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Dino Sapiens

Frantz Gault : La Nature au travail

Frantz Gault : La Nature au travail

29min |05/03/2025
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Frantz Gault : La Nature au travail

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Description

Avec Frantz Gault, Administrateur et Auteur 🌳


🎙️ Dans cet épisode, nous découvrons une façon totalement inédite de considérer la Nature, et de l'inviter dans la gouvernance de l'entreprise pour accélérer la transformation environnementale. 🌱

Frantz Gault nous emmène dans la construction de son raisonnement qui l'a amené à écrire son dernier livre. Il nous détaille avec quelle matière première et comment il a développé cette approche: La nature au travail. 🔥


  • Saviez-vous qu'en Nouvelle Zélande, il existe un fleuve qui a des droits juridiques?

  • Comment verrions nous les vaches laitières si elles étaient syndiquées?

  • Et quid de confier des actions à la nature afin de lui laisser un droit de vote au bord / assemblée générale des entreprises?


Embarquez avec nous pour écouter ce sur quoi une une entreprise française de technologie, Norsys, pionnière en matière d'écologie, a décidé d'implémenter pour sa gouvernance, grâce à Frantz. Et comment Frantz, représentant de la Nature, organise son intervention.


La Nature au travail, une façon innovante de considérer la transition écologique.

🎙️ Evitons l'extinction! 🦕


Les références citées dans l'épisode



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Merci à Rebecca Ibghi du studio Make my Day by Lonsdale

Merci à Emilie Proyart pour la mise en relation avec Frantz

En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonien.

  • Speaker #1

    Dino Sapiens, c'est le podcast sur la transformation des organisations. Transformer, ce n'est pas anodin, car si vous pensez qu'il suffit de décider de faire différemment, eh bien il risque de ne pas se passer grand-chose. Je vous parle ici de comment transformer votre organisation et comment emmener les équipes dans cette aventure que toutes les entités professionnelles traversent aujourd'hui. qu'il s'agisse d'intelligence artificielle, d'environnement, de diversité, de digital, d'acquisition de LBO, ces changements qui ne sont pas clairs au départ, ils créent de l'incertitude et des peurs. Je vous invite ici à prendre du recul et à réfléchir sur la transformation en y ajoutant un ingrédient indispensable, celui de la dynamique humaine, celle qui va vous permettre de mieux gérer les transitions et de le faire dans une énergie positive avec enthousiasme. Alors ici, j'invite des experts dans leur domaine à parler de leur vécu, de leur expérience, mais aussi de leur valeur et de leur méthode. Et je complète par des apports personnels pour vous faire réagir et agir dans le bon sens. Embarquez avec moi sur Dinosapiens et ensemble, évitons l'extinction. Qui aurait pu prédire avant la pandémie de Covid que le télétravail prendrait l'essor qu'on lui connaît aujourd'hui ? Pourtant, en 2010 déjà, Franz Gau avait anticipé le changement radical des habitudes de travail. Dix ans plus tard, il est encore précurseur, ses travaux l'amènent à proposer les bases d'une nouvelle gouvernance en entreprise pour accélérer la transition écologique. Aujourd'hui, grâce à Émilie Proyard que vous avez découvert dans le dixième épisode du podcast, j'ai l'immense honneur de recevoir Franz Gau, auteur de « La nature au travail » aux éditions Canto. Ce livre est le fruit de plusieurs années d'une réflexion à la fois philosophique et anthropologique, ainsi que d'un travail de recherche qui a démarré en 2020. Le background initial de France Go est pluridisciplinaire grâce à la formation de sociologie des organisations que propose Sciences Po. Sa première expérience en entreprise l'amène d'ailleurs à réorganiser les filiales à l'international du groupe Accor. Puis devenu consultant, il bifurque ensuite en 2010 vers un parcours entrepreneurial et il œuvre sur la mise en œuvre du télétravail. Son action le mène à collaborer tant avec de grands groupes internationaux qu'avec le législateur pour les lois de 2017. Lorsque le sujet du télétravail prend une dimension économique très forte, France recherche un autre sujet de société sur lequel se pencher. On est en 2020. Comme souvent, c'est quand on fait un pas de côté que ce qui était sous nos yeux devient alors évident. Et pour le coup, nous saute aux yeux. Pour France, il s'agit de l'ampleur de la crise écologique. Il cherche à combler son retard. et se met en quête de littérature scientifique sur la façon dont les organisations s'emparent du sujet. Rien. Il n'existe absolument rien au niveau scientifique pour aider la corporate governance à prendre à bras le corps la transition écologique d'un point de vue organisationnel ou économique. Aucune proposition pour avancer. Aucune véritable solution en dehors des phrases toutes faites. Franz retourne donc aux sources pour étudier la nature même des relations entre l'être humain et le vivant. C'est auprès du grand anthropologue Philippe Descola au Collège de France, entre 2017 et 2019, que Franz se forge ses premières intuitions, à partir desquelles il propose une approche innovante pour la gouvernance des entreprises, celle d'inclure une représentation de la nature dans les instances dirigeantes des entreprises. Il nous explique aujourd'hui en quoi cette approche consiste. Bonjour Franz.

  • Speaker #0

    Bonjour Bérangère.

  • Speaker #1

    Merci de venir nous parler de la nature au travail, qui est à la fois... une thèse que tu proposes et l'intitulée de ton livre. Pourrais-tu nous raconter comment tu en es arrivé à proposer un changement de paradigme dans notre façon de considérer la nature tout court et plus particulièrement la nature au travail ?

  • Speaker #0

    Vaste question pour commencer. Comment j'en suis arrivé à cette proposition qui consiste à... Tu l'as citée dans ton introduction, Philippe Descola a joué un rôle majeur dans ma sensibilisation et dans la façon dont j'ai considéré la... compris la crise écologique, qui n'est pas pour moi forcément une crise de nos business models, qui n'est pas forcément une crise de nos lois, mais qui est une crise d'ontologie, d'axiologie, une crise beaucoup plus profonde. Et qu'est-ce que je veux dire par là ? C'est qu'au fond, le problème, c'est qu'on sacralise les humains d'un côté, ce sont les humains qui ont des droits, ce sont les humains qui ont tous les droits, j'ai envie de dire, et tout le reste, les non-humains, la nature. n'ont pas de droits. Ce ne sont pas des personnes, juridiquement. Ce sont des choses, des choses qui sont régies par le régime de la propriété, par le régime de la matière première, de la ressource, de la marchandise. C'est comme ça que je me suis dit si on change le statut de la nature, qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas le seul à proposer de changer le statut de la nature. Philippe Descola, évidemment, en fait partie, mais on a beaucoup de juristes en France qui militent pour que le Rhône, pour que tel fleuve... de telle rivière ou telle forêt est un vrai statut juridique. Donc très bien, mais ça veut dire quoi concrètement demain pour les entreprises ? Et c'est là où effectivement il n'y avait aucune réponse à cette question, aucun bouquin. Donc je me suis lancé en disant, repensons l'entreprise avec une nature qui a des droits.

  • Speaker #1

    Alors dans ton livre, tu proposes trois scénarios. Quels sont-ils ?

  • Speaker #0

    Alors trois scénarios, pourquoi trois scénarios ? Avant de rentrer dans le détail et sans vouloir fatiguer d'emblée les lecteurs, mais en fait, la nature au travail, ça veut tout dire et rien dire. La nature en particulier désigne au fond l'univers. Quand on dit nature, on dit certes les arbres, les forêts, les fleuves, mais on dit aussi protozoaires. Poireau, nature, ça veut dire étoile, espace, trou noir, tout ça c'est la nature. Donc il faut avant toute chose préciser de quoi on parle. Et donc mes trois scénarios s'intéressent à certaines entités naturelles en particulier et pas la nature en général. Et en fonction de à quoi on s'intéresse, ça donne lieu à différentes façons d'envisager notre relation de travail avec ces entités naturelles. Voilà pour la petite précaution. Alors les trois scénarios, quels sont-ils ? Le premier, c'est un scénario qui consiste à s'intéresser au sort des organismes, des êtres vivants, des chiens, des Ausha, des chevaux qui travaillent dans les cirques, des vaches qui produisent du lait. Et ma proposition consiste à dire, en fait, ces êtres vivants qui collaborent avec nous, il faudrait peut-être les considérer comme des salariés. Aujourd'hui, ce sont des esclaves. Ma proposition, c'est de dire, est-ce qu'il ne faut pas les considérer comme salariés ou à minima leur proposer une représentation syndicale pour que les syndicats puissent défendre le bien-être de ces organismes pour défendre, demander des droits et veiller à la bonne application de ces droits. Donc, premier scénario, c'est nature syndiquée. Le deuxième scénario consiste à s'intéresser non pas au sort des êtres vivants, mais au sort des écosystèmes. Alors, est-ce qu'on peut... On parle d'un écosystème local, du système Terre, des neuf limites planétaires. Ça reste à préciser. On pourra en discuter ultérieurement si tu veux. Mais en tout cas, c'est un grand système qu'on appelle nature, qu'on appelle planète et que je propose de considérer cette fois-ci non plus comme salarié, mais comme partie prenante. Alors partie prenante, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut représenter, partons sur la planète, il faut représenter la planète dans la gouvernance d'entreprise et plus particulièrement là où sont prises les décisions, c'est-à-dire au niveau du comité. exécutif. Néanmoins, c'est pas suffisant. C'est pas suffisant parce que au fond, quand on parle de système, c'est un peu des généralités. Quand on parle de système Terre, en fait, on s'intéresse généralement surtout aux humains et aux générations futures, et pas tant que ça à la planète. Et donc, ce deuxième scénario, un certain nombre d'insuffisances qui m'amènent au troisième et dernier scénario. Qui consiste en quoi ? Qui consiste déjà à s'intéresser à une troisième entité naturelle intermédiaire. On n'est plus dans l'infiniment petit du poireau, on n'est pas dans l'infiniment grand du système Terre, on est sur une dimension intermédiaire. Une dimension intermédiaire qui est ce qu'on appellerait communément chez nous un territoire. Mais un territoire pensé sous l'angle d'une communauté réunissant des humains, des non-humains, un peu comme une famille qui serait soudée et interdépendante. Et, j'en termine là, ma proposition cette fois-ci, c'est de dire que, comme avec une famille, on ne possède pas sa famille. Déranger un... tu ne possèdes pas ta famille, tu appartiens à ta famille, eh bien, je propose de faire la même chose pour la relation entre entreprise et nature. L'entreprise ne possède pas la nature, c'est la nature qui possède l'entreprise. Et ce troisième scénario consiste donc à faire de la nature l'actionnaire des entreprises et inverser le rapport de pouvoir et de force entre les deux. Alors,

  • Speaker #1

    il y a aujourd'hui une entreprise pilote sur l'avancée que tu proposes, c'est Norcis. Peux-tu nous présenter cette entreprise avant-gardiste et son dirigeant ?

  • Speaker #0

    Norcis est une entreprise de services numériques créée il y a plus d'une vingtaine d'années, qui a été précurseur sur bien des sujets. Et la raison, c'est que son fondateur, son dirigeant s'appelle Sylvain Brezard, qui était anciennement président de Greenpeace France. Donc forcément, quand on est passé par Greenpeace et qu'on prend ensuite la direction d'une boîte d'informatique, on voit les choses de façon un peu différente. Norcis a depuis longtemps fait des progrès en matière de diversité. d'inclusion en matière de bilan carbone. Mais lorsque, par hasard, on s'est rencontrés dans une conférence à la CFDT, pour être précis, en juin dernier, je ne connaissais pas Sylvain. Je vois un bonhomme avec une chemise à fleurs, je me dis mais qui c'est ce bonhomme ? Et puis, une fois que j'ai présenté ce que je viens de dire, les scénarios, Sylvain vient me voir en me disant mais c'est génial, il faut tout de suite qu'on en discute. On s'est vu la semaine suivante et puis quelques semaines plus tard. C'était fait. Norcis devenait la première entreprise en France à représenter la nature dans sa gouvernance d'entreprise. Et ce qui est important, et ça, je remercie vivement Sylvain et l'équipe de direction, puisque Sylvain n'est pas seul dirigeant. Il y a Mathilde, il y a aussi Thomas Breuzard, que tu connais peut-être, l'équipe dirigeante, parce qu'en fait, ils ont pris le livre. Et ils se sont dit, les trois scénarios, ils sont canons, on va les appliquer. Donc, ils sont allés loin.

  • Speaker #1

    Et alors, concrètement, quelles sont les instances de Narcisse qui accueillent aujourd'hui la nature ?

  • Speaker #0

    Oulala, on va endormir à nouveau les lecteurs parce qu'elles sont nombreuses. Écoute, comme les trois scénarios sont mis en application, eh bien, on va retrouver la nature au niveau du dialogue social, au niveau des instances exécutives, mais aussi au niveau du conseil d'administration. Dans le détail, ça veut dire que ce n'est pas un seul représentant de la nature qui a été investi. Ce sont huit personnes différentes, huit personnes. À commencer par un représentant de la nature au sein du CSE, l'instance de dialogue social. Un représentant au niveau du comité de mission, un autre au niveau du comité éthique. Je ne vais pas faire la liste entière, sinon vraiment les gens vont s'endormir. Et puis, moi, j'ai en charge plus précisément la représentation de la nature au niveau du comité. conseil d'administration. Un point peut-être, je vois que tu lèves un sourcil, c'est que je n'ai pas cité le comité de direction. Et la raison est la suivante, c'est que on a considéré au fond que les dirigeants opérationnels de l'entreprise étaient suffisamment encerclés de représentants de la nature puisque où qu'ils tournent la tête, ils vont trouver un représentant de la nature et on s'est dit on ne va pas venir compliquer leur travail au quotidien. Il y a déjà suffisamment de représentants de la nature pour garder le bon cap.

  • Speaker #1

    Donc le comité exécutif continue à opérer sur le quotidien et sur le moyen terme.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais en tenant compte d'inputs des représentants de la nature, ces inputs, ça va être par exemple l'input de la nature actionnaire, va donner un cap à ce que doit faire l'entreprise en matière de respect écologique, charge au dirigeant opérationnel d'appliquer ce cap. Le dialogue social va lui aussi alerter, faire remonter. des points, voire négocier des accords qui vont venir compléter le cap de la direction. Et c'est pour ça, je dis, en fait, il y a suffisamment de représentants et d'inputs et de caps pour bien guider les dirigeants.

  • Speaker #1

    Alors, quelles questions vous vous êtes posées pour choisir les instances dans lesquelles la nature serait représentée et la manière dont elle allait opérer ?

  • Speaker #0

    On ne s'est pas trop posé de questions sur le choix des instances, puisque assez naturellement, finalement, on s'est dit, on représente la nature. quasiment dans toutes les instances de gouvernance, à l'exception du comité de direction, comme je viens de le dire. Les questions, par contre, qu'on s'est posées, ça a été un peu plus difficile, c'est de se dire, mais qui représente la nature ? Ça, ça a été plus ardu comme sujet, parce qu'il a fallu tout d'abord se dire, mais de quelle nature on parle ? Parce que je l'ai dit tout à l'heure, la nature, ça veut dire univers, donc de quoi on parle concrètement ? Et ça, il nous a fallu plusieurs semaines, et même, j'ai envie de dire, deux mois, pour... se mettre d'accord sur une définition de la nature pour Nord 6. Et c'est sur base de cette définition de la nature qu'on a ensuite pu lancer un recrutement de représentants de la nature. Mais encore fallait-il faire le lien entre la définition de la nature et puis les personnes, les candidats. Et donc on a fait une fiche de poste. Et dans cette fiche de poste, il a aussi fallu se dire mais quelles compétences on attend exactement pour venir représenter la nature ? Est-ce qu'on attend des militants qui vont faire des grèves de la faim ? Est-ce qu'on attend des gens qui viennent avec des solutions pour faire des progrès ? Est-ce qu'on veut des scientifiques qui vont pouvoir nous expliquer ce qu'est la nature et ses limites ? Voilà, toutes ces questions-là, ça nous a pris à nouveau du temps. Et donc j'ai dit deux mois pour définir tout d'abord notre concept de nature et ensuite deux autres mois pour recruter les représentants de la nature. Et chose qui n'a pas été facile. Si je peux me permettre un exemple sur ce point. On voulait des personnes expertes des neuf limites planétaires, c'est-à-dire simultanément experts sur l'acidification des océans, la biodiversité, le réchauffement et j'en passe. Et bien en fait, figure-toi qu'on n'en a pas trouvé en France. Très rares sont les personnes que tout le monde parle des neuf limites planétaires. C'est désormais presque dans le langage courant, mais trouver quelqu'un qui est expert sur les neuf limites, ça n'existe quasiment pas.

  • Speaker #1

    La première assemblée générale avec la nature. a eu lieu le 12 février. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est précisément, non pas une Assemblée générale, mais un Haut Conseil pour la nature. Alors, qu'est-ce que c'est que cette affaire ? Eh bien, ce sont les fameux huit représentants et représentantes de la nature que l'on réunit pour prendre des décisions collectives. C'est un point important parce que, et je vais ensuite rentrer dans le détail de qu'est-ce qu'on s'est dit, mais c'est un point important parce que, en fait, le risque serait que quelqu'un parte en freelance, en quelque sorte, et se dise la nature c'est moi. Et le plus grand risque est notamment par rapport à mon rôle. Parce qu'en tant que nature actionnaire, représentant de la nature, je dispose d'un droit de vote au conseil d'administration, mais aussi d'un droit de veto. Et imagine le risque que c'est si c'est... Ma seule personne qui use de ce droit de veto au nom de la nature, ça veut dire quoi ? Un matin où je suis mal réveillé, où j'ai fait la fête la veille, je mets mon droit de veto et ça a des impacts sur le business de l'entreprise, ça peut avoir des impacts sur l'emploi. Donc ça, c'est le gros point d'attention sur lequel on a souhaité travailler et valider avec les huit représentantes de la nature réunies le 12 février. On leur a dit vous êtes désormais dans différentes instances pour représenter la nature. mais êtes-vous d'accord sur cette proposition ? Ce n'est pas vous la nature, c'est nous le Haut Conseil, c'est nous les huit personnes qui, dès qu'il y a un sujet nature, on le met sur la table, on en discute ensemble, avant d'aller prendre position dans telle ou telle instance, et notamment au Conseil d'administration. Donc ça, c'était un premier sujet qui a été abordé. Et le deuxième sujet, ça a été de se dire, bon, la définition de la nature chez Narcisse, ça a été donc les neuf limites planétaires. pas trouvé d'experts sur les neufs mais on a trouvé des experts sur telle ou telle limite, est-on d'accord pour lancer un diagnostic ? Norseys fait son diagnostic carbone, une limite, mais il y en a encore huit autres de limites. Est-on d'accord pour lancer un diagnostic sur ces neuf limites et si oui lequel ? Donc évidemment le Haut Conseil pour la nature est tout à fait d'accord et la nouvelle surprise dans l'histoire c'est que on se rend compte que ça n'existe pas un diagnostic neuf limites planétaires. Il existe un diagnostic carbone, il existe un diagnostic biodiversité, il existe des diagnostics sectoriels, mais un diagnostic neuf limites, en fait, il n'y a pas d'outil. Ça n'existe pas. Et donc, tu vois, toutes les surprises, trouver un expert neuf limites, ça n'existe pas. Trouver un diagnostic, ça n'existe pas. Donc, on avance. Et puis, voilà, là, avec ces autres représentants, on cherche des solutions pour avancer sur le diagnostic.

  • Speaker #1

    Alors, bon courage, parce que là encore, vous êtes précurseur. Un petit peu comme sur la considération qu'on doit donner à la nature dans nos modes de vie, où rien n'existait avant que tu n'écrives le livre. Maintenant, pour revenir aux aspects juridiques de comment ça s'organise, la nature au Borde. Comment vous avez géré ça ? Sous quelle forme juridique vous avez permis à la nature d'accéder au Borde de Narcisse ?

  • Speaker #0

    C'est à la fois facile et difficile. C'est difficile parce que, je le disais en introduction, c'est une situation... Dans le droit moderne, la nature est une chose juridiquement parlant. Ça veut dire que la nature ne peut pas être une personne juridique, ne peut pas acheter des actions, ne peut pas détenir du capital, ne peut pas avoir un compte en banque, la nature ne peut pas lancer un procès. Ça n'existe pas. Il y a une exception quand même qui est en Nouvelle-Zélande, ce fleuve, le Wanganui, qui est devenu une personne juridique et qui peut faire tout ce que je viens de décrire. Mais à l'exception de ce fleuve, donc comment faire en sorte comme chez Norcis que la nature devienne actionnaire, techniquement, ce n'est pas possible. Il a donc fallu trouver des solutions. Et la solution qu'on a trouvée, c'est de se dire on utilise une fondation d'intérêt général, fondation dont la mission sera donc d'agir au bénéfice de la nature. Et cette action au bénéfice de la nature consiste notamment, mais pas que, à être actionnaire de l'entreprise Norcis. Donc c'est comme ça que le montage juridique, et c'est ce qu'on voit se dessiner dans d'autres cas dont on pourra peut-être parler, mais je pense au cas de Patagonia par exemple, c'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonia. Donc ça c'est le point difficile et facile parce que finalement il suffit entre guillemets de créer une fondation même si c'est pas accessible, c'est pas comme créer une association, une fondation c'est un peu plus lourd. Pour les autres représentants, en fait, il n'y a aucune difficulté, puisqu'il suffit, pour la faire courte, de rajouter une chaise au comité de mission, au CSE ou au comité Z, pour que la nature devienne représentante. Là, c'est beaucoup plus simple.

  • Speaker #1

    Et qui détient les actions au final ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aurais bien aimé que ce soit moi, mais non, c'est la nature. Les actions, les 10% du capital dont on parle ici, sont détenus par une fondation. Une fondation d'intérêt général, c'est-à-dire que les dividendes, par exemple, sont utilisés non pas pour un actionnaire, pour une villa en Corse ou ailleurs, mais sont utilisés pour être redistribués au bénéfice de la nature. Ça, c'est pour la détention des droits économiques. Et la fondation détient aussi les droits de vote et de veto, mais elle les délègue. aux représentants de la nature que je suis.

  • Speaker #1

    Selon toi, quelle serait la faisabilité d'un tel dispositif dans une entreprise cotée ?

  • Speaker #0

    Dans une entreprise cotée, les choses sont plus compliquées parce que pour céder une part du capital à la nature, ou d'ailleurs à toute autre cause, ça pourrait être à la société, aux générations futures, ou à toute cause d'intérêt général, il faut avoir la maîtrise de son capital. Chez Norcis... La famille Brezard, dont Sylvain, ont la maîtrise du capital et ont pu se dire, eh bien, ok, on délègue 10%, on cède 10% du capital à la nature. Dans une entreprise cotée, dont les actions se comptent par milliers, par millions, sont tradées chaque jour en bourse, évidemment, on n'a pas la maîtrise de ce capital. Donc ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire faire une... opération un peu délicate et spéciale, mais là je ne suis pas juriste de droit des sociétés, donc je ne vais pas trop m'avancer, mais qui consisterait à faire une augmentation de capital, par exemple, de créer de nouvelles actions, mais des actions spéciales qu'on donnerait à la nature. J'ai un petit doute sur le fait que ça plaise aux millions de porteurs d'actions, si on imagine faire ça chez Total, je ne suis pas sûr que ça plaise beaucoup à l'actionnariat de Total. Total, quand on voit comment ça se passe déjà, quand Extinction Rebellion se met sur le chemin des actionnaires de Total, tu sais, ça gronde. Alors, imaginez que Total cède 10% de son capital à la nature. C'est plutôt en l'an 2250 que ça pourra arriver, si Total existe toujours.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est pas la seule entreprise cotée, remarque.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On peut avoir de l'espoir pour d'autres.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, si je puis me permettre un complément, prenons Veolia. Je pense que Veolia, elles sont... est une entreprise cotée. Et au sein de leur conseil d'administration, ils ont une dame qui s'appelle Julia Martin-Lefebvre, qui est l'ancienne directrice de l'Union internationale de conservation de la nature. Alors, elle n'a pas été nominée à ce conseil d'administration en tant que représentante de la nature telle qu'elle, mais du fait de son background, et de sa simple présence, elle porte quand même la voix de l'écologie et de la nature. Donc, au fond, elle est une personne Veolia, c'est une énorme entreprise cotée et on voit que là, quand même, il n'y a pas eu cession de capital. La nature n'est pas devenue actionnaire, mais la nature est quand même devenue, si on accepte ce que je viens de raconter, administratrice d'un groupe du CAC 40.

  • Speaker #1

    Belle histoire, merci de la partager. Quelles sont les prochaines étapes avec Norciste à parler de faire un diagnostic, un audit sur les neuf limites planétaires ? Est-ce qu'il y a autre chose en menu ?

  • Speaker #0

    C'est la priorité absolue pendant les prochaines semaines et les prochains mois parce que pour... Pour pouvoir prendre des décisions sur ce qu'il faudrait faire, corriger, on a besoin d'un diagnostic. Plusieurs sujets sont sur la table, mais ce sont des pressentiments à ce stade et non pas des décisions. Je parle en mon nom et non pas au nom du Haut Conseil pour la Nature dont on a parlé tout à l'heure. Les pressentiments, c'est tout d'abord la question du choix des clients. Est-ce que les clients pour qui travaille Norcis sont tous respectueux de la nature ou pas ? Un deuxième sujet va toucher à ce qu'on appelle le numérique responsable. Or, si c'est déjà très exemplaire en matière de numérique responsable, tu sais, frugalité, des lignes de code, interface simple pour consommer moins d'énergie. Est-ce qu'on peut aller plus loin ou pas ? C'est un sujet qu'on va creuser. Et puis, le troisième et dernier exemple que je peux donner, c'est une pensée à plus long terme. Parce que ce que je viens de dire là, c'est du court terme. Les clients, la façon dont on... pense une application informatique. Mais l'informatique, au fond, ça reste des métaux lourds, des plastiques, des serveurs dans des zones froides, des mines dans des pays comme le Chili, la Bolivie, et tout ça, c'est problématique. Mais ce n'est pas le problème de Norcisse, c'est le problème de la filière numérique. Et donc, j'aimerais bien ouvrir une réflexion sur comment Norcisse peut, à long terme, à horizon 10 ans, 15 ans, imaginer faire évoluer son métier, pour être moins lié au fond à ces dégâts du numérique dont je viens de parler.

  • Speaker #1

    Est-ce que d'autres entreprises t'ont contacté ?

  • Speaker #0

    Oui, beaucoup. Et c'est pour ça que j'ai un peu des cernes. C'est que j'ai énormément de rendez-vous, de marques d'intérêt, va-t-on dire. Quant à la question de savoir si toutes ces marques d'intérêt vont aboutir à des actions, c'est évidemment une autre affaire. Mais j'ai une quinzaine de dossiers sur la table dont, figure-toi, beaucoup d'entreprises qui m'ont contacté, non pas seulement pour avoir un joli représentant de la nature autour de la table, mais des entreprises qui me disent « on adore l'idée de partager notre capital avec la nature, on veut faire pareil » . Donc ça, j'en suis extrêmement heureux et ravi parce que c'est vraiment le scénario maximal que de partager. partager son capital, de donner un vrai pouvoir à la nature. La difficulté, c'est que pour beaucoup d'entreprises, elles n'ont pas les moyens de créer une fondation dédiée à la nature, parce que juridiquement, ça coûte de l'argent, parce qu'il faut apporter une première dotation, et tous ces frais cumulés font que ce n'est pas forcément une solution accessible à tout le monde. Et donc j'ai pour projet de créer une fondation dont la mission sera de... de prendre des participations à droite à gauche et de donc représenter la nature dans différentes entreprises. Et pour compléter la réponse à ta question de tout à l'heure sur les entreprises cotées, dans mes rêves les plus fous, j'imagine que cette fondation va bien fonctionner, aura les moyens ensuite d'aller acheter des actions totales ou autres et ainsi aller porter la voix de la nature dans les assemblées générales de ces entreprises cotées.

  • Speaker #1

    Super idée, c'est une super idée. Quels sont tes conseils au-delà de la fondation ? Quels sont tes conseils aujourd'hui pour mettre en œuvre une telle gouvernance pour une entreprise qui veut avancer sur le pas et rejoindre une autre relation avec la nature ?

  • Speaker #0

    Peut-être dire à nos auditeurs que c'est somme toute assez facile. Il y a des défis, mais c'est faisable. Il y a quelques années, on rigolait encore quand je proposais de nommer la nature au comité de direction ou d'administration. On disait c'est pas possible, c'est pas faisable. Bon bah si c'est faisable et... finalement, c'est pas si compliqué que ça. Mais il faut quand même se poser un certain nombre de questions. De quelle nature on parle ? Quels sont les pouvoirs qu'on donne à la nature ? Comment on fait juridiquement, etc. Donc, pour les auditeurs qui souhaiteraient en savoir plus, je recommande évidemment l'excellent livre dont le titre est La nature au travail. C'est une blague. Enfin, si, il est bien le livre, je crois.

  • Speaker #1

    Il est très bien le livre et je le mettrais dans les notes du podcast.

  • Speaker #0

    Mais par-delà le livre... eh bien, évidemment, me contacter pour en discuter, pour voir un petit peu comment les questions de méthodologie peuvent être mises en place. Pour info, en l'espace de deux ou trois mois, c'est quelque chose qui peut se faire. Chez Norcis, on a voulu aller très, très loin sur plusieurs scénarios, sur plusieurs registres. Donc, ça nous a plutôt pris quatre ou cinq mois. Mais si on ne prend qu'un seul scénario, ça peut se faire en l'espace d'un ou deux mois.

  • Speaker #1

    Pour finir, Franz, j'aime bien depuis quelque temps que mon invité partage. Le message qu'il voudrait transmettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui écoutent le podcast, quel serait le tien ?

  • Speaker #0

    Eh bien, j'aimerais reprendre l'anecdote que j'évoquais à l'instant, qui est de dire que quand j'ai commencé à travailler sur le sujet, les gens rigolaient. Les gens rigolaient, et notamment des proches me disaient « Ah Franz, c'était vraiment rigolo, tu veux mettre le poireau au comité de direction ? » Et puis c'est devenu le running gag, j'étais « Monsieur Poireau au comité de direction » . Et euh... Les gens m'ont soutenu, puis ont arrêté de me soutenir parce qu'ils se disaient non mais c'est trop fou comme projet et puis ça demande trop de temps parce que c'est vrai j'ai mis 4 ans à écrire mon bouquin. Mais finalement j'y suis arrivé. J'y suis arrivé, alors je veux pas la jouer self-made man à l'américaine, c'est pas mon propos. Mon propos c'est de dire il est encore possible dans ce monde qui est parfois un peu ténébreux, il est encore possible de rêver et de changer les choses. Cette histoire de nature au travail et notamment chez Narcisse, eh bien nous montre... que l'on peut rêver d'une gouvernance d'entreprise qui soit différente et que c'est tout à fait possible de le mettre en place. Croyez, chers éditeurs, à vos idées les plus folles et essayez d'avancer malgré contre vents et marées, ça peut fonctionner.

  • Speaker #1

    Merci pour cet entretien et cette note d'optimisme.

  • Speaker #0

    Merci à toi Bérangère pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et à bientôt j'espère pour la suite des aventures qui sont passionnantes.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra qu'on se revoie pour faire un point. Est-ce que vraiment j'ai été un bon représentant de la nature chez Narcisse ou est-ce que je me suis levé du mauvais pied ? On en reparle dans un an.

  • Speaker #1

    C'est la fin de cet épisode de Dinosapiens. Moi, j'ai été éblouie par cette idée que l'on puisse questionner notre relation au vivant en l'invitant dans notre monde. Je vous recommande d'aller faire un tour sur le site de Narcisse que je vous mets dans les notes de podcast. Dans les pages Qui sommes-nous ? Vous trouverez leurs raisons d'être et leurs visions haut de gamme. Il y a de quoi s'inspirer vraiment. Je vous retrouve très vite pour un prochain épisode. Pour ne pas le rater, abonnez-vous et activez la cloche sur votre plateforme. Et d'ici là, évitons l'extinction !

Description

Avec Frantz Gault, Administrateur et Auteur 🌳


🎙️ Dans cet épisode, nous découvrons une façon totalement inédite de considérer la Nature, et de l'inviter dans la gouvernance de l'entreprise pour accélérer la transformation environnementale. 🌱

Frantz Gault nous emmène dans la construction de son raisonnement qui l'a amené à écrire son dernier livre. Il nous détaille avec quelle matière première et comment il a développé cette approche: La nature au travail. 🔥


  • Saviez-vous qu'en Nouvelle Zélande, il existe un fleuve qui a des droits juridiques?

  • Comment verrions nous les vaches laitières si elles étaient syndiquées?

  • Et quid de confier des actions à la nature afin de lui laisser un droit de vote au bord / assemblée générale des entreprises?


Embarquez avec nous pour écouter ce sur quoi une une entreprise française de technologie, Norsys, pionnière en matière d'écologie, a décidé d'implémenter pour sa gouvernance, grâce à Frantz. Et comment Frantz, représentant de la Nature, organise son intervention.


La Nature au travail, une façon innovante de considérer la transition écologique.

🎙️ Evitons l'extinction! 🦕


Les références citées dans l'épisode



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Merci à Rebecca Ibghi du studio Make my Day by Lonsdale

Merci à Emilie Proyart pour la mise en relation avec Frantz

En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonien.

  • Speaker #1

    Dino Sapiens, c'est le podcast sur la transformation des organisations. Transformer, ce n'est pas anodin, car si vous pensez qu'il suffit de décider de faire différemment, eh bien il risque de ne pas se passer grand-chose. Je vous parle ici de comment transformer votre organisation et comment emmener les équipes dans cette aventure que toutes les entités professionnelles traversent aujourd'hui. qu'il s'agisse d'intelligence artificielle, d'environnement, de diversité, de digital, d'acquisition de LBO, ces changements qui ne sont pas clairs au départ, ils créent de l'incertitude et des peurs. Je vous invite ici à prendre du recul et à réfléchir sur la transformation en y ajoutant un ingrédient indispensable, celui de la dynamique humaine, celle qui va vous permettre de mieux gérer les transitions et de le faire dans une énergie positive avec enthousiasme. Alors ici, j'invite des experts dans leur domaine à parler de leur vécu, de leur expérience, mais aussi de leur valeur et de leur méthode. Et je complète par des apports personnels pour vous faire réagir et agir dans le bon sens. Embarquez avec moi sur Dinosapiens et ensemble, évitons l'extinction. Qui aurait pu prédire avant la pandémie de Covid que le télétravail prendrait l'essor qu'on lui connaît aujourd'hui ? Pourtant, en 2010 déjà, Franz Gau avait anticipé le changement radical des habitudes de travail. Dix ans plus tard, il est encore précurseur, ses travaux l'amènent à proposer les bases d'une nouvelle gouvernance en entreprise pour accélérer la transition écologique. Aujourd'hui, grâce à Émilie Proyard que vous avez découvert dans le dixième épisode du podcast, j'ai l'immense honneur de recevoir Franz Gau, auteur de « La nature au travail » aux éditions Canto. Ce livre est le fruit de plusieurs années d'une réflexion à la fois philosophique et anthropologique, ainsi que d'un travail de recherche qui a démarré en 2020. Le background initial de France Go est pluridisciplinaire grâce à la formation de sociologie des organisations que propose Sciences Po. Sa première expérience en entreprise l'amène d'ailleurs à réorganiser les filiales à l'international du groupe Accor. Puis devenu consultant, il bifurque ensuite en 2010 vers un parcours entrepreneurial et il œuvre sur la mise en œuvre du télétravail. Son action le mène à collaborer tant avec de grands groupes internationaux qu'avec le législateur pour les lois de 2017. Lorsque le sujet du télétravail prend une dimension économique très forte, France recherche un autre sujet de société sur lequel se pencher. On est en 2020. Comme souvent, c'est quand on fait un pas de côté que ce qui était sous nos yeux devient alors évident. Et pour le coup, nous saute aux yeux. Pour France, il s'agit de l'ampleur de la crise écologique. Il cherche à combler son retard. et se met en quête de littérature scientifique sur la façon dont les organisations s'emparent du sujet. Rien. Il n'existe absolument rien au niveau scientifique pour aider la corporate governance à prendre à bras le corps la transition écologique d'un point de vue organisationnel ou économique. Aucune proposition pour avancer. Aucune véritable solution en dehors des phrases toutes faites. Franz retourne donc aux sources pour étudier la nature même des relations entre l'être humain et le vivant. C'est auprès du grand anthropologue Philippe Descola au Collège de France, entre 2017 et 2019, que Franz se forge ses premières intuitions, à partir desquelles il propose une approche innovante pour la gouvernance des entreprises, celle d'inclure une représentation de la nature dans les instances dirigeantes des entreprises. Il nous explique aujourd'hui en quoi cette approche consiste. Bonjour Franz.

  • Speaker #0

    Bonjour Bérangère.

  • Speaker #1

    Merci de venir nous parler de la nature au travail, qui est à la fois... une thèse que tu proposes et l'intitulée de ton livre. Pourrais-tu nous raconter comment tu en es arrivé à proposer un changement de paradigme dans notre façon de considérer la nature tout court et plus particulièrement la nature au travail ?

  • Speaker #0

    Vaste question pour commencer. Comment j'en suis arrivé à cette proposition qui consiste à... Tu l'as citée dans ton introduction, Philippe Descola a joué un rôle majeur dans ma sensibilisation et dans la façon dont j'ai considéré la... compris la crise écologique, qui n'est pas pour moi forcément une crise de nos business models, qui n'est pas forcément une crise de nos lois, mais qui est une crise d'ontologie, d'axiologie, une crise beaucoup plus profonde. Et qu'est-ce que je veux dire par là ? C'est qu'au fond, le problème, c'est qu'on sacralise les humains d'un côté, ce sont les humains qui ont des droits, ce sont les humains qui ont tous les droits, j'ai envie de dire, et tout le reste, les non-humains, la nature. n'ont pas de droits. Ce ne sont pas des personnes, juridiquement. Ce sont des choses, des choses qui sont régies par le régime de la propriété, par le régime de la matière première, de la ressource, de la marchandise. C'est comme ça que je me suis dit si on change le statut de la nature, qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas le seul à proposer de changer le statut de la nature. Philippe Descola, évidemment, en fait partie, mais on a beaucoup de juristes en France qui militent pour que le Rhône, pour que tel fleuve... de telle rivière ou telle forêt est un vrai statut juridique. Donc très bien, mais ça veut dire quoi concrètement demain pour les entreprises ? Et c'est là où effectivement il n'y avait aucune réponse à cette question, aucun bouquin. Donc je me suis lancé en disant, repensons l'entreprise avec une nature qui a des droits.

  • Speaker #1

    Alors dans ton livre, tu proposes trois scénarios. Quels sont-ils ?

  • Speaker #0

    Alors trois scénarios, pourquoi trois scénarios ? Avant de rentrer dans le détail et sans vouloir fatiguer d'emblée les lecteurs, mais en fait, la nature au travail, ça veut tout dire et rien dire. La nature en particulier désigne au fond l'univers. Quand on dit nature, on dit certes les arbres, les forêts, les fleuves, mais on dit aussi protozoaires. Poireau, nature, ça veut dire étoile, espace, trou noir, tout ça c'est la nature. Donc il faut avant toute chose préciser de quoi on parle. Et donc mes trois scénarios s'intéressent à certaines entités naturelles en particulier et pas la nature en général. Et en fonction de à quoi on s'intéresse, ça donne lieu à différentes façons d'envisager notre relation de travail avec ces entités naturelles. Voilà pour la petite précaution. Alors les trois scénarios, quels sont-ils ? Le premier, c'est un scénario qui consiste à s'intéresser au sort des organismes, des êtres vivants, des chiens, des Ausha, des chevaux qui travaillent dans les cirques, des vaches qui produisent du lait. Et ma proposition consiste à dire, en fait, ces êtres vivants qui collaborent avec nous, il faudrait peut-être les considérer comme des salariés. Aujourd'hui, ce sont des esclaves. Ma proposition, c'est de dire, est-ce qu'il ne faut pas les considérer comme salariés ou à minima leur proposer une représentation syndicale pour que les syndicats puissent défendre le bien-être de ces organismes pour défendre, demander des droits et veiller à la bonne application de ces droits. Donc, premier scénario, c'est nature syndiquée. Le deuxième scénario consiste à s'intéresser non pas au sort des êtres vivants, mais au sort des écosystèmes. Alors, est-ce qu'on peut... On parle d'un écosystème local, du système Terre, des neuf limites planétaires. Ça reste à préciser. On pourra en discuter ultérieurement si tu veux. Mais en tout cas, c'est un grand système qu'on appelle nature, qu'on appelle planète et que je propose de considérer cette fois-ci non plus comme salarié, mais comme partie prenante. Alors partie prenante, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut représenter, partons sur la planète, il faut représenter la planète dans la gouvernance d'entreprise et plus particulièrement là où sont prises les décisions, c'est-à-dire au niveau du comité. exécutif. Néanmoins, c'est pas suffisant. C'est pas suffisant parce que au fond, quand on parle de système, c'est un peu des généralités. Quand on parle de système Terre, en fait, on s'intéresse généralement surtout aux humains et aux générations futures, et pas tant que ça à la planète. Et donc, ce deuxième scénario, un certain nombre d'insuffisances qui m'amènent au troisième et dernier scénario. Qui consiste en quoi ? Qui consiste déjà à s'intéresser à une troisième entité naturelle intermédiaire. On n'est plus dans l'infiniment petit du poireau, on n'est pas dans l'infiniment grand du système Terre, on est sur une dimension intermédiaire. Une dimension intermédiaire qui est ce qu'on appellerait communément chez nous un territoire. Mais un territoire pensé sous l'angle d'une communauté réunissant des humains, des non-humains, un peu comme une famille qui serait soudée et interdépendante. Et, j'en termine là, ma proposition cette fois-ci, c'est de dire que, comme avec une famille, on ne possède pas sa famille. Déranger un... tu ne possèdes pas ta famille, tu appartiens à ta famille, eh bien, je propose de faire la même chose pour la relation entre entreprise et nature. L'entreprise ne possède pas la nature, c'est la nature qui possède l'entreprise. Et ce troisième scénario consiste donc à faire de la nature l'actionnaire des entreprises et inverser le rapport de pouvoir et de force entre les deux. Alors,

  • Speaker #1

    il y a aujourd'hui une entreprise pilote sur l'avancée que tu proposes, c'est Norcis. Peux-tu nous présenter cette entreprise avant-gardiste et son dirigeant ?

  • Speaker #0

    Norcis est une entreprise de services numériques créée il y a plus d'une vingtaine d'années, qui a été précurseur sur bien des sujets. Et la raison, c'est que son fondateur, son dirigeant s'appelle Sylvain Brezard, qui était anciennement président de Greenpeace France. Donc forcément, quand on est passé par Greenpeace et qu'on prend ensuite la direction d'une boîte d'informatique, on voit les choses de façon un peu différente. Norcis a depuis longtemps fait des progrès en matière de diversité. d'inclusion en matière de bilan carbone. Mais lorsque, par hasard, on s'est rencontrés dans une conférence à la CFDT, pour être précis, en juin dernier, je ne connaissais pas Sylvain. Je vois un bonhomme avec une chemise à fleurs, je me dis mais qui c'est ce bonhomme ? Et puis, une fois que j'ai présenté ce que je viens de dire, les scénarios, Sylvain vient me voir en me disant mais c'est génial, il faut tout de suite qu'on en discute. On s'est vu la semaine suivante et puis quelques semaines plus tard. C'était fait. Norcis devenait la première entreprise en France à représenter la nature dans sa gouvernance d'entreprise. Et ce qui est important, et ça, je remercie vivement Sylvain et l'équipe de direction, puisque Sylvain n'est pas seul dirigeant. Il y a Mathilde, il y a aussi Thomas Breuzard, que tu connais peut-être, l'équipe dirigeante, parce qu'en fait, ils ont pris le livre. Et ils se sont dit, les trois scénarios, ils sont canons, on va les appliquer. Donc, ils sont allés loin.

  • Speaker #1

    Et alors, concrètement, quelles sont les instances de Narcisse qui accueillent aujourd'hui la nature ?

  • Speaker #0

    Oulala, on va endormir à nouveau les lecteurs parce qu'elles sont nombreuses. Écoute, comme les trois scénarios sont mis en application, eh bien, on va retrouver la nature au niveau du dialogue social, au niveau des instances exécutives, mais aussi au niveau du conseil d'administration. Dans le détail, ça veut dire que ce n'est pas un seul représentant de la nature qui a été investi. Ce sont huit personnes différentes, huit personnes. À commencer par un représentant de la nature au sein du CSE, l'instance de dialogue social. Un représentant au niveau du comité de mission, un autre au niveau du comité éthique. Je ne vais pas faire la liste entière, sinon vraiment les gens vont s'endormir. Et puis, moi, j'ai en charge plus précisément la représentation de la nature au niveau du comité. conseil d'administration. Un point peut-être, je vois que tu lèves un sourcil, c'est que je n'ai pas cité le comité de direction. Et la raison est la suivante, c'est que on a considéré au fond que les dirigeants opérationnels de l'entreprise étaient suffisamment encerclés de représentants de la nature puisque où qu'ils tournent la tête, ils vont trouver un représentant de la nature et on s'est dit on ne va pas venir compliquer leur travail au quotidien. Il y a déjà suffisamment de représentants de la nature pour garder le bon cap.

  • Speaker #1

    Donc le comité exécutif continue à opérer sur le quotidien et sur le moyen terme.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais en tenant compte d'inputs des représentants de la nature, ces inputs, ça va être par exemple l'input de la nature actionnaire, va donner un cap à ce que doit faire l'entreprise en matière de respect écologique, charge au dirigeant opérationnel d'appliquer ce cap. Le dialogue social va lui aussi alerter, faire remonter. des points, voire négocier des accords qui vont venir compléter le cap de la direction. Et c'est pour ça, je dis, en fait, il y a suffisamment de représentants et d'inputs et de caps pour bien guider les dirigeants.

  • Speaker #1

    Alors, quelles questions vous vous êtes posées pour choisir les instances dans lesquelles la nature serait représentée et la manière dont elle allait opérer ?

  • Speaker #0

    On ne s'est pas trop posé de questions sur le choix des instances, puisque assez naturellement, finalement, on s'est dit, on représente la nature. quasiment dans toutes les instances de gouvernance, à l'exception du comité de direction, comme je viens de le dire. Les questions, par contre, qu'on s'est posées, ça a été un peu plus difficile, c'est de se dire, mais qui représente la nature ? Ça, ça a été plus ardu comme sujet, parce qu'il a fallu tout d'abord se dire, mais de quelle nature on parle ? Parce que je l'ai dit tout à l'heure, la nature, ça veut dire univers, donc de quoi on parle concrètement ? Et ça, il nous a fallu plusieurs semaines, et même, j'ai envie de dire, deux mois, pour... se mettre d'accord sur une définition de la nature pour Nord 6. Et c'est sur base de cette définition de la nature qu'on a ensuite pu lancer un recrutement de représentants de la nature. Mais encore fallait-il faire le lien entre la définition de la nature et puis les personnes, les candidats. Et donc on a fait une fiche de poste. Et dans cette fiche de poste, il a aussi fallu se dire mais quelles compétences on attend exactement pour venir représenter la nature ? Est-ce qu'on attend des militants qui vont faire des grèves de la faim ? Est-ce qu'on attend des gens qui viennent avec des solutions pour faire des progrès ? Est-ce qu'on veut des scientifiques qui vont pouvoir nous expliquer ce qu'est la nature et ses limites ? Voilà, toutes ces questions-là, ça nous a pris à nouveau du temps. Et donc j'ai dit deux mois pour définir tout d'abord notre concept de nature et ensuite deux autres mois pour recruter les représentants de la nature. Et chose qui n'a pas été facile. Si je peux me permettre un exemple sur ce point. On voulait des personnes expertes des neuf limites planétaires, c'est-à-dire simultanément experts sur l'acidification des océans, la biodiversité, le réchauffement et j'en passe. Et bien en fait, figure-toi qu'on n'en a pas trouvé en France. Très rares sont les personnes que tout le monde parle des neuf limites planétaires. C'est désormais presque dans le langage courant, mais trouver quelqu'un qui est expert sur les neuf limites, ça n'existe quasiment pas.

  • Speaker #1

    La première assemblée générale avec la nature. a eu lieu le 12 février. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est précisément, non pas une Assemblée générale, mais un Haut Conseil pour la nature. Alors, qu'est-ce que c'est que cette affaire ? Eh bien, ce sont les fameux huit représentants et représentantes de la nature que l'on réunit pour prendre des décisions collectives. C'est un point important parce que, et je vais ensuite rentrer dans le détail de qu'est-ce qu'on s'est dit, mais c'est un point important parce que, en fait, le risque serait que quelqu'un parte en freelance, en quelque sorte, et se dise la nature c'est moi. Et le plus grand risque est notamment par rapport à mon rôle. Parce qu'en tant que nature actionnaire, représentant de la nature, je dispose d'un droit de vote au conseil d'administration, mais aussi d'un droit de veto. Et imagine le risque que c'est si c'est... Ma seule personne qui use de ce droit de veto au nom de la nature, ça veut dire quoi ? Un matin où je suis mal réveillé, où j'ai fait la fête la veille, je mets mon droit de veto et ça a des impacts sur le business de l'entreprise, ça peut avoir des impacts sur l'emploi. Donc ça, c'est le gros point d'attention sur lequel on a souhaité travailler et valider avec les huit représentantes de la nature réunies le 12 février. On leur a dit vous êtes désormais dans différentes instances pour représenter la nature. mais êtes-vous d'accord sur cette proposition ? Ce n'est pas vous la nature, c'est nous le Haut Conseil, c'est nous les huit personnes qui, dès qu'il y a un sujet nature, on le met sur la table, on en discute ensemble, avant d'aller prendre position dans telle ou telle instance, et notamment au Conseil d'administration. Donc ça, c'était un premier sujet qui a été abordé. Et le deuxième sujet, ça a été de se dire, bon, la définition de la nature chez Narcisse, ça a été donc les neuf limites planétaires. pas trouvé d'experts sur les neufs mais on a trouvé des experts sur telle ou telle limite, est-on d'accord pour lancer un diagnostic ? Norseys fait son diagnostic carbone, une limite, mais il y en a encore huit autres de limites. Est-on d'accord pour lancer un diagnostic sur ces neuf limites et si oui lequel ? Donc évidemment le Haut Conseil pour la nature est tout à fait d'accord et la nouvelle surprise dans l'histoire c'est que on se rend compte que ça n'existe pas un diagnostic neuf limites planétaires. Il existe un diagnostic carbone, il existe un diagnostic biodiversité, il existe des diagnostics sectoriels, mais un diagnostic neuf limites, en fait, il n'y a pas d'outil. Ça n'existe pas. Et donc, tu vois, toutes les surprises, trouver un expert neuf limites, ça n'existe pas. Trouver un diagnostic, ça n'existe pas. Donc, on avance. Et puis, voilà, là, avec ces autres représentants, on cherche des solutions pour avancer sur le diagnostic.

  • Speaker #1

    Alors, bon courage, parce que là encore, vous êtes précurseur. Un petit peu comme sur la considération qu'on doit donner à la nature dans nos modes de vie, où rien n'existait avant que tu n'écrives le livre. Maintenant, pour revenir aux aspects juridiques de comment ça s'organise, la nature au Borde. Comment vous avez géré ça ? Sous quelle forme juridique vous avez permis à la nature d'accéder au Borde de Narcisse ?

  • Speaker #0

    C'est à la fois facile et difficile. C'est difficile parce que, je le disais en introduction, c'est une situation... Dans le droit moderne, la nature est une chose juridiquement parlant. Ça veut dire que la nature ne peut pas être une personne juridique, ne peut pas acheter des actions, ne peut pas détenir du capital, ne peut pas avoir un compte en banque, la nature ne peut pas lancer un procès. Ça n'existe pas. Il y a une exception quand même qui est en Nouvelle-Zélande, ce fleuve, le Wanganui, qui est devenu une personne juridique et qui peut faire tout ce que je viens de décrire. Mais à l'exception de ce fleuve, donc comment faire en sorte comme chez Norcis que la nature devienne actionnaire, techniquement, ce n'est pas possible. Il a donc fallu trouver des solutions. Et la solution qu'on a trouvée, c'est de se dire on utilise une fondation d'intérêt général, fondation dont la mission sera donc d'agir au bénéfice de la nature. Et cette action au bénéfice de la nature consiste notamment, mais pas que, à être actionnaire de l'entreprise Norcis. Donc c'est comme ça que le montage juridique, et c'est ce qu'on voit se dessiner dans d'autres cas dont on pourra peut-être parler, mais je pense au cas de Patagonia par exemple, c'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonia. Donc ça c'est le point difficile et facile parce que finalement il suffit entre guillemets de créer une fondation même si c'est pas accessible, c'est pas comme créer une association, une fondation c'est un peu plus lourd. Pour les autres représentants, en fait, il n'y a aucune difficulté, puisqu'il suffit, pour la faire courte, de rajouter une chaise au comité de mission, au CSE ou au comité Z, pour que la nature devienne représentante. Là, c'est beaucoup plus simple.

  • Speaker #1

    Et qui détient les actions au final ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aurais bien aimé que ce soit moi, mais non, c'est la nature. Les actions, les 10% du capital dont on parle ici, sont détenus par une fondation. Une fondation d'intérêt général, c'est-à-dire que les dividendes, par exemple, sont utilisés non pas pour un actionnaire, pour une villa en Corse ou ailleurs, mais sont utilisés pour être redistribués au bénéfice de la nature. Ça, c'est pour la détention des droits économiques. Et la fondation détient aussi les droits de vote et de veto, mais elle les délègue. aux représentants de la nature que je suis.

  • Speaker #1

    Selon toi, quelle serait la faisabilité d'un tel dispositif dans une entreprise cotée ?

  • Speaker #0

    Dans une entreprise cotée, les choses sont plus compliquées parce que pour céder une part du capital à la nature, ou d'ailleurs à toute autre cause, ça pourrait être à la société, aux générations futures, ou à toute cause d'intérêt général, il faut avoir la maîtrise de son capital. Chez Norcis... La famille Brezard, dont Sylvain, ont la maîtrise du capital et ont pu se dire, eh bien, ok, on délègue 10%, on cède 10% du capital à la nature. Dans une entreprise cotée, dont les actions se comptent par milliers, par millions, sont tradées chaque jour en bourse, évidemment, on n'a pas la maîtrise de ce capital. Donc ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire faire une... opération un peu délicate et spéciale, mais là je ne suis pas juriste de droit des sociétés, donc je ne vais pas trop m'avancer, mais qui consisterait à faire une augmentation de capital, par exemple, de créer de nouvelles actions, mais des actions spéciales qu'on donnerait à la nature. J'ai un petit doute sur le fait que ça plaise aux millions de porteurs d'actions, si on imagine faire ça chez Total, je ne suis pas sûr que ça plaise beaucoup à l'actionnariat de Total. Total, quand on voit comment ça se passe déjà, quand Extinction Rebellion se met sur le chemin des actionnaires de Total, tu sais, ça gronde. Alors, imaginez que Total cède 10% de son capital à la nature. C'est plutôt en l'an 2250 que ça pourra arriver, si Total existe toujours.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est pas la seule entreprise cotée, remarque.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On peut avoir de l'espoir pour d'autres.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, si je puis me permettre un complément, prenons Veolia. Je pense que Veolia, elles sont... est une entreprise cotée. Et au sein de leur conseil d'administration, ils ont une dame qui s'appelle Julia Martin-Lefebvre, qui est l'ancienne directrice de l'Union internationale de conservation de la nature. Alors, elle n'a pas été nominée à ce conseil d'administration en tant que représentante de la nature telle qu'elle, mais du fait de son background, et de sa simple présence, elle porte quand même la voix de l'écologie et de la nature. Donc, au fond, elle est une personne Veolia, c'est une énorme entreprise cotée et on voit que là, quand même, il n'y a pas eu cession de capital. La nature n'est pas devenue actionnaire, mais la nature est quand même devenue, si on accepte ce que je viens de raconter, administratrice d'un groupe du CAC 40.

  • Speaker #1

    Belle histoire, merci de la partager. Quelles sont les prochaines étapes avec Norciste à parler de faire un diagnostic, un audit sur les neuf limites planétaires ? Est-ce qu'il y a autre chose en menu ?

  • Speaker #0

    C'est la priorité absolue pendant les prochaines semaines et les prochains mois parce que pour... Pour pouvoir prendre des décisions sur ce qu'il faudrait faire, corriger, on a besoin d'un diagnostic. Plusieurs sujets sont sur la table, mais ce sont des pressentiments à ce stade et non pas des décisions. Je parle en mon nom et non pas au nom du Haut Conseil pour la Nature dont on a parlé tout à l'heure. Les pressentiments, c'est tout d'abord la question du choix des clients. Est-ce que les clients pour qui travaille Norcis sont tous respectueux de la nature ou pas ? Un deuxième sujet va toucher à ce qu'on appelle le numérique responsable. Or, si c'est déjà très exemplaire en matière de numérique responsable, tu sais, frugalité, des lignes de code, interface simple pour consommer moins d'énergie. Est-ce qu'on peut aller plus loin ou pas ? C'est un sujet qu'on va creuser. Et puis, le troisième et dernier exemple que je peux donner, c'est une pensée à plus long terme. Parce que ce que je viens de dire là, c'est du court terme. Les clients, la façon dont on... pense une application informatique. Mais l'informatique, au fond, ça reste des métaux lourds, des plastiques, des serveurs dans des zones froides, des mines dans des pays comme le Chili, la Bolivie, et tout ça, c'est problématique. Mais ce n'est pas le problème de Norcisse, c'est le problème de la filière numérique. Et donc, j'aimerais bien ouvrir une réflexion sur comment Norcisse peut, à long terme, à horizon 10 ans, 15 ans, imaginer faire évoluer son métier, pour être moins lié au fond à ces dégâts du numérique dont je viens de parler.

  • Speaker #1

    Est-ce que d'autres entreprises t'ont contacté ?

  • Speaker #0

    Oui, beaucoup. Et c'est pour ça que j'ai un peu des cernes. C'est que j'ai énormément de rendez-vous, de marques d'intérêt, va-t-on dire. Quant à la question de savoir si toutes ces marques d'intérêt vont aboutir à des actions, c'est évidemment une autre affaire. Mais j'ai une quinzaine de dossiers sur la table dont, figure-toi, beaucoup d'entreprises qui m'ont contacté, non pas seulement pour avoir un joli représentant de la nature autour de la table, mais des entreprises qui me disent « on adore l'idée de partager notre capital avec la nature, on veut faire pareil » . Donc ça, j'en suis extrêmement heureux et ravi parce que c'est vraiment le scénario maximal que de partager. partager son capital, de donner un vrai pouvoir à la nature. La difficulté, c'est que pour beaucoup d'entreprises, elles n'ont pas les moyens de créer une fondation dédiée à la nature, parce que juridiquement, ça coûte de l'argent, parce qu'il faut apporter une première dotation, et tous ces frais cumulés font que ce n'est pas forcément une solution accessible à tout le monde. Et donc j'ai pour projet de créer une fondation dont la mission sera de... de prendre des participations à droite à gauche et de donc représenter la nature dans différentes entreprises. Et pour compléter la réponse à ta question de tout à l'heure sur les entreprises cotées, dans mes rêves les plus fous, j'imagine que cette fondation va bien fonctionner, aura les moyens ensuite d'aller acheter des actions totales ou autres et ainsi aller porter la voix de la nature dans les assemblées générales de ces entreprises cotées.

  • Speaker #1

    Super idée, c'est une super idée. Quels sont tes conseils au-delà de la fondation ? Quels sont tes conseils aujourd'hui pour mettre en œuvre une telle gouvernance pour une entreprise qui veut avancer sur le pas et rejoindre une autre relation avec la nature ?

  • Speaker #0

    Peut-être dire à nos auditeurs que c'est somme toute assez facile. Il y a des défis, mais c'est faisable. Il y a quelques années, on rigolait encore quand je proposais de nommer la nature au comité de direction ou d'administration. On disait c'est pas possible, c'est pas faisable. Bon bah si c'est faisable et... finalement, c'est pas si compliqué que ça. Mais il faut quand même se poser un certain nombre de questions. De quelle nature on parle ? Quels sont les pouvoirs qu'on donne à la nature ? Comment on fait juridiquement, etc. Donc, pour les auditeurs qui souhaiteraient en savoir plus, je recommande évidemment l'excellent livre dont le titre est La nature au travail. C'est une blague. Enfin, si, il est bien le livre, je crois.

  • Speaker #1

    Il est très bien le livre et je le mettrais dans les notes du podcast.

  • Speaker #0

    Mais par-delà le livre... eh bien, évidemment, me contacter pour en discuter, pour voir un petit peu comment les questions de méthodologie peuvent être mises en place. Pour info, en l'espace de deux ou trois mois, c'est quelque chose qui peut se faire. Chez Norcis, on a voulu aller très, très loin sur plusieurs scénarios, sur plusieurs registres. Donc, ça nous a plutôt pris quatre ou cinq mois. Mais si on ne prend qu'un seul scénario, ça peut se faire en l'espace d'un ou deux mois.

  • Speaker #1

    Pour finir, Franz, j'aime bien depuis quelque temps que mon invité partage. Le message qu'il voudrait transmettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui écoutent le podcast, quel serait le tien ?

  • Speaker #0

    Eh bien, j'aimerais reprendre l'anecdote que j'évoquais à l'instant, qui est de dire que quand j'ai commencé à travailler sur le sujet, les gens rigolaient. Les gens rigolaient, et notamment des proches me disaient « Ah Franz, c'était vraiment rigolo, tu veux mettre le poireau au comité de direction ? » Et puis c'est devenu le running gag, j'étais « Monsieur Poireau au comité de direction » . Et euh... Les gens m'ont soutenu, puis ont arrêté de me soutenir parce qu'ils se disaient non mais c'est trop fou comme projet et puis ça demande trop de temps parce que c'est vrai j'ai mis 4 ans à écrire mon bouquin. Mais finalement j'y suis arrivé. J'y suis arrivé, alors je veux pas la jouer self-made man à l'américaine, c'est pas mon propos. Mon propos c'est de dire il est encore possible dans ce monde qui est parfois un peu ténébreux, il est encore possible de rêver et de changer les choses. Cette histoire de nature au travail et notamment chez Narcisse, eh bien nous montre... que l'on peut rêver d'une gouvernance d'entreprise qui soit différente et que c'est tout à fait possible de le mettre en place. Croyez, chers éditeurs, à vos idées les plus folles et essayez d'avancer malgré contre vents et marées, ça peut fonctionner.

  • Speaker #1

    Merci pour cet entretien et cette note d'optimisme.

  • Speaker #0

    Merci à toi Bérangère pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et à bientôt j'espère pour la suite des aventures qui sont passionnantes.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra qu'on se revoie pour faire un point. Est-ce que vraiment j'ai été un bon représentant de la nature chez Narcisse ou est-ce que je me suis levé du mauvais pied ? On en reparle dans un an.

  • Speaker #1

    C'est la fin de cet épisode de Dinosapiens. Moi, j'ai été éblouie par cette idée que l'on puisse questionner notre relation au vivant en l'invitant dans notre monde. Je vous recommande d'aller faire un tour sur le site de Narcisse que je vous mets dans les notes de podcast. Dans les pages Qui sommes-nous ? Vous trouverez leurs raisons d'être et leurs visions haut de gamme. Il y a de quoi s'inspirer vraiment. Je vous retrouve très vite pour un prochain épisode. Pour ne pas le rater, abonnez-vous et activez la cloche sur votre plateforme. Et d'ici là, évitons l'extinction !

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Description

Avec Frantz Gault, Administrateur et Auteur 🌳


🎙️ Dans cet épisode, nous découvrons une façon totalement inédite de considérer la Nature, et de l'inviter dans la gouvernance de l'entreprise pour accélérer la transformation environnementale. 🌱

Frantz Gault nous emmène dans la construction de son raisonnement qui l'a amené à écrire son dernier livre. Il nous détaille avec quelle matière première et comment il a développé cette approche: La nature au travail. 🔥


  • Saviez-vous qu'en Nouvelle Zélande, il existe un fleuve qui a des droits juridiques?

  • Comment verrions nous les vaches laitières si elles étaient syndiquées?

  • Et quid de confier des actions à la nature afin de lui laisser un droit de vote au bord / assemblée générale des entreprises?


Embarquez avec nous pour écouter ce sur quoi une une entreprise française de technologie, Norsys, pionnière en matière d'écologie, a décidé d'implémenter pour sa gouvernance, grâce à Frantz. Et comment Frantz, représentant de la Nature, organise son intervention.


La Nature au travail, une façon innovante de considérer la transition écologique.

🎙️ Evitons l'extinction! 🦕


Les références citées dans l'épisode



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Merci à Rebecca Ibghi du studio Make my Day by Lonsdale

Merci à Emilie Proyart pour la mise en relation avec Frantz

En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonien.

  • Speaker #1

    Dino Sapiens, c'est le podcast sur la transformation des organisations. Transformer, ce n'est pas anodin, car si vous pensez qu'il suffit de décider de faire différemment, eh bien il risque de ne pas se passer grand-chose. Je vous parle ici de comment transformer votre organisation et comment emmener les équipes dans cette aventure que toutes les entités professionnelles traversent aujourd'hui. qu'il s'agisse d'intelligence artificielle, d'environnement, de diversité, de digital, d'acquisition de LBO, ces changements qui ne sont pas clairs au départ, ils créent de l'incertitude et des peurs. Je vous invite ici à prendre du recul et à réfléchir sur la transformation en y ajoutant un ingrédient indispensable, celui de la dynamique humaine, celle qui va vous permettre de mieux gérer les transitions et de le faire dans une énergie positive avec enthousiasme. Alors ici, j'invite des experts dans leur domaine à parler de leur vécu, de leur expérience, mais aussi de leur valeur et de leur méthode. Et je complète par des apports personnels pour vous faire réagir et agir dans le bon sens. Embarquez avec moi sur Dinosapiens et ensemble, évitons l'extinction. Qui aurait pu prédire avant la pandémie de Covid que le télétravail prendrait l'essor qu'on lui connaît aujourd'hui ? Pourtant, en 2010 déjà, Franz Gau avait anticipé le changement radical des habitudes de travail. Dix ans plus tard, il est encore précurseur, ses travaux l'amènent à proposer les bases d'une nouvelle gouvernance en entreprise pour accélérer la transition écologique. Aujourd'hui, grâce à Émilie Proyard que vous avez découvert dans le dixième épisode du podcast, j'ai l'immense honneur de recevoir Franz Gau, auteur de « La nature au travail » aux éditions Canto. Ce livre est le fruit de plusieurs années d'une réflexion à la fois philosophique et anthropologique, ainsi que d'un travail de recherche qui a démarré en 2020. Le background initial de France Go est pluridisciplinaire grâce à la formation de sociologie des organisations que propose Sciences Po. Sa première expérience en entreprise l'amène d'ailleurs à réorganiser les filiales à l'international du groupe Accor. Puis devenu consultant, il bifurque ensuite en 2010 vers un parcours entrepreneurial et il œuvre sur la mise en œuvre du télétravail. Son action le mène à collaborer tant avec de grands groupes internationaux qu'avec le législateur pour les lois de 2017. Lorsque le sujet du télétravail prend une dimension économique très forte, France recherche un autre sujet de société sur lequel se pencher. On est en 2020. Comme souvent, c'est quand on fait un pas de côté que ce qui était sous nos yeux devient alors évident. Et pour le coup, nous saute aux yeux. Pour France, il s'agit de l'ampleur de la crise écologique. Il cherche à combler son retard. et se met en quête de littérature scientifique sur la façon dont les organisations s'emparent du sujet. Rien. Il n'existe absolument rien au niveau scientifique pour aider la corporate governance à prendre à bras le corps la transition écologique d'un point de vue organisationnel ou économique. Aucune proposition pour avancer. Aucune véritable solution en dehors des phrases toutes faites. Franz retourne donc aux sources pour étudier la nature même des relations entre l'être humain et le vivant. C'est auprès du grand anthropologue Philippe Descola au Collège de France, entre 2017 et 2019, que Franz se forge ses premières intuitions, à partir desquelles il propose une approche innovante pour la gouvernance des entreprises, celle d'inclure une représentation de la nature dans les instances dirigeantes des entreprises. Il nous explique aujourd'hui en quoi cette approche consiste. Bonjour Franz.

  • Speaker #0

    Bonjour Bérangère.

  • Speaker #1

    Merci de venir nous parler de la nature au travail, qui est à la fois... une thèse que tu proposes et l'intitulée de ton livre. Pourrais-tu nous raconter comment tu en es arrivé à proposer un changement de paradigme dans notre façon de considérer la nature tout court et plus particulièrement la nature au travail ?

  • Speaker #0

    Vaste question pour commencer. Comment j'en suis arrivé à cette proposition qui consiste à... Tu l'as citée dans ton introduction, Philippe Descola a joué un rôle majeur dans ma sensibilisation et dans la façon dont j'ai considéré la... compris la crise écologique, qui n'est pas pour moi forcément une crise de nos business models, qui n'est pas forcément une crise de nos lois, mais qui est une crise d'ontologie, d'axiologie, une crise beaucoup plus profonde. Et qu'est-ce que je veux dire par là ? C'est qu'au fond, le problème, c'est qu'on sacralise les humains d'un côté, ce sont les humains qui ont des droits, ce sont les humains qui ont tous les droits, j'ai envie de dire, et tout le reste, les non-humains, la nature. n'ont pas de droits. Ce ne sont pas des personnes, juridiquement. Ce sont des choses, des choses qui sont régies par le régime de la propriété, par le régime de la matière première, de la ressource, de la marchandise. C'est comme ça que je me suis dit si on change le statut de la nature, qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas le seul à proposer de changer le statut de la nature. Philippe Descola, évidemment, en fait partie, mais on a beaucoup de juristes en France qui militent pour que le Rhône, pour que tel fleuve... de telle rivière ou telle forêt est un vrai statut juridique. Donc très bien, mais ça veut dire quoi concrètement demain pour les entreprises ? Et c'est là où effectivement il n'y avait aucune réponse à cette question, aucun bouquin. Donc je me suis lancé en disant, repensons l'entreprise avec une nature qui a des droits.

  • Speaker #1

    Alors dans ton livre, tu proposes trois scénarios. Quels sont-ils ?

  • Speaker #0

    Alors trois scénarios, pourquoi trois scénarios ? Avant de rentrer dans le détail et sans vouloir fatiguer d'emblée les lecteurs, mais en fait, la nature au travail, ça veut tout dire et rien dire. La nature en particulier désigne au fond l'univers. Quand on dit nature, on dit certes les arbres, les forêts, les fleuves, mais on dit aussi protozoaires. Poireau, nature, ça veut dire étoile, espace, trou noir, tout ça c'est la nature. Donc il faut avant toute chose préciser de quoi on parle. Et donc mes trois scénarios s'intéressent à certaines entités naturelles en particulier et pas la nature en général. Et en fonction de à quoi on s'intéresse, ça donne lieu à différentes façons d'envisager notre relation de travail avec ces entités naturelles. Voilà pour la petite précaution. Alors les trois scénarios, quels sont-ils ? Le premier, c'est un scénario qui consiste à s'intéresser au sort des organismes, des êtres vivants, des chiens, des Ausha, des chevaux qui travaillent dans les cirques, des vaches qui produisent du lait. Et ma proposition consiste à dire, en fait, ces êtres vivants qui collaborent avec nous, il faudrait peut-être les considérer comme des salariés. Aujourd'hui, ce sont des esclaves. Ma proposition, c'est de dire, est-ce qu'il ne faut pas les considérer comme salariés ou à minima leur proposer une représentation syndicale pour que les syndicats puissent défendre le bien-être de ces organismes pour défendre, demander des droits et veiller à la bonne application de ces droits. Donc, premier scénario, c'est nature syndiquée. Le deuxième scénario consiste à s'intéresser non pas au sort des êtres vivants, mais au sort des écosystèmes. Alors, est-ce qu'on peut... On parle d'un écosystème local, du système Terre, des neuf limites planétaires. Ça reste à préciser. On pourra en discuter ultérieurement si tu veux. Mais en tout cas, c'est un grand système qu'on appelle nature, qu'on appelle planète et que je propose de considérer cette fois-ci non plus comme salarié, mais comme partie prenante. Alors partie prenante, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut représenter, partons sur la planète, il faut représenter la planète dans la gouvernance d'entreprise et plus particulièrement là où sont prises les décisions, c'est-à-dire au niveau du comité. exécutif. Néanmoins, c'est pas suffisant. C'est pas suffisant parce que au fond, quand on parle de système, c'est un peu des généralités. Quand on parle de système Terre, en fait, on s'intéresse généralement surtout aux humains et aux générations futures, et pas tant que ça à la planète. Et donc, ce deuxième scénario, un certain nombre d'insuffisances qui m'amènent au troisième et dernier scénario. Qui consiste en quoi ? Qui consiste déjà à s'intéresser à une troisième entité naturelle intermédiaire. On n'est plus dans l'infiniment petit du poireau, on n'est pas dans l'infiniment grand du système Terre, on est sur une dimension intermédiaire. Une dimension intermédiaire qui est ce qu'on appellerait communément chez nous un territoire. Mais un territoire pensé sous l'angle d'une communauté réunissant des humains, des non-humains, un peu comme une famille qui serait soudée et interdépendante. Et, j'en termine là, ma proposition cette fois-ci, c'est de dire que, comme avec une famille, on ne possède pas sa famille. Déranger un... tu ne possèdes pas ta famille, tu appartiens à ta famille, eh bien, je propose de faire la même chose pour la relation entre entreprise et nature. L'entreprise ne possède pas la nature, c'est la nature qui possède l'entreprise. Et ce troisième scénario consiste donc à faire de la nature l'actionnaire des entreprises et inverser le rapport de pouvoir et de force entre les deux. Alors,

  • Speaker #1

    il y a aujourd'hui une entreprise pilote sur l'avancée que tu proposes, c'est Norcis. Peux-tu nous présenter cette entreprise avant-gardiste et son dirigeant ?

  • Speaker #0

    Norcis est une entreprise de services numériques créée il y a plus d'une vingtaine d'années, qui a été précurseur sur bien des sujets. Et la raison, c'est que son fondateur, son dirigeant s'appelle Sylvain Brezard, qui était anciennement président de Greenpeace France. Donc forcément, quand on est passé par Greenpeace et qu'on prend ensuite la direction d'une boîte d'informatique, on voit les choses de façon un peu différente. Norcis a depuis longtemps fait des progrès en matière de diversité. d'inclusion en matière de bilan carbone. Mais lorsque, par hasard, on s'est rencontrés dans une conférence à la CFDT, pour être précis, en juin dernier, je ne connaissais pas Sylvain. Je vois un bonhomme avec une chemise à fleurs, je me dis mais qui c'est ce bonhomme ? Et puis, une fois que j'ai présenté ce que je viens de dire, les scénarios, Sylvain vient me voir en me disant mais c'est génial, il faut tout de suite qu'on en discute. On s'est vu la semaine suivante et puis quelques semaines plus tard. C'était fait. Norcis devenait la première entreprise en France à représenter la nature dans sa gouvernance d'entreprise. Et ce qui est important, et ça, je remercie vivement Sylvain et l'équipe de direction, puisque Sylvain n'est pas seul dirigeant. Il y a Mathilde, il y a aussi Thomas Breuzard, que tu connais peut-être, l'équipe dirigeante, parce qu'en fait, ils ont pris le livre. Et ils se sont dit, les trois scénarios, ils sont canons, on va les appliquer. Donc, ils sont allés loin.

  • Speaker #1

    Et alors, concrètement, quelles sont les instances de Narcisse qui accueillent aujourd'hui la nature ?

  • Speaker #0

    Oulala, on va endormir à nouveau les lecteurs parce qu'elles sont nombreuses. Écoute, comme les trois scénarios sont mis en application, eh bien, on va retrouver la nature au niveau du dialogue social, au niveau des instances exécutives, mais aussi au niveau du conseil d'administration. Dans le détail, ça veut dire que ce n'est pas un seul représentant de la nature qui a été investi. Ce sont huit personnes différentes, huit personnes. À commencer par un représentant de la nature au sein du CSE, l'instance de dialogue social. Un représentant au niveau du comité de mission, un autre au niveau du comité éthique. Je ne vais pas faire la liste entière, sinon vraiment les gens vont s'endormir. Et puis, moi, j'ai en charge plus précisément la représentation de la nature au niveau du comité. conseil d'administration. Un point peut-être, je vois que tu lèves un sourcil, c'est que je n'ai pas cité le comité de direction. Et la raison est la suivante, c'est que on a considéré au fond que les dirigeants opérationnels de l'entreprise étaient suffisamment encerclés de représentants de la nature puisque où qu'ils tournent la tête, ils vont trouver un représentant de la nature et on s'est dit on ne va pas venir compliquer leur travail au quotidien. Il y a déjà suffisamment de représentants de la nature pour garder le bon cap.

  • Speaker #1

    Donc le comité exécutif continue à opérer sur le quotidien et sur le moyen terme.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais en tenant compte d'inputs des représentants de la nature, ces inputs, ça va être par exemple l'input de la nature actionnaire, va donner un cap à ce que doit faire l'entreprise en matière de respect écologique, charge au dirigeant opérationnel d'appliquer ce cap. Le dialogue social va lui aussi alerter, faire remonter. des points, voire négocier des accords qui vont venir compléter le cap de la direction. Et c'est pour ça, je dis, en fait, il y a suffisamment de représentants et d'inputs et de caps pour bien guider les dirigeants.

  • Speaker #1

    Alors, quelles questions vous vous êtes posées pour choisir les instances dans lesquelles la nature serait représentée et la manière dont elle allait opérer ?

  • Speaker #0

    On ne s'est pas trop posé de questions sur le choix des instances, puisque assez naturellement, finalement, on s'est dit, on représente la nature. quasiment dans toutes les instances de gouvernance, à l'exception du comité de direction, comme je viens de le dire. Les questions, par contre, qu'on s'est posées, ça a été un peu plus difficile, c'est de se dire, mais qui représente la nature ? Ça, ça a été plus ardu comme sujet, parce qu'il a fallu tout d'abord se dire, mais de quelle nature on parle ? Parce que je l'ai dit tout à l'heure, la nature, ça veut dire univers, donc de quoi on parle concrètement ? Et ça, il nous a fallu plusieurs semaines, et même, j'ai envie de dire, deux mois, pour... se mettre d'accord sur une définition de la nature pour Nord 6. Et c'est sur base de cette définition de la nature qu'on a ensuite pu lancer un recrutement de représentants de la nature. Mais encore fallait-il faire le lien entre la définition de la nature et puis les personnes, les candidats. Et donc on a fait une fiche de poste. Et dans cette fiche de poste, il a aussi fallu se dire mais quelles compétences on attend exactement pour venir représenter la nature ? Est-ce qu'on attend des militants qui vont faire des grèves de la faim ? Est-ce qu'on attend des gens qui viennent avec des solutions pour faire des progrès ? Est-ce qu'on veut des scientifiques qui vont pouvoir nous expliquer ce qu'est la nature et ses limites ? Voilà, toutes ces questions-là, ça nous a pris à nouveau du temps. Et donc j'ai dit deux mois pour définir tout d'abord notre concept de nature et ensuite deux autres mois pour recruter les représentants de la nature. Et chose qui n'a pas été facile. Si je peux me permettre un exemple sur ce point. On voulait des personnes expertes des neuf limites planétaires, c'est-à-dire simultanément experts sur l'acidification des océans, la biodiversité, le réchauffement et j'en passe. Et bien en fait, figure-toi qu'on n'en a pas trouvé en France. Très rares sont les personnes que tout le monde parle des neuf limites planétaires. C'est désormais presque dans le langage courant, mais trouver quelqu'un qui est expert sur les neuf limites, ça n'existe quasiment pas.

  • Speaker #1

    La première assemblée générale avec la nature. a eu lieu le 12 février. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est précisément, non pas une Assemblée générale, mais un Haut Conseil pour la nature. Alors, qu'est-ce que c'est que cette affaire ? Eh bien, ce sont les fameux huit représentants et représentantes de la nature que l'on réunit pour prendre des décisions collectives. C'est un point important parce que, et je vais ensuite rentrer dans le détail de qu'est-ce qu'on s'est dit, mais c'est un point important parce que, en fait, le risque serait que quelqu'un parte en freelance, en quelque sorte, et se dise la nature c'est moi. Et le plus grand risque est notamment par rapport à mon rôle. Parce qu'en tant que nature actionnaire, représentant de la nature, je dispose d'un droit de vote au conseil d'administration, mais aussi d'un droit de veto. Et imagine le risque que c'est si c'est... Ma seule personne qui use de ce droit de veto au nom de la nature, ça veut dire quoi ? Un matin où je suis mal réveillé, où j'ai fait la fête la veille, je mets mon droit de veto et ça a des impacts sur le business de l'entreprise, ça peut avoir des impacts sur l'emploi. Donc ça, c'est le gros point d'attention sur lequel on a souhaité travailler et valider avec les huit représentantes de la nature réunies le 12 février. On leur a dit vous êtes désormais dans différentes instances pour représenter la nature. mais êtes-vous d'accord sur cette proposition ? Ce n'est pas vous la nature, c'est nous le Haut Conseil, c'est nous les huit personnes qui, dès qu'il y a un sujet nature, on le met sur la table, on en discute ensemble, avant d'aller prendre position dans telle ou telle instance, et notamment au Conseil d'administration. Donc ça, c'était un premier sujet qui a été abordé. Et le deuxième sujet, ça a été de se dire, bon, la définition de la nature chez Narcisse, ça a été donc les neuf limites planétaires. pas trouvé d'experts sur les neufs mais on a trouvé des experts sur telle ou telle limite, est-on d'accord pour lancer un diagnostic ? Norseys fait son diagnostic carbone, une limite, mais il y en a encore huit autres de limites. Est-on d'accord pour lancer un diagnostic sur ces neuf limites et si oui lequel ? Donc évidemment le Haut Conseil pour la nature est tout à fait d'accord et la nouvelle surprise dans l'histoire c'est que on se rend compte que ça n'existe pas un diagnostic neuf limites planétaires. Il existe un diagnostic carbone, il existe un diagnostic biodiversité, il existe des diagnostics sectoriels, mais un diagnostic neuf limites, en fait, il n'y a pas d'outil. Ça n'existe pas. Et donc, tu vois, toutes les surprises, trouver un expert neuf limites, ça n'existe pas. Trouver un diagnostic, ça n'existe pas. Donc, on avance. Et puis, voilà, là, avec ces autres représentants, on cherche des solutions pour avancer sur le diagnostic.

  • Speaker #1

    Alors, bon courage, parce que là encore, vous êtes précurseur. Un petit peu comme sur la considération qu'on doit donner à la nature dans nos modes de vie, où rien n'existait avant que tu n'écrives le livre. Maintenant, pour revenir aux aspects juridiques de comment ça s'organise, la nature au Borde. Comment vous avez géré ça ? Sous quelle forme juridique vous avez permis à la nature d'accéder au Borde de Narcisse ?

  • Speaker #0

    C'est à la fois facile et difficile. C'est difficile parce que, je le disais en introduction, c'est une situation... Dans le droit moderne, la nature est une chose juridiquement parlant. Ça veut dire que la nature ne peut pas être une personne juridique, ne peut pas acheter des actions, ne peut pas détenir du capital, ne peut pas avoir un compte en banque, la nature ne peut pas lancer un procès. Ça n'existe pas. Il y a une exception quand même qui est en Nouvelle-Zélande, ce fleuve, le Wanganui, qui est devenu une personne juridique et qui peut faire tout ce que je viens de décrire. Mais à l'exception de ce fleuve, donc comment faire en sorte comme chez Norcis que la nature devienne actionnaire, techniquement, ce n'est pas possible. Il a donc fallu trouver des solutions. Et la solution qu'on a trouvée, c'est de se dire on utilise une fondation d'intérêt général, fondation dont la mission sera donc d'agir au bénéfice de la nature. Et cette action au bénéfice de la nature consiste notamment, mais pas que, à être actionnaire de l'entreprise Norcis. Donc c'est comme ça que le montage juridique, et c'est ce qu'on voit se dessiner dans d'autres cas dont on pourra peut-être parler, mais je pense au cas de Patagonia par exemple, c'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonia. Donc ça c'est le point difficile et facile parce que finalement il suffit entre guillemets de créer une fondation même si c'est pas accessible, c'est pas comme créer une association, une fondation c'est un peu plus lourd. Pour les autres représentants, en fait, il n'y a aucune difficulté, puisqu'il suffit, pour la faire courte, de rajouter une chaise au comité de mission, au CSE ou au comité Z, pour que la nature devienne représentante. Là, c'est beaucoup plus simple.

  • Speaker #1

    Et qui détient les actions au final ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aurais bien aimé que ce soit moi, mais non, c'est la nature. Les actions, les 10% du capital dont on parle ici, sont détenus par une fondation. Une fondation d'intérêt général, c'est-à-dire que les dividendes, par exemple, sont utilisés non pas pour un actionnaire, pour une villa en Corse ou ailleurs, mais sont utilisés pour être redistribués au bénéfice de la nature. Ça, c'est pour la détention des droits économiques. Et la fondation détient aussi les droits de vote et de veto, mais elle les délègue. aux représentants de la nature que je suis.

  • Speaker #1

    Selon toi, quelle serait la faisabilité d'un tel dispositif dans une entreprise cotée ?

  • Speaker #0

    Dans une entreprise cotée, les choses sont plus compliquées parce que pour céder une part du capital à la nature, ou d'ailleurs à toute autre cause, ça pourrait être à la société, aux générations futures, ou à toute cause d'intérêt général, il faut avoir la maîtrise de son capital. Chez Norcis... La famille Brezard, dont Sylvain, ont la maîtrise du capital et ont pu se dire, eh bien, ok, on délègue 10%, on cède 10% du capital à la nature. Dans une entreprise cotée, dont les actions se comptent par milliers, par millions, sont tradées chaque jour en bourse, évidemment, on n'a pas la maîtrise de ce capital. Donc ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire faire une... opération un peu délicate et spéciale, mais là je ne suis pas juriste de droit des sociétés, donc je ne vais pas trop m'avancer, mais qui consisterait à faire une augmentation de capital, par exemple, de créer de nouvelles actions, mais des actions spéciales qu'on donnerait à la nature. J'ai un petit doute sur le fait que ça plaise aux millions de porteurs d'actions, si on imagine faire ça chez Total, je ne suis pas sûr que ça plaise beaucoup à l'actionnariat de Total. Total, quand on voit comment ça se passe déjà, quand Extinction Rebellion se met sur le chemin des actionnaires de Total, tu sais, ça gronde. Alors, imaginez que Total cède 10% de son capital à la nature. C'est plutôt en l'an 2250 que ça pourra arriver, si Total existe toujours.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est pas la seule entreprise cotée, remarque.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On peut avoir de l'espoir pour d'autres.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, si je puis me permettre un complément, prenons Veolia. Je pense que Veolia, elles sont... est une entreprise cotée. Et au sein de leur conseil d'administration, ils ont une dame qui s'appelle Julia Martin-Lefebvre, qui est l'ancienne directrice de l'Union internationale de conservation de la nature. Alors, elle n'a pas été nominée à ce conseil d'administration en tant que représentante de la nature telle qu'elle, mais du fait de son background, et de sa simple présence, elle porte quand même la voix de l'écologie et de la nature. Donc, au fond, elle est une personne Veolia, c'est une énorme entreprise cotée et on voit que là, quand même, il n'y a pas eu cession de capital. La nature n'est pas devenue actionnaire, mais la nature est quand même devenue, si on accepte ce que je viens de raconter, administratrice d'un groupe du CAC 40.

  • Speaker #1

    Belle histoire, merci de la partager. Quelles sont les prochaines étapes avec Norciste à parler de faire un diagnostic, un audit sur les neuf limites planétaires ? Est-ce qu'il y a autre chose en menu ?

  • Speaker #0

    C'est la priorité absolue pendant les prochaines semaines et les prochains mois parce que pour... Pour pouvoir prendre des décisions sur ce qu'il faudrait faire, corriger, on a besoin d'un diagnostic. Plusieurs sujets sont sur la table, mais ce sont des pressentiments à ce stade et non pas des décisions. Je parle en mon nom et non pas au nom du Haut Conseil pour la Nature dont on a parlé tout à l'heure. Les pressentiments, c'est tout d'abord la question du choix des clients. Est-ce que les clients pour qui travaille Norcis sont tous respectueux de la nature ou pas ? Un deuxième sujet va toucher à ce qu'on appelle le numérique responsable. Or, si c'est déjà très exemplaire en matière de numérique responsable, tu sais, frugalité, des lignes de code, interface simple pour consommer moins d'énergie. Est-ce qu'on peut aller plus loin ou pas ? C'est un sujet qu'on va creuser. Et puis, le troisième et dernier exemple que je peux donner, c'est une pensée à plus long terme. Parce que ce que je viens de dire là, c'est du court terme. Les clients, la façon dont on... pense une application informatique. Mais l'informatique, au fond, ça reste des métaux lourds, des plastiques, des serveurs dans des zones froides, des mines dans des pays comme le Chili, la Bolivie, et tout ça, c'est problématique. Mais ce n'est pas le problème de Norcisse, c'est le problème de la filière numérique. Et donc, j'aimerais bien ouvrir une réflexion sur comment Norcisse peut, à long terme, à horizon 10 ans, 15 ans, imaginer faire évoluer son métier, pour être moins lié au fond à ces dégâts du numérique dont je viens de parler.

  • Speaker #1

    Est-ce que d'autres entreprises t'ont contacté ?

  • Speaker #0

    Oui, beaucoup. Et c'est pour ça que j'ai un peu des cernes. C'est que j'ai énormément de rendez-vous, de marques d'intérêt, va-t-on dire. Quant à la question de savoir si toutes ces marques d'intérêt vont aboutir à des actions, c'est évidemment une autre affaire. Mais j'ai une quinzaine de dossiers sur la table dont, figure-toi, beaucoup d'entreprises qui m'ont contacté, non pas seulement pour avoir un joli représentant de la nature autour de la table, mais des entreprises qui me disent « on adore l'idée de partager notre capital avec la nature, on veut faire pareil » . Donc ça, j'en suis extrêmement heureux et ravi parce que c'est vraiment le scénario maximal que de partager. partager son capital, de donner un vrai pouvoir à la nature. La difficulté, c'est que pour beaucoup d'entreprises, elles n'ont pas les moyens de créer une fondation dédiée à la nature, parce que juridiquement, ça coûte de l'argent, parce qu'il faut apporter une première dotation, et tous ces frais cumulés font que ce n'est pas forcément une solution accessible à tout le monde. Et donc j'ai pour projet de créer une fondation dont la mission sera de... de prendre des participations à droite à gauche et de donc représenter la nature dans différentes entreprises. Et pour compléter la réponse à ta question de tout à l'heure sur les entreprises cotées, dans mes rêves les plus fous, j'imagine que cette fondation va bien fonctionner, aura les moyens ensuite d'aller acheter des actions totales ou autres et ainsi aller porter la voix de la nature dans les assemblées générales de ces entreprises cotées.

  • Speaker #1

    Super idée, c'est une super idée. Quels sont tes conseils au-delà de la fondation ? Quels sont tes conseils aujourd'hui pour mettre en œuvre une telle gouvernance pour une entreprise qui veut avancer sur le pas et rejoindre une autre relation avec la nature ?

  • Speaker #0

    Peut-être dire à nos auditeurs que c'est somme toute assez facile. Il y a des défis, mais c'est faisable. Il y a quelques années, on rigolait encore quand je proposais de nommer la nature au comité de direction ou d'administration. On disait c'est pas possible, c'est pas faisable. Bon bah si c'est faisable et... finalement, c'est pas si compliqué que ça. Mais il faut quand même se poser un certain nombre de questions. De quelle nature on parle ? Quels sont les pouvoirs qu'on donne à la nature ? Comment on fait juridiquement, etc. Donc, pour les auditeurs qui souhaiteraient en savoir plus, je recommande évidemment l'excellent livre dont le titre est La nature au travail. C'est une blague. Enfin, si, il est bien le livre, je crois.

  • Speaker #1

    Il est très bien le livre et je le mettrais dans les notes du podcast.

  • Speaker #0

    Mais par-delà le livre... eh bien, évidemment, me contacter pour en discuter, pour voir un petit peu comment les questions de méthodologie peuvent être mises en place. Pour info, en l'espace de deux ou trois mois, c'est quelque chose qui peut se faire. Chez Norcis, on a voulu aller très, très loin sur plusieurs scénarios, sur plusieurs registres. Donc, ça nous a plutôt pris quatre ou cinq mois. Mais si on ne prend qu'un seul scénario, ça peut se faire en l'espace d'un ou deux mois.

  • Speaker #1

    Pour finir, Franz, j'aime bien depuis quelque temps que mon invité partage. Le message qu'il voudrait transmettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui écoutent le podcast, quel serait le tien ?

  • Speaker #0

    Eh bien, j'aimerais reprendre l'anecdote que j'évoquais à l'instant, qui est de dire que quand j'ai commencé à travailler sur le sujet, les gens rigolaient. Les gens rigolaient, et notamment des proches me disaient « Ah Franz, c'était vraiment rigolo, tu veux mettre le poireau au comité de direction ? » Et puis c'est devenu le running gag, j'étais « Monsieur Poireau au comité de direction » . Et euh... Les gens m'ont soutenu, puis ont arrêté de me soutenir parce qu'ils se disaient non mais c'est trop fou comme projet et puis ça demande trop de temps parce que c'est vrai j'ai mis 4 ans à écrire mon bouquin. Mais finalement j'y suis arrivé. J'y suis arrivé, alors je veux pas la jouer self-made man à l'américaine, c'est pas mon propos. Mon propos c'est de dire il est encore possible dans ce monde qui est parfois un peu ténébreux, il est encore possible de rêver et de changer les choses. Cette histoire de nature au travail et notamment chez Narcisse, eh bien nous montre... que l'on peut rêver d'une gouvernance d'entreprise qui soit différente et que c'est tout à fait possible de le mettre en place. Croyez, chers éditeurs, à vos idées les plus folles et essayez d'avancer malgré contre vents et marées, ça peut fonctionner.

  • Speaker #1

    Merci pour cet entretien et cette note d'optimisme.

  • Speaker #0

    Merci à toi Bérangère pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et à bientôt j'espère pour la suite des aventures qui sont passionnantes.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra qu'on se revoie pour faire un point. Est-ce que vraiment j'ai été un bon représentant de la nature chez Narcisse ou est-ce que je me suis levé du mauvais pied ? On en reparle dans un an.

  • Speaker #1

    C'est la fin de cet épisode de Dinosapiens. Moi, j'ai été éblouie par cette idée que l'on puisse questionner notre relation au vivant en l'invitant dans notre monde. Je vous recommande d'aller faire un tour sur le site de Narcisse que je vous mets dans les notes de podcast. Dans les pages Qui sommes-nous ? Vous trouverez leurs raisons d'être et leurs visions haut de gamme. Il y a de quoi s'inspirer vraiment. Je vous retrouve très vite pour un prochain épisode. Pour ne pas le rater, abonnez-vous et activez la cloche sur votre plateforme. Et d'ici là, évitons l'extinction !

Description

Avec Frantz Gault, Administrateur et Auteur 🌳


🎙️ Dans cet épisode, nous découvrons une façon totalement inédite de considérer la Nature, et de l'inviter dans la gouvernance de l'entreprise pour accélérer la transformation environnementale. 🌱

Frantz Gault nous emmène dans la construction de son raisonnement qui l'a amené à écrire son dernier livre. Il nous détaille avec quelle matière première et comment il a développé cette approche: La nature au travail. 🔥


  • Saviez-vous qu'en Nouvelle Zélande, il existe un fleuve qui a des droits juridiques?

  • Comment verrions nous les vaches laitières si elles étaient syndiquées?

  • Et quid de confier des actions à la nature afin de lui laisser un droit de vote au bord / assemblée générale des entreprises?


Embarquez avec nous pour écouter ce sur quoi une une entreprise française de technologie, Norsys, pionnière en matière d'écologie, a décidé d'implémenter pour sa gouvernance, grâce à Frantz. Et comment Frantz, représentant de la Nature, organise son intervention.


La Nature au travail, une façon innovante de considérer la transition écologique.

🎙️ Evitons l'extinction! 🦕


Les références citées dans l'épisode



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Merci à Rebecca Ibghi du studio Make my Day by Lonsdale

Merci à Emilie Proyart pour la mise en relation avec Frantz

En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonien.

  • Speaker #1

    Dino Sapiens, c'est le podcast sur la transformation des organisations. Transformer, ce n'est pas anodin, car si vous pensez qu'il suffit de décider de faire différemment, eh bien il risque de ne pas se passer grand-chose. Je vous parle ici de comment transformer votre organisation et comment emmener les équipes dans cette aventure que toutes les entités professionnelles traversent aujourd'hui. qu'il s'agisse d'intelligence artificielle, d'environnement, de diversité, de digital, d'acquisition de LBO, ces changements qui ne sont pas clairs au départ, ils créent de l'incertitude et des peurs. Je vous invite ici à prendre du recul et à réfléchir sur la transformation en y ajoutant un ingrédient indispensable, celui de la dynamique humaine, celle qui va vous permettre de mieux gérer les transitions et de le faire dans une énergie positive avec enthousiasme. Alors ici, j'invite des experts dans leur domaine à parler de leur vécu, de leur expérience, mais aussi de leur valeur et de leur méthode. Et je complète par des apports personnels pour vous faire réagir et agir dans le bon sens. Embarquez avec moi sur Dinosapiens et ensemble, évitons l'extinction. Qui aurait pu prédire avant la pandémie de Covid que le télétravail prendrait l'essor qu'on lui connaît aujourd'hui ? Pourtant, en 2010 déjà, Franz Gau avait anticipé le changement radical des habitudes de travail. Dix ans plus tard, il est encore précurseur, ses travaux l'amènent à proposer les bases d'une nouvelle gouvernance en entreprise pour accélérer la transition écologique. Aujourd'hui, grâce à Émilie Proyard que vous avez découvert dans le dixième épisode du podcast, j'ai l'immense honneur de recevoir Franz Gau, auteur de « La nature au travail » aux éditions Canto. Ce livre est le fruit de plusieurs années d'une réflexion à la fois philosophique et anthropologique, ainsi que d'un travail de recherche qui a démarré en 2020. Le background initial de France Go est pluridisciplinaire grâce à la formation de sociologie des organisations que propose Sciences Po. Sa première expérience en entreprise l'amène d'ailleurs à réorganiser les filiales à l'international du groupe Accor. Puis devenu consultant, il bifurque ensuite en 2010 vers un parcours entrepreneurial et il œuvre sur la mise en œuvre du télétravail. Son action le mène à collaborer tant avec de grands groupes internationaux qu'avec le législateur pour les lois de 2017. Lorsque le sujet du télétravail prend une dimension économique très forte, France recherche un autre sujet de société sur lequel se pencher. On est en 2020. Comme souvent, c'est quand on fait un pas de côté que ce qui était sous nos yeux devient alors évident. Et pour le coup, nous saute aux yeux. Pour France, il s'agit de l'ampleur de la crise écologique. Il cherche à combler son retard. et se met en quête de littérature scientifique sur la façon dont les organisations s'emparent du sujet. Rien. Il n'existe absolument rien au niveau scientifique pour aider la corporate governance à prendre à bras le corps la transition écologique d'un point de vue organisationnel ou économique. Aucune proposition pour avancer. Aucune véritable solution en dehors des phrases toutes faites. Franz retourne donc aux sources pour étudier la nature même des relations entre l'être humain et le vivant. C'est auprès du grand anthropologue Philippe Descola au Collège de France, entre 2017 et 2019, que Franz se forge ses premières intuitions, à partir desquelles il propose une approche innovante pour la gouvernance des entreprises, celle d'inclure une représentation de la nature dans les instances dirigeantes des entreprises. Il nous explique aujourd'hui en quoi cette approche consiste. Bonjour Franz.

  • Speaker #0

    Bonjour Bérangère.

  • Speaker #1

    Merci de venir nous parler de la nature au travail, qui est à la fois... une thèse que tu proposes et l'intitulée de ton livre. Pourrais-tu nous raconter comment tu en es arrivé à proposer un changement de paradigme dans notre façon de considérer la nature tout court et plus particulièrement la nature au travail ?

  • Speaker #0

    Vaste question pour commencer. Comment j'en suis arrivé à cette proposition qui consiste à... Tu l'as citée dans ton introduction, Philippe Descola a joué un rôle majeur dans ma sensibilisation et dans la façon dont j'ai considéré la... compris la crise écologique, qui n'est pas pour moi forcément une crise de nos business models, qui n'est pas forcément une crise de nos lois, mais qui est une crise d'ontologie, d'axiologie, une crise beaucoup plus profonde. Et qu'est-ce que je veux dire par là ? C'est qu'au fond, le problème, c'est qu'on sacralise les humains d'un côté, ce sont les humains qui ont des droits, ce sont les humains qui ont tous les droits, j'ai envie de dire, et tout le reste, les non-humains, la nature. n'ont pas de droits. Ce ne sont pas des personnes, juridiquement. Ce sont des choses, des choses qui sont régies par le régime de la propriété, par le régime de la matière première, de la ressource, de la marchandise. C'est comme ça que je me suis dit si on change le statut de la nature, qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas le seul à proposer de changer le statut de la nature. Philippe Descola, évidemment, en fait partie, mais on a beaucoup de juristes en France qui militent pour que le Rhône, pour que tel fleuve... de telle rivière ou telle forêt est un vrai statut juridique. Donc très bien, mais ça veut dire quoi concrètement demain pour les entreprises ? Et c'est là où effectivement il n'y avait aucune réponse à cette question, aucun bouquin. Donc je me suis lancé en disant, repensons l'entreprise avec une nature qui a des droits.

  • Speaker #1

    Alors dans ton livre, tu proposes trois scénarios. Quels sont-ils ?

  • Speaker #0

    Alors trois scénarios, pourquoi trois scénarios ? Avant de rentrer dans le détail et sans vouloir fatiguer d'emblée les lecteurs, mais en fait, la nature au travail, ça veut tout dire et rien dire. La nature en particulier désigne au fond l'univers. Quand on dit nature, on dit certes les arbres, les forêts, les fleuves, mais on dit aussi protozoaires. Poireau, nature, ça veut dire étoile, espace, trou noir, tout ça c'est la nature. Donc il faut avant toute chose préciser de quoi on parle. Et donc mes trois scénarios s'intéressent à certaines entités naturelles en particulier et pas la nature en général. Et en fonction de à quoi on s'intéresse, ça donne lieu à différentes façons d'envisager notre relation de travail avec ces entités naturelles. Voilà pour la petite précaution. Alors les trois scénarios, quels sont-ils ? Le premier, c'est un scénario qui consiste à s'intéresser au sort des organismes, des êtres vivants, des chiens, des Ausha, des chevaux qui travaillent dans les cirques, des vaches qui produisent du lait. Et ma proposition consiste à dire, en fait, ces êtres vivants qui collaborent avec nous, il faudrait peut-être les considérer comme des salariés. Aujourd'hui, ce sont des esclaves. Ma proposition, c'est de dire, est-ce qu'il ne faut pas les considérer comme salariés ou à minima leur proposer une représentation syndicale pour que les syndicats puissent défendre le bien-être de ces organismes pour défendre, demander des droits et veiller à la bonne application de ces droits. Donc, premier scénario, c'est nature syndiquée. Le deuxième scénario consiste à s'intéresser non pas au sort des êtres vivants, mais au sort des écosystèmes. Alors, est-ce qu'on peut... On parle d'un écosystème local, du système Terre, des neuf limites planétaires. Ça reste à préciser. On pourra en discuter ultérieurement si tu veux. Mais en tout cas, c'est un grand système qu'on appelle nature, qu'on appelle planète et que je propose de considérer cette fois-ci non plus comme salarié, mais comme partie prenante. Alors partie prenante, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut représenter, partons sur la planète, il faut représenter la planète dans la gouvernance d'entreprise et plus particulièrement là où sont prises les décisions, c'est-à-dire au niveau du comité. exécutif. Néanmoins, c'est pas suffisant. C'est pas suffisant parce que au fond, quand on parle de système, c'est un peu des généralités. Quand on parle de système Terre, en fait, on s'intéresse généralement surtout aux humains et aux générations futures, et pas tant que ça à la planète. Et donc, ce deuxième scénario, un certain nombre d'insuffisances qui m'amènent au troisième et dernier scénario. Qui consiste en quoi ? Qui consiste déjà à s'intéresser à une troisième entité naturelle intermédiaire. On n'est plus dans l'infiniment petit du poireau, on n'est pas dans l'infiniment grand du système Terre, on est sur une dimension intermédiaire. Une dimension intermédiaire qui est ce qu'on appellerait communément chez nous un territoire. Mais un territoire pensé sous l'angle d'une communauté réunissant des humains, des non-humains, un peu comme une famille qui serait soudée et interdépendante. Et, j'en termine là, ma proposition cette fois-ci, c'est de dire que, comme avec une famille, on ne possède pas sa famille. Déranger un... tu ne possèdes pas ta famille, tu appartiens à ta famille, eh bien, je propose de faire la même chose pour la relation entre entreprise et nature. L'entreprise ne possède pas la nature, c'est la nature qui possède l'entreprise. Et ce troisième scénario consiste donc à faire de la nature l'actionnaire des entreprises et inverser le rapport de pouvoir et de force entre les deux. Alors,

  • Speaker #1

    il y a aujourd'hui une entreprise pilote sur l'avancée que tu proposes, c'est Norcis. Peux-tu nous présenter cette entreprise avant-gardiste et son dirigeant ?

  • Speaker #0

    Norcis est une entreprise de services numériques créée il y a plus d'une vingtaine d'années, qui a été précurseur sur bien des sujets. Et la raison, c'est que son fondateur, son dirigeant s'appelle Sylvain Brezard, qui était anciennement président de Greenpeace France. Donc forcément, quand on est passé par Greenpeace et qu'on prend ensuite la direction d'une boîte d'informatique, on voit les choses de façon un peu différente. Norcis a depuis longtemps fait des progrès en matière de diversité. d'inclusion en matière de bilan carbone. Mais lorsque, par hasard, on s'est rencontrés dans une conférence à la CFDT, pour être précis, en juin dernier, je ne connaissais pas Sylvain. Je vois un bonhomme avec une chemise à fleurs, je me dis mais qui c'est ce bonhomme ? Et puis, une fois que j'ai présenté ce que je viens de dire, les scénarios, Sylvain vient me voir en me disant mais c'est génial, il faut tout de suite qu'on en discute. On s'est vu la semaine suivante et puis quelques semaines plus tard. C'était fait. Norcis devenait la première entreprise en France à représenter la nature dans sa gouvernance d'entreprise. Et ce qui est important, et ça, je remercie vivement Sylvain et l'équipe de direction, puisque Sylvain n'est pas seul dirigeant. Il y a Mathilde, il y a aussi Thomas Breuzard, que tu connais peut-être, l'équipe dirigeante, parce qu'en fait, ils ont pris le livre. Et ils se sont dit, les trois scénarios, ils sont canons, on va les appliquer. Donc, ils sont allés loin.

  • Speaker #1

    Et alors, concrètement, quelles sont les instances de Narcisse qui accueillent aujourd'hui la nature ?

  • Speaker #0

    Oulala, on va endormir à nouveau les lecteurs parce qu'elles sont nombreuses. Écoute, comme les trois scénarios sont mis en application, eh bien, on va retrouver la nature au niveau du dialogue social, au niveau des instances exécutives, mais aussi au niveau du conseil d'administration. Dans le détail, ça veut dire que ce n'est pas un seul représentant de la nature qui a été investi. Ce sont huit personnes différentes, huit personnes. À commencer par un représentant de la nature au sein du CSE, l'instance de dialogue social. Un représentant au niveau du comité de mission, un autre au niveau du comité éthique. Je ne vais pas faire la liste entière, sinon vraiment les gens vont s'endormir. Et puis, moi, j'ai en charge plus précisément la représentation de la nature au niveau du comité. conseil d'administration. Un point peut-être, je vois que tu lèves un sourcil, c'est que je n'ai pas cité le comité de direction. Et la raison est la suivante, c'est que on a considéré au fond que les dirigeants opérationnels de l'entreprise étaient suffisamment encerclés de représentants de la nature puisque où qu'ils tournent la tête, ils vont trouver un représentant de la nature et on s'est dit on ne va pas venir compliquer leur travail au quotidien. Il y a déjà suffisamment de représentants de la nature pour garder le bon cap.

  • Speaker #1

    Donc le comité exécutif continue à opérer sur le quotidien et sur le moyen terme.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais en tenant compte d'inputs des représentants de la nature, ces inputs, ça va être par exemple l'input de la nature actionnaire, va donner un cap à ce que doit faire l'entreprise en matière de respect écologique, charge au dirigeant opérationnel d'appliquer ce cap. Le dialogue social va lui aussi alerter, faire remonter. des points, voire négocier des accords qui vont venir compléter le cap de la direction. Et c'est pour ça, je dis, en fait, il y a suffisamment de représentants et d'inputs et de caps pour bien guider les dirigeants.

  • Speaker #1

    Alors, quelles questions vous vous êtes posées pour choisir les instances dans lesquelles la nature serait représentée et la manière dont elle allait opérer ?

  • Speaker #0

    On ne s'est pas trop posé de questions sur le choix des instances, puisque assez naturellement, finalement, on s'est dit, on représente la nature. quasiment dans toutes les instances de gouvernance, à l'exception du comité de direction, comme je viens de le dire. Les questions, par contre, qu'on s'est posées, ça a été un peu plus difficile, c'est de se dire, mais qui représente la nature ? Ça, ça a été plus ardu comme sujet, parce qu'il a fallu tout d'abord se dire, mais de quelle nature on parle ? Parce que je l'ai dit tout à l'heure, la nature, ça veut dire univers, donc de quoi on parle concrètement ? Et ça, il nous a fallu plusieurs semaines, et même, j'ai envie de dire, deux mois, pour... se mettre d'accord sur une définition de la nature pour Nord 6. Et c'est sur base de cette définition de la nature qu'on a ensuite pu lancer un recrutement de représentants de la nature. Mais encore fallait-il faire le lien entre la définition de la nature et puis les personnes, les candidats. Et donc on a fait une fiche de poste. Et dans cette fiche de poste, il a aussi fallu se dire mais quelles compétences on attend exactement pour venir représenter la nature ? Est-ce qu'on attend des militants qui vont faire des grèves de la faim ? Est-ce qu'on attend des gens qui viennent avec des solutions pour faire des progrès ? Est-ce qu'on veut des scientifiques qui vont pouvoir nous expliquer ce qu'est la nature et ses limites ? Voilà, toutes ces questions-là, ça nous a pris à nouveau du temps. Et donc j'ai dit deux mois pour définir tout d'abord notre concept de nature et ensuite deux autres mois pour recruter les représentants de la nature. Et chose qui n'a pas été facile. Si je peux me permettre un exemple sur ce point. On voulait des personnes expertes des neuf limites planétaires, c'est-à-dire simultanément experts sur l'acidification des océans, la biodiversité, le réchauffement et j'en passe. Et bien en fait, figure-toi qu'on n'en a pas trouvé en France. Très rares sont les personnes que tout le monde parle des neuf limites planétaires. C'est désormais presque dans le langage courant, mais trouver quelqu'un qui est expert sur les neuf limites, ça n'existe quasiment pas.

  • Speaker #1

    La première assemblée générale avec la nature. a eu lieu le 12 février. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est précisément, non pas une Assemblée générale, mais un Haut Conseil pour la nature. Alors, qu'est-ce que c'est que cette affaire ? Eh bien, ce sont les fameux huit représentants et représentantes de la nature que l'on réunit pour prendre des décisions collectives. C'est un point important parce que, et je vais ensuite rentrer dans le détail de qu'est-ce qu'on s'est dit, mais c'est un point important parce que, en fait, le risque serait que quelqu'un parte en freelance, en quelque sorte, et se dise la nature c'est moi. Et le plus grand risque est notamment par rapport à mon rôle. Parce qu'en tant que nature actionnaire, représentant de la nature, je dispose d'un droit de vote au conseil d'administration, mais aussi d'un droit de veto. Et imagine le risque que c'est si c'est... Ma seule personne qui use de ce droit de veto au nom de la nature, ça veut dire quoi ? Un matin où je suis mal réveillé, où j'ai fait la fête la veille, je mets mon droit de veto et ça a des impacts sur le business de l'entreprise, ça peut avoir des impacts sur l'emploi. Donc ça, c'est le gros point d'attention sur lequel on a souhaité travailler et valider avec les huit représentantes de la nature réunies le 12 février. On leur a dit vous êtes désormais dans différentes instances pour représenter la nature. mais êtes-vous d'accord sur cette proposition ? Ce n'est pas vous la nature, c'est nous le Haut Conseil, c'est nous les huit personnes qui, dès qu'il y a un sujet nature, on le met sur la table, on en discute ensemble, avant d'aller prendre position dans telle ou telle instance, et notamment au Conseil d'administration. Donc ça, c'était un premier sujet qui a été abordé. Et le deuxième sujet, ça a été de se dire, bon, la définition de la nature chez Narcisse, ça a été donc les neuf limites planétaires. pas trouvé d'experts sur les neufs mais on a trouvé des experts sur telle ou telle limite, est-on d'accord pour lancer un diagnostic ? Norseys fait son diagnostic carbone, une limite, mais il y en a encore huit autres de limites. Est-on d'accord pour lancer un diagnostic sur ces neuf limites et si oui lequel ? Donc évidemment le Haut Conseil pour la nature est tout à fait d'accord et la nouvelle surprise dans l'histoire c'est que on se rend compte que ça n'existe pas un diagnostic neuf limites planétaires. Il existe un diagnostic carbone, il existe un diagnostic biodiversité, il existe des diagnostics sectoriels, mais un diagnostic neuf limites, en fait, il n'y a pas d'outil. Ça n'existe pas. Et donc, tu vois, toutes les surprises, trouver un expert neuf limites, ça n'existe pas. Trouver un diagnostic, ça n'existe pas. Donc, on avance. Et puis, voilà, là, avec ces autres représentants, on cherche des solutions pour avancer sur le diagnostic.

  • Speaker #1

    Alors, bon courage, parce que là encore, vous êtes précurseur. Un petit peu comme sur la considération qu'on doit donner à la nature dans nos modes de vie, où rien n'existait avant que tu n'écrives le livre. Maintenant, pour revenir aux aspects juridiques de comment ça s'organise, la nature au Borde. Comment vous avez géré ça ? Sous quelle forme juridique vous avez permis à la nature d'accéder au Borde de Narcisse ?

  • Speaker #0

    C'est à la fois facile et difficile. C'est difficile parce que, je le disais en introduction, c'est une situation... Dans le droit moderne, la nature est une chose juridiquement parlant. Ça veut dire que la nature ne peut pas être une personne juridique, ne peut pas acheter des actions, ne peut pas détenir du capital, ne peut pas avoir un compte en banque, la nature ne peut pas lancer un procès. Ça n'existe pas. Il y a une exception quand même qui est en Nouvelle-Zélande, ce fleuve, le Wanganui, qui est devenu une personne juridique et qui peut faire tout ce que je viens de décrire. Mais à l'exception de ce fleuve, donc comment faire en sorte comme chez Norcis que la nature devienne actionnaire, techniquement, ce n'est pas possible. Il a donc fallu trouver des solutions. Et la solution qu'on a trouvée, c'est de se dire on utilise une fondation d'intérêt général, fondation dont la mission sera donc d'agir au bénéfice de la nature. Et cette action au bénéfice de la nature consiste notamment, mais pas que, à être actionnaire de l'entreprise Norcis. Donc c'est comme ça que le montage juridique, et c'est ce qu'on voit se dessiner dans d'autres cas dont on pourra peut-être parler, mais je pense au cas de Patagonia par exemple, c'est aussi par l'intermédiaire d'une fondation que la nature a pu devenir actionnaire chez Patagonia. Donc ça c'est le point difficile et facile parce que finalement il suffit entre guillemets de créer une fondation même si c'est pas accessible, c'est pas comme créer une association, une fondation c'est un peu plus lourd. Pour les autres représentants, en fait, il n'y a aucune difficulté, puisqu'il suffit, pour la faire courte, de rajouter une chaise au comité de mission, au CSE ou au comité Z, pour que la nature devienne représentante. Là, c'est beaucoup plus simple.

  • Speaker #1

    Et qui détient les actions au final ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aurais bien aimé que ce soit moi, mais non, c'est la nature. Les actions, les 10% du capital dont on parle ici, sont détenus par une fondation. Une fondation d'intérêt général, c'est-à-dire que les dividendes, par exemple, sont utilisés non pas pour un actionnaire, pour une villa en Corse ou ailleurs, mais sont utilisés pour être redistribués au bénéfice de la nature. Ça, c'est pour la détention des droits économiques. Et la fondation détient aussi les droits de vote et de veto, mais elle les délègue. aux représentants de la nature que je suis.

  • Speaker #1

    Selon toi, quelle serait la faisabilité d'un tel dispositif dans une entreprise cotée ?

  • Speaker #0

    Dans une entreprise cotée, les choses sont plus compliquées parce que pour céder une part du capital à la nature, ou d'ailleurs à toute autre cause, ça pourrait être à la société, aux générations futures, ou à toute cause d'intérêt général, il faut avoir la maîtrise de son capital. Chez Norcis... La famille Brezard, dont Sylvain, ont la maîtrise du capital et ont pu se dire, eh bien, ok, on délègue 10%, on cède 10% du capital à la nature. Dans une entreprise cotée, dont les actions se comptent par milliers, par millions, sont tradées chaque jour en bourse, évidemment, on n'a pas la maîtrise de ce capital. Donc ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire faire une... opération un peu délicate et spéciale, mais là je ne suis pas juriste de droit des sociétés, donc je ne vais pas trop m'avancer, mais qui consisterait à faire une augmentation de capital, par exemple, de créer de nouvelles actions, mais des actions spéciales qu'on donnerait à la nature. J'ai un petit doute sur le fait que ça plaise aux millions de porteurs d'actions, si on imagine faire ça chez Total, je ne suis pas sûr que ça plaise beaucoup à l'actionnariat de Total. Total, quand on voit comment ça se passe déjà, quand Extinction Rebellion se met sur le chemin des actionnaires de Total, tu sais, ça gronde. Alors, imaginez que Total cède 10% de son capital à la nature. C'est plutôt en l'an 2250 que ça pourra arriver, si Total existe toujours.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est pas la seule entreprise cotée, remarque.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On peut avoir de l'espoir pour d'autres.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, si je puis me permettre un complément, prenons Veolia. Je pense que Veolia, elles sont... est une entreprise cotée. Et au sein de leur conseil d'administration, ils ont une dame qui s'appelle Julia Martin-Lefebvre, qui est l'ancienne directrice de l'Union internationale de conservation de la nature. Alors, elle n'a pas été nominée à ce conseil d'administration en tant que représentante de la nature telle qu'elle, mais du fait de son background, et de sa simple présence, elle porte quand même la voix de l'écologie et de la nature. Donc, au fond, elle est une personne Veolia, c'est une énorme entreprise cotée et on voit que là, quand même, il n'y a pas eu cession de capital. La nature n'est pas devenue actionnaire, mais la nature est quand même devenue, si on accepte ce que je viens de raconter, administratrice d'un groupe du CAC 40.

  • Speaker #1

    Belle histoire, merci de la partager. Quelles sont les prochaines étapes avec Norciste à parler de faire un diagnostic, un audit sur les neuf limites planétaires ? Est-ce qu'il y a autre chose en menu ?

  • Speaker #0

    C'est la priorité absolue pendant les prochaines semaines et les prochains mois parce que pour... Pour pouvoir prendre des décisions sur ce qu'il faudrait faire, corriger, on a besoin d'un diagnostic. Plusieurs sujets sont sur la table, mais ce sont des pressentiments à ce stade et non pas des décisions. Je parle en mon nom et non pas au nom du Haut Conseil pour la Nature dont on a parlé tout à l'heure. Les pressentiments, c'est tout d'abord la question du choix des clients. Est-ce que les clients pour qui travaille Norcis sont tous respectueux de la nature ou pas ? Un deuxième sujet va toucher à ce qu'on appelle le numérique responsable. Or, si c'est déjà très exemplaire en matière de numérique responsable, tu sais, frugalité, des lignes de code, interface simple pour consommer moins d'énergie. Est-ce qu'on peut aller plus loin ou pas ? C'est un sujet qu'on va creuser. Et puis, le troisième et dernier exemple que je peux donner, c'est une pensée à plus long terme. Parce que ce que je viens de dire là, c'est du court terme. Les clients, la façon dont on... pense une application informatique. Mais l'informatique, au fond, ça reste des métaux lourds, des plastiques, des serveurs dans des zones froides, des mines dans des pays comme le Chili, la Bolivie, et tout ça, c'est problématique. Mais ce n'est pas le problème de Norcisse, c'est le problème de la filière numérique. Et donc, j'aimerais bien ouvrir une réflexion sur comment Norcisse peut, à long terme, à horizon 10 ans, 15 ans, imaginer faire évoluer son métier, pour être moins lié au fond à ces dégâts du numérique dont je viens de parler.

  • Speaker #1

    Est-ce que d'autres entreprises t'ont contacté ?

  • Speaker #0

    Oui, beaucoup. Et c'est pour ça que j'ai un peu des cernes. C'est que j'ai énormément de rendez-vous, de marques d'intérêt, va-t-on dire. Quant à la question de savoir si toutes ces marques d'intérêt vont aboutir à des actions, c'est évidemment une autre affaire. Mais j'ai une quinzaine de dossiers sur la table dont, figure-toi, beaucoup d'entreprises qui m'ont contacté, non pas seulement pour avoir un joli représentant de la nature autour de la table, mais des entreprises qui me disent « on adore l'idée de partager notre capital avec la nature, on veut faire pareil » . Donc ça, j'en suis extrêmement heureux et ravi parce que c'est vraiment le scénario maximal que de partager. partager son capital, de donner un vrai pouvoir à la nature. La difficulté, c'est que pour beaucoup d'entreprises, elles n'ont pas les moyens de créer une fondation dédiée à la nature, parce que juridiquement, ça coûte de l'argent, parce qu'il faut apporter une première dotation, et tous ces frais cumulés font que ce n'est pas forcément une solution accessible à tout le monde. Et donc j'ai pour projet de créer une fondation dont la mission sera de... de prendre des participations à droite à gauche et de donc représenter la nature dans différentes entreprises. Et pour compléter la réponse à ta question de tout à l'heure sur les entreprises cotées, dans mes rêves les plus fous, j'imagine que cette fondation va bien fonctionner, aura les moyens ensuite d'aller acheter des actions totales ou autres et ainsi aller porter la voix de la nature dans les assemblées générales de ces entreprises cotées.

  • Speaker #1

    Super idée, c'est une super idée. Quels sont tes conseils au-delà de la fondation ? Quels sont tes conseils aujourd'hui pour mettre en œuvre une telle gouvernance pour une entreprise qui veut avancer sur le pas et rejoindre une autre relation avec la nature ?

  • Speaker #0

    Peut-être dire à nos auditeurs que c'est somme toute assez facile. Il y a des défis, mais c'est faisable. Il y a quelques années, on rigolait encore quand je proposais de nommer la nature au comité de direction ou d'administration. On disait c'est pas possible, c'est pas faisable. Bon bah si c'est faisable et... finalement, c'est pas si compliqué que ça. Mais il faut quand même se poser un certain nombre de questions. De quelle nature on parle ? Quels sont les pouvoirs qu'on donne à la nature ? Comment on fait juridiquement, etc. Donc, pour les auditeurs qui souhaiteraient en savoir plus, je recommande évidemment l'excellent livre dont le titre est La nature au travail. C'est une blague. Enfin, si, il est bien le livre, je crois.

  • Speaker #1

    Il est très bien le livre et je le mettrais dans les notes du podcast.

  • Speaker #0

    Mais par-delà le livre... eh bien, évidemment, me contacter pour en discuter, pour voir un petit peu comment les questions de méthodologie peuvent être mises en place. Pour info, en l'espace de deux ou trois mois, c'est quelque chose qui peut se faire. Chez Norcis, on a voulu aller très, très loin sur plusieurs scénarios, sur plusieurs registres. Donc, ça nous a plutôt pris quatre ou cinq mois. Mais si on ne prend qu'un seul scénario, ça peut se faire en l'espace d'un ou deux mois.

  • Speaker #1

    Pour finir, Franz, j'aime bien depuis quelque temps que mon invité partage. Le message qu'il voudrait transmettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes qui écoutent le podcast, quel serait le tien ?

  • Speaker #0

    Eh bien, j'aimerais reprendre l'anecdote que j'évoquais à l'instant, qui est de dire que quand j'ai commencé à travailler sur le sujet, les gens rigolaient. Les gens rigolaient, et notamment des proches me disaient « Ah Franz, c'était vraiment rigolo, tu veux mettre le poireau au comité de direction ? » Et puis c'est devenu le running gag, j'étais « Monsieur Poireau au comité de direction » . Et euh... Les gens m'ont soutenu, puis ont arrêté de me soutenir parce qu'ils se disaient non mais c'est trop fou comme projet et puis ça demande trop de temps parce que c'est vrai j'ai mis 4 ans à écrire mon bouquin. Mais finalement j'y suis arrivé. J'y suis arrivé, alors je veux pas la jouer self-made man à l'américaine, c'est pas mon propos. Mon propos c'est de dire il est encore possible dans ce monde qui est parfois un peu ténébreux, il est encore possible de rêver et de changer les choses. Cette histoire de nature au travail et notamment chez Narcisse, eh bien nous montre... que l'on peut rêver d'une gouvernance d'entreprise qui soit différente et que c'est tout à fait possible de le mettre en place. Croyez, chers éditeurs, à vos idées les plus folles et essayez d'avancer malgré contre vents et marées, ça peut fonctionner.

  • Speaker #1

    Merci pour cet entretien et cette note d'optimisme.

  • Speaker #0

    Merci à toi Bérangère pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Et à bientôt j'espère pour la suite des aventures qui sont passionnantes.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra qu'on se revoie pour faire un point. Est-ce que vraiment j'ai été un bon représentant de la nature chez Narcisse ou est-ce que je me suis levé du mauvais pied ? On en reparle dans un an.

  • Speaker #1

    C'est la fin de cet épisode de Dinosapiens. Moi, j'ai été éblouie par cette idée que l'on puisse questionner notre relation au vivant en l'invitant dans notre monde. Je vous recommande d'aller faire un tour sur le site de Narcisse que je vous mets dans les notes de podcast. Dans les pages Qui sommes-nous ? Vous trouverez leurs raisons d'être et leurs visions haut de gamme. Il y a de quoi s'inspirer vraiment. Je vous retrouve très vite pour un prochain épisode. Pour ne pas le rater, abonnez-vous et activez la cloche sur votre plateforme. Et d'ici là, évitons l'extinction !

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