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Éclats de Voix

Entrepreneuriat social: remettre la dignité au coeur de l'économie, avec Laure Talavet-Omont

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53min |20/11/2025
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Description

Ep 57- Laure Talavet-Omont: L'entrepreneuriat social : dignité, impact et croissance autrement


1 enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki, entreprise sociale de soutien scolaire nous plonge au cœur d’un modèle encore trop méconnu: l’entrepreneuriat social, celui qui combine activité économique et impact positif réel.


Elle raconte comment Nikky garantit la même qualité d’accompagnement pour tous les élèves, quels que soient les revenus des familles, et pourquoi ce modèle centré sur la dignité, la justice sociale et la mission devrait inspirer notre manière d’entreprendre.

Avec clarté et franchise, Laure déconstruit les fausses croyances autour de l’économie sociale, explique comment repenser la croissance, et partage sa vision d’un modèle où responsabilité, autonomie financière et impact s’articulent enfin.


On parle aussi de l’éco-anxiété des jeunes, de leur pouvoir d’action sous-estimé, des paradoxes de consommation, et de la façon d’aider les ados à se remettre en mouvement.

Elle dévoile enfin les coulisses de la Learnbox, son outil pour apprendre à apprendre, pensé comme une boussole pour celles et ceux qui manquent de repères, d’outils ou de confiance.


Retrouvez: Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki (Société à Impact Sociétal certifiée)


Rejoignez-nous le 11 décembre pour "Osez votre voix" - le premier live Éclats de Voix au Kolibri, Steinsel. Laure y sera!

Infos et inscriptions ici: https://www.anneclairedelval.com/osez-votre-voix


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💻 Mon site: www.anneclairedelval.com

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📝 Me rejoindre sur Instagram: https://www.instagram.com/anneclaire_delval/ 

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un enfant sur quatre. Au Luxembourg, un enfant sur quatre est menacé par le risque de pauvreté. 18% de la population au Luxembourg vit sous le seuil de pauvreté, pendant que les 20% les plus aisés vivent 4,7 fois mieux que les 20% les plus modestes. Alors oui, ce sont des chiffres, c'est froid, c'est abstrait, et pourtant ces chiffres, ils ont des visages, ils ont des cartables trop lourds. Des devoirs qui sont pas rendus ou qui sont rendus en retard faute d'aide à la maison, des rêves qui s'étiolent avant même d'avoir pu germer. Et ça me révolte. Mais comme je n'aime pas rester sur des constats aussi écœurants, ni avec la colère que ça suscite en moi, j'ai demandé à Laure Talavé-Humon de venir sur Éclat de Voix, le podcast des prises de paroles engagées qui donne aussi envie de s'exprimer, pour nous parler. solutions, nous donner de l'espoir et confirmer que oui, oui, oui, il est possible d'inventer un modèle économique plus respectueux, plus solide. Et j'ai rencontré Laure avant son mariage. Ce qui n'a aucun intérêt pour vous, j'en conviens, mais voilà, c'était rigolo. Et probablement à peu près au moment du lancement de son entreprise Niki. Elle n'a alors que 23 ans, elle sort d'une école de commerce prestigieuse et elle se lance directement dans l'entrepreneuriat social en fondant NIC, une entreprise qui est donc sociale et solidaire et qui rend les cours particuliers accessibles à tous. Familiés et aux réfugiés, même tuteur, même exigence, même dignité. Extraordinaire. Nous vivons, on ne va pas se le cacher. dans un monde qui passe son temps à opposer les gentilles associations contre les méchantes entreprises, la croissance contre la décroissance, le profit contre l'humain. Ce que j'ai trouvé génial avec Laure, c'est qu'elle refuse de choisir un camp et qu'elle trace un chemin, le sien, troisième voie, celui de l'entrepreneuriat social qui n'est ni charité, ni infantilisant, ni commerce qui exploite. C'est une économie qui tient debout financièrement et qui porte une mission sociale dans son ADN. Alors pourquoi est-ce que ce modèle reste une exception ? Pourquoi est-ce que ces oppositions dont on a parlé juste avant mènent à la situation où on peut observer des adolescents notamment, mais pas uniquement, qui sont éco-anxieux alors qu'ils continuent à acheter chez Shine ? Pourquoi est-ce qu'on continue de donner quelques centimes à droite à gauche ? Pour se donner bonne conscience pendant qu'on surconsomme, toutes ces questions n'ont pas forcément de réponse. Mais en tout cas, l'or déploie 8 années maintenant d'entrepreneuriat social au Luxembourg, des victoires, des incohérences et une obstination à ne jamais perdre de vue sa mission. Pour ça, son phare, c'est Mohamed Younous. Et quand il clignote, il lui dit sans cesse, donner aux personnes qu'on ait la dignité d'être partenaires. prenantes du système économique plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Génial ! Bienvenue donc dans Éclat de Voile. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, facilitatrice de ces prises de parole engagées. Bienvenue alors pour une discussion qui sera à la fois exigeante et généreuse sur l'économie que nous pourrions bâtir si nous cessions de croire qu'il faut toujours choisir entre viabilité et humanité. Bonjour Laure, bienvenue sur Éclat de Voix.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire, merci.

  • Speaker #0

    Laure, tu as créé Niki. Oui. Tu vas nous expliquer ce qu'est Niki en 2018, juste après tes études. Alors Niki, c'est quand même déjà une entreprise sur le modèle de l'entrepreneuriat social. Donc tu as deux choses à nous expliquer. Un, ce que c'est que Niki et deux, pourquoi. Tu as décidé de te lancer directement dans ce type d'entrepreneuriat dès le début de ta carrière en réalité.

  • Speaker #1

    Ça marche. Alors Niki, en fait, pour le nom, c'est les initiales de Now You Know It, parce que l'idée, c'était de remettre les apprenants au centre de leur expérience d'apprentissage. Et en fait, Niki est une entreprise sociale de soutien scolaire. Donc l'idée, c'est qu'on donne des cours particuliers pour des adolescents et des enfants de la primaire jusqu'à la fin du secondaire. Parfois aussi sur les premières années d'université. Et en fait, on adapte nos tarifs en fonction des revenus des foyers On a un tarif standard qui va être aligné à ce que proposent d'autres entreprises de soutien scolaire sur le marché, parce que ça reste un marché. Et ensuite, nous, on accorde des réductions qui vont de 10 à 100 %, donc des cours gratuits, en fonction de ce que les familles ont vraiment les moyens de payer, donc en fonction de leurs revenus imposables, en fait, pour prendre un critère le plus objectif possible. Toujours perfectible, mais le plus objectif possible. Et l'idée, c'est que nos tuteurs, eux, en revanche, sont payés exactement la même chose qu'ils allaient voir une famille qui paye le tarif standard ou une famille qui ne paye rien du tout. pour être sûr de donner vraiment la même qualité de service à tout le monde, indépendamment de leur milieu d'origine. Voilà, ça c'est sur la première partie de ta question, sur qui est Niki, et pour la partie sur l'entrepreneuriat social, en fait, souvent on a une assez mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. Ce que j'aime bien expliquer, c'est que c'est l'activité économique d'une entreprise classique et l'impact social ensemble d'une fondation ou d'une association. mais regroupés dans une seule structure. L'objectif, c'est que du coup, il y aura un impact social qui est dans l'ADN de la structure, au même titre qu'il y a un impact social dans l'ADN d'une ASBL ou d'une fondation, mais il y aura une autonomie financière beaucoup plus grande que ce que n'ont habituellement les associations ou les fondations qui dépendent des dons, en fait. Donc voilà, c'est les deux combinés dans une seule structure.

  • Speaker #0

    Alors justement, Niki est une société à impact sociétal certifié. Concrètement ? Qu'est-ce que ça change dans le quotidien d'une entrepreneur comme toi ?

  • Speaker #1

    Dès lors qu'on a un vrai modèle d'entrepreneuriat social, où on a cette activité économique, parce que la plus grande partie de nos revenus vient d'un chiffre d'affaires, pas de dons, même si on peut aussi en recevoir, mais la plus grande partie de nos revenus viennent de notre chiffre d'affaires. En fait, le statut de la société d'impact sociétal, ça nous permet d'avoir cette activité économique-là. qu'une ASBL ou une fondation par la nature même de ses statuts ne peut en principe pas avoir. Mais ça reconnaît aussi l'impact social qu'on a, parce qu'en fait, on a des aménagements fiscaux, etc. On n'a plus que la TVA à quoi on est soumis. Si c'est une société d'impact sociétal à 100% de part d'impact, ça fait un peu long, mais c'est le titre entier. Donc en fait, à partir du moment où les 100% de part d'impact, ça veut dire qu'on s'engage à ne pas reverser de dividendes. Tout ce qui aurait pu être des dividendes, On les réinjecte dans l'entreprise. pour pouvoir financer notre impact social. Et donc, comme on prend cet engagement-là, on est éligible à des allègements fiscaux parce que finalement, c'est un peu, si tu veux, comme si on considérait que les impôts qu'on aurait payés pour le bien commun, comme en fait, on participe à ce bien commun, ça vient nous permettre de financer cette partie-là de notre activité. Et donc, en fait, dans ce cadre-là, le statut de société d'impact sociétal, c'est le statut évident pour les vrais projets d'entrepreneurs et social.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais dire... que pour toi, c'est une forme de boussole, cette entreprenariat, cette forme d'entrepreneuriat, c'est particulier en réalité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est assez neuf en plus, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. C'est vrai que c'est assez récent. J'y vois une forme de boussole parce que c'est une boussole à la fois stratégique pour le côté autonomie financière la plus importante possible, donc ne pas dépendre uniquement des dons. Surtout à une période où on sait qu'il y a une vraie crise des donateurs. On a beaucoup de mal à avoir dans le secteur social suffisamment de dons par rapport aux actions ou suffisamment de financement public dans certains pays par rapport aux actions qu'on pourrait vouloir mettre en place. C'est effectivement une boussole stratégique à ce niveau-là, mais c'est aussi une boussole en termes de valeur. C'est-à-dire qu'on ne pourra pas arrêter notre impact social parce qu'il fait partie de nos statuts. On a un rapport d'impact tous les ans pour montrer justement l'impact qu'on a. Donc pour ce qui nous concerne, ça va être la proportion d'élèves qu'on accompagne à tarif réduit ou gratuit par rapport aux élèves qu'on accompagne au tarif standard. Ça va être le nombre d'heures qu'on preste à tarif réduit ou gratuit par rapport au nombre d'heures qu'on preste au tarif standard. Donc en fait, effectivement, ça nous permet de suivre un peu nos progrès aussi et les progrès sociaux qu'on cherche à mettre en œuvre. Et oui, c'est une boussole parce que c'est aussi une boussole dans l'image. qu'on renvoie aux autres, ça nous permet d'être aussi un des exemples d'entrepreneuriat social ou de possibilité d'entrepreneuriat social. Alors justement,

  • Speaker #0

    tu me permets la question suivante, quand tu dis en fait, parce que tu l'as dit tout à l'heure, donc une partie des familles payent plus que d'autres. Comment est-ce qu'au tout départ, tu as réussi à convaincre tes premiers clients de ce modèle-là ? Et est-ce que tu leur expliques à chaque... client comment ça se passe.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça, c'est exactement, là c'est toi qui me renvoie la velle et qui me permet la transition parfaite avec ma réponse. En fait, nos clients le savent sans le savoir, j'ai envie de te dire. C'est-à-dire que nous, depuis le début, en même temps qu'on indique dans notre processus d'accueil d'un nouveau client, en même temps qu'on indique le tarif standard de nos cours, il y a toujours une petite phrase qui accompagne, qui dit que tous nos services sont éligibles à des réductions en fonction des revenus des foyers. Donc en fait, les familles le savent parce qu'elles l'ont vu à ce moment-là sur une simple nuit, et la grande majorité l'oublie. Parce qu'en fait, quand ils l'ont lu, ils se sont dit « bon bah en fait, moi de toute façon, c'est pas pour ça que je viens et puis ça me concerne pas » . Donc voilà, ils l'ont lu un peu comme tu dis les conditions générales d'un service, tu vois. Et au bout de plusieurs mois ou quoi, ils l'ont généralement oublié. Et puis parfois, on a des parents, quand on a justement des invitations dans la presse ou dans un podcast comme le tien, on a des parents qui nous recontactent en disant « oh, je t'ai vu passer à tel endroit, mais je savais pas que vous faisiez ça, c'est trop bien » . Alors qu'en fait, techniquement, ils le savaient, mais c'est juste pas laissé dans leur champ de conscience. Parce que ce n'est pas pour ça qu'ils viennent, pour la majorité d'entre eux. Il y en a qui nous choisissent pour ça. Parmi les parents qui payent le tarif standard, il y en a qui nous choisissent parce qu'ils se disent « cet impact social-là, moi, ça vibre avec mes valeurs et je veux privilégier les entreprises qui ont un impact social. » Mais il y en a d'autres pour qui, en fait, ils viennent parce qu'on a bonne réputation sur la qualité du service qu'on fournit. Et tant mieux ! Et ils viennent pour la qualité de notre service avant tout.

  • Speaker #0

    Ok, donc la question que je me posais intrinsèquement, c'était est-ce que ça leur apporte quelque chose en plus ? plus que simplement le service rendu, à savoir l'aide aux devoirs, l'accompagnement scolaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça participe à la bonne image qu'ils ont de nous et à la fidélité qu'ils peuvent avoir envers nous.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    quand même. C'est pas un critère de décision pour la grande majorité d'entre eux, je pense, en tout cas, mais c'est un critère de plus qui montre les valeurs qu'on défend chez Niki, en fait. Nous, dans notre vision du soutien scolaire, on met l'élève au centre, c'est même dans le nom de l'entreprise. et de la même façon, à partir du moment où on met l'humain au centre, on a mis l'humain dans toute cette diversité avant nos profits. Donc en fait, c'est dans la continuité des valeurs qu'on défend, mais même au quotidien, dans notre façon d'accompagner leurs enfants. Laure, maintenant, je vais ouvrir un robinet. Vas-y. Parce que quand on a préparé cet entretien,

  • Speaker #0

    tu m'as parlé de sortir des fausses vérités à propos de l'entrepreneuriat social. Alors, je te... donc j'ouvre le robinet, je te tends la perche, je ne sais pas quoi le problème, mais vas-y, lâche-toi, c'est quoi les idées reçues, celles qui te font le plus réagir, et qu'est-ce qu'on n'a pas encore compris sur ce modèle-là ? Moi, la première.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas t'avoir parlé de cette expression-là en disant, je n'ai rien compris, mais, enfin, juste faire part. Non, non, non, rassurez-vous, chers auditeurs, ce n'était pas comme ça. En tout cas... Souvent, on a du mal justement à imaginer ce mélange dont je parlais tout à l'heure entre l'autonomie financière ou tendre vers l'autonomie financière, parce que nous, on reçoit aussi des dons qui permettent de faire vivre notre activité. Donc, je ne veux pas sous-estimer l'importance de ceux qui nous soutiennent. Mais en tout cas, c'est cette approche dans l'entrepreneuriat social de tendre vers l'autonomie financière tout en maximisant l'impact social. On a beaucoup de mal, on vit quand même encore dans un monde où c'est les méchantes entreprises d'un côté et les gentilles associations de l'autre. Et on a beaucoup de mal à penser qu'il puisse y avoir une solution intermédiaire entre les deux. Et je te donne un exemple très concret des interactions qu'on voit et qu'on projette en tant que société entre les deux. Beaucoup d'associations qui veulent avoir des campagnes de récolte de fonds assez proactives, pour ne pas dire agressives. vont en fait privilégier le fait d'aller en plein milieu des centres commerciaux ou des rues commerçantes en plein samedi après-midi. Ou là, maintenant qu'on est mi-novembre, on reçoit plein de lettres dans nos boîtes aux lettres d'associations qui veulent profiter un peu de la période pour recevoir des dons. Alors on peut se dire, oui, mais c'est parce que Noël, c'est la période de générosité, etc. Si tu couples les deux exemples que je viens de te donner, En réalité, c'est surtout qu'ils viennent faire vibrer notre culpabilité d'hyperconsommation. Donc en gros, quand ils sont en plein milieu d'une rue commerçante hyper chargée, toi tu vas t'acheter, enfin toi pas personnellement, mais voilà, on va s'acheter deux t-shirts H&M, on va s'acheter trois pantalons Zara, dont on n'a absolument pas besoin parce qu'on en a déjà beaucoup trop dans nos armoires. On se dit, quand même, je sais très bien que c'est fabriqué dans des conditions déplorables et que ça exploite un peu des personnes qui sont dans des conditions difficiles. Mais c'est pas grave, parce que ma balance personnelle de bonnes actions versus mauvaises actions va être équilibrée par cette personne qui me donne l'occasion de m'acheter Bonne Conscience et qui est juste à la sortie du magasin.

  • Speaker #0

    Tu vois, l'équilibre, j'achète ma bonne conscience.

  • Speaker #1

    Voilà. Et de la même façon, en fait, Noël, c'est vrai qu'à la base, c'est une fête de solidarité. Mais aujourd'hui, dans l'écrasante majorité des cas, c'est surtout une fête commerciale. Et de la même façon, en fait, on rentre à partir de maintenant, mi-novembre, dans une période d'hyperconsommation énorme, une des périodes où les familles explosent le plus leur budget. Et en parallèle de cette hyperconsommation, on reçoit ces lettres qui arrivent un peu en même temps que les colis, tu vois.

  • Speaker #0

    Je vois, je vois.

  • Speaker #1

    Et c'est vraiment quelque chose qui montre justement ce lien qu'on fait entre les deux, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, un petit peu comme, tu sais, maintenant, de plus en plus dans les magasins, tu peux arrondir à une somme supplémentaire quelques centimes qui vont être versés à ces actes. C'est un peu pareil. Oui, finalement, je donne quelques centimes. Pendant ce temps-là, je me sens mieux, mais j'ai quand même un caddie plein.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. Et en fait, le modèle de l'entrepreneuriat social qui vient faire ce... pont entre les deux et ne plus créer cette interdépendance parce qu'en fait, tu vois, ça crée une interdépendance, c'est-à-dire que beaucoup d'associations vivent de dons d'entreprises qui ne sont pas forcément toujours réputées pour leur modèle social particulièrement respectueux ou exemplaire, exactement. Et donc, ces dons-là viennent un peu racheter une bonne image à l'entreprise qui, généralement, rebondit sur l'occasion pour montrer qu'elle soutient des œuvres caritatives et de l'autre. de côté, l'association dépend énormément financièrement. Donc ce modèle-là, il devient un peu usé. On témoigne la crise de confiance des donateurs, d'ailleurs, parce qu'il y a eu des scandales du côté associatif, parce qu'il y a eu des scandales aussi de greenwashing, comme on dit, d'entreprises qui ont mis en avant des actions qui n'étaient peut-être pas aussi sociales ou environnementales que ce qu'elles le prétendaient. Et voilà, tout ça a créé une grosse crise de confiance qui nécessite un modèle qui va rééquilibrer un petit peu tout ça. Pour reprendre ta question d'origine, la plus grosse méconception, elle est autour de ça et autour du fait de penser du coup que soit l'entrepreneuriat social, c'est une entreprise avec une très bonne stratégie RSE, tu vois, avec une très bonne stratégie de responsabilité sociale des entreprises. Soit c'est une association qui va aller vendre des goodies à Ausha droite. On a du mal à imaginer que les deux soient vraiment ensemble. Et surtout, nous, tu vois, c'est exactement le même service, mais c'est notre... tarifs qui changent et le fait de ne pas avoir séparé les deux, l'activité économique et l'impact social, que c'est vraiment tout dans la même boucle, il y a beaucoup de personnes pour qui c'est un peu surprenant quand on l'explique.

  • Speaker #0

    On en a parlé aussi avant, mais dans l'écosystème économique luxembourgeois, tu côtoies forcément des acteurs qui défendent ardemment, pour ne pas dire autrement, la croissance. Quand toi, tu parles, parce que c'est naturel de faire grandir Niki, quel sens, toi, tu vas mettre derrière ce fameux mot croissance ? Et puis, quel rôle ? C'est une autre question aussi, ça. Quel rôle peuvent jouer les consommateurs pour soutenir le type de croissance que toi, tu as envie d'insuffler et qu'eux, ils ont peut-être envie de voir dans le monde ?

  • Speaker #1

    En fait, derrière le terme de croissance, on a toujours mis un peu la croissance. principalement mis la croissance économique. En tout cas, moi, dans le regard très extérieur que j'ai à ça, parce que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'économie, mais on pense beaucoup à la croissance d'un point de vue croissance économique. Pour moi, à nouveau, si on voit toujours la croissance économique seulement comme une croissance financière au détriment du social, forcément, on arrive à une situation où on connaît tous l'état dans lequel la planète est, on est tous conscients qu'il y a des besoins de changement. radicaux et rapides par rapport à ça parce qu'on va dans une situation quand même très... un mur, voilà, quand même très négative. Pour moi, en fait, c'est un... comment dire... un équilibre à trouver quand on parle de croissance entre une croissance économique mais au profit d'une action sociale. Tu vois, avec tout ce que je viens de t'expliquer sur la question que tu m'as posée avant, voir n'y croître, c'est... Pas un problème parce que oui, on a plus de revenus d'année en année, on a un chiffre d'affaires qui est en constante augmentation. Et quelque part, c'est heureux parce que ça veut dire qu'on a aussi un impact social qui est de plus en plus grand d'année en année. Oui, on accompagne de plus en plus d'élèves à tarifs standards, mais on accompagne aussi de plus en plus d'élèves à tarifs réduits ou gratuits. Donc en fait, le problème, ce n'est pas tant la croissance telle qu'on la conçoit, c'est-à-dire juste une augmentation, qu'est-ce qu'elle vient soutenir cette croissance-là ? Parce que finalement, on a aussi tout un modèle social qui repose pour le moment dans la façon dont il est financé sur la croissance. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup de personnes qui sont alarmées. ça. Parce que si c'est un refus de croissance qui viendrait remettre en question du coup des acquis sociaux, etc., parce qu'on n'a plus les moyens de les financer, évidemment,

  • Speaker #0

    personne n'a envie d'y aller.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc, c'est un équilibre à trouver. Ce n'est pas forcément se dire « Ah bah, la croissance, parce que la croissance, c'est le mal » , mais peut-être se dire « Ok, comment est-ce qu'on peut croître dans une logique de responsabilité partagée ? » Tu vois ? En tout cas, c'est la vision que j'en ai en tant qu'entrepreneur social.

  • Speaker #0

    Et alors, question un peu plus de curiosité, est-ce que tu as eu l'occasion d'avoir des échanges avec des gens qui n'ont pas ces points de vue-là ? Et est-ce que tu as l'impression que c'est possible d'avoir un dialogue ou pas ? Ou tu n'as pas eu ça de tes expériences ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas eu de façon hyper frontale, mais l'expérience la plus proche que j'ai de ça, c'est que justement, en expliquant le principe de l'entrepreneuriat social tel que je viens de te l'expliquer là, j'arrive à avoir un dialogue aussi bien côté associatif. que côté entrepreneur. C'est un modèle qui génère l'intérêt de tout le monde parce qu'il vient consolider les visions du monde de tout le monde.

  • Speaker #0

    Alors, ça voudrait dire que, si tu dis ça, il faudrait qu'on le pousse. Ça serait bien. Est-ce que c'est vraiment le cas ?

  • Speaker #1

    Pas assez, sans doute. Mais parce qu'on a à nouveau une très mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. C'est difficile de pousser quelque chose à partir du moment où on l'a mal compris.

  • Speaker #0

    C'est heureux, on est là. pour le faire magnifique, chouette et en parler. C'est l'objectif du podcast. On parlait aussi tout à l'heure de consommation un peu effrénée. Et tu le dis parce qu'évidemment, tu as un public d'enfants, jeunes, ados, jeunes adultes, que sais-je. Mais en tout cas, tu as pas mal d'enfants jeunes avec toi dans ton public. Et tu observes chez eux. Ce que Florence Bossetmeyer nous avait déjà expliqué il y a quelques mois de ça dans un podcast sur l'éco-lucidité, mais une forme d'éco-anxiété, et paradoxalement une surconsommation. On voit bien le scandale Cheyne en France, mais qui est pour moi le sommet de l'iceberg. Comment est-ce qu'on peut, avec ta vision éducative justement, qui est franchement intéressante, sortir de cette espèce de contradiction pour aller vers quelque chose qui serait plus... plus sustainable et actionnable aussi, de se mettre en action, d'aider les jeunes à se mettre en mouvement.

  • Speaker #1

    Pour ce qui concerne les adolescents, parce que j'en ai tous les après-midi à bâter de moi, donc effectivement, je vois très bien le sujet qu'ils ont eux autour de ça. En fait, très souvent, effectivement, ils ont une éco-anxiété très forte parce que Il y a quand même un discours ambiant qui est extrêmement pessimiste, extrêmement... inquiétant. Donc, ils le ressentent. Et ils sentent aussi tout le côté... Tu parlais tout à l'heure d'aller droit dans le mur. Eux, ils entendent aussi ça et ils se disent, en fait, c'est mon avenir qui va droit dans le mur. Parce que moi, j'ai 14, 15, 16 ans. Et c'est de moi dont on parle, en fait, quand on dit, on va droit dans le mur. Donc, pour eux, c'est effectivement extrêmement anxiogène et ils se sentent complètement démunis. Parce que beaucoup se disent, ouais, mais moi, je suis qu'un ado. On me dit suffisamment souvent au quotidien que de toute façon, je ne veux pas mon mot au chapitre. Donc en fait, ils ont un peu cette impression d'avoir aucun champ d'action possible. Et là-dessus, je leur fais souvent le même type de remarques. Je leur demande où est-ce qu'eux ont un pouvoir d'achat. Alors en général, ils me disent, je n'ai pas de salaire, donc moi, je n'ai pas de pouvoir d'achat. Ils me posent des questions débiles aujourd'hui. Et après, je leur fais observer. Je leur dis, OK, est-ce que tes parents vont... acheté des céréales qu'ils savent pertinemment que tu ne mangeras pas. Bah non. Ok. Donc tu influences tes parents. C'est tes parents qui payent, certes, mais tu influences tes parents sur ce qu'ils vont t'acheter en céréales. On continue la logique. Est-ce qu'ils vont t'acheter des vêtements que tu ne porteras pas ? Non. Donc en fait, pareil, tu as un pouvoir décisionnel important, même si c'est pas ta carte bleue qui passe. Tu as un pouvoir décisionnel important sur le choix de tes vêtements. Ok, et on fait un peu le tour comme ça. déjà là en général, eux qui étaient assez avachis, je vois qu'ils commencent à se redresser en disant « Ah ouais, en fait j'ai du pouvoir, c'est cool ! » Et on continue un peu comme ça, et je leur dis « Ok, tu ressens une grande anxiété par rapport à tout ça, est-ce qu'on peut faire un petit état des lieux, des décisions que tu prends actuellement en termes d'achat ? » Donc je regarde un petit coup les marques de chaussures, en général on tente sur du Nike, Adidas, des marques qui ont quand même eu des scandales assez importants pour ce qui concerne Nike, il y a quand même quelques années. On n'a pas oublié qu'une usine s'est effondrée dans des conditions catastrophiques et on a découvert l'envers du décor de cette marque. Moi, ça me fascine que ça n'ait pas davantage nuit à l'image que Nike a aujourd'hui auprès du consommateur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que Nike ne vend pas une chaussure, en fait, il vend du rêve. Donc, il a revendu du rêve sur du rêve et il a détourné la tension. Mais on continue à être dans ce modèle-là avec des stars, avec une mise en avant sur des tournois de sport. Exactement. On a noué le poisson.

  • Speaker #1

    Mais c'est là où je trouve que le consommateur a quelque chose entre une responsabilité et un pouvoir énorme. Nous sommes d'accord. de ne pas fermer les yeux et surtout de dire, en fait, nous, on ne veut plus ça. Et moi, l'argument qu'on m'oppose souvent, c'est un argument de budget. Mais en fait, c'est un argument qui n'est que partiel pour plusieurs raisons. Parce que déjà, si on compare une paire de Nike à des vêtements d'une petite marque fabriquée au Portugal, on est sur les mêmes tarifs. Donc, ce n'est pas un argument qui tient. Et ensuite, si on prend, par exemple, Decathlon, tu vois, c'est une marque qui, justement, a une excellente image. pourtant récemment aussi sur Décathlon elle a eu des scandales humains ou environnementaux assez importants en fait c'est une marque qui a une image incroyable parce que tout le monde dit Décathlon ça rend le sport accessible aux personnes qui n'ont pas forcément les moyens de se payer des vêtements de sport hyper cher mais en fait là pareil on arrive en novembre tu vas à Décathlon, tu vas retrouver énormément de rayons en lien avec le ski le ski est un sport de riches en fait. Donc c'est hyper intéressant de voir ce décalage, tu vois, où on dit moi j'adore Décathlon parce que Décathlon ça rend le sport accessible à tous et à certaines périodes, tu vas voir les rayons de Décathlon remplis pour plus de la moitié par des objets qui ne sont utiles qu'à un pourcentage infime de la population et un pourcentage aisé. Et un pourcentage infime de temps parce que tu vois le temps qu'on va passer au ski va devenir de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    Je dis ça, je ne dis rien.

  • Speaker #1

    Donc tu vois, c'est hyper intéressant de voir ces incohérences-là. Et je pense effectivement qu'on a notre part de responsabilité en tant que consommateur à un moment de se dire, est-ce que j'ai vraiment besoin de tout ça ? On a notre part de travail à faire parce qu'on s'est habitué en réalité, parce qu'on a un côté un peu shopping doudou, tu vois, où on va aller acheter pour se réconforter d'un problème, pour oublier un petit truc qui nous a chagriné. Donc on a ce comportement compulsif. et je le dénonce pour l'avoir vécu moi-même aussi je veux dire et je travaille encore j'ai travaillé et je travaille encore sur moi-même pour réduire un peu cette tendance là mais voilà je pense que c'est des responsabilités partagées oui c'est une tendance qu'on voit dans tous les domaines hier c'était il y avait la

  • Speaker #0

    suite du festival alimentaire avec la projection d'un film sur le lait c'est ça combien de litres de lait je bois ou je buvais ? Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce que j'ai mangé autant de yaourt ? Enfin, c'est toutes ces considérations et comment c'est fait par derrière. Donc, c'est clair. Mais est-ce que ça, les jeunes, ils arrivent à un petit peu l'entendre et à se mobiliser ou à changer un peu des choses ?

  • Speaker #1

    Je trouve que oui, parce que souvent, quand on a cette discussion-là avec eux, j'essaie vraiment de les pousser vers une forme de plan d'action. Et je leur dis beaucoup, il ne s'agit pas, parce qu'il y en a beaucoup qui disent, oui, mais moi, de toute façon, je ne veux pas tout changer du jour au lendemain. Et je leur donne mon exemple personnel, je leur explique les étapes par lesquelles je suis passée, moi, petit à petit, pour aller vers ce vers quoi j'avais envie d'aller, sans être dans la perpétuelle frustration. Parce que ce n'est pas le but non plus. Et c'est intéressant que tu rebondisses sur l'idée du festival alimentaire et l'aspect yaourt et produits laitiers, etc. En fait, tu vois, je pense qu'on a chacun... nos propres sensibilités sur ce qui va nous paraître prioritaire. Et pour certains, le prioritaire, ça va être de devenir végétarien, pour d'autres... Alors, il y a à la fois une notion de prioritaire et une notion de ce qui te paraît le plus réaliste à ton échelle et ce qui te paraît avoir le plus d'impact par rapport à ce que toi, tu peux mettre en œuvre. Et ça, c'est des questions de sensibilité personnelle. Il y en a qui vont préférer agir sur un levier, d'autres qui vont agir sur un autre. J'ai envie de te dire, à la limite, peu importe tant qu'on se met tous un peu en action. Oui, tu vois, pour moi, le premier point, c'est là, parce que j'entends tellement cette position de oui, mais de toute façon, même si moi, j'arrête, en fait, le truc va continuer. Oui et non. Et à la limite, il ne faut pas minimiser non plus la satisfaction personnelle, je trouve, parce qu'en fait, de tout ça, on en parle de manière très négative. Très souvent. C'est vrai, c'est vrai. Et ce qui est toujours renoncer. J'aime aussi. Et je trouve qu'on devrait mettre beaucoup plus en avant la satisfaction personnelle. qu'on peut retirer à se rendre compte qu'on s'est fixé un objectif, qu'on l'a atteint, que c'est un objectif qu'on s'est fixé sur le long terme, par exemple, parce qu'on peut se fixer un objectif sur un an, se dire là c'est bientôt la période des bonnes résolutions, de se dire, moi l'année prochaine, je décide que... Si je donne des exemples que j'ai tenus en application personnellement, je décide que je n'achèterai plus que des vêtements fabriqués en Europe. Je décide que je n'achèterai pas plus que X vêtements sur l'année.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est des choix qu'on peut faire, pas forcément les deux la même année, évidemment, pour se mettre à nouveau des objectifs réalistes. Mais quel bonheur d'atteindre ces objectifs-là, des objectifs sur le temps long alors qu'on vit dans une société de l'instantané. Et notre cerveau, en plus, le pic de dopamine, et ça a été étudié, le pic de dopamine est bien plus important, donc l'hormone du bonheur est beaucoup plus importante quand on a atteint... un objectif en ayant dû y bosser dur et pendant longtemps que dans les gratifications instantanées. Donc en fait, on en tirera une satisfaction personnelle beaucoup plus importante, mais on ne le présente pas assez souvent comme ça, je crois.

  • Speaker #1

    Alors, en parlant de choses qui ont inspiré, toi, tu as justement utilisé beaucoup les théories de Muhammad Yunus sur le social business. Donc, si tu devais expliquer à quelqu'un qui ne connaît rien... En quoi ce modèle ou ces théories peuvent vraiment transformer nos sociétés en étant plus que simplement une bonne action à faire ? Sachant que tu nous as déjà pas mal expliqué, est-ce qu'il y a des choses encore un peu plus subtiles ou que tu voudrais développer ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parlais de Mme Allionus, je t'ai ramené le livre, la bible de l'entrepreneuriat social, en sachant que je l'ai lu ce livre-là. J'avais déjà ouvert Niki quelques années après. Enfin, quelques années avant, pardon. Oui, mais quand je l'ai lu, je me suis dit, mais enfin ! En fait, tout est écrit. J'ai juste à dire aux gens qui me parlent d'entrepreneuriat social et qui me disent qu'ils n'y comprenaient rien. J'ai juste à leur dire, lis ça et tu vas comprendre. On mettra la référence dans les notes. Oui, avec plaisir. En fait, c'est intéressant parce que tu vois dans le livre, il explique qu'il a accompagné plein d'entreprises, de grosses entreprises qu'on connaît justement. dans des modèles d'entrepreneuriat social. Et souvent, c'est des entreprises, ils donnent l'exemple de Danone, ils donnent l'exemple d'Uniclo. Ce n'est pas forcément que toute l'entreprise a basculé dans le mode de l'entrepreneuriat social, mais ils ont été curieux d'ouvrir une filiale avec une approche d'entrepreneuriat social dans un pays ou un autre pour voir ce que ça allait donner. Et déjà ça, c'est un premier pas. Oui. Déjà ça, c'est un premier pas.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que tu le faisais à échelle humaine, en fait. Enfin, à échelle individuelle, je veux dire. et se fixer des objectifs peut-être quand on continue. Quand on est une grande entreprise qui soit peut-être atteignable dans un temps pas trop long,

  • Speaker #0

    ça revient à la même chose pour l'humain. Exactement. Et s'il y a des chefs d'entreprise ou des personnes haut placées dans une entreprise qui écoutent ce qu'on est en train de se dire et qui se disent « Pourquoi pas, moi j'aimerais bien être plus de social dans mon entreprise, mais je ne sais pas par où commencer. » Ou justement des managers dans des grosses boîtes qui se disent « Moi j'aimerais bien… » A voir un peu ça, je pense que j'ai peut-être la possibilité de pousser un nouveau projet, mais il faut que j'arrive à le cadrer d'abord pour pas qu'on me prenne pour un illuiné. Ce livre-là, c'est vraiment la base à lire pour pouvoir montrer qu'il y a d'autres grosses entreprises respectées sur la place qui ont suivi cette option-là, qui ont mis en œuvre des actions concrètes en se faisant accompagner justement par l'entreprise de conseil de Mohamed Youlouz sur ce sujet-là. En fait, ce n'est pas obligé d'être toute une entreprise qui pivote directement vers le modem et l'entrepreneuriat social. Ça peut vraiment être une action locale sur un écosystème particulier, etc. Par rapport à ce que tu demandais sur est-ce qu'il y a des aspects de l'entrepreneuriat social qui ne sont pas encore assez conscientisés ou connus, dans ce livre-là, il y a une citation que j'adore. Je te la fais en version française. Alors, on fait les deux. On fait international. Allez, on fait. Let's go global. Let's go ! En anglais, dans son livre, il met « If you approach the project in a social business manner, you will also give those you help the dignity and self-respect of being a vital part of the global economic system rather than mere words of charity. » Et la traduction française de tout ça, c'est « Si vous abordez le projet sous l'angle de l'entrepreneuriat social, vous donnerez aussi à ceux que vous aidez la dignité et le respect de soi qui découlent du fait d'être un élément vital du système économique global plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Et je trouve cette citation géniale. Pourquoi ? Parce qu'en fait, d'un seul coup, il remet la raison d'être du social au centre. C'est-à-dire que tout le monde parle des bénéficiaires. Super, mais les bénéficiaires eux-mêmes, ils en pensent quoi de tout ça ? Et quel message on renvoie à des personnes à qui on dit tu n'es pas en position de participer au système économique global, on va juste te donner, on va juste t'aider gratos. Comment est-ce qu'on peut les réintégrer sociétalement parlant à travers un modèle différent ? Et c'est ça aussi la mission de l'entrepreneuriat social. Nous, chez Niki, on a des parents qui payent un tarif. On presse le cours à perte. Donc forcément qu'ils ne payent pas le tarif qu'il faudrait qu'ils payent. Tu vois, s'ils ont une réduction de 75%, ils payent 25% du tarif, on perd de l'argent sur ces cours-là. Mais peu importe, en fait. Parce qu'eux reçoivent quand même une facture tous les mois, à la hauteur de ce qu'ils sont capables de payer. On ne les met pas dans une position qui peut leur renvoyer un message de dépendance. Et d'incapacité. Exactement. Tout ce modèle de l'entrepreneuriat social vise à remettre la mission au centre. Dans tout le livre, Mohamed Younous, il insiste sur, en fait, éclatez-vous avec le modèle tant que vous voulez, tant que vous ne perdez pas de vue votre mission. Et dans les scandales qu'on a pu voir récemment, que ce soit côté entreprise ou que ce soit côté social, on voit combien parfois la mission est perdue de vue. On voit ça. Et le modèle de l'entrepreneuriat social recentre un peu. Remets un peu l'église au milieu du village.

  • Speaker #1

    Le mot qui m'a vraiment marquée dans tout, et je pourrais l'encadrer comme ça, c'est dignité. J'ai adoré ce mot et de mettre ça au centre. Oui, la dignité humaine, la dignité de chacun, c'est tellement puissant. Et ça paraît tellement évident finalement que je me dis mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas commencé plus tôt ? Et d'ailleurs... Ça me permet la transition. Je me posais la question pour avoir récemment et m'être vraiment plongée un peu sur ces questions dans l'épisode précédent avec Laurence Hahn et puis avec Éric Julien sur les sociétés dites primaires, autochtones, premières, racines, peu importe comment on les appelle, qui selon nos modèles à nous ne se sont pas développées. Mais malgré tout, moi, j'ai quand même l'impression que dans ces organisations qui ne sont pas parfaites, il n'y a pas de miracle nulle part. Mais en tous les cas, il y a cette notion de durabilité, de solidarité, de dignité, de respect de soi, de l'autre, de la planète, du fonctionnement même de l'entreprise sociale qui est le groupe. Est-ce que tu as l'impression que l'économie sociale et solidaire, finalement, ne s'inspire pas ou ne trouverait pas un peu ses racines là-dedans et qu'on pourrait peut-être créer des formes de ponts entre les deux types d'organisations ? Bon, c'est un peu peut-être tiré par les cheveux, j'en sais rien, mais ça me fait quand même penser un peu à ça.

  • Speaker #0

    Je pense que l'entrepreneuriat social, il nous force à revenir un peu, remettre en question beaucoup de choses. Et dans ce sens-là, il nous force un peu à revenir aux fondamentaux. Ok, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je fais ça ? Quelles conséquences ça va avoir ? Etc. Et c'est des fondamentaux qu'on perd totalement dans un monde où on est inondé. de trop, d'abondance partout, etc. On a vite fait de perdre un peu la connexion avec tout ça. Surtout quand on vit dans des grandes villes. Tu vois, c'est drôle. Quand il y a eu, par exemple, le confinement, Paris s'est quand même vidé un peu d'une bonne partie de sa population. Ça dit aussi quelque chose de ce qu'on ressent. dans ces environnements qui ne sont pas naturels si à un moment on nous force à nous y arrêter. Tu vois ce que je veux dire ? Donc dans ce sens-là, oui, je peux y voir un lien. Après, c'est forcément très différent parce que la place de l'économie, par exemple, est complètement différente.

  • Speaker #1

    C'est juste dans la question, tu vois, le mot dignité m'a tellement sauté à l'oreille que c'est ça le lien que j'avais un peu envie de faire. Tout comme tu disais le lien entreprise... Personne individuelle, ça fait des ponts. Et dans ma tête, c'était ça, c'était que dans ces organisations-là, il y a au centre cette question de la dignité, du respect, de l'équilibre aussi entre hommes-femmes, entre les activités, les temps d'activité, etc. Donc finalement, il n'y a pas une économie telle que nous on l'imagine, mais c'était un peu ce côté circulaire qui... faisait tilt dans l'organisme.

  • Speaker #0

    Oui, je vois. Et puis, je pense que quand tu es sur une forme simplifiée de société, réduite au nécessaire de société, tu vas avoir deux priorités. Comment on fait pour manger, ce qui peut être derrière les fondamentaux de l'économie, et comment on fait pour juste être bien. Oui, ce qui va être derrière les fondamentaux du social. Finalement, dans ce sens-là, tu peux voir une forme de rapprochement.

  • Speaker #1

    Alors, Laure, tu vas où ? Tu as annoncé l'unbox ?

  • Speaker #0

    Alors, là, ça part normalement sur les presses aujourd'hui. Wow ! Voilà, ouais. Et le 13. Donc, non, ça sort tout début décembre. Génial, génial. Je touche du bois pour que...

  • Speaker #1

    Donc ça, ce n'est pas qu'un outil pédagogique, évidemment, c'est pour toi une façon de démocratiser le fait d'apprendre à apprendre. Et tu l'as dit tout à l'heure, c'est important aussi pour toi que les gens se sentent dignes, ben oui, pouvoir apprendre à apprendre. Quand on est petit et pas forcément dans un environnement qui est soutenant pour x ou y raisons, ben finalement, ça nous redonne notre propre puissance. Donc ça, c'est génial. Est-ce que... Pourquoi est-ce que c'est aussi important, même si tu l'as un peu déjà dit pour toi, de donner ces codes justement à des gens qui en sont parfois dépourvus ?

  • Speaker #0

    En fait, pour recontextualiser un petit peu le projet de la Learnbox, l'idée c'est que c'est un livre de méthodologie d'apprentissage, mais avec une approche complètement différente de ce qu'on a l'habitude de voir. En travaillant avec mes élèves au quotidien depuis bientôt huit ans, je vois qu'ils ont... La plupart du temps, zéro notion de méthodologie d'apprentissage, donc de comment apprendre à apprendre. Et le peu de fois où ils ont quelques bases, on leur a donné des outils et on leur a un peu dit « débrouille-toi pour t'en servir tout seul » . On ne leur a pas appris à faire le pont entre apprendre à apprendre d'un côté et leurs cours et leur matière scolaire de l'autre. Et ça, c'est un travail que j'ai beaucoup fait avec mes élèves. Mais je me suis dit, si c'est un besoin aussi courant pour les jeunes, et les moins jeunes d'ailleurs. Mais si c'est un besoin aussi courant, je ne peux pas tous les faire passer à mon bureau. En fait, ça ne va pas marcher. Donc, j'en prends le maximum sur moi, mais il faut aussi que je trouve d'autres moyens de faire passer le message. Et donc, du coup, tout le projet de la LearnVox, c'est ça. Donc, le sous-titre du livre, c'est « Ton année scolaire tient dans une boîte à chaussures » . L'idée, c'est en fait, à travers les différentes étapes du livre, de permettre aux élèves de construire leur... propres méthodologies d'apprentissage, de construire leurs propres outils, et de se rendre compte qu'une fois qu'ils ont bien construit leurs outils, tout rentre dans une boîte à chaussures, et donc cette sensation qu'ils ont au quotidien de « j'ai tout ça à réviser, je vais jamais arriver au bout, c'est impossible, faut pas faire rentrer 300 pages d'histoire dans ma tête » , ben en fait, ils ont pas en réalité 300 pages d'histoire à faire rentrer dans leur tête. Et donc, toute leur matière scolaire peut rentrer juste dans une boîte qu'on a tous chez nous, une boîte à chaussures. Je me suis peut-être éloignée de ta question initiale.

  • Speaker #1

    C'était pourquoi c'est important pour toi d'aller proposer cette compétence à ceux qui n'ont pas forcément...

  • Speaker #0

    En fait, le but du livre, c'est vraiment qu'il puisse être accessible forcément, comme je disais, à un plus grand nombre, mais aussi qu'il puisse être une continuité pour les élèves qui reçoivent déjà un petit peu cet accompagnement-là. C'est aussi ça qui rend cet élément-là important. parce qu'en fait il y a des élèves où parfois je vais les voir mais au moment où je leur donne cette explication là ils n'ont pas eu une bonne journée ou la semaine d'après je leur dis alors est-ce que tu as essayé d'utiliser ? Ah bah non je voulais ! Donc c'est de pouvoir aussi avoir un support de combo inuité et puis à nouveau sur le livre on va faire le même principe de réduction en fonction des revenus des foyers donc on a un tarif standard qui est aligné à ce que d'autres livres peuvent enfin au tarif auquel d'autres livres peuvent être Et puis, on va avoir des réductions qui vont à nouveau de 10 à 100 %. Donc, le livre va aussi être distribué gratuitement auprès de familles qui n'ont pas forcément le budget de l'acheter à tarif plein.

  • Speaker #1

    Du coup, me revient une question que je voulais te poser. Comment arrivent à toi ou à Niki les personnes qui n'ont aucun revenu ? Je pensais, par exemple, parce qu'on avait évoqué ça l'autre fois, des réfugiés ou des gens. Est-ce que toi, tu as des contacts avec des associations, justement ? Exactement.

  • Speaker #0

    On est en contact avec des associations qui aident directement ces bénéficiaires-là. On est aussi en contact avec des réseaux d'assistantes sociales. Parce qu'en fait, effectivement, au début, moi, je me suis dit « Ah, c'est super, on risque même d'avoir beaucoup trop de demandes côté social » . Et j'avais complètement sous-estimé un point qui est qu'on ne cherche pas des choses qu'on pense ne pas être accessibles pour nous. Donc en fait, j'ai quasiment jamais, enfin très très peu de fois, reçu des demandes. C'est arrivé peut-être cinq fois en bientôt huit ans d'activité, de recevoir des demandes de familles éligibles à des réductions directes. Tu vois, en fait, spontanément. Est-ce que tu vas faire des recherches pour un hôtel de luxe si tu sais que tu n'as pas les moyens de te le payer ?

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Bah non ! tu vas pas aller chercher quelque chose que tu peux pas avoir on aime pas trop la frustration de baisse donc on va quand même éviter de s'y surexposer donc en fait très vite je me suis rendu compte que ces familles bénéficiaires là ne nous cherchent pas donc c'est à nous d'aller les chercher et c'est là que tu vois aussi le côté un peu fou de l'entrepreneuriat social c'est que du coup nous on perd encore plus d'argent parce qu'on passe du temps à la démarche donc on perd encore plus d'argent pour concrétiser notre mission sociale et c'est de dire à quel point elle est dans notre ADN quand même Parce que si depuis tout à l'heure,

  • Speaker #1

    on n'a pas compris que tu étais engagée et que tu étais profondément convaincue du modèle, c'est qu'on n'a pas bien écouté. Recommencer depuis le début. Ouh, que je n'ai pas bien fait passer mon message. Non, non, c'est que ça n'aura pas été bien écouté, je peux te l'assurer. Tu parles très bien de ce que tu as envie de défendre et c'est génial de t'écouter. Et d'ailleurs, si tu voulais, toi, donner un conseil à quelqu'un qui hésite à se lancer dans un projet à impact social. Soit par peur de ne pas être légitime, soit de ne pas avoir des compétences, de se heurter à trop de résistance, parce que ça aussi, qu'elle soit, comment dire, justement économique ou administrative, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Que c'est important d'être accompagné, mais d'être bien accompagné.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc d'identifier vraiment des personnes qui peuvent porter un message qui résonne avec nous. Et si on a l'impression que la... La présentation qu'on nous fait de l'entrepreneuriat social n'est pas la bonne, n'est pas celle qui nous fait vibrer. Il ne faut pas hésiter à aller chercher d'autres acteurs, d'autres personnes qui connaissent le sujet, qui vont le présenter différemment et se faire aussi porter par des entrepreneurs peut-être qui ont déjà cette expérience-là, qui ont réussi à monter un modèle qui nous paraît juste. Moi, ça arrive que je reçoive des demandes de personnes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat social, qui me disent « j'ai vu que tu avais fait ça, est-ce qu'on pourrait aller boire un café ? J'aimerais vraiment bien qu'on en discute » . Je n'ai jamais dit non, en fait. Je confie. Donc non, je trouve ça hyper important. On n'est pas assez d'entrepreneurs sociaux. Les vrais entrepreneurs sociaux ne demandent que ça, de pouvoir, autour d'un café, former un petit peu les personnes qui pourront lancer des modèles similaires dans d'autres activités. moi des idées d'entreprise sociale j'en ai plein mais j'aurais pas assez d'une vie pour toutes les concrétiser donc si je peux aider d'autres entrepreneurs à y aller et à se lancer je me fais à chaque fois avec plaisir donc voilà se former mais se former c'est pas forcément par des formations hyper strictes et hyper chères d'ailleurs ça peut être via des livres celui qu'on mettra en référence ça peut être en allant voir des entrepreneurs sociaux qui ont une approche qui nous parle et qui nous fait vibrer Mais en tout cas, il ne faut pas avoir peur de se lancer parce que c'est une aventure juste extraordinaire et ô combien nécessaire. Je trouve que j'ai une chance folle au quotidien de me dire que je me sens utile. Et en plus, je ne suis pas dans un modèle à avoir peur tous les ans pour la survie de mon activité. Nous, la dépendance aux dons est de plus en plus faible d'année en année. La part de dons dans nos revenus diminue d'année en année. Et c'est aussi ce qui nous permet de se dire, en fait, à terme, oui, c'est possible. On a quand même ce pouvoir de dire, regardez, un autre modèle est possible. On compte sur l'entrepreneuriat social pour ça.

  • Speaker #1

    Wow, c'est génial. Je me dis, alors imagine dans dix ans, tu n'auras même pas mon âge, je pense encore. Qu'est-ce qui t'aura rendu la plus fière ? Quel changement t'auras aimé avoir contribué à changer, à modifier ? Ma phrase est très tordue, en fait. Mais j'ai compris, en fait. Voilà, j'espère que vous aussi.

  • Speaker #0

    Je pense en partie la continuité de qui me rend déjà fière aujourd'hui. Chaque année, quand on sort le rapport d'impact et que je vois que ça progresse, que ça progresse, je me dis, quand même, c'est cool. Ça valait la peine de galérer à certains moments. T'as eu ta petite dose de dopamine. Voilà, exactement, exactement. Une bonne dose de dopamine. Encore une expression française qu'il faut absolument... Ouais, kéinémisé. Voilà, c'est vrai. Non, Donc oui, clairement, tous les ans, quand on voit le rapport social sortir et qu'on voit le rapport d'impact sortir et qu'on voit la progression, qu'on augmente le nombre d'élèves qu'on accompagne, qu'on voit que la part de cours à tarif réduit ou gratuit augmente aussi d'année en année. Donc en fait, ça montre vraiment toute la part de cet impact dans notre quotidien. plus on avance, dans 10 ans, on aura accompagné, en touchant du bois pour qu'il existe toujours, on aura accompagné encore plus d'élèves vers ça. Donc ça, ce sera déjà énorme. Et puis oui, si on arrive à avoir d'autres projets, comme la Learnbox, comme d'autres, ce sera encore une maximisation de l'impact. Et puis si on arrive à semer ses graines, comme j'essaye de le faire à travers ton podcast aujourd'hui, pour convertir encore plus d'entrepreneurs à l'entrepreneuriat social. Alors là, pour moi, c'est déjà potes, quoi. Bingo. Ou un exact.

  • Speaker #1

    Bon, alors, un dernier éclat de voix ?

  • Speaker #0

    Oser, se lancer, ne pas avoir peur de l'échec, parce que ça, je le vois aussi bien chez les ados que j'accompagne que chez leurs parents ou d'autres adultes autour de moi. Parler même de ces échecs, en fait. et aligner, je pense, nos actions à nos convictions.

  • Speaker #1

    Wow. En tout cas, un grand, grand merci d'être venu nous parler avec enthousiasme, profondeur et précision aussi de cet aspect de l'entrepreneuriat. Merci beaucoup parce que c'est quelque chose vers lequel moi aussi, spontanément, j'ai envie de tendre. Et j'espère que ça aura donné aussi envie à plein d'autres de te suivre.

  • Speaker #0

    vraiment et qui n'hésitent pas à me contacter si c'est à créer parmi tes auditeurs des envies et des élans d'entrepreneuriat social voilà on ira boire un café super et bien on va se faire des grosses rencontres de café autour de toi elle tu viendras on viendra t'écouter les yeux grands ouverts et les oreilles hausses on viendra discuter paf ça marche merci merci beaucoup Laure à bientôt merci à toi

  • Speaker #1

    Qu'allez-vous faire de tout cela ? L'or vient nous montrer qu'on peut faturer selon les moyens de ses clients sans couler, qu'on peut choisir un modèle d'entreprise dans lequel les dividendes sont à réinjecter pour soutenir la mission, développer des projets comme celui de sa Landbox, qu'on peut en somme construire une économie qui respire autrement. Vous avez entendu les chiffres au début ? 18% de pauvreté, 1 enfant sur 4. Mais, mais, vous avez aussi entendu... une partie de la solution, un modèle qui fonctionne, qui s'autofinance et qui prouve que non, l'entrepreneuriat social n'est pas une utopie. Alors, il ne s'agit pas forcément pour tout le monde d'aller créer demain une entreprise sociale, mais je l'espère, peut-être regarderez-vous maintenant différemment la manière dont vous consommez. Parce que nous avons, en tant que consommatrices, consommateurs, un pouvoir incroyable, puisque c'est nous qui choisissons où. circule notre argent. Alors, peut-être qu'à l'issue de cet épisode, vous cesserez de croire aussi que la croissance ne se mesure qu'en PIB. Et enfin, eh bien, osons ensemble, l'or nous l'a proposé, lançons-nous et alignons nos actions à nos convictions. Alors justement, puisqu'on parle d'oser, eh bien, pour la première fois, Éclat de Voix sort de son petit cocon. et prend vie en live le 11 décembre au Côte d'Ibrie à Steinzel. Venez oser votre voix, l'or d'ailleurs sera parmi nous, et vous rencontrerez Laurence Hadd, Solène Silière, Sophie Jablonsky, Delphine Declare qui ont été des invités du podcast et qui viendront nous faire vivre une table ronde en mode popcorn pétillant, un exercice collectif pour parler vrai ensemble. Et puis, prendre un temps de partage et d'échange, parce que parler vrai, soyons très clairs, ça n'a rien, mais absolument rien d'une technique à maîtriser. C'est vraiment beaucoup plus de l'ordre d'oser révéler qui vous êtes. Alors, vous retrouverez toutes les informations sur le site, je mets le lien dans les notes de l'épisode. Et puis, il est peut-être temps, après avoir écouté l'or, de passer justement de l'écoute à l'action, et donc à la prise de parole. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix sociaux et solidaires.

Description

Ep 57- Laure Talavet-Omont: L'entrepreneuriat social : dignité, impact et croissance autrement


1 enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki, entreprise sociale de soutien scolaire nous plonge au cœur d’un modèle encore trop méconnu: l’entrepreneuriat social, celui qui combine activité économique et impact positif réel.


Elle raconte comment Nikky garantit la même qualité d’accompagnement pour tous les élèves, quels que soient les revenus des familles, et pourquoi ce modèle centré sur la dignité, la justice sociale et la mission devrait inspirer notre manière d’entreprendre.

Avec clarté et franchise, Laure déconstruit les fausses croyances autour de l’économie sociale, explique comment repenser la croissance, et partage sa vision d’un modèle où responsabilité, autonomie financière et impact s’articulent enfin.


On parle aussi de l’éco-anxiété des jeunes, de leur pouvoir d’action sous-estimé, des paradoxes de consommation, et de la façon d’aider les ados à se remettre en mouvement.

Elle dévoile enfin les coulisses de la Learnbox, son outil pour apprendre à apprendre, pensé comme une boussole pour celles et ceux qui manquent de repères, d’outils ou de confiance.


Retrouvez: Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki (Société à Impact Sociétal certifiée)


Rejoignez-nous le 11 décembre pour "Osez votre voix" - le premier live Éclats de Voix au Kolibri, Steinsel. Laure y sera!

Infos et inscriptions ici: https://www.anneclairedelval.com/osez-votre-voix


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un enfant sur quatre. Au Luxembourg, un enfant sur quatre est menacé par le risque de pauvreté. 18% de la population au Luxembourg vit sous le seuil de pauvreté, pendant que les 20% les plus aisés vivent 4,7 fois mieux que les 20% les plus modestes. Alors oui, ce sont des chiffres, c'est froid, c'est abstrait, et pourtant ces chiffres, ils ont des visages, ils ont des cartables trop lourds. Des devoirs qui sont pas rendus ou qui sont rendus en retard faute d'aide à la maison, des rêves qui s'étiolent avant même d'avoir pu germer. Et ça me révolte. Mais comme je n'aime pas rester sur des constats aussi écœurants, ni avec la colère que ça suscite en moi, j'ai demandé à Laure Talavé-Humon de venir sur Éclat de Voix, le podcast des prises de paroles engagées qui donne aussi envie de s'exprimer, pour nous parler. solutions, nous donner de l'espoir et confirmer que oui, oui, oui, il est possible d'inventer un modèle économique plus respectueux, plus solide. Et j'ai rencontré Laure avant son mariage. Ce qui n'a aucun intérêt pour vous, j'en conviens, mais voilà, c'était rigolo. Et probablement à peu près au moment du lancement de son entreprise Niki. Elle n'a alors que 23 ans, elle sort d'une école de commerce prestigieuse et elle se lance directement dans l'entrepreneuriat social en fondant NIC, une entreprise qui est donc sociale et solidaire et qui rend les cours particuliers accessibles à tous. Familiés et aux réfugiés, même tuteur, même exigence, même dignité. Extraordinaire. Nous vivons, on ne va pas se le cacher. dans un monde qui passe son temps à opposer les gentilles associations contre les méchantes entreprises, la croissance contre la décroissance, le profit contre l'humain. Ce que j'ai trouvé génial avec Laure, c'est qu'elle refuse de choisir un camp et qu'elle trace un chemin, le sien, troisième voie, celui de l'entrepreneuriat social qui n'est ni charité, ni infantilisant, ni commerce qui exploite. C'est une économie qui tient debout financièrement et qui porte une mission sociale dans son ADN. Alors pourquoi est-ce que ce modèle reste une exception ? Pourquoi est-ce que ces oppositions dont on a parlé juste avant mènent à la situation où on peut observer des adolescents notamment, mais pas uniquement, qui sont éco-anxieux alors qu'ils continuent à acheter chez Shine ? Pourquoi est-ce qu'on continue de donner quelques centimes à droite à gauche ? Pour se donner bonne conscience pendant qu'on surconsomme, toutes ces questions n'ont pas forcément de réponse. Mais en tout cas, l'or déploie 8 années maintenant d'entrepreneuriat social au Luxembourg, des victoires, des incohérences et une obstination à ne jamais perdre de vue sa mission. Pour ça, son phare, c'est Mohamed Younous. Et quand il clignote, il lui dit sans cesse, donner aux personnes qu'on ait la dignité d'être partenaires. prenantes du système économique plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Génial ! Bienvenue donc dans Éclat de Voile. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, facilitatrice de ces prises de parole engagées. Bienvenue alors pour une discussion qui sera à la fois exigeante et généreuse sur l'économie que nous pourrions bâtir si nous cessions de croire qu'il faut toujours choisir entre viabilité et humanité. Bonjour Laure, bienvenue sur Éclat de Voix.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire, merci.

  • Speaker #0

    Laure, tu as créé Niki. Oui. Tu vas nous expliquer ce qu'est Niki en 2018, juste après tes études. Alors Niki, c'est quand même déjà une entreprise sur le modèle de l'entrepreneuriat social. Donc tu as deux choses à nous expliquer. Un, ce que c'est que Niki et deux, pourquoi. Tu as décidé de te lancer directement dans ce type d'entrepreneuriat dès le début de ta carrière en réalité.

  • Speaker #1

    Ça marche. Alors Niki, en fait, pour le nom, c'est les initiales de Now You Know It, parce que l'idée, c'était de remettre les apprenants au centre de leur expérience d'apprentissage. Et en fait, Niki est une entreprise sociale de soutien scolaire. Donc l'idée, c'est qu'on donne des cours particuliers pour des adolescents et des enfants de la primaire jusqu'à la fin du secondaire. Parfois aussi sur les premières années d'université. Et en fait, on adapte nos tarifs en fonction des revenus des foyers On a un tarif standard qui va être aligné à ce que proposent d'autres entreprises de soutien scolaire sur le marché, parce que ça reste un marché. Et ensuite, nous, on accorde des réductions qui vont de 10 à 100 %, donc des cours gratuits, en fonction de ce que les familles ont vraiment les moyens de payer, donc en fonction de leurs revenus imposables, en fait, pour prendre un critère le plus objectif possible. Toujours perfectible, mais le plus objectif possible. Et l'idée, c'est que nos tuteurs, eux, en revanche, sont payés exactement la même chose qu'ils allaient voir une famille qui paye le tarif standard ou une famille qui ne paye rien du tout. pour être sûr de donner vraiment la même qualité de service à tout le monde, indépendamment de leur milieu d'origine. Voilà, ça c'est sur la première partie de ta question, sur qui est Niki, et pour la partie sur l'entrepreneuriat social, en fait, souvent on a une assez mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. Ce que j'aime bien expliquer, c'est que c'est l'activité économique d'une entreprise classique et l'impact social ensemble d'une fondation ou d'une association. mais regroupés dans une seule structure. L'objectif, c'est que du coup, il y aura un impact social qui est dans l'ADN de la structure, au même titre qu'il y a un impact social dans l'ADN d'une ASBL ou d'une fondation, mais il y aura une autonomie financière beaucoup plus grande que ce que n'ont habituellement les associations ou les fondations qui dépendent des dons, en fait. Donc voilà, c'est les deux combinés dans une seule structure.

  • Speaker #0

    Alors justement, Niki est une société à impact sociétal certifié. Concrètement ? Qu'est-ce que ça change dans le quotidien d'une entrepreneur comme toi ?

  • Speaker #1

    Dès lors qu'on a un vrai modèle d'entrepreneuriat social, où on a cette activité économique, parce que la plus grande partie de nos revenus vient d'un chiffre d'affaires, pas de dons, même si on peut aussi en recevoir, mais la plus grande partie de nos revenus viennent de notre chiffre d'affaires. En fait, le statut de la société d'impact sociétal, ça nous permet d'avoir cette activité économique-là. qu'une ASBL ou une fondation par la nature même de ses statuts ne peut en principe pas avoir. Mais ça reconnaît aussi l'impact social qu'on a, parce qu'en fait, on a des aménagements fiscaux, etc. On n'a plus que la TVA à quoi on est soumis. Si c'est une société d'impact sociétal à 100% de part d'impact, ça fait un peu long, mais c'est le titre entier. Donc en fait, à partir du moment où les 100% de part d'impact, ça veut dire qu'on s'engage à ne pas reverser de dividendes. Tout ce qui aurait pu être des dividendes, On les réinjecte dans l'entreprise. pour pouvoir financer notre impact social. Et donc, comme on prend cet engagement-là, on est éligible à des allègements fiscaux parce que finalement, c'est un peu, si tu veux, comme si on considérait que les impôts qu'on aurait payés pour le bien commun, comme en fait, on participe à ce bien commun, ça vient nous permettre de financer cette partie-là de notre activité. Et donc, en fait, dans ce cadre-là, le statut de société d'impact sociétal, c'est le statut évident pour les vrais projets d'entrepreneurs et social.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais dire... que pour toi, c'est une forme de boussole, cette entreprenariat, cette forme d'entrepreneuriat, c'est particulier en réalité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est assez neuf en plus, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. C'est vrai que c'est assez récent. J'y vois une forme de boussole parce que c'est une boussole à la fois stratégique pour le côté autonomie financière la plus importante possible, donc ne pas dépendre uniquement des dons. Surtout à une période où on sait qu'il y a une vraie crise des donateurs. On a beaucoup de mal à avoir dans le secteur social suffisamment de dons par rapport aux actions ou suffisamment de financement public dans certains pays par rapport aux actions qu'on pourrait vouloir mettre en place. C'est effectivement une boussole stratégique à ce niveau-là, mais c'est aussi une boussole en termes de valeur. C'est-à-dire qu'on ne pourra pas arrêter notre impact social parce qu'il fait partie de nos statuts. On a un rapport d'impact tous les ans pour montrer justement l'impact qu'on a. Donc pour ce qui nous concerne, ça va être la proportion d'élèves qu'on accompagne à tarif réduit ou gratuit par rapport aux élèves qu'on accompagne au tarif standard. Ça va être le nombre d'heures qu'on preste à tarif réduit ou gratuit par rapport au nombre d'heures qu'on preste au tarif standard. Donc en fait, effectivement, ça nous permet de suivre un peu nos progrès aussi et les progrès sociaux qu'on cherche à mettre en œuvre. Et oui, c'est une boussole parce que c'est aussi une boussole dans l'image. qu'on renvoie aux autres, ça nous permet d'être aussi un des exemples d'entrepreneuriat social ou de possibilité d'entrepreneuriat social. Alors justement,

  • Speaker #0

    tu me permets la question suivante, quand tu dis en fait, parce que tu l'as dit tout à l'heure, donc une partie des familles payent plus que d'autres. Comment est-ce qu'au tout départ, tu as réussi à convaincre tes premiers clients de ce modèle-là ? Et est-ce que tu leur expliques à chaque... client comment ça se passe.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça, c'est exactement, là c'est toi qui me renvoie la velle et qui me permet la transition parfaite avec ma réponse. En fait, nos clients le savent sans le savoir, j'ai envie de te dire. C'est-à-dire que nous, depuis le début, en même temps qu'on indique dans notre processus d'accueil d'un nouveau client, en même temps qu'on indique le tarif standard de nos cours, il y a toujours une petite phrase qui accompagne, qui dit que tous nos services sont éligibles à des réductions en fonction des revenus des foyers. Donc en fait, les familles le savent parce qu'elles l'ont vu à ce moment-là sur une simple nuit, et la grande majorité l'oublie. Parce qu'en fait, quand ils l'ont lu, ils se sont dit « bon bah en fait, moi de toute façon, c'est pas pour ça que je viens et puis ça me concerne pas » . Donc voilà, ils l'ont lu un peu comme tu dis les conditions générales d'un service, tu vois. Et au bout de plusieurs mois ou quoi, ils l'ont généralement oublié. Et puis parfois, on a des parents, quand on a justement des invitations dans la presse ou dans un podcast comme le tien, on a des parents qui nous recontactent en disant « oh, je t'ai vu passer à tel endroit, mais je savais pas que vous faisiez ça, c'est trop bien » . Alors qu'en fait, techniquement, ils le savaient, mais c'est juste pas laissé dans leur champ de conscience. Parce que ce n'est pas pour ça qu'ils viennent, pour la majorité d'entre eux. Il y en a qui nous choisissent pour ça. Parmi les parents qui payent le tarif standard, il y en a qui nous choisissent parce qu'ils se disent « cet impact social-là, moi, ça vibre avec mes valeurs et je veux privilégier les entreprises qui ont un impact social. » Mais il y en a d'autres pour qui, en fait, ils viennent parce qu'on a bonne réputation sur la qualité du service qu'on fournit. Et tant mieux ! Et ils viennent pour la qualité de notre service avant tout.

  • Speaker #0

    Ok, donc la question que je me posais intrinsèquement, c'était est-ce que ça leur apporte quelque chose en plus ? plus que simplement le service rendu, à savoir l'aide aux devoirs, l'accompagnement scolaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça participe à la bonne image qu'ils ont de nous et à la fidélité qu'ils peuvent avoir envers nous.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    quand même. C'est pas un critère de décision pour la grande majorité d'entre eux, je pense, en tout cas, mais c'est un critère de plus qui montre les valeurs qu'on défend chez Niki, en fait. Nous, dans notre vision du soutien scolaire, on met l'élève au centre, c'est même dans le nom de l'entreprise. et de la même façon, à partir du moment où on met l'humain au centre, on a mis l'humain dans toute cette diversité avant nos profits. Donc en fait, c'est dans la continuité des valeurs qu'on défend, mais même au quotidien, dans notre façon d'accompagner leurs enfants. Laure, maintenant, je vais ouvrir un robinet. Vas-y. Parce que quand on a préparé cet entretien,

  • Speaker #0

    tu m'as parlé de sortir des fausses vérités à propos de l'entrepreneuriat social. Alors, je te... donc j'ouvre le robinet, je te tends la perche, je ne sais pas quoi le problème, mais vas-y, lâche-toi, c'est quoi les idées reçues, celles qui te font le plus réagir, et qu'est-ce qu'on n'a pas encore compris sur ce modèle-là ? Moi, la première.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas t'avoir parlé de cette expression-là en disant, je n'ai rien compris, mais, enfin, juste faire part. Non, non, non, rassurez-vous, chers auditeurs, ce n'était pas comme ça. En tout cas... Souvent, on a du mal justement à imaginer ce mélange dont je parlais tout à l'heure entre l'autonomie financière ou tendre vers l'autonomie financière, parce que nous, on reçoit aussi des dons qui permettent de faire vivre notre activité. Donc, je ne veux pas sous-estimer l'importance de ceux qui nous soutiennent. Mais en tout cas, c'est cette approche dans l'entrepreneuriat social de tendre vers l'autonomie financière tout en maximisant l'impact social. On a beaucoup de mal, on vit quand même encore dans un monde où c'est les méchantes entreprises d'un côté et les gentilles associations de l'autre. Et on a beaucoup de mal à penser qu'il puisse y avoir une solution intermédiaire entre les deux. Et je te donne un exemple très concret des interactions qu'on voit et qu'on projette en tant que société entre les deux. Beaucoup d'associations qui veulent avoir des campagnes de récolte de fonds assez proactives, pour ne pas dire agressives. vont en fait privilégier le fait d'aller en plein milieu des centres commerciaux ou des rues commerçantes en plein samedi après-midi. Ou là, maintenant qu'on est mi-novembre, on reçoit plein de lettres dans nos boîtes aux lettres d'associations qui veulent profiter un peu de la période pour recevoir des dons. Alors on peut se dire, oui, mais c'est parce que Noël, c'est la période de générosité, etc. Si tu couples les deux exemples que je viens de te donner, En réalité, c'est surtout qu'ils viennent faire vibrer notre culpabilité d'hyperconsommation. Donc en gros, quand ils sont en plein milieu d'une rue commerçante hyper chargée, toi tu vas t'acheter, enfin toi pas personnellement, mais voilà, on va s'acheter deux t-shirts H&M, on va s'acheter trois pantalons Zara, dont on n'a absolument pas besoin parce qu'on en a déjà beaucoup trop dans nos armoires. On se dit, quand même, je sais très bien que c'est fabriqué dans des conditions déplorables et que ça exploite un peu des personnes qui sont dans des conditions difficiles. Mais c'est pas grave, parce que ma balance personnelle de bonnes actions versus mauvaises actions va être équilibrée par cette personne qui me donne l'occasion de m'acheter Bonne Conscience et qui est juste à la sortie du magasin.

  • Speaker #0

    Tu vois, l'équilibre, j'achète ma bonne conscience.

  • Speaker #1

    Voilà. Et de la même façon, en fait, Noël, c'est vrai qu'à la base, c'est une fête de solidarité. Mais aujourd'hui, dans l'écrasante majorité des cas, c'est surtout une fête commerciale. Et de la même façon, en fait, on rentre à partir de maintenant, mi-novembre, dans une période d'hyperconsommation énorme, une des périodes où les familles explosent le plus leur budget. Et en parallèle de cette hyperconsommation, on reçoit ces lettres qui arrivent un peu en même temps que les colis, tu vois.

  • Speaker #0

    Je vois, je vois.

  • Speaker #1

    Et c'est vraiment quelque chose qui montre justement ce lien qu'on fait entre les deux, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, un petit peu comme, tu sais, maintenant, de plus en plus dans les magasins, tu peux arrondir à une somme supplémentaire quelques centimes qui vont être versés à ces actes. C'est un peu pareil. Oui, finalement, je donne quelques centimes. Pendant ce temps-là, je me sens mieux, mais j'ai quand même un caddie plein.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. Et en fait, le modèle de l'entrepreneuriat social qui vient faire ce... pont entre les deux et ne plus créer cette interdépendance parce qu'en fait, tu vois, ça crée une interdépendance, c'est-à-dire que beaucoup d'associations vivent de dons d'entreprises qui ne sont pas forcément toujours réputées pour leur modèle social particulièrement respectueux ou exemplaire, exactement. Et donc, ces dons-là viennent un peu racheter une bonne image à l'entreprise qui, généralement, rebondit sur l'occasion pour montrer qu'elle soutient des œuvres caritatives et de l'autre. de côté, l'association dépend énormément financièrement. Donc ce modèle-là, il devient un peu usé. On témoigne la crise de confiance des donateurs, d'ailleurs, parce qu'il y a eu des scandales du côté associatif, parce qu'il y a eu des scandales aussi de greenwashing, comme on dit, d'entreprises qui ont mis en avant des actions qui n'étaient peut-être pas aussi sociales ou environnementales que ce qu'elles le prétendaient. Et voilà, tout ça a créé une grosse crise de confiance qui nécessite un modèle qui va rééquilibrer un petit peu tout ça. Pour reprendre ta question d'origine, la plus grosse méconception, elle est autour de ça et autour du fait de penser du coup que soit l'entrepreneuriat social, c'est une entreprise avec une très bonne stratégie RSE, tu vois, avec une très bonne stratégie de responsabilité sociale des entreprises. Soit c'est une association qui va aller vendre des goodies à Ausha droite. On a du mal à imaginer que les deux soient vraiment ensemble. Et surtout, nous, tu vois, c'est exactement le même service, mais c'est notre... tarifs qui changent et le fait de ne pas avoir séparé les deux, l'activité économique et l'impact social, que c'est vraiment tout dans la même boucle, il y a beaucoup de personnes pour qui c'est un peu surprenant quand on l'explique.

  • Speaker #0

    On en a parlé aussi avant, mais dans l'écosystème économique luxembourgeois, tu côtoies forcément des acteurs qui défendent ardemment, pour ne pas dire autrement, la croissance. Quand toi, tu parles, parce que c'est naturel de faire grandir Niki, quel sens, toi, tu vas mettre derrière ce fameux mot croissance ? Et puis, quel rôle ? C'est une autre question aussi, ça. Quel rôle peuvent jouer les consommateurs pour soutenir le type de croissance que toi, tu as envie d'insuffler et qu'eux, ils ont peut-être envie de voir dans le monde ?

  • Speaker #1

    En fait, derrière le terme de croissance, on a toujours mis un peu la croissance. principalement mis la croissance économique. En tout cas, moi, dans le regard très extérieur que j'ai à ça, parce que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'économie, mais on pense beaucoup à la croissance d'un point de vue croissance économique. Pour moi, à nouveau, si on voit toujours la croissance économique seulement comme une croissance financière au détriment du social, forcément, on arrive à une situation où on connaît tous l'état dans lequel la planète est, on est tous conscients qu'il y a des besoins de changement. radicaux et rapides par rapport à ça parce qu'on va dans une situation quand même très... un mur, voilà, quand même très négative. Pour moi, en fait, c'est un... comment dire... un équilibre à trouver quand on parle de croissance entre une croissance économique mais au profit d'une action sociale. Tu vois, avec tout ce que je viens de t'expliquer sur la question que tu m'as posée avant, voir n'y croître, c'est... Pas un problème parce que oui, on a plus de revenus d'année en année, on a un chiffre d'affaires qui est en constante augmentation. Et quelque part, c'est heureux parce que ça veut dire qu'on a aussi un impact social qui est de plus en plus grand d'année en année. Oui, on accompagne de plus en plus d'élèves à tarifs standards, mais on accompagne aussi de plus en plus d'élèves à tarifs réduits ou gratuits. Donc en fait, le problème, ce n'est pas tant la croissance telle qu'on la conçoit, c'est-à-dire juste une augmentation, qu'est-ce qu'elle vient soutenir cette croissance-là ? Parce que finalement, on a aussi tout un modèle social qui repose pour le moment dans la façon dont il est financé sur la croissance. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup de personnes qui sont alarmées. ça. Parce que si c'est un refus de croissance qui viendrait remettre en question du coup des acquis sociaux, etc., parce qu'on n'a plus les moyens de les financer, évidemment,

  • Speaker #0

    personne n'a envie d'y aller.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc, c'est un équilibre à trouver. Ce n'est pas forcément se dire « Ah bah, la croissance, parce que la croissance, c'est le mal » , mais peut-être se dire « Ok, comment est-ce qu'on peut croître dans une logique de responsabilité partagée ? » Tu vois ? En tout cas, c'est la vision que j'en ai en tant qu'entrepreneur social.

  • Speaker #0

    Et alors, question un peu plus de curiosité, est-ce que tu as eu l'occasion d'avoir des échanges avec des gens qui n'ont pas ces points de vue-là ? Et est-ce que tu as l'impression que c'est possible d'avoir un dialogue ou pas ? Ou tu n'as pas eu ça de tes expériences ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas eu de façon hyper frontale, mais l'expérience la plus proche que j'ai de ça, c'est que justement, en expliquant le principe de l'entrepreneuriat social tel que je viens de te l'expliquer là, j'arrive à avoir un dialogue aussi bien côté associatif. que côté entrepreneur. C'est un modèle qui génère l'intérêt de tout le monde parce qu'il vient consolider les visions du monde de tout le monde.

  • Speaker #0

    Alors, ça voudrait dire que, si tu dis ça, il faudrait qu'on le pousse. Ça serait bien. Est-ce que c'est vraiment le cas ?

  • Speaker #1

    Pas assez, sans doute. Mais parce qu'on a à nouveau une très mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. C'est difficile de pousser quelque chose à partir du moment où on l'a mal compris.

  • Speaker #0

    C'est heureux, on est là. pour le faire magnifique, chouette et en parler. C'est l'objectif du podcast. On parlait aussi tout à l'heure de consommation un peu effrénée. Et tu le dis parce qu'évidemment, tu as un public d'enfants, jeunes, ados, jeunes adultes, que sais-je. Mais en tout cas, tu as pas mal d'enfants jeunes avec toi dans ton public. Et tu observes chez eux. Ce que Florence Bossetmeyer nous avait déjà expliqué il y a quelques mois de ça dans un podcast sur l'éco-lucidité, mais une forme d'éco-anxiété, et paradoxalement une surconsommation. On voit bien le scandale Cheyne en France, mais qui est pour moi le sommet de l'iceberg. Comment est-ce qu'on peut, avec ta vision éducative justement, qui est franchement intéressante, sortir de cette espèce de contradiction pour aller vers quelque chose qui serait plus... plus sustainable et actionnable aussi, de se mettre en action, d'aider les jeunes à se mettre en mouvement.

  • Speaker #1

    Pour ce qui concerne les adolescents, parce que j'en ai tous les après-midi à bâter de moi, donc effectivement, je vois très bien le sujet qu'ils ont eux autour de ça. En fait, très souvent, effectivement, ils ont une éco-anxiété très forte parce que Il y a quand même un discours ambiant qui est extrêmement pessimiste, extrêmement... inquiétant. Donc, ils le ressentent. Et ils sentent aussi tout le côté... Tu parlais tout à l'heure d'aller droit dans le mur. Eux, ils entendent aussi ça et ils se disent, en fait, c'est mon avenir qui va droit dans le mur. Parce que moi, j'ai 14, 15, 16 ans. Et c'est de moi dont on parle, en fait, quand on dit, on va droit dans le mur. Donc, pour eux, c'est effectivement extrêmement anxiogène et ils se sentent complètement démunis. Parce que beaucoup se disent, ouais, mais moi, je suis qu'un ado. On me dit suffisamment souvent au quotidien que de toute façon, je ne veux pas mon mot au chapitre. Donc en fait, ils ont un peu cette impression d'avoir aucun champ d'action possible. Et là-dessus, je leur fais souvent le même type de remarques. Je leur demande où est-ce qu'eux ont un pouvoir d'achat. Alors en général, ils me disent, je n'ai pas de salaire, donc moi, je n'ai pas de pouvoir d'achat. Ils me posent des questions débiles aujourd'hui. Et après, je leur fais observer. Je leur dis, OK, est-ce que tes parents vont... acheté des céréales qu'ils savent pertinemment que tu ne mangeras pas. Bah non. Ok. Donc tu influences tes parents. C'est tes parents qui payent, certes, mais tu influences tes parents sur ce qu'ils vont t'acheter en céréales. On continue la logique. Est-ce qu'ils vont t'acheter des vêtements que tu ne porteras pas ? Non. Donc en fait, pareil, tu as un pouvoir décisionnel important, même si c'est pas ta carte bleue qui passe. Tu as un pouvoir décisionnel important sur le choix de tes vêtements. Ok, et on fait un peu le tour comme ça. déjà là en général, eux qui étaient assez avachis, je vois qu'ils commencent à se redresser en disant « Ah ouais, en fait j'ai du pouvoir, c'est cool ! » Et on continue un peu comme ça, et je leur dis « Ok, tu ressens une grande anxiété par rapport à tout ça, est-ce qu'on peut faire un petit état des lieux, des décisions que tu prends actuellement en termes d'achat ? » Donc je regarde un petit coup les marques de chaussures, en général on tente sur du Nike, Adidas, des marques qui ont quand même eu des scandales assez importants pour ce qui concerne Nike, il y a quand même quelques années. On n'a pas oublié qu'une usine s'est effondrée dans des conditions catastrophiques et on a découvert l'envers du décor de cette marque. Moi, ça me fascine que ça n'ait pas davantage nuit à l'image que Nike a aujourd'hui auprès du consommateur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que Nike ne vend pas une chaussure, en fait, il vend du rêve. Donc, il a revendu du rêve sur du rêve et il a détourné la tension. Mais on continue à être dans ce modèle-là avec des stars, avec une mise en avant sur des tournois de sport. Exactement. On a noué le poisson.

  • Speaker #1

    Mais c'est là où je trouve que le consommateur a quelque chose entre une responsabilité et un pouvoir énorme. Nous sommes d'accord. de ne pas fermer les yeux et surtout de dire, en fait, nous, on ne veut plus ça. Et moi, l'argument qu'on m'oppose souvent, c'est un argument de budget. Mais en fait, c'est un argument qui n'est que partiel pour plusieurs raisons. Parce que déjà, si on compare une paire de Nike à des vêtements d'une petite marque fabriquée au Portugal, on est sur les mêmes tarifs. Donc, ce n'est pas un argument qui tient. Et ensuite, si on prend, par exemple, Decathlon, tu vois, c'est une marque qui, justement, a une excellente image. pourtant récemment aussi sur Décathlon elle a eu des scandales humains ou environnementaux assez importants en fait c'est une marque qui a une image incroyable parce que tout le monde dit Décathlon ça rend le sport accessible aux personnes qui n'ont pas forcément les moyens de se payer des vêtements de sport hyper cher mais en fait là pareil on arrive en novembre tu vas à Décathlon, tu vas retrouver énormément de rayons en lien avec le ski le ski est un sport de riches en fait. Donc c'est hyper intéressant de voir ce décalage, tu vois, où on dit moi j'adore Décathlon parce que Décathlon ça rend le sport accessible à tous et à certaines périodes, tu vas voir les rayons de Décathlon remplis pour plus de la moitié par des objets qui ne sont utiles qu'à un pourcentage infime de la population et un pourcentage aisé. Et un pourcentage infime de temps parce que tu vois le temps qu'on va passer au ski va devenir de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    Je dis ça, je ne dis rien.

  • Speaker #1

    Donc tu vois, c'est hyper intéressant de voir ces incohérences-là. Et je pense effectivement qu'on a notre part de responsabilité en tant que consommateur à un moment de se dire, est-ce que j'ai vraiment besoin de tout ça ? On a notre part de travail à faire parce qu'on s'est habitué en réalité, parce qu'on a un côté un peu shopping doudou, tu vois, où on va aller acheter pour se réconforter d'un problème, pour oublier un petit truc qui nous a chagriné. Donc on a ce comportement compulsif. et je le dénonce pour l'avoir vécu moi-même aussi je veux dire et je travaille encore j'ai travaillé et je travaille encore sur moi-même pour réduire un peu cette tendance là mais voilà je pense que c'est des responsabilités partagées oui c'est une tendance qu'on voit dans tous les domaines hier c'était il y avait la

  • Speaker #0

    suite du festival alimentaire avec la projection d'un film sur le lait c'est ça combien de litres de lait je bois ou je buvais ? Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce que j'ai mangé autant de yaourt ? Enfin, c'est toutes ces considérations et comment c'est fait par derrière. Donc, c'est clair. Mais est-ce que ça, les jeunes, ils arrivent à un petit peu l'entendre et à se mobiliser ou à changer un peu des choses ?

  • Speaker #1

    Je trouve que oui, parce que souvent, quand on a cette discussion-là avec eux, j'essaie vraiment de les pousser vers une forme de plan d'action. Et je leur dis beaucoup, il ne s'agit pas, parce qu'il y en a beaucoup qui disent, oui, mais moi, de toute façon, je ne veux pas tout changer du jour au lendemain. Et je leur donne mon exemple personnel, je leur explique les étapes par lesquelles je suis passée, moi, petit à petit, pour aller vers ce vers quoi j'avais envie d'aller, sans être dans la perpétuelle frustration. Parce que ce n'est pas le but non plus. Et c'est intéressant que tu rebondisses sur l'idée du festival alimentaire et l'aspect yaourt et produits laitiers, etc. En fait, tu vois, je pense qu'on a chacun... nos propres sensibilités sur ce qui va nous paraître prioritaire. Et pour certains, le prioritaire, ça va être de devenir végétarien, pour d'autres... Alors, il y a à la fois une notion de prioritaire et une notion de ce qui te paraît le plus réaliste à ton échelle et ce qui te paraît avoir le plus d'impact par rapport à ce que toi, tu peux mettre en œuvre. Et ça, c'est des questions de sensibilité personnelle. Il y en a qui vont préférer agir sur un levier, d'autres qui vont agir sur un autre. J'ai envie de te dire, à la limite, peu importe tant qu'on se met tous un peu en action. Oui, tu vois, pour moi, le premier point, c'est là, parce que j'entends tellement cette position de oui, mais de toute façon, même si moi, j'arrête, en fait, le truc va continuer. Oui et non. Et à la limite, il ne faut pas minimiser non plus la satisfaction personnelle, je trouve, parce qu'en fait, de tout ça, on en parle de manière très négative. Très souvent. C'est vrai, c'est vrai. Et ce qui est toujours renoncer. J'aime aussi. Et je trouve qu'on devrait mettre beaucoup plus en avant la satisfaction personnelle. qu'on peut retirer à se rendre compte qu'on s'est fixé un objectif, qu'on l'a atteint, que c'est un objectif qu'on s'est fixé sur le long terme, par exemple, parce qu'on peut se fixer un objectif sur un an, se dire là c'est bientôt la période des bonnes résolutions, de se dire, moi l'année prochaine, je décide que... Si je donne des exemples que j'ai tenus en application personnellement, je décide que je n'achèterai plus que des vêtements fabriqués en Europe. Je décide que je n'achèterai pas plus que X vêtements sur l'année.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est des choix qu'on peut faire, pas forcément les deux la même année, évidemment, pour se mettre à nouveau des objectifs réalistes. Mais quel bonheur d'atteindre ces objectifs-là, des objectifs sur le temps long alors qu'on vit dans une société de l'instantané. Et notre cerveau, en plus, le pic de dopamine, et ça a été étudié, le pic de dopamine est bien plus important, donc l'hormone du bonheur est beaucoup plus importante quand on a atteint... un objectif en ayant dû y bosser dur et pendant longtemps que dans les gratifications instantanées. Donc en fait, on en tirera une satisfaction personnelle beaucoup plus importante, mais on ne le présente pas assez souvent comme ça, je crois.

  • Speaker #1

    Alors, en parlant de choses qui ont inspiré, toi, tu as justement utilisé beaucoup les théories de Muhammad Yunus sur le social business. Donc, si tu devais expliquer à quelqu'un qui ne connaît rien... En quoi ce modèle ou ces théories peuvent vraiment transformer nos sociétés en étant plus que simplement une bonne action à faire ? Sachant que tu nous as déjà pas mal expliqué, est-ce qu'il y a des choses encore un peu plus subtiles ou que tu voudrais développer ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parlais de Mme Allionus, je t'ai ramené le livre, la bible de l'entrepreneuriat social, en sachant que je l'ai lu ce livre-là. J'avais déjà ouvert Niki quelques années après. Enfin, quelques années avant, pardon. Oui, mais quand je l'ai lu, je me suis dit, mais enfin ! En fait, tout est écrit. J'ai juste à dire aux gens qui me parlent d'entrepreneuriat social et qui me disent qu'ils n'y comprenaient rien. J'ai juste à leur dire, lis ça et tu vas comprendre. On mettra la référence dans les notes. Oui, avec plaisir. En fait, c'est intéressant parce que tu vois dans le livre, il explique qu'il a accompagné plein d'entreprises, de grosses entreprises qu'on connaît justement. dans des modèles d'entrepreneuriat social. Et souvent, c'est des entreprises, ils donnent l'exemple de Danone, ils donnent l'exemple d'Uniclo. Ce n'est pas forcément que toute l'entreprise a basculé dans le mode de l'entrepreneuriat social, mais ils ont été curieux d'ouvrir une filiale avec une approche d'entrepreneuriat social dans un pays ou un autre pour voir ce que ça allait donner. Et déjà ça, c'est un premier pas. Oui. Déjà ça, c'est un premier pas.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que tu le faisais à échelle humaine, en fait. Enfin, à échelle individuelle, je veux dire. et se fixer des objectifs peut-être quand on continue. Quand on est une grande entreprise qui soit peut-être atteignable dans un temps pas trop long,

  • Speaker #0

    ça revient à la même chose pour l'humain. Exactement. Et s'il y a des chefs d'entreprise ou des personnes haut placées dans une entreprise qui écoutent ce qu'on est en train de se dire et qui se disent « Pourquoi pas, moi j'aimerais bien être plus de social dans mon entreprise, mais je ne sais pas par où commencer. » Ou justement des managers dans des grosses boîtes qui se disent « Moi j'aimerais bien… » A voir un peu ça, je pense que j'ai peut-être la possibilité de pousser un nouveau projet, mais il faut que j'arrive à le cadrer d'abord pour pas qu'on me prenne pour un illuiné. Ce livre-là, c'est vraiment la base à lire pour pouvoir montrer qu'il y a d'autres grosses entreprises respectées sur la place qui ont suivi cette option-là, qui ont mis en œuvre des actions concrètes en se faisant accompagner justement par l'entreprise de conseil de Mohamed Youlouz sur ce sujet-là. En fait, ce n'est pas obligé d'être toute une entreprise qui pivote directement vers le modem et l'entrepreneuriat social. Ça peut vraiment être une action locale sur un écosystème particulier, etc. Par rapport à ce que tu demandais sur est-ce qu'il y a des aspects de l'entrepreneuriat social qui ne sont pas encore assez conscientisés ou connus, dans ce livre-là, il y a une citation que j'adore. Je te la fais en version française. Alors, on fait les deux. On fait international. Allez, on fait. Let's go global. Let's go ! En anglais, dans son livre, il met « If you approach the project in a social business manner, you will also give those you help the dignity and self-respect of being a vital part of the global economic system rather than mere words of charity. » Et la traduction française de tout ça, c'est « Si vous abordez le projet sous l'angle de l'entrepreneuriat social, vous donnerez aussi à ceux que vous aidez la dignité et le respect de soi qui découlent du fait d'être un élément vital du système économique global plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Et je trouve cette citation géniale. Pourquoi ? Parce qu'en fait, d'un seul coup, il remet la raison d'être du social au centre. C'est-à-dire que tout le monde parle des bénéficiaires. Super, mais les bénéficiaires eux-mêmes, ils en pensent quoi de tout ça ? Et quel message on renvoie à des personnes à qui on dit tu n'es pas en position de participer au système économique global, on va juste te donner, on va juste t'aider gratos. Comment est-ce qu'on peut les réintégrer sociétalement parlant à travers un modèle différent ? Et c'est ça aussi la mission de l'entrepreneuriat social. Nous, chez Niki, on a des parents qui payent un tarif. On presse le cours à perte. Donc forcément qu'ils ne payent pas le tarif qu'il faudrait qu'ils payent. Tu vois, s'ils ont une réduction de 75%, ils payent 25% du tarif, on perd de l'argent sur ces cours-là. Mais peu importe, en fait. Parce qu'eux reçoivent quand même une facture tous les mois, à la hauteur de ce qu'ils sont capables de payer. On ne les met pas dans une position qui peut leur renvoyer un message de dépendance. Et d'incapacité. Exactement. Tout ce modèle de l'entrepreneuriat social vise à remettre la mission au centre. Dans tout le livre, Mohamed Younous, il insiste sur, en fait, éclatez-vous avec le modèle tant que vous voulez, tant que vous ne perdez pas de vue votre mission. Et dans les scandales qu'on a pu voir récemment, que ce soit côté entreprise ou que ce soit côté social, on voit combien parfois la mission est perdue de vue. On voit ça. Et le modèle de l'entrepreneuriat social recentre un peu. Remets un peu l'église au milieu du village.

  • Speaker #1

    Le mot qui m'a vraiment marquée dans tout, et je pourrais l'encadrer comme ça, c'est dignité. J'ai adoré ce mot et de mettre ça au centre. Oui, la dignité humaine, la dignité de chacun, c'est tellement puissant. Et ça paraît tellement évident finalement que je me dis mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas commencé plus tôt ? Et d'ailleurs... Ça me permet la transition. Je me posais la question pour avoir récemment et m'être vraiment plongée un peu sur ces questions dans l'épisode précédent avec Laurence Hahn et puis avec Éric Julien sur les sociétés dites primaires, autochtones, premières, racines, peu importe comment on les appelle, qui selon nos modèles à nous ne se sont pas développées. Mais malgré tout, moi, j'ai quand même l'impression que dans ces organisations qui ne sont pas parfaites, il n'y a pas de miracle nulle part. Mais en tous les cas, il y a cette notion de durabilité, de solidarité, de dignité, de respect de soi, de l'autre, de la planète, du fonctionnement même de l'entreprise sociale qui est le groupe. Est-ce que tu as l'impression que l'économie sociale et solidaire, finalement, ne s'inspire pas ou ne trouverait pas un peu ses racines là-dedans et qu'on pourrait peut-être créer des formes de ponts entre les deux types d'organisations ? Bon, c'est un peu peut-être tiré par les cheveux, j'en sais rien, mais ça me fait quand même penser un peu à ça.

  • Speaker #0

    Je pense que l'entrepreneuriat social, il nous force à revenir un peu, remettre en question beaucoup de choses. Et dans ce sens-là, il nous force un peu à revenir aux fondamentaux. Ok, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je fais ça ? Quelles conséquences ça va avoir ? Etc. Et c'est des fondamentaux qu'on perd totalement dans un monde où on est inondé. de trop, d'abondance partout, etc. On a vite fait de perdre un peu la connexion avec tout ça. Surtout quand on vit dans des grandes villes. Tu vois, c'est drôle. Quand il y a eu, par exemple, le confinement, Paris s'est quand même vidé un peu d'une bonne partie de sa population. Ça dit aussi quelque chose de ce qu'on ressent. dans ces environnements qui ne sont pas naturels si à un moment on nous force à nous y arrêter. Tu vois ce que je veux dire ? Donc dans ce sens-là, oui, je peux y voir un lien. Après, c'est forcément très différent parce que la place de l'économie, par exemple, est complètement différente.

  • Speaker #1

    C'est juste dans la question, tu vois, le mot dignité m'a tellement sauté à l'oreille que c'est ça le lien que j'avais un peu envie de faire. Tout comme tu disais le lien entreprise... Personne individuelle, ça fait des ponts. Et dans ma tête, c'était ça, c'était que dans ces organisations-là, il y a au centre cette question de la dignité, du respect, de l'équilibre aussi entre hommes-femmes, entre les activités, les temps d'activité, etc. Donc finalement, il n'y a pas une économie telle que nous on l'imagine, mais c'était un peu ce côté circulaire qui... faisait tilt dans l'organisme.

  • Speaker #0

    Oui, je vois. Et puis, je pense que quand tu es sur une forme simplifiée de société, réduite au nécessaire de société, tu vas avoir deux priorités. Comment on fait pour manger, ce qui peut être derrière les fondamentaux de l'économie, et comment on fait pour juste être bien. Oui, ce qui va être derrière les fondamentaux du social. Finalement, dans ce sens-là, tu peux voir une forme de rapprochement.

  • Speaker #1

    Alors, Laure, tu vas où ? Tu as annoncé l'unbox ?

  • Speaker #0

    Alors, là, ça part normalement sur les presses aujourd'hui. Wow ! Voilà, ouais. Et le 13. Donc, non, ça sort tout début décembre. Génial, génial. Je touche du bois pour que...

  • Speaker #1

    Donc ça, ce n'est pas qu'un outil pédagogique, évidemment, c'est pour toi une façon de démocratiser le fait d'apprendre à apprendre. Et tu l'as dit tout à l'heure, c'est important aussi pour toi que les gens se sentent dignes, ben oui, pouvoir apprendre à apprendre. Quand on est petit et pas forcément dans un environnement qui est soutenant pour x ou y raisons, ben finalement, ça nous redonne notre propre puissance. Donc ça, c'est génial. Est-ce que... Pourquoi est-ce que c'est aussi important, même si tu l'as un peu déjà dit pour toi, de donner ces codes justement à des gens qui en sont parfois dépourvus ?

  • Speaker #0

    En fait, pour recontextualiser un petit peu le projet de la Learnbox, l'idée c'est que c'est un livre de méthodologie d'apprentissage, mais avec une approche complètement différente de ce qu'on a l'habitude de voir. En travaillant avec mes élèves au quotidien depuis bientôt huit ans, je vois qu'ils ont... La plupart du temps, zéro notion de méthodologie d'apprentissage, donc de comment apprendre à apprendre. Et le peu de fois où ils ont quelques bases, on leur a donné des outils et on leur a un peu dit « débrouille-toi pour t'en servir tout seul » . On ne leur a pas appris à faire le pont entre apprendre à apprendre d'un côté et leurs cours et leur matière scolaire de l'autre. Et ça, c'est un travail que j'ai beaucoup fait avec mes élèves. Mais je me suis dit, si c'est un besoin aussi courant pour les jeunes, et les moins jeunes d'ailleurs. Mais si c'est un besoin aussi courant, je ne peux pas tous les faire passer à mon bureau. En fait, ça ne va pas marcher. Donc, j'en prends le maximum sur moi, mais il faut aussi que je trouve d'autres moyens de faire passer le message. Et donc, du coup, tout le projet de la LearnVox, c'est ça. Donc, le sous-titre du livre, c'est « Ton année scolaire tient dans une boîte à chaussures » . L'idée, c'est en fait, à travers les différentes étapes du livre, de permettre aux élèves de construire leur... propres méthodologies d'apprentissage, de construire leurs propres outils, et de se rendre compte qu'une fois qu'ils ont bien construit leurs outils, tout rentre dans une boîte à chaussures, et donc cette sensation qu'ils ont au quotidien de « j'ai tout ça à réviser, je vais jamais arriver au bout, c'est impossible, faut pas faire rentrer 300 pages d'histoire dans ma tête » , ben en fait, ils ont pas en réalité 300 pages d'histoire à faire rentrer dans leur tête. Et donc, toute leur matière scolaire peut rentrer juste dans une boîte qu'on a tous chez nous, une boîte à chaussures. Je me suis peut-être éloignée de ta question initiale.

  • Speaker #1

    C'était pourquoi c'est important pour toi d'aller proposer cette compétence à ceux qui n'ont pas forcément...

  • Speaker #0

    En fait, le but du livre, c'est vraiment qu'il puisse être accessible forcément, comme je disais, à un plus grand nombre, mais aussi qu'il puisse être une continuité pour les élèves qui reçoivent déjà un petit peu cet accompagnement-là. C'est aussi ça qui rend cet élément-là important. parce qu'en fait il y a des élèves où parfois je vais les voir mais au moment où je leur donne cette explication là ils n'ont pas eu une bonne journée ou la semaine d'après je leur dis alors est-ce que tu as essayé d'utiliser ? Ah bah non je voulais ! Donc c'est de pouvoir aussi avoir un support de combo inuité et puis à nouveau sur le livre on va faire le même principe de réduction en fonction des revenus des foyers donc on a un tarif standard qui est aligné à ce que d'autres livres peuvent enfin au tarif auquel d'autres livres peuvent être Et puis, on va avoir des réductions qui vont à nouveau de 10 à 100 %. Donc, le livre va aussi être distribué gratuitement auprès de familles qui n'ont pas forcément le budget de l'acheter à tarif plein.

  • Speaker #1

    Du coup, me revient une question que je voulais te poser. Comment arrivent à toi ou à Niki les personnes qui n'ont aucun revenu ? Je pensais, par exemple, parce qu'on avait évoqué ça l'autre fois, des réfugiés ou des gens. Est-ce que toi, tu as des contacts avec des associations, justement ? Exactement.

  • Speaker #0

    On est en contact avec des associations qui aident directement ces bénéficiaires-là. On est aussi en contact avec des réseaux d'assistantes sociales. Parce qu'en fait, effectivement, au début, moi, je me suis dit « Ah, c'est super, on risque même d'avoir beaucoup trop de demandes côté social » . Et j'avais complètement sous-estimé un point qui est qu'on ne cherche pas des choses qu'on pense ne pas être accessibles pour nous. Donc en fait, j'ai quasiment jamais, enfin très très peu de fois, reçu des demandes. C'est arrivé peut-être cinq fois en bientôt huit ans d'activité, de recevoir des demandes de familles éligibles à des réductions directes. Tu vois, en fait, spontanément. Est-ce que tu vas faire des recherches pour un hôtel de luxe si tu sais que tu n'as pas les moyens de te le payer ?

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Bah non ! tu vas pas aller chercher quelque chose que tu peux pas avoir on aime pas trop la frustration de baisse donc on va quand même éviter de s'y surexposer donc en fait très vite je me suis rendu compte que ces familles bénéficiaires là ne nous cherchent pas donc c'est à nous d'aller les chercher et c'est là que tu vois aussi le côté un peu fou de l'entrepreneuriat social c'est que du coup nous on perd encore plus d'argent parce qu'on passe du temps à la démarche donc on perd encore plus d'argent pour concrétiser notre mission sociale et c'est de dire à quel point elle est dans notre ADN quand même Parce que si depuis tout à l'heure,

  • Speaker #1

    on n'a pas compris que tu étais engagée et que tu étais profondément convaincue du modèle, c'est qu'on n'a pas bien écouté. Recommencer depuis le début. Ouh, que je n'ai pas bien fait passer mon message. Non, non, c'est que ça n'aura pas été bien écouté, je peux te l'assurer. Tu parles très bien de ce que tu as envie de défendre et c'est génial de t'écouter. Et d'ailleurs, si tu voulais, toi, donner un conseil à quelqu'un qui hésite à se lancer dans un projet à impact social. Soit par peur de ne pas être légitime, soit de ne pas avoir des compétences, de se heurter à trop de résistance, parce que ça aussi, qu'elle soit, comment dire, justement économique ou administrative, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Que c'est important d'être accompagné, mais d'être bien accompagné.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc d'identifier vraiment des personnes qui peuvent porter un message qui résonne avec nous. Et si on a l'impression que la... La présentation qu'on nous fait de l'entrepreneuriat social n'est pas la bonne, n'est pas celle qui nous fait vibrer. Il ne faut pas hésiter à aller chercher d'autres acteurs, d'autres personnes qui connaissent le sujet, qui vont le présenter différemment et se faire aussi porter par des entrepreneurs peut-être qui ont déjà cette expérience-là, qui ont réussi à monter un modèle qui nous paraît juste. Moi, ça arrive que je reçoive des demandes de personnes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat social, qui me disent « j'ai vu que tu avais fait ça, est-ce qu'on pourrait aller boire un café ? J'aimerais vraiment bien qu'on en discute » . Je n'ai jamais dit non, en fait. Je confie. Donc non, je trouve ça hyper important. On n'est pas assez d'entrepreneurs sociaux. Les vrais entrepreneurs sociaux ne demandent que ça, de pouvoir, autour d'un café, former un petit peu les personnes qui pourront lancer des modèles similaires dans d'autres activités. moi des idées d'entreprise sociale j'en ai plein mais j'aurais pas assez d'une vie pour toutes les concrétiser donc si je peux aider d'autres entrepreneurs à y aller et à se lancer je me fais à chaque fois avec plaisir donc voilà se former mais se former c'est pas forcément par des formations hyper strictes et hyper chères d'ailleurs ça peut être via des livres celui qu'on mettra en référence ça peut être en allant voir des entrepreneurs sociaux qui ont une approche qui nous parle et qui nous fait vibrer Mais en tout cas, il ne faut pas avoir peur de se lancer parce que c'est une aventure juste extraordinaire et ô combien nécessaire. Je trouve que j'ai une chance folle au quotidien de me dire que je me sens utile. Et en plus, je ne suis pas dans un modèle à avoir peur tous les ans pour la survie de mon activité. Nous, la dépendance aux dons est de plus en plus faible d'année en année. La part de dons dans nos revenus diminue d'année en année. Et c'est aussi ce qui nous permet de se dire, en fait, à terme, oui, c'est possible. On a quand même ce pouvoir de dire, regardez, un autre modèle est possible. On compte sur l'entrepreneuriat social pour ça.

  • Speaker #1

    Wow, c'est génial. Je me dis, alors imagine dans dix ans, tu n'auras même pas mon âge, je pense encore. Qu'est-ce qui t'aura rendu la plus fière ? Quel changement t'auras aimé avoir contribué à changer, à modifier ? Ma phrase est très tordue, en fait. Mais j'ai compris, en fait. Voilà, j'espère que vous aussi.

  • Speaker #0

    Je pense en partie la continuité de qui me rend déjà fière aujourd'hui. Chaque année, quand on sort le rapport d'impact et que je vois que ça progresse, que ça progresse, je me dis, quand même, c'est cool. Ça valait la peine de galérer à certains moments. T'as eu ta petite dose de dopamine. Voilà, exactement, exactement. Une bonne dose de dopamine. Encore une expression française qu'il faut absolument... Ouais, kéinémisé. Voilà, c'est vrai. Non, Donc oui, clairement, tous les ans, quand on voit le rapport social sortir et qu'on voit le rapport d'impact sortir et qu'on voit la progression, qu'on augmente le nombre d'élèves qu'on accompagne, qu'on voit que la part de cours à tarif réduit ou gratuit augmente aussi d'année en année. Donc en fait, ça montre vraiment toute la part de cet impact dans notre quotidien. plus on avance, dans 10 ans, on aura accompagné, en touchant du bois pour qu'il existe toujours, on aura accompagné encore plus d'élèves vers ça. Donc ça, ce sera déjà énorme. Et puis oui, si on arrive à avoir d'autres projets, comme la Learnbox, comme d'autres, ce sera encore une maximisation de l'impact. Et puis si on arrive à semer ses graines, comme j'essaye de le faire à travers ton podcast aujourd'hui, pour convertir encore plus d'entrepreneurs à l'entrepreneuriat social. Alors là, pour moi, c'est déjà potes, quoi. Bingo. Ou un exact.

  • Speaker #1

    Bon, alors, un dernier éclat de voix ?

  • Speaker #0

    Oser, se lancer, ne pas avoir peur de l'échec, parce que ça, je le vois aussi bien chez les ados que j'accompagne que chez leurs parents ou d'autres adultes autour de moi. Parler même de ces échecs, en fait. et aligner, je pense, nos actions à nos convictions.

  • Speaker #1

    Wow. En tout cas, un grand, grand merci d'être venu nous parler avec enthousiasme, profondeur et précision aussi de cet aspect de l'entrepreneuriat. Merci beaucoup parce que c'est quelque chose vers lequel moi aussi, spontanément, j'ai envie de tendre. Et j'espère que ça aura donné aussi envie à plein d'autres de te suivre.

  • Speaker #0

    vraiment et qui n'hésitent pas à me contacter si c'est à créer parmi tes auditeurs des envies et des élans d'entrepreneuriat social voilà on ira boire un café super et bien on va se faire des grosses rencontres de café autour de toi elle tu viendras on viendra t'écouter les yeux grands ouverts et les oreilles hausses on viendra discuter paf ça marche merci merci beaucoup Laure à bientôt merci à toi

  • Speaker #1

    Qu'allez-vous faire de tout cela ? L'or vient nous montrer qu'on peut faturer selon les moyens de ses clients sans couler, qu'on peut choisir un modèle d'entreprise dans lequel les dividendes sont à réinjecter pour soutenir la mission, développer des projets comme celui de sa Landbox, qu'on peut en somme construire une économie qui respire autrement. Vous avez entendu les chiffres au début ? 18% de pauvreté, 1 enfant sur 4. Mais, mais, vous avez aussi entendu... une partie de la solution, un modèle qui fonctionne, qui s'autofinance et qui prouve que non, l'entrepreneuriat social n'est pas une utopie. Alors, il ne s'agit pas forcément pour tout le monde d'aller créer demain une entreprise sociale, mais je l'espère, peut-être regarderez-vous maintenant différemment la manière dont vous consommez. Parce que nous avons, en tant que consommatrices, consommateurs, un pouvoir incroyable, puisque c'est nous qui choisissons où. circule notre argent. Alors, peut-être qu'à l'issue de cet épisode, vous cesserez de croire aussi que la croissance ne se mesure qu'en PIB. Et enfin, eh bien, osons ensemble, l'or nous l'a proposé, lançons-nous et alignons nos actions à nos convictions. Alors justement, puisqu'on parle d'oser, eh bien, pour la première fois, Éclat de Voix sort de son petit cocon. et prend vie en live le 11 décembre au Côte d'Ibrie à Steinzel. Venez oser votre voix, l'or d'ailleurs sera parmi nous, et vous rencontrerez Laurence Hadd, Solène Silière, Sophie Jablonsky, Delphine Declare qui ont été des invités du podcast et qui viendront nous faire vivre une table ronde en mode popcorn pétillant, un exercice collectif pour parler vrai ensemble. Et puis, prendre un temps de partage et d'échange, parce que parler vrai, soyons très clairs, ça n'a rien, mais absolument rien d'une technique à maîtriser. C'est vraiment beaucoup plus de l'ordre d'oser révéler qui vous êtes. Alors, vous retrouverez toutes les informations sur le site, je mets le lien dans les notes de l'épisode. Et puis, il est peut-être temps, après avoir écouté l'or, de passer justement de l'écoute à l'action, et donc à la prise de parole. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix sociaux et solidaires.

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Description

Ep 57- Laure Talavet-Omont: L'entrepreneuriat social : dignité, impact et croissance autrement


1 enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki, entreprise sociale de soutien scolaire nous plonge au cœur d’un modèle encore trop méconnu: l’entrepreneuriat social, celui qui combine activité économique et impact positif réel.


Elle raconte comment Nikky garantit la même qualité d’accompagnement pour tous les élèves, quels que soient les revenus des familles, et pourquoi ce modèle centré sur la dignité, la justice sociale et la mission devrait inspirer notre manière d’entreprendre.

Avec clarté et franchise, Laure déconstruit les fausses croyances autour de l’économie sociale, explique comment repenser la croissance, et partage sa vision d’un modèle où responsabilité, autonomie financière et impact s’articulent enfin.


On parle aussi de l’éco-anxiété des jeunes, de leur pouvoir d’action sous-estimé, des paradoxes de consommation, et de la façon d’aider les ados à se remettre en mouvement.

Elle dévoile enfin les coulisses de la Learnbox, son outil pour apprendre à apprendre, pensé comme une boussole pour celles et ceux qui manquent de repères, d’outils ou de confiance.


Retrouvez: Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki (Société à Impact Sociétal certifiée)


Rejoignez-nous le 11 décembre pour "Osez votre voix" - le premier live Éclats de Voix au Kolibri, Steinsel. Laure y sera!

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un enfant sur quatre. Au Luxembourg, un enfant sur quatre est menacé par le risque de pauvreté. 18% de la population au Luxembourg vit sous le seuil de pauvreté, pendant que les 20% les plus aisés vivent 4,7 fois mieux que les 20% les plus modestes. Alors oui, ce sont des chiffres, c'est froid, c'est abstrait, et pourtant ces chiffres, ils ont des visages, ils ont des cartables trop lourds. Des devoirs qui sont pas rendus ou qui sont rendus en retard faute d'aide à la maison, des rêves qui s'étiolent avant même d'avoir pu germer. Et ça me révolte. Mais comme je n'aime pas rester sur des constats aussi écœurants, ni avec la colère que ça suscite en moi, j'ai demandé à Laure Talavé-Humon de venir sur Éclat de Voix, le podcast des prises de paroles engagées qui donne aussi envie de s'exprimer, pour nous parler. solutions, nous donner de l'espoir et confirmer que oui, oui, oui, il est possible d'inventer un modèle économique plus respectueux, plus solide. Et j'ai rencontré Laure avant son mariage. Ce qui n'a aucun intérêt pour vous, j'en conviens, mais voilà, c'était rigolo. Et probablement à peu près au moment du lancement de son entreprise Niki. Elle n'a alors que 23 ans, elle sort d'une école de commerce prestigieuse et elle se lance directement dans l'entrepreneuriat social en fondant NIC, une entreprise qui est donc sociale et solidaire et qui rend les cours particuliers accessibles à tous. Familiés et aux réfugiés, même tuteur, même exigence, même dignité. Extraordinaire. Nous vivons, on ne va pas se le cacher. dans un monde qui passe son temps à opposer les gentilles associations contre les méchantes entreprises, la croissance contre la décroissance, le profit contre l'humain. Ce que j'ai trouvé génial avec Laure, c'est qu'elle refuse de choisir un camp et qu'elle trace un chemin, le sien, troisième voie, celui de l'entrepreneuriat social qui n'est ni charité, ni infantilisant, ni commerce qui exploite. C'est une économie qui tient debout financièrement et qui porte une mission sociale dans son ADN. Alors pourquoi est-ce que ce modèle reste une exception ? Pourquoi est-ce que ces oppositions dont on a parlé juste avant mènent à la situation où on peut observer des adolescents notamment, mais pas uniquement, qui sont éco-anxieux alors qu'ils continuent à acheter chez Shine ? Pourquoi est-ce qu'on continue de donner quelques centimes à droite à gauche ? Pour se donner bonne conscience pendant qu'on surconsomme, toutes ces questions n'ont pas forcément de réponse. Mais en tout cas, l'or déploie 8 années maintenant d'entrepreneuriat social au Luxembourg, des victoires, des incohérences et une obstination à ne jamais perdre de vue sa mission. Pour ça, son phare, c'est Mohamed Younous. Et quand il clignote, il lui dit sans cesse, donner aux personnes qu'on ait la dignité d'être partenaires. prenantes du système économique plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Génial ! Bienvenue donc dans Éclat de Voile. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, facilitatrice de ces prises de parole engagées. Bienvenue alors pour une discussion qui sera à la fois exigeante et généreuse sur l'économie que nous pourrions bâtir si nous cessions de croire qu'il faut toujours choisir entre viabilité et humanité. Bonjour Laure, bienvenue sur Éclat de Voix.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire, merci.

  • Speaker #0

    Laure, tu as créé Niki. Oui. Tu vas nous expliquer ce qu'est Niki en 2018, juste après tes études. Alors Niki, c'est quand même déjà une entreprise sur le modèle de l'entrepreneuriat social. Donc tu as deux choses à nous expliquer. Un, ce que c'est que Niki et deux, pourquoi. Tu as décidé de te lancer directement dans ce type d'entrepreneuriat dès le début de ta carrière en réalité.

  • Speaker #1

    Ça marche. Alors Niki, en fait, pour le nom, c'est les initiales de Now You Know It, parce que l'idée, c'était de remettre les apprenants au centre de leur expérience d'apprentissage. Et en fait, Niki est une entreprise sociale de soutien scolaire. Donc l'idée, c'est qu'on donne des cours particuliers pour des adolescents et des enfants de la primaire jusqu'à la fin du secondaire. Parfois aussi sur les premières années d'université. Et en fait, on adapte nos tarifs en fonction des revenus des foyers On a un tarif standard qui va être aligné à ce que proposent d'autres entreprises de soutien scolaire sur le marché, parce que ça reste un marché. Et ensuite, nous, on accorde des réductions qui vont de 10 à 100 %, donc des cours gratuits, en fonction de ce que les familles ont vraiment les moyens de payer, donc en fonction de leurs revenus imposables, en fait, pour prendre un critère le plus objectif possible. Toujours perfectible, mais le plus objectif possible. Et l'idée, c'est que nos tuteurs, eux, en revanche, sont payés exactement la même chose qu'ils allaient voir une famille qui paye le tarif standard ou une famille qui ne paye rien du tout. pour être sûr de donner vraiment la même qualité de service à tout le monde, indépendamment de leur milieu d'origine. Voilà, ça c'est sur la première partie de ta question, sur qui est Niki, et pour la partie sur l'entrepreneuriat social, en fait, souvent on a une assez mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. Ce que j'aime bien expliquer, c'est que c'est l'activité économique d'une entreprise classique et l'impact social ensemble d'une fondation ou d'une association. mais regroupés dans une seule structure. L'objectif, c'est que du coup, il y aura un impact social qui est dans l'ADN de la structure, au même titre qu'il y a un impact social dans l'ADN d'une ASBL ou d'une fondation, mais il y aura une autonomie financière beaucoup plus grande que ce que n'ont habituellement les associations ou les fondations qui dépendent des dons, en fait. Donc voilà, c'est les deux combinés dans une seule structure.

  • Speaker #0

    Alors justement, Niki est une société à impact sociétal certifié. Concrètement ? Qu'est-ce que ça change dans le quotidien d'une entrepreneur comme toi ?

  • Speaker #1

    Dès lors qu'on a un vrai modèle d'entrepreneuriat social, où on a cette activité économique, parce que la plus grande partie de nos revenus vient d'un chiffre d'affaires, pas de dons, même si on peut aussi en recevoir, mais la plus grande partie de nos revenus viennent de notre chiffre d'affaires. En fait, le statut de la société d'impact sociétal, ça nous permet d'avoir cette activité économique-là. qu'une ASBL ou une fondation par la nature même de ses statuts ne peut en principe pas avoir. Mais ça reconnaît aussi l'impact social qu'on a, parce qu'en fait, on a des aménagements fiscaux, etc. On n'a plus que la TVA à quoi on est soumis. Si c'est une société d'impact sociétal à 100% de part d'impact, ça fait un peu long, mais c'est le titre entier. Donc en fait, à partir du moment où les 100% de part d'impact, ça veut dire qu'on s'engage à ne pas reverser de dividendes. Tout ce qui aurait pu être des dividendes, On les réinjecte dans l'entreprise. pour pouvoir financer notre impact social. Et donc, comme on prend cet engagement-là, on est éligible à des allègements fiscaux parce que finalement, c'est un peu, si tu veux, comme si on considérait que les impôts qu'on aurait payés pour le bien commun, comme en fait, on participe à ce bien commun, ça vient nous permettre de financer cette partie-là de notre activité. Et donc, en fait, dans ce cadre-là, le statut de société d'impact sociétal, c'est le statut évident pour les vrais projets d'entrepreneurs et social.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais dire... que pour toi, c'est une forme de boussole, cette entreprenariat, cette forme d'entrepreneuriat, c'est particulier en réalité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est assez neuf en plus, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. C'est vrai que c'est assez récent. J'y vois une forme de boussole parce que c'est une boussole à la fois stratégique pour le côté autonomie financière la plus importante possible, donc ne pas dépendre uniquement des dons. Surtout à une période où on sait qu'il y a une vraie crise des donateurs. On a beaucoup de mal à avoir dans le secteur social suffisamment de dons par rapport aux actions ou suffisamment de financement public dans certains pays par rapport aux actions qu'on pourrait vouloir mettre en place. C'est effectivement une boussole stratégique à ce niveau-là, mais c'est aussi une boussole en termes de valeur. C'est-à-dire qu'on ne pourra pas arrêter notre impact social parce qu'il fait partie de nos statuts. On a un rapport d'impact tous les ans pour montrer justement l'impact qu'on a. Donc pour ce qui nous concerne, ça va être la proportion d'élèves qu'on accompagne à tarif réduit ou gratuit par rapport aux élèves qu'on accompagne au tarif standard. Ça va être le nombre d'heures qu'on preste à tarif réduit ou gratuit par rapport au nombre d'heures qu'on preste au tarif standard. Donc en fait, effectivement, ça nous permet de suivre un peu nos progrès aussi et les progrès sociaux qu'on cherche à mettre en œuvre. Et oui, c'est une boussole parce que c'est aussi une boussole dans l'image. qu'on renvoie aux autres, ça nous permet d'être aussi un des exemples d'entrepreneuriat social ou de possibilité d'entrepreneuriat social. Alors justement,

  • Speaker #0

    tu me permets la question suivante, quand tu dis en fait, parce que tu l'as dit tout à l'heure, donc une partie des familles payent plus que d'autres. Comment est-ce qu'au tout départ, tu as réussi à convaincre tes premiers clients de ce modèle-là ? Et est-ce que tu leur expliques à chaque... client comment ça se passe.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça, c'est exactement, là c'est toi qui me renvoie la velle et qui me permet la transition parfaite avec ma réponse. En fait, nos clients le savent sans le savoir, j'ai envie de te dire. C'est-à-dire que nous, depuis le début, en même temps qu'on indique dans notre processus d'accueil d'un nouveau client, en même temps qu'on indique le tarif standard de nos cours, il y a toujours une petite phrase qui accompagne, qui dit que tous nos services sont éligibles à des réductions en fonction des revenus des foyers. Donc en fait, les familles le savent parce qu'elles l'ont vu à ce moment-là sur une simple nuit, et la grande majorité l'oublie. Parce qu'en fait, quand ils l'ont lu, ils se sont dit « bon bah en fait, moi de toute façon, c'est pas pour ça que je viens et puis ça me concerne pas » . Donc voilà, ils l'ont lu un peu comme tu dis les conditions générales d'un service, tu vois. Et au bout de plusieurs mois ou quoi, ils l'ont généralement oublié. Et puis parfois, on a des parents, quand on a justement des invitations dans la presse ou dans un podcast comme le tien, on a des parents qui nous recontactent en disant « oh, je t'ai vu passer à tel endroit, mais je savais pas que vous faisiez ça, c'est trop bien » . Alors qu'en fait, techniquement, ils le savaient, mais c'est juste pas laissé dans leur champ de conscience. Parce que ce n'est pas pour ça qu'ils viennent, pour la majorité d'entre eux. Il y en a qui nous choisissent pour ça. Parmi les parents qui payent le tarif standard, il y en a qui nous choisissent parce qu'ils se disent « cet impact social-là, moi, ça vibre avec mes valeurs et je veux privilégier les entreprises qui ont un impact social. » Mais il y en a d'autres pour qui, en fait, ils viennent parce qu'on a bonne réputation sur la qualité du service qu'on fournit. Et tant mieux ! Et ils viennent pour la qualité de notre service avant tout.

  • Speaker #0

    Ok, donc la question que je me posais intrinsèquement, c'était est-ce que ça leur apporte quelque chose en plus ? plus que simplement le service rendu, à savoir l'aide aux devoirs, l'accompagnement scolaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça participe à la bonne image qu'ils ont de nous et à la fidélité qu'ils peuvent avoir envers nous.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    quand même. C'est pas un critère de décision pour la grande majorité d'entre eux, je pense, en tout cas, mais c'est un critère de plus qui montre les valeurs qu'on défend chez Niki, en fait. Nous, dans notre vision du soutien scolaire, on met l'élève au centre, c'est même dans le nom de l'entreprise. et de la même façon, à partir du moment où on met l'humain au centre, on a mis l'humain dans toute cette diversité avant nos profits. Donc en fait, c'est dans la continuité des valeurs qu'on défend, mais même au quotidien, dans notre façon d'accompagner leurs enfants. Laure, maintenant, je vais ouvrir un robinet. Vas-y. Parce que quand on a préparé cet entretien,

  • Speaker #0

    tu m'as parlé de sortir des fausses vérités à propos de l'entrepreneuriat social. Alors, je te... donc j'ouvre le robinet, je te tends la perche, je ne sais pas quoi le problème, mais vas-y, lâche-toi, c'est quoi les idées reçues, celles qui te font le plus réagir, et qu'est-ce qu'on n'a pas encore compris sur ce modèle-là ? Moi, la première.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas t'avoir parlé de cette expression-là en disant, je n'ai rien compris, mais, enfin, juste faire part. Non, non, non, rassurez-vous, chers auditeurs, ce n'était pas comme ça. En tout cas... Souvent, on a du mal justement à imaginer ce mélange dont je parlais tout à l'heure entre l'autonomie financière ou tendre vers l'autonomie financière, parce que nous, on reçoit aussi des dons qui permettent de faire vivre notre activité. Donc, je ne veux pas sous-estimer l'importance de ceux qui nous soutiennent. Mais en tout cas, c'est cette approche dans l'entrepreneuriat social de tendre vers l'autonomie financière tout en maximisant l'impact social. On a beaucoup de mal, on vit quand même encore dans un monde où c'est les méchantes entreprises d'un côté et les gentilles associations de l'autre. Et on a beaucoup de mal à penser qu'il puisse y avoir une solution intermédiaire entre les deux. Et je te donne un exemple très concret des interactions qu'on voit et qu'on projette en tant que société entre les deux. Beaucoup d'associations qui veulent avoir des campagnes de récolte de fonds assez proactives, pour ne pas dire agressives. vont en fait privilégier le fait d'aller en plein milieu des centres commerciaux ou des rues commerçantes en plein samedi après-midi. Ou là, maintenant qu'on est mi-novembre, on reçoit plein de lettres dans nos boîtes aux lettres d'associations qui veulent profiter un peu de la période pour recevoir des dons. Alors on peut se dire, oui, mais c'est parce que Noël, c'est la période de générosité, etc. Si tu couples les deux exemples que je viens de te donner, En réalité, c'est surtout qu'ils viennent faire vibrer notre culpabilité d'hyperconsommation. Donc en gros, quand ils sont en plein milieu d'une rue commerçante hyper chargée, toi tu vas t'acheter, enfin toi pas personnellement, mais voilà, on va s'acheter deux t-shirts H&M, on va s'acheter trois pantalons Zara, dont on n'a absolument pas besoin parce qu'on en a déjà beaucoup trop dans nos armoires. On se dit, quand même, je sais très bien que c'est fabriqué dans des conditions déplorables et que ça exploite un peu des personnes qui sont dans des conditions difficiles. Mais c'est pas grave, parce que ma balance personnelle de bonnes actions versus mauvaises actions va être équilibrée par cette personne qui me donne l'occasion de m'acheter Bonne Conscience et qui est juste à la sortie du magasin.

  • Speaker #0

    Tu vois, l'équilibre, j'achète ma bonne conscience.

  • Speaker #1

    Voilà. Et de la même façon, en fait, Noël, c'est vrai qu'à la base, c'est une fête de solidarité. Mais aujourd'hui, dans l'écrasante majorité des cas, c'est surtout une fête commerciale. Et de la même façon, en fait, on rentre à partir de maintenant, mi-novembre, dans une période d'hyperconsommation énorme, une des périodes où les familles explosent le plus leur budget. Et en parallèle de cette hyperconsommation, on reçoit ces lettres qui arrivent un peu en même temps que les colis, tu vois.

  • Speaker #0

    Je vois, je vois.

  • Speaker #1

    Et c'est vraiment quelque chose qui montre justement ce lien qu'on fait entre les deux, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, un petit peu comme, tu sais, maintenant, de plus en plus dans les magasins, tu peux arrondir à une somme supplémentaire quelques centimes qui vont être versés à ces actes. C'est un peu pareil. Oui, finalement, je donne quelques centimes. Pendant ce temps-là, je me sens mieux, mais j'ai quand même un caddie plein.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. Et en fait, le modèle de l'entrepreneuriat social qui vient faire ce... pont entre les deux et ne plus créer cette interdépendance parce qu'en fait, tu vois, ça crée une interdépendance, c'est-à-dire que beaucoup d'associations vivent de dons d'entreprises qui ne sont pas forcément toujours réputées pour leur modèle social particulièrement respectueux ou exemplaire, exactement. Et donc, ces dons-là viennent un peu racheter une bonne image à l'entreprise qui, généralement, rebondit sur l'occasion pour montrer qu'elle soutient des œuvres caritatives et de l'autre. de côté, l'association dépend énormément financièrement. Donc ce modèle-là, il devient un peu usé. On témoigne la crise de confiance des donateurs, d'ailleurs, parce qu'il y a eu des scandales du côté associatif, parce qu'il y a eu des scandales aussi de greenwashing, comme on dit, d'entreprises qui ont mis en avant des actions qui n'étaient peut-être pas aussi sociales ou environnementales que ce qu'elles le prétendaient. Et voilà, tout ça a créé une grosse crise de confiance qui nécessite un modèle qui va rééquilibrer un petit peu tout ça. Pour reprendre ta question d'origine, la plus grosse méconception, elle est autour de ça et autour du fait de penser du coup que soit l'entrepreneuriat social, c'est une entreprise avec une très bonne stratégie RSE, tu vois, avec une très bonne stratégie de responsabilité sociale des entreprises. Soit c'est une association qui va aller vendre des goodies à Ausha droite. On a du mal à imaginer que les deux soient vraiment ensemble. Et surtout, nous, tu vois, c'est exactement le même service, mais c'est notre... tarifs qui changent et le fait de ne pas avoir séparé les deux, l'activité économique et l'impact social, que c'est vraiment tout dans la même boucle, il y a beaucoup de personnes pour qui c'est un peu surprenant quand on l'explique.

  • Speaker #0

    On en a parlé aussi avant, mais dans l'écosystème économique luxembourgeois, tu côtoies forcément des acteurs qui défendent ardemment, pour ne pas dire autrement, la croissance. Quand toi, tu parles, parce que c'est naturel de faire grandir Niki, quel sens, toi, tu vas mettre derrière ce fameux mot croissance ? Et puis, quel rôle ? C'est une autre question aussi, ça. Quel rôle peuvent jouer les consommateurs pour soutenir le type de croissance que toi, tu as envie d'insuffler et qu'eux, ils ont peut-être envie de voir dans le monde ?

  • Speaker #1

    En fait, derrière le terme de croissance, on a toujours mis un peu la croissance. principalement mis la croissance économique. En tout cas, moi, dans le regard très extérieur que j'ai à ça, parce que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'économie, mais on pense beaucoup à la croissance d'un point de vue croissance économique. Pour moi, à nouveau, si on voit toujours la croissance économique seulement comme une croissance financière au détriment du social, forcément, on arrive à une situation où on connaît tous l'état dans lequel la planète est, on est tous conscients qu'il y a des besoins de changement. radicaux et rapides par rapport à ça parce qu'on va dans une situation quand même très... un mur, voilà, quand même très négative. Pour moi, en fait, c'est un... comment dire... un équilibre à trouver quand on parle de croissance entre une croissance économique mais au profit d'une action sociale. Tu vois, avec tout ce que je viens de t'expliquer sur la question que tu m'as posée avant, voir n'y croître, c'est... Pas un problème parce que oui, on a plus de revenus d'année en année, on a un chiffre d'affaires qui est en constante augmentation. Et quelque part, c'est heureux parce que ça veut dire qu'on a aussi un impact social qui est de plus en plus grand d'année en année. Oui, on accompagne de plus en plus d'élèves à tarifs standards, mais on accompagne aussi de plus en plus d'élèves à tarifs réduits ou gratuits. Donc en fait, le problème, ce n'est pas tant la croissance telle qu'on la conçoit, c'est-à-dire juste une augmentation, qu'est-ce qu'elle vient soutenir cette croissance-là ? Parce que finalement, on a aussi tout un modèle social qui repose pour le moment dans la façon dont il est financé sur la croissance. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup de personnes qui sont alarmées. ça. Parce que si c'est un refus de croissance qui viendrait remettre en question du coup des acquis sociaux, etc., parce qu'on n'a plus les moyens de les financer, évidemment,

  • Speaker #0

    personne n'a envie d'y aller.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc, c'est un équilibre à trouver. Ce n'est pas forcément se dire « Ah bah, la croissance, parce que la croissance, c'est le mal » , mais peut-être se dire « Ok, comment est-ce qu'on peut croître dans une logique de responsabilité partagée ? » Tu vois ? En tout cas, c'est la vision que j'en ai en tant qu'entrepreneur social.

  • Speaker #0

    Et alors, question un peu plus de curiosité, est-ce que tu as eu l'occasion d'avoir des échanges avec des gens qui n'ont pas ces points de vue-là ? Et est-ce que tu as l'impression que c'est possible d'avoir un dialogue ou pas ? Ou tu n'as pas eu ça de tes expériences ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas eu de façon hyper frontale, mais l'expérience la plus proche que j'ai de ça, c'est que justement, en expliquant le principe de l'entrepreneuriat social tel que je viens de te l'expliquer là, j'arrive à avoir un dialogue aussi bien côté associatif. que côté entrepreneur. C'est un modèle qui génère l'intérêt de tout le monde parce qu'il vient consolider les visions du monde de tout le monde.

  • Speaker #0

    Alors, ça voudrait dire que, si tu dis ça, il faudrait qu'on le pousse. Ça serait bien. Est-ce que c'est vraiment le cas ?

  • Speaker #1

    Pas assez, sans doute. Mais parce qu'on a à nouveau une très mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. C'est difficile de pousser quelque chose à partir du moment où on l'a mal compris.

  • Speaker #0

    C'est heureux, on est là. pour le faire magnifique, chouette et en parler. C'est l'objectif du podcast. On parlait aussi tout à l'heure de consommation un peu effrénée. Et tu le dis parce qu'évidemment, tu as un public d'enfants, jeunes, ados, jeunes adultes, que sais-je. Mais en tout cas, tu as pas mal d'enfants jeunes avec toi dans ton public. Et tu observes chez eux. Ce que Florence Bossetmeyer nous avait déjà expliqué il y a quelques mois de ça dans un podcast sur l'éco-lucidité, mais une forme d'éco-anxiété, et paradoxalement une surconsommation. On voit bien le scandale Cheyne en France, mais qui est pour moi le sommet de l'iceberg. Comment est-ce qu'on peut, avec ta vision éducative justement, qui est franchement intéressante, sortir de cette espèce de contradiction pour aller vers quelque chose qui serait plus... plus sustainable et actionnable aussi, de se mettre en action, d'aider les jeunes à se mettre en mouvement.

  • Speaker #1

    Pour ce qui concerne les adolescents, parce que j'en ai tous les après-midi à bâter de moi, donc effectivement, je vois très bien le sujet qu'ils ont eux autour de ça. En fait, très souvent, effectivement, ils ont une éco-anxiété très forte parce que Il y a quand même un discours ambiant qui est extrêmement pessimiste, extrêmement... inquiétant. Donc, ils le ressentent. Et ils sentent aussi tout le côté... Tu parlais tout à l'heure d'aller droit dans le mur. Eux, ils entendent aussi ça et ils se disent, en fait, c'est mon avenir qui va droit dans le mur. Parce que moi, j'ai 14, 15, 16 ans. Et c'est de moi dont on parle, en fait, quand on dit, on va droit dans le mur. Donc, pour eux, c'est effectivement extrêmement anxiogène et ils se sentent complètement démunis. Parce que beaucoup se disent, ouais, mais moi, je suis qu'un ado. On me dit suffisamment souvent au quotidien que de toute façon, je ne veux pas mon mot au chapitre. Donc en fait, ils ont un peu cette impression d'avoir aucun champ d'action possible. Et là-dessus, je leur fais souvent le même type de remarques. Je leur demande où est-ce qu'eux ont un pouvoir d'achat. Alors en général, ils me disent, je n'ai pas de salaire, donc moi, je n'ai pas de pouvoir d'achat. Ils me posent des questions débiles aujourd'hui. Et après, je leur fais observer. Je leur dis, OK, est-ce que tes parents vont... acheté des céréales qu'ils savent pertinemment que tu ne mangeras pas. Bah non. Ok. Donc tu influences tes parents. C'est tes parents qui payent, certes, mais tu influences tes parents sur ce qu'ils vont t'acheter en céréales. On continue la logique. Est-ce qu'ils vont t'acheter des vêtements que tu ne porteras pas ? Non. Donc en fait, pareil, tu as un pouvoir décisionnel important, même si c'est pas ta carte bleue qui passe. Tu as un pouvoir décisionnel important sur le choix de tes vêtements. Ok, et on fait un peu le tour comme ça. déjà là en général, eux qui étaient assez avachis, je vois qu'ils commencent à se redresser en disant « Ah ouais, en fait j'ai du pouvoir, c'est cool ! » Et on continue un peu comme ça, et je leur dis « Ok, tu ressens une grande anxiété par rapport à tout ça, est-ce qu'on peut faire un petit état des lieux, des décisions que tu prends actuellement en termes d'achat ? » Donc je regarde un petit coup les marques de chaussures, en général on tente sur du Nike, Adidas, des marques qui ont quand même eu des scandales assez importants pour ce qui concerne Nike, il y a quand même quelques années. On n'a pas oublié qu'une usine s'est effondrée dans des conditions catastrophiques et on a découvert l'envers du décor de cette marque. Moi, ça me fascine que ça n'ait pas davantage nuit à l'image que Nike a aujourd'hui auprès du consommateur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que Nike ne vend pas une chaussure, en fait, il vend du rêve. Donc, il a revendu du rêve sur du rêve et il a détourné la tension. Mais on continue à être dans ce modèle-là avec des stars, avec une mise en avant sur des tournois de sport. Exactement. On a noué le poisson.

  • Speaker #1

    Mais c'est là où je trouve que le consommateur a quelque chose entre une responsabilité et un pouvoir énorme. Nous sommes d'accord. de ne pas fermer les yeux et surtout de dire, en fait, nous, on ne veut plus ça. Et moi, l'argument qu'on m'oppose souvent, c'est un argument de budget. Mais en fait, c'est un argument qui n'est que partiel pour plusieurs raisons. Parce que déjà, si on compare une paire de Nike à des vêtements d'une petite marque fabriquée au Portugal, on est sur les mêmes tarifs. Donc, ce n'est pas un argument qui tient. Et ensuite, si on prend, par exemple, Decathlon, tu vois, c'est une marque qui, justement, a une excellente image. pourtant récemment aussi sur Décathlon elle a eu des scandales humains ou environnementaux assez importants en fait c'est une marque qui a une image incroyable parce que tout le monde dit Décathlon ça rend le sport accessible aux personnes qui n'ont pas forcément les moyens de se payer des vêtements de sport hyper cher mais en fait là pareil on arrive en novembre tu vas à Décathlon, tu vas retrouver énormément de rayons en lien avec le ski le ski est un sport de riches en fait. Donc c'est hyper intéressant de voir ce décalage, tu vois, où on dit moi j'adore Décathlon parce que Décathlon ça rend le sport accessible à tous et à certaines périodes, tu vas voir les rayons de Décathlon remplis pour plus de la moitié par des objets qui ne sont utiles qu'à un pourcentage infime de la population et un pourcentage aisé. Et un pourcentage infime de temps parce que tu vois le temps qu'on va passer au ski va devenir de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    Je dis ça, je ne dis rien.

  • Speaker #1

    Donc tu vois, c'est hyper intéressant de voir ces incohérences-là. Et je pense effectivement qu'on a notre part de responsabilité en tant que consommateur à un moment de se dire, est-ce que j'ai vraiment besoin de tout ça ? On a notre part de travail à faire parce qu'on s'est habitué en réalité, parce qu'on a un côté un peu shopping doudou, tu vois, où on va aller acheter pour se réconforter d'un problème, pour oublier un petit truc qui nous a chagriné. Donc on a ce comportement compulsif. et je le dénonce pour l'avoir vécu moi-même aussi je veux dire et je travaille encore j'ai travaillé et je travaille encore sur moi-même pour réduire un peu cette tendance là mais voilà je pense que c'est des responsabilités partagées oui c'est une tendance qu'on voit dans tous les domaines hier c'était il y avait la

  • Speaker #0

    suite du festival alimentaire avec la projection d'un film sur le lait c'est ça combien de litres de lait je bois ou je buvais ? Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce que j'ai mangé autant de yaourt ? Enfin, c'est toutes ces considérations et comment c'est fait par derrière. Donc, c'est clair. Mais est-ce que ça, les jeunes, ils arrivent à un petit peu l'entendre et à se mobiliser ou à changer un peu des choses ?

  • Speaker #1

    Je trouve que oui, parce que souvent, quand on a cette discussion-là avec eux, j'essaie vraiment de les pousser vers une forme de plan d'action. Et je leur dis beaucoup, il ne s'agit pas, parce qu'il y en a beaucoup qui disent, oui, mais moi, de toute façon, je ne veux pas tout changer du jour au lendemain. Et je leur donne mon exemple personnel, je leur explique les étapes par lesquelles je suis passée, moi, petit à petit, pour aller vers ce vers quoi j'avais envie d'aller, sans être dans la perpétuelle frustration. Parce que ce n'est pas le but non plus. Et c'est intéressant que tu rebondisses sur l'idée du festival alimentaire et l'aspect yaourt et produits laitiers, etc. En fait, tu vois, je pense qu'on a chacun... nos propres sensibilités sur ce qui va nous paraître prioritaire. Et pour certains, le prioritaire, ça va être de devenir végétarien, pour d'autres... Alors, il y a à la fois une notion de prioritaire et une notion de ce qui te paraît le plus réaliste à ton échelle et ce qui te paraît avoir le plus d'impact par rapport à ce que toi, tu peux mettre en œuvre. Et ça, c'est des questions de sensibilité personnelle. Il y en a qui vont préférer agir sur un levier, d'autres qui vont agir sur un autre. J'ai envie de te dire, à la limite, peu importe tant qu'on se met tous un peu en action. Oui, tu vois, pour moi, le premier point, c'est là, parce que j'entends tellement cette position de oui, mais de toute façon, même si moi, j'arrête, en fait, le truc va continuer. Oui et non. Et à la limite, il ne faut pas minimiser non plus la satisfaction personnelle, je trouve, parce qu'en fait, de tout ça, on en parle de manière très négative. Très souvent. C'est vrai, c'est vrai. Et ce qui est toujours renoncer. J'aime aussi. Et je trouve qu'on devrait mettre beaucoup plus en avant la satisfaction personnelle. qu'on peut retirer à se rendre compte qu'on s'est fixé un objectif, qu'on l'a atteint, que c'est un objectif qu'on s'est fixé sur le long terme, par exemple, parce qu'on peut se fixer un objectif sur un an, se dire là c'est bientôt la période des bonnes résolutions, de se dire, moi l'année prochaine, je décide que... Si je donne des exemples que j'ai tenus en application personnellement, je décide que je n'achèterai plus que des vêtements fabriqués en Europe. Je décide que je n'achèterai pas plus que X vêtements sur l'année.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est des choix qu'on peut faire, pas forcément les deux la même année, évidemment, pour se mettre à nouveau des objectifs réalistes. Mais quel bonheur d'atteindre ces objectifs-là, des objectifs sur le temps long alors qu'on vit dans une société de l'instantané. Et notre cerveau, en plus, le pic de dopamine, et ça a été étudié, le pic de dopamine est bien plus important, donc l'hormone du bonheur est beaucoup plus importante quand on a atteint... un objectif en ayant dû y bosser dur et pendant longtemps que dans les gratifications instantanées. Donc en fait, on en tirera une satisfaction personnelle beaucoup plus importante, mais on ne le présente pas assez souvent comme ça, je crois.

  • Speaker #1

    Alors, en parlant de choses qui ont inspiré, toi, tu as justement utilisé beaucoup les théories de Muhammad Yunus sur le social business. Donc, si tu devais expliquer à quelqu'un qui ne connaît rien... En quoi ce modèle ou ces théories peuvent vraiment transformer nos sociétés en étant plus que simplement une bonne action à faire ? Sachant que tu nous as déjà pas mal expliqué, est-ce qu'il y a des choses encore un peu plus subtiles ou que tu voudrais développer ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parlais de Mme Allionus, je t'ai ramené le livre, la bible de l'entrepreneuriat social, en sachant que je l'ai lu ce livre-là. J'avais déjà ouvert Niki quelques années après. Enfin, quelques années avant, pardon. Oui, mais quand je l'ai lu, je me suis dit, mais enfin ! En fait, tout est écrit. J'ai juste à dire aux gens qui me parlent d'entrepreneuriat social et qui me disent qu'ils n'y comprenaient rien. J'ai juste à leur dire, lis ça et tu vas comprendre. On mettra la référence dans les notes. Oui, avec plaisir. En fait, c'est intéressant parce que tu vois dans le livre, il explique qu'il a accompagné plein d'entreprises, de grosses entreprises qu'on connaît justement. dans des modèles d'entrepreneuriat social. Et souvent, c'est des entreprises, ils donnent l'exemple de Danone, ils donnent l'exemple d'Uniclo. Ce n'est pas forcément que toute l'entreprise a basculé dans le mode de l'entrepreneuriat social, mais ils ont été curieux d'ouvrir une filiale avec une approche d'entrepreneuriat social dans un pays ou un autre pour voir ce que ça allait donner. Et déjà ça, c'est un premier pas. Oui. Déjà ça, c'est un premier pas.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que tu le faisais à échelle humaine, en fait. Enfin, à échelle individuelle, je veux dire. et se fixer des objectifs peut-être quand on continue. Quand on est une grande entreprise qui soit peut-être atteignable dans un temps pas trop long,

  • Speaker #0

    ça revient à la même chose pour l'humain. Exactement. Et s'il y a des chefs d'entreprise ou des personnes haut placées dans une entreprise qui écoutent ce qu'on est en train de se dire et qui se disent « Pourquoi pas, moi j'aimerais bien être plus de social dans mon entreprise, mais je ne sais pas par où commencer. » Ou justement des managers dans des grosses boîtes qui se disent « Moi j'aimerais bien… » A voir un peu ça, je pense que j'ai peut-être la possibilité de pousser un nouveau projet, mais il faut que j'arrive à le cadrer d'abord pour pas qu'on me prenne pour un illuiné. Ce livre-là, c'est vraiment la base à lire pour pouvoir montrer qu'il y a d'autres grosses entreprises respectées sur la place qui ont suivi cette option-là, qui ont mis en œuvre des actions concrètes en se faisant accompagner justement par l'entreprise de conseil de Mohamed Youlouz sur ce sujet-là. En fait, ce n'est pas obligé d'être toute une entreprise qui pivote directement vers le modem et l'entrepreneuriat social. Ça peut vraiment être une action locale sur un écosystème particulier, etc. Par rapport à ce que tu demandais sur est-ce qu'il y a des aspects de l'entrepreneuriat social qui ne sont pas encore assez conscientisés ou connus, dans ce livre-là, il y a une citation que j'adore. Je te la fais en version française. Alors, on fait les deux. On fait international. Allez, on fait. Let's go global. Let's go ! En anglais, dans son livre, il met « If you approach the project in a social business manner, you will also give those you help the dignity and self-respect of being a vital part of the global economic system rather than mere words of charity. » Et la traduction française de tout ça, c'est « Si vous abordez le projet sous l'angle de l'entrepreneuriat social, vous donnerez aussi à ceux que vous aidez la dignité et le respect de soi qui découlent du fait d'être un élément vital du système économique global plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Et je trouve cette citation géniale. Pourquoi ? Parce qu'en fait, d'un seul coup, il remet la raison d'être du social au centre. C'est-à-dire que tout le monde parle des bénéficiaires. Super, mais les bénéficiaires eux-mêmes, ils en pensent quoi de tout ça ? Et quel message on renvoie à des personnes à qui on dit tu n'es pas en position de participer au système économique global, on va juste te donner, on va juste t'aider gratos. Comment est-ce qu'on peut les réintégrer sociétalement parlant à travers un modèle différent ? Et c'est ça aussi la mission de l'entrepreneuriat social. Nous, chez Niki, on a des parents qui payent un tarif. On presse le cours à perte. Donc forcément qu'ils ne payent pas le tarif qu'il faudrait qu'ils payent. Tu vois, s'ils ont une réduction de 75%, ils payent 25% du tarif, on perd de l'argent sur ces cours-là. Mais peu importe, en fait. Parce qu'eux reçoivent quand même une facture tous les mois, à la hauteur de ce qu'ils sont capables de payer. On ne les met pas dans une position qui peut leur renvoyer un message de dépendance. Et d'incapacité. Exactement. Tout ce modèle de l'entrepreneuriat social vise à remettre la mission au centre. Dans tout le livre, Mohamed Younous, il insiste sur, en fait, éclatez-vous avec le modèle tant que vous voulez, tant que vous ne perdez pas de vue votre mission. Et dans les scandales qu'on a pu voir récemment, que ce soit côté entreprise ou que ce soit côté social, on voit combien parfois la mission est perdue de vue. On voit ça. Et le modèle de l'entrepreneuriat social recentre un peu. Remets un peu l'église au milieu du village.

  • Speaker #1

    Le mot qui m'a vraiment marquée dans tout, et je pourrais l'encadrer comme ça, c'est dignité. J'ai adoré ce mot et de mettre ça au centre. Oui, la dignité humaine, la dignité de chacun, c'est tellement puissant. Et ça paraît tellement évident finalement que je me dis mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas commencé plus tôt ? Et d'ailleurs... Ça me permet la transition. Je me posais la question pour avoir récemment et m'être vraiment plongée un peu sur ces questions dans l'épisode précédent avec Laurence Hahn et puis avec Éric Julien sur les sociétés dites primaires, autochtones, premières, racines, peu importe comment on les appelle, qui selon nos modèles à nous ne se sont pas développées. Mais malgré tout, moi, j'ai quand même l'impression que dans ces organisations qui ne sont pas parfaites, il n'y a pas de miracle nulle part. Mais en tous les cas, il y a cette notion de durabilité, de solidarité, de dignité, de respect de soi, de l'autre, de la planète, du fonctionnement même de l'entreprise sociale qui est le groupe. Est-ce que tu as l'impression que l'économie sociale et solidaire, finalement, ne s'inspire pas ou ne trouverait pas un peu ses racines là-dedans et qu'on pourrait peut-être créer des formes de ponts entre les deux types d'organisations ? Bon, c'est un peu peut-être tiré par les cheveux, j'en sais rien, mais ça me fait quand même penser un peu à ça.

  • Speaker #0

    Je pense que l'entrepreneuriat social, il nous force à revenir un peu, remettre en question beaucoup de choses. Et dans ce sens-là, il nous force un peu à revenir aux fondamentaux. Ok, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je fais ça ? Quelles conséquences ça va avoir ? Etc. Et c'est des fondamentaux qu'on perd totalement dans un monde où on est inondé. de trop, d'abondance partout, etc. On a vite fait de perdre un peu la connexion avec tout ça. Surtout quand on vit dans des grandes villes. Tu vois, c'est drôle. Quand il y a eu, par exemple, le confinement, Paris s'est quand même vidé un peu d'une bonne partie de sa population. Ça dit aussi quelque chose de ce qu'on ressent. dans ces environnements qui ne sont pas naturels si à un moment on nous force à nous y arrêter. Tu vois ce que je veux dire ? Donc dans ce sens-là, oui, je peux y voir un lien. Après, c'est forcément très différent parce que la place de l'économie, par exemple, est complètement différente.

  • Speaker #1

    C'est juste dans la question, tu vois, le mot dignité m'a tellement sauté à l'oreille que c'est ça le lien que j'avais un peu envie de faire. Tout comme tu disais le lien entreprise... Personne individuelle, ça fait des ponts. Et dans ma tête, c'était ça, c'était que dans ces organisations-là, il y a au centre cette question de la dignité, du respect, de l'équilibre aussi entre hommes-femmes, entre les activités, les temps d'activité, etc. Donc finalement, il n'y a pas une économie telle que nous on l'imagine, mais c'était un peu ce côté circulaire qui... faisait tilt dans l'organisme.

  • Speaker #0

    Oui, je vois. Et puis, je pense que quand tu es sur une forme simplifiée de société, réduite au nécessaire de société, tu vas avoir deux priorités. Comment on fait pour manger, ce qui peut être derrière les fondamentaux de l'économie, et comment on fait pour juste être bien. Oui, ce qui va être derrière les fondamentaux du social. Finalement, dans ce sens-là, tu peux voir une forme de rapprochement.

  • Speaker #1

    Alors, Laure, tu vas où ? Tu as annoncé l'unbox ?

  • Speaker #0

    Alors, là, ça part normalement sur les presses aujourd'hui. Wow ! Voilà, ouais. Et le 13. Donc, non, ça sort tout début décembre. Génial, génial. Je touche du bois pour que...

  • Speaker #1

    Donc ça, ce n'est pas qu'un outil pédagogique, évidemment, c'est pour toi une façon de démocratiser le fait d'apprendre à apprendre. Et tu l'as dit tout à l'heure, c'est important aussi pour toi que les gens se sentent dignes, ben oui, pouvoir apprendre à apprendre. Quand on est petit et pas forcément dans un environnement qui est soutenant pour x ou y raisons, ben finalement, ça nous redonne notre propre puissance. Donc ça, c'est génial. Est-ce que... Pourquoi est-ce que c'est aussi important, même si tu l'as un peu déjà dit pour toi, de donner ces codes justement à des gens qui en sont parfois dépourvus ?

  • Speaker #0

    En fait, pour recontextualiser un petit peu le projet de la Learnbox, l'idée c'est que c'est un livre de méthodologie d'apprentissage, mais avec une approche complètement différente de ce qu'on a l'habitude de voir. En travaillant avec mes élèves au quotidien depuis bientôt huit ans, je vois qu'ils ont... La plupart du temps, zéro notion de méthodologie d'apprentissage, donc de comment apprendre à apprendre. Et le peu de fois où ils ont quelques bases, on leur a donné des outils et on leur a un peu dit « débrouille-toi pour t'en servir tout seul » . On ne leur a pas appris à faire le pont entre apprendre à apprendre d'un côté et leurs cours et leur matière scolaire de l'autre. Et ça, c'est un travail que j'ai beaucoup fait avec mes élèves. Mais je me suis dit, si c'est un besoin aussi courant pour les jeunes, et les moins jeunes d'ailleurs. Mais si c'est un besoin aussi courant, je ne peux pas tous les faire passer à mon bureau. En fait, ça ne va pas marcher. Donc, j'en prends le maximum sur moi, mais il faut aussi que je trouve d'autres moyens de faire passer le message. Et donc, du coup, tout le projet de la LearnVox, c'est ça. Donc, le sous-titre du livre, c'est « Ton année scolaire tient dans une boîte à chaussures » . L'idée, c'est en fait, à travers les différentes étapes du livre, de permettre aux élèves de construire leur... propres méthodologies d'apprentissage, de construire leurs propres outils, et de se rendre compte qu'une fois qu'ils ont bien construit leurs outils, tout rentre dans une boîte à chaussures, et donc cette sensation qu'ils ont au quotidien de « j'ai tout ça à réviser, je vais jamais arriver au bout, c'est impossible, faut pas faire rentrer 300 pages d'histoire dans ma tête » , ben en fait, ils ont pas en réalité 300 pages d'histoire à faire rentrer dans leur tête. Et donc, toute leur matière scolaire peut rentrer juste dans une boîte qu'on a tous chez nous, une boîte à chaussures. Je me suis peut-être éloignée de ta question initiale.

  • Speaker #1

    C'était pourquoi c'est important pour toi d'aller proposer cette compétence à ceux qui n'ont pas forcément...

  • Speaker #0

    En fait, le but du livre, c'est vraiment qu'il puisse être accessible forcément, comme je disais, à un plus grand nombre, mais aussi qu'il puisse être une continuité pour les élèves qui reçoivent déjà un petit peu cet accompagnement-là. C'est aussi ça qui rend cet élément-là important. parce qu'en fait il y a des élèves où parfois je vais les voir mais au moment où je leur donne cette explication là ils n'ont pas eu une bonne journée ou la semaine d'après je leur dis alors est-ce que tu as essayé d'utiliser ? Ah bah non je voulais ! Donc c'est de pouvoir aussi avoir un support de combo inuité et puis à nouveau sur le livre on va faire le même principe de réduction en fonction des revenus des foyers donc on a un tarif standard qui est aligné à ce que d'autres livres peuvent enfin au tarif auquel d'autres livres peuvent être Et puis, on va avoir des réductions qui vont à nouveau de 10 à 100 %. Donc, le livre va aussi être distribué gratuitement auprès de familles qui n'ont pas forcément le budget de l'acheter à tarif plein.

  • Speaker #1

    Du coup, me revient une question que je voulais te poser. Comment arrivent à toi ou à Niki les personnes qui n'ont aucun revenu ? Je pensais, par exemple, parce qu'on avait évoqué ça l'autre fois, des réfugiés ou des gens. Est-ce que toi, tu as des contacts avec des associations, justement ? Exactement.

  • Speaker #0

    On est en contact avec des associations qui aident directement ces bénéficiaires-là. On est aussi en contact avec des réseaux d'assistantes sociales. Parce qu'en fait, effectivement, au début, moi, je me suis dit « Ah, c'est super, on risque même d'avoir beaucoup trop de demandes côté social » . Et j'avais complètement sous-estimé un point qui est qu'on ne cherche pas des choses qu'on pense ne pas être accessibles pour nous. Donc en fait, j'ai quasiment jamais, enfin très très peu de fois, reçu des demandes. C'est arrivé peut-être cinq fois en bientôt huit ans d'activité, de recevoir des demandes de familles éligibles à des réductions directes. Tu vois, en fait, spontanément. Est-ce que tu vas faire des recherches pour un hôtel de luxe si tu sais que tu n'as pas les moyens de te le payer ?

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Bah non ! tu vas pas aller chercher quelque chose que tu peux pas avoir on aime pas trop la frustration de baisse donc on va quand même éviter de s'y surexposer donc en fait très vite je me suis rendu compte que ces familles bénéficiaires là ne nous cherchent pas donc c'est à nous d'aller les chercher et c'est là que tu vois aussi le côté un peu fou de l'entrepreneuriat social c'est que du coup nous on perd encore plus d'argent parce qu'on passe du temps à la démarche donc on perd encore plus d'argent pour concrétiser notre mission sociale et c'est de dire à quel point elle est dans notre ADN quand même Parce que si depuis tout à l'heure,

  • Speaker #1

    on n'a pas compris que tu étais engagée et que tu étais profondément convaincue du modèle, c'est qu'on n'a pas bien écouté. Recommencer depuis le début. Ouh, que je n'ai pas bien fait passer mon message. Non, non, c'est que ça n'aura pas été bien écouté, je peux te l'assurer. Tu parles très bien de ce que tu as envie de défendre et c'est génial de t'écouter. Et d'ailleurs, si tu voulais, toi, donner un conseil à quelqu'un qui hésite à se lancer dans un projet à impact social. Soit par peur de ne pas être légitime, soit de ne pas avoir des compétences, de se heurter à trop de résistance, parce que ça aussi, qu'elle soit, comment dire, justement économique ou administrative, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Que c'est important d'être accompagné, mais d'être bien accompagné.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc d'identifier vraiment des personnes qui peuvent porter un message qui résonne avec nous. Et si on a l'impression que la... La présentation qu'on nous fait de l'entrepreneuriat social n'est pas la bonne, n'est pas celle qui nous fait vibrer. Il ne faut pas hésiter à aller chercher d'autres acteurs, d'autres personnes qui connaissent le sujet, qui vont le présenter différemment et se faire aussi porter par des entrepreneurs peut-être qui ont déjà cette expérience-là, qui ont réussi à monter un modèle qui nous paraît juste. Moi, ça arrive que je reçoive des demandes de personnes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat social, qui me disent « j'ai vu que tu avais fait ça, est-ce qu'on pourrait aller boire un café ? J'aimerais vraiment bien qu'on en discute » . Je n'ai jamais dit non, en fait. Je confie. Donc non, je trouve ça hyper important. On n'est pas assez d'entrepreneurs sociaux. Les vrais entrepreneurs sociaux ne demandent que ça, de pouvoir, autour d'un café, former un petit peu les personnes qui pourront lancer des modèles similaires dans d'autres activités. moi des idées d'entreprise sociale j'en ai plein mais j'aurais pas assez d'une vie pour toutes les concrétiser donc si je peux aider d'autres entrepreneurs à y aller et à se lancer je me fais à chaque fois avec plaisir donc voilà se former mais se former c'est pas forcément par des formations hyper strictes et hyper chères d'ailleurs ça peut être via des livres celui qu'on mettra en référence ça peut être en allant voir des entrepreneurs sociaux qui ont une approche qui nous parle et qui nous fait vibrer Mais en tout cas, il ne faut pas avoir peur de se lancer parce que c'est une aventure juste extraordinaire et ô combien nécessaire. Je trouve que j'ai une chance folle au quotidien de me dire que je me sens utile. Et en plus, je ne suis pas dans un modèle à avoir peur tous les ans pour la survie de mon activité. Nous, la dépendance aux dons est de plus en plus faible d'année en année. La part de dons dans nos revenus diminue d'année en année. Et c'est aussi ce qui nous permet de se dire, en fait, à terme, oui, c'est possible. On a quand même ce pouvoir de dire, regardez, un autre modèle est possible. On compte sur l'entrepreneuriat social pour ça.

  • Speaker #1

    Wow, c'est génial. Je me dis, alors imagine dans dix ans, tu n'auras même pas mon âge, je pense encore. Qu'est-ce qui t'aura rendu la plus fière ? Quel changement t'auras aimé avoir contribué à changer, à modifier ? Ma phrase est très tordue, en fait. Mais j'ai compris, en fait. Voilà, j'espère que vous aussi.

  • Speaker #0

    Je pense en partie la continuité de qui me rend déjà fière aujourd'hui. Chaque année, quand on sort le rapport d'impact et que je vois que ça progresse, que ça progresse, je me dis, quand même, c'est cool. Ça valait la peine de galérer à certains moments. T'as eu ta petite dose de dopamine. Voilà, exactement, exactement. Une bonne dose de dopamine. Encore une expression française qu'il faut absolument... Ouais, kéinémisé. Voilà, c'est vrai. Non, Donc oui, clairement, tous les ans, quand on voit le rapport social sortir et qu'on voit le rapport d'impact sortir et qu'on voit la progression, qu'on augmente le nombre d'élèves qu'on accompagne, qu'on voit que la part de cours à tarif réduit ou gratuit augmente aussi d'année en année. Donc en fait, ça montre vraiment toute la part de cet impact dans notre quotidien. plus on avance, dans 10 ans, on aura accompagné, en touchant du bois pour qu'il existe toujours, on aura accompagné encore plus d'élèves vers ça. Donc ça, ce sera déjà énorme. Et puis oui, si on arrive à avoir d'autres projets, comme la Learnbox, comme d'autres, ce sera encore une maximisation de l'impact. Et puis si on arrive à semer ses graines, comme j'essaye de le faire à travers ton podcast aujourd'hui, pour convertir encore plus d'entrepreneurs à l'entrepreneuriat social. Alors là, pour moi, c'est déjà potes, quoi. Bingo. Ou un exact.

  • Speaker #1

    Bon, alors, un dernier éclat de voix ?

  • Speaker #0

    Oser, se lancer, ne pas avoir peur de l'échec, parce que ça, je le vois aussi bien chez les ados que j'accompagne que chez leurs parents ou d'autres adultes autour de moi. Parler même de ces échecs, en fait. et aligner, je pense, nos actions à nos convictions.

  • Speaker #1

    Wow. En tout cas, un grand, grand merci d'être venu nous parler avec enthousiasme, profondeur et précision aussi de cet aspect de l'entrepreneuriat. Merci beaucoup parce que c'est quelque chose vers lequel moi aussi, spontanément, j'ai envie de tendre. Et j'espère que ça aura donné aussi envie à plein d'autres de te suivre.

  • Speaker #0

    vraiment et qui n'hésitent pas à me contacter si c'est à créer parmi tes auditeurs des envies et des élans d'entrepreneuriat social voilà on ira boire un café super et bien on va se faire des grosses rencontres de café autour de toi elle tu viendras on viendra t'écouter les yeux grands ouverts et les oreilles hausses on viendra discuter paf ça marche merci merci beaucoup Laure à bientôt merci à toi

  • Speaker #1

    Qu'allez-vous faire de tout cela ? L'or vient nous montrer qu'on peut faturer selon les moyens de ses clients sans couler, qu'on peut choisir un modèle d'entreprise dans lequel les dividendes sont à réinjecter pour soutenir la mission, développer des projets comme celui de sa Landbox, qu'on peut en somme construire une économie qui respire autrement. Vous avez entendu les chiffres au début ? 18% de pauvreté, 1 enfant sur 4. Mais, mais, vous avez aussi entendu... une partie de la solution, un modèle qui fonctionne, qui s'autofinance et qui prouve que non, l'entrepreneuriat social n'est pas une utopie. Alors, il ne s'agit pas forcément pour tout le monde d'aller créer demain une entreprise sociale, mais je l'espère, peut-être regarderez-vous maintenant différemment la manière dont vous consommez. Parce que nous avons, en tant que consommatrices, consommateurs, un pouvoir incroyable, puisque c'est nous qui choisissons où. circule notre argent. Alors, peut-être qu'à l'issue de cet épisode, vous cesserez de croire aussi que la croissance ne se mesure qu'en PIB. Et enfin, eh bien, osons ensemble, l'or nous l'a proposé, lançons-nous et alignons nos actions à nos convictions. Alors justement, puisqu'on parle d'oser, eh bien, pour la première fois, Éclat de Voix sort de son petit cocon. et prend vie en live le 11 décembre au Côte d'Ibrie à Steinzel. Venez oser votre voix, l'or d'ailleurs sera parmi nous, et vous rencontrerez Laurence Hadd, Solène Silière, Sophie Jablonsky, Delphine Declare qui ont été des invités du podcast et qui viendront nous faire vivre une table ronde en mode popcorn pétillant, un exercice collectif pour parler vrai ensemble. Et puis, prendre un temps de partage et d'échange, parce que parler vrai, soyons très clairs, ça n'a rien, mais absolument rien d'une technique à maîtriser. C'est vraiment beaucoup plus de l'ordre d'oser révéler qui vous êtes. Alors, vous retrouverez toutes les informations sur le site, je mets le lien dans les notes de l'épisode. Et puis, il est peut-être temps, après avoir écouté l'or, de passer justement de l'écoute à l'action, et donc à la prise de parole. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix sociaux et solidaires.

Description

Ep 57- Laure Talavet-Omont: L'entrepreneuriat social : dignité, impact et croissance autrement


1 enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki, entreprise sociale de soutien scolaire nous plonge au cœur d’un modèle encore trop méconnu: l’entrepreneuriat social, celui qui combine activité économique et impact positif réel.


Elle raconte comment Nikky garantit la même qualité d’accompagnement pour tous les élèves, quels que soient les revenus des familles, et pourquoi ce modèle centré sur la dignité, la justice sociale et la mission devrait inspirer notre manière d’entreprendre.

Avec clarté et franchise, Laure déconstruit les fausses croyances autour de l’économie sociale, explique comment repenser la croissance, et partage sa vision d’un modèle où responsabilité, autonomie financière et impact s’articulent enfin.


On parle aussi de l’éco-anxiété des jeunes, de leur pouvoir d’action sous-estimé, des paradoxes de consommation, et de la façon d’aider les ados à se remettre en mouvement.

Elle dévoile enfin les coulisses de la Learnbox, son outil pour apprendre à apprendre, pensé comme une boussole pour celles et ceux qui manquent de repères, d’outils ou de confiance.


Retrouvez: Laure Talavet-Omont, fondatrice de Nyki (Société à Impact Sociétal certifiée)


Rejoignez-nous le 11 décembre pour "Osez votre voix" - le premier live Éclats de Voix au Kolibri, Steinsel. Laure y sera!

Infos et inscriptions ici: https://www.anneclairedelval.com/osez-votre-voix


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un enfant sur quatre. Au Luxembourg, un enfant sur quatre est menacé par le risque de pauvreté. 18% de la population au Luxembourg vit sous le seuil de pauvreté, pendant que les 20% les plus aisés vivent 4,7 fois mieux que les 20% les plus modestes. Alors oui, ce sont des chiffres, c'est froid, c'est abstrait, et pourtant ces chiffres, ils ont des visages, ils ont des cartables trop lourds. Des devoirs qui sont pas rendus ou qui sont rendus en retard faute d'aide à la maison, des rêves qui s'étiolent avant même d'avoir pu germer. Et ça me révolte. Mais comme je n'aime pas rester sur des constats aussi écœurants, ni avec la colère que ça suscite en moi, j'ai demandé à Laure Talavé-Humon de venir sur Éclat de Voix, le podcast des prises de paroles engagées qui donne aussi envie de s'exprimer, pour nous parler. solutions, nous donner de l'espoir et confirmer que oui, oui, oui, il est possible d'inventer un modèle économique plus respectueux, plus solide. Et j'ai rencontré Laure avant son mariage. Ce qui n'a aucun intérêt pour vous, j'en conviens, mais voilà, c'était rigolo. Et probablement à peu près au moment du lancement de son entreprise Niki. Elle n'a alors que 23 ans, elle sort d'une école de commerce prestigieuse et elle se lance directement dans l'entrepreneuriat social en fondant NIC, une entreprise qui est donc sociale et solidaire et qui rend les cours particuliers accessibles à tous. Familiés et aux réfugiés, même tuteur, même exigence, même dignité. Extraordinaire. Nous vivons, on ne va pas se le cacher. dans un monde qui passe son temps à opposer les gentilles associations contre les méchantes entreprises, la croissance contre la décroissance, le profit contre l'humain. Ce que j'ai trouvé génial avec Laure, c'est qu'elle refuse de choisir un camp et qu'elle trace un chemin, le sien, troisième voie, celui de l'entrepreneuriat social qui n'est ni charité, ni infantilisant, ni commerce qui exploite. C'est une économie qui tient debout financièrement et qui porte une mission sociale dans son ADN. Alors pourquoi est-ce que ce modèle reste une exception ? Pourquoi est-ce que ces oppositions dont on a parlé juste avant mènent à la situation où on peut observer des adolescents notamment, mais pas uniquement, qui sont éco-anxieux alors qu'ils continuent à acheter chez Shine ? Pourquoi est-ce qu'on continue de donner quelques centimes à droite à gauche ? Pour se donner bonne conscience pendant qu'on surconsomme, toutes ces questions n'ont pas forcément de réponse. Mais en tout cas, l'or déploie 8 années maintenant d'entrepreneuriat social au Luxembourg, des victoires, des incohérences et une obstination à ne jamais perdre de vue sa mission. Pour ça, son phare, c'est Mohamed Younous. Et quand il clignote, il lui dit sans cesse, donner aux personnes qu'on ait la dignité d'être partenaires. prenantes du système économique plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Génial ! Bienvenue donc dans Éclat de Voile. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, facilitatrice de ces prises de parole engagées. Bienvenue alors pour une discussion qui sera à la fois exigeante et généreuse sur l'économie que nous pourrions bâtir si nous cessions de croire qu'il faut toujours choisir entre viabilité et humanité. Bonjour Laure, bienvenue sur Éclat de Voix.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire, merci.

  • Speaker #0

    Laure, tu as créé Niki. Oui. Tu vas nous expliquer ce qu'est Niki en 2018, juste après tes études. Alors Niki, c'est quand même déjà une entreprise sur le modèle de l'entrepreneuriat social. Donc tu as deux choses à nous expliquer. Un, ce que c'est que Niki et deux, pourquoi. Tu as décidé de te lancer directement dans ce type d'entrepreneuriat dès le début de ta carrière en réalité.

  • Speaker #1

    Ça marche. Alors Niki, en fait, pour le nom, c'est les initiales de Now You Know It, parce que l'idée, c'était de remettre les apprenants au centre de leur expérience d'apprentissage. Et en fait, Niki est une entreprise sociale de soutien scolaire. Donc l'idée, c'est qu'on donne des cours particuliers pour des adolescents et des enfants de la primaire jusqu'à la fin du secondaire. Parfois aussi sur les premières années d'université. Et en fait, on adapte nos tarifs en fonction des revenus des foyers On a un tarif standard qui va être aligné à ce que proposent d'autres entreprises de soutien scolaire sur le marché, parce que ça reste un marché. Et ensuite, nous, on accorde des réductions qui vont de 10 à 100 %, donc des cours gratuits, en fonction de ce que les familles ont vraiment les moyens de payer, donc en fonction de leurs revenus imposables, en fait, pour prendre un critère le plus objectif possible. Toujours perfectible, mais le plus objectif possible. Et l'idée, c'est que nos tuteurs, eux, en revanche, sont payés exactement la même chose qu'ils allaient voir une famille qui paye le tarif standard ou une famille qui ne paye rien du tout. pour être sûr de donner vraiment la même qualité de service à tout le monde, indépendamment de leur milieu d'origine. Voilà, ça c'est sur la première partie de ta question, sur qui est Niki, et pour la partie sur l'entrepreneuriat social, en fait, souvent on a une assez mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. Ce que j'aime bien expliquer, c'est que c'est l'activité économique d'une entreprise classique et l'impact social ensemble d'une fondation ou d'une association. mais regroupés dans une seule structure. L'objectif, c'est que du coup, il y aura un impact social qui est dans l'ADN de la structure, au même titre qu'il y a un impact social dans l'ADN d'une ASBL ou d'une fondation, mais il y aura une autonomie financière beaucoup plus grande que ce que n'ont habituellement les associations ou les fondations qui dépendent des dons, en fait. Donc voilà, c'est les deux combinés dans une seule structure.

  • Speaker #0

    Alors justement, Niki est une société à impact sociétal certifié. Concrètement ? Qu'est-ce que ça change dans le quotidien d'une entrepreneur comme toi ?

  • Speaker #1

    Dès lors qu'on a un vrai modèle d'entrepreneuriat social, où on a cette activité économique, parce que la plus grande partie de nos revenus vient d'un chiffre d'affaires, pas de dons, même si on peut aussi en recevoir, mais la plus grande partie de nos revenus viennent de notre chiffre d'affaires. En fait, le statut de la société d'impact sociétal, ça nous permet d'avoir cette activité économique-là. qu'une ASBL ou une fondation par la nature même de ses statuts ne peut en principe pas avoir. Mais ça reconnaît aussi l'impact social qu'on a, parce qu'en fait, on a des aménagements fiscaux, etc. On n'a plus que la TVA à quoi on est soumis. Si c'est une société d'impact sociétal à 100% de part d'impact, ça fait un peu long, mais c'est le titre entier. Donc en fait, à partir du moment où les 100% de part d'impact, ça veut dire qu'on s'engage à ne pas reverser de dividendes. Tout ce qui aurait pu être des dividendes, On les réinjecte dans l'entreprise. pour pouvoir financer notre impact social. Et donc, comme on prend cet engagement-là, on est éligible à des allègements fiscaux parce que finalement, c'est un peu, si tu veux, comme si on considérait que les impôts qu'on aurait payés pour le bien commun, comme en fait, on participe à ce bien commun, ça vient nous permettre de financer cette partie-là de notre activité. Et donc, en fait, dans ce cadre-là, le statut de société d'impact sociétal, c'est le statut évident pour les vrais projets d'entrepreneurs et social.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu pourrais dire... que pour toi, c'est une forme de boussole, cette entreprenariat, cette forme d'entrepreneuriat, c'est particulier en réalité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est assez neuf en plus, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. C'est vrai que c'est assez récent. J'y vois une forme de boussole parce que c'est une boussole à la fois stratégique pour le côté autonomie financière la plus importante possible, donc ne pas dépendre uniquement des dons. Surtout à une période où on sait qu'il y a une vraie crise des donateurs. On a beaucoup de mal à avoir dans le secteur social suffisamment de dons par rapport aux actions ou suffisamment de financement public dans certains pays par rapport aux actions qu'on pourrait vouloir mettre en place. C'est effectivement une boussole stratégique à ce niveau-là, mais c'est aussi une boussole en termes de valeur. C'est-à-dire qu'on ne pourra pas arrêter notre impact social parce qu'il fait partie de nos statuts. On a un rapport d'impact tous les ans pour montrer justement l'impact qu'on a. Donc pour ce qui nous concerne, ça va être la proportion d'élèves qu'on accompagne à tarif réduit ou gratuit par rapport aux élèves qu'on accompagne au tarif standard. Ça va être le nombre d'heures qu'on preste à tarif réduit ou gratuit par rapport au nombre d'heures qu'on preste au tarif standard. Donc en fait, effectivement, ça nous permet de suivre un peu nos progrès aussi et les progrès sociaux qu'on cherche à mettre en œuvre. Et oui, c'est une boussole parce que c'est aussi une boussole dans l'image. qu'on renvoie aux autres, ça nous permet d'être aussi un des exemples d'entrepreneuriat social ou de possibilité d'entrepreneuriat social. Alors justement,

  • Speaker #0

    tu me permets la question suivante, quand tu dis en fait, parce que tu l'as dit tout à l'heure, donc une partie des familles payent plus que d'autres. Comment est-ce qu'au tout départ, tu as réussi à convaincre tes premiers clients de ce modèle-là ? Et est-ce que tu leur expliques à chaque... client comment ça se passe.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça, c'est exactement, là c'est toi qui me renvoie la velle et qui me permet la transition parfaite avec ma réponse. En fait, nos clients le savent sans le savoir, j'ai envie de te dire. C'est-à-dire que nous, depuis le début, en même temps qu'on indique dans notre processus d'accueil d'un nouveau client, en même temps qu'on indique le tarif standard de nos cours, il y a toujours une petite phrase qui accompagne, qui dit que tous nos services sont éligibles à des réductions en fonction des revenus des foyers. Donc en fait, les familles le savent parce qu'elles l'ont vu à ce moment-là sur une simple nuit, et la grande majorité l'oublie. Parce qu'en fait, quand ils l'ont lu, ils se sont dit « bon bah en fait, moi de toute façon, c'est pas pour ça que je viens et puis ça me concerne pas » . Donc voilà, ils l'ont lu un peu comme tu dis les conditions générales d'un service, tu vois. Et au bout de plusieurs mois ou quoi, ils l'ont généralement oublié. Et puis parfois, on a des parents, quand on a justement des invitations dans la presse ou dans un podcast comme le tien, on a des parents qui nous recontactent en disant « oh, je t'ai vu passer à tel endroit, mais je savais pas que vous faisiez ça, c'est trop bien » . Alors qu'en fait, techniquement, ils le savaient, mais c'est juste pas laissé dans leur champ de conscience. Parce que ce n'est pas pour ça qu'ils viennent, pour la majorité d'entre eux. Il y en a qui nous choisissent pour ça. Parmi les parents qui payent le tarif standard, il y en a qui nous choisissent parce qu'ils se disent « cet impact social-là, moi, ça vibre avec mes valeurs et je veux privilégier les entreprises qui ont un impact social. » Mais il y en a d'autres pour qui, en fait, ils viennent parce qu'on a bonne réputation sur la qualité du service qu'on fournit. Et tant mieux ! Et ils viennent pour la qualité de notre service avant tout.

  • Speaker #0

    Ok, donc la question que je me posais intrinsèquement, c'était est-ce que ça leur apporte quelque chose en plus ? plus que simplement le service rendu, à savoir l'aide aux devoirs, l'accompagnement scolaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais que ça participe à la bonne image qu'ils ont de nous et à la fidélité qu'ils peuvent avoir envers nous.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    quand même. C'est pas un critère de décision pour la grande majorité d'entre eux, je pense, en tout cas, mais c'est un critère de plus qui montre les valeurs qu'on défend chez Niki, en fait. Nous, dans notre vision du soutien scolaire, on met l'élève au centre, c'est même dans le nom de l'entreprise. et de la même façon, à partir du moment où on met l'humain au centre, on a mis l'humain dans toute cette diversité avant nos profits. Donc en fait, c'est dans la continuité des valeurs qu'on défend, mais même au quotidien, dans notre façon d'accompagner leurs enfants. Laure, maintenant, je vais ouvrir un robinet. Vas-y. Parce que quand on a préparé cet entretien,

  • Speaker #0

    tu m'as parlé de sortir des fausses vérités à propos de l'entrepreneuriat social. Alors, je te... donc j'ouvre le robinet, je te tends la perche, je ne sais pas quoi le problème, mais vas-y, lâche-toi, c'est quoi les idées reçues, celles qui te font le plus réagir, et qu'est-ce qu'on n'a pas encore compris sur ce modèle-là ? Moi, la première.

  • Speaker #1

    Je ne pense pas t'avoir parlé de cette expression-là en disant, je n'ai rien compris, mais, enfin, juste faire part. Non, non, non, rassurez-vous, chers auditeurs, ce n'était pas comme ça. En tout cas... Souvent, on a du mal justement à imaginer ce mélange dont je parlais tout à l'heure entre l'autonomie financière ou tendre vers l'autonomie financière, parce que nous, on reçoit aussi des dons qui permettent de faire vivre notre activité. Donc, je ne veux pas sous-estimer l'importance de ceux qui nous soutiennent. Mais en tout cas, c'est cette approche dans l'entrepreneuriat social de tendre vers l'autonomie financière tout en maximisant l'impact social. On a beaucoup de mal, on vit quand même encore dans un monde où c'est les méchantes entreprises d'un côté et les gentilles associations de l'autre. Et on a beaucoup de mal à penser qu'il puisse y avoir une solution intermédiaire entre les deux. Et je te donne un exemple très concret des interactions qu'on voit et qu'on projette en tant que société entre les deux. Beaucoup d'associations qui veulent avoir des campagnes de récolte de fonds assez proactives, pour ne pas dire agressives. vont en fait privilégier le fait d'aller en plein milieu des centres commerciaux ou des rues commerçantes en plein samedi après-midi. Ou là, maintenant qu'on est mi-novembre, on reçoit plein de lettres dans nos boîtes aux lettres d'associations qui veulent profiter un peu de la période pour recevoir des dons. Alors on peut se dire, oui, mais c'est parce que Noël, c'est la période de générosité, etc. Si tu couples les deux exemples que je viens de te donner, En réalité, c'est surtout qu'ils viennent faire vibrer notre culpabilité d'hyperconsommation. Donc en gros, quand ils sont en plein milieu d'une rue commerçante hyper chargée, toi tu vas t'acheter, enfin toi pas personnellement, mais voilà, on va s'acheter deux t-shirts H&M, on va s'acheter trois pantalons Zara, dont on n'a absolument pas besoin parce qu'on en a déjà beaucoup trop dans nos armoires. On se dit, quand même, je sais très bien que c'est fabriqué dans des conditions déplorables et que ça exploite un peu des personnes qui sont dans des conditions difficiles. Mais c'est pas grave, parce que ma balance personnelle de bonnes actions versus mauvaises actions va être équilibrée par cette personne qui me donne l'occasion de m'acheter Bonne Conscience et qui est juste à la sortie du magasin.

  • Speaker #0

    Tu vois, l'équilibre, j'achète ma bonne conscience.

  • Speaker #1

    Voilà. Et de la même façon, en fait, Noël, c'est vrai qu'à la base, c'est une fête de solidarité. Mais aujourd'hui, dans l'écrasante majorité des cas, c'est surtout une fête commerciale. Et de la même façon, en fait, on rentre à partir de maintenant, mi-novembre, dans une période d'hyperconsommation énorme, une des périodes où les familles explosent le plus leur budget. Et en parallèle de cette hyperconsommation, on reçoit ces lettres qui arrivent un peu en même temps que les colis, tu vois.

  • Speaker #0

    Je vois, je vois.

  • Speaker #1

    Et c'est vraiment quelque chose qui montre justement ce lien qu'on fait entre les deux, tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, un petit peu comme, tu sais, maintenant, de plus en plus dans les magasins, tu peux arrondir à une somme supplémentaire quelques centimes qui vont être versés à ces actes. C'est un peu pareil. Oui, finalement, je donne quelques centimes. Pendant ce temps-là, je me sens mieux, mais j'ai quand même un caddie plein.

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. Et en fait, le modèle de l'entrepreneuriat social qui vient faire ce... pont entre les deux et ne plus créer cette interdépendance parce qu'en fait, tu vois, ça crée une interdépendance, c'est-à-dire que beaucoup d'associations vivent de dons d'entreprises qui ne sont pas forcément toujours réputées pour leur modèle social particulièrement respectueux ou exemplaire, exactement. Et donc, ces dons-là viennent un peu racheter une bonne image à l'entreprise qui, généralement, rebondit sur l'occasion pour montrer qu'elle soutient des œuvres caritatives et de l'autre. de côté, l'association dépend énormément financièrement. Donc ce modèle-là, il devient un peu usé. On témoigne la crise de confiance des donateurs, d'ailleurs, parce qu'il y a eu des scandales du côté associatif, parce qu'il y a eu des scandales aussi de greenwashing, comme on dit, d'entreprises qui ont mis en avant des actions qui n'étaient peut-être pas aussi sociales ou environnementales que ce qu'elles le prétendaient. Et voilà, tout ça a créé une grosse crise de confiance qui nécessite un modèle qui va rééquilibrer un petit peu tout ça. Pour reprendre ta question d'origine, la plus grosse méconception, elle est autour de ça et autour du fait de penser du coup que soit l'entrepreneuriat social, c'est une entreprise avec une très bonne stratégie RSE, tu vois, avec une très bonne stratégie de responsabilité sociale des entreprises. Soit c'est une association qui va aller vendre des goodies à Ausha droite. On a du mal à imaginer que les deux soient vraiment ensemble. Et surtout, nous, tu vois, c'est exactement le même service, mais c'est notre... tarifs qui changent et le fait de ne pas avoir séparé les deux, l'activité économique et l'impact social, que c'est vraiment tout dans la même boucle, il y a beaucoup de personnes pour qui c'est un peu surprenant quand on l'explique.

  • Speaker #0

    On en a parlé aussi avant, mais dans l'écosystème économique luxembourgeois, tu côtoies forcément des acteurs qui défendent ardemment, pour ne pas dire autrement, la croissance. Quand toi, tu parles, parce que c'est naturel de faire grandir Niki, quel sens, toi, tu vas mettre derrière ce fameux mot croissance ? Et puis, quel rôle ? C'est une autre question aussi, ça. Quel rôle peuvent jouer les consommateurs pour soutenir le type de croissance que toi, tu as envie d'insuffler et qu'eux, ils ont peut-être envie de voir dans le monde ?

  • Speaker #1

    En fait, derrière le terme de croissance, on a toujours mis un peu la croissance. principalement mis la croissance économique. En tout cas, moi, dans le regard très extérieur que j'ai à ça, parce que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'économie, mais on pense beaucoup à la croissance d'un point de vue croissance économique. Pour moi, à nouveau, si on voit toujours la croissance économique seulement comme une croissance financière au détriment du social, forcément, on arrive à une situation où on connaît tous l'état dans lequel la planète est, on est tous conscients qu'il y a des besoins de changement. radicaux et rapides par rapport à ça parce qu'on va dans une situation quand même très... un mur, voilà, quand même très négative. Pour moi, en fait, c'est un... comment dire... un équilibre à trouver quand on parle de croissance entre une croissance économique mais au profit d'une action sociale. Tu vois, avec tout ce que je viens de t'expliquer sur la question que tu m'as posée avant, voir n'y croître, c'est... Pas un problème parce que oui, on a plus de revenus d'année en année, on a un chiffre d'affaires qui est en constante augmentation. Et quelque part, c'est heureux parce que ça veut dire qu'on a aussi un impact social qui est de plus en plus grand d'année en année. Oui, on accompagne de plus en plus d'élèves à tarifs standards, mais on accompagne aussi de plus en plus d'élèves à tarifs réduits ou gratuits. Donc en fait, le problème, ce n'est pas tant la croissance telle qu'on la conçoit, c'est-à-dire juste une augmentation, qu'est-ce qu'elle vient soutenir cette croissance-là ? Parce que finalement, on a aussi tout un modèle social qui repose pour le moment dans la façon dont il est financé sur la croissance. Donc c'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup de personnes qui sont alarmées. ça. Parce que si c'est un refus de croissance qui viendrait remettre en question du coup des acquis sociaux, etc., parce qu'on n'a plus les moyens de les financer, évidemment,

  • Speaker #0

    personne n'a envie d'y aller.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Donc, c'est un équilibre à trouver. Ce n'est pas forcément se dire « Ah bah, la croissance, parce que la croissance, c'est le mal » , mais peut-être se dire « Ok, comment est-ce qu'on peut croître dans une logique de responsabilité partagée ? » Tu vois ? En tout cas, c'est la vision que j'en ai en tant qu'entrepreneur social.

  • Speaker #0

    Et alors, question un peu plus de curiosité, est-ce que tu as eu l'occasion d'avoir des échanges avec des gens qui n'ont pas ces points de vue-là ? Et est-ce que tu as l'impression que c'est possible d'avoir un dialogue ou pas ? Ou tu n'as pas eu ça de tes expériences ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas eu de façon hyper frontale, mais l'expérience la plus proche que j'ai de ça, c'est que justement, en expliquant le principe de l'entrepreneuriat social tel que je viens de te l'expliquer là, j'arrive à avoir un dialogue aussi bien côté associatif. que côté entrepreneur. C'est un modèle qui génère l'intérêt de tout le monde parce qu'il vient consolider les visions du monde de tout le monde.

  • Speaker #0

    Alors, ça voudrait dire que, si tu dis ça, il faudrait qu'on le pousse. Ça serait bien. Est-ce que c'est vraiment le cas ?

  • Speaker #1

    Pas assez, sans doute. Mais parce qu'on a à nouveau une très mauvaise compréhension de ce qu'est l'entrepreneuriat social. C'est difficile de pousser quelque chose à partir du moment où on l'a mal compris.

  • Speaker #0

    C'est heureux, on est là. pour le faire magnifique, chouette et en parler. C'est l'objectif du podcast. On parlait aussi tout à l'heure de consommation un peu effrénée. Et tu le dis parce qu'évidemment, tu as un public d'enfants, jeunes, ados, jeunes adultes, que sais-je. Mais en tout cas, tu as pas mal d'enfants jeunes avec toi dans ton public. Et tu observes chez eux. Ce que Florence Bossetmeyer nous avait déjà expliqué il y a quelques mois de ça dans un podcast sur l'éco-lucidité, mais une forme d'éco-anxiété, et paradoxalement une surconsommation. On voit bien le scandale Cheyne en France, mais qui est pour moi le sommet de l'iceberg. Comment est-ce qu'on peut, avec ta vision éducative justement, qui est franchement intéressante, sortir de cette espèce de contradiction pour aller vers quelque chose qui serait plus... plus sustainable et actionnable aussi, de se mettre en action, d'aider les jeunes à se mettre en mouvement.

  • Speaker #1

    Pour ce qui concerne les adolescents, parce que j'en ai tous les après-midi à bâter de moi, donc effectivement, je vois très bien le sujet qu'ils ont eux autour de ça. En fait, très souvent, effectivement, ils ont une éco-anxiété très forte parce que Il y a quand même un discours ambiant qui est extrêmement pessimiste, extrêmement... inquiétant. Donc, ils le ressentent. Et ils sentent aussi tout le côté... Tu parlais tout à l'heure d'aller droit dans le mur. Eux, ils entendent aussi ça et ils se disent, en fait, c'est mon avenir qui va droit dans le mur. Parce que moi, j'ai 14, 15, 16 ans. Et c'est de moi dont on parle, en fait, quand on dit, on va droit dans le mur. Donc, pour eux, c'est effectivement extrêmement anxiogène et ils se sentent complètement démunis. Parce que beaucoup se disent, ouais, mais moi, je suis qu'un ado. On me dit suffisamment souvent au quotidien que de toute façon, je ne veux pas mon mot au chapitre. Donc en fait, ils ont un peu cette impression d'avoir aucun champ d'action possible. Et là-dessus, je leur fais souvent le même type de remarques. Je leur demande où est-ce qu'eux ont un pouvoir d'achat. Alors en général, ils me disent, je n'ai pas de salaire, donc moi, je n'ai pas de pouvoir d'achat. Ils me posent des questions débiles aujourd'hui. Et après, je leur fais observer. Je leur dis, OK, est-ce que tes parents vont... acheté des céréales qu'ils savent pertinemment que tu ne mangeras pas. Bah non. Ok. Donc tu influences tes parents. C'est tes parents qui payent, certes, mais tu influences tes parents sur ce qu'ils vont t'acheter en céréales. On continue la logique. Est-ce qu'ils vont t'acheter des vêtements que tu ne porteras pas ? Non. Donc en fait, pareil, tu as un pouvoir décisionnel important, même si c'est pas ta carte bleue qui passe. Tu as un pouvoir décisionnel important sur le choix de tes vêtements. Ok, et on fait un peu le tour comme ça. déjà là en général, eux qui étaient assez avachis, je vois qu'ils commencent à se redresser en disant « Ah ouais, en fait j'ai du pouvoir, c'est cool ! » Et on continue un peu comme ça, et je leur dis « Ok, tu ressens une grande anxiété par rapport à tout ça, est-ce qu'on peut faire un petit état des lieux, des décisions que tu prends actuellement en termes d'achat ? » Donc je regarde un petit coup les marques de chaussures, en général on tente sur du Nike, Adidas, des marques qui ont quand même eu des scandales assez importants pour ce qui concerne Nike, il y a quand même quelques années. On n'a pas oublié qu'une usine s'est effondrée dans des conditions catastrophiques et on a découvert l'envers du décor de cette marque. Moi, ça me fascine que ça n'ait pas davantage nuit à l'image que Nike a aujourd'hui auprès du consommateur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que Nike ne vend pas une chaussure, en fait, il vend du rêve. Donc, il a revendu du rêve sur du rêve et il a détourné la tension. Mais on continue à être dans ce modèle-là avec des stars, avec une mise en avant sur des tournois de sport. Exactement. On a noué le poisson.

  • Speaker #1

    Mais c'est là où je trouve que le consommateur a quelque chose entre une responsabilité et un pouvoir énorme. Nous sommes d'accord. de ne pas fermer les yeux et surtout de dire, en fait, nous, on ne veut plus ça. Et moi, l'argument qu'on m'oppose souvent, c'est un argument de budget. Mais en fait, c'est un argument qui n'est que partiel pour plusieurs raisons. Parce que déjà, si on compare une paire de Nike à des vêtements d'une petite marque fabriquée au Portugal, on est sur les mêmes tarifs. Donc, ce n'est pas un argument qui tient. Et ensuite, si on prend, par exemple, Decathlon, tu vois, c'est une marque qui, justement, a une excellente image. pourtant récemment aussi sur Décathlon elle a eu des scandales humains ou environnementaux assez importants en fait c'est une marque qui a une image incroyable parce que tout le monde dit Décathlon ça rend le sport accessible aux personnes qui n'ont pas forcément les moyens de se payer des vêtements de sport hyper cher mais en fait là pareil on arrive en novembre tu vas à Décathlon, tu vas retrouver énormément de rayons en lien avec le ski le ski est un sport de riches en fait. Donc c'est hyper intéressant de voir ce décalage, tu vois, où on dit moi j'adore Décathlon parce que Décathlon ça rend le sport accessible à tous et à certaines périodes, tu vas voir les rayons de Décathlon remplis pour plus de la moitié par des objets qui ne sont utiles qu'à un pourcentage infime de la population et un pourcentage aisé. Et un pourcentage infime de temps parce que tu vois le temps qu'on va passer au ski va devenir de plus en plus réduit.

  • Speaker #0

    Je dis ça, je ne dis rien.

  • Speaker #1

    Donc tu vois, c'est hyper intéressant de voir ces incohérences-là. Et je pense effectivement qu'on a notre part de responsabilité en tant que consommateur à un moment de se dire, est-ce que j'ai vraiment besoin de tout ça ? On a notre part de travail à faire parce qu'on s'est habitué en réalité, parce qu'on a un côté un peu shopping doudou, tu vois, où on va aller acheter pour se réconforter d'un problème, pour oublier un petit truc qui nous a chagriné. Donc on a ce comportement compulsif. et je le dénonce pour l'avoir vécu moi-même aussi je veux dire et je travaille encore j'ai travaillé et je travaille encore sur moi-même pour réduire un peu cette tendance là mais voilà je pense que c'est des responsabilités partagées oui c'est une tendance qu'on voit dans tous les domaines hier c'était il y avait la

  • Speaker #0

    suite du festival alimentaire avec la projection d'un film sur le lait c'est ça combien de litres de lait je bois ou je buvais ? Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce que j'ai mangé autant de yaourt ? Enfin, c'est toutes ces considérations et comment c'est fait par derrière. Donc, c'est clair. Mais est-ce que ça, les jeunes, ils arrivent à un petit peu l'entendre et à se mobiliser ou à changer un peu des choses ?

  • Speaker #1

    Je trouve que oui, parce que souvent, quand on a cette discussion-là avec eux, j'essaie vraiment de les pousser vers une forme de plan d'action. Et je leur dis beaucoup, il ne s'agit pas, parce qu'il y en a beaucoup qui disent, oui, mais moi, de toute façon, je ne veux pas tout changer du jour au lendemain. Et je leur donne mon exemple personnel, je leur explique les étapes par lesquelles je suis passée, moi, petit à petit, pour aller vers ce vers quoi j'avais envie d'aller, sans être dans la perpétuelle frustration. Parce que ce n'est pas le but non plus. Et c'est intéressant que tu rebondisses sur l'idée du festival alimentaire et l'aspect yaourt et produits laitiers, etc. En fait, tu vois, je pense qu'on a chacun... nos propres sensibilités sur ce qui va nous paraître prioritaire. Et pour certains, le prioritaire, ça va être de devenir végétarien, pour d'autres... Alors, il y a à la fois une notion de prioritaire et une notion de ce qui te paraît le plus réaliste à ton échelle et ce qui te paraît avoir le plus d'impact par rapport à ce que toi, tu peux mettre en œuvre. Et ça, c'est des questions de sensibilité personnelle. Il y en a qui vont préférer agir sur un levier, d'autres qui vont agir sur un autre. J'ai envie de te dire, à la limite, peu importe tant qu'on se met tous un peu en action. Oui, tu vois, pour moi, le premier point, c'est là, parce que j'entends tellement cette position de oui, mais de toute façon, même si moi, j'arrête, en fait, le truc va continuer. Oui et non. Et à la limite, il ne faut pas minimiser non plus la satisfaction personnelle, je trouve, parce qu'en fait, de tout ça, on en parle de manière très négative. Très souvent. C'est vrai, c'est vrai. Et ce qui est toujours renoncer. J'aime aussi. Et je trouve qu'on devrait mettre beaucoup plus en avant la satisfaction personnelle. qu'on peut retirer à se rendre compte qu'on s'est fixé un objectif, qu'on l'a atteint, que c'est un objectif qu'on s'est fixé sur le long terme, par exemple, parce qu'on peut se fixer un objectif sur un an, se dire là c'est bientôt la période des bonnes résolutions, de se dire, moi l'année prochaine, je décide que... Si je donne des exemples que j'ai tenus en application personnellement, je décide que je n'achèterai plus que des vêtements fabriqués en Europe. Je décide que je n'achèterai pas plus que X vêtements sur l'année.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est des choix qu'on peut faire, pas forcément les deux la même année, évidemment, pour se mettre à nouveau des objectifs réalistes. Mais quel bonheur d'atteindre ces objectifs-là, des objectifs sur le temps long alors qu'on vit dans une société de l'instantané. Et notre cerveau, en plus, le pic de dopamine, et ça a été étudié, le pic de dopamine est bien plus important, donc l'hormone du bonheur est beaucoup plus importante quand on a atteint... un objectif en ayant dû y bosser dur et pendant longtemps que dans les gratifications instantanées. Donc en fait, on en tirera une satisfaction personnelle beaucoup plus importante, mais on ne le présente pas assez souvent comme ça, je crois.

  • Speaker #1

    Alors, en parlant de choses qui ont inspiré, toi, tu as justement utilisé beaucoup les théories de Muhammad Yunus sur le social business. Donc, si tu devais expliquer à quelqu'un qui ne connaît rien... En quoi ce modèle ou ces théories peuvent vraiment transformer nos sociétés en étant plus que simplement une bonne action à faire ? Sachant que tu nous as déjà pas mal expliqué, est-ce qu'il y a des choses encore un peu plus subtiles ou que tu voudrais développer ?

  • Speaker #0

    Justement, tu parlais de Mme Allionus, je t'ai ramené le livre, la bible de l'entrepreneuriat social, en sachant que je l'ai lu ce livre-là. J'avais déjà ouvert Niki quelques années après. Enfin, quelques années avant, pardon. Oui, mais quand je l'ai lu, je me suis dit, mais enfin ! En fait, tout est écrit. J'ai juste à dire aux gens qui me parlent d'entrepreneuriat social et qui me disent qu'ils n'y comprenaient rien. J'ai juste à leur dire, lis ça et tu vas comprendre. On mettra la référence dans les notes. Oui, avec plaisir. En fait, c'est intéressant parce que tu vois dans le livre, il explique qu'il a accompagné plein d'entreprises, de grosses entreprises qu'on connaît justement. dans des modèles d'entrepreneuriat social. Et souvent, c'est des entreprises, ils donnent l'exemple de Danone, ils donnent l'exemple d'Uniclo. Ce n'est pas forcément que toute l'entreprise a basculé dans le mode de l'entrepreneuriat social, mais ils ont été curieux d'ouvrir une filiale avec une approche d'entrepreneuriat social dans un pays ou un autre pour voir ce que ça allait donner. Et déjà ça, c'est un premier pas. Oui. Déjà ça, c'est un premier pas.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que tu le faisais à échelle humaine, en fait. Enfin, à échelle individuelle, je veux dire. et se fixer des objectifs peut-être quand on continue. Quand on est une grande entreprise qui soit peut-être atteignable dans un temps pas trop long,

  • Speaker #0

    ça revient à la même chose pour l'humain. Exactement. Et s'il y a des chefs d'entreprise ou des personnes haut placées dans une entreprise qui écoutent ce qu'on est en train de se dire et qui se disent « Pourquoi pas, moi j'aimerais bien être plus de social dans mon entreprise, mais je ne sais pas par où commencer. » Ou justement des managers dans des grosses boîtes qui se disent « Moi j'aimerais bien… » A voir un peu ça, je pense que j'ai peut-être la possibilité de pousser un nouveau projet, mais il faut que j'arrive à le cadrer d'abord pour pas qu'on me prenne pour un illuiné. Ce livre-là, c'est vraiment la base à lire pour pouvoir montrer qu'il y a d'autres grosses entreprises respectées sur la place qui ont suivi cette option-là, qui ont mis en œuvre des actions concrètes en se faisant accompagner justement par l'entreprise de conseil de Mohamed Youlouz sur ce sujet-là. En fait, ce n'est pas obligé d'être toute une entreprise qui pivote directement vers le modem et l'entrepreneuriat social. Ça peut vraiment être une action locale sur un écosystème particulier, etc. Par rapport à ce que tu demandais sur est-ce qu'il y a des aspects de l'entrepreneuriat social qui ne sont pas encore assez conscientisés ou connus, dans ce livre-là, il y a une citation que j'adore. Je te la fais en version française. Alors, on fait les deux. On fait international. Allez, on fait. Let's go global. Let's go ! En anglais, dans son livre, il met « If you approach the project in a social business manner, you will also give those you help the dignity and self-respect of being a vital part of the global economic system rather than mere words of charity. » Et la traduction française de tout ça, c'est « Si vous abordez le projet sous l'angle de l'entrepreneuriat social, vous donnerez aussi à ceux que vous aidez la dignité et le respect de soi qui découlent du fait d'être un élément vital du système économique global plutôt que de simples bénéficiaires de la charité. Et je trouve cette citation géniale. Pourquoi ? Parce qu'en fait, d'un seul coup, il remet la raison d'être du social au centre. C'est-à-dire que tout le monde parle des bénéficiaires. Super, mais les bénéficiaires eux-mêmes, ils en pensent quoi de tout ça ? Et quel message on renvoie à des personnes à qui on dit tu n'es pas en position de participer au système économique global, on va juste te donner, on va juste t'aider gratos. Comment est-ce qu'on peut les réintégrer sociétalement parlant à travers un modèle différent ? Et c'est ça aussi la mission de l'entrepreneuriat social. Nous, chez Niki, on a des parents qui payent un tarif. On presse le cours à perte. Donc forcément qu'ils ne payent pas le tarif qu'il faudrait qu'ils payent. Tu vois, s'ils ont une réduction de 75%, ils payent 25% du tarif, on perd de l'argent sur ces cours-là. Mais peu importe, en fait. Parce qu'eux reçoivent quand même une facture tous les mois, à la hauteur de ce qu'ils sont capables de payer. On ne les met pas dans une position qui peut leur renvoyer un message de dépendance. Et d'incapacité. Exactement. Tout ce modèle de l'entrepreneuriat social vise à remettre la mission au centre. Dans tout le livre, Mohamed Younous, il insiste sur, en fait, éclatez-vous avec le modèle tant que vous voulez, tant que vous ne perdez pas de vue votre mission. Et dans les scandales qu'on a pu voir récemment, que ce soit côté entreprise ou que ce soit côté social, on voit combien parfois la mission est perdue de vue. On voit ça. Et le modèle de l'entrepreneuriat social recentre un peu. Remets un peu l'église au milieu du village.

  • Speaker #1

    Le mot qui m'a vraiment marquée dans tout, et je pourrais l'encadrer comme ça, c'est dignité. J'ai adoré ce mot et de mettre ça au centre. Oui, la dignité humaine, la dignité de chacun, c'est tellement puissant. Et ça paraît tellement évident finalement que je me dis mais pourquoi est-ce qu'on n'a pas commencé plus tôt ? Et d'ailleurs... Ça me permet la transition. Je me posais la question pour avoir récemment et m'être vraiment plongée un peu sur ces questions dans l'épisode précédent avec Laurence Hahn et puis avec Éric Julien sur les sociétés dites primaires, autochtones, premières, racines, peu importe comment on les appelle, qui selon nos modèles à nous ne se sont pas développées. Mais malgré tout, moi, j'ai quand même l'impression que dans ces organisations qui ne sont pas parfaites, il n'y a pas de miracle nulle part. Mais en tous les cas, il y a cette notion de durabilité, de solidarité, de dignité, de respect de soi, de l'autre, de la planète, du fonctionnement même de l'entreprise sociale qui est le groupe. Est-ce que tu as l'impression que l'économie sociale et solidaire, finalement, ne s'inspire pas ou ne trouverait pas un peu ses racines là-dedans et qu'on pourrait peut-être créer des formes de ponts entre les deux types d'organisations ? Bon, c'est un peu peut-être tiré par les cheveux, j'en sais rien, mais ça me fait quand même penser un peu à ça.

  • Speaker #0

    Je pense que l'entrepreneuriat social, il nous force à revenir un peu, remettre en question beaucoup de choses. Et dans ce sens-là, il nous force un peu à revenir aux fondamentaux. Ok, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je fais ça ? Quelles conséquences ça va avoir ? Etc. Et c'est des fondamentaux qu'on perd totalement dans un monde où on est inondé. de trop, d'abondance partout, etc. On a vite fait de perdre un peu la connexion avec tout ça. Surtout quand on vit dans des grandes villes. Tu vois, c'est drôle. Quand il y a eu, par exemple, le confinement, Paris s'est quand même vidé un peu d'une bonne partie de sa population. Ça dit aussi quelque chose de ce qu'on ressent. dans ces environnements qui ne sont pas naturels si à un moment on nous force à nous y arrêter. Tu vois ce que je veux dire ? Donc dans ce sens-là, oui, je peux y voir un lien. Après, c'est forcément très différent parce que la place de l'économie, par exemple, est complètement différente.

  • Speaker #1

    C'est juste dans la question, tu vois, le mot dignité m'a tellement sauté à l'oreille que c'est ça le lien que j'avais un peu envie de faire. Tout comme tu disais le lien entreprise... Personne individuelle, ça fait des ponts. Et dans ma tête, c'était ça, c'était que dans ces organisations-là, il y a au centre cette question de la dignité, du respect, de l'équilibre aussi entre hommes-femmes, entre les activités, les temps d'activité, etc. Donc finalement, il n'y a pas une économie telle que nous on l'imagine, mais c'était un peu ce côté circulaire qui... faisait tilt dans l'organisme.

  • Speaker #0

    Oui, je vois. Et puis, je pense que quand tu es sur une forme simplifiée de société, réduite au nécessaire de société, tu vas avoir deux priorités. Comment on fait pour manger, ce qui peut être derrière les fondamentaux de l'économie, et comment on fait pour juste être bien. Oui, ce qui va être derrière les fondamentaux du social. Finalement, dans ce sens-là, tu peux voir une forme de rapprochement.

  • Speaker #1

    Alors, Laure, tu vas où ? Tu as annoncé l'unbox ?

  • Speaker #0

    Alors, là, ça part normalement sur les presses aujourd'hui. Wow ! Voilà, ouais. Et le 13. Donc, non, ça sort tout début décembre. Génial, génial. Je touche du bois pour que...

  • Speaker #1

    Donc ça, ce n'est pas qu'un outil pédagogique, évidemment, c'est pour toi une façon de démocratiser le fait d'apprendre à apprendre. Et tu l'as dit tout à l'heure, c'est important aussi pour toi que les gens se sentent dignes, ben oui, pouvoir apprendre à apprendre. Quand on est petit et pas forcément dans un environnement qui est soutenant pour x ou y raisons, ben finalement, ça nous redonne notre propre puissance. Donc ça, c'est génial. Est-ce que... Pourquoi est-ce que c'est aussi important, même si tu l'as un peu déjà dit pour toi, de donner ces codes justement à des gens qui en sont parfois dépourvus ?

  • Speaker #0

    En fait, pour recontextualiser un petit peu le projet de la Learnbox, l'idée c'est que c'est un livre de méthodologie d'apprentissage, mais avec une approche complètement différente de ce qu'on a l'habitude de voir. En travaillant avec mes élèves au quotidien depuis bientôt huit ans, je vois qu'ils ont... La plupart du temps, zéro notion de méthodologie d'apprentissage, donc de comment apprendre à apprendre. Et le peu de fois où ils ont quelques bases, on leur a donné des outils et on leur a un peu dit « débrouille-toi pour t'en servir tout seul » . On ne leur a pas appris à faire le pont entre apprendre à apprendre d'un côté et leurs cours et leur matière scolaire de l'autre. Et ça, c'est un travail que j'ai beaucoup fait avec mes élèves. Mais je me suis dit, si c'est un besoin aussi courant pour les jeunes, et les moins jeunes d'ailleurs. Mais si c'est un besoin aussi courant, je ne peux pas tous les faire passer à mon bureau. En fait, ça ne va pas marcher. Donc, j'en prends le maximum sur moi, mais il faut aussi que je trouve d'autres moyens de faire passer le message. Et donc, du coup, tout le projet de la LearnVox, c'est ça. Donc, le sous-titre du livre, c'est « Ton année scolaire tient dans une boîte à chaussures » . L'idée, c'est en fait, à travers les différentes étapes du livre, de permettre aux élèves de construire leur... propres méthodologies d'apprentissage, de construire leurs propres outils, et de se rendre compte qu'une fois qu'ils ont bien construit leurs outils, tout rentre dans une boîte à chaussures, et donc cette sensation qu'ils ont au quotidien de « j'ai tout ça à réviser, je vais jamais arriver au bout, c'est impossible, faut pas faire rentrer 300 pages d'histoire dans ma tête » , ben en fait, ils ont pas en réalité 300 pages d'histoire à faire rentrer dans leur tête. Et donc, toute leur matière scolaire peut rentrer juste dans une boîte qu'on a tous chez nous, une boîte à chaussures. Je me suis peut-être éloignée de ta question initiale.

  • Speaker #1

    C'était pourquoi c'est important pour toi d'aller proposer cette compétence à ceux qui n'ont pas forcément...

  • Speaker #0

    En fait, le but du livre, c'est vraiment qu'il puisse être accessible forcément, comme je disais, à un plus grand nombre, mais aussi qu'il puisse être une continuité pour les élèves qui reçoivent déjà un petit peu cet accompagnement-là. C'est aussi ça qui rend cet élément-là important. parce qu'en fait il y a des élèves où parfois je vais les voir mais au moment où je leur donne cette explication là ils n'ont pas eu une bonne journée ou la semaine d'après je leur dis alors est-ce que tu as essayé d'utiliser ? Ah bah non je voulais ! Donc c'est de pouvoir aussi avoir un support de combo inuité et puis à nouveau sur le livre on va faire le même principe de réduction en fonction des revenus des foyers donc on a un tarif standard qui est aligné à ce que d'autres livres peuvent enfin au tarif auquel d'autres livres peuvent être Et puis, on va avoir des réductions qui vont à nouveau de 10 à 100 %. Donc, le livre va aussi être distribué gratuitement auprès de familles qui n'ont pas forcément le budget de l'acheter à tarif plein.

  • Speaker #1

    Du coup, me revient une question que je voulais te poser. Comment arrivent à toi ou à Niki les personnes qui n'ont aucun revenu ? Je pensais, par exemple, parce qu'on avait évoqué ça l'autre fois, des réfugiés ou des gens. Est-ce que toi, tu as des contacts avec des associations, justement ? Exactement.

  • Speaker #0

    On est en contact avec des associations qui aident directement ces bénéficiaires-là. On est aussi en contact avec des réseaux d'assistantes sociales. Parce qu'en fait, effectivement, au début, moi, je me suis dit « Ah, c'est super, on risque même d'avoir beaucoup trop de demandes côté social » . Et j'avais complètement sous-estimé un point qui est qu'on ne cherche pas des choses qu'on pense ne pas être accessibles pour nous. Donc en fait, j'ai quasiment jamais, enfin très très peu de fois, reçu des demandes. C'est arrivé peut-être cinq fois en bientôt huit ans d'activité, de recevoir des demandes de familles éligibles à des réductions directes. Tu vois, en fait, spontanément. Est-ce que tu vas faire des recherches pour un hôtel de luxe si tu sais que tu n'as pas les moyens de te le payer ?

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Bah non ! tu vas pas aller chercher quelque chose que tu peux pas avoir on aime pas trop la frustration de baisse donc on va quand même éviter de s'y surexposer donc en fait très vite je me suis rendu compte que ces familles bénéficiaires là ne nous cherchent pas donc c'est à nous d'aller les chercher et c'est là que tu vois aussi le côté un peu fou de l'entrepreneuriat social c'est que du coup nous on perd encore plus d'argent parce qu'on passe du temps à la démarche donc on perd encore plus d'argent pour concrétiser notre mission sociale et c'est de dire à quel point elle est dans notre ADN quand même Parce que si depuis tout à l'heure,

  • Speaker #1

    on n'a pas compris que tu étais engagée et que tu étais profondément convaincue du modèle, c'est qu'on n'a pas bien écouté. Recommencer depuis le début. Ouh, que je n'ai pas bien fait passer mon message. Non, non, c'est que ça n'aura pas été bien écouté, je peux te l'assurer. Tu parles très bien de ce que tu as envie de défendre et c'est génial de t'écouter. Et d'ailleurs, si tu voulais, toi, donner un conseil à quelqu'un qui hésite à se lancer dans un projet à impact social. Soit par peur de ne pas être légitime, soit de ne pas avoir des compétences, de se heurter à trop de résistance, parce que ça aussi, qu'elle soit, comment dire, justement économique ou administrative, qu'est-ce que tu dirais ?

  • Speaker #0

    Que c'est important d'être accompagné, mais d'être bien accompagné.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc d'identifier vraiment des personnes qui peuvent porter un message qui résonne avec nous. Et si on a l'impression que la... La présentation qu'on nous fait de l'entrepreneuriat social n'est pas la bonne, n'est pas celle qui nous fait vibrer. Il ne faut pas hésiter à aller chercher d'autres acteurs, d'autres personnes qui connaissent le sujet, qui vont le présenter différemment et se faire aussi porter par des entrepreneurs peut-être qui ont déjà cette expérience-là, qui ont réussi à monter un modèle qui nous paraît juste. Moi, ça arrive que je reçoive des demandes de personnes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat social, qui me disent « j'ai vu que tu avais fait ça, est-ce qu'on pourrait aller boire un café ? J'aimerais vraiment bien qu'on en discute » . Je n'ai jamais dit non, en fait. Je confie. Donc non, je trouve ça hyper important. On n'est pas assez d'entrepreneurs sociaux. Les vrais entrepreneurs sociaux ne demandent que ça, de pouvoir, autour d'un café, former un petit peu les personnes qui pourront lancer des modèles similaires dans d'autres activités. moi des idées d'entreprise sociale j'en ai plein mais j'aurais pas assez d'une vie pour toutes les concrétiser donc si je peux aider d'autres entrepreneurs à y aller et à se lancer je me fais à chaque fois avec plaisir donc voilà se former mais se former c'est pas forcément par des formations hyper strictes et hyper chères d'ailleurs ça peut être via des livres celui qu'on mettra en référence ça peut être en allant voir des entrepreneurs sociaux qui ont une approche qui nous parle et qui nous fait vibrer Mais en tout cas, il ne faut pas avoir peur de se lancer parce que c'est une aventure juste extraordinaire et ô combien nécessaire. Je trouve que j'ai une chance folle au quotidien de me dire que je me sens utile. Et en plus, je ne suis pas dans un modèle à avoir peur tous les ans pour la survie de mon activité. Nous, la dépendance aux dons est de plus en plus faible d'année en année. La part de dons dans nos revenus diminue d'année en année. Et c'est aussi ce qui nous permet de se dire, en fait, à terme, oui, c'est possible. On a quand même ce pouvoir de dire, regardez, un autre modèle est possible. On compte sur l'entrepreneuriat social pour ça.

  • Speaker #1

    Wow, c'est génial. Je me dis, alors imagine dans dix ans, tu n'auras même pas mon âge, je pense encore. Qu'est-ce qui t'aura rendu la plus fière ? Quel changement t'auras aimé avoir contribué à changer, à modifier ? Ma phrase est très tordue, en fait. Mais j'ai compris, en fait. Voilà, j'espère que vous aussi.

  • Speaker #0

    Je pense en partie la continuité de qui me rend déjà fière aujourd'hui. Chaque année, quand on sort le rapport d'impact et que je vois que ça progresse, que ça progresse, je me dis, quand même, c'est cool. Ça valait la peine de galérer à certains moments. T'as eu ta petite dose de dopamine. Voilà, exactement, exactement. Une bonne dose de dopamine. Encore une expression française qu'il faut absolument... Ouais, kéinémisé. Voilà, c'est vrai. Non, Donc oui, clairement, tous les ans, quand on voit le rapport social sortir et qu'on voit le rapport d'impact sortir et qu'on voit la progression, qu'on augmente le nombre d'élèves qu'on accompagne, qu'on voit que la part de cours à tarif réduit ou gratuit augmente aussi d'année en année. Donc en fait, ça montre vraiment toute la part de cet impact dans notre quotidien. plus on avance, dans 10 ans, on aura accompagné, en touchant du bois pour qu'il existe toujours, on aura accompagné encore plus d'élèves vers ça. Donc ça, ce sera déjà énorme. Et puis oui, si on arrive à avoir d'autres projets, comme la Learnbox, comme d'autres, ce sera encore une maximisation de l'impact. Et puis si on arrive à semer ses graines, comme j'essaye de le faire à travers ton podcast aujourd'hui, pour convertir encore plus d'entrepreneurs à l'entrepreneuriat social. Alors là, pour moi, c'est déjà potes, quoi. Bingo. Ou un exact.

  • Speaker #1

    Bon, alors, un dernier éclat de voix ?

  • Speaker #0

    Oser, se lancer, ne pas avoir peur de l'échec, parce que ça, je le vois aussi bien chez les ados que j'accompagne que chez leurs parents ou d'autres adultes autour de moi. Parler même de ces échecs, en fait. et aligner, je pense, nos actions à nos convictions.

  • Speaker #1

    Wow. En tout cas, un grand, grand merci d'être venu nous parler avec enthousiasme, profondeur et précision aussi de cet aspect de l'entrepreneuriat. Merci beaucoup parce que c'est quelque chose vers lequel moi aussi, spontanément, j'ai envie de tendre. Et j'espère que ça aura donné aussi envie à plein d'autres de te suivre.

  • Speaker #0

    vraiment et qui n'hésitent pas à me contacter si c'est à créer parmi tes auditeurs des envies et des élans d'entrepreneuriat social voilà on ira boire un café super et bien on va se faire des grosses rencontres de café autour de toi elle tu viendras on viendra t'écouter les yeux grands ouverts et les oreilles hausses on viendra discuter paf ça marche merci merci beaucoup Laure à bientôt merci à toi

  • Speaker #1

    Qu'allez-vous faire de tout cela ? L'or vient nous montrer qu'on peut faturer selon les moyens de ses clients sans couler, qu'on peut choisir un modèle d'entreprise dans lequel les dividendes sont à réinjecter pour soutenir la mission, développer des projets comme celui de sa Landbox, qu'on peut en somme construire une économie qui respire autrement. Vous avez entendu les chiffres au début ? 18% de pauvreté, 1 enfant sur 4. Mais, mais, vous avez aussi entendu... une partie de la solution, un modèle qui fonctionne, qui s'autofinance et qui prouve que non, l'entrepreneuriat social n'est pas une utopie. Alors, il ne s'agit pas forcément pour tout le monde d'aller créer demain une entreprise sociale, mais je l'espère, peut-être regarderez-vous maintenant différemment la manière dont vous consommez. Parce que nous avons, en tant que consommatrices, consommateurs, un pouvoir incroyable, puisque c'est nous qui choisissons où. circule notre argent. Alors, peut-être qu'à l'issue de cet épisode, vous cesserez de croire aussi que la croissance ne se mesure qu'en PIB. Et enfin, eh bien, osons ensemble, l'or nous l'a proposé, lançons-nous et alignons nos actions à nos convictions. Alors justement, puisqu'on parle d'oser, eh bien, pour la première fois, Éclat de Voix sort de son petit cocon. et prend vie en live le 11 décembre au Côte d'Ibrie à Steinzel. Venez oser votre voix, l'or d'ailleurs sera parmi nous, et vous rencontrerez Laurence Hadd, Solène Silière, Sophie Jablonsky, Delphine Declare qui ont été des invités du podcast et qui viendront nous faire vivre une table ronde en mode popcorn pétillant, un exercice collectif pour parler vrai ensemble. Et puis, prendre un temps de partage et d'échange, parce que parler vrai, soyons très clairs, ça n'a rien, mais absolument rien d'une technique à maîtriser. C'est vraiment beaucoup plus de l'ordre d'oser révéler qui vous êtes. Alors, vous retrouverez toutes les informations sur le site, je mets le lien dans les notes de l'épisode. Et puis, il est peut-être temps, après avoir écouté l'or, de passer justement de l'écoute à l'action, et donc à la prise de parole. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix sociaux et solidaires.

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