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Que faire des pires déchets nucléaires ? Avec Sébastien Farin cover
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Échange Climatique

Que faire des pires déchets nucléaires ? Avec Sébastien Farin

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45min |13/09/2024
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Description

Depuis plus de 50 ans, les centrales nucléaires fournissent la majorité de l'électricité consommée en France. Ce faisant, elles créent des déchets radioactifs. Que l’on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là et c’est notre responsabilité de les gérer à long terme pour ne pas les laisser aux générations futures. L’ANDRA est l’organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets et la solution privilégiée aujourd’hui est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale : comment est-on sûr que c’est la même meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne finira pas dans l’environnement dans quelques centaines ou milliers d’années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, Directeur dialogues et prospective à l’ANDRA. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C’est le thème de ce nouvel épisode d’Echange Climatique.


Infos: https://linktr.ee/echangeclimatique

Contact: echangesclimatiques@gmail.com

Production: https://onetwo-onetwo.com/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En France, la majorité de l'électricité que l'on consomme depuis 50 ans provient de centrales nucléaires.

  • Speaker #1

    Si elles ont l'avantage de ne pas émettre de CO2 lorsqu'elles sont en activité,

  • Speaker #0

    elles produisent en revanche des déchets hautement radioactifs. Que l'on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là, et c'est notre responsabilité de les gérer pour ne pas les refiler aux générations futures. L'ANDRA est l'organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets. La solution envisagée aujourd'hui, c'est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale. Comment est-on sûr que c'est la meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne va pas se retrouver dans l'environnement dans quelques centaines ou quelques milliers d'années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, directeur Dialogue et Prospective à l'Andra. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C'est le thème de ce nouvel épisode d'Échange Climatique. Bonjour Sébastien Farin.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    D'accord, je m'appelle Sébastien Farin, je travaille à l'Andra depuis presque une vingtaine d'années et j'ai en charge une direction qu'on appelle Dialogue et Prospective, à l'intérieur de laquelle il y a des activités qui sont très transverses, dont notamment les activités de communication et d'échange avec le public.

  • Speaker #0

    Donc on va parler des déchets nucléaires et notamment de la solution de stockage en profondeur CGO, mais avant ça on va peut-être définir ce que c'est qu'un déchet nucléaire. Peut-être que tu peux rappeler quelques notions de base, sans trop entrer dans la notion de radioactivité, parce que c'est un sujet qu'on a déjà couvert dans le podcast. Donc, on pourra gagner un petit peu de temps là-dessus.

  • Speaker #1

    D'accord. Alors, les activités humaines utilisent... des propriétés diverses et dans les activités qui utilisent la radioactivité ou le nucléaire, c'est des activités qui vont produire des déchets. Et dans ces déchets-là, il y a des déchets qui sont dits radioactifs plutôt que nucléaires d'ailleurs. C'est-à-dire que ce sont des déchets qui contiennent des radionucléides ou donc des éléments qui ont une particularité d'être instables et donc d'émettre des rayonnements. Et c'est ça les déchets radioactifs. les choses dont on ne sait pas quoi faire et qui sont radioactives.

  • Speaker #0

    Et qui ont potentiellement une nocivité sur l'humain et l'environnement.

  • Speaker #1

    Et qui présentent un certain nombre de particularités, dont celle potentiellement d'être dangereux, voire très dangereux, sur des périodes de temps qui sont assez longues. Et c'est un peu ça la particularité dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Donc tu as bien rappelé qu'on ne parlait pas de déchets nucléaires, mais de déchets radioactifs, parce que ces déchets ne proviennent pas que des activités nucléaires.

  • Speaker #1

    Oui, ils viennent en particulier des activités nucléaires. Et quand on dit activité nucléaire, on pense bien sûr à la production d'électricité par les centrales nucléaires ou éventuellement la défense avec la propulsion et les forces de dissuasion. Mais la radioactivité, elle est aussi utilisée par l'industrie classique. On va, par exemple, on peut stériliser des choses avec la radioactivité, les appareils médicaux, des aliments. Mais on peut aussi utiliser la radioactivité dans des activités comme la datation, le carbone 14, quelque chose qu'on connaît bien. Et puis surtout... dans la médecine et dans la recherche. Et donc, il y a un panel de producteurs de déchets radioactifs qui est assez large en France, au-delà d'EDF, d'Orano et du CEA, qui sont les premiers producteurs auxquels on pense. Il y a à peu près en France, 1000 producteurs de déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Tous les déchets ne sont pas aussi radioactifs, ne sont pas de la même radioactivité, ne sont pas de la même activité. Est-ce que tu peux nous faire le panorama des différents types de déchets et qui est-ce qui a fait ces catégorisations ?

  • Speaker #1

    Alors... Il y a des catégorisations qui sont un peu différentes dans le monde, et la catégorisation française, elle s'organise autour de six grandes familles. Il y a une première famille qui est ce qu'on appelle les déchets à vie très courte. Alors, il faut revenir quand même un peu sur la radio. La radioactivité, c'est un phénomène qui décroît dans le temps. C'est-à-dire que si je prends quelque chose à un moment donné qui est radioactif, si je viens au bout d'un certain temps, cette radioactivité va avoir diminué de moitié. Ce qu'on appelle la demi-vie, mais vous avez dû en parler précédemment. Et donc, la particularité des déchets radioactifs... c'est qu'on sait que leur radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, un des premiers éléments qu'on va utiliser pour classer les déchets radioactifs, c'est de dire est-ce qu'ils ont une durée de vie qui est courte ou une durée de vie qui est plutôt longue. Alors là, ça devient compliqué parce qu'une durée de vie qui est très courte, ça existe. On considère, il y a des moments qui ont été choisis, qu'on considère que c'est en dessous de 100 jours. Donc, les déchets radioactifs qui ont une durée de vie très courte, en dessous de 100 jours, qui sont principalement des déchets qui viennent de l'industrie, de la recherche, pardon, et du médical, ce sont des déchets qui sont gérés différemment. Ils sont gérés sur site, on attend un certain temps que leur décroissance ait eu lieu, ensuite on les met dans des filières de gestion normales. Après, il y a des déchets qui ont une durée de vie courte, inférieure à 31 ans. Il y a une durée qui a été choisie inférieure à 31 ans. Et puis ceux qui ont une durée de vie longue, qui ont une durée de vie... supérieur à 31. Ça, c'est la première catégorisation, c'est la durée de vie. Et ensuite, à l'intérieur de ça, on va regarder le niveau de radioactivité. Il y a des très faiblement radioactifs, puis à la fin, il y a des très très radioactifs, et donc on va créer comme ça des familles. Alors c'est un peu compliqué, mais je pense qu'avec un tableau, ça se résume bien. On a donc les déchets à vie très courte, les déchets de très faible activité, qui sont des déchets pas très dangereux, qui sont quand même radioactifs. et qui viennent essentiellement du démantèlement des installations nucléaires. Ensuite, on a les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, qui sont principalement à vie courte et qui viennent de l'exploitation des installations nucléaires. C'est ça, les déchets de très faible activité et de faible et moyenne activité à vie courte. C'est la majeure partie des déchets radioactifs. C'est la principale en volume. C'est ça qui est essentiellement produit. Après, on a des déchets qu'on appelle de faible activité à vie longue. qu'on produit moins en France, donc ils ne sont pas très radioactifs, mais ils ont des durées de vie qui sont assez longues. Puis après, c'est les déchets qui sont concernés par CIGEO dont on va parler. Ce sont les déchets qu'on appelle de moyenne activité à vie longue et de haute activité, qui eux sont des déchets qui sont très radioactifs et qui sont même très dangereux en l'occurrence.

  • Speaker #0

    Donc avant de rentrer dans le cas de CIGEO, pour ces différents types de déchets qui ne sont pas à haute activité, quel est le type de stockage qui est aujourd'hui employé en France ?

  • Speaker #1

    Pour les déchets qui ne sont pas de haute activité, on a des centres de stockage qui sont en surface, qui se trouvent en l'occurrence dans le département de l'Aube, pour deux d'entre eux, pour les déchets de très faible activité et pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Ce sont des centres qui sont exploités depuis 2003 pour celui sur les déchets TFA et depuis 1992 pour celui sur les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Et puis on a un autre centre de stockage qui lui a été exploité entre 1969 et 2019. et 1994, qui se trouve dans le Cotentin, juste à côté de l'usine Orano de la Hague, qu'on appelle le centre de stockage de la Manche.

  • Speaker #0

    Donc, on va rentrer dans le cœur du sujet, c'est-à-dire sur le Cijo et la gestion des déchets en profondeur. Est-ce que tu peux nous, pour quelqu'un qui n'aurait jamais entendu parler de ce cas-là, est-ce que tu peux nous dire à quoi ça ressemble et en quoi ça consiste ?

  • Speaker #1

    Alors, à quoi ça ressemble ? L'idée, c'est de construire à 500 mètres de profondeur en France, avec des tunnels et qui reçoivent des cendries. un tunnel incliné ou des puits, une installation souterraine dans laquelle on va venir placer des déchets, les colis de déchets, en fait c'est des déchets qu'on met dans des boîtes, puis éventuellement ces boîtes, on va les mettre encore dans des boîtes, et ces boîtes, on va les mettre en profondeur. L'objet, c'est de les mettre en profondeur dans un endroit particulier, en l'occurrence ici, dans une couche d'argile qui fait entre 100 et 150 mètres d'épaisseur, pour confiner la radioactivité. Il faudra y revenir, mais c'est vraiment pour confiner la radioactivité. Et donc, l'installation, c'est des bâtiments en surface qui permettent de gérer l'accueil des colis de déchets, qui viennent principalement par train, le contrôle de ces colis, puis ensuite la préparation de ces colis pour les descendre dans l'installation, puis après, pour aller placer ces colis dans des tunnels qui sont plus ou moins grands en fonction de la nature des colis.

  • Speaker #0

    Donc aujourd'hui, CIGEO n'existe pas. Par contre, on peut visiter le laboratoire. Qui est comme une copie ou un prototype de CIGEO ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO n'existe pas. Aujourd'hui, on est dans un processus où on a demandé l'autorisation de créer cette installation. Et pour l'instant, on n'a pas eu l'autorisation de créer CIGEO. Ce qu'on a à proximité directe de l'endroit où on veut faire CIGEO, c'est un laboratoire souterrain qu'on a commencé à creuser il y a une vingtaine d'années maintenant, un peu plus. Et l'objet de ce laboratoire souterrain, c'est de faire de la recherche sur le stockage en lui-même, mais aussi sur la connaissance de la roche. Donc, c'est deux installations qui sont bien différentes. Et effectivement, le laboratoire est un endroit où on fait de la science et de la technique, mais on peut aussi visiter ce laboratoire si on prend contact avec les équipes du service communication de l'Andra en Meuse-Haute-Marne.

  • Speaker #0

    Et donc les déchets qui sont destinés à CIGEO, c'est des déchets qui viennent d'où déjà ? Je pense que c'est en majeure partie du nucléaire civil, mais est-ce qu'il y a d'autres choses ? Et c'est des déchets qui sont dangereux pour combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors, les déchets qui sont concernés par CIGIO, c'est vraiment tous les déchets de haute activité et tous les déchets de moyenne activité à vie longue. Ça représente, dans le concept de CIGIO, à peu près 80 000 m3 de déchets radioactifs. Et ça, ce sont des déchets qui sont produits par les installations nucléaires qui sont liées notamment à la production d'électricité. Alors, c'est les centrales, mais c'est tout ce qui vient aussi autour. Donc principalement, les déchets viennent de l'activité de production d'électricité, mais sur l'ensemble de la chaîne. La production des combustibles, l'exploitation des centrales, et puis le traitement. Il y a un peu des déchets militaires. Il n'y a absolument pas de déchets radioactifs de très haute activité, très très peu, ils viennent du démantèlement. Les déchets de démantèlement viennent principalement des gravats, etc. Ce sont des déchets de très faible activité.

  • Speaker #0

    Et par exemple de la médecine, comment on fait une radio, comment on fait un scanner ? Est-ce qu'il y a des choses qui vont arriver à Cigéo ?

  • Speaker #1

    Pas dans Cigéo. Ce ne sont pas des déchets de moyenne activité à Ylong, ni de haute activité.

  • Speaker #0

    Donc finalement, c'est la Meuse qui a été choisie, donc cette ville à côté de la ville de Bure. À la base, l'Andra avait plutôt commencé à chercher dans des sols de roches de granit. C'est un choix aussi qu'a fait la Suède. J'ai entendu que ça avait... pas marcher parce qu'il y avait eu beaucoup d'opposition locale. Est-ce que l'Andra, finalement, a fait une certaine concession en allant à Bure parce que c'est là où était le projet accepté, mais pas forcément parce que là où il y avait la roche la plus propice ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, il faut reprendre l'histoire un peu de la gestion des déchets de haute activité, et donc très vite dans l'histoire du nucléaire, on voit qu'il va falloir qu'on gère les déchets radioactifs. Et puis très vite, pour ces déchets de haute activité, on commence à réfléchir à différentes solutions. Et on arrive assez vite à une conclusion, c'est que, vu les durées de dangerosité de ces déchets, plusieurs centaines de milliers d'années, il faut trouver des solutions qui ont des capacités à gérer sur des temps très longs les déchets radioactifs. Et donc très rapidement, les scientifiques, les experts, ils vont s'orienter vers le stockage géologique. Il y a d'autres solutions qui ont été étudiées, mais le stockage géologique vient vite une solution.

  • Speaker #0

    On peut peut-être y revenir. Pourquoi c'est celui-là qui a été choisi par rapport au... aux autres parce qu'il y avait aussi des solutions de transmutation, il y avait aussi les envoyer dans l'espace, les envoyer dans l'océan. Pourquoi au final c'est ça qui a été choisi ?

  • Speaker #1

    Alors parce que c'est de fait la solution qui est la plus sûre en fait dans l'absolu. Je vais prendre l'exemple concret, le plus facile c'est celui de l'espace. C'est sûr qu'on pourrait envoyer les déchets dans l'espace. Le problème c'est que la fiabilité des fusées qui envoient les choses dans l'espace, elle est bonne aujourd'hui, on voit bien, on envoie des satellites, mais elle est quand même... limité, ce qui fait que si une fusée qui transporte des déchets radioactifs explosait pendant son décollage, ça aurait une conséquence assez dramatique. On a étudié le fait de mettre les déchets dans des zones de subduction sous-marines, on a étudié la possibilité de laisser les déchets dans des installations de surface aussi durables que possible. Mais à la fin, ce qui ressort, c'est toujours le stockage géologique, et c'est le cas partout dans le monde, tous les pays. qui ont à gérer des déchets d'autres activités, s'orientent plus ou moins rapidement vers un stockage géologique, parce que c'est la seule qui permet de répondre aux durées qui sont concernées ici.

  • Speaker #0

    Il y a des pays qui sont plus en avance que la France ?

  • Speaker #1

    Il y a deux pays qui avancent. un tout petit peu plus vite que la France, mais on est à peu près dans la même zone, ce n'est pas une course, c'est la Suède et la Finlande. La Finlande pourrait même avoir l'autorisation de mettre en exploitation son installation dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    D'accord. La Finlande et la Suède ont choisi...

  • Speaker #1

    aussi cette solution ils sont en avance comme tu viens de le dire est ce que c'est dans le même type de roche qu'à bure alors tout à l'heure j'évoquais l'histoire un peu et donc ils ont dans leur dans leur passé capacité uniquement de du granit donc ils se sont orientés vers une option qui est de gérer dans le granit ces déchets en france dans les années 80 on a cherché on a commencé à chercher des sites pour faire des études sur le stockage géologique et on a été voir différents types de roches et roches garnitiques des roches salines de l'argile on a on a fait on a fait plusieurs choses. À l'époque, ça ne s'est pas très bien passé, parce qu'il n'y a pas eu de discussion avec les populations ou avec les élus. Ça, c'est dans les années 80. Le premier ministre de l'époque avait décidé qu'il fallait arrêter tout ça et a fait un moratoire. C'est à ce moment-là que le Parlement français a commencé à s'intéresser à la question des déchets radioactifs, puisque depuis 1991, il a voté trois lois qui concernent le stockage. En 1991, en 2006 et en 2016. C'est quelque chose qui est suivi par le Parlement. Dans les années 90, l'ANDRA a été missionné pour regarder la géologie en France et pour essayer de trouver des endroits où on pouvait implanter un laboratoire dans la perspective de créer un stockage géologique. Et à l'époque, on avait identifié un certain nombre de zones qui avaient été candidates. D'accord ? Mission parlementaire avait été conduite par un député et il avait identifié des sites qui étaient candidats. Il y avait des roches plutôt argileuses ou plutôt granitiques, les deux. Il se trouve que dans les analyses préliminaires qui ont été menées, il y avait des endroits où on pouvait avoir des endroits où on pouvait avoir des endroits Il y avait des aspects scientifiques qui posaient un certain nombre de problèmes sur la roche granitique. Par ailleurs, il n'y avait pas un accueil très favorable des populations. En Meuse-Haute-Marne, à Bure, où on projette de construire CIGEO, on a une couche argileuse qui, par la suite, grâce au laboratoire, on a pu démontrer qu'elle était tout à fait favorable à l'accueil du stockage. Mais on a eu aussi une candidature des départements. Donc c'est un double travail d'un dispositif de consultation et de candidature. des départements, et puis technique pour vérifier que la roche est bien compatible avec la réalisation d'un stockage géologique.

  • Speaker #0

    Donc justement, tous ces tests aujourd'hui que vous faites à CIGIO, est-ce que tu peux nous en parler ? Est-ce que tu peux nous dire à peu près, parce que l'autorisation, comme tu disais, n'a pas encore été donnée, qu'est-ce qu'il reste encore à prouver ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, dans le process, on a presque 30 ans de recherches qui ont été conduites et on a déposé en début 2023 ce qu'on appelle la demande d'autorisation de création de CIGEO. Et une demande d'autorisation de création d'une installation nucléaire, c'est je vous demande de créer cette installation parce que je peux vous prouver que je sais maîtriser la sûreté de cette installation. C'est-à-dire que j'apporte avec cette demande la démonstration de ma capacité à maîtriser la sûreté. Et donc c'est ça qui est en train d'être fait aujourd'hui par l'autorité de sûreté nucléaire et l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, c'est d'évaluer, d'instruire cette démonstration de sûreté pour vérifier bien sûr qu'avant de nous dire vous pouvez construire, on a bien affiché l'ensemble des dispositions qui nous permettent de prouver qu'on sait gérer cette sûreté. Ce qu'on a fait depuis 20 ans et notamment dans le laboratoire souterrain, c'est de travailler à cette démonstration de sûreté. Et dans le laboratoire souterrain, on a commencé d'abord par identifier, connaître le mieux possible la roche. Donc le principe, c'est de placer les déchets radioactifs dans une couche d'argile, qui fait environ, je l'ai dit tout à l'heure, 150 mètres d'épaisseur, parce que cette couche d'argile a des caractéristiques qui sont très intéressantes. Pour savoir quelles sont ces caractéristiques, il a fallu commencer par les mesurer. Sa perméabilité, sa porosité, la manière dont elle se comporte dans le temps. Donc, c'est ça qu'on a commencé à faire dans le laboratoire tout au début. Ensuite, quand on crée une installation de stockage géologique, on va... faire un trou dans la roche, donc on va venir perturber la roche. On va la creuser, on va amener de la chaleur, parce que les déchets peuvent être chauds, on va amener des différents types de matériaux, parce que les déchets ils sont mis dans des matrices en verre, on met ça dans des colis en acier ou en inox, on met du béton, donc on regarde comment les interactions entre le milieu géologique argileux et tous ces matériaux interviennent, et comment tout ça se comporte dans le temps. Donc c'est ça qu'on fait depuis une vingtaine d'années dans le laboratoire, et puis ces dernières années, on a un petit peu avancé aussi vers l'industrialisation, c'est-à-dire qu'on commence à creuser les tunnels qui pourraient être creusés dans CIGEO, on commence à mettre les différents revêtements qui pourraient intervenir dans ces tunnels et on commence donc à préparer l'industrialisation ou l'exploitation de l'installation.

  • Speaker #0

    Et donc j'ai lu un petit peu un article de Greenpeace qui est une association opposée à CIGEO, est-ce que vous pouvez affirmer ou confirmer ce qu'ils disent ? forage et la radioactivité des colis sont susceptibles de déstabiliser cette courge argileuse. Est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire si c'est vrai ou c'est faux ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, le principe du stockage, c'est de faire en sorte qu'on confine la radioactivité autant de temps que nécessaire, parce que j'ai dit tout à l'heure, la radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, le principe du stockage, en fait, il est basé sur deux choses. D'abord, c'est d'être en profondeur pour isoler durablement les déchets de l'environnement et de la biosphère et de l'homme. Donc, on se met en profondeur en France pour... Pour cet aspect-là, il faut qu'on soit à plus de 200 mètres. C'est-à-dire qu'il faut être loin de toute l'érosion, il faut être loin des perturbations sociales qu'il peut y avoir aussi dans le temps. On est sur des périodes de temps qui sont très longues. Donc le principe même, c'est de placer les déchets dans cette couche géologique parce qu'elle va apporter du confinement. Il y a longtemps, il y a eu une image qui avait été prise, qui était celle du coffre-fort. On a l'impression qu'on met les déchets dans un coffre-fort et puis ça y est, on n'en entend plus parler. Alors ça ne marche pas tout à fait comme ça. On met les déchets dans l'argile et on sait que les propriétés de l'argile vont permettre... de ralentir le plus possible c'est vraiment l'argile qui ralentit la migration le déplacement de la radioactivité dans le temps mais ça c'est les propriétés de l'argile en fait parce que c'est le concept même c'est ces colis inoxydables ils vont finir parce par

  • Speaker #0

    se désintégrer et finalement il ya bien des particules radioactives qui vont terminer dans l'environnement à ce niveau là au bout de

  • Speaker #1

    4000 ans ou quelque chose comme ça c'est beaucoup plus long c'est des périodes de temps qui sont beaucoup plus long mais effectivement le principe c'est que si je reviens sur le prix Le principe de CGO, c'est qu'on place les déchets dans une couche d'argile. Alors, on les met dans des colis, puis dans des tunnels. Les tunnels sont bétonnés. Et on sait que dans le temps, le béton... Linux, même Linux, et tous les matériaux qu'on va utiliser vont s'altérer. Et on sait que potentiellement, la petite quantité d'eau qui se déplace dans l'argile va pouvoir véhiculer la radioactivité. La chance qu'on a, et c'est pour ça qu'on s'est mis dans cette roche-là, c'est que l'argile a des propriétés qui vont nous aider beaucoup. La première, c'est qu'elle a une capacité à retenir certains éléments chimiques. Vous savez, c'est l'histoire des plus et des moins. Eh bien, il va y avoir une attraction de certaines... certains radionucléides, ce qui fait qu'ils vont rester bloqués dans l'argile. Donc il y a des radionucléides qui, dans le stockage, sont très peu mobiles, ils ne bougent plus une fois qu'ils sont à l'intérieur de la roche. Il y a d'autres radionucléides qui vont être un petit peu mobiles, qui vont se déplacer, mais qui ne vont jamais aller très très loin. Puis il y en a d'autres, effectivement, qui eux vont être plus mobiles et qui vont pouvoir un jour remonter à la surface. Mais le temps que ça va avoir pris pour faire ça, la radioactivité va avoir suffisamment diminué pour que l'impact soit très limité en surface. Et c'est ça le principe du stockage.

  • Speaker #0

    On parle de combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    On parle sur des durées de temps qui sont plusieurs centaines de milliers d'années pour certains phénomènes. Ça peut arriver éventuellement avant, mais en tous les cas, c'est des phénomènes qui sont très très longs. Ça nous emmène dans des pas de temps qui sont vraiment très longs.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, 4000 ans, c'était le temps que l'acier se désintègre. Par contre, après, il reste le verre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a tout un ensemble, un système d'enveloppes qui font qu'on retarde au maximum cette évolution.

  • Speaker #0

    Parce que ça, je trouve ça assez intéressant. Donc, les pires déchets ont été fondus dans du verre. Tu peux nous parler de cette méthode de stockage ?

  • Speaker #1

    C'est une méthode de préparation des déchets. En fait, les combustibles usés qui sortent des centrales nucléaires en France, ils sont destinés à être retraités. C'est-à-dire qu'à l'usine Orano qui est à la Hague, on va procéder à une séparation entre ce qui peut être utilisé encore, ce qu'on appelle une matière, de ce qui n'est plus du tout utilisable.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est l'unioralum 235 et l'hébuttonium 239 ?

  • Speaker #1

    L'hébuttonium, c'est ça. qui sont les matières qu'on peut ou penserait utiliser un jour. Donc ça, ça représente 96% du combustible usé. Et puis il reste 4% qui sont ce qu'on appelle les produits de fission ou les actinides mineurs et les actinides mineurs. Et ces 4% là, en fait, on va les vitrifier. C'est-à-dire qu'on va les couler dans une matrice en verre, puis dans un colis. Et c'est ça qui va constituer un colis de haute activité. Et puis, quand on regarde le combustible usé, pour être tout à fait complet, on place les pastilles d'uranium dans des barres. Et ces éléments-là sont aussi cisaillés, découpés et compactés. Et ça compose une partie des déchets de moyenne activité à vie longue.

  • Speaker #0

    Justement, ces déchets de moyenne activité à vie longue, qu'on va appeler la MAVL le temps de la question, il y a eu un accident aux États-Unis dans leur CGO à eux, si je ne dis pas de bêtises. Il se trouve que ces colis sont potentiellement inflammables et peuvent relâcher de l'hydrogène. Donc les deux en même temps, ça pourrait créer des incendies dans le web d'Ancist.go. Déjà, est-ce que ce risque, est-ce que vous l'avez évalué ? Et comment vous comptez y remédier ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une installation aux Etats-Unis qui s'appelle le WIP, qui est un stockage qui existe dans le sel à plusieurs centaines de mètres de profondeur. qui gèrent, alors pas tout à fait des déchets MFL, qui gèrent des déchets transuraniens, qui contiennent de l'uranium, qui viennent des activités de défense. Alors c'est vrai qu'il y a quelques années, dans ce stockage, il y a eu deux accidents coup sur coup, et notamment un accident qui est lié à un feu de déchets. Alors, ce qu'il faut voir, c'est que dans les familles de déchets MFL, il y a des différentes familles, et avec des, je parlais là des coques et des embouts, qui sont métalliques. Et eux, ils ne présentent pas de risque d'incendie. C'est des déchets qui sont inertés, c'est des métaux. Mais il y a des déchets qui ont été mis dans des matrices. qui sont différentes et il y a des déchets qui sont mis dans une matrice en bitume. Et ça, ça peut être amené, bien sûr, à prendre feu. Alors, dans le cas de CIGEO, bien sûr, on a regardé ce qui s'est passé aux Etats-Unis, et pas que aux Etats-Unis, on essaye de faire, de regarder tout ce qui se passe, qui est en lien avec la radioactivité, mais avec le souterrain aussi, et on prend en compte et on fait du retour d'expérience sur ces phénomènes-là. Et donc, par rapport aux risques d'incendie, c'est l'approche générale des risques, d'ailleurs, qu'on a, c'est d'abord on essaie de limiter au maximum la possibilité que ça arrive. Typiquement dans l'installation souterraine on va pas aller avec une voiture dont le moteur peut exploser et créer un incendie donc on évite les produits inflammables. Toutes ces choses qui peuvent être basiques mais il faut y penser, c'est les choses qu'on fait comme ça. Ça c'est la première chose, on prend un ensemble de dispositions qui vise à éviter qu'on se retrouve dans des situations accidentelles. Maintenant on peut pas garantir qu'on n'aura pas de situation accidentelle donc notre travail il est de prévoir. des moyens pour détecter au plus tôt si quelque chose ne va pas dans le bon sens. Donc ça veut dire, en cas d'incendie, d'être capable de détecter très tôt l'augmentation de la température et d'être ensuite en mesure de réagir et donc d'avoir des moyens qui permettent d'intervenir. Typiquement, sur les colis MAVL, quand ils sont en mesure de réagir, sont placés dans les alvéoles, ils sont portés par un petit chariot. Sur ce chariot, il y a des moyens d'extinction de manière à ce que si on détecte quelque chose, on puisse très vite intervenir. Puis dans l'analyse des risques et la démarche de sûreté, on fait encore une chose supplémentaire, c'est que... On essaye de limiter au maximum les conséquences d'un problème si jamais il survenait. D'accord, je le redis, on essaye de limiter les choses, on essaye d'avoir les moyens de détection et d'intervention. Et puis la dernière chose, c'est que si ça arrive quand même, on essaye de faire en sorte pour que c'est le moins de conséquences possible. Et donc ça, c'est vraiment l'ensemble de l'approche de sûreté pour la sûreté en exploitation. C'est de regarder l'ensemble de ce panel-là.

  • Speaker #0

    Et si ça arrive après fermeture ?

  • Speaker #1

    Après fermeture, c'est un peu différent. Une fois qu'on a tout fermé, le principe du stockage, d'ailleurs, c'est qu'il doit être fermé. CIGEO, il est fait pour être fermé. Je n'ai pas parlé de ça pour l'instant, mais le but de CIGEO, c'est de protéger les générations futures des déchets radioactifs qui sont produits aujourd'hui et qui vont être produits par les installations nucléaires qui existent. Ça veut dire que le principe, c'est de réduire la charge des générations futures. On peut vite assez comprendre. On ne peut pas laisser les générations futures, dans 10 000, 5 000 ans, 50 000 ans, 100 000 ans, gérer les déchets radioactifs qu'on produit aujourd'hui. Il faut qu'on fasse quelque chose. Et donc, le principe de CIGEO, c'est de dire, OK, on est responsable, on prend des dispositions pour mettre ces déchets en sécurité. Une fois qu'on a exploité CIGEO, le principe, c'est de fermer CIGEO pour que la sûreté devienne passive, c'est-à-dire qu'il n'y a plus besoin d'intervention humaine. Et à ce moment-là, le stockage est fait pour évoluer, c'est ce qu'on a décrit tout à l'heure. à l'heure. Les colis vont se déliter, mais la radioactivité est emprisonnée durablement dans la roche, même si elle peut circuler à l'intérieur. Ça fait une espèce d'endroit de confinement de la radioactivité.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase, dans 5000 ans, 10 000 ans, les déchets seront toujours dangereux et radioactifs, mais comment être sûr que les êtres humains du futur ne vont pas par erreur ou alors... Par hasard, creuser pile à cet endroit-là et donc du coup exhumer ces déchets radioactifs, alors il faudrait un hasard quand même, mais je sais que c'est une question qui vous prend beaucoup de temps à l'endroit.

  • Speaker #1

    Alors c'est une question qu'on nous pose beaucoup, c'est une question qui nous occupe. Effectivement, c'est l'enjeu de comment on garde la mémoire du stockage. Je l'ai dit tout à l'heure, le stockage il est fait pour être passif, ça veut dire qu'une fois qu'il est fermé, l'homme n'a plus besoin d'intervenir. Mais il faut évidemment éviter qu'on aille creuser à l'intérieur. Déjà, creuser à 500 mètres de profondeur, on ne le fait pas avec une pelle et une pioche. C'est quelque chose qui fait que quelqu'un qui aurait la capacité d'aller se creuser à 500 mètres de profondeur, aujourd'hui, il a la capacité de voir ce qu'il y a dans le sous-sol. On est capable, par des moyens divers et variés, de savoir s'il y a quelque chose au fond. Néanmoins, on ne peut pas garantir que ça n'arrive pas. Dans les scénarios qu'on regarde d'évolution, on se dit qu'est-ce qui se passe si il y avait un forage intrusif réalisé par un scénario. par des hommes. Donc ça, on le regarde. Et donc tout l'enjeu, c'est de se dire comment on fait pour ne pas oublier qu'il est là, ce stockage. Là, on a des dispositions qui sont prises. Il y en a plusieurs, mais la première, c'est qu'on nous demande de garantir que pendant au moins 500 ans, on peut conserver la mémoire du stockage. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pendant 500 ans, il faut qu'on s'assure de transmettre aux générations des informations qui leur permettront de ne pas oublier que le stockage est là, de manière... Alors... de manière administrative, j'allais dire. C'est-à-dire qu'on regarde, on dépose aux archives nationales des informations sur le contenu des stockages, qu'est-ce qu'on y a fait, quels sont les déchets qui sont à l'intérieur. On essaie aussi de faire en sorte que l'information se dissémine sur le territoire. Donc là, de proche en proche. Donc, on a créé, par exemple, autour de nos installations, ce qu'on appelle des groupes mémoire, qui sont des riverains, qui participent à garder la mémoire des installations. Et puis après... 500 ans on essaye de regarder pour faire en sorte que la mémoire se perdure le plus longtemps possible on sait qu'on va perdre la mémoire un jour sur des durées de temps qui sont énormes on sait qu'on va finir par la perdre mais En développant des moyens, on pense qu'on a la capacité à ce qu'elle aille plus loin que 500 ans et de faire en sorte qu'on n'oublie pas et qu'on n'aille pas creuser sous nos pieds. Et encore une fois, c'est à 500 mètres de profondeur, c'est quand même assez loin.

  • Speaker #0

    Est-ce que CIGEO est dimensionné aussi pour les déchets des EPR2, enfin les potentiels déchets des EPR2 ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO, aujourd'hui, a été conçu, et c'est ça qui nous a servi de base pour concevoir l'installation, sur... le fonctionnement des réacteurs qui existent, plus L'éper de Flamanville, qui n'a pas encore débarré, mais qui est déjà en construction, donc ces déchets doivent être pris en compte. Plus ITER, qui est l'installation qui est en cours de développement aussi dans le sud de la France. Plus un réacteur qu'on appelle Julorovitz. Donc, l'inventaire des déchets pour lesquels CIGEO est conçu, c'est les déchets qui sont produits par toutes ces installations. Sur une durée de fonctionnement de 50 ans. qui est arbitraire. Il faut bien qu'on décide à un moment donné. Nous, on dit, c'est très clair, ce qu'on appelle l'inventaire de référence, c'est toutes les installations nucléaires de base existantes ou autorisées sur une durée de vie de 50 ans. Maintenant, effectivement, ces derniers temps, il a été question d'ajouter de nouveaux réacteurs au parc français et notamment la création de 6 EPR.

  • Speaker #0

    Et puis aussi de rallonger la durée de vie des centrales au-delà de 50 ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, ça c'est des travaux qui sont en cours. Mais donc pour les 6 EPR, initiaux, le gouvernement avait très tôt demandé à l'Andra de regarder ce qui se passait en termes de gestion des déchets radioactifs, tous les déchets radioactifs, pas que sur ce géo, bien sûr, si on était amené à construire et à exploiter ces réacteurs. Donc tout ce qu'on a montré... C'est qu'en premier examen, il n'y a rien de rédhibitoire à prendre en charge les déchets de six réacteurs UPR. Alors d'abord, c'est des déchets qu'on connaît puisque c'est la même technologie que les installations qui existent aujourd'hui. Donc c'est des déchets très similaires, pas des déchets très différents. Et puis ensuite, c'est des volumes qui sont relativement limités. On a par exemple sur CIGEO montré... que c'est 5% de déchets MAVL en plus et 20% de déchets HA. Ça fait quelque chose, mais ça reste dans une enveloppe qui est raisonnable. Donc, pour les déchets de 6 réacteurs supplémentaires... on a des dispositions qui nous permettent de prendre en charge ces déchets, parce que, aussi, ça c'est une exigence du Parlement, il faut qu'on puisse adapter CIGEO à des post-sociales évolutions de la politique énergétique. Donc c'est un peu prévu, c'est ce qu'on appelle l'adaptabilité. dans notre travail.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le plus probable, c'est que CIGEO soit agrandi plutôt qu'il y ait un deuxième CIGEO à l'heure d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Six réacteurs supplémentaires, on augmente la taille de CIGEO. Au-delà, c'est un peu différent. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il faut regarder ce qui se passe. et là il faut prendre en compte plusieurs choses d'abord c'est tout le contexte autour si on décide de créer d'autres réacteurs est-ce qu'on fait du retraitement est-ce qu'on fait du multi-recyclage des choses que vous avez abordées déjà précédemment il y a plein de paramètres qui sont des données d'entrée importantes pour l'endroit et puis dans tous les cas ces déchets ils n'arrivent pas tout de suite c'est à dire que les déchets qui viendraient de réacteurs supplémentaires, ils arriveront, ils seraient produits beaucoup, beaucoup plus tard. Donc, ça veut dire qu'on a encore le temps pour regarder. Donc,

  • Speaker #0

    le nucléaire civil en France, il est souvent vanté comme pas cher et comme bas carbone. Est-ce qu'en prenant 6 GO en compte, tout cela reste à ce point vrai ? Ça restera toujours vrai, mais est-ce que c'est toujours aussi peu cher ? Est-ce que c'est toujours aussi peu bas carbone ?

  • Speaker #1

    Alors, le... Si on regarde le coût qui avait été arrêté par le gouvernement sur CIGEO, on peut se dire que c'est beaucoup d'argent. Après, si on ramène ça à...

  • Speaker #0

    C'était 25 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    C'était 25 milliards d'euros. De 2012. de 2011, je crois. Voilà. En tout cas, 25 milliards d'euros, ça fait une somme, en l'occurrence. Après, si on regarde maintenant en détail, et c'est pas nous qui regardons, c'est la Cour des comptes. La Cour des comptes, en 2019, a rendu... rendu un rapport, donc c'est très sérieux la Cour des comptes, et elle dit que l'aval du cycle, ça représente 10% du coût du nucléaire à peu près. D'accord, l'aval du cycle. Donc ça veut dire le retraitement et tout ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. Et donc, la gestion des déchets radioactifs, à proprement parler, donc l'activité de l'Andra, c'est quelques pourcents, 1, 2, 3% du coût total de production d'électricité.

  • Speaker #0

    D'accord, mais est-ce que c'est aujourd'hui déjà pris en compte dans nos factures ?

  • Speaker #1

    C'est déjà pris en compte. compte dans la facture, les producteurs de déchets doivent faire des provisions pour financer le stockage. D'accord. Donc, dès aujourd'hui. C'est-à-dire, dès qu'il y a des mètres cubes de déchets qui sont produits, ils doivent mettre de côté de l'argent pour ça. Alors, la particularité des 25 milliards, ou du coût de CIGEO, c'est que c'est un coût qui est un coût global. C'est-à-dire que, quand on parle d'une installation industrielle, en général, on va parler du coût d'investissement. Combien cela va me coûter de construire cette installation ? Pour... Pour CIGEO, c'est 5 milliards à peu près. Un tout petit peu plus que 5 milliards d'euros. D'accord. Alors, c'est quoi les 25 milliards ? Ce qu'on nous a demandé de faire, c'est un calcul global du coût de CIGEO. C'est-à-dire, combien ça va coûter de construire CIGEO en entier ? Combien ça va coûter de l'exploiter ? Tous les personnels ? Combien ça va coûter de maintenir l'installation ? Combien ça va coûter en taxes ? C'est-à-dire de faire une estimation globale du coût de CIGEO sur toute la durée de sa vie. D'accord. Sur 100 ou 150 ans. Et ça correspond à ça. Donc si on prend une image, ça revient à dire, j'ai le coût d'achat de ma voiture. Je dois intégrer toutes les sens que je vais mettre, voilà 5 milliards, puis je vais intégrer dans toutes les sens que je vais mettre, toutes les réparations que je vais faire, le changement des pneus, etc. dans les amendes que je vais avoir éventuellement. Je vais intégrer dans la vision globale tous les éléments qui vont venir être financés au cours de la vie de cette voiture. C'est ça qui est important aussi à comprendre, c'est que ce coût de 25 milliards, il est réparti avec un investissement initial et ensuite tout ce qui est déployé durant la durée de vie de l'installation.

  • Speaker #0

    Donc... Le ministère de l'Environnement a statué à 25 milliards, mais l'Andra avait estimé plutôt à 35 milliards. Ça veut dire que vous avez estimé presque à 50% plus cher. Donc, vous allez devoir vous plier à ce qu'a dit le ministère de l'Environnement. C'est son budget, c'est le budget de l'État. Comment vous allez respecter ce budget sans rogner sur la sûreté ?

  • Speaker #1

    Alors, il n'est pas question de rogner sur la sûreté nulle part. L'Andra avait fait une estimation qui était effectivement... de l'ordre de 30 milliards. Et le gouvernement, après des discussions, a décidé d'aller sur un coût moins. On a des optimisations possibles. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a, nous, la capacité de dire voilà ce qu'on peut faire aujourd'hui, mais comme partout, on réfléchit à des solutions plus innovantes qui peuvent nous apporter des bénéfices techniques ou économiques. Et donc il y a des optimisations. Et donc le ministère avait décidé que ce chiffre de 25 milliards était un chiffre objectif. Et l'idée n'est jamais de renier sur la sûreté. Le seul métier et la seule raison d'être de l'Andra, c'est la sûreté. C'est un établissement qui est sous la tutelle des ministères et dont le seul objectif, c'est de mettre de la sûreté pour les générations futures.

  • Speaker #0

    Donc bien sûr, le budget n'est pas là et ça ne se fera pas, on l'a compris. Mais est-ce que ça n'aurait pas été appréciable quand même d'avoir un CIGEO ? sur un sol granitite, et un autre CIGEO en part en France sur un autre sol, par exemple.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans la loi de 1991, qui était une loi de recherche, le Parlement avait dit qu'il fallait créer des laboratoires souterrains pour investiguer différents lieux. C'était parti pour. On avait commencé à investiguer trois lieux, un dans le Gard, un dans la Vienne et un aux Hautes-Marnes, où on s'est installé à Bure. Et puis, pour différentes raisons, il n'y a que le laboratoire de Bure qui a été fait. En 2005, quand l'ANDRA a rendu le bilan de ses travaux, ça c'est toujours dans le cadre de la loi de 1991, le Parlement a dit, l'ANDRA et le CEA, vous devez travailler pendant 15 ans sur les différentes options, qui étaient l'entreposage de longue durée, le stockage géologique et... la séparation transmutation. Vous travaillez pendant 15 ans, puis dans 15 ans, on fera un bilan. Dans le bilan qu'on a fait au niveau de l'ANDRA, on a fait un rapport qui a été évalué par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Et dans ce rapport, on disait, à Bure, l'argile qu'on a observée... peut nous permettre de faire un stockage géologique. Et on l'a apporté, la démonstration, c'est un document qui est en ligne pour la plupart, avec toutes les explications. À l'époque, l'autorité de sûreté nucléaire a émis un avis dans lequel elle disait que, vu les résultats qu'on avait à Bure, ce n'était pas la peine d'aller chercher un autre endroit. Ce site-là avait toutes les caractéristiques pour permettre la création d'un stockage. Alors, ceux qui veulent aller consulter, c'est l'avis du 1er février 2006 de l'autorité de sûreté nucléaire.

  • Speaker #0

    Une dernière question sur ces géos. CIGEO, c'est le phasage du projet. On n'a pas parlé de ça encore. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite ?

  • Speaker #1

    D'accord. C'est plus facile de répondre à où on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite. D'abord parce qu'il faut que CIGEO soit créé pour pouvoir être fermé.

  • Speaker #0

    Et autorisé.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Donc aujourd'hui, on a travaillé pendant 20-30 ans sur le stockage. On a déposé début 2023 la demande d'autorisation de création. Et... on est maintenant dans ce qu'on appelle la phase d'instruction. Instruction qui va durer à peu près 5 ans. Donc 2023, 2027, à peu près. Dans la première séquence de cette instruction, en ce moment, il y a ce qu'on appelle l'instruction technique. C'est-à-dire que l'autorité de sûreté nucléaire, l'IRSN et ce qu'on appelle les groupes permanents sont en train d'analyser le dossier de l'ANDRA et regardent notre démonstration de sûreté. Ça se passe en trois étapes. Une étape qui est de regarder nos données d'entrée. Quelles sont les données qu'on a prises pour concevoir l'installation ? La deuxième étape, c'est la sûreté en exploitation, la démonstration de sûreté en exploitation. Et la troisième...

  • Speaker #0

    En exploitation, c'est en gros ramener les déchets...

  • Speaker #1

    Pendant qu'on descend les colis, etc. Et ensuite, il y a une troisième particularité, et ça c'est une particularité des stockages, c'est... La sûreté après fermeture, c'est-à-dire une fois qu'on a fermé, qu'est-ce qui se passe ? Et donc, l'instruction technique, elle s'organise autour de ces trois thématiques-là. La première thématique vient de se terminer, les données d'entrée. Il y a eu une communication de l'Autorité de Sûreté Nucléaire et de l'IRSN récemment, qui est en ligne, qui est disponible et vous pouvez regarder. Et maintenant, le process se poursuit sur les questions de sûreté en exploitation et après fermeture. Une fois que ça, ça sera fait, il y aura un avis qui sera émis par l'autorité de sûreté nucléaire et qui dira est-ce qu'on peut continuer ou pas. En gros, c'est la première chose qui va être faite. C'est d'un point de vue technique. Est-ce que cette évaluation, elle nous conduit à dire qu'a priori, on peut engager la suite du processus pour aller vers l'autorisation.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est en 2027 ? Ça,

  • Speaker #1

    ce sera à l'horizon, plutôt au courant 2025. D'accord. Et après, ce qui se passe, c'est des consultations. Donc, on doit... C'est réglementaire. Il y a des consultations qui sont faites du territoire, du public avec une enquête publique, tout un dispositif. Et c'est seulement après tout ce dispositif-là que pourrait être délivré l'autorisation de création. C'est un décret. Donc ça, ça nous emmène à l'horizon 2027-2028. Pour la suite de CIGEO, s'il est autorisé, il va suivre un certain nombre d'essais progressifs. On va construire les installations, on va les tester. Puis après, quand on sera prêt, on demandera à l'autorité de sûreté nucléaire de nous délivrer l'autorisation de mise en service. Et c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra recevoir des colis de déchets radioactifs. D'accord. Puis on va partir comme ça. Et puis... À un moment donné, dans la spécificité de CIGEO, il va falloir qu'on fasse un bilan de ce qui se passe pour que le Parlement puisse décider des conditions de poursuite de CIGEO avant de pouvoir aller plus loin. C'est une spécificité de CIGEO, c'est la seule installation nucléaire de base pour laquelle ça existe. Si on a l'autorisation de mise en service, elle sera limitée, et le Parlement dira si on continue ou on ne continue pas.

  • Speaker #0

    Mais là, on est à la moitié du siècle déjà.

  • Speaker #1

    Alors là, on est après la moitié du siècle.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est aussi une autre spécificité de ce chantier, c'est qu'il n'y a pas... pas le feu, entre guillemets, dans le sens où les déchets qui sont destinés à être stockés là-bas sont encore trop chauds pour l'être, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, il n'y a pas le feu d'abord, on espère qu'il n'y aura pas le feu, effectivement, au sens figuré. C'est vrai qu'on est fondamentalement pas pressés. Alors, pour les déchets à chat, parce qu'en particulier, les déchets à chat, quand ils sont produits, ils sont très chauds, ils ont une puissance thermique importante, et pour éviter qu'ils perturbent trop la roche, on va attendre qu'ils refroidissent, que leur puissance thermique diminue, pour pouvoir... aller dans le stockage. Et ce qui veut dire que les déchets à chat, majoritairement, ils seront prêts en 2080. 70-80 pour venir dans 6 jours. Mais avant ça, il y a les déchets à MAVL. Et eux, il faut bien qu'on les mette dans le stockage. On peut les mettre maintenant dans le stockage. Donc on n'est pas pressé, mais il faut quand même avancer. Parce que il faut avancer dans la solution. On doit avancer pour pouvoir prendre en charge les déchets à MAVL qui existent déjà. Et certains déchets à chat, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Donc, ce projet a... a connu de vives oppositions depuis les années 70, depuis le début. C'est un peu l'argument numéro un des antinucléaires. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, l'Andra fait beaucoup de communication. C'est pour ça que tu es là aujourd'hui, j'imagine. Comment tu le ressens personnellement ? Est-ce que tu penses que ça évolue dans le bon sens ? Est-ce que tu penses que tout l'énergie que vous avez mis dans la communication et la sensibilisation du public paie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours difficile parce qu'il y a toujours des gens qui sont contre et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas forcément d'ailleurs le sujet parce que c'est un sujet très compliqué et puis il y a des gens qui ont l'air de dire que c'est super etc en fait ce qu'il faut comprendre c'est que l'ANDRA a été créé pour gérer les déchets radioactifs dans le long terme. Alors, c'était d'abord un département au sein du CA, et puis le Parlement, en 1991, a décidé que ça devait être quelque chose d'indépendant des producteurs de déchets. Et c'est un établissement public. C'est-à-dire que le patron de l'ANDRA, c'est le ministre en charge de l'environnement ou de l'industrie ou de la recherche. C'est le gouvernement, en fait. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que l'ANDRA fait ce que dit la loi. C'est la loi qui dicte les activités de l'ANDRA. Alors ça, ça ne suffit pas pour dire qu'il n'y a pas de problème, circuler n'a rien à voir. Mais ça veut dire que déjà, on avance dans un processus qui est cadré par la loi. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point...

  • Speaker #0

    Donc démocratique.

  • Speaker #1

    C'est un processus qui s'appuie sur les bases de la démocratie, c'est-à-dire des discussions au Parlement, puis le vote de loi, des débats publics, puisqu'il y a aussi eu plusieurs débats publics qui ont évoqué CIGEO, ou la gestion des déchets radioactifs d'une manière générale. Après, il y a bien sûr des actions qui sont conduites en lien avec les parties prenantes, Il y a ce qu'on appelle le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, qui, tous les cinq ans, permet de fixer les objectifs dans lesquels il y a les associations qui participent. Quand on travaille sur le stockage des déchets radioactifs, bien sûr, on est conscient du fait que ça peut être réclivant et que ça peut générer des oppositions, en particulier au niveau des gens qui se voient habiter à côté ou possiblement à côté d'une installation de stockage de déchets radioactifs. Et c'est normal qu'il y ait des gens qui ne sont pas d'accord. Alors, on discute, on essaye de discuter. C'est effectivement aujourd'hui une des raisons pour lesquelles je suis là. C'est parce qu'il faut qu'on contribue à expliquer ce qu'on fait et à mettre en place le dialogue. Un dialogue constructif, parce qu'en attendant, le vrai sujet, c'est quand même que les déchets sont là. Donc il faut faire des choses. Le but du jeu pour nous, c'est de faire en sorte qu'on apporte la démonstration du sérieux de nos travaux et une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir prendre en considération quand même les expressions des gens qui, sans être forcément des... militants contre, peuvent être inquiets des conséquences du chantier, de la façon dont ça peut changer leur environnement. Et donc, au niveau local en particulier, on a des actions avec les riverains pour les informer, pour travailler avec eux, par exemple, je parlais du chantier, sur les impacts que pourrait avoir le chantier dans les environs. Et donc, on a un groupe de travail avec eux qui leur permet de nous dire, attention, comment vous allez gérer ici, comment ça va se passer pour les poussières, par exemple.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la conclusion. Merci Sébastien Farrin.

  • Speaker #1

    Merci. Sous-titrage ST'501

Description

Depuis plus de 50 ans, les centrales nucléaires fournissent la majorité de l'électricité consommée en France. Ce faisant, elles créent des déchets radioactifs. Que l’on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là et c’est notre responsabilité de les gérer à long terme pour ne pas les laisser aux générations futures. L’ANDRA est l’organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets et la solution privilégiée aujourd’hui est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale : comment est-on sûr que c’est la même meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne finira pas dans l’environnement dans quelques centaines ou milliers d’années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, Directeur dialogues et prospective à l’ANDRA. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C’est le thème de ce nouvel épisode d’Echange Climatique.


Infos: https://linktr.ee/echangeclimatique

Contact: echangesclimatiques@gmail.com

Production: https://onetwo-onetwo.com/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En France, la majorité de l'électricité que l'on consomme depuis 50 ans provient de centrales nucléaires.

  • Speaker #1

    Si elles ont l'avantage de ne pas émettre de CO2 lorsqu'elles sont en activité,

  • Speaker #0

    elles produisent en revanche des déchets hautement radioactifs. Que l'on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là, et c'est notre responsabilité de les gérer pour ne pas les refiler aux générations futures. L'ANDRA est l'organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets. La solution envisagée aujourd'hui, c'est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale. Comment est-on sûr que c'est la meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne va pas se retrouver dans l'environnement dans quelques centaines ou quelques milliers d'années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, directeur Dialogue et Prospective à l'Andra. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C'est le thème de ce nouvel épisode d'Échange Climatique. Bonjour Sébastien Farin.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    D'accord, je m'appelle Sébastien Farin, je travaille à l'Andra depuis presque une vingtaine d'années et j'ai en charge une direction qu'on appelle Dialogue et Prospective, à l'intérieur de laquelle il y a des activités qui sont très transverses, dont notamment les activités de communication et d'échange avec le public.

  • Speaker #0

    Donc on va parler des déchets nucléaires et notamment de la solution de stockage en profondeur CGO, mais avant ça on va peut-être définir ce que c'est qu'un déchet nucléaire. Peut-être que tu peux rappeler quelques notions de base, sans trop entrer dans la notion de radioactivité, parce que c'est un sujet qu'on a déjà couvert dans le podcast. Donc, on pourra gagner un petit peu de temps là-dessus.

  • Speaker #1

    D'accord. Alors, les activités humaines utilisent... des propriétés diverses et dans les activités qui utilisent la radioactivité ou le nucléaire, c'est des activités qui vont produire des déchets. Et dans ces déchets-là, il y a des déchets qui sont dits radioactifs plutôt que nucléaires d'ailleurs. C'est-à-dire que ce sont des déchets qui contiennent des radionucléides ou donc des éléments qui ont une particularité d'être instables et donc d'émettre des rayonnements. Et c'est ça les déchets radioactifs. les choses dont on ne sait pas quoi faire et qui sont radioactives.

  • Speaker #0

    Et qui ont potentiellement une nocivité sur l'humain et l'environnement.

  • Speaker #1

    Et qui présentent un certain nombre de particularités, dont celle potentiellement d'être dangereux, voire très dangereux, sur des périodes de temps qui sont assez longues. Et c'est un peu ça la particularité dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Donc tu as bien rappelé qu'on ne parlait pas de déchets nucléaires, mais de déchets radioactifs, parce que ces déchets ne proviennent pas que des activités nucléaires.

  • Speaker #1

    Oui, ils viennent en particulier des activités nucléaires. Et quand on dit activité nucléaire, on pense bien sûr à la production d'électricité par les centrales nucléaires ou éventuellement la défense avec la propulsion et les forces de dissuasion. Mais la radioactivité, elle est aussi utilisée par l'industrie classique. On va, par exemple, on peut stériliser des choses avec la radioactivité, les appareils médicaux, des aliments. Mais on peut aussi utiliser la radioactivité dans des activités comme la datation, le carbone 14, quelque chose qu'on connaît bien. Et puis surtout... dans la médecine et dans la recherche. Et donc, il y a un panel de producteurs de déchets radioactifs qui est assez large en France, au-delà d'EDF, d'Orano et du CEA, qui sont les premiers producteurs auxquels on pense. Il y a à peu près en France, 1000 producteurs de déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Tous les déchets ne sont pas aussi radioactifs, ne sont pas de la même radioactivité, ne sont pas de la même activité. Est-ce que tu peux nous faire le panorama des différents types de déchets et qui est-ce qui a fait ces catégorisations ?

  • Speaker #1

    Alors... Il y a des catégorisations qui sont un peu différentes dans le monde, et la catégorisation française, elle s'organise autour de six grandes familles. Il y a une première famille qui est ce qu'on appelle les déchets à vie très courte. Alors, il faut revenir quand même un peu sur la radio. La radioactivité, c'est un phénomène qui décroît dans le temps. C'est-à-dire que si je prends quelque chose à un moment donné qui est radioactif, si je viens au bout d'un certain temps, cette radioactivité va avoir diminué de moitié. Ce qu'on appelle la demi-vie, mais vous avez dû en parler précédemment. Et donc, la particularité des déchets radioactifs... c'est qu'on sait que leur radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, un des premiers éléments qu'on va utiliser pour classer les déchets radioactifs, c'est de dire est-ce qu'ils ont une durée de vie qui est courte ou une durée de vie qui est plutôt longue. Alors là, ça devient compliqué parce qu'une durée de vie qui est très courte, ça existe. On considère, il y a des moments qui ont été choisis, qu'on considère que c'est en dessous de 100 jours. Donc, les déchets radioactifs qui ont une durée de vie très courte, en dessous de 100 jours, qui sont principalement des déchets qui viennent de l'industrie, de la recherche, pardon, et du médical, ce sont des déchets qui sont gérés différemment. Ils sont gérés sur site, on attend un certain temps que leur décroissance ait eu lieu, ensuite on les met dans des filières de gestion normales. Après, il y a des déchets qui ont une durée de vie courte, inférieure à 31 ans. Il y a une durée qui a été choisie inférieure à 31 ans. Et puis ceux qui ont une durée de vie longue, qui ont une durée de vie... supérieur à 31. Ça, c'est la première catégorisation, c'est la durée de vie. Et ensuite, à l'intérieur de ça, on va regarder le niveau de radioactivité. Il y a des très faiblement radioactifs, puis à la fin, il y a des très très radioactifs, et donc on va créer comme ça des familles. Alors c'est un peu compliqué, mais je pense qu'avec un tableau, ça se résume bien. On a donc les déchets à vie très courte, les déchets de très faible activité, qui sont des déchets pas très dangereux, qui sont quand même radioactifs. et qui viennent essentiellement du démantèlement des installations nucléaires. Ensuite, on a les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, qui sont principalement à vie courte et qui viennent de l'exploitation des installations nucléaires. C'est ça, les déchets de très faible activité et de faible et moyenne activité à vie courte. C'est la majeure partie des déchets radioactifs. C'est la principale en volume. C'est ça qui est essentiellement produit. Après, on a des déchets qu'on appelle de faible activité à vie longue. qu'on produit moins en France, donc ils ne sont pas très radioactifs, mais ils ont des durées de vie qui sont assez longues. Puis après, c'est les déchets qui sont concernés par CIGEO dont on va parler. Ce sont les déchets qu'on appelle de moyenne activité à vie longue et de haute activité, qui eux sont des déchets qui sont très radioactifs et qui sont même très dangereux en l'occurrence.

  • Speaker #0

    Donc avant de rentrer dans le cas de CIGEO, pour ces différents types de déchets qui ne sont pas à haute activité, quel est le type de stockage qui est aujourd'hui employé en France ?

  • Speaker #1

    Pour les déchets qui ne sont pas de haute activité, on a des centres de stockage qui sont en surface, qui se trouvent en l'occurrence dans le département de l'Aube, pour deux d'entre eux, pour les déchets de très faible activité et pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Ce sont des centres qui sont exploités depuis 2003 pour celui sur les déchets TFA et depuis 1992 pour celui sur les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Et puis on a un autre centre de stockage qui lui a été exploité entre 1969 et 2019. et 1994, qui se trouve dans le Cotentin, juste à côté de l'usine Orano de la Hague, qu'on appelle le centre de stockage de la Manche.

  • Speaker #0

    Donc, on va rentrer dans le cœur du sujet, c'est-à-dire sur le Cijo et la gestion des déchets en profondeur. Est-ce que tu peux nous, pour quelqu'un qui n'aurait jamais entendu parler de ce cas-là, est-ce que tu peux nous dire à quoi ça ressemble et en quoi ça consiste ?

  • Speaker #1

    Alors, à quoi ça ressemble ? L'idée, c'est de construire à 500 mètres de profondeur en France, avec des tunnels et qui reçoivent des cendries. un tunnel incliné ou des puits, une installation souterraine dans laquelle on va venir placer des déchets, les colis de déchets, en fait c'est des déchets qu'on met dans des boîtes, puis éventuellement ces boîtes, on va les mettre encore dans des boîtes, et ces boîtes, on va les mettre en profondeur. L'objet, c'est de les mettre en profondeur dans un endroit particulier, en l'occurrence ici, dans une couche d'argile qui fait entre 100 et 150 mètres d'épaisseur, pour confiner la radioactivité. Il faudra y revenir, mais c'est vraiment pour confiner la radioactivité. Et donc, l'installation, c'est des bâtiments en surface qui permettent de gérer l'accueil des colis de déchets, qui viennent principalement par train, le contrôle de ces colis, puis ensuite la préparation de ces colis pour les descendre dans l'installation, puis après, pour aller placer ces colis dans des tunnels qui sont plus ou moins grands en fonction de la nature des colis.

  • Speaker #0

    Donc aujourd'hui, CIGEO n'existe pas. Par contre, on peut visiter le laboratoire. Qui est comme une copie ou un prototype de CIGEO ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO n'existe pas. Aujourd'hui, on est dans un processus où on a demandé l'autorisation de créer cette installation. Et pour l'instant, on n'a pas eu l'autorisation de créer CIGEO. Ce qu'on a à proximité directe de l'endroit où on veut faire CIGEO, c'est un laboratoire souterrain qu'on a commencé à creuser il y a une vingtaine d'années maintenant, un peu plus. Et l'objet de ce laboratoire souterrain, c'est de faire de la recherche sur le stockage en lui-même, mais aussi sur la connaissance de la roche. Donc, c'est deux installations qui sont bien différentes. Et effectivement, le laboratoire est un endroit où on fait de la science et de la technique, mais on peut aussi visiter ce laboratoire si on prend contact avec les équipes du service communication de l'Andra en Meuse-Haute-Marne.

  • Speaker #0

    Et donc les déchets qui sont destinés à CIGEO, c'est des déchets qui viennent d'où déjà ? Je pense que c'est en majeure partie du nucléaire civil, mais est-ce qu'il y a d'autres choses ? Et c'est des déchets qui sont dangereux pour combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors, les déchets qui sont concernés par CIGIO, c'est vraiment tous les déchets de haute activité et tous les déchets de moyenne activité à vie longue. Ça représente, dans le concept de CIGIO, à peu près 80 000 m3 de déchets radioactifs. Et ça, ce sont des déchets qui sont produits par les installations nucléaires qui sont liées notamment à la production d'électricité. Alors, c'est les centrales, mais c'est tout ce qui vient aussi autour. Donc principalement, les déchets viennent de l'activité de production d'électricité, mais sur l'ensemble de la chaîne. La production des combustibles, l'exploitation des centrales, et puis le traitement. Il y a un peu des déchets militaires. Il n'y a absolument pas de déchets radioactifs de très haute activité, très très peu, ils viennent du démantèlement. Les déchets de démantèlement viennent principalement des gravats, etc. Ce sont des déchets de très faible activité.

  • Speaker #0

    Et par exemple de la médecine, comment on fait une radio, comment on fait un scanner ? Est-ce qu'il y a des choses qui vont arriver à Cigéo ?

  • Speaker #1

    Pas dans Cigéo. Ce ne sont pas des déchets de moyenne activité à Ylong, ni de haute activité.

  • Speaker #0

    Donc finalement, c'est la Meuse qui a été choisie, donc cette ville à côté de la ville de Bure. À la base, l'Andra avait plutôt commencé à chercher dans des sols de roches de granit. C'est un choix aussi qu'a fait la Suède. J'ai entendu que ça avait... pas marcher parce qu'il y avait eu beaucoup d'opposition locale. Est-ce que l'Andra, finalement, a fait une certaine concession en allant à Bure parce que c'est là où était le projet accepté, mais pas forcément parce que là où il y avait la roche la plus propice ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, il faut reprendre l'histoire un peu de la gestion des déchets de haute activité, et donc très vite dans l'histoire du nucléaire, on voit qu'il va falloir qu'on gère les déchets radioactifs. Et puis très vite, pour ces déchets de haute activité, on commence à réfléchir à différentes solutions. Et on arrive assez vite à une conclusion, c'est que, vu les durées de dangerosité de ces déchets, plusieurs centaines de milliers d'années, il faut trouver des solutions qui ont des capacités à gérer sur des temps très longs les déchets radioactifs. Et donc très rapidement, les scientifiques, les experts, ils vont s'orienter vers le stockage géologique. Il y a d'autres solutions qui ont été étudiées, mais le stockage géologique vient vite une solution.

  • Speaker #0

    On peut peut-être y revenir. Pourquoi c'est celui-là qui a été choisi par rapport au... aux autres parce qu'il y avait aussi des solutions de transmutation, il y avait aussi les envoyer dans l'espace, les envoyer dans l'océan. Pourquoi au final c'est ça qui a été choisi ?

  • Speaker #1

    Alors parce que c'est de fait la solution qui est la plus sûre en fait dans l'absolu. Je vais prendre l'exemple concret, le plus facile c'est celui de l'espace. C'est sûr qu'on pourrait envoyer les déchets dans l'espace. Le problème c'est que la fiabilité des fusées qui envoient les choses dans l'espace, elle est bonne aujourd'hui, on voit bien, on envoie des satellites, mais elle est quand même... limité, ce qui fait que si une fusée qui transporte des déchets radioactifs explosait pendant son décollage, ça aurait une conséquence assez dramatique. On a étudié le fait de mettre les déchets dans des zones de subduction sous-marines, on a étudié la possibilité de laisser les déchets dans des installations de surface aussi durables que possible. Mais à la fin, ce qui ressort, c'est toujours le stockage géologique, et c'est le cas partout dans le monde, tous les pays. qui ont à gérer des déchets d'autres activités, s'orientent plus ou moins rapidement vers un stockage géologique, parce que c'est la seule qui permet de répondre aux durées qui sont concernées ici.

  • Speaker #0

    Il y a des pays qui sont plus en avance que la France ?

  • Speaker #1

    Il y a deux pays qui avancent. un tout petit peu plus vite que la France, mais on est à peu près dans la même zone, ce n'est pas une course, c'est la Suède et la Finlande. La Finlande pourrait même avoir l'autorisation de mettre en exploitation son installation dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    D'accord. La Finlande et la Suède ont choisi...

  • Speaker #1

    aussi cette solution ils sont en avance comme tu viens de le dire est ce que c'est dans le même type de roche qu'à bure alors tout à l'heure j'évoquais l'histoire un peu et donc ils ont dans leur dans leur passé capacité uniquement de du granit donc ils se sont orientés vers une option qui est de gérer dans le granit ces déchets en france dans les années 80 on a cherché on a commencé à chercher des sites pour faire des études sur le stockage géologique et on a été voir différents types de roches et roches garnitiques des roches salines de l'argile on a on a fait on a fait plusieurs choses. À l'époque, ça ne s'est pas très bien passé, parce qu'il n'y a pas eu de discussion avec les populations ou avec les élus. Ça, c'est dans les années 80. Le premier ministre de l'époque avait décidé qu'il fallait arrêter tout ça et a fait un moratoire. C'est à ce moment-là que le Parlement français a commencé à s'intéresser à la question des déchets radioactifs, puisque depuis 1991, il a voté trois lois qui concernent le stockage. En 1991, en 2006 et en 2016. C'est quelque chose qui est suivi par le Parlement. Dans les années 90, l'ANDRA a été missionné pour regarder la géologie en France et pour essayer de trouver des endroits où on pouvait implanter un laboratoire dans la perspective de créer un stockage géologique. Et à l'époque, on avait identifié un certain nombre de zones qui avaient été candidates. D'accord ? Mission parlementaire avait été conduite par un député et il avait identifié des sites qui étaient candidats. Il y avait des roches plutôt argileuses ou plutôt granitiques, les deux. Il se trouve que dans les analyses préliminaires qui ont été menées, il y avait des endroits où on pouvait avoir des endroits où on pouvait avoir des endroits Il y avait des aspects scientifiques qui posaient un certain nombre de problèmes sur la roche granitique. Par ailleurs, il n'y avait pas un accueil très favorable des populations. En Meuse-Haute-Marne, à Bure, où on projette de construire CIGEO, on a une couche argileuse qui, par la suite, grâce au laboratoire, on a pu démontrer qu'elle était tout à fait favorable à l'accueil du stockage. Mais on a eu aussi une candidature des départements. Donc c'est un double travail d'un dispositif de consultation et de candidature. des départements, et puis technique pour vérifier que la roche est bien compatible avec la réalisation d'un stockage géologique.

  • Speaker #0

    Donc justement, tous ces tests aujourd'hui que vous faites à CIGIO, est-ce que tu peux nous en parler ? Est-ce que tu peux nous dire à peu près, parce que l'autorisation, comme tu disais, n'a pas encore été donnée, qu'est-ce qu'il reste encore à prouver ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, dans le process, on a presque 30 ans de recherches qui ont été conduites et on a déposé en début 2023 ce qu'on appelle la demande d'autorisation de création de CIGEO. Et une demande d'autorisation de création d'une installation nucléaire, c'est je vous demande de créer cette installation parce que je peux vous prouver que je sais maîtriser la sûreté de cette installation. C'est-à-dire que j'apporte avec cette demande la démonstration de ma capacité à maîtriser la sûreté. Et donc c'est ça qui est en train d'être fait aujourd'hui par l'autorité de sûreté nucléaire et l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, c'est d'évaluer, d'instruire cette démonstration de sûreté pour vérifier bien sûr qu'avant de nous dire vous pouvez construire, on a bien affiché l'ensemble des dispositions qui nous permettent de prouver qu'on sait gérer cette sûreté. Ce qu'on a fait depuis 20 ans et notamment dans le laboratoire souterrain, c'est de travailler à cette démonstration de sûreté. Et dans le laboratoire souterrain, on a commencé d'abord par identifier, connaître le mieux possible la roche. Donc le principe, c'est de placer les déchets radioactifs dans une couche d'argile, qui fait environ, je l'ai dit tout à l'heure, 150 mètres d'épaisseur, parce que cette couche d'argile a des caractéristiques qui sont très intéressantes. Pour savoir quelles sont ces caractéristiques, il a fallu commencer par les mesurer. Sa perméabilité, sa porosité, la manière dont elle se comporte dans le temps. Donc, c'est ça qu'on a commencé à faire dans le laboratoire tout au début. Ensuite, quand on crée une installation de stockage géologique, on va... faire un trou dans la roche, donc on va venir perturber la roche. On va la creuser, on va amener de la chaleur, parce que les déchets peuvent être chauds, on va amener des différents types de matériaux, parce que les déchets ils sont mis dans des matrices en verre, on met ça dans des colis en acier ou en inox, on met du béton, donc on regarde comment les interactions entre le milieu géologique argileux et tous ces matériaux interviennent, et comment tout ça se comporte dans le temps. Donc c'est ça qu'on fait depuis une vingtaine d'années dans le laboratoire, et puis ces dernières années, on a un petit peu avancé aussi vers l'industrialisation, c'est-à-dire qu'on commence à creuser les tunnels qui pourraient être creusés dans CIGEO, on commence à mettre les différents revêtements qui pourraient intervenir dans ces tunnels et on commence donc à préparer l'industrialisation ou l'exploitation de l'installation.

  • Speaker #0

    Et donc j'ai lu un petit peu un article de Greenpeace qui est une association opposée à CIGEO, est-ce que vous pouvez affirmer ou confirmer ce qu'ils disent ? forage et la radioactivité des colis sont susceptibles de déstabiliser cette courge argileuse. Est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire si c'est vrai ou c'est faux ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, le principe du stockage, c'est de faire en sorte qu'on confine la radioactivité autant de temps que nécessaire, parce que j'ai dit tout à l'heure, la radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, le principe du stockage, en fait, il est basé sur deux choses. D'abord, c'est d'être en profondeur pour isoler durablement les déchets de l'environnement et de la biosphère et de l'homme. Donc, on se met en profondeur en France pour... Pour cet aspect-là, il faut qu'on soit à plus de 200 mètres. C'est-à-dire qu'il faut être loin de toute l'érosion, il faut être loin des perturbations sociales qu'il peut y avoir aussi dans le temps. On est sur des périodes de temps qui sont très longues. Donc le principe même, c'est de placer les déchets dans cette couche géologique parce qu'elle va apporter du confinement. Il y a longtemps, il y a eu une image qui avait été prise, qui était celle du coffre-fort. On a l'impression qu'on met les déchets dans un coffre-fort et puis ça y est, on n'en entend plus parler. Alors ça ne marche pas tout à fait comme ça. On met les déchets dans l'argile et on sait que les propriétés de l'argile vont permettre... de ralentir le plus possible c'est vraiment l'argile qui ralentit la migration le déplacement de la radioactivité dans le temps mais ça c'est les propriétés de l'argile en fait parce que c'est le concept même c'est ces colis inoxydables ils vont finir parce par

  • Speaker #0

    se désintégrer et finalement il ya bien des particules radioactives qui vont terminer dans l'environnement à ce niveau là au bout de

  • Speaker #1

    4000 ans ou quelque chose comme ça c'est beaucoup plus long c'est des périodes de temps qui sont beaucoup plus long mais effectivement le principe c'est que si je reviens sur le prix Le principe de CGO, c'est qu'on place les déchets dans une couche d'argile. Alors, on les met dans des colis, puis dans des tunnels. Les tunnels sont bétonnés. Et on sait que dans le temps, le béton... Linux, même Linux, et tous les matériaux qu'on va utiliser vont s'altérer. Et on sait que potentiellement, la petite quantité d'eau qui se déplace dans l'argile va pouvoir véhiculer la radioactivité. La chance qu'on a, et c'est pour ça qu'on s'est mis dans cette roche-là, c'est que l'argile a des propriétés qui vont nous aider beaucoup. La première, c'est qu'elle a une capacité à retenir certains éléments chimiques. Vous savez, c'est l'histoire des plus et des moins. Eh bien, il va y avoir une attraction de certaines... certains radionucléides, ce qui fait qu'ils vont rester bloqués dans l'argile. Donc il y a des radionucléides qui, dans le stockage, sont très peu mobiles, ils ne bougent plus une fois qu'ils sont à l'intérieur de la roche. Il y a d'autres radionucléides qui vont être un petit peu mobiles, qui vont se déplacer, mais qui ne vont jamais aller très très loin. Puis il y en a d'autres, effectivement, qui eux vont être plus mobiles et qui vont pouvoir un jour remonter à la surface. Mais le temps que ça va avoir pris pour faire ça, la radioactivité va avoir suffisamment diminué pour que l'impact soit très limité en surface. Et c'est ça le principe du stockage.

  • Speaker #0

    On parle de combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    On parle sur des durées de temps qui sont plusieurs centaines de milliers d'années pour certains phénomènes. Ça peut arriver éventuellement avant, mais en tous les cas, c'est des phénomènes qui sont très très longs. Ça nous emmène dans des pas de temps qui sont vraiment très longs.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, 4000 ans, c'était le temps que l'acier se désintègre. Par contre, après, il reste le verre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a tout un ensemble, un système d'enveloppes qui font qu'on retarde au maximum cette évolution.

  • Speaker #0

    Parce que ça, je trouve ça assez intéressant. Donc, les pires déchets ont été fondus dans du verre. Tu peux nous parler de cette méthode de stockage ?

  • Speaker #1

    C'est une méthode de préparation des déchets. En fait, les combustibles usés qui sortent des centrales nucléaires en France, ils sont destinés à être retraités. C'est-à-dire qu'à l'usine Orano qui est à la Hague, on va procéder à une séparation entre ce qui peut être utilisé encore, ce qu'on appelle une matière, de ce qui n'est plus du tout utilisable.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est l'unioralum 235 et l'hébuttonium 239 ?

  • Speaker #1

    L'hébuttonium, c'est ça. qui sont les matières qu'on peut ou penserait utiliser un jour. Donc ça, ça représente 96% du combustible usé. Et puis il reste 4% qui sont ce qu'on appelle les produits de fission ou les actinides mineurs et les actinides mineurs. Et ces 4% là, en fait, on va les vitrifier. C'est-à-dire qu'on va les couler dans une matrice en verre, puis dans un colis. Et c'est ça qui va constituer un colis de haute activité. Et puis, quand on regarde le combustible usé, pour être tout à fait complet, on place les pastilles d'uranium dans des barres. Et ces éléments-là sont aussi cisaillés, découpés et compactés. Et ça compose une partie des déchets de moyenne activité à vie longue.

  • Speaker #0

    Justement, ces déchets de moyenne activité à vie longue, qu'on va appeler la MAVL le temps de la question, il y a eu un accident aux États-Unis dans leur CGO à eux, si je ne dis pas de bêtises. Il se trouve que ces colis sont potentiellement inflammables et peuvent relâcher de l'hydrogène. Donc les deux en même temps, ça pourrait créer des incendies dans le web d'Ancist.go. Déjà, est-ce que ce risque, est-ce que vous l'avez évalué ? Et comment vous comptez y remédier ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une installation aux Etats-Unis qui s'appelle le WIP, qui est un stockage qui existe dans le sel à plusieurs centaines de mètres de profondeur. qui gèrent, alors pas tout à fait des déchets MFL, qui gèrent des déchets transuraniens, qui contiennent de l'uranium, qui viennent des activités de défense. Alors c'est vrai qu'il y a quelques années, dans ce stockage, il y a eu deux accidents coup sur coup, et notamment un accident qui est lié à un feu de déchets. Alors, ce qu'il faut voir, c'est que dans les familles de déchets MFL, il y a des différentes familles, et avec des, je parlais là des coques et des embouts, qui sont métalliques. Et eux, ils ne présentent pas de risque d'incendie. C'est des déchets qui sont inertés, c'est des métaux. Mais il y a des déchets qui ont été mis dans des matrices. qui sont différentes et il y a des déchets qui sont mis dans une matrice en bitume. Et ça, ça peut être amené, bien sûr, à prendre feu. Alors, dans le cas de CIGEO, bien sûr, on a regardé ce qui s'est passé aux Etats-Unis, et pas que aux Etats-Unis, on essaye de faire, de regarder tout ce qui se passe, qui est en lien avec la radioactivité, mais avec le souterrain aussi, et on prend en compte et on fait du retour d'expérience sur ces phénomènes-là. Et donc, par rapport aux risques d'incendie, c'est l'approche générale des risques, d'ailleurs, qu'on a, c'est d'abord on essaie de limiter au maximum la possibilité que ça arrive. Typiquement dans l'installation souterraine on va pas aller avec une voiture dont le moteur peut exploser et créer un incendie donc on évite les produits inflammables. Toutes ces choses qui peuvent être basiques mais il faut y penser, c'est les choses qu'on fait comme ça. Ça c'est la première chose, on prend un ensemble de dispositions qui vise à éviter qu'on se retrouve dans des situations accidentelles. Maintenant on peut pas garantir qu'on n'aura pas de situation accidentelle donc notre travail il est de prévoir. des moyens pour détecter au plus tôt si quelque chose ne va pas dans le bon sens. Donc ça veut dire, en cas d'incendie, d'être capable de détecter très tôt l'augmentation de la température et d'être ensuite en mesure de réagir et donc d'avoir des moyens qui permettent d'intervenir. Typiquement, sur les colis MAVL, quand ils sont en mesure de réagir, sont placés dans les alvéoles, ils sont portés par un petit chariot. Sur ce chariot, il y a des moyens d'extinction de manière à ce que si on détecte quelque chose, on puisse très vite intervenir. Puis dans l'analyse des risques et la démarche de sûreté, on fait encore une chose supplémentaire, c'est que... On essaye de limiter au maximum les conséquences d'un problème si jamais il survenait. D'accord, je le redis, on essaye de limiter les choses, on essaye d'avoir les moyens de détection et d'intervention. Et puis la dernière chose, c'est que si ça arrive quand même, on essaye de faire en sorte pour que c'est le moins de conséquences possible. Et donc ça, c'est vraiment l'ensemble de l'approche de sûreté pour la sûreté en exploitation. C'est de regarder l'ensemble de ce panel-là.

  • Speaker #0

    Et si ça arrive après fermeture ?

  • Speaker #1

    Après fermeture, c'est un peu différent. Une fois qu'on a tout fermé, le principe du stockage, d'ailleurs, c'est qu'il doit être fermé. CIGEO, il est fait pour être fermé. Je n'ai pas parlé de ça pour l'instant, mais le but de CIGEO, c'est de protéger les générations futures des déchets radioactifs qui sont produits aujourd'hui et qui vont être produits par les installations nucléaires qui existent. Ça veut dire que le principe, c'est de réduire la charge des générations futures. On peut vite assez comprendre. On ne peut pas laisser les générations futures, dans 10 000, 5 000 ans, 50 000 ans, 100 000 ans, gérer les déchets radioactifs qu'on produit aujourd'hui. Il faut qu'on fasse quelque chose. Et donc, le principe de CIGEO, c'est de dire, OK, on est responsable, on prend des dispositions pour mettre ces déchets en sécurité. Une fois qu'on a exploité CIGEO, le principe, c'est de fermer CIGEO pour que la sûreté devienne passive, c'est-à-dire qu'il n'y a plus besoin d'intervention humaine. Et à ce moment-là, le stockage est fait pour évoluer, c'est ce qu'on a décrit tout à l'heure. à l'heure. Les colis vont se déliter, mais la radioactivité est emprisonnée durablement dans la roche, même si elle peut circuler à l'intérieur. Ça fait une espèce d'endroit de confinement de la radioactivité.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase, dans 5000 ans, 10 000 ans, les déchets seront toujours dangereux et radioactifs, mais comment être sûr que les êtres humains du futur ne vont pas par erreur ou alors... Par hasard, creuser pile à cet endroit-là et donc du coup exhumer ces déchets radioactifs, alors il faudrait un hasard quand même, mais je sais que c'est une question qui vous prend beaucoup de temps à l'endroit.

  • Speaker #1

    Alors c'est une question qu'on nous pose beaucoup, c'est une question qui nous occupe. Effectivement, c'est l'enjeu de comment on garde la mémoire du stockage. Je l'ai dit tout à l'heure, le stockage il est fait pour être passif, ça veut dire qu'une fois qu'il est fermé, l'homme n'a plus besoin d'intervenir. Mais il faut évidemment éviter qu'on aille creuser à l'intérieur. Déjà, creuser à 500 mètres de profondeur, on ne le fait pas avec une pelle et une pioche. C'est quelque chose qui fait que quelqu'un qui aurait la capacité d'aller se creuser à 500 mètres de profondeur, aujourd'hui, il a la capacité de voir ce qu'il y a dans le sous-sol. On est capable, par des moyens divers et variés, de savoir s'il y a quelque chose au fond. Néanmoins, on ne peut pas garantir que ça n'arrive pas. Dans les scénarios qu'on regarde d'évolution, on se dit qu'est-ce qui se passe si il y avait un forage intrusif réalisé par un scénario. par des hommes. Donc ça, on le regarde. Et donc tout l'enjeu, c'est de se dire comment on fait pour ne pas oublier qu'il est là, ce stockage. Là, on a des dispositions qui sont prises. Il y en a plusieurs, mais la première, c'est qu'on nous demande de garantir que pendant au moins 500 ans, on peut conserver la mémoire du stockage. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pendant 500 ans, il faut qu'on s'assure de transmettre aux générations des informations qui leur permettront de ne pas oublier que le stockage est là, de manière... Alors... de manière administrative, j'allais dire. C'est-à-dire qu'on regarde, on dépose aux archives nationales des informations sur le contenu des stockages, qu'est-ce qu'on y a fait, quels sont les déchets qui sont à l'intérieur. On essaie aussi de faire en sorte que l'information se dissémine sur le territoire. Donc là, de proche en proche. Donc, on a créé, par exemple, autour de nos installations, ce qu'on appelle des groupes mémoire, qui sont des riverains, qui participent à garder la mémoire des installations. Et puis après... 500 ans on essaye de regarder pour faire en sorte que la mémoire se perdure le plus longtemps possible on sait qu'on va perdre la mémoire un jour sur des durées de temps qui sont énormes on sait qu'on va finir par la perdre mais En développant des moyens, on pense qu'on a la capacité à ce qu'elle aille plus loin que 500 ans et de faire en sorte qu'on n'oublie pas et qu'on n'aille pas creuser sous nos pieds. Et encore une fois, c'est à 500 mètres de profondeur, c'est quand même assez loin.

  • Speaker #0

    Est-ce que CIGEO est dimensionné aussi pour les déchets des EPR2, enfin les potentiels déchets des EPR2 ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO, aujourd'hui, a été conçu, et c'est ça qui nous a servi de base pour concevoir l'installation, sur... le fonctionnement des réacteurs qui existent, plus L'éper de Flamanville, qui n'a pas encore débarré, mais qui est déjà en construction, donc ces déchets doivent être pris en compte. Plus ITER, qui est l'installation qui est en cours de développement aussi dans le sud de la France. Plus un réacteur qu'on appelle Julorovitz. Donc, l'inventaire des déchets pour lesquels CIGEO est conçu, c'est les déchets qui sont produits par toutes ces installations. Sur une durée de fonctionnement de 50 ans. qui est arbitraire. Il faut bien qu'on décide à un moment donné. Nous, on dit, c'est très clair, ce qu'on appelle l'inventaire de référence, c'est toutes les installations nucléaires de base existantes ou autorisées sur une durée de vie de 50 ans. Maintenant, effectivement, ces derniers temps, il a été question d'ajouter de nouveaux réacteurs au parc français et notamment la création de 6 EPR.

  • Speaker #0

    Et puis aussi de rallonger la durée de vie des centrales au-delà de 50 ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, ça c'est des travaux qui sont en cours. Mais donc pour les 6 EPR, initiaux, le gouvernement avait très tôt demandé à l'Andra de regarder ce qui se passait en termes de gestion des déchets radioactifs, tous les déchets radioactifs, pas que sur ce géo, bien sûr, si on était amené à construire et à exploiter ces réacteurs. Donc tout ce qu'on a montré... C'est qu'en premier examen, il n'y a rien de rédhibitoire à prendre en charge les déchets de six réacteurs UPR. Alors d'abord, c'est des déchets qu'on connaît puisque c'est la même technologie que les installations qui existent aujourd'hui. Donc c'est des déchets très similaires, pas des déchets très différents. Et puis ensuite, c'est des volumes qui sont relativement limités. On a par exemple sur CIGEO montré... que c'est 5% de déchets MAVL en plus et 20% de déchets HA. Ça fait quelque chose, mais ça reste dans une enveloppe qui est raisonnable. Donc, pour les déchets de 6 réacteurs supplémentaires... on a des dispositions qui nous permettent de prendre en charge ces déchets, parce que, aussi, ça c'est une exigence du Parlement, il faut qu'on puisse adapter CIGEO à des post-sociales évolutions de la politique énergétique. Donc c'est un peu prévu, c'est ce qu'on appelle l'adaptabilité. dans notre travail.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le plus probable, c'est que CIGEO soit agrandi plutôt qu'il y ait un deuxième CIGEO à l'heure d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Six réacteurs supplémentaires, on augmente la taille de CIGEO. Au-delà, c'est un peu différent. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il faut regarder ce qui se passe. et là il faut prendre en compte plusieurs choses d'abord c'est tout le contexte autour si on décide de créer d'autres réacteurs est-ce qu'on fait du retraitement est-ce qu'on fait du multi-recyclage des choses que vous avez abordées déjà précédemment il y a plein de paramètres qui sont des données d'entrée importantes pour l'endroit et puis dans tous les cas ces déchets ils n'arrivent pas tout de suite c'est à dire que les déchets qui viendraient de réacteurs supplémentaires, ils arriveront, ils seraient produits beaucoup, beaucoup plus tard. Donc, ça veut dire qu'on a encore le temps pour regarder. Donc,

  • Speaker #0

    le nucléaire civil en France, il est souvent vanté comme pas cher et comme bas carbone. Est-ce qu'en prenant 6 GO en compte, tout cela reste à ce point vrai ? Ça restera toujours vrai, mais est-ce que c'est toujours aussi peu cher ? Est-ce que c'est toujours aussi peu bas carbone ?

  • Speaker #1

    Alors, le... Si on regarde le coût qui avait été arrêté par le gouvernement sur CIGEO, on peut se dire que c'est beaucoup d'argent. Après, si on ramène ça à...

  • Speaker #0

    C'était 25 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    C'était 25 milliards d'euros. De 2012. de 2011, je crois. Voilà. En tout cas, 25 milliards d'euros, ça fait une somme, en l'occurrence. Après, si on regarde maintenant en détail, et c'est pas nous qui regardons, c'est la Cour des comptes. La Cour des comptes, en 2019, a rendu... rendu un rapport, donc c'est très sérieux la Cour des comptes, et elle dit que l'aval du cycle, ça représente 10% du coût du nucléaire à peu près. D'accord, l'aval du cycle. Donc ça veut dire le retraitement et tout ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. Et donc, la gestion des déchets radioactifs, à proprement parler, donc l'activité de l'Andra, c'est quelques pourcents, 1, 2, 3% du coût total de production d'électricité.

  • Speaker #0

    D'accord, mais est-ce que c'est aujourd'hui déjà pris en compte dans nos factures ?

  • Speaker #1

    C'est déjà pris en compte. compte dans la facture, les producteurs de déchets doivent faire des provisions pour financer le stockage. D'accord. Donc, dès aujourd'hui. C'est-à-dire, dès qu'il y a des mètres cubes de déchets qui sont produits, ils doivent mettre de côté de l'argent pour ça. Alors, la particularité des 25 milliards, ou du coût de CIGEO, c'est que c'est un coût qui est un coût global. C'est-à-dire que, quand on parle d'une installation industrielle, en général, on va parler du coût d'investissement. Combien cela va me coûter de construire cette installation ? Pour... Pour CIGEO, c'est 5 milliards à peu près. Un tout petit peu plus que 5 milliards d'euros. D'accord. Alors, c'est quoi les 25 milliards ? Ce qu'on nous a demandé de faire, c'est un calcul global du coût de CIGEO. C'est-à-dire, combien ça va coûter de construire CIGEO en entier ? Combien ça va coûter de l'exploiter ? Tous les personnels ? Combien ça va coûter de maintenir l'installation ? Combien ça va coûter en taxes ? C'est-à-dire de faire une estimation globale du coût de CIGEO sur toute la durée de sa vie. D'accord. Sur 100 ou 150 ans. Et ça correspond à ça. Donc si on prend une image, ça revient à dire, j'ai le coût d'achat de ma voiture. Je dois intégrer toutes les sens que je vais mettre, voilà 5 milliards, puis je vais intégrer dans toutes les sens que je vais mettre, toutes les réparations que je vais faire, le changement des pneus, etc. dans les amendes que je vais avoir éventuellement. Je vais intégrer dans la vision globale tous les éléments qui vont venir être financés au cours de la vie de cette voiture. C'est ça qui est important aussi à comprendre, c'est que ce coût de 25 milliards, il est réparti avec un investissement initial et ensuite tout ce qui est déployé durant la durée de vie de l'installation.

  • Speaker #0

    Donc... Le ministère de l'Environnement a statué à 25 milliards, mais l'Andra avait estimé plutôt à 35 milliards. Ça veut dire que vous avez estimé presque à 50% plus cher. Donc, vous allez devoir vous plier à ce qu'a dit le ministère de l'Environnement. C'est son budget, c'est le budget de l'État. Comment vous allez respecter ce budget sans rogner sur la sûreté ?

  • Speaker #1

    Alors, il n'est pas question de rogner sur la sûreté nulle part. L'Andra avait fait une estimation qui était effectivement... de l'ordre de 30 milliards. Et le gouvernement, après des discussions, a décidé d'aller sur un coût moins. On a des optimisations possibles. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a, nous, la capacité de dire voilà ce qu'on peut faire aujourd'hui, mais comme partout, on réfléchit à des solutions plus innovantes qui peuvent nous apporter des bénéfices techniques ou économiques. Et donc il y a des optimisations. Et donc le ministère avait décidé que ce chiffre de 25 milliards était un chiffre objectif. Et l'idée n'est jamais de renier sur la sûreté. Le seul métier et la seule raison d'être de l'Andra, c'est la sûreté. C'est un établissement qui est sous la tutelle des ministères et dont le seul objectif, c'est de mettre de la sûreté pour les générations futures.

  • Speaker #0

    Donc bien sûr, le budget n'est pas là et ça ne se fera pas, on l'a compris. Mais est-ce que ça n'aurait pas été appréciable quand même d'avoir un CIGEO ? sur un sol granitite, et un autre CIGEO en part en France sur un autre sol, par exemple.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans la loi de 1991, qui était une loi de recherche, le Parlement avait dit qu'il fallait créer des laboratoires souterrains pour investiguer différents lieux. C'était parti pour. On avait commencé à investiguer trois lieux, un dans le Gard, un dans la Vienne et un aux Hautes-Marnes, où on s'est installé à Bure. Et puis, pour différentes raisons, il n'y a que le laboratoire de Bure qui a été fait. En 2005, quand l'ANDRA a rendu le bilan de ses travaux, ça c'est toujours dans le cadre de la loi de 1991, le Parlement a dit, l'ANDRA et le CEA, vous devez travailler pendant 15 ans sur les différentes options, qui étaient l'entreposage de longue durée, le stockage géologique et... la séparation transmutation. Vous travaillez pendant 15 ans, puis dans 15 ans, on fera un bilan. Dans le bilan qu'on a fait au niveau de l'ANDRA, on a fait un rapport qui a été évalué par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Et dans ce rapport, on disait, à Bure, l'argile qu'on a observée... peut nous permettre de faire un stockage géologique. Et on l'a apporté, la démonstration, c'est un document qui est en ligne pour la plupart, avec toutes les explications. À l'époque, l'autorité de sûreté nucléaire a émis un avis dans lequel elle disait que, vu les résultats qu'on avait à Bure, ce n'était pas la peine d'aller chercher un autre endroit. Ce site-là avait toutes les caractéristiques pour permettre la création d'un stockage. Alors, ceux qui veulent aller consulter, c'est l'avis du 1er février 2006 de l'autorité de sûreté nucléaire.

  • Speaker #0

    Une dernière question sur ces géos. CIGEO, c'est le phasage du projet. On n'a pas parlé de ça encore. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite ?

  • Speaker #1

    D'accord. C'est plus facile de répondre à où on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite. D'abord parce qu'il faut que CIGEO soit créé pour pouvoir être fermé.

  • Speaker #0

    Et autorisé.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Donc aujourd'hui, on a travaillé pendant 20-30 ans sur le stockage. On a déposé début 2023 la demande d'autorisation de création. Et... on est maintenant dans ce qu'on appelle la phase d'instruction. Instruction qui va durer à peu près 5 ans. Donc 2023, 2027, à peu près. Dans la première séquence de cette instruction, en ce moment, il y a ce qu'on appelle l'instruction technique. C'est-à-dire que l'autorité de sûreté nucléaire, l'IRSN et ce qu'on appelle les groupes permanents sont en train d'analyser le dossier de l'ANDRA et regardent notre démonstration de sûreté. Ça se passe en trois étapes. Une étape qui est de regarder nos données d'entrée. Quelles sont les données qu'on a prises pour concevoir l'installation ? La deuxième étape, c'est la sûreté en exploitation, la démonstration de sûreté en exploitation. Et la troisième...

  • Speaker #0

    En exploitation, c'est en gros ramener les déchets...

  • Speaker #1

    Pendant qu'on descend les colis, etc. Et ensuite, il y a une troisième particularité, et ça c'est une particularité des stockages, c'est... La sûreté après fermeture, c'est-à-dire une fois qu'on a fermé, qu'est-ce qui se passe ? Et donc, l'instruction technique, elle s'organise autour de ces trois thématiques-là. La première thématique vient de se terminer, les données d'entrée. Il y a eu une communication de l'Autorité de Sûreté Nucléaire et de l'IRSN récemment, qui est en ligne, qui est disponible et vous pouvez regarder. Et maintenant, le process se poursuit sur les questions de sûreté en exploitation et après fermeture. Une fois que ça, ça sera fait, il y aura un avis qui sera émis par l'autorité de sûreté nucléaire et qui dira est-ce qu'on peut continuer ou pas. En gros, c'est la première chose qui va être faite. C'est d'un point de vue technique. Est-ce que cette évaluation, elle nous conduit à dire qu'a priori, on peut engager la suite du processus pour aller vers l'autorisation.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est en 2027 ? Ça,

  • Speaker #1

    ce sera à l'horizon, plutôt au courant 2025. D'accord. Et après, ce qui se passe, c'est des consultations. Donc, on doit... C'est réglementaire. Il y a des consultations qui sont faites du territoire, du public avec une enquête publique, tout un dispositif. Et c'est seulement après tout ce dispositif-là que pourrait être délivré l'autorisation de création. C'est un décret. Donc ça, ça nous emmène à l'horizon 2027-2028. Pour la suite de CIGEO, s'il est autorisé, il va suivre un certain nombre d'essais progressifs. On va construire les installations, on va les tester. Puis après, quand on sera prêt, on demandera à l'autorité de sûreté nucléaire de nous délivrer l'autorisation de mise en service. Et c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra recevoir des colis de déchets radioactifs. D'accord. Puis on va partir comme ça. Et puis... À un moment donné, dans la spécificité de CIGEO, il va falloir qu'on fasse un bilan de ce qui se passe pour que le Parlement puisse décider des conditions de poursuite de CIGEO avant de pouvoir aller plus loin. C'est une spécificité de CIGEO, c'est la seule installation nucléaire de base pour laquelle ça existe. Si on a l'autorisation de mise en service, elle sera limitée, et le Parlement dira si on continue ou on ne continue pas.

  • Speaker #0

    Mais là, on est à la moitié du siècle déjà.

  • Speaker #1

    Alors là, on est après la moitié du siècle.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est aussi une autre spécificité de ce chantier, c'est qu'il n'y a pas... pas le feu, entre guillemets, dans le sens où les déchets qui sont destinés à être stockés là-bas sont encore trop chauds pour l'être, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, il n'y a pas le feu d'abord, on espère qu'il n'y aura pas le feu, effectivement, au sens figuré. C'est vrai qu'on est fondamentalement pas pressés. Alors, pour les déchets à chat, parce qu'en particulier, les déchets à chat, quand ils sont produits, ils sont très chauds, ils ont une puissance thermique importante, et pour éviter qu'ils perturbent trop la roche, on va attendre qu'ils refroidissent, que leur puissance thermique diminue, pour pouvoir... aller dans le stockage. Et ce qui veut dire que les déchets à chat, majoritairement, ils seront prêts en 2080. 70-80 pour venir dans 6 jours. Mais avant ça, il y a les déchets à MAVL. Et eux, il faut bien qu'on les mette dans le stockage. On peut les mettre maintenant dans le stockage. Donc on n'est pas pressé, mais il faut quand même avancer. Parce que il faut avancer dans la solution. On doit avancer pour pouvoir prendre en charge les déchets à MAVL qui existent déjà. Et certains déchets à chat, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Donc, ce projet a... a connu de vives oppositions depuis les années 70, depuis le début. C'est un peu l'argument numéro un des antinucléaires. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, l'Andra fait beaucoup de communication. C'est pour ça que tu es là aujourd'hui, j'imagine. Comment tu le ressens personnellement ? Est-ce que tu penses que ça évolue dans le bon sens ? Est-ce que tu penses que tout l'énergie que vous avez mis dans la communication et la sensibilisation du public paie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours difficile parce qu'il y a toujours des gens qui sont contre et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas forcément d'ailleurs le sujet parce que c'est un sujet très compliqué et puis il y a des gens qui ont l'air de dire que c'est super etc en fait ce qu'il faut comprendre c'est que l'ANDRA a été créé pour gérer les déchets radioactifs dans le long terme. Alors, c'était d'abord un département au sein du CA, et puis le Parlement, en 1991, a décidé que ça devait être quelque chose d'indépendant des producteurs de déchets. Et c'est un établissement public. C'est-à-dire que le patron de l'ANDRA, c'est le ministre en charge de l'environnement ou de l'industrie ou de la recherche. C'est le gouvernement, en fait. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que l'ANDRA fait ce que dit la loi. C'est la loi qui dicte les activités de l'ANDRA. Alors ça, ça ne suffit pas pour dire qu'il n'y a pas de problème, circuler n'a rien à voir. Mais ça veut dire que déjà, on avance dans un processus qui est cadré par la loi. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point...

  • Speaker #0

    Donc démocratique.

  • Speaker #1

    C'est un processus qui s'appuie sur les bases de la démocratie, c'est-à-dire des discussions au Parlement, puis le vote de loi, des débats publics, puisqu'il y a aussi eu plusieurs débats publics qui ont évoqué CIGEO, ou la gestion des déchets radioactifs d'une manière générale. Après, il y a bien sûr des actions qui sont conduites en lien avec les parties prenantes, Il y a ce qu'on appelle le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, qui, tous les cinq ans, permet de fixer les objectifs dans lesquels il y a les associations qui participent. Quand on travaille sur le stockage des déchets radioactifs, bien sûr, on est conscient du fait que ça peut être réclivant et que ça peut générer des oppositions, en particulier au niveau des gens qui se voient habiter à côté ou possiblement à côté d'une installation de stockage de déchets radioactifs. Et c'est normal qu'il y ait des gens qui ne sont pas d'accord. Alors, on discute, on essaye de discuter. C'est effectivement aujourd'hui une des raisons pour lesquelles je suis là. C'est parce qu'il faut qu'on contribue à expliquer ce qu'on fait et à mettre en place le dialogue. Un dialogue constructif, parce qu'en attendant, le vrai sujet, c'est quand même que les déchets sont là. Donc il faut faire des choses. Le but du jeu pour nous, c'est de faire en sorte qu'on apporte la démonstration du sérieux de nos travaux et une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir prendre en considération quand même les expressions des gens qui, sans être forcément des... militants contre, peuvent être inquiets des conséquences du chantier, de la façon dont ça peut changer leur environnement. Et donc, au niveau local en particulier, on a des actions avec les riverains pour les informer, pour travailler avec eux, par exemple, je parlais du chantier, sur les impacts que pourrait avoir le chantier dans les environs. Et donc, on a un groupe de travail avec eux qui leur permet de nous dire, attention, comment vous allez gérer ici, comment ça va se passer pour les poussières, par exemple.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la conclusion. Merci Sébastien Farrin.

  • Speaker #1

    Merci. Sous-titrage ST'501

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Description

Depuis plus de 50 ans, les centrales nucléaires fournissent la majorité de l'électricité consommée en France. Ce faisant, elles créent des déchets radioactifs. Que l’on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là et c’est notre responsabilité de les gérer à long terme pour ne pas les laisser aux générations futures. L’ANDRA est l’organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets et la solution privilégiée aujourd’hui est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale : comment est-on sûr que c’est la même meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne finira pas dans l’environnement dans quelques centaines ou milliers d’années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, Directeur dialogues et prospective à l’ANDRA. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C’est le thème de ce nouvel épisode d’Echange Climatique.


Infos: https://linktr.ee/echangeclimatique

Contact: echangesclimatiques@gmail.com

Production: https://onetwo-onetwo.com/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En France, la majorité de l'électricité que l'on consomme depuis 50 ans provient de centrales nucléaires.

  • Speaker #1

    Si elles ont l'avantage de ne pas émettre de CO2 lorsqu'elles sont en activité,

  • Speaker #0

    elles produisent en revanche des déchets hautement radioactifs. Que l'on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là, et c'est notre responsabilité de les gérer pour ne pas les refiler aux générations futures. L'ANDRA est l'organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets. La solution envisagée aujourd'hui, c'est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale. Comment est-on sûr que c'est la meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne va pas se retrouver dans l'environnement dans quelques centaines ou quelques milliers d'années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, directeur Dialogue et Prospective à l'Andra. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C'est le thème de ce nouvel épisode d'Échange Climatique. Bonjour Sébastien Farin.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    D'accord, je m'appelle Sébastien Farin, je travaille à l'Andra depuis presque une vingtaine d'années et j'ai en charge une direction qu'on appelle Dialogue et Prospective, à l'intérieur de laquelle il y a des activités qui sont très transverses, dont notamment les activités de communication et d'échange avec le public.

  • Speaker #0

    Donc on va parler des déchets nucléaires et notamment de la solution de stockage en profondeur CGO, mais avant ça on va peut-être définir ce que c'est qu'un déchet nucléaire. Peut-être que tu peux rappeler quelques notions de base, sans trop entrer dans la notion de radioactivité, parce que c'est un sujet qu'on a déjà couvert dans le podcast. Donc, on pourra gagner un petit peu de temps là-dessus.

  • Speaker #1

    D'accord. Alors, les activités humaines utilisent... des propriétés diverses et dans les activités qui utilisent la radioactivité ou le nucléaire, c'est des activités qui vont produire des déchets. Et dans ces déchets-là, il y a des déchets qui sont dits radioactifs plutôt que nucléaires d'ailleurs. C'est-à-dire que ce sont des déchets qui contiennent des radionucléides ou donc des éléments qui ont une particularité d'être instables et donc d'émettre des rayonnements. Et c'est ça les déchets radioactifs. les choses dont on ne sait pas quoi faire et qui sont radioactives.

  • Speaker #0

    Et qui ont potentiellement une nocivité sur l'humain et l'environnement.

  • Speaker #1

    Et qui présentent un certain nombre de particularités, dont celle potentiellement d'être dangereux, voire très dangereux, sur des périodes de temps qui sont assez longues. Et c'est un peu ça la particularité dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Donc tu as bien rappelé qu'on ne parlait pas de déchets nucléaires, mais de déchets radioactifs, parce que ces déchets ne proviennent pas que des activités nucléaires.

  • Speaker #1

    Oui, ils viennent en particulier des activités nucléaires. Et quand on dit activité nucléaire, on pense bien sûr à la production d'électricité par les centrales nucléaires ou éventuellement la défense avec la propulsion et les forces de dissuasion. Mais la radioactivité, elle est aussi utilisée par l'industrie classique. On va, par exemple, on peut stériliser des choses avec la radioactivité, les appareils médicaux, des aliments. Mais on peut aussi utiliser la radioactivité dans des activités comme la datation, le carbone 14, quelque chose qu'on connaît bien. Et puis surtout... dans la médecine et dans la recherche. Et donc, il y a un panel de producteurs de déchets radioactifs qui est assez large en France, au-delà d'EDF, d'Orano et du CEA, qui sont les premiers producteurs auxquels on pense. Il y a à peu près en France, 1000 producteurs de déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Tous les déchets ne sont pas aussi radioactifs, ne sont pas de la même radioactivité, ne sont pas de la même activité. Est-ce que tu peux nous faire le panorama des différents types de déchets et qui est-ce qui a fait ces catégorisations ?

  • Speaker #1

    Alors... Il y a des catégorisations qui sont un peu différentes dans le monde, et la catégorisation française, elle s'organise autour de six grandes familles. Il y a une première famille qui est ce qu'on appelle les déchets à vie très courte. Alors, il faut revenir quand même un peu sur la radio. La radioactivité, c'est un phénomène qui décroît dans le temps. C'est-à-dire que si je prends quelque chose à un moment donné qui est radioactif, si je viens au bout d'un certain temps, cette radioactivité va avoir diminué de moitié. Ce qu'on appelle la demi-vie, mais vous avez dû en parler précédemment. Et donc, la particularité des déchets radioactifs... c'est qu'on sait que leur radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, un des premiers éléments qu'on va utiliser pour classer les déchets radioactifs, c'est de dire est-ce qu'ils ont une durée de vie qui est courte ou une durée de vie qui est plutôt longue. Alors là, ça devient compliqué parce qu'une durée de vie qui est très courte, ça existe. On considère, il y a des moments qui ont été choisis, qu'on considère que c'est en dessous de 100 jours. Donc, les déchets radioactifs qui ont une durée de vie très courte, en dessous de 100 jours, qui sont principalement des déchets qui viennent de l'industrie, de la recherche, pardon, et du médical, ce sont des déchets qui sont gérés différemment. Ils sont gérés sur site, on attend un certain temps que leur décroissance ait eu lieu, ensuite on les met dans des filières de gestion normales. Après, il y a des déchets qui ont une durée de vie courte, inférieure à 31 ans. Il y a une durée qui a été choisie inférieure à 31 ans. Et puis ceux qui ont une durée de vie longue, qui ont une durée de vie... supérieur à 31. Ça, c'est la première catégorisation, c'est la durée de vie. Et ensuite, à l'intérieur de ça, on va regarder le niveau de radioactivité. Il y a des très faiblement radioactifs, puis à la fin, il y a des très très radioactifs, et donc on va créer comme ça des familles. Alors c'est un peu compliqué, mais je pense qu'avec un tableau, ça se résume bien. On a donc les déchets à vie très courte, les déchets de très faible activité, qui sont des déchets pas très dangereux, qui sont quand même radioactifs. et qui viennent essentiellement du démantèlement des installations nucléaires. Ensuite, on a les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, qui sont principalement à vie courte et qui viennent de l'exploitation des installations nucléaires. C'est ça, les déchets de très faible activité et de faible et moyenne activité à vie courte. C'est la majeure partie des déchets radioactifs. C'est la principale en volume. C'est ça qui est essentiellement produit. Après, on a des déchets qu'on appelle de faible activité à vie longue. qu'on produit moins en France, donc ils ne sont pas très radioactifs, mais ils ont des durées de vie qui sont assez longues. Puis après, c'est les déchets qui sont concernés par CIGEO dont on va parler. Ce sont les déchets qu'on appelle de moyenne activité à vie longue et de haute activité, qui eux sont des déchets qui sont très radioactifs et qui sont même très dangereux en l'occurrence.

  • Speaker #0

    Donc avant de rentrer dans le cas de CIGEO, pour ces différents types de déchets qui ne sont pas à haute activité, quel est le type de stockage qui est aujourd'hui employé en France ?

  • Speaker #1

    Pour les déchets qui ne sont pas de haute activité, on a des centres de stockage qui sont en surface, qui se trouvent en l'occurrence dans le département de l'Aube, pour deux d'entre eux, pour les déchets de très faible activité et pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Ce sont des centres qui sont exploités depuis 2003 pour celui sur les déchets TFA et depuis 1992 pour celui sur les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Et puis on a un autre centre de stockage qui lui a été exploité entre 1969 et 2019. et 1994, qui se trouve dans le Cotentin, juste à côté de l'usine Orano de la Hague, qu'on appelle le centre de stockage de la Manche.

  • Speaker #0

    Donc, on va rentrer dans le cœur du sujet, c'est-à-dire sur le Cijo et la gestion des déchets en profondeur. Est-ce que tu peux nous, pour quelqu'un qui n'aurait jamais entendu parler de ce cas-là, est-ce que tu peux nous dire à quoi ça ressemble et en quoi ça consiste ?

  • Speaker #1

    Alors, à quoi ça ressemble ? L'idée, c'est de construire à 500 mètres de profondeur en France, avec des tunnels et qui reçoivent des cendries. un tunnel incliné ou des puits, une installation souterraine dans laquelle on va venir placer des déchets, les colis de déchets, en fait c'est des déchets qu'on met dans des boîtes, puis éventuellement ces boîtes, on va les mettre encore dans des boîtes, et ces boîtes, on va les mettre en profondeur. L'objet, c'est de les mettre en profondeur dans un endroit particulier, en l'occurrence ici, dans une couche d'argile qui fait entre 100 et 150 mètres d'épaisseur, pour confiner la radioactivité. Il faudra y revenir, mais c'est vraiment pour confiner la radioactivité. Et donc, l'installation, c'est des bâtiments en surface qui permettent de gérer l'accueil des colis de déchets, qui viennent principalement par train, le contrôle de ces colis, puis ensuite la préparation de ces colis pour les descendre dans l'installation, puis après, pour aller placer ces colis dans des tunnels qui sont plus ou moins grands en fonction de la nature des colis.

  • Speaker #0

    Donc aujourd'hui, CIGEO n'existe pas. Par contre, on peut visiter le laboratoire. Qui est comme une copie ou un prototype de CIGEO ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO n'existe pas. Aujourd'hui, on est dans un processus où on a demandé l'autorisation de créer cette installation. Et pour l'instant, on n'a pas eu l'autorisation de créer CIGEO. Ce qu'on a à proximité directe de l'endroit où on veut faire CIGEO, c'est un laboratoire souterrain qu'on a commencé à creuser il y a une vingtaine d'années maintenant, un peu plus. Et l'objet de ce laboratoire souterrain, c'est de faire de la recherche sur le stockage en lui-même, mais aussi sur la connaissance de la roche. Donc, c'est deux installations qui sont bien différentes. Et effectivement, le laboratoire est un endroit où on fait de la science et de la technique, mais on peut aussi visiter ce laboratoire si on prend contact avec les équipes du service communication de l'Andra en Meuse-Haute-Marne.

  • Speaker #0

    Et donc les déchets qui sont destinés à CIGEO, c'est des déchets qui viennent d'où déjà ? Je pense que c'est en majeure partie du nucléaire civil, mais est-ce qu'il y a d'autres choses ? Et c'est des déchets qui sont dangereux pour combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors, les déchets qui sont concernés par CIGIO, c'est vraiment tous les déchets de haute activité et tous les déchets de moyenne activité à vie longue. Ça représente, dans le concept de CIGIO, à peu près 80 000 m3 de déchets radioactifs. Et ça, ce sont des déchets qui sont produits par les installations nucléaires qui sont liées notamment à la production d'électricité. Alors, c'est les centrales, mais c'est tout ce qui vient aussi autour. Donc principalement, les déchets viennent de l'activité de production d'électricité, mais sur l'ensemble de la chaîne. La production des combustibles, l'exploitation des centrales, et puis le traitement. Il y a un peu des déchets militaires. Il n'y a absolument pas de déchets radioactifs de très haute activité, très très peu, ils viennent du démantèlement. Les déchets de démantèlement viennent principalement des gravats, etc. Ce sont des déchets de très faible activité.

  • Speaker #0

    Et par exemple de la médecine, comment on fait une radio, comment on fait un scanner ? Est-ce qu'il y a des choses qui vont arriver à Cigéo ?

  • Speaker #1

    Pas dans Cigéo. Ce ne sont pas des déchets de moyenne activité à Ylong, ni de haute activité.

  • Speaker #0

    Donc finalement, c'est la Meuse qui a été choisie, donc cette ville à côté de la ville de Bure. À la base, l'Andra avait plutôt commencé à chercher dans des sols de roches de granit. C'est un choix aussi qu'a fait la Suède. J'ai entendu que ça avait... pas marcher parce qu'il y avait eu beaucoup d'opposition locale. Est-ce que l'Andra, finalement, a fait une certaine concession en allant à Bure parce que c'est là où était le projet accepté, mais pas forcément parce que là où il y avait la roche la plus propice ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, il faut reprendre l'histoire un peu de la gestion des déchets de haute activité, et donc très vite dans l'histoire du nucléaire, on voit qu'il va falloir qu'on gère les déchets radioactifs. Et puis très vite, pour ces déchets de haute activité, on commence à réfléchir à différentes solutions. Et on arrive assez vite à une conclusion, c'est que, vu les durées de dangerosité de ces déchets, plusieurs centaines de milliers d'années, il faut trouver des solutions qui ont des capacités à gérer sur des temps très longs les déchets radioactifs. Et donc très rapidement, les scientifiques, les experts, ils vont s'orienter vers le stockage géologique. Il y a d'autres solutions qui ont été étudiées, mais le stockage géologique vient vite une solution.

  • Speaker #0

    On peut peut-être y revenir. Pourquoi c'est celui-là qui a été choisi par rapport au... aux autres parce qu'il y avait aussi des solutions de transmutation, il y avait aussi les envoyer dans l'espace, les envoyer dans l'océan. Pourquoi au final c'est ça qui a été choisi ?

  • Speaker #1

    Alors parce que c'est de fait la solution qui est la plus sûre en fait dans l'absolu. Je vais prendre l'exemple concret, le plus facile c'est celui de l'espace. C'est sûr qu'on pourrait envoyer les déchets dans l'espace. Le problème c'est que la fiabilité des fusées qui envoient les choses dans l'espace, elle est bonne aujourd'hui, on voit bien, on envoie des satellites, mais elle est quand même... limité, ce qui fait que si une fusée qui transporte des déchets radioactifs explosait pendant son décollage, ça aurait une conséquence assez dramatique. On a étudié le fait de mettre les déchets dans des zones de subduction sous-marines, on a étudié la possibilité de laisser les déchets dans des installations de surface aussi durables que possible. Mais à la fin, ce qui ressort, c'est toujours le stockage géologique, et c'est le cas partout dans le monde, tous les pays. qui ont à gérer des déchets d'autres activités, s'orientent plus ou moins rapidement vers un stockage géologique, parce que c'est la seule qui permet de répondre aux durées qui sont concernées ici.

  • Speaker #0

    Il y a des pays qui sont plus en avance que la France ?

  • Speaker #1

    Il y a deux pays qui avancent. un tout petit peu plus vite que la France, mais on est à peu près dans la même zone, ce n'est pas une course, c'est la Suède et la Finlande. La Finlande pourrait même avoir l'autorisation de mettre en exploitation son installation dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    D'accord. La Finlande et la Suède ont choisi...

  • Speaker #1

    aussi cette solution ils sont en avance comme tu viens de le dire est ce que c'est dans le même type de roche qu'à bure alors tout à l'heure j'évoquais l'histoire un peu et donc ils ont dans leur dans leur passé capacité uniquement de du granit donc ils se sont orientés vers une option qui est de gérer dans le granit ces déchets en france dans les années 80 on a cherché on a commencé à chercher des sites pour faire des études sur le stockage géologique et on a été voir différents types de roches et roches garnitiques des roches salines de l'argile on a on a fait on a fait plusieurs choses. À l'époque, ça ne s'est pas très bien passé, parce qu'il n'y a pas eu de discussion avec les populations ou avec les élus. Ça, c'est dans les années 80. Le premier ministre de l'époque avait décidé qu'il fallait arrêter tout ça et a fait un moratoire. C'est à ce moment-là que le Parlement français a commencé à s'intéresser à la question des déchets radioactifs, puisque depuis 1991, il a voté trois lois qui concernent le stockage. En 1991, en 2006 et en 2016. C'est quelque chose qui est suivi par le Parlement. Dans les années 90, l'ANDRA a été missionné pour regarder la géologie en France et pour essayer de trouver des endroits où on pouvait implanter un laboratoire dans la perspective de créer un stockage géologique. Et à l'époque, on avait identifié un certain nombre de zones qui avaient été candidates. D'accord ? Mission parlementaire avait été conduite par un député et il avait identifié des sites qui étaient candidats. Il y avait des roches plutôt argileuses ou plutôt granitiques, les deux. Il se trouve que dans les analyses préliminaires qui ont été menées, il y avait des endroits où on pouvait avoir des endroits où on pouvait avoir des endroits Il y avait des aspects scientifiques qui posaient un certain nombre de problèmes sur la roche granitique. Par ailleurs, il n'y avait pas un accueil très favorable des populations. En Meuse-Haute-Marne, à Bure, où on projette de construire CIGEO, on a une couche argileuse qui, par la suite, grâce au laboratoire, on a pu démontrer qu'elle était tout à fait favorable à l'accueil du stockage. Mais on a eu aussi une candidature des départements. Donc c'est un double travail d'un dispositif de consultation et de candidature. des départements, et puis technique pour vérifier que la roche est bien compatible avec la réalisation d'un stockage géologique.

  • Speaker #0

    Donc justement, tous ces tests aujourd'hui que vous faites à CIGIO, est-ce que tu peux nous en parler ? Est-ce que tu peux nous dire à peu près, parce que l'autorisation, comme tu disais, n'a pas encore été donnée, qu'est-ce qu'il reste encore à prouver ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, dans le process, on a presque 30 ans de recherches qui ont été conduites et on a déposé en début 2023 ce qu'on appelle la demande d'autorisation de création de CIGEO. Et une demande d'autorisation de création d'une installation nucléaire, c'est je vous demande de créer cette installation parce que je peux vous prouver que je sais maîtriser la sûreté de cette installation. C'est-à-dire que j'apporte avec cette demande la démonstration de ma capacité à maîtriser la sûreté. Et donc c'est ça qui est en train d'être fait aujourd'hui par l'autorité de sûreté nucléaire et l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, c'est d'évaluer, d'instruire cette démonstration de sûreté pour vérifier bien sûr qu'avant de nous dire vous pouvez construire, on a bien affiché l'ensemble des dispositions qui nous permettent de prouver qu'on sait gérer cette sûreté. Ce qu'on a fait depuis 20 ans et notamment dans le laboratoire souterrain, c'est de travailler à cette démonstration de sûreté. Et dans le laboratoire souterrain, on a commencé d'abord par identifier, connaître le mieux possible la roche. Donc le principe, c'est de placer les déchets radioactifs dans une couche d'argile, qui fait environ, je l'ai dit tout à l'heure, 150 mètres d'épaisseur, parce que cette couche d'argile a des caractéristiques qui sont très intéressantes. Pour savoir quelles sont ces caractéristiques, il a fallu commencer par les mesurer. Sa perméabilité, sa porosité, la manière dont elle se comporte dans le temps. Donc, c'est ça qu'on a commencé à faire dans le laboratoire tout au début. Ensuite, quand on crée une installation de stockage géologique, on va... faire un trou dans la roche, donc on va venir perturber la roche. On va la creuser, on va amener de la chaleur, parce que les déchets peuvent être chauds, on va amener des différents types de matériaux, parce que les déchets ils sont mis dans des matrices en verre, on met ça dans des colis en acier ou en inox, on met du béton, donc on regarde comment les interactions entre le milieu géologique argileux et tous ces matériaux interviennent, et comment tout ça se comporte dans le temps. Donc c'est ça qu'on fait depuis une vingtaine d'années dans le laboratoire, et puis ces dernières années, on a un petit peu avancé aussi vers l'industrialisation, c'est-à-dire qu'on commence à creuser les tunnels qui pourraient être creusés dans CIGEO, on commence à mettre les différents revêtements qui pourraient intervenir dans ces tunnels et on commence donc à préparer l'industrialisation ou l'exploitation de l'installation.

  • Speaker #0

    Et donc j'ai lu un petit peu un article de Greenpeace qui est une association opposée à CIGEO, est-ce que vous pouvez affirmer ou confirmer ce qu'ils disent ? forage et la radioactivité des colis sont susceptibles de déstabiliser cette courge argileuse. Est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire si c'est vrai ou c'est faux ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, le principe du stockage, c'est de faire en sorte qu'on confine la radioactivité autant de temps que nécessaire, parce que j'ai dit tout à l'heure, la radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, le principe du stockage, en fait, il est basé sur deux choses. D'abord, c'est d'être en profondeur pour isoler durablement les déchets de l'environnement et de la biosphère et de l'homme. Donc, on se met en profondeur en France pour... Pour cet aspect-là, il faut qu'on soit à plus de 200 mètres. C'est-à-dire qu'il faut être loin de toute l'érosion, il faut être loin des perturbations sociales qu'il peut y avoir aussi dans le temps. On est sur des périodes de temps qui sont très longues. Donc le principe même, c'est de placer les déchets dans cette couche géologique parce qu'elle va apporter du confinement. Il y a longtemps, il y a eu une image qui avait été prise, qui était celle du coffre-fort. On a l'impression qu'on met les déchets dans un coffre-fort et puis ça y est, on n'en entend plus parler. Alors ça ne marche pas tout à fait comme ça. On met les déchets dans l'argile et on sait que les propriétés de l'argile vont permettre... de ralentir le plus possible c'est vraiment l'argile qui ralentit la migration le déplacement de la radioactivité dans le temps mais ça c'est les propriétés de l'argile en fait parce que c'est le concept même c'est ces colis inoxydables ils vont finir parce par

  • Speaker #0

    se désintégrer et finalement il ya bien des particules radioactives qui vont terminer dans l'environnement à ce niveau là au bout de

  • Speaker #1

    4000 ans ou quelque chose comme ça c'est beaucoup plus long c'est des périodes de temps qui sont beaucoup plus long mais effectivement le principe c'est que si je reviens sur le prix Le principe de CGO, c'est qu'on place les déchets dans une couche d'argile. Alors, on les met dans des colis, puis dans des tunnels. Les tunnels sont bétonnés. Et on sait que dans le temps, le béton... Linux, même Linux, et tous les matériaux qu'on va utiliser vont s'altérer. Et on sait que potentiellement, la petite quantité d'eau qui se déplace dans l'argile va pouvoir véhiculer la radioactivité. La chance qu'on a, et c'est pour ça qu'on s'est mis dans cette roche-là, c'est que l'argile a des propriétés qui vont nous aider beaucoup. La première, c'est qu'elle a une capacité à retenir certains éléments chimiques. Vous savez, c'est l'histoire des plus et des moins. Eh bien, il va y avoir une attraction de certaines... certains radionucléides, ce qui fait qu'ils vont rester bloqués dans l'argile. Donc il y a des radionucléides qui, dans le stockage, sont très peu mobiles, ils ne bougent plus une fois qu'ils sont à l'intérieur de la roche. Il y a d'autres radionucléides qui vont être un petit peu mobiles, qui vont se déplacer, mais qui ne vont jamais aller très très loin. Puis il y en a d'autres, effectivement, qui eux vont être plus mobiles et qui vont pouvoir un jour remonter à la surface. Mais le temps que ça va avoir pris pour faire ça, la radioactivité va avoir suffisamment diminué pour que l'impact soit très limité en surface. Et c'est ça le principe du stockage.

  • Speaker #0

    On parle de combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    On parle sur des durées de temps qui sont plusieurs centaines de milliers d'années pour certains phénomènes. Ça peut arriver éventuellement avant, mais en tous les cas, c'est des phénomènes qui sont très très longs. Ça nous emmène dans des pas de temps qui sont vraiment très longs.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, 4000 ans, c'était le temps que l'acier se désintègre. Par contre, après, il reste le verre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a tout un ensemble, un système d'enveloppes qui font qu'on retarde au maximum cette évolution.

  • Speaker #0

    Parce que ça, je trouve ça assez intéressant. Donc, les pires déchets ont été fondus dans du verre. Tu peux nous parler de cette méthode de stockage ?

  • Speaker #1

    C'est une méthode de préparation des déchets. En fait, les combustibles usés qui sortent des centrales nucléaires en France, ils sont destinés à être retraités. C'est-à-dire qu'à l'usine Orano qui est à la Hague, on va procéder à une séparation entre ce qui peut être utilisé encore, ce qu'on appelle une matière, de ce qui n'est plus du tout utilisable.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est l'unioralum 235 et l'hébuttonium 239 ?

  • Speaker #1

    L'hébuttonium, c'est ça. qui sont les matières qu'on peut ou penserait utiliser un jour. Donc ça, ça représente 96% du combustible usé. Et puis il reste 4% qui sont ce qu'on appelle les produits de fission ou les actinides mineurs et les actinides mineurs. Et ces 4% là, en fait, on va les vitrifier. C'est-à-dire qu'on va les couler dans une matrice en verre, puis dans un colis. Et c'est ça qui va constituer un colis de haute activité. Et puis, quand on regarde le combustible usé, pour être tout à fait complet, on place les pastilles d'uranium dans des barres. Et ces éléments-là sont aussi cisaillés, découpés et compactés. Et ça compose une partie des déchets de moyenne activité à vie longue.

  • Speaker #0

    Justement, ces déchets de moyenne activité à vie longue, qu'on va appeler la MAVL le temps de la question, il y a eu un accident aux États-Unis dans leur CGO à eux, si je ne dis pas de bêtises. Il se trouve que ces colis sont potentiellement inflammables et peuvent relâcher de l'hydrogène. Donc les deux en même temps, ça pourrait créer des incendies dans le web d'Ancist.go. Déjà, est-ce que ce risque, est-ce que vous l'avez évalué ? Et comment vous comptez y remédier ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une installation aux Etats-Unis qui s'appelle le WIP, qui est un stockage qui existe dans le sel à plusieurs centaines de mètres de profondeur. qui gèrent, alors pas tout à fait des déchets MFL, qui gèrent des déchets transuraniens, qui contiennent de l'uranium, qui viennent des activités de défense. Alors c'est vrai qu'il y a quelques années, dans ce stockage, il y a eu deux accidents coup sur coup, et notamment un accident qui est lié à un feu de déchets. Alors, ce qu'il faut voir, c'est que dans les familles de déchets MFL, il y a des différentes familles, et avec des, je parlais là des coques et des embouts, qui sont métalliques. Et eux, ils ne présentent pas de risque d'incendie. C'est des déchets qui sont inertés, c'est des métaux. Mais il y a des déchets qui ont été mis dans des matrices. qui sont différentes et il y a des déchets qui sont mis dans une matrice en bitume. Et ça, ça peut être amené, bien sûr, à prendre feu. Alors, dans le cas de CIGEO, bien sûr, on a regardé ce qui s'est passé aux Etats-Unis, et pas que aux Etats-Unis, on essaye de faire, de regarder tout ce qui se passe, qui est en lien avec la radioactivité, mais avec le souterrain aussi, et on prend en compte et on fait du retour d'expérience sur ces phénomènes-là. Et donc, par rapport aux risques d'incendie, c'est l'approche générale des risques, d'ailleurs, qu'on a, c'est d'abord on essaie de limiter au maximum la possibilité que ça arrive. Typiquement dans l'installation souterraine on va pas aller avec une voiture dont le moteur peut exploser et créer un incendie donc on évite les produits inflammables. Toutes ces choses qui peuvent être basiques mais il faut y penser, c'est les choses qu'on fait comme ça. Ça c'est la première chose, on prend un ensemble de dispositions qui vise à éviter qu'on se retrouve dans des situations accidentelles. Maintenant on peut pas garantir qu'on n'aura pas de situation accidentelle donc notre travail il est de prévoir. des moyens pour détecter au plus tôt si quelque chose ne va pas dans le bon sens. Donc ça veut dire, en cas d'incendie, d'être capable de détecter très tôt l'augmentation de la température et d'être ensuite en mesure de réagir et donc d'avoir des moyens qui permettent d'intervenir. Typiquement, sur les colis MAVL, quand ils sont en mesure de réagir, sont placés dans les alvéoles, ils sont portés par un petit chariot. Sur ce chariot, il y a des moyens d'extinction de manière à ce que si on détecte quelque chose, on puisse très vite intervenir. Puis dans l'analyse des risques et la démarche de sûreté, on fait encore une chose supplémentaire, c'est que... On essaye de limiter au maximum les conséquences d'un problème si jamais il survenait. D'accord, je le redis, on essaye de limiter les choses, on essaye d'avoir les moyens de détection et d'intervention. Et puis la dernière chose, c'est que si ça arrive quand même, on essaye de faire en sorte pour que c'est le moins de conséquences possible. Et donc ça, c'est vraiment l'ensemble de l'approche de sûreté pour la sûreté en exploitation. C'est de regarder l'ensemble de ce panel-là.

  • Speaker #0

    Et si ça arrive après fermeture ?

  • Speaker #1

    Après fermeture, c'est un peu différent. Une fois qu'on a tout fermé, le principe du stockage, d'ailleurs, c'est qu'il doit être fermé. CIGEO, il est fait pour être fermé. Je n'ai pas parlé de ça pour l'instant, mais le but de CIGEO, c'est de protéger les générations futures des déchets radioactifs qui sont produits aujourd'hui et qui vont être produits par les installations nucléaires qui existent. Ça veut dire que le principe, c'est de réduire la charge des générations futures. On peut vite assez comprendre. On ne peut pas laisser les générations futures, dans 10 000, 5 000 ans, 50 000 ans, 100 000 ans, gérer les déchets radioactifs qu'on produit aujourd'hui. Il faut qu'on fasse quelque chose. Et donc, le principe de CIGEO, c'est de dire, OK, on est responsable, on prend des dispositions pour mettre ces déchets en sécurité. Une fois qu'on a exploité CIGEO, le principe, c'est de fermer CIGEO pour que la sûreté devienne passive, c'est-à-dire qu'il n'y a plus besoin d'intervention humaine. Et à ce moment-là, le stockage est fait pour évoluer, c'est ce qu'on a décrit tout à l'heure. à l'heure. Les colis vont se déliter, mais la radioactivité est emprisonnée durablement dans la roche, même si elle peut circuler à l'intérieur. Ça fait une espèce d'endroit de confinement de la radioactivité.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase, dans 5000 ans, 10 000 ans, les déchets seront toujours dangereux et radioactifs, mais comment être sûr que les êtres humains du futur ne vont pas par erreur ou alors... Par hasard, creuser pile à cet endroit-là et donc du coup exhumer ces déchets radioactifs, alors il faudrait un hasard quand même, mais je sais que c'est une question qui vous prend beaucoup de temps à l'endroit.

  • Speaker #1

    Alors c'est une question qu'on nous pose beaucoup, c'est une question qui nous occupe. Effectivement, c'est l'enjeu de comment on garde la mémoire du stockage. Je l'ai dit tout à l'heure, le stockage il est fait pour être passif, ça veut dire qu'une fois qu'il est fermé, l'homme n'a plus besoin d'intervenir. Mais il faut évidemment éviter qu'on aille creuser à l'intérieur. Déjà, creuser à 500 mètres de profondeur, on ne le fait pas avec une pelle et une pioche. C'est quelque chose qui fait que quelqu'un qui aurait la capacité d'aller se creuser à 500 mètres de profondeur, aujourd'hui, il a la capacité de voir ce qu'il y a dans le sous-sol. On est capable, par des moyens divers et variés, de savoir s'il y a quelque chose au fond. Néanmoins, on ne peut pas garantir que ça n'arrive pas. Dans les scénarios qu'on regarde d'évolution, on se dit qu'est-ce qui se passe si il y avait un forage intrusif réalisé par un scénario. par des hommes. Donc ça, on le regarde. Et donc tout l'enjeu, c'est de se dire comment on fait pour ne pas oublier qu'il est là, ce stockage. Là, on a des dispositions qui sont prises. Il y en a plusieurs, mais la première, c'est qu'on nous demande de garantir que pendant au moins 500 ans, on peut conserver la mémoire du stockage. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pendant 500 ans, il faut qu'on s'assure de transmettre aux générations des informations qui leur permettront de ne pas oublier que le stockage est là, de manière... Alors... de manière administrative, j'allais dire. C'est-à-dire qu'on regarde, on dépose aux archives nationales des informations sur le contenu des stockages, qu'est-ce qu'on y a fait, quels sont les déchets qui sont à l'intérieur. On essaie aussi de faire en sorte que l'information se dissémine sur le territoire. Donc là, de proche en proche. Donc, on a créé, par exemple, autour de nos installations, ce qu'on appelle des groupes mémoire, qui sont des riverains, qui participent à garder la mémoire des installations. Et puis après... 500 ans on essaye de regarder pour faire en sorte que la mémoire se perdure le plus longtemps possible on sait qu'on va perdre la mémoire un jour sur des durées de temps qui sont énormes on sait qu'on va finir par la perdre mais En développant des moyens, on pense qu'on a la capacité à ce qu'elle aille plus loin que 500 ans et de faire en sorte qu'on n'oublie pas et qu'on n'aille pas creuser sous nos pieds. Et encore une fois, c'est à 500 mètres de profondeur, c'est quand même assez loin.

  • Speaker #0

    Est-ce que CIGEO est dimensionné aussi pour les déchets des EPR2, enfin les potentiels déchets des EPR2 ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO, aujourd'hui, a été conçu, et c'est ça qui nous a servi de base pour concevoir l'installation, sur... le fonctionnement des réacteurs qui existent, plus L'éper de Flamanville, qui n'a pas encore débarré, mais qui est déjà en construction, donc ces déchets doivent être pris en compte. Plus ITER, qui est l'installation qui est en cours de développement aussi dans le sud de la France. Plus un réacteur qu'on appelle Julorovitz. Donc, l'inventaire des déchets pour lesquels CIGEO est conçu, c'est les déchets qui sont produits par toutes ces installations. Sur une durée de fonctionnement de 50 ans. qui est arbitraire. Il faut bien qu'on décide à un moment donné. Nous, on dit, c'est très clair, ce qu'on appelle l'inventaire de référence, c'est toutes les installations nucléaires de base existantes ou autorisées sur une durée de vie de 50 ans. Maintenant, effectivement, ces derniers temps, il a été question d'ajouter de nouveaux réacteurs au parc français et notamment la création de 6 EPR.

  • Speaker #0

    Et puis aussi de rallonger la durée de vie des centrales au-delà de 50 ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, ça c'est des travaux qui sont en cours. Mais donc pour les 6 EPR, initiaux, le gouvernement avait très tôt demandé à l'Andra de regarder ce qui se passait en termes de gestion des déchets radioactifs, tous les déchets radioactifs, pas que sur ce géo, bien sûr, si on était amené à construire et à exploiter ces réacteurs. Donc tout ce qu'on a montré... C'est qu'en premier examen, il n'y a rien de rédhibitoire à prendre en charge les déchets de six réacteurs UPR. Alors d'abord, c'est des déchets qu'on connaît puisque c'est la même technologie que les installations qui existent aujourd'hui. Donc c'est des déchets très similaires, pas des déchets très différents. Et puis ensuite, c'est des volumes qui sont relativement limités. On a par exemple sur CIGEO montré... que c'est 5% de déchets MAVL en plus et 20% de déchets HA. Ça fait quelque chose, mais ça reste dans une enveloppe qui est raisonnable. Donc, pour les déchets de 6 réacteurs supplémentaires... on a des dispositions qui nous permettent de prendre en charge ces déchets, parce que, aussi, ça c'est une exigence du Parlement, il faut qu'on puisse adapter CIGEO à des post-sociales évolutions de la politique énergétique. Donc c'est un peu prévu, c'est ce qu'on appelle l'adaptabilité. dans notre travail.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le plus probable, c'est que CIGEO soit agrandi plutôt qu'il y ait un deuxième CIGEO à l'heure d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Six réacteurs supplémentaires, on augmente la taille de CIGEO. Au-delà, c'est un peu différent. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il faut regarder ce qui se passe. et là il faut prendre en compte plusieurs choses d'abord c'est tout le contexte autour si on décide de créer d'autres réacteurs est-ce qu'on fait du retraitement est-ce qu'on fait du multi-recyclage des choses que vous avez abordées déjà précédemment il y a plein de paramètres qui sont des données d'entrée importantes pour l'endroit et puis dans tous les cas ces déchets ils n'arrivent pas tout de suite c'est à dire que les déchets qui viendraient de réacteurs supplémentaires, ils arriveront, ils seraient produits beaucoup, beaucoup plus tard. Donc, ça veut dire qu'on a encore le temps pour regarder. Donc,

  • Speaker #0

    le nucléaire civil en France, il est souvent vanté comme pas cher et comme bas carbone. Est-ce qu'en prenant 6 GO en compte, tout cela reste à ce point vrai ? Ça restera toujours vrai, mais est-ce que c'est toujours aussi peu cher ? Est-ce que c'est toujours aussi peu bas carbone ?

  • Speaker #1

    Alors, le... Si on regarde le coût qui avait été arrêté par le gouvernement sur CIGEO, on peut se dire que c'est beaucoup d'argent. Après, si on ramène ça à...

  • Speaker #0

    C'était 25 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    C'était 25 milliards d'euros. De 2012. de 2011, je crois. Voilà. En tout cas, 25 milliards d'euros, ça fait une somme, en l'occurrence. Après, si on regarde maintenant en détail, et c'est pas nous qui regardons, c'est la Cour des comptes. La Cour des comptes, en 2019, a rendu... rendu un rapport, donc c'est très sérieux la Cour des comptes, et elle dit que l'aval du cycle, ça représente 10% du coût du nucléaire à peu près. D'accord, l'aval du cycle. Donc ça veut dire le retraitement et tout ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. Et donc, la gestion des déchets radioactifs, à proprement parler, donc l'activité de l'Andra, c'est quelques pourcents, 1, 2, 3% du coût total de production d'électricité.

  • Speaker #0

    D'accord, mais est-ce que c'est aujourd'hui déjà pris en compte dans nos factures ?

  • Speaker #1

    C'est déjà pris en compte. compte dans la facture, les producteurs de déchets doivent faire des provisions pour financer le stockage. D'accord. Donc, dès aujourd'hui. C'est-à-dire, dès qu'il y a des mètres cubes de déchets qui sont produits, ils doivent mettre de côté de l'argent pour ça. Alors, la particularité des 25 milliards, ou du coût de CIGEO, c'est que c'est un coût qui est un coût global. C'est-à-dire que, quand on parle d'une installation industrielle, en général, on va parler du coût d'investissement. Combien cela va me coûter de construire cette installation ? Pour... Pour CIGEO, c'est 5 milliards à peu près. Un tout petit peu plus que 5 milliards d'euros. D'accord. Alors, c'est quoi les 25 milliards ? Ce qu'on nous a demandé de faire, c'est un calcul global du coût de CIGEO. C'est-à-dire, combien ça va coûter de construire CIGEO en entier ? Combien ça va coûter de l'exploiter ? Tous les personnels ? Combien ça va coûter de maintenir l'installation ? Combien ça va coûter en taxes ? C'est-à-dire de faire une estimation globale du coût de CIGEO sur toute la durée de sa vie. D'accord. Sur 100 ou 150 ans. Et ça correspond à ça. Donc si on prend une image, ça revient à dire, j'ai le coût d'achat de ma voiture. Je dois intégrer toutes les sens que je vais mettre, voilà 5 milliards, puis je vais intégrer dans toutes les sens que je vais mettre, toutes les réparations que je vais faire, le changement des pneus, etc. dans les amendes que je vais avoir éventuellement. Je vais intégrer dans la vision globale tous les éléments qui vont venir être financés au cours de la vie de cette voiture. C'est ça qui est important aussi à comprendre, c'est que ce coût de 25 milliards, il est réparti avec un investissement initial et ensuite tout ce qui est déployé durant la durée de vie de l'installation.

  • Speaker #0

    Donc... Le ministère de l'Environnement a statué à 25 milliards, mais l'Andra avait estimé plutôt à 35 milliards. Ça veut dire que vous avez estimé presque à 50% plus cher. Donc, vous allez devoir vous plier à ce qu'a dit le ministère de l'Environnement. C'est son budget, c'est le budget de l'État. Comment vous allez respecter ce budget sans rogner sur la sûreté ?

  • Speaker #1

    Alors, il n'est pas question de rogner sur la sûreté nulle part. L'Andra avait fait une estimation qui était effectivement... de l'ordre de 30 milliards. Et le gouvernement, après des discussions, a décidé d'aller sur un coût moins. On a des optimisations possibles. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a, nous, la capacité de dire voilà ce qu'on peut faire aujourd'hui, mais comme partout, on réfléchit à des solutions plus innovantes qui peuvent nous apporter des bénéfices techniques ou économiques. Et donc il y a des optimisations. Et donc le ministère avait décidé que ce chiffre de 25 milliards était un chiffre objectif. Et l'idée n'est jamais de renier sur la sûreté. Le seul métier et la seule raison d'être de l'Andra, c'est la sûreté. C'est un établissement qui est sous la tutelle des ministères et dont le seul objectif, c'est de mettre de la sûreté pour les générations futures.

  • Speaker #0

    Donc bien sûr, le budget n'est pas là et ça ne se fera pas, on l'a compris. Mais est-ce que ça n'aurait pas été appréciable quand même d'avoir un CIGEO ? sur un sol granitite, et un autre CIGEO en part en France sur un autre sol, par exemple.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans la loi de 1991, qui était une loi de recherche, le Parlement avait dit qu'il fallait créer des laboratoires souterrains pour investiguer différents lieux. C'était parti pour. On avait commencé à investiguer trois lieux, un dans le Gard, un dans la Vienne et un aux Hautes-Marnes, où on s'est installé à Bure. Et puis, pour différentes raisons, il n'y a que le laboratoire de Bure qui a été fait. En 2005, quand l'ANDRA a rendu le bilan de ses travaux, ça c'est toujours dans le cadre de la loi de 1991, le Parlement a dit, l'ANDRA et le CEA, vous devez travailler pendant 15 ans sur les différentes options, qui étaient l'entreposage de longue durée, le stockage géologique et... la séparation transmutation. Vous travaillez pendant 15 ans, puis dans 15 ans, on fera un bilan. Dans le bilan qu'on a fait au niveau de l'ANDRA, on a fait un rapport qui a été évalué par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Et dans ce rapport, on disait, à Bure, l'argile qu'on a observée... peut nous permettre de faire un stockage géologique. Et on l'a apporté, la démonstration, c'est un document qui est en ligne pour la plupart, avec toutes les explications. À l'époque, l'autorité de sûreté nucléaire a émis un avis dans lequel elle disait que, vu les résultats qu'on avait à Bure, ce n'était pas la peine d'aller chercher un autre endroit. Ce site-là avait toutes les caractéristiques pour permettre la création d'un stockage. Alors, ceux qui veulent aller consulter, c'est l'avis du 1er février 2006 de l'autorité de sûreté nucléaire.

  • Speaker #0

    Une dernière question sur ces géos. CIGEO, c'est le phasage du projet. On n'a pas parlé de ça encore. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite ?

  • Speaker #1

    D'accord. C'est plus facile de répondre à où on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite. D'abord parce qu'il faut que CIGEO soit créé pour pouvoir être fermé.

  • Speaker #0

    Et autorisé.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Donc aujourd'hui, on a travaillé pendant 20-30 ans sur le stockage. On a déposé début 2023 la demande d'autorisation de création. Et... on est maintenant dans ce qu'on appelle la phase d'instruction. Instruction qui va durer à peu près 5 ans. Donc 2023, 2027, à peu près. Dans la première séquence de cette instruction, en ce moment, il y a ce qu'on appelle l'instruction technique. C'est-à-dire que l'autorité de sûreté nucléaire, l'IRSN et ce qu'on appelle les groupes permanents sont en train d'analyser le dossier de l'ANDRA et regardent notre démonstration de sûreté. Ça se passe en trois étapes. Une étape qui est de regarder nos données d'entrée. Quelles sont les données qu'on a prises pour concevoir l'installation ? La deuxième étape, c'est la sûreté en exploitation, la démonstration de sûreté en exploitation. Et la troisième...

  • Speaker #0

    En exploitation, c'est en gros ramener les déchets...

  • Speaker #1

    Pendant qu'on descend les colis, etc. Et ensuite, il y a une troisième particularité, et ça c'est une particularité des stockages, c'est... La sûreté après fermeture, c'est-à-dire une fois qu'on a fermé, qu'est-ce qui se passe ? Et donc, l'instruction technique, elle s'organise autour de ces trois thématiques-là. La première thématique vient de se terminer, les données d'entrée. Il y a eu une communication de l'Autorité de Sûreté Nucléaire et de l'IRSN récemment, qui est en ligne, qui est disponible et vous pouvez regarder. Et maintenant, le process se poursuit sur les questions de sûreté en exploitation et après fermeture. Une fois que ça, ça sera fait, il y aura un avis qui sera émis par l'autorité de sûreté nucléaire et qui dira est-ce qu'on peut continuer ou pas. En gros, c'est la première chose qui va être faite. C'est d'un point de vue technique. Est-ce que cette évaluation, elle nous conduit à dire qu'a priori, on peut engager la suite du processus pour aller vers l'autorisation.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est en 2027 ? Ça,

  • Speaker #1

    ce sera à l'horizon, plutôt au courant 2025. D'accord. Et après, ce qui se passe, c'est des consultations. Donc, on doit... C'est réglementaire. Il y a des consultations qui sont faites du territoire, du public avec une enquête publique, tout un dispositif. Et c'est seulement après tout ce dispositif-là que pourrait être délivré l'autorisation de création. C'est un décret. Donc ça, ça nous emmène à l'horizon 2027-2028. Pour la suite de CIGEO, s'il est autorisé, il va suivre un certain nombre d'essais progressifs. On va construire les installations, on va les tester. Puis après, quand on sera prêt, on demandera à l'autorité de sûreté nucléaire de nous délivrer l'autorisation de mise en service. Et c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra recevoir des colis de déchets radioactifs. D'accord. Puis on va partir comme ça. Et puis... À un moment donné, dans la spécificité de CIGEO, il va falloir qu'on fasse un bilan de ce qui se passe pour que le Parlement puisse décider des conditions de poursuite de CIGEO avant de pouvoir aller plus loin. C'est une spécificité de CIGEO, c'est la seule installation nucléaire de base pour laquelle ça existe. Si on a l'autorisation de mise en service, elle sera limitée, et le Parlement dira si on continue ou on ne continue pas.

  • Speaker #0

    Mais là, on est à la moitié du siècle déjà.

  • Speaker #1

    Alors là, on est après la moitié du siècle.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est aussi une autre spécificité de ce chantier, c'est qu'il n'y a pas... pas le feu, entre guillemets, dans le sens où les déchets qui sont destinés à être stockés là-bas sont encore trop chauds pour l'être, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, il n'y a pas le feu d'abord, on espère qu'il n'y aura pas le feu, effectivement, au sens figuré. C'est vrai qu'on est fondamentalement pas pressés. Alors, pour les déchets à chat, parce qu'en particulier, les déchets à chat, quand ils sont produits, ils sont très chauds, ils ont une puissance thermique importante, et pour éviter qu'ils perturbent trop la roche, on va attendre qu'ils refroidissent, que leur puissance thermique diminue, pour pouvoir... aller dans le stockage. Et ce qui veut dire que les déchets à chat, majoritairement, ils seront prêts en 2080. 70-80 pour venir dans 6 jours. Mais avant ça, il y a les déchets à MAVL. Et eux, il faut bien qu'on les mette dans le stockage. On peut les mettre maintenant dans le stockage. Donc on n'est pas pressé, mais il faut quand même avancer. Parce que il faut avancer dans la solution. On doit avancer pour pouvoir prendre en charge les déchets à MAVL qui existent déjà. Et certains déchets à chat, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Donc, ce projet a... a connu de vives oppositions depuis les années 70, depuis le début. C'est un peu l'argument numéro un des antinucléaires. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, l'Andra fait beaucoup de communication. C'est pour ça que tu es là aujourd'hui, j'imagine. Comment tu le ressens personnellement ? Est-ce que tu penses que ça évolue dans le bon sens ? Est-ce que tu penses que tout l'énergie que vous avez mis dans la communication et la sensibilisation du public paie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours difficile parce qu'il y a toujours des gens qui sont contre et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas forcément d'ailleurs le sujet parce que c'est un sujet très compliqué et puis il y a des gens qui ont l'air de dire que c'est super etc en fait ce qu'il faut comprendre c'est que l'ANDRA a été créé pour gérer les déchets radioactifs dans le long terme. Alors, c'était d'abord un département au sein du CA, et puis le Parlement, en 1991, a décidé que ça devait être quelque chose d'indépendant des producteurs de déchets. Et c'est un établissement public. C'est-à-dire que le patron de l'ANDRA, c'est le ministre en charge de l'environnement ou de l'industrie ou de la recherche. C'est le gouvernement, en fait. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que l'ANDRA fait ce que dit la loi. C'est la loi qui dicte les activités de l'ANDRA. Alors ça, ça ne suffit pas pour dire qu'il n'y a pas de problème, circuler n'a rien à voir. Mais ça veut dire que déjà, on avance dans un processus qui est cadré par la loi. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point...

  • Speaker #0

    Donc démocratique.

  • Speaker #1

    C'est un processus qui s'appuie sur les bases de la démocratie, c'est-à-dire des discussions au Parlement, puis le vote de loi, des débats publics, puisqu'il y a aussi eu plusieurs débats publics qui ont évoqué CIGEO, ou la gestion des déchets radioactifs d'une manière générale. Après, il y a bien sûr des actions qui sont conduites en lien avec les parties prenantes, Il y a ce qu'on appelle le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, qui, tous les cinq ans, permet de fixer les objectifs dans lesquels il y a les associations qui participent. Quand on travaille sur le stockage des déchets radioactifs, bien sûr, on est conscient du fait que ça peut être réclivant et que ça peut générer des oppositions, en particulier au niveau des gens qui se voient habiter à côté ou possiblement à côté d'une installation de stockage de déchets radioactifs. Et c'est normal qu'il y ait des gens qui ne sont pas d'accord. Alors, on discute, on essaye de discuter. C'est effectivement aujourd'hui une des raisons pour lesquelles je suis là. C'est parce qu'il faut qu'on contribue à expliquer ce qu'on fait et à mettre en place le dialogue. Un dialogue constructif, parce qu'en attendant, le vrai sujet, c'est quand même que les déchets sont là. Donc il faut faire des choses. Le but du jeu pour nous, c'est de faire en sorte qu'on apporte la démonstration du sérieux de nos travaux et une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir prendre en considération quand même les expressions des gens qui, sans être forcément des... militants contre, peuvent être inquiets des conséquences du chantier, de la façon dont ça peut changer leur environnement. Et donc, au niveau local en particulier, on a des actions avec les riverains pour les informer, pour travailler avec eux, par exemple, je parlais du chantier, sur les impacts que pourrait avoir le chantier dans les environs. Et donc, on a un groupe de travail avec eux qui leur permet de nous dire, attention, comment vous allez gérer ici, comment ça va se passer pour les poussières, par exemple.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la conclusion. Merci Sébastien Farrin.

  • Speaker #1

    Merci. Sous-titrage ST'501

Description

Depuis plus de 50 ans, les centrales nucléaires fournissent la majorité de l'électricité consommée en France. Ce faisant, elles créent des déchets radioactifs. Que l’on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là et c’est notre responsabilité de les gérer à long terme pour ne pas les laisser aux générations futures. L’ANDRA est l’organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets et la solution privilégiée aujourd’hui est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale : comment est-on sûr que c’est la même meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne finira pas dans l’environnement dans quelques centaines ou milliers d’années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, Directeur dialogues et prospective à l’ANDRA. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C’est le thème de ce nouvel épisode d’Echange Climatique.


Infos: https://linktr.ee/echangeclimatique

Contact: echangesclimatiques@gmail.com

Production: https://onetwo-onetwo.com/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En France, la majorité de l'électricité que l'on consomme depuis 50 ans provient de centrales nucléaires.

  • Speaker #1

    Si elles ont l'avantage de ne pas émettre de CO2 lorsqu'elles sont en activité,

  • Speaker #0

    elles produisent en revanche des déchets hautement radioactifs. Que l'on soit pro ou anti-nucléaire, ces déchets sont là, et c'est notre responsabilité de les gérer pour ne pas les refiler aux générations futures. L'ANDRA est l'organisme dont la mission est précisément de gérer ces déchets. La solution envisagée aujourd'hui, c'est de les stocker à 500 mètres de profondeur. Dans cet épisode, on va revenir sur les tenants et aboutissants de cette solution avec une question centrale. Comment est-on sûr que c'est la meilleure solution ? Comment est-on sûr que la radioactivité ne va pas se retrouver dans l'environnement dans quelques centaines ou quelques milliers d'années ? Pour nous éclairer, je reçois Sébastien Farin, directeur Dialogue et Prospective à l'Andra. Quelle est la meilleure solution pour gérer nos déchets nucléaires ? C'est le thème de ce nouvel épisode d'Échange Climatique. Bonjour Sébastien Farin.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    D'accord, je m'appelle Sébastien Farin, je travaille à l'Andra depuis presque une vingtaine d'années et j'ai en charge une direction qu'on appelle Dialogue et Prospective, à l'intérieur de laquelle il y a des activités qui sont très transverses, dont notamment les activités de communication et d'échange avec le public.

  • Speaker #0

    Donc on va parler des déchets nucléaires et notamment de la solution de stockage en profondeur CGO, mais avant ça on va peut-être définir ce que c'est qu'un déchet nucléaire. Peut-être que tu peux rappeler quelques notions de base, sans trop entrer dans la notion de radioactivité, parce que c'est un sujet qu'on a déjà couvert dans le podcast. Donc, on pourra gagner un petit peu de temps là-dessus.

  • Speaker #1

    D'accord. Alors, les activités humaines utilisent... des propriétés diverses et dans les activités qui utilisent la radioactivité ou le nucléaire, c'est des activités qui vont produire des déchets. Et dans ces déchets-là, il y a des déchets qui sont dits radioactifs plutôt que nucléaires d'ailleurs. C'est-à-dire que ce sont des déchets qui contiennent des radionucléides ou donc des éléments qui ont une particularité d'être instables et donc d'émettre des rayonnements. Et c'est ça les déchets radioactifs. les choses dont on ne sait pas quoi faire et qui sont radioactives.

  • Speaker #0

    Et qui ont potentiellement une nocivité sur l'humain et l'environnement.

  • Speaker #1

    Et qui présentent un certain nombre de particularités, dont celle potentiellement d'être dangereux, voire très dangereux, sur des périodes de temps qui sont assez longues. Et c'est un peu ça la particularité dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Donc tu as bien rappelé qu'on ne parlait pas de déchets nucléaires, mais de déchets radioactifs, parce que ces déchets ne proviennent pas que des activités nucléaires.

  • Speaker #1

    Oui, ils viennent en particulier des activités nucléaires. Et quand on dit activité nucléaire, on pense bien sûr à la production d'électricité par les centrales nucléaires ou éventuellement la défense avec la propulsion et les forces de dissuasion. Mais la radioactivité, elle est aussi utilisée par l'industrie classique. On va, par exemple, on peut stériliser des choses avec la radioactivité, les appareils médicaux, des aliments. Mais on peut aussi utiliser la radioactivité dans des activités comme la datation, le carbone 14, quelque chose qu'on connaît bien. Et puis surtout... dans la médecine et dans la recherche. Et donc, il y a un panel de producteurs de déchets radioactifs qui est assez large en France, au-delà d'EDF, d'Orano et du CEA, qui sont les premiers producteurs auxquels on pense. Il y a à peu près en France, 1000 producteurs de déchets radioactifs.

  • Speaker #0

    Tous les déchets ne sont pas aussi radioactifs, ne sont pas de la même radioactivité, ne sont pas de la même activité. Est-ce que tu peux nous faire le panorama des différents types de déchets et qui est-ce qui a fait ces catégorisations ?

  • Speaker #1

    Alors... Il y a des catégorisations qui sont un peu différentes dans le monde, et la catégorisation française, elle s'organise autour de six grandes familles. Il y a une première famille qui est ce qu'on appelle les déchets à vie très courte. Alors, il faut revenir quand même un peu sur la radio. La radioactivité, c'est un phénomène qui décroît dans le temps. C'est-à-dire que si je prends quelque chose à un moment donné qui est radioactif, si je viens au bout d'un certain temps, cette radioactivité va avoir diminué de moitié. Ce qu'on appelle la demi-vie, mais vous avez dû en parler précédemment. Et donc, la particularité des déchets radioactifs... c'est qu'on sait que leur radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, un des premiers éléments qu'on va utiliser pour classer les déchets radioactifs, c'est de dire est-ce qu'ils ont une durée de vie qui est courte ou une durée de vie qui est plutôt longue. Alors là, ça devient compliqué parce qu'une durée de vie qui est très courte, ça existe. On considère, il y a des moments qui ont été choisis, qu'on considère que c'est en dessous de 100 jours. Donc, les déchets radioactifs qui ont une durée de vie très courte, en dessous de 100 jours, qui sont principalement des déchets qui viennent de l'industrie, de la recherche, pardon, et du médical, ce sont des déchets qui sont gérés différemment. Ils sont gérés sur site, on attend un certain temps que leur décroissance ait eu lieu, ensuite on les met dans des filières de gestion normales. Après, il y a des déchets qui ont une durée de vie courte, inférieure à 31 ans. Il y a une durée qui a été choisie inférieure à 31 ans. Et puis ceux qui ont une durée de vie longue, qui ont une durée de vie... supérieur à 31. Ça, c'est la première catégorisation, c'est la durée de vie. Et ensuite, à l'intérieur de ça, on va regarder le niveau de radioactivité. Il y a des très faiblement radioactifs, puis à la fin, il y a des très très radioactifs, et donc on va créer comme ça des familles. Alors c'est un peu compliqué, mais je pense qu'avec un tableau, ça se résume bien. On a donc les déchets à vie très courte, les déchets de très faible activité, qui sont des déchets pas très dangereux, qui sont quand même radioactifs. et qui viennent essentiellement du démantèlement des installations nucléaires. Ensuite, on a les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, qui sont principalement à vie courte et qui viennent de l'exploitation des installations nucléaires. C'est ça, les déchets de très faible activité et de faible et moyenne activité à vie courte. C'est la majeure partie des déchets radioactifs. C'est la principale en volume. C'est ça qui est essentiellement produit. Après, on a des déchets qu'on appelle de faible activité à vie longue. qu'on produit moins en France, donc ils ne sont pas très radioactifs, mais ils ont des durées de vie qui sont assez longues. Puis après, c'est les déchets qui sont concernés par CIGEO dont on va parler. Ce sont les déchets qu'on appelle de moyenne activité à vie longue et de haute activité, qui eux sont des déchets qui sont très radioactifs et qui sont même très dangereux en l'occurrence.

  • Speaker #0

    Donc avant de rentrer dans le cas de CIGEO, pour ces différents types de déchets qui ne sont pas à haute activité, quel est le type de stockage qui est aujourd'hui employé en France ?

  • Speaker #1

    Pour les déchets qui ne sont pas de haute activité, on a des centres de stockage qui sont en surface, qui se trouvent en l'occurrence dans le département de l'Aube, pour deux d'entre eux, pour les déchets de très faible activité et pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Ce sont des centres qui sont exploités depuis 2003 pour celui sur les déchets TFA et depuis 1992 pour celui sur les déchets de faible et moyenne activité à vie courte. Et puis on a un autre centre de stockage qui lui a été exploité entre 1969 et 2019. et 1994, qui se trouve dans le Cotentin, juste à côté de l'usine Orano de la Hague, qu'on appelle le centre de stockage de la Manche.

  • Speaker #0

    Donc, on va rentrer dans le cœur du sujet, c'est-à-dire sur le Cijo et la gestion des déchets en profondeur. Est-ce que tu peux nous, pour quelqu'un qui n'aurait jamais entendu parler de ce cas-là, est-ce que tu peux nous dire à quoi ça ressemble et en quoi ça consiste ?

  • Speaker #1

    Alors, à quoi ça ressemble ? L'idée, c'est de construire à 500 mètres de profondeur en France, avec des tunnels et qui reçoivent des cendries. un tunnel incliné ou des puits, une installation souterraine dans laquelle on va venir placer des déchets, les colis de déchets, en fait c'est des déchets qu'on met dans des boîtes, puis éventuellement ces boîtes, on va les mettre encore dans des boîtes, et ces boîtes, on va les mettre en profondeur. L'objet, c'est de les mettre en profondeur dans un endroit particulier, en l'occurrence ici, dans une couche d'argile qui fait entre 100 et 150 mètres d'épaisseur, pour confiner la radioactivité. Il faudra y revenir, mais c'est vraiment pour confiner la radioactivité. Et donc, l'installation, c'est des bâtiments en surface qui permettent de gérer l'accueil des colis de déchets, qui viennent principalement par train, le contrôle de ces colis, puis ensuite la préparation de ces colis pour les descendre dans l'installation, puis après, pour aller placer ces colis dans des tunnels qui sont plus ou moins grands en fonction de la nature des colis.

  • Speaker #0

    Donc aujourd'hui, CIGEO n'existe pas. Par contre, on peut visiter le laboratoire. Qui est comme une copie ou un prototype de CIGEO ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO n'existe pas. Aujourd'hui, on est dans un processus où on a demandé l'autorisation de créer cette installation. Et pour l'instant, on n'a pas eu l'autorisation de créer CIGEO. Ce qu'on a à proximité directe de l'endroit où on veut faire CIGEO, c'est un laboratoire souterrain qu'on a commencé à creuser il y a une vingtaine d'années maintenant, un peu plus. Et l'objet de ce laboratoire souterrain, c'est de faire de la recherche sur le stockage en lui-même, mais aussi sur la connaissance de la roche. Donc, c'est deux installations qui sont bien différentes. Et effectivement, le laboratoire est un endroit où on fait de la science et de la technique, mais on peut aussi visiter ce laboratoire si on prend contact avec les équipes du service communication de l'Andra en Meuse-Haute-Marne.

  • Speaker #0

    Et donc les déchets qui sont destinés à CIGEO, c'est des déchets qui viennent d'où déjà ? Je pense que c'est en majeure partie du nucléaire civil, mais est-ce qu'il y a d'autres choses ? Et c'est des déchets qui sont dangereux pour combien de temps ?

  • Speaker #1

    Alors, les déchets qui sont concernés par CIGIO, c'est vraiment tous les déchets de haute activité et tous les déchets de moyenne activité à vie longue. Ça représente, dans le concept de CIGIO, à peu près 80 000 m3 de déchets radioactifs. Et ça, ce sont des déchets qui sont produits par les installations nucléaires qui sont liées notamment à la production d'électricité. Alors, c'est les centrales, mais c'est tout ce qui vient aussi autour. Donc principalement, les déchets viennent de l'activité de production d'électricité, mais sur l'ensemble de la chaîne. La production des combustibles, l'exploitation des centrales, et puis le traitement. Il y a un peu des déchets militaires. Il n'y a absolument pas de déchets radioactifs de très haute activité, très très peu, ils viennent du démantèlement. Les déchets de démantèlement viennent principalement des gravats, etc. Ce sont des déchets de très faible activité.

  • Speaker #0

    Et par exemple de la médecine, comment on fait une radio, comment on fait un scanner ? Est-ce qu'il y a des choses qui vont arriver à Cigéo ?

  • Speaker #1

    Pas dans Cigéo. Ce ne sont pas des déchets de moyenne activité à Ylong, ni de haute activité.

  • Speaker #0

    Donc finalement, c'est la Meuse qui a été choisie, donc cette ville à côté de la ville de Bure. À la base, l'Andra avait plutôt commencé à chercher dans des sols de roches de granit. C'est un choix aussi qu'a fait la Suède. J'ai entendu que ça avait... pas marcher parce qu'il y avait eu beaucoup d'opposition locale. Est-ce que l'Andra, finalement, a fait une certaine concession en allant à Bure parce que c'est là où était le projet accepté, mais pas forcément parce que là où il y avait la roche la plus propice ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, il faut reprendre l'histoire un peu de la gestion des déchets de haute activité, et donc très vite dans l'histoire du nucléaire, on voit qu'il va falloir qu'on gère les déchets radioactifs. Et puis très vite, pour ces déchets de haute activité, on commence à réfléchir à différentes solutions. Et on arrive assez vite à une conclusion, c'est que, vu les durées de dangerosité de ces déchets, plusieurs centaines de milliers d'années, il faut trouver des solutions qui ont des capacités à gérer sur des temps très longs les déchets radioactifs. Et donc très rapidement, les scientifiques, les experts, ils vont s'orienter vers le stockage géologique. Il y a d'autres solutions qui ont été étudiées, mais le stockage géologique vient vite une solution.

  • Speaker #0

    On peut peut-être y revenir. Pourquoi c'est celui-là qui a été choisi par rapport au... aux autres parce qu'il y avait aussi des solutions de transmutation, il y avait aussi les envoyer dans l'espace, les envoyer dans l'océan. Pourquoi au final c'est ça qui a été choisi ?

  • Speaker #1

    Alors parce que c'est de fait la solution qui est la plus sûre en fait dans l'absolu. Je vais prendre l'exemple concret, le plus facile c'est celui de l'espace. C'est sûr qu'on pourrait envoyer les déchets dans l'espace. Le problème c'est que la fiabilité des fusées qui envoient les choses dans l'espace, elle est bonne aujourd'hui, on voit bien, on envoie des satellites, mais elle est quand même... limité, ce qui fait que si une fusée qui transporte des déchets radioactifs explosait pendant son décollage, ça aurait une conséquence assez dramatique. On a étudié le fait de mettre les déchets dans des zones de subduction sous-marines, on a étudié la possibilité de laisser les déchets dans des installations de surface aussi durables que possible. Mais à la fin, ce qui ressort, c'est toujours le stockage géologique, et c'est le cas partout dans le monde, tous les pays. qui ont à gérer des déchets d'autres activités, s'orientent plus ou moins rapidement vers un stockage géologique, parce que c'est la seule qui permet de répondre aux durées qui sont concernées ici.

  • Speaker #0

    Il y a des pays qui sont plus en avance que la France ?

  • Speaker #1

    Il y a deux pays qui avancent. un tout petit peu plus vite que la France, mais on est à peu près dans la même zone, ce n'est pas une course, c'est la Suède et la Finlande. La Finlande pourrait même avoir l'autorisation de mettre en exploitation son installation dans les mois qui viennent.

  • Speaker #0

    D'accord. La Finlande et la Suède ont choisi...

  • Speaker #1

    aussi cette solution ils sont en avance comme tu viens de le dire est ce que c'est dans le même type de roche qu'à bure alors tout à l'heure j'évoquais l'histoire un peu et donc ils ont dans leur dans leur passé capacité uniquement de du granit donc ils se sont orientés vers une option qui est de gérer dans le granit ces déchets en france dans les années 80 on a cherché on a commencé à chercher des sites pour faire des études sur le stockage géologique et on a été voir différents types de roches et roches garnitiques des roches salines de l'argile on a on a fait on a fait plusieurs choses. À l'époque, ça ne s'est pas très bien passé, parce qu'il n'y a pas eu de discussion avec les populations ou avec les élus. Ça, c'est dans les années 80. Le premier ministre de l'époque avait décidé qu'il fallait arrêter tout ça et a fait un moratoire. C'est à ce moment-là que le Parlement français a commencé à s'intéresser à la question des déchets radioactifs, puisque depuis 1991, il a voté trois lois qui concernent le stockage. En 1991, en 2006 et en 2016. C'est quelque chose qui est suivi par le Parlement. Dans les années 90, l'ANDRA a été missionné pour regarder la géologie en France et pour essayer de trouver des endroits où on pouvait implanter un laboratoire dans la perspective de créer un stockage géologique. Et à l'époque, on avait identifié un certain nombre de zones qui avaient été candidates. D'accord ? Mission parlementaire avait été conduite par un député et il avait identifié des sites qui étaient candidats. Il y avait des roches plutôt argileuses ou plutôt granitiques, les deux. Il se trouve que dans les analyses préliminaires qui ont été menées, il y avait des endroits où on pouvait avoir des endroits où on pouvait avoir des endroits Il y avait des aspects scientifiques qui posaient un certain nombre de problèmes sur la roche granitique. Par ailleurs, il n'y avait pas un accueil très favorable des populations. En Meuse-Haute-Marne, à Bure, où on projette de construire CIGEO, on a une couche argileuse qui, par la suite, grâce au laboratoire, on a pu démontrer qu'elle était tout à fait favorable à l'accueil du stockage. Mais on a eu aussi une candidature des départements. Donc c'est un double travail d'un dispositif de consultation et de candidature. des départements, et puis technique pour vérifier que la roche est bien compatible avec la réalisation d'un stockage géologique.

  • Speaker #0

    Donc justement, tous ces tests aujourd'hui que vous faites à CIGIO, est-ce que tu peux nous en parler ? Est-ce que tu peux nous dire à peu près, parce que l'autorisation, comme tu disais, n'a pas encore été donnée, qu'est-ce qu'il reste encore à prouver ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, dans le process, on a presque 30 ans de recherches qui ont été conduites et on a déposé en début 2023 ce qu'on appelle la demande d'autorisation de création de CIGEO. Et une demande d'autorisation de création d'une installation nucléaire, c'est je vous demande de créer cette installation parce que je peux vous prouver que je sais maîtriser la sûreté de cette installation. C'est-à-dire que j'apporte avec cette demande la démonstration de ma capacité à maîtriser la sûreté. Et donc c'est ça qui est en train d'être fait aujourd'hui par l'autorité de sûreté nucléaire et l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, c'est d'évaluer, d'instruire cette démonstration de sûreté pour vérifier bien sûr qu'avant de nous dire vous pouvez construire, on a bien affiché l'ensemble des dispositions qui nous permettent de prouver qu'on sait gérer cette sûreté. Ce qu'on a fait depuis 20 ans et notamment dans le laboratoire souterrain, c'est de travailler à cette démonstration de sûreté. Et dans le laboratoire souterrain, on a commencé d'abord par identifier, connaître le mieux possible la roche. Donc le principe, c'est de placer les déchets radioactifs dans une couche d'argile, qui fait environ, je l'ai dit tout à l'heure, 150 mètres d'épaisseur, parce que cette couche d'argile a des caractéristiques qui sont très intéressantes. Pour savoir quelles sont ces caractéristiques, il a fallu commencer par les mesurer. Sa perméabilité, sa porosité, la manière dont elle se comporte dans le temps. Donc, c'est ça qu'on a commencé à faire dans le laboratoire tout au début. Ensuite, quand on crée une installation de stockage géologique, on va... faire un trou dans la roche, donc on va venir perturber la roche. On va la creuser, on va amener de la chaleur, parce que les déchets peuvent être chauds, on va amener des différents types de matériaux, parce que les déchets ils sont mis dans des matrices en verre, on met ça dans des colis en acier ou en inox, on met du béton, donc on regarde comment les interactions entre le milieu géologique argileux et tous ces matériaux interviennent, et comment tout ça se comporte dans le temps. Donc c'est ça qu'on fait depuis une vingtaine d'années dans le laboratoire, et puis ces dernières années, on a un petit peu avancé aussi vers l'industrialisation, c'est-à-dire qu'on commence à creuser les tunnels qui pourraient être creusés dans CIGEO, on commence à mettre les différents revêtements qui pourraient intervenir dans ces tunnels et on commence donc à préparer l'industrialisation ou l'exploitation de l'installation.

  • Speaker #0

    Et donc j'ai lu un petit peu un article de Greenpeace qui est une association opposée à CIGEO, est-ce que vous pouvez affirmer ou confirmer ce qu'ils disent ? forage et la radioactivité des colis sont susceptibles de déstabiliser cette courge argileuse. Est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire si c'est vrai ou c'est faux ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, le principe du stockage, c'est de faire en sorte qu'on confine la radioactivité autant de temps que nécessaire, parce que j'ai dit tout à l'heure, la radioactivité va décroître dans le temps. Et donc, le principe du stockage, en fait, il est basé sur deux choses. D'abord, c'est d'être en profondeur pour isoler durablement les déchets de l'environnement et de la biosphère et de l'homme. Donc, on se met en profondeur en France pour... Pour cet aspect-là, il faut qu'on soit à plus de 200 mètres. C'est-à-dire qu'il faut être loin de toute l'érosion, il faut être loin des perturbations sociales qu'il peut y avoir aussi dans le temps. On est sur des périodes de temps qui sont très longues. Donc le principe même, c'est de placer les déchets dans cette couche géologique parce qu'elle va apporter du confinement. Il y a longtemps, il y a eu une image qui avait été prise, qui était celle du coffre-fort. On a l'impression qu'on met les déchets dans un coffre-fort et puis ça y est, on n'en entend plus parler. Alors ça ne marche pas tout à fait comme ça. On met les déchets dans l'argile et on sait que les propriétés de l'argile vont permettre... de ralentir le plus possible c'est vraiment l'argile qui ralentit la migration le déplacement de la radioactivité dans le temps mais ça c'est les propriétés de l'argile en fait parce que c'est le concept même c'est ces colis inoxydables ils vont finir parce par

  • Speaker #0

    se désintégrer et finalement il ya bien des particules radioactives qui vont terminer dans l'environnement à ce niveau là au bout de

  • Speaker #1

    4000 ans ou quelque chose comme ça c'est beaucoup plus long c'est des périodes de temps qui sont beaucoup plus long mais effectivement le principe c'est que si je reviens sur le prix Le principe de CGO, c'est qu'on place les déchets dans une couche d'argile. Alors, on les met dans des colis, puis dans des tunnels. Les tunnels sont bétonnés. Et on sait que dans le temps, le béton... Linux, même Linux, et tous les matériaux qu'on va utiliser vont s'altérer. Et on sait que potentiellement, la petite quantité d'eau qui se déplace dans l'argile va pouvoir véhiculer la radioactivité. La chance qu'on a, et c'est pour ça qu'on s'est mis dans cette roche-là, c'est que l'argile a des propriétés qui vont nous aider beaucoup. La première, c'est qu'elle a une capacité à retenir certains éléments chimiques. Vous savez, c'est l'histoire des plus et des moins. Eh bien, il va y avoir une attraction de certaines... certains radionucléides, ce qui fait qu'ils vont rester bloqués dans l'argile. Donc il y a des radionucléides qui, dans le stockage, sont très peu mobiles, ils ne bougent plus une fois qu'ils sont à l'intérieur de la roche. Il y a d'autres radionucléides qui vont être un petit peu mobiles, qui vont se déplacer, mais qui ne vont jamais aller très très loin. Puis il y en a d'autres, effectivement, qui eux vont être plus mobiles et qui vont pouvoir un jour remonter à la surface. Mais le temps que ça va avoir pris pour faire ça, la radioactivité va avoir suffisamment diminué pour que l'impact soit très limité en surface. Et c'est ça le principe du stockage.

  • Speaker #0

    On parle de combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    On parle sur des durées de temps qui sont plusieurs centaines de milliers d'années pour certains phénomènes. Ça peut arriver éventuellement avant, mais en tous les cas, c'est des phénomènes qui sont très très longs. Ça nous emmène dans des pas de temps qui sont vraiment très longs.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, 4000 ans, c'était le temps que l'acier se désintègre. Par contre, après, il reste le verre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a tout un ensemble, un système d'enveloppes qui font qu'on retarde au maximum cette évolution.

  • Speaker #0

    Parce que ça, je trouve ça assez intéressant. Donc, les pires déchets ont été fondus dans du verre. Tu peux nous parler de cette méthode de stockage ?

  • Speaker #1

    C'est une méthode de préparation des déchets. En fait, les combustibles usés qui sortent des centrales nucléaires en France, ils sont destinés à être retraités. C'est-à-dire qu'à l'usine Orano qui est à la Hague, on va procéder à une séparation entre ce qui peut être utilisé encore, ce qu'on appelle une matière, de ce qui n'est plus du tout utilisable.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est l'unioralum 235 et l'hébuttonium 239 ?

  • Speaker #1

    L'hébuttonium, c'est ça. qui sont les matières qu'on peut ou penserait utiliser un jour. Donc ça, ça représente 96% du combustible usé. Et puis il reste 4% qui sont ce qu'on appelle les produits de fission ou les actinides mineurs et les actinides mineurs. Et ces 4% là, en fait, on va les vitrifier. C'est-à-dire qu'on va les couler dans une matrice en verre, puis dans un colis. Et c'est ça qui va constituer un colis de haute activité. Et puis, quand on regarde le combustible usé, pour être tout à fait complet, on place les pastilles d'uranium dans des barres. Et ces éléments-là sont aussi cisaillés, découpés et compactés. Et ça compose une partie des déchets de moyenne activité à vie longue.

  • Speaker #0

    Justement, ces déchets de moyenne activité à vie longue, qu'on va appeler la MAVL le temps de la question, il y a eu un accident aux États-Unis dans leur CGO à eux, si je ne dis pas de bêtises. Il se trouve que ces colis sont potentiellement inflammables et peuvent relâcher de l'hydrogène. Donc les deux en même temps, ça pourrait créer des incendies dans le web d'Ancist.go. Déjà, est-ce que ce risque, est-ce que vous l'avez évalué ? Et comment vous comptez y remédier ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une installation aux Etats-Unis qui s'appelle le WIP, qui est un stockage qui existe dans le sel à plusieurs centaines de mètres de profondeur. qui gèrent, alors pas tout à fait des déchets MFL, qui gèrent des déchets transuraniens, qui contiennent de l'uranium, qui viennent des activités de défense. Alors c'est vrai qu'il y a quelques années, dans ce stockage, il y a eu deux accidents coup sur coup, et notamment un accident qui est lié à un feu de déchets. Alors, ce qu'il faut voir, c'est que dans les familles de déchets MFL, il y a des différentes familles, et avec des, je parlais là des coques et des embouts, qui sont métalliques. Et eux, ils ne présentent pas de risque d'incendie. C'est des déchets qui sont inertés, c'est des métaux. Mais il y a des déchets qui ont été mis dans des matrices. qui sont différentes et il y a des déchets qui sont mis dans une matrice en bitume. Et ça, ça peut être amené, bien sûr, à prendre feu. Alors, dans le cas de CIGEO, bien sûr, on a regardé ce qui s'est passé aux Etats-Unis, et pas que aux Etats-Unis, on essaye de faire, de regarder tout ce qui se passe, qui est en lien avec la radioactivité, mais avec le souterrain aussi, et on prend en compte et on fait du retour d'expérience sur ces phénomènes-là. Et donc, par rapport aux risques d'incendie, c'est l'approche générale des risques, d'ailleurs, qu'on a, c'est d'abord on essaie de limiter au maximum la possibilité que ça arrive. Typiquement dans l'installation souterraine on va pas aller avec une voiture dont le moteur peut exploser et créer un incendie donc on évite les produits inflammables. Toutes ces choses qui peuvent être basiques mais il faut y penser, c'est les choses qu'on fait comme ça. Ça c'est la première chose, on prend un ensemble de dispositions qui vise à éviter qu'on se retrouve dans des situations accidentelles. Maintenant on peut pas garantir qu'on n'aura pas de situation accidentelle donc notre travail il est de prévoir. des moyens pour détecter au plus tôt si quelque chose ne va pas dans le bon sens. Donc ça veut dire, en cas d'incendie, d'être capable de détecter très tôt l'augmentation de la température et d'être ensuite en mesure de réagir et donc d'avoir des moyens qui permettent d'intervenir. Typiquement, sur les colis MAVL, quand ils sont en mesure de réagir, sont placés dans les alvéoles, ils sont portés par un petit chariot. Sur ce chariot, il y a des moyens d'extinction de manière à ce que si on détecte quelque chose, on puisse très vite intervenir. Puis dans l'analyse des risques et la démarche de sûreté, on fait encore une chose supplémentaire, c'est que... On essaye de limiter au maximum les conséquences d'un problème si jamais il survenait. D'accord, je le redis, on essaye de limiter les choses, on essaye d'avoir les moyens de détection et d'intervention. Et puis la dernière chose, c'est que si ça arrive quand même, on essaye de faire en sorte pour que c'est le moins de conséquences possible. Et donc ça, c'est vraiment l'ensemble de l'approche de sûreté pour la sûreté en exploitation. C'est de regarder l'ensemble de ce panel-là.

  • Speaker #0

    Et si ça arrive après fermeture ?

  • Speaker #1

    Après fermeture, c'est un peu différent. Une fois qu'on a tout fermé, le principe du stockage, d'ailleurs, c'est qu'il doit être fermé. CIGEO, il est fait pour être fermé. Je n'ai pas parlé de ça pour l'instant, mais le but de CIGEO, c'est de protéger les générations futures des déchets radioactifs qui sont produits aujourd'hui et qui vont être produits par les installations nucléaires qui existent. Ça veut dire que le principe, c'est de réduire la charge des générations futures. On peut vite assez comprendre. On ne peut pas laisser les générations futures, dans 10 000, 5 000 ans, 50 000 ans, 100 000 ans, gérer les déchets radioactifs qu'on produit aujourd'hui. Il faut qu'on fasse quelque chose. Et donc, le principe de CIGEO, c'est de dire, OK, on est responsable, on prend des dispositions pour mettre ces déchets en sécurité. Une fois qu'on a exploité CIGEO, le principe, c'est de fermer CIGEO pour que la sûreté devienne passive, c'est-à-dire qu'il n'y a plus besoin d'intervention humaine. Et à ce moment-là, le stockage est fait pour évoluer, c'est ce qu'on a décrit tout à l'heure. à l'heure. Les colis vont se déliter, mais la radioactivité est emprisonnée durablement dans la roche, même si elle peut circuler à l'intérieur. Ça fait une espèce d'endroit de confinement de la radioactivité.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase, dans 5000 ans, 10 000 ans, les déchets seront toujours dangereux et radioactifs, mais comment être sûr que les êtres humains du futur ne vont pas par erreur ou alors... Par hasard, creuser pile à cet endroit-là et donc du coup exhumer ces déchets radioactifs, alors il faudrait un hasard quand même, mais je sais que c'est une question qui vous prend beaucoup de temps à l'endroit.

  • Speaker #1

    Alors c'est une question qu'on nous pose beaucoup, c'est une question qui nous occupe. Effectivement, c'est l'enjeu de comment on garde la mémoire du stockage. Je l'ai dit tout à l'heure, le stockage il est fait pour être passif, ça veut dire qu'une fois qu'il est fermé, l'homme n'a plus besoin d'intervenir. Mais il faut évidemment éviter qu'on aille creuser à l'intérieur. Déjà, creuser à 500 mètres de profondeur, on ne le fait pas avec une pelle et une pioche. C'est quelque chose qui fait que quelqu'un qui aurait la capacité d'aller se creuser à 500 mètres de profondeur, aujourd'hui, il a la capacité de voir ce qu'il y a dans le sous-sol. On est capable, par des moyens divers et variés, de savoir s'il y a quelque chose au fond. Néanmoins, on ne peut pas garantir que ça n'arrive pas. Dans les scénarios qu'on regarde d'évolution, on se dit qu'est-ce qui se passe si il y avait un forage intrusif réalisé par un scénario. par des hommes. Donc ça, on le regarde. Et donc tout l'enjeu, c'est de se dire comment on fait pour ne pas oublier qu'il est là, ce stockage. Là, on a des dispositions qui sont prises. Il y en a plusieurs, mais la première, c'est qu'on nous demande de garantir que pendant au moins 500 ans, on peut conserver la mémoire du stockage. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pendant 500 ans, il faut qu'on s'assure de transmettre aux générations des informations qui leur permettront de ne pas oublier que le stockage est là, de manière... Alors... de manière administrative, j'allais dire. C'est-à-dire qu'on regarde, on dépose aux archives nationales des informations sur le contenu des stockages, qu'est-ce qu'on y a fait, quels sont les déchets qui sont à l'intérieur. On essaie aussi de faire en sorte que l'information se dissémine sur le territoire. Donc là, de proche en proche. Donc, on a créé, par exemple, autour de nos installations, ce qu'on appelle des groupes mémoire, qui sont des riverains, qui participent à garder la mémoire des installations. Et puis après... 500 ans on essaye de regarder pour faire en sorte que la mémoire se perdure le plus longtemps possible on sait qu'on va perdre la mémoire un jour sur des durées de temps qui sont énormes on sait qu'on va finir par la perdre mais En développant des moyens, on pense qu'on a la capacité à ce qu'elle aille plus loin que 500 ans et de faire en sorte qu'on n'oublie pas et qu'on n'aille pas creuser sous nos pieds. Et encore une fois, c'est à 500 mètres de profondeur, c'est quand même assez loin.

  • Speaker #0

    Est-ce que CIGEO est dimensionné aussi pour les déchets des EPR2, enfin les potentiels déchets des EPR2 ?

  • Speaker #1

    Alors, CIGEO, aujourd'hui, a été conçu, et c'est ça qui nous a servi de base pour concevoir l'installation, sur... le fonctionnement des réacteurs qui existent, plus L'éper de Flamanville, qui n'a pas encore débarré, mais qui est déjà en construction, donc ces déchets doivent être pris en compte. Plus ITER, qui est l'installation qui est en cours de développement aussi dans le sud de la France. Plus un réacteur qu'on appelle Julorovitz. Donc, l'inventaire des déchets pour lesquels CIGEO est conçu, c'est les déchets qui sont produits par toutes ces installations. Sur une durée de fonctionnement de 50 ans. qui est arbitraire. Il faut bien qu'on décide à un moment donné. Nous, on dit, c'est très clair, ce qu'on appelle l'inventaire de référence, c'est toutes les installations nucléaires de base existantes ou autorisées sur une durée de vie de 50 ans. Maintenant, effectivement, ces derniers temps, il a été question d'ajouter de nouveaux réacteurs au parc français et notamment la création de 6 EPR.

  • Speaker #0

    Et puis aussi de rallonger la durée de vie des centrales au-delà de 50 ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà, ça c'est des travaux qui sont en cours. Mais donc pour les 6 EPR, initiaux, le gouvernement avait très tôt demandé à l'Andra de regarder ce qui se passait en termes de gestion des déchets radioactifs, tous les déchets radioactifs, pas que sur ce géo, bien sûr, si on était amené à construire et à exploiter ces réacteurs. Donc tout ce qu'on a montré... C'est qu'en premier examen, il n'y a rien de rédhibitoire à prendre en charge les déchets de six réacteurs UPR. Alors d'abord, c'est des déchets qu'on connaît puisque c'est la même technologie que les installations qui existent aujourd'hui. Donc c'est des déchets très similaires, pas des déchets très différents. Et puis ensuite, c'est des volumes qui sont relativement limités. On a par exemple sur CIGEO montré... que c'est 5% de déchets MAVL en plus et 20% de déchets HA. Ça fait quelque chose, mais ça reste dans une enveloppe qui est raisonnable. Donc, pour les déchets de 6 réacteurs supplémentaires... on a des dispositions qui nous permettent de prendre en charge ces déchets, parce que, aussi, ça c'est une exigence du Parlement, il faut qu'on puisse adapter CIGEO à des post-sociales évolutions de la politique énergétique. Donc c'est un peu prévu, c'est ce qu'on appelle l'adaptabilité. dans notre travail.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le plus probable, c'est que CIGEO soit agrandi plutôt qu'il y ait un deuxième CIGEO à l'heure d'aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Six réacteurs supplémentaires, on augmente la taille de CIGEO. Au-delà, c'est un peu différent. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il faut regarder ce qui se passe. et là il faut prendre en compte plusieurs choses d'abord c'est tout le contexte autour si on décide de créer d'autres réacteurs est-ce qu'on fait du retraitement est-ce qu'on fait du multi-recyclage des choses que vous avez abordées déjà précédemment il y a plein de paramètres qui sont des données d'entrée importantes pour l'endroit et puis dans tous les cas ces déchets ils n'arrivent pas tout de suite c'est à dire que les déchets qui viendraient de réacteurs supplémentaires, ils arriveront, ils seraient produits beaucoup, beaucoup plus tard. Donc, ça veut dire qu'on a encore le temps pour regarder. Donc,

  • Speaker #0

    le nucléaire civil en France, il est souvent vanté comme pas cher et comme bas carbone. Est-ce qu'en prenant 6 GO en compte, tout cela reste à ce point vrai ? Ça restera toujours vrai, mais est-ce que c'est toujours aussi peu cher ? Est-ce que c'est toujours aussi peu bas carbone ?

  • Speaker #1

    Alors, le... Si on regarde le coût qui avait été arrêté par le gouvernement sur CIGEO, on peut se dire que c'est beaucoup d'argent. Après, si on ramène ça à...

  • Speaker #0

    C'était 25 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    C'était 25 milliards d'euros. De 2012. de 2011, je crois. Voilà. En tout cas, 25 milliards d'euros, ça fait une somme, en l'occurrence. Après, si on regarde maintenant en détail, et c'est pas nous qui regardons, c'est la Cour des comptes. La Cour des comptes, en 2019, a rendu... rendu un rapport, donc c'est très sérieux la Cour des comptes, et elle dit que l'aval du cycle, ça représente 10% du coût du nucléaire à peu près. D'accord, l'aval du cycle. Donc ça veut dire le retraitement et tout ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. Et donc, la gestion des déchets radioactifs, à proprement parler, donc l'activité de l'Andra, c'est quelques pourcents, 1, 2, 3% du coût total de production d'électricité.

  • Speaker #0

    D'accord, mais est-ce que c'est aujourd'hui déjà pris en compte dans nos factures ?

  • Speaker #1

    C'est déjà pris en compte. compte dans la facture, les producteurs de déchets doivent faire des provisions pour financer le stockage. D'accord. Donc, dès aujourd'hui. C'est-à-dire, dès qu'il y a des mètres cubes de déchets qui sont produits, ils doivent mettre de côté de l'argent pour ça. Alors, la particularité des 25 milliards, ou du coût de CIGEO, c'est que c'est un coût qui est un coût global. C'est-à-dire que, quand on parle d'une installation industrielle, en général, on va parler du coût d'investissement. Combien cela va me coûter de construire cette installation ? Pour... Pour CIGEO, c'est 5 milliards à peu près. Un tout petit peu plus que 5 milliards d'euros. D'accord. Alors, c'est quoi les 25 milliards ? Ce qu'on nous a demandé de faire, c'est un calcul global du coût de CIGEO. C'est-à-dire, combien ça va coûter de construire CIGEO en entier ? Combien ça va coûter de l'exploiter ? Tous les personnels ? Combien ça va coûter de maintenir l'installation ? Combien ça va coûter en taxes ? C'est-à-dire de faire une estimation globale du coût de CIGEO sur toute la durée de sa vie. D'accord. Sur 100 ou 150 ans. Et ça correspond à ça. Donc si on prend une image, ça revient à dire, j'ai le coût d'achat de ma voiture. Je dois intégrer toutes les sens que je vais mettre, voilà 5 milliards, puis je vais intégrer dans toutes les sens que je vais mettre, toutes les réparations que je vais faire, le changement des pneus, etc. dans les amendes que je vais avoir éventuellement. Je vais intégrer dans la vision globale tous les éléments qui vont venir être financés au cours de la vie de cette voiture. C'est ça qui est important aussi à comprendre, c'est que ce coût de 25 milliards, il est réparti avec un investissement initial et ensuite tout ce qui est déployé durant la durée de vie de l'installation.

  • Speaker #0

    Donc... Le ministère de l'Environnement a statué à 25 milliards, mais l'Andra avait estimé plutôt à 35 milliards. Ça veut dire que vous avez estimé presque à 50% plus cher. Donc, vous allez devoir vous plier à ce qu'a dit le ministère de l'Environnement. C'est son budget, c'est le budget de l'État. Comment vous allez respecter ce budget sans rogner sur la sûreté ?

  • Speaker #1

    Alors, il n'est pas question de rogner sur la sûreté nulle part. L'Andra avait fait une estimation qui était effectivement... de l'ordre de 30 milliards. Et le gouvernement, après des discussions, a décidé d'aller sur un coût moins. On a des optimisations possibles. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a, nous, la capacité de dire voilà ce qu'on peut faire aujourd'hui, mais comme partout, on réfléchit à des solutions plus innovantes qui peuvent nous apporter des bénéfices techniques ou économiques. Et donc il y a des optimisations. Et donc le ministère avait décidé que ce chiffre de 25 milliards était un chiffre objectif. Et l'idée n'est jamais de renier sur la sûreté. Le seul métier et la seule raison d'être de l'Andra, c'est la sûreté. C'est un établissement qui est sous la tutelle des ministères et dont le seul objectif, c'est de mettre de la sûreté pour les générations futures.

  • Speaker #0

    Donc bien sûr, le budget n'est pas là et ça ne se fera pas, on l'a compris. Mais est-ce que ça n'aurait pas été appréciable quand même d'avoir un CIGEO ? sur un sol granitite, et un autre CIGEO en part en France sur un autre sol, par exemple.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans la loi de 1991, qui était une loi de recherche, le Parlement avait dit qu'il fallait créer des laboratoires souterrains pour investiguer différents lieux. C'était parti pour. On avait commencé à investiguer trois lieux, un dans le Gard, un dans la Vienne et un aux Hautes-Marnes, où on s'est installé à Bure. Et puis, pour différentes raisons, il n'y a que le laboratoire de Bure qui a été fait. En 2005, quand l'ANDRA a rendu le bilan de ses travaux, ça c'est toujours dans le cadre de la loi de 1991, le Parlement a dit, l'ANDRA et le CEA, vous devez travailler pendant 15 ans sur les différentes options, qui étaient l'entreposage de longue durée, le stockage géologique et... la séparation transmutation. Vous travaillez pendant 15 ans, puis dans 15 ans, on fera un bilan. Dans le bilan qu'on a fait au niveau de l'ANDRA, on a fait un rapport qui a été évalué par l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Et dans ce rapport, on disait, à Bure, l'argile qu'on a observée... peut nous permettre de faire un stockage géologique. Et on l'a apporté, la démonstration, c'est un document qui est en ligne pour la plupart, avec toutes les explications. À l'époque, l'autorité de sûreté nucléaire a émis un avis dans lequel elle disait que, vu les résultats qu'on avait à Bure, ce n'était pas la peine d'aller chercher un autre endroit. Ce site-là avait toutes les caractéristiques pour permettre la création d'un stockage. Alors, ceux qui veulent aller consulter, c'est l'avis du 1er février 2006 de l'autorité de sûreté nucléaire.

  • Speaker #0

    Une dernière question sur ces géos. CIGEO, c'est le phasage du projet. On n'a pas parlé de ça encore. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite ?

  • Speaker #1

    D'accord. C'est plus facile de répondre à où on en est aujourd'hui et quand est-ce que la fermeture sera faite. D'abord parce qu'il faut que CIGEO soit créé pour pouvoir être fermé.

  • Speaker #0

    Et autorisé.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Donc aujourd'hui, on a travaillé pendant 20-30 ans sur le stockage. On a déposé début 2023 la demande d'autorisation de création. Et... on est maintenant dans ce qu'on appelle la phase d'instruction. Instruction qui va durer à peu près 5 ans. Donc 2023, 2027, à peu près. Dans la première séquence de cette instruction, en ce moment, il y a ce qu'on appelle l'instruction technique. C'est-à-dire que l'autorité de sûreté nucléaire, l'IRSN et ce qu'on appelle les groupes permanents sont en train d'analyser le dossier de l'ANDRA et regardent notre démonstration de sûreté. Ça se passe en trois étapes. Une étape qui est de regarder nos données d'entrée. Quelles sont les données qu'on a prises pour concevoir l'installation ? La deuxième étape, c'est la sûreté en exploitation, la démonstration de sûreté en exploitation. Et la troisième...

  • Speaker #0

    En exploitation, c'est en gros ramener les déchets...

  • Speaker #1

    Pendant qu'on descend les colis, etc. Et ensuite, il y a une troisième particularité, et ça c'est une particularité des stockages, c'est... La sûreté après fermeture, c'est-à-dire une fois qu'on a fermé, qu'est-ce qui se passe ? Et donc, l'instruction technique, elle s'organise autour de ces trois thématiques-là. La première thématique vient de se terminer, les données d'entrée. Il y a eu une communication de l'Autorité de Sûreté Nucléaire et de l'IRSN récemment, qui est en ligne, qui est disponible et vous pouvez regarder. Et maintenant, le process se poursuit sur les questions de sûreté en exploitation et après fermeture. Une fois que ça, ça sera fait, il y aura un avis qui sera émis par l'autorité de sûreté nucléaire et qui dira est-ce qu'on peut continuer ou pas. En gros, c'est la première chose qui va être faite. C'est d'un point de vue technique. Est-ce que cette évaluation, elle nous conduit à dire qu'a priori, on peut engager la suite du processus pour aller vers l'autorisation.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est en 2027 ? Ça,

  • Speaker #1

    ce sera à l'horizon, plutôt au courant 2025. D'accord. Et après, ce qui se passe, c'est des consultations. Donc, on doit... C'est réglementaire. Il y a des consultations qui sont faites du territoire, du public avec une enquête publique, tout un dispositif. Et c'est seulement après tout ce dispositif-là que pourrait être délivré l'autorisation de création. C'est un décret. Donc ça, ça nous emmène à l'horizon 2027-2028. Pour la suite de CIGEO, s'il est autorisé, il va suivre un certain nombre d'essais progressifs. On va construire les installations, on va les tester. Puis après, quand on sera prêt, on demandera à l'autorité de sûreté nucléaire de nous délivrer l'autorisation de mise en service. Et c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra recevoir des colis de déchets radioactifs. D'accord. Puis on va partir comme ça. Et puis... À un moment donné, dans la spécificité de CIGEO, il va falloir qu'on fasse un bilan de ce qui se passe pour que le Parlement puisse décider des conditions de poursuite de CIGEO avant de pouvoir aller plus loin. C'est une spécificité de CIGEO, c'est la seule installation nucléaire de base pour laquelle ça existe. Si on a l'autorisation de mise en service, elle sera limitée, et le Parlement dira si on continue ou on ne continue pas.

  • Speaker #0

    Mais là, on est à la moitié du siècle déjà.

  • Speaker #1

    Alors là, on est après la moitié du siècle.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est aussi une autre spécificité de ce chantier, c'est qu'il n'y a pas... pas le feu, entre guillemets, dans le sens où les déchets qui sont destinés à être stockés là-bas sont encore trop chauds pour l'être, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, il n'y a pas le feu d'abord, on espère qu'il n'y aura pas le feu, effectivement, au sens figuré. C'est vrai qu'on est fondamentalement pas pressés. Alors, pour les déchets à chat, parce qu'en particulier, les déchets à chat, quand ils sont produits, ils sont très chauds, ils ont une puissance thermique importante, et pour éviter qu'ils perturbent trop la roche, on va attendre qu'ils refroidissent, que leur puissance thermique diminue, pour pouvoir... aller dans le stockage. Et ce qui veut dire que les déchets à chat, majoritairement, ils seront prêts en 2080. 70-80 pour venir dans 6 jours. Mais avant ça, il y a les déchets à MAVL. Et eux, il faut bien qu'on les mette dans le stockage. On peut les mettre maintenant dans le stockage. Donc on n'est pas pressé, mais il faut quand même avancer. Parce que il faut avancer dans la solution. On doit avancer pour pouvoir prendre en charge les déchets à MAVL qui existent déjà. Et certains déchets à chat, d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Donc, ce projet a... a connu de vives oppositions depuis les années 70, depuis le début. C'est un peu l'argument numéro un des antinucléaires. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, l'Andra fait beaucoup de communication. C'est pour ça que tu es là aujourd'hui, j'imagine. Comment tu le ressens personnellement ? Est-ce que tu penses que ça évolue dans le bon sens ? Est-ce que tu penses que tout l'énergie que vous avez mis dans la communication et la sensibilisation du public paie aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours difficile parce qu'il y a toujours des gens qui sont contre et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas forcément d'ailleurs le sujet parce que c'est un sujet très compliqué et puis il y a des gens qui ont l'air de dire que c'est super etc en fait ce qu'il faut comprendre c'est que l'ANDRA a été créé pour gérer les déchets radioactifs dans le long terme. Alors, c'était d'abord un département au sein du CA, et puis le Parlement, en 1991, a décidé que ça devait être quelque chose d'indépendant des producteurs de déchets. Et c'est un établissement public. C'est-à-dire que le patron de l'ANDRA, c'est le ministre en charge de l'environnement ou de l'industrie ou de la recherche. C'est le gouvernement, en fait. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que l'ANDRA fait ce que dit la loi. C'est la loi qui dicte les activités de l'ANDRA. Alors ça, ça ne suffit pas pour dire qu'il n'y a pas de problème, circuler n'a rien à voir. Mais ça veut dire que déjà, on avance dans un processus qui est cadré par la loi. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point...

  • Speaker #0

    Donc démocratique.

  • Speaker #1

    C'est un processus qui s'appuie sur les bases de la démocratie, c'est-à-dire des discussions au Parlement, puis le vote de loi, des débats publics, puisqu'il y a aussi eu plusieurs débats publics qui ont évoqué CIGEO, ou la gestion des déchets radioactifs d'une manière générale. Après, il y a bien sûr des actions qui sont conduites en lien avec les parties prenantes, Il y a ce qu'on appelle le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, qui, tous les cinq ans, permet de fixer les objectifs dans lesquels il y a les associations qui participent. Quand on travaille sur le stockage des déchets radioactifs, bien sûr, on est conscient du fait que ça peut être réclivant et que ça peut générer des oppositions, en particulier au niveau des gens qui se voient habiter à côté ou possiblement à côté d'une installation de stockage de déchets radioactifs. Et c'est normal qu'il y ait des gens qui ne sont pas d'accord. Alors, on discute, on essaye de discuter. C'est effectivement aujourd'hui une des raisons pour lesquelles je suis là. C'est parce qu'il faut qu'on contribue à expliquer ce qu'on fait et à mettre en place le dialogue. Un dialogue constructif, parce qu'en attendant, le vrai sujet, c'est quand même que les déchets sont là. Donc il faut faire des choses. Le but du jeu pour nous, c'est de faire en sorte qu'on apporte la démonstration du sérieux de nos travaux et une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir prendre en considération quand même les expressions des gens qui, sans être forcément des... militants contre, peuvent être inquiets des conséquences du chantier, de la façon dont ça peut changer leur environnement. Et donc, au niveau local en particulier, on a des actions avec les riverains pour les informer, pour travailler avec eux, par exemple, je parlais du chantier, sur les impacts que pourrait avoir le chantier dans les environs. Et donc, on a un groupe de travail avec eux qui leur permet de nous dire, attention, comment vous allez gérer ici, comment ça va se passer pour les poussières, par exemple.

  • Speaker #0

    Ce sera le mot de la conclusion. Merci Sébastien Farrin.

  • Speaker #1

    Merci. Sous-titrage ST'501

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