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Ingrid : Survivante de l'inceste

Ingrid : Survivante de l'inceste

19min |31/05/2024|

305

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19min |31/05/2024|

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Description

À 26 ans, Ingrid est agressée sexuellement en rue. Ce traumatisme en éveille un autre, plus ancien : Ingrid a été victime d'inceste dans son enfance. Cette amnésie traumatique levée, elle entame un long parcours de reconstruction et trouve son salut en aidant d'autres victimes de violences sexuelles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Attention, cet épisode traite de l'inceste et pourrait éveiller des souvenirs douloureux. Des centres et numéros d'aide pour les victimes seront mentionnés à la fin de cet épisode.

  • Speaker #1

    Moi, quelque part, pendant des années, on m'a demandé de me taire. Si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la scie.

  • Speaker #0

    Un enfant sur dix est victime d'inceste. Ingrid, 42 ans, en est une survivante. Elle a environ 7 ans quand les faits se sont produits. Mais ça, elle l'apprend bien plus tard. Pendant des années, elle a souffert de ce qu'on appelle une amnésie traumatique. En gros, pour se protéger d'un traumatisme, le cerveau appuie sur la touche effacée ou plutôt oubliée C'est ce qu'a fait le cerveau d'Ingrid. Oubliez. Jusqu'à cette nuit de ses 26 ans, où elle se fait violer en rentrant d'une soirée. Elle le sent, ce n'était pas la première fois qu'on la connaissait sexuellement. Ses souvenirs reviennent progressivement. Inspiration. Quand les épreuves de la vie poussent à l'action. Un podcast d'En Marche, le magazine de la MC.

  • Speaker #1

    Alors c'est très violent, violent dans le sens où j'ai subi un viol, donc c'est déjà très très compliqué en soi. Très vite, c'est vrai que je perds un peu pied. Donc je confonds les jours, les nuits, parce que je commence à me dérégler tout doucement, parce que tout s'affole à l'intérieur de moi. Tous mes repères sont vraiment explosés, donc c'est vraiment difficile. difficile pour moi de continuer tout simplement cette vie normale, je dirais. Et je demande une hospitalisation. Parce que je sens que si je ne fais pas cette hospitalisation, je ne pourrai plus être de ce monde. Je sens déjà en moi qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, qui ne correspond pas au viol que je viens de subir, mais par d'autres choses, par des sensations, par des images, par des flashs comme je disais tout à l'heure. vois des images de jour, de nuit, avec différentes personnes. Et voilà, j'essaye de comprendre un petit peu ce que c'est. Je ne l'identifie pas tout de suite parce que c'est assez violent aussi ce que je peux voir. Et même au niveau des sensations que mon corps peut me donner avec ces images. Et finalement, lors de cette hospitalisation, j'en parle à une psychologue qui me suit. Et elle, finalement, me dira, oubliez votre passé et allez de l'avant. Et donc, cette professionnelle me dit que je dois faire comme si ça n'existait pas. Et donc, je me dis que si elle, professionnelle, me dit que ça n'existe pas, je vais faire comme si ça n'existait pas. J'en ai parlé à personne parce que je voyais la professionnelle vraiment comme la personne apte et adaptée à mes dires. Le fait qu'elle mette un couvercle là-dessus, j'ai fait la même chose de mon côté. Et c'est vraiment une fête familiale qui allait arriver, où finalement c'était compliqué pour moi de me rendre à cette fête et de voir des personnes et de me dire que tout allait bien. parce que tout n'allait pas bien en moi donc autant j'ai pu pendant des mois faire comme si ça n'existait pas mais voilà ça a duré je pense 2-3 ans avant que je n'en parle alors 2-3 ans où j'ai eu beaucoup de difficultés par des comportements à risque donc des conduites Des conduites automobiles par exemple très excessives, consommation d'alcool, de médicaments, des sorties. Vraiment un contexte difficile où je me mettais vraiment en difficulté, où j'étais vraiment à la recherche de cette adrénaline, quelque chose qui me faisait vivre, enfin je pensais, qui me faisait vivre, qui me faisait survivre surtout. Quand les flashs sont arrivés, et puis pendant ces mois, j'avais l'impression que c'était moi qui inventais aussi. Pourquoi avoir ces images ? C'était vraiment compliqué. J'ai vraiment eu besoin de cette reconnaissance, finalement, en tout cas d'une personne dans un premier temps, qui elle m'a confirmé que ce que je voyais de par ces flashs était réel, que finalement ce n'est pas moi qui suis folle avec ces images, que je ne fabule pas, mais que ça a réellement existé, et que cette personne me confirme réellement que ça s'est produit en tout cas, parce qu'elle a surpris à un moment donné. les actes de l'autre personne.

  • Speaker #0

    Nous sommes donc quelques jours avant cette fête familiale où tous les membres de sa famille seront là. Et maintenant qu'Ingrid sait, elle souhaite confronter la personne qui l'a agressée.

  • Speaker #1

    La personne a eu des enfants entre-temps. Et donc moi, mon besoin à ce moment-là, c'est de m'assurer que la personne n'a pas recommencé, en tout cas sur ses enfants. Et ça, c'est vrai que moi, c'était très important pour moi d'aller lui poser la question, de savoir. Mais voilà, aujourd'hui, je sais de lui dire aussi, parce que pendant toutes ces années, finalement, mon cerveau a bloqué cette information. Et donc là, c'était aussi d'aller dire, je connais la vérité, je sais ce qui s'est passé, je m'en souviens maintenant. La personne a reconnu les faits. Quand j'ai toutes ces informations, le viol à l'âge adulte, l'inceste, finalement, quand tout est à vif à l'intérieur de moi, et donc à ce moment-là, je vais partir un petit peu... Je vais vraiment partir en vrille à ce moment-là. c'est vraiment la période de ma vie où je vais vraiment être dans ces comportements dissociants de mise en danger et donc à différents moments je vais me rendre compte que finalement je vais parfois trop loin et donc je vais mettre en place un suivi et finalement je ne vais pas pouvoir l'honorer de manière... Je continue, je dirais, en tout cas, de mettre quelque chose de réellement en place. Pourquoi ? Parce que parfois, je vais sortir trop tard le soir, je ne vais pas savoir me lever. Finalement, je ne vais pas honorer mon rendez-vous. Je ne vais pas oser re-téléphoner à la psychologue pour reprendre un rendez-vous parce que je ne vais pas lui expliquer que je suis sortie la veille, que ce n'était pas possible. Et finalement je me dis que ça va mieux, je ne vais pas prendre de rendez-vous jusqu'à la prochaine étape où je vais vraiment me sentir mal. Et où je vais me dire que finalement on va peut-être prendre un rendez-vous. On sait aussi que les rendez-vous on ne les a pas non plus du jour au lendemain. Donc il y a une liste d'attente et ça prend des mois aussi tout ça. Et donc je vais vraiment avoir une errance pendant des semaines et des mois. Aussi avant de réellement mettre en place quelque chose de continu et d'adapter aussi. parce que tous les professionnels ne sont pas aussi spécialisés dans les traumatismes complexes. Donc voilà, c'est aussi de trouver la bonne personne qui peut m'aider réellement dans ce que je vis.

  • Speaker #0

    C'est auprès de l'ASBL Brise le silence, une association d'aide aux victimes de violences sexuelles à Mons, qu'Ingrid trouve le soutien dont elle a besoin.

  • Speaker #1

    Quand je me suis rendue pour la première fois dans les locaux de Brise le silence, on n'a pas remis en question non plus ce que j'avais vécu. Et directement, on m'a crue. Et ça, ça a été très important pour moi. Brise le silence arrive à un moment donné de ma vie où finalement je suis prête aussi à faire quelque chose, mais pour moi-même. Parce qu'à un moment donné, je pense aussi que c'est les autres qui vont pouvoir faire quelque chose pour moi. Or que la première personne à faire quelque chose, c'est moi-même. Pendant des années... J'ai dû me taire, quelque part. Et donc, à un moment donné de ma vie, j'ai eu ce besoin de parler et de faire quelque chose de mon histoire. Et donc, pour moi, quand j'ai intégré l'ASBL... brise de silence, c'est dans un désir de participer à des groupes de parole. Et vraiment d'être dans ce partage avec d'autres personnes pour comprendre aussi, finalement, de me dire que je ne suis pas seule. Il y a aussi d'autres personnes qui vivent les mêmes choses que moi parce que finalement, quand j'étais toute seule, avec tous ces flashs qui arrivaient, je me suis sentie isolée, complètement perdue. Et là, finalement, je me suis trouvée avec des personnes qui me comprenaient parce qu'elles-mêmes avaient vécu ces choses-là ou les vivaient encore. Et donc, pour moi, le fait de participer à ces groupes de parole, ça va vraiment avoir un effet salvateur sur mon processus de rétablissement. Donc, je vais avoir cette partie en collectif, donc avec des personnes, avec des pairs, finalement, des personnes comme moi. Et je vais avoir aussi, parce qu'à un moment donné de ma vie, j'ai réussi aussi à mettre en place un suivi thérapeutique suivi. Et donc, c'est vraiment un travail complémentaire aussi, le travail en individuel et le travail en collectif. Et donc, ça va vraiment me porter vers un mieux aussi.

  • Speaker #0

    Après un certain temps, Ingrid sent qu'elle a passé un cap grâce au soutien de l'association. Aujourd'hui, elle y travaille comme experte du vécu, aussi appelée père aidante.

  • Speaker #1

    Donc on a une partie de travail, un axe 1 où on travaille l'aide aux victimes, et puis un axe 2 où on travaille tout ce qui est prévention, sensibilisation, formation. Et donc je me suis insérée comme ça dans du... bénévolat, un peu à mon ainsi au départ. Et donc, je vais comme ça pendant... plein de fois finalement apporter mon témoignage. Donc j'ai pu aller dans des commissariats de police, dans des écoles, dans des eaux d'histoire pour des futurs professionnels, psychologues, éducateurs. Enfin voilà, on a tout un panel de personnes qu'on rencontre, qui sont sur le terrain, des professionnels ou futurs professionnels de tout ce qui est psychomédico-social, santé mentale. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui me... ça me porte en fait. Tout simplement, c'est quelque chose qui me fait vibrer aussi. Pourquoi ? Parce que de part ces petites choses que je fais au quotidien, finalement c'est aussi donner un sens et c'est semer des petites graines pour que les choses changent aussi. Quand je me suis rendue, par exemple, à la formation des avocats au barreau, donc là aussi on intervient en tant qu'ASBL pour cette formation, donc pour les avocats au barreau de Bruxelles, moi en tant qu'Ingrid, en tant que victime, jamais j'aurais pensé pouvoir aller à la rencontre d'avocats sur le terrain, finalement de parler de ce que moi j'ai vécu, ressenti réellement. Le fait de savoir que je peux aider moi-même d'autres personnes, moi j'aurais aimé aussi, à des moments de ma vie. Alors oui, j'ai eu à un moment donné Brise de silence qui est arrivé sur mon chemin, mais je sais combien j'ai manqué de cet espace de nombreuses années. Et donc c'est important aussi moi de rendre ce qui m'a été donné aussi à Brise de silence.

  • Speaker #0

    Le mouvement MeToo Incest, lancé en 2019 en France, a fait bouger les lignes. Et notamment chez nous, puisque depuis 2022, la Belgique a réformé son code pénal en matière de violences sexuelles et d'inceste. Par exemple, une définition claire et complète de l'inceste a été revue. Les victimes ne doivent plus respecter un délai de prescription pour porter plainte. Elles peuvent le faire, peu importe leur âge et peu importe quand les faits se sont déroulés. Les mineurs sont considérés automatiquement comme non consentants lors d'actes sexuels, etc. Des centres de prévention contre les violences sexuelles ont également été déployés partout en Belgique. Et de plus en plus de commissariats et magistrats sont formés sur les questions de violences sexuelles. Alors il reste encore de nombreux efforts à fournir pour protéger les enfants et défaire la société de ce tabou. Mais pour Ingrid et de nombreux experts et expertes, la protection des enfants passe aussi par la prévention dans tous les lieux qu'il côtoie.

  • Speaker #1

    Quand la personne finalement surprend les actes que je subis, finalement la personne ne va rien en faire. Et la personne ne va pas forcément me dire si c'est bien ou pas bien. Et donc je vais grandir aussi avec une représentation. Pour moi, ça se passait comme ça dans tous les foyers. Toutes les petites filles vivaient la même chose que moi. Et donc, avoir à un moment donné, à l'école ou en secondaire, des personnes qui finalement vous disent ça c'est bien, ça c'est pas bien il y aurait une lumière à un moment donné qui se sera allumée. Moi je renvoie souvent aussi qu'un enfant, c'est l'adulte qui lui apprend. C'est l'adulte qui lui apprend à tenir sa fourchette, à tenir un crayon, à faire les lacets. Et donc, si l'adulte fait un geste à un moment donné, c'est que le geste... on doit le faire. Et donc c'est pour ça aussi que les enfants ne parlent pas, parce que dans 90% des cas, les personnes victimes connaissent leur agresseur. Et donc, si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la C. Il y a quelques mois maintenant, même un peu plus d'un an, on a eu à un moment donné, on peut nous contacter aussi via Messenger, et donc on a eu un message à un moment donné qui est arrivé, un mail, dans un premier temps un mail, et en fait c'était une jeune fille de 12 ans. Et en fait, elle c'est grâce à un spectacle à l'école qu'elle a compris que ce qu'elle vivait à la maison n'était pas normal. Voilà, et donc plus vite on va sensibiliser les enfants, les adolescents à finalement ce qui est bien et pas bien, on a en tout cas tout à y gagner dans le processus et de la libération de la parole. Je suis fière, en tout cas aujourd'hui, de la personne que je suis devenue, d'avoir réussi à en faire quelque chose et de véhiculer ce message d'espoir au quotidien. Alors oui, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile le quotidien. quotidien. Alors, en tout cas, ce traumatisme ne me définit plus à l'heure d'aujourd'hui. Donc, à une période de ma vie, il me définissait. Donc, tout ce que je faisais est en lien avec... mon trauma. Aujourd'hui, je vis avec. Je vis avec cette dimension traumatique. Elle ne me définit plus, mais en tout cas, j'ai appris à m'adapter aussi à elle. Si il y a quelque chose de positif aussi, c'est ça qui est important. J'ai appris à me connaître, j'ai appris à connaître mes limites. Parce qu'à un moment donné, n'ayant plus de limites, je pouvais partir dans tous les sens. Aujourd'hui, j'ai mes limites, mes propres limites que je me suis construites, peu importe. et donc voilà c'est ça qui est aujourd'hui qui est très important et qui me tient aussi et qui me permet d'avancer jour après jour et de continuer parce que finalement dans ce que je dis aussi finalement moi j'ai pris perpétuité parce que ça c'est la vérité et donc toute ma vie je vais devoir combiner avec ça Alors c'est fort ce mot, la perpétuité, mais c'est la réalité, c'est la réalité de ma vie. Et donc voilà, moi aujourd'hui j'ai besoin d'en faire quelque chose, j'ai besoin d'être optimiste, parce que sinon je m'écroule, mais réellement. Donc voilà, en tout cas pour moi, j'ai décidé d'en faire quelque chose, et c'est un choix aussi d'être pérédante, et voilà tout le monde, et ça je peux le comprendre aussi, que tout le monde ne fait pas ce choix d'être pérédante. Il y a des personnes qui, ça va être plus facile pour elles de se dire, je continue mon chemin, mais voilà, je le mets un peu de côté.

  • Speaker #0

    Si vous souhaitez creuser la question de l'inceste, retrouvez l'article Inceste, le silence décrié sur enmarche.be. Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles, ne restez pas seul. Il existe plusieurs structures d'aide, comme les centres de prévention contre les violences sexuelles, qui se trouvent généralement dans des centres hospitaliers. Vous pouvez retrouver les différentes coordonnées sur cpvs.belgium.be. Vous pouvez également contacter SOS Viole au numéro gratuit. 0800 98 100 ou les contacter par chat sur sosviol.be. Le site maintenantj'enparle.be propose également un chat pour les mineurs. L'association SOS Inceste Belgique est joignable au 02 646 60 73 ou sur son site web sosinceste.be. La SBL brise le silence. ou une grille de travail, est également joignable au 0488 80 06 26 ou sur son site web brisele-silence.be. Et enfin, le site web service-aide-aux-victimes.be répertorie de nombreux centres d'aide aux victimes à Bruxelles et en Wallonie. Inspiration se termine pour cette deuxième saison. Mais on revient en septembre avec d'incroyables histoires tout aussi inspirantes. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne En Marche Podcast, passez un magnifique été et puis surtout, restez inspirés !

Description

À 26 ans, Ingrid est agressée sexuellement en rue. Ce traumatisme en éveille un autre, plus ancien : Ingrid a été victime d'inceste dans son enfance. Cette amnésie traumatique levée, elle entame un long parcours de reconstruction et trouve son salut en aidant d'autres victimes de violences sexuelles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Attention, cet épisode traite de l'inceste et pourrait éveiller des souvenirs douloureux. Des centres et numéros d'aide pour les victimes seront mentionnés à la fin de cet épisode.

  • Speaker #1

    Moi, quelque part, pendant des années, on m'a demandé de me taire. Si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la scie.

  • Speaker #0

    Un enfant sur dix est victime d'inceste. Ingrid, 42 ans, en est une survivante. Elle a environ 7 ans quand les faits se sont produits. Mais ça, elle l'apprend bien plus tard. Pendant des années, elle a souffert de ce qu'on appelle une amnésie traumatique. En gros, pour se protéger d'un traumatisme, le cerveau appuie sur la touche effacée ou plutôt oubliée C'est ce qu'a fait le cerveau d'Ingrid. Oubliez. Jusqu'à cette nuit de ses 26 ans, où elle se fait violer en rentrant d'une soirée. Elle le sent, ce n'était pas la première fois qu'on la connaissait sexuellement. Ses souvenirs reviennent progressivement. Inspiration. Quand les épreuves de la vie poussent à l'action. Un podcast d'En Marche, le magazine de la MC.

  • Speaker #1

    Alors c'est très violent, violent dans le sens où j'ai subi un viol, donc c'est déjà très très compliqué en soi. Très vite, c'est vrai que je perds un peu pied. Donc je confonds les jours, les nuits, parce que je commence à me dérégler tout doucement, parce que tout s'affole à l'intérieur de moi. Tous mes repères sont vraiment explosés, donc c'est vraiment difficile. difficile pour moi de continuer tout simplement cette vie normale, je dirais. Et je demande une hospitalisation. Parce que je sens que si je ne fais pas cette hospitalisation, je ne pourrai plus être de ce monde. Je sens déjà en moi qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, qui ne correspond pas au viol que je viens de subir, mais par d'autres choses, par des sensations, par des images, par des flashs comme je disais tout à l'heure. vois des images de jour, de nuit, avec différentes personnes. Et voilà, j'essaye de comprendre un petit peu ce que c'est. Je ne l'identifie pas tout de suite parce que c'est assez violent aussi ce que je peux voir. Et même au niveau des sensations que mon corps peut me donner avec ces images. Et finalement, lors de cette hospitalisation, j'en parle à une psychologue qui me suit. Et elle, finalement, me dira, oubliez votre passé et allez de l'avant. Et donc, cette professionnelle me dit que je dois faire comme si ça n'existait pas. Et donc, je me dis que si elle, professionnelle, me dit que ça n'existe pas, je vais faire comme si ça n'existait pas. J'en ai parlé à personne parce que je voyais la professionnelle vraiment comme la personne apte et adaptée à mes dires. Le fait qu'elle mette un couvercle là-dessus, j'ai fait la même chose de mon côté. Et c'est vraiment une fête familiale qui allait arriver, où finalement c'était compliqué pour moi de me rendre à cette fête et de voir des personnes et de me dire que tout allait bien. parce que tout n'allait pas bien en moi donc autant j'ai pu pendant des mois faire comme si ça n'existait pas mais voilà ça a duré je pense 2-3 ans avant que je n'en parle alors 2-3 ans où j'ai eu beaucoup de difficultés par des comportements à risque donc des conduites Des conduites automobiles par exemple très excessives, consommation d'alcool, de médicaments, des sorties. Vraiment un contexte difficile où je me mettais vraiment en difficulté, où j'étais vraiment à la recherche de cette adrénaline, quelque chose qui me faisait vivre, enfin je pensais, qui me faisait vivre, qui me faisait survivre surtout. Quand les flashs sont arrivés, et puis pendant ces mois, j'avais l'impression que c'était moi qui inventais aussi. Pourquoi avoir ces images ? C'était vraiment compliqué. J'ai vraiment eu besoin de cette reconnaissance, finalement, en tout cas d'une personne dans un premier temps, qui elle m'a confirmé que ce que je voyais de par ces flashs était réel, que finalement ce n'est pas moi qui suis folle avec ces images, que je ne fabule pas, mais que ça a réellement existé, et que cette personne me confirme réellement que ça s'est produit en tout cas, parce qu'elle a surpris à un moment donné. les actes de l'autre personne.

  • Speaker #0

    Nous sommes donc quelques jours avant cette fête familiale où tous les membres de sa famille seront là. Et maintenant qu'Ingrid sait, elle souhaite confronter la personne qui l'a agressée.

  • Speaker #1

    La personne a eu des enfants entre-temps. Et donc moi, mon besoin à ce moment-là, c'est de m'assurer que la personne n'a pas recommencé, en tout cas sur ses enfants. Et ça, c'est vrai que moi, c'était très important pour moi d'aller lui poser la question, de savoir. Mais voilà, aujourd'hui, je sais de lui dire aussi, parce que pendant toutes ces années, finalement, mon cerveau a bloqué cette information. Et donc là, c'était aussi d'aller dire, je connais la vérité, je sais ce qui s'est passé, je m'en souviens maintenant. La personne a reconnu les faits. Quand j'ai toutes ces informations, le viol à l'âge adulte, l'inceste, finalement, quand tout est à vif à l'intérieur de moi, et donc à ce moment-là, je vais partir un petit peu... Je vais vraiment partir en vrille à ce moment-là. c'est vraiment la période de ma vie où je vais vraiment être dans ces comportements dissociants de mise en danger et donc à différents moments je vais me rendre compte que finalement je vais parfois trop loin et donc je vais mettre en place un suivi et finalement je ne vais pas pouvoir l'honorer de manière... Je continue, je dirais, en tout cas, de mettre quelque chose de réellement en place. Pourquoi ? Parce que parfois, je vais sortir trop tard le soir, je ne vais pas savoir me lever. Finalement, je ne vais pas honorer mon rendez-vous. Je ne vais pas oser re-téléphoner à la psychologue pour reprendre un rendez-vous parce que je ne vais pas lui expliquer que je suis sortie la veille, que ce n'était pas possible. Et finalement je me dis que ça va mieux, je ne vais pas prendre de rendez-vous jusqu'à la prochaine étape où je vais vraiment me sentir mal. Et où je vais me dire que finalement on va peut-être prendre un rendez-vous. On sait aussi que les rendez-vous on ne les a pas non plus du jour au lendemain. Donc il y a une liste d'attente et ça prend des mois aussi tout ça. Et donc je vais vraiment avoir une errance pendant des semaines et des mois. Aussi avant de réellement mettre en place quelque chose de continu et d'adapter aussi. parce que tous les professionnels ne sont pas aussi spécialisés dans les traumatismes complexes. Donc voilà, c'est aussi de trouver la bonne personne qui peut m'aider réellement dans ce que je vis.

  • Speaker #0

    C'est auprès de l'ASBL Brise le silence, une association d'aide aux victimes de violences sexuelles à Mons, qu'Ingrid trouve le soutien dont elle a besoin.

  • Speaker #1

    Quand je me suis rendue pour la première fois dans les locaux de Brise le silence, on n'a pas remis en question non plus ce que j'avais vécu. Et directement, on m'a crue. Et ça, ça a été très important pour moi. Brise le silence arrive à un moment donné de ma vie où finalement je suis prête aussi à faire quelque chose, mais pour moi-même. Parce qu'à un moment donné, je pense aussi que c'est les autres qui vont pouvoir faire quelque chose pour moi. Or que la première personne à faire quelque chose, c'est moi-même. Pendant des années... J'ai dû me taire, quelque part. Et donc, à un moment donné de ma vie, j'ai eu ce besoin de parler et de faire quelque chose de mon histoire. Et donc, pour moi, quand j'ai intégré l'ASBL... brise de silence, c'est dans un désir de participer à des groupes de parole. Et vraiment d'être dans ce partage avec d'autres personnes pour comprendre aussi, finalement, de me dire que je ne suis pas seule. Il y a aussi d'autres personnes qui vivent les mêmes choses que moi parce que finalement, quand j'étais toute seule, avec tous ces flashs qui arrivaient, je me suis sentie isolée, complètement perdue. Et là, finalement, je me suis trouvée avec des personnes qui me comprenaient parce qu'elles-mêmes avaient vécu ces choses-là ou les vivaient encore. Et donc, pour moi, le fait de participer à ces groupes de parole, ça va vraiment avoir un effet salvateur sur mon processus de rétablissement. Donc, je vais avoir cette partie en collectif, donc avec des personnes, avec des pairs, finalement, des personnes comme moi. Et je vais avoir aussi, parce qu'à un moment donné de ma vie, j'ai réussi aussi à mettre en place un suivi thérapeutique suivi. Et donc, c'est vraiment un travail complémentaire aussi, le travail en individuel et le travail en collectif. Et donc, ça va vraiment me porter vers un mieux aussi.

  • Speaker #0

    Après un certain temps, Ingrid sent qu'elle a passé un cap grâce au soutien de l'association. Aujourd'hui, elle y travaille comme experte du vécu, aussi appelée père aidante.

  • Speaker #1

    Donc on a une partie de travail, un axe 1 où on travaille l'aide aux victimes, et puis un axe 2 où on travaille tout ce qui est prévention, sensibilisation, formation. Et donc je me suis insérée comme ça dans du... bénévolat, un peu à mon ainsi au départ. Et donc, je vais comme ça pendant... plein de fois finalement apporter mon témoignage. Donc j'ai pu aller dans des commissariats de police, dans des écoles, dans des eaux d'histoire pour des futurs professionnels, psychologues, éducateurs. Enfin voilà, on a tout un panel de personnes qu'on rencontre, qui sont sur le terrain, des professionnels ou futurs professionnels de tout ce qui est psychomédico-social, santé mentale. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui me... ça me porte en fait. Tout simplement, c'est quelque chose qui me fait vibrer aussi. Pourquoi ? Parce que de part ces petites choses que je fais au quotidien, finalement c'est aussi donner un sens et c'est semer des petites graines pour que les choses changent aussi. Quand je me suis rendue, par exemple, à la formation des avocats au barreau, donc là aussi on intervient en tant qu'ASBL pour cette formation, donc pour les avocats au barreau de Bruxelles, moi en tant qu'Ingrid, en tant que victime, jamais j'aurais pensé pouvoir aller à la rencontre d'avocats sur le terrain, finalement de parler de ce que moi j'ai vécu, ressenti réellement. Le fait de savoir que je peux aider moi-même d'autres personnes, moi j'aurais aimé aussi, à des moments de ma vie. Alors oui, j'ai eu à un moment donné Brise de silence qui est arrivé sur mon chemin, mais je sais combien j'ai manqué de cet espace de nombreuses années. Et donc c'est important aussi moi de rendre ce qui m'a été donné aussi à Brise de silence.

  • Speaker #0

    Le mouvement MeToo Incest, lancé en 2019 en France, a fait bouger les lignes. Et notamment chez nous, puisque depuis 2022, la Belgique a réformé son code pénal en matière de violences sexuelles et d'inceste. Par exemple, une définition claire et complète de l'inceste a été revue. Les victimes ne doivent plus respecter un délai de prescription pour porter plainte. Elles peuvent le faire, peu importe leur âge et peu importe quand les faits se sont déroulés. Les mineurs sont considérés automatiquement comme non consentants lors d'actes sexuels, etc. Des centres de prévention contre les violences sexuelles ont également été déployés partout en Belgique. Et de plus en plus de commissariats et magistrats sont formés sur les questions de violences sexuelles. Alors il reste encore de nombreux efforts à fournir pour protéger les enfants et défaire la société de ce tabou. Mais pour Ingrid et de nombreux experts et expertes, la protection des enfants passe aussi par la prévention dans tous les lieux qu'il côtoie.

  • Speaker #1

    Quand la personne finalement surprend les actes que je subis, finalement la personne ne va rien en faire. Et la personne ne va pas forcément me dire si c'est bien ou pas bien. Et donc je vais grandir aussi avec une représentation. Pour moi, ça se passait comme ça dans tous les foyers. Toutes les petites filles vivaient la même chose que moi. Et donc, avoir à un moment donné, à l'école ou en secondaire, des personnes qui finalement vous disent ça c'est bien, ça c'est pas bien il y aurait une lumière à un moment donné qui se sera allumée. Moi je renvoie souvent aussi qu'un enfant, c'est l'adulte qui lui apprend. C'est l'adulte qui lui apprend à tenir sa fourchette, à tenir un crayon, à faire les lacets. Et donc, si l'adulte fait un geste à un moment donné, c'est que le geste... on doit le faire. Et donc c'est pour ça aussi que les enfants ne parlent pas, parce que dans 90% des cas, les personnes victimes connaissent leur agresseur. Et donc, si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la C. Il y a quelques mois maintenant, même un peu plus d'un an, on a eu à un moment donné, on peut nous contacter aussi via Messenger, et donc on a eu un message à un moment donné qui est arrivé, un mail, dans un premier temps un mail, et en fait c'était une jeune fille de 12 ans. Et en fait, elle c'est grâce à un spectacle à l'école qu'elle a compris que ce qu'elle vivait à la maison n'était pas normal. Voilà, et donc plus vite on va sensibiliser les enfants, les adolescents à finalement ce qui est bien et pas bien, on a en tout cas tout à y gagner dans le processus et de la libération de la parole. Je suis fière, en tout cas aujourd'hui, de la personne que je suis devenue, d'avoir réussi à en faire quelque chose et de véhiculer ce message d'espoir au quotidien. Alors oui, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile le quotidien. quotidien. Alors, en tout cas, ce traumatisme ne me définit plus à l'heure d'aujourd'hui. Donc, à une période de ma vie, il me définissait. Donc, tout ce que je faisais est en lien avec... mon trauma. Aujourd'hui, je vis avec. Je vis avec cette dimension traumatique. Elle ne me définit plus, mais en tout cas, j'ai appris à m'adapter aussi à elle. Si il y a quelque chose de positif aussi, c'est ça qui est important. J'ai appris à me connaître, j'ai appris à connaître mes limites. Parce qu'à un moment donné, n'ayant plus de limites, je pouvais partir dans tous les sens. Aujourd'hui, j'ai mes limites, mes propres limites que je me suis construites, peu importe. et donc voilà c'est ça qui est aujourd'hui qui est très important et qui me tient aussi et qui me permet d'avancer jour après jour et de continuer parce que finalement dans ce que je dis aussi finalement moi j'ai pris perpétuité parce que ça c'est la vérité et donc toute ma vie je vais devoir combiner avec ça Alors c'est fort ce mot, la perpétuité, mais c'est la réalité, c'est la réalité de ma vie. Et donc voilà, moi aujourd'hui j'ai besoin d'en faire quelque chose, j'ai besoin d'être optimiste, parce que sinon je m'écroule, mais réellement. Donc voilà, en tout cas pour moi, j'ai décidé d'en faire quelque chose, et c'est un choix aussi d'être pérédante, et voilà tout le monde, et ça je peux le comprendre aussi, que tout le monde ne fait pas ce choix d'être pérédante. Il y a des personnes qui, ça va être plus facile pour elles de se dire, je continue mon chemin, mais voilà, je le mets un peu de côté.

  • Speaker #0

    Si vous souhaitez creuser la question de l'inceste, retrouvez l'article Inceste, le silence décrié sur enmarche.be. Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles, ne restez pas seul. Il existe plusieurs structures d'aide, comme les centres de prévention contre les violences sexuelles, qui se trouvent généralement dans des centres hospitaliers. Vous pouvez retrouver les différentes coordonnées sur cpvs.belgium.be. Vous pouvez également contacter SOS Viole au numéro gratuit. 0800 98 100 ou les contacter par chat sur sosviol.be. Le site maintenantj'enparle.be propose également un chat pour les mineurs. L'association SOS Inceste Belgique est joignable au 02 646 60 73 ou sur son site web sosinceste.be. La SBL brise le silence. ou une grille de travail, est également joignable au 0488 80 06 26 ou sur son site web brisele-silence.be. Et enfin, le site web service-aide-aux-victimes.be répertorie de nombreux centres d'aide aux victimes à Bruxelles et en Wallonie. Inspiration se termine pour cette deuxième saison. Mais on revient en septembre avec d'incroyables histoires tout aussi inspirantes. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne En Marche Podcast, passez un magnifique été et puis surtout, restez inspirés !

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Description

À 26 ans, Ingrid est agressée sexuellement en rue. Ce traumatisme en éveille un autre, plus ancien : Ingrid a été victime d'inceste dans son enfance. Cette amnésie traumatique levée, elle entame un long parcours de reconstruction et trouve son salut en aidant d'autres victimes de violences sexuelles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Attention, cet épisode traite de l'inceste et pourrait éveiller des souvenirs douloureux. Des centres et numéros d'aide pour les victimes seront mentionnés à la fin de cet épisode.

  • Speaker #1

    Moi, quelque part, pendant des années, on m'a demandé de me taire. Si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la scie.

  • Speaker #0

    Un enfant sur dix est victime d'inceste. Ingrid, 42 ans, en est une survivante. Elle a environ 7 ans quand les faits se sont produits. Mais ça, elle l'apprend bien plus tard. Pendant des années, elle a souffert de ce qu'on appelle une amnésie traumatique. En gros, pour se protéger d'un traumatisme, le cerveau appuie sur la touche effacée ou plutôt oubliée C'est ce qu'a fait le cerveau d'Ingrid. Oubliez. Jusqu'à cette nuit de ses 26 ans, où elle se fait violer en rentrant d'une soirée. Elle le sent, ce n'était pas la première fois qu'on la connaissait sexuellement. Ses souvenirs reviennent progressivement. Inspiration. Quand les épreuves de la vie poussent à l'action. Un podcast d'En Marche, le magazine de la MC.

  • Speaker #1

    Alors c'est très violent, violent dans le sens où j'ai subi un viol, donc c'est déjà très très compliqué en soi. Très vite, c'est vrai que je perds un peu pied. Donc je confonds les jours, les nuits, parce que je commence à me dérégler tout doucement, parce que tout s'affole à l'intérieur de moi. Tous mes repères sont vraiment explosés, donc c'est vraiment difficile. difficile pour moi de continuer tout simplement cette vie normale, je dirais. Et je demande une hospitalisation. Parce que je sens que si je ne fais pas cette hospitalisation, je ne pourrai plus être de ce monde. Je sens déjà en moi qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, qui ne correspond pas au viol que je viens de subir, mais par d'autres choses, par des sensations, par des images, par des flashs comme je disais tout à l'heure. vois des images de jour, de nuit, avec différentes personnes. Et voilà, j'essaye de comprendre un petit peu ce que c'est. Je ne l'identifie pas tout de suite parce que c'est assez violent aussi ce que je peux voir. Et même au niveau des sensations que mon corps peut me donner avec ces images. Et finalement, lors de cette hospitalisation, j'en parle à une psychologue qui me suit. Et elle, finalement, me dira, oubliez votre passé et allez de l'avant. Et donc, cette professionnelle me dit que je dois faire comme si ça n'existait pas. Et donc, je me dis que si elle, professionnelle, me dit que ça n'existe pas, je vais faire comme si ça n'existait pas. J'en ai parlé à personne parce que je voyais la professionnelle vraiment comme la personne apte et adaptée à mes dires. Le fait qu'elle mette un couvercle là-dessus, j'ai fait la même chose de mon côté. Et c'est vraiment une fête familiale qui allait arriver, où finalement c'était compliqué pour moi de me rendre à cette fête et de voir des personnes et de me dire que tout allait bien. parce que tout n'allait pas bien en moi donc autant j'ai pu pendant des mois faire comme si ça n'existait pas mais voilà ça a duré je pense 2-3 ans avant que je n'en parle alors 2-3 ans où j'ai eu beaucoup de difficultés par des comportements à risque donc des conduites Des conduites automobiles par exemple très excessives, consommation d'alcool, de médicaments, des sorties. Vraiment un contexte difficile où je me mettais vraiment en difficulté, où j'étais vraiment à la recherche de cette adrénaline, quelque chose qui me faisait vivre, enfin je pensais, qui me faisait vivre, qui me faisait survivre surtout. Quand les flashs sont arrivés, et puis pendant ces mois, j'avais l'impression que c'était moi qui inventais aussi. Pourquoi avoir ces images ? C'était vraiment compliqué. J'ai vraiment eu besoin de cette reconnaissance, finalement, en tout cas d'une personne dans un premier temps, qui elle m'a confirmé que ce que je voyais de par ces flashs était réel, que finalement ce n'est pas moi qui suis folle avec ces images, que je ne fabule pas, mais que ça a réellement existé, et que cette personne me confirme réellement que ça s'est produit en tout cas, parce qu'elle a surpris à un moment donné. les actes de l'autre personne.

  • Speaker #0

    Nous sommes donc quelques jours avant cette fête familiale où tous les membres de sa famille seront là. Et maintenant qu'Ingrid sait, elle souhaite confronter la personne qui l'a agressée.

  • Speaker #1

    La personne a eu des enfants entre-temps. Et donc moi, mon besoin à ce moment-là, c'est de m'assurer que la personne n'a pas recommencé, en tout cas sur ses enfants. Et ça, c'est vrai que moi, c'était très important pour moi d'aller lui poser la question, de savoir. Mais voilà, aujourd'hui, je sais de lui dire aussi, parce que pendant toutes ces années, finalement, mon cerveau a bloqué cette information. Et donc là, c'était aussi d'aller dire, je connais la vérité, je sais ce qui s'est passé, je m'en souviens maintenant. La personne a reconnu les faits. Quand j'ai toutes ces informations, le viol à l'âge adulte, l'inceste, finalement, quand tout est à vif à l'intérieur de moi, et donc à ce moment-là, je vais partir un petit peu... Je vais vraiment partir en vrille à ce moment-là. c'est vraiment la période de ma vie où je vais vraiment être dans ces comportements dissociants de mise en danger et donc à différents moments je vais me rendre compte que finalement je vais parfois trop loin et donc je vais mettre en place un suivi et finalement je ne vais pas pouvoir l'honorer de manière... Je continue, je dirais, en tout cas, de mettre quelque chose de réellement en place. Pourquoi ? Parce que parfois, je vais sortir trop tard le soir, je ne vais pas savoir me lever. Finalement, je ne vais pas honorer mon rendez-vous. Je ne vais pas oser re-téléphoner à la psychologue pour reprendre un rendez-vous parce que je ne vais pas lui expliquer que je suis sortie la veille, que ce n'était pas possible. Et finalement je me dis que ça va mieux, je ne vais pas prendre de rendez-vous jusqu'à la prochaine étape où je vais vraiment me sentir mal. Et où je vais me dire que finalement on va peut-être prendre un rendez-vous. On sait aussi que les rendez-vous on ne les a pas non plus du jour au lendemain. Donc il y a une liste d'attente et ça prend des mois aussi tout ça. Et donc je vais vraiment avoir une errance pendant des semaines et des mois. Aussi avant de réellement mettre en place quelque chose de continu et d'adapter aussi. parce que tous les professionnels ne sont pas aussi spécialisés dans les traumatismes complexes. Donc voilà, c'est aussi de trouver la bonne personne qui peut m'aider réellement dans ce que je vis.

  • Speaker #0

    C'est auprès de l'ASBL Brise le silence, une association d'aide aux victimes de violences sexuelles à Mons, qu'Ingrid trouve le soutien dont elle a besoin.

  • Speaker #1

    Quand je me suis rendue pour la première fois dans les locaux de Brise le silence, on n'a pas remis en question non plus ce que j'avais vécu. Et directement, on m'a crue. Et ça, ça a été très important pour moi. Brise le silence arrive à un moment donné de ma vie où finalement je suis prête aussi à faire quelque chose, mais pour moi-même. Parce qu'à un moment donné, je pense aussi que c'est les autres qui vont pouvoir faire quelque chose pour moi. Or que la première personne à faire quelque chose, c'est moi-même. Pendant des années... J'ai dû me taire, quelque part. Et donc, à un moment donné de ma vie, j'ai eu ce besoin de parler et de faire quelque chose de mon histoire. Et donc, pour moi, quand j'ai intégré l'ASBL... brise de silence, c'est dans un désir de participer à des groupes de parole. Et vraiment d'être dans ce partage avec d'autres personnes pour comprendre aussi, finalement, de me dire que je ne suis pas seule. Il y a aussi d'autres personnes qui vivent les mêmes choses que moi parce que finalement, quand j'étais toute seule, avec tous ces flashs qui arrivaient, je me suis sentie isolée, complètement perdue. Et là, finalement, je me suis trouvée avec des personnes qui me comprenaient parce qu'elles-mêmes avaient vécu ces choses-là ou les vivaient encore. Et donc, pour moi, le fait de participer à ces groupes de parole, ça va vraiment avoir un effet salvateur sur mon processus de rétablissement. Donc, je vais avoir cette partie en collectif, donc avec des personnes, avec des pairs, finalement, des personnes comme moi. Et je vais avoir aussi, parce qu'à un moment donné de ma vie, j'ai réussi aussi à mettre en place un suivi thérapeutique suivi. Et donc, c'est vraiment un travail complémentaire aussi, le travail en individuel et le travail en collectif. Et donc, ça va vraiment me porter vers un mieux aussi.

  • Speaker #0

    Après un certain temps, Ingrid sent qu'elle a passé un cap grâce au soutien de l'association. Aujourd'hui, elle y travaille comme experte du vécu, aussi appelée père aidante.

  • Speaker #1

    Donc on a une partie de travail, un axe 1 où on travaille l'aide aux victimes, et puis un axe 2 où on travaille tout ce qui est prévention, sensibilisation, formation. Et donc je me suis insérée comme ça dans du... bénévolat, un peu à mon ainsi au départ. Et donc, je vais comme ça pendant... plein de fois finalement apporter mon témoignage. Donc j'ai pu aller dans des commissariats de police, dans des écoles, dans des eaux d'histoire pour des futurs professionnels, psychologues, éducateurs. Enfin voilà, on a tout un panel de personnes qu'on rencontre, qui sont sur le terrain, des professionnels ou futurs professionnels de tout ce qui est psychomédico-social, santé mentale. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui me... ça me porte en fait. Tout simplement, c'est quelque chose qui me fait vibrer aussi. Pourquoi ? Parce que de part ces petites choses que je fais au quotidien, finalement c'est aussi donner un sens et c'est semer des petites graines pour que les choses changent aussi. Quand je me suis rendue, par exemple, à la formation des avocats au barreau, donc là aussi on intervient en tant qu'ASBL pour cette formation, donc pour les avocats au barreau de Bruxelles, moi en tant qu'Ingrid, en tant que victime, jamais j'aurais pensé pouvoir aller à la rencontre d'avocats sur le terrain, finalement de parler de ce que moi j'ai vécu, ressenti réellement. Le fait de savoir que je peux aider moi-même d'autres personnes, moi j'aurais aimé aussi, à des moments de ma vie. Alors oui, j'ai eu à un moment donné Brise de silence qui est arrivé sur mon chemin, mais je sais combien j'ai manqué de cet espace de nombreuses années. Et donc c'est important aussi moi de rendre ce qui m'a été donné aussi à Brise de silence.

  • Speaker #0

    Le mouvement MeToo Incest, lancé en 2019 en France, a fait bouger les lignes. Et notamment chez nous, puisque depuis 2022, la Belgique a réformé son code pénal en matière de violences sexuelles et d'inceste. Par exemple, une définition claire et complète de l'inceste a été revue. Les victimes ne doivent plus respecter un délai de prescription pour porter plainte. Elles peuvent le faire, peu importe leur âge et peu importe quand les faits se sont déroulés. Les mineurs sont considérés automatiquement comme non consentants lors d'actes sexuels, etc. Des centres de prévention contre les violences sexuelles ont également été déployés partout en Belgique. Et de plus en plus de commissariats et magistrats sont formés sur les questions de violences sexuelles. Alors il reste encore de nombreux efforts à fournir pour protéger les enfants et défaire la société de ce tabou. Mais pour Ingrid et de nombreux experts et expertes, la protection des enfants passe aussi par la prévention dans tous les lieux qu'il côtoie.

  • Speaker #1

    Quand la personne finalement surprend les actes que je subis, finalement la personne ne va rien en faire. Et la personne ne va pas forcément me dire si c'est bien ou pas bien. Et donc je vais grandir aussi avec une représentation. Pour moi, ça se passait comme ça dans tous les foyers. Toutes les petites filles vivaient la même chose que moi. Et donc, avoir à un moment donné, à l'école ou en secondaire, des personnes qui finalement vous disent ça c'est bien, ça c'est pas bien il y aurait une lumière à un moment donné qui se sera allumée. Moi je renvoie souvent aussi qu'un enfant, c'est l'adulte qui lui apprend. C'est l'adulte qui lui apprend à tenir sa fourchette, à tenir un crayon, à faire les lacets. Et donc, si l'adulte fait un geste à un moment donné, c'est que le geste... on doit le faire. Et donc c'est pour ça aussi que les enfants ne parlent pas, parce que dans 90% des cas, les personnes victimes connaissent leur agresseur. Et donc, si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la C. Il y a quelques mois maintenant, même un peu plus d'un an, on a eu à un moment donné, on peut nous contacter aussi via Messenger, et donc on a eu un message à un moment donné qui est arrivé, un mail, dans un premier temps un mail, et en fait c'était une jeune fille de 12 ans. Et en fait, elle c'est grâce à un spectacle à l'école qu'elle a compris que ce qu'elle vivait à la maison n'était pas normal. Voilà, et donc plus vite on va sensibiliser les enfants, les adolescents à finalement ce qui est bien et pas bien, on a en tout cas tout à y gagner dans le processus et de la libération de la parole. Je suis fière, en tout cas aujourd'hui, de la personne que je suis devenue, d'avoir réussi à en faire quelque chose et de véhiculer ce message d'espoir au quotidien. Alors oui, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile le quotidien. quotidien. Alors, en tout cas, ce traumatisme ne me définit plus à l'heure d'aujourd'hui. Donc, à une période de ma vie, il me définissait. Donc, tout ce que je faisais est en lien avec... mon trauma. Aujourd'hui, je vis avec. Je vis avec cette dimension traumatique. Elle ne me définit plus, mais en tout cas, j'ai appris à m'adapter aussi à elle. Si il y a quelque chose de positif aussi, c'est ça qui est important. J'ai appris à me connaître, j'ai appris à connaître mes limites. Parce qu'à un moment donné, n'ayant plus de limites, je pouvais partir dans tous les sens. Aujourd'hui, j'ai mes limites, mes propres limites que je me suis construites, peu importe. et donc voilà c'est ça qui est aujourd'hui qui est très important et qui me tient aussi et qui me permet d'avancer jour après jour et de continuer parce que finalement dans ce que je dis aussi finalement moi j'ai pris perpétuité parce que ça c'est la vérité et donc toute ma vie je vais devoir combiner avec ça Alors c'est fort ce mot, la perpétuité, mais c'est la réalité, c'est la réalité de ma vie. Et donc voilà, moi aujourd'hui j'ai besoin d'en faire quelque chose, j'ai besoin d'être optimiste, parce que sinon je m'écroule, mais réellement. Donc voilà, en tout cas pour moi, j'ai décidé d'en faire quelque chose, et c'est un choix aussi d'être pérédante, et voilà tout le monde, et ça je peux le comprendre aussi, que tout le monde ne fait pas ce choix d'être pérédante. Il y a des personnes qui, ça va être plus facile pour elles de se dire, je continue mon chemin, mais voilà, je le mets un peu de côté.

  • Speaker #0

    Si vous souhaitez creuser la question de l'inceste, retrouvez l'article Inceste, le silence décrié sur enmarche.be. Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles, ne restez pas seul. Il existe plusieurs structures d'aide, comme les centres de prévention contre les violences sexuelles, qui se trouvent généralement dans des centres hospitaliers. Vous pouvez retrouver les différentes coordonnées sur cpvs.belgium.be. Vous pouvez également contacter SOS Viole au numéro gratuit. 0800 98 100 ou les contacter par chat sur sosviol.be. Le site maintenantj'enparle.be propose également un chat pour les mineurs. L'association SOS Inceste Belgique est joignable au 02 646 60 73 ou sur son site web sosinceste.be. La SBL brise le silence. ou une grille de travail, est également joignable au 0488 80 06 26 ou sur son site web brisele-silence.be. Et enfin, le site web service-aide-aux-victimes.be répertorie de nombreux centres d'aide aux victimes à Bruxelles et en Wallonie. Inspiration se termine pour cette deuxième saison. Mais on revient en septembre avec d'incroyables histoires tout aussi inspirantes. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne En Marche Podcast, passez un magnifique été et puis surtout, restez inspirés !

Description

À 26 ans, Ingrid est agressée sexuellement en rue. Ce traumatisme en éveille un autre, plus ancien : Ingrid a été victime d'inceste dans son enfance. Cette amnésie traumatique levée, elle entame un long parcours de reconstruction et trouve son salut en aidant d'autres victimes de violences sexuelles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Attention, cet épisode traite de l'inceste et pourrait éveiller des souvenirs douloureux. Des centres et numéros d'aide pour les victimes seront mentionnés à la fin de cet épisode.

  • Speaker #1

    Moi, quelque part, pendant des années, on m'a demandé de me taire. Si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la scie.

  • Speaker #0

    Un enfant sur dix est victime d'inceste. Ingrid, 42 ans, en est une survivante. Elle a environ 7 ans quand les faits se sont produits. Mais ça, elle l'apprend bien plus tard. Pendant des années, elle a souffert de ce qu'on appelle une amnésie traumatique. En gros, pour se protéger d'un traumatisme, le cerveau appuie sur la touche effacée ou plutôt oubliée C'est ce qu'a fait le cerveau d'Ingrid. Oubliez. Jusqu'à cette nuit de ses 26 ans, où elle se fait violer en rentrant d'une soirée. Elle le sent, ce n'était pas la première fois qu'on la connaissait sexuellement. Ses souvenirs reviennent progressivement. Inspiration. Quand les épreuves de la vie poussent à l'action. Un podcast d'En Marche, le magazine de la MC.

  • Speaker #1

    Alors c'est très violent, violent dans le sens où j'ai subi un viol, donc c'est déjà très très compliqué en soi. Très vite, c'est vrai que je perds un peu pied. Donc je confonds les jours, les nuits, parce que je commence à me dérégler tout doucement, parce que tout s'affole à l'intérieur de moi. Tous mes repères sont vraiment explosés, donc c'est vraiment difficile. difficile pour moi de continuer tout simplement cette vie normale, je dirais. Et je demande une hospitalisation. Parce que je sens que si je ne fais pas cette hospitalisation, je ne pourrai plus être de ce monde. Je sens déjà en moi qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, qui ne correspond pas au viol que je viens de subir, mais par d'autres choses, par des sensations, par des images, par des flashs comme je disais tout à l'heure. vois des images de jour, de nuit, avec différentes personnes. Et voilà, j'essaye de comprendre un petit peu ce que c'est. Je ne l'identifie pas tout de suite parce que c'est assez violent aussi ce que je peux voir. Et même au niveau des sensations que mon corps peut me donner avec ces images. Et finalement, lors de cette hospitalisation, j'en parle à une psychologue qui me suit. Et elle, finalement, me dira, oubliez votre passé et allez de l'avant. Et donc, cette professionnelle me dit que je dois faire comme si ça n'existait pas. Et donc, je me dis que si elle, professionnelle, me dit que ça n'existe pas, je vais faire comme si ça n'existait pas. J'en ai parlé à personne parce que je voyais la professionnelle vraiment comme la personne apte et adaptée à mes dires. Le fait qu'elle mette un couvercle là-dessus, j'ai fait la même chose de mon côté. Et c'est vraiment une fête familiale qui allait arriver, où finalement c'était compliqué pour moi de me rendre à cette fête et de voir des personnes et de me dire que tout allait bien. parce que tout n'allait pas bien en moi donc autant j'ai pu pendant des mois faire comme si ça n'existait pas mais voilà ça a duré je pense 2-3 ans avant que je n'en parle alors 2-3 ans où j'ai eu beaucoup de difficultés par des comportements à risque donc des conduites Des conduites automobiles par exemple très excessives, consommation d'alcool, de médicaments, des sorties. Vraiment un contexte difficile où je me mettais vraiment en difficulté, où j'étais vraiment à la recherche de cette adrénaline, quelque chose qui me faisait vivre, enfin je pensais, qui me faisait vivre, qui me faisait survivre surtout. Quand les flashs sont arrivés, et puis pendant ces mois, j'avais l'impression que c'était moi qui inventais aussi. Pourquoi avoir ces images ? C'était vraiment compliqué. J'ai vraiment eu besoin de cette reconnaissance, finalement, en tout cas d'une personne dans un premier temps, qui elle m'a confirmé que ce que je voyais de par ces flashs était réel, que finalement ce n'est pas moi qui suis folle avec ces images, que je ne fabule pas, mais que ça a réellement existé, et que cette personne me confirme réellement que ça s'est produit en tout cas, parce qu'elle a surpris à un moment donné. les actes de l'autre personne.

  • Speaker #0

    Nous sommes donc quelques jours avant cette fête familiale où tous les membres de sa famille seront là. Et maintenant qu'Ingrid sait, elle souhaite confronter la personne qui l'a agressée.

  • Speaker #1

    La personne a eu des enfants entre-temps. Et donc moi, mon besoin à ce moment-là, c'est de m'assurer que la personne n'a pas recommencé, en tout cas sur ses enfants. Et ça, c'est vrai que moi, c'était très important pour moi d'aller lui poser la question, de savoir. Mais voilà, aujourd'hui, je sais de lui dire aussi, parce que pendant toutes ces années, finalement, mon cerveau a bloqué cette information. Et donc là, c'était aussi d'aller dire, je connais la vérité, je sais ce qui s'est passé, je m'en souviens maintenant. La personne a reconnu les faits. Quand j'ai toutes ces informations, le viol à l'âge adulte, l'inceste, finalement, quand tout est à vif à l'intérieur de moi, et donc à ce moment-là, je vais partir un petit peu... Je vais vraiment partir en vrille à ce moment-là. c'est vraiment la période de ma vie où je vais vraiment être dans ces comportements dissociants de mise en danger et donc à différents moments je vais me rendre compte que finalement je vais parfois trop loin et donc je vais mettre en place un suivi et finalement je ne vais pas pouvoir l'honorer de manière... Je continue, je dirais, en tout cas, de mettre quelque chose de réellement en place. Pourquoi ? Parce que parfois, je vais sortir trop tard le soir, je ne vais pas savoir me lever. Finalement, je ne vais pas honorer mon rendez-vous. Je ne vais pas oser re-téléphoner à la psychologue pour reprendre un rendez-vous parce que je ne vais pas lui expliquer que je suis sortie la veille, que ce n'était pas possible. Et finalement je me dis que ça va mieux, je ne vais pas prendre de rendez-vous jusqu'à la prochaine étape où je vais vraiment me sentir mal. Et où je vais me dire que finalement on va peut-être prendre un rendez-vous. On sait aussi que les rendez-vous on ne les a pas non plus du jour au lendemain. Donc il y a une liste d'attente et ça prend des mois aussi tout ça. Et donc je vais vraiment avoir une errance pendant des semaines et des mois. Aussi avant de réellement mettre en place quelque chose de continu et d'adapter aussi. parce que tous les professionnels ne sont pas aussi spécialisés dans les traumatismes complexes. Donc voilà, c'est aussi de trouver la bonne personne qui peut m'aider réellement dans ce que je vis.

  • Speaker #0

    C'est auprès de l'ASBL Brise le silence, une association d'aide aux victimes de violences sexuelles à Mons, qu'Ingrid trouve le soutien dont elle a besoin.

  • Speaker #1

    Quand je me suis rendue pour la première fois dans les locaux de Brise le silence, on n'a pas remis en question non plus ce que j'avais vécu. Et directement, on m'a crue. Et ça, ça a été très important pour moi. Brise le silence arrive à un moment donné de ma vie où finalement je suis prête aussi à faire quelque chose, mais pour moi-même. Parce qu'à un moment donné, je pense aussi que c'est les autres qui vont pouvoir faire quelque chose pour moi. Or que la première personne à faire quelque chose, c'est moi-même. Pendant des années... J'ai dû me taire, quelque part. Et donc, à un moment donné de ma vie, j'ai eu ce besoin de parler et de faire quelque chose de mon histoire. Et donc, pour moi, quand j'ai intégré l'ASBL... brise de silence, c'est dans un désir de participer à des groupes de parole. Et vraiment d'être dans ce partage avec d'autres personnes pour comprendre aussi, finalement, de me dire que je ne suis pas seule. Il y a aussi d'autres personnes qui vivent les mêmes choses que moi parce que finalement, quand j'étais toute seule, avec tous ces flashs qui arrivaient, je me suis sentie isolée, complètement perdue. Et là, finalement, je me suis trouvée avec des personnes qui me comprenaient parce qu'elles-mêmes avaient vécu ces choses-là ou les vivaient encore. Et donc, pour moi, le fait de participer à ces groupes de parole, ça va vraiment avoir un effet salvateur sur mon processus de rétablissement. Donc, je vais avoir cette partie en collectif, donc avec des personnes, avec des pairs, finalement, des personnes comme moi. Et je vais avoir aussi, parce qu'à un moment donné de ma vie, j'ai réussi aussi à mettre en place un suivi thérapeutique suivi. Et donc, c'est vraiment un travail complémentaire aussi, le travail en individuel et le travail en collectif. Et donc, ça va vraiment me porter vers un mieux aussi.

  • Speaker #0

    Après un certain temps, Ingrid sent qu'elle a passé un cap grâce au soutien de l'association. Aujourd'hui, elle y travaille comme experte du vécu, aussi appelée père aidante.

  • Speaker #1

    Donc on a une partie de travail, un axe 1 où on travaille l'aide aux victimes, et puis un axe 2 où on travaille tout ce qui est prévention, sensibilisation, formation. Et donc je me suis insérée comme ça dans du... bénévolat, un peu à mon ainsi au départ. Et donc, je vais comme ça pendant... plein de fois finalement apporter mon témoignage. Donc j'ai pu aller dans des commissariats de police, dans des écoles, dans des eaux d'histoire pour des futurs professionnels, psychologues, éducateurs. Enfin voilà, on a tout un panel de personnes qu'on rencontre, qui sont sur le terrain, des professionnels ou futurs professionnels de tout ce qui est psychomédico-social, santé mentale. Aujourd'hui, c'est quelque chose qui me... ça me porte en fait. Tout simplement, c'est quelque chose qui me fait vibrer aussi. Pourquoi ? Parce que de part ces petites choses que je fais au quotidien, finalement c'est aussi donner un sens et c'est semer des petites graines pour que les choses changent aussi. Quand je me suis rendue, par exemple, à la formation des avocats au barreau, donc là aussi on intervient en tant qu'ASBL pour cette formation, donc pour les avocats au barreau de Bruxelles, moi en tant qu'Ingrid, en tant que victime, jamais j'aurais pensé pouvoir aller à la rencontre d'avocats sur le terrain, finalement de parler de ce que moi j'ai vécu, ressenti réellement. Le fait de savoir que je peux aider moi-même d'autres personnes, moi j'aurais aimé aussi, à des moments de ma vie. Alors oui, j'ai eu à un moment donné Brise de silence qui est arrivé sur mon chemin, mais je sais combien j'ai manqué de cet espace de nombreuses années. Et donc c'est important aussi moi de rendre ce qui m'a été donné aussi à Brise de silence.

  • Speaker #0

    Le mouvement MeToo Incest, lancé en 2019 en France, a fait bouger les lignes. Et notamment chez nous, puisque depuis 2022, la Belgique a réformé son code pénal en matière de violences sexuelles et d'inceste. Par exemple, une définition claire et complète de l'inceste a été revue. Les victimes ne doivent plus respecter un délai de prescription pour porter plainte. Elles peuvent le faire, peu importe leur âge et peu importe quand les faits se sont déroulés. Les mineurs sont considérés automatiquement comme non consentants lors d'actes sexuels, etc. Des centres de prévention contre les violences sexuelles ont également été déployés partout en Belgique. Et de plus en plus de commissariats et magistrats sont formés sur les questions de violences sexuelles. Alors il reste encore de nombreux efforts à fournir pour protéger les enfants et défaire la société de ce tabou. Mais pour Ingrid et de nombreux experts et expertes, la protection des enfants passe aussi par la prévention dans tous les lieux qu'il côtoie.

  • Speaker #1

    Quand la personne finalement surprend les actes que je subis, finalement la personne ne va rien en faire. Et la personne ne va pas forcément me dire si c'est bien ou pas bien. Et donc je vais grandir aussi avec une représentation. Pour moi, ça se passait comme ça dans tous les foyers. Toutes les petites filles vivaient la même chose que moi. Et donc, avoir à un moment donné, à l'école ou en secondaire, des personnes qui finalement vous disent ça c'est bien, ça c'est pas bien il y aurait une lumière à un moment donné qui se sera allumée. Moi je renvoie souvent aussi qu'un enfant, c'est l'adulte qui lui apprend. C'est l'adulte qui lui apprend à tenir sa fourchette, à tenir un crayon, à faire les lacets. Et donc, si l'adulte fait un geste à un moment donné, c'est que le geste... on doit le faire. Et donc c'est pour ça aussi que les enfants ne parlent pas, parce que dans 90% des cas, les personnes victimes connaissent leur agresseur. Et donc, si la personne adulte me dit que je dois faire ça, je vais le faire. Parce que c'est la même personne qui peut me montrer comment fermer la C. Il y a quelques mois maintenant, même un peu plus d'un an, on a eu à un moment donné, on peut nous contacter aussi via Messenger, et donc on a eu un message à un moment donné qui est arrivé, un mail, dans un premier temps un mail, et en fait c'était une jeune fille de 12 ans. Et en fait, elle c'est grâce à un spectacle à l'école qu'elle a compris que ce qu'elle vivait à la maison n'était pas normal. Voilà, et donc plus vite on va sensibiliser les enfants, les adolescents à finalement ce qui est bien et pas bien, on a en tout cas tout à y gagner dans le processus et de la libération de la parole. Je suis fière, en tout cas aujourd'hui, de la personne que je suis devenue, d'avoir réussi à en faire quelque chose et de véhiculer ce message d'espoir au quotidien. Alors oui, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile le quotidien. quotidien. Alors, en tout cas, ce traumatisme ne me définit plus à l'heure d'aujourd'hui. Donc, à une période de ma vie, il me définissait. Donc, tout ce que je faisais est en lien avec... mon trauma. Aujourd'hui, je vis avec. Je vis avec cette dimension traumatique. Elle ne me définit plus, mais en tout cas, j'ai appris à m'adapter aussi à elle. Si il y a quelque chose de positif aussi, c'est ça qui est important. J'ai appris à me connaître, j'ai appris à connaître mes limites. Parce qu'à un moment donné, n'ayant plus de limites, je pouvais partir dans tous les sens. Aujourd'hui, j'ai mes limites, mes propres limites que je me suis construites, peu importe. et donc voilà c'est ça qui est aujourd'hui qui est très important et qui me tient aussi et qui me permet d'avancer jour après jour et de continuer parce que finalement dans ce que je dis aussi finalement moi j'ai pris perpétuité parce que ça c'est la vérité et donc toute ma vie je vais devoir combiner avec ça Alors c'est fort ce mot, la perpétuité, mais c'est la réalité, c'est la réalité de ma vie. Et donc voilà, moi aujourd'hui j'ai besoin d'en faire quelque chose, j'ai besoin d'être optimiste, parce que sinon je m'écroule, mais réellement. Donc voilà, en tout cas pour moi, j'ai décidé d'en faire quelque chose, et c'est un choix aussi d'être pérédante, et voilà tout le monde, et ça je peux le comprendre aussi, que tout le monde ne fait pas ce choix d'être pérédante. Il y a des personnes qui, ça va être plus facile pour elles de se dire, je continue mon chemin, mais voilà, je le mets un peu de côté.

  • Speaker #0

    Si vous souhaitez creuser la question de l'inceste, retrouvez l'article Inceste, le silence décrié sur enmarche.be. Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles, ne restez pas seul. Il existe plusieurs structures d'aide, comme les centres de prévention contre les violences sexuelles, qui se trouvent généralement dans des centres hospitaliers. Vous pouvez retrouver les différentes coordonnées sur cpvs.belgium.be. Vous pouvez également contacter SOS Viole au numéro gratuit. 0800 98 100 ou les contacter par chat sur sosviol.be. Le site maintenantj'enparle.be propose également un chat pour les mineurs. L'association SOS Inceste Belgique est joignable au 02 646 60 73 ou sur son site web sosinceste.be. La SBL brise le silence. ou une grille de travail, est également joignable au 0488 80 06 26 ou sur son site web brisele-silence.be. Et enfin, le site web service-aide-aux-victimes.be répertorie de nombreux centres d'aide aux victimes à Bruxelles et en Wallonie. Inspiration se termine pour cette deuxième saison. Mais on revient en septembre avec d'incroyables histoires tout aussi inspirantes. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne En Marche Podcast, passez un magnifique été et puis surtout, restez inspirés !

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