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En mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce

La traçabilité

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16min |11/07/2024
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En mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce

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16min |11/07/2024
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Description

Dans ce nouvel épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce, nous nous intéressons à la traçabilité ! Comment mieux connaître les partenaires qui interviennent aux différentes étapes de fabrication ? Quels sont les enjeux pour les marques afin de renforcer la transparence vis-à-vis des clients ? Quelles initiatives sont déjà mises en place ?

 

Dans cet épisode, nous recevons :

Stéphane POPESCU – Co-fondateur et directeur général de COSE361

Clémence DELESPIERRE – Responsable resourcing et innovation chez CARRÉ BLANC

Hélène JESSUA – Directrice développement durable chez ZADIG & VOLTAIRE

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En mode innovation,

  • Speaker #1

    le podcast de l'Alliance du commerce.

  • Speaker #2

    Bonjour, c'est Gilles Allais. Nouvel épisode de notre série consacrée aux transformations profondes du secteur de l'habillement pour une mode plus innovante et plus responsable. Un sujet essentiel dans ce quatrième épisode, la traçabilité. Elle est au fondement même de la transformation durable des marques. L'objectif, c'est d'abord de mieux connaître les partenaires qui interviennent à toutes les étapes de fabrication du produit, afin de contrôler les conditions de production et les améliorer, notamment sur le plan environnemental et social. Un défi de taille pour tous les acteurs de l'industrie textile, car les circuits de production sont complexes et mondialisés. Malgré cela, les marques se mettent en mouvement, elles multiplient les initiatives pour mieux connaître leur chaîne d'approvisionnement et renforcer la transparence vis-à-vis de leurs clients. En France comme en Europe, les lois font également bouger les lignes. Premier tournant en 2020 avec l'adoption de la loi AGEC pour anti-gaspillage pour une économie circulaire. L'article 13 en particulier dispose qu'il devient obligatoire d'afficher les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets. De son côté, l'Union Européenne a adopté le 13 juin 2024 un projet de règlement sur l'éco-conception des produits durables. Il prévoit la création, d'ici à 2026, d'un passeport produit contenant un grand nombre d'informations sur le produit et les conditions de sa fabrication. Bonjour Stéphane Popescu.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Vous êtes cofondateur et directeur général de Cause 361, un bureau de conseil stratégique pour les marques de la mode. Alors concrètement, qu'est-ce que cet article 13 de la loi AJEC vient changer ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, c'est une obligation. Donc ça incite tout le monde, aussi bien les marques que leurs chaînes de valeur, à se mettre sur le sujet. Donc ça c'est un point important, puisque c'est ce qui fait bouger la traçabilité au global. Deuxième sujet, c'est aussi une mise en pratique. On met les mains dans le sujet, donc on commence à se poser des questions sur la traçabilité. Quelles sont les méthodologies, les outils, les moyens, la stratégie, tout ça. Il n'est moins en courant, c'est ce qui se passe au niveau européen, avec le règlement sur l'éco-conception, qui, grosso modo, en 2026-2027, va imposer pas mal de choses, comme la mesure d'impact, pour calculer son impact environnemental. Et dans ce cadre-là, la traçabilité sous-jacente est indispensable. Et donc ça, c'est bien plus impactant pour les entreprises à avoir en tête. La loi AGEC a commencé à être pionnière sur le sujet. Au niveau européen, ça va bien plus loin, bien plus fort et c'est bien plus impactant que ce qu'on nous demande aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Quels sont les enjeux pour les marques, Stéphane ?

  • Speaker #1

    Pour moi, tout d'abord, c'est vraiment une histoire de stratégie d'entreprise. La traçabilité permet de travailler à sa gestion de risque, à sa performance et ainsi de suite. Donc c'est vraiment quelque chose à intégrer dans sa stratégie d'entreprise liée à son sourcing. Deuxième enjeu qui est évident maintenant, c'est la conformité réglementaire. Troisième enjeu, économique. meilleure maîtrise de sa chaîne d'approvisionnement et des coûts qui sont diminués, égale aussi une meilleure gestion entre guillemets de la disruption ou autre. On a pu le voir avec le Covid, effectivement, quand on commence à avoir des problèmes de sourcing. Et ça va arriver de plus en plus, on le voit sur les prix et ainsi de suite. Donc forcément, la traçabilité égale meilleure maîtrise de tous ces sujets-là et c'est clé.

  • Speaker #2

    Votre enjeu encore ?

  • Speaker #1

    Quatrième enjeu, réputationnel. Donc c'est une histoire de transparence. Et enfin, le cinquième enjeu pour moi, pour les marques, c'est vraiment le côté résilience. Connaître ses partenaires en amont dans sa chaîne de valeur ou en aval permet de bien plus efficace. C'est un jeu d'équipe, tout simplement. On ne peut rien faire tout seul, on n'est qu'un maillon. Un maillon qui, pour les marques, est de plus en plus scruté et mis sur le devant de la scène, effectivement.

  • Speaker #2

    Quelles questions les marques doivent-elles se poser ?

  • Speaker #1

    Quels sont les objectifs par rapport à tous ces 5 enjeux que j'ai posés ? On n'a pas tous les mêmes ambitions. Ensuite, ce qui est urgent de mettre en place, c'est une équipe interne, qui n'est pas que la personne qui gère la RSE. La traçabilité, elle est multiple, c'est une histoire de data. C'est effectivement dans les mains de la direction, de la RSE, mais aussi de la qualité, de l'IT, du commerce, de la distribution, du marketing. C'est vraiment transdépartement. L'équipe interne, il faut qu'elle soit prête depuis le début. Ensuite, troisième question. Comment est-ce qu'on construit son projet ? Quels sont les moyens qu'on se donne et la timeline qu'on se donne, sachant qu'on est de plus en plus contraint par la timeline réglementaire ? Enfin, dernier point qui est ultra important, parce que c'est ça la réussite du projet, on va pouvoir travailler l'externe. Je l'ai dit, la traçabilité, ce n'est pas l'affaire que des marques, c'est aussi toute leur chaîne de valeur. Donc, la question clé, c'est comment est-ce que j'embarque ma chaîne de valeur ? Une bonne partie des données de traçabilité... sont chez les fournisseurs et dans un rang profond, c'est-à-dire loin du relationnel immédiat de la marque, par exemple dans le troisième rang, quatrième rang, donc ça peut aller jusqu'au champ d'où viennent les fibres, entre guillemets, textiles. Ces gens-là, généralement, les marques ne les connaissent pas pour une bonne majorité d'entre eux. Or, elles ont besoin des données et de se partager les données. Donc il y a tout un sujet qui se pose autour de comment est-ce qu'on va embarquer cette chaîne de valeur dans un respect, bien sûr, d'une gouvernance, on va dire, saine de la relation, si possible.

  • Speaker #2

    Bonjour Clémence de Lespierre.

  • Speaker #0

    Bonjour, enchantée.

  • Speaker #2

    Vous êtes responsable ressourcing et innovation chez Carré Blanc. Vous avez fait le choix vous dès le début d'une traçabilité totale sur votre collection de linge de maison printemps-été 2023. Objectif ambitieux car cette transparence totale commence très haut dans la chaîne de fabrication.

  • Speaker #0

    En effet, puisque nous traçons cinq des grandes étapes de traçabilité chez Carré Blanc, depuis la confection jusqu'à la fibre, en passant par des étapes de filature, de tissage et encore d'ennoblissement de nos produits. C'est un processus qui nous a permis plusieurs choses. Tout d'abord de mieux maîtriser notre chaîne de valeur, donc on est vraiment en direct avec nos fournisseurs, on n'utilise pas de prestataire dans la collecte des informations, c'est vraiment nos équipes qui sont en direct avec nos partenaires. On a pu ainsi challenger un certain nombre de parcours produits pour améliorer au fil des saisons la traçabilité d'un certain nombre de nos produits.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche vous a amené à opérer des changements dans le choix de vos fournisseurs, partenaires, lorsque vous leur attribuez un programme de commande ?

  • Speaker #0

    Pas forcément, parce qu'on est plutôt sur un sourcing très maîtrisé chez Carré Blanc. On a à peu près 25 partenaires fabricants sur 4 origines de fabrication. Très tôt, on leur a expliqué notre démarche et on les a embarqués dans cette démarche de traçabilité. On a aussi changé un peu les règles du jeu, c'est-à-dire qu'au démarrage du projet, on allait plutôt collecter ces infos après avoir placé un programme. Aujourd'hui, elle fait partie intégrante finalement de notre processus de décision sur l'affectation d'un programme de chez Carré Blanc, ce qui veut dire qu'au même titre que le prix, que la qualité d'info du I, on va évaluer finalement la traçabilité du programme qui leur aura été confié pour que la traçabilité fasse partie finalement de notre processus de décision.

  • Speaker #2

    Quels sont les objectifs alors ?

  • Speaker #0

    Ils sont simples, on a fixé un certain nombre de KPIs et qui sont partagés avec l'ensemble de nos partenaires fabricants qui vont être par exemple le nombre de pays impliqués dans un processus de production avec l'objectif d'en avoir le moins possible. Également un pourcentage d'étapes réalisées localement et là c'est plutôt l'inverse, on va souhaiter avoir un maximum d'étapes réalisées sur le lieu de confection pour finalement donner du corps au Médine quel qu'il soit, qu'on soit sur des origines plus ou moins proches. Mais l'idée en tout cas c'est de réaliser toujours un maximum d'étapes sur le lieu de confection. pour limiter l'impact de nos produits.

  • Speaker #2

    Hélène Gessua, bonjour et bienvenue à vous également.

  • Speaker #3

    Bonjour Gilles.

  • Speaker #2

    Vous êtes directrice développement durable de Zadig Voltaire. Objectif ambitieux pour votre marque également, celui de tracer 100% de vos produits à l'horizon 2025. Alors, où en êtes-vous aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Au 1er janvier 2023, nous étions en mesure de mettre à disposition de nos clients des informations relatives à la traçabilité de toute notre collection de prêt-à-porter en remontant jusqu'au tissage ou au tricotage pour les textiles. Et puis... pour notre collection de chaussures jusqu'au piquage. Une fois cette première étape franchie, on a lancé la deuxième phase. Et cette deuxième phase, en fait, consistait à se mettre en ordre de marche pour pouvoir atteindre les 100% de traçabilité à 2025. On a choisi de nouer un partenariat avec Fairly Made, qui met à disposition des entreprises une solution qui permet à la fois d'accompagner et de centraliser la collecte d'informations relatives à la traçabilité, mais aussi de mesurer l'impact environnemental des produits. Le partenariat a bien sûr permis d'accélérer énormément notre démarche, d'étendre d'abord le périmètre des produits que nous allions couvrir. On a inclus aussi la maroquinerie. Aujourd'hui, on arrive à remonter à l'origine à peu près à 75% des fibres de prêt-à-porter. On avance, on progresse, que ce soit sur le textile ou que ce soit aussi sur les accessoires.

  • Speaker #2

    Quelles sont les prochaines étapes, Hélène ?

  • Speaker #3

    Alors, on a encore pas mal d'étapes, trois grandes. La première, c'est de faire une restitution de cette première campagne de collecte d'informations à nos équipes. Ça va nous permettre, avec elle, de définir des outils de pilotage, des indicateurs que l'on veut suivre, et d'améliorer la performance de nos produits. La deuxième, c'est d'améliorer la collecte et la qualité des informations. De collection en collection, parce que d'abord ça va nous permettre de tracer 100% de nos produits à 2025, mais ça va aussi nous permettre d'être plus précis dans la mesure d'impact environnemental de nos produits. La troisième étape, ça va être d'analyser les mesures d'impact de nos produits. L'idée étant ensuite, bien sûr, de mettre à disposition de nos équipes des lignes directrices pour permettre d'accompagner l'amélioration de la performance.

  • Speaker #2

    Stéphane Popescu, comment traduire cette transparence auprès des consommateurs ? Quelles sont les mentions obligatoires ?

  • Speaker #1

    Alors, en France, on doit informer le consommateur sur plusieurs étapes. Donc, si c'est du textile, ça va être confection, ennoblissement et tissage ou tricotage. Si c'est une chaussure, ça va être, alors c'est un peu technique, mais piquage, montage et finition. Donc, en moyenne, les trois dernières étapes de production du produit. En France, ça, c'est obligatoire. Maintenant, au niveau européen, avec ce qui va arriver, forcément, il y a un enjeu aussi d'expliquer un peu plus loin où est-ce que c'est fait. Puisqu'effectivement, là, on ne parle pas du champ de coton, par exemple, qui, bien sûr, n'est pas fait en France. Ça c'est plus au niveau des marques, à leur appréciation encore une fois, mais c'est de plus en plus demandé par les consommateurs. Et de toute façon, savoir d'où ça vient en dehors de le communiquer, ça va être important pour les autres sujets comme mesure d'impact.

  • Speaker #2

    Clémence de Lespierre, comment communiquez-vous sur la traçabilité auprès des clients de Carré Blanc ?

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, nos clients ont deux moyens d'accéder à notre traçabilité, soit via un petit QR code qui est placé sur l'ensemble des produits Carré Blanc, donc sur les cartes dates en magasin. ou par un lien sur notre site internet qui leur permet d'accéder à une fiche de produits qu'on appelle dématérialisée. On va retrouver un certain nombre d'informations, bien évidemment la traçabilité en cinq étapes, mais également des informations sur nos certifications, puisque 99% de nos produits sont aujourd'hui certifiés, donc on donne pas mal d'éléments sur ce que courent ces différentes certifications. On va retrouver aussi le pourcentage d'étapes locales, ça c'est plutôt un choix de marque, justement, de se dire, ce produit-là, on est à 60% d'étapes locales. Ou au contraire, à chaque fois qu'on est sur des pays fabricants de coton, on va être plutôt sur du 100%. Là, je pense à la Turquie, au Pakistan. Donc voilà, c'est pour donner vraiment des clés et en tout cas montrer qu'on est très transparent dans cette démarche auprès de nos clients.

  • Speaker #2

    Et chez Zadig et Voltaire, Hélène Gessua ?

  • Speaker #3

    Alors, les changements sont visibles sur les fiches produits sur notre site internet. Nous mettons à disposition toutes les informations relatives à la traçabilité. On a également mis à disposition toutes les informations qui sont liées à la certification des matières et des produits. Ces informations sont bien sûr accessibles via un QR code lorsqu'on est en boutique et ce QR code est présent sur les différents produits. On a voulu aussi faciliter à la fois pour nos équipes et pour nos clients l'identification des produits qui sont particulièrement porteurs de notre démarche Voltaire. Et à ce titre, on a développé une signalétique, un petit logo qui s'appelle Made in Voltaire Respect. Tous les produits qui portent ce logo répondent à un cahier des charges très précis, très rigoureux. Ce sont par exemple des produits certifiés aux produits finis, des produits qui vont contenir plus de 90% de matières certifiées. peut aussi reconnaître différents standards de certification sur les produits qui sont certifiés aux produits finis, qui portent également les logos des standards auxquels ils répondent.

  • Speaker #2

    Clémence, est-ce que ces informations sont consultées par vos clientes, vos clients ?

  • Speaker #0

    On a la possibilité notamment de tracer la fréquence de scan de nos QR codes ou du clic des liens Internet. Ça a monté au fil des saisons. Par contre, aujourd'hui, très clairement, nos clients ne rentrent pas encore chez Carreblanc pour la trace à l'unité. Néanmoins, on a eu pas mal d'étapes de formation de nos équipes, de nos stylistes d'intérieur, qui en boutique ont de plus en plus le réflexe de proposer ce scan à nos clients. Donc il y a une forme d'accompagnement sur cette démarche-là, pour montrer à quel point finalement la traçabilité, au même titre que les certifications en tout cas, sont des engagements forts de la marque. Donc aujourd'hui, on accompagne plutôt, je dirais, nos clients dans cette démarche de responsabilité, mais sans culpabilité. On voit les nouvelles générations arriver, qui sont très intéressées par ce sujet-là. Ce n'est pas le cas de tous les consommateurs, donc l'idée c'est d'être assez soft en tout cas sur cette approche-là en boutique, de laisser le choix à nos clients de creuser ou pas ces sujets de traçabilité et de responsabilité.

  • Speaker #2

    L'engagement des équipes, c'est un point essentiel chez Zadig et Voltaire également, Hélène, et vous en mesurez les bénéfices en interne ?

  • Speaker #3

    Ce projet, il permet véritablement aux équipes d'approfondir leur connaissance et la maîtrise des chaînes d'approvisionnement, et ce à chaque étape. Et ça, c'est vraiment assez décisif et c'est vraiment une vraie transformation. Nos équipes posent davantage de questions, ça contribue notamment à enrichir énormément le dialogue avec nos partenaires fournisseurs.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche de transparence totale sur la traçabilité a changé votre rapport à vos fournisseurs ?

  • Speaker #3

    Ça nous a conduit à revoir nos process, nos systèmes d'information et bien sûr nos exigences vis-à-vis des fournisseurs. Et l'autre point qui est assez important, c'est que cela nous a amené aussi beaucoup à former nos collaborateurs, nos équipes. Merci. sur des sujets sur lesquels ils n'avaient pas vraiment l'habitude d'être formés. à ce point précédemment. Voilà, donc ça a aussi permis une montée en compétences, notamment des équipes produits.

  • Speaker #2

    Dernier point, Stéphane Popescu, est-ce qu'il y a une forme de contrôle de la traçabilité et des sanctions pour les marques qui ne respectent pas la loi ?

  • Speaker #1

    Oui, de nouveau, je vais prendre le côté français et européen. Tout d'abord, français au niveau de la loi AGEC. Des sanctions qui sont gérées par la DGCCRF, qui va contrôler un petit peu ce que font les entreprises. Et on a des sanctions qui sont de 3 000 euros pour les personnes physiques, jusqu'à 15 000 euros pour les personnes morales. Au niveau européen, là c'est radicalement différent. L'ambition de ce règlement, qui sera obligatoire dans chacun des 27 pays, c'est de pouvoir demander des minimums d'éco-conception dès l'arrivée des produits dans notre territoire européen. notamment par le contrôle douanier. Si jamais vous n'êtes pas au niveau sur tous ces sujets d'éco-conception, du coup, les produits ne seront pas acceptés sur le sol européen. Donc là, pas de produits au magasin, effectivement, pas de vente, et donc là, c'est de l'asphyxie directe pour les marques. On a vu ça il y a deux ans au niveau des États-Unis avec leur fameux Uyghur Act. Une loi pour réguler un petit peu le coton qui venait de Chine, d'esclavage moderne auprès des Ouïghours, et ça a divisé par deux les imports de Chine en deux ans. Avec justement le même contrôle, c'est la douane qui demandait des informations sur l'origine du coton, et du jour au lendemain, vous pouvez boucler votre marchandise à l'arrivée au port ou à l'aéroport. Donc là, plus personne ne rigole.

  • Speaker #2

    Au-delà des risques que vous venez d'exposer, pourquoi est-il si important de s'engager dans une meilleure traçabilité de l'ensemble de la chaîne de production ?

  • Speaker #1

    Sans traçabilité, il n'y a pas de mesure. Et sans mesure, il n'y a pas de progrès, que ce soit sur l'aspect économique, environnemental ou social. Et en tant que chef d'entreprise, je ne vois pas comment on peut piloter son navire sans savoir dans quelle mer vous naviguez et où sont les récifs. Donc c'est important, cette cartographie au global, c'est important de s'y mettre. Et c'est vrai que c'est beaucoup d'investissement dans une période qui n'est pas simple pour toucher dans une entreprise. Néanmoins, il y a... pas d'autre choix que d'investir dedans. Plutôt, vous le faites. Plus de temps vous aurez pour mettre en place vos projets avant que le réglementaire vous y oblige. Et donc, mathématiquement, moins cela vous coûtera.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Stéphane Popescu, Hélène Gessua, Clémence Delespierre. Vous l'aurez compris, la traçabilité est l'un des éléments clés de la démarche RSE des marques pour allier responsabilité dans la fabrication et qualité des produits. Merci de commenter et de partager ce podcast sur vos réseaux sociaux et rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de En Mode Innovation.

  • Speaker #0

    En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce.

Description

Dans ce nouvel épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce, nous nous intéressons à la traçabilité ! Comment mieux connaître les partenaires qui interviennent aux différentes étapes de fabrication ? Quels sont les enjeux pour les marques afin de renforcer la transparence vis-à-vis des clients ? Quelles initiatives sont déjà mises en place ?

 

Dans cet épisode, nous recevons :

Stéphane POPESCU – Co-fondateur et directeur général de COSE361

Clémence DELESPIERRE – Responsable resourcing et innovation chez CARRÉ BLANC

Hélène JESSUA – Directrice développement durable chez ZADIG & VOLTAIRE

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En mode innovation,

  • Speaker #1

    le podcast de l'Alliance du commerce.

  • Speaker #2

    Bonjour, c'est Gilles Allais. Nouvel épisode de notre série consacrée aux transformations profondes du secteur de l'habillement pour une mode plus innovante et plus responsable. Un sujet essentiel dans ce quatrième épisode, la traçabilité. Elle est au fondement même de la transformation durable des marques. L'objectif, c'est d'abord de mieux connaître les partenaires qui interviennent à toutes les étapes de fabrication du produit, afin de contrôler les conditions de production et les améliorer, notamment sur le plan environnemental et social. Un défi de taille pour tous les acteurs de l'industrie textile, car les circuits de production sont complexes et mondialisés. Malgré cela, les marques se mettent en mouvement, elles multiplient les initiatives pour mieux connaître leur chaîne d'approvisionnement et renforcer la transparence vis-à-vis de leurs clients. En France comme en Europe, les lois font également bouger les lignes. Premier tournant en 2020 avec l'adoption de la loi AGEC pour anti-gaspillage pour une économie circulaire. L'article 13 en particulier dispose qu'il devient obligatoire d'afficher les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets. De son côté, l'Union Européenne a adopté le 13 juin 2024 un projet de règlement sur l'éco-conception des produits durables. Il prévoit la création, d'ici à 2026, d'un passeport produit contenant un grand nombre d'informations sur le produit et les conditions de sa fabrication. Bonjour Stéphane Popescu.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Vous êtes cofondateur et directeur général de Cause 361, un bureau de conseil stratégique pour les marques de la mode. Alors concrètement, qu'est-ce que cet article 13 de la loi AJEC vient changer ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, c'est une obligation. Donc ça incite tout le monde, aussi bien les marques que leurs chaînes de valeur, à se mettre sur le sujet. Donc ça c'est un point important, puisque c'est ce qui fait bouger la traçabilité au global. Deuxième sujet, c'est aussi une mise en pratique. On met les mains dans le sujet, donc on commence à se poser des questions sur la traçabilité. Quelles sont les méthodologies, les outils, les moyens, la stratégie, tout ça. Il n'est moins en courant, c'est ce qui se passe au niveau européen, avec le règlement sur l'éco-conception, qui, grosso modo, en 2026-2027, va imposer pas mal de choses, comme la mesure d'impact, pour calculer son impact environnemental. Et dans ce cadre-là, la traçabilité sous-jacente est indispensable. Et donc ça, c'est bien plus impactant pour les entreprises à avoir en tête. La loi AGEC a commencé à être pionnière sur le sujet. Au niveau européen, ça va bien plus loin, bien plus fort et c'est bien plus impactant que ce qu'on nous demande aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Quels sont les enjeux pour les marques, Stéphane ?

  • Speaker #1

    Pour moi, tout d'abord, c'est vraiment une histoire de stratégie d'entreprise. La traçabilité permet de travailler à sa gestion de risque, à sa performance et ainsi de suite. Donc c'est vraiment quelque chose à intégrer dans sa stratégie d'entreprise liée à son sourcing. Deuxième enjeu qui est évident maintenant, c'est la conformité réglementaire. Troisième enjeu, économique. meilleure maîtrise de sa chaîne d'approvisionnement et des coûts qui sont diminués, égale aussi une meilleure gestion entre guillemets de la disruption ou autre. On a pu le voir avec le Covid, effectivement, quand on commence à avoir des problèmes de sourcing. Et ça va arriver de plus en plus, on le voit sur les prix et ainsi de suite. Donc forcément, la traçabilité égale meilleure maîtrise de tous ces sujets-là et c'est clé.

  • Speaker #2

    Votre enjeu encore ?

  • Speaker #1

    Quatrième enjeu, réputationnel. Donc c'est une histoire de transparence. Et enfin, le cinquième enjeu pour moi, pour les marques, c'est vraiment le côté résilience. Connaître ses partenaires en amont dans sa chaîne de valeur ou en aval permet de bien plus efficace. C'est un jeu d'équipe, tout simplement. On ne peut rien faire tout seul, on n'est qu'un maillon. Un maillon qui, pour les marques, est de plus en plus scruté et mis sur le devant de la scène, effectivement.

  • Speaker #2

    Quelles questions les marques doivent-elles se poser ?

  • Speaker #1

    Quels sont les objectifs par rapport à tous ces 5 enjeux que j'ai posés ? On n'a pas tous les mêmes ambitions. Ensuite, ce qui est urgent de mettre en place, c'est une équipe interne, qui n'est pas que la personne qui gère la RSE. La traçabilité, elle est multiple, c'est une histoire de data. C'est effectivement dans les mains de la direction, de la RSE, mais aussi de la qualité, de l'IT, du commerce, de la distribution, du marketing. C'est vraiment transdépartement. L'équipe interne, il faut qu'elle soit prête depuis le début. Ensuite, troisième question. Comment est-ce qu'on construit son projet ? Quels sont les moyens qu'on se donne et la timeline qu'on se donne, sachant qu'on est de plus en plus contraint par la timeline réglementaire ? Enfin, dernier point qui est ultra important, parce que c'est ça la réussite du projet, on va pouvoir travailler l'externe. Je l'ai dit, la traçabilité, ce n'est pas l'affaire que des marques, c'est aussi toute leur chaîne de valeur. Donc, la question clé, c'est comment est-ce que j'embarque ma chaîne de valeur ? Une bonne partie des données de traçabilité... sont chez les fournisseurs et dans un rang profond, c'est-à-dire loin du relationnel immédiat de la marque, par exemple dans le troisième rang, quatrième rang, donc ça peut aller jusqu'au champ d'où viennent les fibres, entre guillemets, textiles. Ces gens-là, généralement, les marques ne les connaissent pas pour une bonne majorité d'entre eux. Or, elles ont besoin des données et de se partager les données. Donc il y a tout un sujet qui se pose autour de comment est-ce qu'on va embarquer cette chaîne de valeur dans un respect, bien sûr, d'une gouvernance, on va dire, saine de la relation, si possible.

  • Speaker #2

    Bonjour Clémence de Lespierre.

  • Speaker #0

    Bonjour, enchantée.

  • Speaker #2

    Vous êtes responsable ressourcing et innovation chez Carré Blanc. Vous avez fait le choix vous dès le début d'une traçabilité totale sur votre collection de linge de maison printemps-été 2023. Objectif ambitieux car cette transparence totale commence très haut dans la chaîne de fabrication.

  • Speaker #0

    En effet, puisque nous traçons cinq des grandes étapes de traçabilité chez Carré Blanc, depuis la confection jusqu'à la fibre, en passant par des étapes de filature, de tissage et encore d'ennoblissement de nos produits. C'est un processus qui nous a permis plusieurs choses. Tout d'abord de mieux maîtriser notre chaîne de valeur, donc on est vraiment en direct avec nos fournisseurs, on n'utilise pas de prestataire dans la collecte des informations, c'est vraiment nos équipes qui sont en direct avec nos partenaires. On a pu ainsi challenger un certain nombre de parcours produits pour améliorer au fil des saisons la traçabilité d'un certain nombre de nos produits.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche vous a amené à opérer des changements dans le choix de vos fournisseurs, partenaires, lorsque vous leur attribuez un programme de commande ?

  • Speaker #0

    Pas forcément, parce qu'on est plutôt sur un sourcing très maîtrisé chez Carré Blanc. On a à peu près 25 partenaires fabricants sur 4 origines de fabrication. Très tôt, on leur a expliqué notre démarche et on les a embarqués dans cette démarche de traçabilité. On a aussi changé un peu les règles du jeu, c'est-à-dire qu'au démarrage du projet, on allait plutôt collecter ces infos après avoir placé un programme. Aujourd'hui, elle fait partie intégrante finalement de notre processus de décision sur l'affectation d'un programme de chez Carré Blanc, ce qui veut dire qu'au même titre que le prix, que la qualité d'info du I, on va évaluer finalement la traçabilité du programme qui leur aura été confié pour que la traçabilité fasse partie finalement de notre processus de décision.

  • Speaker #2

    Quels sont les objectifs alors ?

  • Speaker #0

    Ils sont simples, on a fixé un certain nombre de KPIs et qui sont partagés avec l'ensemble de nos partenaires fabricants qui vont être par exemple le nombre de pays impliqués dans un processus de production avec l'objectif d'en avoir le moins possible. Également un pourcentage d'étapes réalisées localement et là c'est plutôt l'inverse, on va souhaiter avoir un maximum d'étapes réalisées sur le lieu de confection pour finalement donner du corps au Médine quel qu'il soit, qu'on soit sur des origines plus ou moins proches. Mais l'idée en tout cas c'est de réaliser toujours un maximum d'étapes sur le lieu de confection. pour limiter l'impact de nos produits.

  • Speaker #2

    Hélène Gessua, bonjour et bienvenue à vous également.

  • Speaker #3

    Bonjour Gilles.

  • Speaker #2

    Vous êtes directrice développement durable de Zadig Voltaire. Objectif ambitieux pour votre marque également, celui de tracer 100% de vos produits à l'horizon 2025. Alors, où en êtes-vous aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Au 1er janvier 2023, nous étions en mesure de mettre à disposition de nos clients des informations relatives à la traçabilité de toute notre collection de prêt-à-porter en remontant jusqu'au tissage ou au tricotage pour les textiles. Et puis... pour notre collection de chaussures jusqu'au piquage. Une fois cette première étape franchie, on a lancé la deuxième phase. Et cette deuxième phase, en fait, consistait à se mettre en ordre de marche pour pouvoir atteindre les 100% de traçabilité à 2025. On a choisi de nouer un partenariat avec Fairly Made, qui met à disposition des entreprises une solution qui permet à la fois d'accompagner et de centraliser la collecte d'informations relatives à la traçabilité, mais aussi de mesurer l'impact environnemental des produits. Le partenariat a bien sûr permis d'accélérer énormément notre démarche, d'étendre d'abord le périmètre des produits que nous allions couvrir. On a inclus aussi la maroquinerie. Aujourd'hui, on arrive à remonter à l'origine à peu près à 75% des fibres de prêt-à-porter. On avance, on progresse, que ce soit sur le textile ou que ce soit aussi sur les accessoires.

  • Speaker #2

    Quelles sont les prochaines étapes, Hélène ?

  • Speaker #3

    Alors, on a encore pas mal d'étapes, trois grandes. La première, c'est de faire une restitution de cette première campagne de collecte d'informations à nos équipes. Ça va nous permettre, avec elle, de définir des outils de pilotage, des indicateurs que l'on veut suivre, et d'améliorer la performance de nos produits. La deuxième, c'est d'améliorer la collecte et la qualité des informations. De collection en collection, parce que d'abord ça va nous permettre de tracer 100% de nos produits à 2025, mais ça va aussi nous permettre d'être plus précis dans la mesure d'impact environnemental de nos produits. La troisième étape, ça va être d'analyser les mesures d'impact de nos produits. L'idée étant ensuite, bien sûr, de mettre à disposition de nos équipes des lignes directrices pour permettre d'accompagner l'amélioration de la performance.

  • Speaker #2

    Stéphane Popescu, comment traduire cette transparence auprès des consommateurs ? Quelles sont les mentions obligatoires ?

  • Speaker #1

    Alors, en France, on doit informer le consommateur sur plusieurs étapes. Donc, si c'est du textile, ça va être confection, ennoblissement et tissage ou tricotage. Si c'est une chaussure, ça va être, alors c'est un peu technique, mais piquage, montage et finition. Donc, en moyenne, les trois dernières étapes de production du produit. En France, ça, c'est obligatoire. Maintenant, au niveau européen, avec ce qui va arriver, forcément, il y a un enjeu aussi d'expliquer un peu plus loin où est-ce que c'est fait. Puisqu'effectivement, là, on ne parle pas du champ de coton, par exemple, qui, bien sûr, n'est pas fait en France. Ça c'est plus au niveau des marques, à leur appréciation encore une fois, mais c'est de plus en plus demandé par les consommateurs. Et de toute façon, savoir d'où ça vient en dehors de le communiquer, ça va être important pour les autres sujets comme mesure d'impact.

  • Speaker #2

    Clémence de Lespierre, comment communiquez-vous sur la traçabilité auprès des clients de Carré Blanc ?

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, nos clients ont deux moyens d'accéder à notre traçabilité, soit via un petit QR code qui est placé sur l'ensemble des produits Carré Blanc, donc sur les cartes dates en magasin. ou par un lien sur notre site internet qui leur permet d'accéder à une fiche de produits qu'on appelle dématérialisée. On va retrouver un certain nombre d'informations, bien évidemment la traçabilité en cinq étapes, mais également des informations sur nos certifications, puisque 99% de nos produits sont aujourd'hui certifiés, donc on donne pas mal d'éléments sur ce que courent ces différentes certifications. On va retrouver aussi le pourcentage d'étapes locales, ça c'est plutôt un choix de marque, justement, de se dire, ce produit-là, on est à 60% d'étapes locales. Ou au contraire, à chaque fois qu'on est sur des pays fabricants de coton, on va être plutôt sur du 100%. Là, je pense à la Turquie, au Pakistan. Donc voilà, c'est pour donner vraiment des clés et en tout cas montrer qu'on est très transparent dans cette démarche auprès de nos clients.

  • Speaker #2

    Et chez Zadig et Voltaire, Hélène Gessua ?

  • Speaker #3

    Alors, les changements sont visibles sur les fiches produits sur notre site internet. Nous mettons à disposition toutes les informations relatives à la traçabilité. On a également mis à disposition toutes les informations qui sont liées à la certification des matières et des produits. Ces informations sont bien sûr accessibles via un QR code lorsqu'on est en boutique et ce QR code est présent sur les différents produits. On a voulu aussi faciliter à la fois pour nos équipes et pour nos clients l'identification des produits qui sont particulièrement porteurs de notre démarche Voltaire. Et à ce titre, on a développé une signalétique, un petit logo qui s'appelle Made in Voltaire Respect. Tous les produits qui portent ce logo répondent à un cahier des charges très précis, très rigoureux. Ce sont par exemple des produits certifiés aux produits finis, des produits qui vont contenir plus de 90% de matières certifiées. peut aussi reconnaître différents standards de certification sur les produits qui sont certifiés aux produits finis, qui portent également les logos des standards auxquels ils répondent.

  • Speaker #2

    Clémence, est-ce que ces informations sont consultées par vos clientes, vos clients ?

  • Speaker #0

    On a la possibilité notamment de tracer la fréquence de scan de nos QR codes ou du clic des liens Internet. Ça a monté au fil des saisons. Par contre, aujourd'hui, très clairement, nos clients ne rentrent pas encore chez Carreblanc pour la trace à l'unité. Néanmoins, on a eu pas mal d'étapes de formation de nos équipes, de nos stylistes d'intérieur, qui en boutique ont de plus en plus le réflexe de proposer ce scan à nos clients. Donc il y a une forme d'accompagnement sur cette démarche-là, pour montrer à quel point finalement la traçabilité, au même titre que les certifications en tout cas, sont des engagements forts de la marque. Donc aujourd'hui, on accompagne plutôt, je dirais, nos clients dans cette démarche de responsabilité, mais sans culpabilité. On voit les nouvelles générations arriver, qui sont très intéressées par ce sujet-là. Ce n'est pas le cas de tous les consommateurs, donc l'idée c'est d'être assez soft en tout cas sur cette approche-là en boutique, de laisser le choix à nos clients de creuser ou pas ces sujets de traçabilité et de responsabilité.

  • Speaker #2

    L'engagement des équipes, c'est un point essentiel chez Zadig et Voltaire également, Hélène, et vous en mesurez les bénéfices en interne ?

  • Speaker #3

    Ce projet, il permet véritablement aux équipes d'approfondir leur connaissance et la maîtrise des chaînes d'approvisionnement, et ce à chaque étape. Et ça, c'est vraiment assez décisif et c'est vraiment une vraie transformation. Nos équipes posent davantage de questions, ça contribue notamment à enrichir énormément le dialogue avec nos partenaires fournisseurs.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche de transparence totale sur la traçabilité a changé votre rapport à vos fournisseurs ?

  • Speaker #3

    Ça nous a conduit à revoir nos process, nos systèmes d'information et bien sûr nos exigences vis-à-vis des fournisseurs. Et l'autre point qui est assez important, c'est que cela nous a amené aussi beaucoup à former nos collaborateurs, nos équipes. Merci. sur des sujets sur lesquels ils n'avaient pas vraiment l'habitude d'être formés. à ce point précédemment. Voilà, donc ça a aussi permis une montée en compétences, notamment des équipes produits.

  • Speaker #2

    Dernier point, Stéphane Popescu, est-ce qu'il y a une forme de contrôle de la traçabilité et des sanctions pour les marques qui ne respectent pas la loi ?

  • Speaker #1

    Oui, de nouveau, je vais prendre le côté français et européen. Tout d'abord, français au niveau de la loi AGEC. Des sanctions qui sont gérées par la DGCCRF, qui va contrôler un petit peu ce que font les entreprises. Et on a des sanctions qui sont de 3 000 euros pour les personnes physiques, jusqu'à 15 000 euros pour les personnes morales. Au niveau européen, là c'est radicalement différent. L'ambition de ce règlement, qui sera obligatoire dans chacun des 27 pays, c'est de pouvoir demander des minimums d'éco-conception dès l'arrivée des produits dans notre territoire européen. notamment par le contrôle douanier. Si jamais vous n'êtes pas au niveau sur tous ces sujets d'éco-conception, du coup, les produits ne seront pas acceptés sur le sol européen. Donc là, pas de produits au magasin, effectivement, pas de vente, et donc là, c'est de l'asphyxie directe pour les marques. On a vu ça il y a deux ans au niveau des États-Unis avec leur fameux Uyghur Act. Une loi pour réguler un petit peu le coton qui venait de Chine, d'esclavage moderne auprès des Ouïghours, et ça a divisé par deux les imports de Chine en deux ans. Avec justement le même contrôle, c'est la douane qui demandait des informations sur l'origine du coton, et du jour au lendemain, vous pouvez boucler votre marchandise à l'arrivée au port ou à l'aéroport. Donc là, plus personne ne rigole.

  • Speaker #2

    Au-delà des risques que vous venez d'exposer, pourquoi est-il si important de s'engager dans une meilleure traçabilité de l'ensemble de la chaîne de production ?

  • Speaker #1

    Sans traçabilité, il n'y a pas de mesure. Et sans mesure, il n'y a pas de progrès, que ce soit sur l'aspect économique, environnemental ou social. Et en tant que chef d'entreprise, je ne vois pas comment on peut piloter son navire sans savoir dans quelle mer vous naviguez et où sont les récifs. Donc c'est important, cette cartographie au global, c'est important de s'y mettre. Et c'est vrai que c'est beaucoup d'investissement dans une période qui n'est pas simple pour toucher dans une entreprise. Néanmoins, il y a... pas d'autre choix que d'investir dedans. Plutôt, vous le faites. Plus de temps vous aurez pour mettre en place vos projets avant que le réglementaire vous y oblige. Et donc, mathématiquement, moins cela vous coûtera.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Stéphane Popescu, Hélène Gessua, Clémence Delespierre. Vous l'aurez compris, la traçabilité est l'un des éléments clés de la démarche RSE des marques pour allier responsabilité dans la fabrication et qualité des produits. Merci de commenter et de partager ce podcast sur vos réseaux sociaux et rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de En Mode Innovation.

  • Speaker #0

    En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce.

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Description

Dans ce nouvel épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce, nous nous intéressons à la traçabilité ! Comment mieux connaître les partenaires qui interviennent aux différentes étapes de fabrication ? Quels sont les enjeux pour les marques afin de renforcer la transparence vis-à-vis des clients ? Quelles initiatives sont déjà mises en place ?

 

Dans cet épisode, nous recevons :

Stéphane POPESCU – Co-fondateur et directeur général de COSE361

Clémence DELESPIERRE – Responsable resourcing et innovation chez CARRÉ BLANC

Hélène JESSUA – Directrice développement durable chez ZADIG & VOLTAIRE

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En mode innovation,

  • Speaker #1

    le podcast de l'Alliance du commerce.

  • Speaker #2

    Bonjour, c'est Gilles Allais. Nouvel épisode de notre série consacrée aux transformations profondes du secteur de l'habillement pour une mode plus innovante et plus responsable. Un sujet essentiel dans ce quatrième épisode, la traçabilité. Elle est au fondement même de la transformation durable des marques. L'objectif, c'est d'abord de mieux connaître les partenaires qui interviennent à toutes les étapes de fabrication du produit, afin de contrôler les conditions de production et les améliorer, notamment sur le plan environnemental et social. Un défi de taille pour tous les acteurs de l'industrie textile, car les circuits de production sont complexes et mondialisés. Malgré cela, les marques se mettent en mouvement, elles multiplient les initiatives pour mieux connaître leur chaîne d'approvisionnement et renforcer la transparence vis-à-vis de leurs clients. En France comme en Europe, les lois font également bouger les lignes. Premier tournant en 2020 avec l'adoption de la loi AGEC pour anti-gaspillage pour une économie circulaire. L'article 13 en particulier dispose qu'il devient obligatoire d'afficher les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets. De son côté, l'Union Européenne a adopté le 13 juin 2024 un projet de règlement sur l'éco-conception des produits durables. Il prévoit la création, d'ici à 2026, d'un passeport produit contenant un grand nombre d'informations sur le produit et les conditions de sa fabrication. Bonjour Stéphane Popescu.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Vous êtes cofondateur et directeur général de Cause 361, un bureau de conseil stratégique pour les marques de la mode. Alors concrètement, qu'est-ce que cet article 13 de la loi AJEC vient changer ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, c'est une obligation. Donc ça incite tout le monde, aussi bien les marques que leurs chaînes de valeur, à se mettre sur le sujet. Donc ça c'est un point important, puisque c'est ce qui fait bouger la traçabilité au global. Deuxième sujet, c'est aussi une mise en pratique. On met les mains dans le sujet, donc on commence à se poser des questions sur la traçabilité. Quelles sont les méthodologies, les outils, les moyens, la stratégie, tout ça. Il n'est moins en courant, c'est ce qui se passe au niveau européen, avec le règlement sur l'éco-conception, qui, grosso modo, en 2026-2027, va imposer pas mal de choses, comme la mesure d'impact, pour calculer son impact environnemental. Et dans ce cadre-là, la traçabilité sous-jacente est indispensable. Et donc ça, c'est bien plus impactant pour les entreprises à avoir en tête. La loi AGEC a commencé à être pionnière sur le sujet. Au niveau européen, ça va bien plus loin, bien plus fort et c'est bien plus impactant que ce qu'on nous demande aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Quels sont les enjeux pour les marques, Stéphane ?

  • Speaker #1

    Pour moi, tout d'abord, c'est vraiment une histoire de stratégie d'entreprise. La traçabilité permet de travailler à sa gestion de risque, à sa performance et ainsi de suite. Donc c'est vraiment quelque chose à intégrer dans sa stratégie d'entreprise liée à son sourcing. Deuxième enjeu qui est évident maintenant, c'est la conformité réglementaire. Troisième enjeu, économique. meilleure maîtrise de sa chaîne d'approvisionnement et des coûts qui sont diminués, égale aussi une meilleure gestion entre guillemets de la disruption ou autre. On a pu le voir avec le Covid, effectivement, quand on commence à avoir des problèmes de sourcing. Et ça va arriver de plus en plus, on le voit sur les prix et ainsi de suite. Donc forcément, la traçabilité égale meilleure maîtrise de tous ces sujets-là et c'est clé.

  • Speaker #2

    Votre enjeu encore ?

  • Speaker #1

    Quatrième enjeu, réputationnel. Donc c'est une histoire de transparence. Et enfin, le cinquième enjeu pour moi, pour les marques, c'est vraiment le côté résilience. Connaître ses partenaires en amont dans sa chaîne de valeur ou en aval permet de bien plus efficace. C'est un jeu d'équipe, tout simplement. On ne peut rien faire tout seul, on n'est qu'un maillon. Un maillon qui, pour les marques, est de plus en plus scruté et mis sur le devant de la scène, effectivement.

  • Speaker #2

    Quelles questions les marques doivent-elles se poser ?

  • Speaker #1

    Quels sont les objectifs par rapport à tous ces 5 enjeux que j'ai posés ? On n'a pas tous les mêmes ambitions. Ensuite, ce qui est urgent de mettre en place, c'est une équipe interne, qui n'est pas que la personne qui gère la RSE. La traçabilité, elle est multiple, c'est une histoire de data. C'est effectivement dans les mains de la direction, de la RSE, mais aussi de la qualité, de l'IT, du commerce, de la distribution, du marketing. C'est vraiment transdépartement. L'équipe interne, il faut qu'elle soit prête depuis le début. Ensuite, troisième question. Comment est-ce qu'on construit son projet ? Quels sont les moyens qu'on se donne et la timeline qu'on se donne, sachant qu'on est de plus en plus contraint par la timeline réglementaire ? Enfin, dernier point qui est ultra important, parce que c'est ça la réussite du projet, on va pouvoir travailler l'externe. Je l'ai dit, la traçabilité, ce n'est pas l'affaire que des marques, c'est aussi toute leur chaîne de valeur. Donc, la question clé, c'est comment est-ce que j'embarque ma chaîne de valeur ? Une bonne partie des données de traçabilité... sont chez les fournisseurs et dans un rang profond, c'est-à-dire loin du relationnel immédiat de la marque, par exemple dans le troisième rang, quatrième rang, donc ça peut aller jusqu'au champ d'où viennent les fibres, entre guillemets, textiles. Ces gens-là, généralement, les marques ne les connaissent pas pour une bonne majorité d'entre eux. Or, elles ont besoin des données et de se partager les données. Donc il y a tout un sujet qui se pose autour de comment est-ce qu'on va embarquer cette chaîne de valeur dans un respect, bien sûr, d'une gouvernance, on va dire, saine de la relation, si possible.

  • Speaker #2

    Bonjour Clémence de Lespierre.

  • Speaker #0

    Bonjour, enchantée.

  • Speaker #2

    Vous êtes responsable ressourcing et innovation chez Carré Blanc. Vous avez fait le choix vous dès le début d'une traçabilité totale sur votre collection de linge de maison printemps-été 2023. Objectif ambitieux car cette transparence totale commence très haut dans la chaîne de fabrication.

  • Speaker #0

    En effet, puisque nous traçons cinq des grandes étapes de traçabilité chez Carré Blanc, depuis la confection jusqu'à la fibre, en passant par des étapes de filature, de tissage et encore d'ennoblissement de nos produits. C'est un processus qui nous a permis plusieurs choses. Tout d'abord de mieux maîtriser notre chaîne de valeur, donc on est vraiment en direct avec nos fournisseurs, on n'utilise pas de prestataire dans la collecte des informations, c'est vraiment nos équipes qui sont en direct avec nos partenaires. On a pu ainsi challenger un certain nombre de parcours produits pour améliorer au fil des saisons la traçabilité d'un certain nombre de nos produits.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche vous a amené à opérer des changements dans le choix de vos fournisseurs, partenaires, lorsque vous leur attribuez un programme de commande ?

  • Speaker #0

    Pas forcément, parce qu'on est plutôt sur un sourcing très maîtrisé chez Carré Blanc. On a à peu près 25 partenaires fabricants sur 4 origines de fabrication. Très tôt, on leur a expliqué notre démarche et on les a embarqués dans cette démarche de traçabilité. On a aussi changé un peu les règles du jeu, c'est-à-dire qu'au démarrage du projet, on allait plutôt collecter ces infos après avoir placé un programme. Aujourd'hui, elle fait partie intégrante finalement de notre processus de décision sur l'affectation d'un programme de chez Carré Blanc, ce qui veut dire qu'au même titre que le prix, que la qualité d'info du I, on va évaluer finalement la traçabilité du programme qui leur aura été confié pour que la traçabilité fasse partie finalement de notre processus de décision.

  • Speaker #2

    Quels sont les objectifs alors ?

  • Speaker #0

    Ils sont simples, on a fixé un certain nombre de KPIs et qui sont partagés avec l'ensemble de nos partenaires fabricants qui vont être par exemple le nombre de pays impliqués dans un processus de production avec l'objectif d'en avoir le moins possible. Également un pourcentage d'étapes réalisées localement et là c'est plutôt l'inverse, on va souhaiter avoir un maximum d'étapes réalisées sur le lieu de confection pour finalement donner du corps au Médine quel qu'il soit, qu'on soit sur des origines plus ou moins proches. Mais l'idée en tout cas c'est de réaliser toujours un maximum d'étapes sur le lieu de confection. pour limiter l'impact de nos produits.

  • Speaker #2

    Hélène Gessua, bonjour et bienvenue à vous également.

  • Speaker #3

    Bonjour Gilles.

  • Speaker #2

    Vous êtes directrice développement durable de Zadig Voltaire. Objectif ambitieux pour votre marque également, celui de tracer 100% de vos produits à l'horizon 2025. Alors, où en êtes-vous aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Au 1er janvier 2023, nous étions en mesure de mettre à disposition de nos clients des informations relatives à la traçabilité de toute notre collection de prêt-à-porter en remontant jusqu'au tissage ou au tricotage pour les textiles. Et puis... pour notre collection de chaussures jusqu'au piquage. Une fois cette première étape franchie, on a lancé la deuxième phase. Et cette deuxième phase, en fait, consistait à se mettre en ordre de marche pour pouvoir atteindre les 100% de traçabilité à 2025. On a choisi de nouer un partenariat avec Fairly Made, qui met à disposition des entreprises une solution qui permet à la fois d'accompagner et de centraliser la collecte d'informations relatives à la traçabilité, mais aussi de mesurer l'impact environnemental des produits. Le partenariat a bien sûr permis d'accélérer énormément notre démarche, d'étendre d'abord le périmètre des produits que nous allions couvrir. On a inclus aussi la maroquinerie. Aujourd'hui, on arrive à remonter à l'origine à peu près à 75% des fibres de prêt-à-porter. On avance, on progresse, que ce soit sur le textile ou que ce soit aussi sur les accessoires.

  • Speaker #2

    Quelles sont les prochaines étapes, Hélène ?

  • Speaker #3

    Alors, on a encore pas mal d'étapes, trois grandes. La première, c'est de faire une restitution de cette première campagne de collecte d'informations à nos équipes. Ça va nous permettre, avec elle, de définir des outils de pilotage, des indicateurs que l'on veut suivre, et d'améliorer la performance de nos produits. La deuxième, c'est d'améliorer la collecte et la qualité des informations. De collection en collection, parce que d'abord ça va nous permettre de tracer 100% de nos produits à 2025, mais ça va aussi nous permettre d'être plus précis dans la mesure d'impact environnemental de nos produits. La troisième étape, ça va être d'analyser les mesures d'impact de nos produits. L'idée étant ensuite, bien sûr, de mettre à disposition de nos équipes des lignes directrices pour permettre d'accompagner l'amélioration de la performance.

  • Speaker #2

    Stéphane Popescu, comment traduire cette transparence auprès des consommateurs ? Quelles sont les mentions obligatoires ?

  • Speaker #1

    Alors, en France, on doit informer le consommateur sur plusieurs étapes. Donc, si c'est du textile, ça va être confection, ennoblissement et tissage ou tricotage. Si c'est une chaussure, ça va être, alors c'est un peu technique, mais piquage, montage et finition. Donc, en moyenne, les trois dernières étapes de production du produit. En France, ça, c'est obligatoire. Maintenant, au niveau européen, avec ce qui va arriver, forcément, il y a un enjeu aussi d'expliquer un peu plus loin où est-ce que c'est fait. Puisqu'effectivement, là, on ne parle pas du champ de coton, par exemple, qui, bien sûr, n'est pas fait en France. Ça c'est plus au niveau des marques, à leur appréciation encore une fois, mais c'est de plus en plus demandé par les consommateurs. Et de toute façon, savoir d'où ça vient en dehors de le communiquer, ça va être important pour les autres sujets comme mesure d'impact.

  • Speaker #2

    Clémence de Lespierre, comment communiquez-vous sur la traçabilité auprès des clients de Carré Blanc ?

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, nos clients ont deux moyens d'accéder à notre traçabilité, soit via un petit QR code qui est placé sur l'ensemble des produits Carré Blanc, donc sur les cartes dates en magasin. ou par un lien sur notre site internet qui leur permet d'accéder à une fiche de produits qu'on appelle dématérialisée. On va retrouver un certain nombre d'informations, bien évidemment la traçabilité en cinq étapes, mais également des informations sur nos certifications, puisque 99% de nos produits sont aujourd'hui certifiés, donc on donne pas mal d'éléments sur ce que courent ces différentes certifications. On va retrouver aussi le pourcentage d'étapes locales, ça c'est plutôt un choix de marque, justement, de se dire, ce produit-là, on est à 60% d'étapes locales. Ou au contraire, à chaque fois qu'on est sur des pays fabricants de coton, on va être plutôt sur du 100%. Là, je pense à la Turquie, au Pakistan. Donc voilà, c'est pour donner vraiment des clés et en tout cas montrer qu'on est très transparent dans cette démarche auprès de nos clients.

  • Speaker #2

    Et chez Zadig et Voltaire, Hélène Gessua ?

  • Speaker #3

    Alors, les changements sont visibles sur les fiches produits sur notre site internet. Nous mettons à disposition toutes les informations relatives à la traçabilité. On a également mis à disposition toutes les informations qui sont liées à la certification des matières et des produits. Ces informations sont bien sûr accessibles via un QR code lorsqu'on est en boutique et ce QR code est présent sur les différents produits. On a voulu aussi faciliter à la fois pour nos équipes et pour nos clients l'identification des produits qui sont particulièrement porteurs de notre démarche Voltaire. Et à ce titre, on a développé une signalétique, un petit logo qui s'appelle Made in Voltaire Respect. Tous les produits qui portent ce logo répondent à un cahier des charges très précis, très rigoureux. Ce sont par exemple des produits certifiés aux produits finis, des produits qui vont contenir plus de 90% de matières certifiées. peut aussi reconnaître différents standards de certification sur les produits qui sont certifiés aux produits finis, qui portent également les logos des standards auxquels ils répondent.

  • Speaker #2

    Clémence, est-ce que ces informations sont consultées par vos clientes, vos clients ?

  • Speaker #0

    On a la possibilité notamment de tracer la fréquence de scan de nos QR codes ou du clic des liens Internet. Ça a monté au fil des saisons. Par contre, aujourd'hui, très clairement, nos clients ne rentrent pas encore chez Carreblanc pour la trace à l'unité. Néanmoins, on a eu pas mal d'étapes de formation de nos équipes, de nos stylistes d'intérieur, qui en boutique ont de plus en plus le réflexe de proposer ce scan à nos clients. Donc il y a une forme d'accompagnement sur cette démarche-là, pour montrer à quel point finalement la traçabilité, au même titre que les certifications en tout cas, sont des engagements forts de la marque. Donc aujourd'hui, on accompagne plutôt, je dirais, nos clients dans cette démarche de responsabilité, mais sans culpabilité. On voit les nouvelles générations arriver, qui sont très intéressées par ce sujet-là. Ce n'est pas le cas de tous les consommateurs, donc l'idée c'est d'être assez soft en tout cas sur cette approche-là en boutique, de laisser le choix à nos clients de creuser ou pas ces sujets de traçabilité et de responsabilité.

  • Speaker #2

    L'engagement des équipes, c'est un point essentiel chez Zadig et Voltaire également, Hélène, et vous en mesurez les bénéfices en interne ?

  • Speaker #3

    Ce projet, il permet véritablement aux équipes d'approfondir leur connaissance et la maîtrise des chaînes d'approvisionnement, et ce à chaque étape. Et ça, c'est vraiment assez décisif et c'est vraiment une vraie transformation. Nos équipes posent davantage de questions, ça contribue notamment à enrichir énormément le dialogue avec nos partenaires fournisseurs.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche de transparence totale sur la traçabilité a changé votre rapport à vos fournisseurs ?

  • Speaker #3

    Ça nous a conduit à revoir nos process, nos systèmes d'information et bien sûr nos exigences vis-à-vis des fournisseurs. Et l'autre point qui est assez important, c'est que cela nous a amené aussi beaucoup à former nos collaborateurs, nos équipes. Merci. sur des sujets sur lesquels ils n'avaient pas vraiment l'habitude d'être formés. à ce point précédemment. Voilà, donc ça a aussi permis une montée en compétences, notamment des équipes produits.

  • Speaker #2

    Dernier point, Stéphane Popescu, est-ce qu'il y a une forme de contrôle de la traçabilité et des sanctions pour les marques qui ne respectent pas la loi ?

  • Speaker #1

    Oui, de nouveau, je vais prendre le côté français et européen. Tout d'abord, français au niveau de la loi AGEC. Des sanctions qui sont gérées par la DGCCRF, qui va contrôler un petit peu ce que font les entreprises. Et on a des sanctions qui sont de 3 000 euros pour les personnes physiques, jusqu'à 15 000 euros pour les personnes morales. Au niveau européen, là c'est radicalement différent. L'ambition de ce règlement, qui sera obligatoire dans chacun des 27 pays, c'est de pouvoir demander des minimums d'éco-conception dès l'arrivée des produits dans notre territoire européen. notamment par le contrôle douanier. Si jamais vous n'êtes pas au niveau sur tous ces sujets d'éco-conception, du coup, les produits ne seront pas acceptés sur le sol européen. Donc là, pas de produits au magasin, effectivement, pas de vente, et donc là, c'est de l'asphyxie directe pour les marques. On a vu ça il y a deux ans au niveau des États-Unis avec leur fameux Uyghur Act. Une loi pour réguler un petit peu le coton qui venait de Chine, d'esclavage moderne auprès des Ouïghours, et ça a divisé par deux les imports de Chine en deux ans. Avec justement le même contrôle, c'est la douane qui demandait des informations sur l'origine du coton, et du jour au lendemain, vous pouvez boucler votre marchandise à l'arrivée au port ou à l'aéroport. Donc là, plus personne ne rigole.

  • Speaker #2

    Au-delà des risques que vous venez d'exposer, pourquoi est-il si important de s'engager dans une meilleure traçabilité de l'ensemble de la chaîne de production ?

  • Speaker #1

    Sans traçabilité, il n'y a pas de mesure. Et sans mesure, il n'y a pas de progrès, que ce soit sur l'aspect économique, environnemental ou social. Et en tant que chef d'entreprise, je ne vois pas comment on peut piloter son navire sans savoir dans quelle mer vous naviguez et où sont les récifs. Donc c'est important, cette cartographie au global, c'est important de s'y mettre. Et c'est vrai que c'est beaucoup d'investissement dans une période qui n'est pas simple pour toucher dans une entreprise. Néanmoins, il y a... pas d'autre choix que d'investir dedans. Plutôt, vous le faites. Plus de temps vous aurez pour mettre en place vos projets avant que le réglementaire vous y oblige. Et donc, mathématiquement, moins cela vous coûtera.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Stéphane Popescu, Hélène Gessua, Clémence Delespierre. Vous l'aurez compris, la traçabilité est l'un des éléments clés de la démarche RSE des marques pour allier responsabilité dans la fabrication et qualité des produits. Merci de commenter et de partager ce podcast sur vos réseaux sociaux et rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de En Mode Innovation.

  • Speaker #0

    En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce.

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Dans ce nouvel épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce, nous nous intéressons à la traçabilité ! Comment mieux connaître les partenaires qui interviennent aux différentes étapes de fabrication ? Quels sont les enjeux pour les marques afin de renforcer la transparence vis-à-vis des clients ? Quelles initiatives sont déjà mises en place ?

 

Dans cet épisode, nous recevons :

Stéphane POPESCU – Co-fondateur et directeur général de COSE361

Clémence DELESPIERRE – Responsable resourcing et innovation chez CARRÉ BLANC

Hélène JESSUA – Directrice développement durable chez ZADIG & VOLTAIRE

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    En mode innovation,

  • Speaker #1

    le podcast de l'Alliance du commerce.

  • Speaker #2

    Bonjour, c'est Gilles Allais. Nouvel épisode de notre série consacrée aux transformations profondes du secteur de l'habillement pour une mode plus innovante et plus responsable. Un sujet essentiel dans ce quatrième épisode, la traçabilité. Elle est au fondement même de la transformation durable des marques. L'objectif, c'est d'abord de mieux connaître les partenaires qui interviennent à toutes les étapes de fabrication du produit, afin de contrôler les conditions de production et les améliorer, notamment sur le plan environnemental et social. Un défi de taille pour tous les acteurs de l'industrie textile, car les circuits de production sont complexes et mondialisés. Malgré cela, les marques se mettent en mouvement, elles multiplient les initiatives pour mieux connaître leur chaîne d'approvisionnement et renforcer la transparence vis-à-vis de leurs clients. En France comme en Europe, les lois font également bouger les lignes. Premier tournant en 2020 avec l'adoption de la loi AGEC pour anti-gaspillage pour une économie circulaire. L'article 13 en particulier dispose qu'il devient obligatoire d'afficher les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets. De son côté, l'Union Européenne a adopté le 13 juin 2024 un projet de règlement sur l'éco-conception des produits durables. Il prévoit la création, d'ici à 2026, d'un passeport produit contenant un grand nombre d'informations sur le produit et les conditions de sa fabrication. Bonjour Stéphane Popescu.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Vous êtes cofondateur et directeur général de Cause 361, un bureau de conseil stratégique pour les marques de la mode. Alors concrètement, qu'est-ce que cet article 13 de la loi AJEC vient changer ?

  • Speaker #1

    Tout d'abord, c'est une obligation. Donc ça incite tout le monde, aussi bien les marques que leurs chaînes de valeur, à se mettre sur le sujet. Donc ça c'est un point important, puisque c'est ce qui fait bouger la traçabilité au global. Deuxième sujet, c'est aussi une mise en pratique. On met les mains dans le sujet, donc on commence à se poser des questions sur la traçabilité. Quelles sont les méthodologies, les outils, les moyens, la stratégie, tout ça. Il n'est moins en courant, c'est ce qui se passe au niveau européen, avec le règlement sur l'éco-conception, qui, grosso modo, en 2026-2027, va imposer pas mal de choses, comme la mesure d'impact, pour calculer son impact environnemental. Et dans ce cadre-là, la traçabilité sous-jacente est indispensable. Et donc ça, c'est bien plus impactant pour les entreprises à avoir en tête. La loi AGEC a commencé à être pionnière sur le sujet. Au niveau européen, ça va bien plus loin, bien plus fort et c'est bien plus impactant que ce qu'on nous demande aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Quels sont les enjeux pour les marques, Stéphane ?

  • Speaker #1

    Pour moi, tout d'abord, c'est vraiment une histoire de stratégie d'entreprise. La traçabilité permet de travailler à sa gestion de risque, à sa performance et ainsi de suite. Donc c'est vraiment quelque chose à intégrer dans sa stratégie d'entreprise liée à son sourcing. Deuxième enjeu qui est évident maintenant, c'est la conformité réglementaire. Troisième enjeu, économique. meilleure maîtrise de sa chaîne d'approvisionnement et des coûts qui sont diminués, égale aussi une meilleure gestion entre guillemets de la disruption ou autre. On a pu le voir avec le Covid, effectivement, quand on commence à avoir des problèmes de sourcing. Et ça va arriver de plus en plus, on le voit sur les prix et ainsi de suite. Donc forcément, la traçabilité égale meilleure maîtrise de tous ces sujets-là et c'est clé.

  • Speaker #2

    Votre enjeu encore ?

  • Speaker #1

    Quatrième enjeu, réputationnel. Donc c'est une histoire de transparence. Et enfin, le cinquième enjeu pour moi, pour les marques, c'est vraiment le côté résilience. Connaître ses partenaires en amont dans sa chaîne de valeur ou en aval permet de bien plus efficace. C'est un jeu d'équipe, tout simplement. On ne peut rien faire tout seul, on n'est qu'un maillon. Un maillon qui, pour les marques, est de plus en plus scruté et mis sur le devant de la scène, effectivement.

  • Speaker #2

    Quelles questions les marques doivent-elles se poser ?

  • Speaker #1

    Quels sont les objectifs par rapport à tous ces 5 enjeux que j'ai posés ? On n'a pas tous les mêmes ambitions. Ensuite, ce qui est urgent de mettre en place, c'est une équipe interne, qui n'est pas que la personne qui gère la RSE. La traçabilité, elle est multiple, c'est une histoire de data. C'est effectivement dans les mains de la direction, de la RSE, mais aussi de la qualité, de l'IT, du commerce, de la distribution, du marketing. C'est vraiment transdépartement. L'équipe interne, il faut qu'elle soit prête depuis le début. Ensuite, troisième question. Comment est-ce qu'on construit son projet ? Quels sont les moyens qu'on se donne et la timeline qu'on se donne, sachant qu'on est de plus en plus contraint par la timeline réglementaire ? Enfin, dernier point qui est ultra important, parce que c'est ça la réussite du projet, on va pouvoir travailler l'externe. Je l'ai dit, la traçabilité, ce n'est pas l'affaire que des marques, c'est aussi toute leur chaîne de valeur. Donc, la question clé, c'est comment est-ce que j'embarque ma chaîne de valeur ? Une bonne partie des données de traçabilité... sont chez les fournisseurs et dans un rang profond, c'est-à-dire loin du relationnel immédiat de la marque, par exemple dans le troisième rang, quatrième rang, donc ça peut aller jusqu'au champ d'où viennent les fibres, entre guillemets, textiles. Ces gens-là, généralement, les marques ne les connaissent pas pour une bonne majorité d'entre eux. Or, elles ont besoin des données et de se partager les données. Donc il y a tout un sujet qui se pose autour de comment est-ce qu'on va embarquer cette chaîne de valeur dans un respect, bien sûr, d'une gouvernance, on va dire, saine de la relation, si possible.

  • Speaker #2

    Bonjour Clémence de Lespierre.

  • Speaker #0

    Bonjour, enchantée.

  • Speaker #2

    Vous êtes responsable ressourcing et innovation chez Carré Blanc. Vous avez fait le choix vous dès le début d'une traçabilité totale sur votre collection de linge de maison printemps-été 2023. Objectif ambitieux car cette transparence totale commence très haut dans la chaîne de fabrication.

  • Speaker #0

    En effet, puisque nous traçons cinq des grandes étapes de traçabilité chez Carré Blanc, depuis la confection jusqu'à la fibre, en passant par des étapes de filature, de tissage et encore d'ennoblissement de nos produits. C'est un processus qui nous a permis plusieurs choses. Tout d'abord de mieux maîtriser notre chaîne de valeur, donc on est vraiment en direct avec nos fournisseurs, on n'utilise pas de prestataire dans la collecte des informations, c'est vraiment nos équipes qui sont en direct avec nos partenaires. On a pu ainsi challenger un certain nombre de parcours produits pour améliorer au fil des saisons la traçabilité d'un certain nombre de nos produits.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche vous a amené à opérer des changements dans le choix de vos fournisseurs, partenaires, lorsque vous leur attribuez un programme de commande ?

  • Speaker #0

    Pas forcément, parce qu'on est plutôt sur un sourcing très maîtrisé chez Carré Blanc. On a à peu près 25 partenaires fabricants sur 4 origines de fabrication. Très tôt, on leur a expliqué notre démarche et on les a embarqués dans cette démarche de traçabilité. On a aussi changé un peu les règles du jeu, c'est-à-dire qu'au démarrage du projet, on allait plutôt collecter ces infos après avoir placé un programme. Aujourd'hui, elle fait partie intégrante finalement de notre processus de décision sur l'affectation d'un programme de chez Carré Blanc, ce qui veut dire qu'au même titre que le prix, que la qualité d'info du I, on va évaluer finalement la traçabilité du programme qui leur aura été confié pour que la traçabilité fasse partie finalement de notre processus de décision.

  • Speaker #2

    Quels sont les objectifs alors ?

  • Speaker #0

    Ils sont simples, on a fixé un certain nombre de KPIs et qui sont partagés avec l'ensemble de nos partenaires fabricants qui vont être par exemple le nombre de pays impliqués dans un processus de production avec l'objectif d'en avoir le moins possible. Également un pourcentage d'étapes réalisées localement et là c'est plutôt l'inverse, on va souhaiter avoir un maximum d'étapes réalisées sur le lieu de confection pour finalement donner du corps au Médine quel qu'il soit, qu'on soit sur des origines plus ou moins proches. Mais l'idée en tout cas c'est de réaliser toujours un maximum d'étapes sur le lieu de confection. pour limiter l'impact de nos produits.

  • Speaker #2

    Hélène Gessua, bonjour et bienvenue à vous également.

  • Speaker #3

    Bonjour Gilles.

  • Speaker #2

    Vous êtes directrice développement durable de Zadig Voltaire. Objectif ambitieux pour votre marque également, celui de tracer 100% de vos produits à l'horizon 2025. Alors, où en êtes-vous aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Au 1er janvier 2023, nous étions en mesure de mettre à disposition de nos clients des informations relatives à la traçabilité de toute notre collection de prêt-à-porter en remontant jusqu'au tissage ou au tricotage pour les textiles. Et puis... pour notre collection de chaussures jusqu'au piquage. Une fois cette première étape franchie, on a lancé la deuxième phase. Et cette deuxième phase, en fait, consistait à se mettre en ordre de marche pour pouvoir atteindre les 100% de traçabilité à 2025. On a choisi de nouer un partenariat avec Fairly Made, qui met à disposition des entreprises une solution qui permet à la fois d'accompagner et de centraliser la collecte d'informations relatives à la traçabilité, mais aussi de mesurer l'impact environnemental des produits. Le partenariat a bien sûr permis d'accélérer énormément notre démarche, d'étendre d'abord le périmètre des produits que nous allions couvrir. On a inclus aussi la maroquinerie. Aujourd'hui, on arrive à remonter à l'origine à peu près à 75% des fibres de prêt-à-porter. On avance, on progresse, que ce soit sur le textile ou que ce soit aussi sur les accessoires.

  • Speaker #2

    Quelles sont les prochaines étapes, Hélène ?

  • Speaker #3

    Alors, on a encore pas mal d'étapes, trois grandes. La première, c'est de faire une restitution de cette première campagne de collecte d'informations à nos équipes. Ça va nous permettre, avec elle, de définir des outils de pilotage, des indicateurs que l'on veut suivre, et d'améliorer la performance de nos produits. La deuxième, c'est d'améliorer la collecte et la qualité des informations. De collection en collection, parce que d'abord ça va nous permettre de tracer 100% de nos produits à 2025, mais ça va aussi nous permettre d'être plus précis dans la mesure d'impact environnemental de nos produits. La troisième étape, ça va être d'analyser les mesures d'impact de nos produits. L'idée étant ensuite, bien sûr, de mettre à disposition de nos équipes des lignes directrices pour permettre d'accompagner l'amélioration de la performance.

  • Speaker #2

    Stéphane Popescu, comment traduire cette transparence auprès des consommateurs ? Quelles sont les mentions obligatoires ?

  • Speaker #1

    Alors, en France, on doit informer le consommateur sur plusieurs étapes. Donc, si c'est du textile, ça va être confection, ennoblissement et tissage ou tricotage. Si c'est une chaussure, ça va être, alors c'est un peu technique, mais piquage, montage et finition. Donc, en moyenne, les trois dernières étapes de production du produit. En France, ça, c'est obligatoire. Maintenant, au niveau européen, avec ce qui va arriver, forcément, il y a un enjeu aussi d'expliquer un peu plus loin où est-ce que c'est fait. Puisqu'effectivement, là, on ne parle pas du champ de coton, par exemple, qui, bien sûr, n'est pas fait en France. Ça c'est plus au niveau des marques, à leur appréciation encore une fois, mais c'est de plus en plus demandé par les consommateurs. Et de toute façon, savoir d'où ça vient en dehors de le communiquer, ça va être important pour les autres sujets comme mesure d'impact.

  • Speaker #2

    Clémence de Lespierre, comment communiquez-vous sur la traçabilité auprès des clients de Carré Blanc ?

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, nos clients ont deux moyens d'accéder à notre traçabilité, soit via un petit QR code qui est placé sur l'ensemble des produits Carré Blanc, donc sur les cartes dates en magasin. ou par un lien sur notre site internet qui leur permet d'accéder à une fiche de produits qu'on appelle dématérialisée. On va retrouver un certain nombre d'informations, bien évidemment la traçabilité en cinq étapes, mais également des informations sur nos certifications, puisque 99% de nos produits sont aujourd'hui certifiés, donc on donne pas mal d'éléments sur ce que courent ces différentes certifications. On va retrouver aussi le pourcentage d'étapes locales, ça c'est plutôt un choix de marque, justement, de se dire, ce produit-là, on est à 60% d'étapes locales. Ou au contraire, à chaque fois qu'on est sur des pays fabricants de coton, on va être plutôt sur du 100%. Là, je pense à la Turquie, au Pakistan. Donc voilà, c'est pour donner vraiment des clés et en tout cas montrer qu'on est très transparent dans cette démarche auprès de nos clients.

  • Speaker #2

    Et chez Zadig et Voltaire, Hélène Gessua ?

  • Speaker #3

    Alors, les changements sont visibles sur les fiches produits sur notre site internet. Nous mettons à disposition toutes les informations relatives à la traçabilité. On a également mis à disposition toutes les informations qui sont liées à la certification des matières et des produits. Ces informations sont bien sûr accessibles via un QR code lorsqu'on est en boutique et ce QR code est présent sur les différents produits. On a voulu aussi faciliter à la fois pour nos équipes et pour nos clients l'identification des produits qui sont particulièrement porteurs de notre démarche Voltaire. Et à ce titre, on a développé une signalétique, un petit logo qui s'appelle Made in Voltaire Respect. Tous les produits qui portent ce logo répondent à un cahier des charges très précis, très rigoureux. Ce sont par exemple des produits certifiés aux produits finis, des produits qui vont contenir plus de 90% de matières certifiées. peut aussi reconnaître différents standards de certification sur les produits qui sont certifiés aux produits finis, qui portent également les logos des standards auxquels ils répondent.

  • Speaker #2

    Clémence, est-ce que ces informations sont consultées par vos clientes, vos clients ?

  • Speaker #0

    On a la possibilité notamment de tracer la fréquence de scan de nos QR codes ou du clic des liens Internet. Ça a monté au fil des saisons. Par contre, aujourd'hui, très clairement, nos clients ne rentrent pas encore chez Carreblanc pour la trace à l'unité. Néanmoins, on a eu pas mal d'étapes de formation de nos équipes, de nos stylistes d'intérieur, qui en boutique ont de plus en plus le réflexe de proposer ce scan à nos clients. Donc il y a une forme d'accompagnement sur cette démarche-là, pour montrer à quel point finalement la traçabilité, au même titre que les certifications en tout cas, sont des engagements forts de la marque. Donc aujourd'hui, on accompagne plutôt, je dirais, nos clients dans cette démarche de responsabilité, mais sans culpabilité. On voit les nouvelles générations arriver, qui sont très intéressées par ce sujet-là. Ce n'est pas le cas de tous les consommateurs, donc l'idée c'est d'être assez soft en tout cas sur cette approche-là en boutique, de laisser le choix à nos clients de creuser ou pas ces sujets de traçabilité et de responsabilité.

  • Speaker #2

    L'engagement des équipes, c'est un point essentiel chez Zadig et Voltaire également, Hélène, et vous en mesurez les bénéfices en interne ?

  • Speaker #3

    Ce projet, il permet véritablement aux équipes d'approfondir leur connaissance et la maîtrise des chaînes d'approvisionnement, et ce à chaque étape. Et ça, c'est vraiment assez décisif et c'est vraiment une vraie transformation. Nos équipes posent davantage de questions, ça contribue notamment à enrichir énormément le dialogue avec nos partenaires fournisseurs.

  • Speaker #2

    Est-ce que cette démarche de transparence totale sur la traçabilité a changé votre rapport à vos fournisseurs ?

  • Speaker #3

    Ça nous a conduit à revoir nos process, nos systèmes d'information et bien sûr nos exigences vis-à-vis des fournisseurs. Et l'autre point qui est assez important, c'est que cela nous a amené aussi beaucoup à former nos collaborateurs, nos équipes. Merci. sur des sujets sur lesquels ils n'avaient pas vraiment l'habitude d'être formés. à ce point précédemment. Voilà, donc ça a aussi permis une montée en compétences, notamment des équipes produits.

  • Speaker #2

    Dernier point, Stéphane Popescu, est-ce qu'il y a une forme de contrôle de la traçabilité et des sanctions pour les marques qui ne respectent pas la loi ?

  • Speaker #1

    Oui, de nouveau, je vais prendre le côté français et européen. Tout d'abord, français au niveau de la loi AGEC. Des sanctions qui sont gérées par la DGCCRF, qui va contrôler un petit peu ce que font les entreprises. Et on a des sanctions qui sont de 3 000 euros pour les personnes physiques, jusqu'à 15 000 euros pour les personnes morales. Au niveau européen, là c'est radicalement différent. L'ambition de ce règlement, qui sera obligatoire dans chacun des 27 pays, c'est de pouvoir demander des minimums d'éco-conception dès l'arrivée des produits dans notre territoire européen. notamment par le contrôle douanier. Si jamais vous n'êtes pas au niveau sur tous ces sujets d'éco-conception, du coup, les produits ne seront pas acceptés sur le sol européen. Donc là, pas de produits au magasin, effectivement, pas de vente, et donc là, c'est de l'asphyxie directe pour les marques. On a vu ça il y a deux ans au niveau des États-Unis avec leur fameux Uyghur Act. Une loi pour réguler un petit peu le coton qui venait de Chine, d'esclavage moderne auprès des Ouïghours, et ça a divisé par deux les imports de Chine en deux ans. Avec justement le même contrôle, c'est la douane qui demandait des informations sur l'origine du coton, et du jour au lendemain, vous pouvez boucler votre marchandise à l'arrivée au port ou à l'aéroport. Donc là, plus personne ne rigole.

  • Speaker #2

    Au-delà des risques que vous venez d'exposer, pourquoi est-il si important de s'engager dans une meilleure traçabilité de l'ensemble de la chaîne de production ?

  • Speaker #1

    Sans traçabilité, il n'y a pas de mesure. Et sans mesure, il n'y a pas de progrès, que ce soit sur l'aspect économique, environnemental ou social. Et en tant que chef d'entreprise, je ne vois pas comment on peut piloter son navire sans savoir dans quelle mer vous naviguez et où sont les récifs. Donc c'est important, cette cartographie au global, c'est important de s'y mettre. Et c'est vrai que c'est beaucoup d'investissement dans une période qui n'est pas simple pour toucher dans une entreprise. Néanmoins, il y a... pas d'autre choix que d'investir dedans. Plutôt, vous le faites. Plus de temps vous aurez pour mettre en place vos projets avant que le réglementaire vous y oblige. Et donc, mathématiquement, moins cela vous coûtera.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Stéphane Popescu, Hélène Gessua, Clémence Delespierre. Vous l'aurez compris, la traçabilité est l'un des éléments clés de la démarche RSE des marques pour allier responsabilité dans la fabrication et qualité des produits. Merci de commenter et de partager ce podcast sur vos réseaux sociaux et rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de En Mode Innovation.

  • Speaker #0

    En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce.

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