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Andréa : Réconcilier cancer et travail

Andréa : Réconcilier cancer et travail

20min |30/04/2024|

280

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20min |30/04/2024|

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Description

À 39 ans, Andréa est atteinte d'un cancer du col de l'utérus. Après de lourds traitements, à peine en rémission, elle se précipite au travail sans aucune préparation, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal…

Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate.

Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversé, mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotorique médical, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Ah, elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Ben non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a en fait des écarts qui se font et qui font qu'il y a un peu cette solitude. Parce que les gens disent, oui, mais t'es guérie. Ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    À 39 ans, Andrea doit faire face à un cancer du col de l'utérus et subit de lourds traitements. À peine en rémission, elle se précipite au travail, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal. Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate. Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversées mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. Bonne écoute !

  • Speaker #0

    J'avais eu des hémorragies pendant tout le week-end et comme ça correspondait plus ou moins à la période à laquelle je devais être indisposée, je me suis dit, c'est pas grave, elles sont un petit peu plus abondantes que d'habitude. Et puis le lundi, je suis arrivée au travail, visiblement c'était indiqué sur mon visage, parce que je me rappelle très bien de ma responsable qui m'a regardée et qui m'a dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas blanche, tu es grise. Et je lui ai dit, non, non, ça va, tout va très bien. Et en fait, je travaillais dans... J'étais bibliothécaire à l'époque. et je suis allée à la bibliothèque pour faire une recherche et là, j'ai eu l'impression qu'on me transperçait avec une lance et les hémorragies ont recommencé de plus belles et donc de là, je suis partie aux urgences. Donc j'étais hospitalisée en urgence, on me transfuse et puis je vois ma gynécologue le lendemain matin qui me dit Ah, je dois absolument faire une intervention aujourd'hui pour aller voir ce qui se passe mais elle ne me donne pas vraiment beaucoup plus d'informations et puis le lendemain matin, quand je la revois en post-op et que je lui demande ce qui se passe, elle me dit Écoute, je ne préfère pas me prononcer, etc. Et là, moi, j'ai compris tout de suite. Et donc, je suis venue chercher le diagnostic avec ma maman. Et la gynécologue m'a dit après, c'était incroyable, parce que j'avais deux femmes en face de moi. Elle dit J'ai vu ta maman vraiment s'effondrer sur son siège. Elle dit Toi, tu t'es redressée. Et la première chose que tu m'as dit, c'est Qu'est-ce qu'on fait ? Et je me rappelle très bien de ça, parce qu'elle m'a dit Je viens de t'annoncer que tu as un cancer. Et moi, j'avais besoin d'être dans l'activité tout de suite, dans le faire. pour me dire, ok, je vais mobiliser toute mon énergie. Il faut savoir qu'à l'époque, j'avais deux jeunes enfants. Et donc, je ne me voyais pas disparaître et les laisser tout seul. Et pendant toute la maladie, je suis tout le temps restée positive. Je n'ai pas... Il y a eu des moments d'angoisse et de peur, oui, parce que quand on a des examens et qu'on ne connaît pas les résultats, là, c'est vrai qu'on a peur. Je ne suis pas Wonder Woman non plus. Mais sinon, j'ai essayé de vraiment rester positive tout le temps. tous les matins je conduisais mes enfants à l'école tous les soirs j'allais les chercher je faisais les devoirs avec eux quand j'étais en chimio ça a été un petit peu plus compliqué parce que la chimio était tombée sur mon estomac et mes intestins donc c'est un petit peu compliqué à gérer mais ce qui a eu surtout et qui a été dur pour moi ça a été la concentration des traitements donc en fait j'ai appris que j'avais le cancer le 14 février et Et mes derniers traitements se sont terminés le 30 juin. Et dans cet éreval de temps-là, j'ai eu chimiothérapie, curithérapie, radiothérapie et une hystérectomie. Donc, c'était très, très costaud. Et voilà. Et puis après ça, ça a été toute la reconstruction. Quand on m'a annoncé la rémission, c'était un moment qui était... Très, très intense pour moi. C'était au mois de septembre. Et quand on me l'a dit, moi, j'ai eu un espèce d'élan de vie, comme ça, de me dire, c'est vrai que j'ai encore pendant cinq ans, puisque c'est rémission provisoire et pas rémission définitive, mais peu m'importe, là, à partir de maintenant, chaque jour, chaque minute. Je vais en profiter un maximum et je voulais vraiment montrer que j'étais là, que j'étais de retour, que certes, j'avais eu ce parcours, mais que mon énergie, mon envie de faire les choses, elle était toujours bien présente. Ça, ça a été une énergie qui m'a apporté, qui m'a d'ailleurs après mené au burn-out. Et c'est ce que je constate beaucoup aussi dans le retour au travail après un cancer, c'est qu'il y a ce danger-là qui menace, ce qu'on veut absolument montrer. qu'on est là, qu'on est de retour, etc. Et il y a une corrélation avec certains burn-out qui peuvent arriver quand on ne met pas l'énergie où il faut.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé par rapport à ton emploi ?

  • Speaker #0

    Moi, ça a été compliqué parce que je ne voulais pas lâcher prise. J'étais très embêtée parce qu'en fait, pour cette bibliothèque, j'étais toute seule. Je n'avais pas de backup, en fait. Et donc, je voulais absolument revenir, continuer à travailler pour tout préparer. Et là, ma responsable de nouveau m'a dit, écoute, je veux bien que tu viennes encore une journée, histoire de m'expliquer comment tout fonctionne, parce qu'effectivement, il n'y a personne d'autre pour reprendre la relève. On va se débrouiller entre nous, on va se répartir tes tâches. Mais après ça, je ne veux plus t'entendre et tu vas mettre toute ton énergie à te soigner. Donc, en fait, ils ont été très, très, très gentils dans le sens où j'ai reçu un énorme bouquet de fleurs. Ils ont envoyé un chouette message, etc. Mais où ça a été beaucoup plus problématique, c'est qu'il y a eu de part et d'autre des choses qui n'étaient pas claires. Alors, dans mon chef à moi, il y a eu le fait que je n'ai pas voulu écouter le médecin, que je suis retournée travailler à temps plein en sous-estimant complètement les effets secondaires des traitements. Et donc, la première année, j'ai été fort malade. J'ai eu notamment ce qu'on appelle des coliques radiques, puisqu'une partie de mes intestins a été brûlée par la radiothérapie. Et donc, c'est toutes des choses dont on ne te parle pas a priori. Donc, tu ne peux pas savoir que ça va arriver. Mais quand ça arrive, c'est compliqué. Donc, j'ai été pas mal malade. Donc, ça, c'est une première chose. La deuxième, c'est que j'avais des problèmes de concentration et de fatigue, qui maintenant sont objectivés. Mais à l'époque, on n'en parlait pas comme on en parle maintenant. Donc, c'était compliqué aussi. Et puis l'autre chose qu'il y a eu, c'est que j'avais quelqu'un qui m'avait remplacée pendant mon absence. Et deux semaines ou trois semaines après que je sois rentrée, ma responsable est partie pour d'autres fonctions, hors de l'organisation dans laquelle je travaillais. Et on s'est retrouvés, elle et moi, avec la difficulté que la définition de notre job n'était pas claire. Et donc on n'arrêtait pas de se marcher sur les pieds l'une de l'autre. Et ça s'est très vite monté. en sauce, dans le sens où moi, je revenais au travail et je voulais montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable de faire des choses. Et elle avait repris mon travail pendant que je n'étais pas là et voulait montrer aussi qu'elle était pro et qu'il y avait une possibilité pour elle de rester. Et donc, on est rentré dans quelque chose dans lequel on défendait chacune un peu notre point de vue. Et ça, ça n'a pas vraiment été géré comme ça devait. Et ça s'est terminé, en fait, par une clôture du contrat. Donc, ça, ça a été compliqué pour moi à gérer parce que J'ai eu un sentiment d'un peu une double peine. Moi, ce qui m'a manqué, c'est le conseil. Quand je suis revenue au travail, que j'étais en panique avec cette collègue, c'est quelqu'un à qui parler pour expliquer pourquoi j'avais peur, que j'avais peur qu'en fait on me trouve inutile, que je perde mon travail, etc. Tout ça, je pense que pour moi, ça aurait été intéressant de le ventiler avec quelqu'un. Et même ma préparation, moi je suis partie bille en tête, 5 jours semaine, youpi, on y va. J'aurais été avec un coach, il m'aurait dit, oui mais ta fatigue, elle est comment ? Oui mais est-ce que tu as encore besoin de faire des siestes ? Et tout ça, c'était le cas. J'avais encore besoin de me reposer, j'avais certains effets secondaires qui sortaient déjà. Donc... Tout ça, ça m'aurait aidé à le conscientiser de manière à mieux préparer mon retour et pas me retrouver avec tout d'un coup tout en même temps qui devient confrontant. C'est le retour au travail, c'est la fatigue, c'est les problèmes cognitifs, c'est tout ça. Et là, ça devient lourd. Vous êtes sous cloche pendant tout le temps du traitement et vous avez les médecins, vous avez les oncologues, les infirmiers. Bref, il y a les opérations, les traitements. Tout ça, et puis du jour au lendemain où vous êtes en rémission, il n'y a plus personne. Moi, j'appelle ça la solitude du guéri, où en fait, on est tout seul. Mais il y a une solitude aussi parce que ce qui se passe, c'est que dans la tête de nos proches, et moi, je les comprends, ils sont mis sous pression pendant tout le temps qu'on est malade, de manière très, très, très intensive. Et puis, ce qui se passe, c'est que tout d'un coup, on leur dit, ah, la personne, elle est en rémission. Pour eux, c'est rémission et guérison. Il y a beaucoup de gens qui y assimilent de nouveau. Et donc, ils se disent, c'est OK. Mais justement, après, il y a encore toute une série de choses, d'inconfort, la confiance en soi, l'estime de soi. Le fait qu'on m'enlève mon utérus et mes ovaires, j'ai été ménopausée. Alors, ménopausée, quand on a 40 ans, physiquement parlant, c'est un retour de manivelle assez sec, on va dire. Je n'ai pas perdu mes cheveux, mais ils sont devenus tout gris. Et donc, c'est apprendre à vivre avec un corps qui est... quelque part beaucoup plus âgés, beaucoup plus marqués. Tout ça, ce sont des éléments qui sont encore très présents dans l'après. Ce rapport au corps, il est vraiment important. Et c'est lié à confiance en soi, estime de soi. Et au bureau, on revient, et pour les collègues, on est guéris. Mais on n'est pas guéris, on est en rémission. Donc on a quand même cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et puis non-obstance faite là, on a parfois des traitements adjuvants qui peuvent être embêtants. que ce soit l'immuno ou l'hormonothérapie, ça a quand même des effets secondaires importants. Et puis, il y a toute cette fatigue, cette reprise du travail. On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotéringue médicale, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a des écarts qui se font et qui font que ce retour est... Il y a un peu cette solitude, oui, effectivement. Parce que les gens disent oui, mais t'es guéri ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    Suite à ce retour qui se passe mal, Andrea se voit contrainte de partir en quête d'un nouvel emploi.

  • Speaker #0

    Parce que j'avais des contrôles et j'avais des choses comme ça, il fallait quelque part que j'informe mon nouvel employeur que j'avais été malade. Et donc là, moi, je n'ai pas eu de souci avec ça. Je me suis dit, je considérais ça tellement comme quelque chose qui m'avait fait grandir, qui m'avait fait grandir en compétences, qui m'avait, je dis toujours, le cancer m'a plus apporté qu'il... qu'il ne m'a pris, en fait. Et je suis partie avec cette idée-là. Et donc, j'ai dit aux employeurs que je rencontrais qu'effectivement, j'étais en rémission, que j'avais encore des contrôles, etc.

  • Speaker #1

    C'était bien perçu de la part des employeurs ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains à qui je l'ai dit et d'autres pas. Parce qu'en fait, dans l'entretien et dans la façon dont l'organisation se présentait, je ne me sentais pas en confiance. Et je me disais, si je parle de ça, ça va donner une connotation qui va tout de suite être négative. Les employeurs à qui je l'ai dit, c'est vraiment des employeurs où je sentais qu'au niveau valeur, au niveau de la considération qu'ils avaient de leurs collaborateurs, je me sentais en confiance suffisante pour pouvoir le partager. J'ai commencé à sentir aussi, moi, que j'avais envie de retourner vers l'humain. Et donc, je suis repartie pour travailler sur un projet qui était de recrutement et de sélection. Ça, ça m'a énormément parlé. Et c'est dans cette entreprise-là qu'en fait... J'ai ressenti ce besoin de montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable. Et donc, j'ai pris les choses à bras le corps. Et c'est là que je me suis retrouvée quelques années après. Parce qu'un burn-out ne se construit pas sur un temps court, ça se construit sur un temps plus long. Et donc, c'est là qu'au bout de quelques années, effectivement, à un moment donné, il y a eu un krach. Mais aussi parce qu'après le cancer, alors que je m'étais jurée de toujours m'écouter, c'est tout. Et cette envie de montrer que j'étais de nouveau là, parce que pour moi, le travail a toujours eu une place très prépondérante dans ma vie, a fait que ça s'est un petit peu retourné contre moi.

  • Speaker #1

    Comment tu as fait pour te relever après ça ? Parce que cancer, burnout, quelles ont été les clés de la résilience chez toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai un côté profondément positif au départ. Donc, il y a un bon terreau, on va dire. La deuxième chose, je pense que moi, ce qui a changé beaucoup de choses, c'est ma formation de coach. Donc cette formation de coach, je l'ai entamée avant de tomber en burnout. Et la première année, on a la découverte de différents outils qu'on expérimente sur soi-même. Et là, j'ai fait quelques découvertes intéressantes sur moi. qui m'ont permis de grandir aussi à différents niveaux. Et je pense que ça, ça a vraiment été le tournant des choses. Parce que je pense que jusque-là, je n'avais pas vraiment de mission. Et en fait, quand le cancer s'est terminé, je me suis dit, mais ce n'est pas possible, cette expérience, elle est... tellement bouleversante, mais je le voyais positivement. Je me dis j'ai envie de partager ça avec des gens, j'ai envie de les aider, j'ai pas envie qu'ils se retrouvent tout seuls comme moi, mais je trouvais pas vraiment de moyens. Alors j'avais un blog à l'époque, mais c'était pas comme maintenant les blogs, donc voilà. Et il y avait cette frustration de dire, mais comment je pourrais faire quelque chose ? D'autant plus que je rencontrais d'autres personnes autour de moi qui vivaient aussi le cancer comme moi, et qui disaient toutes la même chose. Il y a cette solitude après où il n'y a rien. Et puis j'arrive à l'école de coaching en formation et je me rappellerai toujours, on était 20 élèves et le coach qui allait nous donner notre première journée dit ben voilà moi j'aimerais savoir pourquoi vous voulez devenir coach. Et donc tout le monde commence à dire pourquoi et je vois que ça va être à mon tour de parler et je suis là je sais pas quoi dire, je sais pas quoi dire. Et puis tout d'un coup c'est l'éclair et je dis moi je veux être coach pour les gens qui ont eu le cancer et qui veulent retourner au travail. J'ai vu tout le monde se retourner en disant avec quoi elle vient mais là la mission elle était... claire et nette. Et c'est vraiment dans cette école de coaching ce jour-là que je pense que ce que je fais aujourd'hui est vraiment né.

  • Speaker #1

    Face à des constats communs, Andrea et d'autres coachs se tournent vers la Fondation contre le cancer pour les sensibiliser au manque d'accompagnement au retour au travail. Un projet de formation est alors mis sur pied pour créer un réseau donc au coach.

  • Speaker #0

    De là est née une formation. certifiante. Après ça, je suis devenue la coordinatrice de cette formation pour les francophones puisque j'avais suivi la première volée qui était néerlandophone. L'idée était de mettre à disposition effectivement des coachs qui puissent avoir cette approche très très spécifique. Et dans cette lancée-là, j'ai participé à un deuxième projet de la fondation qui est Reconnect, qui est une plateforme qui est mise à disposition pour les employeurs gratuitement avec tous des petits trucs et astuces. pour justement gérer ce retour au travail après le cancer. Là maintenant, je fais partie d'Ombul aussi, qui est aussi une plateforme dans laquelle il y a en fait toute une série de praticiens qui s'occupent de tout ce qui est soins après le cancer. Si on regarde mon CV, ça tourne beaucoup autour de ça en fait.

  • Speaker #1

    Justement, ce n'est pas trop dur d'être tout le temps dans cette ambiance de cancer, finalement ?

  • Speaker #0

    Non. C'est une question qu'on me pose souvent. On me dit que c'est un métier dur quand même. En fait, non. En tout cas, je ne sais pas. Est-ce que je suis vernie ? Peut-être. Je n'en sais rien. Mais tous mes coachés, ce qui m'a émue profondément... c'est que je ressentais ce même élan de vie que celui que moi je ressens. Et j'ai eu dans mes coachés des personnes dont le cancer n'allait pas guérir. Et il y avait toujours cet élan de vie qui était là. Alors bien sûr, il y avait des moments de stress, d'angoisse, de tristesse qui étaient là. Mais il y a toujours quelque chose pour moi de profondément positif dans tout ça. Et ce que moi j'essaye de faire avec eux, c'est vraiment... Et c'est un discours auquel je crois profondément. c'est que le cancer a développé une flopée de compétences qu'on n'a pas au départ. Moi, je sais que je me suis découverte courageuse, résiliente, flexible. Il y a plein de choses qui sont nées pendant la maladie qui n'y étaient pas auparavant. Mais c'est la confrontation qui a fait ça. Donc, moi, c'est plus vers ça que je vais maintenant. Où c'est difficile parfois, oui, c'est quand je vois des personnes qui ont des difficultés à se faire entendre par rapport à leurs organisations, par rapport à leurs collègues. Et en fait, je sens que c'est pas du tout de la mauvaise volonté, mais plutôt de la méconnaissance des choses. Et ça, je trouve un peu dommage. Donc, c'est de là que maintenant, je travaille chez Cohesio aussi. Et chez Cohesio, on a en fait deux journées de sensibilisation pour les organisations, pour justement leur donner des outils pour pouvoir... mieux répondre à cette approche et à ce qui se passe sur le terrain. Donc, j'essaye de vraiment partir dans tous les sens pour essayer de toucher un maximum de monde.

  • Speaker #1

    C'est sur quoi qu'il faut insister ?

  • Speaker #0

    Les idées fausses, c'est un peu l'idée qu'on est des petites choses fragiles. Alors oui, on a effectivement encore des effets secondaires parfois quand on retourne travailler. Oui, effectivement, il y a l'une ou l'autre chose. On a peut-être encore des opérations, on a encore des traitements. Mais en soi, on s'en est sorti et on ne s'est pas sorti de rien. on s'est sorti du cancer. Donc, je pense qu'il faut voir ça. Puis de nouveau, il y a aussi cette sensibilisation par rapport aux compétences qui sont développées pendant la maladie. Donc, je pense qu'on est dans un monde dans lequel, et on l'a vu avec le Covid, où la capacité de s'adapter, d'être flexible, de faire face à l'incertitude, parce que ça, on le fait pendant toute la maladie, nous, en fait, c'est devenu, c'est notre core business. Après le cancer, c'est un peu ça. Et puis surtout... que l'entreprise voit à quel point c'est positif pour tout le monde. Parce qu'un collaborateur qui revient et avec qui ça se passe bien, c'est potentiellement du know-how qui revient dans l'entreprise, c'est s'éviter de devoir chercher quelqu'un avec ce que ça coûte, devoir le former avec ce que ça coûte. Ça envoie un message à l'équipe que l'organisation est aussi une organisation dans laquelle on peut être malade, qu'on n'est pas forcément ni pointé du doigt, ni mis au banc parce qu'on est comme ça. Dans les organisations, il y a ce malaise aussi. C'est une maladie qui fait peur. C'est parfois délicat d'en parler. On ne sait pas très bien comment y faire. Donc, moi, j'ai réfléchi plus loin quand j'ai pensé à ça. J'ai créé un workshop pour les équipes dans lequel, avant que le collaborateur ne revienne, l'équipe ventile un peu ce qui percole chez elle. Où elle dit, pour moi, ce n'est pas confortable, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment m'y prendre et je demande que le manager soit là. Et c'est en fait tous ensemble qui préparent leur retour. Et donc là, ça donne plus de chance que le processus se passe bien.

  • Speaker #1

    Quand tu regardes dans le rétro, tu disais finalement, ça t'a apporté du positif.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment, pour moi, ça a été une découverte à plein de choses, parce que même d'un point de vue personnel, j'étais quelqu'un qui était très maman. mais vraiment très très maman. Et puis, cancer du col de l'utérus, on fait une hystérectomie, pour quelqu'un qui est très maman, ça aurait pu être très compliqué. Et en fait, après, je me suis rendu compte que le fait qu'on m'ait enlevé mon utérus a permis à la femme qui avait en moi, mais qui était un peu écrasée par la maman, de pouvoir éclore. Donc je dirais que c'est tant au niveau d'un point de vue personnel que même au niveau du travail que je fais aujourd'hui. Je pense qu'aujourd'hui, dans ce que je fais, je suis... bien plus utile et je fais cette part que j'ai toujours rêvée, qui est cette petite part du colibri, de venir essayer d'apporter des choses pour faire bouger les lignes, pour faire bouger le monde. Donc pour moi, oui, c'est positif. Et je pense que ça fait de moi aussi, ça a fait de moi une personne plus forte, plus résiliente et surtout en capacité de pouvoir s'émerveiller et de pouvoir goûter à la vie, même quand elle est compliquée. Et ça, je trouve que c'est important.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus sur la problématique du retour au travail après un cancer, découvrez notre article sur enmarche.be. Sur le site de la Fondation contre le cancer, vous trouverez également des conseils pratiques, un réseau DoncoCoach certifié, ainsi que la plateforme Reconnect, destinée aux employeurs. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle inspiration.

Description

À 39 ans, Andréa est atteinte d'un cancer du col de l'utérus. Après de lourds traitements, à peine en rémission, elle se précipite au travail sans aucune préparation, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal…

Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate.

Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversé, mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotorique médical, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Ah, elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Ben non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a en fait des écarts qui se font et qui font qu'il y a un peu cette solitude. Parce que les gens disent, oui, mais t'es guérie. Ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    À 39 ans, Andrea doit faire face à un cancer du col de l'utérus et subit de lourds traitements. À peine en rémission, elle se précipite au travail, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal. Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate. Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversées mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. Bonne écoute !

  • Speaker #0

    J'avais eu des hémorragies pendant tout le week-end et comme ça correspondait plus ou moins à la période à laquelle je devais être indisposée, je me suis dit, c'est pas grave, elles sont un petit peu plus abondantes que d'habitude. Et puis le lundi, je suis arrivée au travail, visiblement c'était indiqué sur mon visage, parce que je me rappelle très bien de ma responsable qui m'a regardée et qui m'a dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas blanche, tu es grise. Et je lui ai dit, non, non, ça va, tout va très bien. Et en fait, je travaillais dans... J'étais bibliothécaire à l'époque. et je suis allée à la bibliothèque pour faire une recherche et là, j'ai eu l'impression qu'on me transperçait avec une lance et les hémorragies ont recommencé de plus belles et donc de là, je suis partie aux urgences. Donc j'étais hospitalisée en urgence, on me transfuse et puis je vois ma gynécologue le lendemain matin qui me dit Ah, je dois absolument faire une intervention aujourd'hui pour aller voir ce qui se passe mais elle ne me donne pas vraiment beaucoup plus d'informations et puis le lendemain matin, quand je la revois en post-op et que je lui demande ce qui se passe, elle me dit Écoute, je ne préfère pas me prononcer, etc. Et là, moi, j'ai compris tout de suite. Et donc, je suis venue chercher le diagnostic avec ma maman. Et la gynécologue m'a dit après, c'était incroyable, parce que j'avais deux femmes en face de moi. Elle dit J'ai vu ta maman vraiment s'effondrer sur son siège. Elle dit Toi, tu t'es redressée. Et la première chose que tu m'as dit, c'est Qu'est-ce qu'on fait ? Et je me rappelle très bien de ça, parce qu'elle m'a dit Je viens de t'annoncer que tu as un cancer. Et moi, j'avais besoin d'être dans l'activité tout de suite, dans le faire. pour me dire, ok, je vais mobiliser toute mon énergie. Il faut savoir qu'à l'époque, j'avais deux jeunes enfants. Et donc, je ne me voyais pas disparaître et les laisser tout seul. Et pendant toute la maladie, je suis tout le temps restée positive. Je n'ai pas... Il y a eu des moments d'angoisse et de peur, oui, parce que quand on a des examens et qu'on ne connaît pas les résultats, là, c'est vrai qu'on a peur. Je ne suis pas Wonder Woman non plus. Mais sinon, j'ai essayé de vraiment rester positive tout le temps. tous les matins je conduisais mes enfants à l'école tous les soirs j'allais les chercher je faisais les devoirs avec eux quand j'étais en chimio ça a été un petit peu plus compliqué parce que la chimio était tombée sur mon estomac et mes intestins donc c'est un petit peu compliqué à gérer mais ce qui a eu surtout et qui a été dur pour moi ça a été la concentration des traitements donc en fait j'ai appris que j'avais le cancer le 14 février et Et mes derniers traitements se sont terminés le 30 juin. Et dans cet éreval de temps-là, j'ai eu chimiothérapie, curithérapie, radiothérapie et une hystérectomie. Donc, c'était très, très costaud. Et voilà. Et puis après ça, ça a été toute la reconstruction. Quand on m'a annoncé la rémission, c'était un moment qui était... Très, très intense pour moi. C'était au mois de septembre. Et quand on me l'a dit, moi, j'ai eu un espèce d'élan de vie, comme ça, de me dire, c'est vrai que j'ai encore pendant cinq ans, puisque c'est rémission provisoire et pas rémission définitive, mais peu m'importe, là, à partir de maintenant, chaque jour, chaque minute. Je vais en profiter un maximum et je voulais vraiment montrer que j'étais là, que j'étais de retour, que certes, j'avais eu ce parcours, mais que mon énergie, mon envie de faire les choses, elle était toujours bien présente. Ça, ça a été une énergie qui m'a apporté, qui m'a d'ailleurs après mené au burn-out. Et c'est ce que je constate beaucoup aussi dans le retour au travail après un cancer, c'est qu'il y a ce danger-là qui menace, ce qu'on veut absolument montrer. qu'on est là, qu'on est de retour, etc. Et il y a une corrélation avec certains burn-out qui peuvent arriver quand on ne met pas l'énergie où il faut.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé par rapport à ton emploi ?

  • Speaker #0

    Moi, ça a été compliqué parce que je ne voulais pas lâcher prise. J'étais très embêtée parce qu'en fait, pour cette bibliothèque, j'étais toute seule. Je n'avais pas de backup, en fait. Et donc, je voulais absolument revenir, continuer à travailler pour tout préparer. Et là, ma responsable de nouveau m'a dit, écoute, je veux bien que tu viennes encore une journée, histoire de m'expliquer comment tout fonctionne, parce qu'effectivement, il n'y a personne d'autre pour reprendre la relève. On va se débrouiller entre nous, on va se répartir tes tâches. Mais après ça, je ne veux plus t'entendre et tu vas mettre toute ton énergie à te soigner. Donc, en fait, ils ont été très, très, très gentils dans le sens où j'ai reçu un énorme bouquet de fleurs. Ils ont envoyé un chouette message, etc. Mais où ça a été beaucoup plus problématique, c'est qu'il y a eu de part et d'autre des choses qui n'étaient pas claires. Alors, dans mon chef à moi, il y a eu le fait que je n'ai pas voulu écouter le médecin, que je suis retournée travailler à temps plein en sous-estimant complètement les effets secondaires des traitements. Et donc, la première année, j'ai été fort malade. J'ai eu notamment ce qu'on appelle des coliques radiques, puisqu'une partie de mes intestins a été brûlée par la radiothérapie. Et donc, c'est toutes des choses dont on ne te parle pas a priori. Donc, tu ne peux pas savoir que ça va arriver. Mais quand ça arrive, c'est compliqué. Donc, j'ai été pas mal malade. Donc, ça, c'est une première chose. La deuxième, c'est que j'avais des problèmes de concentration et de fatigue, qui maintenant sont objectivés. Mais à l'époque, on n'en parlait pas comme on en parle maintenant. Donc, c'était compliqué aussi. Et puis l'autre chose qu'il y a eu, c'est que j'avais quelqu'un qui m'avait remplacée pendant mon absence. Et deux semaines ou trois semaines après que je sois rentrée, ma responsable est partie pour d'autres fonctions, hors de l'organisation dans laquelle je travaillais. Et on s'est retrouvés, elle et moi, avec la difficulté que la définition de notre job n'était pas claire. Et donc on n'arrêtait pas de se marcher sur les pieds l'une de l'autre. Et ça s'est très vite monté. en sauce, dans le sens où moi, je revenais au travail et je voulais montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable de faire des choses. Et elle avait repris mon travail pendant que je n'étais pas là et voulait montrer aussi qu'elle était pro et qu'il y avait une possibilité pour elle de rester. Et donc, on est rentré dans quelque chose dans lequel on défendait chacune un peu notre point de vue. Et ça, ça n'a pas vraiment été géré comme ça devait. Et ça s'est terminé, en fait, par une clôture du contrat. Donc, ça, ça a été compliqué pour moi à gérer parce que J'ai eu un sentiment d'un peu une double peine. Moi, ce qui m'a manqué, c'est le conseil. Quand je suis revenue au travail, que j'étais en panique avec cette collègue, c'est quelqu'un à qui parler pour expliquer pourquoi j'avais peur, que j'avais peur qu'en fait on me trouve inutile, que je perde mon travail, etc. Tout ça, je pense que pour moi, ça aurait été intéressant de le ventiler avec quelqu'un. Et même ma préparation, moi je suis partie bille en tête, 5 jours semaine, youpi, on y va. J'aurais été avec un coach, il m'aurait dit, oui mais ta fatigue, elle est comment ? Oui mais est-ce que tu as encore besoin de faire des siestes ? Et tout ça, c'était le cas. J'avais encore besoin de me reposer, j'avais certains effets secondaires qui sortaient déjà. Donc... Tout ça, ça m'aurait aidé à le conscientiser de manière à mieux préparer mon retour et pas me retrouver avec tout d'un coup tout en même temps qui devient confrontant. C'est le retour au travail, c'est la fatigue, c'est les problèmes cognitifs, c'est tout ça. Et là, ça devient lourd. Vous êtes sous cloche pendant tout le temps du traitement et vous avez les médecins, vous avez les oncologues, les infirmiers. Bref, il y a les opérations, les traitements. Tout ça, et puis du jour au lendemain où vous êtes en rémission, il n'y a plus personne. Moi, j'appelle ça la solitude du guéri, où en fait, on est tout seul. Mais il y a une solitude aussi parce que ce qui se passe, c'est que dans la tête de nos proches, et moi, je les comprends, ils sont mis sous pression pendant tout le temps qu'on est malade, de manière très, très, très intensive. Et puis, ce qui se passe, c'est que tout d'un coup, on leur dit, ah, la personne, elle est en rémission. Pour eux, c'est rémission et guérison. Il y a beaucoup de gens qui y assimilent de nouveau. Et donc, ils se disent, c'est OK. Mais justement, après, il y a encore toute une série de choses, d'inconfort, la confiance en soi, l'estime de soi. Le fait qu'on m'enlève mon utérus et mes ovaires, j'ai été ménopausée. Alors, ménopausée, quand on a 40 ans, physiquement parlant, c'est un retour de manivelle assez sec, on va dire. Je n'ai pas perdu mes cheveux, mais ils sont devenus tout gris. Et donc, c'est apprendre à vivre avec un corps qui est... quelque part beaucoup plus âgés, beaucoup plus marqués. Tout ça, ce sont des éléments qui sont encore très présents dans l'après. Ce rapport au corps, il est vraiment important. Et c'est lié à confiance en soi, estime de soi. Et au bureau, on revient, et pour les collègues, on est guéris. Mais on n'est pas guéris, on est en rémission. Donc on a quand même cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et puis non-obstance faite là, on a parfois des traitements adjuvants qui peuvent être embêtants. que ce soit l'immuno ou l'hormonothérapie, ça a quand même des effets secondaires importants. Et puis, il y a toute cette fatigue, cette reprise du travail. On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotéringue médicale, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a des écarts qui se font et qui font que ce retour est... Il y a un peu cette solitude, oui, effectivement. Parce que les gens disent oui, mais t'es guéri ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    Suite à ce retour qui se passe mal, Andrea se voit contrainte de partir en quête d'un nouvel emploi.

  • Speaker #0

    Parce que j'avais des contrôles et j'avais des choses comme ça, il fallait quelque part que j'informe mon nouvel employeur que j'avais été malade. Et donc là, moi, je n'ai pas eu de souci avec ça. Je me suis dit, je considérais ça tellement comme quelque chose qui m'avait fait grandir, qui m'avait fait grandir en compétences, qui m'avait, je dis toujours, le cancer m'a plus apporté qu'il... qu'il ne m'a pris, en fait. Et je suis partie avec cette idée-là. Et donc, j'ai dit aux employeurs que je rencontrais qu'effectivement, j'étais en rémission, que j'avais encore des contrôles, etc.

  • Speaker #1

    C'était bien perçu de la part des employeurs ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains à qui je l'ai dit et d'autres pas. Parce qu'en fait, dans l'entretien et dans la façon dont l'organisation se présentait, je ne me sentais pas en confiance. Et je me disais, si je parle de ça, ça va donner une connotation qui va tout de suite être négative. Les employeurs à qui je l'ai dit, c'est vraiment des employeurs où je sentais qu'au niveau valeur, au niveau de la considération qu'ils avaient de leurs collaborateurs, je me sentais en confiance suffisante pour pouvoir le partager. J'ai commencé à sentir aussi, moi, que j'avais envie de retourner vers l'humain. Et donc, je suis repartie pour travailler sur un projet qui était de recrutement et de sélection. Ça, ça m'a énormément parlé. Et c'est dans cette entreprise-là qu'en fait... J'ai ressenti ce besoin de montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable. Et donc, j'ai pris les choses à bras le corps. Et c'est là que je me suis retrouvée quelques années après. Parce qu'un burn-out ne se construit pas sur un temps court, ça se construit sur un temps plus long. Et donc, c'est là qu'au bout de quelques années, effectivement, à un moment donné, il y a eu un krach. Mais aussi parce qu'après le cancer, alors que je m'étais jurée de toujours m'écouter, c'est tout. Et cette envie de montrer que j'étais de nouveau là, parce que pour moi, le travail a toujours eu une place très prépondérante dans ma vie, a fait que ça s'est un petit peu retourné contre moi.

  • Speaker #1

    Comment tu as fait pour te relever après ça ? Parce que cancer, burnout, quelles ont été les clés de la résilience chez toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai un côté profondément positif au départ. Donc, il y a un bon terreau, on va dire. La deuxième chose, je pense que moi, ce qui a changé beaucoup de choses, c'est ma formation de coach. Donc cette formation de coach, je l'ai entamée avant de tomber en burnout. Et la première année, on a la découverte de différents outils qu'on expérimente sur soi-même. Et là, j'ai fait quelques découvertes intéressantes sur moi. qui m'ont permis de grandir aussi à différents niveaux. Et je pense que ça, ça a vraiment été le tournant des choses. Parce que je pense que jusque-là, je n'avais pas vraiment de mission. Et en fait, quand le cancer s'est terminé, je me suis dit, mais ce n'est pas possible, cette expérience, elle est... tellement bouleversante, mais je le voyais positivement. Je me dis j'ai envie de partager ça avec des gens, j'ai envie de les aider, j'ai pas envie qu'ils se retrouvent tout seuls comme moi, mais je trouvais pas vraiment de moyens. Alors j'avais un blog à l'époque, mais c'était pas comme maintenant les blogs, donc voilà. Et il y avait cette frustration de dire, mais comment je pourrais faire quelque chose ? D'autant plus que je rencontrais d'autres personnes autour de moi qui vivaient aussi le cancer comme moi, et qui disaient toutes la même chose. Il y a cette solitude après où il n'y a rien. Et puis j'arrive à l'école de coaching en formation et je me rappellerai toujours, on était 20 élèves et le coach qui allait nous donner notre première journée dit ben voilà moi j'aimerais savoir pourquoi vous voulez devenir coach. Et donc tout le monde commence à dire pourquoi et je vois que ça va être à mon tour de parler et je suis là je sais pas quoi dire, je sais pas quoi dire. Et puis tout d'un coup c'est l'éclair et je dis moi je veux être coach pour les gens qui ont eu le cancer et qui veulent retourner au travail. J'ai vu tout le monde se retourner en disant avec quoi elle vient mais là la mission elle était... claire et nette. Et c'est vraiment dans cette école de coaching ce jour-là que je pense que ce que je fais aujourd'hui est vraiment né.

  • Speaker #1

    Face à des constats communs, Andrea et d'autres coachs se tournent vers la Fondation contre le cancer pour les sensibiliser au manque d'accompagnement au retour au travail. Un projet de formation est alors mis sur pied pour créer un réseau donc au coach.

  • Speaker #0

    De là est née une formation. certifiante. Après ça, je suis devenue la coordinatrice de cette formation pour les francophones puisque j'avais suivi la première volée qui était néerlandophone. L'idée était de mettre à disposition effectivement des coachs qui puissent avoir cette approche très très spécifique. Et dans cette lancée-là, j'ai participé à un deuxième projet de la fondation qui est Reconnect, qui est une plateforme qui est mise à disposition pour les employeurs gratuitement avec tous des petits trucs et astuces. pour justement gérer ce retour au travail après le cancer. Là maintenant, je fais partie d'Ombul aussi, qui est aussi une plateforme dans laquelle il y a en fait toute une série de praticiens qui s'occupent de tout ce qui est soins après le cancer. Si on regarde mon CV, ça tourne beaucoup autour de ça en fait.

  • Speaker #1

    Justement, ce n'est pas trop dur d'être tout le temps dans cette ambiance de cancer, finalement ?

  • Speaker #0

    Non. C'est une question qu'on me pose souvent. On me dit que c'est un métier dur quand même. En fait, non. En tout cas, je ne sais pas. Est-ce que je suis vernie ? Peut-être. Je n'en sais rien. Mais tous mes coachés, ce qui m'a émue profondément... c'est que je ressentais ce même élan de vie que celui que moi je ressens. Et j'ai eu dans mes coachés des personnes dont le cancer n'allait pas guérir. Et il y avait toujours cet élan de vie qui était là. Alors bien sûr, il y avait des moments de stress, d'angoisse, de tristesse qui étaient là. Mais il y a toujours quelque chose pour moi de profondément positif dans tout ça. Et ce que moi j'essaye de faire avec eux, c'est vraiment... Et c'est un discours auquel je crois profondément. c'est que le cancer a développé une flopée de compétences qu'on n'a pas au départ. Moi, je sais que je me suis découverte courageuse, résiliente, flexible. Il y a plein de choses qui sont nées pendant la maladie qui n'y étaient pas auparavant. Mais c'est la confrontation qui a fait ça. Donc, moi, c'est plus vers ça que je vais maintenant. Où c'est difficile parfois, oui, c'est quand je vois des personnes qui ont des difficultés à se faire entendre par rapport à leurs organisations, par rapport à leurs collègues. Et en fait, je sens que c'est pas du tout de la mauvaise volonté, mais plutôt de la méconnaissance des choses. Et ça, je trouve un peu dommage. Donc, c'est de là que maintenant, je travaille chez Cohesio aussi. Et chez Cohesio, on a en fait deux journées de sensibilisation pour les organisations, pour justement leur donner des outils pour pouvoir... mieux répondre à cette approche et à ce qui se passe sur le terrain. Donc, j'essaye de vraiment partir dans tous les sens pour essayer de toucher un maximum de monde.

  • Speaker #1

    C'est sur quoi qu'il faut insister ?

  • Speaker #0

    Les idées fausses, c'est un peu l'idée qu'on est des petites choses fragiles. Alors oui, on a effectivement encore des effets secondaires parfois quand on retourne travailler. Oui, effectivement, il y a l'une ou l'autre chose. On a peut-être encore des opérations, on a encore des traitements. Mais en soi, on s'en est sorti et on ne s'est pas sorti de rien. on s'est sorti du cancer. Donc, je pense qu'il faut voir ça. Puis de nouveau, il y a aussi cette sensibilisation par rapport aux compétences qui sont développées pendant la maladie. Donc, je pense qu'on est dans un monde dans lequel, et on l'a vu avec le Covid, où la capacité de s'adapter, d'être flexible, de faire face à l'incertitude, parce que ça, on le fait pendant toute la maladie, nous, en fait, c'est devenu, c'est notre core business. Après le cancer, c'est un peu ça. Et puis surtout... que l'entreprise voit à quel point c'est positif pour tout le monde. Parce qu'un collaborateur qui revient et avec qui ça se passe bien, c'est potentiellement du know-how qui revient dans l'entreprise, c'est s'éviter de devoir chercher quelqu'un avec ce que ça coûte, devoir le former avec ce que ça coûte. Ça envoie un message à l'équipe que l'organisation est aussi une organisation dans laquelle on peut être malade, qu'on n'est pas forcément ni pointé du doigt, ni mis au banc parce qu'on est comme ça. Dans les organisations, il y a ce malaise aussi. C'est une maladie qui fait peur. C'est parfois délicat d'en parler. On ne sait pas très bien comment y faire. Donc, moi, j'ai réfléchi plus loin quand j'ai pensé à ça. J'ai créé un workshop pour les équipes dans lequel, avant que le collaborateur ne revienne, l'équipe ventile un peu ce qui percole chez elle. Où elle dit, pour moi, ce n'est pas confortable, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment m'y prendre et je demande que le manager soit là. Et c'est en fait tous ensemble qui préparent leur retour. Et donc là, ça donne plus de chance que le processus se passe bien.

  • Speaker #1

    Quand tu regardes dans le rétro, tu disais finalement, ça t'a apporté du positif.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment, pour moi, ça a été une découverte à plein de choses, parce que même d'un point de vue personnel, j'étais quelqu'un qui était très maman. mais vraiment très très maman. Et puis, cancer du col de l'utérus, on fait une hystérectomie, pour quelqu'un qui est très maman, ça aurait pu être très compliqué. Et en fait, après, je me suis rendu compte que le fait qu'on m'ait enlevé mon utérus a permis à la femme qui avait en moi, mais qui était un peu écrasée par la maman, de pouvoir éclore. Donc je dirais que c'est tant au niveau d'un point de vue personnel que même au niveau du travail que je fais aujourd'hui. Je pense qu'aujourd'hui, dans ce que je fais, je suis... bien plus utile et je fais cette part que j'ai toujours rêvée, qui est cette petite part du colibri, de venir essayer d'apporter des choses pour faire bouger les lignes, pour faire bouger le monde. Donc pour moi, oui, c'est positif. Et je pense que ça fait de moi aussi, ça a fait de moi une personne plus forte, plus résiliente et surtout en capacité de pouvoir s'émerveiller et de pouvoir goûter à la vie, même quand elle est compliquée. Et ça, je trouve que c'est important.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus sur la problématique du retour au travail après un cancer, découvrez notre article sur enmarche.be. Sur le site de la Fondation contre le cancer, vous trouverez également des conseils pratiques, un réseau DoncoCoach certifié, ainsi que la plateforme Reconnect, destinée aux employeurs. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle inspiration.

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Description

À 39 ans, Andréa est atteinte d'un cancer du col de l'utérus. Après de lourds traitements, à peine en rémission, elle se précipite au travail sans aucune préparation, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal…

Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate.

Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversé, mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotorique médical, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Ah, elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Ben non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a en fait des écarts qui se font et qui font qu'il y a un peu cette solitude. Parce que les gens disent, oui, mais t'es guérie. Ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    À 39 ans, Andrea doit faire face à un cancer du col de l'utérus et subit de lourds traitements. À peine en rémission, elle se précipite au travail, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal. Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate. Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversées mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. Bonne écoute !

  • Speaker #0

    J'avais eu des hémorragies pendant tout le week-end et comme ça correspondait plus ou moins à la période à laquelle je devais être indisposée, je me suis dit, c'est pas grave, elles sont un petit peu plus abondantes que d'habitude. Et puis le lundi, je suis arrivée au travail, visiblement c'était indiqué sur mon visage, parce que je me rappelle très bien de ma responsable qui m'a regardée et qui m'a dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas blanche, tu es grise. Et je lui ai dit, non, non, ça va, tout va très bien. Et en fait, je travaillais dans... J'étais bibliothécaire à l'époque. et je suis allée à la bibliothèque pour faire une recherche et là, j'ai eu l'impression qu'on me transperçait avec une lance et les hémorragies ont recommencé de plus belles et donc de là, je suis partie aux urgences. Donc j'étais hospitalisée en urgence, on me transfuse et puis je vois ma gynécologue le lendemain matin qui me dit Ah, je dois absolument faire une intervention aujourd'hui pour aller voir ce qui se passe mais elle ne me donne pas vraiment beaucoup plus d'informations et puis le lendemain matin, quand je la revois en post-op et que je lui demande ce qui se passe, elle me dit Écoute, je ne préfère pas me prononcer, etc. Et là, moi, j'ai compris tout de suite. Et donc, je suis venue chercher le diagnostic avec ma maman. Et la gynécologue m'a dit après, c'était incroyable, parce que j'avais deux femmes en face de moi. Elle dit J'ai vu ta maman vraiment s'effondrer sur son siège. Elle dit Toi, tu t'es redressée. Et la première chose que tu m'as dit, c'est Qu'est-ce qu'on fait ? Et je me rappelle très bien de ça, parce qu'elle m'a dit Je viens de t'annoncer que tu as un cancer. Et moi, j'avais besoin d'être dans l'activité tout de suite, dans le faire. pour me dire, ok, je vais mobiliser toute mon énergie. Il faut savoir qu'à l'époque, j'avais deux jeunes enfants. Et donc, je ne me voyais pas disparaître et les laisser tout seul. Et pendant toute la maladie, je suis tout le temps restée positive. Je n'ai pas... Il y a eu des moments d'angoisse et de peur, oui, parce que quand on a des examens et qu'on ne connaît pas les résultats, là, c'est vrai qu'on a peur. Je ne suis pas Wonder Woman non plus. Mais sinon, j'ai essayé de vraiment rester positive tout le temps. tous les matins je conduisais mes enfants à l'école tous les soirs j'allais les chercher je faisais les devoirs avec eux quand j'étais en chimio ça a été un petit peu plus compliqué parce que la chimio était tombée sur mon estomac et mes intestins donc c'est un petit peu compliqué à gérer mais ce qui a eu surtout et qui a été dur pour moi ça a été la concentration des traitements donc en fait j'ai appris que j'avais le cancer le 14 février et Et mes derniers traitements se sont terminés le 30 juin. Et dans cet éreval de temps-là, j'ai eu chimiothérapie, curithérapie, radiothérapie et une hystérectomie. Donc, c'était très, très costaud. Et voilà. Et puis après ça, ça a été toute la reconstruction. Quand on m'a annoncé la rémission, c'était un moment qui était... Très, très intense pour moi. C'était au mois de septembre. Et quand on me l'a dit, moi, j'ai eu un espèce d'élan de vie, comme ça, de me dire, c'est vrai que j'ai encore pendant cinq ans, puisque c'est rémission provisoire et pas rémission définitive, mais peu m'importe, là, à partir de maintenant, chaque jour, chaque minute. Je vais en profiter un maximum et je voulais vraiment montrer que j'étais là, que j'étais de retour, que certes, j'avais eu ce parcours, mais que mon énergie, mon envie de faire les choses, elle était toujours bien présente. Ça, ça a été une énergie qui m'a apporté, qui m'a d'ailleurs après mené au burn-out. Et c'est ce que je constate beaucoup aussi dans le retour au travail après un cancer, c'est qu'il y a ce danger-là qui menace, ce qu'on veut absolument montrer. qu'on est là, qu'on est de retour, etc. Et il y a une corrélation avec certains burn-out qui peuvent arriver quand on ne met pas l'énergie où il faut.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé par rapport à ton emploi ?

  • Speaker #0

    Moi, ça a été compliqué parce que je ne voulais pas lâcher prise. J'étais très embêtée parce qu'en fait, pour cette bibliothèque, j'étais toute seule. Je n'avais pas de backup, en fait. Et donc, je voulais absolument revenir, continuer à travailler pour tout préparer. Et là, ma responsable de nouveau m'a dit, écoute, je veux bien que tu viennes encore une journée, histoire de m'expliquer comment tout fonctionne, parce qu'effectivement, il n'y a personne d'autre pour reprendre la relève. On va se débrouiller entre nous, on va se répartir tes tâches. Mais après ça, je ne veux plus t'entendre et tu vas mettre toute ton énergie à te soigner. Donc, en fait, ils ont été très, très, très gentils dans le sens où j'ai reçu un énorme bouquet de fleurs. Ils ont envoyé un chouette message, etc. Mais où ça a été beaucoup plus problématique, c'est qu'il y a eu de part et d'autre des choses qui n'étaient pas claires. Alors, dans mon chef à moi, il y a eu le fait que je n'ai pas voulu écouter le médecin, que je suis retournée travailler à temps plein en sous-estimant complètement les effets secondaires des traitements. Et donc, la première année, j'ai été fort malade. J'ai eu notamment ce qu'on appelle des coliques radiques, puisqu'une partie de mes intestins a été brûlée par la radiothérapie. Et donc, c'est toutes des choses dont on ne te parle pas a priori. Donc, tu ne peux pas savoir que ça va arriver. Mais quand ça arrive, c'est compliqué. Donc, j'ai été pas mal malade. Donc, ça, c'est une première chose. La deuxième, c'est que j'avais des problèmes de concentration et de fatigue, qui maintenant sont objectivés. Mais à l'époque, on n'en parlait pas comme on en parle maintenant. Donc, c'était compliqué aussi. Et puis l'autre chose qu'il y a eu, c'est que j'avais quelqu'un qui m'avait remplacée pendant mon absence. Et deux semaines ou trois semaines après que je sois rentrée, ma responsable est partie pour d'autres fonctions, hors de l'organisation dans laquelle je travaillais. Et on s'est retrouvés, elle et moi, avec la difficulté que la définition de notre job n'était pas claire. Et donc on n'arrêtait pas de se marcher sur les pieds l'une de l'autre. Et ça s'est très vite monté. en sauce, dans le sens où moi, je revenais au travail et je voulais montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable de faire des choses. Et elle avait repris mon travail pendant que je n'étais pas là et voulait montrer aussi qu'elle était pro et qu'il y avait une possibilité pour elle de rester. Et donc, on est rentré dans quelque chose dans lequel on défendait chacune un peu notre point de vue. Et ça, ça n'a pas vraiment été géré comme ça devait. Et ça s'est terminé, en fait, par une clôture du contrat. Donc, ça, ça a été compliqué pour moi à gérer parce que J'ai eu un sentiment d'un peu une double peine. Moi, ce qui m'a manqué, c'est le conseil. Quand je suis revenue au travail, que j'étais en panique avec cette collègue, c'est quelqu'un à qui parler pour expliquer pourquoi j'avais peur, que j'avais peur qu'en fait on me trouve inutile, que je perde mon travail, etc. Tout ça, je pense que pour moi, ça aurait été intéressant de le ventiler avec quelqu'un. Et même ma préparation, moi je suis partie bille en tête, 5 jours semaine, youpi, on y va. J'aurais été avec un coach, il m'aurait dit, oui mais ta fatigue, elle est comment ? Oui mais est-ce que tu as encore besoin de faire des siestes ? Et tout ça, c'était le cas. J'avais encore besoin de me reposer, j'avais certains effets secondaires qui sortaient déjà. Donc... Tout ça, ça m'aurait aidé à le conscientiser de manière à mieux préparer mon retour et pas me retrouver avec tout d'un coup tout en même temps qui devient confrontant. C'est le retour au travail, c'est la fatigue, c'est les problèmes cognitifs, c'est tout ça. Et là, ça devient lourd. Vous êtes sous cloche pendant tout le temps du traitement et vous avez les médecins, vous avez les oncologues, les infirmiers. Bref, il y a les opérations, les traitements. Tout ça, et puis du jour au lendemain où vous êtes en rémission, il n'y a plus personne. Moi, j'appelle ça la solitude du guéri, où en fait, on est tout seul. Mais il y a une solitude aussi parce que ce qui se passe, c'est que dans la tête de nos proches, et moi, je les comprends, ils sont mis sous pression pendant tout le temps qu'on est malade, de manière très, très, très intensive. Et puis, ce qui se passe, c'est que tout d'un coup, on leur dit, ah, la personne, elle est en rémission. Pour eux, c'est rémission et guérison. Il y a beaucoup de gens qui y assimilent de nouveau. Et donc, ils se disent, c'est OK. Mais justement, après, il y a encore toute une série de choses, d'inconfort, la confiance en soi, l'estime de soi. Le fait qu'on m'enlève mon utérus et mes ovaires, j'ai été ménopausée. Alors, ménopausée, quand on a 40 ans, physiquement parlant, c'est un retour de manivelle assez sec, on va dire. Je n'ai pas perdu mes cheveux, mais ils sont devenus tout gris. Et donc, c'est apprendre à vivre avec un corps qui est... quelque part beaucoup plus âgés, beaucoup plus marqués. Tout ça, ce sont des éléments qui sont encore très présents dans l'après. Ce rapport au corps, il est vraiment important. Et c'est lié à confiance en soi, estime de soi. Et au bureau, on revient, et pour les collègues, on est guéris. Mais on n'est pas guéris, on est en rémission. Donc on a quand même cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et puis non-obstance faite là, on a parfois des traitements adjuvants qui peuvent être embêtants. que ce soit l'immuno ou l'hormonothérapie, ça a quand même des effets secondaires importants. Et puis, il y a toute cette fatigue, cette reprise du travail. On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotéringue médicale, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a des écarts qui se font et qui font que ce retour est... Il y a un peu cette solitude, oui, effectivement. Parce que les gens disent oui, mais t'es guéri ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    Suite à ce retour qui se passe mal, Andrea se voit contrainte de partir en quête d'un nouvel emploi.

  • Speaker #0

    Parce que j'avais des contrôles et j'avais des choses comme ça, il fallait quelque part que j'informe mon nouvel employeur que j'avais été malade. Et donc là, moi, je n'ai pas eu de souci avec ça. Je me suis dit, je considérais ça tellement comme quelque chose qui m'avait fait grandir, qui m'avait fait grandir en compétences, qui m'avait, je dis toujours, le cancer m'a plus apporté qu'il... qu'il ne m'a pris, en fait. Et je suis partie avec cette idée-là. Et donc, j'ai dit aux employeurs que je rencontrais qu'effectivement, j'étais en rémission, que j'avais encore des contrôles, etc.

  • Speaker #1

    C'était bien perçu de la part des employeurs ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains à qui je l'ai dit et d'autres pas. Parce qu'en fait, dans l'entretien et dans la façon dont l'organisation se présentait, je ne me sentais pas en confiance. Et je me disais, si je parle de ça, ça va donner une connotation qui va tout de suite être négative. Les employeurs à qui je l'ai dit, c'est vraiment des employeurs où je sentais qu'au niveau valeur, au niveau de la considération qu'ils avaient de leurs collaborateurs, je me sentais en confiance suffisante pour pouvoir le partager. J'ai commencé à sentir aussi, moi, que j'avais envie de retourner vers l'humain. Et donc, je suis repartie pour travailler sur un projet qui était de recrutement et de sélection. Ça, ça m'a énormément parlé. Et c'est dans cette entreprise-là qu'en fait... J'ai ressenti ce besoin de montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable. Et donc, j'ai pris les choses à bras le corps. Et c'est là que je me suis retrouvée quelques années après. Parce qu'un burn-out ne se construit pas sur un temps court, ça se construit sur un temps plus long. Et donc, c'est là qu'au bout de quelques années, effectivement, à un moment donné, il y a eu un krach. Mais aussi parce qu'après le cancer, alors que je m'étais jurée de toujours m'écouter, c'est tout. Et cette envie de montrer que j'étais de nouveau là, parce que pour moi, le travail a toujours eu une place très prépondérante dans ma vie, a fait que ça s'est un petit peu retourné contre moi.

  • Speaker #1

    Comment tu as fait pour te relever après ça ? Parce que cancer, burnout, quelles ont été les clés de la résilience chez toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai un côté profondément positif au départ. Donc, il y a un bon terreau, on va dire. La deuxième chose, je pense que moi, ce qui a changé beaucoup de choses, c'est ma formation de coach. Donc cette formation de coach, je l'ai entamée avant de tomber en burnout. Et la première année, on a la découverte de différents outils qu'on expérimente sur soi-même. Et là, j'ai fait quelques découvertes intéressantes sur moi. qui m'ont permis de grandir aussi à différents niveaux. Et je pense que ça, ça a vraiment été le tournant des choses. Parce que je pense que jusque-là, je n'avais pas vraiment de mission. Et en fait, quand le cancer s'est terminé, je me suis dit, mais ce n'est pas possible, cette expérience, elle est... tellement bouleversante, mais je le voyais positivement. Je me dis j'ai envie de partager ça avec des gens, j'ai envie de les aider, j'ai pas envie qu'ils se retrouvent tout seuls comme moi, mais je trouvais pas vraiment de moyens. Alors j'avais un blog à l'époque, mais c'était pas comme maintenant les blogs, donc voilà. Et il y avait cette frustration de dire, mais comment je pourrais faire quelque chose ? D'autant plus que je rencontrais d'autres personnes autour de moi qui vivaient aussi le cancer comme moi, et qui disaient toutes la même chose. Il y a cette solitude après où il n'y a rien. Et puis j'arrive à l'école de coaching en formation et je me rappellerai toujours, on était 20 élèves et le coach qui allait nous donner notre première journée dit ben voilà moi j'aimerais savoir pourquoi vous voulez devenir coach. Et donc tout le monde commence à dire pourquoi et je vois que ça va être à mon tour de parler et je suis là je sais pas quoi dire, je sais pas quoi dire. Et puis tout d'un coup c'est l'éclair et je dis moi je veux être coach pour les gens qui ont eu le cancer et qui veulent retourner au travail. J'ai vu tout le monde se retourner en disant avec quoi elle vient mais là la mission elle était... claire et nette. Et c'est vraiment dans cette école de coaching ce jour-là que je pense que ce que je fais aujourd'hui est vraiment né.

  • Speaker #1

    Face à des constats communs, Andrea et d'autres coachs se tournent vers la Fondation contre le cancer pour les sensibiliser au manque d'accompagnement au retour au travail. Un projet de formation est alors mis sur pied pour créer un réseau donc au coach.

  • Speaker #0

    De là est née une formation. certifiante. Après ça, je suis devenue la coordinatrice de cette formation pour les francophones puisque j'avais suivi la première volée qui était néerlandophone. L'idée était de mettre à disposition effectivement des coachs qui puissent avoir cette approche très très spécifique. Et dans cette lancée-là, j'ai participé à un deuxième projet de la fondation qui est Reconnect, qui est une plateforme qui est mise à disposition pour les employeurs gratuitement avec tous des petits trucs et astuces. pour justement gérer ce retour au travail après le cancer. Là maintenant, je fais partie d'Ombul aussi, qui est aussi une plateforme dans laquelle il y a en fait toute une série de praticiens qui s'occupent de tout ce qui est soins après le cancer. Si on regarde mon CV, ça tourne beaucoup autour de ça en fait.

  • Speaker #1

    Justement, ce n'est pas trop dur d'être tout le temps dans cette ambiance de cancer, finalement ?

  • Speaker #0

    Non. C'est une question qu'on me pose souvent. On me dit que c'est un métier dur quand même. En fait, non. En tout cas, je ne sais pas. Est-ce que je suis vernie ? Peut-être. Je n'en sais rien. Mais tous mes coachés, ce qui m'a émue profondément... c'est que je ressentais ce même élan de vie que celui que moi je ressens. Et j'ai eu dans mes coachés des personnes dont le cancer n'allait pas guérir. Et il y avait toujours cet élan de vie qui était là. Alors bien sûr, il y avait des moments de stress, d'angoisse, de tristesse qui étaient là. Mais il y a toujours quelque chose pour moi de profondément positif dans tout ça. Et ce que moi j'essaye de faire avec eux, c'est vraiment... Et c'est un discours auquel je crois profondément. c'est que le cancer a développé une flopée de compétences qu'on n'a pas au départ. Moi, je sais que je me suis découverte courageuse, résiliente, flexible. Il y a plein de choses qui sont nées pendant la maladie qui n'y étaient pas auparavant. Mais c'est la confrontation qui a fait ça. Donc, moi, c'est plus vers ça que je vais maintenant. Où c'est difficile parfois, oui, c'est quand je vois des personnes qui ont des difficultés à se faire entendre par rapport à leurs organisations, par rapport à leurs collègues. Et en fait, je sens que c'est pas du tout de la mauvaise volonté, mais plutôt de la méconnaissance des choses. Et ça, je trouve un peu dommage. Donc, c'est de là que maintenant, je travaille chez Cohesio aussi. Et chez Cohesio, on a en fait deux journées de sensibilisation pour les organisations, pour justement leur donner des outils pour pouvoir... mieux répondre à cette approche et à ce qui se passe sur le terrain. Donc, j'essaye de vraiment partir dans tous les sens pour essayer de toucher un maximum de monde.

  • Speaker #1

    C'est sur quoi qu'il faut insister ?

  • Speaker #0

    Les idées fausses, c'est un peu l'idée qu'on est des petites choses fragiles. Alors oui, on a effectivement encore des effets secondaires parfois quand on retourne travailler. Oui, effectivement, il y a l'une ou l'autre chose. On a peut-être encore des opérations, on a encore des traitements. Mais en soi, on s'en est sorti et on ne s'est pas sorti de rien. on s'est sorti du cancer. Donc, je pense qu'il faut voir ça. Puis de nouveau, il y a aussi cette sensibilisation par rapport aux compétences qui sont développées pendant la maladie. Donc, je pense qu'on est dans un monde dans lequel, et on l'a vu avec le Covid, où la capacité de s'adapter, d'être flexible, de faire face à l'incertitude, parce que ça, on le fait pendant toute la maladie, nous, en fait, c'est devenu, c'est notre core business. Après le cancer, c'est un peu ça. Et puis surtout... que l'entreprise voit à quel point c'est positif pour tout le monde. Parce qu'un collaborateur qui revient et avec qui ça se passe bien, c'est potentiellement du know-how qui revient dans l'entreprise, c'est s'éviter de devoir chercher quelqu'un avec ce que ça coûte, devoir le former avec ce que ça coûte. Ça envoie un message à l'équipe que l'organisation est aussi une organisation dans laquelle on peut être malade, qu'on n'est pas forcément ni pointé du doigt, ni mis au banc parce qu'on est comme ça. Dans les organisations, il y a ce malaise aussi. C'est une maladie qui fait peur. C'est parfois délicat d'en parler. On ne sait pas très bien comment y faire. Donc, moi, j'ai réfléchi plus loin quand j'ai pensé à ça. J'ai créé un workshop pour les équipes dans lequel, avant que le collaborateur ne revienne, l'équipe ventile un peu ce qui percole chez elle. Où elle dit, pour moi, ce n'est pas confortable, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment m'y prendre et je demande que le manager soit là. Et c'est en fait tous ensemble qui préparent leur retour. Et donc là, ça donne plus de chance que le processus se passe bien.

  • Speaker #1

    Quand tu regardes dans le rétro, tu disais finalement, ça t'a apporté du positif.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment, pour moi, ça a été une découverte à plein de choses, parce que même d'un point de vue personnel, j'étais quelqu'un qui était très maman. mais vraiment très très maman. Et puis, cancer du col de l'utérus, on fait une hystérectomie, pour quelqu'un qui est très maman, ça aurait pu être très compliqué. Et en fait, après, je me suis rendu compte que le fait qu'on m'ait enlevé mon utérus a permis à la femme qui avait en moi, mais qui était un peu écrasée par la maman, de pouvoir éclore. Donc je dirais que c'est tant au niveau d'un point de vue personnel que même au niveau du travail que je fais aujourd'hui. Je pense qu'aujourd'hui, dans ce que je fais, je suis... bien plus utile et je fais cette part que j'ai toujours rêvée, qui est cette petite part du colibri, de venir essayer d'apporter des choses pour faire bouger les lignes, pour faire bouger le monde. Donc pour moi, oui, c'est positif. Et je pense que ça fait de moi aussi, ça a fait de moi une personne plus forte, plus résiliente et surtout en capacité de pouvoir s'émerveiller et de pouvoir goûter à la vie, même quand elle est compliquée. Et ça, je trouve que c'est important.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus sur la problématique du retour au travail après un cancer, découvrez notre article sur enmarche.be. Sur le site de la Fondation contre le cancer, vous trouverez également des conseils pratiques, un réseau DoncoCoach certifié, ainsi que la plateforme Reconnect, destinée aux employeurs. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle inspiration.

Description

À 39 ans, Andréa est atteinte d'un cancer du col de l'utérus. Après de lourds traitements, à peine en rémission, elle se précipite au travail sans aucune préparation, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal…

Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate.

Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversé, mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotorique médical, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Ah, elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Ben non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a en fait des écarts qui se font et qui font qu'il y a un peu cette solitude. Parce que les gens disent, oui, mais t'es guérie. Ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    À 39 ans, Andrea doit faire face à un cancer du col de l'utérus et subit de lourds traitements. À peine en rémission, elle se précipite au travail, impatiente de reprendre le cours de sa vie. Mais le retour se passe mal. Forte de son expérience, elle se réoriente vers le coaching et accompagne aujourd'hui travailleurs et employeurs dans cette transition délicate. Dans cet épisode, elle nous confie les difficultés qu'elle a traversées mais aussi comment le combat contre la maladie est source de nouvelles compétences, à valoriser dans le monde du travail. Bonne écoute !

  • Speaker #0

    J'avais eu des hémorragies pendant tout le week-end et comme ça correspondait plus ou moins à la période à laquelle je devais être indisposée, je me suis dit, c'est pas grave, elles sont un petit peu plus abondantes que d'habitude. Et puis le lundi, je suis arrivée au travail, visiblement c'était indiqué sur mon visage, parce que je me rappelle très bien de ma responsable qui m'a regardée et qui m'a dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas blanche, tu es grise. Et je lui ai dit, non, non, ça va, tout va très bien. Et en fait, je travaillais dans... J'étais bibliothécaire à l'époque. et je suis allée à la bibliothèque pour faire une recherche et là, j'ai eu l'impression qu'on me transperçait avec une lance et les hémorragies ont recommencé de plus belles et donc de là, je suis partie aux urgences. Donc j'étais hospitalisée en urgence, on me transfuse et puis je vois ma gynécologue le lendemain matin qui me dit Ah, je dois absolument faire une intervention aujourd'hui pour aller voir ce qui se passe mais elle ne me donne pas vraiment beaucoup plus d'informations et puis le lendemain matin, quand je la revois en post-op et que je lui demande ce qui se passe, elle me dit Écoute, je ne préfère pas me prononcer, etc. Et là, moi, j'ai compris tout de suite. Et donc, je suis venue chercher le diagnostic avec ma maman. Et la gynécologue m'a dit après, c'était incroyable, parce que j'avais deux femmes en face de moi. Elle dit J'ai vu ta maman vraiment s'effondrer sur son siège. Elle dit Toi, tu t'es redressée. Et la première chose que tu m'as dit, c'est Qu'est-ce qu'on fait ? Et je me rappelle très bien de ça, parce qu'elle m'a dit Je viens de t'annoncer que tu as un cancer. Et moi, j'avais besoin d'être dans l'activité tout de suite, dans le faire. pour me dire, ok, je vais mobiliser toute mon énergie. Il faut savoir qu'à l'époque, j'avais deux jeunes enfants. Et donc, je ne me voyais pas disparaître et les laisser tout seul. Et pendant toute la maladie, je suis tout le temps restée positive. Je n'ai pas... Il y a eu des moments d'angoisse et de peur, oui, parce que quand on a des examens et qu'on ne connaît pas les résultats, là, c'est vrai qu'on a peur. Je ne suis pas Wonder Woman non plus. Mais sinon, j'ai essayé de vraiment rester positive tout le temps. tous les matins je conduisais mes enfants à l'école tous les soirs j'allais les chercher je faisais les devoirs avec eux quand j'étais en chimio ça a été un petit peu plus compliqué parce que la chimio était tombée sur mon estomac et mes intestins donc c'est un petit peu compliqué à gérer mais ce qui a eu surtout et qui a été dur pour moi ça a été la concentration des traitements donc en fait j'ai appris que j'avais le cancer le 14 février et Et mes derniers traitements se sont terminés le 30 juin. Et dans cet éreval de temps-là, j'ai eu chimiothérapie, curithérapie, radiothérapie et une hystérectomie. Donc, c'était très, très costaud. Et voilà. Et puis après ça, ça a été toute la reconstruction. Quand on m'a annoncé la rémission, c'était un moment qui était... Très, très intense pour moi. C'était au mois de septembre. Et quand on me l'a dit, moi, j'ai eu un espèce d'élan de vie, comme ça, de me dire, c'est vrai que j'ai encore pendant cinq ans, puisque c'est rémission provisoire et pas rémission définitive, mais peu m'importe, là, à partir de maintenant, chaque jour, chaque minute. Je vais en profiter un maximum et je voulais vraiment montrer que j'étais là, que j'étais de retour, que certes, j'avais eu ce parcours, mais que mon énergie, mon envie de faire les choses, elle était toujours bien présente. Ça, ça a été une énergie qui m'a apporté, qui m'a d'ailleurs après mené au burn-out. Et c'est ce que je constate beaucoup aussi dans le retour au travail après un cancer, c'est qu'il y a ce danger-là qui menace, ce qu'on veut absolument montrer. qu'on est là, qu'on est de retour, etc. Et il y a une corrélation avec certains burn-out qui peuvent arriver quand on ne met pas l'énergie où il faut.

  • Speaker #1

    Et comment ça s'est passé par rapport à ton emploi ?

  • Speaker #0

    Moi, ça a été compliqué parce que je ne voulais pas lâcher prise. J'étais très embêtée parce qu'en fait, pour cette bibliothèque, j'étais toute seule. Je n'avais pas de backup, en fait. Et donc, je voulais absolument revenir, continuer à travailler pour tout préparer. Et là, ma responsable de nouveau m'a dit, écoute, je veux bien que tu viennes encore une journée, histoire de m'expliquer comment tout fonctionne, parce qu'effectivement, il n'y a personne d'autre pour reprendre la relève. On va se débrouiller entre nous, on va se répartir tes tâches. Mais après ça, je ne veux plus t'entendre et tu vas mettre toute ton énergie à te soigner. Donc, en fait, ils ont été très, très, très gentils dans le sens où j'ai reçu un énorme bouquet de fleurs. Ils ont envoyé un chouette message, etc. Mais où ça a été beaucoup plus problématique, c'est qu'il y a eu de part et d'autre des choses qui n'étaient pas claires. Alors, dans mon chef à moi, il y a eu le fait que je n'ai pas voulu écouter le médecin, que je suis retournée travailler à temps plein en sous-estimant complètement les effets secondaires des traitements. Et donc, la première année, j'ai été fort malade. J'ai eu notamment ce qu'on appelle des coliques radiques, puisqu'une partie de mes intestins a été brûlée par la radiothérapie. Et donc, c'est toutes des choses dont on ne te parle pas a priori. Donc, tu ne peux pas savoir que ça va arriver. Mais quand ça arrive, c'est compliqué. Donc, j'ai été pas mal malade. Donc, ça, c'est une première chose. La deuxième, c'est que j'avais des problèmes de concentration et de fatigue, qui maintenant sont objectivés. Mais à l'époque, on n'en parlait pas comme on en parle maintenant. Donc, c'était compliqué aussi. Et puis l'autre chose qu'il y a eu, c'est que j'avais quelqu'un qui m'avait remplacée pendant mon absence. Et deux semaines ou trois semaines après que je sois rentrée, ma responsable est partie pour d'autres fonctions, hors de l'organisation dans laquelle je travaillais. Et on s'est retrouvés, elle et moi, avec la difficulté que la définition de notre job n'était pas claire. Et donc on n'arrêtait pas de se marcher sur les pieds l'une de l'autre. Et ça s'est très vite monté. en sauce, dans le sens où moi, je revenais au travail et je voulais montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable de faire des choses. Et elle avait repris mon travail pendant que je n'étais pas là et voulait montrer aussi qu'elle était pro et qu'il y avait une possibilité pour elle de rester. Et donc, on est rentré dans quelque chose dans lequel on défendait chacune un peu notre point de vue. Et ça, ça n'a pas vraiment été géré comme ça devait. Et ça s'est terminé, en fait, par une clôture du contrat. Donc, ça, ça a été compliqué pour moi à gérer parce que J'ai eu un sentiment d'un peu une double peine. Moi, ce qui m'a manqué, c'est le conseil. Quand je suis revenue au travail, que j'étais en panique avec cette collègue, c'est quelqu'un à qui parler pour expliquer pourquoi j'avais peur, que j'avais peur qu'en fait on me trouve inutile, que je perde mon travail, etc. Tout ça, je pense que pour moi, ça aurait été intéressant de le ventiler avec quelqu'un. Et même ma préparation, moi je suis partie bille en tête, 5 jours semaine, youpi, on y va. J'aurais été avec un coach, il m'aurait dit, oui mais ta fatigue, elle est comment ? Oui mais est-ce que tu as encore besoin de faire des siestes ? Et tout ça, c'était le cas. J'avais encore besoin de me reposer, j'avais certains effets secondaires qui sortaient déjà. Donc... Tout ça, ça m'aurait aidé à le conscientiser de manière à mieux préparer mon retour et pas me retrouver avec tout d'un coup tout en même temps qui devient confrontant. C'est le retour au travail, c'est la fatigue, c'est les problèmes cognitifs, c'est tout ça. Et là, ça devient lourd. Vous êtes sous cloche pendant tout le temps du traitement et vous avez les médecins, vous avez les oncologues, les infirmiers. Bref, il y a les opérations, les traitements. Tout ça, et puis du jour au lendemain où vous êtes en rémission, il n'y a plus personne. Moi, j'appelle ça la solitude du guéri, où en fait, on est tout seul. Mais il y a une solitude aussi parce que ce qui se passe, c'est que dans la tête de nos proches, et moi, je les comprends, ils sont mis sous pression pendant tout le temps qu'on est malade, de manière très, très, très intensive. Et puis, ce qui se passe, c'est que tout d'un coup, on leur dit, ah, la personne, elle est en rémission. Pour eux, c'est rémission et guérison. Il y a beaucoup de gens qui y assimilent de nouveau. Et donc, ils se disent, c'est OK. Mais justement, après, il y a encore toute une série de choses, d'inconfort, la confiance en soi, l'estime de soi. Le fait qu'on m'enlève mon utérus et mes ovaires, j'ai été ménopausée. Alors, ménopausée, quand on a 40 ans, physiquement parlant, c'est un retour de manivelle assez sec, on va dire. Je n'ai pas perdu mes cheveux, mais ils sont devenus tout gris. Et donc, c'est apprendre à vivre avec un corps qui est... quelque part beaucoup plus âgés, beaucoup plus marqués. Tout ça, ce sont des éléments qui sont encore très présents dans l'après. Ce rapport au corps, il est vraiment important. Et c'est lié à confiance en soi, estime de soi. Et au bureau, on revient, et pour les collègues, on est guéris. Mais on n'est pas guéris, on est en rémission. Donc on a quand même cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et puis non-obstance faite là, on a parfois des traitements adjuvants qui peuvent être embêtants. que ce soit l'immuno ou l'hormonothérapie, ça a quand même des effets secondaires importants. Et puis, il y a toute cette fatigue, cette reprise du travail. On ne passe pas d'un rythme où pendant un an, un an et demi, parfois même deux ans, on a été sous monotéringue médicale, à un rythme de travail trépidant où on reprend tout. Il y a ces attentes des collègues aussi. Elle est partie, elle faisait tout ça, quand elle revient, elle refera tout ça. Non, parce qu'elle revient deux jours, trois jours, semaines. Et c'est comme ça qu'il y a des écarts qui se font et qui font que ce retour est... Il y a un peu cette solitude, oui, effectivement. Parce que les gens disent oui, mais t'es guéri ben oui, mais bon, ça reste compliqué.

  • Speaker #1

    Suite à ce retour qui se passe mal, Andrea se voit contrainte de partir en quête d'un nouvel emploi.

  • Speaker #0

    Parce que j'avais des contrôles et j'avais des choses comme ça, il fallait quelque part que j'informe mon nouvel employeur que j'avais été malade. Et donc là, moi, je n'ai pas eu de souci avec ça. Je me suis dit, je considérais ça tellement comme quelque chose qui m'avait fait grandir, qui m'avait fait grandir en compétences, qui m'avait, je dis toujours, le cancer m'a plus apporté qu'il... qu'il ne m'a pris, en fait. Et je suis partie avec cette idée-là. Et donc, j'ai dit aux employeurs que je rencontrais qu'effectivement, j'étais en rémission, que j'avais encore des contrôles, etc.

  • Speaker #1

    C'était bien perçu de la part des employeurs ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a certains à qui je l'ai dit et d'autres pas. Parce qu'en fait, dans l'entretien et dans la façon dont l'organisation se présentait, je ne me sentais pas en confiance. Et je me disais, si je parle de ça, ça va donner une connotation qui va tout de suite être négative. Les employeurs à qui je l'ai dit, c'est vraiment des employeurs où je sentais qu'au niveau valeur, au niveau de la considération qu'ils avaient de leurs collaborateurs, je me sentais en confiance suffisante pour pouvoir le partager. J'ai commencé à sentir aussi, moi, que j'avais envie de retourner vers l'humain. Et donc, je suis repartie pour travailler sur un projet qui était de recrutement et de sélection. Ça, ça m'a énormément parlé. Et c'est dans cette entreprise-là qu'en fait... J'ai ressenti ce besoin de montrer que j'étais de nouveau là et que j'étais capable. Et donc, j'ai pris les choses à bras le corps. Et c'est là que je me suis retrouvée quelques années après. Parce qu'un burn-out ne se construit pas sur un temps court, ça se construit sur un temps plus long. Et donc, c'est là qu'au bout de quelques années, effectivement, à un moment donné, il y a eu un krach. Mais aussi parce qu'après le cancer, alors que je m'étais jurée de toujours m'écouter, c'est tout. Et cette envie de montrer que j'étais de nouveau là, parce que pour moi, le travail a toujours eu une place très prépondérante dans ma vie, a fait que ça s'est un petit peu retourné contre moi.

  • Speaker #1

    Comment tu as fait pour te relever après ça ? Parce que cancer, burnout, quelles ont été les clés de la résilience chez toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai un côté profondément positif au départ. Donc, il y a un bon terreau, on va dire. La deuxième chose, je pense que moi, ce qui a changé beaucoup de choses, c'est ma formation de coach. Donc cette formation de coach, je l'ai entamée avant de tomber en burnout. Et la première année, on a la découverte de différents outils qu'on expérimente sur soi-même. Et là, j'ai fait quelques découvertes intéressantes sur moi. qui m'ont permis de grandir aussi à différents niveaux. Et je pense que ça, ça a vraiment été le tournant des choses. Parce que je pense que jusque-là, je n'avais pas vraiment de mission. Et en fait, quand le cancer s'est terminé, je me suis dit, mais ce n'est pas possible, cette expérience, elle est... tellement bouleversante, mais je le voyais positivement. Je me dis j'ai envie de partager ça avec des gens, j'ai envie de les aider, j'ai pas envie qu'ils se retrouvent tout seuls comme moi, mais je trouvais pas vraiment de moyens. Alors j'avais un blog à l'époque, mais c'était pas comme maintenant les blogs, donc voilà. Et il y avait cette frustration de dire, mais comment je pourrais faire quelque chose ? D'autant plus que je rencontrais d'autres personnes autour de moi qui vivaient aussi le cancer comme moi, et qui disaient toutes la même chose. Il y a cette solitude après où il n'y a rien. Et puis j'arrive à l'école de coaching en formation et je me rappellerai toujours, on était 20 élèves et le coach qui allait nous donner notre première journée dit ben voilà moi j'aimerais savoir pourquoi vous voulez devenir coach. Et donc tout le monde commence à dire pourquoi et je vois que ça va être à mon tour de parler et je suis là je sais pas quoi dire, je sais pas quoi dire. Et puis tout d'un coup c'est l'éclair et je dis moi je veux être coach pour les gens qui ont eu le cancer et qui veulent retourner au travail. J'ai vu tout le monde se retourner en disant avec quoi elle vient mais là la mission elle était... claire et nette. Et c'est vraiment dans cette école de coaching ce jour-là que je pense que ce que je fais aujourd'hui est vraiment né.

  • Speaker #1

    Face à des constats communs, Andrea et d'autres coachs se tournent vers la Fondation contre le cancer pour les sensibiliser au manque d'accompagnement au retour au travail. Un projet de formation est alors mis sur pied pour créer un réseau donc au coach.

  • Speaker #0

    De là est née une formation. certifiante. Après ça, je suis devenue la coordinatrice de cette formation pour les francophones puisque j'avais suivi la première volée qui était néerlandophone. L'idée était de mettre à disposition effectivement des coachs qui puissent avoir cette approche très très spécifique. Et dans cette lancée-là, j'ai participé à un deuxième projet de la fondation qui est Reconnect, qui est une plateforme qui est mise à disposition pour les employeurs gratuitement avec tous des petits trucs et astuces. pour justement gérer ce retour au travail après le cancer. Là maintenant, je fais partie d'Ombul aussi, qui est aussi une plateforme dans laquelle il y a en fait toute une série de praticiens qui s'occupent de tout ce qui est soins après le cancer. Si on regarde mon CV, ça tourne beaucoup autour de ça en fait.

  • Speaker #1

    Justement, ce n'est pas trop dur d'être tout le temps dans cette ambiance de cancer, finalement ?

  • Speaker #0

    Non. C'est une question qu'on me pose souvent. On me dit que c'est un métier dur quand même. En fait, non. En tout cas, je ne sais pas. Est-ce que je suis vernie ? Peut-être. Je n'en sais rien. Mais tous mes coachés, ce qui m'a émue profondément... c'est que je ressentais ce même élan de vie que celui que moi je ressens. Et j'ai eu dans mes coachés des personnes dont le cancer n'allait pas guérir. Et il y avait toujours cet élan de vie qui était là. Alors bien sûr, il y avait des moments de stress, d'angoisse, de tristesse qui étaient là. Mais il y a toujours quelque chose pour moi de profondément positif dans tout ça. Et ce que moi j'essaye de faire avec eux, c'est vraiment... Et c'est un discours auquel je crois profondément. c'est que le cancer a développé une flopée de compétences qu'on n'a pas au départ. Moi, je sais que je me suis découverte courageuse, résiliente, flexible. Il y a plein de choses qui sont nées pendant la maladie qui n'y étaient pas auparavant. Mais c'est la confrontation qui a fait ça. Donc, moi, c'est plus vers ça que je vais maintenant. Où c'est difficile parfois, oui, c'est quand je vois des personnes qui ont des difficultés à se faire entendre par rapport à leurs organisations, par rapport à leurs collègues. Et en fait, je sens que c'est pas du tout de la mauvaise volonté, mais plutôt de la méconnaissance des choses. Et ça, je trouve un peu dommage. Donc, c'est de là que maintenant, je travaille chez Cohesio aussi. Et chez Cohesio, on a en fait deux journées de sensibilisation pour les organisations, pour justement leur donner des outils pour pouvoir... mieux répondre à cette approche et à ce qui se passe sur le terrain. Donc, j'essaye de vraiment partir dans tous les sens pour essayer de toucher un maximum de monde.

  • Speaker #1

    C'est sur quoi qu'il faut insister ?

  • Speaker #0

    Les idées fausses, c'est un peu l'idée qu'on est des petites choses fragiles. Alors oui, on a effectivement encore des effets secondaires parfois quand on retourne travailler. Oui, effectivement, il y a l'une ou l'autre chose. On a peut-être encore des opérations, on a encore des traitements. Mais en soi, on s'en est sorti et on ne s'est pas sorti de rien. on s'est sorti du cancer. Donc, je pense qu'il faut voir ça. Puis de nouveau, il y a aussi cette sensibilisation par rapport aux compétences qui sont développées pendant la maladie. Donc, je pense qu'on est dans un monde dans lequel, et on l'a vu avec le Covid, où la capacité de s'adapter, d'être flexible, de faire face à l'incertitude, parce que ça, on le fait pendant toute la maladie, nous, en fait, c'est devenu, c'est notre core business. Après le cancer, c'est un peu ça. Et puis surtout... que l'entreprise voit à quel point c'est positif pour tout le monde. Parce qu'un collaborateur qui revient et avec qui ça se passe bien, c'est potentiellement du know-how qui revient dans l'entreprise, c'est s'éviter de devoir chercher quelqu'un avec ce que ça coûte, devoir le former avec ce que ça coûte. Ça envoie un message à l'équipe que l'organisation est aussi une organisation dans laquelle on peut être malade, qu'on n'est pas forcément ni pointé du doigt, ni mis au banc parce qu'on est comme ça. Dans les organisations, il y a ce malaise aussi. C'est une maladie qui fait peur. C'est parfois délicat d'en parler. On ne sait pas très bien comment y faire. Donc, moi, j'ai réfléchi plus loin quand j'ai pensé à ça. J'ai créé un workshop pour les équipes dans lequel, avant que le collaborateur ne revienne, l'équipe ventile un peu ce qui percole chez elle. Où elle dit, pour moi, ce n'est pas confortable, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment m'y prendre et je demande que le manager soit là. Et c'est en fait tous ensemble qui préparent leur retour. Et donc là, ça donne plus de chance que le processus se passe bien.

  • Speaker #1

    Quand tu regardes dans le rétro, tu disais finalement, ça t'a apporté du positif.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment, pour moi, ça a été une découverte à plein de choses, parce que même d'un point de vue personnel, j'étais quelqu'un qui était très maman. mais vraiment très très maman. Et puis, cancer du col de l'utérus, on fait une hystérectomie, pour quelqu'un qui est très maman, ça aurait pu être très compliqué. Et en fait, après, je me suis rendu compte que le fait qu'on m'ait enlevé mon utérus a permis à la femme qui avait en moi, mais qui était un peu écrasée par la maman, de pouvoir éclore. Donc je dirais que c'est tant au niveau d'un point de vue personnel que même au niveau du travail que je fais aujourd'hui. Je pense qu'aujourd'hui, dans ce que je fais, je suis... bien plus utile et je fais cette part que j'ai toujours rêvée, qui est cette petite part du colibri, de venir essayer d'apporter des choses pour faire bouger les lignes, pour faire bouger le monde. Donc pour moi, oui, c'est positif. Et je pense que ça fait de moi aussi, ça a fait de moi une personne plus forte, plus résiliente et surtout en capacité de pouvoir s'émerveiller et de pouvoir goûter à la vie, même quand elle est compliquée. Et ça, je trouve que c'est important.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus sur la problématique du retour au travail après un cancer, découvrez notre article sur enmarche.be. Sur le site de la Fondation contre le cancer, vous trouverez également des conseils pratiques, un réseau DoncoCoach certifié, ainsi que la plateforme Reconnect, destinée aux employeurs. On se retrouve le mois prochain pour une nouvelle inspiration.

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