- Speaker #0
Bonjour Rosalie. Bonjour.
- Speaker #1
Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation dans Elsagis. Je suis ravie de enfin te recevoir à mon micro.
- Speaker #0
Moi également, merci beaucoup Émilie.
- Speaker #1
Rosalie, donc on va parler beaucoup de plastique, mais pas que. Le plastique est partout, autour de nous, sur nous et même en nous. Invisible parfois, mais en tout cas omniprésent, il s'immisce dans notre corps, dans notre environnement et même jusqu'à l'intimité de nos cellules, ce que tu expliques très bien. Et donc pendant des années, il a aussi incarné le progrès, à contrario la liberté, l'innovation. Et aujourd'hui, il incarne surtout une crise à la fois écologique, sanitaire, mais aussi profondément sociale et politique. Et on a eu encore l'exemple récemment avec les nouvelles décisions de Donald Trump autour des pailles en plastique, etc. En tout cas, Rosalie, tu es mon invitée aujourd'hui et tu as fait, toi, de cette lutte contre la pollution plastique une bataille centrale. dans ta vie, dans ton métier, aussi dans ton livre « Nos morts plastiques, comment le plastique ruine notre santé » . Tu explores sans concession l'impact, j'ai envie de dire dévastateur, des microplastiques sur notre santé, sur les femmes en particulier, on reviendra dessus, qui sont souvent des victimes méconnues de cette pollution qui est, comme je le disais, omniprésente. Tu nous pousses quelque part à nous questionner sur notre rapport, je trouve, au progrès et à l'environnement. de manière un peu plus générale. Et c'est par le biais d'une expérience aussi personnelle que ton engagement est né. On va voir qu'il va évoluer ensuite. Et qui t'a amené justement à créer No More Plastic. Pour commencer notre échange, j'aimerais commencer par rebondir sur quelque chose que tu as écrit. Que le recyclage est un mythe dangereux, une illusion collective. Et j'avais envie de te demander pourquoi, selon toi, on continue à y croire aussi profondément.
- Speaker #0
Alors, tout simplement parce que les gens n'ont pas compris encore ce qu'est la pollution plastique. C'est-à-dire qu'en fait, on pense que la pollution plastique, c'est une question de macro-déchets, c'est-à-dire ce qui est visible à l'œil nu, ce qu'on voit sur les plages, ou quand tu fais ton jogging, ou ce que tu vois dans les rues, dans les forêts, dans la nature, ce qui est visible. Sauf que la pollution plastique est avant tout une pollution invisible. Et cette question-là, les gens ne l'ont pas encore du tout mesurée et comprise. Il faut savoir qu'un plastique issu de la pétrochimie va générer des microparticules et des nanoparticules tout au long de son cycle de vie. Et ces microparticules et nanoparticules contiennent des perturbateurs endocriniens et des substances toxiques qui sont déjà présentes dans ces plastiques. Et ces microparticules et nanoparticules, c'est un peu comme des éponges, des éponges à polluants, donc qui ne sont pas du tout neutres. Et ces pollutions-là... Elle est aujourd'hui extrêmement importante parce qu'elle est dans notre corps. On a aujourd'hui des preuves scientifiques qui nous prouvent qu'on en a dans le sang, dans les placentas, dans le cœur, dans le poumon, dans le cerveau, dans la salive. Enfin, on en a vraiment partout. Et là où c'est un problème, c'est que c'est justement des éponges à polluants. Donc c'est ça le vrai sujet, c'est pas juste il se dégrade, parce qu'il y a d'autres matériaux qui se dégradent également. Le problème du plastique issu de la pétrochimie, c'est qu'elle contient environ 16 000 substances chimiques, aujourd'hui en tout cas on en a identifié 16 000, mais il y en a plus que ça, qui sont cancérogènes et qui amènent à des inflammations et des problèmes inévitablement. Après ça ne veut pas dire que les causes uniques du cancer... sont les microparticules et les nanoparticules de plastique, mais ils y contribuent grandement. Et plus on produit de plastique, plus nous sommes exposés à cette pollution. À cette pollution qui n'est pas seulement au moment du déchet, mais vraiment tout au long de son cycle de vie. Et ce n'est pas uniquement les questions, parce qu'on parle énormément depuis des décennies maintenant de plastique à usage unique, mais ça, c'est rien du tout. Ça, c'est le haut de l'iceberg. Les plastiques à usage unique, c'est... C'est une fémisterie en fait, ça fait partie du problème bien entendu, mais c'est pas ça le vrai souci. Le vrai souci, ce sont tous les produits qu'on utilise au quotidien, qui sont autour de nous, qui ne sont pas des plastiques à usage unique, mais des plastiques, on va dire, pas permanents, mais quasi, et qui sont, qu'on utilise au quotidien. Donc typiquement, nos vêtements, nos baskets, les jouets pour les enfants. Tu vois bien que ce ne sont pas des usages uniques, c'est des usages sur le plus long terme. Et ces produits-là vont générer des microparticules et des nanoparticules. qu'on va ingérer ou qui vont aller dans l'atmosphère. Typiquement, une chambre d'enfant, en général, est plus impactée par des microparticules et des nanoparticules dans l'atmosphère intérieure de la chambre de l'enfant parce qu'il a des jouets, il a des peluches, parfois même les rideaux ou les draps sont en polyester, etc. Et tout ça dégage des microparticules et des nanoparticules qui restent dans l'atmosphère. Donc, il faut se rendre compte... que cette pollution invisible, même si elle est invisible, elle est quand même bien là.
- Speaker #1
Et toi, dans ton combat et dans ton discours, tu es accompagnée, suivie par les scientifiques, le corps médical, où il y a de la réticence aussi, où ce n'est pas un sujet parce qu'il n'y a pas le temps d'étudier là-dessus. Comment ils réagissent par rapport à...
- Speaker #0
Ah si, on en a, bien entendu. Après, ça ne veut pas dire que tous les scientifiques nous soutiennent ou que tous les médecins... Mais il y en a, bien entendu. C'est dans tous les secteurs. Moi, ce que je suis contente de voir, c'est qu'en fait, on est vraiment concernant la pollution plastique. On est un peu comparativement à la période où les docteurs réalisaient petit à petit qu'en fait, ils avaient conseillé leurs patients de fumer. Parce qu'il faut savoir que les médecins, dans le passé, conseillaient leurs patients de fumer pour leur bien, pour une question de diminution de stress. D'ailleurs, c'était vendu en pharmacie, etc. Et ensuite, ces mêmes médecins, qui n'avaient pas du tout une volonté de tuer leurs patients, ont réalisé qu'en fait, ils avaient recommandé un produit qui était toxique. Et en fait, on est exactement dans la même période. Moi, je reçois énormément de messages de l'industrie, que ce soit de la pétrochimie, des substances toxiques, du recyclage du plastique, etc. De gens qui ne réalisaient pas. ce qu'il recommandait en fait. Et il réalise petit à petit, bon, pas forcément, il y en a, c'est par rapport à mon livre, mais d'autres par rapport à des études qu'ils ont pu lire, etc. Mais il y a un éveil vraiment conscient qui est en train de se faire. Tout simplement parce que je ne fais pas du plastique bashing, ce n'est pas le propos. Le plastique, c'est un matériau fantastique qui nous a permis de rentrer dans l'âge moderne dans lequel nous vivons, qui nous a permis d'aller sur la Lune, qui nous permet d'avoir la technologie que nous avons, etc. Le problème, c'est qu'on l'a introduit dans beaucoup trop de secteurs de notre quotidien, de produits que nous utilisons en permanence. Donc souvent, quand on a envie de faire des faux débats, on a des gens qui vous disent « Ah, mais sinon, vous n'auriez pas de réfrigérateur, vous n'auriez pas d'ordinateur. » Mais ça, ce n'est pas le problème. Si on prend par exemple l'électronique uniquement, ça correspond à 2%, 2% de la production mondiale de plastique. Vous voyez bien que c'est un faux débat. Quand on me parle aussi, on me met souvent en face la médecine, mais comment ferions-nous, etc. Pareil, la médecine, 2% également. Donc vous voyez bien que ce sont des faux débats, que ce n'est pas du tout ça le sujet, que sur la pollution plastique, si on regarde vraiment sur les 460 millions de tonnes qu'on produit actuellement par an, sur ces 460 millions, on a 50% qui correspondent à l'industrie du textile. et à l'industrie du packaging en priorité, puisque le packaging correspond à 34%. Et si on ajoute les 16-17% de textiles, on arrive à plus de 50% de pollution plastique, puisqu'en fait, la pollution plastique est liée vraiment à la production qu'on fait du plastique. C'est-à-dire, plus on produit, plus on est directement impacté. Donc, quand on a compris ça et qu'on a saisi... vraiment de quoi il en peut.
- Speaker #1
Le débat et le combat, je veux dire.
- Speaker #0
Quel est le réel combat ? Moi, je n'aime pas dire je ne suis pas dans une bataille, je ne suis pas dans un combat. C'est vraiment plus une mission de vie, d'éveil de conscience, d'éveiller les gens. Moi, je pense que pour agir, il faut comprendre. Si vous ne comprenez pas, vous agissez, certes, mais pas du tout comme il faut. Et c'est ça qui se passe aujourd'hui avec les gens qui agissent et qui pensent bien agir. en allant vers le recyclage du plastique. Parce qu'en fait, ils n'ont pas compris que ce matériau-là, il n'a rien à voir avec le matériau comme le verre, le papier, qui eux sont effectivement complètement recyclables. Donc c'est pour ça que c'est extrêmement important de comprendre qu'est-ce que réellement le plastique, et je parle bien, alors évidemment, il y a certaines personnes qui vont dire mais le plastique, c'est plein de choses. Oui, et c'est un vrai problème, parce qu'aujourd'hui, en face du plastique, on a mis... un peu tous, un espèce de mot melting pot dans lequel vous avez aussi les bioplastiques, les plastiques biosourcés, ça crée une confusion monstre, mais c'est à l'avantage de l'industrie donc ils ne veulent absolument rien changer par rapport à ça, mais justement il est important qu'on comprenne bien qu'on parle là de plastique à usage unique ou pas parce qu'attention il n'y a pas que la question d'usage unique mais issu de la pétrochimie et donc contenant ... des perturbateurs endocriniens, des pyphases, des substances toxiques, etc. Et c'est ça le vrai sujet.
- Speaker #1
Ton engagement, il est né aussi d'un déclencheur personnel autour de ton fils, de l'état de santé de ton fils, qui a été associé à la pollution plastique. Est-ce que tu peux nous le raconter et aussi nous expliquer comment cette expérience douloureuse, difficile, comment elle a façonné ton engagement et tout ce que tu fais maintenant ?
- Speaker #0
Alors en fait, c'est allé en évolution. Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. En fait, ce qui s'est passé, c'est que mon fils est né asthmatique, mais comme beaucoup d'enfants, ses questions de problèmes respiratoires se sont compliquées avec les années. Et en fait, on a passé beaucoup de temps aux urgences, beaucoup de temps avec tous ces problèmes où je voyais mon gamin ne pas pouvoir profiter de l'école ou de ses camarades, etc. Et en plus, on était dans un... Dans un hôpital où il y avait d'autres enfants malades, il n'était pas que le seul. Donc il y a eu cette phrase un peu déclencheur d'un médecin qui m'a dit « mais vous savez, c'est normal, c'est la pollution » . Et c'est vrai que pour moi, alors c'est la normalité des médecins, je le comprends et je l'entends, mais ce n'était pas ma normalité à moi. Donc le fait de réaliser qu'aujourd'hui nous pouvions avoir des enfants qui tombent malades parce qu'on a cette pollution et qu'en fait on va vivre dans une société où pour nous ça va devenir normal. En fait, rien n'y faire, on va s'adapter et on va faire avec. Moi, je refuse ça. Je refuse de me dire qu'on va vivre dans une société où on tolère que la pollution, c'est normal, ça fait partie de la vie quand on vit en ville, etc. Et en fait, non. Et c'est là où cette phrase a été vraiment un électrochoc pour moi et que je me suis dit qu'il va falloir que je comprenne de quoi on parle, qu'est-ce qui se passe derrière ce mot de pollution. Alors évidemment, il ne s'agit pas uniquement de plastique, mais aussi de particules fines, etc., quand on habite dans les villes comme Paris où j'habite. Mais en creusant la question, je suis tombée sur la question des microplastiques et des nanoparticules de plastique. Et là, j'ai réalisé, dans les études qu'on me montrait, etc., que tous nos enfants, aujourd'hui, naissent pré-pollués. Pré-pollués de microparticules et de nanoparticules. Ce qui n'était pas le cas à notre époque. Enfin, en tout cas, quand moi, je suis née. Et je me suis dit comment ça se faisait qu'en à peine cinq décennies, on en soit arrivé à ça, en fait. Et que personne, surtout que personne dans l'opinion publique, n'en avait conscience ou même ne l'évoquait ou n'en parlait. Pour moi, ça me paraissait complètement dingue. Et moi, j'étais là, mais ce n'est pas possible. Donc oui, certes, il y avait des magazines scientifiques ou national-géographiques qui en parlaient, mais pas dans l'opinion publique, pas sur les chaînes nationales, pas dans la presse, etc. Et à partir de là, je me suis dit que ce n'était pas normal, qu'il fallait vraiment que l'opinion publique se saisisse de la question et comprenne qu'aujourd'hui, on ne peut plus continuer avec cette consommation exponentielle qu'on a de ce matériau, qu'il soit fantastique ou pas. La question n'est pas là. La question est la question de la toxicité de ce matériau. Quand un produit est toxique, vous n'allez pas l'introduire dans la bouche de vos enfants, dans vos produits du quotidien ? dans les culottes menstruelles ou les serviettes hygiéniques ou les tampons, au moment d'ailleurs où la femme sont les plus vulnérables. On en parlera peut-être par la suite. Mais tout ça me paraissait complètement impensable. Et à partir de là, j'ai décidé d'agir. Parce qu'en fait, comme je vous disais, pour agir, il faut déjà que tu comprennes. Et c'est ça qui s'est passé pour moi. C'est-à-dire, j'ai commencé à comprendre, à avoir énormément d'informations et à saisir vraiment de quoi on parle. Et à partir de là, en fait, c'est lié. Tu te dis toujours, bon, voilà, j'ai des informations, donc je ne peux pas rester là, assise, à ne rien faire.
- Speaker #1
Et du coup, de cet engagement militant qui est né, la place de l'émotion a évolué, a changé par rapport à l'émotion initiale de ce que tu viens d'évoquer ?
- Speaker #0
Alors oui, moi, je fais très attention à ce que mes émotions personnelles ne rentrent pas en ligne de compte. C'est-à-dire que je reste vraiment sur les faits. Le factuel. Alors évidemment la science évolue, les études elles ne sont pas parfaites, elles sont encore en train d'être peaufinées, on va en avoir besoin d'autres, etc. Mais ce qui est super, c'est qu'en France notamment, nous avons le principe de précaution. Et aujourd'hui, je déplore que ce principe de précaution ne soit pas mis en place concernant cette question de pollution microplastique et nanoplastique. C'est-à-dire qu'on considère que comme il n'y a pas suffisamment d'études aujourd'hui pour connaître réellement les conséquences sur l'impact sur notre santé, on va continuer à faire comme si tout allait bien. Eh bien non, le principe de précaution veut dire que s'il y a un doute possible d'un impact quelconque sur la vie ou sur la santé, d'une population, on doit agir. Et agir, ça veut dire quoi ? Ça veut dire réduire la consommation et la production surtout de plastique que nous faisons. Et je vais te donner un exemple. Sur les 460 millions de tonnes de plastique que nous produisons par an, si on décidait aujourd'hui de réduire de 50 %, on ne reviendrait certainement pas à l'âge de pierre, parce que souvent c'est un... C'est quelque chose qu'on me dit, on me dit, oh là là, mais si on réduisait de 50%, on reviendrait à l'âge de pierre, etc. Pas du tout. On a fait les calculs et en fait, si on réduisait de 50%, on reviendrait à 2013. Et 2013, ce n'était pas l'âge de pierre. Oui,
- Speaker #1
ce n'est pas catastrophique.
- Speaker #0
Non, mais enfin, c'est juste pour te dire à quel point c'était n'importe quoi. Et en fait, les vrais deux secteurs qui sont aujourd'hui vraiment problématiques, c'est le packaging et le textile. Et dans ces deux secteurs-là, on est tout à fait capable. de se passer de plastique. On est capable de se passer de plastique dans les paquets de jeans, tout d'abord parce que la majorité des paquets de jeans actuels dans le monde sont complètement inutiles. On n'en a pas besoin du tout, donc il n'y a même pas besoin d'imaginer mais quelle alternative aurons-nous besoin, etc. C'est du surplus, ça n'a rien à faire là. Donc il n'y a même pas besoin d'imaginer de quelle alternative nous aurions besoin. Et sur le reste, les packaging vraiment dits indispensables, il y a des solutions qui existent déjà. Nous avons le verre. Le verre est un matériau absolument incroyable, qui est recyclable, qui est nettoyable. Tu peux les nettoyer, etc. Et c'est beaucoup moins problématique. que ce qu'on met en avant. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'industrie du plastique va te dire le plastique dégage énormément de gaz à effet de serre, etc., comme il est très lourd. Mais ça, c'est à cause de nous. C'est à cause de nous. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, si on avait mis les milliards qu'on investit dans le recyclage du plastique, si on l'avait introduit dans l'industrie du verre, on serait capable de faire du verre beaucoup plus léger, donc qui dégagerait beaucoup moins de gaz à effet de serre, et certains l'ont déjà fait. Donc, ça montre bien que c'est possible. Et surtout, aujourd'hui, il existe des fours qui sont capables de générer beaucoup moins de gaz à effet de serre. L'industrie du verre a énormément travaillé ces dernières années sur ces questions-là. Et l'autre point très important, et ça, je tiens à le souligner, c'est qu'aujourd'hui, quand on compare le plastique au verre, on ne prend pas l'impact réel des gaz à effet de serre générés par le plastique tout au long de son cycle de vie. Et aujourd'hui, on le sait, il y a des études scientifiques qui l'ont démontré, le plastique dégage des gaz à effet de serre à chaque fois qu'il est en contact avec les rayons UV du soleil ou à chaque fois qu'il est en contact avec de la chaleur. Donc ça te donne un peu l'idée de ce que ça représente. Ce qui n'est pas le cas du verre. Le verre, tu peux le mettre aux rayons UV du soleil, il ne va pas dégager de gaz à effet de serre. Donc on voit bien qu'il y a des choses qui ne sont aujourd'hui pas du tout complètes. On compare ce qui n'est pas comparable. Et on ne donne pas les bonnes notions en fait. Et ça c'est un vrai problème, donc nous nous y travaillons avec des experts pour justement sortir les bonnes données concernant les comparatifs entre plastique issu de la pétrochimie et verre typiquement. Et j'espère que les gens prendront conscience de l'erreur que nous avons eue sur ces sujets.
- Speaker #1
Et tout à l'heure, tu évoquais sur le packaging, etc. Est-ce qu'il y a des marques qui viennent à toi ou qui ont entendu ton travail ou ça reste encore le désert de ce niveau-là pour justement comprendre, essayer de trouver de nouvelles solutions ?
- Speaker #0
Ah non, il y en a beaucoup et ça, c'est super. Le vrai sujet, c'est qu'il y a énormément d'alternatives qui existent déjà, mais ça met énormément de temps à rentrer dans le marché. C'est-à-dire que quand tu regardes un petit peu les salons, les forums d'innovation, les formidables événements comme Change Now, par exemple, etc. Eux mettent en avant toutes ces innovations, mais on ne les voit toujours pas sur le marché. Et moi, ça, c'est un vrai problème. C'est que c'est formidable de les exposer, de les mettre en avant. C'est incroyable. Mais à quel moment on va vraiment les mettre dans le marché, dans nos supermarchés, accessibles à tout le monde, etc. C'est ça, le vrai sujet. Et la question du prix... Et souvent mis en avant par les marques qui viennent vers nous, c'est-à-dire qu'elles ont envie d'agir parce qu'elles se rendent de plus. Voilà, exactement. Mais il y a aussi une question budgétaire. qui est importante, de marge pour les entreprises. Donc un plastique est toujours plus intéressant financièrement que n'importe quelle autre matière. Et ça, c'est un problème. Donc c'est là où les législations devraient agir pour taxer les industriels et les entreprises qui utilisent le plastique par rapport à l'impact qu'ils auront sur le long terme. Si on taxait réellement le plastique par rapport à l'impact qu'il peut avoir sur le long terme, le plastique serait quatre fois plus cher. Donc c'est ça le vrai sujet, c'est à quel moment on va prendre nos responsabilités et mettre un vrai prix sur l'impact réel. Parce qu'aujourd'hui, tout cet impact dont je te parle, les industriels qui utilisent le plastique ne payent pas, ne payent pas l'addition. Qui paye l'addition ? C'est nous, c'est l'économie. Et ça, c'est une vraie crise économique. Parce qu'une société qui est malade, des terrains... de paradis touristiques qui sont complètement endommagés par la pollution plastique. Tout ça, ça a un coût. Ça a un coût sur l'économie d'un pays. Donc, c'est une vraie... La pollution plastique, aujourd'hui, c'est une crise sanitaire, environnementale, mais économique aussi. Et c'est ça que les gens n'ont aujourd'hui pas encore totalement réalisé. Ça commence, mais on n'en est qu'au début, en fait. Et ça, je le regrette beaucoup.
- Speaker #1
Et aussi j'avais entendu ou lu que tu disais qu'au début de ta mobilisation contre cette pollution, tu te sentais un peu seule face au chantier qu'il y avait devant toi. Et je me demandais justement, sur l'échelle de la prise de conscience collective, où est-ce que tu trouves qu'on se situe par rapport à ton travail qui est entendu, même par les podcasts, etc. Et qu'est-ce qui manque encore en fait ? Vraiment avoir une réelle motivation, implication au quotidien des citoyens, une implication citoyenne. Oui,
- Speaker #0
alors quand je dis que je me sens un peu seule, c'est surtout sur la question du recyclage du plastique. C'est-à-dire qu'en fait, quand je vois aujourd'hui qu'on félicite, qu'on like, qu'on applaudit, qu'on récompense des gens qui vont dans cette direction, je me dis mais en fait, on n'a rien compris. collectivement, on est responsable de ça. Parce que collectivement, qu'est-ce qu'on donne comme idée ? On donne comme idée que le recyclage du plastique fait partie de la solution. C'est ça qu'on donne comme idée. C'est pour ça qu'aujourd'hui, on a tant d'investissements, tant de banques, tant de gouvernements qui investissent là-dessus. Pourquoi ? Parce que collectivement, on applaudit. Collectivement, on est ravis. Collectivement, on va à des réunions. ou des remises de prix, où on va féliciter ceux qui recyclent le plastique. Ou le réemploi, parce que le réemploi, c'est un vrai sujet aussi. Réutiliser un plastique, c'est d'autant plus toxique, puisqu'en fait, plus le plastique vieillit, plus il est toxique. Donc, vous voyez bien qu'aujourd'hui, ça ne va pas. en fait. Et c'est là où je me sens un peu seule. Alors heureusement, on n'est pas seul parce qu'il y a d'autres organisations comme la nôtre qui ont compris. Il y a des politiques qui ont compris et qui commencent à faire des commissions d'enquête. Il y a beaucoup de choses qui se mettent en place. Et puis, il y a le traité international contre la pollution plastique, qui pour moi a 50 ans de retard, parce que ça fait 50 ans qu'on aurait dû mettre ce traité en place. Et aujourd'hui, on ne l'a même pas encore, puisque comme tu l'as vu l'année dernière, on a... Les conclusions ont été repoussées à cette année. Donc, nous n'y sommes pas encore. Mais je sais très bien que les questions de réemploi et de recyclage de plastique ne seront même pas traitées dans ce traité-là. Donc, combien d'années encore nous allons continuer et perdre et mettre en danger la population, le vivant dans son ensemble, dans l'écosystème ? Et le climat. Le climat, parce que ça, parlons-en. Le climat. Aujourd'hui, il y a des études scientifiques qui le démontrent. Alors, elles sont encore à devoir être peaufinées, etc. Mais aujourd'hui, on commence à comprendre ces aspects-là. C'est que tout comme nous, l'atmosphère a une concentration exponentielle de microplastiques et de nanoparticules de plastique. Ce qui est logique, puisque dès que tu as compris... comment ça se dégrade, tu comprends bien qu'évidemment, ça ne disparaît pas et que c'est forcément quelque part et donc évidemment dans l'atmosphère. C'est tout à fait logique. Et en fait, ce qu'on a commencé à comprendre, mais on doit encore creuser davantage la question, c'est qu'on s'est rendu compte que cette concentration de microparticules et nanoparticules dans l'atmosphère, eh bien, va amplifier les phénomènes météorologiques comme les vents. comme la chaleur, les ouragans, les pluies d'univienne, etc. Donc ça a aussi un impact sur ces phénomènes météorologiques qu'on a de plus en plus et sur le climat. Donc c'est extrêmement important qu'on comprenne qu'on ne peut plus continuer comme ça, qu'entre les gaz à effet de serre que génère le matériau plastique issu de la pétrochimie, la concentration de microparticules et nanoparticules que tu peux avoir dans l'atmosphère qui viennent amplifier tous ces phénomènes météorologiques sans précédent. On parle de, par exemple, à Los Angeles, les pompiers parlaient de « ouragan de feu » , tellement on n'est même plus dans un peu de...
- Speaker #1
Jamais vu.
- Speaker #0
Jamais vu, ils n'ont jamais connu ça. Donc tu te rends bien compte qu'il y a un problème, et que tant qu'on ne résoudra pas la question de notre utilisation de la production du plastique, on ne résoudra certainement pas... les questions d'environnement, de climat, etc. Aujourd'hui, on parle énormément de décarboner. Décarboner, c'est très bien. Mais si on avait vraiment compris, décarboner, ça veut dire déplastifier. Et aujourd'hui, nous n'avons pas cette question de déplastification vraiment mise en avant.
- Speaker #1
Dans ton ouvrage, dans tes discours, tu parles beaucoup aussi de la vulnérabilité spécifique des femmes au sujet de... du plastique, tu l'as un petit peu abordé au début de notre enregistrement. Justement, en quoi la pollution plastique, notamment, constitue-t-elle à tes yeux un enjeu finalement profondément féministe ? Et est-ce que ça peut être un sujet qui fédère finalement les femmes ? Parce qu'on a aussi beaucoup de lacunes, beaucoup de non-connaissances. sur ces sujets et finalement on est toutes liées par ça, par ces problématiques.
- Speaker #0
Alors absolument, après c'est pas du tout une question pour moi de féminisme, c'est plus une question de vulnérabilité scientifique du métabolisme de la femme. Et ça c'est un fait, qu'on le veuille ou non, ça n'a rien à voir avec le féminisme ou pas, c'est juste que la femme donnant la vie... Elle est, au moment du cycle de la femme, beaucoup plus vulnérable aux perturbateurs endocriniens et aux toxines présentes dans le plastique. Ça ne veut pas dire du tout que les hommes sont épargnés. Et ça veut encore moins dire que ça ne concerne pas les hommes, puisque toutes les futures générations viennent des femmes. Donc la femme est centrale, et non pas pour des questions de féminisme ou quoi que ce soit, mais tout simplement d'humanité en fait, de perdurer l'humanité. Donc, cette question-là, oui, les femmes n'en ont pas conscience, absolument pas. Et surtout, les femmes n'ont pas conscience dans nos pays riches à quel point elles sont vulnérables face à cette pollution plastique. Pourquoi ? Parce qu'on a le luxe, la chance, comme diront certains, de vivre dans le plastique. Ce qui n'est pas le cas des pays en voie de développement. Alors certes, elles sont impactées par la pollution plastique, mais plus par rapport aux dégradations des déchets que des déchets de... de plastique qu'on envoie dans ces pays, l'Inde, l'Afrique, etc. Donc, elles sont plus impactées par ça. Mais nous, femmes dans les pays riches, nous sommes dans ce luxe de plastique. C'est-à-dire qu'en fait, en moyenne, une femme va mettre 15 produits d'hygiène et de beauté sur le visage quotidiennement, ce qui est énorme. Et la plupart du temps, quand elles ne le savent pas, tout ça est emballé dans du plastique. Et aujourd'hui, il faut que les femmes aient conscience que... dans les produits cosmétiques, vous avez beau avoir une formulation notée extrêmement bien sur Yuka, avoir une formulation incroyable de matériaux naturels. Oui,
- Speaker #1
de ce qui est constitué. Voilà,
- Speaker #0
exactement. À partir du moment où c'est enveloppé dans du plastique, votre formulation incroyable, elle est contaminée. extrêmement important pour les femmes d'avoir cette notion-là dans la tête et de se dire, OK, il y a un problème. Aujourd'hui, on me recommande cette superbe crème, ce super déodorant, ce super je-sais-pas-quoi, etc., de cosmétiques ou de produits d'hygiène que j'utilise quotidiennement. Mais à partir du moment où il est enveloppé dans du plastique ou pire, dans du plastique recyclé, sous prétexte que c'est bon pour l'environnement, eh bien, c'est pire que tout. Parce que la formulation va être... Mais... complètement impacté et imprégné de microparticules et nanoparticules, donc contaminés.
- Speaker #1
Mais dans tout ça, c'est vrai qu'il y a plusieurs choses qui s'entremêlent entre la pression sociale, l'envie de ne pas se maquiller, peut-être pour une femme, où est-ce qu'on en est aussi par rapport à ça ? une pression sociale, etc., par rapport à des enjeux de santé. C'est en ça aussi ma question sur le réunir autour du féminisme, et en fait le féminin, d'une autre manière, c'est peut-être réinventer, se détacher de certaines injonctions pour prendre conscience que notre santé vaut plus que peut-être certains maquillages, même si le maquillage peut être très bénéfique aussi pour d'autres choses, comme l'épanouissement, la confiance en soi, etc. Il y a un espèce d'équilibre à trouver dans tout ça, qui n'est quand même pas évident et qui peut donner aussi le vertige. Tu vois ce que je veux dire ? Oui, oui,
- Speaker #0
absolument. Tu as tout à fait raison. Et d'ailleurs, j'en parle dans mon livre de cette injonction qu'ont les femmes en ce moment et surtout avec les réseaux sociaux, les filtres, l'IA qui te montre à quel point l'image d'une femme est si extraordinaire, qu'elle est comme ci ou comme ça. Ça, je suis complètement d'accord. Après, moi, je pense que le maquillage, c'est un choix. Tu peux te maquiller. La question, c'est effectivement, on utilise beaucoup trop de produits. Regarde les salles de bain de n'importe quelle femme aujourd'hui, mais c'est catastrophique. Au lieu d'avoir... une crème, on en a 10, 20. Et moi, j'en faisais partie. J'avais une salle de bain, mais tu peux même pas imaginer ma salle de bain. C'était pas possible. Et c'est là où tu te rends compte qu'en fait, on a un problème de consommation. C'est vraiment un problème de consommation, au-delà même de cette injonction que nous avons. C'est une injonction qui est réelle. Aujourd'hui, une femme est considérée comme une... Comme une personne qui doit ne pas être ridée, le moins possible, négligée, avoir toujours les mains parfaites, la ligne parfaite. Mais qu'est-ce que c'est une ligne parfaite ? Tout est extrêmement jugé, en fait, et beaucoup moins que chez les hommes. Donc, c'est vrai qu'il y a tout ça qui est là et qui persiste et qui est surtout extrêmement amplifié par rapport à la jeunesse. Et les réseaux sociaux, moi, je vois des jeunes filles qui sont en pleine puberté à se poser la question de si elles doivent faire gonfler leurs lèvres ou pas. Moi, je suis là, mais ce n'est pas possible. Accepte-toi comme tu es. Aime-toi comme tu es. C'est la base. Et surtout, on a tous une différence. Et c'est plus... La société, en fait, et surtout sur les réseaux sociaux, essaye de nous mettre tous dans le même moule. Mais ce qui est beau, c'est justement la différence. C'est plus... de telle ou telle femme qui a un plus par rapport à une autre. Ce n'est pas être tous conformistes, avoir tous les mêmes lèvres, les mêmes joues. C'est incroyable. Et quand tu demandes, par exemple, aujourd'hui, on a ces applications d'IA qui te permettent de te bonifier ou de faire les retouches, c'est impressionnant de voir comment on a tous les mêmes yeux, tous les mêmes joues. Oui,
- Speaker #1
énormes.
- Speaker #0
Énormes. Mais au secours, est-ce qu'on a envie d'une société comme ça ? Mais ça, c'est encore d'autres questions. Mais ça y joue. Ça joue sur la question de la pollution plastique. Ça joue sur la consommation que les femmes ont excessive des produits de beauté. Et maintenant, ça vient attaquer les hommes aussi. Parce qu'il y a de plus en plus d'hommes qui prennent énormément de produits de beauté aussi pour eux, etc. Évidemment, les femmes sont beaucoup plus... consommatrice de ces produits, mais j'ai constaté qu'il y avait de plus en plus d'hommes qui deviennent consommateurs aussi de ces produits. Donc, non, c'est un vrai sujet. Il faut trouver, je pense, des solutions à ça. Mais bon, c'est une question de confiance en soi. C'est comment on réfléchit à à tout. collectivement, cesser de se juger, et surtout les femmes entre elles, parce que je trouve que les femmes se jugent énormément, beaucoup plus qu'un homme ne va pas forcément juger une femme sur est-ce qu'elle a plus de rides ou pas, plus de maquillage, et ça m'a toujours étonnée, j'ai beaucoup d'amis masculins qui m'ont dit qu'une femme, ce n'était pas là-dessus qu'ils se jugeaient. Donc j'ai l'impression que cette injonction... que nous avons, elle est plus...
- Speaker #1
Oui, elle se nourrit aussi.
- Speaker #0
Elle se nourrit de cette compétitivité qui est quand même extrêmement présente et que je regrette parce qu'au lieu d'être compétitif sur ces sujets, on devrait... T'entraider.
- Speaker #1
C'est vrai, c'est la prise de conscience collective.
- Speaker #0
Mais bon, les filtres, ils ne nous aident pas.
- Speaker #1
Il y a une génération, effectivement, où il y avait un vrai problème, le lapsus, mais un vrai travail de déconstruction, presque, déjà, sur les jeunes femmes, de ce qui est la beauté, etc.
- Speaker #0
Après, on peut se maquiller sans avoir affaire à du plastique. Et aujourd'hui, c'est possible. Et ça, c'est quand même... remarquable de voir toutes les marques qui commencent à s'intéresser à ce sujet et emballent dans autre chose que du plastique. Vous avez des mascaras dans du verre, vous avez des rouges à lèvres dans des composants qui ne sont pas en plastique. Vous avez d'autres, je ne sais pas si on peut citer des marques, mais en tout cas, il y a Éclos, Côté qui font des emballages complètement naturels, biosourcés. Il y a la Bousse Rouge Paris qui fait un travail remarquable sur ces sujets. Il est possible de se maquiller aussi, si la femme le désire, sans avoir cet impact de pollution microplastique, aussi bien dans la formulation que par le packaging.
- Speaker #1
Sans transition, alors, quoique, parce que lui et les femmes, dans le contexte actuel des États-Unis, je l'ai un tout petit peu évoqué tout à l'heure sur Donald Trump, qui a volontairement réintroduit, lui, les pailles en plastique, mais c'est surtout le symbole que ça évoquait. la fierté qu'il avait presque comme un symbole de résistance politique, ce que je crois qu'il appelle même le politiquement correct écologique. C'était tout ce que ça symbolisait. Je me suis demandé déjà, quand on est engagé comme toi, est-ce qu'on a aussi une santé mentale ? Est-ce que ça impacte ? Parce qu'on parlait d'émotion, mais là, c'est différent. C'est vraiment se dire, est-ce que ça vaut le coup de continuer aussi ? Et qu'est-ce que... Qu'est-ce que ça implique dans ton combat ? Je re-dis combat, mais dans ton engagement. Parce que si cet homme-là a ce discours-là, qu'est-ce qu'il faut faire en fait ?
- Speaker #0
Mais c'est très intéressant que tu en parles, parce que moi j'ai trouvé qu'il avait raison. Il a raison. Parce qu'en fait, le vrai sujet de la paille, c'est qu'il considère que les pailles en carton, c'est nul. Et je suis d'accord avec lui. C'est complètement nul. Et c'est pour ça que j'ai écrit d'ailleurs un article sur LinkedIn sur le sujet. Parce que... Sur ce point-là, il a raison. Et c'est là où tu vois à quel point on a perdu du temps. On a fait n'importe quoi. Et que la question, évidemment, je ne suis pas pour qu'on revienne au plastique, évidemment, surtout pas. Mais ça a mis en avant quelque chose de très intéressant. C'est qu'on a, ces dernières années, par idéologie, mis en avant les pailles en carton pour remplacer les pailles en plastique. Au lieu de se poser la question de qu'est-ce que nous avons comme matériaux Vraiment moderne, vraiment intelligent. Et c'est pour ça que j'ai comparé, au lieu de dire « America great again » , « Make America great again » , il faudrait dire « Make America smart again » . Parce que là, ce que je reproche à Donald Trump, c'est que oui, il a raison. Les cartons, c'est complètement nul, ça explose, ça fonce, c'est une catastrophe. Dans l'utilisation, tu veux dire ? Dans l'utilisation, oui. Oui, oui, c'est n'importe quoi, c'est pas du tout agréable. Quelle idée avons-nous eue de prendre ce matériau-là comme alternative ? Mais par contre, dans son propre pays, il y a des start-up incroyables qui ont créé notamment, ça s'appelle Lollyware, qui a créé des pailles faites à base de 100% d'algues, d'algues brunes. Donc incroyable que tu peux même consommer, etc. puisque ça n'a pas d'impact sur ta santé. C'est des minéraux naturels parce que les algues sont comestibles. complètement biodégradables, etc., qu'on peut totalement utiliser et qui n'explosent pas, comme il dit. Pour lui, il dit parler d'explosion. Et c'est là où tu vois à quel point l'Amérique n'a pas pris le tournant par rapport à ces sujets. Pourquoi avoir interdit les pailles en plastique sans introduire ces innovations qui existent déjà ? Parce que l'Hollyware, c'est une start-up américaine qui existe, je crois, depuis 2017 ou 2018, peut-être même avant. Et qui, voilà, alors aujourd'hui, commence à prendre des parts de marché, etc. Mais c'est qu'un début. Et on est en 2025. C'est là où tu vois que, sur ces sujets-là, tant qu'on ne va pas mettre en place des alternatives qui marchent vraiment, qui marchent vraiment, on va avoir toujours des réticences de personnes comme Donald Trump ou d'autres, que je comprends tout à fait. Quand tu as, par exemple, des alternatives de lessive ou de trucs qui lavent super mal, et tu te dis, mais attends, c'est pas possible, moi, je peux pas utiliser ça, ça marche pas. Oui. C'est éco-responsable, mais excuse-moi, ça ne lave rien du tout. Ou une paille qui explose, ou un truc qui n'est carrément pas agréable, etc. C'est là où tu dis, mais non. Et on est responsable de ça. Et c'est là ce que moi je regrette vis-à-vis des décisions de Donald Trump, c'est qu'au lieu de se dire, bon, qu'est-ce que nous avons comme start-up américaine qui produit déjà des alternatives, qui fonctionnent, qui marchent, pourquoi est-ce qu'on n'introduit pas ça ? Oui, une vraie réflexion. C'est pour ça que « make America smart again » , c'est-à-dire vraiment l'intelligence de se dire, bon, qu'est-ce qu'on va mettre enfin en avant que la politique précédente ? n'a pas mis en place et voilà et lui au lieu de ça qu'est ce qu'il fait il fait machine arrière reprenant un matériau complètement dépassé toxiques enfin c'est n'importe quoi donc je vois que c'est ce que tu veux pour moi ça m'a ça m'a loin déprimé que tout parce que je me suis dit non mais ça il pointe qu'un vrai sujet c'est à dire la question de l'alternative quelle alternative juste durable on met en place à partir du moment où on va remplacer quelque chose par quelque chose qui ne fonctionne pas, c'est normal que la population n'ait pas envie d'aller vers ça. Mais c'est tout à fait normal. Donc, ça n'a pas eu l'impact que certaines personnes ont pu avoir, justement. en se disant, mais qu'est-ce qu'il fait ? Quel outrage, il revient en arrière. Alors oui, c'est terrible, évidemment que c'est terrible qu'il revienne en arrière et qu'il n'ait pas l'intelligence de se dire, en plus, il a des start-up américaines. Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Surtout que... Oui, c'est bizarre.
- Speaker #0
C'est bizarre. Vraiment incompréhensible. Très mal conseillé. C'est ça.
- Speaker #1
Il faudrait que je lui donne son numéro. Voilà,
- Speaker #0
exactement. Donnez le numéro, mon numéro à Donald Trump, si jamais quelqu'un le connaît. Voilà,
- Speaker #1
parce que c'est... C'est pas possible. On arrive quasiment à la fin de cet enregistrement. J'ai quelques questions signatures dont elles agissent. Alors, tu l'as un petit peu évoqué, mais est-ce que tu pourrais nous redonner ta définition d'agir ? Qu'est-ce que ça signifie, agir, pour toi ?
- Speaker #0
Ah oui, alors agir, pour moi, comme je te disais, c'est vraiment, en fait, le prérequis, c'est la compréhension. À partir du moment où tu comprends, tu ne peux que agir. En tout cas, moi, ça a été mon déclic et je pense que la plupart des déclics des gens, ça va être ça. Ça va dire à partir du moment où tu comprends vraiment de quoi il en retourne, tu ne peux plus rester assis à ne rien faire. Évidemment que tu vas aller vers l'action. Évidemment que tu vas agir et surtout, tu vas agir dans le bon sens parce qu'il y a des gens qui ont envie d'agir quand ils voient les macro-déchets sur les plages ou dans les endroits paradisiaques où ils vont en vacances, etc. Ou quand ils vont en Corse. se baigner et qu'ils voient tout cet impact de microplastique dans la mer Méditerranée, bien sûr qu'ils ont envie d'agir. Et du coup, qu'est-ce qu'ils se disent ? Ils se disent, bon, on va ramasser, on va recycler, etc. Mais parce qu'en fait, ils ne sont pas allés dans la compréhension complète. On est vraiment... Voilà, exactement. Ils sont plus restés dans le stade de l'émotion. Un peu ce que je disais au début, mais il faut dépasser ça. Il y a l'émotion, évidemment, c'est terrible de voir des endroits qu'on adore se dégrader si vite et que ça soit visible. Mais il faut comprendre. Il faut vraiment comprendre de quoi il s'agit pour pouvoir agir dans le bon sens.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous évoquer une action qui est pour toi, peut-être ta plus belle action dans ton quotidien, dans ta vie ?
- Speaker #0
Ma plus belle action, c'est l'éducation de mon fils. Et l'éduquer pour qu'il devienne un homme éclairé, qu'il ait l'esprit critique. L'esprit critique, de ne jamais croire comme ça ce qu'on lui dit, de se renseigner, d'avoir l'esprit critique. Je trouve que les nouvelles générations manquent de plus en plus d'esprit critique. On a une affirmation, on y croit, on y va, on se tousse dedans sans réfléchir. Donc oui, mon action la plus importante, c'est ça, c'est de donner toutes ces... Toute cette éducation à mon fils pour qu'il ait l'esprit le plus ouvert et jamais figé. C'est-à-dire, chaque chose peut évoluer. Il ne faut pas rester dans des croyances que certaines personnes peuvent avoir sous prétexte que c'est ce que tu as appris à l'université ou à l'école. Il y a plein de choses qu'on a apprises à l'université et à l'école qui sont totalement fausses et qui se sont révélées fausses par la suite. Donc, il faut garder cet esprit ouvert et surtout l'esprit critique.
- Speaker #1
Est-ce que toi, tu as eu un livre, une ressource particulière, un film ou peu importe, quelque chose qui évoque pour toi l'action, qui t'a peut-être donné envie ou qui te motive ?
- Speaker #0
Alors, je dirais qu'il y a deux ouvrages qui, pour moi, je pense, sont vraiment la base que tout le monde devrait lire. C'est « La confiance en soi » et « Les vertus de l'échec » . Alors, c'est tous les deux écrits par le même auteur, c'est Charles Pépin. C'est très philosophique, mais ça permet vraiment de... comprendre que l'échec ne fait pas partie de ce qu'on croit. C'est-à-dire, souvent, on vit dans des pays où l'échec, c'est quelque chose de mauvais. C'est quelque chose qui ne te permet pas, négative, qui montre à quel point tu es nul, etc. Pas du tout. En fait, on mesure la réussite de quelqu'un au nombre d'échecs qu'il a eus. Et ça, je trouve qu'on ne le met pas suffisamment en avant et surtout pas suffisamment en avant pour nos enfants. Nos enfants, quand ils vont à l'école, on leur fait croire que parce qu'ils ont un zéro ou un deux, ils vont être nuls en ci ou en ça. Les plus grands auteurs ont eu des zéros en rédaction. Et aujourd'hui, ils sont devenus les plus grands auteurs. Les plus grands orateurs ont eu des zéros, ou des deux, ou des notes exécrables en diction. Et ça montre bien que l'échec est au contraire un vrai plus. Et je trouve que cet ouvrage l'explique extrêmement bien. Donc je pense que c'est un... Pour agir, il faut avoir ces deux bases-là de comprendre, de confiance en soi déjà, ça c'est primordial de se comprendre, etc. Et puis les vertus de l'échec, parce que c'est une vraie vertu.
- Speaker #1
C'est très intéressant. Merci pour ce partage. Et enfin, j'ai une dernière question. Est-ce que toi, tu es une femme qui t'inspire au quotidien, qui t'évoque l'action et qui pourrait éventuellement passer au micro d'Alsagie ? Ce serait qui et pourquoi ?
- Speaker #0
Alors, il y en aurait... plein parce que je trouve qu'il y a plein de femmes qui agissent, etc. Mais si j'ai à choisir une personne en particulier, il s'agit de Claudine Montagne qui est la plus jeune signataire du manifeste des 343 femmes qui ont appelé à la législation de l'avortement. Et qui en fait, en signant ce manifeste, ont mis leur vie en danger. Et ça, on ne le mesure pas assez. C'est-à-dire qu'en fait, à l'époque, tu étais condamnée à mort. Et il y a des femmes qui ont été condamnées à mort parce qu'elles se sont fait aborter. Et je trouve que c'est... Voilà, elle fait partie de ces témoignages qu'on ne devrait jamais oublier. En plus, c'est une ancienne diplomate qui a écrit des livres remarquables, qui a un parcours incroyable, qui a connu Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, etc. Enfin, c'est une femme incroyable pour moi. Donc, je pense qu'elle est... Elle a beaucoup à partager à toutes les femmes. Et surtout, je trouve qu'elle dit une chose très juste, c'est que le droit des femmes est toujours en danger. Ce n'est pas parce qu'on a gagné quelques petites batailles que pour autant on a gagné. Tout simplement parce qu'encore aujourd'hui, les femmes ne valent pas un homme. Aujourd'hui, dans beaucoup d'entreprises, tu ne gagnes pas le même salaire qu'un homme, aux mêmes capacités, aux mêmes diplômes, etc. Donc... Il y a un travail énorme encore à faire sur ces sujets. Et voilà, s'il y a quelqu'un que j'aimerais entendre à ton micro, c'est elle.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Merci pour cet échange, Rosalie.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Émilie. Merci.