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#107 Bochra Fourti  podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA  "Identité, transmission  et récits" cover
#107 Bochra Fourti  podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA  "Identité, transmission  et récits" cover
Elles Agissent

#107 Bochra Fourti podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA "Identité, transmission et récits"

#107 Bochra Fourti podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA "Identité, transmission et récits"

35min |18/12/2025
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#107 Bochra Fourti podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA "Identité, transmission et récits"

#107 Bochra Fourti podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA "Identité, transmission et récits"

35min |18/12/2025
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Description

Dans cet épisode, je reçois Bochra Fourti, podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA, consacrée aux femmes arabes et amazighes qui ont marqué l’histoire.


Née en Tunisie et aujourd’hui installée en Europe, Bochra explore la notion de transmission, l’importance des nuances dans l’arabité, et le besoin vital d’offrir aux enfants des modèles qui leur ressemblent.


Elle raconte la genèse de son podcast, la place de la peur dans l’action, son combat contre l’effacement culturel, et son passage audacieux à l’auto-édition après plusieurs refus d’éditeurs.


Un échange sur l’identité, les récits, et la force d’agir malgré tout.


Le site de Bochra : https://www.heyastories.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Je suis Emilie Berthet Conférencière, productrice de podcasts, sophrologue et auteure, j’accompagne les organisations et les particuliers vers une meilleure compréhension de notre époque et à construire une société attentive aux enjeux humains. Femme Forbes 2025 et TEDx speaker.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt.

  • Speaker #1

    J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #2

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de mots pour agir. C'est une action.

  • Speaker #2

    Bonjour Rochelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent. Je suis ravie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie aussi. Merci infiniment d'avoir pensé à moi et à ton invitation.

  • Speaker #3

    Et deux podcasteuses qui se rencontrent, ça fait une heure de plat avant d'enregistrer.

  • Speaker #1

    Exactement, on a fait trois épisodes et là, c'est le quatrième.

  • Speaker #3

    Alors, un jour, je suis tombée sur l'un de tes posts, le projet dont on va parler pas mal dans cet épisode où tu présentais ton projet de livre. Et je me suis tout de suite dit qu'évidemment, j'allais t'interviewer. C'était une évidence. Une femme qui s'investit autant pour les femmes et autant pour des femmes qui sont tellement invisibilisées que c'était une évidence de te mettre à l'honneur et de t'écouter, surtout. Tu es née et tu as grandi en Tunisie. Tu es arrivée en France vers 17 ans. Et au fur et à mesure de ta vie, la notion de transmission a pris une place de plus en plus centrale aussi, notamment autour de cette notion de... de visibilité et communication autour d'une identité arabe, qui est souvent présentée comme un bloc homogène, sans subtilité, sans nuance. Justement, cette notion de nuance aussi, qui est essentielle dans ton travail, où tu apportes vraiment l'envie d'importer ou de proposer des figures d'inspiration diverses, féminines et nuancées. Ça, c'est très important. Tu mêles aussi en parallèle plein de carrières. une carrière une carrière J'imagine exigeante aussi chez EY parce que tu as une belle carrière chez eux, une carrière exigeante de maman, une carrière aussi de podcasteuse, d'autrice. Et tu as fait le choix d'agir, de consacrer une année entière là, à l'instant où on se parle, à la sortie et à la promotion de ton livre qui met en avant les femmes inspirantes, donc arabes et berbères, pour offrir de l'inspiration plus juste. plus vraie à tous et à toutes. Si on revient d'ailleurs à l'origine de ce projet, et ce sera là ma première question, à quel moment tu as senti que tes engagements personnels ou que cette prise de conscience personnelle allait devenir un projet à plus grande échelle, voire même un projet public, voire politique ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Je ne sais pas s'il y avait... Si j'en ai eu conscience, je ne sais pas s'il y a quelque chose qui s'est vraiment passé dans le conscient, peut-être pour retracer les débuts. En fait, j'ai commencé par lancer le podcast qui s'appelle Heya, qui met en lumière des femmes de culture arabe et amazigh, quelles qu'elles soient. Et le but, c'est vraiment de leur donner un espace pour partager leurs histoires, leurs réussites, leurs échecs, leurs challenges, leurs doutes. Toutes ces choses qui font qu'on a tout en tant que femme. Et c'est vraiment parti d'un constat personnel. Pendant Covid, je pense comme pour beaucoup de gens, j'ai eu énormément de questionnements. De choses que j'avais mis sous le tapis toutes ces années et qui là ressurgissaient. À ce moment-là, je n'avais que ma fille qui avait 3-4 ans. Et la notion d'identité, de transmission est devenue un sujet très important. Alors que j'avais l'impression que ce n'était pas un sujet pour moi jusque-là. Je pense qu'il était clairement là, mais que je le laissais dormir ou je le repoussais. Et moi, comme tu l'as dit, je suis née en Tunisie, j'ai grandi en Tunisie, donc le sujet de l'identité en tant qu'enfant et ado était un non-sujet. J'étais dans un pays où la masse me ressemblait, où la langue que les gens parlaient était la mienne, la culture était mienne, donc il n'y avait aucune question d'identité. Ma fille, elle par contre, mon mari est franco-suisse, elle est née à Londres, je suis d'origine tunisienne et je me suis dit, elle a un beau melting pot, moi je crois vraiment que c'est une richesse. Et en regardant les infos, en regardant tout ce qui était diffusé dans les médias mainstream, clairement l'image de l'arabité n'était pas positive. Et je me suis dit, si elle s'arrête à ça... Comme pour beaucoup d'enfants, quand elle sera ado, on va vers la simplicité, on n'a pas forcément envie de se prendre la tête. Tout ce que nos parents nous racontent, c'est un peu saoulant et on n'a pas envie d'y aller. Je me suis dit, si elle s'arrête à ça, mince, elle va tirer une conclusion qui est complètement fausse. Moi, ce que je connais de l'arabité, ce que j'ai vécu en tant qu'enfant et ado, est beaucoup plus positif que ce que je vois aujourd'hui en Europe. En plus, j'étais à Londres à ce moment-là, c'est ce que je disais. Et, ayant déménagé de France en Angleterre, j'avais eu aussi un peu une claque en voyant comment Londres traitait la diversité d'une manière très positive, où c'était très valorisé. Du coup, je me suis dit, mince, Londres-Paris, ce n'est pas si loin.

  • Speaker #3

    Et pourtant différent.

  • Speaker #1

    Très différent. Et je me suis dit, on le valorise, on voit la diversité comme une richesse et j'ai vraiment envie que ma fille le voit de cette manière-là. Donc voilà, long story short, en gros, en partant de ça, je me suis dit... J'écoutais beaucoup de podcasts dans mes balades où j'allais prendre un bol d'air frais et que je ne pouvais plus voir mon mari et mes enfants et que j'avais besoin de me reconnecter à moi-même. J'écoutais beaucoup de podcasts de femmes et je me suis dit, je cherchais. par nom des femmes d'origine arabe et sur des séries de 100 épisodes il y en avait une, deux et je me suis dit ça confirme un peu ce postulat de départ et un soir j'ai cette idée un peu folle que je balance à mon mari, je vais créer un podcast que je laisserai pour ma fille, vraiment c'était l'intention en me disant ça va être un truc bricolé dans ma cuisine, je ferai deux trois épisodes et puis quand elle sera en âge de les écouter, elle les écoutera et voilà comment tout est parti De revenir quatre ans plus tard

  • Speaker #3

    T'as beaucoup plus d'épisodes. Par exemple, quelle était la première femme ? Ça peut être intéressant. Comment ça a évolué aussi peut-être sur ton approche autour de cet outil qui peut être puissant, le podcast, pour transmettre des informations, leur donner la parole. C'est un vrai lieu d'écoute et de transmission.

  • Speaker #1

    absolument en fait la première tout est parti je te disais je dis à mon mari je vais lancer un podcast il me regarde un peu avec des grands yeux pas journaliste, réaction un peu normale, parce que j'ai eu beaucoup d'autres tentatives de projets qui n'avaient rien à voir, et il se disait encore un autre projet, et là on en discute, il va se coucher, et moi cette idée elle était là, et je me disais il faut que je le fasse, il faut que je le fasse, et j'écris à dix femmes, les premières auxquelles j'ai pensé en ayant cette idée de podcast, et en gros mon deal avec moi-même c'était sur ces 10 femmes, si j'en ai 5-6 qui me répondent positivement, je le fais et si on ne me répond pas ou si c'est non c'est un signe du destin ça on en restera là mais j'avais besoin de tester à quelque chose et j'ai du mal à rester avec une idée, j'avais besoin de la tester et donc j'envoie mon message je vais me coucher et le lendemain matin il y en avait 6 ou 7 qui m'avaient répondu dans la nuit en me disant trop bien moi aussi je trouve qu'il n'y en a pas quand tu veux on enregistre et donc la première c'est une journaliste qui travaille sur BFM que je connaissais d'une vie antérieure et je lui dis ça et elle me rappelle le lendemain en me disant écoute mercredi prochain ... je suis en vacances à 15h ou 16h tu me dis le créneau et on se connaissait d'une ancienne vie mais on n'était pas très très proche et j'osais pas trop me dégonfler en disant je suis pas prête, je suis encore dans ma cuisine c'était juste une idée et je dis ok 15h très bien et je raccroche et je dis à mon fils tu m'étais complètement folle avec quoi tu vas enregistrer, avec quoi tu vas monter quelles questions tu vas lui poser donc j'ai passé la semaine à bachoter comme une folle, tuto montage quelles questions poser tout le... tout ça, donc en une semaine et j'ai sauté et c'est la meilleure chose qui soit arrivée parce que je pense que sans ça je pense que je l'aurais quand même fait mais ça aurait pris beaucoup plus de temps et la peur se serait multipliée et aurait pris plus de place et

  • Speaker #3

    ça c'est intéressant ce que tu dis justement parfois entre agir et la peur, cette notion de non en fait je recule j'y vais pas etc t'as lancé quand même la première Pierre en le proposant à ses femmes et bon, vite, ça a répondu et donc là, tu t'es lancée. Et là, maintenant, avec les discours que tu entends, est-ce qu'il y a quelque chose, vraiment une urgence sur lesquelles il faut vraiment accentuer, par exemple, on les entend vraiment pas assez ou il y a une notion de qu'est-ce que tu retiens de toutes ces interviews-là que tu viens d'effectuer ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on les entend pas assez, je pense que quand on les entend, on... On est sur un temps très court et puis il y a un montage, il y a des choses qui sont faites. On fait ressortir le message qu'on a envie d'associer avec ces femmes-là. Je pense qu'on les raconte beaucoup. Je pense qu'on parle beaucoup en leur nom. Et ça, c'est vraiment l'une de... Mon principal objectif, c'est raconter leurs histoires elles-mêmes. Je trouve que quand il n'y a pas beaucoup d'histoires et qu'en plus elles sont racontées par d'autres, on perd. On perd beaucoup de choses, on perd beaucoup de choses, on s'accapare quelque chose et c'est vraiment ça, c'est juste leur donner cet espace qui malheureusement n'existe que très peu en proportion.

  • Speaker #3

    Et justement, pour donner de l'espace et leur donner de la visibilité, tu ne t'arrêtes pas au podcast. Tu as aussi créé ton premier livre qui vient de sortir, une collection dédiée aux enfants, en tout cas pour proposer des visages qu'on n'entend pas, de figures inspirantes que je n'ai pas vues. Est-ce que tu peux nous raconter aussi comment est venue cette idée ?

  • Speaker #1

    Absolument. Et en fait, c'est vraiment dans la continuité. Donc, je lance ce podcast un peu pour ma fille et rapidement... Il y a de l'intérêt. Il y a beaucoup de filles qui m'écrivent en me disant « j'adore, j'aurais adoré écouter ce podcast il y a quelques années, où ça m'aide, etc. » Donc, j'ai continué le podcast, mais rapidement, je me reconnectais avec la genèse de ce projet qui était cette envie personnelle de transmettre à ma fille. Je me disais « ouais, ma fille, elle a 6 ans, le podcast, c'est génial, mais le contenu n'est pas du tout pour elle et elle ne l'écoutera que dans 5, 10, 15 ans. » Et il y avait une urgence. de l'aider parce que j'avais vraiment conscience que les histoires que je lui raconte à cet âge-là, que je lui racontais à 4-5 ans, c'est les petites graines que je plantais dans sa tête. Et j'ai cherché des livres qui représentaient des héroïnes arabes, amazighes, qui lui ressemblent, un peu plus bronzées. Et malheureusement, il y avait vraiment un désert. Il n'y avait rien du tout. Je ne trouvais rien. Et je me suis dit, tout ce projet est parti pour... ma fille et j'ai besoin de créer cet objet que je recherche, que je ne trouve pas et je me suis dit, bon bah go. Et à ce moment-là, il y a eu un timing, une synchronicité. Moi, j'aime bien lire les signes. Il y avait une maison d'édition qui m'avait contactée pour mettre mon podcast en livre. Tu sais, ça se fait beaucoup.

  • Speaker #3

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et j'étais enceinte de mon deuxième enfant et je leur ai dit merci et c'est trop cool. peut-être pas tout de suite, j'ai cette idée de livre, est-ce que ça vous dit de faire de la jeunesse ? Ils ont dit, on ne fait pas de la jeunesse, mais regardons le pitch. Et ils m'ont dit, ok, donc j'avais commencé vraiment avec une maison d'édition et malheureusement, je te la fais rapide, mais malheureusement, au bout de six mois, on a commencé à travailler ensemble, donc j'ai commencé l'action avec eux et ils ont fermé parce que c'était une petite maison d'édition et que c'est un milieu un peu compliqué et c'est comme ça que je me suis retrouvée toute seule et que j'ai pris les autres décisions dont on va probablement parler.

  • Speaker #3

    Et donc pour choisir, Euh... La première femme, et aussi les femmes que tu voulais mettre en avant, c'est d'autres figures que tu mets en avant dans le livre.

  • Speaker #1

    Absolument, c'est des femmes historiques qui ont marqué, pardon, c'est des femmes arabes et amazighes qui ont marqué l'histoire, qui ont fait la première est médecin, la première c'est Tawheed Abunchir, c'est la première femme médecin du monde arabe, mais la prochaine c'est une chanteuse populaire, et l'idée c'est vraiment de naviguer aussi dans cette notion de réussite. C'est clairement réussite dans notre image. Peut-être notre génération et ce que nos parents nous ont inculqué, c'est être médecin, avocat ou je ne sais quoi. Et c'est vraiment montrer qu'on peut être chanteuse populaire, qu'on peut être danseuse, qu'on peut être plein de choses. Donc, c'est vraiment cette idée-là. C'est montrer des héroïnes diverses dans leurs projets, dans ce qu'elles ont fait, mais d'origine arabe et amazigh.

  • Speaker #3

    Oui, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'effectivement, tu aurais pu rentrer dans l'extra-héroïne, c'est-à-dire des femmes vraiment emblématiques qui donnent un statut alors qu'effectivement, il faut les entendre et il faut écouter leur parcours, mais que l'inspiration, toi, tu l'as eu aussi au quotidien et en fait, des femmes qui ont un parcours quand même qui est impressionnant, mais qui ne sont pas forcément des figures où on se dit c'est une et pas d'autre. C'est vraiment pour aussi généraliser cette inspiration.

  • Speaker #1

    ça c'est quelque chose qui est assez important et il y a aussi dans mon podcast une des questions signatures qui est quelle est ta définition de la réussite parce que je pense que je suis aussi dans ça à mon âge de redéfinir ma réussite, qu'est-ce qu'elle était et qu'est-ce qu'elle devient et est-ce que c'est forcément un salaire à je ne sais combien de chiffres est-ce que c'est faire ce qui est aligné avec mes valeurs et j'aimais bien tirer ce fil là et le continuer aussi dans cette collection de livres jeunesse

  • Speaker #3

    Et donc pour reprendre ce que tu disais, effectivement, cette première maison d'édition, elle finalement ne peut pas te suivre parce qu'elle met la clé sous la porte. Qu'est-ce que tu décides de faire et quelles sont les difficultés que tu rencontreras après ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, c'était un peu une claque parce que moi je pensais que ce projet était parti, que j'avais une maison d'édition, mes textes étaient écrits, on les a rediscutés. Tout était... Tu voulais vivre. Exactement. Je voyais le bout et puis ma partie du boulot était quasi finie. Je me voyais me retirer pour les laisser faire leur partie du job. Donc, ils m'annoncent ça. Et là, j'ai eu 24-48 heures où j'étais un peu perdue. C'était qu'est-ce que je fais ? Et j'avais en gros deux, trois options. C'était soit j'arrête, soit je le fais toute seule, soit je cherche une autre maison d'édition. Et bizarrement, arrêter, c'était une autre option. Rapidement, c'était l'option qui n'était pas une option parce que j'étais trop impliquée. Oui,

  • Speaker #3

    c'était... Ça t'a traversé l'esprit, mais voilà,

  • Speaker #1

    même pas. Voilà, j'ai tout de suite su que celle-là n'était pas... Il fallait que ces livres sortent. J'étais trop avancée, c'était trop important. Et l'auto-édition, c'était presque une non-option aussi. C'était, oh my God, qu'est-ce que je vais faire ? Par où je commence ? Je ne connais pas du tout cette industrie-là. Jamais je ne me lancerai dans ça. Donc, l'option la plus logique, et j'essayais un peu de m'auto-motiver en me disant, la maison d'édition a aimé ton pitch, celle-là. Forcément, il y en aura d'autres.

  • Speaker #3

    Oui, ça va être facile, presque. Exactement.

  • Speaker #1

    Et puis même si ce n'est pas facile, il y en aura une. Je suis OK de me battre et de chercher. Donc je suis partie avec mon petit bâton de pèlerin à la chasse à la maison d'édition, ce qui a duré assez longtemps, quasiment un an. Et ça a commencé doucement. Et puis on te présente des gens et tu rencontres et LinkedIn et je ne sais quoi. Et plein de petits signes positifs où il y avait beaucoup de gens hyper sympas qui me disaient nous, on ne fait pas du tout ça. Mais par contre, je vais te présenter un tel. Et c'était des petits signes que je voulais lire comme positifs, comme quoi mon projet avait du sens, que la qualité de ce qui était écrit, des illustrations et du projet plaisaient. Donc voilà, je te la fais court d'une maison à l'autre, oui, celle-là, etc. Et puis j'ai réussi à avoir des rendez-vous avec des maisons un peu plus importantes. et malheureusement les deux dernières, la première... Enfin, elles étaient toutes les deux très positives par rapport au projet. Il leur plaisait, ils trouvaient ça innovant, intéressant, bien écrit, etc. Mais la première m'a demandé de faire un petit changement qui était d'enlever le mot arabe. Donc c'est femme arabe et de le changer, femme arabe et amazigh, de le remplacer par méditerranéenne. Et ce qui n'était pas du tout l'essence du projet. Il y a beaucoup de femmes inspirantes en Méditerranée et ça peut être intéressant d'aller en Italie, en Espagne, etc. Mais ce n'était pas du tout l'ADN du projet. Et du coup, rapidement, j'ai dit non. L'ADN du projet, c'est vraiment ça. Et en gros, le feedback de manière un peu soft, c'est oui, non. Vous savez, en ce moment, ce terme-là, on préfère rester un peu plus général. Donc, un peu une claque. Et je me suis dit, c'est pas grave, ils ont accroché, on s'entend pas sur ça, c'est qu'on n'a pas les mêmes valeurs, c'est peut-être un mal pour un bien, je continue. Et là, assez rapidement, une autre maison d'édition, pareil, qui est reconnue sur la place, plein de compliments, premier meeting qui se passe hyper bien. et deuxième réunion on me dit on va vous proposer un contrat très bientôt et là des étreuves dans les yeux ça y est, job done, je vais me reposer par contre contre, mes livres sont bilingues, je ne sais pas si je l'ai mentionné.

  • Speaker #3

    Non, tu ne l'avais pas mentionné, mais oui. Parce que c'est un élément important, effectivement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, ils sont et en français et en arabe, et il y a une version audio en français et dans les dialectes. Donc, tunisien, marocain, algérien et palestinien. Et ils me disent, à ce moment-là, il n'y avait pas encore les audios, je pense, et du coup, ils me disent, pour la version écrite, on adore le bilinguisme, clairement, on est... Dans une ère où les enfants parlent plusieurs langues, etc. Je suis trop contente. Ils me disent, mais par contre, Madame l'arabe, ça ne va pas être possible. On va le remplacer par de l'anglais. Nous, vous nous connaissez, on est très connus. On a nos entrées outre-Atlantique, aux Etats-Unis, au Canada, je sais pas où. Donc, on va remplacer l'arabe par de l'anglais. Je dis là, ben non, ce n'est pas du tout le but. C'est important qu'il y ait l'arabe. Ça fait partie du projet, de l'écosystème et de ce que j'essaie de transmettre. Et en gros, on m'a dit, bon ben non, madame, en ce moment, l'arabe, c'est compliqué. C'est soit on remplace par de l'anglais et on vous suit et on pense vraiment que ça peut marcher. Et sinon, merci, au revoir. Et je dis, ben merci, au revoir.

  • Speaker #3

    Et là, c'est quand même clac.

  • Speaker #1

    Là, c'était dur. Honnêtement, là, c'était dur. Autant la première était dure, là, c'était double clac. Et il m'a fallu 24 heures de digestion de ces conversations-là. Et ensuite, ça a été un moteur. Ensuite, je me suis dit, en fait, ces retours-là, c'est une raison de plus ou deux raisons de plus pour lesquelles ces livres doivent sortir rapidement et sans concession. Exactement comme je les ai imaginés, avec... le bilinguisme français-arabe et avec Femmes Arabes et Amazigh, c'est non négociable. Et cette volonté d'effacer, de cacher, de lisser, c'est tout ce que j'essaye de combattre à la base avec le podcast et avec le projet dans sa globalité. Donc, j'y vais. Je pense que je ne savais pas ce que je disais à ce moment-là,

  • Speaker #3

    mais j'ai dit j'y vais. Ils t'ont motivée presque à y aller vraiment. De ce que tu disais au début, c'était encore un peu flou. Est-ce que j'y vais ? Bon, une maison d'édition, très bien, je vais me laisser porter. Et finalement, oui, ça a été le porteur, effectivement, de l'urgence du sujet et aussi les contraintes, la véritable difficulté qu'il y a encore dans notre société actuellement.

  • Speaker #1

    Absolument. Et tu as utilisé un terme qui est très juste, c'est l'urgence. Je pense que j'ai eu 24 heures un peu où je n'étais pas bien. Et le deuxième jour, j'étais là, c'est fini. Je ne discute plus avec aucune maison d'édition. J'y vais, j'ai financé l'illustratrice, je lui ai donné le go, on a finalisé les dessins, j'étais rapidement en contact avec des imprimeurs. Je me suis mis en mode commando, quelles sont les étapes, je vais me casser la gueule, je vais me tromper, mais il y en a certains, il y a certains éléments qui sont évidents. Je vais commencer par ceux-là et le reste viendra. Et ça, c'était juste avant l'été, j'ai passé l'été dessus et ils sont sortis là en octobre.

  • Speaker #3

    Oui, donc cette année. et c'est fou cette transformation de détermination qui est venue en toi déterminer la faire et à transmettre et à parler de ce projet et tu laisses aussi une place à ta fille dans un de tes épisodes qui disait avec grande fierté mais c'est ma maman qui est l'auteur tu vois c'était incroyable cette phrase parce que elle se dit waouh qu'est-ce qu'elle fait là tu t'en rends compte aussi de ce que tu fais de tout ce que tu mets en place Merci.

  • Speaker #1

    Honnêtement, pas vraiment. Je pense que je suis beaucoup dans l'action. Mais cet épisode-là, il est précieux pour moi. Et c'était hyper touchant, comme tu peux l'imaginer, d'entendre son enfant. C'était un moment, en plus, dont je me rappellerai tout le temps, tu sais, d'avoir ta fille de l'autre côté du micro. Et je pense que j'ai beaucoup travaillé. J'étais moins présente, parfois, pour ce projet-là. Donc c'était aussi important de voir... qu'elle en était aussi fière parce qu'elle en subit, entre guillemets, parfois les conséquences de certains déplacements, de travailler très tard, etc.

  • Speaker #3

    Là, tu commences à aussi faire la communication, à gagner en visibilité. Est-ce que ces maisons d'édition sont venues vers toi ou pas ? Non. Elles reviendront peut-être à un moment. Peut-être,

  • Speaker #1

    mais l'une d'elles me disait si vous y allez seule, madame, vous allez vous casser les dents, vous ne vous rendez pas compte dans quoi vous allez, donc je ne suis pas sûre que ce soit. C'est vrai.

  • Speaker #3

    Mais de quoi je me mêle, en fait,

  • Speaker #1

    aussi.

  • Speaker #3

    Pardon, mais c'est fou. En plus de rajouter ça, ouais. Effectivement, par contre, c'est un vrai sujet qu'on peut aussi aborder. J'imagine les frais que ça implique, cet engagement. Voilà aussi la charge mentale de l'engagement en lui-même, tu vois, d'être engagée, d'être une femme engagée en termes justement d'équilibre de ta vie. perso, etc. Est-ce que ça, tu peux nous en parler aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. C'est vrai que c'est une grosse charge et c'est à cause de cette charge que j'ai pris des décisions aussi, comme tu le... présenté dans l'intro. À la base, je travaille chez EY dans un des Big Four, je suis directrice. Et quand j'ai décidé de passer à l'action, j'ai réalisé rapidement la quantité de travail que ce serait. Et j'ai pris cette décision de faire un break de quelques mois pour me concentrer sur ça. Donc, il y a un coût dans tout, financier, de temps. Et puis le coup de l'apprentissage, j'apprends, c'est un métier que je ne maîtrise pas, donc j'ai pas mon réseau, j'ai pas mon imprimeur, j'ai pas mon graphiste, enfin tout ça c'est des choses qui prennent du temps parce que, comme tu peux l'imaginer, tu rentres en contact avec plusieurs et puis ça va pas, et puis c'est pas vraiment ce que je voulais. et voilà, et dans la manière de demander je me suis plantée plein de fois dans mes demandes et puis je reçois un truc complètement à l'ouest enfin bref, l'apprentissage de faire quelque chose de nouveau Donc oui, ça a un coût, mais je pense que ça rend le projet encore plus beau, avec plus de valeur, en tout cas pour moi. Je l'ai vraiment porté à 100% ce bébé-là. Après, il y a aussi, et je ne les remercierai jamais assez, j'ai fait une campagne de crowdfunding parce que le gros sujet, c'était combien j'en imprime une fois que c'était fait. Parce que, comme tu le sais probablement, le coût du papier est important. Imprimer 50 exemplaires ou 1 000 ou 5 000, ce n'est pas du tout le même prix. Et puis, je n'allais pas faire payer ma famille un stock de 2 000 livres dans mon salon, des cartons en déco. Donc, j'ai lancé une campagne de crowdfunding par rapport à ça pour savoir si aussi génial... aussi... Ouais...

  • Speaker #3

    Aussi important que ce soit elle.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que des gens vont me suivre ? Est-ce que ça va être juste mes copines ?

  • Speaker #3

    Quand c'est reçu, d'ailleurs, est-ce que tu es étonnée, finalement, du retour et de l'impact ? Tu vois que ça touche d'autres personnes, parce que c'est ça le but aussi. Si ça reste dans un même écosystème de personnes qui sont proches de loin au monde arabe et qui se disent « j'ai envie de porter ces femmes-là » , il faut que ça touche aussi d'autres personnes. Est-ce que tu le ressens ça ? Oui.

  • Speaker #1

    Ça, je le ressens et j'ai été impressionnée et hyper touchée parce que la campagne de crowdfunding, on a atteint les 100% en 48 heures et on a fini à 200%. Donc, il y a vraiment eu un engouement et un soutien de ma communauté du podcast définitivement et d'autres gens qui sont venus se greffer. et puis il y a beaucoup de gens, c'est ce que tu disais, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas de culture arabe et c'est vraiment, ça, ça m'a beaucoup touchée parce que Des fois, peut-être mon message est très axé sur la culture arabe, mais je pense que c'est aussi important pour des personnes qui ne sont pas de cette origine-là, pour leurs enfants, de lire des choses différentes. Parce que nos enfants vont grandir dans un monde pluriel, où leurs petits copains de classe, leurs futurs collègues viennent de tel et tel pays. Et c'est important de savoir un peu de cette histoire-là pour mieux les comprendre, pour mieux connecter. et j'en ai eu énormément et beaucoup. beaucoup de mamans qui me disaient ça ou des filles qui écoutent mon podcast qui me disent, grâce à ton podcast, il y a beaucoup de nuances que je ne voyais pas du tout qui me permettent de lire des situations de manière différente. Et ça, je trouve que pour moi, ça n'a pas de prix. C'est hyper important. Oui,

  • Speaker #3

    c'est sûr. Je voulais revenir aussi sur ton processus d'écriture, justement, pour comment tu t'organises. Est-ce que tu vas chercher des informations historiques ? Après, est-ce que tu apportes ta touche ? Parce que je ne l'ai pas encore dans les mains, ce livre, mais bientôt. Et du coup, pour nous expliquer vraiment comment tu as voulu aborder justement la biographie de ces femmes.

  • Speaker #1

    En fait...

  • Speaker #0

    J'ai commencé par faire une liste déjà. Quand j'ai eu cette idée, je me suis dit, mais je vais les lister pour savoir combien il y en a. Parce que ma démarche, c'est de faire une collection. Est-ce que ça a du sens de faire une collection ? Est-ce que ça sera une collection de cinq livres ? Ou est-ce que ça peut être une collection de 100 livres ? Et puis, la liste était très longue. Clairement, je pourrais faire une collection de 100 livres. Et après, il fallait faire des choix. Il fallait commencer. Je pense que comme tout projet et toute action, à un moment, il faut faire le premier pas. Et il fallait choisir une femme. J'ai choisi une femme tunisienne. Moi, je suis d'origine tunisienne. Il y a une anecdote, l'été où j'ai commencé à écrire, où il y avait une tablée d'enfants, un déjeuner d'été, et en Tunisie le billet de 10 dinars, qui est l'équivalent d'un billet de 10 ou 20 euros, ce qu'on utilise vraiment day to day. Il y a très peu de transactions en carte bancaire, donc on utilise beaucoup le papier physique. Je vais à la tablée d'enfants avec ce billet de 10 dinars où il y a l'image de cette femme, Tawheed Abenshir, première femme médecin du monde arabe, et je le montre aux enfants en leur disant qui est cette femme, les enfants. Et là, il y avait une dizaine d'enfants, ils se regardent tous. Il y en a un, il dit, ah bon, c'est une femme, je pensais que c'était un homme, ok. Mais c'est drôle parce que comme quoi, l'imaginaire, c'est des enfants. Et puis, on associe forcément quelqu'un de connu, entre guillemets, et de 20 billets, forcément, c'est un homme. et puis les autres je sais pas, je sais pas, je sais pas il y en a un à la fin il me dit Marie Curie et c'était rigolo et un peu triste parce que ça montrait aussi que dans l'imaginaire des enfants les héroïnes sont forcément européennes, sont forcément d'Europe et pas de chez eux. Et du coup, je me suis dit, ce sera elle. Rapidement, suite à ça, je me suis dit, ce sera elle. En plus, étant en Tunisie, je me suis dit, je vais essayer de rentrer en contact avec sa famille, d'avoir des anecdotes de l'intérieur. Et j'ai pu rencontrer ces petits-enfants qui ont été une source incroyable d'informations, de petites anecdotes qui sont très peu connues et qui ne sont pas partout, qu'on ne trouve pas dans des recherches classiques. donc ça a été un mixte de témoignages personnels de sa famille avec qui j'ai passé un peu de temps, et de recherches, de documentaires, de lectures. Et après, il faut vulgariser ça aussi et mettre ça à la partie de l'enfant. Exactement. Et encore, cette histoire, il y avait moins de sujets, mais la deuxième, il y a des sujets qui peuvent être un peu sensibles et faire des choix aussi de ne pas forcément tout raconter et de nuancer et de laisser... l'imaginaire et l'enfant découvrir ça.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton public est quand même particulier et l'enfance, effectivement, il faut une autre écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça,

  • Speaker #1

    ça te plaît ? Toi, t'as plu cet exercice ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai adoré. J'ai adoré et puis je me suis rendue compte en y allant, c'est que on touche aussi beaucoup de sujets au-delà de raconter une histoire. Il y a le féminisme qui vient beaucoup dans la première histoire, le rôle de la maman de cette médecin est crucial. sans spoiler l'histoire, mais elle va à l'encontre d'une décision familiale et pousse sa fille à partir faire des études à l'étranger. On est au début du siècle et c'est assez... ça peut être un peu antinomique avec ce qu'on peut imaginer. Une mère dans le début du siècle qui pousse sa fille à partir seule à 16-17 ans. Il y a les notions d'indépendance, il y a la notion de colonialisme, tout ça qui sont en fond parce qu'elle a vécu à cette époque-là et que c'est des choses qui existent. Et je trouve que c'est C'est intéressant de commencer à en parler, de les montrer, de dire que ça a existé, parce que malheureusement, il y a très très peu de choses à portée d'enfants sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et comment s'est reçu en Tunisie, justement, ton travail et justement ce premier livre ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est plutôt très bien reçu. C'est sorti en Europe avant, donc j'ai plus de feedbacks en Europe.

  • Speaker #1

    C'est tout récent.

  • Speaker #0

    Tout récent, mais... Mais il y a énormément de feedback très positif, dans le sens, j'ai cherché ces livres depuis très longtemps, merci de les avoir écrits. Mon fils a des étoiles dans les yeux et se dit, il a reconnu le drapeau de la Tunisie. Il se dit que le prénom ressemble au prénom de sa mamie. Il y a les audios en dialecte et du coup, les enfants réagissent en disant, mais c'est comme quand on va en vacances, ils parlent la même langue que mamie et papi. Et ça, c'est hyper émouvant. J'ai des histoires aussi très touchantes. d'une personne qui a offert ça à un ami qui était un peu en rupture avec son arabité, qui était « je ne veux pas transmettre à mes enfants » . Il avait une histoire personnelle compliquée, comme on peut avoir. Et en voyant ces livres-là, elle lui a offert, donc il les a lus à sa fille. Et du coup, depuis, il essaie de lui apprendre quelques mots en arabe. Et il lui a écrit un message qu'elle m'a partagé, qui m'a énormément... touché en lui disant, grâce à ces livres, je me réconcilie tout doucement avec mon arabité et j'ai envie de le transmettre à mes enfants. Et ça... Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour toi aussi, ça a vraiment l'action égale impact.

  • Speaker #0

    Je le ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Tu peux vraiment le palper et ça c'est quand même aussi satisfaisant parce que on a parlé de toutes les portes qui se sont fermées, etc. L'énergie que tu as déployée, il y a aussi cette reconnaissance et le véritable élan et l'intérêt, il est là. Et voilà. Donc bravo pour tout ça aussi. J'ai quelques questions avant de te tirer la signature. Pour toi, agir, ça veut dire quoi ? Est-ce que tu peux me donner ta vision de l'action ?

  • Speaker #0

    Pour moi, agir, c'est rendre réelle une intention, c'est avancer malgré la peur, c'est très personnel, c'est se dire qu'une action peut être modeste, une action n'a pas besoin d'être grande. Et je trouve que quand on parle d'action, on peut avoir ce côté un peu culpabilisant. « Waouh, elle a fait tout ça ! » Et je pense qu'on fait avec ce qu'on a à disposition, ce qu'on nous a transmis, où on en est dans notre vie. Et il ne faut pas se culpabiliser à regarder certains parcours en se disant « Oui, mais moi, je ne fais rien. » Je pense que l'action, elle peut être minime et c'est OK. Et c'est toutes ces infimes choses qu'on fait qui font l'action.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? qu'on n'a pas abordé, mais qui te touchent et où tu trouves que l'action manque dans ce domaine-là ?

  • Speaker #0

    Qu'on a abordé un peu, mais l'éducation émotionnelle pour les enfants, je pense que ça peut te parler un peu. Je pense qu'on parle beaucoup de réussite, qu'on parle beaucoup d'ambition et c'est bien. On ne parle pas d'empathie, on ne parle pas de représentation, on ne parle pas de ces choses qui... Je trouve que cette société en parle comme des choses un peu soft et qu'on est dans le hard et il faut de l'ambition et ils font du dur et de la réussite. Merci. Et je trouve que c'est hyper important. Et c'est pour ça que, pour faire le lien avec ta question de tout à l'heure, ça me touche d'autant plus que des personnes de culture non arabe s'intéressent à mes livres. Parce que c'est vraiment planter cette graine de l'empathie dans leurs enfants et avoir ce désir de faire société et de se connaître et d'aller au-delà des clichés et de ce qu'on dit.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu une femme, toi, qui a envie de nous partager dans ta vie, qui est un symbole d'action ? ou encore actuellement qu'une femme, elles agissent. Ce serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Ce serait qui ? Je pense que ce ne sera pas une femme connue. Je pense que ce serait ma grand-mère. Ma grand-mère était très active en Tunisie. C'était une féministe avant-gardiste qui a beaucoup agi pour les droits des femmes au début du siècle. Et je pense qu'elle a ça de son grand-père et c'est drôle parce que je découvre l'histoire de mon arrière-grand-père là. Il était journaliste, militant, anticolonial. Il avait monté un journal qui a été brûlé par les Français à l'époque parce qu'il donnait la parole à des résistants qui voulaient l'indépendance de la Tunisie. Il en est mort, quasiment mort de faim parce qu'on lui a tout enlevé. et ma grand-mère a eu je pense ce relais là de défendre les droits des femmes de pousser les femmes dans les campagnes à voter à expliquer l'importance du vote, de l'IVG de tout ça et je pense que J'étais très petite, je ne comprenais pas tout, mais je pense qu'il s'est passé quelque chose en termes de transmission pour rester sur ce thème-là.

  • Speaker #1

    Peut-être un prochain livre sur elle ?

  • Speaker #0

    Qui sait ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Moshra, pour cet échange et pour ton travail et pour tout ce que tu fais et transmets. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir reçu et pour ce temps long pour raconter mon histoire et l'histoire de mon projet.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    À très bientôt.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

Description

Dans cet épisode, je reçois Bochra Fourti, podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA, consacrée aux femmes arabes et amazighes qui ont marqué l’histoire.


Née en Tunisie et aujourd’hui installée en Europe, Bochra explore la notion de transmission, l’importance des nuances dans l’arabité, et le besoin vital d’offrir aux enfants des modèles qui leur ressemblent.


Elle raconte la genèse de son podcast, la place de la peur dans l’action, son combat contre l’effacement culturel, et son passage audacieux à l’auto-édition après plusieurs refus d’éditeurs.


Un échange sur l’identité, les récits, et la force d’agir malgré tout.


Le site de Bochra : https://www.heyastories.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Je suis Emilie Berthet Conférencière, productrice de podcasts, sophrologue et auteure, j’accompagne les organisations et les particuliers vers une meilleure compréhension de notre époque et à construire une société attentive aux enjeux humains. Femme Forbes 2025 et TEDx speaker.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt.

  • Speaker #1

    J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #2

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de mots pour agir. C'est une action.

  • Speaker #2

    Bonjour Rochelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent. Je suis ravie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie aussi. Merci infiniment d'avoir pensé à moi et à ton invitation.

  • Speaker #3

    Et deux podcasteuses qui se rencontrent, ça fait une heure de plat avant d'enregistrer.

  • Speaker #1

    Exactement, on a fait trois épisodes et là, c'est le quatrième.

  • Speaker #3

    Alors, un jour, je suis tombée sur l'un de tes posts, le projet dont on va parler pas mal dans cet épisode où tu présentais ton projet de livre. Et je me suis tout de suite dit qu'évidemment, j'allais t'interviewer. C'était une évidence. Une femme qui s'investit autant pour les femmes et autant pour des femmes qui sont tellement invisibilisées que c'était une évidence de te mettre à l'honneur et de t'écouter, surtout. Tu es née et tu as grandi en Tunisie. Tu es arrivée en France vers 17 ans. Et au fur et à mesure de ta vie, la notion de transmission a pris une place de plus en plus centrale aussi, notamment autour de cette notion de... de visibilité et communication autour d'une identité arabe, qui est souvent présentée comme un bloc homogène, sans subtilité, sans nuance. Justement, cette notion de nuance aussi, qui est essentielle dans ton travail, où tu apportes vraiment l'envie d'importer ou de proposer des figures d'inspiration diverses, féminines et nuancées. Ça, c'est très important. Tu mêles aussi en parallèle plein de carrières. une carrière une carrière J'imagine exigeante aussi chez EY parce que tu as une belle carrière chez eux, une carrière exigeante de maman, une carrière aussi de podcasteuse, d'autrice. Et tu as fait le choix d'agir, de consacrer une année entière là, à l'instant où on se parle, à la sortie et à la promotion de ton livre qui met en avant les femmes inspirantes, donc arabes et berbères, pour offrir de l'inspiration plus juste. plus vraie à tous et à toutes. Si on revient d'ailleurs à l'origine de ce projet, et ce sera là ma première question, à quel moment tu as senti que tes engagements personnels ou que cette prise de conscience personnelle allait devenir un projet à plus grande échelle, voire même un projet public, voire politique ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Je ne sais pas s'il y avait... Si j'en ai eu conscience, je ne sais pas s'il y a quelque chose qui s'est vraiment passé dans le conscient, peut-être pour retracer les débuts. En fait, j'ai commencé par lancer le podcast qui s'appelle Heya, qui met en lumière des femmes de culture arabe et amazigh, quelles qu'elles soient. Et le but, c'est vraiment de leur donner un espace pour partager leurs histoires, leurs réussites, leurs échecs, leurs challenges, leurs doutes. Toutes ces choses qui font qu'on a tout en tant que femme. Et c'est vraiment parti d'un constat personnel. Pendant Covid, je pense comme pour beaucoup de gens, j'ai eu énormément de questionnements. De choses que j'avais mis sous le tapis toutes ces années et qui là ressurgissaient. À ce moment-là, je n'avais que ma fille qui avait 3-4 ans. Et la notion d'identité, de transmission est devenue un sujet très important. Alors que j'avais l'impression que ce n'était pas un sujet pour moi jusque-là. Je pense qu'il était clairement là, mais que je le laissais dormir ou je le repoussais. Et moi, comme tu l'as dit, je suis née en Tunisie, j'ai grandi en Tunisie, donc le sujet de l'identité en tant qu'enfant et ado était un non-sujet. J'étais dans un pays où la masse me ressemblait, où la langue que les gens parlaient était la mienne, la culture était mienne, donc il n'y avait aucune question d'identité. Ma fille, elle par contre, mon mari est franco-suisse, elle est née à Londres, je suis d'origine tunisienne et je me suis dit, elle a un beau melting pot, moi je crois vraiment que c'est une richesse. Et en regardant les infos, en regardant tout ce qui était diffusé dans les médias mainstream, clairement l'image de l'arabité n'était pas positive. Et je me suis dit, si elle s'arrête à ça... Comme pour beaucoup d'enfants, quand elle sera ado, on va vers la simplicité, on n'a pas forcément envie de se prendre la tête. Tout ce que nos parents nous racontent, c'est un peu saoulant et on n'a pas envie d'y aller. Je me suis dit, si elle s'arrête à ça, mince, elle va tirer une conclusion qui est complètement fausse. Moi, ce que je connais de l'arabité, ce que j'ai vécu en tant qu'enfant et ado, est beaucoup plus positif que ce que je vois aujourd'hui en Europe. En plus, j'étais à Londres à ce moment-là, c'est ce que je disais. Et, ayant déménagé de France en Angleterre, j'avais eu aussi un peu une claque en voyant comment Londres traitait la diversité d'une manière très positive, où c'était très valorisé. Du coup, je me suis dit, mince, Londres-Paris, ce n'est pas si loin.

  • Speaker #3

    Et pourtant différent.

  • Speaker #1

    Très différent. Et je me suis dit, on le valorise, on voit la diversité comme une richesse et j'ai vraiment envie que ma fille le voit de cette manière-là. Donc voilà, long story short, en gros, en partant de ça, je me suis dit... J'écoutais beaucoup de podcasts dans mes balades où j'allais prendre un bol d'air frais et que je ne pouvais plus voir mon mari et mes enfants et que j'avais besoin de me reconnecter à moi-même. J'écoutais beaucoup de podcasts de femmes et je me suis dit, je cherchais. par nom des femmes d'origine arabe et sur des séries de 100 épisodes il y en avait une, deux et je me suis dit ça confirme un peu ce postulat de départ et un soir j'ai cette idée un peu folle que je balance à mon mari, je vais créer un podcast que je laisserai pour ma fille, vraiment c'était l'intention en me disant ça va être un truc bricolé dans ma cuisine, je ferai deux trois épisodes et puis quand elle sera en âge de les écouter, elle les écoutera et voilà comment tout est parti De revenir quatre ans plus tard

  • Speaker #3

    T'as beaucoup plus d'épisodes. Par exemple, quelle était la première femme ? Ça peut être intéressant. Comment ça a évolué aussi peut-être sur ton approche autour de cet outil qui peut être puissant, le podcast, pour transmettre des informations, leur donner la parole. C'est un vrai lieu d'écoute et de transmission.

  • Speaker #1

    absolument en fait la première tout est parti je te disais je dis à mon mari je vais lancer un podcast il me regarde un peu avec des grands yeux pas journaliste, réaction un peu normale, parce que j'ai eu beaucoup d'autres tentatives de projets qui n'avaient rien à voir, et il se disait encore un autre projet, et là on en discute, il va se coucher, et moi cette idée elle était là, et je me disais il faut que je le fasse, il faut que je le fasse, et j'écris à dix femmes, les premières auxquelles j'ai pensé en ayant cette idée de podcast, et en gros mon deal avec moi-même c'était sur ces 10 femmes, si j'en ai 5-6 qui me répondent positivement, je le fais et si on ne me répond pas ou si c'est non c'est un signe du destin ça on en restera là mais j'avais besoin de tester à quelque chose et j'ai du mal à rester avec une idée, j'avais besoin de la tester et donc j'envoie mon message je vais me coucher et le lendemain matin il y en avait 6 ou 7 qui m'avaient répondu dans la nuit en me disant trop bien moi aussi je trouve qu'il n'y en a pas quand tu veux on enregistre et donc la première c'est une journaliste qui travaille sur BFM que je connaissais d'une vie antérieure et je lui dis ça et elle me rappelle le lendemain en me disant écoute mercredi prochain ... je suis en vacances à 15h ou 16h tu me dis le créneau et on se connaissait d'une ancienne vie mais on n'était pas très très proche et j'osais pas trop me dégonfler en disant je suis pas prête, je suis encore dans ma cuisine c'était juste une idée et je dis ok 15h très bien et je raccroche et je dis à mon fils tu m'étais complètement folle avec quoi tu vas enregistrer, avec quoi tu vas monter quelles questions tu vas lui poser donc j'ai passé la semaine à bachoter comme une folle, tuto montage quelles questions poser tout le... tout ça, donc en une semaine et j'ai sauté et c'est la meilleure chose qui soit arrivée parce que je pense que sans ça je pense que je l'aurais quand même fait mais ça aurait pris beaucoup plus de temps et la peur se serait multipliée et aurait pris plus de place et

  • Speaker #3

    ça c'est intéressant ce que tu dis justement parfois entre agir et la peur, cette notion de non en fait je recule j'y vais pas etc t'as lancé quand même la première Pierre en le proposant à ses femmes et bon, vite, ça a répondu et donc là, tu t'es lancée. Et là, maintenant, avec les discours que tu entends, est-ce qu'il y a quelque chose, vraiment une urgence sur lesquelles il faut vraiment accentuer, par exemple, on les entend vraiment pas assez ou il y a une notion de qu'est-ce que tu retiens de toutes ces interviews-là que tu viens d'effectuer ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on les entend pas assez, je pense que quand on les entend, on... On est sur un temps très court et puis il y a un montage, il y a des choses qui sont faites. On fait ressortir le message qu'on a envie d'associer avec ces femmes-là. Je pense qu'on les raconte beaucoup. Je pense qu'on parle beaucoup en leur nom. Et ça, c'est vraiment l'une de... Mon principal objectif, c'est raconter leurs histoires elles-mêmes. Je trouve que quand il n'y a pas beaucoup d'histoires et qu'en plus elles sont racontées par d'autres, on perd. On perd beaucoup de choses, on perd beaucoup de choses, on s'accapare quelque chose et c'est vraiment ça, c'est juste leur donner cet espace qui malheureusement n'existe que très peu en proportion.

  • Speaker #3

    Et justement, pour donner de l'espace et leur donner de la visibilité, tu ne t'arrêtes pas au podcast. Tu as aussi créé ton premier livre qui vient de sortir, une collection dédiée aux enfants, en tout cas pour proposer des visages qu'on n'entend pas, de figures inspirantes que je n'ai pas vues. Est-ce que tu peux nous raconter aussi comment est venue cette idée ?

  • Speaker #1

    Absolument. Et en fait, c'est vraiment dans la continuité. Donc, je lance ce podcast un peu pour ma fille et rapidement... Il y a de l'intérêt. Il y a beaucoup de filles qui m'écrivent en me disant « j'adore, j'aurais adoré écouter ce podcast il y a quelques années, où ça m'aide, etc. » Donc, j'ai continué le podcast, mais rapidement, je me reconnectais avec la genèse de ce projet qui était cette envie personnelle de transmettre à ma fille. Je me disais « ouais, ma fille, elle a 6 ans, le podcast, c'est génial, mais le contenu n'est pas du tout pour elle et elle ne l'écoutera que dans 5, 10, 15 ans. » Et il y avait une urgence. de l'aider parce que j'avais vraiment conscience que les histoires que je lui raconte à cet âge-là, que je lui racontais à 4-5 ans, c'est les petites graines que je plantais dans sa tête. Et j'ai cherché des livres qui représentaient des héroïnes arabes, amazighes, qui lui ressemblent, un peu plus bronzées. Et malheureusement, il y avait vraiment un désert. Il n'y avait rien du tout. Je ne trouvais rien. Et je me suis dit, tout ce projet est parti pour... ma fille et j'ai besoin de créer cet objet que je recherche, que je ne trouve pas et je me suis dit, bon bah go. Et à ce moment-là, il y a eu un timing, une synchronicité. Moi, j'aime bien lire les signes. Il y avait une maison d'édition qui m'avait contactée pour mettre mon podcast en livre. Tu sais, ça se fait beaucoup.

  • Speaker #3

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et j'étais enceinte de mon deuxième enfant et je leur ai dit merci et c'est trop cool. peut-être pas tout de suite, j'ai cette idée de livre, est-ce que ça vous dit de faire de la jeunesse ? Ils ont dit, on ne fait pas de la jeunesse, mais regardons le pitch. Et ils m'ont dit, ok, donc j'avais commencé vraiment avec une maison d'édition et malheureusement, je te la fais rapide, mais malheureusement, au bout de six mois, on a commencé à travailler ensemble, donc j'ai commencé l'action avec eux et ils ont fermé parce que c'était une petite maison d'édition et que c'est un milieu un peu compliqué et c'est comme ça que je me suis retrouvée toute seule et que j'ai pris les autres décisions dont on va probablement parler.

  • Speaker #3

    Et donc pour choisir, Euh... La première femme, et aussi les femmes que tu voulais mettre en avant, c'est d'autres figures que tu mets en avant dans le livre.

  • Speaker #1

    Absolument, c'est des femmes historiques qui ont marqué, pardon, c'est des femmes arabes et amazighes qui ont marqué l'histoire, qui ont fait la première est médecin, la première c'est Tawheed Abunchir, c'est la première femme médecin du monde arabe, mais la prochaine c'est une chanteuse populaire, et l'idée c'est vraiment de naviguer aussi dans cette notion de réussite. C'est clairement réussite dans notre image. Peut-être notre génération et ce que nos parents nous ont inculqué, c'est être médecin, avocat ou je ne sais quoi. Et c'est vraiment montrer qu'on peut être chanteuse populaire, qu'on peut être danseuse, qu'on peut être plein de choses. Donc, c'est vraiment cette idée-là. C'est montrer des héroïnes diverses dans leurs projets, dans ce qu'elles ont fait, mais d'origine arabe et amazigh.

  • Speaker #3

    Oui, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'effectivement, tu aurais pu rentrer dans l'extra-héroïne, c'est-à-dire des femmes vraiment emblématiques qui donnent un statut alors qu'effectivement, il faut les entendre et il faut écouter leur parcours, mais que l'inspiration, toi, tu l'as eu aussi au quotidien et en fait, des femmes qui ont un parcours quand même qui est impressionnant, mais qui ne sont pas forcément des figures où on se dit c'est une et pas d'autre. C'est vraiment pour aussi généraliser cette inspiration.

  • Speaker #1

    ça c'est quelque chose qui est assez important et il y a aussi dans mon podcast une des questions signatures qui est quelle est ta définition de la réussite parce que je pense que je suis aussi dans ça à mon âge de redéfinir ma réussite, qu'est-ce qu'elle était et qu'est-ce qu'elle devient et est-ce que c'est forcément un salaire à je ne sais combien de chiffres est-ce que c'est faire ce qui est aligné avec mes valeurs et j'aimais bien tirer ce fil là et le continuer aussi dans cette collection de livres jeunesse

  • Speaker #3

    Et donc pour reprendre ce que tu disais, effectivement, cette première maison d'édition, elle finalement ne peut pas te suivre parce qu'elle met la clé sous la porte. Qu'est-ce que tu décides de faire et quelles sont les difficultés que tu rencontreras après ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, c'était un peu une claque parce que moi je pensais que ce projet était parti, que j'avais une maison d'édition, mes textes étaient écrits, on les a rediscutés. Tout était... Tu voulais vivre. Exactement. Je voyais le bout et puis ma partie du boulot était quasi finie. Je me voyais me retirer pour les laisser faire leur partie du job. Donc, ils m'annoncent ça. Et là, j'ai eu 24-48 heures où j'étais un peu perdue. C'était qu'est-ce que je fais ? Et j'avais en gros deux, trois options. C'était soit j'arrête, soit je le fais toute seule, soit je cherche une autre maison d'édition. Et bizarrement, arrêter, c'était une autre option. Rapidement, c'était l'option qui n'était pas une option parce que j'étais trop impliquée. Oui,

  • Speaker #3

    c'était... Ça t'a traversé l'esprit, mais voilà,

  • Speaker #1

    même pas. Voilà, j'ai tout de suite su que celle-là n'était pas... Il fallait que ces livres sortent. J'étais trop avancée, c'était trop important. Et l'auto-édition, c'était presque une non-option aussi. C'était, oh my God, qu'est-ce que je vais faire ? Par où je commence ? Je ne connais pas du tout cette industrie-là. Jamais je ne me lancerai dans ça. Donc, l'option la plus logique, et j'essayais un peu de m'auto-motiver en me disant, la maison d'édition a aimé ton pitch, celle-là. Forcément, il y en aura d'autres.

  • Speaker #3

    Oui, ça va être facile, presque. Exactement.

  • Speaker #1

    Et puis même si ce n'est pas facile, il y en aura une. Je suis OK de me battre et de chercher. Donc je suis partie avec mon petit bâton de pèlerin à la chasse à la maison d'édition, ce qui a duré assez longtemps, quasiment un an. Et ça a commencé doucement. Et puis on te présente des gens et tu rencontres et LinkedIn et je ne sais quoi. Et plein de petits signes positifs où il y avait beaucoup de gens hyper sympas qui me disaient nous, on ne fait pas du tout ça. Mais par contre, je vais te présenter un tel. Et c'était des petits signes que je voulais lire comme positifs, comme quoi mon projet avait du sens, que la qualité de ce qui était écrit, des illustrations et du projet plaisaient. Donc voilà, je te la fais court d'une maison à l'autre, oui, celle-là, etc. Et puis j'ai réussi à avoir des rendez-vous avec des maisons un peu plus importantes. et malheureusement les deux dernières, la première... Enfin, elles étaient toutes les deux très positives par rapport au projet. Il leur plaisait, ils trouvaient ça innovant, intéressant, bien écrit, etc. Mais la première m'a demandé de faire un petit changement qui était d'enlever le mot arabe. Donc c'est femme arabe et de le changer, femme arabe et amazigh, de le remplacer par méditerranéenne. Et ce qui n'était pas du tout l'essence du projet. Il y a beaucoup de femmes inspirantes en Méditerranée et ça peut être intéressant d'aller en Italie, en Espagne, etc. Mais ce n'était pas du tout l'ADN du projet. Et du coup, rapidement, j'ai dit non. L'ADN du projet, c'est vraiment ça. Et en gros, le feedback de manière un peu soft, c'est oui, non. Vous savez, en ce moment, ce terme-là, on préfère rester un peu plus général. Donc, un peu une claque. Et je me suis dit, c'est pas grave, ils ont accroché, on s'entend pas sur ça, c'est qu'on n'a pas les mêmes valeurs, c'est peut-être un mal pour un bien, je continue. Et là, assez rapidement, une autre maison d'édition, pareil, qui est reconnue sur la place, plein de compliments, premier meeting qui se passe hyper bien. et deuxième réunion on me dit on va vous proposer un contrat très bientôt et là des étreuves dans les yeux ça y est, job done, je vais me reposer par contre contre, mes livres sont bilingues, je ne sais pas si je l'ai mentionné.

  • Speaker #3

    Non, tu ne l'avais pas mentionné, mais oui. Parce que c'est un élément important, effectivement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, ils sont et en français et en arabe, et il y a une version audio en français et dans les dialectes. Donc, tunisien, marocain, algérien et palestinien. Et ils me disent, à ce moment-là, il n'y avait pas encore les audios, je pense, et du coup, ils me disent, pour la version écrite, on adore le bilinguisme, clairement, on est... Dans une ère où les enfants parlent plusieurs langues, etc. Je suis trop contente. Ils me disent, mais par contre, Madame l'arabe, ça ne va pas être possible. On va le remplacer par de l'anglais. Nous, vous nous connaissez, on est très connus. On a nos entrées outre-Atlantique, aux Etats-Unis, au Canada, je sais pas où. Donc, on va remplacer l'arabe par de l'anglais. Je dis là, ben non, ce n'est pas du tout le but. C'est important qu'il y ait l'arabe. Ça fait partie du projet, de l'écosystème et de ce que j'essaie de transmettre. Et en gros, on m'a dit, bon ben non, madame, en ce moment, l'arabe, c'est compliqué. C'est soit on remplace par de l'anglais et on vous suit et on pense vraiment que ça peut marcher. Et sinon, merci, au revoir. Et je dis, ben merci, au revoir.

  • Speaker #3

    Et là, c'est quand même clac.

  • Speaker #1

    Là, c'était dur. Honnêtement, là, c'était dur. Autant la première était dure, là, c'était double clac. Et il m'a fallu 24 heures de digestion de ces conversations-là. Et ensuite, ça a été un moteur. Ensuite, je me suis dit, en fait, ces retours-là, c'est une raison de plus ou deux raisons de plus pour lesquelles ces livres doivent sortir rapidement et sans concession. Exactement comme je les ai imaginés, avec... le bilinguisme français-arabe et avec Femmes Arabes et Amazigh, c'est non négociable. Et cette volonté d'effacer, de cacher, de lisser, c'est tout ce que j'essaye de combattre à la base avec le podcast et avec le projet dans sa globalité. Donc, j'y vais. Je pense que je ne savais pas ce que je disais à ce moment-là,

  • Speaker #3

    mais j'ai dit j'y vais. Ils t'ont motivée presque à y aller vraiment. De ce que tu disais au début, c'était encore un peu flou. Est-ce que j'y vais ? Bon, une maison d'édition, très bien, je vais me laisser porter. Et finalement, oui, ça a été le porteur, effectivement, de l'urgence du sujet et aussi les contraintes, la véritable difficulté qu'il y a encore dans notre société actuellement.

  • Speaker #1

    Absolument. Et tu as utilisé un terme qui est très juste, c'est l'urgence. Je pense que j'ai eu 24 heures un peu où je n'étais pas bien. Et le deuxième jour, j'étais là, c'est fini. Je ne discute plus avec aucune maison d'édition. J'y vais, j'ai financé l'illustratrice, je lui ai donné le go, on a finalisé les dessins, j'étais rapidement en contact avec des imprimeurs. Je me suis mis en mode commando, quelles sont les étapes, je vais me casser la gueule, je vais me tromper, mais il y en a certains, il y a certains éléments qui sont évidents. Je vais commencer par ceux-là et le reste viendra. Et ça, c'était juste avant l'été, j'ai passé l'été dessus et ils sont sortis là en octobre.

  • Speaker #3

    Oui, donc cette année. et c'est fou cette transformation de détermination qui est venue en toi déterminer la faire et à transmettre et à parler de ce projet et tu laisses aussi une place à ta fille dans un de tes épisodes qui disait avec grande fierté mais c'est ma maman qui est l'auteur tu vois c'était incroyable cette phrase parce que elle se dit waouh qu'est-ce qu'elle fait là tu t'en rends compte aussi de ce que tu fais de tout ce que tu mets en place Merci.

  • Speaker #1

    Honnêtement, pas vraiment. Je pense que je suis beaucoup dans l'action. Mais cet épisode-là, il est précieux pour moi. Et c'était hyper touchant, comme tu peux l'imaginer, d'entendre son enfant. C'était un moment, en plus, dont je me rappellerai tout le temps, tu sais, d'avoir ta fille de l'autre côté du micro. Et je pense que j'ai beaucoup travaillé. J'étais moins présente, parfois, pour ce projet-là. Donc c'était aussi important de voir... qu'elle en était aussi fière parce qu'elle en subit, entre guillemets, parfois les conséquences de certains déplacements, de travailler très tard, etc.

  • Speaker #3

    Là, tu commences à aussi faire la communication, à gagner en visibilité. Est-ce que ces maisons d'édition sont venues vers toi ou pas ? Non. Elles reviendront peut-être à un moment. Peut-être,

  • Speaker #1

    mais l'une d'elles me disait si vous y allez seule, madame, vous allez vous casser les dents, vous ne vous rendez pas compte dans quoi vous allez, donc je ne suis pas sûre que ce soit. C'est vrai.

  • Speaker #3

    Mais de quoi je me mêle, en fait,

  • Speaker #1

    aussi.

  • Speaker #3

    Pardon, mais c'est fou. En plus de rajouter ça, ouais. Effectivement, par contre, c'est un vrai sujet qu'on peut aussi aborder. J'imagine les frais que ça implique, cet engagement. Voilà aussi la charge mentale de l'engagement en lui-même, tu vois, d'être engagée, d'être une femme engagée en termes justement d'équilibre de ta vie. perso, etc. Est-ce que ça, tu peux nous en parler aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. C'est vrai que c'est une grosse charge et c'est à cause de cette charge que j'ai pris des décisions aussi, comme tu le... présenté dans l'intro. À la base, je travaille chez EY dans un des Big Four, je suis directrice. Et quand j'ai décidé de passer à l'action, j'ai réalisé rapidement la quantité de travail que ce serait. Et j'ai pris cette décision de faire un break de quelques mois pour me concentrer sur ça. Donc, il y a un coût dans tout, financier, de temps. Et puis le coup de l'apprentissage, j'apprends, c'est un métier que je ne maîtrise pas, donc j'ai pas mon réseau, j'ai pas mon imprimeur, j'ai pas mon graphiste, enfin tout ça c'est des choses qui prennent du temps parce que, comme tu peux l'imaginer, tu rentres en contact avec plusieurs et puis ça va pas, et puis c'est pas vraiment ce que je voulais. et voilà, et dans la manière de demander je me suis plantée plein de fois dans mes demandes et puis je reçois un truc complètement à l'ouest enfin bref, l'apprentissage de faire quelque chose de nouveau Donc oui, ça a un coût, mais je pense que ça rend le projet encore plus beau, avec plus de valeur, en tout cas pour moi. Je l'ai vraiment porté à 100% ce bébé-là. Après, il y a aussi, et je ne les remercierai jamais assez, j'ai fait une campagne de crowdfunding parce que le gros sujet, c'était combien j'en imprime une fois que c'était fait. Parce que, comme tu le sais probablement, le coût du papier est important. Imprimer 50 exemplaires ou 1 000 ou 5 000, ce n'est pas du tout le même prix. Et puis, je n'allais pas faire payer ma famille un stock de 2 000 livres dans mon salon, des cartons en déco. Donc, j'ai lancé une campagne de crowdfunding par rapport à ça pour savoir si aussi génial... aussi... Ouais...

  • Speaker #3

    Aussi important que ce soit elle.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que des gens vont me suivre ? Est-ce que ça va être juste mes copines ?

  • Speaker #3

    Quand c'est reçu, d'ailleurs, est-ce que tu es étonnée, finalement, du retour et de l'impact ? Tu vois que ça touche d'autres personnes, parce que c'est ça le but aussi. Si ça reste dans un même écosystème de personnes qui sont proches de loin au monde arabe et qui se disent « j'ai envie de porter ces femmes-là » , il faut que ça touche aussi d'autres personnes. Est-ce que tu le ressens ça ? Oui.

  • Speaker #1

    Ça, je le ressens et j'ai été impressionnée et hyper touchée parce que la campagne de crowdfunding, on a atteint les 100% en 48 heures et on a fini à 200%. Donc, il y a vraiment eu un engouement et un soutien de ma communauté du podcast définitivement et d'autres gens qui sont venus se greffer. et puis il y a beaucoup de gens, c'est ce que tu disais, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas de culture arabe et c'est vraiment, ça, ça m'a beaucoup touchée parce que Des fois, peut-être mon message est très axé sur la culture arabe, mais je pense que c'est aussi important pour des personnes qui ne sont pas de cette origine-là, pour leurs enfants, de lire des choses différentes. Parce que nos enfants vont grandir dans un monde pluriel, où leurs petits copains de classe, leurs futurs collègues viennent de tel et tel pays. Et c'est important de savoir un peu de cette histoire-là pour mieux les comprendre, pour mieux connecter. et j'en ai eu énormément et beaucoup. beaucoup de mamans qui me disaient ça ou des filles qui écoutent mon podcast qui me disent, grâce à ton podcast, il y a beaucoup de nuances que je ne voyais pas du tout qui me permettent de lire des situations de manière différente. Et ça, je trouve que pour moi, ça n'a pas de prix. C'est hyper important. Oui,

  • Speaker #3

    c'est sûr. Je voulais revenir aussi sur ton processus d'écriture, justement, pour comment tu t'organises. Est-ce que tu vas chercher des informations historiques ? Après, est-ce que tu apportes ta touche ? Parce que je ne l'ai pas encore dans les mains, ce livre, mais bientôt. Et du coup, pour nous expliquer vraiment comment tu as voulu aborder justement la biographie de ces femmes.

  • Speaker #1

    En fait...

  • Speaker #0

    J'ai commencé par faire une liste déjà. Quand j'ai eu cette idée, je me suis dit, mais je vais les lister pour savoir combien il y en a. Parce que ma démarche, c'est de faire une collection. Est-ce que ça a du sens de faire une collection ? Est-ce que ça sera une collection de cinq livres ? Ou est-ce que ça peut être une collection de 100 livres ? Et puis, la liste était très longue. Clairement, je pourrais faire une collection de 100 livres. Et après, il fallait faire des choix. Il fallait commencer. Je pense que comme tout projet et toute action, à un moment, il faut faire le premier pas. Et il fallait choisir une femme. J'ai choisi une femme tunisienne. Moi, je suis d'origine tunisienne. Il y a une anecdote, l'été où j'ai commencé à écrire, où il y avait une tablée d'enfants, un déjeuner d'été, et en Tunisie le billet de 10 dinars, qui est l'équivalent d'un billet de 10 ou 20 euros, ce qu'on utilise vraiment day to day. Il y a très peu de transactions en carte bancaire, donc on utilise beaucoup le papier physique. Je vais à la tablée d'enfants avec ce billet de 10 dinars où il y a l'image de cette femme, Tawheed Abenshir, première femme médecin du monde arabe, et je le montre aux enfants en leur disant qui est cette femme, les enfants. Et là, il y avait une dizaine d'enfants, ils se regardent tous. Il y en a un, il dit, ah bon, c'est une femme, je pensais que c'était un homme, ok. Mais c'est drôle parce que comme quoi, l'imaginaire, c'est des enfants. Et puis, on associe forcément quelqu'un de connu, entre guillemets, et de 20 billets, forcément, c'est un homme. et puis les autres je sais pas, je sais pas, je sais pas il y en a un à la fin il me dit Marie Curie et c'était rigolo et un peu triste parce que ça montrait aussi que dans l'imaginaire des enfants les héroïnes sont forcément européennes, sont forcément d'Europe et pas de chez eux. Et du coup, je me suis dit, ce sera elle. Rapidement, suite à ça, je me suis dit, ce sera elle. En plus, étant en Tunisie, je me suis dit, je vais essayer de rentrer en contact avec sa famille, d'avoir des anecdotes de l'intérieur. Et j'ai pu rencontrer ces petits-enfants qui ont été une source incroyable d'informations, de petites anecdotes qui sont très peu connues et qui ne sont pas partout, qu'on ne trouve pas dans des recherches classiques. donc ça a été un mixte de témoignages personnels de sa famille avec qui j'ai passé un peu de temps, et de recherches, de documentaires, de lectures. Et après, il faut vulgariser ça aussi et mettre ça à la partie de l'enfant. Exactement. Et encore, cette histoire, il y avait moins de sujets, mais la deuxième, il y a des sujets qui peuvent être un peu sensibles et faire des choix aussi de ne pas forcément tout raconter et de nuancer et de laisser... l'imaginaire et l'enfant découvrir ça.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton public est quand même particulier et l'enfance, effectivement, il faut une autre écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça,

  • Speaker #1

    ça te plaît ? Toi, t'as plu cet exercice ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai adoré. J'ai adoré et puis je me suis rendue compte en y allant, c'est que on touche aussi beaucoup de sujets au-delà de raconter une histoire. Il y a le féminisme qui vient beaucoup dans la première histoire, le rôle de la maman de cette médecin est crucial. sans spoiler l'histoire, mais elle va à l'encontre d'une décision familiale et pousse sa fille à partir faire des études à l'étranger. On est au début du siècle et c'est assez... ça peut être un peu antinomique avec ce qu'on peut imaginer. Une mère dans le début du siècle qui pousse sa fille à partir seule à 16-17 ans. Il y a les notions d'indépendance, il y a la notion de colonialisme, tout ça qui sont en fond parce qu'elle a vécu à cette époque-là et que c'est des choses qui existent. Et je trouve que c'est C'est intéressant de commencer à en parler, de les montrer, de dire que ça a existé, parce que malheureusement, il y a très très peu de choses à portée d'enfants sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et comment s'est reçu en Tunisie, justement, ton travail et justement ce premier livre ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est plutôt très bien reçu. C'est sorti en Europe avant, donc j'ai plus de feedbacks en Europe.

  • Speaker #1

    C'est tout récent.

  • Speaker #0

    Tout récent, mais... Mais il y a énormément de feedback très positif, dans le sens, j'ai cherché ces livres depuis très longtemps, merci de les avoir écrits. Mon fils a des étoiles dans les yeux et se dit, il a reconnu le drapeau de la Tunisie. Il se dit que le prénom ressemble au prénom de sa mamie. Il y a les audios en dialecte et du coup, les enfants réagissent en disant, mais c'est comme quand on va en vacances, ils parlent la même langue que mamie et papi. Et ça, c'est hyper émouvant. J'ai des histoires aussi très touchantes. d'une personne qui a offert ça à un ami qui était un peu en rupture avec son arabité, qui était « je ne veux pas transmettre à mes enfants » . Il avait une histoire personnelle compliquée, comme on peut avoir. Et en voyant ces livres-là, elle lui a offert, donc il les a lus à sa fille. Et du coup, depuis, il essaie de lui apprendre quelques mots en arabe. Et il lui a écrit un message qu'elle m'a partagé, qui m'a énormément... touché en lui disant, grâce à ces livres, je me réconcilie tout doucement avec mon arabité et j'ai envie de le transmettre à mes enfants. Et ça... Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour toi aussi, ça a vraiment l'action égale impact.

  • Speaker #0

    Je le ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Tu peux vraiment le palper et ça c'est quand même aussi satisfaisant parce que on a parlé de toutes les portes qui se sont fermées, etc. L'énergie que tu as déployée, il y a aussi cette reconnaissance et le véritable élan et l'intérêt, il est là. Et voilà. Donc bravo pour tout ça aussi. J'ai quelques questions avant de te tirer la signature. Pour toi, agir, ça veut dire quoi ? Est-ce que tu peux me donner ta vision de l'action ?

  • Speaker #0

    Pour moi, agir, c'est rendre réelle une intention, c'est avancer malgré la peur, c'est très personnel, c'est se dire qu'une action peut être modeste, une action n'a pas besoin d'être grande. Et je trouve que quand on parle d'action, on peut avoir ce côté un peu culpabilisant. « Waouh, elle a fait tout ça ! » Et je pense qu'on fait avec ce qu'on a à disposition, ce qu'on nous a transmis, où on en est dans notre vie. Et il ne faut pas se culpabiliser à regarder certains parcours en se disant « Oui, mais moi, je ne fais rien. » Je pense que l'action, elle peut être minime et c'est OK. Et c'est toutes ces infimes choses qu'on fait qui font l'action.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? qu'on n'a pas abordé, mais qui te touchent et où tu trouves que l'action manque dans ce domaine-là ?

  • Speaker #0

    Qu'on a abordé un peu, mais l'éducation émotionnelle pour les enfants, je pense que ça peut te parler un peu. Je pense qu'on parle beaucoup de réussite, qu'on parle beaucoup d'ambition et c'est bien. On ne parle pas d'empathie, on ne parle pas de représentation, on ne parle pas de ces choses qui... Je trouve que cette société en parle comme des choses un peu soft et qu'on est dans le hard et il faut de l'ambition et ils font du dur et de la réussite. Merci. Et je trouve que c'est hyper important. Et c'est pour ça que, pour faire le lien avec ta question de tout à l'heure, ça me touche d'autant plus que des personnes de culture non arabe s'intéressent à mes livres. Parce que c'est vraiment planter cette graine de l'empathie dans leurs enfants et avoir ce désir de faire société et de se connaître et d'aller au-delà des clichés et de ce qu'on dit.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu une femme, toi, qui a envie de nous partager dans ta vie, qui est un symbole d'action ? ou encore actuellement qu'une femme, elles agissent. Ce serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Ce serait qui ? Je pense que ce ne sera pas une femme connue. Je pense que ce serait ma grand-mère. Ma grand-mère était très active en Tunisie. C'était une féministe avant-gardiste qui a beaucoup agi pour les droits des femmes au début du siècle. Et je pense qu'elle a ça de son grand-père et c'est drôle parce que je découvre l'histoire de mon arrière-grand-père là. Il était journaliste, militant, anticolonial. Il avait monté un journal qui a été brûlé par les Français à l'époque parce qu'il donnait la parole à des résistants qui voulaient l'indépendance de la Tunisie. Il en est mort, quasiment mort de faim parce qu'on lui a tout enlevé. et ma grand-mère a eu je pense ce relais là de défendre les droits des femmes de pousser les femmes dans les campagnes à voter à expliquer l'importance du vote, de l'IVG de tout ça et je pense que J'étais très petite, je ne comprenais pas tout, mais je pense qu'il s'est passé quelque chose en termes de transmission pour rester sur ce thème-là.

  • Speaker #1

    Peut-être un prochain livre sur elle ?

  • Speaker #0

    Qui sait ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Moshra, pour cet échange et pour ton travail et pour tout ce que tu fais et transmets. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir reçu et pour ce temps long pour raconter mon histoire et l'histoire de mon projet.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    À très bientôt.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

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Description

Dans cet épisode, je reçois Bochra Fourti, podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA, consacrée aux femmes arabes et amazighes qui ont marqué l’histoire.


Née en Tunisie et aujourd’hui installée en Europe, Bochra explore la notion de transmission, l’importance des nuances dans l’arabité, et le besoin vital d’offrir aux enfants des modèles qui leur ressemblent.


Elle raconte la genèse de son podcast, la place de la peur dans l’action, son combat contre l’effacement culturel, et son passage audacieux à l’auto-édition après plusieurs refus d’éditeurs.


Un échange sur l’identité, les récits, et la force d’agir malgré tout.


Le site de Bochra : https://www.heyastories.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Je suis Emilie Berthet Conférencière, productrice de podcasts, sophrologue et auteure, j’accompagne les organisations et les particuliers vers une meilleure compréhension de notre époque et à construire une société attentive aux enjeux humains. Femme Forbes 2025 et TEDx speaker.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt.

  • Speaker #1

    J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #2

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de mots pour agir. C'est une action.

  • Speaker #2

    Bonjour Rochelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent. Je suis ravie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie aussi. Merci infiniment d'avoir pensé à moi et à ton invitation.

  • Speaker #3

    Et deux podcasteuses qui se rencontrent, ça fait une heure de plat avant d'enregistrer.

  • Speaker #1

    Exactement, on a fait trois épisodes et là, c'est le quatrième.

  • Speaker #3

    Alors, un jour, je suis tombée sur l'un de tes posts, le projet dont on va parler pas mal dans cet épisode où tu présentais ton projet de livre. Et je me suis tout de suite dit qu'évidemment, j'allais t'interviewer. C'était une évidence. Une femme qui s'investit autant pour les femmes et autant pour des femmes qui sont tellement invisibilisées que c'était une évidence de te mettre à l'honneur et de t'écouter, surtout. Tu es née et tu as grandi en Tunisie. Tu es arrivée en France vers 17 ans. Et au fur et à mesure de ta vie, la notion de transmission a pris une place de plus en plus centrale aussi, notamment autour de cette notion de... de visibilité et communication autour d'une identité arabe, qui est souvent présentée comme un bloc homogène, sans subtilité, sans nuance. Justement, cette notion de nuance aussi, qui est essentielle dans ton travail, où tu apportes vraiment l'envie d'importer ou de proposer des figures d'inspiration diverses, féminines et nuancées. Ça, c'est très important. Tu mêles aussi en parallèle plein de carrières. une carrière une carrière J'imagine exigeante aussi chez EY parce que tu as une belle carrière chez eux, une carrière exigeante de maman, une carrière aussi de podcasteuse, d'autrice. Et tu as fait le choix d'agir, de consacrer une année entière là, à l'instant où on se parle, à la sortie et à la promotion de ton livre qui met en avant les femmes inspirantes, donc arabes et berbères, pour offrir de l'inspiration plus juste. plus vraie à tous et à toutes. Si on revient d'ailleurs à l'origine de ce projet, et ce sera là ma première question, à quel moment tu as senti que tes engagements personnels ou que cette prise de conscience personnelle allait devenir un projet à plus grande échelle, voire même un projet public, voire politique ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Je ne sais pas s'il y avait... Si j'en ai eu conscience, je ne sais pas s'il y a quelque chose qui s'est vraiment passé dans le conscient, peut-être pour retracer les débuts. En fait, j'ai commencé par lancer le podcast qui s'appelle Heya, qui met en lumière des femmes de culture arabe et amazigh, quelles qu'elles soient. Et le but, c'est vraiment de leur donner un espace pour partager leurs histoires, leurs réussites, leurs échecs, leurs challenges, leurs doutes. Toutes ces choses qui font qu'on a tout en tant que femme. Et c'est vraiment parti d'un constat personnel. Pendant Covid, je pense comme pour beaucoup de gens, j'ai eu énormément de questionnements. De choses que j'avais mis sous le tapis toutes ces années et qui là ressurgissaient. À ce moment-là, je n'avais que ma fille qui avait 3-4 ans. Et la notion d'identité, de transmission est devenue un sujet très important. Alors que j'avais l'impression que ce n'était pas un sujet pour moi jusque-là. Je pense qu'il était clairement là, mais que je le laissais dormir ou je le repoussais. Et moi, comme tu l'as dit, je suis née en Tunisie, j'ai grandi en Tunisie, donc le sujet de l'identité en tant qu'enfant et ado était un non-sujet. J'étais dans un pays où la masse me ressemblait, où la langue que les gens parlaient était la mienne, la culture était mienne, donc il n'y avait aucune question d'identité. Ma fille, elle par contre, mon mari est franco-suisse, elle est née à Londres, je suis d'origine tunisienne et je me suis dit, elle a un beau melting pot, moi je crois vraiment que c'est une richesse. Et en regardant les infos, en regardant tout ce qui était diffusé dans les médias mainstream, clairement l'image de l'arabité n'était pas positive. Et je me suis dit, si elle s'arrête à ça... Comme pour beaucoup d'enfants, quand elle sera ado, on va vers la simplicité, on n'a pas forcément envie de se prendre la tête. Tout ce que nos parents nous racontent, c'est un peu saoulant et on n'a pas envie d'y aller. Je me suis dit, si elle s'arrête à ça, mince, elle va tirer une conclusion qui est complètement fausse. Moi, ce que je connais de l'arabité, ce que j'ai vécu en tant qu'enfant et ado, est beaucoup plus positif que ce que je vois aujourd'hui en Europe. En plus, j'étais à Londres à ce moment-là, c'est ce que je disais. Et, ayant déménagé de France en Angleterre, j'avais eu aussi un peu une claque en voyant comment Londres traitait la diversité d'une manière très positive, où c'était très valorisé. Du coup, je me suis dit, mince, Londres-Paris, ce n'est pas si loin.

  • Speaker #3

    Et pourtant différent.

  • Speaker #1

    Très différent. Et je me suis dit, on le valorise, on voit la diversité comme une richesse et j'ai vraiment envie que ma fille le voit de cette manière-là. Donc voilà, long story short, en gros, en partant de ça, je me suis dit... J'écoutais beaucoup de podcasts dans mes balades où j'allais prendre un bol d'air frais et que je ne pouvais plus voir mon mari et mes enfants et que j'avais besoin de me reconnecter à moi-même. J'écoutais beaucoup de podcasts de femmes et je me suis dit, je cherchais. par nom des femmes d'origine arabe et sur des séries de 100 épisodes il y en avait une, deux et je me suis dit ça confirme un peu ce postulat de départ et un soir j'ai cette idée un peu folle que je balance à mon mari, je vais créer un podcast que je laisserai pour ma fille, vraiment c'était l'intention en me disant ça va être un truc bricolé dans ma cuisine, je ferai deux trois épisodes et puis quand elle sera en âge de les écouter, elle les écoutera et voilà comment tout est parti De revenir quatre ans plus tard

  • Speaker #3

    T'as beaucoup plus d'épisodes. Par exemple, quelle était la première femme ? Ça peut être intéressant. Comment ça a évolué aussi peut-être sur ton approche autour de cet outil qui peut être puissant, le podcast, pour transmettre des informations, leur donner la parole. C'est un vrai lieu d'écoute et de transmission.

  • Speaker #1

    absolument en fait la première tout est parti je te disais je dis à mon mari je vais lancer un podcast il me regarde un peu avec des grands yeux pas journaliste, réaction un peu normale, parce que j'ai eu beaucoup d'autres tentatives de projets qui n'avaient rien à voir, et il se disait encore un autre projet, et là on en discute, il va se coucher, et moi cette idée elle était là, et je me disais il faut que je le fasse, il faut que je le fasse, et j'écris à dix femmes, les premières auxquelles j'ai pensé en ayant cette idée de podcast, et en gros mon deal avec moi-même c'était sur ces 10 femmes, si j'en ai 5-6 qui me répondent positivement, je le fais et si on ne me répond pas ou si c'est non c'est un signe du destin ça on en restera là mais j'avais besoin de tester à quelque chose et j'ai du mal à rester avec une idée, j'avais besoin de la tester et donc j'envoie mon message je vais me coucher et le lendemain matin il y en avait 6 ou 7 qui m'avaient répondu dans la nuit en me disant trop bien moi aussi je trouve qu'il n'y en a pas quand tu veux on enregistre et donc la première c'est une journaliste qui travaille sur BFM que je connaissais d'une vie antérieure et je lui dis ça et elle me rappelle le lendemain en me disant écoute mercredi prochain ... je suis en vacances à 15h ou 16h tu me dis le créneau et on se connaissait d'une ancienne vie mais on n'était pas très très proche et j'osais pas trop me dégonfler en disant je suis pas prête, je suis encore dans ma cuisine c'était juste une idée et je dis ok 15h très bien et je raccroche et je dis à mon fils tu m'étais complètement folle avec quoi tu vas enregistrer, avec quoi tu vas monter quelles questions tu vas lui poser donc j'ai passé la semaine à bachoter comme une folle, tuto montage quelles questions poser tout le... tout ça, donc en une semaine et j'ai sauté et c'est la meilleure chose qui soit arrivée parce que je pense que sans ça je pense que je l'aurais quand même fait mais ça aurait pris beaucoup plus de temps et la peur se serait multipliée et aurait pris plus de place et

  • Speaker #3

    ça c'est intéressant ce que tu dis justement parfois entre agir et la peur, cette notion de non en fait je recule j'y vais pas etc t'as lancé quand même la première Pierre en le proposant à ses femmes et bon, vite, ça a répondu et donc là, tu t'es lancée. Et là, maintenant, avec les discours que tu entends, est-ce qu'il y a quelque chose, vraiment une urgence sur lesquelles il faut vraiment accentuer, par exemple, on les entend vraiment pas assez ou il y a une notion de qu'est-ce que tu retiens de toutes ces interviews-là que tu viens d'effectuer ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on les entend pas assez, je pense que quand on les entend, on... On est sur un temps très court et puis il y a un montage, il y a des choses qui sont faites. On fait ressortir le message qu'on a envie d'associer avec ces femmes-là. Je pense qu'on les raconte beaucoup. Je pense qu'on parle beaucoup en leur nom. Et ça, c'est vraiment l'une de... Mon principal objectif, c'est raconter leurs histoires elles-mêmes. Je trouve que quand il n'y a pas beaucoup d'histoires et qu'en plus elles sont racontées par d'autres, on perd. On perd beaucoup de choses, on perd beaucoup de choses, on s'accapare quelque chose et c'est vraiment ça, c'est juste leur donner cet espace qui malheureusement n'existe que très peu en proportion.

  • Speaker #3

    Et justement, pour donner de l'espace et leur donner de la visibilité, tu ne t'arrêtes pas au podcast. Tu as aussi créé ton premier livre qui vient de sortir, une collection dédiée aux enfants, en tout cas pour proposer des visages qu'on n'entend pas, de figures inspirantes que je n'ai pas vues. Est-ce que tu peux nous raconter aussi comment est venue cette idée ?

  • Speaker #1

    Absolument. Et en fait, c'est vraiment dans la continuité. Donc, je lance ce podcast un peu pour ma fille et rapidement... Il y a de l'intérêt. Il y a beaucoup de filles qui m'écrivent en me disant « j'adore, j'aurais adoré écouter ce podcast il y a quelques années, où ça m'aide, etc. » Donc, j'ai continué le podcast, mais rapidement, je me reconnectais avec la genèse de ce projet qui était cette envie personnelle de transmettre à ma fille. Je me disais « ouais, ma fille, elle a 6 ans, le podcast, c'est génial, mais le contenu n'est pas du tout pour elle et elle ne l'écoutera que dans 5, 10, 15 ans. » Et il y avait une urgence. de l'aider parce que j'avais vraiment conscience que les histoires que je lui raconte à cet âge-là, que je lui racontais à 4-5 ans, c'est les petites graines que je plantais dans sa tête. Et j'ai cherché des livres qui représentaient des héroïnes arabes, amazighes, qui lui ressemblent, un peu plus bronzées. Et malheureusement, il y avait vraiment un désert. Il n'y avait rien du tout. Je ne trouvais rien. Et je me suis dit, tout ce projet est parti pour... ma fille et j'ai besoin de créer cet objet que je recherche, que je ne trouve pas et je me suis dit, bon bah go. Et à ce moment-là, il y a eu un timing, une synchronicité. Moi, j'aime bien lire les signes. Il y avait une maison d'édition qui m'avait contactée pour mettre mon podcast en livre. Tu sais, ça se fait beaucoup.

  • Speaker #3

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et j'étais enceinte de mon deuxième enfant et je leur ai dit merci et c'est trop cool. peut-être pas tout de suite, j'ai cette idée de livre, est-ce que ça vous dit de faire de la jeunesse ? Ils ont dit, on ne fait pas de la jeunesse, mais regardons le pitch. Et ils m'ont dit, ok, donc j'avais commencé vraiment avec une maison d'édition et malheureusement, je te la fais rapide, mais malheureusement, au bout de six mois, on a commencé à travailler ensemble, donc j'ai commencé l'action avec eux et ils ont fermé parce que c'était une petite maison d'édition et que c'est un milieu un peu compliqué et c'est comme ça que je me suis retrouvée toute seule et que j'ai pris les autres décisions dont on va probablement parler.

  • Speaker #3

    Et donc pour choisir, Euh... La première femme, et aussi les femmes que tu voulais mettre en avant, c'est d'autres figures que tu mets en avant dans le livre.

  • Speaker #1

    Absolument, c'est des femmes historiques qui ont marqué, pardon, c'est des femmes arabes et amazighes qui ont marqué l'histoire, qui ont fait la première est médecin, la première c'est Tawheed Abunchir, c'est la première femme médecin du monde arabe, mais la prochaine c'est une chanteuse populaire, et l'idée c'est vraiment de naviguer aussi dans cette notion de réussite. C'est clairement réussite dans notre image. Peut-être notre génération et ce que nos parents nous ont inculqué, c'est être médecin, avocat ou je ne sais quoi. Et c'est vraiment montrer qu'on peut être chanteuse populaire, qu'on peut être danseuse, qu'on peut être plein de choses. Donc, c'est vraiment cette idée-là. C'est montrer des héroïnes diverses dans leurs projets, dans ce qu'elles ont fait, mais d'origine arabe et amazigh.

  • Speaker #3

    Oui, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'effectivement, tu aurais pu rentrer dans l'extra-héroïne, c'est-à-dire des femmes vraiment emblématiques qui donnent un statut alors qu'effectivement, il faut les entendre et il faut écouter leur parcours, mais que l'inspiration, toi, tu l'as eu aussi au quotidien et en fait, des femmes qui ont un parcours quand même qui est impressionnant, mais qui ne sont pas forcément des figures où on se dit c'est une et pas d'autre. C'est vraiment pour aussi généraliser cette inspiration.

  • Speaker #1

    ça c'est quelque chose qui est assez important et il y a aussi dans mon podcast une des questions signatures qui est quelle est ta définition de la réussite parce que je pense que je suis aussi dans ça à mon âge de redéfinir ma réussite, qu'est-ce qu'elle était et qu'est-ce qu'elle devient et est-ce que c'est forcément un salaire à je ne sais combien de chiffres est-ce que c'est faire ce qui est aligné avec mes valeurs et j'aimais bien tirer ce fil là et le continuer aussi dans cette collection de livres jeunesse

  • Speaker #3

    Et donc pour reprendre ce que tu disais, effectivement, cette première maison d'édition, elle finalement ne peut pas te suivre parce qu'elle met la clé sous la porte. Qu'est-ce que tu décides de faire et quelles sont les difficultés que tu rencontreras après ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, c'était un peu une claque parce que moi je pensais que ce projet était parti, que j'avais une maison d'édition, mes textes étaient écrits, on les a rediscutés. Tout était... Tu voulais vivre. Exactement. Je voyais le bout et puis ma partie du boulot était quasi finie. Je me voyais me retirer pour les laisser faire leur partie du job. Donc, ils m'annoncent ça. Et là, j'ai eu 24-48 heures où j'étais un peu perdue. C'était qu'est-ce que je fais ? Et j'avais en gros deux, trois options. C'était soit j'arrête, soit je le fais toute seule, soit je cherche une autre maison d'édition. Et bizarrement, arrêter, c'était une autre option. Rapidement, c'était l'option qui n'était pas une option parce que j'étais trop impliquée. Oui,

  • Speaker #3

    c'était... Ça t'a traversé l'esprit, mais voilà,

  • Speaker #1

    même pas. Voilà, j'ai tout de suite su que celle-là n'était pas... Il fallait que ces livres sortent. J'étais trop avancée, c'était trop important. Et l'auto-édition, c'était presque une non-option aussi. C'était, oh my God, qu'est-ce que je vais faire ? Par où je commence ? Je ne connais pas du tout cette industrie-là. Jamais je ne me lancerai dans ça. Donc, l'option la plus logique, et j'essayais un peu de m'auto-motiver en me disant, la maison d'édition a aimé ton pitch, celle-là. Forcément, il y en aura d'autres.

  • Speaker #3

    Oui, ça va être facile, presque. Exactement.

  • Speaker #1

    Et puis même si ce n'est pas facile, il y en aura une. Je suis OK de me battre et de chercher. Donc je suis partie avec mon petit bâton de pèlerin à la chasse à la maison d'édition, ce qui a duré assez longtemps, quasiment un an. Et ça a commencé doucement. Et puis on te présente des gens et tu rencontres et LinkedIn et je ne sais quoi. Et plein de petits signes positifs où il y avait beaucoup de gens hyper sympas qui me disaient nous, on ne fait pas du tout ça. Mais par contre, je vais te présenter un tel. Et c'était des petits signes que je voulais lire comme positifs, comme quoi mon projet avait du sens, que la qualité de ce qui était écrit, des illustrations et du projet plaisaient. Donc voilà, je te la fais court d'une maison à l'autre, oui, celle-là, etc. Et puis j'ai réussi à avoir des rendez-vous avec des maisons un peu plus importantes. et malheureusement les deux dernières, la première... Enfin, elles étaient toutes les deux très positives par rapport au projet. Il leur plaisait, ils trouvaient ça innovant, intéressant, bien écrit, etc. Mais la première m'a demandé de faire un petit changement qui était d'enlever le mot arabe. Donc c'est femme arabe et de le changer, femme arabe et amazigh, de le remplacer par méditerranéenne. Et ce qui n'était pas du tout l'essence du projet. Il y a beaucoup de femmes inspirantes en Méditerranée et ça peut être intéressant d'aller en Italie, en Espagne, etc. Mais ce n'était pas du tout l'ADN du projet. Et du coup, rapidement, j'ai dit non. L'ADN du projet, c'est vraiment ça. Et en gros, le feedback de manière un peu soft, c'est oui, non. Vous savez, en ce moment, ce terme-là, on préfère rester un peu plus général. Donc, un peu une claque. Et je me suis dit, c'est pas grave, ils ont accroché, on s'entend pas sur ça, c'est qu'on n'a pas les mêmes valeurs, c'est peut-être un mal pour un bien, je continue. Et là, assez rapidement, une autre maison d'édition, pareil, qui est reconnue sur la place, plein de compliments, premier meeting qui se passe hyper bien. et deuxième réunion on me dit on va vous proposer un contrat très bientôt et là des étreuves dans les yeux ça y est, job done, je vais me reposer par contre contre, mes livres sont bilingues, je ne sais pas si je l'ai mentionné.

  • Speaker #3

    Non, tu ne l'avais pas mentionné, mais oui. Parce que c'est un élément important, effectivement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, ils sont et en français et en arabe, et il y a une version audio en français et dans les dialectes. Donc, tunisien, marocain, algérien et palestinien. Et ils me disent, à ce moment-là, il n'y avait pas encore les audios, je pense, et du coup, ils me disent, pour la version écrite, on adore le bilinguisme, clairement, on est... Dans une ère où les enfants parlent plusieurs langues, etc. Je suis trop contente. Ils me disent, mais par contre, Madame l'arabe, ça ne va pas être possible. On va le remplacer par de l'anglais. Nous, vous nous connaissez, on est très connus. On a nos entrées outre-Atlantique, aux Etats-Unis, au Canada, je sais pas où. Donc, on va remplacer l'arabe par de l'anglais. Je dis là, ben non, ce n'est pas du tout le but. C'est important qu'il y ait l'arabe. Ça fait partie du projet, de l'écosystème et de ce que j'essaie de transmettre. Et en gros, on m'a dit, bon ben non, madame, en ce moment, l'arabe, c'est compliqué. C'est soit on remplace par de l'anglais et on vous suit et on pense vraiment que ça peut marcher. Et sinon, merci, au revoir. Et je dis, ben merci, au revoir.

  • Speaker #3

    Et là, c'est quand même clac.

  • Speaker #1

    Là, c'était dur. Honnêtement, là, c'était dur. Autant la première était dure, là, c'était double clac. Et il m'a fallu 24 heures de digestion de ces conversations-là. Et ensuite, ça a été un moteur. Ensuite, je me suis dit, en fait, ces retours-là, c'est une raison de plus ou deux raisons de plus pour lesquelles ces livres doivent sortir rapidement et sans concession. Exactement comme je les ai imaginés, avec... le bilinguisme français-arabe et avec Femmes Arabes et Amazigh, c'est non négociable. Et cette volonté d'effacer, de cacher, de lisser, c'est tout ce que j'essaye de combattre à la base avec le podcast et avec le projet dans sa globalité. Donc, j'y vais. Je pense que je ne savais pas ce que je disais à ce moment-là,

  • Speaker #3

    mais j'ai dit j'y vais. Ils t'ont motivée presque à y aller vraiment. De ce que tu disais au début, c'était encore un peu flou. Est-ce que j'y vais ? Bon, une maison d'édition, très bien, je vais me laisser porter. Et finalement, oui, ça a été le porteur, effectivement, de l'urgence du sujet et aussi les contraintes, la véritable difficulté qu'il y a encore dans notre société actuellement.

  • Speaker #1

    Absolument. Et tu as utilisé un terme qui est très juste, c'est l'urgence. Je pense que j'ai eu 24 heures un peu où je n'étais pas bien. Et le deuxième jour, j'étais là, c'est fini. Je ne discute plus avec aucune maison d'édition. J'y vais, j'ai financé l'illustratrice, je lui ai donné le go, on a finalisé les dessins, j'étais rapidement en contact avec des imprimeurs. Je me suis mis en mode commando, quelles sont les étapes, je vais me casser la gueule, je vais me tromper, mais il y en a certains, il y a certains éléments qui sont évidents. Je vais commencer par ceux-là et le reste viendra. Et ça, c'était juste avant l'été, j'ai passé l'été dessus et ils sont sortis là en octobre.

  • Speaker #3

    Oui, donc cette année. et c'est fou cette transformation de détermination qui est venue en toi déterminer la faire et à transmettre et à parler de ce projet et tu laisses aussi une place à ta fille dans un de tes épisodes qui disait avec grande fierté mais c'est ma maman qui est l'auteur tu vois c'était incroyable cette phrase parce que elle se dit waouh qu'est-ce qu'elle fait là tu t'en rends compte aussi de ce que tu fais de tout ce que tu mets en place Merci.

  • Speaker #1

    Honnêtement, pas vraiment. Je pense que je suis beaucoup dans l'action. Mais cet épisode-là, il est précieux pour moi. Et c'était hyper touchant, comme tu peux l'imaginer, d'entendre son enfant. C'était un moment, en plus, dont je me rappellerai tout le temps, tu sais, d'avoir ta fille de l'autre côté du micro. Et je pense que j'ai beaucoup travaillé. J'étais moins présente, parfois, pour ce projet-là. Donc c'était aussi important de voir... qu'elle en était aussi fière parce qu'elle en subit, entre guillemets, parfois les conséquences de certains déplacements, de travailler très tard, etc.

  • Speaker #3

    Là, tu commences à aussi faire la communication, à gagner en visibilité. Est-ce que ces maisons d'édition sont venues vers toi ou pas ? Non. Elles reviendront peut-être à un moment. Peut-être,

  • Speaker #1

    mais l'une d'elles me disait si vous y allez seule, madame, vous allez vous casser les dents, vous ne vous rendez pas compte dans quoi vous allez, donc je ne suis pas sûre que ce soit. C'est vrai.

  • Speaker #3

    Mais de quoi je me mêle, en fait,

  • Speaker #1

    aussi.

  • Speaker #3

    Pardon, mais c'est fou. En plus de rajouter ça, ouais. Effectivement, par contre, c'est un vrai sujet qu'on peut aussi aborder. J'imagine les frais que ça implique, cet engagement. Voilà aussi la charge mentale de l'engagement en lui-même, tu vois, d'être engagée, d'être une femme engagée en termes justement d'équilibre de ta vie. perso, etc. Est-ce que ça, tu peux nous en parler aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. C'est vrai que c'est une grosse charge et c'est à cause de cette charge que j'ai pris des décisions aussi, comme tu le... présenté dans l'intro. À la base, je travaille chez EY dans un des Big Four, je suis directrice. Et quand j'ai décidé de passer à l'action, j'ai réalisé rapidement la quantité de travail que ce serait. Et j'ai pris cette décision de faire un break de quelques mois pour me concentrer sur ça. Donc, il y a un coût dans tout, financier, de temps. Et puis le coup de l'apprentissage, j'apprends, c'est un métier que je ne maîtrise pas, donc j'ai pas mon réseau, j'ai pas mon imprimeur, j'ai pas mon graphiste, enfin tout ça c'est des choses qui prennent du temps parce que, comme tu peux l'imaginer, tu rentres en contact avec plusieurs et puis ça va pas, et puis c'est pas vraiment ce que je voulais. et voilà, et dans la manière de demander je me suis plantée plein de fois dans mes demandes et puis je reçois un truc complètement à l'ouest enfin bref, l'apprentissage de faire quelque chose de nouveau Donc oui, ça a un coût, mais je pense que ça rend le projet encore plus beau, avec plus de valeur, en tout cas pour moi. Je l'ai vraiment porté à 100% ce bébé-là. Après, il y a aussi, et je ne les remercierai jamais assez, j'ai fait une campagne de crowdfunding parce que le gros sujet, c'était combien j'en imprime une fois que c'était fait. Parce que, comme tu le sais probablement, le coût du papier est important. Imprimer 50 exemplaires ou 1 000 ou 5 000, ce n'est pas du tout le même prix. Et puis, je n'allais pas faire payer ma famille un stock de 2 000 livres dans mon salon, des cartons en déco. Donc, j'ai lancé une campagne de crowdfunding par rapport à ça pour savoir si aussi génial... aussi... Ouais...

  • Speaker #3

    Aussi important que ce soit elle.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que des gens vont me suivre ? Est-ce que ça va être juste mes copines ?

  • Speaker #3

    Quand c'est reçu, d'ailleurs, est-ce que tu es étonnée, finalement, du retour et de l'impact ? Tu vois que ça touche d'autres personnes, parce que c'est ça le but aussi. Si ça reste dans un même écosystème de personnes qui sont proches de loin au monde arabe et qui se disent « j'ai envie de porter ces femmes-là » , il faut que ça touche aussi d'autres personnes. Est-ce que tu le ressens ça ? Oui.

  • Speaker #1

    Ça, je le ressens et j'ai été impressionnée et hyper touchée parce que la campagne de crowdfunding, on a atteint les 100% en 48 heures et on a fini à 200%. Donc, il y a vraiment eu un engouement et un soutien de ma communauté du podcast définitivement et d'autres gens qui sont venus se greffer. et puis il y a beaucoup de gens, c'est ce que tu disais, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas de culture arabe et c'est vraiment, ça, ça m'a beaucoup touchée parce que Des fois, peut-être mon message est très axé sur la culture arabe, mais je pense que c'est aussi important pour des personnes qui ne sont pas de cette origine-là, pour leurs enfants, de lire des choses différentes. Parce que nos enfants vont grandir dans un monde pluriel, où leurs petits copains de classe, leurs futurs collègues viennent de tel et tel pays. Et c'est important de savoir un peu de cette histoire-là pour mieux les comprendre, pour mieux connecter. et j'en ai eu énormément et beaucoup. beaucoup de mamans qui me disaient ça ou des filles qui écoutent mon podcast qui me disent, grâce à ton podcast, il y a beaucoup de nuances que je ne voyais pas du tout qui me permettent de lire des situations de manière différente. Et ça, je trouve que pour moi, ça n'a pas de prix. C'est hyper important. Oui,

  • Speaker #3

    c'est sûr. Je voulais revenir aussi sur ton processus d'écriture, justement, pour comment tu t'organises. Est-ce que tu vas chercher des informations historiques ? Après, est-ce que tu apportes ta touche ? Parce que je ne l'ai pas encore dans les mains, ce livre, mais bientôt. Et du coup, pour nous expliquer vraiment comment tu as voulu aborder justement la biographie de ces femmes.

  • Speaker #1

    En fait...

  • Speaker #0

    J'ai commencé par faire une liste déjà. Quand j'ai eu cette idée, je me suis dit, mais je vais les lister pour savoir combien il y en a. Parce que ma démarche, c'est de faire une collection. Est-ce que ça a du sens de faire une collection ? Est-ce que ça sera une collection de cinq livres ? Ou est-ce que ça peut être une collection de 100 livres ? Et puis, la liste était très longue. Clairement, je pourrais faire une collection de 100 livres. Et après, il fallait faire des choix. Il fallait commencer. Je pense que comme tout projet et toute action, à un moment, il faut faire le premier pas. Et il fallait choisir une femme. J'ai choisi une femme tunisienne. Moi, je suis d'origine tunisienne. Il y a une anecdote, l'été où j'ai commencé à écrire, où il y avait une tablée d'enfants, un déjeuner d'été, et en Tunisie le billet de 10 dinars, qui est l'équivalent d'un billet de 10 ou 20 euros, ce qu'on utilise vraiment day to day. Il y a très peu de transactions en carte bancaire, donc on utilise beaucoup le papier physique. Je vais à la tablée d'enfants avec ce billet de 10 dinars où il y a l'image de cette femme, Tawheed Abenshir, première femme médecin du monde arabe, et je le montre aux enfants en leur disant qui est cette femme, les enfants. Et là, il y avait une dizaine d'enfants, ils se regardent tous. Il y en a un, il dit, ah bon, c'est une femme, je pensais que c'était un homme, ok. Mais c'est drôle parce que comme quoi, l'imaginaire, c'est des enfants. Et puis, on associe forcément quelqu'un de connu, entre guillemets, et de 20 billets, forcément, c'est un homme. et puis les autres je sais pas, je sais pas, je sais pas il y en a un à la fin il me dit Marie Curie et c'était rigolo et un peu triste parce que ça montrait aussi que dans l'imaginaire des enfants les héroïnes sont forcément européennes, sont forcément d'Europe et pas de chez eux. Et du coup, je me suis dit, ce sera elle. Rapidement, suite à ça, je me suis dit, ce sera elle. En plus, étant en Tunisie, je me suis dit, je vais essayer de rentrer en contact avec sa famille, d'avoir des anecdotes de l'intérieur. Et j'ai pu rencontrer ces petits-enfants qui ont été une source incroyable d'informations, de petites anecdotes qui sont très peu connues et qui ne sont pas partout, qu'on ne trouve pas dans des recherches classiques. donc ça a été un mixte de témoignages personnels de sa famille avec qui j'ai passé un peu de temps, et de recherches, de documentaires, de lectures. Et après, il faut vulgariser ça aussi et mettre ça à la partie de l'enfant. Exactement. Et encore, cette histoire, il y avait moins de sujets, mais la deuxième, il y a des sujets qui peuvent être un peu sensibles et faire des choix aussi de ne pas forcément tout raconter et de nuancer et de laisser... l'imaginaire et l'enfant découvrir ça.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton public est quand même particulier et l'enfance, effectivement, il faut une autre écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça,

  • Speaker #1

    ça te plaît ? Toi, t'as plu cet exercice ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai adoré. J'ai adoré et puis je me suis rendue compte en y allant, c'est que on touche aussi beaucoup de sujets au-delà de raconter une histoire. Il y a le féminisme qui vient beaucoup dans la première histoire, le rôle de la maman de cette médecin est crucial. sans spoiler l'histoire, mais elle va à l'encontre d'une décision familiale et pousse sa fille à partir faire des études à l'étranger. On est au début du siècle et c'est assez... ça peut être un peu antinomique avec ce qu'on peut imaginer. Une mère dans le début du siècle qui pousse sa fille à partir seule à 16-17 ans. Il y a les notions d'indépendance, il y a la notion de colonialisme, tout ça qui sont en fond parce qu'elle a vécu à cette époque-là et que c'est des choses qui existent. Et je trouve que c'est C'est intéressant de commencer à en parler, de les montrer, de dire que ça a existé, parce que malheureusement, il y a très très peu de choses à portée d'enfants sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et comment s'est reçu en Tunisie, justement, ton travail et justement ce premier livre ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est plutôt très bien reçu. C'est sorti en Europe avant, donc j'ai plus de feedbacks en Europe.

  • Speaker #1

    C'est tout récent.

  • Speaker #0

    Tout récent, mais... Mais il y a énormément de feedback très positif, dans le sens, j'ai cherché ces livres depuis très longtemps, merci de les avoir écrits. Mon fils a des étoiles dans les yeux et se dit, il a reconnu le drapeau de la Tunisie. Il se dit que le prénom ressemble au prénom de sa mamie. Il y a les audios en dialecte et du coup, les enfants réagissent en disant, mais c'est comme quand on va en vacances, ils parlent la même langue que mamie et papi. Et ça, c'est hyper émouvant. J'ai des histoires aussi très touchantes. d'une personne qui a offert ça à un ami qui était un peu en rupture avec son arabité, qui était « je ne veux pas transmettre à mes enfants » . Il avait une histoire personnelle compliquée, comme on peut avoir. Et en voyant ces livres-là, elle lui a offert, donc il les a lus à sa fille. Et du coup, depuis, il essaie de lui apprendre quelques mots en arabe. Et il lui a écrit un message qu'elle m'a partagé, qui m'a énormément... touché en lui disant, grâce à ces livres, je me réconcilie tout doucement avec mon arabité et j'ai envie de le transmettre à mes enfants. Et ça... Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour toi aussi, ça a vraiment l'action égale impact.

  • Speaker #0

    Je le ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Tu peux vraiment le palper et ça c'est quand même aussi satisfaisant parce que on a parlé de toutes les portes qui se sont fermées, etc. L'énergie que tu as déployée, il y a aussi cette reconnaissance et le véritable élan et l'intérêt, il est là. Et voilà. Donc bravo pour tout ça aussi. J'ai quelques questions avant de te tirer la signature. Pour toi, agir, ça veut dire quoi ? Est-ce que tu peux me donner ta vision de l'action ?

  • Speaker #0

    Pour moi, agir, c'est rendre réelle une intention, c'est avancer malgré la peur, c'est très personnel, c'est se dire qu'une action peut être modeste, une action n'a pas besoin d'être grande. Et je trouve que quand on parle d'action, on peut avoir ce côté un peu culpabilisant. « Waouh, elle a fait tout ça ! » Et je pense qu'on fait avec ce qu'on a à disposition, ce qu'on nous a transmis, où on en est dans notre vie. Et il ne faut pas se culpabiliser à regarder certains parcours en se disant « Oui, mais moi, je ne fais rien. » Je pense que l'action, elle peut être minime et c'est OK. Et c'est toutes ces infimes choses qu'on fait qui font l'action.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? qu'on n'a pas abordé, mais qui te touchent et où tu trouves que l'action manque dans ce domaine-là ?

  • Speaker #0

    Qu'on a abordé un peu, mais l'éducation émotionnelle pour les enfants, je pense que ça peut te parler un peu. Je pense qu'on parle beaucoup de réussite, qu'on parle beaucoup d'ambition et c'est bien. On ne parle pas d'empathie, on ne parle pas de représentation, on ne parle pas de ces choses qui... Je trouve que cette société en parle comme des choses un peu soft et qu'on est dans le hard et il faut de l'ambition et ils font du dur et de la réussite. Merci. Et je trouve que c'est hyper important. Et c'est pour ça que, pour faire le lien avec ta question de tout à l'heure, ça me touche d'autant plus que des personnes de culture non arabe s'intéressent à mes livres. Parce que c'est vraiment planter cette graine de l'empathie dans leurs enfants et avoir ce désir de faire société et de se connaître et d'aller au-delà des clichés et de ce qu'on dit.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu une femme, toi, qui a envie de nous partager dans ta vie, qui est un symbole d'action ? ou encore actuellement qu'une femme, elles agissent. Ce serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Ce serait qui ? Je pense que ce ne sera pas une femme connue. Je pense que ce serait ma grand-mère. Ma grand-mère était très active en Tunisie. C'était une féministe avant-gardiste qui a beaucoup agi pour les droits des femmes au début du siècle. Et je pense qu'elle a ça de son grand-père et c'est drôle parce que je découvre l'histoire de mon arrière-grand-père là. Il était journaliste, militant, anticolonial. Il avait monté un journal qui a été brûlé par les Français à l'époque parce qu'il donnait la parole à des résistants qui voulaient l'indépendance de la Tunisie. Il en est mort, quasiment mort de faim parce qu'on lui a tout enlevé. et ma grand-mère a eu je pense ce relais là de défendre les droits des femmes de pousser les femmes dans les campagnes à voter à expliquer l'importance du vote, de l'IVG de tout ça et je pense que J'étais très petite, je ne comprenais pas tout, mais je pense qu'il s'est passé quelque chose en termes de transmission pour rester sur ce thème-là.

  • Speaker #1

    Peut-être un prochain livre sur elle ?

  • Speaker #0

    Qui sait ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Moshra, pour cet échange et pour ton travail et pour tout ce que tu fais et transmets. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir reçu et pour ce temps long pour raconter mon histoire et l'histoire de mon projet.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    À très bientôt.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

Description

Dans cet épisode, je reçois Bochra Fourti, podcasteuse, autrice et créatrice de la collection jeunesse HeyA, consacrée aux femmes arabes et amazighes qui ont marqué l’histoire.


Née en Tunisie et aujourd’hui installée en Europe, Bochra explore la notion de transmission, l’importance des nuances dans l’arabité, et le besoin vital d’offrir aux enfants des modèles qui leur ressemblent.


Elle raconte la genèse de son podcast, la place de la peur dans l’action, son combat contre l’effacement culturel, et son passage audacieux à l’auto-édition après plusieurs refus d’éditeurs.


Un échange sur l’identité, les récits, et la force d’agir malgré tout.


Le site de Bochra : https://www.heyastories.com/


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage


Je suis Emilie Berthet Conférencière, productrice de podcasts, sophrologue et auteure, j’accompagne les organisations et les particuliers vers une meilleure compréhension de notre époque et à construire une société attentive aux enjeux humains. Femme Forbes 2025 et TEDx speaker.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Agir. J'ai choisi d'agir sans arrêt.

  • Speaker #1

    J'agis en enlevant mon t-shirt et en criant des slogans dans des endroits où je ne suis pas la bienvenue et à des gens qui ne sont pas forcément contents de me voir.

  • Speaker #2

    Je n'ai pas une action dont je suis fière. Je crois que toute action doit rendre fière.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de mots pour agir. C'est une action.

  • Speaker #2

    Bonjour Rochelle.

  • Speaker #1

    Bonjour Émilie.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elles Agissent. Je suis ravie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie aussi. Merci infiniment d'avoir pensé à moi et à ton invitation.

  • Speaker #3

    Et deux podcasteuses qui se rencontrent, ça fait une heure de plat avant d'enregistrer.

  • Speaker #1

    Exactement, on a fait trois épisodes et là, c'est le quatrième.

  • Speaker #3

    Alors, un jour, je suis tombée sur l'un de tes posts, le projet dont on va parler pas mal dans cet épisode où tu présentais ton projet de livre. Et je me suis tout de suite dit qu'évidemment, j'allais t'interviewer. C'était une évidence. Une femme qui s'investit autant pour les femmes et autant pour des femmes qui sont tellement invisibilisées que c'était une évidence de te mettre à l'honneur et de t'écouter, surtout. Tu es née et tu as grandi en Tunisie. Tu es arrivée en France vers 17 ans. Et au fur et à mesure de ta vie, la notion de transmission a pris une place de plus en plus centrale aussi, notamment autour de cette notion de... de visibilité et communication autour d'une identité arabe, qui est souvent présentée comme un bloc homogène, sans subtilité, sans nuance. Justement, cette notion de nuance aussi, qui est essentielle dans ton travail, où tu apportes vraiment l'envie d'importer ou de proposer des figures d'inspiration diverses, féminines et nuancées. Ça, c'est très important. Tu mêles aussi en parallèle plein de carrières. une carrière une carrière J'imagine exigeante aussi chez EY parce que tu as une belle carrière chez eux, une carrière exigeante de maman, une carrière aussi de podcasteuse, d'autrice. Et tu as fait le choix d'agir, de consacrer une année entière là, à l'instant où on se parle, à la sortie et à la promotion de ton livre qui met en avant les femmes inspirantes, donc arabes et berbères, pour offrir de l'inspiration plus juste. plus vraie à tous et à toutes. Si on revient d'ailleurs à l'origine de ce projet, et ce sera là ma première question, à quel moment tu as senti que tes engagements personnels ou que cette prise de conscience personnelle allait devenir un projet à plus grande échelle, voire même un projet public, voire politique ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Je ne sais pas s'il y avait... Si j'en ai eu conscience, je ne sais pas s'il y a quelque chose qui s'est vraiment passé dans le conscient, peut-être pour retracer les débuts. En fait, j'ai commencé par lancer le podcast qui s'appelle Heya, qui met en lumière des femmes de culture arabe et amazigh, quelles qu'elles soient. Et le but, c'est vraiment de leur donner un espace pour partager leurs histoires, leurs réussites, leurs échecs, leurs challenges, leurs doutes. Toutes ces choses qui font qu'on a tout en tant que femme. Et c'est vraiment parti d'un constat personnel. Pendant Covid, je pense comme pour beaucoup de gens, j'ai eu énormément de questionnements. De choses que j'avais mis sous le tapis toutes ces années et qui là ressurgissaient. À ce moment-là, je n'avais que ma fille qui avait 3-4 ans. Et la notion d'identité, de transmission est devenue un sujet très important. Alors que j'avais l'impression que ce n'était pas un sujet pour moi jusque-là. Je pense qu'il était clairement là, mais que je le laissais dormir ou je le repoussais. Et moi, comme tu l'as dit, je suis née en Tunisie, j'ai grandi en Tunisie, donc le sujet de l'identité en tant qu'enfant et ado était un non-sujet. J'étais dans un pays où la masse me ressemblait, où la langue que les gens parlaient était la mienne, la culture était mienne, donc il n'y avait aucune question d'identité. Ma fille, elle par contre, mon mari est franco-suisse, elle est née à Londres, je suis d'origine tunisienne et je me suis dit, elle a un beau melting pot, moi je crois vraiment que c'est une richesse. Et en regardant les infos, en regardant tout ce qui était diffusé dans les médias mainstream, clairement l'image de l'arabité n'était pas positive. Et je me suis dit, si elle s'arrête à ça... Comme pour beaucoup d'enfants, quand elle sera ado, on va vers la simplicité, on n'a pas forcément envie de se prendre la tête. Tout ce que nos parents nous racontent, c'est un peu saoulant et on n'a pas envie d'y aller. Je me suis dit, si elle s'arrête à ça, mince, elle va tirer une conclusion qui est complètement fausse. Moi, ce que je connais de l'arabité, ce que j'ai vécu en tant qu'enfant et ado, est beaucoup plus positif que ce que je vois aujourd'hui en Europe. En plus, j'étais à Londres à ce moment-là, c'est ce que je disais. Et, ayant déménagé de France en Angleterre, j'avais eu aussi un peu une claque en voyant comment Londres traitait la diversité d'une manière très positive, où c'était très valorisé. Du coup, je me suis dit, mince, Londres-Paris, ce n'est pas si loin.

  • Speaker #3

    Et pourtant différent.

  • Speaker #1

    Très différent. Et je me suis dit, on le valorise, on voit la diversité comme une richesse et j'ai vraiment envie que ma fille le voit de cette manière-là. Donc voilà, long story short, en gros, en partant de ça, je me suis dit... J'écoutais beaucoup de podcasts dans mes balades où j'allais prendre un bol d'air frais et que je ne pouvais plus voir mon mari et mes enfants et que j'avais besoin de me reconnecter à moi-même. J'écoutais beaucoup de podcasts de femmes et je me suis dit, je cherchais. par nom des femmes d'origine arabe et sur des séries de 100 épisodes il y en avait une, deux et je me suis dit ça confirme un peu ce postulat de départ et un soir j'ai cette idée un peu folle que je balance à mon mari, je vais créer un podcast que je laisserai pour ma fille, vraiment c'était l'intention en me disant ça va être un truc bricolé dans ma cuisine, je ferai deux trois épisodes et puis quand elle sera en âge de les écouter, elle les écoutera et voilà comment tout est parti De revenir quatre ans plus tard

  • Speaker #3

    T'as beaucoup plus d'épisodes. Par exemple, quelle était la première femme ? Ça peut être intéressant. Comment ça a évolué aussi peut-être sur ton approche autour de cet outil qui peut être puissant, le podcast, pour transmettre des informations, leur donner la parole. C'est un vrai lieu d'écoute et de transmission.

  • Speaker #1

    absolument en fait la première tout est parti je te disais je dis à mon mari je vais lancer un podcast il me regarde un peu avec des grands yeux pas journaliste, réaction un peu normale, parce que j'ai eu beaucoup d'autres tentatives de projets qui n'avaient rien à voir, et il se disait encore un autre projet, et là on en discute, il va se coucher, et moi cette idée elle était là, et je me disais il faut que je le fasse, il faut que je le fasse, et j'écris à dix femmes, les premières auxquelles j'ai pensé en ayant cette idée de podcast, et en gros mon deal avec moi-même c'était sur ces 10 femmes, si j'en ai 5-6 qui me répondent positivement, je le fais et si on ne me répond pas ou si c'est non c'est un signe du destin ça on en restera là mais j'avais besoin de tester à quelque chose et j'ai du mal à rester avec une idée, j'avais besoin de la tester et donc j'envoie mon message je vais me coucher et le lendemain matin il y en avait 6 ou 7 qui m'avaient répondu dans la nuit en me disant trop bien moi aussi je trouve qu'il n'y en a pas quand tu veux on enregistre et donc la première c'est une journaliste qui travaille sur BFM que je connaissais d'une vie antérieure et je lui dis ça et elle me rappelle le lendemain en me disant écoute mercredi prochain ... je suis en vacances à 15h ou 16h tu me dis le créneau et on se connaissait d'une ancienne vie mais on n'était pas très très proche et j'osais pas trop me dégonfler en disant je suis pas prête, je suis encore dans ma cuisine c'était juste une idée et je dis ok 15h très bien et je raccroche et je dis à mon fils tu m'étais complètement folle avec quoi tu vas enregistrer, avec quoi tu vas monter quelles questions tu vas lui poser donc j'ai passé la semaine à bachoter comme une folle, tuto montage quelles questions poser tout le... tout ça, donc en une semaine et j'ai sauté et c'est la meilleure chose qui soit arrivée parce que je pense que sans ça je pense que je l'aurais quand même fait mais ça aurait pris beaucoup plus de temps et la peur se serait multipliée et aurait pris plus de place et

  • Speaker #3

    ça c'est intéressant ce que tu dis justement parfois entre agir et la peur, cette notion de non en fait je recule j'y vais pas etc t'as lancé quand même la première Pierre en le proposant à ses femmes et bon, vite, ça a répondu et donc là, tu t'es lancée. Et là, maintenant, avec les discours que tu entends, est-ce qu'il y a quelque chose, vraiment une urgence sur lesquelles il faut vraiment accentuer, par exemple, on les entend vraiment pas assez ou il y a une notion de qu'est-ce que tu retiens de toutes ces interviews-là que tu viens d'effectuer ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'on les entend pas assez, je pense que quand on les entend, on... On est sur un temps très court et puis il y a un montage, il y a des choses qui sont faites. On fait ressortir le message qu'on a envie d'associer avec ces femmes-là. Je pense qu'on les raconte beaucoup. Je pense qu'on parle beaucoup en leur nom. Et ça, c'est vraiment l'une de... Mon principal objectif, c'est raconter leurs histoires elles-mêmes. Je trouve que quand il n'y a pas beaucoup d'histoires et qu'en plus elles sont racontées par d'autres, on perd. On perd beaucoup de choses, on perd beaucoup de choses, on s'accapare quelque chose et c'est vraiment ça, c'est juste leur donner cet espace qui malheureusement n'existe que très peu en proportion.

  • Speaker #3

    Et justement, pour donner de l'espace et leur donner de la visibilité, tu ne t'arrêtes pas au podcast. Tu as aussi créé ton premier livre qui vient de sortir, une collection dédiée aux enfants, en tout cas pour proposer des visages qu'on n'entend pas, de figures inspirantes que je n'ai pas vues. Est-ce que tu peux nous raconter aussi comment est venue cette idée ?

  • Speaker #1

    Absolument. Et en fait, c'est vraiment dans la continuité. Donc, je lance ce podcast un peu pour ma fille et rapidement... Il y a de l'intérêt. Il y a beaucoup de filles qui m'écrivent en me disant « j'adore, j'aurais adoré écouter ce podcast il y a quelques années, où ça m'aide, etc. » Donc, j'ai continué le podcast, mais rapidement, je me reconnectais avec la genèse de ce projet qui était cette envie personnelle de transmettre à ma fille. Je me disais « ouais, ma fille, elle a 6 ans, le podcast, c'est génial, mais le contenu n'est pas du tout pour elle et elle ne l'écoutera que dans 5, 10, 15 ans. » Et il y avait une urgence. de l'aider parce que j'avais vraiment conscience que les histoires que je lui raconte à cet âge-là, que je lui racontais à 4-5 ans, c'est les petites graines que je plantais dans sa tête. Et j'ai cherché des livres qui représentaient des héroïnes arabes, amazighes, qui lui ressemblent, un peu plus bronzées. Et malheureusement, il y avait vraiment un désert. Il n'y avait rien du tout. Je ne trouvais rien. Et je me suis dit, tout ce projet est parti pour... ma fille et j'ai besoin de créer cet objet que je recherche, que je ne trouve pas et je me suis dit, bon bah go. Et à ce moment-là, il y a eu un timing, une synchronicité. Moi, j'aime bien lire les signes. Il y avait une maison d'édition qui m'avait contactée pour mettre mon podcast en livre. Tu sais, ça se fait beaucoup.

  • Speaker #3

    Ah oui.

  • Speaker #1

    Et j'étais enceinte de mon deuxième enfant et je leur ai dit merci et c'est trop cool. peut-être pas tout de suite, j'ai cette idée de livre, est-ce que ça vous dit de faire de la jeunesse ? Ils ont dit, on ne fait pas de la jeunesse, mais regardons le pitch. Et ils m'ont dit, ok, donc j'avais commencé vraiment avec une maison d'édition et malheureusement, je te la fais rapide, mais malheureusement, au bout de six mois, on a commencé à travailler ensemble, donc j'ai commencé l'action avec eux et ils ont fermé parce que c'était une petite maison d'édition et que c'est un milieu un peu compliqué et c'est comme ça que je me suis retrouvée toute seule et que j'ai pris les autres décisions dont on va probablement parler.

  • Speaker #3

    Et donc pour choisir, Euh... La première femme, et aussi les femmes que tu voulais mettre en avant, c'est d'autres figures que tu mets en avant dans le livre.

  • Speaker #1

    Absolument, c'est des femmes historiques qui ont marqué, pardon, c'est des femmes arabes et amazighes qui ont marqué l'histoire, qui ont fait la première est médecin, la première c'est Tawheed Abunchir, c'est la première femme médecin du monde arabe, mais la prochaine c'est une chanteuse populaire, et l'idée c'est vraiment de naviguer aussi dans cette notion de réussite. C'est clairement réussite dans notre image. Peut-être notre génération et ce que nos parents nous ont inculqué, c'est être médecin, avocat ou je ne sais quoi. Et c'est vraiment montrer qu'on peut être chanteuse populaire, qu'on peut être danseuse, qu'on peut être plein de choses. Donc, c'est vraiment cette idée-là. C'est montrer des héroïnes diverses dans leurs projets, dans ce qu'elles ont fait, mais d'origine arabe et amazigh.

  • Speaker #3

    Oui, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'effectivement, tu aurais pu rentrer dans l'extra-héroïne, c'est-à-dire des femmes vraiment emblématiques qui donnent un statut alors qu'effectivement, il faut les entendre et il faut écouter leur parcours, mais que l'inspiration, toi, tu l'as eu aussi au quotidien et en fait, des femmes qui ont un parcours quand même qui est impressionnant, mais qui ne sont pas forcément des figures où on se dit c'est une et pas d'autre. C'est vraiment pour aussi généraliser cette inspiration.

  • Speaker #1

    ça c'est quelque chose qui est assez important et il y a aussi dans mon podcast une des questions signatures qui est quelle est ta définition de la réussite parce que je pense que je suis aussi dans ça à mon âge de redéfinir ma réussite, qu'est-ce qu'elle était et qu'est-ce qu'elle devient et est-ce que c'est forcément un salaire à je ne sais combien de chiffres est-ce que c'est faire ce qui est aligné avec mes valeurs et j'aimais bien tirer ce fil là et le continuer aussi dans cette collection de livres jeunesse

  • Speaker #3

    Et donc pour reprendre ce que tu disais, effectivement, cette première maison d'édition, elle finalement ne peut pas te suivre parce qu'elle met la clé sous la porte. Qu'est-ce que tu décides de faire et quelles sont les difficultés que tu rencontreras après ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, c'était un peu une claque parce que moi je pensais que ce projet était parti, que j'avais une maison d'édition, mes textes étaient écrits, on les a rediscutés. Tout était... Tu voulais vivre. Exactement. Je voyais le bout et puis ma partie du boulot était quasi finie. Je me voyais me retirer pour les laisser faire leur partie du job. Donc, ils m'annoncent ça. Et là, j'ai eu 24-48 heures où j'étais un peu perdue. C'était qu'est-ce que je fais ? Et j'avais en gros deux, trois options. C'était soit j'arrête, soit je le fais toute seule, soit je cherche une autre maison d'édition. Et bizarrement, arrêter, c'était une autre option. Rapidement, c'était l'option qui n'était pas une option parce que j'étais trop impliquée. Oui,

  • Speaker #3

    c'était... Ça t'a traversé l'esprit, mais voilà,

  • Speaker #1

    même pas. Voilà, j'ai tout de suite su que celle-là n'était pas... Il fallait que ces livres sortent. J'étais trop avancée, c'était trop important. Et l'auto-édition, c'était presque une non-option aussi. C'était, oh my God, qu'est-ce que je vais faire ? Par où je commence ? Je ne connais pas du tout cette industrie-là. Jamais je ne me lancerai dans ça. Donc, l'option la plus logique, et j'essayais un peu de m'auto-motiver en me disant, la maison d'édition a aimé ton pitch, celle-là. Forcément, il y en aura d'autres.

  • Speaker #3

    Oui, ça va être facile, presque. Exactement.

  • Speaker #1

    Et puis même si ce n'est pas facile, il y en aura une. Je suis OK de me battre et de chercher. Donc je suis partie avec mon petit bâton de pèlerin à la chasse à la maison d'édition, ce qui a duré assez longtemps, quasiment un an. Et ça a commencé doucement. Et puis on te présente des gens et tu rencontres et LinkedIn et je ne sais quoi. Et plein de petits signes positifs où il y avait beaucoup de gens hyper sympas qui me disaient nous, on ne fait pas du tout ça. Mais par contre, je vais te présenter un tel. Et c'était des petits signes que je voulais lire comme positifs, comme quoi mon projet avait du sens, que la qualité de ce qui était écrit, des illustrations et du projet plaisaient. Donc voilà, je te la fais court d'une maison à l'autre, oui, celle-là, etc. Et puis j'ai réussi à avoir des rendez-vous avec des maisons un peu plus importantes. et malheureusement les deux dernières, la première... Enfin, elles étaient toutes les deux très positives par rapport au projet. Il leur plaisait, ils trouvaient ça innovant, intéressant, bien écrit, etc. Mais la première m'a demandé de faire un petit changement qui était d'enlever le mot arabe. Donc c'est femme arabe et de le changer, femme arabe et amazigh, de le remplacer par méditerranéenne. Et ce qui n'était pas du tout l'essence du projet. Il y a beaucoup de femmes inspirantes en Méditerranée et ça peut être intéressant d'aller en Italie, en Espagne, etc. Mais ce n'était pas du tout l'ADN du projet. Et du coup, rapidement, j'ai dit non. L'ADN du projet, c'est vraiment ça. Et en gros, le feedback de manière un peu soft, c'est oui, non. Vous savez, en ce moment, ce terme-là, on préfère rester un peu plus général. Donc, un peu une claque. Et je me suis dit, c'est pas grave, ils ont accroché, on s'entend pas sur ça, c'est qu'on n'a pas les mêmes valeurs, c'est peut-être un mal pour un bien, je continue. Et là, assez rapidement, une autre maison d'édition, pareil, qui est reconnue sur la place, plein de compliments, premier meeting qui se passe hyper bien. et deuxième réunion on me dit on va vous proposer un contrat très bientôt et là des étreuves dans les yeux ça y est, job done, je vais me reposer par contre contre, mes livres sont bilingues, je ne sais pas si je l'ai mentionné.

  • Speaker #3

    Non, tu ne l'avais pas mentionné, mais oui. Parce que c'est un élément important, effectivement.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc, ils sont et en français et en arabe, et il y a une version audio en français et dans les dialectes. Donc, tunisien, marocain, algérien et palestinien. Et ils me disent, à ce moment-là, il n'y avait pas encore les audios, je pense, et du coup, ils me disent, pour la version écrite, on adore le bilinguisme, clairement, on est... Dans une ère où les enfants parlent plusieurs langues, etc. Je suis trop contente. Ils me disent, mais par contre, Madame l'arabe, ça ne va pas être possible. On va le remplacer par de l'anglais. Nous, vous nous connaissez, on est très connus. On a nos entrées outre-Atlantique, aux Etats-Unis, au Canada, je sais pas où. Donc, on va remplacer l'arabe par de l'anglais. Je dis là, ben non, ce n'est pas du tout le but. C'est important qu'il y ait l'arabe. Ça fait partie du projet, de l'écosystème et de ce que j'essaie de transmettre. Et en gros, on m'a dit, bon ben non, madame, en ce moment, l'arabe, c'est compliqué. C'est soit on remplace par de l'anglais et on vous suit et on pense vraiment que ça peut marcher. Et sinon, merci, au revoir. Et je dis, ben merci, au revoir.

  • Speaker #3

    Et là, c'est quand même clac.

  • Speaker #1

    Là, c'était dur. Honnêtement, là, c'était dur. Autant la première était dure, là, c'était double clac. Et il m'a fallu 24 heures de digestion de ces conversations-là. Et ensuite, ça a été un moteur. Ensuite, je me suis dit, en fait, ces retours-là, c'est une raison de plus ou deux raisons de plus pour lesquelles ces livres doivent sortir rapidement et sans concession. Exactement comme je les ai imaginés, avec... le bilinguisme français-arabe et avec Femmes Arabes et Amazigh, c'est non négociable. Et cette volonté d'effacer, de cacher, de lisser, c'est tout ce que j'essaye de combattre à la base avec le podcast et avec le projet dans sa globalité. Donc, j'y vais. Je pense que je ne savais pas ce que je disais à ce moment-là,

  • Speaker #3

    mais j'ai dit j'y vais. Ils t'ont motivée presque à y aller vraiment. De ce que tu disais au début, c'était encore un peu flou. Est-ce que j'y vais ? Bon, une maison d'édition, très bien, je vais me laisser porter. Et finalement, oui, ça a été le porteur, effectivement, de l'urgence du sujet et aussi les contraintes, la véritable difficulté qu'il y a encore dans notre société actuellement.

  • Speaker #1

    Absolument. Et tu as utilisé un terme qui est très juste, c'est l'urgence. Je pense que j'ai eu 24 heures un peu où je n'étais pas bien. Et le deuxième jour, j'étais là, c'est fini. Je ne discute plus avec aucune maison d'édition. J'y vais, j'ai financé l'illustratrice, je lui ai donné le go, on a finalisé les dessins, j'étais rapidement en contact avec des imprimeurs. Je me suis mis en mode commando, quelles sont les étapes, je vais me casser la gueule, je vais me tromper, mais il y en a certains, il y a certains éléments qui sont évidents. Je vais commencer par ceux-là et le reste viendra. Et ça, c'était juste avant l'été, j'ai passé l'été dessus et ils sont sortis là en octobre.

  • Speaker #3

    Oui, donc cette année. et c'est fou cette transformation de détermination qui est venue en toi déterminer la faire et à transmettre et à parler de ce projet et tu laisses aussi une place à ta fille dans un de tes épisodes qui disait avec grande fierté mais c'est ma maman qui est l'auteur tu vois c'était incroyable cette phrase parce que elle se dit waouh qu'est-ce qu'elle fait là tu t'en rends compte aussi de ce que tu fais de tout ce que tu mets en place Merci.

  • Speaker #1

    Honnêtement, pas vraiment. Je pense que je suis beaucoup dans l'action. Mais cet épisode-là, il est précieux pour moi. Et c'était hyper touchant, comme tu peux l'imaginer, d'entendre son enfant. C'était un moment, en plus, dont je me rappellerai tout le temps, tu sais, d'avoir ta fille de l'autre côté du micro. Et je pense que j'ai beaucoup travaillé. J'étais moins présente, parfois, pour ce projet-là. Donc c'était aussi important de voir... qu'elle en était aussi fière parce qu'elle en subit, entre guillemets, parfois les conséquences de certains déplacements, de travailler très tard, etc.

  • Speaker #3

    Là, tu commences à aussi faire la communication, à gagner en visibilité. Est-ce que ces maisons d'édition sont venues vers toi ou pas ? Non. Elles reviendront peut-être à un moment. Peut-être,

  • Speaker #1

    mais l'une d'elles me disait si vous y allez seule, madame, vous allez vous casser les dents, vous ne vous rendez pas compte dans quoi vous allez, donc je ne suis pas sûre que ce soit. C'est vrai.

  • Speaker #3

    Mais de quoi je me mêle, en fait,

  • Speaker #1

    aussi.

  • Speaker #3

    Pardon, mais c'est fou. En plus de rajouter ça, ouais. Effectivement, par contre, c'est un vrai sujet qu'on peut aussi aborder. J'imagine les frais que ça implique, cet engagement. Voilà aussi la charge mentale de l'engagement en lui-même, tu vois, d'être engagée, d'être une femme engagée en termes justement d'équilibre de ta vie. perso, etc. Est-ce que ça, tu peux nous en parler aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. C'est vrai que c'est une grosse charge et c'est à cause de cette charge que j'ai pris des décisions aussi, comme tu le... présenté dans l'intro. À la base, je travaille chez EY dans un des Big Four, je suis directrice. Et quand j'ai décidé de passer à l'action, j'ai réalisé rapidement la quantité de travail que ce serait. Et j'ai pris cette décision de faire un break de quelques mois pour me concentrer sur ça. Donc, il y a un coût dans tout, financier, de temps. Et puis le coup de l'apprentissage, j'apprends, c'est un métier que je ne maîtrise pas, donc j'ai pas mon réseau, j'ai pas mon imprimeur, j'ai pas mon graphiste, enfin tout ça c'est des choses qui prennent du temps parce que, comme tu peux l'imaginer, tu rentres en contact avec plusieurs et puis ça va pas, et puis c'est pas vraiment ce que je voulais. et voilà, et dans la manière de demander je me suis plantée plein de fois dans mes demandes et puis je reçois un truc complètement à l'ouest enfin bref, l'apprentissage de faire quelque chose de nouveau Donc oui, ça a un coût, mais je pense que ça rend le projet encore plus beau, avec plus de valeur, en tout cas pour moi. Je l'ai vraiment porté à 100% ce bébé-là. Après, il y a aussi, et je ne les remercierai jamais assez, j'ai fait une campagne de crowdfunding parce que le gros sujet, c'était combien j'en imprime une fois que c'était fait. Parce que, comme tu le sais probablement, le coût du papier est important. Imprimer 50 exemplaires ou 1 000 ou 5 000, ce n'est pas du tout le même prix. Et puis, je n'allais pas faire payer ma famille un stock de 2 000 livres dans mon salon, des cartons en déco. Donc, j'ai lancé une campagne de crowdfunding par rapport à ça pour savoir si aussi génial... aussi... Ouais...

  • Speaker #3

    Aussi important que ce soit elle.

  • Speaker #1

    Exactement. Est-ce que des gens vont me suivre ? Est-ce que ça va être juste mes copines ?

  • Speaker #3

    Quand c'est reçu, d'ailleurs, est-ce que tu es étonnée, finalement, du retour et de l'impact ? Tu vois que ça touche d'autres personnes, parce que c'est ça le but aussi. Si ça reste dans un même écosystème de personnes qui sont proches de loin au monde arabe et qui se disent « j'ai envie de porter ces femmes-là » , il faut que ça touche aussi d'autres personnes. Est-ce que tu le ressens ça ? Oui.

  • Speaker #1

    Ça, je le ressens et j'ai été impressionnée et hyper touchée parce que la campagne de crowdfunding, on a atteint les 100% en 48 heures et on a fini à 200%. Donc, il y a vraiment eu un engouement et un soutien de ma communauté du podcast définitivement et d'autres gens qui sont venus se greffer. et puis il y a beaucoup de gens, c'est ce que tu disais, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas de culture arabe et c'est vraiment, ça, ça m'a beaucoup touchée parce que Des fois, peut-être mon message est très axé sur la culture arabe, mais je pense que c'est aussi important pour des personnes qui ne sont pas de cette origine-là, pour leurs enfants, de lire des choses différentes. Parce que nos enfants vont grandir dans un monde pluriel, où leurs petits copains de classe, leurs futurs collègues viennent de tel et tel pays. Et c'est important de savoir un peu de cette histoire-là pour mieux les comprendre, pour mieux connecter. et j'en ai eu énormément et beaucoup. beaucoup de mamans qui me disaient ça ou des filles qui écoutent mon podcast qui me disent, grâce à ton podcast, il y a beaucoup de nuances que je ne voyais pas du tout qui me permettent de lire des situations de manière différente. Et ça, je trouve que pour moi, ça n'a pas de prix. C'est hyper important. Oui,

  • Speaker #3

    c'est sûr. Je voulais revenir aussi sur ton processus d'écriture, justement, pour comment tu t'organises. Est-ce que tu vas chercher des informations historiques ? Après, est-ce que tu apportes ta touche ? Parce que je ne l'ai pas encore dans les mains, ce livre, mais bientôt. Et du coup, pour nous expliquer vraiment comment tu as voulu aborder justement la biographie de ces femmes.

  • Speaker #1

    En fait...

  • Speaker #0

    J'ai commencé par faire une liste déjà. Quand j'ai eu cette idée, je me suis dit, mais je vais les lister pour savoir combien il y en a. Parce que ma démarche, c'est de faire une collection. Est-ce que ça a du sens de faire une collection ? Est-ce que ça sera une collection de cinq livres ? Ou est-ce que ça peut être une collection de 100 livres ? Et puis, la liste était très longue. Clairement, je pourrais faire une collection de 100 livres. Et après, il fallait faire des choix. Il fallait commencer. Je pense que comme tout projet et toute action, à un moment, il faut faire le premier pas. Et il fallait choisir une femme. J'ai choisi une femme tunisienne. Moi, je suis d'origine tunisienne. Il y a une anecdote, l'été où j'ai commencé à écrire, où il y avait une tablée d'enfants, un déjeuner d'été, et en Tunisie le billet de 10 dinars, qui est l'équivalent d'un billet de 10 ou 20 euros, ce qu'on utilise vraiment day to day. Il y a très peu de transactions en carte bancaire, donc on utilise beaucoup le papier physique. Je vais à la tablée d'enfants avec ce billet de 10 dinars où il y a l'image de cette femme, Tawheed Abenshir, première femme médecin du monde arabe, et je le montre aux enfants en leur disant qui est cette femme, les enfants. Et là, il y avait une dizaine d'enfants, ils se regardent tous. Il y en a un, il dit, ah bon, c'est une femme, je pensais que c'était un homme, ok. Mais c'est drôle parce que comme quoi, l'imaginaire, c'est des enfants. Et puis, on associe forcément quelqu'un de connu, entre guillemets, et de 20 billets, forcément, c'est un homme. et puis les autres je sais pas, je sais pas, je sais pas il y en a un à la fin il me dit Marie Curie et c'était rigolo et un peu triste parce que ça montrait aussi que dans l'imaginaire des enfants les héroïnes sont forcément européennes, sont forcément d'Europe et pas de chez eux. Et du coup, je me suis dit, ce sera elle. Rapidement, suite à ça, je me suis dit, ce sera elle. En plus, étant en Tunisie, je me suis dit, je vais essayer de rentrer en contact avec sa famille, d'avoir des anecdotes de l'intérieur. Et j'ai pu rencontrer ces petits-enfants qui ont été une source incroyable d'informations, de petites anecdotes qui sont très peu connues et qui ne sont pas partout, qu'on ne trouve pas dans des recherches classiques. donc ça a été un mixte de témoignages personnels de sa famille avec qui j'ai passé un peu de temps, et de recherches, de documentaires, de lectures. Et après, il faut vulgariser ça aussi et mettre ça à la partie de l'enfant. Exactement. Et encore, cette histoire, il y avait moins de sujets, mais la deuxième, il y a des sujets qui peuvent être un peu sensibles et faire des choix aussi de ne pas forcément tout raconter et de nuancer et de laisser... l'imaginaire et l'enfant découvrir ça.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton public est quand même particulier et l'enfance, effectivement, il faut une autre écriture.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça,

  • Speaker #1

    ça te plaît ? Toi, t'as plu cet exercice ? Oui,

  • Speaker #0

    j'ai adoré. J'ai adoré et puis je me suis rendue compte en y allant, c'est que on touche aussi beaucoup de sujets au-delà de raconter une histoire. Il y a le féminisme qui vient beaucoup dans la première histoire, le rôle de la maman de cette médecin est crucial. sans spoiler l'histoire, mais elle va à l'encontre d'une décision familiale et pousse sa fille à partir faire des études à l'étranger. On est au début du siècle et c'est assez... ça peut être un peu antinomique avec ce qu'on peut imaginer. Une mère dans le début du siècle qui pousse sa fille à partir seule à 16-17 ans. Il y a les notions d'indépendance, il y a la notion de colonialisme, tout ça qui sont en fond parce qu'elle a vécu à cette époque-là et que c'est des choses qui existent. Et je trouve que c'est C'est intéressant de commencer à en parler, de les montrer, de dire que ça a existé, parce que malheureusement, il y a très très peu de choses à portée d'enfants sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Et comment s'est reçu en Tunisie, justement, ton travail et justement ce premier livre ?

  • Speaker #0

    Écoute, c'est plutôt très bien reçu. C'est sorti en Europe avant, donc j'ai plus de feedbacks en Europe.

  • Speaker #1

    C'est tout récent.

  • Speaker #0

    Tout récent, mais... Mais il y a énormément de feedback très positif, dans le sens, j'ai cherché ces livres depuis très longtemps, merci de les avoir écrits. Mon fils a des étoiles dans les yeux et se dit, il a reconnu le drapeau de la Tunisie. Il se dit que le prénom ressemble au prénom de sa mamie. Il y a les audios en dialecte et du coup, les enfants réagissent en disant, mais c'est comme quand on va en vacances, ils parlent la même langue que mamie et papi. Et ça, c'est hyper émouvant. J'ai des histoires aussi très touchantes. d'une personne qui a offert ça à un ami qui était un peu en rupture avec son arabité, qui était « je ne veux pas transmettre à mes enfants » . Il avait une histoire personnelle compliquée, comme on peut avoir. Et en voyant ces livres-là, elle lui a offert, donc il les a lus à sa fille. Et du coup, depuis, il essaie de lui apprendre quelques mots en arabe. Et il lui a écrit un message qu'elle m'a partagé, qui m'a énormément... touché en lui disant, grâce à ces livres, je me réconcilie tout doucement avec mon arabité et j'ai envie de le transmettre à mes enfants. Et ça... Oui,

  • Speaker #1

    et puis pour toi aussi, ça a vraiment l'action égale impact.

  • Speaker #0

    Je le ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Tu peux vraiment le palper et ça c'est quand même aussi satisfaisant parce que on a parlé de toutes les portes qui se sont fermées, etc. L'énergie que tu as déployée, il y a aussi cette reconnaissance et le véritable élan et l'intérêt, il est là. Et voilà. Donc bravo pour tout ça aussi. J'ai quelques questions avant de te tirer la signature. Pour toi, agir, ça veut dire quoi ? Est-ce que tu peux me donner ta vision de l'action ?

  • Speaker #0

    Pour moi, agir, c'est rendre réelle une intention, c'est avancer malgré la peur, c'est très personnel, c'est se dire qu'une action peut être modeste, une action n'a pas besoin d'être grande. Et je trouve que quand on parle d'action, on peut avoir ce côté un peu culpabilisant. « Waouh, elle a fait tout ça ! » Et je pense qu'on fait avec ce qu'on a à disposition, ce qu'on nous a transmis, où on en est dans notre vie. Et il ne faut pas se culpabiliser à regarder certains parcours en se disant « Oui, mais moi, je ne fais rien. » Je pense que l'action, elle peut être minime et c'est OK. Et c'est toutes ces infimes choses qu'on fait qui font l'action.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un domaine où tu aimerais voir plus d'action ? qu'on n'a pas abordé, mais qui te touchent et où tu trouves que l'action manque dans ce domaine-là ?

  • Speaker #0

    Qu'on a abordé un peu, mais l'éducation émotionnelle pour les enfants, je pense que ça peut te parler un peu. Je pense qu'on parle beaucoup de réussite, qu'on parle beaucoup d'ambition et c'est bien. On ne parle pas d'empathie, on ne parle pas de représentation, on ne parle pas de ces choses qui... Je trouve que cette société en parle comme des choses un peu soft et qu'on est dans le hard et il faut de l'ambition et ils font du dur et de la réussite. Merci. Et je trouve que c'est hyper important. Et c'est pour ça que, pour faire le lien avec ta question de tout à l'heure, ça me touche d'autant plus que des personnes de culture non arabe s'intéressent à mes livres. Parce que c'est vraiment planter cette graine de l'empathie dans leurs enfants et avoir ce désir de faire société et de se connaître et d'aller au-delà des clichés et de ce qu'on dit.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu une femme, toi, qui a envie de nous partager dans ta vie, qui est un symbole d'action ? ou encore actuellement qu'une femme, elles agissent. Ce serait qui et pourquoi ?

  • Speaker #0

    Ce serait qui ? Je pense que ce ne sera pas une femme connue. Je pense que ce serait ma grand-mère. Ma grand-mère était très active en Tunisie. C'était une féministe avant-gardiste qui a beaucoup agi pour les droits des femmes au début du siècle. Et je pense qu'elle a ça de son grand-père et c'est drôle parce que je découvre l'histoire de mon arrière-grand-père là. Il était journaliste, militant, anticolonial. Il avait monté un journal qui a été brûlé par les Français à l'époque parce qu'il donnait la parole à des résistants qui voulaient l'indépendance de la Tunisie. Il en est mort, quasiment mort de faim parce qu'on lui a tout enlevé. et ma grand-mère a eu je pense ce relais là de défendre les droits des femmes de pousser les femmes dans les campagnes à voter à expliquer l'importance du vote, de l'IVG de tout ça et je pense que J'étais très petite, je ne comprenais pas tout, mais je pense qu'il s'est passé quelque chose en termes de transmission pour rester sur ce thème-là.

  • Speaker #1

    Peut-être un prochain livre sur elle ?

  • Speaker #0

    Qui sait ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Moshra, pour cet échange et pour ton travail et pour tout ce que tu fais et transmets. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir reçu et pour ce temps long pour raconter mon histoire et l'histoire de mon projet.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    À très bientôt.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode vous a plu. Merci d'avoir pris le temps de l'écouter et n'hésitez pas, si vous avez aimé, à le partager, à le commenter, à faire vivre la communauté Elsagis. Je vous retrouve très vite pour un nouvel épisode et n'oubliez pas que des lives sont aussi disponibles sur mon compte Instagram emily.b.sophrologue et que vous pouvez aussi retrouver toutes les informations de l'épisode sur le site du podcast www.elsagis.com. A très bientôt !

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