Speaker #1Aux jeunes parents, on demande souvent si l'enfant dort bien ou mange bien, plus rarement s'il parle bien. Pourtant, bien parler est tout aussi vital. Je m'appelle Céline De Villers, je suis orthophoniste et fondatrice de loulilou.fr. Je forme depuis des années les professionnels de la petite enfance au développement. et à l'éveil au langage. Au cours de ma carrière, j'ai rencontré de nombreux parents et j'ai remarqué que très peu d'entre eux sont conscients du rôle crucial qu'ils ont à jouer dans le développement du langage de leur enfant. Voilà pourquoi j'ai créé cette série de podcasts. Pour vous parler gazouillis, babillages, en attendant les premiers mots, vous guider pour accompagner les premières phrases, mais aussi vous partager astuces, conseils et anecdotes pour vous éviter certains écueils. Pas de formule magique, mais une formule toute simple. Un beau langage permet de mieux s'épanouir. Écoute-moi bien dans les yeux, le podcast sur l'évaillolangage chez l'enfant de 0 à 50. Aujourd'hui, je vais vous faire découvrir un stade de langage ultra rythmé. Bienvenue dans l'épisode 3, comment accompagner le babillage de 6 mois à 1 an. La première année, bébé émet beaucoup de vocalisations, qui ne sont pas toujours simples à différencier. Gazouillis, vocalises, babillages. Et pourtant, inutile d'être un expert pour arriver à reconnaître le babillage du tout petit. C'est très facile, vous allez voir, ce podcast va vous éclairer. Vers 6 mois, le bébé s'exprime beaucoup par la communication non-verbale, avec son corps, ses gestes, ses mimiques. Son petit regard coquin vous montre qu'il comprend vos intentions. Il gazouille ou il émet quelques vocalises qui se limitent à une voyelle seule, souvent le A ou le E. En réalité, il dialogue déjà vocalement avec son parent, sa nounou, d'autres bébés ou ses frères et sœurs. Il parvient également à manifester ses émotions et attirer votre attention en criant de sa chaise haute de son lit. ou de sa poussette. Il lui arrive aussi de vocaliser seul, devant le miroir, ou avec un jouet entre les mains. C'était Gustave, en pleine vocalise sur son tapis d'éveil. À six mois, le larynx de votre bout de chou a pris sa place définitive. Le larynx est l'endroit qui abrite les cordes vocales. Rappelez-vous, à la naissance, le larynx était placé beaucoup plus haut et il donnait au son émis une sonorité particulière. Au fil des mois, bébé devient de plus en plus intéressé par les mimiques et la bouche de l'adulte. Il entre dans ce que l'on appelle la phase exploratoire. Il s'amuse à jouer davantage avec sa voix. Au cours de cette nouvelle étape, bébé explore littéralement ce qu'il peut faire avec ses cordes vocales, sans crier gare. Il découvre qu'il peut moduler sa voix. Je me rappelle de ma fille aînée, Mathilde, qui en jouant avec les sons graves aussi bien que les sons aigus, aurait pu candidater à Mini The Voice. En clair, elle nous en mettait. plein les oreilles. Et souvent, elle choisissait pile un beau moment de silence pour s'exprimer. Cela montre bien à quel point le bébé est déjà dans le dialogue, en respectant les pauses et les tours de parole dans l'interaction. À cet âge, l'enfant découvre qu'il peut jouer avec l'intensité de sa voix. Il est capable d'alterner un cri puis des murmures, ce qui peut parfois être déroutant pour son entourage. Ces nouvelles explorations vocales vont permettre au bébé de faire évoluer petit à petit sa vocalise « a » en babillage, caractérisé par l'apparition d'une syllabe, souvent « pa » , parfois « ma » . Mais la marche est haute pour passer de la voyelle seule à la syllabe. Il y aura donc une étape intermédiaire, entre 3 et 8 mois. qui s'appelle le babillage rudimentaire, pour permettre à Bébé de mettre le pied à l'étrier. On le qualifie de babillage rudimentaire parce qu'il n'est pas encore abouti. Il annonce l'arrivée imminente du futur babillage. Ainsi, vers 6 mois, Bébé va tenter de dire une syllabe formée d'une consonne et d'une voyelle. Mais comme il manque de tonicité au niveau de ses lèvres, la consonne qu'il parvient à dire est molle. Difficilement reconnaissable, vous entendrez quelque chose qui ressemble à « mua » . En écoutant bébé, impossible de reconnaître une consonne en tant que telle. Heureusement, entre 6 et 10 mois, les sons produits par bébé vont être de plus en plus proches de sa langue maternelle. Puis, un beau jour, le babillage canonique est enfin là. Il comporte une vraie consonne bien nette, suivie d'une voyelle, pour former la fameuse première syllabe. Ce babillage fait irruption tel un boulet de canon dans la bouche de l'enfant, dont les lèvres sont devenues plus toniques. Il est formé à partir de consonnes dites « explosives » , d'où son nom, « babillage canonique » . Vous vous rappelez ? Tel un boulet de canon ? Écoutez-le bien dans les yeux. Bébé vous regarde et vous adresse un beau « paaaah » . En français, les premiers babillages sont souvent avec des consonnes explosives, telles B, P, D, qui sont les plus faciles à réaliser. On entend aussi parfois le M, MA, mais l'enfant préférera plutôt les consonnes plus toniques. Le babillage, stade de langage avant les premiers mots, va connaître trois étapes de développement qui vont évoluer plus ou moins rapidement. Chaque enfant va les traverser à son propre rythme. Certains bébés resteront plusieurs semaines sur un stade de babillage, alors que d'autres, plusieurs mois. Après le premier stade du babillage canonique, bébé se sent de plus en plus à l'aise. Et oui, vu la réaction de son interlocuteur, « Bas ! Oui, bas ! C'est le bateau ! » Bébé est très fier et il n'a qu'une envie, recommencer. Il va donc rapidement avancer et accéder à la deuxième étape, le babillage dupliqué. Ainsi, il se met autour de huit mois à répéter la même syllabe plusieurs fois. « Ba, ba, ba, ba ! » Je me souviens d'Audrey, ma petite dernière, qui adorait babiller et en même temps taper avec sa main sur sa chaise haute. Il n'y a pas de doute, elle savait attirer notre attention. Et voici Gustave, qui nous offre un magnifique babillage dupliqué. Quel plaisir de l'entendre babiller ! Il y met toute son énergie. Décidément, j'adore cette étape. Vers dix mois, bébé parvient par imitation de son entourage à varier ses consonnes et à accéder à la dernière étape, celle du babillage diversifié. Dis donc Gustave, bravo ! Tu commences à diversifier tes consonnes ! Ba, ma ! Bébé babille souvent quand il manipule un objet, en écoutant de la musique ou dans son lit, au calme ou en regardant l'adulte. Et il est étonnant de constater que la plupart des adultes répondent comme si le babillage était naturel et facilement compréhensible. Surtout qu'en tant que parents, nous avons une grande faculté à mettre du sens sur la parole du tout petit. Par exemple, bébé dit « à ta part » et l'adulte « oui, tu vas aller au parc » . Ce décryptage intuitif aide naturellement bébé à construire son langage. Les études ont d'ailleurs prouvé que le fait que l'adulte réagisse positivement au babillage donne envie au bébé de recommencer. À cette période, bébé nous montre sa compréhension en nous imitant avec ses mimiques ou ses gestes. Il réagit à l'appel de son prénom et comprend vos gestes naturels. Votre « au revoir » de la main, votre « bravo » quand il vous donne un objet, votre « non » qui accompagne votre doigt, tout comme des consignes simples « tu donnes, tu viens » . Bébé vous répond en se jetant dans vos bras. À d'autres moments, il se met aussi à babiller quand il reconnaît un objet familier, une personne ou quand il vous regarde cuisiner depuis sa chaise haute. Il aime jouer avec des peluches, des jouets en plastique dans le bain, des boîtes à forme. Il tente d'enfiler des anneaux, de faire une tour avec des cubes. Vous vous demandez peut-être comment éveiller son langage à cet âge ? Eh bien c'est très facile. Toute activité partagée avec bébé l'encourage à s'exprimer et à parler. Vous pouvez par exemple jouer à cacher « coucou » face à lui en mettant vos mains sur votre visage. puis dire « Coucou » en ôtant vos mains. Ou bien, cacher un objet de sa vue quelques secondes. Réaction assurée de votre bouchou. Chantez-lui des comptines le plus souvent possible. Il s'amusera à les mimer ou à en imiter les sons. Faites le clown tant que vous pouvez. Amusez-vous ! En effet, partager des interactions dans la joie et la bonne humeur est très porteur pour le tout petit. Avoir un contact chaleureux. Jouer à faire des guili-guili ! Parler seul à seul avec votre bouchou, le plus souvent avec une intonation modulée, est primordial. Il comprend que vous avez plaisir à lui parler et à le comprendre. Cela l'aide à avancer dans la conquête du langage. Eh oui, car figurez-vous que tout est langage. Toute routine du quotidien peut participer à développer le langage de votre enfant. Par exemple, quand vous manipulez des objets familiers, Pensez à les nommer de manière précise en associant le mot à l'objet. Je vous conseille de répéter plusieurs fois le mot. Par exemple, le ballon ? Oui, c'est le ballon. Tiens, je te donne le ballon. Vous pouvez aussi nommer les personnes qui l'entourent ou les parties de son corps pendant les routines du change ou du bain. Je savonne tes pieds, tes jambes, ton ventre. À d'autres moments, si vous voyez que bébé se couche, crute quelque chose en silence, n'hésitez pas à verbaliser le mot qu'il ne peut pas encore dire. La guirlande ? C'est la guirlande que tu regardes ? Oui, elle clignote. Autre astuce, commenter ce que vous faites est un bon moyen de développer le langage du tout petit. Je te mets ton pyjama, une jambe, puis l'autre. Je ferme les boutons. Parfois, de peur de gagatiser, certaines personnes préfèrent parler à bébé comme à un adulte. Même si cette idée part d'un bon sentiment, cette posture n'est pas vraiment adaptée avec bébé, du moins la première année. Le mieux est de parler simplement, avec des phrases courtes et un vocabulaire adapté. « Regarde la vache, elle fait muuuuuh » Ou encore « Tu veux le livre en tissu ? Il est tout mou, muuuuuh » Il est doux. Dès six mois, il est possible de proposer à bébé des petits livres d'images. Des livres à toucher, des livres en tissu, en carton épais ou des magazines à froisser. Je me souviens de Thibaut, mon deuxième enfant, qui, il y a dix mois, dans son transat de bain, car il ne tenait pas encore assis, adorait tourner les pages d'un livre en plastique sur le Père Noël. À chaque fois, il se mettait à babiller comme pour nous faire la lecture. Vous l'aurez compris. Le tout petit, même s'il ne dit pas encore de mots en tant que tel, est à considérer comme un interlocuteur à part entière. C'est pour cela que vous pouvez aussi lui poser des questions. « Tu veux aller au bain ? » Son grand sourire vous apparaîtra comme une réponse évidente et vous montrera qu'il comprend déjà beaucoup de mots en lien avec des routines quotidiennes. Vous connaissez désormais la phase exploratoire, les secrets du babillage et surtout comment le faire évoluer. Alors, il ne vous reste plus qu'à tendre l'oreille pour identifier à quel stade de babillage on est bébé, jouer à l'imiter et nommer le monde qui l'entoure. Ainsi se termine l'épisode 3 intitulé « Comment accompagner le babillage de 6 mois à 1 an » . J'espère qu'il vous a plu. Je vous donne rendez-vous avec l'épisode 4, les premiers mots de 12 à 18 mois. Vous pourrez trouver davantage de ressources gratuites sur le sujet, vidéos et articles sur le site loulilou.fr ou la chaîne YouTube.