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Mila Dietrich : De la batterie à la scène, un parcours musical inspirant dans l'électro cover
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Electro

Mila Dietrich : De la batterie à la scène, un parcours musical inspirant dans l'électro

Mila Dietrich : De la batterie à la scène, un parcours musical inspirant dans l'électro

12min |04/02/2021
Play
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12min |04/02/2021
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Description

The ID Factory est une série de podcasts développés par Electronic Music Factory et Tsugi Radio.

Dans cet épisode, la DJ/productrice originaire de Marseille raconte son parcours musical, rend hommage aux femmes qui ont été ses premières influences en musique électronique et évoque la violence de la crise actuelle pour le monde de l'électro. 

L'entretien est accompagné d'un set de l'artiste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Electronic Music Factory et Tsugi Radio présentent The ID Factory, épisode 5, Mila Dietrich.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai grandi dans une famille en étant vraiment baignée dans la musique depuis super jeune. Mes parents me racontent en rigolant maintenant que même dès que j'ai eu 5-6 ans, ils m'emmenaient avec eux dans des concerts. Après 10 ans, là c'est moi qui commençais à leur proposer des concerts, mais ils m'ont toujours amenée dans des concerts. A la maison, il y a toujours eu un piano, une guitare. Et ils n'avaient pas trop de vinyles, mais ils avaient plein de CD, une énorme collection. Mes parents écoutaient pas mal de rock français ou de rock anglais. Je me souviens des CD de Louis Attac, de Noir Désir, des Clash. Mon père était très punk aussi. Je me suis mise très jeune à écouter du rock aussi. Je me suis mise à la batterie à 10 ans. Du coup, j'avais une batterie dans la cave de la maison familiale. J'en ai fait une dizaine d'années, puis j'ai arrêté pour monter mon projet électronique, et là j'ai racheté une batterie, au premier confinement, il y a quelques mois. Dans ma tête, dans mon cœur, j'avais jamais vraiment arrêté, mais là je me suis vraiment remise, donc c'est hyper cool. J'ai découvert le mix en sortant énormément. Et je me suis mise à mixer en même temps que je me suis mise à produire. Je me suis mise à mixer très très vite. Dès que j'ai eu la première date dans un bar à Marseille, je faisais énormément de playlists sans savoir vraiment mixer. J'ai toujours aimé faire des setlists et en y repensant, c'est vrai que ça c'est un truc que j'ai commencé super jeune à faire, des playlists. C'était aussi dans un certain ordre, il fallait que les morceaux s'enchaînent comme ça. J'ai eu ma première date même avant de savoir vraiment mixer au final. Et justement dans ma bande de copains j'avais des potes notamment le copain d'une copine qui mixait pas mal avec un gars mais c'était très masculin les gens autour de moi qui mixaient et moi je les regardais souvent en soirée et un jour j'ai voulu m'y mettre j'ai acheté ça j'ai acheté un contrôleur pour commencer et je me suis mise comme ça hyper spontanément en prenant les plis que j'avais déjà et en les mettant dans le tracteur mais C'était totalement balbutiant au début parce que moi j'avais ma vision des morceaux que je voulais voir s'enchaîner mais je n'avais pas du tout la technique. Et encore moins la technique sur platine, ça c'est venu après en fait. À force d'avoir des dates, à un moment j'ai été obligée de maîtriser l'outil aussi. Alors j'ai beaucoup préparé comme je disais avec toutes les playlists que j'avais à mes débuts. Je préparais tout, c'était millimétré, je savais l'ordre de passage de tel morceau. J'ai complètement arrêté ça parce que aussi du fait que maintenant je joue énormément mes propres tracks. En gros, je sais à peu près ce qu'il y a dans mes 3-4 clés. Et je ne sais pas du tout par contre quel morceau va venir avant lequel. Je me prévois à la limite l'intro, mais c'est tout. J'aime vraiment me laisser prendre par le timing de mon set. Je joue aussi beaucoup lors de passages, mais aussi vraiment l'énergie sur le moment, la réaction des gens. et j'aime vraiment... Me laisser cette part de risque qui me met un petit peu en danger, je trouve ça beaucoup plus excitant maintenant. Au début, quand j'ai commencé, j'avais un truc très... pas militaire, mais j'étais vachement dans ma bulle et j'avais pas du tout de connexion avec le public, je faisais vraiment mon truc avec ma setlist toute prête, toute millimétrée, et maintenant je suis beaucoup plus perméable aux émotions des gens, il y a beaucoup plus de connexion avec le public, moi je fais beaucoup plus phase avec l'énergie des gens, mais à la fois, je me laisse... Pas contrarié par un élément perturbateur, quand parfois il peut y en avoir, ou par une ambiance qui ne serait pas assez... Après, il y a des limites. Si l'ambiance est vraiment glauque et pas safe, ça ne va pas le faire. Mais je ne sais pas, je dirais que je fais mon set et même si j'ai vachement d'empathie avec le public, je donne toute mon énergie, peu importe le lieu, peu importe l'heure. Et ça, c'est un truc que j'ai vachement appris à faire. On devient des robots à force de tourner Je ne sais pas si je suis vrai Je ne sais pas Je suis vraiment C'est pas bon de s'autobrocher si je suis loin, ne cesse de serrer Ne m'en mets pas, le couteau tranche le lit Je m'en tirerai, séquence répétée Oh je ne sais plus qui a fait quoi du son reflet Un seul seul vide défaut C'est toi et moi, nos visages, des fées Je suis relativement jeune et j'ai une carrière assez courte par rapport à ces 30 ans de musique électronique. Moi ça fait 5 ans que j'ai ce projet, j'ai commencé à 19-20 ans, j'en ai 25 donc j'ai quand même peu de recul. Mais en tout cas ce que je sais et que je dis souvent c'est que moi les premières influences que j'ai eues en musique électronique c'est essentiellement des femmes et c'est vraiment les pionnières de la musique électronique française donc avec Cardini, Chloé, Miss Kitchen, toutes ces figures-là qui ont vraiment construit mon identité musicale au début, moi je me souviens c'était mes modèles en fait. Et c'est super important en tant que meuf d'avoir ce genre de modèle parce que c'est ça qui te donne une légitimité et qui te... à y aller en fait, à le faire toi aussi. Et aujourd'hui on est de plus en plus nombreux donc ça c'est super chouette. Mais c'est que je pense qu'il y a un effet boule de neige aussi, plus on est, et plus d'autres filles se disent moi aussi j'ai envie de le faire et pourquoi pas moi en fait. Ça m'arrive d'avoir des messages de meufs assez jeunes qui me disent j'aimerais bien y mettre, ça me donne carrément envie ton son et tout, et qui me demandent des conseils et je réponds toujours avec plaisir parce que je trouve ça hyper cool de pouvoir guider quelqu'un comme moi ça m'aurait beaucoup servi à l'époque d'avoir des conseils. Je trouve que la passation elle peut se faire comme ça et c'est super intéressant de... de se donner des chips, c'est très encourageant. Et ça, grâce au réseau, on peut créer du lien comme ça, et c'est chouette. Je suis assez proche, depuis mes débuts, de Sarah Singer et Colleen Marianne, par exemple. Et je pense que, d'autant plus entre filles, on se comprend dans nos parcours, on a souvent vécu à peu près les mêmes choses. C'est naturellement qu'il y a une certaine sororité, je pense, qui se crée. Moi, je suis proche de pas mal d'artistes féminines dont j'ai parlé. Bon après c'est vrai que je suis aussi proche d'artistes hommes, enfin masculins, mais je pense qu'il y a un côté où on se comprend dans nos parcours. Et ça c'est beaucoup plus entre femmes qu'avec des gars, on ne peut pas vraiment se comprendre sur les mêmes choses. Après je pense aussi qu'entre filles il y a quand même une espèce de concurrence, mais ça c'est parce qu'entre femmes dans la société on nous a toujours mis en concurrence les unes contre les autres, qui se ressent inconsciemment. Et malgré nous en fait, beaucoup plus qu'entre femmes et hommes. Ça c'est un fait aussi, il y a un petit peu les deux. Il faut vraiment essayer de se concentrer sur le côté sororité et entraide parce que je pense vraiment qu'on a des parcours où on peut se comprendre. Moi ça m'est arrivé de faire face à des situations sexistes, mais d'autant plus que j'ai commencé vraiment jeune et je pense qu'en fait je l'ai beaucoup trop intériorisé avec le temps. Maintenant quand j'y repense, j'ai beaucoup plus de recul. et beaucoup plus de filtres pour pouvoir lire ça comme des situations sexistes. Mais c'est clair, quand j'y repense vraiment, sur le moment, ça ne me posait pas tant de problèmes parce que je voulais absolument jouer. Donc tu vas jouer pour des sommes ridicules, tu vas jouer pour 50 balles au début, voire tu vas jouer gratuitement. Et quand tu es jeune et en plus quand tu es une fille, il faut vraiment deux fois plus faire ses preuves et tu peux vite être prise de haut ou alors on ne va pas vraiment te respecter. fin. Oui, OK, on te fait jouer, mais bon, on va quand même pas te payer. Ou alors, oui, des techniciens, des fois, mais qui s'en rendent même pas compte, mais qui ont des remarques. Genre, je sais pas, moi, s'il y a un problème au niveau technique, c'est parce que j'ai pas su faire les branchements. Enfin, c'est clair qu'il y a des épisodes comme ça, malheureusement, il y en a eu plein. Mais le truc, c'est qu'on les intériorise beaucoup. Enfin, voilà, moi, maintenant, avec le recul, et actuellement, ça m'arrive moins, mais c'est aussi parce que dès que ça pourrait arriver, je reconnais les situations et je sais réagir face à ça. Mais au début tu acceptes un peu tout et tu t'en rends même pas compte je pense. Mais aujourd'hui on parle beaucoup plus de toutes ces problématiques là et c'est ça aussi qui conscientise beaucoup les femmes et les non-binaires tout ça. Mais il faut arrêter d'intérioriser tout ça comme on l'a tellement fait en fait. Je suis hyper mal à l'aise avec le côté garder du positif de toute cette situation qu'on a subie et qu'on va encore subir à un moment. D'être confiné, de ne plus avoir le droit de faire notre métier, tout ça parce que c'est tellement violent et ça a créé tellement de dégâts pour notre milieu. Moi je pense à toutes les structures et surtout en particulier à tous les artistes qui vont devoir faire autre chose, qui vont devoir faire passer leur carrière au second plan pour pouvoir juste manger en fait. Et du coup je trouve ça tellement dévastateur que j'ai beaucoup de mal à penser. à l'aspect peut-être positif d'introspection, de prendre le temps, d'être en studio. Mais en fait, je considère que c'est qu'on est un petit peu privilégié si on arrive à prendre le positif de ça, de prendre le temps, de penser, de créer, et qu'en fait, Il y a des gens qui sont tellement détresse et précarisés qu'ils ne peuvent même pas se permettre de prendre le positif de ça. Par rapport au secteur, il y a eu beaucoup de problématiques qui ont été soulevées pendant l'arrêt et encore actuellement. Et là, c'est plutôt intéressant, mais c'est plus d'un point de vue collectif. Est-ce qu'on ne préfère pas dans nos soirées faire jouer des locaux davantage que des gens qui viennent de très loin, qui prennent plein d'avions par week-end ? Ça, par contre, c'est super bien que le débat s'ouvre sur ces questions et je pense que ça va aller dans... plutôt dans un bon sens à la reprise qu'on va faire jouer davantage les locaux qu'il y aura quelque chose d'un petit peu plus cohérent qui fera plus sens que avant donc ça c'est positif après je pense quand même que voilà il y aura énormément de négatifs et ça va je me demande si ça va repartir comme avant en fait je pense qu'on va quand même sortir de tout ça très très affaibli et ça c'est grave quoi après c'est difficile de penser à l'après à faire mieux parce que là on veut tellement juste s'en sortir en fait Merci. En tant qu'artiste et même par rapport à tous les acteurs de cet écosystème, je pense qu'on veut juste essayer de s'en relever, que penser à faire mieux de suite, à part ce point-là, moi je ne vois pas vraiment autre chose pour le moment. Je n'arrive pas à être inspirée par faire mieux, on aimerait juste faire pour l'instant. Parce que c'est un petit peu addictif au final, quand tu es habitué à faire ça tous les week-ends ou pratiquement, c'est un rythme et c'est aussi tout ce côté, toute l'adrénaline que ça... ça engendre, que ça génère et toute cette énergie aussi que ça crée moi j'étais j'adorais l'énergie dans laquelle ça me mettait surtout si j'avais par exemple deux dates dans le week-end qui s'enchaînaient, j'ai un côté un petit peu hyper actif et ça me canalisait vachement en fait tout ce rythme là je trouvais ça super excitant et puis lié à voilà dans un environnement qui me passionne de musique et de faire corps avec le son dans ces lieux c'était devenu super addictif, donc je suis en manque en fait là. On a été totalement privés de liberté, au-delà du côté appauvrissement du secteur et tout ça. On a tous très très hâte, on sera tous dans les clubs quand ça repartira. L'intégration peut être étendue au lendemain si votre expérience était intense.

Chapters

  • Introduction à Mila Dietrich et son parcours musical

    00:00

  • Enfance musicale et influences familiales

    00:20

  • Début de la batterie et transition vers la musique électronique

    01:05

  • Premiers pas en tant que DJ et défis techniques

    01:42

  • Influences féminines et importance des modèles

    04:04

  • Expériences de sexisme et introspection sur le parcours

    07:40

  • Réflexions sur l'impact de la pandémie sur la musique

    10:29

Description

The ID Factory est une série de podcasts développés par Electronic Music Factory et Tsugi Radio.

Dans cet épisode, la DJ/productrice originaire de Marseille raconte son parcours musical, rend hommage aux femmes qui ont été ses premières influences en musique électronique et évoque la violence de la crise actuelle pour le monde de l'électro. 

L'entretien est accompagné d'un set de l'artiste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Electronic Music Factory et Tsugi Radio présentent The ID Factory, épisode 5, Mila Dietrich.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai grandi dans une famille en étant vraiment baignée dans la musique depuis super jeune. Mes parents me racontent en rigolant maintenant que même dès que j'ai eu 5-6 ans, ils m'emmenaient avec eux dans des concerts. Après 10 ans, là c'est moi qui commençais à leur proposer des concerts, mais ils m'ont toujours amenée dans des concerts. A la maison, il y a toujours eu un piano, une guitare. Et ils n'avaient pas trop de vinyles, mais ils avaient plein de CD, une énorme collection. Mes parents écoutaient pas mal de rock français ou de rock anglais. Je me souviens des CD de Louis Attac, de Noir Désir, des Clash. Mon père était très punk aussi. Je me suis mise très jeune à écouter du rock aussi. Je me suis mise à la batterie à 10 ans. Du coup, j'avais une batterie dans la cave de la maison familiale. J'en ai fait une dizaine d'années, puis j'ai arrêté pour monter mon projet électronique, et là j'ai racheté une batterie, au premier confinement, il y a quelques mois. Dans ma tête, dans mon cœur, j'avais jamais vraiment arrêté, mais là je me suis vraiment remise, donc c'est hyper cool. J'ai découvert le mix en sortant énormément. Et je me suis mise à mixer en même temps que je me suis mise à produire. Je me suis mise à mixer très très vite. Dès que j'ai eu la première date dans un bar à Marseille, je faisais énormément de playlists sans savoir vraiment mixer. J'ai toujours aimé faire des setlists et en y repensant, c'est vrai que ça c'est un truc que j'ai commencé super jeune à faire, des playlists. C'était aussi dans un certain ordre, il fallait que les morceaux s'enchaînent comme ça. J'ai eu ma première date même avant de savoir vraiment mixer au final. Et justement dans ma bande de copains j'avais des potes notamment le copain d'une copine qui mixait pas mal avec un gars mais c'était très masculin les gens autour de moi qui mixaient et moi je les regardais souvent en soirée et un jour j'ai voulu m'y mettre j'ai acheté ça j'ai acheté un contrôleur pour commencer et je me suis mise comme ça hyper spontanément en prenant les plis que j'avais déjà et en les mettant dans le tracteur mais C'était totalement balbutiant au début parce que moi j'avais ma vision des morceaux que je voulais voir s'enchaîner mais je n'avais pas du tout la technique. Et encore moins la technique sur platine, ça c'est venu après en fait. À force d'avoir des dates, à un moment j'ai été obligée de maîtriser l'outil aussi. Alors j'ai beaucoup préparé comme je disais avec toutes les playlists que j'avais à mes débuts. Je préparais tout, c'était millimétré, je savais l'ordre de passage de tel morceau. J'ai complètement arrêté ça parce que aussi du fait que maintenant je joue énormément mes propres tracks. En gros, je sais à peu près ce qu'il y a dans mes 3-4 clés. Et je ne sais pas du tout par contre quel morceau va venir avant lequel. Je me prévois à la limite l'intro, mais c'est tout. J'aime vraiment me laisser prendre par le timing de mon set. Je joue aussi beaucoup lors de passages, mais aussi vraiment l'énergie sur le moment, la réaction des gens. et j'aime vraiment... Me laisser cette part de risque qui me met un petit peu en danger, je trouve ça beaucoup plus excitant maintenant. Au début, quand j'ai commencé, j'avais un truc très... pas militaire, mais j'étais vachement dans ma bulle et j'avais pas du tout de connexion avec le public, je faisais vraiment mon truc avec ma setlist toute prête, toute millimétrée, et maintenant je suis beaucoup plus perméable aux émotions des gens, il y a beaucoup plus de connexion avec le public, moi je fais beaucoup plus phase avec l'énergie des gens, mais à la fois, je me laisse... Pas contrarié par un élément perturbateur, quand parfois il peut y en avoir, ou par une ambiance qui ne serait pas assez... Après, il y a des limites. Si l'ambiance est vraiment glauque et pas safe, ça ne va pas le faire. Mais je ne sais pas, je dirais que je fais mon set et même si j'ai vachement d'empathie avec le public, je donne toute mon énergie, peu importe le lieu, peu importe l'heure. Et ça, c'est un truc que j'ai vachement appris à faire. On devient des robots à force de tourner Je ne sais pas si je suis vrai Je ne sais pas Je suis vraiment C'est pas bon de s'autobrocher si je suis loin, ne cesse de serrer Ne m'en mets pas, le couteau tranche le lit Je m'en tirerai, séquence répétée Oh je ne sais plus qui a fait quoi du son reflet Un seul seul vide défaut C'est toi et moi, nos visages, des fées Je suis relativement jeune et j'ai une carrière assez courte par rapport à ces 30 ans de musique électronique. Moi ça fait 5 ans que j'ai ce projet, j'ai commencé à 19-20 ans, j'en ai 25 donc j'ai quand même peu de recul. Mais en tout cas ce que je sais et que je dis souvent c'est que moi les premières influences que j'ai eues en musique électronique c'est essentiellement des femmes et c'est vraiment les pionnières de la musique électronique française donc avec Cardini, Chloé, Miss Kitchen, toutes ces figures-là qui ont vraiment construit mon identité musicale au début, moi je me souviens c'était mes modèles en fait. Et c'est super important en tant que meuf d'avoir ce genre de modèle parce que c'est ça qui te donne une légitimité et qui te... à y aller en fait, à le faire toi aussi. Et aujourd'hui on est de plus en plus nombreux donc ça c'est super chouette. Mais c'est que je pense qu'il y a un effet boule de neige aussi, plus on est, et plus d'autres filles se disent moi aussi j'ai envie de le faire et pourquoi pas moi en fait. Ça m'arrive d'avoir des messages de meufs assez jeunes qui me disent j'aimerais bien y mettre, ça me donne carrément envie ton son et tout, et qui me demandent des conseils et je réponds toujours avec plaisir parce que je trouve ça hyper cool de pouvoir guider quelqu'un comme moi ça m'aurait beaucoup servi à l'époque d'avoir des conseils. Je trouve que la passation elle peut se faire comme ça et c'est super intéressant de... de se donner des chips, c'est très encourageant. Et ça, grâce au réseau, on peut créer du lien comme ça, et c'est chouette. Je suis assez proche, depuis mes débuts, de Sarah Singer et Colleen Marianne, par exemple. Et je pense que, d'autant plus entre filles, on se comprend dans nos parcours, on a souvent vécu à peu près les mêmes choses. C'est naturellement qu'il y a une certaine sororité, je pense, qui se crée. Moi, je suis proche de pas mal d'artistes féminines dont j'ai parlé. Bon après c'est vrai que je suis aussi proche d'artistes hommes, enfin masculins, mais je pense qu'il y a un côté où on se comprend dans nos parcours. Et ça c'est beaucoup plus entre femmes qu'avec des gars, on ne peut pas vraiment se comprendre sur les mêmes choses. Après je pense aussi qu'entre filles il y a quand même une espèce de concurrence, mais ça c'est parce qu'entre femmes dans la société on nous a toujours mis en concurrence les unes contre les autres, qui se ressent inconsciemment. Et malgré nous en fait, beaucoup plus qu'entre femmes et hommes. Ça c'est un fait aussi, il y a un petit peu les deux. Il faut vraiment essayer de se concentrer sur le côté sororité et entraide parce que je pense vraiment qu'on a des parcours où on peut se comprendre. Moi ça m'est arrivé de faire face à des situations sexistes, mais d'autant plus que j'ai commencé vraiment jeune et je pense qu'en fait je l'ai beaucoup trop intériorisé avec le temps. Maintenant quand j'y repense, j'ai beaucoup plus de recul. et beaucoup plus de filtres pour pouvoir lire ça comme des situations sexistes. Mais c'est clair, quand j'y repense vraiment, sur le moment, ça ne me posait pas tant de problèmes parce que je voulais absolument jouer. Donc tu vas jouer pour des sommes ridicules, tu vas jouer pour 50 balles au début, voire tu vas jouer gratuitement. Et quand tu es jeune et en plus quand tu es une fille, il faut vraiment deux fois plus faire ses preuves et tu peux vite être prise de haut ou alors on ne va pas vraiment te respecter. fin. Oui, OK, on te fait jouer, mais bon, on va quand même pas te payer. Ou alors, oui, des techniciens, des fois, mais qui s'en rendent même pas compte, mais qui ont des remarques. Genre, je sais pas, moi, s'il y a un problème au niveau technique, c'est parce que j'ai pas su faire les branchements. Enfin, c'est clair qu'il y a des épisodes comme ça, malheureusement, il y en a eu plein. Mais le truc, c'est qu'on les intériorise beaucoup. Enfin, voilà, moi, maintenant, avec le recul, et actuellement, ça m'arrive moins, mais c'est aussi parce que dès que ça pourrait arriver, je reconnais les situations et je sais réagir face à ça. Mais au début tu acceptes un peu tout et tu t'en rends même pas compte je pense. Mais aujourd'hui on parle beaucoup plus de toutes ces problématiques là et c'est ça aussi qui conscientise beaucoup les femmes et les non-binaires tout ça. Mais il faut arrêter d'intérioriser tout ça comme on l'a tellement fait en fait. Je suis hyper mal à l'aise avec le côté garder du positif de toute cette situation qu'on a subie et qu'on va encore subir à un moment. D'être confiné, de ne plus avoir le droit de faire notre métier, tout ça parce que c'est tellement violent et ça a créé tellement de dégâts pour notre milieu. Moi je pense à toutes les structures et surtout en particulier à tous les artistes qui vont devoir faire autre chose, qui vont devoir faire passer leur carrière au second plan pour pouvoir juste manger en fait. Et du coup je trouve ça tellement dévastateur que j'ai beaucoup de mal à penser. à l'aspect peut-être positif d'introspection, de prendre le temps, d'être en studio. Mais en fait, je considère que c'est qu'on est un petit peu privilégié si on arrive à prendre le positif de ça, de prendre le temps, de penser, de créer, et qu'en fait, Il y a des gens qui sont tellement détresse et précarisés qu'ils ne peuvent même pas se permettre de prendre le positif de ça. Par rapport au secteur, il y a eu beaucoup de problématiques qui ont été soulevées pendant l'arrêt et encore actuellement. Et là, c'est plutôt intéressant, mais c'est plus d'un point de vue collectif. Est-ce qu'on ne préfère pas dans nos soirées faire jouer des locaux davantage que des gens qui viennent de très loin, qui prennent plein d'avions par week-end ? Ça, par contre, c'est super bien que le débat s'ouvre sur ces questions et je pense que ça va aller dans... plutôt dans un bon sens à la reprise qu'on va faire jouer davantage les locaux qu'il y aura quelque chose d'un petit peu plus cohérent qui fera plus sens que avant donc ça c'est positif après je pense quand même que voilà il y aura énormément de négatifs et ça va je me demande si ça va repartir comme avant en fait je pense qu'on va quand même sortir de tout ça très très affaibli et ça c'est grave quoi après c'est difficile de penser à l'après à faire mieux parce que là on veut tellement juste s'en sortir en fait Merci. En tant qu'artiste et même par rapport à tous les acteurs de cet écosystème, je pense qu'on veut juste essayer de s'en relever, que penser à faire mieux de suite, à part ce point-là, moi je ne vois pas vraiment autre chose pour le moment. Je n'arrive pas à être inspirée par faire mieux, on aimerait juste faire pour l'instant. Parce que c'est un petit peu addictif au final, quand tu es habitué à faire ça tous les week-ends ou pratiquement, c'est un rythme et c'est aussi tout ce côté, toute l'adrénaline que ça... ça engendre, que ça génère et toute cette énergie aussi que ça crée moi j'étais j'adorais l'énergie dans laquelle ça me mettait surtout si j'avais par exemple deux dates dans le week-end qui s'enchaînaient, j'ai un côté un petit peu hyper actif et ça me canalisait vachement en fait tout ce rythme là je trouvais ça super excitant et puis lié à voilà dans un environnement qui me passionne de musique et de faire corps avec le son dans ces lieux c'était devenu super addictif, donc je suis en manque en fait là. On a été totalement privés de liberté, au-delà du côté appauvrissement du secteur et tout ça. On a tous très très hâte, on sera tous dans les clubs quand ça repartira. L'intégration peut être étendue au lendemain si votre expérience était intense.

Chapters

  • Introduction à Mila Dietrich et son parcours musical

    00:00

  • Enfance musicale et influences familiales

    00:20

  • Début de la batterie et transition vers la musique électronique

    01:05

  • Premiers pas en tant que DJ et défis techniques

    01:42

  • Influences féminines et importance des modèles

    04:04

  • Expériences de sexisme et introspection sur le parcours

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  • Réflexions sur l'impact de la pandémie sur la musique

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Description

The ID Factory est une série de podcasts développés par Electronic Music Factory et Tsugi Radio.

Dans cet épisode, la DJ/productrice originaire de Marseille raconte son parcours musical, rend hommage aux femmes qui ont été ses premières influences en musique électronique et évoque la violence de la crise actuelle pour le monde de l'électro. 

L'entretien est accompagné d'un set de l'artiste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Electronic Music Factory et Tsugi Radio présentent The ID Factory, épisode 5, Mila Dietrich.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai grandi dans une famille en étant vraiment baignée dans la musique depuis super jeune. Mes parents me racontent en rigolant maintenant que même dès que j'ai eu 5-6 ans, ils m'emmenaient avec eux dans des concerts. Après 10 ans, là c'est moi qui commençais à leur proposer des concerts, mais ils m'ont toujours amenée dans des concerts. A la maison, il y a toujours eu un piano, une guitare. Et ils n'avaient pas trop de vinyles, mais ils avaient plein de CD, une énorme collection. Mes parents écoutaient pas mal de rock français ou de rock anglais. Je me souviens des CD de Louis Attac, de Noir Désir, des Clash. Mon père était très punk aussi. Je me suis mise très jeune à écouter du rock aussi. Je me suis mise à la batterie à 10 ans. Du coup, j'avais une batterie dans la cave de la maison familiale. J'en ai fait une dizaine d'années, puis j'ai arrêté pour monter mon projet électronique, et là j'ai racheté une batterie, au premier confinement, il y a quelques mois. Dans ma tête, dans mon cœur, j'avais jamais vraiment arrêté, mais là je me suis vraiment remise, donc c'est hyper cool. J'ai découvert le mix en sortant énormément. Et je me suis mise à mixer en même temps que je me suis mise à produire. Je me suis mise à mixer très très vite. Dès que j'ai eu la première date dans un bar à Marseille, je faisais énormément de playlists sans savoir vraiment mixer. J'ai toujours aimé faire des setlists et en y repensant, c'est vrai que ça c'est un truc que j'ai commencé super jeune à faire, des playlists. C'était aussi dans un certain ordre, il fallait que les morceaux s'enchaînent comme ça. J'ai eu ma première date même avant de savoir vraiment mixer au final. Et justement dans ma bande de copains j'avais des potes notamment le copain d'une copine qui mixait pas mal avec un gars mais c'était très masculin les gens autour de moi qui mixaient et moi je les regardais souvent en soirée et un jour j'ai voulu m'y mettre j'ai acheté ça j'ai acheté un contrôleur pour commencer et je me suis mise comme ça hyper spontanément en prenant les plis que j'avais déjà et en les mettant dans le tracteur mais C'était totalement balbutiant au début parce que moi j'avais ma vision des morceaux que je voulais voir s'enchaîner mais je n'avais pas du tout la technique. Et encore moins la technique sur platine, ça c'est venu après en fait. À force d'avoir des dates, à un moment j'ai été obligée de maîtriser l'outil aussi. Alors j'ai beaucoup préparé comme je disais avec toutes les playlists que j'avais à mes débuts. Je préparais tout, c'était millimétré, je savais l'ordre de passage de tel morceau. J'ai complètement arrêté ça parce que aussi du fait que maintenant je joue énormément mes propres tracks. En gros, je sais à peu près ce qu'il y a dans mes 3-4 clés. Et je ne sais pas du tout par contre quel morceau va venir avant lequel. Je me prévois à la limite l'intro, mais c'est tout. J'aime vraiment me laisser prendre par le timing de mon set. Je joue aussi beaucoup lors de passages, mais aussi vraiment l'énergie sur le moment, la réaction des gens. et j'aime vraiment... Me laisser cette part de risque qui me met un petit peu en danger, je trouve ça beaucoup plus excitant maintenant. Au début, quand j'ai commencé, j'avais un truc très... pas militaire, mais j'étais vachement dans ma bulle et j'avais pas du tout de connexion avec le public, je faisais vraiment mon truc avec ma setlist toute prête, toute millimétrée, et maintenant je suis beaucoup plus perméable aux émotions des gens, il y a beaucoup plus de connexion avec le public, moi je fais beaucoup plus phase avec l'énergie des gens, mais à la fois, je me laisse... Pas contrarié par un élément perturbateur, quand parfois il peut y en avoir, ou par une ambiance qui ne serait pas assez... Après, il y a des limites. Si l'ambiance est vraiment glauque et pas safe, ça ne va pas le faire. Mais je ne sais pas, je dirais que je fais mon set et même si j'ai vachement d'empathie avec le public, je donne toute mon énergie, peu importe le lieu, peu importe l'heure. Et ça, c'est un truc que j'ai vachement appris à faire. On devient des robots à force de tourner Je ne sais pas si je suis vrai Je ne sais pas Je suis vraiment C'est pas bon de s'autobrocher si je suis loin, ne cesse de serrer Ne m'en mets pas, le couteau tranche le lit Je m'en tirerai, séquence répétée Oh je ne sais plus qui a fait quoi du son reflet Un seul seul vide défaut C'est toi et moi, nos visages, des fées Je suis relativement jeune et j'ai une carrière assez courte par rapport à ces 30 ans de musique électronique. Moi ça fait 5 ans que j'ai ce projet, j'ai commencé à 19-20 ans, j'en ai 25 donc j'ai quand même peu de recul. Mais en tout cas ce que je sais et que je dis souvent c'est que moi les premières influences que j'ai eues en musique électronique c'est essentiellement des femmes et c'est vraiment les pionnières de la musique électronique française donc avec Cardini, Chloé, Miss Kitchen, toutes ces figures-là qui ont vraiment construit mon identité musicale au début, moi je me souviens c'était mes modèles en fait. Et c'est super important en tant que meuf d'avoir ce genre de modèle parce que c'est ça qui te donne une légitimité et qui te... à y aller en fait, à le faire toi aussi. Et aujourd'hui on est de plus en plus nombreux donc ça c'est super chouette. Mais c'est que je pense qu'il y a un effet boule de neige aussi, plus on est, et plus d'autres filles se disent moi aussi j'ai envie de le faire et pourquoi pas moi en fait. Ça m'arrive d'avoir des messages de meufs assez jeunes qui me disent j'aimerais bien y mettre, ça me donne carrément envie ton son et tout, et qui me demandent des conseils et je réponds toujours avec plaisir parce que je trouve ça hyper cool de pouvoir guider quelqu'un comme moi ça m'aurait beaucoup servi à l'époque d'avoir des conseils. Je trouve que la passation elle peut se faire comme ça et c'est super intéressant de... de se donner des chips, c'est très encourageant. Et ça, grâce au réseau, on peut créer du lien comme ça, et c'est chouette. Je suis assez proche, depuis mes débuts, de Sarah Singer et Colleen Marianne, par exemple. Et je pense que, d'autant plus entre filles, on se comprend dans nos parcours, on a souvent vécu à peu près les mêmes choses. C'est naturellement qu'il y a une certaine sororité, je pense, qui se crée. Moi, je suis proche de pas mal d'artistes féminines dont j'ai parlé. Bon après c'est vrai que je suis aussi proche d'artistes hommes, enfin masculins, mais je pense qu'il y a un côté où on se comprend dans nos parcours. Et ça c'est beaucoup plus entre femmes qu'avec des gars, on ne peut pas vraiment se comprendre sur les mêmes choses. Après je pense aussi qu'entre filles il y a quand même une espèce de concurrence, mais ça c'est parce qu'entre femmes dans la société on nous a toujours mis en concurrence les unes contre les autres, qui se ressent inconsciemment. Et malgré nous en fait, beaucoup plus qu'entre femmes et hommes. Ça c'est un fait aussi, il y a un petit peu les deux. Il faut vraiment essayer de se concentrer sur le côté sororité et entraide parce que je pense vraiment qu'on a des parcours où on peut se comprendre. Moi ça m'est arrivé de faire face à des situations sexistes, mais d'autant plus que j'ai commencé vraiment jeune et je pense qu'en fait je l'ai beaucoup trop intériorisé avec le temps. Maintenant quand j'y repense, j'ai beaucoup plus de recul. et beaucoup plus de filtres pour pouvoir lire ça comme des situations sexistes. Mais c'est clair, quand j'y repense vraiment, sur le moment, ça ne me posait pas tant de problèmes parce que je voulais absolument jouer. Donc tu vas jouer pour des sommes ridicules, tu vas jouer pour 50 balles au début, voire tu vas jouer gratuitement. Et quand tu es jeune et en plus quand tu es une fille, il faut vraiment deux fois plus faire ses preuves et tu peux vite être prise de haut ou alors on ne va pas vraiment te respecter. fin. Oui, OK, on te fait jouer, mais bon, on va quand même pas te payer. Ou alors, oui, des techniciens, des fois, mais qui s'en rendent même pas compte, mais qui ont des remarques. Genre, je sais pas, moi, s'il y a un problème au niveau technique, c'est parce que j'ai pas su faire les branchements. Enfin, c'est clair qu'il y a des épisodes comme ça, malheureusement, il y en a eu plein. Mais le truc, c'est qu'on les intériorise beaucoup. Enfin, voilà, moi, maintenant, avec le recul, et actuellement, ça m'arrive moins, mais c'est aussi parce que dès que ça pourrait arriver, je reconnais les situations et je sais réagir face à ça. Mais au début tu acceptes un peu tout et tu t'en rends même pas compte je pense. Mais aujourd'hui on parle beaucoup plus de toutes ces problématiques là et c'est ça aussi qui conscientise beaucoup les femmes et les non-binaires tout ça. Mais il faut arrêter d'intérioriser tout ça comme on l'a tellement fait en fait. Je suis hyper mal à l'aise avec le côté garder du positif de toute cette situation qu'on a subie et qu'on va encore subir à un moment. D'être confiné, de ne plus avoir le droit de faire notre métier, tout ça parce que c'est tellement violent et ça a créé tellement de dégâts pour notre milieu. Moi je pense à toutes les structures et surtout en particulier à tous les artistes qui vont devoir faire autre chose, qui vont devoir faire passer leur carrière au second plan pour pouvoir juste manger en fait. Et du coup je trouve ça tellement dévastateur que j'ai beaucoup de mal à penser. à l'aspect peut-être positif d'introspection, de prendre le temps, d'être en studio. Mais en fait, je considère que c'est qu'on est un petit peu privilégié si on arrive à prendre le positif de ça, de prendre le temps, de penser, de créer, et qu'en fait, Il y a des gens qui sont tellement détresse et précarisés qu'ils ne peuvent même pas se permettre de prendre le positif de ça. Par rapport au secteur, il y a eu beaucoup de problématiques qui ont été soulevées pendant l'arrêt et encore actuellement. Et là, c'est plutôt intéressant, mais c'est plus d'un point de vue collectif. Est-ce qu'on ne préfère pas dans nos soirées faire jouer des locaux davantage que des gens qui viennent de très loin, qui prennent plein d'avions par week-end ? Ça, par contre, c'est super bien que le débat s'ouvre sur ces questions et je pense que ça va aller dans... plutôt dans un bon sens à la reprise qu'on va faire jouer davantage les locaux qu'il y aura quelque chose d'un petit peu plus cohérent qui fera plus sens que avant donc ça c'est positif après je pense quand même que voilà il y aura énormément de négatifs et ça va je me demande si ça va repartir comme avant en fait je pense qu'on va quand même sortir de tout ça très très affaibli et ça c'est grave quoi après c'est difficile de penser à l'après à faire mieux parce que là on veut tellement juste s'en sortir en fait Merci. En tant qu'artiste et même par rapport à tous les acteurs de cet écosystème, je pense qu'on veut juste essayer de s'en relever, que penser à faire mieux de suite, à part ce point-là, moi je ne vois pas vraiment autre chose pour le moment. Je n'arrive pas à être inspirée par faire mieux, on aimerait juste faire pour l'instant. Parce que c'est un petit peu addictif au final, quand tu es habitué à faire ça tous les week-ends ou pratiquement, c'est un rythme et c'est aussi tout ce côté, toute l'adrénaline que ça... ça engendre, que ça génère et toute cette énergie aussi que ça crée moi j'étais j'adorais l'énergie dans laquelle ça me mettait surtout si j'avais par exemple deux dates dans le week-end qui s'enchaînaient, j'ai un côté un petit peu hyper actif et ça me canalisait vachement en fait tout ce rythme là je trouvais ça super excitant et puis lié à voilà dans un environnement qui me passionne de musique et de faire corps avec le son dans ces lieux c'était devenu super addictif, donc je suis en manque en fait là. On a été totalement privés de liberté, au-delà du côté appauvrissement du secteur et tout ça. On a tous très très hâte, on sera tous dans les clubs quand ça repartira. L'intégration peut être étendue au lendemain si votre expérience était intense.

Chapters

  • Introduction à Mila Dietrich et son parcours musical

    00:00

  • Enfance musicale et influences familiales

    00:20

  • Début de la batterie et transition vers la musique électronique

    01:05

  • Premiers pas en tant que DJ et défis techniques

    01:42

  • Influences féminines et importance des modèles

    04:04

  • Expériences de sexisme et introspection sur le parcours

    07:40

  • Réflexions sur l'impact de la pandémie sur la musique

    10:29

Description

The ID Factory est une série de podcasts développés par Electronic Music Factory et Tsugi Radio.

Dans cet épisode, la DJ/productrice originaire de Marseille raconte son parcours musical, rend hommage aux femmes qui ont été ses premières influences en musique électronique et évoque la violence de la crise actuelle pour le monde de l'électro. 

L'entretien est accompagné d'un set de l'artiste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Electronic Music Factory et Tsugi Radio présentent The ID Factory, épisode 5, Mila Dietrich.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai grandi dans une famille en étant vraiment baignée dans la musique depuis super jeune. Mes parents me racontent en rigolant maintenant que même dès que j'ai eu 5-6 ans, ils m'emmenaient avec eux dans des concerts. Après 10 ans, là c'est moi qui commençais à leur proposer des concerts, mais ils m'ont toujours amenée dans des concerts. A la maison, il y a toujours eu un piano, une guitare. Et ils n'avaient pas trop de vinyles, mais ils avaient plein de CD, une énorme collection. Mes parents écoutaient pas mal de rock français ou de rock anglais. Je me souviens des CD de Louis Attac, de Noir Désir, des Clash. Mon père était très punk aussi. Je me suis mise très jeune à écouter du rock aussi. Je me suis mise à la batterie à 10 ans. Du coup, j'avais une batterie dans la cave de la maison familiale. J'en ai fait une dizaine d'années, puis j'ai arrêté pour monter mon projet électronique, et là j'ai racheté une batterie, au premier confinement, il y a quelques mois. Dans ma tête, dans mon cœur, j'avais jamais vraiment arrêté, mais là je me suis vraiment remise, donc c'est hyper cool. J'ai découvert le mix en sortant énormément. Et je me suis mise à mixer en même temps que je me suis mise à produire. Je me suis mise à mixer très très vite. Dès que j'ai eu la première date dans un bar à Marseille, je faisais énormément de playlists sans savoir vraiment mixer. J'ai toujours aimé faire des setlists et en y repensant, c'est vrai que ça c'est un truc que j'ai commencé super jeune à faire, des playlists. C'était aussi dans un certain ordre, il fallait que les morceaux s'enchaînent comme ça. J'ai eu ma première date même avant de savoir vraiment mixer au final. Et justement dans ma bande de copains j'avais des potes notamment le copain d'une copine qui mixait pas mal avec un gars mais c'était très masculin les gens autour de moi qui mixaient et moi je les regardais souvent en soirée et un jour j'ai voulu m'y mettre j'ai acheté ça j'ai acheté un contrôleur pour commencer et je me suis mise comme ça hyper spontanément en prenant les plis que j'avais déjà et en les mettant dans le tracteur mais C'était totalement balbutiant au début parce que moi j'avais ma vision des morceaux que je voulais voir s'enchaîner mais je n'avais pas du tout la technique. Et encore moins la technique sur platine, ça c'est venu après en fait. À force d'avoir des dates, à un moment j'ai été obligée de maîtriser l'outil aussi. Alors j'ai beaucoup préparé comme je disais avec toutes les playlists que j'avais à mes débuts. Je préparais tout, c'était millimétré, je savais l'ordre de passage de tel morceau. J'ai complètement arrêté ça parce que aussi du fait que maintenant je joue énormément mes propres tracks. En gros, je sais à peu près ce qu'il y a dans mes 3-4 clés. Et je ne sais pas du tout par contre quel morceau va venir avant lequel. Je me prévois à la limite l'intro, mais c'est tout. J'aime vraiment me laisser prendre par le timing de mon set. Je joue aussi beaucoup lors de passages, mais aussi vraiment l'énergie sur le moment, la réaction des gens. et j'aime vraiment... Me laisser cette part de risque qui me met un petit peu en danger, je trouve ça beaucoup plus excitant maintenant. Au début, quand j'ai commencé, j'avais un truc très... pas militaire, mais j'étais vachement dans ma bulle et j'avais pas du tout de connexion avec le public, je faisais vraiment mon truc avec ma setlist toute prête, toute millimétrée, et maintenant je suis beaucoup plus perméable aux émotions des gens, il y a beaucoup plus de connexion avec le public, moi je fais beaucoup plus phase avec l'énergie des gens, mais à la fois, je me laisse... Pas contrarié par un élément perturbateur, quand parfois il peut y en avoir, ou par une ambiance qui ne serait pas assez... Après, il y a des limites. Si l'ambiance est vraiment glauque et pas safe, ça ne va pas le faire. Mais je ne sais pas, je dirais que je fais mon set et même si j'ai vachement d'empathie avec le public, je donne toute mon énergie, peu importe le lieu, peu importe l'heure. Et ça, c'est un truc que j'ai vachement appris à faire. On devient des robots à force de tourner Je ne sais pas si je suis vrai Je ne sais pas Je suis vraiment C'est pas bon de s'autobrocher si je suis loin, ne cesse de serrer Ne m'en mets pas, le couteau tranche le lit Je m'en tirerai, séquence répétée Oh je ne sais plus qui a fait quoi du son reflet Un seul seul vide défaut C'est toi et moi, nos visages, des fées Je suis relativement jeune et j'ai une carrière assez courte par rapport à ces 30 ans de musique électronique. Moi ça fait 5 ans que j'ai ce projet, j'ai commencé à 19-20 ans, j'en ai 25 donc j'ai quand même peu de recul. Mais en tout cas ce que je sais et que je dis souvent c'est que moi les premières influences que j'ai eues en musique électronique c'est essentiellement des femmes et c'est vraiment les pionnières de la musique électronique française donc avec Cardini, Chloé, Miss Kitchen, toutes ces figures-là qui ont vraiment construit mon identité musicale au début, moi je me souviens c'était mes modèles en fait. Et c'est super important en tant que meuf d'avoir ce genre de modèle parce que c'est ça qui te donne une légitimité et qui te... à y aller en fait, à le faire toi aussi. Et aujourd'hui on est de plus en plus nombreux donc ça c'est super chouette. Mais c'est que je pense qu'il y a un effet boule de neige aussi, plus on est, et plus d'autres filles se disent moi aussi j'ai envie de le faire et pourquoi pas moi en fait. Ça m'arrive d'avoir des messages de meufs assez jeunes qui me disent j'aimerais bien y mettre, ça me donne carrément envie ton son et tout, et qui me demandent des conseils et je réponds toujours avec plaisir parce que je trouve ça hyper cool de pouvoir guider quelqu'un comme moi ça m'aurait beaucoup servi à l'époque d'avoir des conseils. Je trouve que la passation elle peut se faire comme ça et c'est super intéressant de... de se donner des chips, c'est très encourageant. Et ça, grâce au réseau, on peut créer du lien comme ça, et c'est chouette. Je suis assez proche, depuis mes débuts, de Sarah Singer et Colleen Marianne, par exemple. Et je pense que, d'autant plus entre filles, on se comprend dans nos parcours, on a souvent vécu à peu près les mêmes choses. C'est naturellement qu'il y a une certaine sororité, je pense, qui se crée. Moi, je suis proche de pas mal d'artistes féminines dont j'ai parlé. Bon après c'est vrai que je suis aussi proche d'artistes hommes, enfin masculins, mais je pense qu'il y a un côté où on se comprend dans nos parcours. Et ça c'est beaucoup plus entre femmes qu'avec des gars, on ne peut pas vraiment se comprendre sur les mêmes choses. Après je pense aussi qu'entre filles il y a quand même une espèce de concurrence, mais ça c'est parce qu'entre femmes dans la société on nous a toujours mis en concurrence les unes contre les autres, qui se ressent inconsciemment. Et malgré nous en fait, beaucoup plus qu'entre femmes et hommes. Ça c'est un fait aussi, il y a un petit peu les deux. Il faut vraiment essayer de se concentrer sur le côté sororité et entraide parce que je pense vraiment qu'on a des parcours où on peut se comprendre. Moi ça m'est arrivé de faire face à des situations sexistes, mais d'autant plus que j'ai commencé vraiment jeune et je pense qu'en fait je l'ai beaucoup trop intériorisé avec le temps. Maintenant quand j'y repense, j'ai beaucoup plus de recul. et beaucoup plus de filtres pour pouvoir lire ça comme des situations sexistes. Mais c'est clair, quand j'y repense vraiment, sur le moment, ça ne me posait pas tant de problèmes parce que je voulais absolument jouer. Donc tu vas jouer pour des sommes ridicules, tu vas jouer pour 50 balles au début, voire tu vas jouer gratuitement. Et quand tu es jeune et en plus quand tu es une fille, il faut vraiment deux fois plus faire ses preuves et tu peux vite être prise de haut ou alors on ne va pas vraiment te respecter. fin. Oui, OK, on te fait jouer, mais bon, on va quand même pas te payer. Ou alors, oui, des techniciens, des fois, mais qui s'en rendent même pas compte, mais qui ont des remarques. Genre, je sais pas, moi, s'il y a un problème au niveau technique, c'est parce que j'ai pas su faire les branchements. Enfin, c'est clair qu'il y a des épisodes comme ça, malheureusement, il y en a eu plein. Mais le truc, c'est qu'on les intériorise beaucoup. Enfin, voilà, moi, maintenant, avec le recul, et actuellement, ça m'arrive moins, mais c'est aussi parce que dès que ça pourrait arriver, je reconnais les situations et je sais réagir face à ça. Mais au début tu acceptes un peu tout et tu t'en rends même pas compte je pense. Mais aujourd'hui on parle beaucoup plus de toutes ces problématiques là et c'est ça aussi qui conscientise beaucoup les femmes et les non-binaires tout ça. Mais il faut arrêter d'intérioriser tout ça comme on l'a tellement fait en fait. Je suis hyper mal à l'aise avec le côté garder du positif de toute cette situation qu'on a subie et qu'on va encore subir à un moment. D'être confiné, de ne plus avoir le droit de faire notre métier, tout ça parce que c'est tellement violent et ça a créé tellement de dégâts pour notre milieu. Moi je pense à toutes les structures et surtout en particulier à tous les artistes qui vont devoir faire autre chose, qui vont devoir faire passer leur carrière au second plan pour pouvoir juste manger en fait. Et du coup je trouve ça tellement dévastateur que j'ai beaucoup de mal à penser. à l'aspect peut-être positif d'introspection, de prendre le temps, d'être en studio. Mais en fait, je considère que c'est qu'on est un petit peu privilégié si on arrive à prendre le positif de ça, de prendre le temps, de penser, de créer, et qu'en fait, Il y a des gens qui sont tellement détresse et précarisés qu'ils ne peuvent même pas se permettre de prendre le positif de ça. Par rapport au secteur, il y a eu beaucoup de problématiques qui ont été soulevées pendant l'arrêt et encore actuellement. Et là, c'est plutôt intéressant, mais c'est plus d'un point de vue collectif. Est-ce qu'on ne préfère pas dans nos soirées faire jouer des locaux davantage que des gens qui viennent de très loin, qui prennent plein d'avions par week-end ? Ça, par contre, c'est super bien que le débat s'ouvre sur ces questions et je pense que ça va aller dans... plutôt dans un bon sens à la reprise qu'on va faire jouer davantage les locaux qu'il y aura quelque chose d'un petit peu plus cohérent qui fera plus sens que avant donc ça c'est positif après je pense quand même que voilà il y aura énormément de négatifs et ça va je me demande si ça va repartir comme avant en fait je pense qu'on va quand même sortir de tout ça très très affaibli et ça c'est grave quoi après c'est difficile de penser à l'après à faire mieux parce que là on veut tellement juste s'en sortir en fait Merci. En tant qu'artiste et même par rapport à tous les acteurs de cet écosystème, je pense qu'on veut juste essayer de s'en relever, que penser à faire mieux de suite, à part ce point-là, moi je ne vois pas vraiment autre chose pour le moment. Je n'arrive pas à être inspirée par faire mieux, on aimerait juste faire pour l'instant. Parce que c'est un petit peu addictif au final, quand tu es habitué à faire ça tous les week-ends ou pratiquement, c'est un rythme et c'est aussi tout ce côté, toute l'adrénaline que ça... ça engendre, que ça génère et toute cette énergie aussi que ça crée moi j'étais j'adorais l'énergie dans laquelle ça me mettait surtout si j'avais par exemple deux dates dans le week-end qui s'enchaînaient, j'ai un côté un petit peu hyper actif et ça me canalisait vachement en fait tout ce rythme là je trouvais ça super excitant et puis lié à voilà dans un environnement qui me passionne de musique et de faire corps avec le son dans ces lieux c'était devenu super addictif, donc je suis en manque en fait là. On a été totalement privés de liberté, au-delà du côté appauvrissement du secteur et tout ça. On a tous très très hâte, on sera tous dans les clubs quand ça repartira. L'intégration peut être étendue au lendemain si votre expérience était intense.

Chapters

  • Introduction à Mila Dietrich et son parcours musical

    00:00

  • Enfance musicale et influences familiales

    00:20

  • Début de la batterie et transition vers la musique électronique

    01:05

  • Premiers pas en tant que DJ et défis techniques

    01:42

  • Influences féminines et importance des modèles

    04:04

  • Expériences de sexisme et introspection sur le parcours

    07:40

  • Réflexions sur l'impact de la pandémie sur la musique

    10:29

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