#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable cover
#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable cover
Elles en Bretagne podcast de bretonnes inspirantes !

#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable

#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable

39min |14/05/2025
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#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable cover
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#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable

#71 Sophie Vercelletto, de la direction du Vendée Globe au fonds Explore pour un futur durable

39min |14/05/2025
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Description

J'ai le plaisir d'accueillir Sophie Vercelletto une figure marquante du monde de la voile et de l'environnement. Juriste de formation, Sophie a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kaïros, une entreprise qui allie performance sportive et engagement environnemental. Avec son partenaire Roland Jourdain, elle a également créé le fonds de dotation Explore, un incubateur d'initiatives écologiques visant à promouvoir des solutions durables pour notre planète.

Dans cet épisode, Sophie nous parlera de son parcours remarquable, des défis qu'elle a dû relever en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin, et de sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous découvrirons comment elle concilie ses passions avec ses engagements professionnels, et quels conseils elle prodigue aux jeunes femmes souhaitant se réaliser. Nous aborderons également la performance exceptionnelle de Violette Dorange, une jeune navigatrice talentueuse qui incarne la nouvelle génération de marins engagés qui a su partager son Vendée Globe et embarquer des millions de français.

Préparez-vous à une conversation riche et inspirante, où Sophie Vercelletto partage ses expériences, ses convictions et ses espoirs pour demain. Nous explorons comment une passion pour la mer et un engagement pour la planète peuvent transformer des vies et inspirer des générations.


https://www.fonds-explore.org/ Le grand défi d'Explore est de contribuer à transformer les idées d'avenir des Nouveaux Explorateurs en réalisations concrètes. Des projets très connus aujourd’hui y sont nés : Le Nomade des mers de Corentin de Chatelperron, Plastic Odyssey de Simon Bernard, Captain Darwin avec Victor Rault, Living Soilshttps://underthepole.org/ , https://lowtechlab.org/fr



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Elle en Bretagne, je suis Marie-Cécile, sa fondatrice et dans ce podcast, mon souhait est de donner la parole aux femmes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sophie Vercelletto, figure inspirante du monde de la voile et de l'environnement. Sophie est juriste de formation, elle a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kairos et de créer le fonds Explore avec Roland Jourdan, visant à promouvoir des solutions durables dans la voile et pour notre planète. Dans cet épisode, nous explorerons le parcours remarquable de Sophie, les défis qu'elle a relevés en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin et sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous parlerons aussi de Violette Dorange, la jeune navigatrice du dernier Vendée Globe qui incarne la nouvelle génération engagée. Sophie, bienvenue, je suis ravie de te recevoir dans mon podcast. Je t'avoue que ça faisait un petit moment que je souhaitais faire un épisode avec toi, donc je suis vraiment très contente. Et avant de commencer, comment vas-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marie-Cécile, je vais très bien.

  • Speaker #0

    Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivée dans le monde de la voile jusqu'à prendre la direction du Vendée Globe ? Parce que je crois que tu n'es pas forcément issue d'un milieu marin.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas du tout issue d'un monde marin. Je suis une terrienne née en campagne mais près d'un ruisseau. Donc l'eau est très importante pour moi depuis toujours. Et je suis née dans une famille... avec une mère et un père bienveillants. J'ai eu une enfance heureuse. Et surtout des personnes qui ne sont pas des écologistes, mais qui sont des amoureux de la nature. Et je fais cette différence parce que ce ne sont pas des militants, mais dans leurs actes quotidiens, depuis toujours, ils m'ont appris à respecter la nature. Ce qui explique sans doute le chemin que je vais prendre ensuite et que je parcours toujours aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et alors justement, de cette enfance plutôt en campagne, mais proche de l'eau, avec, comme tu le dis, ce côté très respectueux de la nature, quel a été ton parcours jusqu'au Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un parcours, j'étais une étudiante plutôt pas brillante, mais plutôt assidue. Donc, j'ai fait une fac de droit à Nantes et je me suis intéressée à ce sujet du droit, non pas comme un outil de sanction, mais plutôt comme un outil de construction. et en tout cas j'ai vraiment adoré ces moments d'études parce qu'ils m'ont ouvert sur le champ de l'humain la place de l'humain dans la société la place de l'humain aussi sur la planète et je pense que ça a construit certainement en moi cette envie de contribuer à mieux comprendre cela et peut-être faire en sorte que l'on vive en meilleure harmonie sur cette planète Oui,

  • Speaker #0

    avec la nature justement, une fac de droit et tu as tout de suite Merci. travaillé dans le domaine de la voile ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. J'ai eu une chance extraordinaire. C'est que mon directeur de mémoire m'a proposé de rejoindre une entreprise d'aménagement du territoire en Vendée. Et le département de la Vendée portait depuis très longtemps une course qui s'appelle le Vendée Globe, qui était organisée par un privé. Ce privé a eu des déboires et déposé le bilan de son activité. Et à ce moment-là, le département de la Vendée a souhaité faire une offre de rachat de la marque auprès du tribunal de commerce, puisqu'il y avait eu dépôt de bilan. Et c'est là que je suis intervenue, puisqu'ils m'ont sollicité, puisqu'ils m'ont proposé de créer une société d'économique dédiée à cette course Vendée Globe. Ce que j'ai fait. Et à la fin de toute la procédure de création. ils m'ont proposé de prendre la direction générale de cette société et donc de la course Vendée Globe.

  • Speaker #0

    Belle reconnaissance !

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est une reconnaissance, en tout cas c'était un saut dans l'inconnu, parce que je ne fais pas de voile, je ne faisais pas de voile et j'en fais pas beaucoup aujourd'hui encore. Pour juste rappeler l'histoire, la marque nous a été attribuée en février de l'année 2004 et le départ de la course était donné en novembre. début novembre. Et il a fallu en ces quelques mois construire cet événement partant d'une page quasi blanche pour mettre en œuvre ce projet et faire en sorte que la ligne de départ soit bien donnée début novembre de cette année.

  • Speaker #0

    Et avec combien de bateaux du coup cette année-là ?

  • Speaker #1

    À l'époque, je crois qu'il y avait une vingtaine de bateaux, quasi deux fois moins que cette dernière édition que l'on a vue là.

  • Speaker #0

    Et alors cette expérience ?

  • Speaker #1

    C'était formidable. Alors, ce qui était intéressant, c'est que moi, ça m'a permis de comprendre que je n'avais pas à être une spécialiste de la voile. de la navigation. En revanche, j'avais à être plutôt une fédératrice de différents experts pour mener à bien le projet. Donc, ça a été très intense. Évidemment, on imagine bien que monter un projet comme ça en quelques mois, ce n'est pas quelques heures par jour, c'était nuit et jour, les semaines, les week-ends. Mais c'était tellement passionnant et c'était un enjeu fort et que j'avais envie de relever. Donc, je l'ai fait avec... plaisir, beaucoup d'enthousiasme et puis finalement de belles surprises, des belles rencontres. Ce milieu de la voile est quand même constitué de personnes qui sont des gens qui sont, on revient à cela, relativement respectueux des éléments. Leur terrain de jeu, c'est l'océan. Ce n'est pas eux qui dictent à l'océan ce qu'il doit faire, c'est l'océan plutôt qui leur dicte ce qu'ils doivent faire et ils doivent s'approprier cet élément. Donc voilà, un univers passionnant avec des gens tous sympas, bienveillants, à l'écoute. Parce que pour eux, ce n'était pas facile. Je pense aux skippers notamment à ce moment-là, qui avaient engagé leurs sponsors sur cet événement qui potentiellement ne se faisait pas. C'était potentiellement dramatique pour beaucoup d'entre eux. Et donc vraiment, tout le monde a joué le jeu. C'était une aventure magnifique.

  • Speaker #0

    Donc le départ en novembre 2004. Et ensuite, tu es restée à la direction pendant 6-7 ans ?

  • Speaker #1

    J'ai fait deux éditions. D'accord. J'ai donc réitéré l'édition en organisant l'édition 2008-2009. Il n'y a quasi pas de pause entre deux éditions, entre le moment où la cour s'arrête, remise des prix, les bilans, et puis redémarrer la cour suivante, il n'y a quasi pas de pause. Pour la petite histoire, j'avais dans un premier temps conservé mon poste. de directeur juridique que j'avais réduit à minima en recrutant une jeune femme qui aujourd'hui dirige le Vendée Globe, Laura Logoff. Et cette jeune femme était venue chaque été. Moi, je prenais des stagiaires. J'adorais, dans le cadre de mes fonctions, avoir des jeunes de trois mois avec moi, les faire travailler sur un thème, toujours à deux ou trois. Je trouvais que c'était plus stimulant. Et j'avais repéré cette jeune femme, Laura, lors d'un stage. Et quand j'ai pris la direction générale du Vendée Globe, je l'ai appelée et je lui ai dit, écoute, qu'est-ce que tu fais ? Elle finissait ses examens et je lui ai dit, écoute, tu viens et tu me remplaces. Et c'est elle qui, aujourd'hui, dirige pour la troisième fois le Vendée Globe. C'est sa troisième course.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    Oui, super.

  • Speaker #0

    Donc, superbe aventure avec un investissement personnel et puis collectif assez incroyable. Qu'est-ce qui fait que tu aies quitté le Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a eu plusieurs raisons. La première, c'est que le Vendée Globe, je pense que beaucoup de gens connaissent, c'est un événement énorme. Et qui dit événement, moi j'ai découvert ça. Événement, c'est de l'événementiel, c'est de l'éphémère. Je n'étais pas très à l'aise sur certaines thématiques. J'ai essayé avec mes petits moyens de limiter mon impact, mais je me sentais limitée. dans cette volonté-là, non pas par mes actionnaires ou qui que ce soit, mais juste parce qu'on était en 2004-2005. Moi, j'ai voulu faire le bilan carbone de notre événement en 2005. C'était avec Catherine Chabot et l'ADEME à l'époque, mais le projet n'a pas abouti parce que c'était une époque où ce n'était même pas un sujet. Donc, on avait évidemment des objectifs. à remplir, j'avais des objectifs à remplir et celui-ci ne faisait pas partie des objectifs principaux donc on l'a mis de côté. Mais j'avais quand même cette, voilà, ce sujet-là était vraiment en moi et donc ça c'est la première raison. La seconde raison c'est qu'à l'époque organiser un Vendée Globe c'était une organisation qui était extrêmement fluctuante en fonction du temps du moment de l'événement. Donc, on était trois permanents. et on arrivait à peu près avec les prestataires, 150 ou 200 personnes pendant l'événement. Et des gens qui arrivent sur l'événement et qui repartent. Et moi, je n'arrivais pas. Je trouvais que c'était dommage de ne pas pouvoir construire sur le long terme. avec une équipe, des gens pérennes. Mais bon, l'organisation était faite de cette façon et je ne pouvais pas, j'avais pas les moyens de conserver une équipe de 150 ou 200 personnes pour faire un Vendée Globe tous les quatre ans. Donc ça, c'était aussi une frustration pour moi. Et puis, il y a aussi le fait de... Moi, j'ai toujours fonctionné comme ça. Je n'ai jamais fait de plan de carrière. Ce que me présente aussi mon environnement et ce qui se présente à moi. Et j'ai eu des discussions avec... avec pas mal de personnes, dont des skippers, dont un skipper qui est Roland Jourdain, non pas sur le sujet de la performance sportive, mais sur le sujet de la performance environnementale. Et au moment de mon édition 2008-2009, j'ai eu plusieurs propositions de skippers de les rejoindre, pour les accompagner dans le développement de leur activité, et une proposition de Roland Jourdain de l'accompagner sur la diversification de son activité. autour d'un sujet environnemental. Et là, donc, j'ai dit oui. Et la troisième raison, parce qu'il y a trois raisons, c'est que, s'agissant d'un événement, je pense que c'est bien qu'il y ait du changement à la direction, parce que quand on lance un événement, on pose quelques jalons, ça fonctionne, on les répète, et la créativité est moindre. Donc, je pense que c'est bien aussi que d'autres personnes se soient, voilà, remplacées, et puis aient repris cet événement en main.

  • Speaker #0

    Justement avec Roland Jourdain, c'était pour créer déjà Explore et Kairos ?

  • Speaker #1

    Alors Kairos existait depuis deux ans, donc uniquement dédié à la gestion d'un projet de course au large, celui de Roland. Et c'est à partir de là que nous avons décidé de vraiment axer notre entreprise sur une route qui intégrerait mieux les sujets environnementaux. Et cette construction s'est faite en plusieurs temps. premier tour. temps, ça a été de comprendre un peu vraiment en cherchant en nous ce que l'on connaissait le mieux et ce que cette société connaissait le mieux, à part faire du bateau, c'était d'en construire, c'était la matière et donc on s'est intéressé aux matériaux, fibres naturelles, la fibre de lin, la fibre de chanvre, etc. Et finalement, on s'est dit que ça pouvait très bien devenir... un de nos axes d'activité. Et donc, nous avons créé un bureau d'études qui s'appelle Kairos Environnement, qui est un département de notre entreprise Kairos et qui travaille sur ces sujets d'éco-conception, d'analyse de cycle de vie et puis qui accompagne des entreprises pour modifier les matériaux ou calculer des analyses de cycle de vie et travailler sur l'éco-conception. Ça, c'était vraiment la première pierre. Et là,

  • Speaker #0

    pas que sur la voile, du coup.

  • Speaker #1

    Roland, évidemment, est très identifié course au large. Moi, moins, en dehors d'avoir géré le Vendée Globe. Moi, je n'ai pas du tout d'histoire avec la voile. Mais Roland s'est fortement ancré. Et finalement, pendant quelques temps, ça a été difficile pour nous d'exprimer le fait que ce sujet de l'impact de l'homme sur l'océan, c'est aussi un impact sur la Terre. C'est-à-dire que l'océan, il se débrouille très bien tout seul. Sauf que nous, avec nos actions, que nous menons à terre, nous impactons sur sa bonne santé. Et donc, on a eu la chance de croiser sur notre chemin, sur notre route, une entreprise qui s'appelle Clarins, et qui fait de la cosmétique, et qui nous a accompagnés sur ce chemin en nous demandant de collaborer avec eux sur le développement d'une microbille biosourcée. Donc rien à voir avec la voile, rien à voir... avec, je ne sais pas moi, avec la course. Mais en revanche, un vrai sujet lié à l'océan. Parce que ces microbilles que nous utilisons à terre pour exfolier notre peau, pour nous brosser les dents, pour laver nos linges, parce qu'il y en a partout, arrivent dans l'océan à un moment donné puisqu'elles ne sont pas filtrées par les stations d'épuration. Donc en fait, finalement, Roland dit souvent ça, nous ne sommes pas des marins, nous ne sommes pas des terriens, mais nous sommes des mériens. Et en fait, voilà, l'histoire est ainsi. Notre histoire, elle est très liée à l'océan, mais nous n'hésitons pas à plus que faire des incursions, à être sur la terre pour être en cohérence totale dans notre démarche.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, tout est lié en fait.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et c'est aussi comme ça que Explore, vous êtes allée aussi sur Explore,

  • Speaker #1

    comment ? Oui, alors une entreprise, donc on parle business, on vend des prestations. moi j'ai toujours dans ma tête de par mon histoire, ce sujet de l'intérêt général, en quoi notre entreprise est utile à la société. Nos travaux sur les biomatériaux, sur l'éco-conception, nous ont fait rencontrer tout un tas de personnes qui étaient plutôt des jeunes. pionnier de la réflexion sur comment on vit sur cette terre demain avec différents sujets donc une association qui s'appelle Under the Pole par exemple qui fait des plongées et qui va aider les scientifiques à mieux comprendre l'océan, Corentin de Châtelperron avec son sujet de il commence nous on l'a connu à ce moment là sur une réflexion sur un matériau qui est le jute, il faisait un stage en Asie et il découvre découvre cette fibre incroyable qui est une fibre endémique de l'Asie, notamment au Bangladesh, et il se rend compte que les bateaux qui étaient construits avec du bois vont être construits très vite en fibre de verre. Il se dit, c'est dommage, il y a du jute. C'était nos sacs à patates. Un textile génial pour pouvoir faire des bateaux et autre chose de technique. Et donc, il va construire un petit bateau. et revenir en France, et c'est là qu'on va le rencontrer et que l'on va tomber amoureux réciproquement et travailler ensemble. Et c'est tous ces gens-là qui travaillaient dans une dynamique de réflexion, de recherche, sans du tout d'idée de business derrière ou quoi que ce soit, mais étaient en vraie recherche de la façon dont on pourrait vivre sur cette planète plus tard. Et ce qui était intéressant, c'est que c'est des gens qui sont dans l'action. Ce n'est pas juste de la réflexion, c'est qu'ils testent. ils essaient, ils racontent des histoires incroyables, qui sont super inspirants. Et on s'est dit, donc on leur a donné des coups de main, ces gens-là, pour commencer. Et puis à un moment donné, on s'est dit quand même, on pourrait peut-être faire plus. Comme moi, je suis juriste, j'ai toujours cette espèce de travers d'essayer de structurer les choses. Et j'ai dit à Roland, mais peut-être qu'on pourrait créer une structure, quelque chose qui pourrait les mettre en valeur. On a travaillé, on a décidé de travailler pendant... un an avec un spécialiste de la philanthropie qui s'appelle John Duchesne-Ski qui est canadien. Comme on le sait, la philanthropie est très développée dans les pays anglo-saxons. En France, peu, à part pour l'art et le social, mais pour l'environnement quasi pas, à l'époque. En tout cas, je parle d'il y a dix ans. Et donc, on va travailler avec cette personne pendant un an pour essayer de construire notre projet Explore, qui va devenir Explore, en essayant de comprendre ce qu'on a envie de faire, ce que l'on a envie d'être. Est-ce qu'on a envie d'être des militants, des rédacteurs de plaidoyers, ou au contraire des gens qui font, qui aident d'autres à faire et qui partagent ensuite ? Et c'est ça en fait qu'on a décidé de faire et on a créé ce fonds de dotation, qui est un outil juridique proche de la fondation et qui va intégrer en son sein certaines explorations très limitées, on n'en veut pas beaucoup, nous on en veut quelques-unes mais très marquantes et que l'on accompagnera au fil du temps. Et la première exploration que nous avons intégrée dans Explore, donc créée en 2013, c'est Under the Pole. Et puis Corentin de Châtelperron avec Nomade des Mers. Puis Plastique Odyssée, un bébé d'Explore, puisque c'est un jeune qui est venu aider à un départ d'expédition et qui était dans la marine marchande et qui s'est dit mais moi aussi, il faut que je fasse quelque chose pour la planète. Et qui, pareil, a fait son travail et qui... finalement, travaillent sur le sujet du plastique. On a une expédition qui s'appelle Captain Darwin, qui, elle, repart sur les traces de Darwin 200 ans après, sujet biodiversité. Et puis, enfin, on vient d'incuber une nouvelle exploration qui s'appelle Living Soil, et qui travaille sur le sujet de la régénérescence de la Terre. Voilà, donc, Explorer, c'est ça, en fait. Ça a été, pour nous, quelque part, le moyen d'affirmer que notre entreprise, a du sens pour la société en créant ce fonds de dotation qui est vraiment rattaché à notre société. Et finalement, tout ça, ça a du sens. Ça a tellement du sens que l'on est devenu entreprise à mission et toutes les actions que nous menons entre Kairos et Explore répondent à notre raison d'être, qui est de mieux comprendre le sujet de la biodiversité pour pouvoir changer nos comportements.

  • Speaker #0

    Très beau projet. Et quand tu dis, du coup, on a décidé d'être dans le fer, Est-ce que tu peux illustrer ? Alors moi, j'ai en tête ce que fait Corentin de Châtellepéron, notamment avec Biosphère. Est-ce que tu peux en parler ou parler d'un autre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors en fait, ce qui nous plaît, nous, c'est de pouvoir, on pourrait dire tester, essayer des choses et voir, et surtout le vivre et voir si ça marche avec cette possibilité que ça ne fonctionne pas. Et Corentin de Châtelperron, si vous avez l'occasion d'aller voir sur Arte tous ces films qui ont été faits sur ces expériences, dont la dernière Biosphère, qui en effet est une expérience dans un appartement à Paris, tentée de vivre en autonomie, donc avec tout un tas de trucs, des plantes, une douche à recyclage d'eau. des animaux, des petits criquets, tout ça, qui vivent, des petits vers qui vivent, un écosystème totalement incroyable. Et ce qui est intéressant, c'est que derrière, l'idée, c'est de partager cette expérience à travers des écrits, des livres, des journées aussi inspirantes. On fait beaucoup ça chez nous. On fait venir des gens, des entreprises, des étudiants, des jeunes élèves, pour partager tout ce que l'on teste. Et partager la façon, le chemin de construction, comment on l'a fait, comment on l'a utilisé, la notion d'usage. Et puis, ce que l'on peut en tirer comme réponse, qui n'est pas la réponse unique, surtout pas, mais c'est une réponse. Et c'est ça qui est intéressant, c'est que du coup, c'est très positif, c'est très joyeux. On n'est pas dans le négatif en disant ce que l'on fait, ce n'est pas bien. De toutes les manières, c'est notre chemin d'humanité. Voilà, on a eu, à un moment donné, la caverne d'Ali Baba était grande ouverte et on a pu puiser tout ce que l'on a voulu. Et voilà, c'est comme ça. Aujourd'hui, on voit que c'est de plus en plus compliqué. Il y a de plus en plus d'hommes sur Terre. Il y a de moins en moins de ressources. Et finalement, l'idée, c'est de réfléchir à comment on peut faire mieux avec moins, mais en étant joyeux. Donc, l'inspiration est très importante chez nous. Et voilà, il n'y a pas de sujet, je ne trouve. pas le mot de culpabilité. Voilà, exactement. On ne veut surtout pas nous culpabiliser, se culpabiliser et culpabiliser les autres.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, on s'aperçoit que de toute façon, ça ne fonctionne pas quand on culpabilise.

  • Speaker #1

    En plus. Oui, c'est pas drôle.

  • Speaker #0

    Voilà, ça ne donne pas envie. Ben non. Et alors, justement, quand tu disais, par exemple, pour revenir là, par rapport à Biosphère, tu disais en autonomie, c'est-à-dire que pendant sa durée de quatre mois, il me semble, sans accès à l'eau, sans accès à la nourriture, Décriture, totale autonomie, mais autarcie aussi.

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. C'est-à-dire que la réflexion de Corentin sur la notion de l'autonomie passe par différentes expériences. Et la première qu'il a faite, c'est dans le désert. Alors là, il était en autarcie, en effet. Il n'avait accès à rien. De cette expérience-là, il s'est dit comment nous pourrions imaginer l'autonomie en milieu citadin. C'est comme ça qu'il a décidé d'aller... à Paris, dans un appartement, pendant quatre mois. Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'au contraire, il a vu que pour vivre l'autonomie, il ne fallait pas être en autarcie, mais au contraire, en coopération avec l'écosystème autour, pour gérer les déchets, par exemple, un compost, l'idée, c'était de le partager avec un autre, pour que lui puisse l'utiliser. ou alors... Lui avait besoin de plantes. Et bien à côté, il y avait le maraîcher qui pouvait lui apporter les plantes. Et il est en train d'écrire le livre. Il vient de le terminer. Donc, il va être bientôt publié. Et il va expliquer tout ça. En fait, que finalement, cette autonomie ne peut pas se faire seule. Il faut être ensemble.

  • Speaker #0

    En coopération et créer tout un écosystème.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui se nourrit, qui s'alimente.

  • Speaker #1

    En effet, cette expérience est passée par... à un moment donné une vie en solitaire. Quand il l'a fait au Mexique, il était seul avec sa compagne. J'étais deux. Et plein d'animaux qui venaient du coup parce que ils étaient dans le désert du Mexique et c'était le seul point d'eau. Il dessalait de l'eau avec un appareil low-tech. Donc finalement, il a créé un point d'eau dans ce désert. Et là, il s'est retrouvé avec une faune qui arrivait de partout. C'est magnifique.

  • Speaker #0

    Donc, en effet, il y a tous ces projets. Je sais que tu as parlé d'Under the Pole, tu as parlé de Captain Darwin, Plastic Odyssey. Donc, tous œuvrent pour l'environnement.

  • Speaker #1

    Pour l'homme, avant tout. En fait, on fait ça, pourquoi ? Parce qu'on voit bien que la nature, elle va se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Mais nous, on va sans doute avoir un peu de difficultés. Donc, il y a des sujets d'adaptation, il y a des sujets de réflexion, de changement de comportement. C'est ça, en fait. que l'on réalise, nous, dans nos expérimentations chaque jour, c'est vraiment essayer de trouver le moyen que l'homme et la femme, quand je dis l'homme, c'est générique, aient une place dans l'environnement. Et c'est en ça que l'environnement est important, de comprendre comment il fonctionne, parce qu'il est super puissant, en fait, il est super fort, et nous, on est des petits individus sur cette Terre. Et donc, si on veut continuer à vivre sur cette Terre, terre confortablement, nous on a envie d'apporter notre petite pierre à l'édifice parce qu'on pense que d'aller sur d'autres planètes, c'est pas pour demain d'une part et puis ce sera sans doute pour Quelques privilégiés, mais je ne pense pas que toute la population de la Terre puisse un jour aller vivre sur une autre planète. Enfin, en tout cas, pas tout de suite.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu peux illustrer par une autre action ?

  • Speaker #1

    Une autre expérimentation que l'on a menée, qui est intéressante parce qu'elle est portée par nous, c'est avec ces matériaux et la fibre de lin, on a construit en 2022, on a fait construire plus exactement, un catamaran qui fait 18 mètres. quasi 19 mètres de long et qui est le plus grand bateau aujourd'hui au monde avec autant de fibres de lin dans sa structure. C'est une expérience incroyable. On s'intéresse à la fibre de lin depuis 10 ans. On a fait quelques petits objets flottants, des paddles, des surfs, un petit bateau, etc. Et on se disait que ça allait donner envie à d'autres d'utiliser cette fibre. de lin qui pousse en France, sur nos côtes, en Normandie, en Haute-Normandie, en Belgique aussi, et qui était en Bretagne il y a de nombreuses années, qui a disparu, mais qui revient maintenant, donc on en est très heureux. Et en fait, on s'est dit, mais c'est bizarre, on est en train de montrer que cette fibre peut remplacer des matériaux issus de la pétrochimie, certes qui ne valent rien aujourd'hui, mais... En réflexion pour l'avenir, c'est peut-être intéressant de regarder un peu ces fibres naturelles. Et en fait, on ne voyait pas beaucoup de mouvements, d'intérêts. Donc, on a décidé de construire ce bateau qui est un grand bateau. Et Roland a fait la route du Rhum avec. Oui,

  • Speaker #0

    la dernière édition.

  • Speaker #1

    La 2022. On a mis le bateau six mois avant le départ de course à l'eau. Il a pris le départ dans la classe Rhum Multi. Il était parti en nous disant... N'attendez rien de moi, je vais déjà montrer que mon bateau peut aller d'un point à un autre en traversant l'océan Atlantique. Au fur et à mesure de la course, il était plutôt aux avant-postes dans sa classe. Et il va passer la ligne en premier. Son titre sera la place numéro 2 parce qu'il aura un plomb qui aura sauté sur un moteur. C'est une histoire de règlement, donc il aura une petite pénalité. Mais l'histoire montre quand même qu'avec ce bateau qui a été mis à l'eau six mois avant, avec. avec une fibre naturelle, le lin, il a finalement réussi à faire une performance sportive, tout en essayant de modifier ses comportements d'usage en utilisant des fibres qui sont moins impactantes. Et c'est intéressant parce que nous, ça nous a permis de nous déculpabiliser sur le sujet. Si on s'intéresse à ces sujets d'impact de l'homme sur l'environnement et donc comment l'homme va vivre demain, on se détache de la notion de performance. Dans une entreprise, la performance, elle est financière, elle est etc. Et finalement, avec ce que Roland nous a fait sur cette course, on a pu réunir les deux en disant mais on peut conserver une performance d'entreprise tout en essayant de modifier nos comportements. Et ça, c'est super. Et après, il faut du temps. Évidemment, les choses ne se font pas. pas en dix minutes. Moi, en tout cas, je parle à titre personnel, je ne suis pas une révolutionnaire du tout. Donc, la violence, je ne peux pas. Je ne serai pas de celles qui font les changements par la force. Donc, voilà, il faut du temps. Mais les choses avancent. Et finalement, ces exemples, ces deux exemples que j'ai donnés, mais qui ne représentent qu'une partie de ce qu'il y a aussi par ailleurs dans notre écosystème. finalement contribue à ce que l'on comprenne un peu mieux comment on peut modifier nos comportements, nos actions. Et puis c'est super. Et puis il y a quand même un petit sujet, c'est qu'on voit bien que dans notre société, notamment nos jeunes, mais également nos moins jeunes, recherchent quand même du sens, des valeurs. Et ça, nous, on voit bien qu'on les porte. Et si on peut les partager au plus grand nombre, c'est génial.

  • Speaker #0

    Et suite à cette victoire, Est-ce qu'il y a d'autres bateaux en construction avec la fibre de lin ?

  • Speaker #1

    Nous avons pris cette décision de travailler avec un chantier qui fait de la série, justement pour que ce soit reproductible. Mais c'est un bateau qui, nous, le nôtre, fonctionne très très bien. Il a été construit en 2022, nous sommes en 2025, il a quasiment fait un tour du monde déjà.

  • Speaker #0

    Et il n'a pas bougé.

  • Speaker #1

    À suivre, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre. Normalement, si tout va bien, on le revoit sur la prochaine route du Rhum.

  • Speaker #1

    Avec Roland aussi ?

  • Speaker #0

    Avec Roland, oui. Et une superbe histoire que nous n'avons pas encore dévoilée, mais qui est magnifique, qui va parler... Je fais juste un tout petit teasing. Je parlais tout à l'heure de l'océan qui est le terrain de jeu. Notre projet, ça va être de travailler sur l'idée de montrer que c'est aussi un terrain de vie. Voilà, j'en dis pas plus.

  • Speaker #1

    Bon teasing ! Et quand tu parlais justement aussi d'être réalisé tous ces projets dans la joie, on a eu aussi une belle performance dernièrement sur le Vendée Globe avec Violette Dorange, qui elle n'était pas, enfin a réalisé et finalement a fait une très belle course, mais qui a su aussi raconter sa compétition. Qu'est-ce que tu en dis toi ?

  • Speaker #0

    Oh ben moi j'ai trouvé l'histoire merveilleuse, cette jeune fille qui partage avec tant d'aisance ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Et puis avec sincérité, j'ai trouvé que c'était très beau et c'est chouette parce que ce Vendée Globe, justement, a cette particularité d'associer des skippers très... des sportifs de haut niveau, qui sont très sur la performance sportive et qui racontent sans doute un peu moins ce qu'ils vivent et des gens, parce qu'il y a Violette, mais il y a aussi Guéric Soudé, des... Il y a eu, enfin, je ne peux pas tous les nommer, mais il y a eu, moi, j'ai trouvé beaucoup de concurrents sur cette course qui ont su partager. Violette a explosé les records. Bon, voilà, une jeune fille. Et puis, bien entourée, elle avait une équipe autour d'elle de communicants qui savent très bien faire. Il y a aussi ça. Ça ne sort pas non plus du chapeau comme ça. Il faut aussi accepter le fait qu'il y ait du professionnalisme. Elle a été merveilleuse et moi, j'ai trouvé ça formidable. Je rencontrais des gens qui la suivaient, qui ne connaissaient rien à la course au large et qui étaient complètement fans de cette jeune femme. C'est super.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, vraiment. Je crois qu'elle a même, on peut même dire que c'est elle qui a été un petit peu au centre de ce Vendée Globe, notamment pour toutes sortes de personnes qui, jusqu'à maintenant, le Vendée Globe...

  • Speaker #0

    Et alors, ce qui est terrible, j'ai pensé à ça lorsqu'elle est arrivée. J'ai vécu ça, c'était Michel Desjoyaux qui avait gagné cette année-là, et c'était en 2000, et Hélène MacArthur arrivait deuxième. Souvent, quand des gens étaient interrogés qui avait gagné cette course, c'était Hélène MacArthur. Et là, je me suis dit, peut-être que dans quelques mois, si on interroge les gens qui a gagné le Vendée Globe 2024-25, ce sera Violette D'Orange. C'est incroyable, hein ?

  • Speaker #1

    Oui, incroyable.

  • Speaker #0

    C'est dur pour les vainqueurs.

  • Speaker #1

    Pour revenir justement, on parlait de Violette d'Orange, une jeune femme dans la course. Toi, tu as évolué en tant que femme dans ce monde de la voile, qui est plutôt un monde masculin. Comment tu l'as vécu ? Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, moi, ça s'est très bien passé. C'était intéressant que j'arrive dans ce jeu de quilles très masculin, parce qu'une femme a ce pouvoir de... d'apaiser, enfin je trouve, je ne sais pas, je me trompe peut-être, mais en tout cas le pouvoir pour moi d'apaiser des espèces d'égo, des luttes d'égo qui sont totalement stériles. Et du coup, moi vraiment, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec beaucoup d'hommes, puisqu'en effet c'est majoritairement masculin, mais il y a également des femmes. Heureusement, j'ai pas souffert, j'ai eu que quelques rares... Petites histoires drôles, genre lors d'une soirée, un monsieur d'un certain âge me saluant et pensant que j'étais soit de la com ou de ses com ou service financier en règle générale. Je l'ai laissé un peu parler, je me suis un peu amusée. Pour finir, je lui ai dit que j'étais la directrice générale du Vendée Globe et le monsieur était tout contrit parce que voilà, il n'avait pas. imaginer à ce l'instant, en plus j'étais jeune j'ai pris la direction générale j'avais 35 ans, donc il ne s'imaginait pas qu'une jeune femme comme moi puisse être directeur général mais à part ça, c'est plutôt drôle je trouve, ça a été une très belle expérience pour moi de femme dans un milieu d'hommes plutôt viril parce qu'il y a des marins quand même et puis dans l'entourage des marins aussi il n'y a pas que les marins mais vraiment très respectueux j'avoue Donc, je pense que ça a été facilité aussi par le fait que j'étais le directeur général et donc un respect sans doute. plus fort qu'envers certaines autres personnes qui peuvent travailler. Une femme qui a une action un peu différente peut peut-être être moins considérée, ce qui n'est pas bien.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas à elle directrice.

  • Speaker #0

    Voilà, oui.

  • Speaker #1

    Et quel conseil tu donnerais aujourd'hui aux jeunes filles pour s'engager justement dans ces milieux plutôt masculins ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire aux femmes et aux jeunes femmes surtout de suivre leur envie, que ce soit dans un milieu masculin ou pas en fait. Je trouve... qu'on vit très bien les uns avec les autres, les hommes, les femmes, et si on peut continuer ça et casser ces quelques hommes qui nous pourrissent la vie, moi je trouve que c'est très bien. Et donc j'ai envie de leur dire qu'il faut qu'elles aient confiance en elles, tout est possible en fait, et il n'y a pas des choses réservées pour les hommes et des choses réservées pour les femmes d'une part, et puis d'autre part. Je trouve qu'on est meilleur que les hommes, souvent. Donc, voilà, il faut se l'affirmer et ne pas hésiter à y aller et foncer.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et notamment cette confiance, cette assertivité aussi,

  • Speaker #0

    on va dire. Il y a une belle chose, je trouve. On dit souvent que la femme est créatrice. Et c'est intéressant parce que, du coup, c'est une force. Et il faut que chaque femme le sente en elle et le porte. et du coup... Elle n'a aucun problème, chaque femme n'aura aucun problème à vivre dans un univers professionnel, qu'il soit masculin ou pas. Après, je pense qu'il faut que l'on admette aussi que c'est plus ou moins facile en fonction de nos conditions, mais finalement se dire que c'est quand même possible.

  • Speaker #1

    Je termine souvent par une dernière question. où je demande, en fait, est-ce que tu as un coup de gueule ou un coup de cœur à nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai un coup de cœur. C'est une jeune fille qui s'appelle Fanny, que j'ai rencontrée il y a quelques jours dans nos locaux, chez Cairo s'explore. Nous recevons régulièrement des jeunes en stage découverte, donc cinq jours. Donc une jeune fille qui doit avoir 16-17 ans, je pense. Et elle m'a touchée, mais alors c'était incroyable. C'est une jeune fille qui vit à Brest dans un appartement. Et un midi, on a la chance d'avoir un petit peu de verdure. Et je faisais un petit nettoyage de carré en levant quelques herbes, etc. Et elle s'approche de moi. Elle me demande ce que je fais. Donc, je lui explique. Et en me disant, tiens, c'est marrant qu'elle me pose cette question. Et donc, je lui dis, tu veux m'aider ? Et donc, elle a mis ses mains dans la terre. C'était la première fois de sa vie. Et alors, ça a été fort parce que... Elle m'a remercié plusieurs fois, elle m'a dit c'est super, je vis dans un appartement et ça ne m'est jamais arrivé. Et donc ça, c'était le troisième jour. Et le cinquième jour, elle est passée dans les bureaux, elle était quasi en larmes tellement ça a été fort pour elle, ce stage découverte. Elle nous a couvert de confiseries, un truc de dingue. Et alors vraiment, ça m'a touchée parce que je me suis dit, cette jeune fille... elle a appris quelque chose et j'espère qu'elle va s'en servir pour sa vie future.

  • Speaker #1

    Sa vie future et le partager.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, Sophie, merci beaucoup de nous avoir partagé ton parcours et ta vision et ce côté aussi joyeux et optimiste, comme tu le dis. De toute façon, les faits sont là, la situation est là. Donc aujourd'hui, tout nous appartient, tout est possible. Donc à nous de jouer, on va dire. Ton engagement à travers Kero, c'est... Explore sont aussi une véritable source d'inspiration. Tu as illustré, mais il suffit d'aller voir sur Internet tout ce que vous faites. On n'a pas précisé, Explore est basé à Concarneau.

  • Speaker #0

    Oui, nous sommes à Concarneau, dans le port.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    dans le Finistère Sud.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Je voudrais te remercier pour m'avoir écoutée. Et puis, je trouve que c'est super de pouvoir faire parler les femmes. Il faut continuer.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à toi.

  • Speaker #1

    Merci à vous toutes et tous qui nous écoutez. Merci aussi pour votre fidélité. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à mettre 5 étoiles, à vous abonner et à me faire part de vos commentaires. Je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode et dans l'immédiat, qu'est-ce que vous avez à dire ?

Description

J'ai le plaisir d'accueillir Sophie Vercelletto une figure marquante du monde de la voile et de l'environnement. Juriste de formation, Sophie a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kaïros, une entreprise qui allie performance sportive et engagement environnemental. Avec son partenaire Roland Jourdain, elle a également créé le fonds de dotation Explore, un incubateur d'initiatives écologiques visant à promouvoir des solutions durables pour notre planète.

Dans cet épisode, Sophie nous parlera de son parcours remarquable, des défis qu'elle a dû relever en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin, et de sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous découvrirons comment elle concilie ses passions avec ses engagements professionnels, et quels conseils elle prodigue aux jeunes femmes souhaitant se réaliser. Nous aborderons également la performance exceptionnelle de Violette Dorange, une jeune navigatrice talentueuse qui incarne la nouvelle génération de marins engagés qui a su partager son Vendée Globe et embarquer des millions de français.

Préparez-vous à une conversation riche et inspirante, où Sophie Vercelletto partage ses expériences, ses convictions et ses espoirs pour demain. Nous explorons comment une passion pour la mer et un engagement pour la planète peuvent transformer des vies et inspirer des générations.


https://www.fonds-explore.org/ Le grand défi d'Explore est de contribuer à transformer les idées d'avenir des Nouveaux Explorateurs en réalisations concrètes. Des projets très connus aujourd’hui y sont nés : Le Nomade des mers de Corentin de Chatelperron, Plastic Odyssey de Simon Bernard, Captain Darwin avec Victor Rault, Living Soilshttps://underthepole.org/ , https://lowtechlab.org/fr



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Elle en Bretagne, je suis Marie-Cécile, sa fondatrice et dans ce podcast, mon souhait est de donner la parole aux femmes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sophie Vercelletto, figure inspirante du monde de la voile et de l'environnement. Sophie est juriste de formation, elle a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kairos et de créer le fonds Explore avec Roland Jourdan, visant à promouvoir des solutions durables dans la voile et pour notre planète. Dans cet épisode, nous explorerons le parcours remarquable de Sophie, les défis qu'elle a relevés en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin et sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous parlerons aussi de Violette Dorange, la jeune navigatrice du dernier Vendée Globe qui incarne la nouvelle génération engagée. Sophie, bienvenue, je suis ravie de te recevoir dans mon podcast. Je t'avoue que ça faisait un petit moment que je souhaitais faire un épisode avec toi, donc je suis vraiment très contente. Et avant de commencer, comment vas-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marie-Cécile, je vais très bien.

  • Speaker #0

    Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivée dans le monde de la voile jusqu'à prendre la direction du Vendée Globe ? Parce que je crois que tu n'es pas forcément issue d'un milieu marin.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas du tout issue d'un monde marin. Je suis une terrienne née en campagne mais près d'un ruisseau. Donc l'eau est très importante pour moi depuis toujours. Et je suis née dans une famille... avec une mère et un père bienveillants. J'ai eu une enfance heureuse. Et surtout des personnes qui ne sont pas des écologistes, mais qui sont des amoureux de la nature. Et je fais cette différence parce que ce ne sont pas des militants, mais dans leurs actes quotidiens, depuis toujours, ils m'ont appris à respecter la nature. Ce qui explique sans doute le chemin que je vais prendre ensuite et que je parcours toujours aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et alors justement, de cette enfance plutôt en campagne, mais proche de l'eau, avec, comme tu le dis, ce côté très respectueux de la nature, quel a été ton parcours jusqu'au Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un parcours, j'étais une étudiante plutôt pas brillante, mais plutôt assidue. Donc, j'ai fait une fac de droit à Nantes et je me suis intéressée à ce sujet du droit, non pas comme un outil de sanction, mais plutôt comme un outil de construction. et en tout cas j'ai vraiment adoré ces moments d'études parce qu'ils m'ont ouvert sur le champ de l'humain la place de l'humain dans la société la place de l'humain aussi sur la planète et je pense que ça a construit certainement en moi cette envie de contribuer à mieux comprendre cela et peut-être faire en sorte que l'on vive en meilleure harmonie sur cette planète Oui,

  • Speaker #0

    avec la nature justement, une fac de droit et tu as tout de suite Merci. travaillé dans le domaine de la voile ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. J'ai eu une chance extraordinaire. C'est que mon directeur de mémoire m'a proposé de rejoindre une entreprise d'aménagement du territoire en Vendée. Et le département de la Vendée portait depuis très longtemps une course qui s'appelle le Vendée Globe, qui était organisée par un privé. Ce privé a eu des déboires et déposé le bilan de son activité. Et à ce moment-là, le département de la Vendée a souhaité faire une offre de rachat de la marque auprès du tribunal de commerce, puisqu'il y avait eu dépôt de bilan. Et c'est là que je suis intervenue, puisqu'ils m'ont sollicité, puisqu'ils m'ont proposé de créer une société d'économique dédiée à cette course Vendée Globe. Ce que j'ai fait. Et à la fin de toute la procédure de création. ils m'ont proposé de prendre la direction générale de cette société et donc de la course Vendée Globe.

  • Speaker #0

    Belle reconnaissance !

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est une reconnaissance, en tout cas c'était un saut dans l'inconnu, parce que je ne fais pas de voile, je ne faisais pas de voile et j'en fais pas beaucoup aujourd'hui encore. Pour juste rappeler l'histoire, la marque nous a été attribuée en février de l'année 2004 et le départ de la course était donné en novembre. début novembre. Et il a fallu en ces quelques mois construire cet événement partant d'une page quasi blanche pour mettre en œuvre ce projet et faire en sorte que la ligne de départ soit bien donnée début novembre de cette année.

  • Speaker #0

    Et avec combien de bateaux du coup cette année-là ?

  • Speaker #1

    À l'époque, je crois qu'il y avait une vingtaine de bateaux, quasi deux fois moins que cette dernière édition que l'on a vue là.

  • Speaker #0

    Et alors cette expérience ?

  • Speaker #1

    C'était formidable. Alors, ce qui était intéressant, c'est que moi, ça m'a permis de comprendre que je n'avais pas à être une spécialiste de la voile. de la navigation. En revanche, j'avais à être plutôt une fédératrice de différents experts pour mener à bien le projet. Donc, ça a été très intense. Évidemment, on imagine bien que monter un projet comme ça en quelques mois, ce n'est pas quelques heures par jour, c'était nuit et jour, les semaines, les week-ends. Mais c'était tellement passionnant et c'était un enjeu fort et que j'avais envie de relever. Donc, je l'ai fait avec... plaisir, beaucoup d'enthousiasme et puis finalement de belles surprises, des belles rencontres. Ce milieu de la voile est quand même constitué de personnes qui sont des gens qui sont, on revient à cela, relativement respectueux des éléments. Leur terrain de jeu, c'est l'océan. Ce n'est pas eux qui dictent à l'océan ce qu'il doit faire, c'est l'océan plutôt qui leur dicte ce qu'ils doivent faire et ils doivent s'approprier cet élément. Donc voilà, un univers passionnant avec des gens tous sympas, bienveillants, à l'écoute. Parce que pour eux, ce n'était pas facile. Je pense aux skippers notamment à ce moment-là, qui avaient engagé leurs sponsors sur cet événement qui potentiellement ne se faisait pas. C'était potentiellement dramatique pour beaucoup d'entre eux. Et donc vraiment, tout le monde a joué le jeu. C'était une aventure magnifique.

  • Speaker #0

    Donc le départ en novembre 2004. Et ensuite, tu es restée à la direction pendant 6-7 ans ?

  • Speaker #1

    J'ai fait deux éditions. D'accord. J'ai donc réitéré l'édition en organisant l'édition 2008-2009. Il n'y a quasi pas de pause entre deux éditions, entre le moment où la cour s'arrête, remise des prix, les bilans, et puis redémarrer la cour suivante, il n'y a quasi pas de pause. Pour la petite histoire, j'avais dans un premier temps conservé mon poste. de directeur juridique que j'avais réduit à minima en recrutant une jeune femme qui aujourd'hui dirige le Vendée Globe, Laura Logoff. Et cette jeune femme était venue chaque été. Moi, je prenais des stagiaires. J'adorais, dans le cadre de mes fonctions, avoir des jeunes de trois mois avec moi, les faire travailler sur un thème, toujours à deux ou trois. Je trouvais que c'était plus stimulant. Et j'avais repéré cette jeune femme, Laura, lors d'un stage. Et quand j'ai pris la direction générale du Vendée Globe, je l'ai appelée et je lui ai dit, écoute, qu'est-ce que tu fais ? Elle finissait ses examens et je lui ai dit, écoute, tu viens et tu me remplaces. Et c'est elle qui, aujourd'hui, dirige pour la troisième fois le Vendée Globe. C'est sa troisième course.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    Oui, super.

  • Speaker #0

    Donc, superbe aventure avec un investissement personnel et puis collectif assez incroyable. Qu'est-ce qui fait que tu aies quitté le Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a eu plusieurs raisons. La première, c'est que le Vendée Globe, je pense que beaucoup de gens connaissent, c'est un événement énorme. Et qui dit événement, moi j'ai découvert ça. Événement, c'est de l'événementiel, c'est de l'éphémère. Je n'étais pas très à l'aise sur certaines thématiques. J'ai essayé avec mes petits moyens de limiter mon impact, mais je me sentais limitée. dans cette volonté-là, non pas par mes actionnaires ou qui que ce soit, mais juste parce qu'on était en 2004-2005. Moi, j'ai voulu faire le bilan carbone de notre événement en 2005. C'était avec Catherine Chabot et l'ADEME à l'époque, mais le projet n'a pas abouti parce que c'était une époque où ce n'était même pas un sujet. Donc, on avait évidemment des objectifs. à remplir, j'avais des objectifs à remplir et celui-ci ne faisait pas partie des objectifs principaux donc on l'a mis de côté. Mais j'avais quand même cette, voilà, ce sujet-là était vraiment en moi et donc ça c'est la première raison. La seconde raison c'est qu'à l'époque organiser un Vendée Globe c'était une organisation qui était extrêmement fluctuante en fonction du temps du moment de l'événement. Donc, on était trois permanents. et on arrivait à peu près avec les prestataires, 150 ou 200 personnes pendant l'événement. Et des gens qui arrivent sur l'événement et qui repartent. Et moi, je n'arrivais pas. Je trouvais que c'était dommage de ne pas pouvoir construire sur le long terme. avec une équipe, des gens pérennes. Mais bon, l'organisation était faite de cette façon et je ne pouvais pas, j'avais pas les moyens de conserver une équipe de 150 ou 200 personnes pour faire un Vendée Globe tous les quatre ans. Donc ça, c'était aussi une frustration pour moi. Et puis, il y a aussi le fait de... Moi, j'ai toujours fonctionné comme ça. Je n'ai jamais fait de plan de carrière. Ce que me présente aussi mon environnement et ce qui se présente à moi. Et j'ai eu des discussions avec... avec pas mal de personnes, dont des skippers, dont un skipper qui est Roland Jourdain, non pas sur le sujet de la performance sportive, mais sur le sujet de la performance environnementale. Et au moment de mon édition 2008-2009, j'ai eu plusieurs propositions de skippers de les rejoindre, pour les accompagner dans le développement de leur activité, et une proposition de Roland Jourdain de l'accompagner sur la diversification de son activité. autour d'un sujet environnemental. Et là, donc, j'ai dit oui. Et la troisième raison, parce qu'il y a trois raisons, c'est que, s'agissant d'un événement, je pense que c'est bien qu'il y ait du changement à la direction, parce que quand on lance un événement, on pose quelques jalons, ça fonctionne, on les répète, et la créativité est moindre. Donc, je pense que c'est bien aussi que d'autres personnes se soient, voilà, remplacées, et puis aient repris cet événement en main.

  • Speaker #0

    Justement avec Roland Jourdain, c'était pour créer déjà Explore et Kairos ?

  • Speaker #1

    Alors Kairos existait depuis deux ans, donc uniquement dédié à la gestion d'un projet de course au large, celui de Roland. Et c'est à partir de là que nous avons décidé de vraiment axer notre entreprise sur une route qui intégrerait mieux les sujets environnementaux. Et cette construction s'est faite en plusieurs temps. premier tour. temps, ça a été de comprendre un peu vraiment en cherchant en nous ce que l'on connaissait le mieux et ce que cette société connaissait le mieux, à part faire du bateau, c'était d'en construire, c'était la matière et donc on s'est intéressé aux matériaux, fibres naturelles, la fibre de lin, la fibre de chanvre, etc. Et finalement, on s'est dit que ça pouvait très bien devenir... un de nos axes d'activité. Et donc, nous avons créé un bureau d'études qui s'appelle Kairos Environnement, qui est un département de notre entreprise Kairos et qui travaille sur ces sujets d'éco-conception, d'analyse de cycle de vie et puis qui accompagne des entreprises pour modifier les matériaux ou calculer des analyses de cycle de vie et travailler sur l'éco-conception. Ça, c'était vraiment la première pierre. Et là,

  • Speaker #0

    pas que sur la voile, du coup.

  • Speaker #1

    Roland, évidemment, est très identifié course au large. Moi, moins, en dehors d'avoir géré le Vendée Globe. Moi, je n'ai pas du tout d'histoire avec la voile. Mais Roland s'est fortement ancré. Et finalement, pendant quelques temps, ça a été difficile pour nous d'exprimer le fait que ce sujet de l'impact de l'homme sur l'océan, c'est aussi un impact sur la Terre. C'est-à-dire que l'océan, il se débrouille très bien tout seul. Sauf que nous, avec nos actions, que nous menons à terre, nous impactons sur sa bonne santé. Et donc, on a eu la chance de croiser sur notre chemin, sur notre route, une entreprise qui s'appelle Clarins, et qui fait de la cosmétique, et qui nous a accompagnés sur ce chemin en nous demandant de collaborer avec eux sur le développement d'une microbille biosourcée. Donc rien à voir avec la voile, rien à voir... avec, je ne sais pas moi, avec la course. Mais en revanche, un vrai sujet lié à l'océan. Parce que ces microbilles que nous utilisons à terre pour exfolier notre peau, pour nous brosser les dents, pour laver nos linges, parce qu'il y en a partout, arrivent dans l'océan à un moment donné puisqu'elles ne sont pas filtrées par les stations d'épuration. Donc en fait, finalement, Roland dit souvent ça, nous ne sommes pas des marins, nous ne sommes pas des terriens, mais nous sommes des mériens. Et en fait, voilà, l'histoire est ainsi. Notre histoire, elle est très liée à l'océan, mais nous n'hésitons pas à plus que faire des incursions, à être sur la terre pour être en cohérence totale dans notre démarche.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, tout est lié en fait.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et c'est aussi comme ça que Explore, vous êtes allée aussi sur Explore,

  • Speaker #1

    comment ? Oui, alors une entreprise, donc on parle business, on vend des prestations. moi j'ai toujours dans ma tête de par mon histoire, ce sujet de l'intérêt général, en quoi notre entreprise est utile à la société. Nos travaux sur les biomatériaux, sur l'éco-conception, nous ont fait rencontrer tout un tas de personnes qui étaient plutôt des jeunes. pionnier de la réflexion sur comment on vit sur cette terre demain avec différents sujets donc une association qui s'appelle Under the Pole par exemple qui fait des plongées et qui va aider les scientifiques à mieux comprendre l'océan, Corentin de Châtelperron avec son sujet de il commence nous on l'a connu à ce moment là sur une réflexion sur un matériau qui est le jute, il faisait un stage en Asie et il découvre découvre cette fibre incroyable qui est une fibre endémique de l'Asie, notamment au Bangladesh, et il se rend compte que les bateaux qui étaient construits avec du bois vont être construits très vite en fibre de verre. Il se dit, c'est dommage, il y a du jute. C'était nos sacs à patates. Un textile génial pour pouvoir faire des bateaux et autre chose de technique. Et donc, il va construire un petit bateau. et revenir en France, et c'est là qu'on va le rencontrer et que l'on va tomber amoureux réciproquement et travailler ensemble. Et c'est tous ces gens-là qui travaillaient dans une dynamique de réflexion, de recherche, sans du tout d'idée de business derrière ou quoi que ce soit, mais étaient en vraie recherche de la façon dont on pourrait vivre sur cette planète plus tard. Et ce qui était intéressant, c'est que c'est des gens qui sont dans l'action. Ce n'est pas juste de la réflexion, c'est qu'ils testent. ils essaient, ils racontent des histoires incroyables, qui sont super inspirants. Et on s'est dit, donc on leur a donné des coups de main, ces gens-là, pour commencer. Et puis à un moment donné, on s'est dit quand même, on pourrait peut-être faire plus. Comme moi, je suis juriste, j'ai toujours cette espèce de travers d'essayer de structurer les choses. Et j'ai dit à Roland, mais peut-être qu'on pourrait créer une structure, quelque chose qui pourrait les mettre en valeur. On a travaillé, on a décidé de travailler pendant... un an avec un spécialiste de la philanthropie qui s'appelle John Duchesne-Ski qui est canadien. Comme on le sait, la philanthropie est très développée dans les pays anglo-saxons. En France, peu, à part pour l'art et le social, mais pour l'environnement quasi pas, à l'époque. En tout cas, je parle d'il y a dix ans. Et donc, on va travailler avec cette personne pendant un an pour essayer de construire notre projet Explore, qui va devenir Explore, en essayant de comprendre ce qu'on a envie de faire, ce que l'on a envie d'être. Est-ce qu'on a envie d'être des militants, des rédacteurs de plaidoyers, ou au contraire des gens qui font, qui aident d'autres à faire et qui partagent ensuite ? Et c'est ça en fait qu'on a décidé de faire et on a créé ce fonds de dotation, qui est un outil juridique proche de la fondation et qui va intégrer en son sein certaines explorations très limitées, on n'en veut pas beaucoup, nous on en veut quelques-unes mais très marquantes et que l'on accompagnera au fil du temps. Et la première exploration que nous avons intégrée dans Explore, donc créée en 2013, c'est Under the Pole. Et puis Corentin de Châtelperron avec Nomade des Mers. Puis Plastique Odyssée, un bébé d'Explore, puisque c'est un jeune qui est venu aider à un départ d'expédition et qui était dans la marine marchande et qui s'est dit mais moi aussi, il faut que je fasse quelque chose pour la planète. Et qui, pareil, a fait son travail et qui... finalement, travaillent sur le sujet du plastique. On a une expédition qui s'appelle Captain Darwin, qui, elle, repart sur les traces de Darwin 200 ans après, sujet biodiversité. Et puis, enfin, on vient d'incuber une nouvelle exploration qui s'appelle Living Soil, et qui travaille sur le sujet de la régénérescence de la Terre. Voilà, donc, Explorer, c'est ça, en fait. Ça a été, pour nous, quelque part, le moyen d'affirmer que notre entreprise, a du sens pour la société en créant ce fonds de dotation qui est vraiment rattaché à notre société. Et finalement, tout ça, ça a du sens. Ça a tellement du sens que l'on est devenu entreprise à mission et toutes les actions que nous menons entre Kairos et Explore répondent à notre raison d'être, qui est de mieux comprendre le sujet de la biodiversité pour pouvoir changer nos comportements.

  • Speaker #0

    Très beau projet. Et quand tu dis, du coup, on a décidé d'être dans le fer, Est-ce que tu peux illustrer ? Alors moi, j'ai en tête ce que fait Corentin de Châtellepéron, notamment avec Biosphère. Est-ce que tu peux en parler ou parler d'un autre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors en fait, ce qui nous plaît, nous, c'est de pouvoir, on pourrait dire tester, essayer des choses et voir, et surtout le vivre et voir si ça marche avec cette possibilité que ça ne fonctionne pas. Et Corentin de Châtelperron, si vous avez l'occasion d'aller voir sur Arte tous ces films qui ont été faits sur ces expériences, dont la dernière Biosphère, qui en effet est une expérience dans un appartement à Paris, tentée de vivre en autonomie, donc avec tout un tas de trucs, des plantes, une douche à recyclage d'eau. des animaux, des petits criquets, tout ça, qui vivent, des petits vers qui vivent, un écosystème totalement incroyable. Et ce qui est intéressant, c'est que derrière, l'idée, c'est de partager cette expérience à travers des écrits, des livres, des journées aussi inspirantes. On fait beaucoup ça chez nous. On fait venir des gens, des entreprises, des étudiants, des jeunes élèves, pour partager tout ce que l'on teste. Et partager la façon, le chemin de construction, comment on l'a fait, comment on l'a utilisé, la notion d'usage. Et puis, ce que l'on peut en tirer comme réponse, qui n'est pas la réponse unique, surtout pas, mais c'est une réponse. Et c'est ça qui est intéressant, c'est que du coup, c'est très positif, c'est très joyeux. On n'est pas dans le négatif en disant ce que l'on fait, ce n'est pas bien. De toutes les manières, c'est notre chemin d'humanité. Voilà, on a eu, à un moment donné, la caverne d'Ali Baba était grande ouverte et on a pu puiser tout ce que l'on a voulu. Et voilà, c'est comme ça. Aujourd'hui, on voit que c'est de plus en plus compliqué. Il y a de plus en plus d'hommes sur Terre. Il y a de moins en moins de ressources. Et finalement, l'idée, c'est de réfléchir à comment on peut faire mieux avec moins, mais en étant joyeux. Donc, l'inspiration est très importante chez nous. Et voilà, il n'y a pas de sujet, je ne trouve. pas le mot de culpabilité. Voilà, exactement. On ne veut surtout pas nous culpabiliser, se culpabiliser et culpabiliser les autres.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, on s'aperçoit que de toute façon, ça ne fonctionne pas quand on culpabilise.

  • Speaker #1

    En plus. Oui, c'est pas drôle.

  • Speaker #0

    Voilà, ça ne donne pas envie. Ben non. Et alors, justement, quand tu disais, par exemple, pour revenir là, par rapport à Biosphère, tu disais en autonomie, c'est-à-dire que pendant sa durée de quatre mois, il me semble, sans accès à l'eau, sans accès à la nourriture, Décriture, totale autonomie, mais autarcie aussi.

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. C'est-à-dire que la réflexion de Corentin sur la notion de l'autonomie passe par différentes expériences. Et la première qu'il a faite, c'est dans le désert. Alors là, il était en autarcie, en effet. Il n'avait accès à rien. De cette expérience-là, il s'est dit comment nous pourrions imaginer l'autonomie en milieu citadin. C'est comme ça qu'il a décidé d'aller... à Paris, dans un appartement, pendant quatre mois. Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'au contraire, il a vu que pour vivre l'autonomie, il ne fallait pas être en autarcie, mais au contraire, en coopération avec l'écosystème autour, pour gérer les déchets, par exemple, un compost, l'idée, c'était de le partager avec un autre, pour que lui puisse l'utiliser. ou alors... Lui avait besoin de plantes. Et bien à côté, il y avait le maraîcher qui pouvait lui apporter les plantes. Et il est en train d'écrire le livre. Il vient de le terminer. Donc, il va être bientôt publié. Et il va expliquer tout ça. En fait, que finalement, cette autonomie ne peut pas se faire seule. Il faut être ensemble.

  • Speaker #0

    En coopération et créer tout un écosystème.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui se nourrit, qui s'alimente.

  • Speaker #1

    En effet, cette expérience est passée par... à un moment donné une vie en solitaire. Quand il l'a fait au Mexique, il était seul avec sa compagne. J'étais deux. Et plein d'animaux qui venaient du coup parce que ils étaient dans le désert du Mexique et c'était le seul point d'eau. Il dessalait de l'eau avec un appareil low-tech. Donc finalement, il a créé un point d'eau dans ce désert. Et là, il s'est retrouvé avec une faune qui arrivait de partout. C'est magnifique.

  • Speaker #0

    Donc, en effet, il y a tous ces projets. Je sais que tu as parlé d'Under the Pole, tu as parlé de Captain Darwin, Plastic Odyssey. Donc, tous œuvrent pour l'environnement.

  • Speaker #1

    Pour l'homme, avant tout. En fait, on fait ça, pourquoi ? Parce qu'on voit bien que la nature, elle va se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Mais nous, on va sans doute avoir un peu de difficultés. Donc, il y a des sujets d'adaptation, il y a des sujets de réflexion, de changement de comportement. C'est ça, en fait. que l'on réalise, nous, dans nos expérimentations chaque jour, c'est vraiment essayer de trouver le moyen que l'homme et la femme, quand je dis l'homme, c'est générique, aient une place dans l'environnement. Et c'est en ça que l'environnement est important, de comprendre comment il fonctionne, parce qu'il est super puissant, en fait, il est super fort, et nous, on est des petits individus sur cette Terre. Et donc, si on veut continuer à vivre sur cette Terre, terre confortablement, nous on a envie d'apporter notre petite pierre à l'édifice parce qu'on pense que d'aller sur d'autres planètes, c'est pas pour demain d'une part et puis ce sera sans doute pour Quelques privilégiés, mais je ne pense pas que toute la population de la Terre puisse un jour aller vivre sur une autre planète. Enfin, en tout cas, pas tout de suite.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu peux illustrer par une autre action ?

  • Speaker #1

    Une autre expérimentation que l'on a menée, qui est intéressante parce qu'elle est portée par nous, c'est avec ces matériaux et la fibre de lin, on a construit en 2022, on a fait construire plus exactement, un catamaran qui fait 18 mètres. quasi 19 mètres de long et qui est le plus grand bateau aujourd'hui au monde avec autant de fibres de lin dans sa structure. C'est une expérience incroyable. On s'intéresse à la fibre de lin depuis 10 ans. On a fait quelques petits objets flottants, des paddles, des surfs, un petit bateau, etc. Et on se disait que ça allait donner envie à d'autres d'utiliser cette fibre. de lin qui pousse en France, sur nos côtes, en Normandie, en Haute-Normandie, en Belgique aussi, et qui était en Bretagne il y a de nombreuses années, qui a disparu, mais qui revient maintenant, donc on en est très heureux. Et en fait, on s'est dit, mais c'est bizarre, on est en train de montrer que cette fibre peut remplacer des matériaux issus de la pétrochimie, certes qui ne valent rien aujourd'hui, mais... En réflexion pour l'avenir, c'est peut-être intéressant de regarder un peu ces fibres naturelles. Et en fait, on ne voyait pas beaucoup de mouvements, d'intérêts. Donc, on a décidé de construire ce bateau qui est un grand bateau. Et Roland a fait la route du Rhum avec. Oui,

  • Speaker #0

    la dernière édition.

  • Speaker #1

    La 2022. On a mis le bateau six mois avant le départ de course à l'eau. Il a pris le départ dans la classe Rhum Multi. Il était parti en nous disant... N'attendez rien de moi, je vais déjà montrer que mon bateau peut aller d'un point à un autre en traversant l'océan Atlantique. Au fur et à mesure de la course, il était plutôt aux avant-postes dans sa classe. Et il va passer la ligne en premier. Son titre sera la place numéro 2 parce qu'il aura un plomb qui aura sauté sur un moteur. C'est une histoire de règlement, donc il aura une petite pénalité. Mais l'histoire montre quand même qu'avec ce bateau qui a été mis à l'eau six mois avant, avec. avec une fibre naturelle, le lin, il a finalement réussi à faire une performance sportive, tout en essayant de modifier ses comportements d'usage en utilisant des fibres qui sont moins impactantes. Et c'est intéressant parce que nous, ça nous a permis de nous déculpabiliser sur le sujet. Si on s'intéresse à ces sujets d'impact de l'homme sur l'environnement et donc comment l'homme va vivre demain, on se détache de la notion de performance. Dans une entreprise, la performance, elle est financière, elle est etc. Et finalement, avec ce que Roland nous a fait sur cette course, on a pu réunir les deux en disant mais on peut conserver une performance d'entreprise tout en essayant de modifier nos comportements. Et ça, c'est super. Et après, il faut du temps. Évidemment, les choses ne se font pas. pas en dix minutes. Moi, en tout cas, je parle à titre personnel, je ne suis pas une révolutionnaire du tout. Donc, la violence, je ne peux pas. Je ne serai pas de celles qui font les changements par la force. Donc, voilà, il faut du temps. Mais les choses avancent. Et finalement, ces exemples, ces deux exemples que j'ai donnés, mais qui ne représentent qu'une partie de ce qu'il y a aussi par ailleurs dans notre écosystème. finalement contribue à ce que l'on comprenne un peu mieux comment on peut modifier nos comportements, nos actions. Et puis c'est super. Et puis il y a quand même un petit sujet, c'est qu'on voit bien que dans notre société, notamment nos jeunes, mais également nos moins jeunes, recherchent quand même du sens, des valeurs. Et ça, nous, on voit bien qu'on les porte. Et si on peut les partager au plus grand nombre, c'est génial.

  • Speaker #0

    Et suite à cette victoire, Est-ce qu'il y a d'autres bateaux en construction avec la fibre de lin ?

  • Speaker #1

    Nous avons pris cette décision de travailler avec un chantier qui fait de la série, justement pour que ce soit reproductible. Mais c'est un bateau qui, nous, le nôtre, fonctionne très très bien. Il a été construit en 2022, nous sommes en 2025, il a quasiment fait un tour du monde déjà.

  • Speaker #0

    Et il n'a pas bougé.

  • Speaker #1

    À suivre, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre. Normalement, si tout va bien, on le revoit sur la prochaine route du Rhum.

  • Speaker #1

    Avec Roland aussi ?

  • Speaker #0

    Avec Roland, oui. Et une superbe histoire que nous n'avons pas encore dévoilée, mais qui est magnifique, qui va parler... Je fais juste un tout petit teasing. Je parlais tout à l'heure de l'océan qui est le terrain de jeu. Notre projet, ça va être de travailler sur l'idée de montrer que c'est aussi un terrain de vie. Voilà, j'en dis pas plus.

  • Speaker #1

    Bon teasing ! Et quand tu parlais justement aussi d'être réalisé tous ces projets dans la joie, on a eu aussi une belle performance dernièrement sur le Vendée Globe avec Violette Dorange, qui elle n'était pas, enfin a réalisé et finalement a fait une très belle course, mais qui a su aussi raconter sa compétition. Qu'est-ce que tu en dis toi ?

  • Speaker #0

    Oh ben moi j'ai trouvé l'histoire merveilleuse, cette jeune fille qui partage avec tant d'aisance ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Et puis avec sincérité, j'ai trouvé que c'était très beau et c'est chouette parce que ce Vendée Globe, justement, a cette particularité d'associer des skippers très... des sportifs de haut niveau, qui sont très sur la performance sportive et qui racontent sans doute un peu moins ce qu'ils vivent et des gens, parce qu'il y a Violette, mais il y a aussi Guéric Soudé, des... Il y a eu, enfin, je ne peux pas tous les nommer, mais il y a eu, moi, j'ai trouvé beaucoup de concurrents sur cette course qui ont su partager. Violette a explosé les records. Bon, voilà, une jeune fille. Et puis, bien entourée, elle avait une équipe autour d'elle de communicants qui savent très bien faire. Il y a aussi ça. Ça ne sort pas non plus du chapeau comme ça. Il faut aussi accepter le fait qu'il y ait du professionnalisme. Elle a été merveilleuse et moi, j'ai trouvé ça formidable. Je rencontrais des gens qui la suivaient, qui ne connaissaient rien à la course au large et qui étaient complètement fans de cette jeune femme. C'est super.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, vraiment. Je crois qu'elle a même, on peut même dire que c'est elle qui a été un petit peu au centre de ce Vendée Globe, notamment pour toutes sortes de personnes qui, jusqu'à maintenant, le Vendée Globe...

  • Speaker #0

    Et alors, ce qui est terrible, j'ai pensé à ça lorsqu'elle est arrivée. J'ai vécu ça, c'était Michel Desjoyaux qui avait gagné cette année-là, et c'était en 2000, et Hélène MacArthur arrivait deuxième. Souvent, quand des gens étaient interrogés qui avait gagné cette course, c'était Hélène MacArthur. Et là, je me suis dit, peut-être que dans quelques mois, si on interroge les gens qui a gagné le Vendée Globe 2024-25, ce sera Violette D'Orange. C'est incroyable, hein ?

  • Speaker #1

    Oui, incroyable.

  • Speaker #0

    C'est dur pour les vainqueurs.

  • Speaker #1

    Pour revenir justement, on parlait de Violette d'Orange, une jeune femme dans la course. Toi, tu as évolué en tant que femme dans ce monde de la voile, qui est plutôt un monde masculin. Comment tu l'as vécu ? Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, moi, ça s'est très bien passé. C'était intéressant que j'arrive dans ce jeu de quilles très masculin, parce qu'une femme a ce pouvoir de... d'apaiser, enfin je trouve, je ne sais pas, je me trompe peut-être, mais en tout cas le pouvoir pour moi d'apaiser des espèces d'égo, des luttes d'égo qui sont totalement stériles. Et du coup, moi vraiment, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec beaucoup d'hommes, puisqu'en effet c'est majoritairement masculin, mais il y a également des femmes. Heureusement, j'ai pas souffert, j'ai eu que quelques rares... Petites histoires drôles, genre lors d'une soirée, un monsieur d'un certain âge me saluant et pensant que j'étais soit de la com ou de ses com ou service financier en règle générale. Je l'ai laissé un peu parler, je me suis un peu amusée. Pour finir, je lui ai dit que j'étais la directrice générale du Vendée Globe et le monsieur était tout contrit parce que voilà, il n'avait pas. imaginer à ce l'instant, en plus j'étais jeune j'ai pris la direction générale j'avais 35 ans, donc il ne s'imaginait pas qu'une jeune femme comme moi puisse être directeur général mais à part ça, c'est plutôt drôle je trouve, ça a été une très belle expérience pour moi de femme dans un milieu d'hommes plutôt viril parce qu'il y a des marins quand même et puis dans l'entourage des marins aussi il n'y a pas que les marins mais vraiment très respectueux j'avoue Donc, je pense que ça a été facilité aussi par le fait que j'étais le directeur général et donc un respect sans doute. plus fort qu'envers certaines autres personnes qui peuvent travailler. Une femme qui a une action un peu différente peut peut-être être moins considérée, ce qui n'est pas bien.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas à elle directrice.

  • Speaker #0

    Voilà, oui.

  • Speaker #1

    Et quel conseil tu donnerais aujourd'hui aux jeunes filles pour s'engager justement dans ces milieux plutôt masculins ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire aux femmes et aux jeunes femmes surtout de suivre leur envie, que ce soit dans un milieu masculin ou pas en fait. Je trouve... qu'on vit très bien les uns avec les autres, les hommes, les femmes, et si on peut continuer ça et casser ces quelques hommes qui nous pourrissent la vie, moi je trouve que c'est très bien. Et donc j'ai envie de leur dire qu'il faut qu'elles aient confiance en elles, tout est possible en fait, et il n'y a pas des choses réservées pour les hommes et des choses réservées pour les femmes d'une part, et puis d'autre part. Je trouve qu'on est meilleur que les hommes, souvent. Donc, voilà, il faut se l'affirmer et ne pas hésiter à y aller et foncer.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et notamment cette confiance, cette assertivité aussi,

  • Speaker #0

    on va dire. Il y a une belle chose, je trouve. On dit souvent que la femme est créatrice. Et c'est intéressant parce que, du coup, c'est une force. Et il faut que chaque femme le sente en elle et le porte. et du coup... Elle n'a aucun problème, chaque femme n'aura aucun problème à vivre dans un univers professionnel, qu'il soit masculin ou pas. Après, je pense qu'il faut que l'on admette aussi que c'est plus ou moins facile en fonction de nos conditions, mais finalement se dire que c'est quand même possible.

  • Speaker #1

    Je termine souvent par une dernière question. où je demande, en fait, est-ce que tu as un coup de gueule ou un coup de cœur à nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai un coup de cœur. C'est une jeune fille qui s'appelle Fanny, que j'ai rencontrée il y a quelques jours dans nos locaux, chez Cairo s'explore. Nous recevons régulièrement des jeunes en stage découverte, donc cinq jours. Donc une jeune fille qui doit avoir 16-17 ans, je pense. Et elle m'a touchée, mais alors c'était incroyable. C'est une jeune fille qui vit à Brest dans un appartement. Et un midi, on a la chance d'avoir un petit peu de verdure. Et je faisais un petit nettoyage de carré en levant quelques herbes, etc. Et elle s'approche de moi. Elle me demande ce que je fais. Donc, je lui explique. Et en me disant, tiens, c'est marrant qu'elle me pose cette question. Et donc, je lui dis, tu veux m'aider ? Et donc, elle a mis ses mains dans la terre. C'était la première fois de sa vie. Et alors, ça a été fort parce que... Elle m'a remercié plusieurs fois, elle m'a dit c'est super, je vis dans un appartement et ça ne m'est jamais arrivé. Et donc ça, c'était le troisième jour. Et le cinquième jour, elle est passée dans les bureaux, elle était quasi en larmes tellement ça a été fort pour elle, ce stage découverte. Elle nous a couvert de confiseries, un truc de dingue. Et alors vraiment, ça m'a touchée parce que je me suis dit, cette jeune fille... elle a appris quelque chose et j'espère qu'elle va s'en servir pour sa vie future.

  • Speaker #1

    Sa vie future et le partager.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, Sophie, merci beaucoup de nous avoir partagé ton parcours et ta vision et ce côté aussi joyeux et optimiste, comme tu le dis. De toute façon, les faits sont là, la situation est là. Donc aujourd'hui, tout nous appartient, tout est possible. Donc à nous de jouer, on va dire. Ton engagement à travers Kero, c'est... Explore sont aussi une véritable source d'inspiration. Tu as illustré, mais il suffit d'aller voir sur Internet tout ce que vous faites. On n'a pas précisé, Explore est basé à Concarneau.

  • Speaker #0

    Oui, nous sommes à Concarneau, dans le port.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    dans le Finistère Sud.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Je voudrais te remercier pour m'avoir écoutée. Et puis, je trouve que c'est super de pouvoir faire parler les femmes. Il faut continuer.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à toi.

  • Speaker #1

    Merci à vous toutes et tous qui nous écoutez. Merci aussi pour votre fidélité. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à mettre 5 étoiles, à vous abonner et à me faire part de vos commentaires. Je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode et dans l'immédiat, qu'est-ce que vous avez à dire ?

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Description

J'ai le plaisir d'accueillir Sophie Vercelletto une figure marquante du monde de la voile et de l'environnement. Juriste de formation, Sophie a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kaïros, une entreprise qui allie performance sportive et engagement environnemental. Avec son partenaire Roland Jourdain, elle a également créé le fonds de dotation Explore, un incubateur d'initiatives écologiques visant à promouvoir des solutions durables pour notre planète.

Dans cet épisode, Sophie nous parlera de son parcours remarquable, des défis qu'elle a dû relever en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin, et de sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous découvrirons comment elle concilie ses passions avec ses engagements professionnels, et quels conseils elle prodigue aux jeunes femmes souhaitant se réaliser. Nous aborderons également la performance exceptionnelle de Violette Dorange, une jeune navigatrice talentueuse qui incarne la nouvelle génération de marins engagés qui a su partager son Vendée Globe et embarquer des millions de français.

Préparez-vous à une conversation riche et inspirante, où Sophie Vercelletto partage ses expériences, ses convictions et ses espoirs pour demain. Nous explorons comment une passion pour la mer et un engagement pour la planète peuvent transformer des vies et inspirer des générations.


https://www.fonds-explore.org/ Le grand défi d'Explore est de contribuer à transformer les idées d'avenir des Nouveaux Explorateurs en réalisations concrètes. Des projets très connus aujourd’hui y sont nés : Le Nomade des mers de Corentin de Chatelperron, Plastic Odyssey de Simon Bernard, Captain Darwin avec Victor Rault, Living Soilshttps://underthepole.org/ , https://lowtechlab.org/fr



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Elle en Bretagne, je suis Marie-Cécile, sa fondatrice et dans ce podcast, mon souhait est de donner la parole aux femmes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sophie Vercelletto, figure inspirante du monde de la voile et de l'environnement. Sophie est juriste de formation, elle a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kairos et de créer le fonds Explore avec Roland Jourdan, visant à promouvoir des solutions durables dans la voile et pour notre planète. Dans cet épisode, nous explorerons le parcours remarquable de Sophie, les défis qu'elle a relevés en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin et sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous parlerons aussi de Violette Dorange, la jeune navigatrice du dernier Vendée Globe qui incarne la nouvelle génération engagée. Sophie, bienvenue, je suis ravie de te recevoir dans mon podcast. Je t'avoue que ça faisait un petit moment que je souhaitais faire un épisode avec toi, donc je suis vraiment très contente. Et avant de commencer, comment vas-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marie-Cécile, je vais très bien.

  • Speaker #0

    Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivée dans le monde de la voile jusqu'à prendre la direction du Vendée Globe ? Parce que je crois que tu n'es pas forcément issue d'un milieu marin.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas du tout issue d'un monde marin. Je suis une terrienne née en campagne mais près d'un ruisseau. Donc l'eau est très importante pour moi depuis toujours. Et je suis née dans une famille... avec une mère et un père bienveillants. J'ai eu une enfance heureuse. Et surtout des personnes qui ne sont pas des écologistes, mais qui sont des amoureux de la nature. Et je fais cette différence parce que ce ne sont pas des militants, mais dans leurs actes quotidiens, depuis toujours, ils m'ont appris à respecter la nature. Ce qui explique sans doute le chemin que je vais prendre ensuite et que je parcours toujours aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et alors justement, de cette enfance plutôt en campagne, mais proche de l'eau, avec, comme tu le dis, ce côté très respectueux de la nature, quel a été ton parcours jusqu'au Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un parcours, j'étais une étudiante plutôt pas brillante, mais plutôt assidue. Donc, j'ai fait une fac de droit à Nantes et je me suis intéressée à ce sujet du droit, non pas comme un outil de sanction, mais plutôt comme un outil de construction. et en tout cas j'ai vraiment adoré ces moments d'études parce qu'ils m'ont ouvert sur le champ de l'humain la place de l'humain dans la société la place de l'humain aussi sur la planète et je pense que ça a construit certainement en moi cette envie de contribuer à mieux comprendre cela et peut-être faire en sorte que l'on vive en meilleure harmonie sur cette planète Oui,

  • Speaker #0

    avec la nature justement, une fac de droit et tu as tout de suite Merci. travaillé dans le domaine de la voile ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. J'ai eu une chance extraordinaire. C'est que mon directeur de mémoire m'a proposé de rejoindre une entreprise d'aménagement du territoire en Vendée. Et le département de la Vendée portait depuis très longtemps une course qui s'appelle le Vendée Globe, qui était organisée par un privé. Ce privé a eu des déboires et déposé le bilan de son activité. Et à ce moment-là, le département de la Vendée a souhaité faire une offre de rachat de la marque auprès du tribunal de commerce, puisqu'il y avait eu dépôt de bilan. Et c'est là que je suis intervenue, puisqu'ils m'ont sollicité, puisqu'ils m'ont proposé de créer une société d'économique dédiée à cette course Vendée Globe. Ce que j'ai fait. Et à la fin de toute la procédure de création. ils m'ont proposé de prendre la direction générale de cette société et donc de la course Vendée Globe.

  • Speaker #0

    Belle reconnaissance !

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est une reconnaissance, en tout cas c'était un saut dans l'inconnu, parce que je ne fais pas de voile, je ne faisais pas de voile et j'en fais pas beaucoup aujourd'hui encore. Pour juste rappeler l'histoire, la marque nous a été attribuée en février de l'année 2004 et le départ de la course était donné en novembre. début novembre. Et il a fallu en ces quelques mois construire cet événement partant d'une page quasi blanche pour mettre en œuvre ce projet et faire en sorte que la ligne de départ soit bien donnée début novembre de cette année.

  • Speaker #0

    Et avec combien de bateaux du coup cette année-là ?

  • Speaker #1

    À l'époque, je crois qu'il y avait une vingtaine de bateaux, quasi deux fois moins que cette dernière édition que l'on a vue là.

  • Speaker #0

    Et alors cette expérience ?

  • Speaker #1

    C'était formidable. Alors, ce qui était intéressant, c'est que moi, ça m'a permis de comprendre que je n'avais pas à être une spécialiste de la voile. de la navigation. En revanche, j'avais à être plutôt une fédératrice de différents experts pour mener à bien le projet. Donc, ça a été très intense. Évidemment, on imagine bien que monter un projet comme ça en quelques mois, ce n'est pas quelques heures par jour, c'était nuit et jour, les semaines, les week-ends. Mais c'était tellement passionnant et c'était un enjeu fort et que j'avais envie de relever. Donc, je l'ai fait avec... plaisir, beaucoup d'enthousiasme et puis finalement de belles surprises, des belles rencontres. Ce milieu de la voile est quand même constitué de personnes qui sont des gens qui sont, on revient à cela, relativement respectueux des éléments. Leur terrain de jeu, c'est l'océan. Ce n'est pas eux qui dictent à l'océan ce qu'il doit faire, c'est l'océan plutôt qui leur dicte ce qu'ils doivent faire et ils doivent s'approprier cet élément. Donc voilà, un univers passionnant avec des gens tous sympas, bienveillants, à l'écoute. Parce que pour eux, ce n'était pas facile. Je pense aux skippers notamment à ce moment-là, qui avaient engagé leurs sponsors sur cet événement qui potentiellement ne se faisait pas. C'était potentiellement dramatique pour beaucoup d'entre eux. Et donc vraiment, tout le monde a joué le jeu. C'était une aventure magnifique.

  • Speaker #0

    Donc le départ en novembre 2004. Et ensuite, tu es restée à la direction pendant 6-7 ans ?

  • Speaker #1

    J'ai fait deux éditions. D'accord. J'ai donc réitéré l'édition en organisant l'édition 2008-2009. Il n'y a quasi pas de pause entre deux éditions, entre le moment où la cour s'arrête, remise des prix, les bilans, et puis redémarrer la cour suivante, il n'y a quasi pas de pause. Pour la petite histoire, j'avais dans un premier temps conservé mon poste. de directeur juridique que j'avais réduit à minima en recrutant une jeune femme qui aujourd'hui dirige le Vendée Globe, Laura Logoff. Et cette jeune femme était venue chaque été. Moi, je prenais des stagiaires. J'adorais, dans le cadre de mes fonctions, avoir des jeunes de trois mois avec moi, les faire travailler sur un thème, toujours à deux ou trois. Je trouvais que c'était plus stimulant. Et j'avais repéré cette jeune femme, Laura, lors d'un stage. Et quand j'ai pris la direction générale du Vendée Globe, je l'ai appelée et je lui ai dit, écoute, qu'est-ce que tu fais ? Elle finissait ses examens et je lui ai dit, écoute, tu viens et tu me remplaces. Et c'est elle qui, aujourd'hui, dirige pour la troisième fois le Vendée Globe. C'est sa troisième course.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    Oui, super.

  • Speaker #0

    Donc, superbe aventure avec un investissement personnel et puis collectif assez incroyable. Qu'est-ce qui fait que tu aies quitté le Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a eu plusieurs raisons. La première, c'est que le Vendée Globe, je pense que beaucoup de gens connaissent, c'est un événement énorme. Et qui dit événement, moi j'ai découvert ça. Événement, c'est de l'événementiel, c'est de l'éphémère. Je n'étais pas très à l'aise sur certaines thématiques. J'ai essayé avec mes petits moyens de limiter mon impact, mais je me sentais limitée. dans cette volonté-là, non pas par mes actionnaires ou qui que ce soit, mais juste parce qu'on était en 2004-2005. Moi, j'ai voulu faire le bilan carbone de notre événement en 2005. C'était avec Catherine Chabot et l'ADEME à l'époque, mais le projet n'a pas abouti parce que c'était une époque où ce n'était même pas un sujet. Donc, on avait évidemment des objectifs. à remplir, j'avais des objectifs à remplir et celui-ci ne faisait pas partie des objectifs principaux donc on l'a mis de côté. Mais j'avais quand même cette, voilà, ce sujet-là était vraiment en moi et donc ça c'est la première raison. La seconde raison c'est qu'à l'époque organiser un Vendée Globe c'était une organisation qui était extrêmement fluctuante en fonction du temps du moment de l'événement. Donc, on était trois permanents. et on arrivait à peu près avec les prestataires, 150 ou 200 personnes pendant l'événement. Et des gens qui arrivent sur l'événement et qui repartent. Et moi, je n'arrivais pas. Je trouvais que c'était dommage de ne pas pouvoir construire sur le long terme. avec une équipe, des gens pérennes. Mais bon, l'organisation était faite de cette façon et je ne pouvais pas, j'avais pas les moyens de conserver une équipe de 150 ou 200 personnes pour faire un Vendée Globe tous les quatre ans. Donc ça, c'était aussi une frustration pour moi. Et puis, il y a aussi le fait de... Moi, j'ai toujours fonctionné comme ça. Je n'ai jamais fait de plan de carrière. Ce que me présente aussi mon environnement et ce qui se présente à moi. Et j'ai eu des discussions avec... avec pas mal de personnes, dont des skippers, dont un skipper qui est Roland Jourdain, non pas sur le sujet de la performance sportive, mais sur le sujet de la performance environnementale. Et au moment de mon édition 2008-2009, j'ai eu plusieurs propositions de skippers de les rejoindre, pour les accompagner dans le développement de leur activité, et une proposition de Roland Jourdain de l'accompagner sur la diversification de son activité. autour d'un sujet environnemental. Et là, donc, j'ai dit oui. Et la troisième raison, parce qu'il y a trois raisons, c'est que, s'agissant d'un événement, je pense que c'est bien qu'il y ait du changement à la direction, parce que quand on lance un événement, on pose quelques jalons, ça fonctionne, on les répète, et la créativité est moindre. Donc, je pense que c'est bien aussi que d'autres personnes se soient, voilà, remplacées, et puis aient repris cet événement en main.

  • Speaker #0

    Justement avec Roland Jourdain, c'était pour créer déjà Explore et Kairos ?

  • Speaker #1

    Alors Kairos existait depuis deux ans, donc uniquement dédié à la gestion d'un projet de course au large, celui de Roland. Et c'est à partir de là que nous avons décidé de vraiment axer notre entreprise sur une route qui intégrerait mieux les sujets environnementaux. Et cette construction s'est faite en plusieurs temps. premier tour. temps, ça a été de comprendre un peu vraiment en cherchant en nous ce que l'on connaissait le mieux et ce que cette société connaissait le mieux, à part faire du bateau, c'était d'en construire, c'était la matière et donc on s'est intéressé aux matériaux, fibres naturelles, la fibre de lin, la fibre de chanvre, etc. Et finalement, on s'est dit que ça pouvait très bien devenir... un de nos axes d'activité. Et donc, nous avons créé un bureau d'études qui s'appelle Kairos Environnement, qui est un département de notre entreprise Kairos et qui travaille sur ces sujets d'éco-conception, d'analyse de cycle de vie et puis qui accompagne des entreprises pour modifier les matériaux ou calculer des analyses de cycle de vie et travailler sur l'éco-conception. Ça, c'était vraiment la première pierre. Et là,

  • Speaker #0

    pas que sur la voile, du coup.

  • Speaker #1

    Roland, évidemment, est très identifié course au large. Moi, moins, en dehors d'avoir géré le Vendée Globe. Moi, je n'ai pas du tout d'histoire avec la voile. Mais Roland s'est fortement ancré. Et finalement, pendant quelques temps, ça a été difficile pour nous d'exprimer le fait que ce sujet de l'impact de l'homme sur l'océan, c'est aussi un impact sur la Terre. C'est-à-dire que l'océan, il se débrouille très bien tout seul. Sauf que nous, avec nos actions, que nous menons à terre, nous impactons sur sa bonne santé. Et donc, on a eu la chance de croiser sur notre chemin, sur notre route, une entreprise qui s'appelle Clarins, et qui fait de la cosmétique, et qui nous a accompagnés sur ce chemin en nous demandant de collaborer avec eux sur le développement d'une microbille biosourcée. Donc rien à voir avec la voile, rien à voir... avec, je ne sais pas moi, avec la course. Mais en revanche, un vrai sujet lié à l'océan. Parce que ces microbilles que nous utilisons à terre pour exfolier notre peau, pour nous brosser les dents, pour laver nos linges, parce qu'il y en a partout, arrivent dans l'océan à un moment donné puisqu'elles ne sont pas filtrées par les stations d'épuration. Donc en fait, finalement, Roland dit souvent ça, nous ne sommes pas des marins, nous ne sommes pas des terriens, mais nous sommes des mériens. Et en fait, voilà, l'histoire est ainsi. Notre histoire, elle est très liée à l'océan, mais nous n'hésitons pas à plus que faire des incursions, à être sur la terre pour être en cohérence totale dans notre démarche.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, tout est lié en fait.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et c'est aussi comme ça que Explore, vous êtes allée aussi sur Explore,

  • Speaker #1

    comment ? Oui, alors une entreprise, donc on parle business, on vend des prestations. moi j'ai toujours dans ma tête de par mon histoire, ce sujet de l'intérêt général, en quoi notre entreprise est utile à la société. Nos travaux sur les biomatériaux, sur l'éco-conception, nous ont fait rencontrer tout un tas de personnes qui étaient plutôt des jeunes. pionnier de la réflexion sur comment on vit sur cette terre demain avec différents sujets donc une association qui s'appelle Under the Pole par exemple qui fait des plongées et qui va aider les scientifiques à mieux comprendre l'océan, Corentin de Châtelperron avec son sujet de il commence nous on l'a connu à ce moment là sur une réflexion sur un matériau qui est le jute, il faisait un stage en Asie et il découvre découvre cette fibre incroyable qui est une fibre endémique de l'Asie, notamment au Bangladesh, et il se rend compte que les bateaux qui étaient construits avec du bois vont être construits très vite en fibre de verre. Il se dit, c'est dommage, il y a du jute. C'était nos sacs à patates. Un textile génial pour pouvoir faire des bateaux et autre chose de technique. Et donc, il va construire un petit bateau. et revenir en France, et c'est là qu'on va le rencontrer et que l'on va tomber amoureux réciproquement et travailler ensemble. Et c'est tous ces gens-là qui travaillaient dans une dynamique de réflexion, de recherche, sans du tout d'idée de business derrière ou quoi que ce soit, mais étaient en vraie recherche de la façon dont on pourrait vivre sur cette planète plus tard. Et ce qui était intéressant, c'est que c'est des gens qui sont dans l'action. Ce n'est pas juste de la réflexion, c'est qu'ils testent. ils essaient, ils racontent des histoires incroyables, qui sont super inspirants. Et on s'est dit, donc on leur a donné des coups de main, ces gens-là, pour commencer. Et puis à un moment donné, on s'est dit quand même, on pourrait peut-être faire plus. Comme moi, je suis juriste, j'ai toujours cette espèce de travers d'essayer de structurer les choses. Et j'ai dit à Roland, mais peut-être qu'on pourrait créer une structure, quelque chose qui pourrait les mettre en valeur. On a travaillé, on a décidé de travailler pendant... un an avec un spécialiste de la philanthropie qui s'appelle John Duchesne-Ski qui est canadien. Comme on le sait, la philanthropie est très développée dans les pays anglo-saxons. En France, peu, à part pour l'art et le social, mais pour l'environnement quasi pas, à l'époque. En tout cas, je parle d'il y a dix ans. Et donc, on va travailler avec cette personne pendant un an pour essayer de construire notre projet Explore, qui va devenir Explore, en essayant de comprendre ce qu'on a envie de faire, ce que l'on a envie d'être. Est-ce qu'on a envie d'être des militants, des rédacteurs de plaidoyers, ou au contraire des gens qui font, qui aident d'autres à faire et qui partagent ensuite ? Et c'est ça en fait qu'on a décidé de faire et on a créé ce fonds de dotation, qui est un outil juridique proche de la fondation et qui va intégrer en son sein certaines explorations très limitées, on n'en veut pas beaucoup, nous on en veut quelques-unes mais très marquantes et que l'on accompagnera au fil du temps. Et la première exploration que nous avons intégrée dans Explore, donc créée en 2013, c'est Under the Pole. Et puis Corentin de Châtelperron avec Nomade des Mers. Puis Plastique Odyssée, un bébé d'Explore, puisque c'est un jeune qui est venu aider à un départ d'expédition et qui était dans la marine marchande et qui s'est dit mais moi aussi, il faut que je fasse quelque chose pour la planète. Et qui, pareil, a fait son travail et qui... finalement, travaillent sur le sujet du plastique. On a une expédition qui s'appelle Captain Darwin, qui, elle, repart sur les traces de Darwin 200 ans après, sujet biodiversité. Et puis, enfin, on vient d'incuber une nouvelle exploration qui s'appelle Living Soil, et qui travaille sur le sujet de la régénérescence de la Terre. Voilà, donc, Explorer, c'est ça, en fait. Ça a été, pour nous, quelque part, le moyen d'affirmer que notre entreprise, a du sens pour la société en créant ce fonds de dotation qui est vraiment rattaché à notre société. Et finalement, tout ça, ça a du sens. Ça a tellement du sens que l'on est devenu entreprise à mission et toutes les actions que nous menons entre Kairos et Explore répondent à notre raison d'être, qui est de mieux comprendre le sujet de la biodiversité pour pouvoir changer nos comportements.

  • Speaker #0

    Très beau projet. Et quand tu dis, du coup, on a décidé d'être dans le fer, Est-ce que tu peux illustrer ? Alors moi, j'ai en tête ce que fait Corentin de Châtellepéron, notamment avec Biosphère. Est-ce que tu peux en parler ou parler d'un autre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors en fait, ce qui nous plaît, nous, c'est de pouvoir, on pourrait dire tester, essayer des choses et voir, et surtout le vivre et voir si ça marche avec cette possibilité que ça ne fonctionne pas. Et Corentin de Châtelperron, si vous avez l'occasion d'aller voir sur Arte tous ces films qui ont été faits sur ces expériences, dont la dernière Biosphère, qui en effet est une expérience dans un appartement à Paris, tentée de vivre en autonomie, donc avec tout un tas de trucs, des plantes, une douche à recyclage d'eau. des animaux, des petits criquets, tout ça, qui vivent, des petits vers qui vivent, un écosystème totalement incroyable. Et ce qui est intéressant, c'est que derrière, l'idée, c'est de partager cette expérience à travers des écrits, des livres, des journées aussi inspirantes. On fait beaucoup ça chez nous. On fait venir des gens, des entreprises, des étudiants, des jeunes élèves, pour partager tout ce que l'on teste. Et partager la façon, le chemin de construction, comment on l'a fait, comment on l'a utilisé, la notion d'usage. Et puis, ce que l'on peut en tirer comme réponse, qui n'est pas la réponse unique, surtout pas, mais c'est une réponse. Et c'est ça qui est intéressant, c'est que du coup, c'est très positif, c'est très joyeux. On n'est pas dans le négatif en disant ce que l'on fait, ce n'est pas bien. De toutes les manières, c'est notre chemin d'humanité. Voilà, on a eu, à un moment donné, la caverne d'Ali Baba était grande ouverte et on a pu puiser tout ce que l'on a voulu. Et voilà, c'est comme ça. Aujourd'hui, on voit que c'est de plus en plus compliqué. Il y a de plus en plus d'hommes sur Terre. Il y a de moins en moins de ressources. Et finalement, l'idée, c'est de réfléchir à comment on peut faire mieux avec moins, mais en étant joyeux. Donc, l'inspiration est très importante chez nous. Et voilà, il n'y a pas de sujet, je ne trouve. pas le mot de culpabilité. Voilà, exactement. On ne veut surtout pas nous culpabiliser, se culpabiliser et culpabiliser les autres.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, on s'aperçoit que de toute façon, ça ne fonctionne pas quand on culpabilise.

  • Speaker #1

    En plus. Oui, c'est pas drôle.

  • Speaker #0

    Voilà, ça ne donne pas envie. Ben non. Et alors, justement, quand tu disais, par exemple, pour revenir là, par rapport à Biosphère, tu disais en autonomie, c'est-à-dire que pendant sa durée de quatre mois, il me semble, sans accès à l'eau, sans accès à la nourriture, Décriture, totale autonomie, mais autarcie aussi.

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. C'est-à-dire que la réflexion de Corentin sur la notion de l'autonomie passe par différentes expériences. Et la première qu'il a faite, c'est dans le désert. Alors là, il était en autarcie, en effet. Il n'avait accès à rien. De cette expérience-là, il s'est dit comment nous pourrions imaginer l'autonomie en milieu citadin. C'est comme ça qu'il a décidé d'aller... à Paris, dans un appartement, pendant quatre mois. Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'au contraire, il a vu que pour vivre l'autonomie, il ne fallait pas être en autarcie, mais au contraire, en coopération avec l'écosystème autour, pour gérer les déchets, par exemple, un compost, l'idée, c'était de le partager avec un autre, pour que lui puisse l'utiliser. ou alors... Lui avait besoin de plantes. Et bien à côté, il y avait le maraîcher qui pouvait lui apporter les plantes. Et il est en train d'écrire le livre. Il vient de le terminer. Donc, il va être bientôt publié. Et il va expliquer tout ça. En fait, que finalement, cette autonomie ne peut pas se faire seule. Il faut être ensemble.

  • Speaker #0

    En coopération et créer tout un écosystème.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui se nourrit, qui s'alimente.

  • Speaker #1

    En effet, cette expérience est passée par... à un moment donné une vie en solitaire. Quand il l'a fait au Mexique, il était seul avec sa compagne. J'étais deux. Et plein d'animaux qui venaient du coup parce que ils étaient dans le désert du Mexique et c'était le seul point d'eau. Il dessalait de l'eau avec un appareil low-tech. Donc finalement, il a créé un point d'eau dans ce désert. Et là, il s'est retrouvé avec une faune qui arrivait de partout. C'est magnifique.

  • Speaker #0

    Donc, en effet, il y a tous ces projets. Je sais que tu as parlé d'Under the Pole, tu as parlé de Captain Darwin, Plastic Odyssey. Donc, tous œuvrent pour l'environnement.

  • Speaker #1

    Pour l'homme, avant tout. En fait, on fait ça, pourquoi ? Parce qu'on voit bien que la nature, elle va se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Mais nous, on va sans doute avoir un peu de difficultés. Donc, il y a des sujets d'adaptation, il y a des sujets de réflexion, de changement de comportement. C'est ça, en fait. que l'on réalise, nous, dans nos expérimentations chaque jour, c'est vraiment essayer de trouver le moyen que l'homme et la femme, quand je dis l'homme, c'est générique, aient une place dans l'environnement. Et c'est en ça que l'environnement est important, de comprendre comment il fonctionne, parce qu'il est super puissant, en fait, il est super fort, et nous, on est des petits individus sur cette Terre. Et donc, si on veut continuer à vivre sur cette Terre, terre confortablement, nous on a envie d'apporter notre petite pierre à l'édifice parce qu'on pense que d'aller sur d'autres planètes, c'est pas pour demain d'une part et puis ce sera sans doute pour Quelques privilégiés, mais je ne pense pas que toute la population de la Terre puisse un jour aller vivre sur une autre planète. Enfin, en tout cas, pas tout de suite.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu peux illustrer par une autre action ?

  • Speaker #1

    Une autre expérimentation que l'on a menée, qui est intéressante parce qu'elle est portée par nous, c'est avec ces matériaux et la fibre de lin, on a construit en 2022, on a fait construire plus exactement, un catamaran qui fait 18 mètres. quasi 19 mètres de long et qui est le plus grand bateau aujourd'hui au monde avec autant de fibres de lin dans sa structure. C'est une expérience incroyable. On s'intéresse à la fibre de lin depuis 10 ans. On a fait quelques petits objets flottants, des paddles, des surfs, un petit bateau, etc. Et on se disait que ça allait donner envie à d'autres d'utiliser cette fibre. de lin qui pousse en France, sur nos côtes, en Normandie, en Haute-Normandie, en Belgique aussi, et qui était en Bretagne il y a de nombreuses années, qui a disparu, mais qui revient maintenant, donc on en est très heureux. Et en fait, on s'est dit, mais c'est bizarre, on est en train de montrer que cette fibre peut remplacer des matériaux issus de la pétrochimie, certes qui ne valent rien aujourd'hui, mais... En réflexion pour l'avenir, c'est peut-être intéressant de regarder un peu ces fibres naturelles. Et en fait, on ne voyait pas beaucoup de mouvements, d'intérêts. Donc, on a décidé de construire ce bateau qui est un grand bateau. Et Roland a fait la route du Rhum avec. Oui,

  • Speaker #0

    la dernière édition.

  • Speaker #1

    La 2022. On a mis le bateau six mois avant le départ de course à l'eau. Il a pris le départ dans la classe Rhum Multi. Il était parti en nous disant... N'attendez rien de moi, je vais déjà montrer que mon bateau peut aller d'un point à un autre en traversant l'océan Atlantique. Au fur et à mesure de la course, il était plutôt aux avant-postes dans sa classe. Et il va passer la ligne en premier. Son titre sera la place numéro 2 parce qu'il aura un plomb qui aura sauté sur un moteur. C'est une histoire de règlement, donc il aura une petite pénalité. Mais l'histoire montre quand même qu'avec ce bateau qui a été mis à l'eau six mois avant, avec. avec une fibre naturelle, le lin, il a finalement réussi à faire une performance sportive, tout en essayant de modifier ses comportements d'usage en utilisant des fibres qui sont moins impactantes. Et c'est intéressant parce que nous, ça nous a permis de nous déculpabiliser sur le sujet. Si on s'intéresse à ces sujets d'impact de l'homme sur l'environnement et donc comment l'homme va vivre demain, on se détache de la notion de performance. Dans une entreprise, la performance, elle est financière, elle est etc. Et finalement, avec ce que Roland nous a fait sur cette course, on a pu réunir les deux en disant mais on peut conserver une performance d'entreprise tout en essayant de modifier nos comportements. Et ça, c'est super. Et après, il faut du temps. Évidemment, les choses ne se font pas. pas en dix minutes. Moi, en tout cas, je parle à titre personnel, je ne suis pas une révolutionnaire du tout. Donc, la violence, je ne peux pas. Je ne serai pas de celles qui font les changements par la force. Donc, voilà, il faut du temps. Mais les choses avancent. Et finalement, ces exemples, ces deux exemples que j'ai donnés, mais qui ne représentent qu'une partie de ce qu'il y a aussi par ailleurs dans notre écosystème. finalement contribue à ce que l'on comprenne un peu mieux comment on peut modifier nos comportements, nos actions. Et puis c'est super. Et puis il y a quand même un petit sujet, c'est qu'on voit bien que dans notre société, notamment nos jeunes, mais également nos moins jeunes, recherchent quand même du sens, des valeurs. Et ça, nous, on voit bien qu'on les porte. Et si on peut les partager au plus grand nombre, c'est génial.

  • Speaker #0

    Et suite à cette victoire, Est-ce qu'il y a d'autres bateaux en construction avec la fibre de lin ?

  • Speaker #1

    Nous avons pris cette décision de travailler avec un chantier qui fait de la série, justement pour que ce soit reproductible. Mais c'est un bateau qui, nous, le nôtre, fonctionne très très bien. Il a été construit en 2022, nous sommes en 2025, il a quasiment fait un tour du monde déjà.

  • Speaker #0

    Et il n'a pas bougé.

  • Speaker #1

    À suivre, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre. Normalement, si tout va bien, on le revoit sur la prochaine route du Rhum.

  • Speaker #1

    Avec Roland aussi ?

  • Speaker #0

    Avec Roland, oui. Et une superbe histoire que nous n'avons pas encore dévoilée, mais qui est magnifique, qui va parler... Je fais juste un tout petit teasing. Je parlais tout à l'heure de l'océan qui est le terrain de jeu. Notre projet, ça va être de travailler sur l'idée de montrer que c'est aussi un terrain de vie. Voilà, j'en dis pas plus.

  • Speaker #1

    Bon teasing ! Et quand tu parlais justement aussi d'être réalisé tous ces projets dans la joie, on a eu aussi une belle performance dernièrement sur le Vendée Globe avec Violette Dorange, qui elle n'était pas, enfin a réalisé et finalement a fait une très belle course, mais qui a su aussi raconter sa compétition. Qu'est-ce que tu en dis toi ?

  • Speaker #0

    Oh ben moi j'ai trouvé l'histoire merveilleuse, cette jeune fille qui partage avec tant d'aisance ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Et puis avec sincérité, j'ai trouvé que c'était très beau et c'est chouette parce que ce Vendée Globe, justement, a cette particularité d'associer des skippers très... des sportifs de haut niveau, qui sont très sur la performance sportive et qui racontent sans doute un peu moins ce qu'ils vivent et des gens, parce qu'il y a Violette, mais il y a aussi Guéric Soudé, des... Il y a eu, enfin, je ne peux pas tous les nommer, mais il y a eu, moi, j'ai trouvé beaucoup de concurrents sur cette course qui ont su partager. Violette a explosé les records. Bon, voilà, une jeune fille. Et puis, bien entourée, elle avait une équipe autour d'elle de communicants qui savent très bien faire. Il y a aussi ça. Ça ne sort pas non plus du chapeau comme ça. Il faut aussi accepter le fait qu'il y ait du professionnalisme. Elle a été merveilleuse et moi, j'ai trouvé ça formidable. Je rencontrais des gens qui la suivaient, qui ne connaissaient rien à la course au large et qui étaient complètement fans de cette jeune femme. C'est super.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, vraiment. Je crois qu'elle a même, on peut même dire que c'est elle qui a été un petit peu au centre de ce Vendée Globe, notamment pour toutes sortes de personnes qui, jusqu'à maintenant, le Vendée Globe...

  • Speaker #0

    Et alors, ce qui est terrible, j'ai pensé à ça lorsqu'elle est arrivée. J'ai vécu ça, c'était Michel Desjoyaux qui avait gagné cette année-là, et c'était en 2000, et Hélène MacArthur arrivait deuxième. Souvent, quand des gens étaient interrogés qui avait gagné cette course, c'était Hélène MacArthur. Et là, je me suis dit, peut-être que dans quelques mois, si on interroge les gens qui a gagné le Vendée Globe 2024-25, ce sera Violette D'Orange. C'est incroyable, hein ?

  • Speaker #1

    Oui, incroyable.

  • Speaker #0

    C'est dur pour les vainqueurs.

  • Speaker #1

    Pour revenir justement, on parlait de Violette d'Orange, une jeune femme dans la course. Toi, tu as évolué en tant que femme dans ce monde de la voile, qui est plutôt un monde masculin. Comment tu l'as vécu ? Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, moi, ça s'est très bien passé. C'était intéressant que j'arrive dans ce jeu de quilles très masculin, parce qu'une femme a ce pouvoir de... d'apaiser, enfin je trouve, je ne sais pas, je me trompe peut-être, mais en tout cas le pouvoir pour moi d'apaiser des espèces d'égo, des luttes d'égo qui sont totalement stériles. Et du coup, moi vraiment, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec beaucoup d'hommes, puisqu'en effet c'est majoritairement masculin, mais il y a également des femmes. Heureusement, j'ai pas souffert, j'ai eu que quelques rares... Petites histoires drôles, genre lors d'une soirée, un monsieur d'un certain âge me saluant et pensant que j'étais soit de la com ou de ses com ou service financier en règle générale. Je l'ai laissé un peu parler, je me suis un peu amusée. Pour finir, je lui ai dit que j'étais la directrice générale du Vendée Globe et le monsieur était tout contrit parce que voilà, il n'avait pas. imaginer à ce l'instant, en plus j'étais jeune j'ai pris la direction générale j'avais 35 ans, donc il ne s'imaginait pas qu'une jeune femme comme moi puisse être directeur général mais à part ça, c'est plutôt drôle je trouve, ça a été une très belle expérience pour moi de femme dans un milieu d'hommes plutôt viril parce qu'il y a des marins quand même et puis dans l'entourage des marins aussi il n'y a pas que les marins mais vraiment très respectueux j'avoue Donc, je pense que ça a été facilité aussi par le fait que j'étais le directeur général et donc un respect sans doute. plus fort qu'envers certaines autres personnes qui peuvent travailler. Une femme qui a une action un peu différente peut peut-être être moins considérée, ce qui n'est pas bien.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas à elle directrice.

  • Speaker #0

    Voilà, oui.

  • Speaker #1

    Et quel conseil tu donnerais aujourd'hui aux jeunes filles pour s'engager justement dans ces milieux plutôt masculins ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire aux femmes et aux jeunes femmes surtout de suivre leur envie, que ce soit dans un milieu masculin ou pas en fait. Je trouve... qu'on vit très bien les uns avec les autres, les hommes, les femmes, et si on peut continuer ça et casser ces quelques hommes qui nous pourrissent la vie, moi je trouve que c'est très bien. Et donc j'ai envie de leur dire qu'il faut qu'elles aient confiance en elles, tout est possible en fait, et il n'y a pas des choses réservées pour les hommes et des choses réservées pour les femmes d'une part, et puis d'autre part. Je trouve qu'on est meilleur que les hommes, souvent. Donc, voilà, il faut se l'affirmer et ne pas hésiter à y aller et foncer.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et notamment cette confiance, cette assertivité aussi,

  • Speaker #0

    on va dire. Il y a une belle chose, je trouve. On dit souvent que la femme est créatrice. Et c'est intéressant parce que, du coup, c'est une force. Et il faut que chaque femme le sente en elle et le porte. et du coup... Elle n'a aucun problème, chaque femme n'aura aucun problème à vivre dans un univers professionnel, qu'il soit masculin ou pas. Après, je pense qu'il faut que l'on admette aussi que c'est plus ou moins facile en fonction de nos conditions, mais finalement se dire que c'est quand même possible.

  • Speaker #1

    Je termine souvent par une dernière question. où je demande, en fait, est-ce que tu as un coup de gueule ou un coup de cœur à nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai un coup de cœur. C'est une jeune fille qui s'appelle Fanny, que j'ai rencontrée il y a quelques jours dans nos locaux, chez Cairo s'explore. Nous recevons régulièrement des jeunes en stage découverte, donc cinq jours. Donc une jeune fille qui doit avoir 16-17 ans, je pense. Et elle m'a touchée, mais alors c'était incroyable. C'est une jeune fille qui vit à Brest dans un appartement. Et un midi, on a la chance d'avoir un petit peu de verdure. Et je faisais un petit nettoyage de carré en levant quelques herbes, etc. Et elle s'approche de moi. Elle me demande ce que je fais. Donc, je lui explique. Et en me disant, tiens, c'est marrant qu'elle me pose cette question. Et donc, je lui dis, tu veux m'aider ? Et donc, elle a mis ses mains dans la terre. C'était la première fois de sa vie. Et alors, ça a été fort parce que... Elle m'a remercié plusieurs fois, elle m'a dit c'est super, je vis dans un appartement et ça ne m'est jamais arrivé. Et donc ça, c'était le troisième jour. Et le cinquième jour, elle est passée dans les bureaux, elle était quasi en larmes tellement ça a été fort pour elle, ce stage découverte. Elle nous a couvert de confiseries, un truc de dingue. Et alors vraiment, ça m'a touchée parce que je me suis dit, cette jeune fille... elle a appris quelque chose et j'espère qu'elle va s'en servir pour sa vie future.

  • Speaker #1

    Sa vie future et le partager.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, Sophie, merci beaucoup de nous avoir partagé ton parcours et ta vision et ce côté aussi joyeux et optimiste, comme tu le dis. De toute façon, les faits sont là, la situation est là. Donc aujourd'hui, tout nous appartient, tout est possible. Donc à nous de jouer, on va dire. Ton engagement à travers Kero, c'est... Explore sont aussi une véritable source d'inspiration. Tu as illustré, mais il suffit d'aller voir sur Internet tout ce que vous faites. On n'a pas précisé, Explore est basé à Concarneau.

  • Speaker #0

    Oui, nous sommes à Concarneau, dans le port.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    dans le Finistère Sud.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Je voudrais te remercier pour m'avoir écoutée. Et puis, je trouve que c'est super de pouvoir faire parler les femmes. Il faut continuer.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à toi.

  • Speaker #1

    Merci à vous toutes et tous qui nous écoutez. Merci aussi pour votre fidélité. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à mettre 5 étoiles, à vous abonner et à me faire part de vos commentaires. Je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode et dans l'immédiat, qu'est-ce que vous avez à dire ?

Description

J'ai le plaisir d'accueillir Sophie Vercelletto une figure marquante du monde de la voile et de l'environnement. Juriste de formation, Sophie a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kaïros, une entreprise qui allie performance sportive et engagement environnemental. Avec son partenaire Roland Jourdain, elle a également créé le fonds de dotation Explore, un incubateur d'initiatives écologiques visant à promouvoir des solutions durables pour notre planète.

Dans cet épisode, Sophie nous parlera de son parcours remarquable, des défis qu'elle a dû relever en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin, et de sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous découvrirons comment elle concilie ses passions avec ses engagements professionnels, et quels conseils elle prodigue aux jeunes femmes souhaitant se réaliser. Nous aborderons également la performance exceptionnelle de Violette Dorange, une jeune navigatrice talentueuse qui incarne la nouvelle génération de marins engagés qui a su partager son Vendée Globe et embarquer des millions de français.

Préparez-vous à une conversation riche et inspirante, où Sophie Vercelletto partage ses expériences, ses convictions et ses espoirs pour demain. Nous explorons comment une passion pour la mer et un engagement pour la planète peuvent transformer des vies et inspirer des générations.


https://www.fonds-explore.org/ Le grand défi d'Explore est de contribuer à transformer les idées d'avenir des Nouveaux Explorateurs en réalisations concrètes. Des projets très connus aujourd’hui y sont nés : Le Nomade des mers de Corentin de Chatelperron, Plastic Odyssey de Simon Bernard, Captain Darwin avec Victor Rault, Living Soilshttps://underthepole.org/ , https://lowtechlab.org/fr



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Elle en Bretagne, je suis Marie-Cécile, sa fondatrice et dans ce podcast, mon souhait est de donner la parole aux femmes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Sophie Vercelletto, figure inspirante du monde de la voile et de l'environnement. Sophie est juriste de formation, elle a dirigé le Vendée Globe de 2003 à 2010, avant de cofonder Kairos et de créer le fonds Explore avec Roland Jourdan, visant à promouvoir des solutions durables dans la voile et pour notre planète. Dans cet épisode, nous explorerons le parcours remarquable de Sophie, les défis qu'elle a relevés en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin et sa vision pour un avenir plus respectueux de l'environnement. Nous parlerons aussi de Violette Dorange, la jeune navigatrice du dernier Vendée Globe qui incarne la nouvelle génération engagée. Sophie, bienvenue, je suis ravie de te recevoir dans mon podcast. Je t'avoue que ça faisait un petit moment que je souhaitais faire un épisode avec toi, donc je suis vraiment très contente. Et avant de commencer, comment vas-tu aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marie-Cécile, je vais très bien.

  • Speaker #0

    Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es arrivée dans le monde de la voile jusqu'à prendre la direction du Vendée Globe ? Parce que je crois que tu n'es pas forcément issue d'un milieu marin.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas du tout issue d'un monde marin. Je suis une terrienne née en campagne mais près d'un ruisseau. Donc l'eau est très importante pour moi depuis toujours. Et je suis née dans une famille... avec une mère et un père bienveillants. J'ai eu une enfance heureuse. Et surtout des personnes qui ne sont pas des écologistes, mais qui sont des amoureux de la nature. Et je fais cette différence parce que ce ne sont pas des militants, mais dans leurs actes quotidiens, depuis toujours, ils m'ont appris à respecter la nature. Ce qui explique sans doute le chemin que je vais prendre ensuite et que je parcours toujours aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et alors justement, de cette enfance plutôt en campagne, mais proche de l'eau, avec, comme tu le dis, ce côté très respectueux de la nature, quel a été ton parcours jusqu'au Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un parcours, j'étais une étudiante plutôt pas brillante, mais plutôt assidue. Donc, j'ai fait une fac de droit à Nantes et je me suis intéressée à ce sujet du droit, non pas comme un outil de sanction, mais plutôt comme un outil de construction. et en tout cas j'ai vraiment adoré ces moments d'études parce qu'ils m'ont ouvert sur le champ de l'humain la place de l'humain dans la société la place de l'humain aussi sur la planète et je pense que ça a construit certainement en moi cette envie de contribuer à mieux comprendre cela et peut-être faire en sorte que l'on vive en meilleure harmonie sur cette planète Oui,

  • Speaker #0

    avec la nature justement, une fac de droit et tu as tout de suite Merci. travaillé dans le domaine de la voile ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. J'ai eu une chance extraordinaire. C'est que mon directeur de mémoire m'a proposé de rejoindre une entreprise d'aménagement du territoire en Vendée. Et le département de la Vendée portait depuis très longtemps une course qui s'appelle le Vendée Globe, qui était organisée par un privé. Ce privé a eu des déboires et déposé le bilan de son activité. Et à ce moment-là, le département de la Vendée a souhaité faire une offre de rachat de la marque auprès du tribunal de commerce, puisqu'il y avait eu dépôt de bilan. Et c'est là que je suis intervenue, puisqu'ils m'ont sollicité, puisqu'ils m'ont proposé de créer une société d'économique dédiée à cette course Vendée Globe. Ce que j'ai fait. Et à la fin de toute la procédure de création. ils m'ont proposé de prendre la direction générale de cette société et donc de la course Vendée Globe.

  • Speaker #0

    Belle reconnaissance !

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est une reconnaissance, en tout cas c'était un saut dans l'inconnu, parce que je ne fais pas de voile, je ne faisais pas de voile et j'en fais pas beaucoup aujourd'hui encore. Pour juste rappeler l'histoire, la marque nous a été attribuée en février de l'année 2004 et le départ de la course était donné en novembre. début novembre. Et il a fallu en ces quelques mois construire cet événement partant d'une page quasi blanche pour mettre en œuvre ce projet et faire en sorte que la ligne de départ soit bien donnée début novembre de cette année.

  • Speaker #0

    Et avec combien de bateaux du coup cette année-là ?

  • Speaker #1

    À l'époque, je crois qu'il y avait une vingtaine de bateaux, quasi deux fois moins que cette dernière édition que l'on a vue là.

  • Speaker #0

    Et alors cette expérience ?

  • Speaker #1

    C'était formidable. Alors, ce qui était intéressant, c'est que moi, ça m'a permis de comprendre que je n'avais pas à être une spécialiste de la voile. de la navigation. En revanche, j'avais à être plutôt une fédératrice de différents experts pour mener à bien le projet. Donc, ça a été très intense. Évidemment, on imagine bien que monter un projet comme ça en quelques mois, ce n'est pas quelques heures par jour, c'était nuit et jour, les semaines, les week-ends. Mais c'était tellement passionnant et c'était un enjeu fort et que j'avais envie de relever. Donc, je l'ai fait avec... plaisir, beaucoup d'enthousiasme et puis finalement de belles surprises, des belles rencontres. Ce milieu de la voile est quand même constitué de personnes qui sont des gens qui sont, on revient à cela, relativement respectueux des éléments. Leur terrain de jeu, c'est l'océan. Ce n'est pas eux qui dictent à l'océan ce qu'il doit faire, c'est l'océan plutôt qui leur dicte ce qu'ils doivent faire et ils doivent s'approprier cet élément. Donc voilà, un univers passionnant avec des gens tous sympas, bienveillants, à l'écoute. Parce que pour eux, ce n'était pas facile. Je pense aux skippers notamment à ce moment-là, qui avaient engagé leurs sponsors sur cet événement qui potentiellement ne se faisait pas. C'était potentiellement dramatique pour beaucoup d'entre eux. Et donc vraiment, tout le monde a joué le jeu. C'était une aventure magnifique.

  • Speaker #0

    Donc le départ en novembre 2004. Et ensuite, tu es restée à la direction pendant 6-7 ans ?

  • Speaker #1

    J'ai fait deux éditions. D'accord. J'ai donc réitéré l'édition en organisant l'édition 2008-2009. Il n'y a quasi pas de pause entre deux éditions, entre le moment où la cour s'arrête, remise des prix, les bilans, et puis redémarrer la cour suivante, il n'y a quasi pas de pause. Pour la petite histoire, j'avais dans un premier temps conservé mon poste. de directeur juridique que j'avais réduit à minima en recrutant une jeune femme qui aujourd'hui dirige le Vendée Globe, Laura Logoff. Et cette jeune femme était venue chaque été. Moi, je prenais des stagiaires. J'adorais, dans le cadre de mes fonctions, avoir des jeunes de trois mois avec moi, les faire travailler sur un thème, toujours à deux ou trois. Je trouvais que c'était plus stimulant. Et j'avais repéré cette jeune femme, Laura, lors d'un stage. Et quand j'ai pris la direction générale du Vendée Globe, je l'ai appelée et je lui ai dit, écoute, qu'est-ce que tu fais ? Elle finissait ses examens et je lui ai dit, écoute, tu viens et tu me remplaces. Et c'est elle qui, aujourd'hui, dirige pour la troisième fois le Vendée Globe. C'est sa troisième course.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    Oui, super.

  • Speaker #0

    Donc, superbe aventure avec un investissement personnel et puis collectif assez incroyable. Qu'est-ce qui fait que tu aies quitté le Vendée Globe ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a eu plusieurs raisons. La première, c'est que le Vendée Globe, je pense que beaucoup de gens connaissent, c'est un événement énorme. Et qui dit événement, moi j'ai découvert ça. Événement, c'est de l'événementiel, c'est de l'éphémère. Je n'étais pas très à l'aise sur certaines thématiques. J'ai essayé avec mes petits moyens de limiter mon impact, mais je me sentais limitée. dans cette volonté-là, non pas par mes actionnaires ou qui que ce soit, mais juste parce qu'on était en 2004-2005. Moi, j'ai voulu faire le bilan carbone de notre événement en 2005. C'était avec Catherine Chabot et l'ADEME à l'époque, mais le projet n'a pas abouti parce que c'était une époque où ce n'était même pas un sujet. Donc, on avait évidemment des objectifs. à remplir, j'avais des objectifs à remplir et celui-ci ne faisait pas partie des objectifs principaux donc on l'a mis de côté. Mais j'avais quand même cette, voilà, ce sujet-là était vraiment en moi et donc ça c'est la première raison. La seconde raison c'est qu'à l'époque organiser un Vendée Globe c'était une organisation qui était extrêmement fluctuante en fonction du temps du moment de l'événement. Donc, on était trois permanents. et on arrivait à peu près avec les prestataires, 150 ou 200 personnes pendant l'événement. Et des gens qui arrivent sur l'événement et qui repartent. Et moi, je n'arrivais pas. Je trouvais que c'était dommage de ne pas pouvoir construire sur le long terme. avec une équipe, des gens pérennes. Mais bon, l'organisation était faite de cette façon et je ne pouvais pas, j'avais pas les moyens de conserver une équipe de 150 ou 200 personnes pour faire un Vendée Globe tous les quatre ans. Donc ça, c'était aussi une frustration pour moi. Et puis, il y a aussi le fait de... Moi, j'ai toujours fonctionné comme ça. Je n'ai jamais fait de plan de carrière. Ce que me présente aussi mon environnement et ce qui se présente à moi. Et j'ai eu des discussions avec... avec pas mal de personnes, dont des skippers, dont un skipper qui est Roland Jourdain, non pas sur le sujet de la performance sportive, mais sur le sujet de la performance environnementale. Et au moment de mon édition 2008-2009, j'ai eu plusieurs propositions de skippers de les rejoindre, pour les accompagner dans le développement de leur activité, et une proposition de Roland Jourdain de l'accompagner sur la diversification de son activité. autour d'un sujet environnemental. Et là, donc, j'ai dit oui. Et la troisième raison, parce qu'il y a trois raisons, c'est que, s'agissant d'un événement, je pense que c'est bien qu'il y ait du changement à la direction, parce que quand on lance un événement, on pose quelques jalons, ça fonctionne, on les répète, et la créativité est moindre. Donc, je pense que c'est bien aussi que d'autres personnes se soient, voilà, remplacées, et puis aient repris cet événement en main.

  • Speaker #0

    Justement avec Roland Jourdain, c'était pour créer déjà Explore et Kairos ?

  • Speaker #1

    Alors Kairos existait depuis deux ans, donc uniquement dédié à la gestion d'un projet de course au large, celui de Roland. Et c'est à partir de là que nous avons décidé de vraiment axer notre entreprise sur une route qui intégrerait mieux les sujets environnementaux. Et cette construction s'est faite en plusieurs temps. premier tour. temps, ça a été de comprendre un peu vraiment en cherchant en nous ce que l'on connaissait le mieux et ce que cette société connaissait le mieux, à part faire du bateau, c'était d'en construire, c'était la matière et donc on s'est intéressé aux matériaux, fibres naturelles, la fibre de lin, la fibre de chanvre, etc. Et finalement, on s'est dit que ça pouvait très bien devenir... un de nos axes d'activité. Et donc, nous avons créé un bureau d'études qui s'appelle Kairos Environnement, qui est un département de notre entreprise Kairos et qui travaille sur ces sujets d'éco-conception, d'analyse de cycle de vie et puis qui accompagne des entreprises pour modifier les matériaux ou calculer des analyses de cycle de vie et travailler sur l'éco-conception. Ça, c'était vraiment la première pierre. Et là,

  • Speaker #0

    pas que sur la voile, du coup.

  • Speaker #1

    Roland, évidemment, est très identifié course au large. Moi, moins, en dehors d'avoir géré le Vendée Globe. Moi, je n'ai pas du tout d'histoire avec la voile. Mais Roland s'est fortement ancré. Et finalement, pendant quelques temps, ça a été difficile pour nous d'exprimer le fait que ce sujet de l'impact de l'homme sur l'océan, c'est aussi un impact sur la Terre. C'est-à-dire que l'océan, il se débrouille très bien tout seul. Sauf que nous, avec nos actions, que nous menons à terre, nous impactons sur sa bonne santé. Et donc, on a eu la chance de croiser sur notre chemin, sur notre route, une entreprise qui s'appelle Clarins, et qui fait de la cosmétique, et qui nous a accompagnés sur ce chemin en nous demandant de collaborer avec eux sur le développement d'une microbille biosourcée. Donc rien à voir avec la voile, rien à voir... avec, je ne sais pas moi, avec la course. Mais en revanche, un vrai sujet lié à l'océan. Parce que ces microbilles que nous utilisons à terre pour exfolier notre peau, pour nous brosser les dents, pour laver nos linges, parce qu'il y en a partout, arrivent dans l'océan à un moment donné puisqu'elles ne sont pas filtrées par les stations d'épuration. Donc en fait, finalement, Roland dit souvent ça, nous ne sommes pas des marins, nous ne sommes pas des terriens, mais nous sommes des mériens. Et en fait, voilà, l'histoire est ainsi. Notre histoire, elle est très liée à l'océan, mais nous n'hésitons pas à plus que faire des incursions, à être sur la terre pour être en cohérence totale dans notre démarche.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, tout est lié en fait.

  • Speaker #1

    Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et c'est aussi comme ça que Explore, vous êtes allée aussi sur Explore,

  • Speaker #1

    comment ? Oui, alors une entreprise, donc on parle business, on vend des prestations. moi j'ai toujours dans ma tête de par mon histoire, ce sujet de l'intérêt général, en quoi notre entreprise est utile à la société. Nos travaux sur les biomatériaux, sur l'éco-conception, nous ont fait rencontrer tout un tas de personnes qui étaient plutôt des jeunes. pionnier de la réflexion sur comment on vit sur cette terre demain avec différents sujets donc une association qui s'appelle Under the Pole par exemple qui fait des plongées et qui va aider les scientifiques à mieux comprendre l'océan, Corentin de Châtelperron avec son sujet de il commence nous on l'a connu à ce moment là sur une réflexion sur un matériau qui est le jute, il faisait un stage en Asie et il découvre découvre cette fibre incroyable qui est une fibre endémique de l'Asie, notamment au Bangladesh, et il se rend compte que les bateaux qui étaient construits avec du bois vont être construits très vite en fibre de verre. Il se dit, c'est dommage, il y a du jute. C'était nos sacs à patates. Un textile génial pour pouvoir faire des bateaux et autre chose de technique. Et donc, il va construire un petit bateau. et revenir en France, et c'est là qu'on va le rencontrer et que l'on va tomber amoureux réciproquement et travailler ensemble. Et c'est tous ces gens-là qui travaillaient dans une dynamique de réflexion, de recherche, sans du tout d'idée de business derrière ou quoi que ce soit, mais étaient en vraie recherche de la façon dont on pourrait vivre sur cette planète plus tard. Et ce qui était intéressant, c'est que c'est des gens qui sont dans l'action. Ce n'est pas juste de la réflexion, c'est qu'ils testent. ils essaient, ils racontent des histoires incroyables, qui sont super inspirants. Et on s'est dit, donc on leur a donné des coups de main, ces gens-là, pour commencer. Et puis à un moment donné, on s'est dit quand même, on pourrait peut-être faire plus. Comme moi, je suis juriste, j'ai toujours cette espèce de travers d'essayer de structurer les choses. Et j'ai dit à Roland, mais peut-être qu'on pourrait créer une structure, quelque chose qui pourrait les mettre en valeur. On a travaillé, on a décidé de travailler pendant... un an avec un spécialiste de la philanthropie qui s'appelle John Duchesne-Ski qui est canadien. Comme on le sait, la philanthropie est très développée dans les pays anglo-saxons. En France, peu, à part pour l'art et le social, mais pour l'environnement quasi pas, à l'époque. En tout cas, je parle d'il y a dix ans. Et donc, on va travailler avec cette personne pendant un an pour essayer de construire notre projet Explore, qui va devenir Explore, en essayant de comprendre ce qu'on a envie de faire, ce que l'on a envie d'être. Est-ce qu'on a envie d'être des militants, des rédacteurs de plaidoyers, ou au contraire des gens qui font, qui aident d'autres à faire et qui partagent ensuite ? Et c'est ça en fait qu'on a décidé de faire et on a créé ce fonds de dotation, qui est un outil juridique proche de la fondation et qui va intégrer en son sein certaines explorations très limitées, on n'en veut pas beaucoup, nous on en veut quelques-unes mais très marquantes et que l'on accompagnera au fil du temps. Et la première exploration que nous avons intégrée dans Explore, donc créée en 2013, c'est Under the Pole. Et puis Corentin de Châtelperron avec Nomade des Mers. Puis Plastique Odyssée, un bébé d'Explore, puisque c'est un jeune qui est venu aider à un départ d'expédition et qui était dans la marine marchande et qui s'est dit mais moi aussi, il faut que je fasse quelque chose pour la planète. Et qui, pareil, a fait son travail et qui... finalement, travaillent sur le sujet du plastique. On a une expédition qui s'appelle Captain Darwin, qui, elle, repart sur les traces de Darwin 200 ans après, sujet biodiversité. Et puis, enfin, on vient d'incuber une nouvelle exploration qui s'appelle Living Soil, et qui travaille sur le sujet de la régénérescence de la Terre. Voilà, donc, Explorer, c'est ça, en fait. Ça a été, pour nous, quelque part, le moyen d'affirmer que notre entreprise, a du sens pour la société en créant ce fonds de dotation qui est vraiment rattaché à notre société. Et finalement, tout ça, ça a du sens. Ça a tellement du sens que l'on est devenu entreprise à mission et toutes les actions que nous menons entre Kairos et Explore répondent à notre raison d'être, qui est de mieux comprendre le sujet de la biodiversité pour pouvoir changer nos comportements.

  • Speaker #0

    Très beau projet. Et quand tu dis, du coup, on a décidé d'être dans le fer, Est-ce que tu peux illustrer ? Alors moi, j'ai en tête ce que fait Corentin de Châtellepéron, notamment avec Biosphère. Est-ce que tu peux en parler ou parler d'un autre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors en fait, ce qui nous plaît, nous, c'est de pouvoir, on pourrait dire tester, essayer des choses et voir, et surtout le vivre et voir si ça marche avec cette possibilité que ça ne fonctionne pas. Et Corentin de Châtelperron, si vous avez l'occasion d'aller voir sur Arte tous ces films qui ont été faits sur ces expériences, dont la dernière Biosphère, qui en effet est une expérience dans un appartement à Paris, tentée de vivre en autonomie, donc avec tout un tas de trucs, des plantes, une douche à recyclage d'eau. des animaux, des petits criquets, tout ça, qui vivent, des petits vers qui vivent, un écosystème totalement incroyable. Et ce qui est intéressant, c'est que derrière, l'idée, c'est de partager cette expérience à travers des écrits, des livres, des journées aussi inspirantes. On fait beaucoup ça chez nous. On fait venir des gens, des entreprises, des étudiants, des jeunes élèves, pour partager tout ce que l'on teste. Et partager la façon, le chemin de construction, comment on l'a fait, comment on l'a utilisé, la notion d'usage. Et puis, ce que l'on peut en tirer comme réponse, qui n'est pas la réponse unique, surtout pas, mais c'est une réponse. Et c'est ça qui est intéressant, c'est que du coup, c'est très positif, c'est très joyeux. On n'est pas dans le négatif en disant ce que l'on fait, ce n'est pas bien. De toutes les manières, c'est notre chemin d'humanité. Voilà, on a eu, à un moment donné, la caverne d'Ali Baba était grande ouverte et on a pu puiser tout ce que l'on a voulu. Et voilà, c'est comme ça. Aujourd'hui, on voit que c'est de plus en plus compliqué. Il y a de plus en plus d'hommes sur Terre. Il y a de moins en moins de ressources. Et finalement, l'idée, c'est de réfléchir à comment on peut faire mieux avec moins, mais en étant joyeux. Donc, l'inspiration est très importante chez nous. Et voilà, il n'y a pas de sujet, je ne trouve. pas le mot de culpabilité. Voilà, exactement. On ne veut surtout pas nous culpabiliser, se culpabiliser et culpabiliser les autres.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, on s'aperçoit que de toute façon, ça ne fonctionne pas quand on culpabilise.

  • Speaker #1

    En plus. Oui, c'est pas drôle.

  • Speaker #0

    Voilà, ça ne donne pas envie. Ben non. Et alors, justement, quand tu disais, par exemple, pour revenir là, par rapport à Biosphère, tu disais en autonomie, c'est-à-dire que pendant sa durée de quatre mois, il me semble, sans accès à l'eau, sans accès à la nourriture, Décriture, totale autonomie, mais autarcie aussi.

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. C'est-à-dire que la réflexion de Corentin sur la notion de l'autonomie passe par différentes expériences. Et la première qu'il a faite, c'est dans le désert. Alors là, il était en autarcie, en effet. Il n'avait accès à rien. De cette expérience-là, il s'est dit comment nous pourrions imaginer l'autonomie en milieu citadin. C'est comme ça qu'il a décidé d'aller... à Paris, dans un appartement, pendant quatre mois. Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'au contraire, il a vu que pour vivre l'autonomie, il ne fallait pas être en autarcie, mais au contraire, en coopération avec l'écosystème autour, pour gérer les déchets, par exemple, un compost, l'idée, c'était de le partager avec un autre, pour que lui puisse l'utiliser. ou alors... Lui avait besoin de plantes. Et bien à côté, il y avait le maraîcher qui pouvait lui apporter les plantes. Et il est en train d'écrire le livre. Il vient de le terminer. Donc, il va être bientôt publié. Et il va expliquer tout ça. En fait, que finalement, cette autonomie ne peut pas se faire seule. Il faut être ensemble.

  • Speaker #0

    En coopération et créer tout un écosystème.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Qui se nourrit, qui s'alimente.

  • Speaker #1

    En effet, cette expérience est passée par... à un moment donné une vie en solitaire. Quand il l'a fait au Mexique, il était seul avec sa compagne. J'étais deux. Et plein d'animaux qui venaient du coup parce que ils étaient dans le désert du Mexique et c'était le seul point d'eau. Il dessalait de l'eau avec un appareil low-tech. Donc finalement, il a créé un point d'eau dans ce désert. Et là, il s'est retrouvé avec une faune qui arrivait de partout. C'est magnifique.

  • Speaker #0

    Donc, en effet, il y a tous ces projets. Je sais que tu as parlé d'Under the Pole, tu as parlé de Captain Darwin, Plastic Odyssey. Donc, tous œuvrent pour l'environnement.

  • Speaker #1

    Pour l'homme, avant tout. En fait, on fait ça, pourquoi ? Parce qu'on voit bien que la nature, elle va se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Mais nous, on va sans doute avoir un peu de difficultés. Donc, il y a des sujets d'adaptation, il y a des sujets de réflexion, de changement de comportement. C'est ça, en fait. que l'on réalise, nous, dans nos expérimentations chaque jour, c'est vraiment essayer de trouver le moyen que l'homme et la femme, quand je dis l'homme, c'est générique, aient une place dans l'environnement. Et c'est en ça que l'environnement est important, de comprendre comment il fonctionne, parce qu'il est super puissant, en fait, il est super fort, et nous, on est des petits individus sur cette Terre. Et donc, si on veut continuer à vivre sur cette Terre, terre confortablement, nous on a envie d'apporter notre petite pierre à l'édifice parce qu'on pense que d'aller sur d'autres planètes, c'est pas pour demain d'une part et puis ce sera sans doute pour Quelques privilégiés, mais je ne pense pas que toute la population de la Terre puisse un jour aller vivre sur une autre planète. Enfin, en tout cas, pas tout de suite.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu peux illustrer par une autre action ?

  • Speaker #1

    Une autre expérimentation que l'on a menée, qui est intéressante parce qu'elle est portée par nous, c'est avec ces matériaux et la fibre de lin, on a construit en 2022, on a fait construire plus exactement, un catamaran qui fait 18 mètres. quasi 19 mètres de long et qui est le plus grand bateau aujourd'hui au monde avec autant de fibres de lin dans sa structure. C'est une expérience incroyable. On s'intéresse à la fibre de lin depuis 10 ans. On a fait quelques petits objets flottants, des paddles, des surfs, un petit bateau, etc. Et on se disait que ça allait donner envie à d'autres d'utiliser cette fibre. de lin qui pousse en France, sur nos côtes, en Normandie, en Haute-Normandie, en Belgique aussi, et qui était en Bretagne il y a de nombreuses années, qui a disparu, mais qui revient maintenant, donc on en est très heureux. Et en fait, on s'est dit, mais c'est bizarre, on est en train de montrer que cette fibre peut remplacer des matériaux issus de la pétrochimie, certes qui ne valent rien aujourd'hui, mais... En réflexion pour l'avenir, c'est peut-être intéressant de regarder un peu ces fibres naturelles. Et en fait, on ne voyait pas beaucoup de mouvements, d'intérêts. Donc, on a décidé de construire ce bateau qui est un grand bateau. Et Roland a fait la route du Rhum avec. Oui,

  • Speaker #0

    la dernière édition.

  • Speaker #1

    La 2022. On a mis le bateau six mois avant le départ de course à l'eau. Il a pris le départ dans la classe Rhum Multi. Il était parti en nous disant... N'attendez rien de moi, je vais déjà montrer que mon bateau peut aller d'un point à un autre en traversant l'océan Atlantique. Au fur et à mesure de la course, il était plutôt aux avant-postes dans sa classe. Et il va passer la ligne en premier. Son titre sera la place numéro 2 parce qu'il aura un plomb qui aura sauté sur un moteur. C'est une histoire de règlement, donc il aura une petite pénalité. Mais l'histoire montre quand même qu'avec ce bateau qui a été mis à l'eau six mois avant, avec. avec une fibre naturelle, le lin, il a finalement réussi à faire une performance sportive, tout en essayant de modifier ses comportements d'usage en utilisant des fibres qui sont moins impactantes. Et c'est intéressant parce que nous, ça nous a permis de nous déculpabiliser sur le sujet. Si on s'intéresse à ces sujets d'impact de l'homme sur l'environnement et donc comment l'homme va vivre demain, on se détache de la notion de performance. Dans une entreprise, la performance, elle est financière, elle est etc. Et finalement, avec ce que Roland nous a fait sur cette course, on a pu réunir les deux en disant mais on peut conserver une performance d'entreprise tout en essayant de modifier nos comportements. Et ça, c'est super. Et après, il faut du temps. Évidemment, les choses ne se font pas. pas en dix minutes. Moi, en tout cas, je parle à titre personnel, je ne suis pas une révolutionnaire du tout. Donc, la violence, je ne peux pas. Je ne serai pas de celles qui font les changements par la force. Donc, voilà, il faut du temps. Mais les choses avancent. Et finalement, ces exemples, ces deux exemples que j'ai donnés, mais qui ne représentent qu'une partie de ce qu'il y a aussi par ailleurs dans notre écosystème. finalement contribue à ce que l'on comprenne un peu mieux comment on peut modifier nos comportements, nos actions. Et puis c'est super. Et puis il y a quand même un petit sujet, c'est qu'on voit bien que dans notre société, notamment nos jeunes, mais également nos moins jeunes, recherchent quand même du sens, des valeurs. Et ça, nous, on voit bien qu'on les porte. Et si on peut les partager au plus grand nombre, c'est génial.

  • Speaker #0

    Et suite à cette victoire, Est-ce qu'il y a d'autres bateaux en construction avec la fibre de lin ?

  • Speaker #1

    Nous avons pris cette décision de travailler avec un chantier qui fait de la série, justement pour que ce soit reproductible. Mais c'est un bateau qui, nous, le nôtre, fonctionne très très bien. Il a été construit en 2022, nous sommes en 2025, il a quasiment fait un tour du monde déjà.

  • Speaker #0

    Et il n'a pas bougé.

  • Speaker #1

    À suivre, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, à suivre. Normalement, si tout va bien, on le revoit sur la prochaine route du Rhum.

  • Speaker #1

    Avec Roland aussi ?

  • Speaker #0

    Avec Roland, oui. Et une superbe histoire que nous n'avons pas encore dévoilée, mais qui est magnifique, qui va parler... Je fais juste un tout petit teasing. Je parlais tout à l'heure de l'océan qui est le terrain de jeu. Notre projet, ça va être de travailler sur l'idée de montrer que c'est aussi un terrain de vie. Voilà, j'en dis pas plus.

  • Speaker #1

    Bon teasing ! Et quand tu parlais justement aussi d'être réalisé tous ces projets dans la joie, on a eu aussi une belle performance dernièrement sur le Vendée Globe avec Violette Dorange, qui elle n'était pas, enfin a réalisé et finalement a fait une très belle course, mais qui a su aussi raconter sa compétition. Qu'est-ce que tu en dis toi ?

  • Speaker #0

    Oh ben moi j'ai trouvé l'histoire merveilleuse, cette jeune fille qui partage avec tant d'aisance ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent. Et puis avec sincérité, j'ai trouvé que c'était très beau et c'est chouette parce que ce Vendée Globe, justement, a cette particularité d'associer des skippers très... des sportifs de haut niveau, qui sont très sur la performance sportive et qui racontent sans doute un peu moins ce qu'ils vivent et des gens, parce qu'il y a Violette, mais il y a aussi Guéric Soudé, des... Il y a eu, enfin, je ne peux pas tous les nommer, mais il y a eu, moi, j'ai trouvé beaucoup de concurrents sur cette course qui ont su partager. Violette a explosé les records. Bon, voilà, une jeune fille. Et puis, bien entourée, elle avait une équipe autour d'elle de communicants qui savent très bien faire. Il y a aussi ça. Ça ne sort pas non plus du chapeau comme ça. Il faut aussi accepter le fait qu'il y ait du professionnalisme. Elle a été merveilleuse et moi, j'ai trouvé ça formidable. Je rencontrais des gens qui la suivaient, qui ne connaissaient rien à la course au large et qui étaient complètement fans de cette jeune femme. C'est super.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, vraiment. Je crois qu'elle a même, on peut même dire que c'est elle qui a été un petit peu au centre de ce Vendée Globe, notamment pour toutes sortes de personnes qui, jusqu'à maintenant, le Vendée Globe...

  • Speaker #0

    Et alors, ce qui est terrible, j'ai pensé à ça lorsqu'elle est arrivée. J'ai vécu ça, c'était Michel Desjoyaux qui avait gagné cette année-là, et c'était en 2000, et Hélène MacArthur arrivait deuxième. Souvent, quand des gens étaient interrogés qui avait gagné cette course, c'était Hélène MacArthur. Et là, je me suis dit, peut-être que dans quelques mois, si on interroge les gens qui a gagné le Vendée Globe 2024-25, ce sera Violette D'Orange. C'est incroyable, hein ?

  • Speaker #1

    Oui, incroyable.

  • Speaker #0

    C'est dur pour les vainqueurs.

  • Speaker #1

    Pour revenir justement, on parlait de Violette d'Orange, une jeune femme dans la course. Toi, tu as évolué en tant que femme dans ce monde de la voile, qui est plutôt un monde masculin. Comment tu l'as vécu ? Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, moi, ça s'est très bien passé. C'était intéressant que j'arrive dans ce jeu de quilles très masculin, parce qu'une femme a ce pouvoir de... d'apaiser, enfin je trouve, je ne sais pas, je me trompe peut-être, mais en tout cas le pouvoir pour moi d'apaiser des espèces d'égo, des luttes d'égo qui sont totalement stériles. Et du coup, moi vraiment, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec beaucoup d'hommes, puisqu'en effet c'est majoritairement masculin, mais il y a également des femmes. Heureusement, j'ai pas souffert, j'ai eu que quelques rares... Petites histoires drôles, genre lors d'une soirée, un monsieur d'un certain âge me saluant et pensant que j'étais soit de la com ou de ses com ou service financier en règle générale. Je l'ai laissé un peu parler, je me suis un peu amusée. Pour finir, je lui ai dit que j'étais la directrice générale du Vendée Globe et le monsieur était tout contrit parce que voilà, il n'avait pas. imaginer à ce l'instant, en plus j'étais jeune j'ai pris la direction générale j'avais 35 ans, donc il ne s'imaginait pas qu'une jeune femme comme moi puisse être directeur général mais à part ça, c'est plutôt drôle je trouve, ça a été une très belle expérience pour moi de femme dans un milieu d'hommes plutôt viril parce qu'il y a des marins quand même et puis dans l'entourage des marins aussi il n'y a pas que les marins mais vraiment très respectueux j'avoue Donc, je pense que ça a été facilité aussi par le fait que j'étais le directeur général et donc un respect sans doute. plus fort qu'envers certaines autres personnes qui peuvent travailler. Une femme qui a une action un peu différente peut peut-être être moins considérée, ce qui n'est pas bien.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas à elle directrice.

  • Speaker #0

    Voilà, oui.

  • Speaker #1

    Et quel conseil tu donnerais aujourd'hui aux jeunes filles pour s'engager justement dans ces milieux plutôt masculins ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire aux femmes et aux jeunes femmes surtout de suivre leur envie, que ce soit dans un milieu masculin ou pas en fait. Je trouve... qu'on vit très bien les uns avec les autres, les hommes, les femmes, et si on peut continuer ça et casser ces quelques hommes qui nous pourrissent la vie, moi je trouve que c'est très bien. Et donc j'ai envie de leur dire qu'il faut qu'elles aient confiance en elles, tout est possible en fait, et il n'y a pas des choses réservées pour les hommes et des choses réservées pour les femmes d'une part, et puis d'autre part. Je trouve qu'on est meilleur que les hommes, souvent. Donc, voilà, il faut se l'affirmer et ne pas hésiter à y aller et foncer.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Et notamment cette confiance, cette assertivité aussi,

  • Speaker #0

    on va dire. Il y a une belle chose, je trouve. On dit souvent que la femme est créatrice. Et c'est intéressant parce que, du coup, c'est une force. Et il faut que chaque femme le sente en elle et le porte. et du coup... Elle n'a aucun problème, chaque femme n'aura aucun problème à vivre dans un univers professionnel, qu'il soit masculin ou pas. Après, je pense qu'il faut que l'on admette aussi que c'est plus ou moins facile en fonction de nos conditions, mais finalement se dire que c'est quand même possible.

  • Speaker #1

    Je termine souvent par une dernière question. où je demande, en fait, est-ce que tu as un coup de gueule ou un coup de cœur à nous partager ?

  • Speaker #0

    Oui, alors j'ai un coup de cœur. C'est une jeune fille qui s'appelle Fanny, que j'ai rencontrée il y a quelques jours dans nos locaux, chez Cairo s'explore. Nous recevons régulièrement des jeunes en stage découverte, donc cinq jours. Donc une jeune fille qui doit avoir 16-17 ans, je pense. Et elle m'a touchée, mais alors c'était incroyable. C'est une jeune fille qui vit à Brest dans un appartement. Et un midi, on a la chance d'avoir un petit peu de verdure. Et je faisais un petit nettoyage de carré en levant quelques herbes, etc. Et elle s'approche de moi. Elle me demande ce que je fais. Donc, je lui explique. Et en me disant, tiens, c'est marrant qu'elle me pose cette question. Et donc, je lui dis, tu veux m'aider ? Et donc, elle a mis ses mains dans la terre. C'était la première fois de sa vie. Et alors, ça a été fort parce que... Elle m'a remercié plusieurs fois, elle m'a dit c'est super, je vis dans un appartement et ça ne m'est jamais arrivé. Et donc ça, c'était le troisième jour. Et le cinquième jour, elle est passée dans les bureaux, elle était quasi en larmes tellement ça a été fort pour elle, ce stage découverte. Elle nous a couvert de confiseries, un truc de dingue. Et alors vraiment, ça m'a touchée parce que je me suis dit, cette jeune fille... elle a appris quelque chose et j'espère qu'elle va s'en servir pour sa vie future.

  • Speaker #1

    Sa vie future et le partager.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, Sophie, merci beaucoup de nous avoir partagé ton parcours et ta vision et ce côté aussi joyeux et optimiste, comme tu le dis. De toute façon, les faits sont là, la situation est là. Donc aujourd'hui, tout nous appartient, tout est possible. Donc à nous de jouer, on va dire. Ton engagement à travers Kero, c'est... Explore sont aussi une véritable source d'inspiration. Tu as illustré, mais il suffit d'aller voir sur Internet tout ce que vous faites. On n'a pas précisé, Explore est basé à Concarneau.

  • Speaker #0

    Oui, nous sommes à Concarneau, dans le port.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    dans le Finistère Sud.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Je voudrais te remercier pour m'avoir écoutée. Et puis, je trouve que c'est super de pouvoir faire parler les femmes. Il faut continuer.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup à toi.

  • Speaker #1

    Merci à vous toutes et tous qui nous écoutez. Merci aussi pour votre fidélité. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à mettre 5 étoiles, à vous abonner et à me faire part de vos commentaires. Je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode et dans l'immédiat, qu'est-ce que vous avez à dire ?

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