- Speaker #0
Bonjour à tous, Myriam avec vous pour une bulle de sagesse, en compagnie de Sanji Rambo-Atiana. Bonjour Sanji.
- Speaker #1
Bonjour Myriam, bonjour à tous vos auditeurs de la Genève.
- Speaker #0
Vous êtes sur Drôle de Planète, le podcast qui démonte les idées reçues sur l'actualité ou un thème de société, pour voir au-delà des apparences et élever notre regard. Alors Sanjiran Boatiana, vous êtes auteur, formateur, consultant, vous êtes également co-fondateur de l'association Arthas Entraide et vous avez également co-écrit le livre César et l'imparfait heureux. Aujourd'hui j'aimerais aborder le thème du couple que nous avons déjà évoqué dans la précédente émission, mais cette fois-ci j'aimerais que l'on aborde le couple dans ses crises petites, grandes et même peut-être dans le divorce. Alors Sanji, la dernière fois, nous avons aperçu les enjeux du couple et nous avons aperçu toutes les projections qui s'y jouaient et comment on pouvait essayer de déjouer ces projections et d'apprendre à aimer l'autre tel qu'il est et d'abord à nous apprendre à nous aimer nous-mêmes dans nos propres imperfections pour vraiment accueillir l'autre tel qu'il est. Donc maintenant, il y a quand même dans une vie de couple qui est aussi parfois longue, des crises à surmonter. Comment vous apercevez les solutions qui peuvent se passer dans les petites crises d'abord, et ensuite nous verrons les grandes crises ?
- Speaker #1
Les petites crises, c'est les petites crises du quotidien. Ce qui crée au sein du couple une tension, un conflit. Des conflits ordinaires d'ailleurs que la plupart du temps, nous ne prenons pas trop le temps de gérer. Mais ces crises, ces petits conflits ordinaires, ces tensions, ces désaccords font partie de la vie de couple. D'ailleurs, je me demande si ce n'est pas dans cet endroit-là que se scelle l'amour. Parce qu'à chaque instant... dans un couple, on a la possibilité de partir, de s'en aller, mais décider de rester, de dépasser sa crise, c'est à mon avis la plus grande preuve d'amour, le plus grand je t'aime qu'on peut dire à son conjoint. Alors de toute façon, il y a un truc qui est sûr, et ça je voudrais le dire parce que je ne suis pas un conseiller conjugal, je vais parler depuis l'expérience que j'ai eue de l'accompagnement des couples et de l'accompagnement de mon propre couple. Je dirais que la première chose, c'est lorsqu'un conflit se produit, on a toujours la possibilité, après que le conflit soit passé, et c'est des choses qui arrivent très régulièrement, de laisser monter le regret. Aucun d'entre nous, parce qu'on s'aime, on a envie qu'un conflit dure. Aucun d'entre nous n'a envie de rester sur sa position ou de faire la tête à son conjoint. Donc il y a un moment donné où, de toute façon, après le conflit, naturellement, vient un temps où on regrette. On regrette parce que tout d'un coup, on se rend compte qu'en fait, on a exagéré, qu'on aurait pu peut-être dire les choses d'une autre façon, peut-être que sur le fond on a raison, mais peut-être que sur la forme on a été maladroit, peut-être qu'on n'était pas au bon moment, etc. Bref, il y a un moment donné où de toute façon, après une engueulade, après une tension, après un conflit, dans les heures qui vont venir vont apparaître naturellement, sans qu'on fasse d'efforts, des regrets, où on va apercevoir ce qu'on aurait pu faire exactement. Je pense qu'une des grandes choses, des plus importantes, c'est de pouvoir se tourner vers l'autre et lui dire, tu sais, tout à l'heure, ou il y a une heure, ou il y a deux heures, bref, réévoquer, refaire allusion à ce moment où on a été en tension, et pouvoir confier son regret à l'autre en disant, tu sais, profondément peut-être, sur le fond j'ai raison parce qu'il y a tel ou tel sujet, mais sur la forme, voilà où je me suis trompé. Alors je voudrais te le redire d'une autre façon. Je pense que de toute façon, à l'issue d'un conflit, il y a toujours moyen de réévoquer ce conflit et d'énoncer là où on s'est trompé et peut-être de redire les choses de façon plus posée, plus tranquille, telle qu'on aurait aimé les dire en tout cas à cet instant-là, telle que l'amour que l'on a au fond de notre cœur pour l'autre nous aurait dicté de le dire. Donc, ce que je veux dire, c'est que les conflits, ce n'est pas la preuve d'un échec. Les conflits, c'est la preuve d'un malentendu. Peut-être qu'on peut profiter de chacun de ces malentendus, ou de ceux dont on s'aperçoit en tout cas, pour se reprendre et essayer de dire les choses avec l'amour qu'on a au fond de son cœur, après s'être donné le droit, à nous-mêmes d'ailleurs en premier, d'avoir peut-être cédé à la colère en cet instant. Je pense que ça, c'est les petites crises de la vie ordinaire. On a toujours les moyens de réinterroger notre cœur pour savoir comment on aurait pu dire les choses avec plus de douceur, avec plus d'amour, et le faire. L'autre, ça va le toucher parce que ça va produire quelque chose d'important. Ça va lui donner le droit à lui aussi, à ses crises. à ces colères. Peut-être qu'il les étouffe d'ailleurs pour nous faire plaisir et qu'à force d'accumuler les colères, au bout d'un moment, quand ça va exploser, ça va exploser de façon définitive. Donc, je pense régulièrement de se dire, écoute, là, je me suis emporté. Mais voilà, au fond de mon cœur, ce que je voulais vraiment te dire.
- Speaker #0
Oui, c'est très important. On se disait ce matin avec des personnes en couple, on échangeait sur ce thème, et on se disait que parfois, justement, nos colères, on aimerait tellement ne pas être en colère, mais elles sont plus fortes que nous, et pour une raison qu'on ne peut pas percevoir parce qu'on est pris dans notre histoire, mais on est complètement submergé par un agacement ou une colère. Et alors, dans ces cas-là, comment on fait ?
- Speaker #1
Je pense que quand on a des colères et qu'on a des agacements, il y a deux situations possibles. Soit on a été pris dans l'instant et la colère nous a dépassé, on l'a exprimé, l'agacement nous a pris et on l'a exprimé. Et comme je le disais tout à l'heure, on a toujours moyen de revenir en disant à l'autre, sans s'excuser, sans se mettre à genoux, sans se mettre à quatre pattes, mais en disant je reconnais mes torts. Je reconnais mes torts et voilà comment j'aurais voulu dire les choses. Parce que très souvent, les causes de notre colère, elles sont légitimes. C'est le ton, la façon, la manière dont on l'exprime qui fait que c'est blessant pour l'autre et pas satisfaisant pour nous. Donc on a toujours moyen de revenir et de trouver une meilleure façon de le dire. Ça, c'est une chose. La deuxième chose, c'est parfois nous avons des colères et des agacements froids. qui sont au fond de nous et qu'on a pris en tout cas suffisamment tôt pour pas qu'ils soient explosifs. Je pense que dans ces cas-là, la chose la plus importante, c'est de pouvoir prendre un instant de recul, aller sortir cinq minutes, faire un tour, se trouver un prétexte, je sais pas, une urgente envie d'aller aux toilettes, n'importe quoi qui nous permet de prendre du recul et de nous sortir de la situation, parce que c'est encore gérable à ce moment-là. Et se demander au fond de notre cœur, se donner le droit d'abord au fait qu'on soit en colère, se le dire à soi-même. tu sais Sanji, t'as le droit d'être en colère parce qu'il s'est passé telle ou telle chose et se le dire avec tellement de tendresse que ça nous apaise de façon à ce qu'on puisse dire ce qui est la cause de notre colère sans emportement il y a dans tous les couples des mésententes. Ces mésententes, en fait, la plupart du temps, nous les prenons comme des sources d'échecs. Alors qu'en fait, ça n'est que la possibilité de dire à l'autre Ben ouais, il y a telle chose qui me pose problème mais lui dire sur un ton suffisamment, je dirais, plein d'amour pour qu'il puisse l'entendre. Je pense qu'il est obligé, parce que nous sommes deux êtres différents, avec deux histoires différentes, avec deux personnalités différentes, qu'il y ait des amicroches, qu'il y ait des endroits où nous ne nous entendions pas, où nous ne nous comprenions pas plus exactement, je vais dire. Mais nous devons faire le pari que l'amour va être plus fort que la colère. Et pour ça, la première chose que nous devons faire, c'est nous reculer nous-mêmes pour nous donner l'amour qu'il nous manque à nous-mêmes en cet instant. Parce que c'est celui-là qui... C'est ce manque-là qui nous met en colère. On a le sentiment de ne pas avoir été entendu, peut-être, mais on doit se le dire, ça. Oh là là, comme c'est normal que tu sois en colère, mon Sanji. T'as essayé de dire telle chose et t'as pas été entendu. Allez, ok, c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, ça te fait mal. Le reconnaître déjà. Vous allez voir, désamorce dans 90% du temps la colère qu'il y a au fond de nous. Reconnaître que nous le sommes et parfois apercevoir la cause de notre colère, ce qui se passe à l'intérieur de nous, nous donne suffisamment de recul pour que la colère s'apaise et que nous puissions dire ce que nous avons à dire sans emportement. Donc je dirais que c'est ces deux cas. Soit ça a explosé, on a toujours moyen de récupérer, soit on n'a pas encore explosé, on a le temps de se donner du recul pour rechercher au fond de notre cœur la meilleure façon de le dire pour que l'autre l'entende.
- Speaker #0
Eh bien, merci Sanji pour cette première partie et pour ces pistes de solutions dans les petites crises. Je vous propose une première pause musicale et nous allons nous retrouver tout de suite après.