undefined cover
undefined cover
Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant » cover
Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant » cover
Electro

Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant »

Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant »

18min |22/06/2021
Play
undefined cover
undefined cover
Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant » cover
Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant » cover
Electro

Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant »

Rag : « Je n’ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu’avant »

18min |22/06/2021
Play

Description

Dans cet épisode, Rag évoque ses premiers souvenirs de musique, des chants corses sur une cassette de ses parents, son goût précoce pour organiser des fêtes, sa découverte des platines dans une ambiance de sororité.


Directrice artistique des soirées Barbi(e)turix, collectif lesbien et féministe créé en 2004 à Paris, Rag revient sur ces années de mobilisation pour permettre aux femmes de vivre pleinement la musique électro en sécurité et en liberté. Du Pulp aux soirées Wet for me à la Machine du Moulin Rouge, Rag et le collectif ont fait avancer la cause des femmes avec les fêtes LGBTQI. Après cette longue interruption liée au Covid, la DJ s’interroge sur l’avenir du streaming, la capacité de la nouvelle scène électro à rebondir, l’évolution du clubbing et dit attendre des changements dans les habitudes des acteurs de l’électro.


L'entretien et le set de Rag sont enregistrés dans les studios de Tsugi Radio.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'adore les gros tubes, ça a toujours été une petite touche que j'ai essayé de faire dans mes sets, pas forcément le tube ultra commercial, mais toujours le tube que tout le monde connaît, c'est de passer un Michael Jackson dans ton set, ou un vieux tube Italo Disco, ou... même, là, il n'y a pas longtemps, j'ai retrouvé un remix un peu d'Isabelle Adjani. Et ça, je trouve ça génial de pouvoir le faire. Je trouve ça hyper intéressant quand j'entends des DJs le faire. Je sais que beaucoup ne le font pas. Je ne sais pas pourquoi, mais moi, j'aime beaucoup parce que j'adore les tubes. Moi, je n'attends qu'une chose, c'est d'aller voir Céline Dion qui a été annulée maintes et maintes fois. Bon, voilà. J'adore les tubes. Mes parents écoutaient très peu de musique. J'ai un souvenir particulier, c'est qu'on avait l'habitude d'aller en Corse l'été et ils avaient acheté une cassette, une cassette audio à l'ancienne. Et j'ai ce souvenir de mes parents qui écoutaient cette cassette de chant corse en boucle. Donc rien à voir avec ma culture musicale, rien à voir avec la leur non plus, mais je sais pas pourquoi j'ai ce souvenir de ces chants corses qui reviennent des milliers de fois chez moi et sinon je me suis faite ma culture musicale toute seule dans ma chambre. J'écoutais beaucoup la radio, j'écoutais beaucoup radio fgi à l'époque j'avais certains tubes que j'aimais beaucoup et j'essaie de les enregistrer sur ma chaîne et fille beaucoup de tubes c'était les années 80 moi j'ai donc je suis né de toute fin toute fin toute fin des années 70 donc ouais voilà j'avais j'avais dit 10 ans, en 88, j'écoutais beaucoup Mylène Farmer, forcément comme une pré-ado, comme une bonne petite gouine que je suis. Mais j'ai écouté beaucoup les tuts des années 80 et c'est vrai que cette touche se ressent toujours dans mes sets. J'aime beaucoup tout ce qui est synthétiseur, tout ce qui est électronique. L'italo-disco, c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup parce que ça fait partie de moi et c'est avec ça que j'ai fait ma culture musicale quand j'étais plus jeune. Je me souviens que je m'occupais de la radio, de mon collège à la cantine. On diffusait de la musique et c'est moi qui faisais effectivement la playlist toujours sur ces fameuses cassettes audio. Et je me suis un peu imposée là-dessus et c'est vrai qu'en plus c'était un groupe de gars. Et j'ai dû un peu jouer des coups, c'est peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai voulu rapidement faire des fêtes un peu exclusives. Mais c'est vrai que je m'étais occupée de ça. C'est marrant, je ne m'en souvenais plus. Et après, rapidement, j'ai essayé quand même d'animer les boums. Mais je ne sais pas, j'ai un mauvais souvenir de mes premières boums. Forcément, on est prêt à dos. On a 13 ans, 14 ans, on n'est pas... On n'est pas au top, mais j'ai toujours voulu faire organiser des fêtes. Toujours. Même encore maintenant, avec mes voisins. C'est toujours moi qui suis moteur de ces choses-là, au-delà des What For Me. Mais j'essaye d'organiser des choses très souvent. Musique La découverte des platines, des vraies platines, elles se sont faites au Mixer Bar, pour moi. Avec DJ D-Press, à l'époque, qui m'a vraiment aidée. C'est de la sororité, en fait. C'était des femmes. Et c'est vrai que je traînais pas mal dans ce bar. Et c'est vrai que j'avais toujours ces envies, depuis déjà plusieurs années, d'essayer de mixer. Mais c'est vrai que quand on n'a pas le matériel, quand on n'a pas forcément des gens qui peuvent... vous accompagner, c'est compliqué de faire ça tout seul. Maintenant, c'est plus facile, je pense, avec n'importe quel ordi. On peut facilement se créer une petite table de mixage analogique, virtuelle, sur Internet, je ne sais pas. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était un peu plus compliqué. Et c'est vrai, en plus, avec mes vinyles, j'essayais de rentrer dans ces disquaires. On ne pouvait pas acheter comme ça la musique sur Internet comme maintenant on le fait. Donc il fallait rentrer chez Discair, il fallait déjà avoir un certain courage de pousser la porte de chez Techno Imports, là, dans le 11ème. Et après d'essayer de voir tous ces labels dont tu ne comprends pas, d'essayer de trouver un vendeur sans qu'ils te prennent pour une imbécile. C'était assez courageux, je trouve, à l'époque, justement, ma génération de DJ, c'était moins facile, moins facile. Le déclic pour moi de pousser la porte de ces magasins de disques, ça a été vraiment de voir mes copines le faire en fait. C'est hyper important. Pour moi, ça a été hyper important d'avoir des repères. C'est juste de voir mes copines, qui n'étaient pas forcément ni plus courageuses, ni plus dégourdies que moi. En tout cas, c'est comme ça que je considérais qu'il y avait le courage de le faire. Au début, je n'y allais pas tout seul, j'y allais avec elles. Donc ça m'a aidée, ça m'a vraiment aidée d'avoir des gens autour de moi. La découverte des musiques électroniques pour moi elle s'est faite clairement dans les clubs et particulièrement au pulp parce que c'est vraiment le club où j'ai commencé à sortir de manière régulière. Très jeune j'ai été attiré par les clubs, dès que j'ai eu mon permis de conduire de toute façon j'ai filé, j'allais beaucoup au Folies Pigalle à l'époque. ou pas là, ça me rajeunit encore au Fully Spiegel mais j'étais jeune vraiment, même quand j'avais 16 ans je sortais déjà dans les clubs et tout ça je racontais n'importe quoi à mes parents pour essayer de prendre le RER et de filer et de passer la nuit dehors donc forcément ça m'a tout de suite j'étais fascinée, fascinée par la musique fascinée par l'ambiance, fascinée par les clubs Il se passait plein de choses et maintenant avec le recul je me rends compte que je comprends maintenant pourquoi il y avait la queue aux toilettes pendant des heures et des heures alors que j'étais un peu naïve moi rien du tout sans alcool sans drogue ni rien mais c'est vrai que je sais pas j'étais attiré par cette ambiance et au delà d'être dj le fait d'être promoteur et d'organiser des soirées pour moi c'est vraiment deux choses qui vont ensemble vraiment parce que j'étais très attiré tout de suite par vouloir organiser des choses qui me ressemblent et pour un public qui pour moi manquait de choses. Je n'avais pas eu besoin forcément encore d'aller au Pulp ou de prendre confiance de certains discours que déjà je leur sentais au fond de moi. Et c'est vrai que le Pulp, évidemment, donc on en parle tout le temps, mais c'est vrai que pour ma génération, le Pulp ça a été hyper fédérateur et ça a révélé beaucoup de gens et beaucoup de passions. Mes toutes premières soirées au pop elles se sont faites le samedi soir donc on était loin des musiques électroniques c'était plus pour moi un exutoire et d'essayer de m'épanouir dans ma sexualité et justement là c'était vraiment la priorité c'était de m'éclater justement d'aller draguer des filles et de m'éclater avec mes copines c'est avec les années qui ont passé que du samedi soir je passais au vendredi après du jeudi bon la programmation était super mais c'est vrai que le public était un peu plus mix donc c'était un peu plus Un peu plus compliqué, on était moins à l'aise, en tout cas moi en tant que femme j'étais moins à l'aise le jeudi soir que je l'étais le samedi mais c'est vrai que si j'avais envie d'écouter la musique électronique vraiment pointue, il fallait que je vienne le jeudi et voilà, mais sinon on allait toutes premières clubbes, c'était surtout pour rouler des pelles, ça c'est sûr. Le relais avec le pub a eu lieu clairement, mais c'est vrai que les filles étaient quand même assez intouchables, c'est-à-dire que c'était quand même compliqué de pouvoir les approcher, il y avait quand même cette espèce de... Un petit peu de notoriété et de m'as-tu vu, qui est clairement qui existe encore partout. C'était un peu difficile quand même de les approcher au début, mais c'est vrai que je parle de ça. Après, j'ai mixé au pulp pendant longtemps sur les dernières années, donc peut-être que je suis devenue elle aussi ce qu'elle représentait pour moi. Mais quand le pulp a fermé, les soirées barbituriques existaient déjà. Il y avait déjà eu un passage de relais, mais ce n'était pas vraiment un passage de relais, c'était essayer de créer quelque chose d'autre. que ce n'était pas musical, mais vraiment de créer quelque chose qui était non sédentaire. Le Pulp, c'était le Pulp dans un endroit, c'était Boulevard des Poissonnières et c'était là. Et avec Barbiturix, au tout début, on voulait faire des fêtes là, là, là et là. C'était une autre politique. Mais c'est vrai que Maintenant, je travaille beaucoup avec Fanny, avec Chloé, avec Jennifer, qui sont devenues des amies. Donc le passage de relais a eu lieu et c'est vrai qu'elles sont toutes de bons conseils. Et encore maintenant, dès que j'ai une petite galère ou quand j'ai une question, j'appelle Fanny ou j'appelle Jennifer. C'est Jennifer qui m'a expliqué comment bien trier ma clé USB, par exemple. Et c'est Fanny qui va me dire comment bien organiser ton ticket moyen pour ta soirée. Le safe place qu'on a essayé de mettre en place avec Berbusurix, on a essayé de le mettre en place déjà ça fait des années qu'on travaille dessus, ça fait 15 ans qu'on fait des soirées. La politique de la porte n'était pas la même il y a 15 ans qu'aujourd'hui parce que déjà on était moins maître nous, organisatrices, de la porte. C'est-à-dire que là les clubs nous imposaient leur politique, maintenant c'est plutôt nous qui imposons notre politique. C'est-à-dire que si le club veut nous recevoir, il faut qu'on ait un accord sur le fait que c'est nous qui, c'est nous. qui gérons la porte. C'est hyper important. C'est ça qui va faire le safe place. C'est quelqu'un qui travaille dans un club depuis des années, ne peut pas forcément connaître toutes les communautés. Pour moi, la place de la physio doit être forcément quelqu'un qui est très proche de cette communauté, qui fait partie de cette communauté. Et ce qu'on a essayé de mettre en place il y a 15 ans, c'était compliqué parce que Les clubs qui étaient plus des brasseurs, vous voyez un petit peu comme des jeunes meufs qui ne connaissent rien donc ils nous imposaient nos trucs et ça a pris des temps. Des années et des années pour essayer de faire quelque chose de bien et surtout ils voyaient que les soirées marchaient donc au fur et à mesure que leur club se remplissait après ils étaient forcément, ils ont lâché du lest c'est sûr, mais la politique c'est d'essayer de quand on fait une soirée lesbienne forcément on va donner la priorité aux lesbiennes et à leurs amis on va essayer de limiter l'entrée Au groupe de gars qui viennent comme ça, même s'ils sont hyper LGBT friendly, mais qui viennent pour s'éclater, on sait très bien qu'à un moment donné, je le vois par expérience, je ne parle pas comme ça dans le vent, je le sais parce que je l'ai vu pendant des années, qu'à un moment donné, un groupe de gars va prendre plus de place, va faire plus de bruit, ne va pas se comporter de la même manière qu'un groupe de meufs. Et du coup, est-ce que les meufs qui viennent au Wait For Me ont envie encore d'avoir un groupe de mecs alors qu'il y en a partout, au boulot ? ou dans la rue. Et un petit peu, on essaye de régler ça. Mais on ne veut pas non plus fermer la porte. On veut vraiment rester ouvert à toutes et tous. Mais il faut essayer de trouver un bon compromis, de briefer les gens. C'est hyper important. C'est-à-dire que même un groupe de gars qui peut se faire recaler, il faut leur expliquer pourquoi. C'est hyper important de bien accueillir les gens, même ceux qu'on va recaler. Et ensuite, de toute façon, le safe place. à 100% n'existe pas, c'est utopique. Ça n'existe pas. Parce que même dans la communauté, il peut y avoir des violences intracommunautaires. Donc le 100% ça fait, ça n'existe pas, c'est utopique. En tant qu'artiste, j'essaie toujours de créer des sets qui vont me parler, et me parler et politiquement, et j'espère vont parler aussi à mon public, à ma communauté. C'est très important de faire jouer déjà pour moi des artistes féminines, forcément, en tant que sororité, on parle des mots qui fâchent, c'est la discrimination positive, oulala. Mais c'est important de créer un set qui te ressemble et le message que tu veux faire passer, évidemment. Mais ça, c'est pour tous les artistes, c'est comme ça. Il y a, par exemple, un morceau que je joue beaucoup, c'est un remix de Mathias Aguayo qui s'appelle Nasty Woman, qui est un discours féministe qui a été prononcé à la victoire ou en tout cas pendant les élections qui ont mené à la victoire de Trump. Le morceau s'appelle Nasty Woman et c'est un morceau qui... qui dit qu'on assume d'être des nasty women, parce que j'assume d'être femme, etc. Donc c'est un vrai morceau politique, et c'est quelque chose que je trouve hyper intéressant de balancer comme ça pendant des sets, parce qu'il suffit, bon après il faut être bilingue, mais c'est vrai qu'il n'est pas dur à comprendre, et dans n'importe quel état tu peux comprendre quand même le discours politique de ce morceau, et c'est vraiment intéressant. Je l'avais joué aussi à la guettellerie quand j'avais fait un duo avec Cassie Raptor, qui était VJ, Elle avait mis les paroles justement sur le 360 de cette magnifique salle. On avait mis les mots clés de ce discours et il y a eu beaucoup de stories, ça a été beaucoup repartagé et c'est vrai que le public avait beaucoup apprécié ce moment. Je suis une femme née de la pire. Je ne suis pas aussi née qu'un homme qui ressemble à un homme qui se bat dans du bois de cheveux. I'm not as nasty as confederate flags being tattooed across my city. Maybe the south actually is gonna rise again. Maybe for some it never really. J'ai hâte de voir ce que va être la nouvelle scène, vraiment, parce qu'à chaque fois, comme chaque période de crise, on l'a vu dans notre histoire, il y a toujours des choses incroyables qui se révèlent ensuite. Donc j'ai hâte de voir quels artistes vont émerger de cette crise. Il y en a qui ont réussi à émerger, il y en a d'autres qui vont disparaître, c'est sûr. J'ai hâte de voir, parce que là, je sais que la période est compliquée. Bon, il y a eu toujours les streamings, les radios qui ont beaucoup aidé. en tout cas qui ont fait passer le temps parce que aider je sais pas pour moi c'est j'ai pas l'impression qu'il s'est créé quelque chose d'absolument incroyable avec le streaming mais j'ai hâte de voir ce que va devenir le streaming justement après tout ça comment vont se comporter les dj qui ont réussi à se développer pendant cette période c'est à dire que on se développe sur instagram ou en faisant des productions et tout ça, mais une fois qu'ils vont être en live derrière des platines, ça va être une autre histoire. Comment ça va se passer ? Et au contraire, comment les jeunes DJs qui commençaient tout juste à pouvoir avoir des dates et tout s'est arrêté d'un coup, comment ces jeunes DJs vont rebondir ? Moi, je pense que je vais vraiment être spectatrice de ça. Et j'ai hâte de voir. C'est vrai que, par exemple, pour mes bookings, là, pour le moment, je les fais vraiment... Avec les dates qui vont se libérer j'espère cet été on va pouvoir faire des choses j'ai pas envie de les faire à l'avance ces bookings j'ai envie de voir un peu ce qui va se passer au dernier moment j'ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu'avant j'ai envie de voir d'autres choses d'autres artistes et surtout comment les choses c'est vraiment j'ai pas là j'ai pas la solution je connais pas la réponse ça va être très intéressant en tout cas Ce que j'aimerais voir changer, c'est d'abord dans le business de la nuit, avant de parler même de Safe Place ou comment va devenir le clubbing en soi. C'est vrai que le business était devenu vraiment un gros business, avec des artistes internationaux qu'il fallait booker deux ans à l'avance, avec des cachets absolument incroyables. Ça, c'est peut-être mon côté un peu anticapitaliste, et pourtant je ne suis pas la pire, mais j'ai plus envie de voir ça moi, en tout cas. Et ça, j'espère que ça, ça va changer. J'espère que là, les jets privés, les cachets à 20 000 pour jouer une heure, etc. Moi, je ne sais pas, je n'adhère pas à ça. Pour moi, ce n'est pas ça la musique. Même si, évidemment, moi, la première, j'ai envie d'avoir des bons cachets quand je joue. Mais il y a une espèce de starification de la musique électronique qui, moi, me dérange déjà en tant que spectatrice. Et puis, voilà. Mais qui me dérange aussi beaucoup dans... En tant que productrice de soirée, de voir, parce qu'à chaque fois qu'on veut inviter quelqu'un, il faut augmenter le prix de billet, etc. Donc au final, c'est le public qui est perdant. Et ça, j'aimerais vraiment que ça va changer. Et à mon avis, ça va changer. Parce que là, je pense que ceux qui se sont plus cassés la gueule, au final, ça va être les grands artistes qui exagéraient un petit peu sur eux. Sur leur cachet, il n'y a pas que eux, il y a tout le business autour. Il y a tous les agents, les labels, les bookings, etc. J'espère qu'on va revenir à des choses plus simples, plus pures. Et ensuite, pour le clubbing en soi, ça je ne sais pas, parce que c'est vraiment un problème sociétal. Comment nous, on va se comporter déjà, une fois qu'on va être lâchés enfin dans la nature, comment on va se comporter dans la rue, comment on va se comporter entre nous. Et le dancefloor va forcément faire écho à ça.

Chapters

  • L'amour des tubes et des souvenirs musicaux

    00:00

  • Découverte des platines et du milieu DJ

    03:01

  • L'impact des clubs sur son parcours

    05:13

  • Créer des espaces sûrs dans la musique

    10:00

  • Réflexions sur l'avenir de la musique électronique

    16:23

Description

Dans cet épisode, Rag évoque ses premiers souvenirs de musique, des chants corses sur une cassette de ses parents, son goût précoce pour organiser des fêtes, sa découverte des platines dans une ambiance de sororité.


Directrice artistique des soirées Barbi(e)turix, collectif lesbien et féministe créé en 2004 à Paris, Rag revient sur ces années de mobilisation pour permettre aux femmes de vivre pleinement la musique électro en sécurité et en liberté. Du Pulp aux soirées Wet for me à la Machine du Moulin Rouge, Rag et le collectif ont fait avancer la cause des femmes avec les fêtes LGBTQI. Après cette longue interruption liée au Covid, la DJ s’interroge sur l’avenir du streaming, la capacité de la nouvelle scène électro à rebondir, l’évolution du clubbing et dit attendre des changements dans les habitudes des acteurs de l’électro.


L'entretien et le set de Rag sont enregistrés dans les studios de Tsugi Radio.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'adore les gros tubes, ça a toujours été une petite touche que j'ai essayé de faire dans mes sets, pas forcément le tube ultra commercial, mais toujours le tube que tout le monde connaît, c'est de passer un Michael Jackson dans ton set, ou un vieux tube Italo Disco, ou... même, là, il n'y a pas longtemps, j'ai retrouvé un remix un peu d'Isabelle Adjani. Et ça, je trouve ça génial de pouvoir le faire. Je trouve ça hyper intéressant quand j'entends des DJs le faire. Je sais que beaucoup ne le font pas. Je ne sais pas pourquoi, mais moi, j'aime beaucoup parce que j'adore les tubes. Moi, je n'attends qu'une chose, c'est d'aller voir Céline Dion qui a été annulée maintes et maintes fois. Bon, voilà. J'adore les tubes. Mes parents écoutaient très peu de musique. J'ai un souvenir particulier, c'est qu'on avait l'habitude d'aller en Corse l'été et ils avaient acheté une cassette, une cassette audio à l'ancienne. Et j'ai ce souvenir de mes parents qui écoutaient cette cassette de chant corse en boucle. Donc rien à voir avec ma culture musicale, rien à voir avec la leur non plus, mais je sais pas pourquoi j'ai ce souvenir de ces chants corses qui reviennent des milliers de fois chez moi et sinon je me suis faite ma culture musicale toute seule dans ma chambre. J'écoutais beaucoup la radio, j'écoutais beaucoup radio fgi à l'époque j'avais certains tubes que j'aimais beaucoup et j'essaie de les enregistrer sur ma chaîne et fille beaucoup de tubes c'était les années 80 moi j'ai donc je suis né de toute fin toute fin toute fin des années 70 donc ouais voilà j'avais j'avais dit 10 ans, en 88, j'écoutais beaucoup Mylène Farmer, forcément comme une pré-ado, comme une bonne petite gouine que je suis. Mais j'ai écouté beaucoup les tuts des années 80 et c'est vrai que cette touche se ressent toujours dans mes sets. J'aime beaucoup tout ce qui est synthétiseur, tout ce qui est électronique. L'italo-disco, c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup parce que ça fait partie de moi et c'est avec ça que j'ai fait ma culture musicale quand j'étais plus jeune. Je me souviens que je m'occupais de la radio, de mon collège à la cantine. On diffusait de la musique et c'est moi qui faisais effectivement la playlist toujours sur ces fameuses cassettes audio. Et je me suis un peu imposée là-dessus et c'est vrai qu'en plus c'était un groupe de gars. Et j'ai dû un peu jouer des coups, c'est peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai voulu rapidement faire des fêtes un peu exclusives. Mais c'est vrai que je m'étais occupée de ça. C'est marrant, je ne m'en souvenais plus. Et après, rapidement, j'ai essayé quand même d'animer les boums. Mais je ne sais pas, j'ai un mauvais souvenir de mes premières boums. Forcément, on est prêt à dos. On a 13 ans, 14 ans, on n'est pas... On n'est pas au top, mais j'ai toujours voulu faire organiser des fêtes. Toujours. Même encore maintenant, avec mes voisins. C'est toujours moi qui suis moteur de ces choses-là, au-delà des What For Me. Mais j'essaye d'organiser des choses très souvent. Musique La découverte des platines, des vraies platines, elles se sont faites au Mixer Bar, pour moi. Avec DJ D-Press, à l'époque, qui m'a vraiment aidée. C'est de la sororité, en fait. C'était des femmes. Et c'est vrai que je traînais pas mal dans ce bar. Et c'est vrai que j'avais toujours ces envies, depuis déjà plusieurs années, d'essayer de mixer. Mais c'est vrai que quand on n'a pas le matériel, quand on n'a pas forcément des gens qui peuvent... vous accompagner, c'est compliqué de faire ça tout seul. Maintenant, c'est plus facile, je pense, avec n'importe quel ordi. On peut facilement se créer une petite table de mixage analogique, virtuelle, sur Internet, je ne sais pas. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était un peu plus compliqué. Et c'est vrai, en plus, avec mes vinyles, j'essayais de rentrer dans ces disquaires. On ne pouvait pas acheter comme ça la musique sur Internet comme maintenant on le fait. Donc il fallait rentrer chez Discair, il fallait déjà avoir un certain courage de pousser la porte de chez Techno Imports, là, dans le 11ème. Et après d'essayer de voir tous ces labels dont tu ne comprends pas, d'essayer de trouver un vendeur sans qu'ils te prennent pour une imbécile. C'était assez courageux, je trouve, à l'époque, justement, ma génération de DJ, c'était moins facile, moins facile. Le déclic pour moi de pousser la porte de ces magasins de disques, ça a été vraiment de voir mes copines le faire en fait. C'est hyper important. Pour moi, ça a été hyper important d'avoir des repères. C'est juste de voir mes copines, qui n'étaient pas forcément ni plus courageuses, ni plus dégourdies que moi. En tout cas, c'est comme ça que je considérais qu'il y avait le courage de le faire. Au début, je n'y allais pas tout seul, j'y allais avec elles. Donc ça m'a aidée, ça m'a vraiment aidée d'avoir des gens autour de moi. La découverte des musiques électroniques pour moi elle s'est faite clairement dans les clubs et particulièrement au pulp parce que c'est vraiment le club où j'ai commencé à sortir de manière régulière. Très jeune j'ai été attiré par les clubs, dès que j'ai eu mon permis de conduire de toute façon j'ai filé, j'allais beaucoup au Folies Pigalle à l'époque. ou pas là, ça me rajeunit encore au Fully Spiegel mais j'étais jeune vraiment, même quand j'avais 16 ans je sortais déjà dans les clubs et tout ça je racontais n'importe quoi à mes parents pour essayer de prendre le RER et de filer et de passer la nuit dehors donc forcément ça m'a tout de suite j'étais fascinée, fascinée par la musique fascinée par l'ambiance, fascinée par les clubs Il se passait plein de choses et maintenant avec le recul je me rends compte que je comprends maintenant pourquoi il y avait la queue aux toilettes pendant des heures et des heures alors que j'étais un peu naïve moi rien du tout sans alcool sans drogue ni rien mais c'est vrai que je sais pas j'étais attiré par cette ambiance et au delà d'être dj le fait d'être promoteur et d'organiser des soirées pour moi c'est vraiment deux choses qui vont ensemble vraiment parce que j'étais très attiré tout de suite par vouloir organiser des choses qui me ressemblent et pour un public qui pour moi manquait de choses. Je n'avais pas eu besoin forcément encore d'aller au Pulp ou de prendre confiance de certains discours que déjà je leur sentais au fond de moi. Et c'est vrai que le Pulp, évidemment, donc on en parle tout le temps, mais c'est vrai que pour ma génération, le Pulp ça a été hyper fédérateur et ça a révélé beaucoup de gens et beaucoup de passions. Mes toutes premières soirées au pop elles se sont faites le samedi soir donc on était loin des musiques électroniques c'était plus pour moi un exutoire et d'essayer de m'épanouir dans ma sexualité et justement là c'était vraiment la priorité c'était de m'éclater justement d'aller draguer des filles et de m'éclater avec mes copines c'est avec les années qui ont passé que du samedi soir je passais au vendredi après du jeudi bon la programmation était super mais c'est vrai que le public était un peu plus mix donc c'était un peu plus Un peu plus compliqué, on était moins à l'aise, en tout cas moi en tant que femme j'étais moins à l'aise le jeudi soir que je l'étais le samedi mais c'est vrai que si j'avais envie d'écouter la musique électronique vraiment pointue, il fallait que je vienne le jeudi et voilà, mais sinon on allait toutes premières clubbes, c'était surtout pour rouler des pelles, ça c'est sûr. Le relais avec le pub a eu lieu clairement, mais c'est vrai que les filles étaient quand même assez intouchables, c'est-à-dire que c'était quand même compliqué de pouvoir les approcher, il y avait quand même cette espèce de... Un petit peu de notoriété et de m'as-tu vu, qui est clairement qui existe encore partout. C'était un peu difficile quand même de les approcher au début, mais c'est vrai que je parle de ça. Après, j'ai mixé au pulp pendant longtemps sur les dernières années, donc peut-être que je suis devenue elle aussi ce qu'elle représentait pour moi. Mais quand le pulp a fermé, les soirées barbituriques existaient déjà. Il y avait déjà eu un passage de relais, mais ce n'était pas vraiment un passage de relais, c'était essayer de créer quelque chose d'autre. que ce n'était pas musical, mais vraiment de créer quelque chose qui était non sédentaire. Le Pulp, c'était le Pulp dans un endroit, c'était Boulevard des Poissonnières et c'était là. Et avec Barbiturix, au tout début, on voulait faire des fêtes là, là, là et là. C'était une autre politique. Mais c'est vrai que Maintenant, je travaille beaucoup avec Fanny, avec Chloé, avec Jennifer, qui sont devenues des amies. Donc le passage de relais a eu lieu et c'est vrai qu'elles sont toutes de bons conseils. Et encore maintenant, dès que j'ai une petite galère ou quand j'ai une question, j'appelle Fanny ou j'appelle Jennifer. C'est Jennifer qui m'a expliqué comment bien trier ma clé USB, par exemple. Et c'est Fanny qui va me dire comment bien organiser ton ticket moyen pour ta soirée. Le safe place qu'on a essayé de mettre en place avec Berbusurix, on a essayé de le mettre en place déjà ça fait des années qu'on travaille dessus, ça fait 15 ans qu'on fait des soirées. La politique de la porte n'était pas la même il y a 15 ans qu'aujourd'hui parce que déjà on était moins maître nous, organisatrices, de la porte. C'est-à-dire que là les clubs nous imposaient leur politique, maintenant c'est plutôt nous qui imposons notre politique. C'est-à-dire que si le club veut nous recevoir, il faut qu'on ait un accord sur le fait que c'est nous qui, c'est nous. qui gérons la porte. C'est hyper important. C'est ça qui va faire le safe place. C'est quelqu'un qui travaille dans un club depuis des années, ne peut pas forcément connaître toutes les communautés. Pour moi, la place de la physio doit être forcément quelqu'un qui est très proche de cette communauté, qui fait partie de cette communauté. Et ce qu'on a essayé de mettre en place il y a 15 ans, c'était compliqué parce que Les clubs qui étaient plus des brasseurs, vous voyez un petit peu comme des jeunes meufs qui ne connaissent rien donc ils nous imposaient nos trucs et ça a pris des temps. Des années et des années pour essayer de faire quelque chose de bien et surtout ils voyaient que les soirées marchaient donc au fur et à mesure que leur club se remplissait après ils étaient forcément, ils ont lâché du lest c'est sûr, mais la politique c'est d'essayer de quand on fait une soirée lesbienne forcément on va donner la priorité aux lesbiennes et à leurs amis on va essayer de limiter l'entrée Au groupe de gars qui viennent comme ça, même s'ils sont hyper LGBT friendly, mais qui viennent pour s'éclater, on sait très bien qu'à un moment donné, je le vois par expérience, je ne parle pas comme ça dans le vent, je le sais parce que je l'ai vu pendant des années, qu'à un moment donné, un groupe de gars va prendre plus de place, va faire plus de bruit, ne va pas se comporter de la même manière qu'un groupe de meufs. Et du coup, est-ce que les meufs qui viennent au Wait For Me ont envie encore d'avoir un groupe de mecs alors qu'il y en a partout, au boulot ? ou dans la rue. Et un petit peu, on essaye de régler ça. Mais on ne veut pas non plus fermer la porte. On veut vraiment rester ouvert à toutes et tous. Mais il faut essayer de trouver un bon compromis, de briefer les gens. C'est hyper important. C'est-à-dire que même un groupe de gars qui peut se faire recaler, il faut leur expliquer pourquoi. C'est hyper important de bien accueillir les gens, même ceux qu'on va recaler. Et ensuite, de toute façon, le safe place. à 100% n'existe pas, c'est utopique. Ça n'existe pas. Parce que même dans la communauté, il peut y avoir des violences intracommunautaires. Donc le 100% ça fait, ça n'existe pas, c'est utopique. En tant qu'artiste, j'essaie toujours de créer des sets qui vont me parler, et me parler et politiquement, et j'espère vont parler aussi à mon public, à ma communauté. C'est très important de faire jouer déjà pour moi des artistes féminines, forcément, en tant que sororité, on parle des mots qui fâchent, c'est la discrimination positive, oulala. Mais c'est important de créer un set qui te ressemble et le message que tu veux faire passer, évidemment. Mais ça, c'est pour tous les artistes, c'est comme ça. Il y a, par exemple, un morceau que je joue beaucoup, c'est un remix de Mathias Aguayo qui s'appelle Nasty Woman, qui est un discours féministe qui a été prononcé à la victoire ou en tout cas pendant les élections qui ont mené à la victoire de Trump. Le morceau s'appelle Nasty Woman et c'est un morceau qui... qui dit qu'on assume d'être des nasty women, parce que j'assume d'être femme, etc. Donc c'est un vrai morceau politique, et c'est quelque chose que je trouve hyper intéressant de balancer comme ça pendant des sets, parce qu'il suffit, bon après il faut être bilingue, mais c'est vrai qu'il n'est pas dur à comprendre, et dans n'importe quel état tu peux comprendre quand même le discours politique de ce morceau, et c'est vraiment intéressant. Je l'avais joué aussi à la guettellerie quand j'avais fait un duo avec Cassie Raptor, qui était VJ, Elle avait mis les paroles justement sur le 360 de cette magnifique salle. On avait mis les mots clés de ce discours et il y a eu beaucoup de stories, ça a été beaucoup repartagé et c'est vrai que le public avait beaucoup apprécié ce moment. Je suis une femme née de la pire. Je ne suis pas aussi née qu'un homme qui ressemble à un homme qui se bat dans du bois de cheveux. I'm not as nasty as confederate flags being tattooed across my city. Maybe the south actually is gonna rise again. Maybe for some it never really. J'ai hâte de voir ce que va être la nouvelle scène, vraiment, parce qu'à chaque fois, comme chaque période de crise, on l'a vu dans notre histoire, il y a toujours des choses incroyables qui se révèlent ensuite. Donc j'ai hâte de voir quels artistes vont émerger de cette crise. Il y en a qui ont réussi à émerger, il y en a d'autres qui vont disparaître, c'est sûr. J'ai hâte de voir, parce que là, je sais que la période est compliquée. Bon, il y a eu toujours les streamings, les radios qui ont beaucoup aidé. en tout cas qui ont fait passer le temps parce que aider je sais pas pour moi c'est j'ai pas l'impression qu'il s'est créé quelque chose d'absolument incroyable avec le streaming mais j'ai hâte de voir ce que va devenir le streaming justement après tout ça comment vont se comporter les dj qui ont réussi à se développer pendant cette période c'est à dire que on se développe sur instagram ou en faisant des productions et tout ça, mais une fois qu'ils vont être en live derrière des platines, ça va être une autre histoire. Comment ça va se passer ? Et au contraire, comment les jeunes DJs qui commençaient tout juste à pouvoir avoir des dates et tout s'est arrêté d'un coup, comment ces jeunes DJs vont rebondir ? Moi, je pense que je vais vraiment être spectatrice de ça. Et j'ai hâte de voir. C'est vrai que, par exemple, pour mes bookings, là, pour le moment, je les fais vraiment... Avec les dates qui vont se libérer j'espère cet été on va pouvoir faire des choses j'ai pas envie de les faire à l'avance ces bookings j'ai envie de voir un peu ce qui va se passer au dernier moment j'ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu'avant j'ai envie de voir d'autres choses d'autres artistes et surtout comment les choses c'est vraiment j'ai pas là j'ai pas la solution je connais pas la réponse ça va être très intéressant en tout cas Ce que j'aimerais voir changer, c'est d'abord dans le business de la nuit, avant de parler même de Safe Place ou comment va devenir le clubbing en soi. C'est vrai que le business était devenu vraiment un gros business, avec des artistes internationaux qu'il fallait booker deux ans à l'avance, avec des cachets absolument incroyables. Ça, c'est peut-être mon côté un peu anticapitaliste, et pourtant je ne suis pas la pire, mais j'ai plus envie de voir ça moi, en tout cas. Et ça, j'espère que ça, ça va changer. J'espère que là, les jets privés, les cachets à 20 000 pour jouer une heure, etc. Moi, je ne sais pas, je n'adhère pas à ça. Pour moi, ce n'est pas ça la musique. Même si, évidemment, moi, la première, j'ai envie d'avoir des bons cachets quand je joue. Mais il y a une espèce de starification de la musique électronique qui, moi, me dérange déjà en tant que spectatrice. Et puis, voilà. Mais qui me dérange aussi beaucoup dans... En tant que productrice de soirée, de voir, parce qu'à chaque fois qu'on veut inviter quelqu'un, il faut augmenter le prix de billet, etc. Donc au final, c'est le public qui est perdant. Et ça, j'aimerais vraiment que ça va changer. Et à mon avis, ça va changer. Parce que là, je pense que ceux qui se sont plus cassés la gueule, au final, ça va être les grands artistes qui exagéraient un petit peu sur eux. Sur leur cachet, il n'y a pas que eux, il y a tout le business autour. Il y a tous les agents, les labels, les bookings, etc. J'espère qu'on va revenir à des choses plus simples, plus pures. Et ensuite, pour le clubbing en soi, ça je ne sais pas, parce que c'est vraiment un problème sociétal. Comment nous, on va se comporter déjà, une fois qu'on va être lâchés enfin dans la nature, comment on va se comporter dans la rue, comment on va se comporter entre nous. Et le dancefloor va forcément faire écho à ça.

Chapters

  • L'amour des tubes et des souvenirs musicaux

    00:00

  • Découverte des platines et du milieu DJ

    03:01

  • L'impact des clubs sur son parcours

    05:13

  • Créer des espaces sûrs dans la musique

    10:00

  • Réflexions sur l'avenir de la musique électronique

    16:23

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode, Rag évoque ses premiers souvenirs de musique, des chants corses sur une cassette de ses parents, son goût précoce pour organiser des fêtes, sa découverte des platines dans une ambiance de sororité.


Directrice artistique des soirées Barbi(e)turix, collectif lesbien et féministe créé en 2004 à Paris, Rag revient sur ces années de mobilisation pour permettre aux femmes de vivre pleinement la musique électro en sécurité et en liberté. Du Pulp aux soirées Wet for me à la Machine du Moulin Rouge, Rag et le collectif ont fait avancer la cause des femmes avec les fêtes LGBTQI. Après cette longue interruption liée au Covid, la DJ s’interroge sur l’avenir du streaming, la capacité de la nouvelle scène électro à rebondir, l’évolution du clubbing et dit attendre des changements dans les habitudes des acteurs de l’électro.


L'entretien et le set de Rag sont enregistrés dans les studios de Tsugi Radio.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'adore les gros tubes, ça a toujours été une petite touche que j'ai essayé de faire dans mes sets, pas forcément le tube ultra commercial, mais toujours le tube que tout le monde connaît, c'est de passer un Michael Jackson dans ton set, ou un vieux tube Italo Disco, ou... même, là, il n'y a pas longtemps, j'ai retrouvé un remix un peu d'Isabelle Adjani. Et ça, je trouve ça génial de pouvoir le faire. Je trouve ça hyper intéressant quand j'entends des DJs le faire. Je sais que beaucoup ne le font pas. Je ne sais pas pourquoi, mais moi, j'aime beaucoup parce que j'adore les tubes. Moi, je n'attends qu'une chose, c'est d'aller voir Céline Dion qui a été annulée maintes et maintes fois. Bon, voilà. J'adore les tubes. Mes parents écoutaient très peu de musique. J'ai un souvenir particulier, c'est qu'on avait l'habitude d'aller en Corse l'été et ils avaient acheté une cassette, une cassette audio à l'ancienne. Et j'ai ce souvenir de mes parents qui écoutaient cette cassette de chant corse en boucle. Donc rien à voir avec ma culture musicale, rien à voir avec la leur non plus, mais je sais pas pourquoi j'ai ce souvenir de ces chants corses qui reviennent des milliers de fois chez moi et sinon je me suis faite ma culture musicale toute seule dans ma chambre. J'écoutais beaucoup la radio, j'écoutais beaucoup radio fgi à l'époque j'avais certains tubes que j'aimais beaucoup et j'essaie de les enregistrer sur ma chaîne et fille beaucoup de tubes c'était les années 80 moi j'ai donc je suis né de toute fin toute fin toute fin des années 70 donc ouais voilà j'avais j'avais dit 10 ans, en 88, j'écoutais beaucoup Mylène Farmer, forcément comme une pré-ado, comme une bonne petite gouine que je suis. Mais j'ai écouté beaucoup les tuts des années 80 et c'est vrai que cette touche se ressent toujours dans mes sets. J'aime beaucoup tout ce qui est synthétiseur, tout ce qui est électronique. L'italo-disco, c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup parce que ça fait partie de moi et c'est avec ça que j'ai fait ma culture musicale quand j'étais plus jeune. Je me souviens que je m'occupais de la radio, de mon collège à la cantine. On diffusait de la musique et c'est moi qui faisais effectivement la playlist toujours sur ces fameuses cassettes audio. Et je me suis un peu imposée là-dessus et c'est vrai qu'en plus c'était un groupe de gars. Et j'ai dû un peu jouer des coups, c'est peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai voulu rapidement faire des fêtes un peu exclusives. Mais c'est vrai que je m'étais occupée de ça. C'est marrant, je ne m'en souvenais plus. Et après, rapidement, j'ai essayé quand même d'animer les boums. Mais je ne sais pas, j'ai un mauvais souvenir de mes premières boums. Forcément, on est prêt à dos. On a 13 ans, 14 ans, on n'est pas... On n'est pas au top, mais j'ai toujours voulu faire organiser des fêtes. Toujours. Même encore maintenant, avec mes voisins. C'est toujours moi qui suis moteur de ces choses-là, au-delà des What For Me. Mais j'essaye d'organiser des choses très souvent. Musique La découverte des platines, des vraies platines, elles se sont faites au Mixer Bar, pour moi. Avec DJ D-Press, à l'époque, qui m'a vraiment aidée. C'est de la sororité, en fait. C'était des femmes. Et c'est vrai que je traînais pas mal dans ce bar. Et c'est vrai que j'avais toujours ces envies, depuis déjà plusieurs années, d'essayer de mixer. Mais c'est vrai que quand on n'a pas le matériel, quand on n'a pas forcément des gens qui peuvent... vous accompagner, c'est compliqué de faire ça tout seul. Maintenant, c'est plus facile, je pense, avec n'importe quel ordi. On peut facilement se créer une petite table de mixage analogique, virtuelle, sur Internet, je ne sais pas. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était un peu plus compliqué. Et c'est vrai, en plus, avec mes vinyles, j'essayais de rentrer dans ces disquaires. On ne pouvait pas acheter comme ça la musique sur Internet comme maintenant on le fait. Donc il fallait rentrer chez Discair, il fallait déjà avoir un certain courage de pousser la porte de chez Techno Imports, là, dans le 11ème. Et après d'essayer de voir tous ces labels dont tu ne comprends pas, d'essayer de trouver un vendeur sans qu'ils te prennent pour une imbécile. C'était assez courageux, je trouve, à l'époque, justement, ma génération de DJ, c'était moins facile, moins facile. Le déclic pour moi de pousser la porte de ces magasins de disques, ça a été vraiment de voir mes copines le faire en fait. C'est hyper important. Pour moi, ça a été hyper important d'avoir des repères. C'est juste de voir mes copines, qui n'étaient pas forcément ni plus courageuses, ni plus dégourdies que moi. En tout cas, c'est comme ça que je considérais qu'il y avait le courage de le faire. Au début, je n'y allais pas tout seul, j'y allais avec elles. Donc ça m'a aidée, ça m'a vraiment aidée d'avoir des gens autour de moi. La découverte des musiques électroniques pour moi elle s'est faite clairement dans les clubs et particulièrement au pulp parce que c'est vraiment le club où j'ai commencé à sortir de manière régulière. Très jeune j'ai été attiré par les clubs, dès que j'ai eu mon permis de conduire de toute façon j'ai filé, j'allais beaucoup au Folies Pigalle à l'époque. ou pas là, ça me rajeunit encore au Fully Spiegel mais j'étais jeune vraiment, même quand j'avais 16 ans je sortais déjà dans les clubs et tout ça je racontais n'importe quoi à mes parents pour essayer de prendre le RER et de filer et de passer la nuit dehors donc forcément ça m'a tout de suite j'étais fascinée, fascinée par la musique fascinée par l'ambiance, fascinée par les clubs Il se passait plein de choses et maintenant avec le recul je me rends compte que je comprends maintenant pourquoi il y avait la queue aux toilettes pendant des heures et des heures alors que j'étais un peu naïve moi rien du tout sans alcool sans drogue ni rien mais c'est vrai que je sais pas j'étais attiré par cette ambiance et au delà d'être dj le fait d'être promoteur et d'organiser des soirées pour moi c'est vraiment deux choses qui vont ensemble vraiment parce que j'étais très attiré tout de suite par vouloir organiser des choses qui me ressemblent et pour un public qui pour moi manquait de choses. Je n'avais pas eu besoin forcément encore d'aller au Pulp ou de prendre confiance de certains discours que déjà je leur sentais au fond de moi. Et c'est vrai que le Pulp, évidemment, donc on en parle tout le temps, mais c'est vrai que pour ma génération, le Pulp ça a été hyper fédérateur et ça a révélé beaucoup de gens et beaucoup de passions. Mes toutes premières soirées au pop elles se sont faites le samedi soir donc on était loin des musiques électroniques c'était plus pour moi un exutoire et d'essayer de m'épanouir dans ma sexualité et justement là c'était vraiment la priorité c'était de m'éclater justement d'aller draguer des filles et de m'éclater avec mes copines c'est avec les années qui ont passé que du samedi soir je passais au vendredi après du jeudi bon la programmation était super mais c'est vrai que le public était un peu plus mix donc c'était un peu plus Un peu plus compliqué, on était moins à l'aise, en tout cas moi en tant que femme j'étais moins à l'aise le jeudi soir que je l'étais le samedi mais c'est vrai que si j'avais envie d'écouter la musique électronique vraiment pointue, il fallait que je vienne le jeudi et voilà, mais sinon on allait toutes premières clubbes, c'était surtout pour rouler des pelles, ça c'est sûr. Le relais avec le pub a eu lieu clairement, mais c'est vrai que les filles étaient quand même assez intouchables, c'est-à-dire que c'était quand même compliqué de pouvoir les approcher, il y avait quand même cette espèce de... Un petit peu de notoriété et de m'as-tu vu, qui est clairement qui existe encore partout. C'était un peu difficile quand même de les approcher au début, mais c'est vrai que je parle de ça. Après, j'ai mixé au pulp pendant longtemps sur les dernières années, donc peut-être que je suis devenue elle aussi ce qu'elle représentait pour moi. Mais quand le pulp a fermé, les soirées barbituriques existaient déjà. Il y avait déjà eu un passage de relais, mais ce n'était pas vraiment un passage de relais, c'était essayer de créer quelque chose d'autre. que ce n'était pas musical, mais vraiment de créer quelque chose qui était non sédentaire. Le Pulp, c'était le Pulp dans un endroit, c'était Boulevard des Poissonnières et c'était là. Et avec Barbiturix, au tout début, on voulait faire des fêtes là, là, là et là. C'était une autre politique. Mais c'est vrai que Maintenant, je travaille beaucoup avec Fanny, avec Chloé, avec Jennifer, qui sont devenues des amies. Donc le passage de relais a eu lieu et c'est vrai qu'elles sont toutes de bons conseils. Et encore maintenant, dès que j'ai une petite galère ou quand j'ai une question, j'appelle Fanny ou j'appelle Jennifer. C'est Jennifer qui m'a expliqué comment bien trier ma clé USB, par exemple. Et c'est Fanny qui va me dire comment bien organiser ton ticket moyen pour ta soirée. Le safe place qu'on a essayé de mettre en place avec Berbusurix, on a essayé de le mettre en place déjà ça fait des années qu'on travaille dessus, ça fait 15 ans qu'on fait des soirées. La politique de la porte n'était pas la même il y a 15 ans qu'aujourd'hui parce que déjà on était moins maître nous, organisatrices, de la porte. C'est-à-dire que là les clubs nous imposaient leur politique, maintenant c'est plutôt nous qui imposons notre politique. C'est-à-dire que si le club veut nous recevoir, il faut qu'on ait un accord sur le fait que c'est nous qui, c'est nous. qui gérons la porte. C'est hyper important. C'est ça qui va faire le safe place. C'est quelqu'un qui travaille dans un club depuis des années, ne peut pas forcément connaître toutes les communautés. Pour moi, la place de la physio doit être forcément quelqu'un qui est très proche de cette communauté, qui fait partie de cette communauté. Et ce qu'on a essayé de mettre en place il y a 15 ans, c'était compliqué parce que Les clubs qui étaient plus des brasseurs, vous voyez un petit peu comme des jeunes meufs qui ne connaissent rien donc ils nous imposaient nos trucs et ça a pris des temps. Des années et des années pour essayer de faire quelque chose de bien et surtout ils voyaient que les soirées marchaient donc au fur et à mesure que leur club se remplissait après ils étaient forcément, ils ont lâché du lest c'est sûr, mais la politique c'est d'essayer de quand on fait une soirée lesbienne forcément on va donner la priorité aux lesbiennes et à leurs amis on va essayer de limiter l'entrée Au groupe de gars qui viennent comme ça, même s'ils sont hyper LGBT friendly, mais qui viennent pour s'éclater, on sait très bien qu'à un moment donné, je le vois par expérience, je ne parle pas comme ça dans le vent, je le sais parce que je l'ai vu pendant des années, qu'à un moment donné, un groupe de gars va prendre plus de place, va faire plus de bruit, ne va pas se comporter de la même manière qu'un groupe de meufs. Et du coup, est-ce que les meufs qui viennent au Wait For Me ont envie encore d'avoir un groupe de mecs alors qu'il y en a partout, au boulot ? ou dans la rue. Et un petit peu, on essaye de régler ça. Mais on ne veut pas non plus fermer la porte. On veut vraiment rester ouvert à toutes et tous. Mais il faut essayer de trouver un bon compromis, de briefer les gens. C'est hyper important. C'est-à-dire que même un groupe de gars qui peut se faire recaler, il faut leur expliquer pourquoi. C'est hyper important de bien accueillir les gens, même ceux qu'on va recaler. Et ensuite, de toute façon, le safe place. à 100% n'existe pas, c'est utopique. Ça n'existe pas. Parce que même dans la communauté, il peut y avoir des violences intracommunautaires. Donc le 100% ça fait, ça n'existe pas, c'est utopique. En tant qu'artiste, j'essaie toujours de créer des sets qui vont me parler, et me parler et politiquement, et j'espère vont parler aussi à mon public, à ma communauté. C'est très important de faire jouer déjà pour moi des artistes féminines, forcément, en tant que sororité, on parle des mots qui fâchent, c'est la discrimination positive, oulala. Mais c'est important de créer un set qui te ressemble et le message que tu veux faire passer, évidemment. Mais ça, c'est pour tous les artistes, c'est comme ça. Il y a, par exemple, un morceau que je joue beaucoup, c'est un remix de Mathias Aguayo qui s'appelle Nasty Woman, qui est un discours féministe qui a été prononcé à la victoire ou en tout cas pendant les élections qui ont mené à la victoire de Trump. Le morceau s'appelle Nasty Woman et c'est un morceau qui... qui dit qu'on assume d'être des nasty women, parce que j'assume d'être femme, etc. Donc c'est un vrai morceau politique, et c'est quelque chose que je trouve hyper intéressant de balancer comme ça pendant des sets, parce qu'il suffit, bon après il faut être bilingue, mais c'est vrai qu'il n'est pas dur à comprendre, et dans n'importe quel état tu peux comprendre quand même le discours politique de ce morceau, et c'est vraiment intéressant. Je l'avais joué aussi à la guettellerie quand j'avais fait un duo avec Cassie Raptor, qui était VJ, Elle avait mis les paroles justement sur le 360 de cette magnifique salle. On avait mis les mots clés de ce discours et il y a eu beaucoup de stories, ça a été beaucoup repartagé et c'est vrai que le public avait beaucoup apprécié ce moment. Je suis une femme née de la pire. Je ne suis pas aussi née qu'un homme qui ressemble à un homme qui se bat dans du bois de cheveux. I'm not as nasty as confederate flags being tattooed across my city. Maybe the south actually is gonna rise again. Maybe for some it never really. J'ai hâte de voir ce que va être la nouvelle scène, vraiment, parce qu'à chaque fois, comme chaque période de crise, on l'a vu dans notre histoire, il y a toujours des choses incroyables qui se révèlent ensuite. Donc j'ai hâte de voir quels artistes vont émerger de cette crise. Il y en a qui ont réussi à émerger, il y en a d'autres qui vont disparaître, c'est sûr. J'ai hâte de voir, parce que là, je sais que la période est compliquée. Bon, il y a eu toujours les streamings, les radios qui ont beaucoup aidé. en tout cas qui ont fait passer le temps parce que aider je sais pas pour moi c'est j'ai pas l'impression qu'il s'est créé quelque chose d'absolument incroyable avec le streaming mais j'ai hâte de voir ce que va devenir le streaming justement après tout ça comment vont se comporter les dj qui ont réussi à se développer pendant cette période c'est à dire que on se développe sur instagram ou en faisant des productions et tout ça, mais une fois qu'ils vont être en live derrière des platines, ça va être une autre histoire. Comment ça va se passer ? Et au contraire, comment les jeunes DJs qui commençaient tout juste à pouvoir avoir des dates et tout s'est arrêté d'un coup, comment ces jeunes DJs vont rebondir ? Moi, je pense que je vais vraiment être spectatrice de ça. Et j'ai hâte de voir. C'est vrai que, par exemple, pour mes bookings, là, pour le moment, je les fais vraiment... Avec les dates qui vont se libérer j'espère cet été on va pouvoir faire des choses j'ai pas envie de les faire à l'avance ces bookings j'ai envie de voir un peu ce qui va se passer au dernier moment j'ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu'avant j'ai envie de voir d'autres choses d'autres artistes et surtout comment les choses c'est vraiment j'ai pas là j'ai pas la solution je connais pas la réponse ça va être très intéressant en tout cas Ce que j'aimerais voir changer, c'est d'abord dans le business de la nuit, avant de parler même de Safe Place ou comment va devenir le clubbing en soi. C'est vrai que le business était devenu vraiment un gros business, avec des artistes internationaux qu'il fallait booker deux ans à l'avance, avec des cachets absolument incroyables. Ça, c'est peut-être mon côté un peu anticapitaliste, et pourtant je ne suis pas la pire, mais j'ai plus envie de voir ça moi, en tout cas. Et ça, j'espère que ça, ça va changer. J'espère que là, les jets privés, les cachets à 20 000 pour jouer une heure, etc. Moi, je ne sais pas, je n'adhère pas à ça. Pour moi, ce n'est pas ça la musique. Même si, évidemment, moi, la première, j'ai envie d'avoir des bons cachets quand je joue. Mais il y a une espèce de starification de la musique électronique qui, moi, me dérange déjà en tant que spectatrice. Et puis, voilà. Mais qui me dérange aussi beaucoup dans... En tant que productrice de soirée, de voir, parce qu'à chaque fois qu'on veut inviter quelqu'un, il faut augmenter le prix de billet, etc. Donc au final, c'est le public qui est perdant. Et ça, j'aimerais vraiment que ça va changer. Et à mon avis, ça va changer. Parce que là, je pense que ceux qui se sont plus cassés la gueule, au final, ça va être les grands artistes qui exagéraient un petit peu sur eux. Sur leur cachet, il n'y a pas que eux, il y a tout le business autour. Il y a tous les agents, les labels, les bookings, etc. J'espère qu'on va revenir à des choses plus simples, plus pures. Et ensuite, pour le clubbing en soi, ça je ne sais pas, parce que c'est vraiment un problème sociétal. Comment nous, on va se comporter déjà, une fois qu'on va être lâchés enfin dans la nature, comment on va se comporter dans la rue, comment on va se comporter entre nous. Et le dancefloor va forcément faire écho à ça.

Chapters

  • L'amour des tubes et des souvenirs musicaux

    00:00

  • Découverte des platines et du milieu DJ

    03:01

  • L'impact des clubs sur son parcours

    05:13

  • Créer des espaces sûrs dans la musique

    10:00

  • Réflexions sur l'avenir de la musique électronique

    16:23

Description

Dans cet épisode, Rag évoque ses premiers souvenirs de musique, des chants corses sur une cassette de ses parents, son goût précoce pour organiser des fêtes, sa découverte des platines dans une ambiance de sororité.


Directrice artistique des soirées Barbi(e)turix, collectif lesbien et féministe créé en 2004 à Paris, Rag revient sur ces années de mobilisation pour permettre aux femmes de vivre pleinement la musique électro en sécurité et en liberté. Du Pulp aux soirées Wet for me à la Machine du Moulin Rouge, Rag et le collectif ont fait avancer la cause des femmes avec les fêtes LGBTQI. Après cette longue interruption liée au Covid, la DJ s’interroge sur l’avenir du streaming, la capacité de la nouvelle scène électro à rebondir, l’évolution du clubbing et dit attendre des changements dans les habitudes des acteurs de l’électro.


L'entretien et le set de Rag sont enregistrés dans les studios de Tsugi Radio.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'adore les gros tubes, ça a toujours été une petite touche que j'ai essayé de faire dans mes sets, pas forcément le tube ultra commercial, mais toujours le tube que tout le monde connaît, c'est de passer un Michael Jackson dans ton set, ou un vieux tube Italo Disco, ou... même, là, il n'y a pas longtemps, j'ai retrouvé un remix un peu d'Isabelle Adjani. Et ça, je trouve ça génial de pouvoir le faire. Je trouve ça hyper intéressant quand j'entends des DJs le faire. Je sais que beaucoup ne le font pas. Je ne sais pas pourquoi, mais moi, j'aime beaucoup parce que j'adore les tubes. Moi, je n'attends qu'une chose, c'est d'aller voir Céline Dion qui a été annulée maintes et maintes fois. Bon, voilà. J'adore les tubes. Mes parents écoutaient très peu de musique. J'ai un souvenir particulier, c'est qu'on avait l'habitude d'aller en Corse l'été et ils avaient acheté une cassette, une cassette audio à l'ancienne. Et j'ai ce souvenir de mes parents qui écoutaient cette cassette de chant corse en boucle. Donc rien à voir avec ma culture musicale, rien à voir avec la leur non plus, mais je sais pas pourquoi j'ai ce souvenir de ces chants corses qui reviennent des milliers de fois chez moi et sinon je me suis faite ma culture musicale toute seule dans ma chambre. J'écoutais beaucoup la radio, j'écoutais beaucoup radio fgi à l'époque j'avais certains tubes que j'aimais beaucoup et j'essaie de les enregistrer sur ma chaîne et fille beaucoup de tubes c'était les années 80 moi j'ai donc je suis né de toute fin toute fin toute fin des années 70 donc ouais voilà j'avais j'avais dit 10 ans, en 88, j'écoutais beaucoup Mylène Farmer, forcément comme une pré-ado, comme une bonne petite gouine que je suis. Mais j'ai écouté beaucoup les tuts des années 80 et c'est vrai que cette touche se ressent toujours dans mes sets. J'aime beaucoup tout ce qui est synthétiseur, tout ce qui est électronique. L'italo-disco, c'est vraiment quelque chose que j'aime beaucoup parce que ça fait partie de moi et c'est avec ça que j'ai fait ma culture musicale quand j'étais plus jeune. Je me souviens que je m'occupais de la radio, de mon collège à la cantine. On diffusait de la musique et c'est moi qui faisais effectivement la playlist toujours sur ces fameuses cassettes audio. Et je me suis un peu imposée là-dessus et c'est vrai qu'en plus c'était un groupe de gars. Et j'ai dû un peu jouer des coups, c'est peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai voulu rapidement faire des fêtes un peu exclusives. Mais c'est vrai que je m'étais occupée de ça. C'est marrant, je ne m'en souvenais plus. Et après, rapidement, j'ai essayé quand même d'animer les boums. Mais je ne sais pas, j'ai un mauvais souvenir de mes premières boums. Forcément, on est prêt à dos. On a 13 ans, 14 ans, on n'est pas... On n'est pas au top, mais j'ai toujours voulu faire organiser des fêtes. Toujours. Même encore maintenant, avec mes voisins. C'est toujours moi qui suis moteur de ces choses-là, au-delà des What For Me. Mais j'essaye d'organiser des choses très souvent. Musique La découverte des platines, des vraies platines, elles se sont faites au Mixer Bar, pour moi. Avec DJ D-Press, à l'époque, qui m'a vraiment aidée. C'est de la sororité, en fait. C'était des femmes. Et c'est vrai que je traînais pas mal dans ce bar. Et c'est vrai que j'avais toujours ces envies, depuis déjà plusieurs années, d'essayer de mixer. Mais c'est vrai que quand on n'a pas le matériel, quand on n'a pas forcément des gens qui peuvent... vous accompagner, c'est compliqué de faire ça tout seul. Maintenant, c'est plus facile, je pense, avec n'importe quel ordi. On peut facilement se créer une petite table de mixage analogique, virtuelle, sur Internet, je ne sais pas. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était un peu plus compliqué. Et c'est vrai, en plus, avec mes vinyles, j'essayais de rentrer dans ces disquaires. On ne pouvait pas acheter comme ça la musique sur Internet comme maintenant on le fait. Donc il fallait rentrer chez Discair, il fallait déjà avoir un certain courage de pousser la porte de chez Techno Imports, là, dans le 11ème. Et après d'essayer de voir tous ces labels dont tu ne comprends pas, d'essayer de trouver un vendeur sans qu'ils te prennent pour une imbécile. C'était assez courageux, je trouve, à l'époque, justement, ma génération de DJ, c'était moins facile, moins facile. Le déclic pour moi de pousser la porte de ces magasins de disques, ça a été vraiment de voir mes copines le faire en fait. C'est hyper important. Pour moi, ça a été hyper important d'avoir des repères. C'est juste de voir mes copines, qui n'étaient pas forcément ni plus courageuses, ni plus dégourdies que moi. En tout cas, c'est comme ça que je considérais qu'il y avait le courage de le faire. Au début, je n'y allais pas tout seul, j'y allais avec elles. Donc ça m'a aidée, ça m'a vraiment aidée d'avoir des gens autour de moi. La découverte des musiques électroniques pour moi elle s'est faite clairement dans les clubs et particulièrement au pulp parce que c'est vraiment le club où j'ai commencé à sortir de manière régulière. Très jeune j'ai été attiré par les clubs, dès que j'ai eu mon permis de conduire de toute façon j'ai filé, j'allais beaucoup au Folies Pigalle à l'époque. ou pas là, ça me rajeunit encore au Fully Spiegel mais j'étais jeune vraiment, même quand j'avais 16 ans je sortais déjà dans les clubs et tout ça je racontais n'importe quoi à mes parents pour essayer de prendre le RER et de filer et de passer la nuit dehors donc forcément ça m'a tout de suite j'étais fascinée, fascinée par la musique fascinée par l'ambiance, fascinée par les clubs Il se passait plein de choses et maintenant avec le recul je me rends compte que je comprends maintenant pourquoi il y avait la queue aux toilettes pendant des heures et des heures alors que j'étais un peu naïve moi rien du tout sans alcool sans drogue ni rien mais c'est vrai que je sais pas j'étais attiré par cette ambiance et au delà d'être dj le fait d'être promoteur et d'organiser des soirées pour moi c'est vraiment deux choses qui vont ensemble vraiment parce que j'étais très attiré tout de suite par vouloir organiser des choses qui me ressemblent et pour un public qui pour moi manquait de choses. Je n'avais pas eu besoin forcément encore d'aller au Pulp ou de prendre confiance de certains discours que déjà je leur sentais au fond de moi. Et c'est vrai que le Pulp, évidemment, donc on en parle tout le temps, mais c'est vrai que pour ma génération, le Pulp ça a été hyper fédérateur et ça a révélé beaucoup de gens et beaucoup de passions. Mes toutes premières soirées au pop elles se sont faites le samedi soir donc on était loin des musiques électroniques c'était plus pour moi un exutoire et d'essayer de m'épanouir dans ma sexualité et justement là c'était vraiment la priorité c'était de m'éclater justement d'aller draguer des filles et de m'éclater avec mes copines c'est avec les années qui ont passé que du samedi soir je passais au vendredi après du jeudi bon la programmation était super mais c'est vrai que le public était un peu plus mix donc c'était un peu plus Un peu plus compliqué, on était moins à l'aise, en tout cas moi en tant que femme j'étais moins à l'aise le jeudi soir que je l'étais le samedi mais c'est vrai que si j'avais envie d'écouter la musique électronique vraiment pointue, il fallait que je vienne le jeudi et voilà, mais sinon on allait toutes premières clubbes, c'était surtout pour rouler des pelles, ça c'est sûr. Le relais avec le pub a eu lieu clairement, mais c'est vrai que les filles étaient quand même assez intouchables, c'est-à-dire que c'était quand même compliqué de pouvoir les approcher, il y avait quand même cette espèce de... Un petit peu de notoriété et de m'as-tu vu, qui est clairement qui existe encore partout. C'était un peu difficile quand même de les approcher au début, mais c'est vrai que je parle de ça. Après, j'ai mixé au pulp pendant longtemps sur les dernières années, donc peut-être que je suis devenue elle aussi ce qu'elle représentait pour moi. Mais quand le pulp a fermé, les soirées barbituriques existaient déjà. Il y avait déjà eu un passage de relais, mais ce n'était pas vraiment un passage de relais, c'était essayer de créer quelque chose d'autre. que ce n'était pas musical, mais vraiment de créer quelque chose qui était non sédentaire. Le Pulp, c'était le Pulp dans un endroit, c'était Boulevard des Poissonnières et c'était là. Et avec Barbiturix, au tout début, on voulait faire des fêtes là, là, là et là. C'était une autre politique. Mais c'est vrai que Maintenant, je travaille beaucoup avec Fanny, avec Chloé, avec Jennifer, qui sont devenues des amies. Donc le passage de relais a eu lieu et c'est vrai qu'elles sont toutes de bons conseils. Et encore maintenant, dès que j'ai une petite galère ou quand j'ai une question, j'appelle Fanny ou j'appelle Jennifer. C'est Jennifer qui m'a expliqué comment bien trier ma clé USB, par exemple. Et c'est Fanny qui va me dire comment bien organiser ton ticket moyen pour ta soirée. Le safe place qu'on a essayé de mettre en place avec Berbusurix, on a essayé de le mettre en place déjà ça fait des années qu'on travaille dessus, ça fait 15 ans qu'on fait des soirées. La politique de la porte n'était pas la même il y a 15 ans qu'aujourd'hui parce que déjà on était moins maître nous, organisatrices, de la porte. C'est-à-dire que là les clubs nous imposaient leur politique, maintenant c'est plutôt nous qui imposons notre politique. C'est-à-dire que si le club veut nous recevoir, il faut qu'on ait un accord sur le fait que c'est nous qui, c'est nous. qui gérons la porte. C'est hyper important. C'est ça qui va faire le safe place. C'est quelqu'un qui travaille dans un club depuis des années, ne peut pas forcément connaître toutes les communautés. Pour moi, la place de la physio doit être forcément quelqu'un qui est très proche de cette communauté, qui fait partie de cette communauté. Et ce qu'on a essayé de mettre en place il y a 15 ans, c'était compliqué parce que Les clubs qui étaient plus des brasseurs, vous voyez un petit peu comme des jeunes meufs qui ne connaissent rien donc ils nous imposaient nos trucs et ça a pris des temps. Des années et des années pour essayer de faire quelque chose de bien et surtout ils voyaient que les soirées marchaient donc au fur et à mesure que leur club se remplissait après ils étaient forcément, ils ont lâché du lest c'est sûr, mais la politique c'est d'essayer de quand on fait une soirée lesbienne forcément on va donner la priorité aux lesbiennes et à leurs amis on va essayer de limiter l'entrée Au groupe de gars qui viennent comme ça, même s'ils sont hyper LGBT friendly, mais qui viennent pour s'éclater, on sait très bien qu'à un moment donné, je le vois par expérience, je ne parle pas comme ça dans le vent, je le sais parce que je l'ai vu pendant des années, qu'à un moment donné, un groupe de gars va prendre plus de place, va faire plus de bruit, ne va pas se comporter de la même manière qu'un groupe de meufs. Et du coup, est-ce que les meufs qui viennent au Wait For Me ont envie encore d'avoir un groupe de mecs alors qu'il y en a partout, au boulot ? ou dans la rue. Et un petit peu, on essaye de régler ça. Mais on ne veut pas non plus fermer la porte. On veut vraiment rester ouvert à toutes et tous. Mais il faut essayer de trouver un bon compromis, de briefer les gens. C'est hyper important. C'est-à-dire que même un groupe de gars qui peut se faire recaler, il faut leur expliquer pourquoi. C'est hyper important de bien accueillir les gens, même ceux qu'on va recaler. Et ensuite, de toute façon, le safe place. à 100% n'existe pas, c'est utopique. Ça n'existe pas. Parce que même dans la communauté, il peut y avoir des violences intracommunautaires. Donc le 100% ça fait, ça n'existe pas, c'est utopique. En tant qu'artiste, j'essaie toujours de créer des sets qui vont me parler, et me parler et politiquement, et j'espère vont parler aussi à mon public, à ma communauté. C'est très important de faire jouer déjà pour moi des artistes féminines, forcément, en tant que sororité, on parle des mots qui fâchent, c'est la discrimination positive, oulala. Mais c'est important de créer un set qui te ressemble et le message que tu veux faire passer, évidemment. Mais ça, c'est pour tous les artistes, c'est comme ça. Il y a, par exemple, un morceau que je joue beaucoup, c'est un remix de Mathias Aguayo qui s'appelle Nasty Woman, qui est un discours féministe qui a été prononcé à la victoire ou en tout cas pendant les élections qui ont mené à la victoire de Trump. Le morceau s'appelle Nasty Woman et c'est un morceau qui... qui dit qu'on assume d'être des nasty women, parce que j'assume d'être femme, etc. Donc c'est un vrai morceau politique, et c'est quelque chose que je trouve hyper intéressant de balancer comme ça pendant des sets, parce qu'il suffit, bon après il faut être bilingue, mais c'est vrai qu'il n'est pas dur à comprendre, et dans n'importe quel état tu peux comprendre quand même le discours politique de ce morceau, et c'est vraiment intéressant. Je l'avais joué aussi à la guettellerie quand j'avais fait un duo avec Cassie Raptor, qui était VJ, Elle avait mis les paroles justement sur le 360 de cette magnifique salle. On avait mis les mots clés de ce discours et il y a eu beaucoup de stories, ça a été beaucoup repartagé et c'est vrai que le public avait beaucoup apprécié ce moment. Je suis une femme née de la pire. Je ne suis pas aussi née qu'un homme qui ressemble à un homme qui se bat dans du bois de cheveux. I'm not as nasty as confederate flags being tattooed across my city. Maybe the south actually is gonna rise again. Maybe for some it never really. J'ai hâte de voir ce que va être la nouvelle scène, vraiment, parce qu'à chaque fois, comme chaque période de crise, on l'a vu dans notre histoire, il y a toujours des choses incroyables qui se révèlent ensuite. Donc j'ai hâte de voir quels artistes vont émerger de cette crise. Il y en a qui ont réussi à émerger, il y en a d'autres qui vont disparaître, c'est sûr. J'ai hâte de voir, parce que là, je sais que la période est compliquée. Bon, il y a eu toujours les streamings, les radios qui ont beaucoup aidé. en tout cas qui ont fait passer le temps parce que aider je sais pas pour moi c'est j'ai pas l'impression qu'il s'est créé quelque chose d'absolument incroyable avec le streaming mais j'ai hâte de voir ce que va devenir le streaming justement après tout ça comment vont se comporter les dj qui ont réussi à se développer pendant cette période c'est à dire que on se développe sur instagram ou en faisant des productions et tout ça, mais une fois qu'ils vont être en live derrière des platines, ça va être une autre histoire. Comment ça va se passer ? Et au contraire, comment les jeunes DJs qui commençaient tout juste à pouvoir avoir des dates et tout s'est arrêté d'un coup, comment ces jeunes DJs vont rebondir ? Moi, je pense que je vais vraiment être spectatrice de ça. Et j'ai hâte de voir. C'est vrai que, par exemple, pour mes bookings, là, pour le moment, je les fais vraiment... Avec les dates qui vont se libérer j'espère cet été on va pouvoir faire des choses j'ai pas envie de les faire à l'avance ces bookings j'ai envie de voir un peu ce qui va se passer au dernier moment j'ai pas envie de reprendre les mêmes habitudes qu'avant j'ai envie de voir d'autres choses d'autres artistes et surtout comment les choses c'est vraiment j'ai pas là j'ai pas la solution je connais pas la réponse ça va être très intéressant en tout cas Ce que j'aimerais voir changer, c'est d'abord dans le business de la nuit, avant de parler même de Safe Place ou comment va devenir le clubbing en soi. C'est vrai que le business était devenu vraiment un gros business, avec des artistes internationaux qu'il fallait booker deux ans à l'avance, avec des cachets absolument incroyables. Ça, c'est peut-être mon côté un peu anticapitaliste, et pourtant je ne suis pas la pire, mais j'ai plus envie de voir ça moi, en tout cas. Et ça, j'espère que ça, ça va changer. J'espère que là, les jets privés, les cachets à 20 000 pour jouer une heure, etc. Moi, je ne sais pas, je n'adhère pas à ça. Pour moi, ce n'est pas ça la musique. Même si, évidemment, moi, la première, j'ai envie d'avoir des bons cachets quand je joue. Mais il y a une espèce de starification de la musique électronique qui, moi, me dérange déjà en tant que spectatrice. Et puis, voilà. Mais qui me dérange aussi beaucoup dans... En tant que productrice de soirée, de voir, parce qu'à chaque fois qu'on veut inviter quelqu'un, il faut augmenter le prix de billet, etc. Donc au final, c'est le public qui est perdant. Et ça, j'aimerais vraiment que ça va changer. Et à mon avis, ça va changer. Parce que là, je pense que ceux qui se sont plus cassés la gueule, au final, ça va être les grands artistes qui exagéraient un petit peu sur eux. Sur leur cachet, il n'y a pas que eux, il y a tout le business autour. Il y a tous les agents, les labels, les bookings, etc. J'espère qu'on va revenir à des choses plus simples, plus pures. Et ensuite, pour le clubbing en soi, ça je ne sais pas, parce que c'est vraiment un problème sociétal. Comment nous, on va se comporter déjà, une fois qu'on va être lâchés enfin dans la nature, comment on va se comporter dans la rue, comment on va se comporter entre nous. Et le dancefloor va forcément faire écho à ça.

Chapters

  • L'amour des tubes et des souvenirs musicaux

    00:00

  • Découverte des platines et du milieu DJ

    03:01

  • L'impact des clubs sur son parcours

    05:13

  • Créer des espaces sûrs dans la musique

    10:00

  • Réflexions sur l'avenir de la musique électronique

    16:23

Share

Embed

You may also like