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Elles Agissent

TEASING #82 Kadiatou Tapily Avocate et Basketteuse Défendre sa place, sur tous les terrains

TEASING #82 Kadiatou Tapily Avocate et Basketteuse Défendre sa place, sur tous les terrains

01min |05/02/2025
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Description

Teasing de l'épisode de demain avec l'avocate et basketteuse Kadiatou Tapily.


Dans les tribunaux, on la prend souvent pour une accusée ou une cliente. Jamais pour une avocate. Femme, noire, jeune… Kadiatou Tapily le sait : elle coche toutes les cases du préjugé. Mais plutôt que de s’y résigner, elle a décidé d’en faire une force.


Issue d’un quartier populaire de Strasbourg, elle grandit avec sa mère et ses sœurs, comprenant très tôt que pour se faire une place, il faut la prendre.


Son ambition, elle la forge dans l’effort et l’excellence, portée par un double terrain : celui du droit et celui du basket.


Dans l’un comme dans l’autre, elle apprend la discipline, la résilience et le dépassement de soi.


Mais cette quête constante de légitimité a un prix : un premier burn-out à 29 ans, et la nécessité de réapprendre à vivre pour elle.


Comment déconstruit-on les stéréotypes sans s’y enfermer ? Comment transforme-t-on la colère en intelligence, le doute en audace ? Et surtout, comment trouve-t-on l’équilibre entre ambition et bien-être ?


Dans cet épisode, Kadiatou Tapily revient sur son parcours, ses combats et les leçons qu’elle tire de son chemin. Une conversation puissante sur la place des femmes, des minorités et sur l’art de s’imposer, sans jamais s’excuser.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

Retrouvez moi sur www.emilieberthet.fr

Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage

Crédit photo : Edouard Monfrais Albertini


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Kadiatou. Bonjour. Merci beaucoup d'être dans Elsa Gis. Je suis très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    C'est un plaisir en tout cas, c'est trop cool.

  • Speaker #0

    Je te suis depuis un moment sur les réseaux en plus et j'aime beaucoup ton énergie que tu retransmets aussi là en te rencontrant en vrai. Donc ça c'est très très sympa.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Alors pour te présenter en quelques mots, tu es avocate au barreau de Paris, spécialisée dans le contentieux.

  • Speaker #1

    J'expliquerai plus tard.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ma tête. Donc ton métier, c'est aussi le résultat d'un parcours marqué de défis, certainement de sacrifices, en tout cas d'une détermination, j'ai l'impression, sans faille. Tu es née à Strasbourg, dans une famille de cinq sœurs, 7-5, et très tôt, tu as pris conscience qu'être une petite fille noire signifierait affronter des environnements hostiles et certainement se battre un peu plus fort que les autres pour faire sa place. C'est peut-être ce qui a forgé ta force. à défaut de te décourager d'ailleurs. Tu es aussi passionnée de basket, depuis toute jeune, et tu jongles maintenant entre ta passion et ton métier en tant que joueuse, dirigeante de club et femme engagée. Kadiatou, pour commencer, j'avais une première question. Tu as grandi dans un environnement, il fallait se battre, je l'ai dit, de différentes manières d'ailleurs, pour arriver à se faire déjà entendre. À quel moment... Tu as compris que défendre sa place dans ce monde passerait par le droit et l'affirmation de soi.

  • Speaker #1

    C'est une très belle question. Merci beaucoup pour la présentation qui était très efficace, fluide et limpide. Non mais c'est vrai, il faut le souligner. Je l'ai compris super tard que le droit était important, mais en fait j'ai grandi avec, tout simplement. Pourquoi je dis ça ? Parce que très jeune, ma mère nous a élevés toutes seules. On est cinq filles, comme tu l'as dit très justement. J'ai une grande sœur qui est autiste. Mes parents ont divorcé quand j'avais deux ans. Ma mère a refait sa vie, mais très rapidement, elle a à nouveau divorcé. Et j'ai été, je pense, dès l'âge de trois ans, son bras droit. Ma mère nous a toujours dit, aujourd'hui elle n'a que 60 ans, donc elle est très jeune, moi j'en ai 35. Oui,

  • Speaker #0

    vous n'avez pas beaucoup d'écart.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu dis parfois aussi que c'est mon directeur, ça se sort parfois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment ce que j'allais dire, tout le monde me dit les mots de la bouche. En fait, on se ressemble beaucoup et on a un amour qui est passionnel, mais aujourd'hui j'ai décidé de vivre pour moi. Mais j'expliquerai pourquoi plus tard, pour que vous restiez. Et en fait, je suis devenue très jeune, sombre à droit. Parce que ma mère, moi au tout début, elle était à la maison avec moi, mais très rapidement, elle a dû travailler parce qu'elle nous élevait toute seule. Et je gardais mes petites sœurs, je faisais ultra attention à ma grande sœur qui est autiste et qui ne parlait pas. Et très rapidement, je me suis rendue compte qu'elle me considérait comme son égale et son allié. Sauf que moi, je n'avais que trois ans et demi. J'ai appris à lire très jeune. Et un souvenir que j'ai, c'est que dès le premier jour de maternelle, moi je suis rentrée à l'école, j'avais deux ans et demi parce que je suis née en janvier, donc voilà, j'ai pu rentrer à l'école plus tôt, mais je savais quasiment lire. Et en fait, elle m'a tout de suite considérée comme une adulte, et vu que j'avais des facilités à l'école, j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je me batte pour prendre ma place, au même titre que ma mère devait se battre pour prendre sa place, en fait, et commencer sa vie. On dirait qu'on l'a commencé en même temps, finalement.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est fort, là, de dire ça.

  • Speaker #1

    Ouais, et c'est totalement spontané, mais oui, je pense qu'on l'a commencé en même temps.

  • Speaker #0

    Ouais, quand tu dis commencer sa vie, c'est arriver à s'émanciper, à être pleinement soi.

  • Speaker #1

    Ouais, alors, pleinement soi... Alors,

  • Speaker #0

    on parle de toi, de Zanmi, mais il y a quand même quelque chose de fort, là, de ce que tu nous racontes. Ouais.

  • Speaker #1

    Ma mère, elle a commencé... Elle a pas eu le choix de s'émanciper, parce qu'elle s'est retrouvée toute seule à nous élever, ou avant... Mon père travaillait, mais il était encore dans le foyer. Et à ce moment-là, il n'était plus. Et j'ai l'impression vraiment d'avoir été avec elle à ce moment-là. Et moi, j'ai dû me responsabiliser. Et je pense que c'est notamment à ce moment-là que je me suis dit, j'ai une mission, c'est que ma mère doit être fière de moi. Elle n'est pas venue en France pour rien. Et que je ne devais pas du tout être un problème. Et je pense que si j'ai appris à lire si jeune... Moi je regardais les chiffres et les lettres quand j'avais deux ans et demi. C'est pas le truc qu'on regardait.

  • Speaker #0

    Non, tu fais partie, je pense, du public le plus jeune de cette émission.

  • Speaker #1

    Laurent Roussko si tu m'entends. En tout cas, très jeune, je me suis dit qu'il ne faut pas du tout que je sois un boulet pour elle. Non pas que le handicap soit un boulet, mais le fait qu'on a un enfant handicapé, c'est quand même très difficile au quotidien. Et que moi, je ne pouvais pas créer encore plus de charge mentale à ma mère, en fait. Et je pense que c'est comme ça que je me suis émancipée en étant si jeune.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ça ne t'en rajoute pas à toi, de la charge indirectement ? Ah si,

  • Speaker #1

    complètement. Où j'ai finalement explosé en plein vol, comme je dis toujours, à 29 ans. J'ai eu mon 28, mon premier burn-out, c'était l'unique, où j'étais arrêtée pendant neuf mois. Et c'est là où en fait, je me suis émancipée pour moi, à mon tour. Mais sinon, effectivement, j'ai eu une charge mentale très jeune, où je n'avais qu'une mission sur terre. C'était vraiment avoir des bonnes notes, travailler, même si le basket avait été un exuctoire. Mais il fallait que je sois d'abord un, que ma mère soit fière de moi, et ensuite un exemple pour mes petites sœurs.

  • Speaker #0

    Et comment tu te situes maintenant par rapport à toutes ces femmes ?

  • Speaker #1

    C'est toujours très vertigineux.

  • Speaker #0

    Déjà, t'as fait hum Oui,

  • Speaker #1

    c'est très vertigineux parce que j'ai vraiment l'impression d'être née il y a finalement 5 ans, 6 ans, de faire ce que j'ai envie de faire. Et c'est perçu par ma mère, mes sœurs, de manière, je dirais différente. de chacune, mais finalement, elles n'ont pas le choix de me suivre parce que j'assume pleinement ce que je fais, mais je ne correspond pas forcément à ce que toutes ces femmes attendaient. Enfin déjà, toutes ces femmes attendaient que je sois mère à mon âge, parce que ma mère, par exemple, m'a eu à 24 ans, que finalement j'ai un mode de vie stable, que je dis que je veux avoir des enfants, mais que je n'en ai pas encore, et bien pour toutes mes sœurs. et ma mère, c'est vraiment pas normal.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a quelque chose qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Oui, il y a quelque chose qui ne va pas, ça ne correspond pas Ausha traditionnel. Pour autant, le fait que je sois avocate à mon compte, que je crée du contenu à mon tour, c'est quelque chose pour elle qui est assez audacieux. Et c'est une chose, par exemple, que ma mère n'aurait jamais pu faire. De même que... que je me suis toujours beaucoup débrouillée dans la vie. Il y a quelque chose qui la choque toujours autant et moi, ça me fait énormément rire. C'est que dans chaque pays ou dans les dom-toms où je vais, je prends un véhicule et je le conduis sans problème. Et elle me dit, mais ça, moi, jamais je pourrais le faire. Je n'oserais même pas prendre le véhicule de quelqu'un d'autre. J'aurais peur de mal faire, quoi, alors que moi, je m'en fiche.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout ça, ça permet aussi pour elle de déconstruire certaines choses ? Est-ce que tu y contribues finalement ? Par la personnalité que tu es, l'indépendante que tu es, la femme engagée, etc.

  • Speaker #1

    Beaucoup, je pense beaucoup, mais ne le dis pas, parce que le point commun qu'on a, je pense, c'est beaucoup de fierté et d'orgueil. Mais tu le vois, tu perçois. Oui, je le vois complètement, complètement. Il y a plein de choses. Le marathon que j'ai couru l'année dernière, pour elle, c'était impossible parce que tous les cinq enfants qu'elle a eus, on a tous été asthmatiques. Donc on a eu le baby à l'heure, les choses comme ça. Et on a toujours été dispensé de sport, notamment pour l'endurance et les crosses. Et en fait, pour elle, je ne pouvais jamais courir un marathon. Et non seulement c'était un challenge pour moi, mais c'était aussi pour lui dire que si elle a la discipline, la discipline qu'elle nous a inculquée pendant toute notre jeunesse, si je la mets dans le sport, on peut y arriver. Et depuis, moi, ça m'a ouvert des portes. Je me dis que je peux vraiment tout faire. Et ça, je pense qu'elle en est très fière, même si elle ne le dira pas. Et quoique, elle a appris à le dire, elle a appris à accepter la fierté et le dire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Ah, ben tu vois, elle apprend tout doucement à faire certaines choses. Tu dis aussi dans certaines de tes interviews, etc., que tu racontes quand tu vas à ton tribunal pour plaider, qu'on te prend soit pour une cliente, soit une accusée, pour pas une avocate, en tout cas. Comment tu vis encore ces jugements qui sont instantanés, ces prises de position en fait quelque part tout de suite de t'évaluer, de te juger ou en tout cas de te catégoriser ?

  • Speaker #1

    C'est particulièrement dur mais j'ai appris à jouer avec. J'ai grandi en Alsace, à Strasbourg, qui est quand même pas une si petite ville, mais en tout cas à mon époque j'étais vraiment la seule noire comme je dis très souvent. Jusqu'à fin collège j'étais toute seule dans ma classe. Au lycée on était deux, à la fac on était cinq. Les premières rencontres basket que j'ai eues quand j'avais 12-13 ans, c'était en race campagne. Et j'ai commencé à avoir des gestes de singe, on me parlait comme si je venais des Etats-Unis parce que je suis afro-américaine. Et donc, moi ce sont des choses qui m'ont énormément fait du mal quand j'étais plus jeune et surtout pendant l'adolescence, où je n'avais jamais parlé à ma mère et elle a découvert à travers mes podcasts. J'ai eu du mal à avoir des petits copains parce qu'on me disait t'es très sympa, t'es très drôle mais t'es noir. Donc, tu n'es pas jolie, tu ne corresponds pas au style attendu. Et ce n'est que récemment que j'ai appris à être belle comme je l'entends. Et donc, tout ça pour dire, parce que j'ai oublié la question.

  • Speaker #0

    C'était par rapport quand tu sais les jugements instantanés quand tu en as un.

  • Speaker #1

    Oui, je suis partie un peu loin, mais en fait, tout ça pour dire, il y avait un fil conducteur. Au début, ça me choquait énormément quand j'étais plus jeune. Et à force, je me suis dit, m'énerver. C'est leur donner raison. Donc il faut acculturer ces personnes, il faut les éduquer, pour dire qu'on est là, sans être dans une rébellion, dans une manifestation, parce que déjà, le cliché que les Noirs crient partout, où les Noirs sont les sauvages, je l'ai suffisamment entendu, pour ne pas rentrer dans ce cliché-là, mais aussi se dire qu'il faut expliquer en fait que nous existons, sans prendre... l'étiquette d'un symbole, enfin sans prendre une étiquette, sans être un symbole, sans faire du Black Panther comme je dis. Et donc au fur et à mesure, j'enregistre l'information et il essaye de rendre la meilleure monnaie de sa pièce quoi.

  • Speaker #0

    Oui, quand tu dis que tu en joues, oui, tu l'effets, tu transformes la situation où c'est eux qui deviennent hyper gênés ou qui se disent mais qu'est-ce que je viens de... Quel est mon comportement ? Et est-ce que peut-être ça, ça permet vraiment aussi eux de leur déconstruire leur... Ils ne le referont plus je pense en fait.

  • Speaker #1

    Je pense parce que déjà il y a une situation de gêne énorme et puis je pense que c'est beaucoup plus formateur finalement d'avoir vécu cette expérience pour eux que d'avoir une personne qui va hurler au racisme alors que c'est le cas, c'est sûr. Mais les personnes qui hurlent, il y en a beaucoup, parfois c'est pour rien dire. Alors que si là on prend le temps d'analyser la situation, de faire réaliser à la personne que ce qu'elle a dit ce n'est pas normal, et bien là, je pense qu'il y a un enregistrement de l'information qui est plus fort.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'une fois, il y a même quelqu'un qui s'est dit Ah, vous êtes durs ou je ne sais pas quoi, parce que ça...

  • Speaker #1

    Il n'avait même pas de ticket.

  • Speaker #0

    Oui, il s'est vraiment retourné le truc, parce qu'il se dit...

  • Speaker #1

    Et en fait, ce qui est fou, c'est qu'à la base, alors je n'excuse pas forcément l'agissement, mais on est dans une période où le racisme ordinaire est tellement utilisé. tellement fréquente, tellement ancrée, que parfois la personne ne réalise même pas qu'elle agit ainsi. Et donc si on l'attaque alors qu'elle n'a pas compris ce qu'elle a dit, eh bien on n'avance pas.

  • Speaker #0

    Et toi qui l'as vécu à la fois dans le milieu scolaire, professionnel maintenant, culturel, etc., est-ce que tu as une piste, une idée pour savoir comment on peut s'en sortir de tout ça ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi j'essaye en tout cas à mon échelle de développer ma piste, c'est d'en parler dès le plus jeune âge. En fait, il faut grandir avec ces éléments-là. Il y a de plus en plus de reportages dans les médias sur des éléments de l'enfance. Moi, mon rêve, c'était vraiment de ressembler à Barbie. Mais donc, ça impliquait d'avoir des cheveux raides, blonds. Et donc, pendant très longtemps, j'ai souhaité avoir... Alors là, j'ai des rajouts, mais africanisés, je dirais. Mais pendant très longtemps, je me défrisais les cheveux. Pendant très longtemps, je faisais des tissages pour avoir des cheveux européens. Parce que mes idoles à l'époque, c'était Britney Spears, mais aussi Beyoncé, par exemple, qui est afro-américaine, mais qui a des extensions. Donc, voilà. Et donc, dès l'enfance, en fait, je pense que d'avoir, alors sans genrer, attention, mais des poupées avec des cheveux crépus, des... des jouets, où il y a toutes les cultures possibles, je pense que ça aide.

  • Speaker #0

    Des représentations qui ne sont pas uniques ou exceptionnelles, mais qui font partie de la représentation sur laquelle on peut se projeter.

  • Speaker #1

    Oui, dans les livres aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    dans les livres.

  • Speaker #0

    De mieux en mieux, mais encore du boulot,

  • Speaker #1

    effectivement. Mais c'est déjà un très bon début, franchement.

  • Speaker #0

    Et même dans les podcasts, dans le média, de manière générale, de toute manière. Bon, merci pour cette piste en tout cas. On l'écoute et on va l'appliquer. Je pensais aussi à la justice, au cœur de la justice. Elle est souvent critiquée, commentée. Comment elle va la justice ? Oula !

  • Speaker #1

    Pardon, je l'ai trop... C'est dur. Je pense que...

  • Speaker #0

    T'es au cœur du truc.

  • Speaker #1

    Oui, je suis au cœur du truc. Ça peut être très long, il faut faire un deuxième podcast, Émilie. Mais en fait, c'est vraiment, je pense, l'illustration de la France à deux vitesses. Parce qu'on a un monde économique, sociétal qui bouge, avec une population qui est quand même de plus en plus axée sur la technologie. Et de l'autre côté, on a... une atmosphère bureaucratique très administrative qui n'est pas en phase avec la justice telle qu'on souhaiterait l'appliquer. Et donc tout est plus lent et on n'a pas forcément envie d'utiliser la justice française mais plutôt de se faire justice à soi-même ou par soi-même et typiquement les réseaux sociaux aujourd'hui sont une des armes les plus utilisées. Et ça emmène à certaines dérives. Oui,

  • Speaker #0

    totalement. Donc là, tu nous dis qu'elle est plus reflée de la société. En quoi elle pourrait être moteur, en fait, des transformations sociales ?

  • Speaker #1

    Il faudrait changer beaucoup de choses, mais je pense que ça doit avoir un impact sur la politique et les politiciens qui nous gouvernent.

  • Speaker #0

    Ça commence par là.

  • Speaker #1

    Ça commence par là. Et il faudrait que chaque... Je n'aime pas dire ce terme, mais chaque cosme... chaque entre guillemets même si vous ne voyez pas classe sociale soit représenté dans la politique actuelle ça aiderait beaucoup ce serait alors que ce soit d'un point de vue gouvernemental d'un point de vue assemblée nationale sénat mais aussi dans le corps judiciaire que moi je côtoie énormément alors moi je fais du contentieux des affaires c'est les litiges entre entreprises entre dirigeants les impayés mais que ce soit entrepreneur auto-entrepreneur mais il ya aussi la justice pénale dont on entend beaucoup parler où des juges vont prendre des décisions sauf qu'ils ne savent pas comment ça se passe en cité par exemple. Et donc je ne dis pas qu'il faut exclusivement des juges de cité, mais encore une fois, via l'éducation, ça va donner envie aux enfants d'aller peut-être vers la justice alors que pour eux c'est inaccessible. Pareil, moi c'est un peu ce que j'essaie de transmettre à mon échelle.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as encore des obstacles ou des... des choses, alors on vient de parler de quand tu rentres dans le tribunal, mais pour l'exercer, exercer ton métier, est-ce qu'il y a encore de genre, de sexe, d'origine, culturelle, identitaire ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais au quotidien ?

  • Speaker #1

    Oui, franchement, si ce n'est pas… Moi, j'ai la double casquette ou la double peine, comme on me dit assez souvent, les femmes et noires, donc on me demande qu'est-ce qui est le plus dur ? cette femme au noir, bon bah moi je reste cadillette tout en globalité, j'ai jamais scindé les deux. Mais alors d'un point de vue, racisme en tant que tel, de moins en moins, même si parfois, effectivement, il y a des petites sorties de route. Clairement, enfin des trucs bêtes, mais cet été il faisait chaud au tribunal, et un magistrat m'a dit non mais vous ça va, vous êtes habituée au beau temps, enfin vous êtes habituée à la chaleur, j'ai dit, eh bien pourquoi monsieur le président, parce que moi je viens de Strasbourg, du coup c'est une ville assez froide quoi. Voilà. Mais c'est aussi typiquement vis-à-vis des confrères. Moi, j'ai parlé de confrères, ils vont me répondre mademoiselle. Ah oui ? Des juges. Il y a déjà un juge qui m'a appelée ma petite. Et donc, forcément, avec tout le background que j'ai, je rigole pour l'anglicisme, mais tout le passif de comment réagir quand on se prend les pires tirs, quand il y a un juge qui m'appelle ma petite, je dis, écoutez, monsieur le président, il y a deux options. Soit vous m'appelez maître, je vous appelle monsieur le président. Soit vous m'appelez ma petite et je vous appelle mon vieux. Voilà. Parce que forcément, factuellement, vous êtes plus âgés que moi. Et alors clairement, je prends un risque pour mon client. Mais je mets un point d'honneur à ne pas me laisser faire sur ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Tu les affrontes les périotypes.

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui. J'ai plus le temps de... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  • Speaker #0

    T'as plus le temps pour le subir.

  • Speaker #1

    Non. Non. Et j'ai la chance d'être accompagnée aussi. D'être avec une psychologue. de voir des kinésiologues, des énergéticiens, etc. Sauf trop, il faut que je fasse. Bon, vraiment. Et donc, ça m'aide à savoir qui je suis et à me connaître. Et je n'accepte plus ça,

  • Speaker #0

    en fait. Oui, parce qu'à un moment, ta santé mentale a dû aussi... Tu nous as parlé du burn-out, mais il y a eu aussi...

  • Speaker #1

    J'en ai trop bavé, vraiment.

  • Speaker #0

    Trop bavé.

  • Speaker #1

    Trop. Et je suis avec du recul. Très contente d'avoir eu ce burn-out aussi jeune, parce que ces 29 premières années de ma vie, c'était je vis pour accomplir, pour... pour casser les stéréotypes. Et donc j'étais énormément dans la compétition, je voulais être la meilleure partout, je ne me laissais pas le choix. Juste pour dire aux gens que les femmes pouvaient réussir et que les noirs pouvaient réussir. Et en fait, moi j'ai perdu beaucoup trop d'années de vie. Donc c'est peut-être pour ça que je ne suis pas encore mère aujourd'hui, parce que je me dis que j'ai envie de vivre. Même si, bien évidemment, ce n'est pas parce qu'on est mère qu'on ne vit plus. Mais moi j'ai envie en tout cas de me connaître.

  • Speaker #0

    au maximum avant de transmettre la vie parce que je pense que c'est important pour que mes enfants aient la meilleure vie possible aussi oui pour être équilibré avant de penser à un enfant ce que pas mal de gens ne font pas je pense c'est ça et alors le sport dans tout ça le basket c'est là aussi depuis j'avais vu 11 ans

  • Speaker #1

    à quel moment il arrivait dans ta vie alors le basket est arrivé dans la vie rend par hasard enfin par amour par amour oui oui vraiment vraiment et j'apprends pas pour moi vraiment ça va au moins c'était basket c'était pas la drogue mais en tout cas j'ai toujours fait du sport toujours été très très hyper active dès toutes petites les vacances scolaires si je pleurais parce que je n'avais rien à faire Et donc j'ai fait du hand quand j'étais en primaire. Et puis au collège, il y a eu ce beau garçon où je me suis dit non mais en fait c'est l'homme de ma vie. Et je me suis dit je vais le suivre partout. Et c'était mon premier râteau. Et puis il est sorti avec une fille de mon équipe mais c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est fou les sentiments et les émotions qu'on peut avoir à cet âge là. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et moi ça m'avait traumatisée. Et puis finalement de toute façon cette fille est une de mes meilleures amies aujourd'hui. Et je suis tombée vraiment amoureuse du basket où en fait... Déjà on est cinq sur le terrain donc moi c'était toutes mes soeurs et puis c'était tout de suite devenu une maison en fait où je pouvais m'amuser, il y avait cet esprit d'équipe que j'avais à la maison, j'y étais quasiment tous les jours, c'était pas très loin de chez moi, c'était aussi mon havre de paix et puis c'est une des premières fois où je me suis sentie reconnue. C'était pas les premières années, c'est quand j'avais 14 ans. Mon coach de l'époque était très dur. J'avais vu qu'il m'avait sélectionnée pour l'équipe première et je me suis dit non en fait il s'est trompé, c'est pas possible. C'est pas moi. Et pendant très longtemps j'ai eu ce syndrome de l'imposteur. J'ai l'impression qu'il est parti il y a trois semaines mais qu'il revient à tout moment. J'ai décidé de ne plus avoir ce syndrome. Et chaque fois c'était par hasard, même quand je marquais un panier c'était par hasard. Même si j'étais capitaine c'était par hasard. Mais en fait on m'a toujours fait confiance en moi du basket et puis ça a été un réel exutoire. Oui,

  • Speaker #0

    ça t'a apporté les deux, la libération, l'exutoire et en même temps le travail sur la confiance en toi.

  • Speaker #1

    Oui, même si par moments elle a été très brisée, mais en tout cas, si j'ai perdu confiance, j'ai appris à avoir de l'audace grâce au basket. Et c'est pour ça que je suis devenue dirigeante de club très tôt.

  • Speaker #0

    Et oui, ce que je voulais dire, c'est qu'effectivement, ce n'est pas parti le basket. Ça arrivait tôt, mais là, tu étais encore dedans.

  • Speaker #1

    Je suis encore dedans.

  • Speaker #0

    Et pourquoi donc du coup dirigeante de club ? Parce que c'est autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est autre chose. C'est marrant parce que généralement, c'est les personnes qui commencent à devenir âgées qui arrêtent sur le terrain et qui deviennent dirigeants ou parce qu'ils sont, je guillemets, nuls. Guillemets, vraiment.

  • Speaker #0

    Ne soyez pas fixés.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Parce que moi, je ne me pense pas être nulle, ni en tant que dirigeante, ni en tant que joueuse. Et je pense que tout le monde a des capacités et des qualités. Moi, c'est justement la direction du club qui m'a sorti de mon burn-out, en fait. Parce que j'étais vraiment un légume quand j'étais à la maison. Et l'ancien dirigeant de mon club de basket, quand je suis arrivée à Paris, m'a dit Tu ne peux pas rester comme ça, viens m'aider juste à traiter des mails, ça va te plaire, tu vas lire les plaintes des parents, etc. Et vu que j'avais commencé à coacher assez jeune, j'avais 16 ans à l'époque, eh bien, c'était des choses que je connaissais bien. Et en fait, à nouveau, j'ai eu ce sentiment de reconnaissance, ce sentiment d'utilité. Et je voulais apporter ma pierre à l'édifice. Et pour moi, c'était un réel plaisir, en fait. Et c'est comme ça que je suis venue présidente de club à 27 ans. Sauf que ce que je n'avais pas compris, c'était que pour les bénéficiaires, c'était vraiment positif. Mais pour les autres personnes dirigeantes, j'étais un peu utilisée. Enfin, pas que un peu. La fin de ce cycle, c'est que j'ai été auditionnée à la Fédération française des baskets pour des tournements de fonds parce que les anciens dirigeants sont partis avec la caisse. Ah oui. Oui. Maintenant, je suis toujours dirigeante, mais je fais attention aux personnes avec qui je m'associe. Ah oui. Oui.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu arrives à organiser ta vie entre passion et métier et direction de club ?

  • Speaker #1

    Comme tu sais, je suis arrivée avec 33 minutes de retard, déjà. Mais je fais au mieux. Je me dis que done is better than perfect Donc, je fais au mieux. Je pense que j'ai vraiment une organisation désorganisée. Alors, c'est particulier, c'est entièrement cadiatesque. Je fais de mon mieux. Avant, je le faisais pour les autres. Maintenant, je le fais également pour moi. Et je refuse de plus en plus de choses. Et en réalité, ce qui m'aide, c'est d'être assez connectée, d'avoir un téléphone. Le risque, c'est que parfois, je ne déconnecte pas. Mais je prends du temps, encore une fois, grâce à l'accompagnement thérapeutique que j'ai. Je prends le temps de ne faire rien. Alors quand je dis ne faire rien, c'est parce que je suis tellement active que je veux rendre le rien en activité.

  • Speaker #0

    Oui, ça devient une activité.

  • Speaker #1

    Ça devient une activité.

  • Speaker #0

    Tu le disais, tu as tout le temps été tellement sursollicité.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Et là, en plus, avec la notoriété entre guillemets sur les réseaux sociaux, là je suis en tournée, Émilie. Et bien, je prends le temps de tout couper. Alors méditer, je n'y arrive pas encore. C'est dur. Vraiment, je rigole. Mais je me suis mise au yin yoga. Je fais du yoga. Vigna ça pour beaucoup. Mais le yin me fait beaucoup de bien. Et sinon, je prends le temps de lire aussi, en me mettant sur ne pas déranger sur mon téléphone, etc. Et puis, disons que je n'ai pas le choix d'être efficace quand je rédige des conclusions, parce que moi je rédige tout, moi encore, je vais en audience. Vu que je travaille de chez moi, je vais chez Office Depot pour imprimer, etc. Mais je suis en perpétuelle activité, quoi. Et après, je fais pause.

  • Speaker #0

    Et ces réseaux sociaux, justement. Ce compte Instagram, on te voit dans des interviews. Moi, je n'ai pas eu de difficulté à trouver des informations sur toi, etc. Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce qu'il y a du positif ? Est-ce qu'il y a un peu de compliqué ? Parce qu'on en parlait d'ailleurs avant d'allumer les micros sur le... Sur nos rapports au réseau sociaux et aux retours qu'on peut avoir, et à comment ça peut être traité. Entre l'impact, il y a de l'engagement sur ton profil Instagram, tu partages tes exploits sportifs, ton envie de dépassement, etc. Quels sont les retours ? Qu'est-ce que ça t'apporte ?

  • Speaker #1

    Alors, ça m'apporte de plus en plus de positifs, parce que j'ai appris à trier. Moi, en fait, jusqu'à ce fameux réel en 2023, en mars 2023, où un confrère m'avait prise pour une prévenue, j'avais un compte Instagram ouvert, mais assez inexistant. Enfin, inexistant. J'avais, je pense, 2000 followers pour 1500 personnes qui me suivaient. Mais en fait, c'était des personnes que j'ai rencontrées. C'était le nouveau Facebook, quoi, finalement. Et puis, à la suite de ce réel, ça a entièrement explosé. Et donc j'ai eu pas mal de haters, beaucoup, où beaucoup me disaient que je me victimisais, ou que je faisais tout pour être connue des personnes, et que limite j'avais inventé cette histoire pour être connue des réseaux sociaux. Et j'ai eu ça surtout de la part de personnes qui étaient avec moi au lycée.

  • Speaker #0

    Ah, que tu connaissais ?

  • Speaker #1

    Oui, que je connaissais. Parce que souvent,

  • Speaker #0

    on ne les connaît pas, ils sortent de nulle part, ils balancent leur haine, ils s'en vont.

  • Speaker #1

    Non, là, tu connaissais. Là, j'en connaissais quand même pas mal. Ou j'étais dans un lycée privé, ou c'est vrai, et je le dis au fur et à mesure, que je mentais quand j'étais au lycée, parce que j'avais peur d'être la seule pauvre du lycée, ou la seule dont ma mère est femme ménage, et mon père ouvrier spécialisé, ma grande sœur autiste, et ma petite sœur qui était en classe allégée. Et donc, j'avais entièrement maquillé tout ça. Et certains se disaient, 20 ans plus tard, elle n'a pas trop changé en fait. Et donc j'ai eu ce genre de retour-là. Ça m'a fait énormément de mal. À un moment aussi, chaque fois que je postais une photo ou que j'expliquais un peu ma manière de penser, j'avais une moyenne où je perdais 30 à 40 followers. Et je me disais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et à force, je me suis rendue compte que... certains sites et julien n'intéressait pas

  • Speaker #0

    Ma vie les intéressait pas, mais pour certains c'était de la pure jalousie.

  • Speaker #1

    Mais ils étaient venus par quel biais ? Ils étaient venus par le biais ? Et puis pourquoi ils partent quand tu t'affirmes ? Enfin c'est un peu...

  • Speaker #0

    Il y en a, ils aiment pas parce qu'ils ont pas le courage de le faire.

  • Speaker #1

    Ils préfèrent que ce soit lisse en fait.

  • Speaker #0

    Il faut pas sortir du cadre. Faire des vagues. Ouais, il faut pas faire des vagues. Et en fait, j'en ai aussi discuté avec ma psychothérapeute. Moi on m'a déjà reproché d'être trop solaire. et d'être trop souriante. Et je sais que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais à un stage, c'était à 11 ans de ça, il y avait une fille que je ne supportais pas parce qu'elle souriait tout le temps. Mais en fait, c'était que j'étais ultra jalouse de cette personne parce que malgré tout, ça allait. Et je pense qu'aujourd'hui, je suis devenue cette personne-là, même si ce n'est pas facile. Eh bien, je fais en sorte d'être mon propre soleil et de contribuer à ce soleil. Et donc aujourd'hui, j'ai toujours des personnes qui m'écrivent. en me disant mais pourquoi tu dis ça, ça se trouve c'est faux, etc. Mais bon.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    il faut les laisser. J'essaie de les laisser, mais ça atteint quand même. Bien sûr. Et puis, cette célébrité, entre guillemets, parce que j'ai quasiment 13 000 followers, mais ce n'est pas non plus des millions et des millions. Il y a des personnes qui nous arrêtent dans la rue. Moi, ça m'est déjà arrivé. C'est assez vertigineux. J'ai eu, encore pas plus tard qu'il y a trois semaines, une personne qui m'a vue et qui était... heureuse de me voir, mais qui avait les larmes aux yeux. J'ai été, alors attention, moi, quand je suis malade, c'est comme vous, on voit au même endroit et ça sort de la même manière. Donc, calmez-vous. Et c'est bizarre. C'est très bizarre. C'est très bizarre. Et ça m'est déjà arrivé aussi avec des clients dont des personnes de corps policiers me reconnaissent et donc se permettre des certaines libertés. C'est assez gênant.

  • Speaker #1

    J'imagine. On est dans Elsa Gis.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu te souviens ? Oui. Donc j'aime bien poser des petites questions encore plus autour de l'action. Et déjà la question signature. Qu'est-ce que ça signifie pour toi agir ? Quelle est ta définition de l'action ?

  • Speaker #0

    On respire, on agit. Enfin pour moi en tout cas. C'est ancré. Je ne supporte pas ne rien faire. Même quand je ne fais rien, je dis je préfère faire rien que rien faire. Et c'est quand j'étais plus jeune, pardon. j'agissais pour les autres, avant tout pour ma mère et mes soeurs. Aujourd'hui, j'agis pour moi, peu importe ce que pensent les autres. Mais j'agis pour transmettre et pour faire en sorte que la société change, sans encore une fois être un symbole. Mon objectif de vie, ce n'est pas du tout d'avoir un prix Nobel, ce n'est pas du tout qu'on dise que je suis la meilleure ou quoi que ce soit. Je souhaiterais juste que dans ce monde, tout aille mieux.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te considères et quelle serait ta définition d'une citoyenne engagée ?

  • Speaker #0

    Je me considère comme une citoyenne engagée. J'ai grandi comme ça parce que je suis déléguée de classe. Non, je ne suis plus déléguée de classe. Tu étais déléguée de classe. Je pense que ça, c'est un lapsus en termes de psychologie, si on peut. Depuis le CP, je déteste l'injustice. Je déteste ça. J'ai toujours détesté les personnes dans la cour de récré qui étaient mis de côté parce qu'ils n'avaient pas le physique parfait, etc. Et je pense qu'on est nés tous avec un devoir civique. Et ne serait-ce que quand j'étais en cours d'histoire, quand j'étais petite, la vie de la cité en Grèce antique, ça me passionnait. Et c'est pour ça que les institutions françaises, la devise, etc. m'ont toujours, toujours intéressée. Et je me dis qu'on a des valeurs qui sont soit familiales, soit géographiques, qu'on doit partager. Et ça commence par, quand j'étais par exemple plus petite, je me souviens que je faisais les opérations pièce jaune. Et j'envoyais après au directeur de l'école et je faisais les signatures un peu à l'anglaise, où je prenais des... des bougies de cire et tout, je faisais mon petit tampon en disant voilà tout ce qu'on a récolté, merci d'envoyer à Bernadette Chirac, mais je devais être en primaire. Oui,

  • Speaker #1

    mais ça avait une valeur, ça avait une vraie valeur.

  • Speaker #0

    Moi, c'était super important, je disais à ma mère de prendre des sacs de riz pour les actions UNICEF parce que personne ne doit mourir de faim en fait. Donc vraiment citoyenne engagée, mais jusqu'à ma dernière minute.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de transmission, qu'est-ce que tu as envie de transmettre avec tes actions et ton engagement ?

  • Speaker #0

    Que tout est possible. C'est aussi simple que ça qu'on peut tous y arriver. Certains me disent arrête de flexer et tout Moi je me considère, je pense avoir une intelligence émotionnelle. J'ai toujours eu des bonnes notes, je suis considérée comme surdouée. Pour autant, je me dis que, et même si je sais que ce n'est pas vrai, qu'on peut tous y arriver. Si moi je le fais, tout le monde peut le faire, même si je sais bien que ce n'est pas le cas. Mais en acceptant de demander de l'aide, en acceptant l'aide par exemple, en acceptant de ne pas tout savoir, en étant curieux, on peut y arriver, je pense. Soit seul, soit en équipe, mais l'essentiel c'est d'arriver à un objectif.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un mot, une idée, une citation, un livre, un film qui t'a inspiré ou qui t'inspire encore et qui te guide aussi à être la femme que tu es maintenant, à être celle que l'on vient de décrire et de présenter ?

  • Speaker #0

    Alors la citation que j'ai depuis de nombreuses années, que j'ai partout, c'est Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin parce que j'ai grandi ensemble, même si maintenant... Je me révèle et je continue à me révéler au quotidien. Et puis, si j'ai des images qui sont très fortes pour moi, alors on repart dans le passé, c'est l'époque de Babar, qui moi a été mon idole pendant de nombreuses années. Et le fait qu'il soit sans sa maman quand... Je peux avoir les larmes aux yeux à n'importe quel moment. et qu'il soit après éduqué dans une famille qui l'a récupéré et dans cette famille dans laquelle il n'était pas finalement. En fait, j'ai l'impression d'être babarde en fait. Ou d'être dans un milieu dans lequel il n'était pas habitué. Mais en fait, il a fini par sentir bien parce que tout le monde a fait en sorte qu'il se sente bien. À commencer par Pompom et Alexandre et Céleste.

  • Speaker #1

    C'est le tout qui a fait que lui s'est trouvé aussi.

  • Speaker #0

    C'est là où tu te retrouves. Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Est-ce que si tu avais la possibilité de changer là concrètement une chose dans cette société avec une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais ? C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Non, c'est pas facile du tout. Il y a plein de choses à faire, mais celle que je ferais en premier, pardon, il y a plein de choses à faire, mais la chose que je ferais en premier, je pense, ce serait de changer l'éducation. et qu'il y ait une éducation qui reflète encore une fois notre société parce que pour moi, et c'est pour ça que les enfants pour moi sont primordiaux, c'est dès l'enfance, mais même dès la naissance en fait, les premiers mots, même dès la maternité je dirais, les premiers mots, les premières émotions, les premiers gestes sont ancrés dans l'enfant et ça détermine la personne que c'est, même si l'enfant est programmé. Il y a une programmation pour chaque personne, pardon. Mais si ces enfants ont confiance dès le plus jeune âge, n'ont pas peur de parler et comprennent la société, alors à leur échelle, sans trop les responsabiliser, je pense que la société serait bien différente aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que si une femme nous écoute, parce que je dis femme parce que ça ne va plus parler, je dis écoute, ce sont des femmes, mais si les hommes aussi, quel message tu aurais envie de faire passer à une personne qui peut être dans l'une des situations difficiles que tu as vécues, toutes celles qu'on a abordées et qui aurait besoin d'un retour de ta part pour avancer ?

  • Speaker #0

    Plusieurs choses. La première, c'est de se poser. Parce que moi, je sais que quand j'étais plus jeune, Aujourd'hui, je suis toujours très active, mais je ne prenais pas le temps pour moi parce que je fuyais. Je ne voulais pas me poser pour réfléchir parce que je savais qu'en fait, j'allais fondre en larmes et que je n'allais pas être très bien. Ma mère me disait souvent et elle me le dit encore, est-ce que tu es sûre d'être heureuse ? Parce que c'est bien de faire plein de choses, mais il ne faut pas s'oublier. Et elle me dit encore sur les réseaux sociaux. Ton sourire, alors oui t'as des dents qui sont blanches, oui t'as des dents qui sont alignées, etc. Ça c'est le travail d'un orthodontiste. Toi, ton sourire, ce n'est pas celui-là. Donc, ce serait de se poser fréquemment pour s'apporter de la gratitude, faire le bilan, que ce soit quotidien, hebdomadaire, peu importe, mais de se dire ce que j'ai fait c'est bien et je l'ai fait pour moi. Ça c'est la première chose. Si tel n'est pas le cas, ce qui arrive... assez souvent, qu'on ne soit pas content de nos actions, on se dit on peut faire mieux, c'est d'accepter, d'accepter peut-être de souffrir, d'accepter la tristesse, parce que même si ça fait du mal, ça peut être salvateur pour la suite. Et la dernière chose qui est pour moi très importante, c'est de communiquer slash se faire accompagner et de ne pas avoir peur. A commencer, dans notre culture, dans ma culture malienne en tout cas, un psychologue ça n'existe pas. Il y a les marabouts, qui sont de grands scientifiques bien sûr, et les psychologues en fait ce sont des charlatans, clairement, selon la culture bien sûr. Mais pour autant de se faire accompagner et d'avoir une personne neutre qui peut nous écouter. Je pense que ça change beaucoup de choses. Et si ces personnes qui m'écoutent n'osent pas le faire, eh bien, ChatGPT est de très bons conseils, parce qu'il est totalement neutre. Je ne dis pas qu'il faut aller voir ChatGPT tout le temps, attention. Mais en tout cas, de se faire accompagner par une personne avec laquelle on se sent bien, très important.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Avec plaisir. Merci à tous pour cet échange et d'avoir retracé ton parcours, de nous avoir donné ta vision de l'engagement et d'avoir parlé avec nous. autant de transparence. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

Description

Teasing de l'épisode de demain avec l'avocate et basketteuse Kadiatou Tapily.


Dans les tribunaux, on la prend souvent pour une accusée ou une cliente. Jamais pour une avocate. Femme, noire, jeune… Kadiatou Tapily le sait : elle coche toutes les cases du préjugé. Mais plutôt que de s’y résigner, elle a décidé d’en faire une force.


Issue d’un quartier populaire de Strasbourg, elle grandit avec sa mère et ses sœurs, comprenant très tôt que pour se faire une place, il faut la prendre.


Son ambition, elle la forge dans l’effort et l’excellence, portée par un double terrain : celui du droit et celui du basket.


Dans l’un comme dans l’autre, elle apprend la discipline, la résilience et le dépassement de soi.


Mais cette quête constante de légitimité a un prix : un premier burn-out à 29 ans, et la nécessité de réapprendre à vivre pour elle.


Comment déconstruit-on les stéréotypes sans s’y enfermer ? Comment transforme-t-on la colère en intelligence, le doute en audace ? Et surtout, comment trouve-t-on l’équilibre entre ambition et bien-être ?


Dans cet épisode, Kadiatou Tapily revient sur son parcours, ses combats et les leçons qu’elle tire de son chemin. Une conversation puissante sur la place des femmes, des minorités et sur l’art de s’imposer, sans jamais s’excuser.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

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Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage

Crédit photo : Edouard Monfrais Albertini


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Kadiatou. Bonjour. Merci beaucoup d'être dans Elsa Gis. Je suis très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    C'est un plaisir en tout cas, c'est trop cool.

  • Speaker #0

    Je te suis depuis un moment sur les réseaux en plus et j'aime beaucoup ton énergie que tu retransmets aussi là en te rencontrant en vrai. Donc ça c'est très très sympa.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Alors pour te présenter en quelques mots, tu es avocate au barreau de Paris, spécialisée dans le contentieux.

  • Speaker #1

    J'expliquerai plus tard.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ma tête. Donc ton métier, c'est aussi le résultat d'un parcours marqué de défis, certainement de sacrifices, en tout cas d'une détermination, j'ai l'impression, sans faille. Tu es née à Strasbourg, dans une famille de cinq sœurs, 7-5, et très tôt, tu as pris conscience qu'être une petite fille noire signifierait affronter des environnements hostiles et certainement se battre un peu plus fort que les autres pour faire sa place. C'est peut-être ce qui a forgé ta force. à défaut de te décourager d'ailleurs. Tu es aussi passionnée de basket, depuis toute jeune, et tu jongles maintenant entre ta passion et ton métier en tant que joueuse, dirigeante de club et femme engagée. Kadiatou, pour commencer, j'avais une première question. Tu as grandi dans un environnement, il fallait se battre, je l'ai dit, de différentes manières d'ailleurs, pour arriver à se faire déjà entendre. À quel moment... Tu as compris que défendre sa place dans ce monde passerait par le droit et l'affirmation de soi.

  • Speaker #1

    C'est une très belle question. Merci beaucoup pour la présentation qui était très efficace, fluide et limpide. Non mais c'est vrai, il faut le souligner. Je l'ai compris super tard que le droit était important, mais en fait j'ai grandi avec, tout simplement. Pourquoi je dis ça ? Parce que très jeune, ma mère nous a élevés toutes seules. On est cinq filles, comme tu l'as dit très justement. J'ai une grande sœur qui est autiste. Mes parents ont divorcé quand j'avais deux ans. Ma mère a refait sa vie, mais très rapidement, elle a à nouveau divorcé. Et j'ai été, je pense, dès l'âge de trois ans, son bras droit. Ma mère nous a toujours dit, aujourd'hui elle n'a que 60 ans, donc elle est très jeune, moi j'en ai 35. Oui,

  • Speaker #0

    vous n'avez pas beaucoup d'écart.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu dis parfois aussi que c'est mon directeur, ça se sort parfois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment ce que j'allais dire, tout le monde me dit les mots de la bouche. En fait, on se ressemble beaucoup et on a un amour qui est passionnel, mais aujourd'hui j'ai décidé de vivre pour moi. Mais j'expliquerai pourquoi plus tard, pour que vous restiez. Et en fait, je suis devenue très jeune, sombre à droit. Parce que ma mère, moi au tout début, elle était à la maison avec moi, mais très rapidement, elle a dû travailler parce qu'elle nous élevait toute seule. Et je gardais mes petites sœurs, je faisais ultra attention à ma grande sœur qui est autiste et qui ne parlait pas. Et très rapidement, je me suis rendue compte qu'elle me considérait comme son égale et son allié. Sauf que moi, je n'avais que trois ans et demi. J'ai appris à lire très jeune. Et un souvenir que j'ai, c'est que dès le premier jour de maternelle, moi je suis rentrée à l'école, j'avais deux ans et demi parce que je suis née en janvier, donc voilà, j'ai pu rentrer à l'école plus tôt, mais je savais quasiment lire. Et en fait, elle m'a tout de suite considérée comme une adulte, et vu que j'avais des facilités à l'école, j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je me batte pour prendre ma place, au même titre que ma mère devait se battre pour prendre sa place, en fait, et commencer sa vie. On dirait qu'on l'a commencé en même temps, finalement.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est fort, là, de dire ça.

  • Speaker #1

    Ouais, et c'est totalement spontané, mais oui, je pense qu'on l'a commencé en même temps.

  • Speaker #0

    Ouais, quand tu dis commencer sa vie, c'est arriver à s'émanciper, à être pleinement soi.

  • Speaker #1

    Ouais, alors, pleinement soi... Alors,

  • Speaker #0

    on parle de toi, de Zanmi, mais il y a quand même quelque chose de fort, là, de ce que tu nous racontes. Ouais.

  • Speaker #1

    Ma mère, elle a commencé... Elle a pas eu le choix de s'émanciper, parce qu'elle s'est retrouvée toute seule à nous élever, ou avant... Mon père travaillait, mais il était encore dans le foyer. Et à ce moment-là, il n'était plus. Et j'ai l'impression vraiment d'avoir été avec elle à ce moment-là. Et moi, j'ai dû me responsabiliser. Et je pense que c'est notamment à ce moment-là que je me suis dit, j'ai une mission, c'est que ma mère doit être fière de moi. Elle n'est pas venue en France pour rien. Et que je ne devais pas du tout être un problème. Et je pense que si j'ai appris à lire si jeune... Moi je regardais les chiffres et les lettres quand j'avais deux ans et demi. C'est pas le truc qu'on regardait.

  • Speaker #0

    Non, tu fais partie, je pense, du public le plus jeune de cette émission.

  • Speaker #1

    Laurent Roussko si tu m'entends. En tout cas, très jeune, je me suis dit qu'il ne faut pas du tout que je sois un boulet pour elle. Non pas que le handicap soit un boulet, mais le fait qu'on a un enfant handicapé, c'est quand même très difficile au quotidien. Et que moi, je ne pouvais pas créer encore plus de charge mentale à ma mère, en fait. Et je pense que c'est comme ça que je me suis émancipée en étant si jeune.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ça ne t'en rajoute pas à toi, de la charge indirectement ? Ah si,

  • Speaker #1

    complètement. Où j'ai finalement explosé en plein vol, comme je dis toujours, à 29 ans. J'ai eu mon 28, mon premier burn-out, c'était l'unique, où j'étais arrêtée pendant neuf mois. Et c'est là où en fait, je me suis émancipée pour moi, à mon tour. Mais sinon, effectivement, j'ai eu une charge mentale très jeune, où je n'avais qu'une mission sur terre. C'était vraiment avoir des bonnes notes, travailler, même si le basket avait été un exuctoire. Mais il fallait que je sois d'abord un, que ma mère soit fière de moi, et ensuite un exemple pour mes petites sœurs.

  • Speaker #0

    Et comment tu te situes maintenant par rapport à toutes ces femmes ?

  • Speaker #1

    C'est toujours très vertigineux.

  • Speaker #0

    Déjà, t'as fait hum Oui,

  • Speaker #1

    c'est très vertigineux parce que j'ai vraiment l'impression d'être née il y a finalement 5 ans, 6 ans, de faire ce que j'ai envie de faire. Et c'est perçu par ma mère, mes sœurs, de manière, je dirais différente. de chacune, mais finalement, elles n'ont pas le choix de me suivre parce que j'assume pleinement ce que je fais, mais je ne correspond pas forcément à ce que toutes ces femmes attendaient. Enfin déjà, toutes ces femmes attendaient que je sois mère à mon âge, parce que ma mère, par exemple, m'a eu à 24 ans, que finalement j'ai un mode de vie stable, que je dis que je veux avoir des enfants, mais que je n'en ai pas encore, et bien pour toutes mes sœurs. et ma mère, c'est vraiment pas normal.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a quelque chose qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Oui, il y a quelque chose qui ne va pas, ça ne correspond pas Ausha traditionnel. Pour autant, le fait que je sois avocate à mon compte, que je crée du contenu à mon tour, c'est quelque chose pour elle qui est assez audacieux. Et c'est une chose, par exemple, que ma mère n'aurait jamais pu faire. De même que... que je me suis toujours beaucoup débrouillée dans la vie. Il y a quelque chose qui la choque toujours autant et moi, ça me fait énormément rire. C'est que dans chaque pays ou dans les dom-toms où je vais, je prends un véhicule et je le conduis sans problème. Et elle me dit, mais ça, moi, jamais je pourrais le faire. Je n'oserais même pas prendre le véhicule de quelqu'un d'autre. J'aurais peur de mal faire, quoi, alors que moi, je m'en fiche.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout ça, ça permet aussi pour elle de déconstruire certaines choses ? Est-ce que tu y contribues finalement ? Par la personnalité que tu es, l'indépendante que tu es, la femme engagée, etc.

  • Speaker #1

    Beaucoup, je pense beaucoup, mais ne le dis pas, parce que le point commun qu'on a, je pense, c'est beaucoup de fierté et d'orgueil. Mais tu le vois, tu perçois. Oui, je le vois complètement, complètement. Il y a plein de choses. Le marathon que j'ai couru l'année dernière, pour elle, c'était impossible parce que tous les cinq enfants qu'elle a eus, on a tous été asthmatiques. Donc on a eu le baby à l'heure, les choses comme ça. Et on a toujours été dispensé de sport, notamment pour l'endurance et les crosses. Et en fait, pour elle, je ne pouvais jamais courir un marathon. Et non seulement c'était un challenge pour moi, mais c'était aussi pour lui dire que si elle a la discipline, la discipline qu'elle nous a inculquée pendant toute notre jeunesse, si je la mets dans le sport, on peut y arriver. Et depuis, moi, ça m'a ouvert des portes. Je me dis que je peux vraiment tout faire. Et ça, je pense qu'elle en est très fière, même si elle ne le dira pas. Et quoique, elle a appris à le dire, elle a appris à accepter la fierté et le dire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Ah, ben tu vois, elle apprend tout doucement à faire certaines choses. Tu dis aussi dans certaines de tes interviews, etc., que tu racontes quand tu vas à ton tribunal pour plaider, qu'on te prend soit pour une cliente, soit une accusée, pour pas une avocate, en tout cas. Comment tu vis encore ces jugements qui sont instantanés, ces prises de position en fait quelque part tout de suite de t'évaluer, de te juger ou en tout cas de te catégoriser ?

  • Speaker #1

    C'est particulièrement dur mais j'ai appris à jouer avec. J'ai grandi en Alsace, à Strasbourg, qui est quand même pas une si petite ville, mais en tout cas à mon époque j'étais vraiment la seule noire comme je dis très souvent. Jusqu'à fin collège j'étais toute seule dans ma classe. Au lycée on était deux, à la fac on était cinq. Les premières rencontres basket que j'ai eues quand j'avais 12-13 ans, c'était en race campagne. Et j'ai commencé à avoir des gestes de singe, on me parlait comme si je venais des Etats-Unis parce que je suis afro-américaine. Et donc, moi ce sont des choses qui m'ont énormément fait du mal quand j'étais plus jeune et surtout pendant l'adolescence, où je n'avais jamais parlé à ma mère et elle a découvert à travers mes podcasts. J'ai eu du mal à avoir des petits copains parce qu'on me disait t'es très sympa, t'es très drôle mais t'es noir. Donc, tu n'es pas jolie, tu ne corresponds pas au style attendu. Et ce n'est que récemment que j'ai appris à être belle comme je l'entends. Et donc, tout ça pour dire, parce que j'ai oublié la question.

  • Speaker #0

    C'était par rapport quand tu sais les jugements instantanés quand tu en as un.

  • Speaker #1

    Oui, je suis partie un peu loin, mais en fait, tout ça pour dire, il y avait un fil conducteur. Au début, ça me choquait énormément quand j'étais plus jeune. Et à force, je me suis dit, m'énerver. C'est leur donner raison. Donc il faut acculturer ces personnes, il faut les éduquer, pour dire qu'on est là, sans être dans une rébellion, dans une manifestation, parce que déjà, le cliché que les Noirs crient partout, où les Noirs sont les sauvages, je l'ai suffisamment entendu, pour ne pas rentrer dans ce cliché-là, mais aussi se dire qu'il faut expliquer en fait que nous existons, sans prendre... l'étiquette d'un symbole, enfin sans prendre une étiquette, sans être un symbole, sans faire du Black Panther comme je dis. Et donc au fur et à mesure, j'enregistre l'information et il essaye de rendre la meilleure monnaie de sa pièce quoi.

  • Speaker #0

    Oui, quand tu dis que tu en joues, oui, tu l'effets, tu transformes la situation où c'est eux qui deviennent hyper gênés ou qui se disent mais qu'est-ce que je viens de... Quel est mon comportement ? Et est-ce que peut-être ça, ça permet vraiment aussi eux de leur déconstruire leur... Ils ne le referont plus je pense en fait.

  • Speaker #1

    Je pense parce que déjà il y a une situation de gêne énorme et puis je pense que c'est beaucoup plus formateur finalement d'avoir vécu cette expérience pour eux que d'avoir une personne qui va hurler au racisme alors que c'est le cas, c'est sûr. Mais les personnes qui hurlent, il y en a beaucoup, parfois c'est pour rien dire. Alors que si là on prend le temps d'analyser la situation, de faire réaliser à la personne que ce qu'elle a dit ce n'est pas normal, et bien là, je pense qu'il y a un enregistrement de l'information qui est plus fort.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'une fois, il y a même quelqu'un qui s'est dit Ah, vous êtes durs ou je ne sais pas quoi, parce que ça...

  • Speaker #1

    Il n'avait même pas de ticket.

  • Speaker #0

    Oui, il s'est vraiment retourné le truc, parce qu'il se dit...

  • Speaker #1

    Et en fait, ce qui est fou, c'est qu'à la base, alors je n'excuse pas forcément l'agissement, mais on est dans une période où le racisme ordinaire est tellement utilisé. tellement fréquente, tellement ancrée, que parfois la personne ne réalise même pas qu'elle agit ainsi. Et donc si on l'attaque alors qu'elle n'a pas compris ce qu'elle a dit, eh bien on n'avance pas.

  • Speaker #0

    Et toi qui l'as vécu à la fois dans le milieu scolaire, professionnel maintenant, culturel, etc., est-ce que tu as une piste, une idée pour savoir comment on peut s'en sortir de tout ça ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi j'essaye en tout cas à mon échelle de développer ma piste, c'est d'en parler dès le plus jeune âge. En fait, il faut grandir avec ces éléments-là. Il y a de plus en plus de reportages dans les médias sur des éléments de l'enfance. Moi, mon rêve, c'était vraiment de ressembler à Barbie. Mais donc, ça impliquait d'avoir des cheveux raides, blonds. Et donc, pendant très longtemps, j'ai souhaité avoir... Alors là, j'ai des rajouts, mais africanisés, je dirais. Mais pendant très longtemps, je me défrisais les cheveux. Pendant très longtemps, je faisais des tissages pour avoir des cheveux européens. Parce que mes idoles à l'époque, c'était Britney Spears, mais aussi Beyoncé, par exemple, qui est afro-américaine, mais qui a des extensions. Donc, voilà. Et donc, dès l'enfance, en fait, je pense que d'avoir, alors sans genrer, attention, mais des poupées avec des cheveux crépus, des... des jouets, où il y a toutes les cultures possibles, je pense que ça aide.

  • Speaker #0

    Des représentations qui ne sont pas uniques ou exceptionnelles, mais qui font partie de la représentation sur laquelle on peut se projeter.

  • Speaker #1

    Oui, dans les livres aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    dans les livres.

  • Speaker #0

    De mieux en mieux, mais encore du boulot,

  • Speaker #1

    effectivement. Mais c'est déjà un très bon début, franchement.

  • Speaker #0

    Et même dans les podcasts, dans le média, de manière générale, de toute manière. Bon, merci pour cette piste en tout cas. On l'écoute et on va l'appliquer. Je pensais aussi à la justice, au cœur de la justice. Elle est souvent critiquée, commentée. Comment elle va la justice ? Oula !

  • Speaker #1

    Pardon, je l'ai trop... C'est dur. Je pense que...

  • Speaker #0

    T'es au cœur du truc.

  • Speaker #1

    Oui, je suis au cœur du truc. Ça peut être très long, il faut faire un deuxième podcast, Émilie. Mais en fait, c'est vraiment, je pense, l'illustration de la France à deux vitesses. Parce qu'on a un monde économique, sociétal qui bouge, avec une population qui est quand même de plus en plus axée sur la technologie. Et de l'autre côté, on a... une atmosphère bureaucratique très administrative qui n'est pas en phase avec la justice telle qu'on souhaiterait l'appliquer. Et donc tout est plus lent et on n'a pas forcément envie d'utiliser la justice française mais plutôt de se faire justice à soi-même ou par soi-même et typiquement les réseaux sociaux aujourd'hui sont une des armes les plus utilisées. Et ça emmène à certaines dérives. Oui,

  • Speaker #0

    totalement. Donc là, tu nous dis qu'elle est plus reflée de la société. En quoi elle pourrait être moteur, en fait, des transformations sociales ?

  • Speaker #1

    Il faudrait changer beaucoup de choses, mais je pense que ça doit avoir un impact sur la politique et les politiciens qui nous gouvernent.

  • Speaker #0

    Ça commence par là.

  • Speaker #1

    Ça commence par là. Et il faudrait que chaque... Je n'aime pas dire ce terme, mais chaque cosme... chaque entre guillemets même si vous ne voyez pas classe sociale soit représenté dans la politique actuelle ça aiderait beaucoup ce serait alors que ce soit d'un point de vue gouvernemental d'un point de vue assemblée nationale sénat mais aussi dans le corps judiciaire que moi je côtoie énormément alors moi je fais du contentieux des affaires c'est les litiges entre entreprises entre dirigeants les impayés mais que ce soit entrepreneur auto-entrepreneur mais il ya aussi la justice pénale dont on entend beaucoup parler où des juges vont prendre des décisions sauf qu'ils ne savent pas comment ça se passe en cité par exemple. Et donc je ne dis pas qu'il faut exclusivement des juges de cité, mais encore une fois, via l'éducation, ça va donner envie aux enfants d'aller peut-être vers la justice alors que pour eux c'est inaccessible. Pareil, moi c'est un peu ce que j'essaie de transmettre à mon échelle.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as encore des obstacles ou des... des choses, alors on vient de parler de quand tu rentres dans le tribunal, mais pour l'exercer, exercer ton métier, est-ce qu'il y a encore de genre, de sexe, d'origine, culturelle, identitaire ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais au quotidien ?

  • Speaker #1

    Oui, franchement, si ce n'est pas… Moi, j'ai la double casquette ou la double peine, comme on me dit assez souvent, les femmes et noires, donc on me demande qu'est-ce qui est le plus dur ? cette femme au noir, bon bah moi je reste cadillette tout en globalité, j'ai jamais scindé les deux. Mais alors d'un point de vue, racisme en tant que tel, de moins en moins, même si parfois, effectivement, il y a des petites sorties de route. Clairement, enfin des trucs bêtes, mais cet été il faisait chaud au tribunal, et un magistrat m'a dit non mais vous ça va, vous êtes habituée au beau temps, enfin vous êtes habituée à la chaleur, j'ai dit, eh bien pourquoi monsieur le président, parce que moi je viens de Strasbourg, du coup c'est une ville assez froide quoi. Voilà. Mais c'est aussi typiquement vis-à-vis des confrères. Moi, j'ai parlé de confrères, ils vont me répondre mademoiselle. Ah oui ? Des juges. Il y a déjà un juge qui m'a appelée ma petite. Et donc, forcément, avec tout le background que j'ai, je rigole pour l'anglicisme, mais tout le passif de comment réagir quand on se prend les pires tirs, quand il y a un juge qui m'appelle ma petite, je dis, écoutez, monsieur le président, il y a deux options. Soit vous m'appelez maître, je vous appelle monsieur le président. Soit vous m'appelez ma petite et je vous appelle mon vieux. Voilà. Parce que forcément, factuellement, vous êtes plus âgés que moi. Et alors clairement, je prends un risque pour mon client. Mais je mets un point d'honneur à ne pas me laisser faire sur ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Tu les affrontes les périotypes.

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui. J'ai plus le temps de... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  • Speaker #0

    T'as plus le temps pour le subir.

  • Speaker #1

    Non. Non. Et j'ai la chance d'être accompagnée aussi. D'être avec une psychologue. de voir des kinésiologues, des énergéticiens, etc. Sauf trop, il faut que je fasse. Bon, vraiment. Et donc, ça m'aide à savoir qui je suis et à me connaître. Et je n'accepte plus ça,

  • Speaker #0

    en fait. Oui, parce qu'à un moment, ta santé mentale a dû aussi... Tu nous as parlé du burn-out, mais il y a eu aussi...

  • Speaker #1

    J'en ai trop bavé, vraiment.

  • Speaker #0

    Trop bavé.

  • Speaker #1

    Trop. Et je suis avec du recul. Très contente d'avoir eu ce burn-out aussi jeune, parce que ces 29 premières années de ma vie, c'était je vis pour accomplir, pour... pour casser les stéréotypes. Et donc j'étais énormément dans la compétition, je voulais être la meilleure partout, je ne me laissais pas le choix. Juste pour dire aux gens que les femmes pouvaient réussir et que les noirs pouvaient réussir. Et en fait, moi j'ai perdu beaucoup trop d'années de vie. Donc c'est peut-être pour ça que je ne suis pas encore mère aujourd'hui, parce que je me dis que j'ai envie de vivre. Même si, bien évidemment, ce n'est pas parce qu'on est mère qu'on ne vit plus. Mais moi j'ai envie en tout cas de me connaître.

  • Speaker #0

    au maximum avant de transmettre la vie parce que je pense que c'est important pour que mes enfants aient la meilleure vie possible aussi oui pour être équilibré avant de penser à un enfant ce que pas mal de gens ne font pas je pense c'est ça et alors le sport dans tout ça le basket c'est là aussi depuis j'avais vu 11 ans

  • Speaker #1

    à quel moment il arrivait dans ta vie alors le basket est arrivé dans la vie rend par hasard enfin par amour par amour oui oui vraiment vraiment et j'apprends pas pour moi vraiment ça va au moins c'était basket c'était pas la drogue mais en tout cas j'ai toujours fait du sport toujours été très très hyper active dès toutes petites les vacances scolaires si je pleurais parce que je n'avais rien à faire Et donc j'ai fait du hand quand j'étais en primaire. Et puis au collège, il y a eu ce beau garçon où je me suis dit non mais en fait c'est l'homme de ma vie. Et je me suis dit je vais le suivre partout. Et c'était mon premier râteau. Et puis il est sorti avec une fille de mon équipe mais c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est fou les sentiments et les émotions qu'on peut avoir à cet âge là. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et moi ça m'avait traumatisée. Et puis finalement de toute façon cette fille est une de mes meilleures amies aujourd'hui. Et je suis tombée vraiment amoureuse du basket où en fait... Déjà on est cinq sur le terrain donc moi c'était toutes mes soeurs et puis c'était tout de suite devenu une maison en fait où je pouvais m'amuser, il y avait cet esprit d'équipe que j'avais à la maison, j'y étais quasiment tous les jours, c'était pas très loin de chez moi, c'était aussi mon havre de paix et puis c'est une des premières fois où je me suis sentie reconnue. C'était pas les premières années, c'est quand j'avais 14 ans. Mon coach de l'époque était très dur. J'avais vu qu'il m'avait sélectionnée pour l'équipe première et je me suis dit non en fait il s'est trompé, c'est pas possible. C'est pas moi. Et pendant très longtemps j'ai eu ce syndrome de l'imposteur. J'ai l'impression qu'il est parti il y a trois semaines mais qu'il revient à tout moment. J'ai décidé de ne plus avoir ce syndrome. Et chaque fois c'était par hasard, même quand je marquais un panier c'était par hasard. Même si j'étais capitaine c'était par hasard. Mais en fait on m'a toujours fait confiance en moi du basket et puis ça a été un réel exutoire. Oui,

  • Speaker #0

    ça t'a apporté les deux, la libération, l'exutoire et en même temps le travail sur la confiance en toi.

  • Speaker #1

    Oui, même si par moments elle a été très brisée, mais en tout cas, si j'ai perdu confiance, j'ai appris à avoir de l'audace grâce au basket. Et c'est pour ça que je suis devenue dirigeante de club très tôt.

  • Speaker #0

    Et oui, ce que je voulais dire, c'est qu'effectivement, ce n'est pas parti le basket. Ça arrivait tôt, mais là, tu étais encore dedans.

  • Speaker #1

    Je suis encore dedans.

  • Speaker #0

    Et pourquoi donc du coup dirigeante de club ? Parce que c'est autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est autre chose. C'est marrant parce que généralement, c'est les personnes qui commencent à devenir âgées qui arrêtent sur le terrain et qui deviennent dirigeants ou parce qu'ils sont, je guillemets, nuls. Guillemets, vraiment.

  • Speaker #0

    Ne soyez pas fixés.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Parce que moi, je ne me pense pas être nulle, ni en tant que dirigeante, ni en tant que joueuse. Et je pense que tout le monde a des capacités et des qualités. Moi, c'est justement la direction du club qui m'a sorti de mon burn-out, en fait. Parce que j'étais vraiment un légume quand j'étais à la maison. Et l'ancien dirigeant de mon club de basket, quand je suis arrivée à Paris, m'a dit Tu ne peux pas rester comme ça, viens m'aider juste à traiter des mails, ça va te plaire, tu vas lire les plaintes des parents, etc. Et vu que j'avais commencé à coacher assez jeune, j'avais 16 ans à l'époque, eh bien, c'était des choses que je connaissais bien. Et en fait, à nouveau, j'ai eu ce sentiment de reconnaissance, ce sentiment d'utilité. Et je voulais apporter ma pierre à l'édifice. Et pour moi, c'était un réel plaisir, en fait. Et c'est comme ça que je suis venue présidente de club à 27 ans. Sauf que ce que je n'avais pas compris, c'était que pour les bénéficiaires, c'était vraiment positif. Mais pour les autres personnes dirigeantes, j'étais un peu utilisée. Enfin, pas que un peu. La fin de ce cycle, c'est que j'ai été auditionnée à la Fédération française des baskets pour des tournements de fonds parce que les anciens dirigeants sont partis avec la caisse. Ah oui. Oui. Maintenant, je suis toujours dirigeante, mais je fais attention aux personnes avec qui je m'associe. Ah oui. Oui.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu arrives à organiser ta vie entre passion et métier et direction de club ?

  • Speaker #1

    Comme tu sais, je suis arrivée avec 33 minutes de retard, déjà. Mais je fais au mieux. Je me dis que done is better than perfect Donc, je fais au mieux. Je pense que j'ai vraiment une organisation désorganisée. Alors, c'est particulier, c'est entièrement cadiatesque. Je fais de mon mieux. Avant, je le faisais pour les autres. Maintenant, je le fais également pour moi. Et je refuse de plus en plus de choses. Et en réalité, ce qui m'aide, c'est d'être assez connectée, d'avoir un téléphone. Le risque, c'est que parfois, je ne déconnecte pas. Mais je prends du temps, encore une fois, grâce à l'accompagnement thérapeutique que j'ai. Je prends le temps de ne faire rien. Alors quand je dis ne faire rien, c'est parce que je suis tellement active que je veux rendre le rien en activité.

  • Speaker #0

    Oui, ça devient une activité.

  • Speaker #1

    Ça devient une activité.

  • Speaker #0

    Tu le disais, tu as tout le temps été tellement sursollicité.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Et là, en plus, avec la notoriété entre guillemets sur les réseaux sociaux, là je suis en tournée, Émilie. Et bien, je prends le temps de tout couper. Alors méditer, je n'y arrive pas encore. C'est dur. Vraiment, je rigole. Mais je me suis mise au yin yoga. Je fais du yoga. Vigna ça pour beaucoup. Mais le yin me fait beaucoup de bien. Et sinon, je prends le temps de lire aussi, en me mettant sur ne pas déranger sur mon téléphone, etc. Et puis, disons que je n'ai pas le choix d'être efficace quand je rédige des conclusions, parce que moi je rédige tout, moi encore, je vais en audience. Vu que je travaille de chez moi, je vais chez Office Depot pour imprimer, etc. Mais je suis en perpétuelle activité, quoi. Et après, je fais pause.

  • Speaker #0

    Et ces réseaux sociaux, justement. Ce compte Instagram, on te voit dans des interviews. Moi, je n'ai pas eu de difficulté à trouver des informations sur toi, etc. Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce qu'il y a du positif ? Est-ce qu'il y a un peu de compliqué ? Parce qu'on en parlait d'ailleurs avant d'allumer les micros sur le... Sur nos rapports au réseau sociaux et aux retours qu'on peut avoir, et à comment ça peut être traité. Entre l'impact, il y a de l'engagement sur ton profil Instagram, tu partages tes exploits sportifs, ton envie de dépassement, etc. Quels sont les retours ? Qu'est-ce que ça t'apporte ?

  • Speaker #1

    Alors, ça m'apporte de plus en plus de positifs, parce que j'ai appris à trier. Moi, en fait, jusqu'à ce fameux réel en 2023, en mars 2023, où un confrère m'avait prise pour une prévenue, j'avais un compte Instagram ouvert, mais assez inexistant. Enfin, inexistant. J'avais, je pense, 2000 followers pour 1500 personnes qui me suivaient. Mais en fait, c'était des personnes que j'ai rencontrées. C'était le nouveau Facebook, quoi, finalement. Et puis, à la suite de ce réel, ça a entièrement explosé. Et donc j'ai eu pas mal de haters, beaucoup, où beaucoup me disaient que je me victimisais, ou que je faisais tout pour être connue des personnes, et que limite j'avais inventé cette histoire pour être connue des réseaux sociaux. Et j'ai eu ça surtout de la part de personnes qui étaient avec moi au lycée.

  • Speaker #0

    Ah, que tu connaissais ?

  • Speaker #1

    Oui, que je connaissais. Parce que souvent,

  • Speaker #0

    on ne les connaît pas, ils sortent de nulle part, ils balancent leur haine, ils s'en vont.

  • Speaker #1

    Non, là, tu connaissais. Là, j'en connaissais quand même pas mal. Ou j'étais dans un lycée privé, ou c'est vrai, et je le dis au fur et à mesure, que je mentais quand j'étais au lycée, parce que j'avais peur d'être la seule pauvre du lycée, ou la seule dont ma mère est femme ménage, et mon père ouvrier spécialisé, ma grande sœur autiste, et ma petite sœur qui était en classe allégée. Et donc, j'avais entièrement maquillé tout ça. Et certains se disaient, 20 ans plus tard, elle n'a pas trop changé en fait. Et donc j'ai eu ce genre de retour-là. Ça m'a fait énormément de mal. À un moment aussi, chaque fois que je postais une photo ou que j'expliquais un peu ma manière de penser, j'avais une moyenne où je perdais 30 à 40 followers. Et je me disais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et à force, je me suis rendue compte que... certains sites et julien n'intéressait pas

  • Speaker #0

    Ma vie les intéressait pas, mais pour certains c'était de la pure jalousie.

  • Speaker #1

    Mais ils étaient venus par quel biais ? Ils étaient venus par le biais ? Et puis pourquoi ils partent quand tu t'affirmes ? Enfin c'est un peu...

  • Speaker #0

    Il y en a, ils aiment pas parce qu'ils ont pas le courage de le faire.

  • Speaker #1

    Ils préfèrent que ce soit lisse en fait.

  • Speaker #0

    Il faut pas sortir du cadre. Faire des vagues. Ouais, il faut pas faire des vagues. Et en fait, j'en ai aussi discuté avec ma psychothérapeute. Moi on m'a déjà reproché d'être trop solaire. et d'être trop souriante. Et je sais que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais à un stage, c'était à 11 ans de ça, il y avait une fille que je ne supportais pas parce qu'elle souriait tout le temps. Mais en fait, c'était que j'étais ultra jalouse de cette personne parce que malgré tout, ça allait. Et je pense qu'aujourd'hui, je suis devenue cette personne-là, même si ce n'est pas facile. Eh bien, je fais en sorte d'être mon propre soleil et de contribuer à ce soleil. Et donc aujourd'hui, j'ai toujours des personnes qui m'écrivent. en me disant mais pourquoi tu dis ça, ça se trouve c'est faux, etc. Mais bon.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    il faut les laisser. J'essaie de les laisser, mais ça atteint quand même. Bien sûr. Et puis, cette célébrité, entre guillemets, parce que j'ai quasiment 13 000 followers, mais ce n'est pas non plus des millions et des millions. Il y a des personnes qui nous arrêtent dans la rue. Moi, ça m'est déjà arrivé. C'est assez vertigineux. J'ai eu, encore pas plus tard qu'il y a trois semaines, une personne qui m'a vue et qui était... heureuse de me voir, mais qui avait les larmes aux yeux. J'ai été, alors attention, moi, quand je suis malade, c'est comme vous, on voit au même endroit et ça sort de la même manière. Donc, calmez-vous. Et c'est bizarre. C'est très bizarre. C'est très bizarre. Et ça m'est déjà arrivé aussi avec des clients dont des personnes de corps policiers me reconnaissent et donc se permettre des certaines libertés. C'est assez gênant.

  • Speaker #1

    J'imagine. On est dans Elsa Gis.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu te souviens ? Oui. Donc j'aime bien poser des petites questions encore plus autour de l'action. Et déjà la question signature. Qu'est-ce que ça signifie pour toi agir ? Quelle est ta définition de l'action ?

  • Speaker #0

    On respire, on agit. Enfin pour moi en tout cas. C'est ancré. Je ne supporte pas ne rien faire. Même quand je ne fais rien, je dis je préfère faire rien que rien faire. Et c'est quand j'étais plus jeune, pardon. j'agissais pour les autres, avant tout pour ma mère et mes soeurs. Aujourd'hui, j'agis pour moi, peu importe ce que pensent les autres. Mais j'agis pour transmettre et pour faire en sorte que la société change, sans encore une fois être un symbole. Mon objectif de vie, ce n'est pas du tout d'avoir un prix Nobel, ce n'est pas du tout qu'on dise que je suis la meilleure ou quoi que ce soit. Je souhaiterais juste que dans ce monde, tout aille mieux.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te considères et quelle serait ta définition d'une citoyenne engagée ?

  • Speaker #0

    Je me considère comme une citoyenne engagée. J'ai grandi comme ça parce que je suis déléguée de classe. Non, je ne suis plus déléguée de classe. Tu étais déléguée de classe. Je pense que ça, c'est un lapsus en termes de psychologie, si on peut. Depuis le CP, je déteste l'injustice. Je déteste ça. J'ai toujours détesté les personnes dans la cour de récré qui étaient mis de côté parce qu'ils n'avaient pas le physique parfait, etc. Et je pense qu'on est nés tous avec un devoir civique. Et ne serait-ce que quand j'étais en cours d'histoire, quand j'étais petite, la vie de la cité en Grèce antique, ça me passionnait. Et c'est pour ça que les institutions françaises, la devise, etc. m'ont toujours, toujours intéressée. Et je me dis qu'on a des valeurs qui sont soit familiales, soit géographiques, qu'on doit partager. Et ça commence par, quand j'étais par exemple plus petite, je me souviens que je faisais les opérations pièce jaune. Et j'envoyais après au directeur de l'école et je faisais les signatures un peu à l'anglaise, où je prenais des... des bougies de cire et tout, je faisais mon petit tampon en disant voilà tout ce qu'on a récolté, merci d'envoyer à Bernadette Chirac, mais je devais être en primaire. Oui,

  • Speaker #1

    mais ça avait une valeur, ça avait une vraie valeur.

  • Speaker #0

    Moi, c'était super important, je disais à ma mère de prendre des sacs de riz pour les actions UNICEF parce que personne ne doit mourir de faim en fait. Donc vraiment citoyenne engagée, mais jusqu'à ma dernière minute.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de transmission, qu'est-ce que tu as envie de transmettre avec tes actions et ton engagement ?

  • Speaker #0

    Que tout est possible. C'est aussi simple que ça qu'on peut tous y arriver. Certains me disent arrête de flexer et tout Moi je me considère, je pense avoir une intelligence émotionnelle. J'ai toujours eu des bonnes notes, je suis considérée comme surdouée. Pour autant, je me dis que, et même si je sais que ce n'est pas vrai, qu'on peut tous y arriver. Si moi je le fais, tout le monde peut le faire, même si je sais bien que ce n'est pas le cas. Mais en acceptant de demander de l'aide, en acceptant l'aide par exemple, en acceptant de ne pas tout savoir, en étant curieux, on peut y arriver, je pense. Soit seul, soit en équipe, mais l'essentiel c'est d'arriver à un objectif.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un mot, une idée, une citation, un livre, un film qui t'a inspiré ou qui t'inspire encore et qui te guide aussi à être la femme que tu es maintenant, à être celle que l'on vient de décrire et de présenter ?

  • Speaker #0

    Alors la citation que j'ai depuis de nombreuses années, que j'ai partout, c'est Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin parce que j'ai grandi ensemble, même si maintenant... Je me révèle et je continue à me révéler au quotidien. Et puis, si j'ai des images qui sont très fortes pour moi, alors on repart dans le passé, c'est l'époque de Babar, qui moi a été mon idole pendant de nombreuses années. Et le fait qu'il soit sans sa maman quand... Je peux avoir les larmes aux yeux à n'importe quel moment. et qu'il soit après éduqué dans une famille qui l'a récupéré et dans cette famille dans laquelle il n'était pas finalement. En fait, j'ai l'impression d'être babarde en fait. Ou d'être dans un milieu dans lequel il n'était pas habitué. Mais en fait, il a fini par sentir bien parce que tout le monde a fait en sorte qu'il se sente bien. À commencer par Pompom et Alexandre et Céleste.

  • Speaker #1

    C'est le tout qui a fait que lui s'est trouvé aussi.

  • Speaker #0

    C'est là où tu te retrouves. Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Est-ce que si tu avais la possibilité de changer là concrètement une chose dans cette société avec une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais ? C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Non, c'est pas facile du tout. Il y a plein de choses à faire, mais celle que je ferais en premier, pardon, il y a plein de choses à faire, mais la chose que je ferais en premier, je pense, ce serait de changer l'éducation. et qu'il y ait une éducation qui reflète encore une fois notre société parce que pour moi, et c'est pour ça que les enfants pour moi sont primordiaux, c'est dès l'enfance, mais même dès la naissance en fait, les premiers mots, même dès la maternité je dirais, les premiers mots, les premières émotions, les premiers gestes sont ancrés dans l'enfant et ça détermine la personne que c'est, même si l'enfant est programmé. Il y a une programmation pour chaque personne, pardon. Mais si ces enfants ont confiance dès le plus jeune âge, n'ont pas peur de parler et comprennent la société, alors à leur échelle, sans trop les responsabiliser, je pense que la société serait bien différente aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que si une femme nous écoute, parce que je dis femme parce que ça ne va plus parler, je dis écoute, ce sont des femmes, mais si les hommes aussi, quel message tu aurais envie de faire passer à une personne qui peut être dans l'une des situations difficiles que tu as vécues, toutes celles qu'on a abordées et qui aurait besoin d'un retour de ta part pour avancer ?

  • Speaker #0

    Plusieurs choses. La première, c'est de se poser. Parce que moi, je sais que quand j'étais plus jeune, Aujourd'hui, je suis toujours très active, mais je ne prenais pas le temps pour moi parce que je fuyais. Je ne voulais pas me poser pour réfléchir parce que je savais qu'en fait, j'allais fondre en larmes et que je n'allais pas être très bien. Ma mère me disait souvent et elle me le dit encore, est-ce que tu es sûre d'être heureuse ? Parce que c'est bien de faire plein de choses, mais il ne faut pas s'oublier. Et elle me dit encore sur les réseaux sociaux. Ton sourire, alors oui t'as des dents qui sont blanches, oui t'as des dents qui sont alignées, etc. Ça c'est le travail d'un orthodontiste. Toi, ton sourire, ce n'est pas celui-là. Donc, ce serait de se poser fréquemment pour s'apporter de la gratitude, faire le bilan, que ce soit quotidien, hebdomadaire, peu importe, mais de se dire ce que j'ai fait c'est bien et je l'ai fait pour moi. Ça c'est la première chose. Si tel n'est pas le cas, ce qui arrive... assez souvent, qu'on ne soit pas content de nos actions, on se dit on peut faire mieux, c'est d'accepter, d'accepter peut-être de souffrir, d'accepter la tristesse, parce que même si ça fait du mal, ça peut être salvateur pour la suite. Et la dernière chose qui est pour moi très importante, c'est de communiquer slash se faire accompagner et de ne pas avoir peur. A commencer, dans notre culture, dans ma culture malienne en tout cas, un psychologue ça n'existe pas. Il y a les marabouts, qui sont de grands scientifiques bien sûr, et les psychologues en fait ce sont des charlatans, clairement, selon la culture bien sûr. Mais pour autant de se faire accompagner et d'avoir une personne neutre qui peut nous écouter. Je pense que ça change beaucoup de choses. Et si ces personnes qui m'écoutent n'osent pas le faire, eh bien, ChatGPT est de très bons conseils, parce qu'il est totalement neutre. Je ne dis pas qu'il faut aller voir ChatGPT tout le temps, attention. Mais en tout cas, de se faire accompagner par une personne avec laquelle on se sent bien, très important.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Avec plaisir. Merci à tous pour cet échange et d'avoir retracé ton parcours, de nous avoir donné ta vision de l'engagement et d'avoir parlé avec nous. autant de transparence. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

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Description

Teasing de l'épisode de demain avec l'avocate et basketteuse Kadiatou Tapily.


Dans les tribunaux, on la prend souvent pour une accusée ou une cliente. Jamais pour une avocate. Femme, noire, jeune… Kadiatou Tapily le sait : elle coche toutes les cases du préjugé. Mais plutôt que de s’y résigner, elle a décidé d’en faire une force.


Issue d’un quartier populaire de Strasbourg, elle grandit avec sa mère et ses sœurs, comprenant très tôt que pour se faire une place, il faut la prendre.


Son ambition, elle la forge dans l’effort et l’excellence, portée par un double terrain : celui du droit et celui du basket.


Dans l’un comme dans l’autre, elle apprend la discipline, la résilience et le dépassement de soi.


Mais cette quête constante de légitimité a un prix : un premier burn-out à 29 ans, et la nécessité de réapprendre à vivre pour elle.


Comment déconstruit-on les stéréotypes sans s’y enfermer ? Comment transforme-t-on la colère en intelligence, le doute en audace ? Et surtout, comment trouve-t-on l’équilibre entre ambition et bien-être ?


Dans cet épisode, Kadiatou Tapily revient sur son parcours, ses combats et les leçons qu’elle tire de son chemin. Une conversation puissante sur la place des femmes, des minorités et sur l’art de s’imposer, sans jamais s’excuser.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

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Sur mon Instagram Berthet_Emilie


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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage

Crédit photo : Edouard Monfrais Albertini


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Kadiatou. Bonjour. Merci beaucoup d'être dans Elsa Gis. Je suis très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    C'est un plaisir en tout cas, c'est trop cool.

  • Speaker #0

    Je te suis depuis un moment sur les réseaux en plus et j'aime beaucoup ton énergie que tu retransmets aussi là en te rencontrant en vrai. Donc ça c'est très très sympa.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Alors pour te présenter en quelques mots, tu es avocate au barreau de Paris, spécialisée dans le contentieux.

  • Speaker #1

    J'expliquerai plus tard.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ma tête. Donc ton métier, c'est aussi le résultat d'un parcours marqué de défis, certainement de sacrifices, en tout cas d'une détermination, j'ai l'impression, sans faille. Tu es née à Strasbourg, dans une famille de cinq sœurs, 7-5, et très tôt, tu as pris conscience qu'être une petite fille noire signifierait affronter des environnements hostiles et certainement se battre un peu plus fort que les autres pour faire sa place. C'est peut-être ce qui a forgé ta force. à défaut de te décourager d'ailleurs. Tu es aussi passionnée de basket, depuis toute jeune, et tu jongles maintenant entre ta passion et ton métier en tant que joueuse, dirigeante de club et femme engagée. Kadiatou, pour commencer, j'avais une première question. Tu as grandi dans un environnement, il fallait se battre, je l'ai dit, de différentes manières d'ailleurs, pour arriver à se faire déjà entendre. À quel moment... Tu as compris que défendre sa place dans ce monde passerait par le droit et l'affirmation de soi.

  • Speaker #1

    C'est une très belle question. Merci beaucoup pour la présentation qui était très efficace, fluide et limpide. Non mais c'est vrai, il faut le souligner. Je l'ai compris super tard que le droit était important, mais en fait j'ai grandi avec, tout simplement. Pourquoi je dis ça ? Parce que très jeune, ma mère nous a élevés toutes seules. On est cinq filles, comme tu l'as dit très justement. J'ai une grande sœur qui est autiste. Mes parents ont divorcé quand j'avais deux ans. Ma mère a refait sa vie, mais très rapidement, elle a à nouveau divorcé. Et j'ai été, je pense, dès l'âge de trois ans, son bras droit. Ma mère nous a toujours dit, aujourd'hui elle n'a que 60 ans, donc elle est très jeune, moi j'en ai 35. Oui,

  • Speaker #0

    vous n'avez pas beaucoup d'écart.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu dis parfois aussi que c'est mon directeur, ça se sort parfois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment ce que j'allais dire, tout le monde me dit les mots de la bouche. En fait, on se ressemble beaucoup et on a un amour qui est passionnel, mais aujourd'hui j'ai décidé de vivre pour moi. Mais j'expliquerai pourquoi plus tard, pour que vous restiez. Et en fait, je suis devenue très jeune, sombre à droit. Parce que ma mère, moi au tout début, elle était à la maison avec moi, mais très rapidement, elle a dû travailler parce qu'elle nous élevait toute seule. Et je gardais mes petites sœurs, je faisais ultra attention à ma grande sœur qui est autiste et qui ne parlait pas. Et très rapidement, je me suis rendue compte qu'elle me considérait comme son égale et son allié. Sauf que moi, je n'avais que trois ans et demi. J'ai appris à lire très jeune. Et un souvenir que j'ai, c'est que dès le premier jour de maternelle, moi je suis rentrée à l'école, j'avais deux ans et demi parce que je suis née en janvier, donc voilà, j'ai pu rentrer à l'école plus tôt, mais je savais quasiment lire. Et en fait, elle m'a tout de suite considérée comme une adulte, et vu que j'avais des facilités à l'école, j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je me batte pour prendre ma place, au même titre que ma mère devait se battre pour prendre sa place, en fait, et commencer sa vie. On dirait qu'on l'a commencé en même temps, finalement.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est fort, là, de dire ça.

  • Speaker #1

    Ouais, et c'est totalement spontané, mais oui, je pense qu'on l'a commencé en même temps.

  • Speaker #0

    Ouais, quand tu dis commencer sa vie, c'est arriver à s'émanciper, à être pleinement soi.

  • Speaker #1

    Ouais, alors, pleinement soi... Alors,

  • Speaker #0

    on parle de toi, de Zanmi, mais il y a quand même quelque chose de fort, là, de ce que tu nous racontes. Ouais.

  • Speaker #1

    Ma mère, elle a commencé... Elle a pas eu le choix de s'émanciper, parce qu'elle s'est retrouvée toute seule à nous élever, ou avant... Mon père travaillait, mais il était encore dans le foyer. Et à ce moment-là, il n'était plus. Et j'ai l'impression vraiment d'avoir été avec elle à ce moment-là. Et moi, j'ai dû me responsabiliser. Et je pense que c'est notamment à ce moment-là que je me suis dit, j'ai une mission, c'est que ma mère doit être fière de moi. Elle n'est pas venue en France pour rien. Et que je ne devais pas du tout être un problème. Et je pense que si j'ai appris à lire si jeune... Moi je regardais les chiffres et les lettres quand j'avais deux ans et demi. C'est pas le truc qu'on regardait.

  • Speaker #0

    Non, tu fais partie, je pense, du public le plus jeune de cette émission.

  • Speaker #1

    Laurent Roussko si tu m'entends. En tout cas, très jeune, je me suis dit qu'il ne faut pas du tout que je sois un boulet pour elle. Non pas que le handicap soit un boulet, mais le fait qu'on a un enfant handicapé, c'est quand même très difficile au quotidien. Et que moi, je ne pouvais pas créer encore plus de charge mentale à ma mère, en fait. Et je pense que c'est comme ça que je me suis émancipée en étant si jeune.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ça ne t'en rajoute pas à toi, de la charge indirectement ? Ah si,

  • Speaker #1

    complètement. Où j'ai finalement explosé en plein vol, comme je dis toujours, à 29 ans. J'ai eu mon 28, mon premier burn-out, c'était l'unique, où j'étais arrêtée pendant neuf mois. Et c'est là où en fait, je me suis émancipée pour moi, à mon tour. Mais sinon, effectivement, j'ai eu une charge mentale très jeune, où je n'avais qu'une mission sur terre. C'était vraiment avoir des bonnes notes, travailler, même si le basket avait été un exuctoire. Mais il fallait que je sois d'abord un, que ma mère soit fière de moi, et ensuite un exemple pour mes petites sœurs.

  • Speaker #0

    Et comment tu te situes maintenant par rapport à toutes ces femmes ?

  • Speaker #1

    C'est toujours très vertigineux.

  • Speaker #0

    Déjà, t'as fait hum Oui,

  • Speaker #1

    c'est très vertigineux parce que j'ai vraiment l'impression d'être née il y a finalement 5 ans, 6 ans, de faire ce que j'ai envie de faire. Et c'est perçu par ma mère, mes sœurs, de manière, je dirais différente. de chacune, mais finalement, elles n'ont pas le choix de me suivre parce que j'assume pleinement ce que je fais, mais je ne correspond pas forcément à ce que toutes ces femmes attendaient. Enfin déjà, toutes ces femmes attendaient que je sois mère à mon âge, parce que ma mère, par exemple, m'a eu à 24 ans, que finalement j'ai un mode de vie stable, que je dis que je veux avoir des enfants, mais que je n'en ai pas encore, et bien pour toutes mes sœurs. et ma mère, c'est vraiment pas normal.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a quelque chose qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Oui, il y a quelque chose qui ne va pas, ça ne correspond pas Ausha traditionnel. Pour autant, le fait que je sois avocate à mon compte, que je crée du contenu à mon tour, c'est quelque chose pour elle qui est assez audacieux. Et c'est une chose, par exemple, que ma mère n'aurait jamais pu faire. De même que... que je me suis toujours beaucoup débrouillée dans la vie. Il y a quelque chose qui la choque toujours autant et moi, ça me fait énormément rire. C'est que dans chaque pays ou dans les dom-toms où je vais, je prends un véhicule et je le conduis sans problème. Et elle me dit, mais ça, moi, jamais je pourrais le faire. Je n'oserais même pas prendre le véhicule de quelqu'un d'autre. J'aurais peur de mal faire, quoi, alors que moi, je m'en fiche.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout ça, ça permet aussi pour elle de déconstruire certaines choses ? Est-ce que tu y contribues finalement ? Par la personnalité que tu es, l'indépendante que tu es, la femme engagée, etc.

  • Speaker #1

    Beaucoup, je pense beaucoup, mais ne le dis pas, parce que le point commun qu'on a, je pense, c'est beaucoup de fierté et d'orgueil. Mais tu le vois, tu perçois. Oui, je le vois complètement, complètement. Il y a plein de choses. Le marathon que j'ai couru l'année dernière, pour elle, c'était impossible parce que tous les cinq enfants qu'elle a eus, on a tous été asthmatiques. Donc on a eu le baby à l'heure, les choses comme ça. Et on a toujours été dispensé de sport, notamment pour l'endurance et les crosses. Et en fait, pour elle, je ne pouvais jamais courir un marathon. Et non seulement c'était un challenge pour moi, mais c'était aussi pour lui dire que si elle a la discipline, la discipline qu'elle nous a inculquée pendant toute notre jeunesse, si je la mets dans le sport, on peut y arriver. Et depuis, moi, ça m'a ouvert des portes. Je me dis que je peux vraiment tout faire. Et ça, je pense qu'elle en est très fière, même si elle ne le dira pas. Et quoique, elle a appris à le dire, elle a appris à accepter la fierté et le dire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Ah, ben tu vois, elle apprend tout doucement à faire certaines choses. Tu dis aussi dans certaines de tes interviews, etc., que tu racontes quand tu vas à ton tribunal pour plaider, qu'on te prend soit pour une cliente, soit une accusée, pour pas une avocate, en tout cas. Comment tu vis encore ces jugements qui sont instantanés, ces prises de position en fait quelque part tout de suite de t'évaluer, de te juger ou en tout cas de te catégoriser ?

  • Speaker #1

    C'est particulièrement dur mais j'ai appris à jouer avec. J'ai grandi en Alsace, à Strasbourg, qui est quand même pas une si petite ville, mais en tout cas à mon époque j'étais vraiment la seule noire comme je dis très souvent. Jusqu'à fin collège j'étais toute seule dans ma classe. Au lycée on était deux, à la fac on était cinq. Les premières rencontres basket que j'ai eues quand j'avais 12-13 ans, c'était en race campagne. Et j'ai commencé à avoir des gestes de singe, on me parlait comme si je venais des Etats-Unis parce que je suis afro-américaine. Et donc, moi ce sont des choses qui m'ont énormément fait du mal quand j'étais plus jeune et surtout pendant l'adolescence, où je n'avais jamais parlé à ma mère et elle a découvert à travers mes podcasts. J'ai eu du mal à avoir des petits copains parce qu'on me disait t'es très sympa, t'es très drôle mais t'es noir. Donc, tu n'es pas jolie, tu ne corresponds pas au style attendu. Et ce n'est que récemment que j'ai appris à être belle comme je l'entends. Et donc, tout ça pour dire, parce que j'ai oublié la question.

  • Speaker #0

    C'était par rapport quand tu sais les jugements instantanés quand tu en as un.

  • Speaker #1

    Oui, je suis partie un peu loin, mais en fait, tout ça pour dire, il y avait un fil conducteur. Au début, ça me choquait énormément quand j'étais plus jeune. Et à force, je me suis dit, m'énerver. C'est leur donner raison. Donc il faut acculturer ces personnes, il faut les éduquer, pour dire qu'on est là, sans être dans une rébellion, dans une manifestation, parce que déjà, le cliché que les Noirs crient partout, où les Noirs sont les sauvages, je l'ai suffisamment entendu, pour ne pas rentrer dans ce cliché-là, mais aussi se dire qu'il faut expliquer en fait que nous existons, sans prendre... l'étiquette d'un symbole, enfin sans prendre une étiquette, sans être un symbole, sans faire du Black Panther comme je dis. Et donc au fur et à mesure, j'enregistre l'information et il essaye de rendre la meilleure monnaie de sa pièce quoi.

  • Speaker #0

    Oui, quand tu dis que tu en joues, oui, tu l'effets, tu transformes la situation où c'est eux qui deviennent hyper gênés ou qui se disent mais qu'est-ce que je viens de... Quel est mon comportement ? Et est-ce que peut-être ça, ça permet vraiment aussi eux de leur déconstruire leur... Ils ne le referont plus je pense en fait.

  • Speaker #1

    Je pense parce que déjà il y a une situation de gêne énorme et puis je pense que c'est beaucoup plus formateur finalement d'avoir vécu cette expérience pour eux que d'avoir une personne qui va hurler au racisme alors que c'est le cas, c'est sûr. Mais les personnes qui hurlent, il y en a beaucoup, parfois c'est pour rien dire. Alors que si là on prend le temps d'analyser la situation, de faire réaliser à la personne que ce qu'elle a dit ce n'est pas normal, et bien là, je pense qu'il y a un enregistrement de l'information qui est plus fort.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'une fois, il y a même quelqu'un qui s'est dit Ah, vous êtes durs ou je ne sais pas quoi, parce que ça...

  • Speaker #1

    Il n'avait même pas de ticket.

  • Speaker #0

    Oui, il s'est vraiment retourné le truc, parce qu'il se dit...

  • Speaker #1

    Et en fait, ce qui est fou, c'est qu'à la base, alors je n'excuse pas forcément l'agissement, mais on est dans une période où le racisme ordinaire est tellement utilisé. tellement fréquente, tellement ancrée, que parfois la personne ne réalise même pas qu'elle agit ainsi. Et donc si on l'attaque alors qu'elle n'a pas compris ce qu'elle a dit, eh bien on n'avance pas.

  • Speaker #0

    Et toi qui l'as vécu à la fois dans le milieu scolaire, professionnel maintenant, culturel, etc., est-ce que tu as une piste, une idée pour savoir comment on peut s'en sortir de tout ça ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi j'essaye en tout cas à mon échelle de développer ma piste, c'est d'en parler dès le plus jeune âge. En fait, il faut grandir avec ces éléments-là. Il y a de plus en plus de reportages dans les médias sur des éléments de l'enfance. Moi, mon rêve, c'était vraiment de ressembler à Barbie. Mais donc, ça impliquait d'avoir des cheveux raides, blonds. Et donc, pendant très longtemps, j'ai souhaité avoir... Alors là, j'ai des rajouts, mais africanisés, je dirais. Mais pendant très longtemps, je me défrisais les cheveux. Pendant très longtemps, je faisais des tissages pour avoir des cheveux européens. Parce que mes idoles à l'époque, c'était Britney Spears, mais aussi Beyoncé, par exemple, qui est afro-américaine, mais qui a des extensions. Donc, voilà. Et donc, dès l'enfance, en fait, je pense que d'avoir, alors sans genrer, attention, mais des poupées avec des cheveux crépus, des... des jouets, où il y a toutes les cultures possibles, je pense que ça aide.

  • Speaker #0

    Des représentations qui ne sont pas uniques ou exceptionnelles, mais qui font partie de la représentation sur laquelle on peut se projeter.

  • Speaker #1

    Oui, dans les livres aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    dans les livres.

  • Speaker #0

    De mieux en mieux, mais encore du boulot,

  • Speaker #1

    effectivement. Mais c'est déjà un très bon début, franchement.

  • Speaker #0

    Et même dans les podcasts, dans le média, de manière générale, de toute manière. Bon, merci pour cette piste en tout cas. On l'écoute et on va l'appliquer. Je pensais aussi à la justice, au cœur de la justice. Elle est souvent critiquée, commentée. Comment elle va la justice ? Oula !

  • Speaker #1

    Pardon, je l'ai trop... C'est dur. Je pense que...

  • Speaker #0

    T'es au cœur du truc.

  • Speaker #1

    Oui, je suis au cœur du truc. Ça peut être très long, il faut faire un deuxième podcast, Émilie. Mais en fait, c'est vraiment, je pense, l'illustration de la France à deux vitesses. Parce qu'on a un monde économique, sociétal qui bouge, avec une population qui est quand même de plus en plus axée sur la technologie. Et de l'autre côté, on a... une atmosphère bureaucratique très administrative qui n'est pas en phase avec la justice telle qu'on souhaiterait l'appliquer. Et donc tout est plus lent et on n'a pas forcément envie d'utiliser la justice française mais plutôt de se faire justice à soi-même ou par soi-même et typiquement les réseaux sociaux aujourd'hui sont une des armes les plus utilisées. Et ça emmène à certaines dérives. Oui,

  • Speaker #0

    totalement. Donc là, tu nous dis qu'elle est plus reflée de la société. En quoi elle pourrait être moteur, en fait, des transformations sociales ?

  • Speaker #1

    Il faudrait changer beaucoup de choses, mais je pense que ça doit avoir un impact sur la politique et les politiciens qui nous gouvernent.

  • Speaker #0

    Ça commence par là.

  • Speaker #1

    Ça commence par là. Et il faudrait que chaque... Je n'aime pas dire ce terme, mais chaque cosme... chaque entre guillemets même si vous ne voyez pas classe sociale soit représenté dans la politique actuelle ça aiderait beaucoup ce serait alors que ce soit d'un point de vue gouvernemental d'un point de vue assemblée nationale sénat mais aussi dans le corps judiciaire que moi je côtoie énormément alors moi je fais du contentieux des affaires c'est les litiges entre entreprises entre dirigeants les impayés mais que ce soit entrepreneur auto-entrepreneur mais il ya aussi la justice pénale dont on entend beaucoup parler où des juges vont prendre des décisions sauf qu'ils ne savent pas comment ça se passe en cité par exemple. Et donc je ne dis pas qu'il faut exclusivement des juges de cité, mais encore une fois, via l'éducation, ça va donner envie aux enfants d'aller peut-être vers la justice alors que pour eux c'est inaccessible. Pareil, moi c'est un peu ce que j'essaie de transmettre à mon échelle.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as encore des obstacles ou des... des choses, alors on vient de parler de quand tu rentres dans le tribunal, mais pour l'exercer, exercer ton métier, est-ce qu'il y a encore de genre, de sexe, d'origine, culturelle, identitaire ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais au quotidien ?

  • Speaker #1

    Oui, franchement, si ce n'est pas… Moi, j'ai la double casquette ou la double peine, comme on me dit assez souvent, les femmes et noires, donc on me demande qu'est-ce qui est le plus dur ? cette femme au noir, bon bah moi je reste cadillette tout en globalité, j'ai jamais scindé les deux. Mais alors d'un point de vue, racisme en tant que tel, de moins en moins, même si parfois, effectivement, il y a des petites sorties de route. Clairement, enfin des trucs bêtes, mais cet été il faisait chaud au tribunal, et un magistrat m'a dit non mais vous ça va, vous êtes habituée au beau temps, enfin vous êtes habituée à la chaleur, j'ai dit, eh bien pourquoi monsieur le président, parce que moi je viens de Strasbourg, du coup c'est une ville assez froide quoi. Voilà. Mais c'est aussi typiquement vis-à-vis des confrères. Moi, j'ai parlé de confrères, ils vont me répondre mademoiselle. Ah oui ? Des juges. Il y a déjà un juge qui m'a appelée ma petite. Et donc, forcément, avec tout le background que j'ai, je rigole pour l'anglicisme, mais tout le passif de comment réagir quand on se prend les pires tirs, quand il y a un juge qui m'appelle ma petite, je dis, écoutez, monsieur le président, il y a deux options. Soit vous m'appelez maître, je vous appelle monsieur le président. Soit vous m'appelez ma petite et je vous appelle mon vieux. Voilà. Parce que forcément, factuellement, vous êtes plus âgés que moi. Et alors clairement, je prends un risque pour mon client. Mais je mets un point d'honneur à ne pas me laisser faire sur ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Tu les affrontes les périotypes.

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui. J'ai plus le temps de... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  • Speaker #0

    T'as plus le temps pour le subir.

  • Speaker #1

    Non. Non. Et j'ai la chance d'être accompagnée aussi. D'être avec une psychologue. de voir des kinésiologues, des énergéticiens, etc. Sauf trop, il faut que je fasse. Bon, vraiment. Et donc, ça m'aide à savoir qui je suis et à me connaître. Et je n'accepte plus ça,

  • Speaker #0

    en fait. Oui, parce qu'à un moment, ta santé mentale a dû aussi... Tu nous as parlé du burn-out, mais il y a eu aussi...

  • Speaker #1

    J'en ai trop bavé, vraiment.

  • Speaker #0

    Trop bavé.

  • Speaker #1

    Trop. Et je suis avec du recul. Très contente d'avoir eu ce burn-out aussi jeune, parce que ces 29 premières années de ma vie, c'était je vis pour accomplir, pour... pour casser les stéréotypes. Et donc j'étais énormément dans la compétition, je voulais être la meilleure partout, je ne me laissais pas le choix. Juste pour dire aux gens que les femmes pouvaient réussir et que les noirs pouvaient réussir. Et en fait, moi j'ai perdu beaucoup trop d'années de vie. Donc c'est peut-être pour ça que je ne suis pas encore mère aujourd'hui, parce que je me dis que j'ai envie de vivre. Même si, bien évidemment, ce n'est pas parce qu'on est mère qu'on ne vit plus. Mais moi j'ai envie en tout cas de me connaître.

  • Speaker #0

    au maximum avant de transmettre la vie parce que je pense que c'est important pour que mes enfants aient la meilleure vie possible aussi oui pour être équilibré avant de penser à un enfant ce que pas mal de gens ne font pas je pense c'est ça et alors le sport dans tout ça le basket c'est là aussi depuis j'avais vu 11 ans

  • Speaker #1

    à quel moment il arrivait dans ta vie alors le basket est arrivé dans la vie rend par hasard enfin par amour par amour oui oui vraiment vraiment et j'apprends pas pour moi vraiment ça va au moins c'était basket c'était pas la drogue mais en tout cas j'ai toujours fait du sport toujours été très très hyper active dès toutes petites les vacances scolaires si je pleurais parce que je n'avais rien à faire Et donc j'ai fait du hand quand j'étais en primaire. Et puis au collège, il y a eu ce beau garçon où je me suis dit non mais en fait c'est l'homme de ma vie. Et je me suis dit je vais le suivre partout. Et c'était mon premier râteau. Et puis il est sorti avec une fille de mon équipe mais c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est fou les sentiments et les émotions qu'on peut avoir à cet âge là. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et moi ça m'avait traumatisée. Et puis finalement de toute façon cette fille est une de mes meilleures amies aujourd'hui. Et je suis tombée vraiment amoureuse du basket où en fait... Déjà on est cinq sur le terrain donc moi c'était toutes mes soeurs et puis c'était tout de suite devenu une maison en fait où je pouvais m'amuser, il y avait cet esprit d'équipe que j'avais à la maison, j'y étais quasiment tous les jours, c'était pas très loin de chez moi, c'était aussi mon havre de paix et puis c'est une des premières fois où je me suis sentie reconnue. C'était pas les premières années, c'est quand j'avais 14 ans. Mon coach de l'époque était très dur. J'avais vu qu'il m'avait sélectionnée pour l'équipe première et je me suis dit non en fait il s'est trompé, c'est pas possible. C'est pas moi. Et pendant très longtemps j'ai eu ce syndrome de l'imposteur. J'ai l'impression qu'il est parti il y a trois semaines mais qu'il revient à tout moment. J'ai décidé de ne plus avoir ce syndrome. Et chaque fois c'était par hasard, même quand je marquais un panier c'était par hasard. Même si j'étais capitaine c'était par hasard. Mais en fait on m'a toujours fait confiance en moi du basket et puis ça a été un réel exutoire. Oui,

  • Speaker #0

    ça t'a apporté les deux, la libération, l'exutoire et en même temps le travail sur la confiance en toi.

  • Speaker #1

    Oui, même si par moments elle a été très brisée, mais en tout cas, si j'ai perdu confiance, j'ai appris à avoir de l'audace grâce au basket. Et c'est pour ça que je suis devenue dirigeante de club très tôt.

  • Speaker #0

    Et oui, ce que je voulais dire, c'est qu'effectivement, ce n'est pas parti le basket. Ça arrivait tôt, mais là, tu étais encore dedans.

  • Speaker #1

    Je suis encore dedans.

  • Speaker #0

    Et pourquoi donc du coup dirigeante de club ? Parce que c'est autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est autre chose. C'est marrant parce que généralement, c'est les personnes qui commencent à devenir âgées qui arrêtent sur le terrain et qui deviennent dirigeants ou parce qu'ils sont, je guillemets, nuls. Guillemets, vraiment.

  • Speaker #0

    Ne soyez pas fixés.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Parce que moi, je ne me pense pas être nulle, ni en tant que dirigeante, ni en tant que joueuse. Et je pense que tout le monde a des capacités et des qualités. Moi, c'est justement la direction du club qui m'a sorti de mon burn-out, en fait. Parce que j'étais vraiment un légume quand j'étais à la maison. Et l'ancien dirigeant de mon club de basket, quand je suis arrivée à Paris, m'a dit Tu ne peux pas rester comme ça, viens m'aider juste à traiter des mails, ça va te plaire, tu vas lire les plaintes des parents, etc. Et vu que j'avais commencé à coacher assez jeune, j'avais 16 ans à l'époque, eh bien, c'était des choses que je connaissais bien. Et en fait, à nouveau, j'ai eu ce sentiment de reconnaissance, ce sentiment d'utilité. Et je voulais apporter ma pierre à l'édifice. Et pour moi, c'était un réel plaisir, en fait. Et c'est comme ça que je suis venue présidente de club à 27 ans. Sauf que ce que je n'avais pas compris, c'était que pour les bénéficiaires, c'était vraiment positif. Mais pour les autres personnes dirigeantes, j'étais un peu utilisée. Enfin, pas que un peu. La fin de ce cycle, c'est que j'ai été auditionnée à la Fédération française des baskets pour des tournements de fonds parce que les anciens dirigeants sont partis avec la caisse. Ah oui. Oui. Maintenant, je suis toujours dirigeante, mais je fais attention aux personnes avec qui je m'associe. Ah oui. Oui.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu arrives à organiser ta vie entre passion et métier et direction de club ?

  • Speaker #1

    Comme tu sais, je suis arrivée avec 33 minutes de retard, déjà. Mais je fais au mieux. Je me dis que done is better than perfect Donc, je fais au mieux. Je pense que j'ai vraiment une organisation désorganisée. Alors, c'est particulier, c'est entièrement cadiatesque. Je fais de mon mieux. Avant, je le faisais pour les autres. Maintenant, je le fais également pour moi. Et je refuse de plus en plus de choses. Et en réalité, ce qui m'aide, c'est d'être assez connectée, d'avoir un téléphone. Le risque, c'est que parfois, je ne déconnecte pas. Mais je prends du temps, encore une fois, grâce à l'accompagnement thérapeutique que j'ai. Je prends le temps de ne faire rien. Alors quand je dis ne faire rien, c'est parce que je suis tellement active que je veux rendre le rien en activité.

  • Speaker #0

    Oui, ça devient une activité.

  • Speaker #1

    Ça devient une activité.

  • Speaker #0

    Tu le disais, tu as tout le temps été tellement sursollicité.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Et là, en plus, avec la notoriété entre guillemets sur les réseaux sociaux, là je suis en tournée, Émilie. Et bien, je prends le temps de tout couper. Alors méditer, je n'y arrive pas encore. C'est dur. Vraiment, je rigole. Mais je me suis mise au yin yoga. Je fais du yoga. Vigna ça pour beaucoup. Mais le yin me fait beaucoup de bien. Et sinon, je prends le temps de lire aussi, en me mettant sur ne pas déranger sur mon téléphone, etc. Et puis, disons que je n'ai pas le choix d'être efficace quand je rédige des conclusions, parce que moi je rédige tout, moi encore, je vais en audience. Vu que je travaille de chez moi, je vais chez Office Depot pour imprimer, etc. Mais je suis en perpétuelle activité, quoi. Et après, je fais pause.

  • Speaker #0

    Et ces réseaux sociaux, justement. Ce compte Instagram, on te voit dans des interviews. Moi, je n'ai pas eu de difficulté à trouver des informations sur toi, etc. Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce qu'il y a du positif ? Est-ce qu'il y a un peu de compliqué ? Parce qu'on en parlait d'ailleurs avant d'allumer les micros sur le... Sur nos rapports au réseau sociaux et aux retours qu'on peut avoir, et à comment ça peut être traité. Entre l'impact, il y a de l'engagement sur ton profil Instagram, tu partages tes exploits sportifs, ton envie de dépassement, etc. Quels sont les retours ? Qu'est-ce que ça t'apporte ?

  • Speaker #1

    Alors, ça m'apporte de plus en plus de positifs, parce que j'ai appris à trier. Moi, en fait, jusqu'à ce fameux réel en 2023, en mars 2023, où un confrère m'avait prise pour une prévenue, j'avais un compte Instagram ouvert, mais assez inexistant. Enfin, inexistant. J'avais, je pense, 2000 followers pour 1500 personnes qui me suivaient. Mais en fait, c'était des personnes que j'ai rencontrées. C'était le nouveau Facebook, quoi, finalement. Et puis, à la suite de ce réel, ça a entièrement explosé. Et donc j'ai eu pas mal de haters, beaucoup, où beaucoup me disaient que je me victimisais, ou que je faisais tout pour être connue des personnes, et que limite j'avais inventé cette histoire pour être connue des réseaux sociaux. Et j'ai eu ça surtout de la part de personnes qui étaient avec moi au lycée.

  • Speaker #0

    Ah, que tu connaissais ?

  • Speaker #1

    Oui, que je connaissais. Parce que souvent,

  • Speaker #0

    on ne les connaît pas, ils sortent de nulle part, ils balancent leur haine, ils s'en vont.

  • Speaker #1

    Non, là, tu connaissais. Là, j'en connaissais quand même pas mal. Ou j'étais dans un lycée privé, ou c'est vrai, et je le dis au fur et à mesure, que je mentais quand j'étais au lycée, parce que j'avais peur d'être la seule pauvre du lycée, ou la seule dont ma mère est femme ménage, et mon père ouvrier spécialisé, ma grande sœur autiste, et ma petite sœur qui était en classe allégée. Et donc, j'avais entièrement maquillé tout ça. Et certains se disaient, 20 ans plus tard, elle n'a pas trop changé en fait. Et donc j'ai eu ce genre de retour-là. Ça m'a fait énormément de mal. À un moment aussi, chaque fois que je postais une photo ou que j'expliquais un peu ma manière de penser, j'avais une moyenne où je perdais 30 à 40 followers. Et je me disais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et à force, je me suis rendue compte que... certains sites et julien n'intéressait pas

  • Speaker #0

    Ma vie les intéressait pas, mais pour certains c'était de la pure jalousie.

  • Speaker #1

    Mais ils étaient venus par quel biais ? Ils étaient venus par le biais ? Et puis pourquoi ils partent quand tu t'affirmes ? Enfin c'est un peu...

  • Speaker #0

    Il y en a, ils aiment pas parce qu'ils ont pas le courage de le faire.

  • Speaker #1

    Ils préfèrent que ce soit lisse en fait.

  • Speaker #0

    Il faut pas sortir du cadre. Faire des vagues. Ouais, il faut pas faire des vagues. Et en fait, j'en ai aussi discuté avec ma psychothérapeute. Moi on m'a déjà reproché d'être trop solaire. et d'être trop souriante. Et je sais que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais à un stage, c'était à 11 ans de ça, il y avait une fille que je ne supportais pas parce qu'elle souriait tout le temps. Mais en fait, c'était que j'étais ultra jalouse de cette personne parce que malgré tout, ça allait. Et je pense qu'aujourd'hui, je suis devenue cette personne-là, même si ce n'est pas facile. Eh bien, je fais en sorte d'être mon propre soleil et de contribuer à ce soleil. Et donc aujourd'hui, j'ai toujours des personnes qui m'écrivent. en me disant mais pourquoi tu dis ça, ça se trouve c'est faux, etc. Mais bon.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    il faut les laisser. J'essaie de les laisser, mais ça atteint quand même. Bien sûr. Et puis, cette célébrité, entre guillemets, parce que j'ai quasiment 13 000 followers, mais ce n'est pas non plus des millions et des millions. Il y a des personnes qui nous arrêtent dans la rue. Moi, ça m'est déjà arrivé. C'est assez vertigineux. J'ai eu, encore pas plus tard qu'il y a trois semaines, une personne qui m'a vue et qui était... heureuse de me voir, mais qui avait les larmes aux yeux. J'ai été, alors attention, moi, quand je suis malade, c'est comme vous, on voit au même endroit et ça sort de la même manière. Donc, calmez-vous. Et c'est bizarre. C'est très bizarre. C'est très bizarre. Et ça m'est déjà arrivé aussi avec des clients dont des personnes de corps policiers me reconnaissent et donc se permettre des certaines libertés. C'est assez gênant.

  • Speaker #1

    J'imagine. On est dans Elsa Gis.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu te souviens ? Oui. Donc j'aime bien poser des petites questions encore plus autour de l'action. Et déjà la question signature. Qu'est-ce que ça signifie pour toi agir ? Quelle est ta définition de l'action ?

  • Speaker #0

    On respire, on agit. Enfin pour moi en tout cas. C'est ancré. Je ne supporte pas ne rien faire. Même quand je ne fais rien, je dis je préfère faire rien que rien faire. Et c'est quand j'étais plus jeune, pardon. j'agissais pour les autres, avant tout pour ma mère et mes soeurs. Aujourd'hui, j'agis pour moi, peu importe ce que pensent les autres. Mais j'agis pour transmettre et pour faire en sorte que la société change, sans encore une fois être un symbole. Mon objectif de vie, ce n'est pas du tout d'avoir un prix Nobel, ce n'est pas du tout qu'on dise que je suis la meilleure ou quoi que ce soit. Je souhaiterais juste que dans ce monde, tout aille mieux.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te considères et quelle serait ta définition d'une citoyenne engagée ?

  • Speaker #0

    Je me considère comme une citoyenne engagée. J'ai grandi comme ça parce que je suis déléguée de classe. Non, je ne suis plus déléguée de classe. Tu étais déléguée de classe. Je pense que ça, c'est un lapsus en termes de psychologie, si on peut. Depuis le CP, je déteste l'injustice. Je déteste ça. J'ai toujours détesté les personnes dans la cour de récré qui étaient mis de côté parce qu'ils n'avaient pas le physique parfait, etc. Et je pense qu'on est nés tous avec un devoir civique. Et ne serait-ce que quand j'étais en cours d'histoire, quand j'étais petite, la vie de la cité en Grèce antique, ça me passionnait. Et c'est pour ça que les institutions françaises, la devise, etc. m'ont toujours, toujours intéressée. Et je me dis qu'on a des valeurs qui sont soit familiales, soit géographiques, qu'on doit partager. Et ça commence par, quand j'étais par exemple plus petite, je me souviens que je faisais les opérations pièce jaune. Et j'envoyais après au directeur de l'école et je faisais les signatures un peu à l'anglaise, où je prenais des... des bougies de cire et tout, je faisais mon petit tampon en disant voilà tout ce qu'on a récolté, merci d'envoyer à Bernadette Chirac, mais je devais être en primaire. Oui,

  • Speaker #1

    mais ça avait une valeur, ça avait une vraie valeur.

  • Speaker #0

    Moi, c'était super important, je disais à ma mère de prendre des sacs de riz pour les actions UNICEF parce que personne ne doit mourir de faim en fait. Donc vraiment citoyenne engagée, mais jusqu'à ma dernière minute.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de transmission, qu'est-ce que tu as envie de transmettre avec tes actions et ton engagement ?

  • Speaker #0

    Que tout est possible. C'est aussi simple que ça qu'on peut tous y arriver. Certains me disent arrête de flexer et tout Moi je me considère, je pense avoir une intelligence émotionnelle. J'ai toujours eu des bonnes notes, je suis considérée comme surdouée. Pour autant, je me dis que, et même si je sais que ce n'est pas vrai, qu'on peut tous y arriver. Si moi je le fais, tout le monde peut le faire, même si je sais bien que ce n'est pas le cas. Mais en acceptant de demander de l'aide, en acceptant l'aide par exemple, en acceptant de ne pas tout savoir, en étant curieux, on peut y arriver, je pense. Soit seul, soit en équipe, mais l'essentiel c'est d'arriver à un objectif.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un mot, une idée, une citation, un livre, un film qui t'a inspiré ou qui t'inspire encore et qui te guide aussi à être la femme que tu es maintenant, à être celle que l'on vient de décrire et de présenter ?

  • Speaker #0

    Alors la citation que j'ai depuis de nombreuses années, que j'ai partout, c'est Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin parce que j'ai grandi ensemble, même si maintenant... Je me révèle et je continue à me révéler au quotidien. Et puis, si j'ai des images qui sont très fortes pour moi, alors on repart dans le passé, c'est l'époque de Babar, qui moi a été mon idole pendant de nombreuses années. Et le fait qu'il soit sans sa maman quand... Je peux avoir les larmes aux yeux à n'importe quel moment. et qu'il soit après éduqué dans une famille qui l'a récupéré et dans cette famille dans laquelle il n'était pas finalement. En fait, j'ai l'impression d'être babarde en fait. Ou d'être dans un milieu dans lequel il n'était pas habitué. Mais en fait, il a fini par sentir bien parce que tout le monde a fait en sorte qu'il se sente bien. À commencer par Pompom et Alexandre et Céleste.

  • Speaker #1

    C'est le tout qui a fait que lui s'est trouvé aussi.

  • Speaker #0

    C'est là où tu te retrouves. Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Est-ce que si tu avais la possibilité de changer là concrètement une chose dans cette société avec une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais ? C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Non, c'est pas facile du tout. Il y a plein de choses à faire, mais celle que je ferais en premier, pardon, il y a plein de choses à faire, mais la chose que je ferais en premier, je pense, ce serait de changer l'éducation. et qu'il y ait une éducation qui reflète encore une fois notre société parce que pour moi, et c'est pour ça que les enfants pour moi sont primordiaux, c'est dès l'enfance, mais même dès la naissance en fait, les premiers mots, même dès la maternité je dirais, les premiers mots, les premières émotions, les premiers gestes sont ancrés dans l'enfant et ça détermine la personne que c'est, même si l'enfant est programmé. Il y a une programmation pour chaque personne, pardon. Mais si ces enfants ont confiance dès le plus jeune âge, n'ont pas peur de parler et comprennent la société, alors à leur échelle, sans trop les responsabiliser, je pense que la société serait bien différente aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que si une femme nous écoute, parce que je dis femme parce que ça ne va plus parler, je dis écoute, ce sont des femmes, mais si les hommes aussi, quel message tu aurais envie de faire passer à une personne qui peut être dans l'une des situations difficiles que tu as vécues, toutes celles qu'on a abordées et qui aurait besoin d'un retour de ta part pour avancer ?

  • Speaker #0

    Plusieurs choses. La première, c'est de se poser. Parce que moi, je sais que quand j'étais plus jeune, Aujourd'hui, je suis toujours très active, mais je ne prenais pas le temps pour moi parce que je fuyais. Je ne voulais pas me poser pour réfléchir parce que je savais qu'en fait, j'allais fondre en larmes et que je n'allais pas être très bien. Ma mère me disait souvent et elle me le dit encore, est-ce que tu es sûre d'être heureuse ? Parce que c'est bien de faire plein de choses, mais il ne faut pas s'oublier. Et elle me dit encore sur les réseaux sociaux. Ton sourire, alors oui t'as des dents qui sont blanches, oui t'as des dents qui sont alignées, etc. Ça c'est le travail d'un orthodontiste. Toi, ton sourire, ce n'est pas celui-là. Donc, ce serait de se poser fréquemment pour s'apporter de la gratitude, faire le bilan, que ce soit quotidien, hebdomadaire, peu importe, mais de se dire ce que j'ai fait c'est bien et je l'ai fait pour moi. Ça c'est la première chose. Si tel n'est pas le cas, ce qui arrive... assez souvent, qu'on ne soit pas content de nos actions, on se dit on peut faire mieux, c'est d'accepter, d'accepter peut-être de souffrir, d'accepter la tristesse, parce que même si ça fait du mal, ça peut être salvateur pour la suite. Et la dernière chose qui est pour moi très importante, c'est de communiquer slash se faire accompagner et de ne pas avoir peur. A commencer, dans notre culture, dans ma culture malienne en tout cas, un psychologue ça n'existe pas. Il y a les marabouts, qui sont de grands scientifiques bien sûr, et les psychologues en fait ce sont des charlatans, clairement, selon la culture bien sûr. Mais pour autant de se faire accompagner et d'avoir une personne neutre qui peut nous écouter. Je pense que ça change beaucoup de choses. Et si ces personnes qui m'écoutent n'osent pas le faire, eh bien, ChatGPT est de très bons conseils, parce qu'il est totalement neutre. Je ne dis pas qu'il faut aller voir ChatGPT tout le temps, attention. Mais en tout cas, de se faire accompagner par une personne avec laquelle on se sent bien, très important.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Avec plaisir. Merci à tous pour cet échange et d'avoir retracé ton parcours, de nous avoir donné ta vision de l'engagement et d'avoir parlé avec nous. autant de transparence. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

Description

Teasing de l'épisode de demain avec l'avocate et basketteuse Kadiatou Tapily.


Dans les tribunaux, on la prend souvent pour une accusée ou une cliente. Jamais pour une avocate. Femme, noire, jeune… Kadiatou Tapily le sait : elle coche toutes les cases du préjugé. Mais plutôt que de s’y résigner, elle a décidé d’en faire une force.


Issue d’un quartier populaire de Strasbourg, elle grandit avec sa mère et ses sœurs, comprenant très tôt que pour se faire une place, il faut la prendre.


Son ambition, elle la forge dans l’effort et l’excellence, portée par un double terrain : celui du droit et celui du basket.


Dans l’un comme dans l’autre, elle apprend la discipline, la résilience et le dépassement de soi.


Mais cette quête constante de légitimité a un prix : un premier burn-out à 29 ans, et la nécessité de réapprendre à vivre pour elle.


Comment déconstruit-on les stéréotypes sans s’y enfermer ? Comment transforme-t-on la colère en intelligence, le doute en audace ? Et surtout, comment trouve-t-on l’équilibre entre ambition et bien-être ?


Dans cet épisode, Kadiatou Tapily revient sur son parcours, ses combats et les leçons qu’elle tire de son chemin. Une conversation puissante sur la place des femmes, des minorités et sur l’art de s’imposer, sans jamais s’excuser.


Retrouvez toutes les informations sur www.ellesagissent.com

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Musique:  Amour Aveugle / Garçon de Plage

Crédit photo : Edouard Monfrais Albertini


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Kadiatou. Bonjour. Merci beaucoup d'être dans Elsa Gis. Je suis très contente de te recevoir.

  • Speaker #1

    C'est un plaisir en tout cas, c'est trop cool.

  • Speaker #0

    Je te suis depuis un moment sur les réseaux en plus et j'aime beaucoup ton énergie que tu retransmets aussi là en te rencontrant en vrai. Donc ça c'est très très sympa.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Alors pour te présenter en quelques mots, tu es avocate au barreau de Paris, spécialisée dans le contentieux.

  • Speaker #1

    J'expliquerai plus tard.

  • Speaker #0

    Ouais, tu as vu ma tête. Donc ton métier, c'est aussi le résultat d'un parcours marqué de défis, certainement de sacrifices, en tout cas d'une détermination, j'ai l'impression, sans faille. Tu es née à Strasbourg, dans une famille de cinq sœurs, 7-5, et très tôt, tu as pris conscience qu'être une petite fille noire signifierait affronter des environnements hostiles et certainement se battre un peu plus fort que les autres pour faire sa place. C'est peut-être ce qui a forgé ta force. à défaut de te décourager d'ailleurs. Tu es aussi passionnée de basket, depuis toute jeune, et tu jongles maintenant entre ta passion et ton métier en tant que joueuse, dirigeante de club et femme engagée. Kadiatou, pour commencer, j'avais une première question. Tu as grandi dans un environnement, il fallait se battre, je l'ai dit, de différentes manières d'ailleurs, pour arriver à se faire déjà entendre. À quel moment... Tu as compris que défendre sa place dans ce monde passerait par le droit et l'affirmation de soi.

  • Speaker #1

    C'est une très belle question. Merci beaucoup pour la présentation qui était très efficace, fluide et limpide. Non mais c'est vrai, il faut le souligner. Je l'ai compris super tard que le droit était important, mais en fait j'ai grandi avec, tout simplement. Pourquoi je dis ça ? Parce que très jeune, ma mère nous a élevés toutes seules. On est cinq filles, comme tu l'as dit très justement. J'ai une grande sœur qui est autiste. Mes parents ont divorcé quand j'avais deux ans. Ma mère a refait sa vie, mais très rapidement, elle a à nouveau divorcé. Et j'ai été, je pense, dès l'âge de trois ans, son bras droit. Ma mère nous a toujours dit, aujourd'hui elle n'a que 60 ans, donc elle est très jeune, moi j'en ai 35. Oui,

  • Speaker #0

    vous n'avez pas beaucoup d'écart.

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Tu dis parfois aussi que c'est mon directeur, ça se sort parfois. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vraiment ce que j'allais dire, tout le monde me dit les mots de la bouche. En fait, on se ressemble beaucoup et on a un amour qui est passionnel, mais aujourd'hui j'ai décidé de vivre pour moi. Mais j'expliquerai pourquoi plus tard, pour que vous restiez. Et en fait, je suis devenue très jeune, sombre à droit. Parce que ma mère, moi au tout début, elle était à la maison avec moi, mais très rapidement, elle a dû travailler parce qu'elle nous élevait toute seule. Et je gardais mes petites sœurs, je faisais ultra attention à ma grande sœur qui est autiste et qui ne parlait pas. Et très rapidement, je me suis rendue compte qu'elle me considérait comme son égale et son allié. Sauf que moi, je n'avais que trois ans et demi. J'ai appris à lire très jeune. Et un souvenir que j'ai, c'est que dès le premier jour de maternelle, moi je suis rentrée à l'école, j'avais deux ans et demi parce que je suis née en janvier, donc voilà, j'ai pu rentrer à l'école plus tôt, mais je savais quasiment lire. Et en fait, elle m'a tout de suite considérée comme une adulte, et vu que j'avais des facilités à l'école, j'ai tout de suite compris qu'il fallait que je me batte pour prendre ma place, au même titre que ma mère devait se battre pour prendre sa place, en fait, et commencer sa vie. On dirait qu'on l'a commencé en même temps, finalement.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est fort, là, de dire ça.

  • Speaker #1

    Ouais, et c'est totalement spontané, mais oui, je pense qu'on l'a commencé en même temps.

  • Speaker #0

    Ouais, quand tu dis commencer sa vie, c'est arriver à s'émanciper, à être pleinement soi.

  • Speaker #1

    Ouais, alors, pleinement soi... Alors,

  • Speaker #0

    on parle de toi, de Zanmi, mais il y a quand même quelque chose de fort, là, de ce que tu nous racontes. Ouais.

  • Speaker #1

    Ma mère, elle a commencé... Elle a pas eu le choix de s'émanciper, parce qu'elle s'est retrouvée toute seule à nous élever, ou avant... Mon père travaillait, mais il était encore dans le foyer. Et à ce moment-là, il n'était plus. Et j'ai l'impression vraiment d'avoir été avec elle à ce moment-là. Et moi, j'ai dû me responsabiliser. Et je pense que c'est notamment à ce moment-là que je me suis dit, j'ai une mission, c'est que ma mère doit être fière de moi. Elle n'est pas venue en France pour rien. Et que je ne devais pas du tout être un problème. Et je pense que si j'ai appris à lire si jeune... Moi je regardais les chiffres et les lettres quand j'avais deux ans et demi. C'est pas le truc qu'on regardait.

  • Speaker #0

    Non, tu fais partie, je pense, du public le plus jeune de cette émission.

  • Speaker #1

    Laurent Roussko si tu m'entends. En tout cas, très jeune, je me suis dit qu'il ne faut pas du tout que je sois un boulet pour elle. Non pas que le handicap soit un boulet, mais le fait qu'on a un enfant handicapé, c'est quand même très difficile au quotidien. Et que moi, je ne pouvais pas créer encore plus de charge mentale à ma mère, en fait. Et je pense que c'est comme ça que je me suis émancipée en étant si jeune.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que ça ne t'en rajoute pas à toi, de la charge indirectement ? Ah si,

  • Speaker #1

    complètement. Où j'ai finalement explosé en plein vol, comme je dis toujours, à 29 ans. J'ai eu mon 28, mon premier burn-out, c'était l'unique, où j'étais arrêtée pendant neuf mois. Et c'est là où en fait, je me suis émancipée pour moi, à mon tour. Mais sinon, effectivement, j'ai eu une charge mentale très jeune, où je n'avais qu'une mission sur terre. C'était vraiment avoir des bonnes notes, travailler, même si le basket avait été un exuctoire. Mais il fallait que je sois d'abord un, que ma mère soit fière de moi, et ensuite un exemple pour mes petites sœurs.

  • Speaker #0

    Et comment tu te situes maintenant par rapport à toutes ces femmes ?

  • Speaker #1

    C'est toujours très vertigineux.

  • Speaker #0

    Déjà, t'as fait hum Oui,

  • Speaker #1

    c'est très vertigineux parce que j'ai vraiment l'impression d'être née il y a finalement 5 ans, 6 ans, de faire ce que j'ai envie de faire. Et c'est perçu par ma mère, mes sœurs, de manière, je dirais différente. de chacune, mais finalement, elles n'ont pas le choix de me suivre parce que j'assume pleinement ce que je fais, mais je ne correspond pas forcément à ce que toutes ces femmes attendaient. Enfin déjà, toutes ces femmes attendaient que je sois mère à mon âge, parce que ma mère, par exemple, m'a eu à 24 ans, que finalement j'ai un mode de vie stable, que je dis que je veux avoir des enfants, mais que je n'en ai pas encore, et bien pour toutes mes sœurs. et ma mère, c'est vraiment pas normal.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a quelque chose qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Oui, il y a quelque chose qui ne va pas, ça ne correspond pas Ausha traditionnel. Pour autant, le fait que je sois avocate à mon compte, que je crée du contenu à mon tour, c'est quelque chose pour elle qui est assez audacieux. Et c'est une chose, par exemple, que ma mère n'aurait jamais pu faire. De même que... que je me suis toujours beaucoup débrouillée dans la vie. Il y a quelque chose qui la choque toujours autant et moi, ça me fait énormément rire. C'est que dans chaque pays ou dans les dom-toms où je vais, je prends un véhicule et je le conduis sans problème. Et elle me dit, mais ça, moi, jamais je pourrais le faire. Je n'oserais même pas prendre le véhicule de quelqu'un d'autre. J'aurais peur de mal faire, quoi, alors que moi, je m'en fiche.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tout ça, ça permet aussi pour elle de déconstruire certaines choses ? Est-ce que tu y contribues finalement ? Par la personnalité que tu es, l'indépendante que tu es, la femme engagée, etc.

  • Speaker #1

    Beaucoup, je pense beaucoup, mais ne le dis pas, parce que le point commun qu'on a, je pense, c'est beaucoup de fierté et d'orgueil. Mais tu le vois, tu perçois. Oui, je le vois complètement, complètement. Il y a plein de choses. Le marathon que j'ai couru l'année dernière, pour elle, c'était impossible parce que tous les cinq enfants qu'elle a eus, on a tous été asthmatiques. Donc on a eu le baby à l'heure, les choses comme ça. Et on a toujours été dispensé de sport, notamment pour l'endurance et les crosses. Et en fait, pour elle, je ne pouvais jamais courir un marathon. Et non seulement c'était un challenge pour moi, mais c'était aussi pour lui dire que si elle a la discipline, la discipline qu'elle nous a inculquée pendant toute notre jeunesse, si je la mets dans le sport, on peut y arriver. Et depuis, moi, ça m'a ouvert des portes. Je me dis que je peux vraiment tout faire. Et ça, je pense qu'elle en est très fière, même si elle ne le dira pas. Et quoique, elle a appris à le dire, elle a appris à accepter la fierté et le dire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Ah, ben tu vois, elle apprend tout doucement à faire certaines choses. Tu dis aussi dans certaines de tes interviews, etc., que tu racontes quand tu vas à ton tribunal pour plaider, qu'on te prend soit pour une cliente, soit une accusée, pour pas une avocate, en tout cas. Comment tu vis encore ces jugements qui sont instantanés, ces prises de position en fait quelque part tout de suite de t'évaluer, de te juger ou en tout cas de te catégoriser ?

  • Speaker #1

    C'est particulièrement dur mais j'ai appris à jouer avec. J'ai grandi en Alsace, à Strasbourg, qui est quand même pas une si petite ville, mais en tout cas à mon époque j'étais vraiment la seule noire comme je dis très souvent. Jusqu'à fin collège j'étais toute seule dans ma classe. Au lycée on était deux, à la fac on était cinq. Les premières rencontres basket que j'ai eues quand j'avais 12-13 ans, c'était en race campagne. Et j'ai commencé à avoir des gestes de singe, on me parlait comme si je venais des Etats-Unis parce que je suis afro-américaine. Et donc, moi ce sont des choses qui m'ont énormément fait du mal quand j'étais plus jeune et surtout pendant l'adolescence, où je n'avais jamais parlé à ma mère et elle a découvert à travers mes podcasts. J'ai eu du mal à avoir des petits copains parce qu'on me disait t'es très sympa, t'es très drôle mais t'es noir. Donc, tu n'es pas jolie, tu ne corresponds pas au style attendu. Et ce n'est que récemment que j'ai appris à être belle comme je l'entends. Et donc, tout ça pour dire, parce que j'ai oublié la question.

  • Speaker #0

    C'était par rapport quand tu sais les jugements instantanés quand tu en as un.

  • Speaker #1

    Oui, je suis partie un peu loin, mais en fait, tout ça pour dire, il y avait un fil conducteur. Au début, ça me choquait énormément quand j'étais plus jeune. Et à force, je me suis dit, m'énerver. C'est leur donner raison. Donc il faut acculturer ces personnes, il faut les éduquer, pour dire qu'on est là, sans être dans une rébellion, dans une manifestation, parce que déjà, le cliché que les Noirs crient partout, où les Noirs sont les sauvages, je l'ai suffisamment entendu, pour ne pas rentrer dans ce cliché-là, mais aussi se dire qu'il faut expliquer en fait que nous existons, sans prendre... l'étiquette d'un symbole, enfin sans prendre une étiquette, sans être un symbole, sans faire du Black Panther comme je dis. Et donc au fur et à mesure, j'enregistre l'information et il essaye de rendre la meilleure monnaie de sa pièce quoi.

  • Speaker #0

    Oui, quand tu dis que tu en joues, oui, tu l'effets, tu transformes la situation où c'est eux qui deviennent hyper gênés ou qui se disent mais qu'est-ce que je viens de... Quel est mon comportement ? Et est-ce que peut-être ça, ça permet vraiment aussi eux de leur déconstruire leur... Ils ne le referont plus je pense en fait.

  • Speaker #1

    Je pense parce que déjà il y a une situation de gêne énorme et puis je pense que c'est beaucoup plus formateur finalement d'avoir vécu cette expérience pour eux que d'avoir une personne qui va hurler au racisme alors que c'est le cas, c'est sûr. Mais les personnes qui hurlent, il y en a beaucoup, parfois c'est pour rien dire. Alors que si là on prend le temps d'analyser la situation, de faire réaliser à la personne que ce qu'elle a dit ce n'est pas normal, et bien là, je pense qu'il y a un enregistrement de l'information qui est plus fort.

  • Speaker #0

    Oui, je crois qu'une fois, il y a même quelqu'un qui s'est dit Ah, vous êtes durs ou je ne sais pas quoi, parce que ça...

  • Speaker #1

    Il n'avait même pas de ticket.

  • Speaker #0

    Oui, il s'est vraiment retourné le truc, parce qu'il se dit...

  • Speaker #1

    Et en fait, ce qui est fou, c'est qu'à la base, alors je n'excuse pas forcément l'agissement, mais on est dans une période où le racisme ordinaire est tellement utilisé. tellement fréquente, tellement ancrée, que parfois la personne ne réalise même pas qu'elle agit ainsi. Et donc si on l'attaque alors qu'elle n'a pas compris ce qu'elle a dit, eh bien on n'avance pas.

  • Speaker #0

    Et toi qui l'as vécu à la fois dans le milieu scolaire, professionnel maintenant, culturel, etc., est-ce que tu as une piste, une idée pour savoir comment on peut s'en sortir de tout ça ?

  • Speaker #1

    Eh bien, moi j'essaye en tout cas à mon échelle de développer ma piste, c'est d'en parler dès le plus jeune âge. En fait, il faut grandir avec ces éléments-là. Il y a de plus en plus de reportages dans les médias sur des éléments de l'enfance. Moi, mon rêve, c'était vraiment de ressembler à Barbie. Mais donc, ça impliquait d'avoir des cheveux raides, blonds. Et donc, pendant très longtemps, j'ai souhaité avoir... Alors là, j'ai des rajouts, mais africanisés, je dirais. Mais pendant très longtemps, je me défrisais les cheveux. Pendant très longtemps, je faisais des tissages pour avoir des cheveux européens. Parce que mes idoles à l'époque, c'était Britney Spears, mais aussi Beyoncé, par exemple, qui est afro-américaine, mais qui a des extensions. Donc, voilà. Et donc, dès l'enfance, en fait, je pense que d'avoir, alors sans genrer, attention, mais des poupées avec des cheveux crépus, des... des jouets, où il y a toutes les cultures possibles, je pense que ça aide.

  • Speaker #0

    Des représentations qui ne sont pas uniques ou exceptionnelles, mais qui font partie de la représentation sur laquelle on peut se projeter.

  • Speaker #1

    Oui, dans les livres aussi.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    dans les livres.

  • Speaker #0

    De mieux en mieux, mais encore du boulot,

  • Speaker #1

    effectivement. Mais c'est déjà un très bon début, franchement.

  • Speaker #0

    Et même dans les podcasts, dans le média, de manière générale, de toute manière. Bon, merci pour cette piste en tout cas. On l'écoute et on va l'appliquer. Je pensais aussi à la justice, au cœur de la justice. Elle est souvent critiquée, commentée. Comment elle va la justice ? Oula !

  • Speaker #1

    Pardon, je l'ai trop... C'est dur. Je pense que...

  • Speaker #0

    T'es au cœur du truc.

  • Speaker #1

    Oui, je suis au cœur du truc. Ça peut être très long, il faut faire un deuxième podcast, Émilie. Mais en fait, c'est vraiment, je pense, l'illustration de la France à deux vitesses. Parce qu'on a un monde économique, sociétal qui bouge, avec une population qui est quand même de plus en plus axée sur la technologie. Et de l'autre côté, on a... une atmosphère bureaucratique très administrative qui n'est pas en phase avec la justice telle qu'on souhaiterait l'appliquer. Et donc tout est plus lent et on n'a pas forcément envie d'utiliser la justice française mais plutôt de se faire justice à soi-même ou par soi-même et typiquement les réseaux sociaux aujourd'hui sont une des armes les plus utilisées. Et ça emmène à certaines dérives. Oui,

  • Speaker #0

    totalement. Donc là, tu nous dis qu'elle est plus reflée de la société. En quoi elle pourrait être moteur, en fait, des transformations sociales ?

  • Speaker #1

    Il faudrait changer beaucoup de choses, mais je pense que ça doit avoir un impact sur la politique et les politiciens qui nous gouvernent.

  • Speaker #0

    Ça commence par là.

  • Speaker #1

    Ça commence par là. Et il faudrait que chaque... Je n'aime pas dire ce terme, mais chaque cosme... chaque entre guillemets même si vous ne voyez pas classe sociale soit représenté dans la politique actuelle ça aiderait beaucoup ce serait alors que ce soit d'un point de vue gouvernemental d'un point de vue assemblée nationale sénat mais aussi dans le corps judiciaire que moi je côtoie énormément alors moi je fais du contentieux des affaires c'est les litiges entre entreprises entre dirigeants les impayés mais que ce soit entrepreneur auto-entrepreneur mais il ya aussi la justice pénale dont on entend beaucoup parler où des juges vont prendre des décisions sauf qu'ils ne savent pas comment ça se passe en cité par exemple. Et donc je ne dis pas qu'il faut exclusivement des juges de cité, mais encore une fois, via l'éducation, ça va donner envie aux enfants d'aller peut-être vers la justice alors que pour eux c'est inaccessible. Pareil, moi c'est un peu ce que j'essaie de transmettre à mon échelle.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as encore des obstacles ou des... des choses, alors on vient de parler de quand tu rentres dans le tribunal, mais pour l'exercer, exercer ton métier, est-ce qu'il y a encore de genre, de sexe, d'origine, culturelle, identitaire ?

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    Mais au quotidien ?

  • Speaker #1

    Oui, franchement, si ce n'est pas… Moi, j'ai la double casquette ou la double peine, comme on me dit assez souvent, les femmes et noires, donc on me demande qu'est-ce qui est le plus dur ? cette femme au noir, bon bah moi je reste cadillette tout en globalité, j'ai jamais scindé les deux. Mais alors d'un point de vue, racisme en tant que tel, de moins en moins, même si parfois, effectivement, il y a des petites sorties de route. Clairement, enfin des trucs bêtes, mais cet été il faisait chaud au tribunal, et un magistrat m'a dit non mais vous ça va, vous êtes habituée au beau temps, enfin vous êtes habituée à la chaleur, j'ai dit, eh bien pourquoi monsieur le président, parce que moi je viens de Strasbourg, du coup c'est une ville assez froide quoi. Voilà. Mais c'est aussi typiquement vis-à-vis des confrères. Moi, j'ai parlé de confrères, ils vont me répondre mademoiselle. Ah oui ? Des juges. Il y a déjà un juge qui m'a appelée ma petite. Et donc, forcément, avec tout le background que j'ai, je rigole pour l'anglicisme, mais tout le passif de comment réagir quand on se prend les pires tirs, quand il y a un juge qui m'appelle ma petite, je dis, écoutez, monsieur le président, il y a deux options. Soit vous m'appelez maître, je vous appelle monsieur le président. Soit vous m'appelez ma petite et je vous appelle mon vieux. Voilà. Parce que forcément, factuellement, vous êtes plus âgés que moi. Et alors clairement, je prends un risque pour mon client. Mais je mets un point d'honneur à ne pas me laisser faire sur ça.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Tu les affrontes les périotypes.

  • Speaker #1

    Complètement. Ah oui. J'ai plus le temps de... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  • Speaker #0

    T'as plus le temps pour le subir.

  • Speaker #1

    Non. Non. Et j'ai la chance d'être accompagnée aussi. D'être avec une psychologue. de voir des kinésiologues, des énergéticiens, etc. Sauf trop, il faut que je fasse. Bon, vraiment. Et donc, ça m'aide à savoir qui je suis et à me connaître. Et je n'accepte plus ça,

  • Speaker #0

    en fait. Oui, parce qu'à un moment, ta santé mentale a dû aussi... Tu nous as parlé du burn-out, mais il y a eu aussi...

  • Speaker #1

    J'en ai trop bavé, vraiment.

  • Speaker #0

    Trop bavé.

  • Speaker #1

    Trop. Et je suis avec du recul. Très contente d'avoir eu ce burn-out aussi jeune, parce que ces 29 premières années de ma vie, c'était je vis pour accomplir, pour... pour casser les stéréotypes. Et donc j'étais énormément dans la compétition, je voulais être la meilleure partout, je ne me laissais pas le choix. Juste pour dire aux gens que les femmes pouvaient réussir et que les noirs pouvaient réussir. Et en fait, moi j'ai perdu beaucoup trop d'années de vie. Donc c'est peut-être pour ça que je ne suis pas encore mère aujourd'hui, parce que je me dis que j'ai envie de vivre. Même si, bien évidemment, ce n'est pas parce qu'on est mère qu'on ne vit plus. Mais moi j'ai envie en tout cas de me connaître.

  • Speaker #0

    au maximum avant de transmettre la vie parce que je pense que c'est important pour que mes enfants aient la meilleure vie possible aussi oui pour être équilibré avant de penser à un enfant ce que pas mal de gens ne font pas je pense c'est ça et alors le sport dans tout ça le basket c'est là aussi depuis j'avais vu 11 ans

  • Speaker #1

    à quel moment il arrivait dans ta vie alors le basket est arrivé dans la vie rend par hasard enfin par amour par amour oui oui vraiment vraiment et j'apprends pas pour moi vraiment ça va au moins c'était basket c'était pas la drogue mais en tout cas j'ai toujours fait du sport toujours été très très hyper active dès toutes petites les vacances scolaires si je pleurais parce que je n'avais rien à faire Et donc j'ai fait du hand quand j'étais en primaire. Et puis au collège, il y a eu ce beau garçon où je me suis dit non mais en fait c'est l'homme de ma vie. Et je me suis dit je vais le suivre partout. Et c'était mon premier râteau. Et puis il est sorti avec une fille de mon équipe mais c'est pas grave.

  • Speaker #0

    Mais c'est fou les sentiments et les émotions qu'on peut avoir à cet âge là. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Et moi ça m'avait traumatisée. Et puis finalement de toute façon cette fille est une de mes meilleures amies aujourd'hui. Et je suis tombée vraiment amoureuse du basket où en fait... Déjà on est cinq sur le terrain donc moi c'était toutes mes soeurs et puis c'était tout de suite devenu une maison en fait où je pouvais m'amuser, il y avait cet esprit d'équipe que j'avais à la maison, j'y étais quasiment tous les jours, c'était pas très loin de chez moi, c'était aussi mon havre de paix et puis c'est une des premières fois où je me suis sentie reconnue. C'était pas les premières années, c'est quand j'avais 14 ans. Mon coach de l'époque était très dur. J'avais vu qu'il m'avait sélectionnée pour l'équipe première et je me suis dit non en fait il s'est trompé, c'est pas possible. C'est pas moi. Et pendant très longtemps j'ai eu ce syndrome de l'imposteur. J'ai l'impression qu'il est parti il y a trois semaines mais qu'il revient à tout moment. J'ai décidé de ne plus avoir ce syndrome. Et chaque fois c'était par hasard, même quand je marquais un panier c'était par hasard. Même si j'étais capitaine c'était par hasard. Mais en fait on m'a toujours fait confiance en moi du basket et puis ça a été un réel exutoire. Oui,

  • Speaker #0

    ça t'a apporté les deux, la libération, l'exutoire et en même temps le travail sur la confiance en toi.

  • Speaker #1

    Oui, même si par moments elle a été très brisée, mais en tout cas, si j'ai perdu confiance, j'ai appris à avoir de l'audace grâce au basket. Et c'est pour ça que je suis devenue dirigeante de club très tôt.

  • Speaker #0

    Et oui, ce que je voulais dire, c'est qu'effectivement, ce n'est pas parti le basket. Ça arrivait tôt, mais là, tu étais encore dedans.

  • Speaker #1

    Je suis encore dedans.

  • Speaker #0

    Et pourquoi donc du coup dirigeante de club ? Parce que c'est autre chose. Oui,

  • Speaker #1

    c'est autre chose. C'est marrant parce que généralement, c'est les personnes qui commencent à devenir âgées qui arrêtent sur le terrain et qui deviennent dirigeants ou parce qu'ils sont, je guillemets, nuls. Guillemets, vraiment.

  • Speaker #0

    Ne soyez pas fixés.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Parce que moi, je ne me pense pas être nulle, ni en tant que dirigeante, ni en tant que joueuse. Et je pense que tout le monde a des capacités et des qualités. Moi, c'est justement la direction du club qui m'a sorti de mon burn-out, en fait. Parce que j'étais vraiment un légume quand j'étais à la maison. Et l'ancien dirigeant de mon club de basket, quand je suis arrivée à Paris, m'a dit Tu ne peux pas rester comme ça, viens m'aider juste à traiter des mails, ça va te plaire, tu vas lire les plaintes des parents, etc. Et vu que j'avais commencé à coacher assez jeune, j'avais 16 ans à l'époque, eh bien, c'était des choses que je connaissais bien. Et en fait, à nouveau, j'ai eu ce sentiment de reconnaissance, ce sentiment d'utilité. Et je voulais apporter ma pierre à l'édifice. Et pour moi, c'était un réel plaisir, en fait. Et c'est comme ça que je suis venue présidente de club à 27 ans. Sauf que ce que je n'avais pas compris, c'était que pour les bénéficiaires, c'était vraiment positif. Mais pour les autres personnes dirigeantes, j'étais un peu utilisée. Enfin, pas que un peu. La fin de ce cycle, c'est que j'ai été auditionnée à la Fédération française des baskets pour des tournements de fonds parce que les anciens dirigeants sont partis avec la caisse. Ah oui. Oui. Maintenant, je suis toujours dirigeante, mais je fais attention aux personnes avec qui je m'associe. Ah oui. Oui.

  • Speaker #0

    Et là, comment tu arrives à organiser ta vie entre passion et métier et direction de club ?

  • Speaker #1

    Comme tu sais, je suis arrivée avec 33 minutes de retard, déjà. Mais je fais au mieux. Je me dis que done is better than perfect Donc, je fais au mieux. Je pense que j'ai vraiment une organisation désorganisée. Alors, c'est particulier, c'est entièrement cadiatesque. Je fais de mon mieux. Avant, je le faisais pour les autres. Maintenant, je le fais également pour moi. Et je refuse de plus en plus de choses. Et en réalité, ce qui m'aide, c'est d'être assez connectée, d'avoir un téléphone. Le risque, c'est que parfois, je ne déconnecte pas. Mais je prends du temps, encore une fois, grâce à l'accompagnement thérapeutique que j'ai. Je prends le temps de ne faire rien. Alors quand je dis ne faire rien, c'est parce que je suis tellement active que je veux rendre le rien en activité.

  • Speaker #0

    Oui, ça devient une activité.

  • Speaker #1

    Ça devient une activité.

  • Speaker #0

    Tu le disais, tu as tout le temps été tellement sursollicité.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment. Et là, en plus, avec la notoriété entre guillemets sur les réseaux sociaux, là je suis en tournée, Émilie. Et bien, je prends le temps de tout couper. Alors méditer, je n'y arrive pas encore. C'est dur. Vraiment, je rigole. Mais je me suis mise au yin yoga. Je fais du yoga. Vigna ça pour beaucoup. Mais le yin me fait beaucoup de bien. Et sinon, je prends le temps de lire aussi, en me mettant sur ne pas déranger sur mon téléphone, etc. Et puis, disons que je n'ai pas le choix d'être efficace quand je rédige des conclusions, parce que moi je rédige tout, moi encore, je vais en audience. Vu que je travaille de chez moi, je vais chez Office Depot pour imprimer, etc. Mais je suis en perpétuelle activité, quoi. Et après, je fais pause.

  • Speaker #0

    Et ces réseaux sociaux, justement. Ce compte Instagram, on te voit dans des interviews. Moi, je n'ai pas eu de difficulté à trouver des informations sur toi, etc. Qu'est-ce que ça t'apporte ? Est-ce qu'il y a du positif ? Est-ce qu'il y a un peu de compliqué ? Parce qu'on en parlait d'ailleurs avant d'allumer les micros sur le... Sur nos rapports au réseau sociaux et aux retours qu'on peut avoir, et à comment ça peut être traité. Entre l'impact, il y a de l'engagement sur ton profil Instagram, tu partages tes exploits sportifs, ton envie de dépassement, etc. Quels sont les retours ? Qu'est-ce que ça t'apporte ?

  • Speaker #1

    Alors, ça m'apporte de plus en plus de positifs, parce que j'ai appris à trier. Moi, en fait, jusqu'à ce fameux réel en 2023, en mars 2023, où un confrère m'avait prise pour une prévenue, j'avais un compte Instagram ouvert, mais assez inexistant. Enfin, inexistant. J'avais, je pense, 2000 followers pour 1500 personnes qui me suivaient. Mais en fait, c'était des personnes que j'ai rencontrées. C'était le nouveau Facebook, quoi, finalement. Et puis, à la suite de ce réel, ça a entièrement explosé. Et donc j'ai eu pas mal de haters, beaucoup, où beaucoup me disaient que je me victimisais, ou que je faisais tout pour être connue des personnes, et que limite j'avais inventé cette histoire pour être connue des réseaux sociaux. Et j'ai eu ça surtout de la part de personnes qui étaient avec moi au lycée.

  • Speaker #0

    Ah, que tu connaissais ?

  • Speaker #1

    Oui, que je connaissais. Parce que souvent,

  • Speaker #0

    on ne les connaît pas, ils sortent de nulle part, ils balancent leur haine, ils s'en vont.

  • Speaker #1

    Non, là, tu connaissais. Là, j'en connaissais quand même pas mal. Ou j'étais dans un lycée privé, ou c'est vrai, et je le dis au fur et à mesure, que je mentais quand j'étais au lycée, parce que j'avais peur d'être la seule pauvre du lycée, ou la seule dont ma mère est femme ménage, et mon père ouvrier spécialisé, ma grande sœur autiste, et ma petite sœur qui était en classe allégée. Et donc, j'avais entièrement maquillé tout ça. Et certains se disaient, 20 ans plus tard, elle n'a pas trop changé en fait. Et donc j'ai eu ce genre de retour-là. Ça m'a fait énormément de mal. À un moment aussi, chaque fois que je postais une photo ou que j'expliquais un peu ma manière de penser, j'avais une moyenne où je perdais 30 à 40 followers. Et je me disais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et à force, je me suis rendue compte que... certains sites et julien n'intéressait pas

  • Speaker #0

    Ma vie les intéressait pas, mais pour certains c'était de la pure jalousie.

  • Speaker #1

    Mais ils étaient venus par quel biais ? Ils étaient venus par le biais ? Et puis pourquoi ils partent quand tu t'affirmes ? Enfin c'est un peu...

  • Speaker #0

    Il y en a, ils aiment pas parce qu'ils ont pas le courage de le faire.

  • Speaker #1

    Ils préfèrent que ce soit lisse en fait.

  • Speaker #0

    Il faut pas sortir du cadre. Faire des vagues. Ouais, il faut pas faire des vagues. Et en fait, j'en ai aussi discuté avec ma psychothérapeute. Moi on m'a déjà reproché d'être trop solaire. et d'être trop souriante. Et je sais que moi, quand j'étais plus jeune, j'étais à un stage, c'était à 11 ans de ça, il y avait une fille que je ne supportais pas parce qu'elle souriait tout le temps. Mais en fait, c'était que j'étais ultra jalouse de cette personne parce que malgré tout, ça allait. Et je pense qu'aujourd'hui, je suis devenue cette personne-là, même si ce n'est pas facile. Eh bien, je fais en sorte d'être mon propre soleil et de contribuer à ce soleil. Et donc aujourd'hui, j'ai toujours des personnes qui m'écrivent. en me disant mais pourquoi tu dis ça, ça se trouve c'est faux, etc. Mais bon.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    il faut les laisser. J'essaie de les laisser, mais ça atteint quand même. Bien sûr. Et puis, cette célébrité, entre guillemets, parce que j'ai quasiment 13 000 followers, mais ce n'est pas non plus des millions et des millions. Il y a des personnes qui nous arrêtent dans la rue. Moi, ça m'est déjà arrivé. C'est assez vertigineux. J'ai eu, encore pas plus tard qu'il y a trois semaines, une personne qui m'a vue et qui était... heureuse de me voir, mais qui avait les larmes aux yeux. J'ai été, alors attention, moi, quand je suis malade, c'est comme vous, on voit au même endroit et ça sort de la même manière. Donc, calmez-vous. Et c'est bizarre. C'est très bizarre. C'est très bizarre. Et ça m'est déjà arrivé aussi avec des clients dont des personnes de corps policiers me reconnaissent et donc se permettre des certaines libertés. C'est assez gênant.

  • Speaker #1

    J'imagine. On est dans Elsa Gis.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu te souviens ? Oui. Donc j'aime bien poser des petites questions encore plus autour de l'action. Et déjà la question signature. Qu'est-ce que ça signifie pour toi agir ? Quelle est ta définition de l'action ?

  • Speaker #0

    On respire, on agit. Enfin pour moi en tout cas. C'est ancré. Je ne supporte pas ne rien faire. Même quand je ne fais rien, je dis je préfère faire rien que rien faire. Et c'est quand j'étais plus jeune, pardon. j'agissais pour les autres, avant tout pour ma mère et mes soeurs. Aujourd'hui, j'agis pour moi, peu importe ce que pensent les autres. Mais j'agis pour transmettre et pour faire en sorte que la société change, sans encore une fois être un symbole. Mon objectif de vie, ce n'est pas du tout d'avoir un prix Nobel, ce n'est pas du tout qu'on dise que je suis la meilleure ou quoi que ce soit. Je souhaiterais juste que dans ce monde, tout aille mieux.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te considères et quelle serait ta définition d'une citoyenne engagée ?

  • Speaker #0

    Je me considère comme une citoyenne engagée. J'ai grandi comme ça parce que je suis déléguée de classe. Non, je ne suis plus déléguée de classe. Tu étais déléguée de classe. Je pense que ça, c'est un lapsus en termes de psychologie, si on peut. Depuis le CP, je déteste l'injustice. Je déteste ça. J'ai toujours détesté les personnes dans la cour de récré qui étaient mis de côté parce qu'ils n'avaient pas le physique parfait, etc. Et je pense qu'on est nés tous avec un devoir civique. Et ne serait-ce que quand j'étais en cours d'histoire, quand j'étais petite, la vie de la cité en Grèce antique, ça me passionnait. Et c'est pour ça que les institutions françaises, la devise, etc. m'ont toujours, toujours intéressée. Et je me dis qu'on a des valeurs qui sont soit familiales, soit géographiques, qu'on doit partager. Et ça commence par, quand j'étais par exemple plus petite, je me souviens que je faisais les opérations pièce jaune. Et j'envoyais après au directeur de l'école et je faisais les signatures un peu à l'anglaise, où je prenais des... des bougies de cire et tout, je faisais mon petit tampon en disant voilà tout ce qu'on a récolté, merci d'envoyer à Bernadette Chirac, mais je devais être en primaire. Oui,

  • Speaker #1

    mais ça avait une valeur, ça avait une vraie valeur.

  • Speaker #0

    Moi, c'était super important, je disais à ma mère de prendre des sacs de riz pour les actions UNICEF parce que personne ne doit mourir de faim en fait. Donc vraiment citoyenne engagée, mais jusqu'à ma dernière minute.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de transmission, qu'est-ce que tu as envie de transmettre avec tes actions et ton engagement ?

  • Speaker #0

    Que tout est possible. C'est aussi simple que ça qu'on peut tous y arriver. Certains me disent arrête de flexer et tout Moi je me considère, je pense avoir une intelligence émotionnelle. J'ai toujours eu des bonnes notes, je suis considérée comme surdouée. Pour autant, je me dis que, et même si je sais que ce n'est pas vrai, qu'on peut tous y arriver. Si moi je le fais, tout le monde peut le faire, même si je sais bien que ce n'est pas le cas. Mais en acceptant de demander de l'aide, en acceptant l'aide par exemple, en acceptant de ne pas tout savoir, en étant curieux, on peut y arriver, je pense. Soit seul, soit en équipe, mais l'essentiel c'est d'arriver à un objectif.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un mot, une idée, une citation, un livre, un film qui t'a inspiré ou qui t'inspire encore et qui te guide aussi à être la femme que tu es maintenant, à être celle que l'on vient de décrire et de présenter ?

  • Speaker #0

    Alors la citation que j'ai depuis de nombreuses années, que j'ai partout, c'est Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin parce que j'ai grandi ensemble, même si maintenant... Je me révèle et je continue à me révéler au quotidien. Et puis, si j'ai des images qui sont très fortes pour moi, alors on repart dans le passé, c'est l'époque de Babar, qui moi a été mon idole pendant de nombreuses années. Et le fait qu'il soit sans sa maman quand... Je peux avoir les larmes aux yeux à n'importe quel moment. et qu'il soit après éduqué dans une famille qui l'a récupéré et dans cette famille dans laquelle il n'était pas finalement. En fait, j'ai l'impression d'être babarde en fait. Ou d'être dans un milieu dans lequel il n'était pas habitué. Mais en fait, il a fini par sentir bien parce que tout le monde a fait en sorte qu'il se sente bien. À commencer par Pompom et Alexandre et Céleste.

  • Speaker #1

    C'est le tout qui a fait que lui s'est trouvé aussi.

  • Speaker #0

    C'est là où tu te retrouves. Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Est-ce que si tu avais la possibilité de changer là concrètement une chose dans cette société avec une baguette magique, qu'est-ce que tu ferais ? C'est pas facile.

  • Speaker #0

    Non, c'est pas facile du tout. Il y a plein de choses à faire, mais celle que je ferais en premier, pardon, il y a plein de choses à faire, mais la chose que je ferais en premier, je pense, ce serait de changer l'éducation. et qu'il y ait une éducation qui reflète encore une fois notre société parce que pour moi, et c'est pour ça que les enfants pour moi sont primordiaux, c'est dès l'enfance, mais même dès la naissance en fait, les premiers mots, même dès la maternité je dirais, les premiers mots, les premières émotions, les premiers gestes sont ancrés dans l'enfant et ça détermine la personne que c'est, même si l'enfant est programmé. Il y a une programmation pour chaque personne, pardon. Mais si ces enfants ont confiance dès le plus jeune âge, n'ont pas peur de parler et comprennent la société, alors à leur échelle, sans trop les responsabiliser, je pense que la société serait bien différente aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Est-ce que si une femme nous écoute, parce que je dis femme parce que ça ne va plus parler, je dis écoute, ce sont des femmes, mais si les hommes aussi, quel message tu aurais envie de faire passer à une personne qui peut être dans l'une des situations difficiles que tu as vécues, toutes celles qu'on a abordées et qui aurait besoin d'un retour de ta part pour avancer ?

  • Speaker #0

    Plusieurs choses. La première, c'est de se poser. Parce que moi, je sais que quand j'étais plus jeune, Aujourd'hui, je suis toujours très active, mais je ne prenais pas le temps pour moi parce que je fuyais. Je ne voulais pas me poser pour réfléchir parce que je savais qu'en fait, j'allais fondre en larmes et que je n'allais pas être très bien. Ma mère me disait souvent et elle me le dit encore, est-ce que tu es sûre d'être heureuse ? Parce que c'est bien de faire plein de choses, mais il ne faut pas s'oublier. Et elle me dit encore sur les réseaux sociaux. Ton sourire, alors oui t'as des dents qui sont blanches, oui t'as des dents qui sont alignées, etc. Ça c'est le travail d'un orthodontiste. Toi, ton sourire, ce n'est pas celui-là. Donc, ce serait de se poser fréquemment pour s'apporter de la gratitude, faire le bilan, que ce soit quotidien, hebdomadaire, peu importe, mais de se dire ce que j'ai fait c'est bien et je l'ai fait pour moi. Ça c'est la première chose. Si tel n'est pas le cas, ce qui arrive... assez souvent, qu'on ne soit pas content de nos actions, on se dit on peut faire mieux, c'est d'accepter, d'accepter peut-être de souffrir, d'accepter la tristesse, parce que même si ça fait du mal, ça peut être salvateur pour la suite. Et la dernière chose qui est pour moi très importante, c'est de communiquer slash se faire accompagner et de ne pas avoir peur. A commencer, dans notre culture, dans ma culture malienne en tout cas, un psychologue ça n'existe pas. Il y a les marabouts, qui sont de grands scientifiques bien sûr, et les psychologues en fait ce sont des charlatans, clairement, selon la culture bien sûr. Mais pour autant de se faire accompagner et d'avoir une personne neutre qui peut nous écouter. Je pense que ça change beaucoup de choses. Et si ces personnes qui m'écoutent n'osent pas le faire, eh bien, ChatGPT est de très bons conseils, parce qu'il est totalement neutre. Je ne dis pas qu'il faut aller voir ChatGPT tout le temps, attention. Mais en tout cas, de se faire accompagner par une personne avec laquelle on se sent bien, très important.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Avec plaisir. Merci à tous pour cet échange et d'avoir retracé ton parcours, de nous avoir donné ta vision de l'engagement et d'avoir parlé avec nous. autant de transparence. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

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