- Speaker #0
en mode impact.
- Speaker #1
Le podcast où l'on explore les grands défis de notre temps et surtout les solutions qui y répondent. En finir avec les inégalités de genre,
- Speaker #2
c'est pour quand ? Les droits des femmes malheureusement reculent.
- Speaker #0
Il y a quatre fois plus de jeunes femmes qui sont hospitalisées dans des hôpitaux psychiatriques.
- Speaker #2
Chaque heure qui passe, c'est cinq femmes dans le monde qui vont être tuées par un membre de leur famille.
- Speaker #0
Les filles répondent à être beaucoup moins heureuses que les garçons.
- Speaker #2
Aucun droit pour une femme n'est un droit définitivement acquis.
- Speaker #0
Waouh, c'est quand même un peu déprimant. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce qu'on va faire ?
- Speaker #2
Après, une fois qu'on s'est dit ça, qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #1
Des inégalités qui persistent, des stéréotypes qui résistent, une parole qui peine encore à se libérer. L'égalité entre les femmes et les hommes reste un combat inachevé. Au travail d'abord. À Poste Égal, les femmes gagnent. toujours moins que les hommes, accèdent plus difficilement au poste à responsabilité et restent surreprésentés dans les métiers précaires et mal payés. À la maison ensuite, avec le fameux deuxième shift. Tâches ménagères, la charge mentale, l'éducation des enfants. Alors certes, les choses évoluent, mais la répartition est loin d'être équitable. Sans oublier l'école, la politique, l'espace public, les médias, où les stéréotypes continuent de façonner les rôles et d'écrire les règles. Mais alors, comment et quand ? on y met fin. Il y a d'abord le travail des associations, sur tous les fronts de l'égalité femmes-hommes. Sans elles, les avancées seraient bien plus lentes. Mais leur action a un coût, et il faut les moyens pour tenir la distance.
- Speaker #2
J'ai tout un parcours au sein du groupe L'Oréal.
- Speaker #1
C'est là qu'intervient Pauline Avenel-Lam, directrice du Fonds L'Oréal pour les femmes. Son rôle ? Soutenir ces forces vives, donner les moyens à celles et ceux qui changent les règles du jeu.
- Speaker #2
J'ai d'abord démarré en communication au sein des marques, mais très vite, à l'époque où la RSE n'était pas une fonction en tant que telle, j'ai eu la chance de pouvoir contribuer à ces réflexions et à prendre en charge ces questions-là au sein des marques dans lesquelles j'évoluais, ce qui m'a permis d'avoir petit à petit une expérience, une expertise sur ces questions-là. Et donc, il y a maintenant huit ans, j'ai rejoint les équipes vraiment en charge de l'impact social et environnemental du groupe. La société patriarcale dans laquelle on évolue tous depuis des millénaires, malheureusement, on en est toujours là, alors ça progresse, mais on le sait, à tout niveau les inégalités qui concernent les femmes sont là. Économiquement, les femmes gagnent en moyenne moins 20% de moins que les hommes. Les femmes sont celles qui... Il y a 10% de femmes dans le monde qui vivent dans l'extrême pauvreté. Les femmes, une femme sur trois, est victime de violences. Et on parle même pas du harcèlement, on parle vraiment de violences au cours de sa vie. Il y a une fille sur cinq dans le monde. qui va être mariée avant l'âge de 18 ans. Chaque heure qui passe, c'est cinq femmes dans le monde qui vont être tuées par un membre de leur famille. Et certainement que ces inégalités, elles persistent parce qu'on n'est pas représentées au niveau politique non plus correctement. Il y a quoi ? Il y a moins de 10% des femmes qui sont chefs d'État dans le monde. Donc, en fait, à tous les niveaux de la société, on le voit bien, les femmes ne sont pas assez représentées au poste de décision et sont les premières victimes de tout ce qui va mal. On a pris le parti pris d'essayer d'accompagner un peu l'ensemble des besoins et notamment de travailler sur des questions dites de résilience. Comment on va pouvoir accompagner, via ces acteurs encore une fois de terrain, ces femmes vers un mieux-être, vers une réinsertion, vers une plus grande confiance en elles. Donc évidemment, on accompagne certains acteurs qui vont s'occuper de situations d'urgence. Par exemple, une femme victime de violence qui doit partir très vite de chez elle. Quel acteur est en mesure de pouvoir l'accompagner dans le cadre de son déménagement ? Merci. Mais après, la grande majorité de nos actions, ça va être autour de l'éducation pour les petites filles, largement privées d'éducation dans le monde, de formation professionnelle pour les plus grandes, mais aussi d'insertion sociale et professionnelle, ou encore toutes ces questions de soutien psychologique, de reconstruction psychologique, de travail sur l'estime de soi. Le Fonds L'Oréal pour les Femmes, depuis 2020, c'est plus de 500 associations accompagnées. Voilà, dont beaucoup d'entre elles, et on essaye de le faire de plus en plus, les accompagner dans le temps. C'est-à-dire que ce n'est pas un one-shot, c'est vraiment, voilà, on essaye de construire une vraie relation de partenariat dans le temps. C'est important, c'est comme ça que l'impact se fait, en tout cas, c'est ce qu'on pense. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de jolies histoires. Moi, ce que j'aime beaucoup, et certainement, c'est du fait de ce prisme de soutenir des associations très terrain, ces associations qu'on appelle parfois du dernier kilomètre. ce qui est très beau je trouve c'est qu'on va les accompagner un moment Et après, on va voir que grâce à ce soutien, elles se déploient, elles vont s'aimer. Par exemple, l'ONG CISTECH, qui a été fondée par Joséphine Goube, qui va aider des femmes réfugiées à pouvoir se réinsérer par l'apprentissage des métiers de la tech, là qui est d'ailleurs un métier dans lequel on manque très largement de femmes. Et Joséphine, évidemment, elle ne nous a pas attendues pour créer sa structure. Elle fait un travail formidable, mais nous, on a été un moment, et on l'accompagne depuis des années, on continue de l'accompagner, et on a pu l'accompagner dans les sémages de projets dans d'autres pays européens. Sur les violences faites aux femmes, il y a... Par exemple, l'ONG Shamsaha, au Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui est la première ONG qui vraiment a mis en place une hotline dédiée aux femmes victimes de violences. Et qui, pareil, c'est Justine qui a monté cette ONG, elle ne nous a pas attendues pour avoir cette super idée et pour la mettre en place. Mais nous, on a pu l'accompagner depuis des années pour pouvoir s'aimer et tendre à de plus en plus de pays. Donc, c'est toujours un peu cette idée d'être là, de soutenir. Et d'ailleurs, c'est souvent des femmes. qui sont à l'origine. Alors, il n'y a pas que eux et ce n'est pas un critère, mais c'est vrai que dans les faits, c'est beaucoup des femmes qui sont à la création de ces structures et qui vont après les porter. Et nous, on est ravis de pouvoir être là un moment pour les accompagner. Très souvent, elles-mêmes, très au fait, la situation pour laquelle elles s'engagent derrière, parce qu'on le sait, et c'est sans doute d'ailleurs très bien, c'est que beaucoup de femmes qui vont lancer une association derrière, c'est parce qu'il y a une histoire personnelle et elles sont elles-mêmes très concernées. Alors après, c'est drôle parce que nous, on réunit régulièrement les... régulièrement. On essaie de réunir régulièrement les associations qu'on accompagne, et donc en général c'est 98% de femmes, et puis il y a un homme ou deux qui se perdent au milieu. Et je me rappelle de la dernière réunion, où il y en a un qui m'a dit « Écoute, c'est hyper intéressant parce qu'en fait je comprends maintenant les femmes, je suis le seul homme au milieu de cette assemblée de femmes, et parfois j'ai du mal à oser prendre la parole. » Et je me dis que je suis le seul, c'est rare que ça m'arrive cette situation. Alors que vous, c'est en permanence ou en plus, on ne vous donne pas la parole autour de la table. Donc, c'est une vraie prise de conscience pour moi. Et pourtant, c'était quelqu'un qui travaillait de manière quotidienne sur ces questions-là. Donc, chaque rencontre, j'ai envie de dire, est vraiment assez marquante, assez frappante, touchante. Les bénéficiaires, évidemment, quand on va à leur rencontre, c'est à chaque fois des histoires qui rappellent pourquoi on fait ça chaque jour. Il y a une rencontre qui m'a particulièrement marquée. C'était la rencontre avec la secrétaire des Nations Unies en charge de la question de la violence sexuelle comme arme de guerre. Je ne rapporterai pas les propos, mais elle vous raconte quelques exemples, tous les territoires de conflits armés sur lesquels elle se rend et où c'est toujours plus abject pour les femmes et à quel point ce viol comme arme de guerre est absolument destructeur pour une société, bien plus que les femmes d'ailleurs, pour les sociétés, les femmes, les enfants, les familles. Et en fait, elle a dit une chose qui m'avait marquée. Elle dit, vous savez, quand la guerre en Ukraine a éclaté, j'étais avec, je ne sais plus, elle était avec un haut fonctionnaire qui lui dit « Ah ben pour une fois, vous allez être tranquille, ça va vous faire un conflit sur lequel il n'y aura rien à faire pour vous. » Pensant certainement qu'un conflit qui aurait lieu sur un territoire occidental ou européen pourrait être exempt de viol comme arme de guerre. Et elle lui a dit « écoutez, j'espère, mais malheureusement, l'expérience me fait dire que je doute. » Et elle me dit « trois jours plus tard, c'était le tout début, on avait déjà les premiers signalements. » Et ça, je pense que c'est intrinsèquement lié à la société patriarcale dans laquelle on évolue. Tant que les femmes seront inférieures aux hommes, que leurs droits ne seront pas reconnus, on aura toujours ce viol comme massif de destruction des femmes et des sociétés. Les droits des femmes, malheureusement, reculent. C'est ce que montrait, je crois que c'est l'OCDE qui a fait ce... qui a montré l'année dernière qu'un quart des pays dans le monde rapportent un recul des droits des femmes. L'ONU Femmes, il y a quelques années, si je ne dis pas de bêtises, disait qu'on était, pour atteindre une égalité parfaite homme-femme, on était de l'ordre de 130 ou 150 ans. Les derniers chiffres, c'est de l'ordre de 300 ans. Donc oui, malheureusement, les droits des femmes reculent. Après, une fois qu'on s'est dit ça, qu'est-ce qu'on fait ? Évidemment qu'on ne va pas rester en sidération. Non, au contraire, on y va, et plus que jamais. On y va, on se remonte les manches, et qu'est-ce qu'on peut faire chacun à son niveau pour essayer d'endiguer ça ? Le silence des femmes n'a jamais été salvateur, malheureusement, donc il faut plus que jamais. Et après, ce que j'essaye de me dire aussi, c'est que peut-être qu'aujourd'hui, oui, les droits des femmes reculent, mais on est aussi à un moment charnière de l'histoire. Et peut-être que si, en tout cas, il y a autant d'attaques sur les droits des femmes, c'est que ceux qui se sentent menacés par l'avancée des droits des femmes sentent qu'on est à un moment où il se passe quelque chose. Et donc, in fine... Il y a quelque chose de positif, c'est qu'on est peut-être en train de gagner du terrain et que c'est ça qui fait peur et qui amène un acharnement encore plus important. Mais oui, les droits des femmes reculent et malheureusement, la situation actuelle géopolitique, politique mondiale... Il ne va pas améliorer les choses, la montée des mouvements conservateurs, la montée des extrémistes, des mouvements masculinistes, ce sont des menaces majeures pour les femmes. Et surtout, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est Simone de Beauvoir, et je lui laisse grandement cette phrase, mais qui disait qu'il fallait que toute notre vie, on soit vigilante. Aucun droit pour une femme n'est un droit définitivement acquis. Jamais. La moindre crise la fera vaciller. On le sait, les droits des femmes, c'est toujours les premiers, avec les droits des minorités, qui vacillent. Quand un gouvernement conservateur, d'extrémiste arrive au pouvoir, c'est les droits des femmes qui trinquent. Donc il faut toujours être vigilant, et oui ça recule, après c'est un mouvement, j'aimais beaucoup cette métaphore de la marée. On dit souvent qu'une marée qui monte, c'est pas un mouvement linéaire, c'est un mouvement où il y a des petits mouvements de recul pour réavancer de nouveau. Il faut essayer de se dire qu'on est là-dedans. Mais justement, il ne faut pas du tout se dire à la marée recule, on laisse tomber, au contraire on y va plus que jamais. C'est les associations de terrain, c'est la société civile qui doit s'emparer de ces sujets. C'est l'affaire de tous, privée, publique, mais c'est notamment, évidemment, et on a besoin de ces acteurs de terrain qui sont malheureusement aujourd'hui absolument sous-financés et de plus en plus, on le voit, les coupes drastiques auxquelles elles doivent faire face. C'est terrible parce que finalement nos démocraties reposent beaucoup sur ces associations. Évidemment les budgets, qu'ils soient publics ou privés d'ailleurs, sont trop faibles en ce qui concerne les combats en faveur de l'égalité. et la défense des droits des femmes. Mais les deux sont nécessaires. L'un ne peut pas du tout suppléer l'autre, l'un ne peut pas être abandonné au profit de l'autre. Il faut que chaque acteur, l'acteur privé, l'acteur public, chacun ait conscience de sa responsabilité. Et à Yobu, aujourd'hui, on le voit, il y a un retrait des pouvoirs publics. Claire, évidemment, on a tous vu ces dernières semaines la crise sans précédent aux États-Unis qui frappe de plein fouet le monde associatif. Mais ce n'est pas que ça. L'Europe n'a pas attendu. Ça fait plus de 18 mois que nous, on a les associations en France qui nous disent que les pouvoirs publics se retirent. On voit au niveau européen, aux Pays-Bas, en Suède, demain l'Allemagne. Évidemment, c'est fort ce qui se passe aux États-Unis et c'est terrible. Mais ce serait faux de croire que c'est que là, c'est partout. Et donc face à ça, évidemment, le secteur privé a un rôle plus que jamais à jouer aujourd'hui. C'est un enjeu humanitaire mondial. C'est des femmes, c'est des enfants qui vont mourir parce que c'est l'accès à la santé qui va leur être refusé. L'arrêt de l'USAID, c'est moins 42% de l'aide mondiale au développement. C'est énorme. Et ce n'est même pas que ça. C'est le retour de la règle du baillon mondial par Donald Trump qui fait que toute association qui oserait même mentionner le droit à l'IVG, juste le mentionner comme un fait purement informatif, n'a pas le droit de recevoir un soutien financier américain. C'est terrible, les associations, et nous on le voit, ça fait des semaines là qu'on a... Et des associations, pas seulement des associations américaines, des associations basées en Europe ou ailleurs dans le monde, qui nous disent, voilà, aujourd'hui ils se retirent et on est à 50% de notre budget manquant. Comment on fait ? Et ça, derrière, c'est pas juste comment a fait l'association, c'est les bénéficiaires derrière, c'est les femmes, c'est les enfants qui meurent. Les Etats-Unis ont toujours été le plus gros bailleur de fonds d'aide internationale. Et les pouvoirs publics restent au global, pas que américains. Au global, restent des gros pourvoyeurs de fonds. Donc évidemment, dès que les États se retirent, les associations trinquent, les femmes sont toujours les premières victimes. Toujours les premières victimes de toute crise, sanitaire, économique, politique, religieuse, climatique. Je pense que la clé passe forcément par l'éducation des plus jeunes générations et l'éducation des garçons. Il y a un rapport qui est sorti il y a quelques mois au commissariat à l'égalité en France, qui est terrible, qui montre, et je crois pouvoir dire que c'est la première fois qu'il y a un recul chez les jeunes générations. Les hommes de 20-30 ans vont déclarer pour la première fois, je ne sais plus, à hauteur de 20 ou 25%, que c'est finalement une femme qui serait agressée sexuellement. Elle a dû le chercher d'une manière ou d'une autre. Ou que parfois, oui, il faut en venir à la violence pour... que les choses se passent mieux au sein de son foyer. C'est terrible, c'est terrible. Et on se parle d'un pays comme la France, où on aurait aimé que l'éducation, que les dernières décennies aient joué. Je pense qu'aujourd'hui, si on veut changer les choses, ça doit se passer dès le début. Et encore une fois, ce n'est pas l'éducation des filles. Il faut changer les filles, ça fait des siècles qu'elles savent qu'elles doivent faire attention, ce sur quoi elles doivent travailler. Aujourd'hui, ça passe par l'éducation des garçons. Et les mouvements masculinistes l'ont très bien compris. Heureusement, on se réveille souvent en se disant qu'on participe et on contribue. à quand même faire en sorte que les choses ne reculent pas trop. En tout cas, qu'on fait ce qu'on peut à notre niveau, et je crois beaucoup à cette idée de la responsabilité individuelle. Qu'est-ce qu'on fait, nous, à notre niveau, pour faire en sorte que ce soit moins pire, ou en tout cas pas pire ? Et bien sûr, il y a plein de jolies histoires. Et c'est ça qui est important, c'est de regarder toutes ces jolies histoires. Chaque association aidée, c'est combien de femmes derrière qui vont aller mieux, vers du mieux. Et c'est ça absolument qu'il faut regarder.
- Speaker #1
Vous venez de l'entendre, il y a des inégalités bien visibles, mais il y en a d'autres, plus silencieuses, comme la santé mentale. Selon le baromètre 2025 du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, un chiffre a retenu mon attention. Les hospitalisations pour gestes suicidaires et automutilations ont quasiment doublé en 10 ans chez les filles de 10 à 24 ans. Chez les garçons, rien de comparable. Mais pourquoi un tel écart ? Notre seconde invitée s'appelle Jeanne Tatton, elle est étudiante à Sciences Po, à l'école du management et de l'impact.
- Speaker #0
J'ai 23 ans, plus je grandissais, plus j'ai eu des moments de coups de mou qui devenaient de plus en plus intenses, parfois vraiment même des petites crises, mais jamais rien de trop dramatique. Et en parlant à des copines, ma mère, des amis, etc., je me rendais compte que... Le sujet, en grandissant, prenait de plus en plus de place. Le mal-être chez les femmes de mon entourage était quand même assez présent, chez certaines de façon beaucoup plus prononcée. Ça peut être par des troubles du comportement alimentaire, ça pouvait être par même des gestes de violence envers soi-même. Ça, c'était vraiment des choses à l'âge de 13-14 ans que j'ai remarquées dans mon entourage. Tout de suite, il y a une première alerte et c'était quand même globalement chez des femmes. À Sciences Po, en arrivant en première année d'études, c'était aussi le cas. Moi, à ce moment-là, j'allais quand même plutôt bien. Et après, il y a quand même eu un moment qui a, je pense, été un peu un point de bascule en termes de prise de conscience. C'est qu'il y a maintenant plus de trois ans, j'ai perdu une amie qui est décédée par le suicide. Et donc là, écroulement total, pour évidemment toutes les raisons qui semblent assez évidentes, mais aussi sur le fait de, bon, j'ai pensé être sensibilisée. aux enjeux et au sujet de la santé mentale en général et là je me retrouve complètement désemparée, j'ai rien vu venir, je comprends rien, mon entourage ne comprend rien non plus à ce qui s'est passé, comment c'est possible sachant que jeûne privilégié, éduqué, milieu... enfin aucun facteur qui fait que a priori je devrais pas avoir le sujet en main donc grosse crise existentielle, symptômes dépressifs, tout le tralala qui en ont suivi évidemment. Et puis après, ça allait mieux, je suis allée voir une psy, j'en ai beaucoup parlé, ça allait mieux. Et je suis arrivée en master en première année à Sciences Po et c'est là où j'ai eu l'opportunité de encore plus approfondir le sujet. Et vu que ça me tenait à cœur et que j'avais envie vraiment de me pencher plus sur la partie prévention et compréhension des symptômes, c'est un peu allé crescendo. Comme c'est un sujet qui me touche, je me rends compte que quand des gens commencent un peu à en parler, on va vite en parler quand même beaucoup et donc ça fait un peu boule de neige. Ça a pris de plus en plus de place dans ma vie, dans la vie de mon entourage. Le Master est un partenariat avec plusieurs entreprises tous les ans et l'idée c'est de lancer dans un projet de recherche et d'entrepreneuriat une équipe d'élèves. La singularité du projet dans lequel moi j'ai été, c'était qu'on n'a pas travaillé pour une entreprise, une grosse entreprise multinationale, etc. On a travaillé en partenariat avec une entreprise qui s'appelle Equanity, qui a un programme de mentorat. Et donc, eux nous avaient proposé le sujet de santé des jeunes femmes. On devait manifester un intérêt pour un sujet et dire qu'on voulait faire partie d'un groupe. Moi, je me suis aléatoirement retrouvée avec cinq autres étudiants qui avaient aussi déclaré être intéressés de travailler sur la santé des femmes. Donc, on était six. Et l'idée, c'était que Equanity, nous, on monte un projet d'entrepreneuriat social et qu'eux nous épaulent dans la formulation de ce projet-là. Et très rapidement, on est tombés d'accord. sur la santé mentale. On a beaucoup discuté entre nous sur qu'est-ce que c'est pour nous la santé. Et en fait, on s'est rendu compte avec notre petit tour de table que c'était vraiment un sujet urgent. Et donc, il y a eu un consensus quasi immédiat de se focaliser là-dessus. On a monté le projet qui s'appelle Les Bienveilleuses. On s'est rendu compte qu'en France, on a quand même la chance d'avoir pas mal de ressources quand même qui existent, mais l'accès à l'information n'est quand même pas forcément évident ou pas forcément digeste. Et du coup, en tant que jeune femme, quand on a, je ne sais pas moi... 19 ans et qu'on se retrouve un peu désemparé, qu'on va mal, de tomber sur un site de gouvernement ultra froid, blanc, indigeste, quand on est en crise de panique, crise d'anxiété. On a un trouble x ou y, ou juste qu'on va mal, on ne se sent pas forcément hyper dans un safe space. Ce n'est pas très rassurant, ce n'est pas très encourageant, et donc ça peut être un frein en plus pour aller chercher de l'aide. Et donc nous, on voulait un peu agréger tout ce qu'on pouvait trouver, compiler plein de données et essayer de juste créer une plateforme, en premier lieu, qui allait donner accès à travers un maillage territorial, vraiment à « tu es étudiante à Paris » . voilà les ressources qui existent, voilà les associations qui existent, et le faire sur une interface plaisante. Donc on s'était un peu inspiré, il y a une association qui s'appelle Dites Je Suis Là, qui fait de la prévention pour le suicide ou contre le suicide, et eux ils ont une interface vraiment intelligemment construite, en prenant en compte en fait leurs interlocuteurs. Donc ils savent qu'ils vont s'adresser à des gens qui vont mal, ou en tout cas à des proches de gens qui vont mal, et donc il y a toute une philosophie derrière pour amener un message. le mieux possible. Souvent, on entend parler du fait qu'on se dit que les femmes parlent plus, les jeunes femmes vont plus aussi aller chercher de l'aide ou plus verbaliser le fait qu'elles vont mal. Ok, soit. Les femmes déclarent avoir vécu plus de symptômes dépressifs au cours des 12 derniers mois chez les jeunes femmes que les jeunes hommes. Et fondamentalement, c'est juste lié au fait qu'il y a des facteurs aggravants qui contribuent au mal-être des jeunes femmes. Ça peut aller à des injonctions, plus de discrimination, plus de violence. Et donc cette confrontation-là à des épisodes répétés qui peuvent être soit mineurs, entre guillemets, donc des petites sources de discrimination, ou aussi des sources de violence qui peuvent être beaucoup plus fortes, comme les violences sexistes et sexuelles, des agressions, des choses comme ça, forcément ça a un impact. Il y a un rapport du ministère de la Santé qui très clairement, dont même son titre dans le titre du rapport, vraiment adresse ce sujet-là. Il y a un lien entre être une jeune femme et malheureusement avoir plus de problèmes de santé mentale qui peuvent même mener au suicide. Il y a quatre fois plus de jeunes femmes qui sont hospitalisées dans des hôpitaux psychiatriques que des hommes quand ils ont moins de 25 ans. Ce n'est pas juste parce qu'elles parlent plus. Je regardais il y a deux jours, il y avait une émission en Belgique qui avait été sur un plateau télé parce qu'en Belgique, ils en parlent quand même un peu plus qu'en France. C'est un peu moins un tabou en tout cas. Une émission qui parlait justement du fait que les discriminations qui étaient vécues au quotidien et dès un très jeune âge chez les femmes jouaient sur leur bien-être. Et donc, il y avait des statistiques entre 11 ans et 18 ans, les filles répondent être beaucoup moins heureuses que les garçons, à âge égal. Mal de dos, mal de tête, mais aussi sur des symptômes vraiment physiques. Les filles disent être beaucoup plus, donc entre 11 et 18 ans en Belgique, moins bien. Ou en tout cas ressentir... plus de symptômes de mal-être. Ce qui est quand même un peu lunaire, c'est qu'a priori, les femmes, on est quand même la moitié des gens sur Terre et que même là, on rentre dans une sorte de débat et c'est un sujet qui fait un peu polémique. Ça peut être très visible. Il y a des symptômes, heureusement, qui se remarquent, mais aussi, je pense qu'il y a beaucoup de plus petits symptômes qu'on peut prendre comme étant un peu anodins, en mode, t'es jeune, bon, OK, t'as pas le moral. T'es dans ta bulle, tu te sens pas comprise, tu te sens pas écoutée et tu verbalises pas forcément. Les gens verbalisent, n'ont pas forcément la force ou l'envie de partager ça, ou la capacité même de le partager. Donc pour certaines personnes, heureusement, c'est visible. Là, en l'occurrence, dans le cas précis de mon amie, ouais, vraiment choc absolu pour tout le monde. On ne connaît pas réellement quels sont les symptômes typiquement même d'une crise suicidaire et que c'est un problème parce que si on peut pas... Vraiment comprendre, enfin remarquer ce genre de symptômes, comment est-ce qu'on fait pour prévenir ce genre d'actes. C'est le cas pour le suicide mais même des choses plus minimes mais qui sont quand même des gestes de violence donc typiquement quelqu'un qui va se faire du mal ça se voit pas forcément dans un comportement au quotidien et pourtant c'est bien réel et c'est bien là donc être vraiment sensibilisé pour pouvoir capter ces petits symptômes, ces petits appels d'aide qui sont parfois, qui parfois cachent en fait une souffrance qui est beaucoup plus grande. Ça touche énormément les femmes, ça touche énormément les jeunes, et depuis Covid, quand même, il y a un avant-après, tout le monde le dit, les stats le montrent, et ça se ressent, moi, dans mon entourage, et moi, en tant que personne aussi, ça a été quand même une période extrêmement particulière et qui a juste fait, qui a catapulté tout le monde dans une sorte d'état d'isolement assez fort. En revanche, oui, grâce... Ça, c'est un des aspects positifs quand même des réseaux sociaux. On en parle plus, les gens se sentent plus de prendre la parole sur ces sujets-là. Et du coup, je pense que ça joue quand même sur le fait que peut-être qu'il y a un petit peu moins de tabous, en tout cas entre jeunes, de dire non, mais concrètement, je vais mal. J'ai remarqué que telle personne va mal. Malheureusement, on n'est jamais vraiment tombé des nues quand on tombait sur des statistiques à nouveau parce qu'on était quand même assez sensibilisés tous les six sur ce sujet-là. Mais parfois, quand on échangeait, c'est vrai qu'on pouvait un peu tomber dans ce truc de « Waouh, c'est quand même un peu déprimant. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce qu'on va faire ? » Et Quanity nous a vraiment encouragés à essayer de faire un micro-échantillonnage. Donc, on avait fait un questionnaire dans le cadre de notre recherche pour un peu valider aussi tout ce qu'on faisait, malgré le fait que l'échantillon, à nouveau... Et ça prend avec des pincettes parce qu'on a globalement fait circuler dans notre cercle grandes écoles, etc. Donc, on est sur un échantillon très particulier. Mais déjà là, on voyait que toutes nos hypothèses étaient confirmées. Donc, quand on posait les questions de « est-ce que vous sentez une pression sociale importante en tant que femmes ? » Enfin, femmes-hommes, on voyait le ratio. Les femmes disaient vraiment genre « oui, complètement » . Les hommes, beaucoup, beaucoup moins. Pareil sur même « est-ce que certains facteurs liés au genre » influent sur votre santé mentale. Là, on avait typiquement des occurrences de VSS, mais aussi même des maladies. Parce que là, on parle de santé mentale, mais il y a quand même une chose qui est assez importante à dire aussi, c'est que la santé des femmes en général, elle est quand même beaucoup moins documentée quand on voit qu'il y a des pathologies féminines qui sont peu recherchées, type endométriose. Maintenant, on en parle plus. c'est quand même assez récent que les scientifiques s'intéressent à ces sujets-là. Ce n'est pas très étonnant que ça ait aussi un impact sur leur santé mentale. Et ça encore, c'est pour les femmes qui vont faire la démarche de poursuivre tous ces questionnements-là. Il y a quand même énormément de femmes en France qui ne sont pas le temps, qui n'ont pas les ressources, qui ne savent pas où aller, qui n'ont même pas accès à ça. Le moment marquant dans notre projet, c'était quand toutes nos hypothèses ont été confirmées. Quand on a parlé autour de nous aussi, quand on a essayé un peu de diffuser le message pour avoir des réponses, on voyait que les gens étaient hyper heureux. Il y avait quand même un engouement du fait qu'on en parle, qu'on se pose des questions, qu'on interroge, qu'on veuille en parler. Donc on sent qu'il y a un peu cette dissonance-là entre une volonté de briser des tabous, de déstigmatiser, de parler de santé mentale, et en même temps d'être face à un mur. Ce n'est pas forcément des sujets qui sont très subventionnés, ça reste des sujets qui sont tabous. prononcer certains mots aujourd'hui type suicide. Ça fait peur. Les gens ont l'impression que ça va donner des idées alors que c'est juste faux. Tous les professionnels de la santé qui sont activement en train de travailler sur ces sujets-là disent le contraire. Donc oui, il y a cet écart entre une volonté d'avancer, une volonté d'aller mieux, d'en parler, et pas forcément l'espace et les écosystèmes pour le faire. Quand on a eu les résultats de cet échantillon, on s'est dit bon, ok, ça vaut le coup, il faut qu'on le fasse. On n'est pas complètement tarés, on n'a rien inventé. Et ce qu'on ressent, nous, tous les six, C'est le cas pour beaucoup d'autres personnes, donc il faut vraiment faire quelque chose. Une initiative que j'ai trouvée très inspirante sur cette thématique-là, c'est par exemple Musae. Musae diffuse et parle de santé mentale de façon, typiquement ce que je disais, totalement synchronisée avec ce qu'on a essayé de faire dans notre projet Les Bienveilleuses. On est sur une plateforme qui est ludique, qui est faite. pour parler aux jeunes, qui est faite de façon très visuelle, très chaleureuse, qui vise à vraiment briser le tabou de la santé mentale. Et là, on est vraiment sur des initiatives ciblées. Et donc, on va parler de santé mentale en général, mais aussi parfois à des jeunes femmes, etc. Donc ça, je trouve que c'est assez inspirant dans la manière d'essayer de sensibiliser les gens de façon très pédagogique. C'est des postes, c'est aussi beaucoup d'usage des réseaux sociaux, de façon vraiment intelligente, assez percutante. Ils vont aussi faire des actions de terrain. Et justement, sur les actions de terrain, il y a une initiative en Belgique que je trouvais géniale. Et c'est une page Instagram qui s'appelle « Tout va s'arranger ou pas » . On a des jeunes qui se mobilisent pour briser le tabou de la santé mentale et qui essayent de faire en sorte qu'on parle de bien-être de plus en plus et de solutions. Donc quand on va mal, quelles solutions existent ? Et donc c'est des jeunes qui vont prendre la parole. vraiment, qui vont aller sur des plateaux, mais qui aussi vont juste faire des lives, aller dans des écoles, faire des ateliers avec même des tout-petits. Ils n'ont pas un budget de dingue, c'est très débrouille dans la façon dont c'est fait, mais du coup, je trouve très sincère. Ils font un travail qui est vraiment monumental et qui est super intelligemment fait et qui fait du bien aux gens. Ils travaillent beaucoup aussi avec des moyens artistiques, donc essayer de faire passer, par exemple, Donc, OK, quand on va mal, qu'est-ce que je peux faire concrètement ? Est-ce que je vais aller courir ? Est-ce que je vais aller faire du sport ? Est-ce qu'il faut que j'écrive ? Est-ce qu'il faut que je dessine ? Est-ce qu'il y a des exutoires aussi pour exprimer, si c'est typiquement une façon non-verbale, mon mal-être, pour essayer d'aller mieux ? Et peut-être, ça peut être soit un vecteur d'éliminer, d'évacuer certaines choses, soit de le transformer en autre chose ou alors de le partager Donc cette initiative-là, typiquement, c'est un super compte Instagram à suivre. Est-ce que tout va s'arranger ou pas ? J'espère. J'ai envie de me dire que oui, et qu'en tout cas, je ne sais pas si tout va s'arranger, mais qu'au moins certaines choses peuvent avancer dans le bon sens. À nouveau, j'ai 23 ans, j'espère que oui, sinon franchement, la vie va être très longue et très difficile. Après, il est vrai qu'il y a quand même certaines choses à faire en matière de prévention pour que les gens aillent mieux, de façon très concrète, c'est possible. Mais ça demande des moyens, des moyens financiers évidemment, mais aussi des moyens humains. Il faut faire la prévention, ça passe par la formation, ça passe par un gros travail de sensibilisation, ça passe par prendre le temps d'aller voir des gens, de former des personnels soignants qui sont aptes à répondre à ce genre de choses. Il y a deux semaines, j'étais dans un train pour rentrer en France et c'était 15 heures de voyage de nuit, train de nuit couchette, avec deux jeunes médecins. femme qui, elle me disait, on est comme par hasard tombé sur le sujet de la santé mentale, donc comme quoi ça ressort très souvent, en tout cas entre femmes. Elles m'ont partagé en fait leurs difficultés au quotidien, non seulement de soigner correctement des patients et des patientes, mais aussi juste de répondre. Elle me disait qu'elle voyait des jeunes, tout genre confondus, mais aussi beaucoup de jeunes femmes qui venaient les voir et qui leur partageaient au milieu d'une consultation lambda le fait qu'elles allaient profondément mal, qu'elles ne savaient pas. vers qui se retourner, qu'il n'y a pas assez de psy aujourd'hui en France concrètement. Les centres psy sont saturés dans tous les sens. C'est le cas en France, c'est le cas en Belgique, c'est le cas en Europe en général. Donc d'où le fait aussi que dans notre projet Capstone, on s'est dit qu'est-ce qu'on sait que les jeunes font ? Ils vont sur Internet, ils vont sur les réseaux sociaux. Donc peut-être que c'est un vecteur pour leur parler, pour capter leur attention et pour donner quelques petites clés de compréhension déjà et aussi de... faire en sorte qu'on se sente un peu plus résilient et qu'on ait un peu plus des outils en main pour se comprendre, mais aussi comprendre certains symptômes dépressifs, anxieux, suicidaires chez notre entourage. Donc je suis optimiste parce qu'il faut l'être. J'ai déjà été en dépression et j'en suis sortie. Donc ça déjà, c'est bien. C'est pas le cas de tout le monde. Donc là-dessus, quand même, il y a un peu une inégalité aussi sur une forme de roulette russe. On ne sait pas pourquoi, miraculeusement, certains s'en sortent et d'autres pas. Ce n'est pas miraculeux du tout. Il y a clairement des gestes de prévention très clairs, etc. Et des degrés aussi de crise différents. Donc moi, en l'occurrence, ce n'était pas grave grave. Donc c'était gérable par de la psychothérapie, ce genre de choses. Donc là-dessus, oui, j'ai de l'optimisme. Ça m'aide de parler à des jeunes et de voir qu'on a tous envie, enfin en tout cas qu'on est nombreux à avoir envie de faire des efforts, de mieux comprendre, d'adopter des bons gestes, d'être plus à l'écoute des autres. Après, je ne suis pas forcément hyper optimiste, typiquement pour les jeunes femmes, quand je vois que le mouvement masculiniste est en train de reprendre une récrudescence de dingue de partout, sur les réseaux sociaux, en Europe, etc. À nouveau, il y a une ambivalence folle entre on est armé, on se sent capable et on a envie d'aller mieux. Et en parallèle, visiblement, ça dérange. Et comme les jeunes femmes ne sont pas aujourd'hui dans une pole position de prise de décision dans beaucoup de domaines, ça se ressent et ce n'est pas anodin qu'on se retrouve là.
- Speaker #1
Jeanne, à quel moment vous vous êtes dit « là, j'ai vraiment eu de l'impact » ?
- Speaker #2
C'est par exemple quand vous avez le PDG de L'Oréal qui vous dit « mais les besoins sont immenses, est-ce que tu es sûre qu'il ne faut pas plus ? » Voilà, de se dire qu'à ce moment-là, on arrive à démontrer aussi de l'impact qu'on a derrière et pourquoi c'est important d'accompagner ces acteurs, ces associations. En tout cas, il se dit que ça vaut le coup pour une boîte comme L'Oréal, dont ce n'est pas du tout le job de faire ça et personne ne vous attend là-dessus. et d'ailleurs on communique jamais dessus De se dire, est-ce qu'il ne faut pas rajouter quelques millions sur la table parce que les besoins sont tels qu'aujourd'hui, il faut faire un effort supplémentaire. L'impact, il est là.
- Speaker #0
Après le décès de mon ami, gros sujet de discussion évidemment en famille, sachant que j'ai des parents très cools, qui sont très ouverts d'esprit et qui sont sensibilisés de base plutôt très très bien sur ces sujets-là, j'ai de la chance. Mais ma mère travaille dans un lycée. Et je sais que je lui ai partagé pas mal de ressources et qu'elle, spontanément, a partagé au sein de l'école. Quand des gens ont essayé de dire « Ah là là, mais non, mais parler de son gêne mental, de suicide, c'est un peu touchy, ils sont jeunes, etc. » Elle a un peu pris le bas de combat, dit « Non, non, franchement, ça vaut le coup, c'est un sujet dont on peut parler. » Et ça a eu quand même un petit impact parce que certains jeunes sont venus lui parler, des ados sont venus lui parler, se sont confiés à elle, sont allés voir des psys. Je ne sais pas où ils en sont dans leur parcours de santé mentale. Mais ça, j'avoue, petite fierté de me dire, s'il y a une personne qui, par ricochet, a pu bénéficier d'une aide, ça, c'est de l'impact.
- Speaker #1
Je vous rappelle qu'une ligne d'écoute existe en cas de besoin pour vous ou vos proches. Le 3114, le numéro national de prévention du suicide.
- Speaker #2
En mode impact est un podcast de Sciences Po, produit par Frixion. La musique a été composée par Nils Bertinelli.