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Demain, tous entrepreneurs à impact ?

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44min |15/09/2025
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Demain, tous entrepreneurs à impact ?

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Description

Startups à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire… Le concept d’“impact” est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution, ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n’était plus réservé à quelques uns mais plutôt une façon de penser, une façon d’agir, accessible à tous… Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?


Notre premier invité est un ancien banquier d’affaires. Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortables pour fonder Phénix, une startup devenue l’un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui veut concilier chiffre d’affaires et impact positif.


Lorsqu’on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer  ni vers quelles entreprises se tourner. C’est en partant de ce constat que Claire Pétreault a fondé Les Pépites Vertes après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne les jeunes dans leur recherche d’emploi, pour qu’il soit aligné avec leurs convictions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en mode Impact.

  • Speaker #1

    Le podcast où l'on explore les grands défis de notre temps et surtout les solutions qui y répondent. Demain, tous entrepreneurs à Impact ?

  • Speaker #0

    La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée.

  • Speaker #2

    Il faut être amoureux du problème.

  • Speaker #0

    Le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte.

  • Speaker #2

    La confiance en soi, elle existe lorsque... On a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort.

  • Speaker #0

    Les pieds sur le carrelage à 6h du matin dans un reclin, ça encle dans la réalité, dans le monde réel, dans l'économie réelle.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? À qui je le mets à dispo ?

  • Speaker #1

    Start-up à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire. Le concept d'impact est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution ? Ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n'était plus réservé à quelques-uns, mais plutôt une façon de penser, une façon d'agir, accessible à tous. Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?

  • Speaker #0

    Alors moi, la petite histoire, c'est que je suis diplômé de cette maison de Sciences Po, Affaires publiques, en 2008.

  • Speaker #1

    Notre premier invité est un ancien banquier d'affaires.

  • Speaker #0

    Ce parcours m'a amené à commencer ma carrière en banque d'affaires, en fusion acquisition, donc j'ai fait... Cinq ans de finance chez Merrill Lynch, six ans presque même.

  • Speaker #1

    Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortable pour fonder Phénix, une start-up devenue l'un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Vous allez le voir, il incarne cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui veut concilier chiffre d'affaires et impact positif.

  • Speaker #0

    Les gens en école de commerce ou en Sciences Po aimaient bien aller de manière un peu moutonnière comme je l'ai fait, dans les gros cabinets de conseil, McKinsey, BCG, dans les grosses banques d'affaires. en cabinet d'avocat, dans les métiers supposés être prestigieux, exigeants, bien rémunérés, bien formés, qui était un peu l'élite du monde économique, où c'est dur de rentrer, c'est dur de rester. Donc voilà, moi j'étais attiré par ce truc-là, pour de mauvaises raisons aussi je pense, mais je ne crache pas dans la soupe, c'était une super formation, dans un univers assez grisant et exigeant. C'était assez intense, on bossait quasiment 100 heures par semaine, parfois plus. Mais ça manquait de sens, j'avais pas envie de faire fusionner des entreprises, j'avais pas envie de participer à cette caricature du monde capitaliste. j'avais Deep down, comme on dit en anglais, l'envie de réinventer un peu le monde de l'entreprise, en tout cas d'y participer, et de créer une sorte de voie médiane entre les assos non marchandes et le monde capitaliste traditionnel. Et donc c'est comme ça qu'est née, après les prémices de Phoenix et puis cette entreprise. De 2014 à 2019, on a fait un métier unique qui était connecter les magasins et les assos caritatives. Donc créer une sorte de banque alimentaire ou de resto du cœur 2.0. Donc ça c'était vraiment un volet social, on a utilisé une sorte de Robin des Bois qui allait récupérer les invendus de chez Leclerc, Intermarché, Super U, Franprix, Danone, pour les redistribuer aux plus démunis. Et après au fil de l'eau, on a tricoté autour de ces services-là d'autres solutions, notamment de revente aux consommateurs à prix cassé, où il y a peut-être un peu moins d'impact social direct, et l'impact environnemental a pris le relais pour aller vers le zéro déchet alimentaire, zéro gaspillage. Ce que je voulais avoir du sens, c'était contribuer à résoudre un problème de société qui était mal géré. et répondre à cette forme d'évidence qui était que d'un côté il y a des produits qui partent de la poubelle et de l'autre côté il y a des gens qui sont en précarité alimentaire. En tout cas, je ne voulais pas avoir un métier qui servait juste à rembourser des factures, rembourser un emprunt immobilier, payer EDF et GDF à la fin du mois. C'est une vision un peu de privilégier. Pour plein de gens, c'est déjà top d'avoir un métier, un CDI bien payé, etc. Quand on a la chance d'avoir fait ce genre d'études, peut-être qu'on se pose trop de questions. Mais quand tout va bien, quand on est bien payé dans une belle boîte, il faut trouver un truc qui va pas, donc moi c'était ça Et j'ai essayé de créer une entreprise dont je sois fier. Et donc, je peux se dire, oui, on fait de l'argent. Oui, on crée de l'emploi. Mais, by the way, on sauve aussi des repas, on redistribue. Et donc, on a une utilité dont on est fier. On a des témoignages dont on est fier. On me pose souvent la question de savoir s'il y a eu un élément déclencheur ou si ça a été un peu une prise de conscience rampante au long cours. Et la réponse, c'est la réponse 2. Bon, c'est chouette, ce métier est confortable. On va dire que j'ai fait le plus dur. j'y suis déjà depuis 5-6 ans Il y a un peu une voie toute tracée, royale, où on continue à faire ça, ou alors on va en fonds d'investissement et on tire le trait jusqu'au cimetière. Mais j'avais envie, je me rendais compte que je me plaignais souvent. Quand on me demandait comment ça allait, les soirs, le week-end, je disais ouais c'est chouette, mais au boulot, bon voilà. Et à un moment je me suis dit, on va arrêter de pleurnicher, on va prendre sa vie en main et puis on va créer quelque chose qui correspond à mes aspirations profondes. Donc en fait c'était plus une volonté d'alignement entre qui j'étais et ce que je voulais faire. Et puis mon quotidien qui était trop en dissonance cognitive. Et donc évidemment quand j'étais dans des gros rendez-vous, dans des endroits vraiment très caricaturaux, type la Défense ou des gros quartiers d'affaires à Paris. Je ne me sentais pas forcément à ma place. Je suis beaucoup plus à l'aise dans le milieu dans lequel j'évolue aujourd'hui. Je ne pensais pas rester aussi longtemps en banque d'affaires. Je pensais faire une pige de 2-3 ans, me former, mettre un peu d'argent de côté pour pouvoir prendre un risque derrière. Et puis en fait, je suis resté plus longtemps que prévu. Mais je pense que j'avais déjà en tête de plonger un moment vers autre chose. Puis après, à l'âge de 30 ans, j'ai eu envie d'avoir une sorte de quête de sens ou d'envie d'avoir plus d'impact social et environnemental dans mon quotidien, dans mon métier. J'ai d'abord pensé pouvoir le trouver dans un job classique et après j'ai compris qu'il fallait que je le crée et donc on s'est associé au départ à trois puis assez vite à deux et on a creusé plusieurs thématiques jusqu'à tomber dans le monde merveilleux des invendus, des déchets et on s'est dit ben là il y a de la matière, on peut faire une boîte qui a à la fois de l'impact social, de l'impact environnemental avec un volet digital et de la création de valeur économique donc mon driver à moi c'était la quête de sens, la quête de me sentir utile et d'avoir une vie dont je sois fier. Alors Phoenix, qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ? Phoenix, c'est une entreprise sociale, donc déjà c'est une entreprise pas comme les autres. On est une SAS, on lutte contre le gaspillage alimentaire, en connectant ceux qui ont trop et ceux qui n'ont pas assez. Donc ceux qui ont trop, côté offre de la pâte sourd de Phoenix, ce sont deux types d'acteurs, la grande distribution et l'industrielle de l'agroalimentaire, dont les supermarchés, les hypermarchés, puis les usines ou les sites de production logistiques, qui ont des invendus et des stocks dormants depuis longtemps. Et en face de ces gens-là... Phoenix est une alternative à l'incinération, à l'enfouissement, à la mise en décharge. Et on fait trois choses. On revend les invendus à prix cassé sur une application mobile qui s'appelle l'application Phoenix pour des consommateurs et des consommatrices en quête de pouvoir d'achat. Ce qui n'a pas été vendu, on le donne à des assos caritatives. Reste du cœur, Croix-Rouge, Emmaüs, Banque Alimentaire. Et en dernier lieu, ce qui n'a été ni racheté par les consos à prix cassé sur l'appli, ni donné à des assos d'aide alimentaire, c'est proposé à des parcs animaliers, des zoos, des centres équestres des SPA pour l'alimentation animale et donc voilà, à la fin Avec cet écosystème d'économie circulaire, on arrive vraiment à la promesse qui est zéro déchet alimentaire, zéro biodéchets dans les magasins avec lesquels on travaille. Alors il restera forcément du carton, des canettes, des palettes, de la PLV, du plastique, etc. Mais sur la partie déchets organiques, le fait de mettre ensemble comme ça ces 3-4 séquences de valorisation fait qu'on arrive à faire des boucles circulaires de bon sens en circuit court qui permettent aussi d'éviter de détruire. et donc de limiter le coût des déchets, et donc pour nos clients de gagner de l'argent. On a une entreprise qui a un modèle économique solidaire, mais qui a quand même un modèle économique. On fait gagner de l'argent à nos clients parce qu'on transforme les déchets en or, ou en tout cas on limite clairement la perte, on fait du cost-killing, comme on disait dans mon ancien métier. On réduit les factures de gestion des déchets et on prend une commission là-dessus. On a lancé un réseau de magasins qui s'appelle Nous Anti-Gaspi, qui est un projet entrepreneurial, qui est un réseau de distribution physique. On fait de la revente de produits moches, fruits et légumes difformes, etc. Et là, on vient de lancer la saison 3 de la série Phoenix, avec une nouvelle équipe qui est arrivée, un nouveau directeur général, une nouvelle directrice marketing, et donc c'est une nouvelle séquence qui s'ouvre. Et donc voilà, au début, on était deux sur la saison 1. La saison 2, j'étais tout seul à la tête de la boîte, parce que mon cofondateur était parti. Et la saison 3, on est en train de passer le relais tranquillement à une nouvelle équipe qui arrive avec du sang neuf. Et c'est bien aussi pour l'entreprise. Un de mes enseignements, c'est que j'ai lancé à 29 ans une entreprise dans un secteur que je ne connaissais pas du tout. Donc, encore une fois, je trouve que c'était un peu inconscient parce que la grande distribution, c'est un milieu qui est réputé coriace, exigeant, gros négociateur et pas facile à pénétrer. Comme quoi, c'est un enseignement aussi. Quand on y va un peu la fleur au fusil, mais en se disant, en fait, on va y arriver. On va comprendre comment fonctionne le métier, le milieu. On va trouver dans chaque enseigne les deux, trois influenceurs, influenceuses, les personnes clés à rencontrer. En quelques semestres, en quelques années, on arrive à faire son trou dans l'écosystème. Si on est sérieux et qu'on essaie de travailler de manière fiable et honnête. Et donc voilà, c'est ce qu'on a fait. Il y a une dimension de conquête commerciale. Donc en gros, on a des commerciaux qui vont frapper à la porte des Leclerc, Intermarché, Super U, La Vie Claire, Franprix, Naturalia. Et qui essayent de convaincre à tous les niveaux, à la fois les sièges, à la fois les directeurs et directrices de magasins, jusqu'au chef de rayon, de se lancer dans la démarche anti-gaspi zéro déchet. Et puis après, il y a des choses qui tombent aussi par la visibilité. Mais en général, c'est quand même plutôt une démarche proactive de notre part. On n'a pas eu des contrats à plusieurs millions d'euros qui sont tombés du ciel. Ça reste la bataille, surtout dans un milieu où c'est des petites marges. C'est un secteur de centimiers. Et donc, pour aller négocier des contrats cadres sur plusieurs centaines de magasins, ça prend du temps. C'est ça l'avantage d'être dans une entreprise à impact ou d'avoir créé une entreprise qui a une mission forte. La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée. On sait pourquoi on se lève le matin. On voit l'impact tangible qu'on a chaque jour et ça aide à rester motivé dans la durée. On sait qu'on le fait pour de bonnes raisons, on sait qu'on est dans le sens de l'histoire, on sait qu'on a du vent dans les voiles et que ça va finir par arriver, mais il faut rester motivé, c'est sûr. Nous on a eu pas mal de planètes qui se sont alignées. Une réglementation favorable, anti-gaspillage, on a eu une attente de plus en plus forte des consommateurs et des consommatrices, et l'émergence dans notre sillage et à côté de nous, ou devant nous, ou au-dessus de nous, de plein d'acteurs sur les mêmes thématiques mais sur des verticales un peu différentes, donc back-market dans la téléphonie, vintage, le bon coin, vide-dressing, même tout go, tout go, nos concurrents en alimentaire, toute cette génération d'acteurs fait que pour beaucoup de gens, non seulement les jeunes mais aussi les moins jeunes, tout ce qui est seconde main, occasion, Limiter l'achat de neufs, faire des bonnes affaires, c'est devenu presque un réflexe, une tendance, une fierté. Alors qu'il y a quelques années en arrière, c'était encore un truc d'entrée de gamme, de radin, un peu stigmatisant, de déstockage quoi. Avec des gros stickers jaune fluo. Après on a eu la classe politique qui a fait son boulot aussi de mettre la lumière sur des acteurs qui jouaient pas le jeu. Et puis les médias. Un des trucs qui a été le plus efficace, c'est des opérations coup de poing d'Hugo Clément, d'Élise Lucet. avec le fameux reportage où on va voir en caméra cachée l'arrière boutique d'un entrepôt avec des produits qui sont détruits, incinérés, lacérés. Ou alors, ils le savent, il va faire les poubelles d'un gros magasin et qu'il voit que ça déborde. Et derrière, en prime time sur M6 un dimanche soir ou sur le JT de France 2 ou sur Envoyé Spécial, ça fait mal et ça fait bouger les enseignes. Cette peur du bad buzz et cette peur de l'avoir une marque qui est cornée par un mauvais tweet ou un TikTok qui partirait comme une traînée de poudre, ça fait bouger plus que n'importe quelle loi. En général, dans l'impact, il y a un peu, sans caricaturer, mais pour simplifier le propos, il y a un peu deux familles. Il y a des gens qui pensent, à juste titre, que small is beautiful, et que dans cet univers-là, dans l'ESS, dans l'économie sociale et solidaire, dans l'économie des coopératifs, des mutuelles, grossir pour grossir, ce n'est pas intéressant. Il vaut mieux partager le pouvoir, partager la richesse, rester en contrôle de l'actif. Et ça, je respecte ça, mais ce n'est pas le chemin qu'on a pris sur Phoenix. Nous, on a pris la voie numéro 2, qui était de dire, maintenant, dans l'impact, on a une mission qui nous porte, donc il y a de la motivation, on a plein de talents qui veulent nous rejoindre, il y a des financements qui se bousculent à la porte, on a une mission et un besoin sous-jacent qui méritent qu'on soit ambitieux. Précarité alimentaire, on est 8 millions de personnes, le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Donc il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte, qu'il reste une petite TPE, etc. On a envie de montrer que l'impact peut changer d'échelle. Deux, ça peut créer de l'emploi. Troisièmement, ça peut faire des belles entreprises successfulles, inspirantes et qui ont des belles trajectoires. Et donc, on est allé dans cette voie-là. Levé de fonds, croissance, voire hyper-croissance. Et donc, quand on fait ça, c'est dur d'être rentable. Donc, nous, on était rentable par construction au départ, sur la saison 1, 2014-2018. Et on est passé comme ça de zéro à à peu près 6 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2018, on a fait cette grosse levée de fonds. Et là, on a mis le poids dans la pente. On s'est dit, allez, on va investir. C'est là qu'on a lancé l'application Phoenix. On a cramé un peu de cash en marketing et en acquisition digitale. C'est là qu'on a lancé un réseau de magasins physiques. On s'est fait plaisir, on a fait de la pub à la télé, on a fait de la pub dans le métro, sur les bus. C'est un peu la période de l'euphorie des startups aussi. La French Tech, on avait l'impression qu'il fallait qu'elle se baissait pour ramasser 200 millions d'euros. Parce qu'il y avait une profusion d'argent, on avait l'impression que les startups, c'était un peu le nouvel Eldorado, on allait créer une licorne par jour puis il y avait des belles histoires, il y avait des Mano Mano, des Conto des Alan Blabla Card, Octolim, il y a une vraie génération d'entrepreneurs qui ont fait des choses magnifiques. Et donc après, c'est juste que parmi celles-là, il y en a pas mal qui sont en fait un peu des chimères. Entre-temps, il y a eu de la casse et je pense qu'on est qu'au début. Puis les gens sont un peu revenus de ces valorisations un peu inflatées et de ce délire de lever de fond, lever de fond, lever de fond, hyper croissance et chercher le milliard d'euros de valorisation. Et donc, on a dégradé la marge, on a perdu de l'argent. Et puis après, comme beaucoup de boîtes... Quand le marché s'est retourné en 2022-2023 et que la fête était finie, on a fait l'effort de resserrer les boulons, réduire un peu la voilure, ramener la boîte à l'équilibre. Donc nous, ça fait deux ans qu'on est rentable. Et ça n'a pas été simple, ça a été pas mal d'efforts, mais on est très fiers de l'avoir fait. Donc maintenant, on a une entreprise qui est à taille critique, parce qu'on a une belle PME qui fait autour de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. et on est bien financés donc c'est chouette les planètes sont alignées on a fait une belle tranche de 10 ans Et maintenant, il faut réattaquer. C'est souvent ce qui est dur, je trouve. Ce que j'ai trouvé le plus dur, c'est le couple rentabilité-croissance. On a amené le bateau au port, le bateau est au chaud, il est rentable, il est dérisqué. En revanche, il faut qu'on reparte. Il nous faut un petit coup de vent pour qu'on reparte. Aujourd'hui, on est un bon médicament contre le gaspillage. En revanche, si on va au bout de la réflexion, il faudrait un jour qu'on arrive à mieux réduire les pertes à la source, mieux gérer les stocks, ce qui en absolument a du sens. Mais ce qui veut dire aussi que d'une part, on scie la branche sur laquelle on est assise, mais ça à la limite, ce n'est pas dramatique. Enfin même, c'est le destin de toute entreprise sociale, c'est que si elle atteint sa mission, elle doit s'autodétruire. Que le jour où il n'y aura plus de précarité alimentaire, je n'aurai plus de boîte, mais j'aurai peut-être une statue quelque part. On va aussi désalimenter toutes les assos qui comptent sur nous et les consommateurs et consommatrices qui achètent des paniers anti-gaspi pour finir leur fin de mois. Donc tout ça peut dire que parfois, il y a des contradictions entre la stratégie de la boîte et l'impact. Et puis on peut être critiqué sur ce côté entretenir un système. apporter un filet de sécurité qui n'est pas nécessaire et ne pas résoudre le problème à la source sur la réduction du... fermer le robinet. Il y a plein de blocages opérationnels qui font que ça ne va pas arriver tout de suite. Et notamment le fait que dans un grand magasin, une chef de rayon, un chef de rayon, une directrice ou un directeur, il préférera toujours... Avoir un peu de ce qu'on appelle de la démarque, donc un peu de surstock, plutôt qu'une rupture de stock. Personne n'aime avoir un rayon vide où il manque la référence qu'on voulait aller chercher, on a frustré un consommateur qui ne reviendra plus. Dans le bac à fruits et légumes, personne ne va prendre le bas de la pyramide de Melon, personne ne va prendre le fond de rayon d'avocat qui a été tripoté, qui est complètement mou. Donc pour plein de raisons de la sociologie de la consommation et du modèle de la distribution, et notamment de cette obsession de la non-rupture et de l'abondance en rayon. Il y aura toujours un gaspillage résiduel, donc on aura toujours une utilité. Après, c'est sûr qu'on aimerait réfléchir à limiter le gaspillage à la source, mais il y a encore du boulot déjà pour bien faire ce qu'on fait et ne pas se diversifier ou se défocaliser trop vite. Maintenant, je suis aussi conscient des limites. Nous, encore une fois, on est fiers de ce qu'on a fait, mais c'est tout petit. Ça fait 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, donc c'est pinette. On a un côté poisson pilote ou un côté petit jet ski qui montre une voie. mais après le changement il viendra à grande échelle le jour où Un gros directeur de la grande distribution ou l'industrie agroalimentaire change une recette, change un packaging, arrête une ligne de produits qui n'est pas durable. J'ouvre l'Oréal, arrête le plastique sur ses shampoings. Ils ont infiniment plus d'impact que ce qu'on peut faire nous chez Phoenix. Donc non, moi j'attends beaucoup des grands groupes qui bougent, parce que c'est de là que viendra le changement à grande échelle. Donc on a aussi besoin d'avoir des managers dans les entreprises qui portent ce changement, d'avoir ce qu'on appelle des intrapreneurs, des petites pâquerettes qui poussent dans les grands groupes du CAC 40, de la Défense. pour changer de l'intérieur des gros acteurs. Sinon, si on reste entre nous à faire joujou dans le bac à sable, on n'ira pas loin. Il faut qu'il y ait des gros groupes qui bougent et ça est en train d'arriver. Et je pense aussi à la nouvelle génération de managers pour qui c'est une évidence de faire attention. Qui prend le pouvoir progressivement va aider. C'est sûr que mon début de carrière m'a aidé à prendre des risques. Après ce qui est dur par contre c'est... c'est d'abandonner ce train de vie et à 30 ans de repartir manger des pâtes quoi alors qu'il y a tous les copains de promo et les copains de l'ancien boulot qui continuent à acheter des apparts des trucs et tout mais c'est bien moi j'ai aucun regret ça a été une belle trajectoire ça a été une aventure hyper intense alors évidemment c'est usant à une époque on disait anyone can be an entrepreneur il y avait beaucoup d'engouement autour de ça pour libérer un peu les énergies je pense quand même que ce qui s'est passé récemment dans l'écosystème montre que c'est pas facile On a beaucoup raconté des belles histoires, il y a beaucoup de storytelling, mais l'envers du décor est quand même assez compliqué. L'ascenseur émotionnel caractéristique de l'entrepreneur, où on a une bonne nouvelle, de mauvaises nouvelles, on pense qu'on va cartonner, on pense qu'on va déposer le bilan, on va lever des fonds, ah non, en fait, les caisses sont vides. Il faut en avoir conscience. Il n'y a rien de pire que les insomnies, parce qu'on n'est pas sûr de pouvoir payer les salaires le mois d'après. Et ça, c'est comme le quotidien de beaucoup d'entrepreneurs. Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir créé cette boîte qui n'est ni une asso non marchande désintéressée, ni le business tel qu'on l'a connu dans les années 90-2000 et que je ne voulais plus revoir non plus. Et il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont des belles trajectoires rassurantes. Donc voilà, je suis très fier d'avoir créé ce truc-là et d'avoir réussi cette promesse-là. Deuxième chose dont je suis très fier, c'est la culture d'entreprise qui est assez unique chez Phoenix parce qu'on a un mix de personnes qui viennent pour le côté social, d'autres qui viennent pour la fibre écolo, zéro déchet environnement, d'autres qui viennent pour l'aventure digitale, start-up. ça fait un mix assez unique des gens qui sont engagés, voire beaucoup plus engagés que moi encore. La mission est sanctuarisée. Et après, ce qui m'explique ce que j'ai préféré dans toute cette phase-là, c'est quand même, je trouve que la phase de 0 à 1, quand on part de moins l'infini et qu'on doit créer un produit, un service, imaginer un pricing, lancer une marque, chercher les premiers talents alors qu'on n'existe pas. J'ai préféré les phases de start et de build, dans les phases 1 et 2, où au départ c'est un peu le chaos, et on va avoir l'intuition et la transformer en business. Après on commence à structurer un peu la boîte avec des fiches de poste, des grilles de salaire, des organigrammes. Et après, quand c'est plus des routines managériales, ça m'a plus coûté. Donc c'est là qu'il faut avoir la sagesse de dire, attends, on va prendre un manager qui va faire ça, et moi je vais repartir au combat.

  • Speaker #1

    Lorsqu'on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer, ni vers quelles entreprises se tourner. C'est en partant de ce constat que Claire Pétréot a fondé Les Pépites Vertes, après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne notamment les jeunes dans leur recherche d'emploi, pour qu'ils soient alignés avec leurs convictions.

  • Speaker #2

    Moi je suis originaire de Segrès, une petite ville dans le Ménéloir, qui est le meilleur département de France. J'étais très engagée depuis ma jeunesse, j'étais au conseil municipal des jeunes, j'étais, je ne sais pas, présidente de la maison des lycéens dans mon lycée, j'étais engagée au HAND. J'ai un peu de sang engagé dans le sens où je suis petite fille de paysan et je suis fille de prof, donc en fait pour moi c'était un peu obligé d'avoir une carrière qui contribue à la société et au bien commun. Juste l'entrepreneuriat, pour moi, c'était quelque chose de très nouveau que j'ai découvert sur la route. Je m'étais plutôt lancée dans le salariat. J'ai travaillé à la Ruche Kiddioui dans le secteur de l'alimentation. Quand tu rentres par l'alimentation, tu as forcément un peu des déclics à tous les niveaux, sur la santé, sur l'écologie, sur l'économie, sur le social. Après, j'ai travaillé dans l'économie circulaire, à valoriser les biodéchets des restaurateurs de la ville d'Angers pour en faire du compost. Et enfin, pendant mon Master 2, que je faisais en parallèle avec Télécom Paris, et Sciences Po. J'avais un stage, enfin, j'ai décidé de faire un stage, même si ce n'était plus dans le cursus, parce que je n'arrivais pas, après mon année de césure, à ne plus travailler. Et donc, j'ai travaillé à ChangeNow, où je suis arrivée au tout début de l'événement, c'est le plus grand événement mondial des solutions pour la planète, ChangeNow. Et du coup, hyper vite, j'avais genre 24 ans, je suis devenue la dire-com, et je suis restée 3 ans. Et donc, tu vois, l'engagement, il était là, c'était genre une évidence. Après moi, le où, le comment, je m'en fichais un peu. Ce que je voulais juste, c'est m'assurer que tous les matins, quand je vais au boulot, je sais pourquoi j'y vais, pour qui j'y vais et à quoi ça sert. C'est mes valeurs. Je pense qu'on est face à des crises environnementales, sociales, démocratiques, qui font que chacun, chacune, qui en a les moyens en tout cas, devrait se poser la question de sa responsabilité. Quand on sort de Sciences Po et qu'on a les moyens de rentrer dans des carrières élitistes comme nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? à qui je le mets à dispo. quelle vision du monde j'encourage, je contribue. Il y en a qui se posent la question par la consommation. Moi, je pense qu'on oublie parfois de se dire que le métier, c'est un énorme levier d'activation de la transition écologique. Donc ouais, je crois que ma question, c'est pourquoi tout le monde n'y est toujours pas. J'ai eu une grosse phase d'éco-anxiété à la suite d'une expérience qui s'appelle Blue Turn Earth, qui est designée par Jean-Pierre Gou et qui consiste à regarder la Terre tourner pendant 14 minutes sur une musique. méditative et à se rappeler qu'on n'est qu'un et qu'on n'est qu'un petit bout et que tous nos problèmes, c'est minus et que quand on se remet à l'échelle de l'univers, c'est waouh et qu'on n'a qu'une planète bleue et qu'il faut la protéger et cette communion que j'ai vécue à Tchénigna en 2018 dans une salle à regarder pendant 14 minutes la Terre qui tourne j'ai même fait mon tatouage à chaque fois que je vois Jean-Pierre, je lui dis tu sais que je me suis tatouée la Terre suite à l'expérience Merci. Et là, ça rentrait dans mon corps. C'était à tous les niveaux, cœur, tête, corps. C'était, mais qu'est-ce qu'on fout ? Tu vois, je n'ai même pas les mots. Et donc, à partir de là, je me suis dit, il n'y aura plus rien au monde qui m'empêchera de faire tout mon agenda et toute ma vie le sens d'accélérer la transition écologique. Quand je suis devenue entrepreneuse en 2020, je suis passée d'une personne qui dédie sa carrière à la transition écologique. à une personne qui a envie d'aider les autres à dédier leur carrière à la transition écologique. Donc là, il y a eu un déclic, c'est le Covid. C'est des dizaines d'étudiants qui m'écrivent de Sciences Po et qui me disent, comment t'as fait pour trouver un job écolo ? Comment on fait pour savoir si c'est du greenwashing ou pas ? Est-ce que ça existe vraiment, en fait, les métiers de l'écologie ou est-ce que c'est du bullshit ? Et là, je me suis dit, c'est marrant qu'il y ait autant de gens et qu'il y ait aussi peu de moyens de leur répondre. Donc j'ai beaucoup travaillé avec Sciences Po carrière à ce moment-là. pour organiser des webinaires, je faisais des coachings, enfin j'étais confinée donc je faisais des visios, je designais un peu des questions type, des conseils sur le CV. Et à un moment je me suis dit dingue, et si en fait j'avais un projet entrepreneurial en parallèle de mon travail de dire comme ? Et donc je me suis dit pour tester, je vais lancer la chaîne YouTube Les Pépites Vertes, je vais parler de métiers, d'écologie, de CV, de compétences, je vais aller à la rencontre de dizaines et de dizaines de salariés. dans toute la France pour présenter des métiers qui vont de théophile qui travaille pour préserver la biodiversité, à Sarah qui a décidé de devenir agricultrice, ou Alexandra qui transforme la cosmétique en faisant de l'ARSE, ou Jasser qui est consultant en transition énergétique. Vraiment, mon objectif, c'était de montrer tout le champ des possibles. Et donc, c'est toutes ces rencontres-là, les unes après les autres, qui m'ont fait dire, mais pourquoi les gens ne voient pas ? Pourquoi il n'y a que moi, avec ma petite caméra que j'ai trouvée sur le bon coin, à mettre en lumière ces gens-là ? Et là, du coup, j'ai décidé de quitter mon taf, de négocier une rupture co, et de me lancer sans avoir aucune idée de comment créer une entreprise. Je n'ai jamais fait ça. Et c'est parti, c'était 2021. J'ai décidé d'en faire mon métier, mon entreprise, et de fonder du coup une boîte qui aide les jeunes salariés, les jeunes talents à se projeter dans des carrières de la transition écologique. Les pépites vertes, comment j'ai trouvé ? J'ai bossé sur un carnet où je mettais tous les mots. Je voulais absolument qu'il y ait un truc sur le talent, sur la brillance. Donc là, c'est là qu'est venu Pépite. Je voulais un truc sur l'écologie, l'environnement. C'est là qu'est venu Vert. Et je me rappelle très bien, j'étais en footing avec un de mes meilleurs amis. Je lui dis « T'en penses quoi, les pépites vertes ? » Il m'a dit « On achète » . Et voilà, c'était parti. Je ne me serais jamais lancée en sortie de Sciences Po. J'avais trop envie d'aller apprendre. et en fait en vrai c'est mes boss à chaque fois qui m'ont qui m'ont tellement fait confiance, tellement tôt, tellement vite, qui m'ont tellement donné des clés, que j'avais beau pas du tout savoir ce que j'allais faire des pépites, j'avais la foi qu'il y avait un truc à faire. Et en fait, je débordais d'idées, de créativité. Quand j'avais mon entreprise en parallèle de mon job de CDI, je travaillais le matin de 7h à 9h avant d'aller au taf, de 9h à 18h j'étais au taf, et de 18h à 20h je continuais mon autre projet entrepreneurial, plus le week-end évidemment, et il y a eu un moment où... je ne pouvais pas tenir, c'était physiquement compliqué. Et donc, j'ai choisi de me donner ma chance. La mission de tout début, c'était comment j'outille la jeunesse pour qu'elle voit le max d'emplois qui existent dans la transition écologique. Et comme j'ai toujours été driveée par ma mission et jamais par la chaîne YouTube ou par du what, j'étais tout le temps en mode, quel est mon why ? Qu'est-ce que je peux faire comme how ? Et éventuellement, quels sont les what qu'on va vouloir... trouver, donc le Golden Circle de Simon Sinek. Et du coup, j'étais en mode, OK, mon why, c'est aider les jeunes à trouver un métier écolo. On teste YouTube, ça marche moyen en vrai. N'allez pas regarder mes vidéos YouTube. On teste autre chose. Insta, facile, OK. Facile de créer du contenu avec ma commu, OK. LinkedIn, LinkedIn s'apprend, OK. Typiquement, au tout début, mes articles, moi, j'avais personne à rémunérer, j'avais pas de modèle. Je faisais écrire par des pépites leurs articles sur un formulaire Google. que je transformais sur WordPress en articles. Donc tout le monde était en mode, comment elle fait pour écrire tous ces articles ? Je suis en mode, c'est pas moi qui les écris, c'est ma communauté. Donc j'ai créé mon contenu et ma marque avec ma commu, parce qu'eux, ils avaient à gagner d'être mis en lumière. Et moi, j'étais leur plateforme de médiatisation. Donc au tout début, c'était une association. Dans l'entrepreneuriat Impact, il y a un gros sujet entre business et impact. Et moi, je venais d'une famille de fonctionnaires. et j'avais vraiment des gros a priori sur les modèles capitalistiques d'entreprise. Donc je me suis dit, c'est une asso, mon projet c'est évident, c'est une asso. Sauf qu'assez vite, j'ai réalisé que ma création de valeur allait être sur la vente de prestations de services, de communications et d'événementiels. Et en tant qu'asso, je n'avais pas trop le droit de faire ça. Et en plus de ça, mon avocat aussi qui m'accompagne à ce moment-là m'a aidé à réaliser que je voulais être rémunérée par mon association. Or, si j'en étais la présidente, je ne pouvais pas être rémunérée. Il fallait que je passe directrice générale, que je trouve quelqu'un à la présidence qui porte ma vision. Tout ça me paraissait un peu complexe et du coup, j'ai assez vite fermé l'assaut. Expliquer à la communauté que j'allais créer une entreprise de l'ESS à impact, que ça n'allait rien changer à leur expérience d'être mise en lumière ou d'être mise en réseau et que ça allait être juste juridiquement plus pratique pour moi. Et donc, en 2022, j'ai créé l'entreprise Les Pépites Vertes. J'ai eu mes premiers stagiaires. Mes premiers salariés, mes premiers freelances, mes premiers bureaux. Donc d'abord, c'est un contenu. Deux, agence, parce que très vite, des marques sont venues me voir pour me dire comment on peut travailler avec vous. Vous savez faire de la communication, vous savez mettre en lumière des vrais gens pour parler de sujets techniques. Comment est-ce qu'on fait, nous l'ADEME, nous la Fondation Good Planet, nous la Banque Postale, pour construire des contenus avec vous et maximiser nos chances de rayonner sur ces sujets de transition écologique. Et trois. un réseau. Au début, c'était dans mon entreprise que je fédérais le réseau. Depuis quelques mois, c'est dans une association. J'ai recréé une asso avec 15 cofondateurs qui s'appellent le Club des Pépites et qui fédèrent tous les jeunes professionnels de la transition écologique. Ça va changer et du coup, je vais vraiment réorienter sur une offre de communication que je peux mettre à disposition maintenant de ma communauté qui, elle aussi, a besoin d'être plus rayonnante et plus visible.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs problèmes. Le premier, c'est pas se faire confiance, évidemment. C'est hyper dur d'avoir confiance en soi quand on n'a pas fait un master installation de panneaux photovoltaïques. Et du coup, c'est comment est-ce que moi, Claire, qui sors d'un master communication, je me sens légitime pour aller parler des défis environnementaux alors que je n'ai jamais été formée à ça ? Il faut un petit peu de culot, il faut beaucoup d'informations et de formation, d'auto-formation. Et donc, pour toutes les personnes qui sortent de Sciences Po, par exemple, et qui ont fait un master finance, ou un master RH, c'est comment je suis légitime pour aller bosser sur ces sujets-là, alors que j'ai eu un module de cours sur les enjeux. Donc, un, c'est vraiment crise de légitimité, syndrome de l'imposteur. Donc, ça, il faut le travailler. Il faut se concentrer sur ses forces. Il faut se dire, on a besoin de RH green. On a besoin de finances durables. On a besoin de communicants à impact. Deux, pas assez d'offres. Mais les offres, elles sont en train de se créer. Tous les métiers devraient relever de la transition écologique. Donc, encore une fois, que vous alliez dans une entreprise de la transition écologique ou en transformation, il y aura du verdissement des compétences à tous les endroits. On va former l'ensemble des collaborateurs, on va vivre une révolution qui, normalement, sera similaire à celle qu'on a vécue pour le digital. C'est vraiment pareil. On va devoir repenser notre manière de faire notre travail et le faire rentrer dans un cadre de limite planétaire. Ça, évidemment, c'est ma vision et mon utopie. Je ne dis pas que ça va être le cas et que ça l'est déjà. Mais les patrons et patronnes qui sont en train de se former et de déployer avec les RH les... Les plans de formation aux défis environnementaux sont bien conscients qu'ils ne vont plus pouvoir faire leur métier pareil. Donc deux, il y a des métiers partout, il y a des jobs partout. Peut-être que ce n'est pas en cherchant uniquement sur les métiers environnement qu'on va pouvoir avoir un job pour la planète. Trois, c'est la croyance que travailler pour l'écologie égale rien gagner. J'ai envie de nuancer ça. Déjà, c'est OK de vouloir gagner de l'argent, je comprends, c'est l'indicateur numéro un des jeunes à la sortie d'école. quand ils recherchent un job. Pour autant, de combien a-t-on besoin pour vivre décemment quand on sort d'une grande école ? Donc, il y a quand même un sujet de savoir se poser la question de sa rémunération, de ses vrais besoins. Il y a de plus en plus d'entreprises à impact qui financent bien et qui rémunèrent bien. Il y a des nouvelles manières de financer les gens en proposant des participations, etc. Donc, les modèles économiques de la transition écologique et des entreprises à impact sont en train de se structurer. Et c'est collectivement, entrepreneurs, salariés, qu'on doit se poser la question de la rémunération, mais de ce que j'observe depuis cinq ans, c'est quand même qu'il y a des espaces où on peut gagner sa vie et travailler pour l'écologie. C'est plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires que j'ai généré grâce à ces partenariats-là. C'est une équipe qui a fait que de former beaucoup de jeunes. Aujourd'hui, c'est une équipe de freelance. C'est quand j'avais le programme de formation, 250 jeunes qui passent par le programme, qui sont ensuite propulsés aux rencontres économiques d'Aix, à Change Now, dans les échos. C'est de la visibilisation vraiment chez des grands acteurs du fait qu'ils sont passés au Pépite-Verte. Ensuite, c'est plus de 20 clients accompagnés à raconter les métiers de la transition écologique dans plus de 30 villes de France différentes que j'ai parcourues. Ce qui est dur dans mon média, et c'est pour ça que parfois je me repose la question du sens, c'est que c'est humain mon impact et tout le monde ne me remonte pas à quoi je leur ai servi. Donc il y a vraiment des matins où je me retrouve à relire les petits messages gentils que j'avais reçus il y a six mois parce que ça fait longtemps qu'on ne m'en a pas donné. Et pourtant, après, je recroise une pépite et elle me dit « mais attends, mais tu ne te rends pas compte. Non mais grâce à toi, en fait, dans mon entreprise, moi, j'ai réussi à être beaucoup plus crédible. » J'ai une petite, par exemple, qui s'appelle Marie, qui était à Sciences Po, d'ailleurs, qui a quitté son cabinet de conseil pour retourner avec ses parents dans une PME de fabrication de pâtes bio, que j'ai poussée pour être mise en lumière sur les éco-starts. Et un jour, elle m'aurait écrit, mille ans plus tard, elle me dirait « je ne t'ai pas dit, grâce à ça, ça m'a vraiment aidée à être beaucoup plus crédible auprès des investisseurs, tu ne te rends pas compte, c'est énorme l'impact que tu as » . Et c'est des impacts de 1-1-1, donc parfois c'est un peu minus. Et en fait, changer la vie d'une personne, c'est déjà énorme. Pour moi, les qualités essentielles, la première qui me vient, c'est détermination. En fait, il faut être en colère. Il faut être amoureux du problème. Il faut se dire tous les matins, je ne peux pas faire autre chose que me dédier à cette cause. Donc la première qualité, c'est de savoir identifier son truc à soi, sa flamme à soi. La deuxième, c'est savoir s'adapter et écouter. Moi, j'ai une grande force d'écoute et donc j'écoute les gens. les problèmes des gens, les problèmes de l'écosystème. Je suis très orientée utilisateur, très orientée bénéficiaire et je sors jamais un truc si je sens pas qu'il y a un besoin. Je n'ai jamais trop raté des sorties de produits parce que je les ai toujours construits avec mes bénéficiaires. Et c'est ce qui fait d'ailleurs que je suis en train de pivoter ma boîte. Je sens en ce moment que je ne suis pas à 300% dans le juste sur mon offre actuelle et qu'il y a une autre offre et un autre besoin qui m'appelle ailleurs. Donc cette capacité à écouter, je pense que c'est vraiment un skill qu'il faut développer. Et ensuite, confiance en soi. Je sais qu'on a l'impression que j'ai méga confiance. En fait, la confiance en soi, elle vient de l'action. La confiance en soi, elle existe lorsque on a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort. Et que notre cerveau est en mode, ah ok, let's go faire pire la prochaine fois, enfin mieux. Mais du coup, la confiance en soi, c'est un muscle. Donc oui, moi je muscle ma confiance en moi et c'est vrai que je pense que j'ai une bonne confiance en moi, j'ai confiance en mes capacités. Pourquoi ? Parce que je travaille énormément. Je ne sais pas pourquoi on ne dit pas ça dans les podcasts entrepreneurs, juste je donne des heures et des heures de taf à ce projet depuis 5 ans. Donc, forcément, ça nourrit ma confiance en moi parce que j'ose tellement de trucs je rate beaucoup de choses mais j'en ose tellement qu'il y en a forcément certaines qui marchent par contre l'estime de soi c'est-à-dire se dire ah ça a de la valeur ce que je fais ah je suis une bonne personne tout ça moi je ne l'ai pas trop donc je le bosse avec la résilience évidemment mais bon c'est les chocs c'est avoir un backup c'est avoir un ancrage c'est avoir une safe pace autour de soi, les pieds dans le sol, pour pouvoir se prendre les murs les uns après les autres et rester debout face à la tempête. On ne peut pas lancer une entreprise sans se donner à 300%. Pour autant, ça n'est pas durable, sur 10 ans, de passer sa vie à travailler au nom de la cause. Vraiment, ça ne marche pas. Le corps dit non, le cœur dit non. On fait des insomnies, on fait de l'anxiété, on fait des burn-out militants. Donc non, c'est juste que oui, ça demande du taf. Est-ce que c'est possible l'équilibre pro-perso quand on entreprend à Impact ? Oui. Aujourd'hui, j'ai un bon équilibre pro-perso. Mais j'ai dû créer les espaces parce que sinon, je pourrais travailler à 24. Donc, j'ai dû bloquer les phases pour aller faire de la danse, pour aller faire des stages de stand-up, voir mes copains, voir ma famille, organiser mes 30 ans dans un super lieu. Et tout ça, je dois le bloquer parce que si je ne bloque pas, je remplis avec du travail. Et après, je n'aime pas trop aussi l'injonction aux pros perso obligatoire à 50-50. Si c'est important pour toi de travailler et que le sens de ta vie, c'est contribuer à des causes, fais-le. C'est vrai parce que quelqu'un t'a dit attention aux pros perso que tu dois... Je ne sais pas, j'aime bien complexifier un peu cette question qui est parfois plus un peu en mode jugement des fois, j'ai l'impression. C'est dur d'être entrepreneur et je pense que c'est hyper dur d'être entrepreneur à impact. Parce que c'est dur parce qu'on doit créer des modèles, on doit inventer des modèles et on doit payer d'autres gens. Donc c'est quand même, c'est pas évident comme compétence. Sauf qu'entrepreneur à impact, on doit faire ça pour une cause. Donc en fait, notre business model, c'est pas créer du cash, c'est créer de l'impact grâce à du cash. Donc en fait, on réinvente complètement la manière de penser l'entrepreneuriat. Pour les personnes qui sont venues pour la cause, comme moi, il y a un énorme travail, mais limite thérapeutique, de déconstruction du rapport à l'argent. Et non, l'argent n'est pas mal. Et non, ce n'est pas grave de faire du chiffre d'affaires à partir du moment où c'est un moyen pour une fin qui est celle pour laquelle tu as choisi de te lever le matin. J'avais une image de l'argent qui était sale, qui était pour les grands capitalistes, les méchants, les riches, quoi. Et maintenant que j'ai compris que ça pouvait être un moyen et que c'était OK, d'ailleurs, de m'offrir parfois des petits trucs, j'ai acheté des chaussettes. Un des chaussettes à paillettes avec écrit pétillante et verte, évidemment. Et je me suis dit, fais-toi ce cadeau. Et ouais, j'apprends à m'autoriser. J'étais aussi avec mon comptable hier qui me disait, on a un comment sur l'AREM et tout. Je me suis dit, je pense que je peux encore me serrer la ceinture encore six mois. Il me dit, pourquoi tu dois te serrer la ceinture encore six mois ? Je me suis dit, non, mais on ne sait jamais, vu que je dois recruter. Il me fait, non mais Claire, en fait, si tu es toujours dans cette logique de, tu n'es pas rémunéré à la hauteur du taf que tu fais, tu ne vas jamais débunker la suite et l'abondance qui peut arriver par la suite. On a augmenté hier. Ce n'est pas des pépites d'or encore. Je trouve que c'est dur parce qu'il y a plein d'injonctions contradictoires. Je me suis toujours dit que je suis comme une sportive vidéo niveau, en toute humilité. Il me faut un staff médical, donc une thérapeute, un coach, des pères avec qui débriefer une vie saine avec des amis, ma famille qui me soutient, un appartement où je peux rentrer et je me sens bien, du sport, des loisirs. Mais je me suis toujours dit, si tu ne crées pas un setup sain et stable dans ta vie perso, alors que tu es en instabilité permanente dans ta vie pro, ça ne marchera pas. Pour autant, je ne l'ai pas toujours fait. L'année dernière, pour moi, a été chaotique. J'ai déménagé trois fois, j'ai eu un problème de santé, j'ai eu un petit cancer de la peau, un carcinome. Enfin voilà, on n'y était pas. Mais du coup, là, c'était le travail qui me maintenait stable parce que j'avais mon livre, je devais rendre mon livre, c'était très clair de où je devais aller. Donc, il faut vraiment avoir en tête que c'est un jeu d'équilibre libre permanent. Moi, c'est un bonheur quotidien d'être entrepreneuse, d'être libre, de dire ce que je pense. d'être libre, d'être qui je suis dans toute ma complexité, dans toutes mes parties, dans toutes mes forces, mais aussi avec tous mes défauts, et j'en ai beaucoup. Mais je m'entoure de personnes qui les connaissent et qui les comprennent et qui les acceptent. De ne pas savoir déléguer, de ne pas savoir faire confiance par peur, en fait. Même les virgules des postes des réseaux sociaux. Et du coup, pour pouvoir faire de ce défaut une force, parce qu'être exigeant, ça peut être une force. Je pense que je ne serais pas là où je suis aujourd'hui si je n'étais pas aussi exigeante. Mais il faut s'assurer que ça n'a pas un impact négatif sur les gens avec qui je travaille. Donc maintenant, je le mentionne. Les gens qui viennent travailler avec moi, je dis, je suis comme ça. Quand ça devient désagréable, quand ce n'est pas possible de supporter, tu me le dis. Ça m'aide à conscientiser. Je travaille dessus et je te jure que je vais tout faire pour m'améliorer. Ce qui a changé en termes de perspective pour moi... Alors, je pense que sur les urgences climatiques, je ne suis pas du tout plus optimiste. C'est même le contraire. Pour autant, là où j'ai beaucoup plus d'espoir aujourd'hui qu'il y a cinq ans, c'est sur la capacité des humains à se mettre en mouvement pour faire face aux urgences qu'ils ont eux-mêmes déclenchées. Puisque le GIEC rappelle que 100% des causes du réchauffement climatique sont liées aux activités humaines. Et donc, on peut être 100% de la cause de la solution, si on en a envie collectivement. Et depuis cinq ans, je rencontre... que des gens qui, tous les jours, travaillent sur l'économie circulaire, sur la décarbonation, sur la préservation de la nature. Et je me dis, il faut juste qu'on soit prêts à opérer la bascule, parce que l'alternative est possible. Maintenant, j'en suis persuadée. Si je pouvais parler à la Claire d'il y a six ans, je lui dirais de rien changer, parce que je pense que ça ne sert à rien dans la vie d'avoir des regrets. Donc, tout ce qui arrive, arrive pour une raison. On apprend de tout. Donc je ne regrette rien. Mais je lui dirais quand même de jamais lâcher. De jamais lâcher toutes les fois où l'idée passe, ne jamais lâcher. Et de faire de ces émotions si prégnantes en tant que personne si hypersensible une force pour le futur plutôt qu'un frein. Au début, c'est lourd, c'est qu'on ne comprend pas pourquoi tout nous submerge. Je suis souvent submergée. Maintenant, je comprends que ça va être pour les dix prochaines années entre... d'entrepreneuriat, une de mes plus grandes forces, de savoir sentir autant en moi et en les autres. Donc, voilà, Clérette, lâche rien. À quel moment vous vous êtes dit, là, j'ai vraiment eu de l'impact ?

  • Speaker #1

    Il y a eu deux moments fondateurs. Évidemment, le premier magasin qui a signé avec Phoenix, c'était un Leclerc à Rueil-Malmaison, que je salue. Bon, ça y est, on a convaincu un gros magasin qui fait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, avant j'étais et qui maintenant... Et donc on a... Un cas d'école avec des chiffres tangibles, concrets, on va pouvoir reprendre, démultiplier. Et donc là, on s'est dit, OK, ça y est, on a fait le plus dur.

  • Speaker #0

    C'est lors d'un événement de réunion de pépites vertes à ChangeNow l'année dernière. On était tous réunis. Il y avait genre 50, 60 personnes de la communauté qui étaient là parce que j'avais réussi à privatiser un petit espace à ChangeNow. Et je voyais tout le monde là qui se parlait vraiment, encore une fois, plein de personnes hyper différentes, mais toutes drivées par une même mission d'action. Et là, c'était hyper visible, en fait, de voir les gens. En plus de ça, il y avait un gars qui faisait du piano côté, donc c'était affreux, j'avais les larmes aux yeux et tout. C'était hyper moment hors du temps. Et je me suis dit, bah, waouh, j'ai fait ça, quoi. J'ai réuni tous ces gens et je vais les réunir pour encore plein d'années. Et c'est pas hyper palpable physiquement, mais c'est méga palpable humainement.

  • Speaker #1

    La deuxième chose, c'est quand on a commencé à avoir de la lumière médiatique, on s'est dit tiens, c'est marrant, on a un discours qui plaît, on n'a plus le droit de se déchouer. On porte un combat qui nous dépasse un peu, et la première visibilité un peu forte qui met la pression et qui oblige.

  • Speaker #0

    produit par FriXion. La musique a été composée par Nils Bertinelli.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Jean Moreau

    01:30

  • Claire Pétreault

    19:37

Description

Startups à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire… Le concept d’“impact” est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution, ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n’était plus réservé à quelques uns mais plutôt une façon de penser, une façon d’agir, accessible à tous… Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?


Notre premier invité est un ancien banquier d’affaires. Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortables pour fonder Phénix, une startup devenue l’un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui veut concilier chiffre d’affaires et impact positif.


Lorsqu’on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer  ni vers quelles entreprises se tourner. C’est en partant de ce constat que Claire Pétreault a fondé Les Pépites Vertes après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne les jeunes dans leur recherche d’emploi, pour qu’il soit aligné avec leurs convictions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en mode Impact.

  • Speaker #1

    Le podcast où l'on explore les grands défis de notre temps et surtout les solutions qui y répondent. Demain, tous entrepreneurs à Impact ?

  • Speaker #0

    La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée.

  • Speaker #2

    Il faut être amoureux du problème.

  • Speaker #0

    Le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte.

  • Speaker #2

    La confiance en soi, elle existe lorsque... On a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort.

  • Speaker #0

    Les pieds sur le carrelage à 6h du matin dans un reclin, ça encle dans la réalité, dans le monde réel, dans l'économie réelle.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? À qui je le mets à dispo ?

  • Speaker #1

    Start-up à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire. Le concept d'impact est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution ? Ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n'était plus réservé à quelques-uns, mais plutôt une façon de penser, une façon d'agir, accessible à tous. Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?

  • Speaker #0

    Alors moi, la petite histoire, c'est que je suis diplômé de cette maison de Sciences Po, Affaires publiques, en 2008.

  • Speaker #1

    Notre premier invité est un ancien banquier d'affaires.

  • Speaker #0

    Ce parcours m'a amené à commencer ma carrière en banque d'affaires, en fusion acquisition, donc j'ai fait... Cinq ans de finance chez Merrill Lynch, six ans presque même.

  • Speaker #1

    Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortable pour fonder Phénix, une start-up devenue l'un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Vous allez le voir, il incarne cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui veut concilier chiffre d'affaires et impact positif.

  • Speaker #0

    Les gens en école de commerce ou en Sciences Po aimaient bien aller de manière un peu moutonnière comme je l'ai fait, dans les gros cabinets de conseil, McKinsey, BCG, dans les grosses banques d'affaires. en cabinet d'avocat, dans les métiers supposés être prestigieux, exigeants, bien rémunérés, bien formés, qui était un peu l'élite du monde économique, où c'est dur de rentrer, c'est dur de rester. Donc voilà, moi j'étais attiré par ce truc-là, pour de mauvaises raisons aussi je pense, mais je ne crache pas dans la soupe, c'était une super formation, dans un univers assez grisant et exigeant. C'était assez intense, on bossait quasiment 100 heures par semaine, parfois plus. Mais ça manquait de sens, j'avais pas envie de faire fusionner des entreprises, j'avais pas envie de participer à cette caricature du monde capitaliste. j'avais Deep down, comme on dit en anglais, l'envie de réinventer un peu le monde de l'entreprise, en tout cas d'y participer, et de créer une sorte de voie médiane entre les assos non marchandes et le monde capitaliste traditionnel. Et donc c'est comme ça qu'est née, après les prémices de Phoenix et puis cette entreprise. De 2014 à 2019, on a fait un métier unique qui était connecter les magasins et les assos caritatives. Donc créer une sorte de banque alimentaire ou de resto du cœur 2.0. Donc ça c'était vraiment un volet social, on a utilisé une sorte de Robin des Bois qui allait récupérer les invendus de chez Leclerc, Intermarché, Super U, Franprix, Danone, pour les redistribuer aux plus démunis. Et après au fil de l'eau, on a tricoté autour de ces services-là d'autres solutions, notamment de revente aux consommateurs à prix cassé, où il y a peut-être un peu moins d'impact social direct, et l'impact environnemental a pris le relais pour aller vers le zéro déchet alimentaire, zéro gaspillage. Ce que je voulais avoir du sens, c'était contribuer à résoudre un problème de société qui était mal géré. et répondre à cette forme d'évidence qui était que d'un côté il y a des produits qui partent de la poubelle et de l'autre côté il y a des gens qui sont en précarité alimentaire. En tout cas, je ne voulais pas avoir un métier qui servait juste à rembourser des factures, rembourser un emprunt immobilier, payer EDF et GDF à la fin du mois. C'est une vision un peu de privilégier. Pour plein de gens, c'est déjà top d'avoir un métier, un CDI bien payé, etc. Quand on a la chance d'avoir fait ce genre d'études, peut-être qu'on se pose trop de questions. Mais quand tout va bien, quand on est bien payé dans une belle boîte, il faut trouver un truc qui va pas, donc moi c'était ça Et j'ai essayé de créer une entreprise dont je sois fier. Et donc, je peux se dire, oui, on fait de l'argent. Oui, on crée de l'emploi. Mais, by the way, on sauve aussi des repas, on redistribue. Et donc, on a une utilité dont on est fier. On a des témoignages dont on est fier. On me pose souvent la question de savoir s'il y a eu un élément déclencheur ou si ça a été un peu une prise de conscience rampante au long cours. Et la réponse, c'est la réponse 2. Bon, c'est chouette, ce métier est confortable. On va dire que j'ai fait le plus dur. j'y suis déjà depuis 5-6 ans Il y a un peu une voie toute tracée, royale, où on continue à faire ça, ou alors on va en fonds d'investissement et on tire le trait jusqu'au cimetière. Mais j'avais envie, je me rendais compte que je me plaignais souvent. Quand on me demandait comment ça allait, les soirs, le week-end, je disais ouais c'est chouette, mais au boulot, bon voilà. Et à un moment je me suis dit, on va arrêter de pleurnicher, on va prendre sa vie en main et puis on va créer quelque chose qui correspond à mes aspirations profondes. Donc en fait c'était plus une volonté d'alignement entre qui j'étais et ce que je voulais faire. Et puis mon quotidien qui était trop en dissonance cognitive. Et donc évidemment quand j'étais dans des gros rendez-vous, dans des endroits vraiment très caricaturaux, type la Défense ou des gros quartiers d'affaires à Paris. Je ne me sentais pas forcément à ma place. Je suis beaucoup plus à l'aise dans le milieu dans lequel j'évolue aujourd'hui. Je ne pensais pas rester aussi longtemps en banque d'affaires. Je pensais faire une pige de 2-3 ans, me former, mettre un peu d'argent de côté pour pouvoir prendre un risque derrière. Et puis en fait, je suis resté plus longtemps que prévu. Mais je pense que j'avais déjà en tête de plonger un moment vers autre chose. Puis après, à l'âge de 30 ans, j'ai eu envie d'avoir une sorte de quête de sens ou d'envie d'avoir plus d'impact social et environnemental dans mon quotidien, dans mon métier. J'ai d'abord pensé pouvoir le trouver dans un job classique et après j'ai compris qu'il fallait que je le crée et donc on s'est associé au départ à trois puis assez vite à deux et on a creusé plusieurs thématiques jusqu'à tomber dans le monde merveilleux des invendus, des déchets et on s'est dit ben là il y a de la matière, on peut faire une boîte qui a à la fois de l'impact social, de l'impact environnemental avec un volet digital et de la création de valeur économique donc mon driver à moi c'était la quête de sens, la quête de me sentir utile et d'avoir une vie dont je sois fier. Alors Phoenix, qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ? Phoenix, c'est une entreprise sociale, donc déjà c'est une entreprise pas comme les autres. On est une SAS, on lutte contre le gaspillage alimentaire, en connectant ceux qui ont trop et ceux qui n'ont pas assez. Donc ceux qui ont trop, côté offre de la pâte sourd de Phoenix, ce sont deux types d'acteurs, la grande distribution et l'industrielle de l'agroalimentaire, dont les supermarchés, les hypermarchés, puis les usines ou les sites de production logistiques, qui ont des invendus et des stocks dormants depuis longtemps. Et en face de ces gens-là... Phoenix est une alternative à l'incinération, à l'enfouissement, à la mise en décharge. Et on fait trois choses. On revend les invendus à prix cassé sur une application mobile qui s'appelle l'application Phoenix pour des consommateurs et des consommatrices en quête de pouvoir d'achat. Ce qui n'a pas été vendu, on le donne à des assos caritatives. Reste du cœur, Croix-Rouge, Emmaüs, Banque Alimentaire. Et en dernier lieu, ce qui n'a été ni racheté par les consos à prix cassé sur l'appli, ni donné à des assos d'aide alimentaire, c'est proposé à des parcs animaliers, des zoos, des centres équestres des SPA pour l'alimentation animale et donc voilà, à la fin Avec cet écosystème d'économie circulaire, on arrive vraiment à la promesse qui est zéro déchet alimentaire, zéro biodéchets dans les magasins avec lesquels on travaille. Alors il restera forcément du carton, des canettes, des palettes, de la PLV, du plastique, etc. Mais sur la partie déchets organiques, le fait de mettre ensemble comme ça ces 3-4 séquences de valorisation fait qu'on arrive à faire des boucles circulaires de bon sens en circuit court qui permettent aussi d'éviter de détruire. et donc de limiter le coût des déchets, et donc pour nos clients de gagner de l'argent. On a une entreprise qui a un modèle économique solidaire, mais qui a quand même un modèle économique. On fait gagner de l'argent à nos clients parce qu'on transforme les déchets en or, ou en tout cas on limite clairement la perte, on fait du cost-killing, comme on disait dans mon ancien métier. On réduit les factures de gestion des déchets et on prend une commission là-dessus. On a lancé un réseau de magasins qui s'appelle Nous Anti-Gaspi, qui est un projet entrepreneurial, qui est un réseau de distribution physique. On fait de la revente de produits moches, fruits et légumes difformes, etc. Et là, on vient de lancer la saison 3 de la série Phoenix, avec une nouvelle équipe qui est arrivée, un nouveau directeur général, une nouvelle directrice marketing, et donc c'est une nouvelle séquence qui s'ouvre. Et donc voilà, au début, on était deux sur la saison 1. La saison 2, j'étais tout seul à la tête de la boîte, parce que mon cofondateur était parti. Et la saison 3, on est en train de passer le relais tranquillement à une nouvelle équipe qui arrive avec du sang neuf. Et c'est bien aussi pour l'entreprise. Un de mes enseignements, c'est que j'ai lancé à 29 ans une entreprise dans un secteur que je ne connaissais pas du tout. Donc, encore une fois, je trouve que c'était un peu inconscient parce que la grande distribution, c'est un milieu qui est réputé coriace, exigeant, gros négociateur et pas facile à pénétrer. Comme quoi, c'est un enseignement aussi. Quand on y va un peu la fleur au fusil, mais en se disant, en fait, on va y arriver. On va comprendre comment fonctionne le métier, le milieu. On va trouver dans chaque enseigne les deux, trois influenceurs, influenceuses, les personnes clés à rencontrer. En quelques semestres, en quelques années, on arrive à faire son trou dans l'écosystème. Si on est sérieux et qu'on essaie de travailler de manière fiable et honnête. Et donc voilà, c'est ce qu'on a fait. Il y a une dimension de conquête commerciale. Donc en gros, on a des commerciaux qui vont frapper à la porte des Leclerc, Intermarché, Super U, La Vie Claire, Franprix, Naturalia. Et qui essayent de convaincre à tous les niveaux, à la fois les sièges, à la fois les directeurs et directrices de magasins, jusqu'au chef de rayon, de se lancer dans la démarche anti-gaspi zéro déchet. Et puis après, il y a des choses qui tombent aussi par la visibilité. Mais en général, c'est quand même plutôt une démarche proactive de notre part. On n'a pas eu des contrats à plusieurs millions d'euros qui sont tombés du ciel. Ça reste la bataille, surtout dans un milieu où c'est des petites marges. C'est un secteur de centimiers. Et donc, pour aller négocier des contrats cadres sur plusieurs centaines de magasins, ça prend du temps. C'est ça l'avantage d'être dans une entreprise à impact ou d'avoir créé une entreprise qui a une mission forte. La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée. On sait pourquoi on se lève le matin. On voit l'impact tangible qu'on a chaque jour et ça aide à rester motivé dans la durée. On sait qu'on le fait pour de bonnes raisons, on sait qu'on est dans le sens de l'histoire, on sait qu'on a du vent dans les voiles et que ça va finir par arriver, mais il faut rester motivé, c'est sûr. Nous on a eu pas mal de planètes qui se sont alignées. Une réglementation favorable, anti-gaspillage, on a eu une attente de plus en plus forte des consommateurs et des consommatrices, et l'émergence dans notre sillage et à côté de nous, ou devant nous, ou au-dessus de nous, de plein d'acteurs sur les mêmes thématiques mais sur des verticales un peu différentes, donc back-market dans la téléphonie, vintage, le bon coin, vide-dressing, même tout go, tout go, nos concurrents en alimentaire, toute cette génération d'acteurs fait que pour beaucoup de gens, non seulement les jeunes mais aussi les moins jeunes, tout ce qui est seconde main, occasion, Limiter l'achat de neufs, faire des bonnes affaires, c'est devenu presque un réflexe, une tendance, une fierté. Alors qu'il y a quelques années en arrière, c'était encore un truc d'entrée de gamme, de radin, un peu stigmatisant, de déstockage quoi. Avec des gros stickers jaune fluo. Après on a eu la classe politique qui a fait son boulot aussi de mettre la lumière sur des acteurs qui jouaient pas le jeu. Et puis les médias. Un des trucs qui a été le plus efficace, c'est des opérations coup de poing d'Hugo Clément, d'Élise Lucet. avec le fameux reportage où on va voir en caméra cachée l'arrière boutique d'un entrepôt avec des produits qui sont détruits, incinérés, lacérés. Ou alors, ils le savent, il va faire les poubelles d'un gros magasin et qu'il voit que ça déborde. Et derrière, en prime time sur M6 un dimanche soir ou sur le JT de France 2 ou sur Envoyé Spécial, ça fait mal et ça fait bouger les enseignes. Cette peur du bad buzz et cette peur de l'avoir une marque qui est cornée par un mauvais tweet ou un TikTok qui partirait comme une traînée de poudre, ça fait bouger plus que n'importe quelle loi. En général, dans l'impact, il y a un peu, sans caricaturer, mais pour simplifier le propos, il y a un peu deux familles. Il y a des gens qui pensent, à juste titre, que small is beautiful, et que dans cet univers-là, dans l'ESS, dans l'économie sociale et solidaire, dans l'économie des coopératifs, des mutuelles, grossir pour grossir, ce n'est pas intéressant. Il vaut mieux partager le pouvoir, partager la richesse, rester en contrôle de l'actif. Et ça, je respecte ça, mais ce n'est pas le chemin qu'on a pris sur Phoenix. Nous, on a pris la voie numéro 2, qui était de dire, maintenant, dans l'impact, on a une mission qui nous porte, donc il y a de la motivation, on a plein de talents qui veulent nous rejoindre, il y a des financements qui se bousculent à la porte, on a une mission et un besoin sous-jacent qui méritent qu'on soit ambitieux. Précarité alimentaire, on est 8 millions de personnes, le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Donc il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte, qu'il reste une petite TPE, etc. On a envie de montrer que l'impact peut changer d'échelle. Deux, ça peut créer de l'emploi. Troisièmement, ça peut faire des belles entreprises successfulles, inspirantes et qui ont des belles trajectoires. Et donc, on est allé dans cette voie-là. Levé de fonds, croissance, voire hyper-croissance. Et donc, quand on fait ça, c'est dur d'être rentable. Donc, nous, on était rentable par construction au départ, sur la saison 1, 2014-2018. Et on est passé comme ça de zéro à à peu près 6 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2018, on a fait cette grosse levée de fonds. Et là, on a mis le poids dans la pente. On s'est dit, allez, on va investir. C'est là qu'on a lancé l'application Phoenix. On a cramé un peu de cash en marketing et en acquisition digitale. C'est là qu'on a lancé un réseau de magasins physiques. On s'est fait plaisir, on a fait de la pub à la télé, on a fait de la pub dans le métro, sur les bus. C'est un peu la période de l'euphorie des startups aussi. La French Tech, on avait l'impression qu'il fallait qu'elle se baissait pour ramasser 200 millions d'euros. Parce qu'il y avait une profusion d'argent, on avait l'impression que les startups, c'était un peu le nouvel Eldorado, on allait créer une licorne par jour puis il y avait des belles histoires, il y avait des Mano Mano, des Conto des Alan Blabla Card, Octolim, il y a une vraie génération d'entrepreneurs qui ont fait des choses magnifiques. Et donc après, c'est juste que parmi celles-là, il y en a pas mal qui sont en fait un peu des chimères. Entre-temps, il y a eu de la casse et je pense qu'on est qu'au début. Puis les gens sont un peu revenus de ces valorisations un peu inflatées et de ce délire de lever de fond, lever de fond, lever de fond, hyper croissance et chercher le milliard d'euros de valorisation. Et donc, on a dégradé la marge, on a perdu de l'argent. Et puis après, comme beaucoup de boîtes... Quand le marché s'est retourné en 2022-2023 et que la fête était finie, on a fait l'effort de resserrer les boulons, réduire un peu la voilure, ramener la boîte à l'équilibre. Donc nous, ça fait deux ans qu'on est rentable. Et ça n'a pas été simple, ça a été pas mal d'efforts, mais on est très fiers de l'avoir fait. Donc maintenant, on a une entreprise qui est à taille critique, parce qu'on a une belle PME qui fait autour de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. et on est bien financés donc c'est chouette les planètes sont alignées on a fait une belle tranche de 10 ans Et maintenant, il faut réattaquer. C'est souvent ce qui est dur, je trouve. Ce que j'ai trouvé le plus dur, c'est le couple rentabilité-croissance. On a amené le bateau au port, le bateau est au chaud, il est rentable, il est dérisqué. En revanche, il faut qu'on reparte. Il nous faut un petit coup de vent pour qu'on reparte. Aujourd'hui, on est un bon médicament contre le gaspillage. En revanche, si on va au bout de la réflexion, il faudrait un jour qu'on arrive à mieux réduire les pertes à la source, mieux gérer les stocks, ce qui en absolument a du sens. Mais ce qui veut dire aussi que d'une part, on scie la branche sur laquelle on est assise, mais ça à la limite, ce n'est pas dramatique. Enfin même, c'est le destin de toute entreprise sociale, c'est que si elle atteint sa mission, elle doit s'autodétruire. Que le jour où il n'y aura plus de précarité alimentaire, je n'aurai plus de boîte, mais j'aurai peut-être une statue quelque part. On va aussi désalimenter toutes les assos qui comptent sur nous et les consommateurs et consommatrices qui achètent des paniers anti-gaspi pour finir leur fin de mois. Donc tout ça peut dire que parfois, il y a des contradictions entre la stratégie de la boîte et l'impact. Et puis on peut être critiqué sur ce côté entretenir un système. apporter un filet de sécurité qui n'est pas nécessaire et ne pas résoudre le problème à la source sur la réduction du... fermer le robinet. Il y a plein de blocages opérationnels qui font que ça ne va pas arriver tout de suite. Et notamment le fait que dans un grand magasin, une chef de rayon, un chef de rayon, une directrice ou un directeur, il préférera toujours... Avoir un peu de ce qu'on appelle de la démarque, donc un peu de surstock, plutôt qu'une rupture de stock. Personne n'aime avoir un rayon vide où il manque la référence qu'on voulait aller chercher, on a frustré un consommateur qui ne reviendra plus. Dans le bac à fruits et légumes, personne ne va prendre le bas de la pyramide de Melon, personne ne va prendre le fond de rayon d'avocat qui a été tripoté, qui est complètement mou. Donc pour plein de raisons de la sociologie de la consommation et du modèle de la distribution, et notamment de cette obsession de la non-rupture et de l'abondance en rayon. Il y aura toujours un gaspillage résiduel, donc on aura toujours une utilité. Après, c'est sûr qu'on aimerait réfléchir à limiter le gaspillage à la source, mais il y a encore du boulot déjà pour bien faire ce qu'on fait et ne pas se diversifier ou se défocaliser trop vite. Maintenant, je suis aussi conscient des limites. Nous, encore une fois, on est fiers de ce qu'on a fait, mais c'est tout petit. Ça fait 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, donc c'est pinette. On a un côté poisson pilote ou un côté petit jet ski qui montre une voie. mais après le changement il viendra à grande échelle le jour où Un gros directeur de la grande distribution ou l'industrie agroalimentaire change une recette, change un packaging, arrête une ligne de produits qui n'est pas durable. J'ouvre l'Oréal, arrête le plastique sur ses shampoings. Ils ont infiniment plus d'impact que ce qu'on peut faire nous chez Phoenix. Donc non, moi j'attends beaucoup des grands groupes qui bougent, parce que c'est de là que viendra le changement à grande échelle. Donc on a aussi besoin d'avoir des managers dans les entreprises qui portent ce changement, d'avoir ce qu'on appelle des intrapreneurs, des petites pâquerettes qui poussent dans les grands groupes du CAC 40, de la Défense. pour changer de l'intérieur des gros acteurs. Sinon, si on reste entre nous à faire joujou dans le bac à sable, on n'ira pas loin. Il faut qu'il y ait des gros groupes qui bougent et ça est en train d'arriver. Et je pense aussi à la nouvelle génération de managers pour qui c'est une évidence de faire attention. Qui prend le pouvoir progressivement va aider. C'est sûr que mon début de carrière m'a aidé à prendre des risques. Après ce qui est dur par contre c'est... c'est d'abandonner ce train de vie et à 30 ans de repartir manger des pâtes quoi alors qu'il y a tous les copains de promo et les copains de l'ancien boulot qui continuent à acheter des apparts des trucs et tout mais c'est bien moi j'ai aucun regret ça a été une belle trajectoire ça a été une aventure hyper intense alors évidemment c'est usant à une époque on disait anyone can be an entrepreneur il y avait beaucoup d'engouement autour de ça pour libérer un peu les énergies je pense quand même que ce qui s'est passé récemment dans l'écosystème montre que c'est pas facile On a beaucoup raconté des belles histoires, il y a beaucoup de storytelling, mais l'envers du décor est quand même assez compliqué. L'ascenseur émotionnel caractéristique de l'entrepreneur, où on a une bonne nouvelle, de mauvaises nouvelles, on pense qu'on va cartonner, on pense qu'on va déposer le bilan, on va lever des fonds, ah non, en fait, les caisses sont vides. Il faut en avoir conscience. Il n'y a rien de pire que les insomnies, parce qu'on n'est pas sûr de pouvoir payer les salaires le mois d'après. Et ça, c'est comme le quotidien de beaucoup d'entrepreneurs. Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir créé cette boîte qui n'est ni une asso non marchande désintéressée, ni le business tel qu'on l'a connu dans les années 90-2000 et que je ne voulais plus revoir non plus. Et il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont des belles trajectoires rassurantes. Donc voilà, je suis très fier d'avoir créé ce truc-là et d'avoir réussi cette promesse-là. Deuxième chose dont je suis très fier, c'est la culture d'entreprise qui est assez unique chez Phoenix parce qu'on a un mix de personnes qui viennent pour le côté social, d'autres qui viennent pour la fibre écolo, zéro déchet environnement, d'autres qui viennent pour l'aventure digitale, start-up. ça fait un mix assez unique des gens qui sont engagés, voire beaucoup plus engagés que moi encore. La mission est sanctuarisée. Et après, ce qui m'explique ce que j'ai préféré dans toute cette phase-là, c'est quand même, je trouve que la phase de 0 à 1, quand on part de moins l'infini et qu'on doit créer un produit, un service, imaginer un pricing, lancer une marque, chercher les premiers talents alors qu'on n'existe pas. J'ai préféré les phases de start et de build, dans les phases 1 et 2, où au départ c'est un peu le chaos, et on va avoir l'intuition et la transformer en business. Après on commence à structurer un peu la boîte avec des fiches de poste, des grilles de salaire, des organigrammes. Et après, quand c'est plus des routines managériales, ça m'a plus coûté. Donc c'est là qu'il faut avoir la sagesse de dire, attends, on va prendre un manager qui va faire ça, et moi je vais repartir au combat.

  • Speaker #1

    Lorsqu'on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer, ni vers quelles entreprises se tourner. C'est en partant de ce constat que Claire Pétréot a fondé Les Pépites Vertes, après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne notamment les jeunes dans leur recherche d'emploi, pour qu'ils soient alignés avec leurs convictions.

  • Speaker #2

    Moi je suis originaire de Segrès, une petite ville dans le Ménéloir, qui est le meilleur département de France. J'étais très engagée depuis ma jeunesse, j'étais au conseil municipal des jeunes, j'étais, je ne sais pas, présidente de la maison des lycéens dans mon lycée, j'étais engagée au HAND. J'ai un peu de sang engagé dans le sens où je suis petite fille de paysan et je suis fille de prof, donc en fait pour moi c'était un peu obligé d'avoir une carrière qui contribue à la société et au bien commun. Juste l'entrepreneuriat, pour moi, c'était quelque chose de très nouveau que j'ai découvert sur la route. Je m'étais plutôt lancée dans le salariat. J'ai travaillé à la Ruche Kiddioui dans le secteur de l'alimentation. Quand tu rentres par l'alimentation, tu as forcément un peu des déclics à tous les niveaux, sur la santé, sur l'écologie, sur l'économie, sur le social. Après, j'ai travaillé dans l'économie circulaire, à valoriser les biodéchets des restaurateurs de la ville d'Angers pour en faire du compost. Et enfin, pendant mon Master 2, que je faisais en parallèle avec Télécom Paris, et Sciences Po. J'avais un stage, enfin, j'ai décidé de faire un stage, même si ce n'était plus dans le cursus, parce que je n'arrivais pas, après mon année de césure, à ne plus travailler. Et donc, j'ai travaillé à ChangeNow, où je suis arrivée au tout début de l'événement, c'est le plus grand événement mondial des solutions pour la planète, ChangeNow. Et du coup, hyper vite, j'avais genre 24 ans, je suis devenue la dire-com, et je suis restée 3 ans. Et donc, tu vois, l'engagement, il était là, c'était genre une évidence. Après moi, le où, le comment, je m'en fichais un peu. Ce que je voulais juste, c'est m'assurer que tous les matins, quand je vais au boulot, je sais pourquoi j'y vais, pour qui j'y vais et à quoi ça sert. C'est mes valeurs. Je pense qu'on est face à des crises environnementales, sociales, démocratiques, qui font que chacun, chacune, qui en a les moyens en tout cas, devrait se poser la question de sa responsabilité. Quand on sort de Sciences Po et qu'on a les moyens de rentrer dans des carrières élitistes comme nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? à qui je le mets à dispo. quelle vision du monde j'encourage, je contribue. Il y en a qui se posent la question par la consommation. Moi, je pense qu'on oublie parfois de se dire que le métier, c'est un énorme levier d'activation de la transition écologique. Donc ouais, je crois que ma question, c'est pourquoi tout le monde n'y est toujours pas. J'ai eu une grosse phase d'éco-anxiété à la suite d'une expérience qui s'appelle Blue Turn Earth, qui est designée par Jean-Pierre Gou et qui consiste à regarder la Terre tourner pendant 14 minutes sur une musique. méditative et à se rappeler qu'on n'est qu'un et qu'on n'est qu'un petit bout et que tous nos problèmes, c'est minus et que quand on se remet à l'échelle de l'univers, c'est waouh et qu'on n'a qu'une planète bleue et qu'il faut la protéger et cette communion que j'ai vécue à Tchénigna en 2018 dans une salle à regarder pendant 14 minutes la Terre qui tourne j'ai même fait mon tatouage à chaque fois que je vois Jean-Pierre, je lui dis tu sais que je me suis tatouée la Terre suite à l'expérience Merci. Et là, ça rentrait dans mon corps. C'était à tous les niveaux, cœur, tête, corps. C'était, mais qu'est-ce qu'on fout ? Tu vois, je n'ai même pas les mots. Et donc, à partir de là, je me suis dit, il n'y aura plus rien au monde qui m'empêchera de faire tout mon agenda et toute ma vie le sens d'accélérer la transition écologique. Quand je suis devenue entrepreneuse en 2020, je suis passée d'une personne qui dédie sa carrière à la transition écologique. à une personne qui a envie d'aider les autres à dédier leur carrière à la transition écologique. Donc là, il y a eu un déclic, c'est le Covid. C'est des dizaines d'étudiants qui m'écrivent de Sciences Po et qui me disent, comment t'as fait pour trouver un job écolo ? Comment on fait pour savoir si c'est du greenwashing ou pas ? Est-ce que ça existe vraiment, en fait, les métiers de l'écologie ou est-ce que c'est du bullshit ? Et là, je me suis dit, c'est marrant qu'il y ait autant de gens et qu'il y ait aussi peu de moyens de leur répondre. Donc j'ai beaucoup travaillé avec Sciences Po carrière à ce moment-là. pour organiser des webinaires, je faisais des coachings, enfin j'étais confinée donc je faisais des visios, je designais un peu des questions type, des conseils sur le CV. Et à un moment je me suis dit dingue, et si en fait j'avais un projet entrepreneurial en parallèle de mon travail de dire comme ? Et donc je me suis dit pour tester, je vais lancer la chaîne YouTube Les Pépites Vertes, je vais parler de métiers, d'écologie, de CV, de compétences, je vais aller à la rencontre de dizaines et de dizaines de salariés. dans toute la France pour présenter des métiers qui vont de théophile qui travaille pour préserver la biodiversité, à Sarah qui a décidé de devenir agricultrice, ou Alexandra qui transforme la cosmétique en faisant de l'ARSE, ou Jasser qui est consultant en transition énergétique. Vraiment, mon objectif, c'était de montrer tout le champ des possibles. Et donc, c'est toutes ces rencontres-là, les unes après les autres, qui m'ont fait dire, mais pourquoi les gens ne voient pas ? Pourquoi il n'y a que moi, avec ma petite caméra que j'ai trouvée sur le bon coin, à mettre en lumière ces gens-là ? Et là, du coup, j'ai décidé de quitter mon taf, de négocier une rupture co, et de me lancer sans avoir aucune idée de comment créer une entreprise. Je n'ai jamais fait ça. Et c'est parti, c'était 2021. J'ai décidé d'en faire mon métier, mon entreprise, et de fonder du coup une boîte qui aide les jeunes salariés, les jeunes talents à se projeter dans des carrières de la transition écologique. Les pépites vertes, comment j'ai trouvé ? J'ai bossé sur un carnet où je mettais tous les mots. Je voulais absolument qu'il y ait un truc sur le talent, sur la brillance. Donc là, c'est là qu'est venu Pépite. Je voulais un truc sur l'écologie, l'environnement. C'est là qu'est venu Vert. Et je me rappelle très bien, j'étais en footing avec un de mes meilleurs amis. Je lui dis « T'en penses quoi, les pépites vertes ? » Il m'a dit « On achète » . Et voilà, c'était parti. Je ne me serais jamais lancée en sortie de Sciences Po. J'avais trop envie d'aller apprendre. et en fait en vrai c'est mes boss à chaque fois qui m'ont qui m'ont tellement fait confiance, tellement tôt, tellement vite, qui m'ont tellement donné des clés, que j'avais beau pas du tout savoir ce que j'allais faire des pépites, j'avais la foi qu'il y avait un truc à faire. Et en fait, je débordais d'idées, de créativité. Quand j'avais mon entreprise en parallèle de mon job de CDI, je travaillais le matin de 7h à 9h avant d'aller au taf, de 9h à 18h j'étais au taf, et de 18h à 20h je continuais mon autre projet entrepreneurial, plus le week-end évidemment, et il y a eu un moment où... je ne pouvais pas tenir, c'était physiquement compliqué. Et donc, j'ai choisi de me donner ma chance. La mission de tout début, c'était comment j'outille la jeunesse pour qu'elle voit le max d'emplois qui existent dans la transition écologique. Et comme j'ai toujours été driveée par ma mission et jamais par la chaîne YouTube ou par du what, j'étais tout le temps en mode, quel est mon why ? Qu'est-ce que je peux faire comme how ? Et éventuellement, quels sont les what qu'on va vouloir... trouver, donc le Golden Circle de Simon Sinek. Et du coup, j'étais en mode, OK, mon why, c'est aider les jeunes à trouver un métier écolo. On teste YouTube, ça marche moyen en vrai. N'allez pas regarder mes vidéos YouTube. On teste autre chose. Insta, facile, OK. Facile de créer du contenu avec ma commu, OK. LinkedIn, LinkedIn s'apprend, OK. Typiquement, au tout début, mes articles, moi, j'avais personne à rémunérer, j'avais pas de modèle. Je faisais écrire par des pépites leurs articles sur un formulaire Google. que je transformais sur WordPress en articles. Donc tout le monde était en mode, comment elle fait pour écrire tous ces articles ? Je suis en mode, c'est pas moi qui les écris, c'est ma communauté. Donc j'ai créé mon contenu et ma marque avec ma commu, parce qu'eux, ils avaient à gagner d'être mis en lumière. Et moi, j'étais leur plateforme de médiatisation. Donc au tout début, c'était une association. Dans l'entrepreneuriat Impact, il y a un gros sujet entre business et impact. Et moi, je venais d'une famille de fonctionnaires. et j'avais vraiment des gros a priori sur les modèles capitalistiques d'entreprise. Donc je me suis dit, c'est une asso, mon projet c'est évident, c'est une asso. Sauf qu'assez vite, j'ai réalisé que ma création de valeur allait être sur la vente de prestations de services, de communications et d'événementiels. Et en tant qu'asso, je n'avais pas trop le droit de faire ça. Et en plus de ça, mon avocat aussi qui m'accompagne à ce moment-là m'a aidé à réaliser que je voulais être rémunérée par mon association. Or, si j'en étais la présidente, je ne pouvais pas être rémunérée. Il fallait que je passe directrice générale, que je trouve quelqu'un à la présidence qui porte ma vision. Tout ça me paraissait un peu complexe et du coup, j'ai assez vite fermé l'assaut. Expliquer à la communauté que j'allais créer une entreprise de l'ESS à impact, que ça n'allait rien changer à leur expérience d'être mise en lumière ou d'être mise en réseau et que ça allait être juste juridiquement plus pratique pour moi. Et donc, en 2022, j'ai créé l'entreprise Les Pépites Vertes. J'ai eu mes premiers stagiaires. Mes premiers salariés, mes premiers freelances, mes premiers bureaux. Donc d'abord, c'est un contenu. Deux, agence, parce que très vite, des marques sont venues me voir pour me dire comment on peut travailler avec vous. Vous savez faire de la communication, vous savez mettre en lumière des vrais gens pour parler de sujets techniques. Comment est-ce qu'on fait, nous l'ADEME, nous la Fondation Good Planet, nous la Banque Postale, pour construire des contenus avec vous et maximiser nos chances de rayonner sur ces sujets de transition écologique. Et trois. un réseau. Au début, c'était dans mon entreprise que je fédérais le réseau. Depuis quelques mois, c'est dans une association. J'ai recréé une asso avec 15 cofondateurs qui s'appellent le Club des Pépites et qui fédèrent tous les jeunes professionnels de la transition écologique. Ça va changer et du coup, je vais vraiment réorienter sur une offre de communication que je peux mettre à disposition maintenant de ma communauté qui, elle aussi, a besoin d'être plus rayonnante et plus visible.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs problèmes. Le premier, c'est pas se faire confiance, évidemment. C'est hyper dur d'avoir confiance en soi quand on n'a pas fait un master installation de panneaux photovoltaïques. Et du coup, c'est comment est-ce que moi, Claire, qui sors d'un master communication, je me sens légitime pour aller parler des défis environnementaux alors que je n'ai jamais été formée à ça ? Il faut un petit peu de culot, il faut beaucoup d'informations et de formation, d'auto-formation. Et donc, pour toutes les personnes qui sortent de Sciences Po, par exemple, et qui ont fait un master finance, ou un master RH, c'est comment je suis légitime pour aller bosser sur ces sujets-là, alors que j'ai eu un module de cours sur les enjeux. Donc, un, c'est vraiment crise de légitimité, syndrome de l'imposteur. Donc, ça, il faut le travailler. Il faut se concentrer sur ses forces. Il faut se dire, on a besoin de RH green. On a besoin de finances durables. On a besoin de communicants à impact. Deux, pas assez d'offres. Mais les offres, elles sont en train de se créer. Tous les métiers devraient relever de la transition écologique. Donc, encore une fois, que vous alliez dans une entreprise de la transition écologique ou en transformation, il y aura du verdissement des compétences à tous les endroits. On va former l'ensemble des collaborateurs, on va vivre une révolution qui, normalement, sera similaire à celle qu'on a vécue pour le digital. C'est vraiment pareil. On va devoir repenser notre manière de faire notre travail et le faire rentrer dans un cadre de limite planétaire. Ça, évidemment, c'est ma vision et mon utopie. Je ne dis pas que ça va être le cas et que ça l'est déjà. Mais les patrons et patronnes qui sont en train de se former et de déployer avec les RH les... Les plans de formation aux défis environnementaux sont bien conscients qu'ils ne vont plus pouvoir faire leur métier pareil. Donc deux, il y a des métiers partout, il y a des jobs partout. Peut-être que ce n'est pas en cherchant uniquement sur les métiers environnement qu'on va pouvoir avoir un job pour la planète. Trois, c'est la croyance que travailler pour l'écologie égale rien gagner. J'ai envie de nuancer ça. Déjà, c'est OK de vouloir gagner de l'argent, je comprends, c'est l'indicateur numéro un des jeunes à la sortie d'école. quand ils recherchent un job. Pour autant, de combien a-t-on besoin pour vivre décemment quand on sort d'une grande école ? Donc, il y a quand même un sujet de savoir se poser la question de sa rémunération, de ses vrais besoins. Il y a de plus en plus d'entreprises à impact qui financent bien et qui rémunèrent bien. Il y a des nouvelles manières de financer les gens en proposant des participations, etc. Donc, les modèles économiques de la transition écologique et des entreprises à impact sont en train de se structurer. Et c'est collectivement, entrepreneurs, salariés, qu'on doit se poser la question de la rémunération, mais de ce que j'observe depuis cinq ans, c'est quand même qu'il y a des espaces où on peut gagner sa vie et travailler pour l'écologie. C'est plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires que j'ai généré grâce à ces partenariats-là. C'est une équipe qui a fait que de former beaucoup de jeunes. Aujourd'hui, c'est une équipe de freelance. C'est quand j'avais le programme de formation, 250 jeunes qui passent par le programme, qui sont ensuite propulsés aux rencontres économiques d'Aix, à Change Now, dans les échos. C'est de la visibilisation vraiment chez des grands acteurs du fait qu'ils sont passés au Pépite-Verte. Ensuite, c'est plus de 20 clients accompagnés à raconter les métiers de la transition écologique dans plus de 30 villes de France différentes que j'ai parcourues. Ce qui est dur dans mon média, et c'est pour ça que parfois je me repose la question du sens, c'est que c'est humain mon impact et tout le monde ne me remonte pas à quoi je leur ai servi. Donc il y a vraiment des matins où je me retrouve à relire les petits messages gentils que j'avais reçus il y a six mois parce que ça fait longtemps qu'on ne m'en a pas donné. Et pourtant, après, je recroise une pépite et elle me dit « mais attends, mais tu ne te rends pas compte. Non mais grâce à toi, en fait, dans mon entreprise, moi, j'ai réussi à être beaucoup plus crédible. » J'ai une petite, par exemple, qui s'appelle Marie, qui était à Sciences Po, d'ailleurs, qui a quitté son cabinet de conseil pour retourner avec ses parents dans une PME de fabrication de pâtes bio, que j'ai poussée pour être mise en lumière sur les éco-starts. Et un jour, elle m'aurait écrit, mille ans plus tard, elle me dirait « je ne t'ai pas dit, grâce à ça, ça m'a vraiment aidée à être beaucoup plus crédible auprès des investisseurs, tu ne te rends pas compte, c'est énorme l'impact que tu as » . Et c'est des impacts de 1-1-1, donc parfois c'est un peu minus. Et en fait, changer la vie d'une personne, c'est déjà énorme. Pour moi, les qualités essentielles, la première qui me vient, c'est détermination. En fait, il faut être en colère. Il faut être amoureux du problème. Il faut se dire tous les matins, je ne peux pas faire autre chose que me dédier à cette cause. Donc la première qualité, c'est de savoir identifier son truc à soi, sa flamme à soi. La deuxième, c'est savoir s'adapter et écouter. Moi, j'ai une grande force d'écoute et donc j'écoute les gens. les problèmes des gens, les problèmes de l'écosystème. Je suis très orientée utilisateur, très orientée bénéficiaire et je sors jamais un truc si je sens pas qu'il y a un besoin. Je n'ai jamais trop raté des sorties de produits parce que je les ai toujours construits avec mes bénéficiaires. Et c'est ce qui fait d'ailleurs que je suis en train de pivoter ma boîte. Je sens en ce moment que je ne suis pas à 300% dans le juste sur mon offre actuelle et qu'il y a une autre offre et un autre besoin qui m'appelle ailleurs. Donc cette capacité à écouter, je pense que c'est vraiment un skill qu'il faut développer. Et ensuite, confiance en soi. Je sais qu'on a l'impression que j'ai méga confiance. En fait, la confiance en soi, elle vient de l'action. La confiance en soi, elle existe lorsque on a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort. Et que notre cerveau est en mode, ah ok, let's go faire pire la prochaine fois, enfin mieux. Mais du coup, la confiance en soi, c'est un muscle. Donc oui, moi je muscle ma confiance en moi et c'est vrai que je pense que j'ai une bonne confiance en moi, j'ai confiance en mes capacités. Pourquoi ? Parce que je travaille énormément. Je ne sais pas pourquoi on ne dit pas ça dans les podcasts entrepreneurs, juste je donne des heures et des heures de taf à ce projet depuis 5 ans. Donc, forcément, ça nourrit ma confiance en moi parce que j'ose tellement de trucs je rate beaucoup de choses mais j'en ose tellement qu'il y en a forcément certaines qui marchent par contre l'estime de soi c'est-à-dire se dire ah ça a de la valeur ce que je fais ah je suis une bonne personne tout ça moi je ne l'ai pas trop donc je le bosse avec la résilience évidemment mais bon c'est les chocs c'est avoir un backup c'est avoir un ancrage c'est avoir une safe pace autour de soi, les pieds dans le sol, pour pouvoir se prendre les murs les uns après les autres et rester debout face à la tempête. On ne peut pas lancer une entreprise sans se donner à 300%. Pour autant, ça n'est pas durable, sur 10 ans, de passer sa vie à travailler au nom de la cause. Vraiment, ça ne marche pas. Le corps dit non, le cœur dit non. On fait des insomnies, on fait de l'anxiété, on fait des burn-out militants. Donc non, c'est juste que oui, ça demande du taf. Est-ce que c'est possible l'équilibre pro-perso quand on entreprend à Impact ? Oui. Aujourd'hui, j'ai un bon équilibre pro-perso. Mais j'ai dû créer les espaces parce que sinon, je pourrais travailler à 24. Donc, j'ai dû bloquer les phases pour aller faire de la danse, pour aller faire des stages de stand-up, voir mes copains, voir ma famille, organiser mes 30 ans dans un super lieu. Et tout ça, je dois le bloquer parce que si je ne bloque pas, je remplis avec du travail. Et après, je n'aime pas trop aussi l'injonction aux pros perso obligatoire à 50-50. Si c'est important pour toi de travailler et que le sens de ta vie, c'est contribuer à des causes, fais-le. C'est vrai parce que quelqu'un t'a dit attention aux pros perso que tu dois... Je ne sais pas, j'aime bien complexifier un peu cette question qui est parfois plus un peu en mode jugement des fois, j'ai l'impression. C'est dur d'être entrepreneur et je pense que c'est hyper dur d'être entrepreneur à impact. Parce que c'est dur parce qu'on doit créer des modèles, on doit inventer des modèles et on doit payer d'autres gens. Donc c'est quand même, c'est pas évident comme compétence. Sauf qu'entrepreneur à impact, on doit faire ça pour une cause. Donc en fait, notre business model, c'est pas créer du cash, c'est créer de l'impact grâce à du cash. Donc en fait, on réinvente complètement la manière de penser l'entrepreneuriat. Pour les personnes qui sont venues pour la cause, comme moi, il y a un énorme travail, mais limite thérapeutique, de déconstruction du rapport à l'argent. Et non, l'argent n'est pas mal. Et non, ce n'est pas grave de faire du chiffre d'affaires à partir du moment où c'est un moyen pour une fin qui est celle pour laquelle tu as choisi de te lever le matin. J'avais une image de l'argent qui était sale, qui était pour les grands capitalistes, les méchants, les riches, quoi. Et maintenant que j'ai compris que ça pouvait être un moyen et que c'était OK, d'ailleurs, de m'offrir parfois des petits trucs, j'ai acheté des chaussettes. Un des chaussettes à paillettes avec écrit pétillante et verte, évidemment. Et je me suis dit, fais-toi ce cadeau. Et ouais, j'apprends à m'autoriser. J'étais aussi avec mon comptable hier qui me disait, on a un comment sur l'AREM et tout. Je me suis dit, je pense que je peux encore me serrer la ceinture encore six mois. Il me dit, pourquoi tu dois te serrer la ceinture encore six mois ? Je me suis dit, non, mais on ne sait jamais, vu que je dois recruter. Il me fait, non mais Claire, en fait, si tu es toujours dans cette logique de, tu n'es pas rémunéré à la hauteur du taf que tu fais, tu ne vas jamais débunker la suite et l'abondance qui peut arriver par la suite. On a augmenté hier. Ce n'est pas des pépites d'or encore. Je trouve que c'est dur parce qu'il y a plein d'injonctions contradictoires. Je me suis toujours dit que je suis comme une sportive vidéo niveau, en toute humilité. Il me faut un staff médical, donc une thérapeute, un coach, des pères avec qui débriefer une vie saine avec des amis, ma famille qui me soutient, un appartement où je peux rentrer et je me sens bien, du sport, des loisirs. Mais je me suis toujours dit, si tu ne crées pas un setup sain et stable dans ta vie perso, alors que tu es en instabilité permanente dans ta vie pro, ça ne marchera pas. Pour autant, je ne l'ai pas toujours fait. L'année dernière, pour moi, a été chaotique. J'ai déménagé trois fois, j'ai eu un problème de santé, j'ai eu un petit cancer de la peau, un carcinome. Enfin voilà, on n'y était pas. Mais du coup, là, c'était le travail qui me maintenait stable parce que j'avais mon livre, je devais rendre mon livre, c'était très clair de où je devais aller. Donc, il faut vraiment avoir en tête que c'est un jeu d'équilibre libre permanent. Moi, c'est un bonheur quotidien d'être entrepreneuse, d'être libre, de dire ce que je pense. d'être libre, d'être qui je suis dans toute ma complexité, dans toutes mes parties, dans toutes mes forces, mais aussi avec tous mes défauts, et j'en ai beaucoup. Mais je m'entoure de personnes qui les connaissent et qui les comprennent et qui les acceptent. De ne pas savoir déléguer, de ne pas savoir faire confiance par peur, en fait. Même les virgules des postes des réseaux sociaux. Et du coup, pour pouvoir faire de ce défaut une force, parce qu'être exigeant, ça peut être une force. Je pense que je ne serais pas là où je suis aujourd'hui si je n'étais pas aussi exigeante. Mais il faut s'assurer que ça n'a pas un impact négatif sur les gens avec qui je travaille. Donc maintenant, je le mentionne. Les gens qui viennent travailler avec moi, je dis, je suis comme ça. Quand ça devient désagréable, quand ce n'est pas possible de supporter, tu me le dis. Ça m'aide à conscientiser. Je travaille dessus et je te jure que je vais tout faire pour m'améliorer. Ce qui a changé en termes de perspective pour moi... Alors, je pense que sur les urgences climatiques, je ne suis pas du tout plus optimiste. C'est même le contraire. Pour autant, là où j'ai beaucoup plus d'espoir aujourd'hui qu'il y a cinq ans, c'est sur la capacité des humains à se mettre en mouvement pour faire face aux urgences qu'ils ont eux-mêmes déclenchées. Puisque le GIEC rappelle que 100% des causes du réchauffement climatique sont liées aux activités humaines. Et donc, on peut être 100% de la cause de la solution, si on en a envie collectivement. Et depuis cinq ans, je rencontre... que des gens qui, tous les jours, travaillent sur l'économie circulaire, sur la décarbonation, sur la préservation de la nature. Et je me dis, il faut juste qu'on soit prêts à opérer la bascule, parce que l'alternative est possible. Maintenant, j'en suis persuadée. Si je pouvais parler à la Claire d'il y a six ans, je lui dirais de rien changer, parce que je pense que ça ne sert à rien dans la vie d'avoir des regrets. Donc, tout ce qui arrive, arrive pour une raison. On apprend de tout. Donc je ne regrette rien. Mais je lui dirais quand même de jamais lâcher. De jamais lâcher toutes les fois où l'idée passe, ne jamais lâcher. Et de faire de ces émotions si prégnantes en tant que personne si hypersensible une force pour le futur plutôt qu'un frein. Au début, c'est lourd, c'est qu'on ne comprend pas pourquoi tout nous submerge. Je suis souvent submergée. Maintenant, je comprends que ça va être pour les dix prochaines années entre... d'entrepreneuriat, une de mes plus grandes forces, de savoir sentir autant en moi et en les autres. Donc, voilà, Clérette, lâche rien. À quel moment vous vous êtes dit, là, j'ai vraiment eu de l'impact ?

  • Speaker #1

    Il y a eu deux moments fondateurs. Évidemment, le premier magasin qui a signé avec Phoenix, c'était un Leclerc à Rueil-Malmaison, que je salue. Bon, ça y est, on a convaincu un gros magasin qui fait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, avant j'étais et qui maintenant... Et donc on a... Un cas d'école avec des chiffres tangibles, concrets, on va pouvoir reprendre, démultiplier. Et donc là, on s'est dit, OK, ça y est, on a fait le plus dur.

  • Speaker #0

    C'est lors d'un événement de réunion de pépites vertes à ChangeNow l'année dernière. On était tous réunis. Il y avait genre 50, 60 personnes de la communauté qui étaient là parce que j'avais réussi à privatiser un petit espace à ChangeNow. Et je voyais tout le monde là qui se parlait vraiment, encore une fois, plein de personnes hyper différentes, mais toutes drivées par une même mission d'action. Et là, c'était hyper visible, en fait, de voir les gens. En plus de ça, il y avait un gars qui faisait du piano côté, donc c'était affreux, j'avais les larmes aux yeux et tout. C'était hyper moment hors du temps. Et je me suis dit, bah, waouh, j'ai fait ça, quoi. J'ai réuni tous ces gens et je vais les réunir pour encore plein d'années. Et c'est pas hyper palpable physiquement, mais c'est méga palpable humainement.

  • Speaker #1

    La deuxième chose, c'est quand on a commencé à avoir de la lumière médiatique, on s'est dit tiens, c'est marrant, on a un discours qui plaît, on n'a plus le droit de se déchouer. On porte un combat qui nous dépasse un peu, et la première visibilité un peu forte qui met la pression et qui oblige.

  • Speaker #0

    produit par FriXion. La musique a été composée par Nils Bertinelli.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Jean Moreau

    01:30

  • Claire Pétreault

    19:37

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Description

Startups à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire… Le concept d’“impact” est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution, ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n’était plus réservé à quelques uns mais plutôt une façon de penser, une façon d’agir, accessible à tous… Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?


Notre premier invité est un ancien banquier d’affaires. Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortables pour fonder Phénix, une startup devenue l’un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui veut concilier chiffre d’affaires et impact positif.


Lorsqu’on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer  ni vers quelles entreprises se tourner. C’est en partant de ce constat que Claire Pétreault a fondé Les Pépites Vertes après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne les jeunes dans leur recherche d’emploi, pour qu’il soit aligné avec leurs convictions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en mode Impact.

  • Speaker #1

    Le podcast où l'on explore les grands défis de notre temps et surtout les solutions qui y répondent. Demain, tous entrepreneurs à Impact ?

  • Speaker #0

    La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée.

  • Speaker #2

    Il faut être amoureux du problème.

  • Speaker #0

    Le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte.

  • Speaker #2

    La confiance en soi, elle existe lorsque... On a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort.

  • Speaker #0

    Les pieds sur le carrelage à 6h du matin dans un reclin, ça encle dans la réalité, dans le monde réel, dans l'économie réelle.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? À qui je le mets à dispo ?

  • Speaker #1

    Start-up à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire. Le concept d'impact est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution ? Ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n'était plus réservé à quelques-uns, mais plutôt une façon de penser, une façon d'agir, accessible à tous. Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?

  • Speaker #0

    Alors moi, la petite histoire, c'est que je suis diplômé de cette maison de Sciences Po, Affaires publiques, en 2008.

  • Speaker #1

    Notre premier invité est un ancien banquier d'affaires.

  • Speaker #0

    Ce parcours m'a amené à commencer ma carrière en banque d'affaires, en fusion acquisition, donc j'ai fait... Cinq ans de finance chez Merrill Lynch, six ans presque même.

  • Speaker #1

    Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortable pour fonder Phénix, une start-up devenue l'un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Vous allez le voir, il incarne cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui veut concilier chiffre d'affaires et impact positif.

  • Speaker #0

    Les gens en école de commerce ou en Sciences Po aimaient bien aller de manière un peu moutonnière comme je l'ai fait, dans les gros cabinets de conseil, McKinsey, BCG, dans les grosses banques d'affaires. en cabinet d'avocat, dans les métiers supposés être prestigieux, exigeants, bien rémunérés, bien formés, qui était un peu l'élite du monde économique, où c'est dur de rentrer, c'est dur de rester. Donc voilà, moi j'étais attiré par ce truc-là, pour de mauvaises raisons aussi je pense, mais je ne crache pas dans la soupe, c'était une super formation, dans un univers assez grisant et exigeant. C'était assez intense, on bossait quasiment 100 heures par semaine, parfois plus. Mais ça manquait de sens, j'avais pas envie de faire fusionner des entreprises, j'avais pas envie de participer à cette caricature du monde capitaliste. j'avais Deep down, comme on dit en anglais, l'envie de réinventer un peu le monde de l'entreprise, en tout cas d'y participer, et de créer une sorte de voie médiane entre les assos non marchandes et le monde capitaliste traditionnel. Et donc c'est comme ça qu'est née, après les prémices de Phoenix et puis cette entreprise. De 2014 à 2019, on a fait un métier unique qui était connecter les magasins et les assos caritatives. Donc créer une sorte de banque alimentaire ou de resto du cœur 2.0. Donc ça c'était vraiment un volet social, on a utilisé une sorte de Robin des Bois qui allait récupérer les invendus de chez Leclerc, Intermarché, Super U, Franprix, Danone, pour les redistribuer aux plus démunis. Et après au fil de l'eau, on a tricoté autour de ces services-là d'autres solutions, notamment de revente aux consommateurs à prix cassé, où il y a peut-être un peu moins d'impact social direct, et l'impact environnemental a pris le relais pour aller vers le zéro déchet alimentaire, zéro gaspillage. Ce que je voulais avoir du sens, c'était contribuer à résoudre un problème de société qui était mal géré. et répondre à cette forme d'évidence qui était que d'un côté il y a des produits qui partent de la poubelle et de l'autre côté il y a des gens qui sont en précarité alimentaire. En tout cas, je ne voulais pas avoir un métier qui servait juste à rembourser des factures, rembourser un emprunt immobilier, payer EDF et GDF à la fin du mois. C'est une vision un peu de privilégier. Pour plein de gens, c'est déjà top d'avoir un métier, un CDI bien payé, etc. Quand on a la chance d'avoir fait ce genre d'études, peut-être qu'on se pose trop de questions. Mais quand tout va bien, quand on est bien payé dans une belle boîte, il faut trouver un truc qui va pas, donc moi c'était ça Et j'ai essayé de créer une entreprise dont je sois fier. Et donc, je peux se dire, oui, on fait de l'argent. Oui, on crée de l'emploi. Mais, by the way, on sauve aussi des repas, on redistribue. Et donc, on a une utilité dont on est fier. On a des témoignages dont on est fier. On me pose souvent la question de savoir s'il y a eu un élément déclencheur ou si ça a été un peu une prise de conscience rampante au long cours. Et la réponse, c'est la réponse 2. Bon, c'est chouette, ce métier est confortable. On va dire que j'ai fait le plus dur. j'y suis déjà depuis 5-6 ans Il y a un peu une voie toute tracée, royale, où on continue à faire ça, ou alors on va en fonds d'investissement et on tire le trait jusqu'au cimetière. Mais j'avais envie, je me rendais compte que je me plaignais souvent. Quand on me demandait comment ça allait, les soirs, le week-end, je disais ouais c'est chouette, mais au boulot, bon voilà. Et à un moment je me suis dit, on va arrêter de pleurnicher, on va prendre sa vie en main et puis on va créer quelque chose qui correspond à mes aspirations profondes. Donc en fait c'était plus une volonté d'alignement entre qui j'étais et ce que je voulais faire. Et puis mon quotidien qui était trop en dissonance cognitive. Et donc évidemment quand j'étais dans des gros rendez-vous, dans des endroits vraiment très caricaturaux, type la Défense ou des gros quartiers d'affaires à Paris. Je ne me sentais pas forcément à ma place. Je suis beaucoup plus à l'aise dans le milieu dans lequel j'évolue aujourd'hui. Je ne pensais pas rester aussi longtemps en banque d'affaires. Je pensais faire une pige de 2-3 ans, me former, mettre un peu d'argent de côté pour pouvoir prendre un risque derrière. Et puis en fait, je suis resté plus longtemps que prévu. Mais je pense que j'avais déjà en tête de plonger un moment vers autre chose. Puis après, à l'âge de 30 ans, j'ai eu envie d'avoir une sorte de quête de sens ou d'envie d'avoir plus d'impact social et environnemental dans mon quotidien, dans mon métier. J'ai d'abord pensé pouvoir le trouver dans un job classique et après j'ai compris qu'il fallait que je le crée et donc on s'est associé au départ à trois puis assez vite à deux et on a creusé plusieurs thématiques jusqu'à tomber dans le monde merveilleux des invendus, des déchets et on s'est dit ben là il y a de la matière, on peut faire une boîte qui a à la fois de l'impact social, de l'impact environnemental avec un volet digital et de la création de valeur économique donc mon driver à moi c'était la quête de sens, la quête de me sentir utile et d'avoir une vie dont je sois fier. Alors Phoenix, qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ? Phoenix, c'est une entreprise sociale, donc déjà c'est une entreprise pas comme les autres. On est une SAS, on lutte contre le gaspillage alimentaire, en connectant ceux qui ont trop et ceux qui n'ont pas assez. Donc ceux qui ont trop, côté offre de la pâte sourd de Phoenix, ce sont deux types d'acteurs, la grande distribution et l'industrielle de l'agroalimentaire, dont les supermarchés, les hypermarchés, puis les usines ou les sites de production logistiques, qui ont des invendus et des stocks dormants depuis longtemps. Et en face de ces gens-là... Phoenix est une alternative à l'incinération, à l'enfouissement, à la mise en décharge. Et on fait trois choses. On revend les invendus à prix cassé sur une application mobile qui s'appelle l'application Phoenix pour des consommateurs et des consommatrices en quête de pouvoir d'achat. Ce qui n'a pas été vendu, on le donne à des assos caritatives. Reste du cœur, Croix-Rouge, Emmaüs, Banque Alimentaire. Et en dernier lieu, ce qui n'a été ni racheté par les consos à prix cassé sur l'appli, ni donné à des assos d'aide alimentaire, c'est proposé à des parcs animaliers, des zoos, des centres équestres des SPA pour l'alimentation animale et donc voilà, à la fin Avec cet écosystème d'économie circulaire, on arrive vraiment à la promesse qui est zéro déchet alimentaire, zéro biodéchets dans les magasins avec lesquels on travaille. Alors il restera forcément du carton, des canettes, des palettes, de la PLV, du plastique, etc. Mais sur la partie déchets organiques, le fait de mettre ensemble comme ça ces 3-4 séquences de valorisation fait qu'on arrive à faire des boucles circulaires de bon sens en circuit court qui permettent aussi d'éviter de détruire. et donc de limiter le coût des déchets, et donc pour nos clients de gagner de l'argent. On a une entreprise qui a un modèle économique solidaire, mais qui a quand même un modèle économique. On fait gagner de l'argent à nos clients parce qu'on transforme les déchets en or, ou en tout cas on limite clairement la perte, on fait du cost-killing, comme on disait dans mon ancien métier. On réduit les factures de gestion des déchets et on prend une commission là-dessus. On a lancé un réseau de magasins qui s'appelle Nous Anti-Gaspi, qui est un projet entrepreneurial, qui est un réseau de distribution physique. On fait de la revente de produits moches, fruits et légumes difformes, etc. Et là, on vient de lancer la saison 3 de la série Phoenix, avec une nouvelle équipe qui est arrivée, un nouveau directeur général, une nouvelle directrice marketing, et donc c'est une nouvelle séquence qui s'ouvre. Et donc voilà, au début, on était deux sur la saison 1. La saison 2, j'étais tout seul à la tête de la boîte, parce que mon cofondateur était parti. Et la saison 3, on est en train de passer le relais tranquillement à une nouvelle équipe qui arrive avec du sang neuf. Et c'est bien aussi pour l'entreprise. Un de mes enseignements, c'est que j'ai lancé à 29 ans une entreprise dans un secteur que je ne connaissais pas du tout. Donc, encore une fois, je trouve que c'était un peu inconscient parce que la grande distribution, c'est un milieu qui est réputé coriace, exigeant, gros négociateur et pas facile à pénétrer. Comme quoi, c'est un enseignement aussi. Quand on y va un peu la fleur au fusil, mais en se disant, en fait, on va y arriver. On va comprendre comment fonctionne le métier, le milieu. On va trouver dans chaque enseigne les deux, trois influenceurs, influenceuses, les personnes clés à rencontrer. En quelques semestres, en quelques années, on arrive à faire son trou dans l'écosystème. Si on est sérieux et qu'on essaie de travailler de manière fiable et honnête. Et donc voilà, c'est ce qu'on a fait. Il y a une dimension de conquête commerciale. Donc en gros, on a des commerciaux qui vont frapper à la porte des Leclerc, Intermarché, Super U, La Vie Claire, Franprix, Naturalia. Et qui essayent de convaincre à tous les niveaux, à la fois les sièges, à la fois les directeurs et directrices de magasins, jusqu'au chef de rayon, de se lancer dans la démarche anti-gaspi zéro déchet. Et puis après, il y a des choses qui tombent aussi par la visibilité. Mais en général, c'est quand même plutôt une démarche proactive de notre part. On n'a pas eu des contrats à plusieurs millions d'euros qui sont tombés du ciel. Ça reste la bataille, surtout dans un milieu où c'est des petites marges. C'est un secteur de centimiers. Et donc, pour aller négocier des contrats cadres sur plusieurs centaines de magasins, ça prend du temps. C'est ça l'avantage d'être dans une entreprise à impact ou d'avoir créé une entreprise qui a une mission forte. La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée. On sait pourquoi on se lève le matin. On voit l'impact tangible qu'on a chaque jour et ça aide à rester motivé dans la durée. On sait qu'on le fait pour de bonnes raisons, on sait qu'on est dans le sens de l'histoire, on sait qu'on a du vent dans les voiles et que ça va finir par arriver, mais il faut rester motivé, c'est sûr. Nous on a eu pas mal de planètes qui se sont alignées. Une réglementation favorable, anti-gaspillage, on a eu une attente de plus en plus forte des consommateurs et des consommatrices, et l'émergence dans notre sillage et à côté de nous, ou devant nous, ou au-dessus de nous, de plein d'acteurs sur les mêmes thématiques mais sur des verticales un peu différentes, donc back-market dans la téléphonie, vintage, le bon coin, vide-dressing, même tout go, tout go, nos concurrents en alimentaire, toute cette génération d'acteurs fait que pour beaucoup de gens, non seulement les jeunes mais aussi les moins jeunes, tout ce qui est seconde main, occasion, Limiter l'achat de neufs, faire des bonnes affaires, c'est devenu presque un réflexe, une tendance, une fierté. Alors qu'il y a quelques années en arrière, c'était encore un truc d'entrée de gamme, de radin, un peu stigmatisant, de déstockage quoi. Avec des gros stickers jaune fluo. Après on a eu la classe politique qui a fait son boulot aussi de mettre la lumière sur des acteurs qui jouaient pas le jeu. Et puis les médias. Un des trucs qui a été le plus efficace, c'est des opérations coup de poing d'Hugo Clément, d'Élise Lucet. avec le fameux reportage où on va voir en caméra cachée l'arrière boutique d'un entrepôt avec des produits qui sont détruits, incinérés, lacérés. Ou alors, ils le savent, il va faire les poubelles d'un gros magasin et qu'il voit que ça déborde. Et derrière, en prime time sur M6 un dimanche soir ou sur le JT de France 2 ou sur Envoyé Spécial, ça fait mal et ça fait bouger les enseignes. Cette peur du bad buzz et cette peur de l'avoir une marque qui est cornée par un mauvais tweet ou un TikTok qui partirait comme une traînée de poudre, ça fait bouger plus que n'importe quelle loi. En général, dans l'impact, il y a un peu, sans caricaturer, mais pour simplifier le propos, il y a un peu deux familles. Il y a des gens qui pensent, à juste titre, que small is beautiful, et que dans cet univers-là, dans l'ESS, dans l'économie sociale et solidaire, dans l'économie des coopératifs, des mutuelles, grossir pour grossir, ce n'est pas intéressant. Il vaut mieux partager le pouvoir, partager la richesse, rester en contrôle de l'actif. Et ça, je respecte ça, mais ce n'est pas le chemin qu'on a pris sur Phoenix. Nous, on a pris la voie numéro 2, qui était de dire, maintenant, dans l'impact, on a une mission qui nous porte, donc il y a de la motivation, on a plein de talents qui veulent nous rejoindre, il y a des financements qui se bousculent à la porte, on a une mission et un besoin sous-jacent qui méritent qu'on soit ambitieux. Précarité alimentaire, on est 8 millions de personnes, le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Donc il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte, qu'il reste une petite TPE, etc. On a envie de montrer que l'impact peut changer d'échelle. Deux, ça peut créer de l'emploi. Troisièmement, ça peut faire des belles entreprises successfulles, inspirantes et qui ont des belles trajectoires. Et donc, on est allé dans cette voie-là. Levé de fonds, croissance, voire hyper-croissance. Et donc, quand on fait ça, c'est dur d'être rentable. Donc, nous, on était rentable par construction au départ, sur la saison 1, 2014-2018. Et on est passé comme ça de zéro à à peu près 6 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2018, on a fait cette grosse levée de fonds. Et là, on a mis le poids dans la pente. On s'est dit, allez, on va investir. C'est là qu'on a lancé l'application Phoenix. On a cramé un peu de cash en marketing et en acquisition digitale. C'est là qu'on a lancé un réseau de magasins physiques. On s'est fait plaisir, on a fait de la pub à la télé, on a fait de la pub dans le métro, sur les bus. C'est un peu la période de l'euphorie des startups aussi. La French Tech, on avait l'impression qu'il fallait qu'elle se baissait pour ramasser 200 millions d'euros. Parce qu'il y avait une profusion d'argent, on avait l'impression que les startups, c'était un peu le nouvel Eldorado, on allait créer une licorne par jour puis il y avait des belles histoires, il y avait des Mano Mano, des Conto des Alan Blabla Card, Octolim, il y a une vraie génération d'entrepreneurs qui ont fait des choses magnifiques. Et donc après, c'est juste que parmi celles-là, il y en a pas mal qui sont en fait un peu des chimères. Entre-temps, il y a eu de la casse et je pense qu'on est qu'au début. Puis les gens sont un peu revenus de ces valorisations un peu inflatées et de ce délire de lever de fond, lever de fond, lever de fond, hyper croissance et chercher le milliard d'euros de valorisation. Et donc, on a dégradé la marge, on a perdu de l'argent. Et puis après, comme beaucoup de boîtes... Quand le marché s'est retourné en 2022-2023 et que la fête était finie, on a fait l'effort de resserrer les boulons, réduire un peu la voilure, ramener la boîte à l'équilibre. Donc nous, ça fait deux ans qu'on est rentable. Et ça n'a pas été simple, ça a été pas mal d'efforts, mais on est très fiers de l'avoir fait. Donc maintenant, on a une entreprise qui est à taille critique, parce qu'on a une belle PME qui fait autour de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. et on est bien financés donc c'est chouette les planètes sont alignées on a fait une belle tranche de 10 ans Et maintenant, il faut réattaquer. C'est souvent ce qui est dur, je trouve. Ce que j'ai trouvé le plus dur, c'est le couple rentabilité-croissance. On a amené le bateau au port, le bateau est au chaud, il est rentable, il est dérisqué. En revanche, il faut qu'on reparte. Il nous faut un petit coup de vent pour qu'on reparte. Aujourd'hui, on est un bon médicament contre le gaspillage. En revanche, si on va au bout de la réflexion, il faudrait un jour qu'on arrive à mieux réduire les pertes à la source, mieux gérer les stocks, ce qui en absolument a du sens. Mais ce qui veut dire aussi que d'une part, on scie la branche sur laquelle on est assise, mais ça à la limite, ce n'est pas dramatique. Enfin même, c'est le destin de toute entreprise sociale, c'est que si elle atteint sa mission, elle doit s'autodétruire. Que le jour où il n'y aura plus de précarité alimentaire, je n'aurai plus de boîte, mais j'aurai peut-être une statue quelque part. On va aussi désalimenter toutes les assos qui comptent sur nous et les consommateurs et consommatrices qui achètent des paniers anti-gaspi pour finir leur fin de mois. Donc tout ça peut dire que parfois, il y a des contradictions entre la stratégie de la boîte et l'impact. Et puis on peut être critiqué sur ce côté entretenir un système. apporter un filet de sécurité qui n'est pas nécessaire et ne pas résoudre le problème à la source sur la réduction du... fermer le robinet. Il y a plein de blocages opérationnels qui font que ça ne va pas arriver tout de suite. Et notamment le fait que dans un grand magasin, une chef de rayon, un chef de rayon, une directrice ou un directeur, il préférera toujours... Avoir un peu de ce qu'on appelle de la démarque, donc un peu de surstock, plutôt qu'une rupture de stock. Personne n'aime avoir un rayon vide où il manque la référence qu'on voulait aller chercher, on a frustré un consommateur qui ne reviendra plus. Dans le bac à fruits et légumes, personne ne va prendre le bas de la pyramide de Melon, personne ne va prendre le fond de rayon d'avocat qui a été tripoté, qui est complètement mou. Donc pour plein de raisons de la sociologie de la consommation et du modèle de la distribution, et notamment de cette obsession de la non-rupture et de l'abondance en rayon. Il y aura toujours un gaspillage résiduel, donc on aura toujours une utilité. Après, c'est sûr qu'on aimerait réfléchir à limiter le gaspillage à la source, mais il y a encore du boulot déjà pour bien faire ce qu'on fait et ne pas se diversifier ou se défocaliser trop vite. Maintenant, je suis aussi conscient des limites. Nous, encore une fois, on est fiers de ce qu'on a fait, mais c'est tout petit. Ça fait 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, donc c'est pinette. On a un côté poisson pilote ou un côté petit jet ski qui montre une voie. mais après le changement il viendra à grande échelle le jour où Un gros directeur de la grande distribution ou l'industrie agroalimentaire change une recette, change un packaging, arrête une ligne de produits qui n'est pas durable. J'ouvre l'Oréal, arrête le plastique sur ses shampoings. Ils ont infiniment plus d'impact que ce qu'on peut faire nous chez Phoenix. Donc non, moi j'attends beaucoup des grands groupes qui bougent, parce que c'est de là que viendra le changement à grande échelle. Donc on a aussi besoin d'avoir des managers dans les entreprises qui portent ce changement, d'avoir ce qu'on appelle des intrapreneurs, des petites pâquerettes qui poussent dans les grands groupes du CAC 40, de la Défense. pour changer de l'intérieur des gros acteurs. Sinon, si on reste entre nous à faire joujou dans le bac à sable, on n'ira pas loin. Il faut qu'il y ait des gros groupes qui bougent et ça est en train d'arriver. Et je pense aussi à la nouvelle génération de managers pour qui c'est une évidence de faire attention. Qui prend le pouvoir progressivement va aider. C'est sûr que mon début de carrière m'a aidé à prendre des risques. Après ce qui est dur par contre c'est... c'est d'abandonner ce train de vie et à 30 ans de repartir manger des pâtes quoi alors qu'il y a tous les copains de promo et les copains de l'ancien boulot qui continuent à acheter des apparts des trucs et tout mais c'est bien moi j'ai aucun regret ça a été une belle trajectoire ça a été une aventure hyper intense alors évidemment c'est usant à une époque on disait anyone can be an entrepreneur il y avait beaucoup d'engouement autour de ça pour libérer un peu les énergies je pense quand même que ce qui s'est passé récemment dans l'écosystème montre que c'est pas facile On a beaucoup raconté des belles histoires, il y a beaucoup de storytelling, mais l'envers du décor est quand même assez compliqué. L'ascenseur émotionnel caractéristique de l'entrepreneur, où on a une bonne nouvelle, de mauvaises nouvelles, on pense qu'on va cartonner, on pense qu'on va déposer le bilan, on va lever des fonds, ah non, en fait, les caisses sont vides. Il faut en avoir conscience. Il n'y a rien de pire que les insomnies, parce qu'on n'est pas sûr de pouvoir payer les salaires le mois d'après. Et ça, c'est comme le quotidien de beaucoup d'entrepreneurs. Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir créé cette boîte qui n'est ni une asso non marchande désintéressée, ni le business tel qu'on l'a connu dans les années 90-2000 et que je ne voulais plus revoir non plus. Et il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont des belles trajectoires rassurantes. Donc voilà, je suis très fier d'avoir créé ce truc-là et d'avoir réussi cette promesse-là. Deuxième chose dont je suis très fier, c'est la culture d'entreprise qui est assez unique chez Phoenix parce qu'on a un mix de personnes qui viennent pour le côté social, d'autres qui viennent pour la fibre écolo, zéro déchet environnement, d'autres qui viennent pour l'aventure digitale, start-up. ça fait un mix assez unique des gens qui sont engagés, voire beaucoup plus engagés que moi encore. La mission est sanctuarisée. Et après, ce qui m'explique ce que j'ai préféré dans toute cette phase-là, c'est quand même, je trouve que la phase de 0 à 1, quand on part de moins l'infini et qu'on doit créer un produit, un service, imaginer un pricing, lancer une marque, chercher les premiers talents alors qu'on n'existe pas. J'ai préféré les phases de start et de build, dans les phases 1 et 2, où au départ c'est un peu le chaos, et on va avoir l'intuition et la transformer en business. Après on commence à structurer un peu la boîte avec des fiches de poste, des grilles de salaire, des organigrammes. Et après, quand c'est plus des routines managériales, ça m'a plus coûté. Donc c'est là qu'il faut avoir la sagesse de dire, attends, on va prendre un manager qui va faire ça, et moi je vais repartir au combat.

  • Speaker #1

    Lorsqu'on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer, ni vers quelles entreprises se tourner. C'est en partant de ce constat que Claire Pétréot a fondé Les Pépites Vertes, après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne notamment les jeunes dans leur recherche d'emploi, pour qu'ils soient alignés avec leurs convictions.

  • Speaker #2

    Moi je suis originaire de Segrès, une petite ville dans le Ménéloir, qui est le meilleur département de France. J'étais très engagée depuis ma jeunesse, j'étais au conseil municipal des jeunes, j'étais, je ne sais pas, présidente de la maison des lycéens dans mon lycée, j'étais engagée au HAND. J'ai un peu de sang engagé dans le sens où je suis petite fille de paysan et je suis fille de prof, donc en fait pour moi c'était un peu obligé d'avoir une carrière qui contribue à la société et au bien commun. Juste l'entrepreneuriat, pour moi, c'était quelque chose de très nouveau que j'ai découvert sur la route. Je m'étais plutôt lancée dans le salariat. J'ai travaillé à la Ruche Kiddioui dans le secteur de l'alimentation. Quand tu rentres par l'alimentation, tu as forcément un peu des déclics à tous les niveaux, sur la santé, sur l'écologie, sur l'économie, sur le social. Après, j'ai travaillé dans l'économie circulaire, à valoriser les biodéchets des restaurateurs de la ville d'Angers pour en faire du compost. Et enfin, pendant mon Master 2, que je faisais en parallèle avec Télécom Paris, et Sciences Po. J'avais un stage, enfin, j'ai décidé de faire un stage, même si ce n'était plus dans le cursus, parce que je n'arrivais pas, après mon année de césure, à ne plus travailler. Et donc, j'ai travaillé à ChangeNow, où je suis arrivée au tout début de l'événement, c'est le plus grand événement mondial des solutions pour la planète, ChangeNow. Et du coup, hyper vite, j'avais genre 24 ans, je suis devenue la dire-com, et je suis restée 3 ans. Et donc, tu vois, l'engagement, il était là, c'était genre une évidence. Après moi, le où, le comment, je m'en fichais un peu. Ce que je voulais juste, c'est m'assurer que tous les matins, quand je vais au boulot, je sais pourquoi j'y vais, pour qui j'y vais et à quoi ça sert. C'est mes valeurs. Je pense qu'on est face à des crises environnementales, sociales, démocratiques, qui font que chacun, chacune, qui en a les moyens en tout cas, devrait se poser la question de sa responsabilité. Quand on sort de Sciences Po et qu'on a les moyens de rentrer dans des carrières élitistes comme nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? à qui je le mets à dispo. quelle vision du monde j'encourage, je contribue. Il y en a qui se posent la question par la consommation. Moi, je pense qu'on oublie parfois de se dire que le métier, c'est un énorme levier d'activation de la transition écologique. Donc ouais, je crois que ma question, c'est pourquoi tout le monde n'y est toujours pas. J'ai eu une grosse phase d'éco-anxiété à la suite d'une expérience qui s'appelle Blue Turn Earth, qui est designée par Jean-Pierre Gou et qui consiste à regarder la Terre tourner pendant 14 minutes sur une musique. méditative et à se rappeler qu'on n'est qu'un et qu'on n'est qu'un petit bout et que tous nos problèmes, c'est minus et que quand on se remet à l'échelle de l'univers, c'est waouh et qu'on n'a qu'une planète bleue et qu'il faut la protéger et cette communion que j'ai vécue à Tchénigna en 2018 dans une salle à regarder pendant 14 minutes la Terre qui tourne j'ai même fait mon tatouage à chaque fois que je vois Jean-Pierre, je lui dis tu sais que je me suis tatouée la Terre suite à l'expérience Merci. Et là, ça rentrait dans mon corps. C'était à tous les niveaux, cœur, tête, corps. C'était, mais qu'est-ce qu'on fout ? Tu vois, je n'ai même pas les mots. Et donc, à partir de là, je me suis dit, il n'y aura plus rien au monde qui m'empêchera de faire tout mon agenda et toute ma vie le sens d'accélérer la transition écologique. Quand je suis devenue entrepreneuse en 2020, je suis passée d'une personne qui dédie sa carrière à la transition écologique. à une personne qui a envie d'aider les autres à dédier leur carrière à la transition écologique. Donc là, il y a eu un déclic, c'est le Covid. C'est des dizaines d'étudiants qui m'écrivent de Sciences Po et qui me disent, comment t'as fait pour trouver un job écolo ? Comment on fait pour savoir si c'est du greenwashing ou pas ? Est-ce que ça existe vraiment, en fait, les métiers de l'écologie ou est-ce que c'est du bullshit ? Et là, je me suis dit, c'est marrant qu'il y ait autant de gens et qu'il y ait aussi peu de moyens de leur répondre. Donc j'ai beaucoup travaillé avec Sciences Po carrière à ce moment-là. pour organiser des webinaires, je faisais des coachings, enfin j'étais confinée donc je faisais des visios, je designais un peu des questions type, des conseils sur le CV. Et à un moment je me suis dit dingue, et si en fait j'avais un projet entrepreneurial en parallèle de mon travail de dire comme ? Et donc je me suis dit pour tester, je vais lancer la chaîne YouTube Les Pépites Vertes, je vais parler de métiers, d'écologie, de CV, de compétences, je vais aller à la rencontre de dizaines et de dizaines de salariés. dans toute la France pour présenter des métiers qui vont de théophile qui travaille pour préserver la biodiversité, à Sarah qui a décidé de devenir agricultrice, ou Alexandra qui transforme la cosmétique en faisant de l'ARSE, ou Jasser qui est consultant en transition énergétique. Vraiment, mon objectif, c'était de montrer tout le champ des possibles. Et donc, c'est toutes ces rencontres-là, les unes après les autres, qui m'ont fait dire, mais pourquoi les gens ne voient pas ? Pourquoi il n'y a que moi, avec ma petite caméra que j'ai trouvée sur le bon coin, à mettre en lumière ces gens-là ? Et là, du coup, j'ai décidé de quitter mon taf, de négocier une rupture co, et de me lancer sans avoir aucune idée de comment créer une entreprise. Je n'ai jamais fait ça. Et c'est parti, c'était 2021. J'ai décidé d'en faire mon métier, mon entreprise, et de fonder du coup une boîte qui aide les jeunes salariés, les jeunes talents à se projeter dans des carrières de la transition écologique. Les pépites vertes, comment j'ai trouvé ? J'ai bossé sur un carnet où je mettais tous les mots. Je voulais absolument qu'il y ait un truc sur le talent, sur la brillance. Donc là, c'est là qu'est venu Pépite. Je voulais un truc sur l'écologie, l'environnement. C'est là qu'est venu Vert. Et je me rappelle très bien, j'étais en footing avec un de mes meilleurs amis. Je lui dis « T'en penses quoi, les pépites vertes ? » Il m'a dit « On achète » . Et voilà, c'était parti. Je ne me serais jamais lancée en sortie de Sciences Po. J'avais trop envie d'aller apprendre. et en fait en vrai c'est mes boss à chaque fois qui m'ont qui m'ont tellement fait confiance, tellement tôt, tellement vite, qui m'ont tellement donné des clés, que j'avais beau pas du tout savoir ce que j'allais faire des pépites, j'avais la foi qu'il y avait un truc à faire. Et en fait, je débordais d'idées, de créativité. Quand j'avais mon entreprise en parallèle de mon job de CDI, je travaillais le matin de 7h à 9h avant d'aller au taf, de 9h à 18h j'étais au taf, et de 18h à 20h je continuais mon autre projet entrepreneurial, plus le week-end évidemment, et il y a eu un moment où... je ne pouvais pas tenir, c'était physiquement compliqué. Et donc, j'ai choisi de me donner ma chance. La mission de tout début, c'était comment j'outille la jeunesse pour qu'elle voit le max d'emplois qui existent dans la transition écologique. Et comme j'ai toujours été driveée par ma mission et jamais par la chaîne YouTube ou par du what, j'étais tout le temps en mode, quel est mon why ? Qu'est-ce que je peux faire comme how ? Et éventuellement, quels sont les what qu'on va vouloir... trouver, donc le Golden Circle de Simon Sinek. Et du coup, j'étais en mode, OK, mon why, c'est aider les jeunes à trouver un métier écolo. On teste YouTube, ça marche moyen en vrai. N'allez pas regarder mes vidéos YouTube. On teste autre chose. Insta, facile, OK. Facile de créer du contenu avec ma commu, OK. LinkedIn, LinkedIn s'apprend, OK. Typiquement, au tout début, mes articles, moi, j'avais personne à rémunérer, j'avais pas de modèle. Je faisais écrire par des pépites leurs articles sur un formulaire Google. que je transformais sur WordPress en articles. Donc tout le monde était en mode, comment elle fait pour écrire tous ces articles ? Je suis en mode, c'est pas moi qui les écris, c'est ma communauté. Donc j'ai créé mon contenu et ma marque avec ma commu, parce qu'eux, ils avaient à gagner d'être mis en lumière. Et moi, j'étais leur plateforme de médiatisation. Donc au tout début, c'était une association. Dans l'entrepreneuriat Impact, il y a un gros sujet entre business et impact. Et moi, je venais d'une famille de fonctionnaires. et j'avais vraiment des gros a priori sur les modèles capitalistiques d'entreprise. Donc je me suis dit, c'est une asso, mon projet c'est évident, c'est une asso. Sauf qu'assez vite, j'ai réalisé que ma création de valeur allait être sur la vente de prestations de services, de communications et d'événementiels. Et en tant qu'asso, je n'avais pas trop le droit de faire ça. Et en plus de ça, mon avocat aussi qui m'accompagne à ce moment-là m'a aidé à réaliser que je voulais être rémunérée par mon association. Or, si j'en étais la présidente, je ne pouvais pas être rémunérée. Il fallait que je passe directrice générale, que je trouve quelqu'un à la présidence qui porte ma vision. Tout ça me paraissait un peu complexe et du coup, j'ai assez vite fermé l'assaut. Expliquer à la communauté que j'allais créer une entreprise de l'ESS à impact, que ça n'allait rien changer à leur expérience d'être mise en lumière ou d'être mise en réseau et que ça allait être juste juridiquement plus pratique pour moi. Et donc, en 2022, j'ai créé l'entreprise Les Pépites Vertes. J'ai eu mes premiers stagiaires. Mes premiers salariés, mes premiers freelances, mes premiers bureaux. Donc d'abord, c'est un contenu. Deux, agence, parce que très vite, des marques sont venues me voir pour me dire comment on peut travailler avec vous. Vous savez faire de la communication, vous savez mettre en lumière des vrais gens pour parler de sujets techniques. Comment est-ce qu'on fait, nous l'ADEME, nous la Fondation Good Planet, nous la Banque Postale, pour construire des contenus avec vous et maximiser nos chances de rayonner sur ces sujets de transition écologique. Et trois. un réseau. Au début, c'était dans mon entreprise que je fédérais le réseau. Depuis quelques mois, c'est dans une association. J'ai recréé une asso avec 15 cofondateurs qui s'appellent le Club des Pépites et qui fédèrent tous les jeunes professionnels de la transition écologique. Ça va changer et du coup, je vais vraiment réorienter sur une offre de communication que je peux mettre à disposition maintenant de ma communauté qui, elle aussi, a besoin d'être plus rayonnante et plus visible.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs problèmes. Le premier, c'est pas se faire confiance, évidemment. C'est hyper dur d'avoir confiance en soi quand on n'a pas fait un master installation de panneaux photovoltaïques. Et du coup, c'est comment est-ce que moi, Claire, qui sors d'un master communication, je me sens légitime pour aller parler des défis environnementaux alors que je n'ai jamais été formée à ça ? Il faut un petit peu de culot, il faut beaucoup d'informations et de formation, d'auto-formation. Et donc, pour toutes les personnes qui sortent de Sciences Po, par exemple, et qui ont fait un master finance, ou un master RH, c'est comment je suis légitime pour aller bosser sur ces sujets-là, alors que j'ai eu un module de cours sur les enjeux. Donc, un, c'est vraiment crise de légitimité, syndrome de l'imposteur. Donc, ça, il faut le travailler. Il faut se concentrer sur ses forces. Il faut se dire, on a besoin de RH green. On a besoin de finances durables. On a besoin de communicants à impact. Deux, pas assez d'offres. Mais les offres, elles sont en train de se créer. Tous les métiers devraient relever de la transition écologique. Donc, encore une fois, que vous alliez dans une entreprise de la transition écologique ou en transformation, il y aura du verdissement des compétences à tous les endroits. On va former l'ensemble des collaborateurs, on va vivre une révolution qui, normalement, sera similaire à celle qu'on a vécue pour le digital. C'est vraiment pareil. On va devoir repenser notre manière de faire notre travail et le faire rentrer dans un cadre de limite planétaire. Ça, évidemment, c'est ma vision et mon utopie. Je ne dis pas que ça va être le cas et que ça l'est déjà. Mais les patrons et patronnes qui sont en train de se former et de déployer avec les RH les... Les plans de formation aux défis environnementaux sont bien conscients qu'ils ne vont plus pouvoir faire leur métier pareil. Donc deux, il y a des métiers partout, il y a des jobs partout. Peut-être que ce n'est pas en cherchant uniquement sur les métiers environnement qu'on va pouvoir avoir un job pour la planète. Trois, c'est la croyance que travailler pour l'écologie égale rien gagner. J'ai envie de nuancer ça. Déjà, c'est OK de vouloir gagner de l'argent, je comprends, c'est l'indicateur numéro un des jeunes à la sortie d'école. quand ils recherchent un job. Pour autant, de combien a-t-on besoin pour vivre décemment quand on sort d'une grande école ? Donc, il y a quand même un sujet de savoir se poser la question de sa rémunération, de ses vrais besoins. Il y a de plus en plus d'entreprises à impact qui financent bien et qui rémunèrent bien. Il y a des nouvelles manières de financer les gens en proposant des participations, etc. Donc, les modèles économiques de la transition écologique et des entreprises à impact sont en train de se structurer. Et c'est collectivement, entrepreneurs, salariés, qu'on doit se poser la question de la rémunération, mais de ce que j'observe depuis cinq ans, c'est quand même qu'il y a des espaces où on peut gagner sa vie et travailler pour l'écologie. C'est plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires que j'ai généré grâce à ces partenariats-là. C'est une équipe qui a fait que de former beaucoup de jeunes. Aujourd'hui, c'est une équipe de freelance. C'est quand j'avais le programme de formation, 250 jeunes qui passent par le programme, qui sont ensuite propulsés aux rencontres économiques d'Aix, à Change Now, dans les échos. C'est de la visibilisation vraiment chez des grands acteurs du fait qu'ils sont passés au Pépite-Verte. Ensuite, c'est plus de 20 clients accompagnés à raconter les métiers de la transition écologique dans plus de 30 villes de France différentes que j'ai parcourues. Ce qui est dur dans mon média, et c'est pour ça que parfois je me repose la question du sens, c'est que c'est humain mon impact et tout le monde ne me remonte pas à quoi je leur ai servi. Donc il y a vraiment des matins où je me retrouve à relire les petits messages gentils que j'avais reçus il y a six mois parce que ça fait longtemps qu'on ne m'en a pas donné. Et pourtant, après, je recroise une pépite et elle me dit « mais attends, mais tu ne te rends pas compte. Non mais grâce à toi, en fait, dans mon entreprise, moi, j'ai réussi à être beaucoup plus crédible. » J'ai une petite, par exemple, qui s'appelle Marie, qui était à Sciences Po, d'ailleurs, qui a quitté son cabinet de conseil pour retourner avec ses parents dans une PME de fabrication de pâtes bio, que j'ai poussée pour être mise en lumière sur les éco-starts. Et un jour, elle m'aurait écrit, mille ans plus tard, elle me dirait « je ne t'ai pas dit, grâce à ça, ça m'a vraiment aidée à être beaucoup plus crédible auprès des investisseurs, tu ne te rends pas compte, c'est énorme l'impact que tu as » . Et c'est des impacts de 1-1-1, donc parfois c'est un peu minus. Et en fait, changer la vie d'une personne, c'est déjà énorme. Pour moi, les qualités essentielles, la première qui me vient, c'est détermination. En fait, il faut être en colère. Il faut être amoureux du problème. Il faut se dire tous les matins, je ne peux pas faire autre chose que me dédier à cette cause. Donc la première qualité, c'est de savoir identifier son truc à soi, sa flamme à soi. La deuxième, c'est savoir s'adapter et écouter. Moi, j'ai une grande force d'écoute et donc j'écoute les gens. les problèmes des gens, les problèmes de l'écosystème. Je suis très orientée utilisateur, très orientée bénéficiaire et je sors jamais un truc si je sens pas qu'il y a un besoin. Je n'ai jamais trop raté des sorties de produits parce que je les ai toujours construits avec mes bénéficiaires. Et c'est ce qui fait d'ailleurs que je suis en train de pivoter ma boîte. Je sens en ce moment que je ne suis pas à 300% dans le juste sur mon offre actuelle et qu'il y a une autre offre et un autre besoin qui m'appelle ailleurs. Donc cette capacité à écouter, je pense que c'est vraiment un skill qu'il faut développer. Et ensuite, confiance en soi. Je sais qu'on a l'impression que j'ai méga confiance. En fait, la confiance en soi, elle vient de l'action. La confiance en soi, elle existe lorsque on a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort. Et que notre cerveau est en mode, ah ok, let's go faire pire la prochaine fois, enfin mieux. Mais du coup, la confiance en soi, c'est un muscle. Donc oui, moi je muscle ma confiance en moi et c'est vrai que je pense que j'ai une bonne confiance en moi, j'ai confiance en mes capacités. Pourquoi ? Parce que je travaille énormément. Je ne sais pas pourquoi on ne dit pas ça dans les podcasts entrepreneurs, juste je donne des heures et des heures de taf à ce projet depuis 5 ans. Donc, forcément, ça nourrit ma confiance en moi parce que j'ose tellement de trucs je rate beaucoup de choses mais j'en ose tellement qu'il y en a forcément certaines qui marchent par contre l'estime de soi c'est-à-dire se dire ah ça a de la valeur ce que je fais ah je suis une bonne personne tout ça moi je ne l'ai pas trop donc je le bosse avec la résilience évidemment mais bon c'est les chocs c'est avoir un backup c'est avoir un ancrage c'est avoir une safe pace autour de soi, les pieds dans le sol, pour pouvoir se prendre les murs les uns après les autres et rester debout face à la tempête. On ne peut pas lancer une entreprise sans se donner à 300%. Pour autant, ça n'est pas durable, sur 10 ans, de passer sa vie à travailler au nom de la cause. Vraiment, ça ne marche pas. Le corps dit non, le cœur dit non. On fait des insomnies, on fait de l'anxiété, on fait des burn-out militants. Donc non, c'est juste que oui, ça demande du taf. Est-ce que c'est possible l'équilibre pro-perso quand on entreprend à Impact ? Oui. Aujourd'hui, j'ai un bon équilibre pro-perso. Mais j'ai dû créer les espaces parce que sinon, je pourrais travailler à 24. Donc, j'ai dû bloquer les phases pour aller faire de la danse, pour aller faire des stages de stand-up, voir mes copains, voir ma famille, organiser mes 30 ans dans un super lieu. Et tout ça, je dois le bloquer parce que si je ne bloque pas, je remplis avec du travail. Et après, je n'aime pas trop aussi l'injonction aux pros perso obligatoire à 50-50. Si c'est important pour toi de travailler et que le sens de ta vie, c'est contribuer à des causes, fais-le. C'est vrai parce que quelqu'un t'a dit attention aux pros perso que tu dois... Je ne sais pas, j'aime bien complexifier un peu cette question qui est parfois plus un peu en mode jugement des fois, j'ai l'impression. C'est dur d'être entrepreneur et je pense que c'est hyper dur d'être entrepreneur à impact. Parce que c'est dur parce qu'on doit créer des modèles, on doit inventer des modèles et on doit payer d'autres gens. Donc c'est quand même, c'est pas évident comme compétence. Sauf qu'entrepreneur à impact, on doit faire ça pour une cause. Donc en fait, notre business model, c'est pas créer du cash, c'est créer de l'impact grâce à du cash. Donc en fait, on réinvente complètement la manière de penser l'entrepreneuriat. Pour les personnes qui sont venues pour la cause, comme moi, il y a un énorme travail, mais limite thérapeutique, de déconstruction du rapport à l'argent. Et non, l'argent n'est pas mal. Et non, ce n'est pas grave de faire du chiffre d'affaires à partir du moment où c'est un moyen pour une fin qui est celle pour laquelle tu as choisi de te lever le matin. J'avais une image de l'argent qui était sale, qui était pour les grands capitalistes, les méchants, les riches, quoi. Et maintenant que j'ai compris que ça pouvait être un moyen et que c'était OK, d'ailleurs, de m'offrir parfois des petits trucs, j'ai acheté des chaussettes. Un des chaussettes à paillettes avec écrit pétillante et verte, évidemment. Et je me suis dit, fais-toi ce cadeau. Et ouais, j'apprends à m'autoriser. J'étais aussi avec mon comptable hier qui me disait, on a un comment sur l'AREM et tout. Je me suis dit, je pense que je peux encore me serrer la ceinture encore six mois. Il me dit, pourquoi tu dois te serrer la ceinture encore six mois ? Je me suis dit, non, mais on ne sait jamais, vu que je dois recruter. Il me fait, non mais Claire, en fait, si tu es toujours dans cette logique de, tu n'es pas rémunéré à la hauteur du taf que tu fais, tu ne vas jamais débunker la suite et l'abondance qui peut arriver par la suite. On a augmenté hier. Ce n'est pas des pépites d'or encore. Je trouve que c'est dur parce qu'il y a plein d'injonctions contradictoires. Je me suis toujours dit que je suis comme une sportive vidéo niveau, en toute humilité. Il me faut un staff médical, donc une thérapeute, un coach, des pères avec qui débriefer une vie saine avec des amis, ma famille qui me soutient, un appartement où je peux rentrer et je me sens bien, du sport, des loisirs. Mais je me suis toujours dit, si tu ne crées pas un setup sain et stable dans ta vie perso, alors que tu es en instabilité permanente dans ta vie pro, ça ne marchera pas. Pour autant, je ne l'ai pas toujours fait. L'année dernière, pour moi, a été chaotique. J'ai déménagé trois fois, j'ai eu un problème de santé, j'ai eu un petit cancer de la peau, un carcinome. Enfin voilà, on n'y était pas. Mais du coup, là, c'était le travail qui me maintenait stable parce que j'avais mon livre, je devais rendre mon livre, c'était très clair de où je devais aller. Donc, il faut vraiment avoir en tête que c'est un jeu d'équilibre libre permanent. Moi, c'est un bonheur quotidien d'être entrepreneuse, d'être libre, de dire ce que je pense. d'être libre, d'être qui je suis dans toute ma complexité, dans toutes mes parties, dans toutes mes forces, mais aussi avec tous mes défauts, et j'en ai beaucoup. Mais je m'entoure de personnes qui les connaissent et qui les comprennent et qui les acceptent. De ne pas savoir déléguer, de ne pas savoir faire confiance par peur, en fait. Même les virgules des postes des réseaux sociaux. Et du coup, pour pouvoir faire de ce défaut une force, parce qu'être exigeant, ça peut être une force. Je pense que je ne serais pas là où je suis aujourd'hui si je n'étais pas aussi exigeante. Mais il faut s'assurer que ça n'a pas un impact négatif sur les gens avec qui je travaille. Donc maintenant, je le mentionne. Les gens qui viennent travailler avec moi, je dis, je suis comme ça. Quand ça devient désagréable, quand ce n'est pas possible de supporter, tu me le dis. Ça m'aide à conscientiser. Je travaille dessus et je te jure que je vais tout faire pour m'améliorer. Ce qui a changé en termes de perspective pour moi... Alors, je pense que sur les urgences climatiques, je ne suis pas du tout plus optimiste. C'est même le contraire. Pour autant, là où j'ai beaucoup plus d'espoir aujourd'hui qu'il y a cinq ans, c'est sur la capacité des humains à se mettre en mouvement pour faire face aux urgences qu'ils ont eux-mêmes déclenchées. Puisque le GIEC rappelle que 100% des causes du réchauffement climatique sont liées aux activités humaines. Et donc, on peut être 100% de la cause de la solution, si on en a envie collectivement. Et depuis cinq ans, je rencontre... que des gens qui, tous les jours, travaillent sur l'économie circulaire, sur la décarbonation, sur la préservation de la nature. Et je me dis, il faut juste qu'on soit prêts à opérer la bascule, parce que l'alternative est possible. Maintenant, j'en suis persuadée. Si je pouvais parler à la Claire d'il y a six ans, je lui dirais de rien changer, parce que je pense que ça ne sert à rien dans la vie d'avoir des regrets. Donc, tout ce qui arrive, arrive pour une raison. On apprend de tout. Donc je ne regrette rien. Mais je lui dirais quand même de jamais lâcher. De jamais lâcher toutes les fois où l'idée passe, ne jamais lâcher. Et de faire de ces émotions si prégnantes en tant que personne si hypersensible une force pour le futur plutôt qu'un frein. Au début, c'est lourd, c'est qu'on ne comprend pas pourquoi tout nous submerge. Je suis souvent submergée. Maintenant, je comprends que ça va être pour les dix prochaines années entre... d'entrepreneuriat, une de mes plus grandes forces, de savoir sentir autant en moi et en les autres. Donc, voilà, Clérette, lâche rien. À quel moment vous vous êtes dit, là, j'ai vraiment eu de l'impact ?

  • Speaker #1

    Il y a eu deux moments fondateurs. Évidemment, le premier magasin qui a signé avec Phoenix, c'était un Leclerc à Rueil-Malmaison, que je salue. Bon, ça y est, on a convaincu un gros magasin qui fait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, avant j'étais et qui maintenant... Et donc on a... Un cas d'école avec des chiffres tangibles, concrets, on va pouvoir reprendre, démultiplier. Et donc là, on s'est dit, OK, ça y est, on a fait le plus dur.

  • Speaker #0

    C'est lors d'un événement de réunion de pépites vertes à ChangeNow l'année dernière. On était tous réunis. Il y avait genre 50, 60 personnes de la communauté qui étaient là parce que j'avais réussi à privatiser un petit espace à ChangeNow. Et je voyais tout le monde là qui se parlait vraiment, encore une fois, plein de personnes hyper différentes, mais toutes drivées par une même mission d'action. Et là, c'était hyper visible, en fait, de voir les gens. En plus de ça, il y avait un gars qui faisait du piano côté, donc c'était affreux, j'avais les larmes aux yeux et tout. C'était hyper moment hors du temps. Et je me suis dit, bah, waouh, j'ai fait ça, quoi. J'ai réuni tous ces gens et je vais les réunir pour encore plein d'années. Et c'est pas hyper palpable physiquement, mais c'est méga palpable humainement.

  • Speaker #1

    La deuxième chose, c'est quand on a commencé à avoir de la lumière médiatique, on s'est dit tiens, c'est marrant, on a un discours qui plaît, on n'a plus le droit de se déchouer. On porte un combat qui nous dépasse un peu, et la première visibilité un peu forte qui met la pression et qui oblige.

  • Speaker #0

    produit par FriXion. La musique a été composée par Nils Bertinelli.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Jean Moreau

    01:30

  • Claire Pétreault

    19:37

Description

Startups à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire… Le concept d’“impact” est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution, ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n’était plus réservé à quelques uns mais plutôt une façon de penser, une façon d’agir, accessible à tous… Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?


Notre premier invité est un ancien banquier d’affaires. Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortables pour fonder Phénix, une startup devenue l’un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui veut concilier chiffre d’affaires et impact positif.


Lorsqu’on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer  ni vers quelles entreprises se tourner. C’est en partant de ce constat que Claire Pétreault a fondé Les Pépites Vertes après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne les jeunes dans leur recherche d’emploi, pour qu’il soit aligné avec leurs convictions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    en mode Impact.

  • Speaker #1

    Le podcast où l'on explore les grands défis de notre temps et surtout les solutions qui y répondent. Demain, tous entrepreneurs à Impact ?

  • Speaker #0

    La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée.

  • Speaker #2

    Il faut être amoureux du problème.

  • Speaker #0

    Le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte.

  • Speaker #2

    La confiance en soi, elle existe lorsque... On a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort.

  • Speaker #0

    Les pieds sur le carrelage à 6h du matin dans un reclin, ça encle dans la réalité, dans le monde réel, dans l'économie réelle.

  • Speaker #2

    Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? À qui je le mets à dispo ?

  • Speaker #1

    Start-up à impact, responsabilité sociale des entreprises, société à mission, économie sociale et solidaire. Le concept d'impact est sur toutes les lèvres. Mais est-ce une vraie révolution ? Ou un simple effet de mode ? Faut-il forcément créer sa boîte pour changer le monde ? Et si entreprendre, ce n'était plus réservé à quelques-uns, mais plutôt une façon de penser, une façon d'agir, accessible à tous. Serons-nous alors tous entrepreneurs à impact ?

  • Speaker #0

    Alors moi, la petite histoire, c'est que je suis diplômé de cette maison de Sciences Po, Affaires publiques, en 2008.

  • Speaker #1

    Notre premier invité est un ancien banquier d'affaires.

  • Speaker #0

    Ce parcours m'a amené à commencer ma carrière en banque d'affaires, en fusion acquisition, donc j'ai fait... Cinq ans de finance chez Merrill Lynch, six ans presque même.

  • Speaker #1

    Jean Moreau a plaqué un salaire et une vie confortable pour fonder Phénix, une start-up devenue l'un des leaders de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Vous allez le voir, il incarne cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui veut concilier chiffre d'affaires et impact positif.

  • Speaker #0

    Les gens en école de commerce ou en Sciences Po aimaient bien aller de manière un peu moutonnière comme je l'ai fait, dans les gros cabinets de conseil, McKinsey, BCG, dans les grosses banques d'affaires. en cabinet d'avocat, dans les métiers supposés être prestigieux, exigeants, bien rémunérés, bien formés, qui était un peu l'élite du monde économique, où c'est dur de rentrer, c'est dur de rester. Donc voilà, moi j'étais attiré par ce truc-là, pour de mauvaises raisons aussi je pense, mais je ne crache pas dans la soupe, c'était une super formation, dans un univers assez grisant et exigeant. C'était assez intense, on bossait quasiment 100 heures par semaine, parfois plus. Mais ça manquait de sens, j'avais pas envie de faire fusionner des entreprises, j'avais pas envie de participer à cette caricature du monde capitaliste. j'avais Deep down, comme on dit en anglais, l'envie de réinventer un peu le monde de l'entreprise, en tout cas d'y participer, et de créer une sorte de voie médiane entre les assos non marchandes et le monde capitaliste traditionnel. Et donc c'est comme ça qu'est née, après les prémices de Phoenix et puis cette entreprise. De 2014 à 2019, on a fait un métier unique qui était connecter les magasins et les assos caritatives. Donc créer une sorte de banque alimentaire ou de resto du cœur 2.0. Donc ça c'était vraiment un volet social, on a utilisé une sorte de Robin des Bois qui allait récupérer les invendus de chez Leclerc, Intermarché, Super U, Franprix, Danone, pour les redistribuer aux plus démunis. Et après au fil de l'eau, on a tricoté autour de ces services-là d'autres solutions, notamment de revente aux consommateurs à prix cassé, où il y a peut-être un peu moins d'impact social direct, et l'impact environnemental a pris le relais pour aller vers le zéro déchet alimentaire, zéro gaspillage. Ce que je voulais avoir du sens, c'était contribuer à résoudre un problème de société qui était mal géré. et répondre à cette forme d'évidence qui était que d'un côté il y a des produits qui partent de la poubelle et de l'autre côté il y a des gens qui sont en précarité alimentaire. En tout cas, je ne voulais pas avoir un métier qui servait juste à rembourser des factures, rembourser un emprunt immobilier, payer EDF et GDF à la fin du mois. C'est une vision un peu de privilégier. Pour plein de gens, c'est déjà top d'avoir un métier, un CDI bien payé, etc. Quand on a la chance d'avoir fait ce genre d'études, peut-être qu'on se pose trop de questions. Mais quand tout va bien, quand on est bien payé dans une belle boîte, il faut trouver un truc qui va pas, donc moi c'était ça Et j'ai essayé de créer une entreprise dont je sois fier. Et donc, je peux se dire, oui, on fait de l'argent. Oui, on crée de l'emploi. Mais, by the way, on sauve aussi des repas, on redistribue. Et donc, on a une utilité dont on est fier. On a des témoignages dont on est fier. On me pose souvent la question de savoir s'il y a eu un élément déclencheur ou si ça a été un peu une prise de conscience rampante au long cours. Et la réponse, c'est la réponse 2. Bon, c'est chouette, ce métier est confortable. On va dire que j'ai fait le plus dur. j'y suis déjà depuis 5-6 ans Il y a un peu une voie toute tracée, royale, où on continue à faire ça, ou alors on va en fonds d'investissement et on tire le trait jusqu'au cimetière. Mais j'avais envie, je me rendais compte que je me plaignais souvent. Quand on me demandait comment ça allait, les soirs, le week-end, je disais ouais c'est chouette, mais au boulot, bon voilà. Et à un moment je me suis dit, on va arrêter de pleurnicher, on va prendre sa vie en main et puis on va créer quelque chose qui correspond à mes aspirations profondes. Donc en fait c'était plus une volonté d'alignement entre qui j'étais et ce que je voulais faire. Et puis mon quotidien qui était trop en dissonance cognitive. Et donc évidemment quand j'étais dans des gros rendez-vous, dans des endroits vraiment très caricaturaux, type la Défense ou des gros quartiers d'affaires à Paris. Je ne me sentais pas forcément à ma place. Je suis beaucoup plus à l'aise dans le milieu dans lequel j'évolue aujourd'hui. Je ne pensais pas rester aussi longtemps en banque d'affaires. Je pensais faire une pige de 2-3 ans, me former, mettre un peu d'argent de côté pour pouvoir prendre un risque derrière. Et puis en fait, je suis resté plus longtemps que prévu. Mais je pense que j'avais déjà en tête de plonger un moment vers autre chose. Puis après, à l'âge de 30 ans, j'ai eu envie d'avoir une sorte de quête de sens ou d'envie d'avoir plus d'impact social et environnemental dans mon quotidien, dans mon métier. J'ai d'abord pensé pouvoir le trouver dans un job classique et après j'ai compris qu'il fallait que je le crée et donc on s'est associé au départ à trois puis assez vite à deux et on a creusé plusieurs thématiques jusqu'à tomber dans le monde merveilleux des invendus, des déchets et on s'est dit ben là il y a de la matière, on peut faire une boîte qui a à la fois de l'impact social, de l'impact environnemental avec un volet digital et de la création de valeur économique donc mon driver à moi c'était la quête de sens, la quête de me sentir utile et d'avoir une vie dont je sois fier. Alors Phoenix, qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ? Phoenix, c'est une entreprise sociale, donc déjà c'est une entreprise pas comme les autres. On est une SAS, on lutte contre le gaspillage alimentaire, en connectant ceux qui ont trop et ceux qui n'ont pas assez. Donc ceux qui ont trop, côté offre de la pâte sourd de Phoenix, ce sont deux types d'acteurs, la grande distribution et l'industrielle de l'agroalimentaire, dont les supermarchés, les hypermarchés, puis les usines ou les sites de production logistiques, qui ont des invendus et des stocks dormants depuis longtemps. Et en face de ces gens-là... Phoenix est une alternative à l'incinération, à l'enfouissement, à la mise en décharge. Et on fait trois choses. On revend les invendus à prix cassé sur une application mobile qui s'appelle l'application Phoenix pour des consommateurs et des consommatrices en quête de pouvoir d'achat. Ce qui n'a pas été vendu, on le donne à des assos caritatives. Reste du cœur, Croix-Rouge, Emmaüs, Banque Alimentaire. Et en dernier lieu, ce qui n'a été ni racheté par les consos à prix cassé sur l'appli, ni donné à des assos d'aide alimentaire, c'est proposé à des parcs animaliers, des zoos, des centres équestres des SPA pour l'alimentation animale et donc voilà, à la fin Avec cet écosystème d'économie circulaire, on arrive vraiment à la promesse qui est zéro déchet alimentaire, zéro biodéchets dans les magasins avec lesquels on travaille. Alors il restera forcément du carton, des canettes, des palettes, de la PLV, du plastique, etc. Mais sur la partie déchets organiques, le fait de mettre ensemble comme ça ces 3-4 séquences de valorisation fait qu'on arrive à faire des boucles circulaires de bon sens en circuit court qui permettent aussi d'éviter de détruire. et donc de limiter le coût des déchets, et donc pour nos clients de gagner de l'argent. On a une entreprise qui a un modèle économique solidaire, mais qui a quand même un modèle économique. On fait gagner de l'argent à nos clients parce qu'on transforme les déchets en or, ou en tout cas on limite clairement la perte, on fait du cost-killing, comme on disait dans mon ancien métier. On réduit les factures de gestion des déchets et on prend une commission là-dessus. On a lancé un réseau de magasins qui s'appelle Nous Anti-Gaspi, qui est un projet entrepreneurial, qui est un réseau de distribution physique. On fait de la revente de produits moches, fruits et légumes difformes, etc. Et là, on vient de lancer la saison 3 de la série Phoenix, avec une nouvelle équipe qui est arrivée, un nouveau directeur général, une nouvelle directrice marketing, et donc c'est une nouvelle séquence qui s'ouvre. Et donc voilà, au début, on était deux sur la saison 1. La saison 2, j'étais tout seul à la tête de la boîte, parce que mon cofondateur était parti. Et la saison 3, on est en train de passer le relais tranquillement à une nouvelle équipe qui arrive avec du sang neuf. Et c'est bien aussi pour l'entreprise. Un de mes enseignements, c'est que j'ai lancé à 29 ans une entreprise dans un secteur que je ne connaissais pas du tout. Donc, encore une fois, je trouve que c'était un peu inconscient parce que la grande distribution, c'est un milieu qui est réputé coriace, exigeant, gros négociateur et pas facile à pénétrer. Comme quoi, c'est un enseignement aussi. Quand on y va un peu la fleur au fusil, mais en se disant, en fait, on va y arriver. On va comprendre comment fonctionne le métier, le milieu. On va trouver dans chaque enseigne les deux, trois influenceurs, influenceuses, les personnes clés à rencontrer. En quelques semestres, en quelques années, on arrive à faire son trou dans l'écosystème. Si on est sérieux et qu'on essaie de travailler de manière fiable et honnête. Et donc voilà, c'est ce qu'on a fait. Il y a une dimension de conquête commerciale. Donc en gros, on a des commerciaux qui vont frapper à la porte des Leclerc, Intermarché, Super U, La Vie Claire, Franprix, Naturalia. Et qui essayent de convaincre à tous les niveaux, à la fois les sièges, à la fois les directeurs et directrices de magasins, jusqu'au chef de rayon, de se lancer dans la démarche anti-gaspi zéro déchet. Et puis après, il y a des choses qui tombent aussi par la visibilité. Mais en général, c'est quand même plutôt une démarche proactive de notre part. On n'a pas eu des contrats à plusieurs millions d'euros qui sont tombés du ciel. Ça reste la bataille, surtout dans un milieu où c'est des petites marges. C'est un secteur de centimiers. Et donc, pour aller négocier des contrats cadres sur plusieurs centaines de magasins, ça prend du temps. C'est ça l'avantage d'être dans une entreprise à impact ou d'avoir créé une entreprise qui a une mission forte. La mission en elle-même, elle aide à tenir dans la durée. On sait pourquoi on se lève le matin. On voit l'impact tangible qu'on a chaque jour et ça aide à rester motivé dans la durée. On sait qu'on le fait pour de bonnes raisons, on sait qu'on est dans le sens de l'histoire, on sait qu'on a du vent dans les voiles et que ça va finir par arriver, mais il faut rester motivé, c'est sûr. Nous on a eu pas mal de planètes qui se sont alignées. Une réglementation favorable, anti-gaspillage, on a eu une attente de plus en plus forte des consommateurs et des consommatrices, et l'émergence dans notre sillage et à côté de nous, ou devant nous, ou au-dessus de nous, de plein d'acteurs sur les mêmes thématiques mais sur des verticales un peu différentes, donc back-market dans la téléphonie, vintage, le bon coin, vide-dressing, même tout go, tout go, nos concurrents en alimentaire, toute cette génération d'acteurs fait que pour beaucoup de gens, non seulement les jeunes mais aussi les moins jeunes, tout ce qui est seconde main, occasion, Limiter l'achat de neufs, faire des bonnes affaires, c'est devenu presque un réflexe, une tendance, une fierté. Alors qu'il y a quelques années en arrière, c'était encore un truc d'entrée de gamme, de radin, un peu stigmatisant, de déstockage quoi. Avec des gros stickers jaune fluo. Après on a eu la classe politique qui a fait son boulot aussi de mettre la lumière sur des acteurs qui jouaient pas le jeu. Et puis les médias. Un des trucs qui a été le plus efficace, c'est des opérations coup de poing d'Hugo Clément, d'Élise Lucet. avec le fameux reportage où on va voir en caméra cachée l'arrière boutique d'un entrepôt avec des produits qui sont détruits, incinérés, lacérés. Ou alors, ils le savent, il va faire les poubelles d'un gros magasin et qu'il voit que ça déborde. Et derrière, en prime time sur M6 un dimanche soir ou sur le JT de France 2 ou sur Envoyé Spécial, ça fait mal et ça fait bouger les enseignes. Cette peur du bad buzz et cette peur de l'avoir une marque qui est cornée par un mauvais tweet ou un TikTok qui partirait comme une traînée de poudre, ça fait bouger plus que n'importe quelle loi. En général, dans l'impact, il y a un peu, sans caricaturer, mais pour simplifier le propos, il y a un peu deux familles. Il y a des gens qui pensent, à juste titre, que small is beautiful, et que dans cet univers-là, dans l'ESS, dans l'économie sociale et solidaire, dans l'économie des coopératifs, des mutuelles, grossir pour grossir, ce n'est pas intéressant. Il vaut mieux partager le pouvoir, partager la richesse, rester en contrôle de l'actif. Et ça, je respecte ça, mais ce n'est pas le chemin qu'on a pris sur Phoenix. Nous, on a pris la voie numéro 2, qui était de dire, maintenant, dans l'impact, on a une mission qui nous porte, donc il y a de la motivation, on a plein de talents qui veulent nous rejoindre, il y a des financements qui se bousculent à la porte, on a une mission et un besoin sous-jacent qui méritent qu'on soit ambitieux. Précarité alimentaire, on est 8 millions de personnes, le gaspillage, c'est 10 millions de tonnes par an. Donc il n'y a pas de raison qu'on fasse une petite boîte, qu'il reste une petite TPE, etc. On a envie de montrer que l'impact peut changer d'échelle. Deux, ça peut créer de l'emploi. Troisièmement, ça peut faire des belles entreprises successfulles, inspirantes et qui ont des belles trajectoires. Et donc, on est allé dans cette voie-là. Levé de fonds, croissance, voire hyper-croissance. Et donc, quand on fait ça, c'est dur d'être rentable. Donc, nous, on était rentable par construction au départ, sur la saison 1, 2014-2018. Et on est passé comme ça de zéro à à peu près 6 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2018, on a fait cette grosse levée de fonds. Et là, on a mis le poids dans la pente. On s'est dit, allez, on va investir. C'est là qu'on a lancé l'application Phoenix. On a cramé un peu de cash en marketing et en acquisition digitale. C'est là qu'on a lancé un réseau de magasins physiques. On s'est fait plaisir, on a fait de la pub à la télé, on a fait de la pub dans le métro, sur les bus. C'est un peu la période de l'euphorie des startups aussi. La French Tech, on avait l'impression qu'il fallait qu'elle se baissait pour ramasser 200 millions d'euros. Parce qu'il y avait une profusion d'argent, on avait l'impression que les startups, c'était un peu le nouvel Eldorado, on allait créer une licorne par jour puis il y avait des belles histoires, il y avait des Mano Mano, des Conto des Alan Blabla Card, Octolim, il y a une vraie génération d'entrepreneurs qui ont fait des choses magnifiques. Et donc après, c'est juste que parmi celles-là, il y en a pas mal qui sont en fait un peu des chimères. Entre-temps, il y a eu de la casse et je pense qu'on est qu'au début. Puis les gens sont un peu revenus de ces valorisations un peu inflatées et de ce délire de lever de fond, lever de fond, lever de fond, hyper croissance et chercher le milliard d'euros de valorisation. Et donc, on a dégradé la marge, on a perdu de l'argent. Et puis après, comme beaucoup de boîtes... Quand le marché s'est retourné en 2022-2023 et que la fête était finie, on a fait l'effort de resserrer les boulons, réduire un peu la voilure, ramener la boîte à l'équilibre. Donc nous, ça fait deux ans qu'on est rentable. Et ça n'a pas été simple, ça a été pas mal d'efforts, mais on est très fiers de l'avoir fait. Donc maintenant, on a une entreprise qui est à taille critique, parce qu'on a une belle PME qui fait autour de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. et on est bien financés donc c'est chouette les planètes sont alignées on a fait une belle tranche de 10 ans Et maintenant, il faut réattaquer. C'est souvent ce qui est dur, je trouve. Ce que j'ai trouvé le plus dur, c'est le couple rentabilité-croissance. On a amené le bateau au port, le bateau est au chaud, il est rentable, il est dérisqué. En revanche, il faut qu'on reparte. Il nous faut un petit coup de vent pour qu'on reparte. Aujourd'hui, on est un bon médicament contre le gaspillage. En revanche, si on va au bout de la réflexion, il faudrait un jour qu'on arrive à mieux réduire les pertes à la source, mieux gérer les stocks, ce qui en absolument a du sens. Mais ce qui veut dire aussi que d'une part, on scie la branche sur laquelle on est assise, mais ça à la limite, ce n'est pas dramatique. Enfin même, c'est le destin de toute entreprise sociale, c'est que si elle atteint sa mission, elle doit s'autodétruire. Que le jour où il n'y aura plus de précarité alimentaire, je n'aurai plus de boîte, mais j'aurai peut-être une statue quelque part. On va aussi désalimenter toutes les assos qui comptent sur nous et les consommateurs et consommatrices qui achètent des paniers anti-gaspi pour finir leur fin de mois. Donc tout ça peut dire que parfois, il y a des contradictions entre la stratégie de la boîte et l'impact. Et puis on peut être critiqué sur ce côté entretenir un système. apporter un filet de sécurité qui n'est pas nécessaire et ne pas résoudre le problème à la source sur la réduction du... fermer le robinet. Il y a plein de blocages opérationnels qui font que ça ne va pas arriver tout de suite. Et notamment le fait que dans un grand magasin, une chef de rayon, un chef de rayon, une directrice ou un directeur, il préférera toujours... Avoir un peu de ce qu'on appelle de la démarque, donc un peu de surstock, plutôt qu'une rupture de stock. Personne n'aime avoir un rayon vide où il manque la référence qu'on voulait aller chercher, on a frustré un consommateur qui ne reviendra plus. Dans le bac à fruits et légumes, personne ne va prendre le bas de la pyramide de Melon, personne ne va prendre le fond de rayon d'avocat qui a été tripoté, qui est complètement mou. Donc pour plein de raisons de la sociologie de la consommation et du modèle de la distribution, et notamment de cette obsession de la non-rupture et de l'abondance en rayon. Il y aura toujours un gaspillage résiduel, donc on aura toujours une utilité. Après, c'est sûr qu'on aimerait réfléchir à limiter le gaspillage à la source, mais il y a encore du boulot déjà pour bien faire ce qu'on fait et ne pas se diversifier ou se défocaliser trop vite. Maintenant, je suis aussi conscient des limites. Nous, encore une fois, on est fiers de ce qu'on a fait, mais c'est tout petit. Ça fait 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, donc c'est pinette. On a un côté poisson pilote ou un côté petit jet ski qui montre une voie. mais après le changement il viendra à grande échelle le jour où Un gros directeur de la grande distribution ou l'industrie agroalimentaire change une recette, change un packaging, arrête une ligne de produits qui n'est pas durable. J'ouvre l'Oréal, arrête le plastique sur ses shampoings. Ils ont infiniment plus d'impact que ce qu'on peut faire nous chez Phoenix. Donc non, moi j'attends beaucoup des grands groupes qui bougent, parce que c'est de là que viendra le changement à grande échelle. Donc on a aussi besoin d'avoir des managers dans les entreprises qui portent ce changement, d'avoir ce qu'on appelle des intrapreneurs, des petites pâquerettes qui poussent dans les grands groupes du CAC 40, de la Défense. pour changer de l'intérieur des gros acteurs. Sinon, si on reste entre nous à faire joujou dans le bac à sable, on n'ira pas loin. Il faut qu'il y ait des gros groupes qui bougent et ça est en train d'arriver. Et je pense aussi à la nouvelle génération de managers pour qui c'est une évidence de faire attention. Qui prend le pouvoir progressivement va aider. C'est sûr que mon début de carrière m'a aidé à prendre des risques. Après ce qui est dur par contre c'est... c'est d'abandonner ce train de vie et à 30 ans de repartir manger des pâtes quoi alors qu'il y a tous les copains de promo et les copains de l'ancien boulot qui continuent à acheter des apparts des trucs et tout mais c'est bien moi j'ai aucun regret ça a été une belle trajectoire ça a été une aventure hyper intense alors évidemment c'est usant à une époque on disait anyone can be an entrepreneur il y avait beaucoup d'engouement autour de ça pour libérer un peu les énergies je pense quand même que ce qui s'est passé récemment dans l'écosystème montre que c'est pas facile On a beaucoup raconté des belles histoires, il y a beaucoup de storytelling, mais l'envers du décor est quand même assez compliqué. L'ascenseur émotionnel caractéristique de l'entrepreneur, où on a une bonne nouvelle, de mauvaises nouvelles, on pense qu'on va cartonner, on pense qu'on va déposer le bilan, on va lever des fonds, ah non, en fait, les caisses sont vides. Il faut en avoir conscience. Il n'y a rien de pire que les insomnies, parce qu'on n'est pas sûr de pouvoir payer les salaires le mois d'après. Et ça, c'est comme le quotidien de beaucoup d'entrepreneurs. Ce qui me rend le plus fier, c'est d'avoir créé cette boîte qui n'est ni une asso non marchande désintéressée, ni le business tel qu'on l'a connu dans les années 90-2000 et que je ne voulais plus revoir non plus. Et il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont des belles trajectoires rassurantes. Donc voilà, je suis très fier d'avoir créé ce truc-là et d'avoir réussi cette promesse-là. Deuxième chose dont je suis très fier, c'est la culture d'entreprise qui est assez unique chez Phoenix parce qu'on a un mix de personnes qui viennent pour le côté social, d'autres qui viennent pour la fibre écolo, zéro déchet environnement, d'autres qui viennent pour l'aventure digitale, start-up. ça fait un mix assez unique des gens qui sont engagés, voire beaucoup plus engagés que moi encore. La mission est sanctuarisée. Et après, ce qui m'explique ce que j'ai préféré dans toute cette phase-là, c'est quand même, je trouve que la phase de 0 à 1, quand on part de moins l'infini et qu'on doit créer un produit, un service, imaginer un pricing, lancer une marque, chercher les premiers talents alors qu'on n'existe pas. J'ai préféré les phases de start et de build, dans les phases 1 et 2, où au départ c'est un peu le chaos, et on va avoir l'intuition et la transformer en business. Après on commence à structurer un peu la boîte avec des fiches de poste, des grilles de salaire, des organigrammes. Et après, quand c'est plus des routines managériales, ça m'a plus coûté. Donc c'est là qu'il faut avoir la sagesse de dire, attends, on va prendre un manager qui va faire ça, et moi je vais repartir au combat.

  • Speaker #1

    Lorsqu'on veut trouver un job pour la planète, on ne sait pas toujours par où commencer, ni vers quelles entreprises se tourner. C'est en partant de ce constat que Claire Pétréot a fondé Les Pépites Vertes, après ses études à Sciences Po. Cette plateforme accompagne notamment les jeunes dans leur recherche d'emploi, pour qu'ils soient alignés avec leurs convictions.

  • Speaker #2

    Moi je suis originaire de Segrès, une petite ville dans le Ménéloir, qui est le meilleur département de France. J'étais très engagée depuis ma jeunesse, j'étais au conseil municipal des jeunes, j'étais, je ne sais pas, présidente de la maison des lycéens dans mon lycée, j'étais engagée au HAND. J'ai un peu de sang engagé dans le sens où je suis petite fille de paysan et je suis fille de prof, donc en fait pour moi c'était un peu obligé d'avoir une carrière qui contribue à la société et au bien commun. Juste l'entrepreneuriat, pour moi, c'était quelque chose de très nouveau que j'ai découvert sur la route. Je m'étais plutôt lancée dans le salariat. J'ai travaillé à la Ruche Kiddioui dans le secteur de l'alimentation. Quand tu rentres par l'alimentation, tu as forcément un peu des déclics à tous les niveaux, sur la santé, sur l'écologie, sur l'économie, sur le social. Après, j'ai travaillé dans l'économie circulaire, à valoriser les biodéchets des restaurateurs de la ville d'Angers pour en faire du compost. Et enfin, pendant mon Master 2, que je faisais en parallèle avec Télécom Paris, et Sciences Po. J'avais un stage, enfin, j'ai décidé de faire un stage, même si ce n'était plus dans le cursus, parce que je n'arrivais pas, après mon année de césure, à ne plus travailler. Et donc, j'ai travaillé à ChangeNow, où je suis arrivée au tout début de l'événement, c'est le plus grand événement mondial des solutions pour la planète, ChangeNow. Et du coup, hyper vite, j'avais genre 24 ans, je suis devenue la dire-com, et je suis restée 3 ans. Et donc, tu vois, l'engagement, il était là, c'était genre une évidence. Après moi, le où, le comment, je m'en fichais un peu. Ce que je voulais juste, c'est m'assurer que tous les matins, quand je vais au boulot, je sais pourquoi j'y vais, pour qui j'y vais et à quoi ça sert. C'est mes valeurs. Je pense qu'on est face à des crises environnementales, sociales, démocratiques, qui font que chacun, chacune, qui en a les moyens en tout cas, devrait se poser la question de sa responsabilité. Quand on sort de Sciences Po et qu'on a les moyens de rentrer dans des carrières élitistes comme nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Qu'est-ce que je fais de mon cerveau ? Qu'est-ce que je fais de mes bras, de mon cœur ? à qui je le mets à dispo. quelle vision du monde j'encourage, je contribue. Il y en a qui se posent la question par la consommation. Moi, je pense qu'on oublie parfois de se dire que le métier, c'est un énorme levier d'activation de la transition écologique. Donc ouais, je crois que ma question, c'est pourquoi tout le monde n'y est toujours pas. J'ai eu une grosse phase d'éco-anxiété à la suite d'une expérience qui s'appelle Blue Turn Earth, qui est designée par Jean-Pierre Gou et qui consiste à regarder la Terre tourner pendant 14 minutes sur une musique. méditative et à se rappeler qu'on n'est qu'un et qu'on n'est qu'un petit bout et que tous nos problèmes, c'est minus et que quand on se remet à l'échelle de l'univers, c'est waouh et qu'on n'a qu'une planète bleue et qu'il faut la protéger et cette communion que j'ai vécue à Tchénigna en 2018 dans une salle à regarder pendant 14 minutes la Terre qui tourne j'ai même fait mon tatouage à chaque fois que je vois Jean-Pierre, je lui dis tu sais que je me suis tatouée la Terre suite à l'expérience Merci. Et là, ça rentrait dans mon corps. C'était à tous les niveaux, cœur, tête, corps. C'était, mais qu'est-ce qu'on fout ? Tu vois, je n'ai même pas les mots. Et donc, à partir de là, je me suis dit, il n'y aura plus rien au monde qui m'empêchera de faire tout mon agenda et toute ma vie le sens d'accélérer la transition écologique. Quand je suis devenue entrepreneuse en 2020, je suis passée d'une personne qui dédie sa carrière à la transition écologique. à une personne qui a envie d'aider les autres à dédier leur carrière à la transition écologique. Donc là, il y a eu un déclic, c'est le Covid. C'est des dizaines d'étudiants qui m'écrivent de Sciences Po et qui me disent, comment t'as fait pour trouver un job écolo ? Comment on fait pour savoir si c'est du greenwashing ou pas ? Est-ce que ça existe vraiment, en fait, les métiers de l'écologie ou est-ce que c'est du bullshit ? Et là, je me suis dit, c'est marrant qu'il y ait autant de gens et qu'il y ait aussi peu de moyens de leur répondre. Donc j'ai beaucoup travaillé avec Sciences Po carrière à ce moment-là. pour organiser des webinaires, je faisais des coachings, enfin j'étais confinée donc je faisais des visios, je designais un peu des questions type, des conseils sur le CV. Et à un moment je me suis dit dingue, et si en fait j'avais un projet entrepreneurial en parallèle de mon travail de dire comme ? Et donc je me suis dit pour tester, je vais lancer la chaîne YouTube Les Pépites Vertes, je vais parler de métiers, d'écologie, de CV, de compétences, je vais aller à la rencontre de dizaines et de dizaines de salariés. dans toute la France pour présenter des métiers qui vont de théophile qui travaille pour préserver la biodiversité, à Sarah qui a décidé de devenir agricultrice, ou Alexandra qui transforme la cosmétique en faisant de l'ARSE, ou Jasser qui est consultant en transition énergétique. Vraiment, mon objectif, c'était de montrer tout le champ des possibles. Et donc, c'est toutes ces rencontres-là, les unes après les autres, qui m'ont fait dire, mais pourquoi les gens ne voient pas ? Pourquoi il n'y a que moi, avec ma petite caméra que j'ai trouvée sur le bon coin, à mettre en lumière ces gens-là ? Et là, du coup, j'ai décidé de quitter mon taf, de négocier une rupture co, et de me lancer sans avoir aucune idée de comment créer une entreprise. Je n'ai jamais fait ça. Et c'est parti, c'était 2021. J'ai décidé d'en faire mon métier, mon entreprise, et de fonder du coup une boîte qui aide les jeunes salariés, les jeunes talents à se projeter dans des carrières de la transition écologique. Les pépites vertes, comment j'ai trouvé ? J'ai bossé sur un carnet où je mettais tous les mots. Je voulais absolument qu'il y ait un truc sur le talent, sur la brillance. Donc là, c'est là qu'est venu Pépite. Je voulais un truc sur l'écologie, l'environnement. C'est là qu'est venu Vert. Et je me rappelle très bien, j'étais en footing avec un de mes meilleurs amis. Je lui dis « T'en penses quoi, les pépites vertes ? » Il m'a dit « On achète » . Et voilà, c'était parti. Je ne me serais jamais lancée en sortie de Sciences Po. J'avais trop envie d'aller apprendre. et en fait en vrai c'est mes boss à chaque fois qui m'ont qui m'ont tellement fait confiance, tellement tôt, tellement vite, qui m'ont tellement donné des clés, que j'avais beau pas du tout savoir ce que j'allais faire des pépites, j'avais la foi qu'il y avait un truc à faire. Et en fait, je débordais d'idées, de créativité. Quand j'avais mon entreprise en parallèle de mon job de CDI, je travaillais le matin de 7h à 9h avant d'aller au taf, de 9h à 18h j'étais au taf, et de 18h à 20h je continuais mon autre projet entrepreneurial, plus le week-end évidemment, et il y a eu un moment où... je ne pouvais pas tenir, c'était physiquement compliqué. Et donc, j'ai choisi de me donner ma chance. La mission de tout début, c'était comment j'outille la jeunesse pour qu'elle voit le max d'emplois qui existent dans la transition écologique. Et comme j'ai toujours été driveée par ma mission et jamais par la chaîne YouTube ou par du what, j'étais tout le temps en mode, quel est mon why ? Qu'est-ce que je peux faire comme how ? Et éventuellement, quels sont les what qu'on va vouloir... trouver, donc le Golden Circle de Simon Sinek. Et du coup, j'étais en mode, OK, mon why, c'est aider les jeunes à trouver un métier écolo. On teste YouTube, ça marche moyen en vrai. N'allez pas regarder mes vidéos YouTube. On teste autre chose. Insta, facile, OK. Facile de créer du contenu avec ma commu, OK. LinkedIn, LinkedIn s'apprend, OK. Typiquement, au tout début, mes articles, moi, j'avais personne à rémunérer, j'avais pas de modèle. Je faisais écrire par des pépites leurs articles sur un formulaire Google. que je transformais sur WordPress en articles. Donc tout le monde était en mode, comment elle fait pour écrire tous ces articles ? Je suis en mode, c'est pas moi qui les écris, c'est ma communauté. Donc j'ai créé mon contenu et ma marque avec ma commu, parce qu'eux, ils avaient à gagner d'être mis en lumière. Et moi, j'étais leur plateforme de médiatisation. Donc au tout début, c'était une association. Dans l'entrepreneuriat Impact, il y a un gros sujet entre business et impact. Et moi, je venais d'une famille de fonctionnaires. et j'avais vraiment des gros a priori sur les modèles capitalistiques d'entreprise. Donc je me suis dit, c'est une asso, mon projet c'est évident, c'est une asso. Sauf qu'assez vite, j'ai réalisé que ma création de valeur allait être sur la vente de prestations de services, de communications et d'événementiels. Et en tant qu'asso, je n'avais pas trop le droit de faire ça. Et en plus de ça, mon avocat aussi qui m'accompagne à ce moment-là m'a aidé à réaliser que je voulais être rémunérée par mon association. Or, si j'en étais la présidente, je ne pouvais pas être rémunérée. Il fallait que je passe directrice générale, que je trouve quelqu'un à la présidence qui porte ma vision. Tout ça me paraissait un peu complexe et du coup, j'ai assez vite fermé l'assaut. Expliquer à la communauté que j'allais créer une entreprise de l'ESS à impact, que ça n'allait rien changer à leur expérience d'être mise en lumière ou d'être mise en réseau et que ça allait être juste juridiquement plus pratique pour moi. Et donc, en 2022, j'ai créé l'entreprise Les Pépites Vertes. J'ai eu mes premiers stagiaires. Mes premiers salariés, mes premiers freelances, mes premiers bureaux. Donc d'abord, c'est un contenu. Deux, agence, parce que très vite, des marques sont venues me voir pour me dire comment on peut travailler avec vous. Vous savez faire de la communication, vous savez mettre en lumière des vrais gens pour parler de sujets techniques. Comment est-ce qu'on fait, nous l'ADEME, nous la Fondation Good Planet, nous la Banque Postale, pour construire des contenus avec vous et maximiser nos chances de rayonner sur ces sujets de transition écologique. Et trois. un réseau. Au début, c'était dans mon entreprise que je fédérais le réseau. Depuis quelques mois, c'est dans une association. J'ai recréé une asso avec 15 cofondateurs qui s'appellent le Club des Pépites et qui fédèrent tous les jeunes professionnels de la transition écologique. Ça va changer et du coup, je vais vraiment réorienter sur une offre de communication que je peux mettre à disposition maintenant de ma communauté qui, elle aussi, a besoin d'être plus rayonnante et plus visible.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs problèmes. Le premier, c'est pas se faire confiance, évidemment. C'est hyper dur d'avoir confiance en soi quand on n'a pas fait un master installation de panneaux photovoltaïques. Et du coup, c'est comment est-ce que moi, Claire, qui sors d'un master communication, je me sens légitime pour aller parler des défis environnementaux alors que je n'ai jamais été formée à ça ? Il faut un petit peu de culot, il faut beaucoup d'informations et de formation, d'auto-formation. Et donc, pour toutes les personnes qui sortent de Sciences Po, par exemple, et qui ont fait un master finance, ou un master RH, c'est comment je suis légitime pour aller bosser sur ces sujets-là, alors que j'ai eu un module de cours sur les enjeux. Donc, un, c'est vraiment crise de légitimité, syndrome de l'imposteur. Donc, ça, il faut le travailler. Il faut se concentrer sur ses forces. Il faut se dire, on a besoin de RH green. On a besoin de finances durables. On a besoin de communicants à impact. Deux, pas assez d'offres. Mais les offres, elles sont en train de se créer. Tous les métiers devraient relever de la transition écologique. Donc, encore une fois, que vous alliez dans une entreprise de la transition écologique ou en transformation, il y aura du verdissement des compétences à tous les endroits. On va former l'ensemble des collaborateurs, on va vivre une révolution qui, normalement, sera similaire à celle qu'on a vécue pour le digital. C'est vraiment pareil. On va devoir repenser notre manière de faire notre travail et le faire rentrer dans un cadre de limite planétaire. Ça, évidemment, c'est ma vision et mon utopie. Je ne dis pas que ça va être le cas et que ça l'est déjà. Mais les patrons et patronnes qui sont en train de se former et de déployer avec les RH les... Les plans de formation aux défis environnementaux sont bien conscients qu'ils ne vont plus pouvoir faire leur métier pareil. Donc deux, il y a des métiers partout, il y a des jobs partout. Peut-être que ce n'est pas en cherchant uniquement sur les métiers environnement qu'on va pouvoir avoir un job pour la planète. Trois, c'est la croyance que travailler pour l'écologie égale rien gagner. J'ai envie de nuancer ça. Déjà, c'est OK de vouloir gagner de l'argent, je comprends, c'est l'indicateur numéro un des jeunes à la sortie d'école. quand ils recherchent un job. Pour autant, de combien a-t-on besoin pour vivre décemment quand on sort d'une grande école ? Donc, il y a quand même un sujet de savoir se poser la question de sa rémunération, de ses vrais besoins. Il y a de plus en plus d'entreprises à impact qui financent bien et qui rémunèrent bien. Il y a des nouvelles manières de financer les gens en proposant des participations, etc. Donc, les modèles économiques de la transition écologique et des entreprises à impact sont en train de se structurer. Et c'est collectivement, entrepreneurs, salariés, qu'on doit se poser la question de la rémunération, mais de ce que j'observe depuis cinq ans, c'est quand même qu'il y a des espaces où on peut gagner sa vie et travailler pour l'écologie. C'est plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires que j'ai généré grâce à ces partenariats-là. C'est une équipe qui a fait que de former beaucoup de jeunes. Aujourd'hui, c'est une équipe de freelance. C'est quand j'avais le programme de formation, 250 jeunes qui passent par le programme, qui sont ensuite propulsés aux rencontres économiques d'Aix, à Change Now, dans les échos. C'est de la visibilisation vraiment chez des grands acteurs du fait qu'ils sont passés au Pépite-Verte. Ensuite, c'est plus de 20 clients accompagnés à raconter les métiers de la transition écologique dans plus de 30 villes de France différentes que j'ai parcourues. Ce qui est dur dans mon média, et c'est pour ça que parfois je me repose la question du sens, c'est que c'est humain mon impact et tout le monde ne me remonte pas à quoi je leur ai servi. Donc il y a vraiment des matins où je me retrouve à relire les petits messages gentils que j'avais reçus il y a six mois parce que ça fait longtemps qu'on ne m'en a pas donné. Et pourtant, après, je recroise une pépite et elle me dit « mais attends, mais tu ne te rends pas compte. Non mais grâce à toi, en fait, dans mon entreprise, moi, j'ai réussi à être beaucoup plus crédible. » J'ai une petite, par exemple, qui s'appelle Marie, qui était à Sciences Po, d'ailleurs, qui a quitté son cabinet de conseil pour retourner avec ses parents dans une PME de fabrication de pâtes bio, que j'ai poussée pour être mise en lumière sur les éco-starts. Et un jour, elle m'aurait écrit, mille ans plus tard, elle me dirait « je ne t'ai pas dit, grâce à ça, ça m'a vraiment aidée à être beaucoup plus crédible auprès des investisseurs, tu ne te rends pas compte, c'est énorme l'impact que tu as » . Et c'est des impacts de 1-1-1, donc parfois c'est un peu minus. Et en fait, changer la vie d'une personne, c'est déjà énorme. Pour moi, les qualités essentielles, la première qui me vient, c'est détermination. En fait, il faut être en colère. Il faut être amoureux du problème. Il faut se dire tous les matins, je ne peux pas faire autre chose que me dédier à cette cause. Donc la première qualité, c'est de savoir identifier son truc à soi, sa flamme à soi. La deuxième, c'est savoir s'adapter et écouter. Moi, j'ai une grande force d'écoute et donc j'écoute les gens. les problèmes des gens, les problèmes de l'écosystème. Je suis très orientée utilisateur, très orientée bénéficiaire et je sors jamais un truc si je sens pas qu'il y a un besoin. Je n'ai jamais trop raté des sorties de produits parce que je les ai toujours construits avec mes bénéficiaires. Et c'est ce qui fait d'ailleurs que je suis en train de pivoter ma boîte. Je sens en ce moment que je ne suis pas à 300% dans le juste sur mon offre actuelle et qu'il y a une autre offre et un autre besoin qui m'appelle ailleurs. Donc cette capacité à écouter, je pense que c'est vraiment un skill qu'il faut développer. Et ensuite, confiance en soi. Je sais qu'on a l'impression que j'ai méga confiance. En fait, la confiance en soi, elle vient de l'action. La confiance en soi, elle existe lorsque on a fait un truc et on se rend compte qu'on n'est pas mort. Et que notre cerveau est en mode, ah ok, let's go faire pire la prochaine fois, enfin mieux. Mais du coup, la confiance en soi, c'est un muscle. Donc oui, moi je muscle ma confiance en moi et c'est vrai que je pense que j'ai une bonne confiance en moi, j'ai confiance en mes capacités. Pourquoi ? Parce que je travaille énormément. Je ne sais pas pourquoi on ne dit pas ça dans les podcasts entrepreneurs, juste je donne des heures et des heures de taf à ce projet depuis 5 ans. Donc, forcément, ça nourrit ma confiance en moi parce que j'ose tellement de trucs je rate beaucoup de choses mais j'en ose tellement qu'il y en a forcément certaines qui marchent par contre l'estime de soi c'est-à-dire se dire ah ça a de la valeur ce que je fais ah je suis une bonne personne tout ça moi je ne l'ai pas trop donc je le bosse avec la résilience évidemment mais bon c'est les chocs c'est avoir un backup c'est avoir un ancrage c'est avoir une safe pace autour de soi, les pieds dans le sol, pour pouvoir se prendre les murs les uns après les autres et rester debout face à la tempête. On ne peut pas lancer une entreprise sans se donner à 300%. Pour autant, ça n'est pas durable, sur 10 ans, de passer sa vie à travailler au nom de la cause. Vraiment, ça ne marche pas. Le corps dit non, le cœur dit non. On fait des insomnies, on fait de l'anxiété, on fait des burn-out militants. Donc non, c'est juste que oui, ça demande du taf. Est-ce que c'est possible l'équilibre pro-perso quand on entreprend à Impact ? Oui. Aujourd'hui, j'ai un bon équilibre pro-perso. Mais j'ai dû créer les espaces parce que sinon, je pourrais travailler à 24. Donc, j'ai dû bloquer les phases pour aller faire de la danse, pour aller faire des stages de stand-up, voir mes copains, voir ma famille, organiser mes 30 ans dans un super lieu. Et tout ça, je dois le bloquer parce que si je ne bloque pas, je remplis avec du travail. Et après, je n'aime pas trop aussi l'injonction aux pros perso obligatoire à 50-50. Si c'est important pour toi de travailler et que le sens de ta vie, c'est contribuer à des causes, fais-le. C'est vrai parce que quelqu'un t'a dit attention aux pros perso que tu dois... Je ne sais pas, j'aime bien complexifier un peu cette question qui est parfois plus un peu en mode jugement des fois, j'ai l'impression. C'est dur d'être entrepreneur et je pense que c'est hyper dur d'être entrepreneur à impact. Parce que c'est dur parce qu'on doit créer des modèles, on doit inventer des modèles et on doit payer d'autres gens. Donc c'est quand même, c'est pas évident comme compétence. Sauf qu'entrepreneur à impact, on doit faire ça pour une cause. Donc en fait, notre business model, c'est pas créer du cash, c'est créer de l'impact grâce à du cash. Donc en fait, on réinvente complètement la manière de penser l'entrepreneuriat. Pour les personnes qui sont venues pour la cause, comme moi, il y a un énorme travail, mais limite thérapeutique, de déconstruction du rapport à l'argent. Et non, l'argent n'est pas mal. Et non, ce n'est pas grave de faire du chiffre d'affaires à partir du moment où c'est un moyen pour une fin qui est celle pour laquelle tu as choisi de te lever le matin. J'avais une image de l'argent qui était sale, qui était pour les grands capitalistes, les méchants, les riches, quoi. Et maintenant que j'ai compris que ça pouvait être un moyen et que c'était OK, d'ailleurs, de m'offrir parfois des petits trucs, j'ai acheté des chaussettes. Un des chaussettes à paillettes avec écrit pétillante et verte, évidemment. Et je me suis dit, fais-toi ce cadeau. Et ouais, j'apprends à m'autoriser. J'étais aussi avec mon comptable hier qui me disait, on a un comment sur l'AREM et tout. Je me suis dit, je pense que je peux encore me serrer la ceinture encore six mois. Il me dit, pourquoi tu dois te serrer la ceinture encore six mois ? Je me suis dit, non, mais on ne sait jamais, vu que je dois recruter. Il me fait, non mais Claire, en fait, si tu es toujours dans cette logique de, tu n'es pas rémunéré à la hauteur du taf que tu fais, tu ne vas jamais débunker la suite et l'abondance qui peut arriver par la suite. On a augmenté hier. Ce n'est pas des pépites d'or encore. Je trouve que c'est dur parce qu'il y a plein d'injonctions contradictoires. Je me suis toujours dit que je suis comme une sportive vidéo niveau, en toute humilité. Il me faut un staff médical, donc une thérapeute, un coach, des pères avec qui débriefer une vie saine avec des amis, ma famille qui me soutient, un appartement où je peux rentrer et je me sens bien, du sport, des loisirs. Mais je me suis toujours dit, si tu ne crées pas un setup sain et stable dans ta vie perso, alors que tu es en instabilité permanente dans ta vie pro, ça ne marchera pas. Pour autant, je ne l'ai pas toujours fait. L'année dernière, pour moi, a été chaotique. J'ai déménagé trois fois, j'ai eu un problème de santé, j'ai eu un petit cancer de la peau, un carcinome. Enfin voilà, on n'y était pas. Mais du coup, là, c'était le travail qui me maintenait stable parce que j'avais mon livre, je devais rendre mon livre, c'était très clair de où je devais aller. Donc, il faut vraiment avoir en tête que c'est un jeu d'équilibre libre permanent. Moi, c'est un bonheur quotidien d'être entrepreneuse, d'être libre, de dire ce que je pense. d'être libre, d'être qui je suis dans toute ma complexité, dans toutes mes parties, dans toutes mes forces, mais aussi avec tous mes défauts, et j'en ai beaucoup. Mais je m'entoure de personnes qui les connaissent et qui les comprennent et qui les acceptent. De ne pas savoir déléguer, de ne pas savoir faire confiance par peur, en fait. Même les virgules des postes des réseaux sociaux. Et du coup, pour pouvoir faire de ce défaut une force, parce qu'être exigeant, ça peut être une force. Je pense que je ne serais pas là où je suis aujourd'hui si je n'étais pas aussi exigeante. Mais il faut s'assurer que ça n'a pas un impact négatif sur les gens avec qui je travaille. Donc maintenant, je le mentionne. Les gens qui viennent travailler avec moi, je dis, je suis comme ça. Quand ça devient désagréable, quand ce n'est pas possible de supporter, tu me le dis. Ça m'aide à conscientiser. Je travaille dessus et je te jure que je vais tout faire pour m'améliorer. Ce qui a changé en termes de perspective pour moi... Alors, je pense que sur les urgences climatiques, je ne suis pas du tout plus optimiste. C'est même le contraire. Pour autant, là où j'ai beaucoup plus d'espoir aujourd'hui qu'il y a cinq ans, c'est sur la capacité des humains à se mettre en mouvement pour faire face aux urgences qu'ils ont eux-mêmes déclenchées. Puisque le GIEC rappelle que 100% des causes du réchauffement climatique sont liées aux activités humaines. Et donc, on peut être 100% de la cause de la solution, si on en a envie collectivement. Et depuis cinq ans, je rencontre... que des gens qui, tous les jours, travaillent sur l'économie circulaire, sur la décarbonation, sur la préservation de la nature. Et je me dis, il faut juste qu'on soit prêts à opérer la bascule, parce que l'alternative est possible. Maintenant, j'en suis persuadée. Si je pouvais parler à la Claire d'il y a six ans, je lui dirais de rien changer, parce que je pense que ça ne sert à rien dans la vie d'avoir des regrets. Donc, tout ce qui arrive, arrive pour une raison. On apprend de tout. Donc je ne regrette rien. Mais je lui dirais quand même de jamais lâcher. De jamais lâcher toutes les fois où l'idée passe, ne jamais lâcher. Et de faire de ces émotions si prégnantes en tant que personne si hypersensible une force pour le futur plutôt qu'un frein. Au début, c'est lourd, c'est qu'on ne comprend pas pourquoi tout nous submerge. Je suis souvent submergée. Maintenant, je comprends que ça va être pour les dix prochaines années entre... d'entrepreneuriat, une de mes plus grandes forces, de savoir sentir autant en moi et en les autres. Donc, voilà, Clérette, lâche rien. À quel moment vous vous êtes dit, là, j'ai vraiment eu de l'impact ?

  • Speaker #1

    Il y a eu deux moments fondateurs. Évidemment, le premier magasin qui a signé avec Phoenix, c'était un Leclerc à Rueil-Malmaison, que je salue. Bon, ça y est, on a convaincu un gros magasin qui fait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, avant j'étais et qui maintenant... Et donc on a... Un cas d'école avec des chiffres tangibles, concrets, on va pouvoir reprendre, démultiplier. Et donc là, on s'est dit, OK, ça y est, on a fait le plus dur.

  • Speaker #0

    C'est lors d'un événement de réunion de pépites vertes à ChangeNow l'année dernière. On était tous réunis. Il y avait genre 50, 60 personnes de la communauté qui étaient là parce que j'avais réussi à privatiser un petit espace à ChangeNow. Et je voyais tout le monde là qui se parlait vraiment, encore une fois, plein de personnes hyper différentes, mais toutes drivées par une même mission d'action. Et là, c'était hyper visible, en fait, de voir les gens. En plus de ça, il y avait un gars qui faisait du piano côté, donc c'était affreux, j'avais les larmes aux yeux et tout. C'était hyper moment hors du temps. Et je me suis dit, bah, waouh, j'ai fait ça, quoi. J'ai réuni tous ces gens et je vais les réunir pour encore plein d'années. Et c'est pas hyper palpable physiquement, mais c'est méga palpable humainement.

  • Speaker #1

    La deuxième chose, c'est quand on a commencé à avoir de la lumière médiatique, on s'est dit tiens, c'est marrant, on a un discours qui plaît, on n'a plus le droit de se déchouer. On porte un combat qui nous dépasse un peu, et la première visibilité un peu forte qui met la pression et qui oblige.

  • Speaker #0

    produit par FriXion. La musique a été composée par Nils Bertinelli.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Jean Moreau

    01:30

  • Claire Pétreault

    19:37

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