Speaker #0Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans École ou pas, le podcast où l'on décortique avec humour et sérieux les grands enjeux environnementaux. Aujourd'hui, on s'attaque à un sujet brûlant au sens littéral, les records climatiques de 2024. Ce fut une année record, même si en France on a été un peu épargné. Entre canicule XXL, océan qui bat des records de chaleur et glacier qui joue à cache-cache, 2024 est entrée dans les annales. Alors, que signifient ces records pour notre avenir ? Et surtout, est-ce qu'on doit paniquer maintenant ? Ou attendre encore un peu ? Spoiler, les réponses ne sont pas toutes joyeuses. Mais promis, on va aussi parler solutions. Alors, quels exploits notre chère planète a-t-elle battu cette année ? Si 2023 vous avait déjà semblé infernal, accrochez-vous. 2024 a littéralement mis le feu à la planète. Enfin, pas littéralement. Enfin, quoique. Il a été enregistré une hausse des températures moyennes mondiales de 1,4°C par rapport à l'ère pré-industrielle. C'est un record. En Europe, nous avons vécu des canicules extrêmes, jusqu'à 49°C en Sicile, un record absolu. Aux Etats-Unis, plusieurs villes comme Phoenix ont enregistré plus de 30 jours consécutifs au-dessus de 45°C. 49°C en Sicile ? A ce stade, même les pizzas Margherita se font cuire à l'air libre. Et je vous laisse imaginer le sort des habitants. Alors, je sais, certains vont dire que 1,3°C, 1,4°C, finalement, est-ce que c'est si important que ça ? Alors, chaque fraction de degré compte. Une augmentation de 1,5°C à 2°C, ça double les risques de canicule sévère, de sécheresse et d'inondation. Donc oui, 1,4°C, ça peut sembler petit, mais pour la planète, c'est comme si elle avait chopé la grippe. Version pandémie mondiale. Ensuite, il y a les océans. nos héros climatiques qui absorbent plus de 90% de la chaleur en excès. Ils n'ont pas dit leur dernier mot, mais là, ils sont clairement à bout de souffle. La température moyenne des océans était de 21°C en 2024. C'est la température la plus élevée jamais enregistrée. Les conséquences directes sont nombreuses. Le blanchiment massif des coraux, par exemple, notamment en Australie, sur la grande barrière de corail, ou les perturbations majeures dans la chaîne d'alimentation marine. Ce qui a pour conséquence une baisse des stocks de poissons. 21°C, c'est parfait pour un bain de minuit, pas tellement pour les poissons, qui ont plus l'impression de se retrouver dans un sauna sans issue. Et il y a aussi des conséquences indirectes, comme le renforcement des tempêtes tropicales, des ouragans plus intenses et plus fréquents. Par exemple, l'ouragan Delta de catégorie 5 qui a dévasté une partie des Caraïbes en 2024. Ou plus récemment, le cyclone Shido de catégorie 4 qui a frappé Mayotte. Selon le consensus scientifique, le changement climatique ne provoque pas en soi l'augmentation du nombre de cyclones tropicaux, mais il les intensifie. Le dernier rapport du GIEC, qui synthétise l'état des connaissances scientifiques en matière de climat, a établi que la proportion de cyclones très intenses, donc de catégorie 4 ou 5, pourrait augmenter de 14% d'ici à la fin du siècle et que leur intensité pourrait croître en moyenne de 5%. En gros, les océans deviennent des monstres à double tranchant. On les chauffe, ils se vengent avec des tempêtes XXL. Et les glaciers, vous savez, ces géants silencieux qui refroidissent notre planète. Eh bien, ils ne sont plus si silencieux, mais plutôt en mode SOS. On constate une perte globale des glaciers. Près de 3% du volume total des Alpes en une seule année. A ce rythme, dans quelques années, Les randonnées sur glaciers pourraient se faire en short et en long. Alors, pourquoi c'est important ? Eh bien, les glaciers sont des réservoirs d'eau. Leur fonte affecte des milliards de personnes qui dépendent de cette eau douce, comme dans l'Himalaya ou les Andes. Et quand ils disparaissent, on n'a pas juste soif, on déclenche aussi des inondations, des pénuries agricoles et une montée des eaux. En Arctique, le volume de glace estival a chuté de 20% par rapport à 2020. Et là, vous allez me dire, mais Corbeau Écolo, c'est quoi de la glace estivale ? Eh bien, la majeure partie de la glace de mer, Arctique, devient saisonnière et ne dure pas d'une année sur l'autre. Ce qui signifie qu'elle croît en hiver et on en est. Là, le problème, c'est qu'il y a de moins en moins de glace qui croît. Et comme si ça ne suffisait pas, les records de 2024 s'accompagnent d'une série d'événements climatiques plus violents et coûteux que jamais. Par exemple, les inondations historiques au Pakistan et en Asie du Sud-Est avec des millions de déplacés climatiques. La sécheresse en Afrique de l'Est qui provoque des famines affectant plus de 20 millions de personnes. Et des méga incendies en Amérique du Nord brûlant des millions d'hectares. Un record aux Etats-Unis avec plus de 4,5 millions d'hectares partis en fumée. D'ailleurs, à l'heure où j'enregistre ce podcast, les Etats-Unis, plus particulièrement la Californie, fait face à des incendies monstres, Hollywood a dû être évacué et au 10 janvier, on a déjà recensé 10 morts. Il a été estimé en 2024 plus de 400 milliards de dollars de pertes économiques liées à ces catastrophes. À ce rythme, le climat va finir par ruiner l'économie mondiale avant qu'on ait le temps de réagir. Voilà pour les records de 2024. Vous l'aurez compris, ce n'est pas juste un mauvais moment à passer. Ces records dessinent une tendance inquiétante pour notre avenir. Et ça... C'est ce qu'on explore tout de suite dans la suite de l'épisode. Alors, ces records de 2024, ce ne sont pas juste des fun facts pour briller à notre prochain dîner. Non, ils annoncent ce qui pourrait devenir pour notre société une normalité. Et spoiler, ce n'est pas très réjouissant. Pour commencer, ces records bouleversent l'équilibre délicat de notre climat. Imaginez une machine bien huilée et ajoutez-y du sable dans les rouages. Résultat, ça coince de partout. Les changements observés sont nombreux. Par exemple, des perturbations dans les saisons. Le printemps qui arrive trop tôt, les étés qui s'éternisent avec des canicules au mois de septembre par exemple. Mais il y a aussi des phénomènes météorologiques extrêmes qui deviennent plus fréquents. Des sécheresses qui sont produites, des tempêtes et des inondations qui sont plus intenses. En gros, les saisons font n'importe quoi. C'est comme si l'hiver et l'été jouaient à cache-cache avec nous. Sauf qu'on est toujours perdant. Alors, pourquoi c'est important ? Eh bien, tout cela a un impact par exemple sur l'agriculture. Des récoltes imprévisibles, des pénuries alimentaires et une hausse des prix. Le stress sur les écosystèmes aussi. Les plantes et les animaux ne peuvent pas s'adapter à ce rythme effréné. Il y a aussi le danger de la montée des océans. Vous vous souvenez des glaciers en flotte ? Eh bien, tout ce joli volume d'eau douce finit dans les océans. Et quand les océans montent, ce n'est pas juste une mauvaise nouvelle pour les plages paradisiaques. On constate une montée moyenne d'environ 4 mm par an. Mais l'accélération est préoccupante. À ce rythme, certains experts prévoient une augmentation de 1 à 2 m d'ici 2100. Et il y aura des conséquences directes, comme par exemple la submersion de zones côtières, comme New York, Jakarta, Amsterdam, qui sont sous pression. Qui dit submersion de zones côtières, dit déplacement de millions de personnes. Là, on parle de réfugiés climatiques. Et dire qu'on paye déjà des fortunes pour vivre auprès de la mer. Eh bien, dans quelques décennies, on pourrait payer encore plus, mais pour fuir la mer. Qui dit submersion de zones côtières, dit aussi perte de terres agricoles essentielles. Et aussi un coût de l'adaptation, en construisant des digues, en relocalisant, etc. Construire des digues, c'est sympa, mais avec un budget global qui explose, on va finir par demander un prêt à Elon Musk. Et pas sûr qu'il nous le donne. Les écosystèmes, c'est un peu comme une gigantesque partie de domino. Vous en faites tomber un et tout le reste suit. Et 2024 a donné un bon coup de pied dans cette belle structure. Alors, quelles sont les conséquences principales ? Eh bien, on a une disparition accélérée d'espèces. Avec le réchauffement climatique, un million d'espèces sont menacées d'extinction. Certains animaux pourraient disparaître avant même qu'on ait eu le temps de leur trouver un emoji. L'acidification des océans menace aussi les coraux. et la faune marine. La déforestation aggravée par les incendies diminue la capacité des forêts à absorber le carbone. Alors, pourquoi tout cela est grave ? Parce que les écosystèmes ne sont pas seulement jolis. Ils régulent le climat, purifient l'air et l'eau et produisent notre nourriture. Et si les abeilles disparaissent, ce n'est pas Netflix qui va nous sauver avec ses bimovies. Spoiler, on aura juste faim. Tout cela accentue la pression sur les sociétés humaines. Eh bien oui. Quand la nature souffre, c'est rarement une bonne nouvelle pour nous les humains, parce que, devinez quoi, nous sommes dépendants d'elle, aussi glamour que ça puisse paraître. Ce qu'on peut redouter, c'est une augmentation des conflits liés aux ressources, comme l'eau, les terres agricoles ou l'énergie. Les réfugiés climatiques, comme je l'ai cité précédemment, l'ONU estime qu'il pourrait y avoir jusqu'à 200 millions de déplacés climatiques d'ici 2050. une hausse des inégalités. Et oui, les pays les moins responsables de réchauffement climatique sont souvent les plus touchés. C'est ironique tout cela, non ? Les pays riches polluent, et ce sont les pauvres qui trinquent. C'est un peu comme casser une vitre chez votre voisin, et lui demander de la réparer. Donc tout cela pourrait avoir un impact politique et économique, une instabilité accrue, des tensions géopolitiques pour les ressources, et des pressions pour les gouvernements pour s'adapter. Migration massive, crise sanitaire, révolte sociale. Et là, vous allez me dire, oui mais Corbeau Écolo, ça c'est le haut niveau mondial ! Qu'est-ce que ça changerait pour nous en France, puisque nous on est français ? Bon déjà, vous n'êtes pas le nombril du monde, et ensuite oui, la question peut se poser. Donc imaginons ce que cela pourrait changer en France, une montée des océans par exemple de 1 à 2 mètres. Et bien du coup, comme je l'ai dit précédemment, on aurait une submersion des zones côtières. Dans le cas de la France, ça concernerait principalement par exemple la Camargue. Une grande partie de cette région, située en dessous du niveau de la mer, pourrait être entièrement submergée. Adieu les flamants roses, bonjour les poissons dans les rizières. Ça concernerait aussi le littoral atlantique. Les zones comme l'île de Ré, l'île d'Oléron ou encore le bassin d'Arcachon risquent d'être sérieusement touchées. Des villes comme La Rochelle ou Bordeaux pourraient également être partiellement inondées, notamment en cas de tempête associée à la montée des eaux. Et aussi le Nord-Pas-de-Calais. Les terres basses des Flandres, déjà protégées par des digues, pourraient se retrouver sous l'eau. Tout cela aurait pour conséquence une érosion côtière accélérée. Les plages se réduiront drastiquement, affectant non seulement le tourisme, mais aussi les écosystèmes littoraux. Par exemple, les falaises d'Etreta pourraient reculer encore plus rapidement. On estime aussi que 1,5 à 3 millions de Français pourraient être directement touchés par les inondations ou les tempêtes amplifiées par la montée des eaux. Cela inclut des villes entières, comme Saint-Malo, où les remparts historiques risquent de ne pas suffire, mais aussi les habitants des littoraux, qui pourraient devenir les... premiers réfugiés climatiques internes en France. L'agriculture et les terres agricoles risquent aussi d'être touchées. La salinisation des sols due à l'infiltration de l'eau salée rendrait une partie des terres agricoles impropres à la culture. Par exemple, en Camargue, la résiculture pourrait être sérieusement menacée. Il y a aussi la réduction des zones disponibles pour l'élevage et la production maraîchère, impactant la souveraineté alimentaire. Les ports et installations portuaires, comme ceux de Marseille, Nantes, Saint-Nazaire ou Dunkerque, devront être repensés pour assister à des niveaux d'eau plus élevés. Des infrastructures essentielles comme des routes, des voies ferrées ou des centrales nucléaires en bord de mer seront menacées. On estime que la montée des eaux nécessitera des milliards d'euros d'investissement pour construire et entretenir des digues, protéger les infrastructures ou relocaliser les populations. Par exemple, aux Pays-Bas, où la gestion des digues est déjà un défi colossal, le coût d'adaptation est un avertissement pour la France. Alors voilà, 2024, ce n'est pas juste une année exceptionnelle, c'est un avertissement clair. La question maintenant c'est, est-ce qu'on réagit intelligemment ou est-ce qu'on attend encore de battre des records encore plus inquiétants ? Alors oui, après ce défilé de records catastrophiques, vous vous demandez peut-être, on fait quoi maintenant ? Eh bien, rassurez-vous, on ne va pas se rouler en boule dans un coin en pleurant. Des solutions existent et elles commencent avec nous, mais pas seulement. C'est un combo. Citoyens, entreprises et gouvernements, tout le monde doit jouer sa partition dans cette grande symphonie climatique. Allez, c'est parti pour explorer les pistes concrètes. Commençons par l'évidence. Il faut arrêter de brûler des énergies fossiles comme si c'était la dernière soirée barbecue de l'été. Les énergies renouvelables Vous savez, le soleil, le vent et même les marées ont le potentiel de répondre à une grande partie de nos besoins énergétiques. Selon l'Agence internationale de l'énergie, on pourrait atteindre 60% d'énergie renouvelable dans le mix mondial d'ici 2030 si on s'y met vraiment. Spoiler, il faut vraiment s'y mettre. Investir dans les renouvelables, c'est trois fois plus de création d'emplois que les énergies fossiles. De quoi donner envie à tout le monde, non ? Côté émissions de CO2, il faut viser la sobriété. Mais attention, sobriété ne veut pas dire revenir à l'âge de pierre. Ça veut dire être malin. Par exemple, saviez-vous que si tout le monde mangeait végétarien une fois par semaine, on pourrait économiser l'équivalent des émissions annuelles de 50 millions de voitures ? Bon, je ne dis pas que vous devez tous devenir des fans de tofu, mais un petit effort collectif, ça peut faire des miracles. Et promis, la planète ne vous jugera pas si vous remplacez un steak par un burger végétal de temps en temps. Mais si vous mettez de l'ananas dessus, là, c'est autre chose. Il y a des limites quand même. Ensuite, il faut s'adapter parce que certaines conséquences sont déjà là. Vous savez, les inondations, les vagues de chaleur et les incendies dont on parlait en partie 2. Eh bien, il va falloir apprendre à vivre avec. Mais aussi à les limiter. Ça passe par construire des infrastructures résistantes, planter des arbres en ville pour réduire les îlots de chaleur et créer des systèmes d'alerte plus efficaces. Une chose intéressante, les études montrent qu'investir 1 dollar dans la prévention des catastrophes naturelles peut faire économiser jusqu'à 7 dollars en réparation. Pas mal, non ? Enfin, on ne le dira jamais assez, mais chaque geste compte. Et les gestes collectifs encore plus. On parle de voter pour des dirigeants qui prennent le climat au sérieux, de soutenir des entreprises responsables et de se mobiliser. Créta Thunberg, Three Days for Future, ces mouvements montrent qu'une voix peut devenir un cri si on est nombreux à la porter. Et si vous pensez que votre petite action ne sert à rien, il y a une image que j'aime beaucoup, c'est que même une mouche peut réveiller un ours. Bon, l'ours en question, dans ce cas-là, c'est peut-être nous tous, mais vous voyez l'idée. En résumé, on peut encore écrire un avenir plus radieux, mais il faudra un effort collectif, un peu de sacrifice et beaucoup de créativité. Alors, que ce soit en plantant un arbre, en changeant vos habitudes alimentaires ou en militant pour le climat, tout compte. Parce que... Si on continue comme ça, les records de 2024 risquent de ressembler à une simple bande-annonce de ce qui nous attend. Et franchement, personne ne veut de ce film catastrophe. Allez, on agit et on reste optimiste. C'est pas fini, loin de là. Les records climatiques 2024 sont un signal d'alarme, une claque, un appel à nous réveiller. Mais souvenez-vous, chaque action compte. Et à nous de nous mobiliser si nous voulons faire entendre notre voix. Merci d'avoir écouté École ou pas, merci d'avoir écouté cet épisode, j'espère que ça vous a intéressé, que vous avez appris des choses. Si jamais cet épisode ne vous a plu, n'hésitez pas à le partager, ça aide à la visibilité du podcast. 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