas une opposition au reste de la société ? Parce que très souvent, on tombe dans une espèce d'allégorie du bien contre le mal, et en fait, ce truc-là a toujours été délétère parce que... Les gens, si vous dites par exemple que là, on est à la défense dans vos bureaux, telle entreprise qui a une tour à la défense et une entreprise à laquelle on ne peut pas parler, en fait, ça crée un syndrome de réaction qui fait qu'ils vont être opposés à ce truc-là. Et si on dit, écoutez, cette entreprise, on est prêt à la prendre là où elle est et de l'accompagner dans sa transition au moment où elle est et d'accepter. Et moi, je dis souvent aux gens, tu sais, la plupart des écolos, il y avait un moment où ils ne l'étaient pas. donc acceptons que d'autres soient au point zéro du changement et ayons cette politique de la main tendue, du non-jugement. Et si à chaque fois que les gens font ça, on leur rappelle toutes les erreurs qu'ils ont fait dans le passé, de mettre le pardon aussi dans cette transition et d'accepter que les gens soient au début. Donc c'est vraiment une... La révolution bleue, c'est de mettre toutes ces innovations ensemble, d'avoir un concept fédérant pour l'humanité et inspirant. et nous inspirer par rapport à ça, qui rend la chose irrésistible et une posture qui soit incluante et qui a pour objectif d'embarquer les 8 milliards 250 millions d'humains.

  • Speaker #1

    Et si on parle maintenant un petit peu plus de homo biospheris, moi j'avais une question pour toi. Est-ce que tu as fait basculer un peu des grands paradigmes de notre monde actuel ? Par exemple, nous chez Steam, parfois, on aime bien réfléchir à... Si jamais on n'avait pas découvert le pétrole, et qu'on avait toutes nos énergies 100% renouvelables, on aurait un paradigme qui est la flexibilité de l'apport en énergie. Et du coup, on se serait probablement organisé autour de cette flexibilité-là. C'est un exemple. Est-ce que toi, dans tes écrits, tu as fait basculer des grands paradigmes qui sont vraiment de fait aujourd'hui qu'on ne challenge même pas, mais quand on se pose et qu'on imagine le monde de demain, on aurait envie de venir les titiller et il y a quelque chose d'autre qui peut être conçu derrière ?

  • Speaker #0

    Alors. Oui, mais dans le roman, il est en essence. Mais il y a un certain nombre de paradigmes qui tombent. Et moi, ce que j'aime bien, c'est toujours de voir comment le micro influence le macro. En physique, il y a tout un domaine qui s'appelle la physique statistique qui étudie comment les micro comportements changent les structures macro. Et moi, le truc qui m'intéresse, c'est l'économie. En parallèle, moi, de mes études d'ingénieur, j'avais fait un master à la Sorbonne sur les modèles mathématiques en économie. et... j'ai toujours été sidéré par voir le premier principe de la microéconomie qui est de dire les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité individuelle. Et bien, si tu prends ça comme axiome, c'est-à-dire qu'il ne part pas d'humains reliés et qu'il y a un optimum global là-dessus, évidemment tu aboutis à un système capitaliste qui détruit tout et qui a pour but de faire hisser chacun. Dans Homo Biospheris, en fait, chaque humain est une cellule d'un grand corps qui est Homo Biospheris. Et donc, l'autre c'est toi mais avec une autre vie. Donc il y a un rapport à l'altérité qui est complètement différent et moi ce qui m'intéresse par exemple c'est de refonder tous les principes de la microéconomie et dans deux semaines, non dans un mois je fais une conférence avec Timothée Parry à Biarritz qu'on va annoncer aujourd'hui Je l'ai reçu sur ce podcast aussi Donc lui il travaille en ce moment sur les imaginaires de l'économie à travers la science-fiction il ne connaissait pas justement mes travaux Et pour la première fois, je vais faire une présentation de c'est quoi le monde économique d'Homo Bioseris. Et c'est quelque chose auquel j'ai parlé aussi à Cédric Villani, en lui disant mathématiquement, on devrait pouvoir changer en fait ce premier principe de la microéconomie et intégrer ces équations pour arriver à une autre forme d'économie. Par exemple, il y a beaucoup de gens qui se disent comment changer la structure du capitalisme. En fait, si tu n'as pas changé les rapports de l'un à l'autre, etc. et refonder la base et donc c'est plutôt de... Un peu comme dans une nuée d'oiseaux, de changer les règles d'interaction entre les individus pour avérer quelque chose. Et ces règles d'interaction, il y a déjà beaucoup de gens dans beaucoup d'endroits qui appliquent ça. C'est-à-dire, quand j'ai deux choix, est-ce que je le fais dans l'intérêt de mon village ou de ma tribu ou dans mon intérêt personnel ? Et tu as des tas de gens qui mettent le collectif avant l'individu et qui, du coup, sont dans des principes qui ne sont pas du tout... le principe de la microéconomie tel qu'il est décrit dans un certain nombre de choses. Et puis, oui, il y a d'autres choses, par exemple dans l'agriculture, dans l'alimentation, parce que c'est quand même aujourd'hui un des domaines les plus polluants, des choses qui sont complètement différentes, dans la santé aussi. Donc tout ça est réinventé dans le monde d'Homo Bioseris. Et effectivement, il y a une partie du monde qui bascule là-dedans et qui n'ont pas du tout le même rapport. Et en ce qui concerne l'énergie, évidemment, si on allait vers des énergies renouvelables, aujourd'hui, on se pose la question de se dire, oh là là, le cycle des jours, de jour-nuit plus le cycle des vents fait que ça ne suit pas la cadence industrielle. Parce qu'avant, on avait des moyens qui étaient pilotables et on pourrait vivre en fonction de ça, en disant demain, ça va être une journée sombre, on va un petit peu moins travailler. On pourrait avoir ce type de choses-là. Mais ça, bon, cet aspect-là, moi, je l'ai développé dans d'autres choses, mais ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse, enfin, en particulier dans le roman. Mais évidemment qu'il faudrait aller vers ce type de choses-là. Mais avec les batteries, aujourd'hui, on peut avoir un décalage dans le temps, donc on n'est pas obligé d'avoir cette flexibilité. Bien sûr,

  • Speaker #1

    c'était plutôt un exercice de réflexion.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, parce que moi, je travaille toujours énormément dans le monde, je prends ma casquette professionnelle, dans le monde de l'énergie. l'essor des batteries. n'avait pas été anticipée, la baisse du coût des batteries non plus. Vous avez tout un tas de gens qui vous disent il y a cinq ans, c'est impossible, etc. Aujourd'hui, c'est phénoménal. Après, ça pose une question de métaux absolument fondamentale. Mais là aussi, il y a des innovations qui arrivent tous les jours et le monde renouvelable pourrait évoluer vers quelque chose qui n'a pas été aussi flexible que d'avoir une société qui évolue en fonction du vent et des cycles de la nature. Même si je trouve que c'est intéressant d'avoir cette... cette idée-là de se dire, tiens, aujourd'hui, il fait sombre, on va rester un peu plus tranquille chez nous. Oui, c'est une autre conception de la société.

  • Speaker #1

    Et aussi, je me demandais, du coup, dans Homo Biospheris, quelle est la place de l'entreprise ? Pareil, est-ce que tu as des paradigmes forts que tu as fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Oui, alors justement, l'idée, c'est de dire que cette humanité unie, alors elle n'est pas posée sur la Terre, mais c'est la... Là aussi, c'est quelque chose qui n'avait pas été proposé, c'est que l'humanité puisse devenir un organe de la biosphère. Quand on regarde la biosphère, qui est cet ensemble des êtres vivants, et qui pourrait être un grand être vivant qui englobe tous les êtres vivants et qui vivent sur la Terre, selon l'hypothèse Gaïa de Lovelock, en fait, quand on regarde Gaïa depuis des milliards d'années, elle s'est structurée, un peu comme un embryon se structure avec des organes qui se structurent au départ. Donc au départ, dans un embryon, c'est le cœur qui se forme d'abord, après il y a des éléments du cerveau, etc. Et puis, petit à petit, tous les organes qui se forment. Et on se rend compte qu'au début, la biosphère, il y avait juste quelques petites bactéries. Puis après, il y a eu un premier grand cycle qui était entre les créatures qui respirent et les créatures qui font de la photosynthèse. Donc ça, c'est le premier cycle de l'oxygène et du CO2. Et puis, il y a d'autres cycles qui se sont créés et qui ont amené le cycle de tous les schnops. Le CHNOPS, vous avez des cycles du soufre, des cycles de l'hydrogène, des cycles du carbone qui existent. qui sont des cycles bio-géochimiques et qui sont incroyables, parce qu'en fait, ils permettent à ces éléments, qui ne sont pas nécessairement les plus abondants à la surface de la Terre, d'être présents partout, le cycle de l'eau étant le plus fou de tous. Et on dirait qu'il y a un grand architecte derrière ça. Alors, il y en a qui vous disent, non, mais ça a un peu de chance qu'il y ait de l'eau un peu partout. Quand vous regardez les cartes des bassins versants du monde, on se dit, on dirait les veines d'une créature. Et il y a quelque chose de cet ordre-là. Et nous, on est en train de découvrir un peu comme des cellules qui se diraient, et-mail. On n'appartenait pas à Marianne Arth là aujourd'hui. Et en fait, je pense qu'on est dans cette quête de réalisation qu'on vit à l'intérieur d'une baleine, comme dans Pinocchio, qui serait cette terre. Et Révolution Bleue, c'est aussi cette quête. C'est-à-dire, l'humanité s'unit, mais réalise qu'elle fait partie d'un grand tout qui est la biosphère. Et dans cette biosphère, en fait, on se rend compte que les forêts, les baleines, les fourmis, l'humus, tout ça ont des rôles locaux, mais des rôles globaux, comme si ensemble, Il formait un organe qui a des rôles de filtration et qui rajoute de la résilience. Et la proposition du bouquin, qui est assez radicale pour le coup, mais radicale pas au sens radical parce qu'elle touche à la racine, c'est que l'humanité, sans le savoir, est en train de s'unir et en train de devenir un organe de la biosphère. Et je m'appuie sur des traités en biologie où ils montrent que certains organes, et c'est très récent cette découverte, quand ils se forment, enfin un nouvel organe quand il se forme, ça peut ressembler parfois à un cancer. Et donc, aujourd'hui, cette espèce de métastasisation de l'économie qu'on voit avec l'humanité pourrait être le signe, si on le décide, de l'atterrissage vers un organe. Et il faudrait qu'on édicte quelles sont les fonctions de cette homo biocéris vis-à-vis de ce grand tout. Et par exemple, si on prend le foie, ça a une quinzaine de fonctions pour le corps, des fonctions de filtration, des fonctions de synthèse de vitamines. Donc, ce seraient quoi les grandes fonctions ? de l'humanité vis-à-vis du vivant ? Et ça, par exemple, c'est une question qui n'a jamais été répondue. Enfin, en tout cas, moi, je ne l'ai jamais vue. Et dans La clé des songes, moi, je propose dix grandes fonctions que l'humanité pourrait avoir avec la biosphère. Alors, dans le livre, ils font un débat planétaire avec lequel il faut intervenir des enfants, des peuples autochtones, etc. Et j'ai essayé de trouver, puis j'ai discuté avec beaucoup de philosophes, beaucoup de biologistes aussi, pour savoir quelles pourraient être les fonctions de l'humanité vis-à-vis de la biosphère. Et je vais répondre du coup à ta question des entreprises. Aujourd'hui, les entreprises, elles évoluent dans un cadre qui n'est pas défini. C'est-à-dire, en gros, je crée une entreprise, je vais faire quoi ? Des trottinettes, des armes, des drones, je ne sais pas quoi. Et l'humanité n'a pas dit quelle est sa fonction vis-à-vis de la biosphère. Donc, évidemment, aucune de ces missions d'entreprise ne sont alignées avec la biosphère. Alors bon, aujourd'hui, on vous rajoute des entreprises à mission. Oui, j'allais te dire, la loi Pacte a fait un peu les choses. La loi Pacte, etc. Mais bon, parfois, c'est bien, mais... part d'entreprise dont les fonctions au départ étaient de répondre à des besoins humains qui n'étaient pas toujours des vrais besoins. Et là, en fait, dans le fait que justement dans la clé des songes, ils aient débattu d'un point de vue planétaire de quelles sont les missions de l'humanité, les gens réalisent qu'il y a ces grandes missions qui les appellent. Et on voit les missions des entreprises s'orienter par rapport à ces dix grands principes. Et donc, ça accélère la transition des entreprises là-dessus. Et on voit l'économie. parce que moi, je regarde toujours les choses larges. Qu'est-ce que c'est l'économie ? C'est l'ensemble des réactions chimiques qui permettent à l'humanité de vivre. Et donc, c'est le métabolisme de l'humanité. Le métabolisme, c'est l'ensemble des réactions chimiques là-dessus. Et donc, on peut voir ça comme tout un tas de petits machins. Vous savez, vous avez des trucs où on vous montre les cellules. Qu'est-ce qu'elles font les unes les autres ? Nous, c'est la même chose. Il y a des interactions. Et aujourd'hui, ce métabolisme, il détruit le corps auquel on appartient. Et il détruit même l'humanité. Et la question, c'est une reconfiguration du métabolisme de l'humanité. Donc, c'est de reformuler la transition écologique et économique comme étant une transformation du métabolisme vers cet homo biospheris qui est intégré et qui a rempli ses missions. Et en fait, le fait qu'on ait verbalisé ses missions, ça accélère les entreprises et les entreprises sont comme des organites. au sein d'organes, parce qu'un organe, c'est fait de sous-ensembles qu'on appelle des organites. Et vous pouvez même dire, par exemple, qu'une entreprise comme Amazon, qui est considérée comme le Satan de l'économie d'aujourd'hui, pourrait être les prémices d'un réseau de distribution logistique ultra-optimisé d'une créature. À partir du moment où il devient, on va dire, sociabilisé et met au service d'un grand projet, il peut permettre de fluidifier un certain nombre d'échanges. À partir du moment où il y a une grande mission, il y a tout un tas de trucs qui étaient... fait à mauvais dessein et qui viennent servir cette chose-là. Donc voilà, et donc les entreprises ont un rôle majeur, mais ce n'est pas juste comme on le voit aujourd'hui, c'est de nous inscrire dans un projet qui est beaucoup plus grand et beaucoup plus inspirant et qui est... Moi, en fait, ça c'est une déformation professionnelle. Dès que je rentrais dans une entreprise, je ne pouvais pas ne pas m'occuper de la stratégie de l'entreprise. Pour Next, au bout d'un an ou deux, j'étais directeur de la stratégie de cette boîte. Parce que pour moi, dans l'écologie, si je ne remonte pas au niveau maximum qui est l'humanité et la biosphère, je me dis, mais si on ne traite pas des choses à ce niveau-là, on ne pourra pas les traiter au niveau en dessous. Et d'ailleurs, on parlait de Grotendieck au début. Ça me vient de Grotendieck, ce truc-là. c'est-à-dire que Grottendieck Il avait une particularité unique dans les mathématiques, c'est-à-dire que quand on lui proposait un problème, il ne cherchait pas à le résoudre, il cherchait à le reformuler pour le généraliser. C'est-à-dire que ce problème, en fait, n'est que l'instantiation d'un problème plus général, qui est lui-même l'instantiation d'un problème plus général, plus général, plus général. Donc, il généralisait les choses, il arrivait dans un espace hyper abstrait, et dans cet espace hyper abstrait, il faisait deux coups de clac-clac, et il résolvait non pas un théorème, mais des millions en même temps. Il y a des gens qui vous disent, il y a deux catégories de mathématiciens, il y a Grotendieck et les autres. Et les autres, c'est je mets toute la force de mon intelligence pour résoudre un problème. Et Grotendieck, c'est je cherche le cadre le plus adapté pour résoudre le problème qui fait que je n'ai plus aucun effort pour résoudre le problème. Et ça, c'est l'élégance la plus totale. Et moi, je m'étais dit, en fait, Grotendieck était probablement... En France, le premier écologiste radical dans les années 60, il avait monté une revue qui s'appelait « Survivre et vivre » . Donc cette question de l'écologie le tracassait. Et dans le livre, parce que Grant Hontick, il a disparu, je ne sais plus si c'est 91 ou 93, mais en tout cas, quand j'ai démarré mes études d'ingénieur, il avait déjà quitté une partie du monde académique. Mais là, il a quitté le monde des humains pour se mettre dans l'Ariège, dans les Pyrénées, dans un village inconnu. Très peu de gens, même ses enfants, ne savaient pas forcément où il était. Il est resté 25 ans là-dedans. Donc moi, je me pose la question de qu'est-ce qu'il a fait pendant ces 25 ans et qu'il aurait pu aider justement à reconcevoir l'économie en utilisant cette théorie qu'on appelle la théorie du vissage-dévissage, c'est-à-dire je dévisse et je revisse. pour prendre du recul et de la hauteur. Et pour moi, en fait, le concept d'homo biocéris, il est de cet ordre-là. Et voilà, c'est vraiment en m'inspirant de Grotendieck que j'ai essayé de le formuler.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Écoute, si nos auditeurs veulent creuser un peu plus sur Grotendieck et pour aller découvrir du coup la théorie visage-dévisage...

  • Speaker #0

    Celle-là, il faut quand même la trouver. Parce qu'en fait, il y a beaucoup d'écrits de Grotendieck et notamment des écrits de... on va dire littéraire, puisque Gallimard a réédité il n'y a pas longtemps « Récolter ce maï » et le livre dont je m'inspirais moi, qui s'appelle « La clé des songes » , qui était inédit. Quand j'ai commencé l'écriture, il a été publié l'année dernière aux éditions du Cendre, mais c'est des livres qui sont très, très cryptiques. Donc derrière, pour aller chercher les pépites, il faut lire mille et quelques pages. Mais c'est quelqu'un qui est hors normes et la plupart des mathématiciens... le considère comme le plus grand génie mathématique du XXe siècle. Mais au-delà de ça, c'est un génie total. Et c'est un humain très particulier. Ça a à voir avec son chemin de vie, qui est un chemin de souffrance, puisque lui, son père est mort à Auschwitz, il a été caché dans différentes familles françaises. Ce n'est pas quelqu'un qui a pu suivre des études normales. En fait, c'était un intuitif. C'est-à-dire, lui, il a fait la fac de maths à Montpellier, mais il avait des espèces de pulsions pour réinventer le monde. Il a toujours tout réinventé de son côté. Donc, il a une force de productivité énorme et aucun fil de créativité. Et en termes de créativité, pour moi, c'est le... Moi, j'utilise beaucoup dans mes ateliers de créativité avec des entreprises parce qu'il avait des conseils sur la créativité qui ne sont pas du tout ce qu'on vous donne à l'école. Par exemple, le premier conseil que Groton Tic donne, qui n'est pas le premier, mais qui est un des conseils qui est dans le... Dans Récolter Sommeil, qui n'est d'ailleurs pas un conseil, c'est la manière dont lui vit les choses, il dit, parce que les gens idéalisent que c'est le chercheur, quelqu'un qui a une grosse puissance intellectuelle pour résoudre un problème, lui dit que la capacité de celui qui découvre, ce n'est pas sa puissance intellectuelle, c'est sa capacité d'écoute à l'égard de ce que l'univers murmure. C'est-à-dire que lui, face à un problème, il ne réfléchit pas, il écoute. Il voit ce qui vient. Et il dit, il faut être comme un enfant, et donc ça rejoint le petit prince, ne pas avoir peur de formuler des choses où vous avez l'air idiot. Et donc, il dit que la plus grande capacité du découvreur ou du chercheur, c'est cette écoute des murmures de l'univers. Et moi, ça m'a toujours inspiré, cette chose-là, parce que déjà, ça... vous enlève le poids de vous dire en fait les idées ne viennent pas de moi, elles sont de l'extérieur. Ça, c'est l'inverse de ce qu'on vous apprend à l'école. On vous apprend à utiliser tout ce que vous avez dans votre tête, alors qu'en fait, tout est à l'extérieur. Et lui, il arrivait à résoudre des problèmes énormes juste en les écoutant. Et les gens se disaient mais comment il a pu faire ça ? Il a dit, ben non, j'écoute, ça vient, je le fais.

  • Speaker #1

    Il y a un rapport à l'intuition, à l'écoute qui est un petit peu supérieur. Oui, mais l'intuition,

  • Speaker #0

    souvent, ça part de soi, ça part de l'extérieur. C'est un espèce de renversement et ça va vers... Je dirais vers quelque chose de beaucoup plus grand. Et en fait, derrière la Révolution Bleue, que ce soit la Petite Princesse ou la Révolution Bleue, comme je vous le disais, c'est le récit de la transition et tous les gens qui sont dans la transition s'y retrouvent. Mais derrière, c'est la naissance de l'humanité. C'est la naissance de l'humanité comme un organe de la biosphère. Et la biosphère n'est qu'une cellule d'un grand tout qui est l'univers. Et Grotentic s'est beaucoup intéressé à la nature de l'intuition et lui, une grosse partie de son intuition venait des rêves. C'est pour ça qu'il a écrit La clé des songes. C'est pour ça que moi, j'ai écrit La clé des songes, parce que moi, j'ai énormément d'intuitions qui viennent aussi des rêves. Et la question qui se posait, c'est qui murmure dans les rêves ? Et moi, qui était la question que je me posais aussi. Et en fait, on se rend compte que derrière les rêves ou derrière l'intuition, il y a quelque chose de l'ordre d'une, presque une conscience universelle dans laquelle on pourrait aller puiser des idées, mais où toutes les idées seraient déjà. Et lui, il avait l'impression que la nuit, il allait dans des endroits où il avait la réponse à toutes les questions. Les réponses lui étaient données de manière symbolique, donc il faut savoir décrypter les rêves, mais qu'à partir de ça, il avait réponse à toutes ces questions. Il disait, cette chose, cette entité qui murmure dans les rêves, elle sait beaucoup plus de choses que je le sais, et il n'y a qu'un seul mot pour la décrire, c'est Dieu. Et là, quand moi j'ai vu ça dans la clé des songes, je me suis dit, oula, là ça part loin. Et en fait, il donne une dessinition de Dieu qui n'est pas un grand barbu dans le ciel, mais qui est en fait une espèce de réservoir dans lequel il y a tout ce qui a été manifesté et non manifesté. C'est un peu des sortes d'anal akashiques et dans lequel on peut aller puiser. Et bon, là, c'est complètement extraordinaire. Et moi, j'ai mis tout ça dans le bouquin, la clé des songes, parce que moi, je suis intimement persuadé qu'il y a ça. Il y a quelque chose qui nous guide, une sorte d'intelligence de la biosphère ou de l'univers. dans lequel, par exemple, tout un tas de peuples autochtones sont reliés. Et nous, on s'est complètement coupé de ça. Et en fait, je parlais, le biomimétisme, pour moi, c'est le niveau zéro de l'inspiration par cette grande conscience universelle de la nature. Mais une fois qu'on a une vision fine, et ça nécessite, comme il le faisait, de faire de la méditation, c'est-à-dire de taire l'espèce de machin qui vous parle à votre moi, blablabla, vous le faites taire, vous écoutez profondément l'univers, et là, il y a toutes les réponses. Donc, la Révolution bleue, ça va jusque-là.

  • Speaker #1

    Ok, super teaser pour la Révolution Bleue et l'accès des songes.

  • Speaker #0

    Vous pouvez trouver plein d'informations sur revolutionbleu.fr. Donc ça, c'est le site de la Révolution Bleue sur le bouquin. Et puis, vous pouvez le trouver partout. Comme je disais, pour moi, ce n'est pas la même énergie que CycleGor. CycleGor, c'est très actuel et c'est très utile pour décrypter un petit peu les lignes de force actuelles. Mais ça ne propose pas un modèle du monde. Non, non, bien sûr. Ça l'esquisse. Et donc, pour moi, le travail sur Révolution Bleue, il est beaucoup plus profond. En tout cas, c'est le truc le plus compliqué que j'ai jamais fait de ma vie. L'écrire, c'est complexe, mais c'est de le penser qui a été le plus complexe. Et puis de bâtir les concepts. Parce que si vous faites une fiction, vous pouvez créer un récit inspirant, mais s'il ne crée pas un concept, ça ne crée pas un nouveau paradigme. Et c'est Aristote. qui avait inventé le concept de concept. Un concept, c'est quoi ? C'est ce qui permet à une idée de s'auto-déployer. C'est-à-dire, c'est une espèce de force en marche qui fait que dès que vous avez un concept, les gens y adhèrent. Et entre une histoire et un concept, c'est deux choses différentes. Donc là, le concept, c'est Homo Biosferis dans la Révolution bleue, qui n'était pas présent dans le siècle bleu, parce qu'à l'époque, moi, je n'avais pas découvert cette chose-là, ou en tout cas, je n'avais pas eu l'intuition de ce truc. Mais c'était en relisant le siècle bleu, en gestation dedans. Mais voilà, et parfois, il faut des années, 18 ans pour arriver à formuler quelque chose. Mais j'en suis qu'au début de tirer les fils de cette homo biocéris.

  • Speaker #1

    On a hâte aussi de voir la suite. On arrive bientôt, Jean-Pierre, à la fin de cet épisode. Peut-être pour conclure, c'est quoi tes projets du moment ? J'ai entendu un petit peu parler de One Home. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce projet ?

  • Speaker #0

    One Home, c'est une ONG qu'on a créée avec des amis qui... qui prend la suite d'un projet qui s'appelait Blue Turn, que j'avais créé avec un ami qui s'appelle Michael Bocara. Et One Home, on a créé ça avec un ami, Kim Winke, qui est designer et qui est aussi patron de la transformation digitale chez Ariane Espace. Et on a créé One Home avec l'idée de faire vivre aux gens l'overview effect. Et l'overview effect, c'est la transformation cognitive qu'ont eu les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Et beaucoup disent qu'ils sont tombés amoureux de la Terre. et Pour reproduire cet effet, on utilise des images uniques de la NASA qui viennent d'un satellite qui s'appelle Discover, qui est le seul satellite qui prend des photos de la Terre toute éclairée dix fois par jour. Et nous, on les a animées avec un algorithme pour faire les premières vidéos 4K de la Terre toute éclairée. Il n'y avait jamais eu ça avant ce projet-là. La Gaïa ne s'était jamais vue de tous les côtés. Et en fait, avec One Home, c'est la première fois qu'on monte la Terre toute éclairée. Donc c'est un outil d'émergence de conscience planétaire. Et nous, on a travaillé avec des artistes, avec des designers, des informaticiens, et puis des personnalités inspirantes pour créer des vidéos de 3 à 5 minutes. Et quand vous les regardez, vous tombez amoureux de la Terre. Donc on a fait des vidéos avec, par exemple, la chanteuse Yael Naïm, avec l'artiste Agoria. On en a fait une avec Jane Goodall. Là, on va sortir un épisode, enfin une vidéo avec Emma Aziza. et un musicien sénégalais qui s'appelle Yaya Minté. Et en fait, le but, c'est de rendre l'amour de la Terre irrésistible. Et donc, cette ONG, vous pouvez tout trouver sur onehome.org. Et sur onehome.org, il y a toutes ces vidéos, tout ça, c'est gratuit. Des tutos pour faire des projections dans vos entreprises, dans des écoles, en début de conférence, en début de conseil d'administration, pour ramener la Terre, parce qu'en fait, on ne voit pas la Terre. Je dirais, la Terre, si vous ne sortez pas dans l'espace, vous ne pouvez pas voir à quoi on appartient. Pendant longtemps, les humains ne savaient pas à quoi ressemblait la Terre. Et donc, on va dire One Home, c'est un peu le pinacle de toute cette aventure de l'élévation humaine et de l'émergence d'une conscience planétaire. Et là, on vient de lancer une toute nouvelle version du site dans lequel, à chaque fois que les gens montrent One Home, ils peuvent mettre un point sur une carte interactive. Et l'idée, c'est que chacun de ces événements est un événement d'amour pour la Terre. Et ce qu'on veut, c'est illuminer la Terre de l'amour de l'humanité. Et on s'est fixé un défi un peu fou là, c'est de montrer que One Home soit montré dans 100 pays avant la fin 2025 pour éclairer la Terre de tout l'amour de l'humanité. Et ça arrive à un moment un peu particulier parce que l'administration Trump a décidé d'arrêter ce satellite le 1er octobre. Donc à partir du 1er octobre, il chante cette conscience planétaire. Pour moi, c'est un trame. Ça fait 28 ans que je suis sur ce satellite. Donc c'est depuis 1997 que je réfléchis à ça et tout. Donc c'est très triste, mais on a 10 ans d'archives. Et avec ça, on peut faire toutes les vidéos qu'on veut. Mais pour moi, c'est un bouleversement et qui est très significatif, ce qui arrive là. Et donc... L'idée de One Home, c'est de faire basculer l'esprit de la Révolution Bleue dans la réalité. Et d'ailleurs, cet élan de montrer la Terre à travers le monde et de poser ces petites projections sur cette carte, on appelle ça la carte de la Révolution Bleue. Et donc, on a mergé l'intention de One Home avec celle de la Révolution Bleue. Et à terme, j'espère que One Home pourra être la base d'un certain nombre d'expériences qui catalyseront l'émergence d'homo biocéris. Donc voilà l'intention. Allez sur onehome.org, vous trouvez des tutos pour organiser vos projections. Il y a une newsletter aussi, vous pouvez vous abonner. Il y a une newsletter sur revolutionbleu.fr pour suivre les évolutions de cette aventure. Ça c'est mon projet du moment. A partir de janvier, je vais écrire aussi le tome 3 de la Révolution Bleue. Mais là, jusqu'à fin décembre, c'est vraiment de... d'essayer de réaliser ce rêve de One Home et de la révolution.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça très chouette d'avoir ce concept dont on parlait tout à l'heure, du livre qui est en train de sortir et de devenir réel. Bravo Jean-Pierre, en tout cas.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et un grand merci d'être venu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi et je suis ravi. J'espère que les auditeurs et auditrices auront passé un bon moment.

  • Speaker #1

    Super. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser une note 5 étoiles et à partager l'épisode autour de vous. Si vous avez des questions, des idées, des suggestions, n'hésitez pas à nous contacter directement sur LinkedIn. Merci et à très vite !

Description

Bonjour à tous,


C'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes !!

Aujourd’hui j’accueille Jean-Pierre Goux.. Mathématicien, Fondateur de Biosphere Economics et OneHome et, Ecrivain.


J’étais très contente d’avoir Jean-Pierre au micro pour 1 raison : il a passé des centaines d’heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose "comment réaliser collectivement la transition ?".

Alors, comment ?
Et bien ça ne tient pas en 2 phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l’épisode.


Dans ses 2 premiers livres, Siècle bleue, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l’échelle planétaire, entre les grandes puissances et qui résonne avec notre monde d’aujourd’hui.


Dans les 2 suivants, c’est l’humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être.


Et si, le Petit Prince m’a quelque peu inspiré pour construire le podcast à ses débuts, pour Jean-Pierre vous allez le voir, les écrits d’Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante.


Une conversation qui j’espère vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue !


C’est parti


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, c'est un plaisir de vous retrouver pour une nouvelle saison et de nouveaux épisodes. Aujourd'hui j'accueille Jean-Pierre Gou, mathématicien, fondateur de Biosphère Economics et One Home, et écrivain. J'étais très contente d'avoir Jean-Pierre au micro pour une raison. Il a passé des centaines d'heures à réfléchir à la question que tout le monde se pose, comment réaliser collectivement la transition ? Alors comment ? Eh bien, ça ne tient pas en deux phrases, mais en plusieurs livres dont on parle dans l'épisode. Dans ces deux premiers livres, Siècle Bleu, on y découvre un thriller géopolitique avec une transition qui se joue à l'échelle planétaire. entre les grandes puissances et qui résonne particulièrement avec notre monde d'aujourd'hui. Dans les deux suivants, c'est l'humanité qui fait sa mue et trouve enfin sa vraie raison d'être. Et si le petit prince m'a quelque peu inspirée pour construire ce podcast, pour Jean-Pierre, vous allez voir, les écrits d'Antoine de Saint-Exupéry ont une place très très importante. Voici une conversation qui, j'espère, vous donnera envie de découvrir la Révolution Bleue. C'est parti ! Bonjour Jean-Pierre !

  • Speaker #1

    Bonjour Marie !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'être avec moi ce matin.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravi aussi.

  • Speaker #0

    En plus, moi, je n'avais pas fait de podcast depuis plusieurs mois. Donc, tu es un peu l'invité que j'accueille pour rouvrir cette nouvelle saison. Je suis hyper contente. On va parler en plus de futur désirable pour changer, n'est-ce pas ? Et je suis assez contente parce que parmi tous les invités que j'ai eus, toi, tu as quand même passé énormément d'heures à te poser les questions de qu'est-ce que ça veut dire ? Alors, mes autres invités l'ont fait, je ne dis pas le contraire. Mais toi, tu en as écrit plusieurs livres, notamment. Et ce n'est pas les seuls travaux que tu as, on aura le temps d'en parler. Donc voilà, je suis hyper contente qu'ensemble, on prenne un peu le temps de décrypter qu'est-ce que ça veut dire une transition que tu as écrite, comment elle s'incarne et c'est quoi un petit peu le modèle qu'on va avoir à la fin.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Beau programme ! Mais avant ça, notamment pour ceux qui ne te connaissent pas, je vais te laisser te présenter.

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis Jean-Pierre Gou, au départ, moi j'ai une formation d'ingénieur, je me suis spécialisé en mathématiques et j'avais toujours le rêve d'utiliser les maths. pour accélérer la transition écologique. Donc moi, j'ai fait des maths dans un domaine en particulier, de la recherche en optimisation. Départ en France, puis après aux États-Unis, à Chicago, à Northwestern University, puis après pour le ministère de l'Énergie américain. Et avec toujours l'idée de résoudre des grands problèmes d'optimisation, des problèmes d'aide à la décision, pour aider les entreprises ou pour aider des systèmes à fonctionner de manière plus optimale.

  • Speaker #0

    Attends, c'est quoi un problème d'optimisation ?

  • Speaker #1

    Les problèmes d'optimisation, c'est que tu as une fonction avec... des paramètres, mettons des milliers ou des millions de paramètres, des contraintes, c'est-à-dire que ces paramètres peuvent évoluer dans un espace, et c'est de voir dans cet espace quel est le minima ou le maxima de cette fonction. Donc typiquement, tu peux choisir quelles sont les décisions que peut avoir une boîte comme EDF ou Gaz de France, enfin Engie, pour optimiser leur production, tout en respectant des contraintes opérationnelles, en satisfaisant la demande. en ayant des contraintes, par exemple, sur le niveau de CO2 qu'ils doivent émettre. Et donc, ça, ça te fait un planning optimal. En fait, quand tu as des fonctions extrêmement complexes, avec des fonctions de coût complexes et des contraintes complexes, il faut utiliser des algorithmes linéaires, non linéaires, avec des variables combinatoires. Donc, voilà, c'est un champ entier de mathématiques d'aide à la décision et qui peut s'appliquer à tout type de problème de décision. Et moi, j'étais vraiment dans la meilleure équipe mondiale là-bas, à Chicago. et puis après ça... J'ai aidé justement mon ancien boss d'EDF à créer une startup en optimisation qui s'appelle Artelis et qui faisait ce qu'on faisait pour EDF, mais pour tout type d'entreprise du CAC 40. Je suis resté jusqu'en 2004. À l'époque, on était 12 mathématiciens. Et puis là, depuis quelques temps, je retravaille avec eux. Il y a 150 mathématiciens. C'est une boîte qui est à Paris, dans différentes villes. Et qui, sur tous les enjeux de la transition, met à 70% dans l'énergie. Et puis en 2004, moi je suis parti pour travailler dans le domaine vraiment de l'énergie parce qu'on avait décidé de libéraliser l'énergie. J'ai été pendant 15 ans chez Powernext qui gérait les marchés au départ de l'électricité, puis après marché du gaz. On a aussi fait des marchés du CO2, certificat d'économie d'énergie, garantie d'électricité verte. Et ça on l'a fait en France, puis après pour tous les pays européens. J'en ai été directeur général et fin 2019, je suis parti. de cette boîte pour me mettre à mon compte. Je crée un cabinet qui s'appelle Biosphere Economics pour essayer de concilier les enjeux de la biosphère avec l'économie. Donc moi, j'interviens dans un certain nombre d'entreprises, mais surtout, je voulais faire ça pour avoir du temps à côté, pour faire des recherches et écrire, parce que j'ai toujours écrit des romans à côté. On en parlera. Parce que pour moi, il faut évidemment de la technique, des idées pour la transition, mais il faut aussi des imaginaires. Aujourd'hui, on a des imaginaires qui ne sont pas assez forts par rapport à ceux qui sont en place. Et le fait qu'on vive un backlash en ce moment, c'est aussi parce que les imaginaires écologiques... sont pas assez désirables ou pas assez même, moi j'emploie un mot encore plus fort, qui est irrésistible. Irrésistible, c'est vraiment quelque chose que désirable, mais que tu ne peux pas... On ne peut pas irrésister, c'est la définition même. Tu peux dire, non mais là c'est trop beau, j'y vais vraiment. Et en tout cas, désirable, c'est déjà bien. Moi, j'étais aussi président de l'Institut des Futurs Souhaitables. Donc t'as souhaitable, désirable, mais bon, moi j'aime bien irrésistible. Et puis à côté, j'ai une ONG qui s'appelle One Home, qui justement travaille sur l'irrésistibilité par l'expérience. quoi donc J'aime bien jouer sur différents registres, mais le point commun de tout ça, c'est la transition écologique avec un focus sur les entreprises. Parce que le problème aujourd'hui, c'est vraiment la manière dont le système économique est organisé. Tu peux avoir tous les idéaux que tu veux si tu ne fais pas quelque chose où tu te poses la question comment les entreprises peuvent muter et vers quel modèle et avec quelle force elles peuvent... Quelles forces elles peuvent employer pour se transformer ? En fait, tu peux avoir tous les vœux pieux d'un futur désirable, mais tu y resteras si derrière, il n'y a pas une feuille de route pratique pour évoluer.

  • Speaker #0

    Ok, hyper clair. Du coup, je dirais plusieurs casquettes qui peuvent te caractériser. Conférencier, romancier, mathématicien, consultant peut-être aussi. On voit plein de casquettes.

  • Speaker #1

    En fait, il y a à la fois pour avoir un modèle économique personnel, mais c'est aussi des intérêts personnels. Le fait d'avoir un pied dans le monde des entreprises, que ce soit dans des conférences ou dans des accompagnements de conseils, pour moi, ça permet toujours de tester des idées parce qu'assez vite, tu peux devenir éthéré dans tes idées et proposer des choses qui sont inapplicables. Et parfois, quand tu vas les prononcer devant les gens, tu te dis OK, là, il manque des marches ou en tout cas, il manque des jalons à l'échelle pour que les gens puissent passer de là à là. Et j'essaye par les romans, justement, de combler ces jalons, c'est-à-dire que les romans, pour moi... On pourra en reparler, mais c'est vraiment des simulateurs d'idées. En philosophie, on appelle ça des expériences de pensée, pour se dire comment on pourrait faire pour que cette idée naisse. Et là, je suis vraiment dans du sociétal, donc c'est des simulations sociétales.

  • Speaker #0

    Juste avant de plonger sur le sujet du roman, j'avais une question pour toi, avec ton regard de mathématicien. Est-ce que tu vis une certaine forme de dissonance sur les objets techniques sur lesquels tu bosses ? Parce qu'en gros, parfois, on se rend compte que les objets techniques qui nous ont permis de nous développer en tant que société, il y en a certains qui sont aussi parfois à l'origine du problème. Donc, est-ce que toi, tu vis une forme de dissonance ? Je sais que ça peut arriver, notamment chez des jeunes ingénieurs sortis d'école. Il y a eu des matisseurs dans l'histoire, comme Grotendieck aussi, qui... ont été parfois très troublés par certaines avancées, notamment sur des sujets d'armes atomiques, etc. Comment ? Bon là, voilà, on part très loin. Mais est-ce que toi tu lis ça ?

  • Speaker #1

    C'est le mathématicien qui m'a le plus inspiré et qui est au cœur de mon dernier roman, La Clé des Songes. Puisque La Clé des Songes, c'est un livre qu'il a écrit. Et donc c'est en hommage à Grotentic que le livre s'appelle La Clé des Songes. Et effectivement, il a presque été un objecteur de conscience, Grotentic. C'est-à-dire qu'il a quitté le domaine des mathématiques. Il était à l'Institut des Hautes Études à Bure. qui est vraiment le plus haut lieu de la science française, en prétextant qu'il y avait 5 à 10% des fonds de cet institut qui provenait de la recherche de la défense. Et pour lui, les mathématiques étaient utilisées pour la défense. En fait, moi, j'en suis complètement conscient de ça. Moi, j'étais même dans une école d'ingénieurs qui était financée par la DGA, etc. J'ai travaillé au ministère de l'énergie américain, Argonne National Laboratory. C'est là où ils auraient dû faire les premiers tests de la bombe atomique. Mais comme il y a eu une grève, ils les ont fait à l'université de Chicago. Mais en fait, le monde est dual. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu poses la question de la technique, la technique, elle est à la fois le remède et le poison. Donc la question, si tu refuses cette chose-là, en fait, la question, c'est d'arriver à mettre ton temps et ton énergie pour faire de ces techniques un remède. Si tu prends un couteau de cuisine, tu peux faire les meilleurs plats au monde. Tu es ton conjoint. Ce n'est pas écrit le mode d'emploi dessus. Le refus de la technique, ce qu'avait fait d'ailleurs Grotendieck, c'est une possibilité. Mais à partir du moment où elle existe, moi ce qui m'intéresse, c'est d'en trouver les usages qui soient les plus bénéfiques. Et c'est ce que j'essaye de faire en maths quand je les utilise. Il y a des types de missions que je ne fais pas. C'est ne pas nourrir ça. Mais ça n'empêche pas des gens d'utiliser les mêmes types de mathématiques pour des fins qui soient moins glorieuses, voire même extrêmement néfastes. Et je fais la même chose, par exemple, dans One Home, cette ONG où on utilise énormément d'informatique, mais pour créer de la beauté et créer des objets de reliance entre êtres humains et de propagation d'amour, presque. Donc, tout est une question d'intention. Bon, je pense que là... Mais je pourrais refuser tout ça et n'utiliser plus rien de technique ou de mathématiques ou de scientifiques. Mais je trouve que ça fait partie de l'aventure humaine et c'est à nous d'inventer les inventions qui soient justement irrésistibles et qui permettent de nudger, le mot américain nudge c'est de pousser l'utilisation vers un certain sens. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui nudgent par exemple l'utilisation de l'intelligence artificielle pour oppresser. l'humain, mais on pourrait potentiellement l'aider pour l'utiliser aussi pour émanciper l'être humain. C'est aussi un des thèmes que je traite dans mon dernier roman, La clé des songes. Je me posais toujours la question de quelle pourrait être l'utilisation la plus irrésistible de l'IA.

  • Speaker #0

    Et t'as répondu quoi à cette question ?

  • Speaker #1

    Ah ben je peux pas dire, parce que c'est le gros spoil du bouquin. Mais ça fait trois ans que je fais des recherches là-dessus. On voit tout un tas d'utilisations de l'IA, mais qui sont un peu de l'IA washing ou green washing. qui étaient des choses qu'on savait déjà faire en maths. Les gens vous disent, oui, on peut repérer sur des cartes satellites, des nappes de pétrole qui ont été dégazées par des pétroliers. Ça, c'est du traitement d'image, on savait le faire il y a 20 ans. Donc, ce n'est pas propre à l'IA. Et puis, il y a des gens qui vous disent, oui, on peut optimiser telle et telle chose. Moi, c'est des trucs que je fais en maths depuis 25 ans. Donc, ça, ce n'est pas propre à l'IA. Et je me disais aujourd'hui, qu'est-ce qui pourrait vraiment être une utilisation extraordinaire et qui accélère ? l'évolution de l'humanité vers une autre direction. Et donc, il y a une proposition dans le roman. Et d'ailleurs, moi, j'ai beaucoup, évidemment, de gens qui sont des pro-écolos, en fait, dans mon lectorat. Mais pas que. Et c'est des livres, justement, qui ne sont pas clivants. Le but, c'est d'embarquer le plus grand nombre possible. Et même ces gens-là, ils ont trouvé que cette utilisation de l'IA était vraiment révolutionnaire et ça les a émus. Donc, voilà. Et d'ailleurs, j'attends un peu parce que là, j'ai trop de choses à faire en ce moment. mais on va la créer, cette IA-là. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    OK, bon, c'est un super teaser pour lire la clé des songes, du coup.

  • Speaker #1

    Mais par contre, oui, pour revenir à ta question, je me pose toujours la question. Oui, c'est une question qui t'anime aussi,

  • Speaker #0

    personnellement.

  • Speaker #1

    Par exemple, moi, les recherches que je faisais en optimisation, et par exemple en optimisation non linéaire, ces modèles de calibration, c'est au cœur des modèles de LLM aujourd'hui. Et donc, quand on va... Dans un réseau de neurones, optimiser les poids, ça utilise des techniques que moi et d'autres, on a mis au point il y a 25 ans. Et donc, tu te dis, tiens, on a accouché de ça. Alors, est-ce que si nous, on l'avait fait, d'autres l'auraient pas fait ? J'en sais rien. Et puis, les LLM, ça peut avoir des utilisations bénéfiques, mais très néfastes aussi. Donc, la question, c'est vraiment de savoir qu'est-ce qu'on nourrit, en fait, comme intention. Et c'est la question de l'intention. Et donc, on revient toujours au « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » . C'est ça, c'est d'arriver à savoir ce que tu fais et puis trouver des choses qui soient vraiment inspirantes dans l'utilisation de certaines techniques.

  • Speaker #0

    Ok, je ne connaissais pas ce proverbe, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est de qui ?

  • Speaker #1

    Le nom ne me vient pas là tout de suite, mais c'est un philosophe connu.

  • Speaker #0

    Ça marche. Écoute, je te propose maintenant qu'on passe à une discussion sur tes romans. Tu te lances dans l'écriture de Siècles Bleus, notamment le tome 1 dans les années 2007, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai commencé en 2000 et en 2007, j'ai terminé. D'accord, c'est le premier tome. Il a fallu deux ans pour trouver un éditeur, puis après un an pour que ça soit publié. Donc, le premier tome de Siècles Bleus est sorti en... en 2000. Et l'idée, en fait, elle m'est venue le 1er janvier 2000, au tout début du siècle. Enfin, il y avait un... On démarrait un nouveau siècle et je me disais, je voyais comme une avenue. Je me disais, on a deux choix de pistes pour cette avenue. Soit ce siècle qui commence, c'est le dernier en fait de l'histoire de l'humanité, ou en tout cas le dernier dans lequel il y a des conditions d'habitabilité de la Terre qui sont propices à la vie humaine. Et si c'est le cas, on l'appellera le siècle noir, parce que dans 5000 ans, si les civilisations ressurgissent, on parlera de l'époque où par égoïsme ou par confort, parce que le confort est un des énormes freins aujourd'hui à la transition. Je ne sais plus, quelqu'un me disait récemment, il ne savait pas qu'est-ce qui était le plus inquiétant, le bruit des bottes ou le silence des pantoufles. Et je trouve que c'est très intéressant parce qu'un certain nombre de gens... qui sont en charge de la marche du monde aujourd'hui, ils sont en pantoufles, et puis ils sont bien en pantoufles. Et il y a une question de se dire, bon, j'ai tennis samedi, pourquoi j'irais aller travailler pour une ONG ? Enfin, il y a ce truc-là. Et donc, en tout cas, on a une voie qui est possible, qui est le siècle noir. Et l'autre voie, c'est que l'humanité donne ce qu'elle a de meilleur d'elle-même, que chacun donne ce qu'il y a de meilleur de soi-même, et qu'on se transforme. Et dans 5000 ans, on parlera toujours peut-être du siècle bleu. qui était le siècle où l'humanité était au bord du précipice. Et parce qu'il y a un certain nombre de fous, de visionnaires, qui ont eu d'autres idées et qui ont réinventé l'économie, on a évité le précipice et on s'est transformé. On arrive à un mode de civilisation où l'humanité et la biosphère arrivent à vivre ensemble. Et ça, c'était vraiment l'idée que j'avais et qui était l'idée de Siècle Bleu et de Révolution Bleue, qui, in fine, est une nouvelle saga. Donc, Siècle Bleu, c'est en deux tomes et Révolution Bleue, ça sera en trois tomes. Ça peut se lire indépendamment et tous les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Si les gens ont du temps, c'est bien de les lire dans l'ordre, mais ce n'est pas du tout nécessaire. Et surtout, la saga Révolution Bleue est complètement indépendante de Siècle Bleu. Mais voilà, c'était de se dire un peu sur un mode de « et si » , de partir uniquement de choses totalement réalistes, c'est-à-dire qui sont fondées d'un point de vue géopolitique, d'un point de vue psychologique. c'est-à-dire ce livre Il prend en compte la structure de la psyché humaine, les structures individuelles, les structures collectives, les relations entre les États. Donc le cadre, c'est toujours une lutte entre la Chine et les États-Unis pour dominer le monde. Avec en plus dans la clé des songes, justement, l'apparition de l'IA, de la robotique comme étant une autre voie qui pourrait aussi influer. Et de se dire en fait de tout ça, est-ce qu'il n'y aurait pas une autre voie qu'on pourrait décrire ? Et... L'idée, c'est que ça soit une autre voie qui ne soit pas en opposition avec la voie US, la voie Chine ou la voie robotique, mais une voie qui englobe les autres pour utiliser le meilleur de ce que les US pourraient apporter, le meilleur de ce que la Chine pourrait apporter, le meilleur de ce que chaque peuple pourrait apporter en incluant les peuples autochtones, mais aussi le meilleur de ce que la technologie pourrait apporter et de réinventer la notion de technologie. Parce qu'aujourd'hui, pour beaucoup de gens, la technologie, alors il y a une question d'usage, on en a discuté, qui peut être néfaste. Et on peut utiliser l'IA pour faire des robots autonomes, mais aussi pour faire de l'assistanat dans certaines parties du monde pour des enfants à l'école et qui n'auraient pas accès à des professeurs et leur donner la possibilité d'avoir de l'éducation. Donc, il peut y avoir des utilisations d'émancipation extraordinaire. Mais il y a une question aussi, évidemment, et c'est votre travail aussi chez vous, chez Steam, de conception de la technologie. de manière à ce qu'elle ne crée pas de pollution, de déchets, etc. Et donc, pour moi, il y a une question de réinvention de la manière dont on crée la technologie et d'aller massivement vers la bio-inspiration. Et la Révolution Bleue est bio-inspirée, c'est-à-dire beaucoup de biomimétisme, c'est-à-dire de s'inspirer de la nature pour résoudre des problèmes d'ingénierie et d'aller vers une technologie qui soit très économe en métaux, en molécules qui soient, on va dire, polluantes. et de s'inspirer de la nature pour ça.

  • Speaker #0

    Et donc du coup, ces premiers romans, tu les écris dans les années, comme je disais au début, dans les années 2000. Moi, j'ai été assez bluffée, donc je les ai lus récemment, fin d'année dernière et cette année. J'ai été bluffée à quel point les sujets sont d'actualité et si je devais parier que la date de parution du roman, je n'aurais pas parié sur le début des années 2000. Avec le recul... Comment est-ce que tu lis les choses ? C'est quoi un peu tes grands apprentissages ? Parlons seulement de « Siècle bleu » pour le moment, mais c'est quoi ton recul sur l'écriture de ces romans ? Est-ce que finalement, la fiction t'a un peu dépassé ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que le temps passe vite. Moi, j'ai fini Siècle Bleu il y a 18 ans. Et il y a plein de gens qui le lisent aujourd'hui en me disant... Et effectivement, ils pensent que ça a été écrit l'année dernière. Alors, est-ce que c'est un coup de chance ou pas ? J'en sais rien. Mais au départ, moi, il y a beaucoup de documentation. Et j'essaye d'écrire les livres avec une analyse de la manière dont la société fonctionne et l'être humain fonctionne. Et il y a des invariants. Si tu écris quelque chose qui est trop relié à l'époque, un livre qui est sur Trump ou sur Musk ou sur autre chose, en fait, ton livre va vite être daté parce que le monde aura peut-être évolué vers autre chose. Mais si les invariants, eux, ils ne bougent pas et la société peut évoluer. Et dans le siècle bleu, l'invariant, c'était que finalement... enfin, il y a un certain nombre de gens qui veulent organiser le monde et le capitalisme d'une certaine manière. Mais ce n'est pas un livre anticapitaliste, c'est un livre qui prend et qui est plutôt sur une forme sauvage de capitalisme, qui n'a pas envie de règles et qui n'a pas envie de contraintes, et qui se rend compte que les écologistes sont finalement des ennemis, parce qu'ils ont raison. C'est-à-dire que tout ce qu'ils disent, c'est vrai, et qu'ils veulent les éliminer. et dans le siècle bleu, Le personnage principal qui s'appelle Abel est à la tête d'une organisation éco-activiste, mais invisible. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas pignon sur rue, ils font un certain nombre d'actions chocs contre le gouvernement américain, contre le gouvernement japonais, contre un certain nombre d'entreprises, mais c'est de la menace asymétrique puisqu'on ne sait pas où ils sont. Et ce groupuscule qui s'appelle Gaïa se retrouve accusé d'un crime d'État entre la Chine et les États-Unis qu'ils n'ont pas commis. Sauf que le Abel, il est déterminé et qu'il n'aime pas trop qu'on lui mette un crime sur sa tête qu'il n'a pas fait. Et donc, il part à la recherche de ce secret d'État. Et en fait, c'est un thriller, c'est une chasse à l'homme qui devient aussi une chasse à la femme puisqu'il s'enfuit avec sa femme Lucie. Et ils sont déterminés pour percer ce secret-là et ils déclenchent une sorte de révolution. Et vous avez toute une partie, un peu comme pendant l'affaire Dreyfus, une partie de gens qui sont pro-Gaïa, anti-Gaïa. et on sent bien que derrière le... le discours d'État, il y a un truc qui va pas. Et au fur et à mesure, les peuples se soulèvent, etc. Et ça ne devient pas une révolution violente parce que un des personnages, qui s'appelle Paul Garner, lui est bloqué sur la Lune. C'est le meilleur ami d'Abel. Il fait partie du premier contingent américain à retourner sur la Lune dans une course à la Lune avec la Chine. Et moi, quand j'avais écrit ça dans les années 2000, cette course à la Lune commençait. Et aujourd'hui, elle est réelle puisque... Ce qu'on voit, c'est que même la Chine devrait arriver avant la fin 2030 sur la Lune, avant les États-Unis, parce qu'aujourd'hui, le programme de Musk et de Bezos ont pris énormément de retard. Et donc, voilà. Et là, Trump, récemment, vient d'annoncer qu'il mettait les bouchées doubles sur le programme lunaire. Donc, cette course à la Lune qu'il racontait dans le siècle bleu. Et puis, ils disent, voilà, on a moins de cinq ans pour y retourner. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est un peu un hasard. Enfin, un hasard, je n'en sais rien. En tout cas, je souhaite qu'il y ait un astronaute de ce type-là, parce que lui, il se retrouve bloqué sur la Lune. Ça a un rapport avec ce crime qu'on fait porter à Abel. Et la question, c'est est-ce qu'on va le secourir ou pas ? Et on l'écoute. Et en fait, cet astronaute, c'est un grand rêveur, un grand poète. Il tombe amoureux de la Terre en la voyant depuis l'espace. Et il partage son amour. Et le fait qu'il y ait ce gars tout seul sur la Lune, ça fait penser un petit peu au Petit Prince. Tous les gens se disent, mais attends, là, on est assez fou pour l'avoir laissé tout seul. et puis c'est un type qui est très sympa, qui est adorable, etc. Et donc, il ouvre les cœurs et son destin touche tout le monde. Donc, tout le monde l'écoute tous les jours. Et lui, il parle de la Terre, de merveilleusement. Et le fait d'avoir un point de vue comme ça, extérieur, les gens réalisent qu'on fait n'importe quoi en fait, sur cette planète, qu'on est dans un paradis. Il y a des tas de gens qui rêvent d'aller au paradis après leur mort, mais on est déjà dans un paradis où on est en train de souiller. Et il ramène les gens à l'essentiel. Et lui vit... un effet qu'on appelle l'overview effect, c'est-à-dire c'est la transformation qu'ont subi les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de faire vivre au lecteur cet overview effect par le truchement du roman et que les lecteurs et lectrices tombent amoureux de la Terre. Il y en a beaucoup qui ont eu cet effet en lisant Siècle bleu.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, hyper intéressant. On sent bien les descriptions et toute la poésie qui est amenée par Paul Gartner. Moi, je me posais une question sur la Terre. transition que tu proposes avec le livre, on sent qu'Abel, le personnage principal qui est à la tête de Gaïa, l'ONG, il a une certaine forme quand même de radicalité et de détermination. Est-ce que pour toi, une transition, elle doit être radicale ?

  • Speaker #1

    Alors, déjà, un mot sur le mot radical. Le mot radical veut dire revenir à la racine. Donc, dans ce sens, une transition doit être radicale, c'est-à-dire revenir à la racine. Parce qu'il y a des moments où on a pris des embranchements, d'ailleurs, sur la conception du monde technique, sur la conception de l'économie. Et il faut pouvoir remonter à cette racine-là pour réinventer une nouvelle société. Et une transition incrémentale qui fait juste des patchs par rapport à un modèle, elle ne sera pas suffisante. mais Effectivement, dans Siècle Bleu, qui est une intrigue très courte, elle est sur 28 jours, il y a 14 jours dans le premier tome, 14 jours dans le deuxième tome, donc c'est vraiment un thriller qui n'arrête pas. Et en 28 jours, on ne change pas le monde, on change l'état d'esprit. Donc il y a une espèce de... à la fin de Siècle Bleu, sans spoiler.

  • Speaker #0

    Moi, j'aime les APN, donc vous aurez une APN. Il y a beaucoup de gens dans l'écologie qui n'aiment pas les APN. Moi, je suis un fervent... Je veux que les gens referment ces livres en se disant « waouh » . Et en fait, on pourrait le faire, ce qu'ils décrivent dedans. Et effectivement, la voie que ce Abel explore, c'est la voie de l'activisme. Parce qu'aujourd'hui, il faut des activistes, parce qu'il y a un certain nombre de choses qui sont intolérables, mais ça se retourne contre lui. Et d'ailleurs, ces méthodes sont... tellement peut-être, enfin pas violente parce qu'il y a toujours beaucoup d'humour dans ce qu'il fait, mais si on ennuie le système de cette manière-là, toujours on a un backlash et on se le prend dessus. Et justement, dans Révolution Bleue, le même personnage se retrouve légataire du rêve de Paul Garner. Et le rêve du Paul Garner, c'était de faire cette Révolution Bleue. Et la Révolution Bleue, elle est inspirée d'un peintre, Yves Klein. C'est une révolution qui est, on va dire, plus philosophique qu'une révolution. Il ne s'agit pas de mettre des têtes sur des pics. C'est le processus par lequel l'humanité rejoindrait les limites planétaires et arriverait à vivre en osmose ou en symbiose avec la Terre pendant des millénaires.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'articule, cette révolution, du coup ?

  • Speaker #0

    Justement, Paul Garner, à la fin du siècle bleu, donne quelques pistes, en fait, là-dessus. Et d'ailleurs, moi, quand j'avais publié ce livre en 2012, je m'étais dit que j'avais écrit un manifeste de la révolution bleue en disant tout ce qu'il faut aller réinventer. Et je me disais, il y a plein de gens qui vont se mobiliser pour le faire. et réinventer ça. Et en fait, ça n'a pas eu lieu. Il y a eu plein de conséquences de ce livre. Ça a bougé beaucoup de gens dans leur trajectoire de vie, etc. Mais les gens n'ont pas pris ce manifeste comme un programme. Et pour moi, c'était un programme de travail. Et du coup, moi, depuis dix ans, je travaille là-dessus, sur chacune des questions, dans l'économie, dans l'agriculture, dans l'énergie, dans les infrastructures, dans la gouvernance mondiale, dans l'éducation, etc.

  • Speaker #1

    Tu peux nous en citer deux, trois, par exemple, de questions ? Je vais poser quatre.

  • Speaker #0

    Et donc, au départ, moi, ce que j'ai essayé, c'est de collectionner, en fait, toutes les initiatives, on va dire, inspirantes à travers le monde sur ces différents thèmes. Et j'avais commencé en 2015 à écrire un essai là-dessus en disant, tiens, c'est bien de les réunir. Et je me suis dit, en fait, ça ne sert à rien de les réunir parce qu'en fait, il manque quelque chose. Aujourd'hui, toutes ces innovations, que ce soit le biomimétisme, l'économie régénérative, l'économie circulaire, toute une série d'énergies renouvelables, en fait, ça, ça change un peu le monde. Mais ce n'est pas suffisant. Il y a une sorte de plafond de verre qui bloque toutes ces innovations pour arriver à transformer le monde. Et en fait, je me suis dit, c'est quoi le point commun en termes de plafond de verre de toutes ces innovations ? Et comment est-ce qu'on pourrait le dépasser ? Qu'est-ce qui pourrait les rendre irrésistibles ? Justement, c'était ça la question. Et donc, j'y réfléchis pendant un certain nombre d'années. Et en fait, en 2020, moi, j'avais quitté mon boulot chez Powernext pour me mettre à mon compte. Et je devais m'occuper de cette ONG One Home et je ne savais pas trop ce que j'allais faire d'autre. Puis finalement, en 2020, je me suis dit, bon, il faut que je trouve qu'est-ce que c'est ce truc irrésistible qui nous manque. Et donc, j'ai dû lire 500 bouquins en 2020 pendant le Covid. Et j'ai lu dans tous les domaines en me disant, il faut sortir du champ de la transition pour aller regarder d'autres choses. Donc, j'ai lu des bouquins de sociologie, des bouquins d'histoire, des bouquins de géopolitique, des bouquins de spiritualité. Et en me disant, et puis des tas de bouquins de science sur des tas de choses. et petit à petit... Je suis rentré sur les théories de l'évolution. Et de se dire, en fait, si on dézoome dans le temps, l'espèce humaine n'a pas toujours été ce qu'elle était. On a évolué. Et puis, les espèces, en général, ont évolué. Même la matière et la pichée ont évolué depuis le Big Bang. Et tout ça, ça se structure. Et quand on regarde le monde, en fait, on part d'un tas de billes, de particules qui explosent. Enfin, même si le Big Bang, ce n'est pas une explosion, c'est une dilatation. Enfin, je ne veux pas rentrer dans les détails. Et ces billes se structurent pour faire toujours des structures d'ordre supérieur. Et c'était le prêtre jésuite et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin qui disait, le monde évolue vers plus de structures, vers plus de beauté, vers plus de conscience. Et on se rend compte que le monde se structure comme ça. Et je me suis dit, tiens, est-ce que... Et on se rend compte qu'un certain nombre de crises dans le passé ont été résolues par des espèces, par des mutations, par des métamorphoses. et Le point que je me disais, c'est qu'aujourd'hui, on est beaucoup sur un regard extérieur sur la transition, en se disant, tiens, qu'est-ce qu'il pourrait faire là-dessus ? Mais comme si on enlevait l'espèce humaine de l'équation. Et en fait, je me suis dit, la solution de l'équation, là je reprends un peu ma casquette de mathématicien, c'est peut-être la mutation de l'humanité. C'est-à-dire, si l'humanité ne mute pas vers autre chose, on ne pourra pas réaliser cette transition. Et moi, je me disais toujours, imaginons que dans 100 ans, le monde soit complètement transformé. Moi, ce que j'aimerais, c'est connaître le type de civilisation. ou l'espèce qui a réussi cette transition, c'est quoi ces valeurs ? Donc je suis parti de l'inverse en me disant, quelle serait l'espèce qui rendrait ça souhaitable ? Et en regardant les théories de l'évolution, on s'aperçoit que vous avez des structures d'or supérieur qui se font. Et par exemple, moi, ce qui m'a marqué, ce sont des sauts en complexité quand on passe par exemple du monocellulaire au multicellulaire. On ne sait pas comment ça marche en biologie. Enfin, on sait que des cellules peuvent s'associer, mais par contre, qu'il y ait une identité du groupe. qui émergent, et tu en es l'exemple puisque tu es un assemblage de 30 000 milliards de cellules qui coopèrent pour être toi, et toi, tu es l'identité commune de ces cellules, mais si tu prends une cellule, elles ne savent pas, enfin peut-être, on ne sait pas, on n'a jamais interviewé une cellule, qui est Marie. Et pourtant, l'ensemble de ces cellules font Marie, font Jean-Pierre, font toutes les auditrices et les auditeurs. Et ce sont en complexité, il y en a eu un deuxième, quand l'ensemble des espèces, donc il y a à peu près 9 millions d'espèces, si on met de côté les bactéries et les virus sur Terre, et... elles coopèrent ensemble pour former la biosphère, et qui n'est pas juste comme un collier d'espèces, comme toi, tu n'es pas un collier de cellules, c'est un tout, la biosphère. C'est un ensemble cohérent. C'est un ensemble cohérent qui prend soin des parties, et que les parties constituent. Donc il y a toujours une relation bilatérale entre les parties et le tout. Et je me disais, peut-être la prochaine étape d'évolution de l'humanité, c'est de former un collectif. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est 8 milliards d'êtres humains séparés, et que la prochaine... mutation de l'espèce humaine, ça serait de former un collectif, c'est-à-dire un collectif humain planétaire, un grand ensemble fait de 8 milliards d'humains. Aujourd'hui, ce grand ensemble, il est complètement séparé par des nations, il est séparé par des idées, des idéologies.

  • Speaker #1

    Et géographiquement aussi.

  • Speaker #0

    Géographiquement, oui, mais surtout, la notion d'humanité en tant que tout n'existe pas. Et il y a beaucoup de gens qui parlent de ça, d'émergence d'une conscience planétaire, d'une conscience de l'humanité, et c'est ça qui m'intéressait. Et donc... La révolution bleue, c'est à la fois le récit en trois ans de comment on peut transformer toute l'économie pour avoir justement une économie qui soit au sein des limites planétaires, mais aussi l'émergence de ce collectif planétaire. Donc, il y a quelque chose de presque spirituel, c'est-à-dire l'humanité qui est acculée à cause des difficultés. En fait, ces difficultés qu'on voit aujourd'hui, et par exemple, les limites planétaires, on se dit, oh là là, c'est un précipice dans lequel on va tomber. En fait, cette menace... C'est peut-être ça qui fera que pour la première fois, l'humanité choisit le tous ensemble plutôt que le chacun pour soi. Alors le chacun pour soi, quand on regarde l'actualité, on est en plein dedans aujourd'hui et ça fait partie des hésitations. Quand il y a un stress, on se dit oula, soit je vais avec le plus fort, soit on se met tous ensemble. On voit bien qu'il y a une partie de nous qui serait prête à accepter une perte de liberté et se dire bon, je suis américain, même si je n'aime pas Trump. Bon, je suis quand même bien d'être là, donc je vais quand même voter pour lui parce qu'il fait du bien pour nous. avec la force militaire que l'on a. Mais avec les limites planétaires, les désagréments vont être pour tout le monde. Et donc, pour moi, c'est la force d'appui qui va permettre la naissance de l'humanité. Donc, la Révolution bleue, c'est à la fois le récit de la transformation de l'économie, mais de l'espèce. Et c'est cette transformation qui rend le reste irrésistible. Et donc, cette humanité unie, moi, je l'appelle homo biospheris. C'est symbolisé dans le livre par le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Et moi, j'ai trouvé un certain nombre de lettres qui montrent que le petit prince était le symbole, en fait, d'une humanité unie sur sa planète et que le petit prince n'est pas, on va dire, un individu, mais un collectif, quoi. Et d'ailleurs, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry a même préfacé le premier tome de la Révolution bleue qui s'appelle La petite princesse et dans lequel il y a... énormément de choses dans Le Petit Prince. Et pour moi, Le Petit Prince, c'est un livre magique. C'est le livre le plus traduit dans le monde après la Bible. C'est le livre de fiction le plus imprimé dans le monde. Il est partout. Et dans le livre, en fait, Le Petit Prince, c'est ce qui permet de relier l'humanité et de faire émerger cette nouvelle humanité-là.

  • Speaker #1

    Et ce que je voulais... Je me permets juste d'intervenir parce que, juste pour revenir sur Le Petit Prince, en fait, c'est assez marrant parce que c'est Le Petit Prince qui m'a aussi donné envie de créer ce podcast. Parce que je me disais, en fait, les messages finalement du Petit Prince, je les relus au moment où je me posais beaucoup de questions pour lancer ce projet. Et je trouvais en fait, dans pas mal de fins de chapitres, de citations du Petit Prince, énormément de résonance avec les sujets qu'on vit sur la notion, sur les baobabs, sur l'eau, sur on voit bien avec les yeux, avec le cœur, pardon. Enfin voilà, il y avait plein de choses qui me parlaient énormément. Et du coup, c'est des invités, c'est des auditeurs aussi qui m'ont renvoyé vers toi en me disant, mais par rapport au Petit Prince, il faut absolument que tu parles à Jean-Pierre Gou. Donc le

  • Speaker #0

    Petit Prince, c'est aussi une des raisons pour lesquelles tu es là aujourd'hui. En fait, c'est un livre magique. Quand je dis magique, c'est plus que magique. C'est un livre qui est très particulier parce que chacun en a une lecture particulière. Et à chaque fois que tu vas le relire, tu vas y trouver autre chose. Et à chaque fois, tu vas te dire, mais ça, ça n'y était pas avant. On connaît tous certains chapitres, mais il y a des chapitres qu'on connaît moins. C'est ces chapitres-là qui vont venir résonner avec un élément dans l'actualité, un élément dans la vie. Et c'est un livre-monde, en fait, Le Petit Prince. Et c'est pour ça que ça parle au monde entier. Et quelles que soient les époques, c'est quand même un livre qui a 80 ans aujourd'hui. Et qui est d'une activité hors normes. Et moi, ce que j'essaie, c'est d'en faire un manuel opératif. Et d'utiliser, en fait, un symbole qui soit un symbole mondial, universel, laïque. Parce qu'aujourd'hui, il y a... Aucune religion qui déteste le petit prince, qui a interdit le petit prince. Même Poutine serait fan du petit prince. Donc, il y a quelque chose pour moi, le petit prince, c'est à la fois un livre qu'on peut dire, tiens, c'est sympa, etc. Non, mais c'est beaucoup plus que ça. Ça peut être une forme de nouvel évangile, mais au sens, on va dire, laïque du terme, c'est-à-dire quelque chose dans lequel on peut puiser et d'aller trouver des leçons de vie. et cette interprétation du petit prince qui serait un collectif planétaire. Personne ne l'avait jamais eu avant. Et par hasard, la famille d'Antoine de Saint-Exupéry avait lu, et notamment Olivier Daguet, l'héritier, puisque sa grand-mère est la sœur de Saint-Ex, et qu'il n'avait pas eu d'enfant Saint-Ex, quand il a lu « Siècle bleu » , parce qu'il était déjà question un peu du petit prince dans « Siècle bleu » , il avait demandé à me rencontrer et il ne savait pas que j'écrivais « Révolution bleue » . Et ils ne savaient pas non plus que j'écrivais un livre qui s'appelait La Petite Princesse. Et moi, en écrivant La Petite Princesse, qui était le premier tome, je voulais juste mettre dans ce livre une petite fille, parce que je me disais, justement, siècle bleu qui était un peu masculin, avec des éco-activistes, tout ça. Bon, je me disais, il faut rajouter du féminin là-dedans. Et puis, le héros qui était très, on va dire, masculin, en fait, d'une certaine manière, s'adoucit parce que... ils adoptent une petite fille à la fin de siècle bleu qui s'appelle Janie. Et cette petite fille, elle a des grands rêves. Et elle a un cœur immense, elle a beaucoup souffert quand elle est petite. Et en fait, on se rend compte que c'est elle la clé de l'évolution de l'humanité. Et que cette petite fille, Paul Garner, lui a donné un certain nombre de secrets. Elle a 8 ans au début, donc elle ne sait pas ce que ces secrets veulent dire. Et puis Abel se rend compte que ces secrets sont absolument fondamentaux. Et que Paul Garner a semé un certain nombre de petits cailloux blancs. pour nous faire cheminer vers le secret, les clés d'activation d'Homo Biosiris. Et en fait, moi je l'avais appelé la petite princesse parce que c'était en hommage au petit prince. Et en finissant d'écrire ce bouquin, donc il y a deux ans ou trois ans, avant qu'il soit publié, il publie pour la première fois à Gallimard la correspondance entre Saint-Ex et sa femme Consuelo, qui n'avait jamais été publiée pour des questions de droit entre les deux familles. Et dans cette correspondance, il y a une lettre dans laquelle Consuelo se plaint auprès de Saint-Ex. que le petit prince ne lui a pas été dédié. Elle pensait être la rose. Et lui, il était parti à la guerre. Il l'a dédié à son ami Léon Wörth, qui était juif et dans les camps de concentration. Et donc, pour ne pas avoir de problème avec sa femme, il lui dit, écoute, j'écrirai une suite du petit prince et je te la dédierai. Et dans une lettre qui date de six mois avant la mort de Saint-Ex, elle lui dit, OK, tu écriras une suite, tu me la dédieras. Et tu l'appelleras La Petite Princesse.

  • Speaker #1

    Alors que moi,

  • Speaker #0

    j'avais écrit déjà La Petite Princesse. Et là, je me suis dit, il y a quelque chose de complètement magique là-dedans. Et quand j'ai rencontré les héritiers, ils ne savaient pas du tout que j'avais écrit La Petite Princesse. Le livre n'était même pas envoyé à des éditeurs. Et quand Olivier Daguet a vu ça...

  • Speaker #1

    Ça a été quoi, sa réaction ?

  • Speaker #0

    Non, mais il était stupéfait. Parce que quand il a vu le titre, il m'a dit, mais tu es au courant pour la lettre ? Personne ne connaît cette lettre. et c'est la première phase du livre bon ok je sais pas Maintenant, je viens de comprendre pourquoi il fallait qu'on se rencontre, mais je ne sais pas qui a organisé cette rencontre. Donc, il y a eu quelque chose de magique entre nous, un peu comme... Et dans le livre, moi, j'avais changé du coup le scénario pour que la petite fille recherche ce manuscrit, parce que Saint-Ex l'a promis à sa femme, donc ça veut dire qu'il y a réfléchi. Donc, dans le monde des idées, il y a des traces de ces réflexions quelque part, mais peut-être même des écrits. D'ailleurs, je suis toujours en train de chercher ce manuscrit. Aujourd'hui, personne n'en a trouvé la trace, ni des notes. Mais en tout cas, je suis sûr que Saint-Ex y a réfléchi. puisqu'il y fait référence même dans d'autres lettres. Et donc la petite fille cherche ce manuscrit, qu'elle trouve d'ailleurs à la fin de La Clé des Songes, donc dans le tome 2, etc., et qui contient les secrets d'activation d'Homo Bioscii. C'est-à-dire comment on fait naître cette humanité. Et c'est ça le caractère irrésistible. Aujourd'hui, on nous fait rêver sur un monde avec des énergies renouvelables, etc. C'est super, mais c'est quoi la créature ? C'est quoi l'humain du futur qui nous fait rêver, qui nous donnerait envie ? C'est quoi une humanité qui nous donnerait capable du meilleur ? Et en fait, dans la plupart des fictions futuristes, en fait, les gens dépeintent un monde technique, un monde d'organisation économique, mais on ne voit pas la créature et les valeurs humaines. Et moi, c'est ça qui m'intéressait. Et ça, c'est un thème qui est complètement exupérien parce que lui, c'était la seule quête de sa vie. C'était comment élever l'humanité. C'est-à-dire, il voyait bien qu'il y a une espèce de force de pesanteur qui, au niveau individuel et collectif, nous font faire un peu ce que les autres font et qui nous emmène plutôt vers le bas de la colline. Mais pourtant, de tout temps, il y a toujours eu des gens, à toutes les époques, des hommes et des femmes, qui nous ont élevés. Et c'est grâce à eux que l'histoire de l'humanité n'est pas une chute, mais une élévation, mais un peu sinusoïdale, avec des hauts et des bas, etc. Alors, est-ce qu'on est dans un haut et dans un bas ? Au moment où on parle, il y a des atrocités qui se font dans le monde, mais il y a des gens qui font des choses extraordinaires et qui ne lâchent pas. Et en fait, la Révolution bleue, c'est une ode à tout. tous ceux qui se bougent pour la transition, et c'est l'histoire de l'union sacrée de toutes les forces de transition, entre les citoyens, les entreprises, les chercheurs, les politiques, les activistes, etc. Et aujourd'hui, tout ça, ça se tire un peu dans les pattes. Qu'est-ce qui se passerait si on faisait une union sacrée ? Et qu'est-ce qui se passerait si on décidait que cette union sacrée n'était pas une opposition au reste de la société ? Parce que très souvent, on tombe dans une espèce d'allégorie du bien contre le mal, et en fait, ce truc-là a toujours été délétère parce que... Les gens, si vous dites par exemple que là, on est à la défense dans vos bureaux, telle entreprise qui a une tour à la défense et une entreprise à laquelle on ne peut pas parler, en fait, ça crée un syndrome de réaction qui fait qu'ils vont être opposés à ce truc-là. Et si on dit, écoutez, cette entreprise, on est prêt à la prendre là où elle est et de l'accompagner dans sa transition au moment où elle est et d'accepter. Et moi, je dis souvent aux gens, tu sais, la plupart des écolos, il y avait un moment où ils ne l'étaient pas. donc acceptons que d'autres soient au point zéro du changement et ayons cette politique de la main tendue, du non-jugement. Et si à chaque fois que les gens font ça, on leur rappelle toutes les erreurs qu'ils ont fait dans le passé, de mettre le pardon aussi dans cette transition et d'accepter que les gens soient au début. Donc c'est vraiment une... La révolution bleue, c'est de mettre toutes ces innovations ensemble, d'avoir un concept fédérant pour l'humanité et inspirant. et nous inspirer par rapport à ça, qui rend la chose irrésistible et une posture qui soit incluante et qui a pour objectif d'embarquer les 8 milliards 250 millions d'humains.

  • Speaker #1

    Et si on parle maintenant un petit peu plus de homo biospheris, moi j'avais une question pour toi. Est-ce que tu as fait basculer un peu des grands paradigmes de notre monde actuel ? Par exemple, nous chez Steam, parfois, on aime bien réfléchir à... Si jamais on n'avait pas découvert le pétrole, et qu'on avait toutes nos énergies 100% renouvelables, on aurait un paradigme qui est la flexibilité de l'apport en énergie. Et du coup, on se serait probablement organisé autour de cette flexibilité-là. C'est un exemple. Est-ce que toi, dans tes écrits, tu as fait basculer des grands paradigmes qui sont vraiment de fait aujourd'hui qu'on ne challenge même pas, mais quand on se pose et qu'on imagine le monde de demain, on aurait envie de venir les titiller et il y a quelque chose d'autre qui peut être conçu derrière ?

  • Speaker #0

    Alors. Oui, mais dans le roman, il est en essence. Mais il y a un certain nombre de paradigmes qui tombent. Et moi, ce que j'aime bien, c'est toujours de voir comment le micro influence le macro. En physique, il y a tout un domaine qui s'appelle la physique statistique qui étudie comment les micro comportements changent les structures macro. Et moi, le truc qui m'intéresse, c'est l'économie. En parallèle, moi, de mes études d'ingénieur, j'avais fait un master à la Sorbonne sur les modèles mathématiques en économie. et... j'ai toujours été sidéré par voir le premier principe de la microéconomie qui est de dire les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité individuelle. Et bien, si tu prends ça comme axiome, c'est-à-dire qu'il ne part pas d'humains reliés et qu'il y a un optimum global là-dessus, évidemment tu aboutis à un système capitaliste qui détruit tout et qui a pour but de faire hisser chacun. Dans Homo Biospheris, en fait, chaque humain est une cellule d'un grand corps qui est Homo Biospheris. Et donc, l'autre c'est toi mais avec une autre vie. Donc il y a un rapport à l'altérité qui est complètement différent et moi ce qui m'intéresse par exemple c'est de refonder tous les principes de la microéconomie et dans deux semaines, non dans un mois je fais une conférence avec Timothée Parry à Biarritz qu'on va annoncer aujourd'hui Je l'ai reçu sur ce podcast aussi Donc lui il travaille en ce moment sur les imaginaires de l'économie à travers la science-fiction il ne connaissait pas justement mes travaux Et pour la première fois, je vais faire une présentation de c'est quoi le monde économique d'Homo Bioseris. Et c'est quelque chose auquel j'ai parlé aussi à Cédric Villani, en lui disant mathématiquement, on devrait pouvoir changer en fait ce premier principe de la microéconomie et intégrer ces équations pour arriver à une autre forme d'économie. Par exemple, il y a beaucoup de gens qui se disent comment changer la structure du capitalisme. En fait, si tu n'as pas changé les rapports de l'un à l'autre, etc. et refonder la base et donc c'est plutôt de... Un peu comme dans une nuée d'oiseaux, de changer les règles d'interaction entre les individus pour avérer quelque chose. Et ces règles d'interaction, il y a déjà beaucoup de gens dans beaucoup d'endroits qui appliquent ça. C'est-à-dire, quand j'ai deux choix, est-ce que je le fais dans l'intérêt de mon village ou de ma tribu ou dans mon intérêt personnel ? Et tu as des tas de gens qui mettent le collectif avant l'individu et qui, du coup, sont dans des principes qui ne sont pas du tout... le principe de la microéconomie tel qu'il est décrit dans un certain nombre de choses. Et puis, oui, il y a d'autres choses, par exemple dans l'agriculture, dans l'alimentation, parce que c'est quand même aujourd'hui un des domaines les plus polluants, des choses qui sont complètement différentes, dans la santé aussi. Donc tout ça est réinventé dans le monde d'Homo Bioseris. Et effectivement, il y a une partie du monde qui bascule là-dedans et qui n'ont pas du tout le même rapport. Et en ce qui concerne l'énergie, évidemment, si on allait vers des énergies renouvelables, aujourd'hui, on se pose la question de se dire, oh là là, le cycle des jours, de jour-nuit plus le cycle des vents fait que ça ne suit pas la cadence industrielle. Parce qu'avant, on avait des moyens qui étaient pilotables et on pourrait vivre en fonction de ça, en disant demain, ça va être une journée sombre, on va un petit peu moins travailler. On pourrait avoir ce type de choses-là. Mais ça, bon, cet aspect-là, moi, je l'ai développé dans d'autres choses, mais ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse, enfin, en particulier dans le roman. Mais évidemment qu'il faudrait aller vers ce type de choses-là. Mais avec les batteries, aujourd'hui, on peut avoir un décalage dans le temps, donc on n'est pas obligé d'avoir cette flexibilité. Bien sûr,

  • Speaker #1

    c'était plutôt un exercice de réflexion.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, parce que moi, je travaille toujours énormément dans le monde, je prends ma casquette professionnelle, dans le monde de l'énergie. l'essor des batteries. n'avait pas été anticipée, la baisse du coût des batteries non plus. Vous avez tout un tas de gens qui vous disent il y a cinq ans, c'est impossible, etc. Aujourd'hui, c'est phénoménal. Après, ça pose une question de métaux absolument fondamentale. Mais là aussi, il y a des innovations qui arrivent tous les jours et le monde renouvelable pourrait évoluer vers quelque chose qui n'a pas été aussi flexible que d'avoir une société qui évolue en fonction du vent et des cycles de la nature. Même si je trouve que c'est intéressant d'avoir cette... cette idée-là de se dire, tiens, aujourd'hui, il fait sombre, on va rester un peu plus tranquille chez nous. Oui, c'est une autre conception de la société.

  • Speaker #1

    Et aussi, je me demandais, du coup, dans Homo Biospheris, quelle est la place de l'entreprise ? Pareil, est-ce que tu as des paradigmes forts que tu as fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Oui, alors justement, l'idée, c'est de dire que cette humanité unie, alors elle n'est pas posée sur la Terre, mais c'est la... Là aussi, c'est quelque chose qui n'avait pas été proposé, c'est que l'humanité puisse devenir un organe de la biosphère. Quand on regarde la biosphère, qui est cet ensemble des êtres vivants, et qui pourrait être un grand être vivant qui englobe tous les êtres vivants et qui vivent sur la Terre, selon l'hypothèse Gaïa de Lovelock, en fait, quand on regarde Gaïa depuis des milliards d'années, elle s'est structurée, un peu comme un embryon se structure avec des organes qui se structurent au départ. Donc au départ, dans un embryon, c'est le cœur qui se forme d'abord, après il y a des éléments du cerveau, etc. Et puis, petit à petit, tous les organes qui se forment. Et on se rend compte qu'au début, la biosphère, il y avait juste quelques petites bactéries. Puis après, il y a eu un premier grand cycle qui était entre les créatures qui respirent et les créatures qui font de la photosynthèse. Donc ça, c'est le premier cycle de l'oxygène et du CO2. Et puis, il y a d'autres cycles qui se sont créés et qui ont amené le cycle de tous les schnops. Le CHNOPS, vous avez des cycles du soufre, des cycles de l'hydrogène, des cycles du carbone qui existent. qui sont des cycles bio-géochimiques et qui sont incroyables, parce qu'en fait, ils permettent à ces éléments, qui ne sont pas nécessairement les plus abondants à la surface de la Terre, d'être présents partout, le cycle de l'eau étant le plus fou de tous. Et on dirait qu'il y a un grand architecte derrière ça. Alors, il y en a qui vous disent, non, mais ça a un peu de chance qu'il y ait de l'eau un peu partout. Quand vous regardez les cartes des bassins versants du monde, on se dit, on dirait les veines d'une créature. Et il y a quelque chose de cet ordre-là. Et nous, on est en train de découvrir un peu comme des cellules qui se diraient, et-mail. On n'appartenait pas à Marianne Arth là aujourd'hui. Et en fait, je pense qu'on est dans cette quête de réalisation qu'on vit à l'intérieur d'une baleine, comme dans Pinocchio, qui serait cette terre. Et Révolution Bleue, c'est aussi cette quête. C'est-à-dire, l'humanité s'unit, mais réalise qu'elle fait partie d'un grand tout qui est la biosphère. Et dans cette biosphère, en fait, on se rend compte que les forêts, les baleines, les fourmis, l'humus, tout ça ont des rôles locaux, mais des rôles globaux, comme si ensemble, Il formait un organe qui a des rôles de filtration et qui rajoute de la résilience. Et la proposition du bouquin, qui est assez radicale pour le coup, mais radicale pas au sens radical parce qu'elle touche à la racine, c'est que l'humanité, sans le savoir, est en train de s'unir et en train de devenir un organe de la biosphère. Et je m'appuie sur des traités en biologie où ils montrent que certains organes, et c'est très récent cette découverte, quand ils se forment, enfin un nouvel organe quand il se forme, ça peut ressembler parfois à un cancer. Et donc, aujourd'hui, cette espèce de métastasisation de l'économie qu'on voit avec l'humanité pourrait être le signe, si on le décide, de l'atterrissage vers un organe. Et il faudrait qu'on édicte quelles sont les fonctions de cette homo biocéris vis-à-vis de ce grand tout. Et par exemple, si on prend le foie, ça a une quinzaine de fonctions pour le corps, des fonctions de filtration, des fonctions de synthèse de vitamines. Donc, ce seraient quoi les grandes fonctions ? de l'humanité vis-à-vis du vivant ? Et ça, par exemple, c'est une question qui n'a jamais été répondue. Enfin, en tout cas, moi, je ne l'ai jamais vue. Et dans La clé des songes, moi, je propose dix grandes fonctions que l'humanité pourrait avoir avec la biosphère. Alors, dans le livre, ils font un débat planétaire avec lequel il faut intervenir des enfants, des peuples autochtones, etc. Et j'ai essayé de trouver, puis j'ai discuté avec beaucoup de philosophes, beaucoup de biologistes aussi, pour savoir quelles pourraient être les fonctions de l'humanité vis-à-vis de la biosphère. Et je vais répondre du coup à ta question des entreprises. Aujourd'hui, les entreprises, elles évoluent dans un cadre qui n'est pas défini. C'est-à-dire, en gros, je crée une entreprise, je vais faire quoi ? Des trottinettes, des armes, des drones, je ne sais pas quoi. Et l'humanité n'a pas dit quelle est sa fonction vis-à-vis de la biosphère. Donc, évidemment, aucune de ces missions d'entreprise ne sont alignées avec la biosphère. Alors bon, aujourd'hui, on vous rajoute des entreprises à mission. Oui, j'allais te dire, la loi Pacte a fait un peu les choses. La loi Pacte, etc. Mais bon, parfois, c'est bien, mais... part d'entreprise dont les fonctions au départ étaient de répondre à des besoins humains qui n'étaient pas toujours des vrais besoins. Et là, en fait, dans le fait que justement dans la clé des songes, ils aient débattu d'un point de vue planétaire de quelles sont les missions de l'humanité, les gens réalisent qu'il y a ces grandes missions qui les appellent. Et on voit les missions des entreprises s'orienter par rapport à ces dix grands principes. Et donc, ça accélère la transition des entreprises là-dessus. Et on voit l'économie. parce que moi, je regarde toujours les choses larges. Qu'est-ce que c'est l'économie ? C'est l'ensemble des réactions chimiques qui permettent à l'humanité de vivre. Et donc, c'est le métabolisme de l'humanité. Le métabolisme, c'est l'ensemble des réactions chimiques là-dessus. Et donc, on peut voir ça comme tout un tas de petits machins. Vous savez, vous avez des trucs où on vous montre les cellules. Qu'est-ce qu'elles font les unes les autres ? Nous, c'est la même chose. Il y a des interactions. Et aujourd'hui, ce métabolisme, il détruit le corps auquel on appartient. Et il détruit même l'humanité. Et la question, c'est une reconfiguration du métabolisme de l'humanité. Donc, c'est de reformuler la transition écologique et économique comme étant une transformation du métabolisme vers cet homo biospheris qui est intégré et qui a rempli ses missions. Et en fait, le fait qu'on ait verbalisé ses missions, ça accélère les entreprises et les entreprises sont comme des organites. au sein d'organes, parce qu'un organe, c'est fait de sous-ensembles qu'on appelle des organites. Et vous pouvez même dire, par exemple, qu'une entreprise comme Amazon, qui est considérée comme le Satan de l'économie d'aujourd'hui, pourrait être les prémices d'un réseau de distribution logistique ultra-optimisé d'une créature. À partir du moment où il devient, on va dire, sociabilisé et met au service d'un grand projet, il peut permettre de fluidifier un certain nombre d'échanges. À partir du moment où il y a une grande mission, il y a tout un tas de trucs qui étaient... fait à mauvais dessein et qui viennent servir cette chose-là. Donc voilà, et donc les entreprises ont un rôle majeur, mais ce n'est pas juste comme on le voit aujourd'hui, c'est de nous inscrire dans un projet qui est beaucoup plus grand et beaucoup plus inspirant et qui est... Moi, en fait, ça c'est une déformation professionnelle. Dès que je rentrais dans une entreprise, je ne pouvais pas ne pas m'occuper de la stratégie de l'entreprise. Pour Next, au bout d'un an ou deux, j'étais directeur de la stratégie de cette boîte. Parce que pour moi, dans l'écologie, si je ne remonte pas au niveau maximum qui est l'humanité et la biosphère, je me dis, mais si on ne traite pas des choses à ce niveau-là, on ne pourra pas les traiter au niveau en dessous. Et d'ailleurs, on parlait de Grotendieck au début. Ça me vient de Grotendieck, ce truc-là. c'est-à-dire que Grottendieck Il avait une particularité unique dans les mathématiques, c'est-à-dire que quand on lui proposait un problème, il ne cherchait pas à le résoudre, il cherchait à le reformuler pour le généraliser. C'est-à-dire que ce problème, en fait, n'est que l'instantiation d'un problème plus général, qui est lui-même l'instantiation d'un problème plus général, plus général, plus général. Donc, il généralisait les choses, il arrivait dans un espace hyper abstrait, et dans cet espace hyper abstrait, il faisait deux coups de clac-clac, et il résolvait non pas un théorème, mais des millions en même temps. Il y a des gens qui vous disent, il y a deux catégories de mathématiciens, il y a Grotendieck et les autres. Et les autres, c'est je mets toute la force de mon intelligence pour résoudre un problème. Et Grotendieck, c'est je cherche le cadre le plus adapté pour résoudre le problème qui fait que je n'ai plus aucun effort pour résoudre le problème. Et ça, c'est l'élégance la plus totale. Et moi, je m'étais dit, en fait, Grotendieck était probablement... En France, le premier écologiste radical dans les années 60, il avait monté une revue qui s'appelait « Survivre et vivre » . Donc cette question de l'écologie le tracassait. Et dans le livre, parce que Grant Hontick, il a disparu, je ne sais plus si c'est 91 ou 93, mais en tout cas, quand j'ai démarré mes études d'ingénieur, il avait déjà quitté une partie du monde académique. Mais là, il a quitté le monde des humains pour se mettre dans l'Ariège, dans les Pyrénées, dans un village inconnu. Très peu de gens, même ses enfants, ne savaient pas forcément où il était. Il est resté 25 ans là-dedans. Donc moi, je me pose la question de qu'est-ce qu'il a fait pendant ces 25 ans et qu'il aurait pu aider justement à reconcevoir l'économie en utilisant cette théorie qu'on appelle la théorie du vissage-dévissage, c'est-à-dire je dévisse et je revisse. pour prendre du recul et de la hauteur. Et pour moi, en fait, le concept d'homo biocéris, il est de cet ordre-là. Et voilà, c'est vraiment en m'inspirant de Grotendieck que j'ai essayé de le formuler.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Écoute, si nos auditeurs veulent creuser un peu plus sur Grotendieck et pour aller découvrir du coup la théorie visage-dévisage...

  • Speaker #0

    Celle-là, il faut quand même la trouver. Parce qu'en fait, il y a beaucoup d'écrits de Grotendieck et notamment des écrits de... on va dire littéraire, puisque Gallimard a réédité il n'y a pas longtemps « Récolter ce maï » et le livre dont je m'inspirais moi, qui s'appelle « La clé des songes » , qui était inédit. Quand j'ai commencé l'écriture, il a été publié l'année dernière aux éditions du Cendre, mais c'est des livres qui sont très, très cryptiques. Donc derrière, pour aller chercher les pépites, il faut lire mille et quelques pages. Mais c'est quelqu'un qui est hors normes et la plupart des mathématiciens... le considère comme le plus grand génie mathématique du XXe siècle. Mais au-delà de ça, c'est un génie total. Et c'est un humain très particulier. Ça a à voir avec son chemin de vie, qui est un chemin de souffrance, puisque lui, son père est mort à Auschwitz, il a été caché dans différentes familles françaises. Ce n'est pas quelqu'un qui a pu suivre des études normales. En fait, c'était un intuitif. C'est-à-dire, lui, il a fait la fac de maths à Montpellier, mais il avait des espèces de pulsions pour réinventer le monde. Il a toujours tout réinventé de son côté. Donc, il a une force de productivité énorme et aucun fil de créativité. Et en termes de créativité, pour moi, c'est le... Moi, j'utilise beaucoup dans mes ateliers de créativité avec des entreprises parce qu'il avait des conseils sur la créativité qui ne sont pas du tout ce qu'on vous donne à l'école. Par exemple, le premier conseil que Groton Tic donne, qui n'est pas le premier, mais qui est un des conseils qui est dans le... Dans Récolter Sommeil, qui n'est d'ailleurs pas un conseil, c'est la manière dont lui vit les choses, il dit, parce que les gens idéalisent que c'est le chercheur, quelqu'un qui a une grosse puissance intellectuelle pour résoudre un problème, lui dit que la capacité de celui qui découvre, ce n'est pas sa puissance intellectuelle, c'est sa capacité d'écoute à l'égard de ce que l'univers murmure. C'est-à-dire que lui, face à un problème, il ne réfléchit pas, il écoute. Il voit ce qui vient. Et il dit, il faut être comme un enfant, et donc ça rejoint le petit prince, ne pas avoir peur de formuler des choses où vous avez l'air idiot. Et donc, il dit que la plus grande capacité du découvreur ou du chercheur, c'est cette écoute des murmures de l'univers. Et moi, ça m'a toujours inspiré, cette chose-là, parce que déjà, ça... vous enlève le poids de vous dire en fait les idées ne viennent pas de moi, elles sont de l'extérieur. Ça, c'est l'inverse de ce qu'on vous apprend à l'école. On vous apprend à utiliser tout ce que vous avez dans votre tête, alors qu'en fait, tout est à l'extérieur. Et lui, il arrivait à résoudre des problèmes énormes juste en les écoutant. Et les gens se disaient mais comment il a pu faire ça ? Il a dit, ben non, j'écoute, ça vient, je le fais.

  • Speaker #1

    Il y a un rapport à l'intuition, à l'écoute qui est un petit peu supérieur. Oui, mais l'intuition,

  • Speaker #0

    souvent, ça part de soi, ça part de l'extérieur. C'est un espèce de renversement et ça va vers... Je dirais vers quelque chose de beaucoup plus grand. Et en fait, derrière la Révolution Bleue, que ce soit la Petite Princesse ou la Révolution Bleue, comme je vous le disais, c'est le récit de la transition et tous les gens qui sont dans la transition s'y retrouvent. Mais derrière, c'est la naissance de l'humanité. C'est la naissance de l'humanité comme un organe de la biosphère. Et la biosphère n'est qu'une cellule d'un grand tout qui est l'univers. Et Grotentic s'est beaucoup intéressé à la nature de l'intuition et lui, une grosse partie de son intuition venait des rêves. C'est pour ça qu'il a écrit La clé des songes. C'est pour ça que moi, j'ai écrit La clé des songes, parce que moi, j'ai énormément d'intuitions qui viennent aussi des rêves. Et la question qui se posait, c'est qui murmure dans les rêves ? Et moi, qui était la question que je me posais aussi. Et en fait, on se rend compte que derrière les rêves ou derrière l'intuition, il y a quelque chose de l'ordre d'une, presque une conscience universelle dans laquelle on pourrait aller puiser des idées, mais où toutes les idées seraient déjà. Et lui, il avait l'impression que la nuit, il allait dans des endroits où il avait la réponse à toutes les questions. Les réponses lui étaient données de manière symbolique, donc il faut savoir décrypter les rêves, mais qu'à partir de ça, il avait réponse à toutes ces questions. Il disait, cette chose, cette entité qui murmure dans les rêves, elle sait beaucoup plus de choses que je le sais, et il n'y a qu'un seul mot pour la décrire, c'est Dieu. Et là, quand moi j'ai vu ça dans la clé des songes, je me suis dit, oula, là ça part loin. Et en fait, il donne une dessinition de Dieu qui n'est pas un grand barbu dans le ciel, mais qui est en fait une espèce de réservoir dans lequel il y a tout ce qui a été manifesté et non manifesté. C'est un peu des sortes d'anal akashiques et dans lequel on peut aller puiser. Et bon, là, c'est complètement extraordinaire. Et moi, j'ai mis tout ça dans le bouquin, la clé des songes, parce que moi, je suis intimement persuadé qu'il y a ça. Il y a quelque chose qui nous guide, une sorte d'intelligence de la biosphère ou de l'univers. dans lequel, par exemple, tout un tas de peuples autochtones sont reliés. Et nous, on s'est complètement coupé de ça. Et en fait, je parlais, le biomimétisme, pour moi, c'est le niveau zéro de l'inspiration par cette grande conscience universelle de la nature. Mais une fois qu'on a une vision fine, et ça nécessite, comme il le faisait, de faire de la méditation, c'est-à-dire de taire l'espèce de machin qui vous parle à votre moi, blablabla, vous le faites taire, vous écoutez profondément l'univers, et là, il y a toutes les réponses. Donc, la Révolution bleue, ça va jusque-là.

  • Speaker #1

    Ok, super teaser pour la Révolution Bleue et l'accès des songes.

  • Speaker #0

    Vous pouvez trouver plein d'informations sur revolutionbleu.fr. Donc ça, c'est le site de la Révolution Bleue sur le bouquin. Et puis, vous pouvez le trouver partout. Comme je disais, pour moi, ce n'est pas la même énergie que CycleGor. CycleGor, c'est très actuel et c'est très utile pour décrypter un petit peu les lignes de force actuelles. Mais ça ne propose pas un modèle du monde. Non, non, bien sûr. Ça l'esquisse. Et donc, pour moi, le travail sur Révolution Bleue, il est beaucoup plus profond. En tout cas, c'est le truc le plus compliqué que j'ai jamais fait de ma vie. L'écrire, c'est complexe, mais c'est de le penser qui a été le plus complexe. Et puis de bâtir les concepts. Parce que si vous faites une fiction, vous pouvez créer un récit inspirant, mais s'il ne crée pas un concept, ça ne crée pas un nouveau paradigme. Et c'est Aristote. qui avait inventé le concept de concept. Un concept, c'est quoi ? C'est ce qui permet à une idée de s'auto-déployer. C'est-à-dire, c'est une espèce de force en marche qui fait que dès que vous avez un concept, les gens y adhèrent. Et entre une histoire et un concept, c'est deux choses différentes. Donc là, le concept, c'est Homo Biosferis dans la Révolution bleue, qui n'était pas présent dans le siècle bleu, parce qu'à l'époque, moi, je n'avais pas découvert cette chose-là, ou en tout cas, je n'avais pas eu l'intuition de ce truc. Mais c'était en relisant le siècle bleu, en gestation dedans. Mais voilà, et parfois, il faut des années, 18 ans pour arriver à formuler quelque chose. Mais j'en suis qu'au début de tirer les fils de cette homo biocéris.

  • Speaker #1

    On a hâte aussi de voir la suite. On arrive bientôt, Jean-Pierre, à la fin de cet épisode. Peut-être pour conclure, c'est quoi tes projets du moment ? J'ai entendu un petit peu parler de One Home. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce projet ?

  • Speaker #0

    One Home, c'est une ONG qu'on a créée avec des amis qui... qui prend la suite d'un projet qui s'appelait Blue Turn, que j'avais créé avec un ami qui s'appelle Michael Bocara. Et One Home, on a créé ça avec un ami, Kim Winke, qui est designer et qui est aussi patron de la transformation digitale chez Ariane Espace. Et on a créé One Home avec l'idée de faire vivre aux gens l'overview effect. Et l'overview effect, c'est la transformation cognitive qu'ont eu les astronautes en voyant la Terre depuis l'espace. Et beaucoup disent qu'ils sont tombés amoureux de la Terre. et Pour reproduire cet effet, on utilise des images uniques de la NASA qui viennent d'un satellite qui s'appelle Discover, qui est le seul satellite qui prend des photos de la Terre toute éclairée dix fois par jour. Et nous, on les a animées avec un algorithme pour faire les premières vidéos 4K de la Terre toute éclairée. Il n'y avait jamais eu ça avant ce projet-là. La Gaïa ne s'était jamais vue de tous les côtés. Et en fait, avec One Home, c'est la première fois qu'on monte la Terre toute éclairée. Donc c'est un outil d'émergence de conscience planétaire. Et nous, on a travaillé avec des artistes, avec des designers, des informaticiens, et puis des personnalités inspirantes pour créer des vidéos de 3 à 5 minutes. Et quand vous les regardez, vous tombez amoureux de la Terre. Donc on a fait des vidéos avec, par exemple, la chanteuse Yael Naïm, avec l'artiste Agoria. On en a fait une avec Jane Goodall. Là, on va sortir un épisode, enfin une vidéo avec Emma Aziza. et un musicien sénégalais qui s'appelle Yaya Minté. Et en fait, le but, c'est de rendre l'amour de la Terre irrésistible. Et donc, cette ONG, vous pouvez tout trouver sur onehome.org. Et sur onehome.org, il y a toutes ces vidéos, tout ça, c'est gratuit. Des tutos pour faire des projections dans vos entreprises, dans des écoles, en début de conférence, en début de conseil d'administration, pour ramener la Terre, parce qu'en fait, on ne voit pas la Terre. Je dirais, la Terre, si vous ne sortez pas dans l'espace, vous ne pouvez pas voir à quoi on appartient. Pendant longtemps, les humains ne savaient pas à quoi ressemblait la Terre. Et donc, on va dire One Home, c'est un peu le pinacle de toute cette aventure de l'élévation humaine et de l'émergence d'une conscience planétaire. Et là, on vient de lancer une toute nouvelle version du site dans lequel, à chaque fois que les gens montrent One Home, ils peuvent mettre un point sur une carte interactive. Et l'idée, c'est que chacun de ces événements est un événement d'amour pour la Terre. Et ce qu'on veut, c'est illuminer la Terre de l'amour de l'humanité. Et on s'est fixé un défi un peu fou là, c'est de montrer que One Home soit montré dans 100 pays avant la fin 2025 pour éclairer la Terre de tout l'amour de l'humanité. Et ça arrive à un moment un peu particulier parce que l'administration Trump a décidé d'arrêter ce satellite le 1er octobre. Donc à partir du 1er octobre, il chante cette conscience planétaire. Pour moi, c'est un trame. Ça fait 28 ans que je suis sur ce satellite. Donc c'est depuis 1997 que je réfléchis à ça et tout. Donc c'est très triste, mais on a 10 ans d'archives. Et avec ça, on peut faire toutes les vidéos qu'on veut. Mais pour moi, c'est un bouleversement et qui est très significatif, ce qui arrive là. Et donc... L'idée de One Home, c'est de faire basculer l'esprit de la Révolution Bleue dans la réalité. Et d'ailleurs, cet élan de montrer la Terre à travers le monde et de poser ces petites projections sur cette carte, on appelle ça la carte de la Révolution Bleue. Et donc, on a mergé l'intention de One Home avec celle de la Révolution Bleue. Et à terme, j'espère que One Home pourra être la base d'un certain nombre d'expériences qui catalyseront l'émergence d'homo biocéris. Donc voilà l'intention. Allez sur onehome.org, vous trouvez des tutos pour organiser vos projections. Il y a une newsletter aussi, vous pouvez vous abonner. Il y a une newsletter sur revolutionbleu.fr pour suivre les évolutions de cette aventure. Ça c'est mon projet du moment. A partir de janvier, je vais écrire aussi le tome 3 de la Révolution Bleue. Mais là, jusqu'à fin décembre, c'est vraiment de... d'essayer de réaliser ce rêve de One Home et de la révolution.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve ça très chouette d'avoir ce concept dont on parlait tout à l'heure, du livre qui est en train de sortir et de devenir réel. Bravo Jean-Pierre, en tout cas.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Et un grand merci d'être venu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi et je suis ravi. J'espère que les auditeurs et auditrices auront passé un bon moment.

  • Speaker #1

    Super. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser une note 5 étoiles et à partager l'épisode autour de vous. Si vous avez des questions, des idées, des suggestions, n'hésitez pas à nous contacter directement sur LinkedIn. Merci et à très vite !

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