undefined cover
undefined cover
Le recyclage cover
Le recyclage cover
En mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce

Le recyclage

Le recyclage

15min |20/03/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Le recyclage cover
Le recyclage cover
En mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce

Le recyclage

Le recyclage

15min |20/03/2024
Play

Description

Focus sur le recyclage dans ce troisième épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce ! Quels sont les produits qui peuvent être recyclés ? Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre ? Quels sont les défis à relever pour développer le recyclage de manière compétitive ?


Dans cet épisode, nous recevons :

Véronique ALLAIRE-SPIZER – Directrice de la perma-circularité de l’éco-organisme REFASHION

Pascal DENIZART – Directeur du CETI, le Centre européen des textiles innovants

Didier SOUFLET – Directeur industriel d’IDKIDS

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gilles Halais

    (Voix off) En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce. Troisième épisode de notre podcast qui vous emmène dans les coulisses des grandes marques de la mode et de leur stratégie de transformation. Bonjour à toutes et à tous, c'est Gilles Halais et je suis ravi de vous retrouver. Aujourd'hui, grâce à nos invités, vous allez en apprendre beaucoup sur les technologies développées pour donner une nouvelle vie aux vêtements et aux chaussures usagées, une nouvelle valeur économique, tout en participant à la transition écologique à l'échelle mondiale. On va parler de recyclage. En 2022, 260 000 tonnes de produits textiles usagés ont été collectées, ce qui représente près de 4 kg par habitant récupérés dans les 47 000 points de collecte. Un quart de ces produits a été recyclé. On va voir comment, à quelle fin, quels sont les enjeux et les ambitions de cette économie circulaire et quels bénéfices en tirent toute la filière, mais aussi la planète, évidemment. Je vous présente nos experts : Véronique Allaire, directrice de la permacircularité de l'éco-organisme ReFashion. Pascal Denizart, directeur du CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, et Didier Souflet, directeur industriel du groupe IDKids, qui crée et distribue les marques de vêtements pour enfants Okaïdi et Jacadi. Bonjour à tous les trois.

  • Invités

    Bonjour. Bonjour. Bonjour Gilles Halais.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, quels sont les produits qui peuvent être recyclés ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Ce sont les vêtements, chaussures, linges de maison ménagés, c'est-à-dire de vous et moi, le professionnel n'est pas inclus dedans, et ce sont les produits non réutilisables. Parce qu'on respecte toujours la hiérarchie des modes de traitement des déchets, où le réemploi, c'est-à-dire le fait de réutiliser le vêtement dans sa fonction d'origine, est toujours privilégié.

  • Gilles Halais

    Pascal Denizart, recycler ça passe par collecter et trier.

  • Pascal Denizart

    Sans cette étape, on ne peut pas recycler. C'est pour ça que le CETI a créé le CETIA avec une école de robotique et d'automatisme, parce que là on va rentrer dans de l'automatisation, dans l'intelligence artificielle, pour trier. Et donc monter cette plateforme était indispensable parce que c'est un des éléments qui fera qu'on sera performant sur notre équation économique. Je crois même qu'un modèle hybride intégrant insertion et automatisation et cobotique sera le modèle de demain. Nous travaillons avec le CETIA, main dans la main, pour trouver la bonne équation économique et humaine.

  • Gilles Halais

    Déjà, est-ce qu'on peut donner une nouvelle vie à toutes les matières textiles, ou bien il y a des exceptions ?

  • Pascal Denizart

    Beaucoup de choses sont recyclables. Après, la faisabilité ne doit pas être disjointe de l'équation économique. Notamment, la difficulté va être pour tous les articles qui ont une onduction, c'est-à-dire qui ont un traitement sur la surface, qui va rendre ce recyclage beaucoup plus compliqué parce qu'un appel à la chimie ne doit pas être neutre tant au niveau des coûts que de l'empreinte environnementale.

  • Gilles Halais

    En résumé, on recycle ce que l'on peut techniquement recycler, ce qui est économiquement viable et ce qui ne va pas alourdir l'empreinte environnementale du produit.

  • Pascal Denizart

    Absolument.

  • Gilles Halais

    Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre et les différentes étapes du recyclage ?

  • Pascal Denizart

    Il y a trois technologies qui peuvent être mises en œuvre aujourd'hui. Ce qu'on appelle le recyclage mécanique, qui va à un moment donné récupérer de la matière première et qui va l'effilocher, c'est-à-dire qu'on va arracher les fibres pour pouvoir avoir des applications textiles, soit en entissé, soit refaire un fil avec une opération de filature. Le recyclage thermomécanique, c'est-à-dire la chaleur, c'est valable pour les matières synthétiques, toutes les matières que l'on peut faire fondre et que l'on peut regranuler, c'est-à-dire que l'on va densifier le déchet textile pour pouvoir le filtrer et régénérer des granulés, c'est valable pour le polyester, le polyamide et toutes les fibres synthétiques.

  • Gilles Halais

    Donc recyclage mécanique, recyclage thermomécanique ?

  • Pascal Denizart

    Et puis il y a la troisième technologie qui est le recyclage chimique. Avec plusieurs types de recyclage chimique, on va être simple, il y en a deux aujourd'hui qui sont importantes. Soit on va dissoudre la matière et puis la régénérer ensuite, soit on va, avec des enzymes, sélectionner un des composants, par exemple le polyester, pour pouvoir le récupérer. Par contre, ces trois voies technologiques impliquent avant, et c'est très important, de trier la matière qui va être à recycler par composition, par couleur, et de démanteler lorsqu'il y a des boutons, des fermetures à glissière, pour pouvoir avoir une matière qui soit prête à être recyclée.

  • Gilles Halais

    Et comment devenir toutes ces matières une fois recyclées ? Pas seulement des vêtements, je crois.

  • Pascal Denizart

    Effectivement, et je dirais même que ce qu'on appelle la boucle ouverte, c'est-à-dire à un moment donné de récupérer le matériau fibreux et d'en faire un isolant, un isolant thermique, un isolant acoustique, voire de l'utiliser à des usages techniques, par exemple de la décoration, par rapport aux milliers de tonnes. de vêtements usagés que l'on a et de gisements que l'on a disponibles, c'est une voie importante. Derrière, effectivement, le graal, c'est d'avoir une longueur de fibre suffisamment longue lorsqu'on est en recyclage mécanique ou des filaments de très bonne qualité lorsqu'on est en recyclage thermomécanique pour refaire... un filament ou un fil, et donc repasser en boucle fermée, en économie circulaire, pour arriver à refaire un vêtement.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, vous avez aussi un exemple extrêmement vertueux de recyclage accompagné par Refashion.

  • Véronique Allaire-Spizer

    C'est un exemple de recyclage en mélange, et c'est très important parce qu'il y a plein de matières dans nos vêtements, dans nos chaussures, c'est plein de matières différentes. Et l'idée, c'est de faire un matériau qui ressemble à du MDF.

  • Gilles Halais

    Si je comprends bien Véronique, on utilise de la matière textile recyclée pour créer un matériau qui sera lui-même recyclable et ce matériau peut se substituer au MDF, ces fameux panneaux de bois agglomérés qui eux n'étaient pas recyclables. C'est donc effectivement en tout point extrêmement vertueux.

  • Véronique Allaire-Spizer

    Donc c'est un super projet dont on a soutenu la recherche et dont on a soutenu aussi la phase pilote pour passer à l'étape industrielle et on est en train de finir son soutien, il s'appelle Tissium. Et donc c'est un projet sur lequel on a pas mal d'espérance, parce que justement il va être à même de consommer beaucoup de gisements, beaucoup de volumes en mélange, donc c'est un gros atout pour la filière.

  • Gilles Halais

    Didier Souflet, augmenter la part du recyclage, ça passe par l'innovation. En 2020, Okaïdi a lancé en partenariat avec le CETI, deux t-shirts fabriqués à 60% en coton recyclé et 40% en coton bio. Quel retour d'expérience sur cette grande première ?

  • Didier Souflet

    C'est un retour qu'on peut qualifier de positif. On a mis la marque très haut au départ puisque nous avons voulu réaliser quelque chose en 100% coton. Et vous citez 60% de coton recyclé, il faut préciser que c'est un coton recyclé qui vient de textiles usagés. Et ça c'est très important, puisque techniquement c'est beaucoup plus difficile à réaliser.

  • Gilles Halais

    Ça veut dire que vous allez monter en puissance sur le recyclage, avec quels objectifs ?

  • Didier Souflet

    Dans cette première expérience, nous avions produit à peu près 30 000 pièces que nous avons vendues. Nous avons été jusqu'au bout de l'exercice. Et notre objectif, il est très clair, il est qu'en 2027, 50% de nos matières soient des matières éco-certifiées, dont une grande partie viendra du recyclage. Recyclage qui pourra venir de textiles usagés, ce qui pourra venir aussi d'autres formes de recyclage, ce qu'on appelle "pré-consumer", c'est les chutes de production d'usines. Donc on va tester tous les avantages possibles de solutions, de manière à ce que le tonnage global de matières éco-certifiées et recyclées augmente. Donc oui, nous souhaitons développer l'exercice, en étant peut-être un peu plus pragmatique, c'est-à-dire en testant différentes solutions techniques, des mélanges coton-polyester, peut-être ajuster la cible. Un peu en dessous de 60% pour obtenir un toucher de la matière un peu plus en adéquation avec ce qu'attend le client. Notre objectif, c'est de grimper en tonnage de matière recyclée d'une manière générale.

  • Gilles Halais

    Et ce t-shirt en coton recyclé, ça reste un produit de grande qualité ?

  • Didier Souflet

    Aucune compromission là-dessus, c'était inenvisageable. Tout ce qui concerne les standards de durabilité physique ou de durabilité des couleurs sont strictement les mêmes que sur notre gamme traditionnelle. Tout n'est pas parfait évidemment dans ce test. On a noté un toucher légèrement différent, un visuel qui peut être un petit peu plus rugueux, et c'est sur ces aspects-là qu'on travaille pour arriver à quelque chose d'identique à la vue, au toucher, et dans tous les tests laboratoires possibles.

  • Gilles Halais

    Plus cher, moins cher qu'un t-shirt en coton non recyclé ?

  • Didier Souflet

    Il est vendu un peu plus cher, puisque le coût de fabrication est un peu plus élevé. Collecter la matière, la trier, la traiter, la préparer pour refaire du fil, aujourd'hui revient plus cher que de prendre du coton vierge. C'est d'ailleurs un défi, à mon avis, c'est d'arriver à... industrialiser ce processus et de manière à ramener les couches aussi proches que possible que l'utilisation d'une matière vierge.

  • Gilles Halais

    Ce t-shirt en coton recyclé a été mis au point sur une plateforme d'innovation du recyclage mécanique créée par le CETI en 2019. Pascal Denizart, est-ce qu'il y en a eu d'autres depuis ?

  • Pascal Denizart

    Depuis, nous avons mis en place une plateforme pour le recyclage des synthétiques par la chaleur, recyclage thermomécanique et nous allons avoir à la fin de cette année 2024 une plateforme de recyclage chimique qui va permettre de travailler toutes les matières végétales, de la cellulose régénérée aux protéines animales, ce qu'on appelle les fibres artificielles, qui sont un des vecteurs de développement très importants aujourd'hui en Europe.

  • Gilles Halais

    Le CETI ouvre donc la voie par l'innovation, et vous devez ensuite trouver des industriels qui vont se saisir de ces innovations pour les développer à grande échelle.

  • Pascal Denizart

    Tout à fait. Nous, nous construisons des démonstrateurs à l'échelle pilote industrielle, c'est-à-dire qu'un processus mis au point au CETI, il est transférable au monde industriel, évidemment, il faut là trouver des entrepreneurs. Par exemple, la plateforme de recyclage mécanique sur laquelle on a un peu plus de recul, des projets comme Renaissance en Mayenne, des projets comme Nouvelles Fibres ont été construits avec le support du transfert technologique du CETI. Notre vocation, c'est vraiment de faire un transfert industriel de ce qui est développé. Par contre, il faut trouver des entrepreneurs qui prennent le risque.

  • Gilles Halais

    Quels sont les principaux défis techniques à relever aujourd'hui ?

  • Pascal Denizart

    Ce qui est compliqué, c'est cette phase de transfert industriel. Il faut absolument que cette nouvelle filière industrielle aille être plus vite dans la construction. On s'adresse là à un transfert sur des unités capitalistiques, il y a des investissements. Donc le principal frein, c'est de passer d'un modèle économique de collecte, tri et de réemploi, à un modèle économique qui s'oriente vers le recyclage. Pour cela, il faut que les entreprises aient les moyens d'investir, c'est la principale difficulté. Ensuite, au-delà du recyclage mécanique, le recyclage thermomécanique et le recyclage chimique qui en sont à leurs balbutiements en France. Il faut aller plus vite et surtout s'appuyer sur l'Europe, puisque l'Europe avance vite aussi, notamment l'Europe du Nord, et donc rentrer dans cette dynamique européenne avec toutes les possibilités qu'offre aussi l'écosystème textile au niveau européen et pas uniquement l'écosystème sur nos territoires, qui serait réducteur par rapport au potentiel.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, qui finance les différentes étapes du recyclage et à quelle hauteur ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Justement, ce sont les metteurs en marché qui financent aujourd'hui. Ça permet tout d'abord un soutien à l'ensemble de la filière qui est versée aux opérateurs de tri pour financer l'approvisionnement, qui donc est la collecte, jusqu'à la fin de vie. Mais ça contribue à toute la filière, parce que ça leur permet d'acheter de la collecte à un certain prix de marché et donc de permettre à des collecteurs d'avoir des revenus. Et ça vient compenser ce coût du recyclage. Parce que, comme je vous le disais, le recyclage a un coût, et donc pour qu'ils acceptent de le faire et qu'ils ne mettent pas tout en déchet, il faut les aider et donc accompagner ce phénomène.

  • Gilles Halais

    Didier Soufflet, comment les produits en matière recyclée sont-ils mis en valeur dans les points de vente ? C'est d'ailleurs important de l'expliquer aux clients ?

  • Didier Souflet

    Oui, c'est important puisqu'il faut le faire savoir, évidemment, puisque le but c'est d'aussi être pédagogique avec nos clients et lui expliquer qu'utiliser une matière recyclée, ce n'est pas dangereux, c'est quelque chose qui correspond au même standard qualité. Nous, on utilise notre label EKO (E-K-O), qui est le label d'Okaïdi, qui rassemble l'ensemble de nos engagements pour la planète en faveur de l'environnement. Et donc, la partie recyclée rentre dans ce label. On vient expliquer sur notre site internet, si vous allez cliquer aujourd'hui sur un produit, vous verrez si un produit contient une partie de recyclé, et vous verrez l'ensemble de la chaîne de traçabilité, où est-ce qu'il a été fabriqué, et l'impact au CO2 que le produit a pu générer.

  • Gilles Halais

    Et les réactions de vos clients ?

  • Didier Souflet

    Certains sont enthousiastes, certains ne voient pas la différence et ont acheté ça un peu par hasard. On continue le travail pédagogique et le travail de mise en avant de l'intérêt en termes d'impact CO2 et d'intérêt environnemental pour faire du recyclage finalement la norme de l'avenir.

  • Véronique Allaire-Spizer

    L'objectif de la filière, c'est d'abord de détourner les déchets des ordures ménagères où ils sont brûlés ou enfouis, ce qui est dramatique. Et donc, toutes les autres solutions sont mieux que de brûler ou d'enfouir parce que c'est de l'impact environnemental direct et c'est de la destruction de valeur directe. L'objectif, c'est de monter à plus de 400 000 tonnes. Donc, c'est un objectif très ambitieux parce que c'est ça d'ici 2028. Et pour ça, il faut qu'on accompagne l'industrialisation du recyclage parce que le recyclage aujourd'hui se passe beaucoup à l'étranger. Il y a de gros enjeux pour garder ces ressources en France et donc, on accompagne cette industrialisation ici en France ou juste à côté de la France dans les pays limitrophes.

  • Gilles Halais

    400 000 tonnes de matières recyclées sur les 800 000 tonnes de vêtements vendus chaque année. On a là aussi une opportunité de marché, de création de valeur pour la France. Mais est-ce qu'on peut être compétitif sur ce marché, Pascal Denizart ?

  • Pascal Denizart

    Alors, non seulement nous sommes compétitifs, mais nous sommes pionniers. Nous avons aujourd'hui des demandes de l'Europe, voire des Etats-Unis, pour travailler notamment avec certaines marques sur des sujets de recyclage. Nous avons une vraie expérience. Nous sommes un pays de mode, un pays de luxe aussi, donc nous avons tous les débouchés et donc tous les cahiers des charges potentiellement avec nos metteurs en marché. C'est un point important notamment par rapport aux autres pays d'Europe du Nord. Ensuite, nous avons des ressources, nous avons on va dire le premier co-organisme aujourd'hui en Europe avec Refashion, et nous avons aussi, lorsqu'on va parler de biomasse, quand on va parler de biosourcés, nous avons des ressources végétales issues des coproduits d'agriculture qui sont évidemment très importantes pour le futur. Donc nous avons à la fois l'amont, l'aval et la R&D, puisque nous sommes aujourd'hui la seule plateforme en Europe à avoir les trois méthodes de recyclage, aujourd'hui en démonstration, donc nous avons la possibilité de prendre un véritable avantage concurrentiel.

  • Gilles Halais

    Est-ce qu'un vêtement en matière recyclée produit moins de gaz à effet de serre qu'un autre ?

  • Pascal Denizart

    La réponse est oui. Si je prends par exemple un modèle équivalent, on va prendre un pantalon classique, on va diminuer de 90% l'empreinte carbone avec un pantalon recyclé en France. C'est-à-dire qu'on capitalise à la fois sur une ressource de notre territoire et puis aussi sur notre énergie décarbonée, parce que tous les procédés de recyclage sont essentiellement avec des consommations électriques et nous avons en France une industrie décarbonée à ce sujet. Dans tous les cas, la fibre recyclée a une empreinte carbone, c'est assez spectaculaire quand on mesure, bien plus favorable qu'un article élaboré de façon classique. N'oublions pas... qu'il n'y a pas que l'emprunt de carbone, il y a aussi la consommation d'eau, quand on utilise les matières vierges, ainsi que les autres paramètres environnementaux. Et sur l'ensemble des paramètres environnementaux, la fibre recyclée est plus vertueuse.

  • Gilles Halais

    En plus, on arrive à créer de la valeur avec un produit qui, à la base, n'aura même pas forcément été fabriqué en France.

  • Pascal Denizart

    Exactement. Non seulement il y a un enjeu environnemental, mais il y a un enjeu sociétal. Et cet enjeu sociétal d'une filière autour du recyclé, c'est le grand défi que notre pays peut conduire avec succès dans les prochaines années.

  • Gilles Halais

    Merci à tous les trois, Véronique Allaire, Pascal Denizart, Didier Soufflet. La montée en puissance du recyclage, c'est aussi l'affaire de chacun. Au lieu de les mettre en déchetterie, à nous d'aller déposer nos articles usagés, vêtements, chaussures, linges de maison, dans l'un des 47 000 points de collecte. Vous pouvez retrouver la liste de tous ces points de collecte sur le site de l'éco-organisme ReFashion, refashion.fr. N'hésitez pas à commenter, à partager ce podcast pour inciter au recyclage et rendez-vous très vite pour un nouvel épisode de En mode Innovation qui sera consacré à la traçabilité. À très bientôt

  • Voix off

    En mode Innovation. Le podcast de l'Alliance du Commerce.

Description

Focus sur le recyclage dans ce troisième épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce ! Quels sont les produits qui peuvent être recyclés ? Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre ? Quels sont les défis à relever pour développer le recyclage de manière compétitive ?


Dans cet épisode, nous recevons :

Véronique ALLAIRE-SPIZER – Directrice de la perma-circularité de l’éco-organisme REFASHION

Pascal DENIZART – Directeur du CETI, le Centre européen des textiles innovants

Didier SOUFLET – Directeur industriel d’IDKIDS

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gilles Halais

    (Voix off) En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce. Troisième épisode de notre podcast qui vous emmène dans les coulisses des grandes marques de la mode et de leur stratégie de transformation. Bonjour à toutes et à tous, c'est Gilles Halais et je suis ravi de vous retrouver. Aujourd'hui, grâce à nos invités, vous allez en apprendre beaucoup sur les technologies développées pour donner une nouvelle vie aux vêtements et aux chaussures usagées, une nouvelle valeur économique, tout en participant à la transition écologique à l'échelle mondiale. On va parler de recyclage. En 2022, 260 000 tonnes de produits textiles usagés ont été collectées, ce qui représente près de 4 kg par habitant récupérés dans les 47 000 points de collecte. Un quart de ces produits a été recyclé. On va voir comment, à quelle fin, quels sont les enjeux et les ambitions de cette économie circulaire et quels bénéfices en tirent toute la filière, mais aussi la planète, évidemment. Je vous présente nos experts : Véronique Allaire, directrice de la permacircularité de l'éco-organisme ReFashion. Pascal Denizart, directeur du CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, et Didier Souflet, directeur industriel du groupe IDKids, qui crée et distribue les marques de vêtements pour enfants Okaïdi et Jacadi. Bonjour à tous les trois.

  • Invités

    Bonjour. Bonjour. Bonjour Gilles Halais.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, quels sont les produits qui peuvent être recyclés ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Ce sont les vêtements, chaussures, linges de maison ménagés, c'est-à-dire de vous et moi, le professionnel n'est pas inclus dedans, et ce sont les produits non réutilisables. Parce qu'on respecte toujours la hiérarchie des modes de traitement des déchets, où le réemploi, c'est-à-dire le fait de réutiliser le vêtement dans sa fonction d'origine, est toujours privilégié.

  • Gilles Halais

    Pascal Denizart, recycler ça passe par collecter et trier.

  • Pascal Denizart

    Sans cette étape, on ne peut pas recycler. C'est pour ça que le CETI a créé le CETIA avec une école de robotique et d'automatisme, parce que là on va rentrer dans de l'automatisation, dans l'intelligence artificielle, pour trier. Et donc monter cette plateforme était indispensable parce que c'est un des éléments qui fera qu'on sera performant sur notre équation économique. Je crois même qu'un modèle hybride intégrant insertion et automatisation et cobotique sera le modèle de demain. Nous travaillons avec le CETIA, main dans la main, pour trouver la bonne équation économique et humaine.

  • Gilles Halais

    Déjà, est-ce qu'on peut donner une nouvelle vie à toutes les matières textiles, ou bien il y a des exceptions ?

  • Pascal Denizart

    Beaucoup de choses sont recyclables. Après, la faisabilité ne doit pas être disjointe de l'équation économique. Notamment, la difficulté va être pour tous les articles qui ont une onduction, c'est-à-dire qui ont un traitement sur la surface, qui va rendre ce recyclage beaucoup plus compliqué parce qu'un appel à la chimie ne doit pas être neutre tant au niveau des coûts que de l'empreinte environnementale.

  • Gilles Halais

    En résumé, on recycle ce que l'on peut techniquement recycler, ce qui est économiquement viable et ce qui ne va pas alourdir l'empreinte environnementale du produit.

  • Pascal Denizart

    Absolument.

  • Gilles Halais

    Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre et les différentes étapes du recyclage ?

  • Pascal Denizart

    Il y a trois technologies qui peuvent être mises en œuvre aujourd'hui. Ce qu'on appelle le recyclage mécanique, qui va à un moment donné récupérer de la matière première et qui va l'effilocher, c'est-à-dire qu'on va arracher les fibres pour pouvoir avoir des applications textiles, soit en entissé, soit refaire un fil avec une opération de filature. Le recyclage thermomécanique, c'est-à-dire la chaleur, c'est valable pour les matières synthétiques, toutes les matières que l'on peut faire fondre et que l'on peut regranuler, c'est-à-dire que l'on va densifier le déchet textile pour pouvoir le filtrer et régénérer des granulés, c'est valable pour le polyester, le polyamide et toutes les fibres synthétiques.

  • Gilles Halais

    Donc recyclage mécanique, recyclage thermomécanique ?

  • Pascal Denizart

    Et puis il y a la troisième technologie qui est le recyclage chimique. Avec plusieurs types de recyclage chimique, on va être simple, il y en a deux aujourd'hui qui sont importantes. Soit on va dissoudre la matière et puis la régénérer ensuite, soit on va, avec des enzymes, sélectionner un des composants, par exemple le polyester, pour pouvoir le récupérer. Par contre, ces trois voies technologiques impliquent avant, et c'est très important, de trier la matière qui va être à recycler par composition, par couleur, et de démanteler lorsqu'il y a des boutons, des fermetures à glissière, pour pouvoir avoir une matière qui soit prête à être recyclée.

  • Gilles Halais

    Et comment devenir toutes ces matières une fois recyclées ? Pas seulement des vêtements, je crois.

  • Pascal Denizart

    Effectivement, et je dirais même que ce qu'on appelle la boucle ouverte, c'est-à-dire à un moment donné de récupérer le matériau fibreux et d'en faire un isolant, un isolant thermique, un isolant acoustique, voire de l'utiliser à des usages techniques, par exemple de la décoration, par rapport aux milliers de tonnes. de vêtements usagés que l'on a et de gisements que l'on a disponibles, c'est une voie importante. Derrière, effectivement, le graal, c'est d'avoir une longueur de fibre suffisamment longue lorsqu'on est en recyclage mécanique ou des filaments de très bonne qualité lorsqu'on est en recyclage thermomécanique pour refaire... un filament ou un fil, et donc repasser en boucle fermée, en économie circulaire, pour arriver à refaire un vêtement.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, vous avez aussi un exemple extrêmement vertueux de recyclage accompagné par Refashion.

  • Véronique Allaire-Spizer

    C'est un exemple de recyclage en mélange, et c'est très important parce qu'il y a plein de matières dans nos vêtements, dans nos chaussures, c'est plein de matières différentes. Et l'idée, c'est de faire un matériau qui ressemble à du MDF.

  • Gilles Halais

    Si je comprends bien Véronique, on utilise de la matière textile recyclée pour créer un matériau qui sera lui-même recyclable et ce matériau peut se substituer au MDF, ces fameux panneaux de bois agglomérés qui eux n'étaient pas recyclables. C'est donc effectivement en tout point extrêmement vertueux.

  • Véronique Allaire-Spizer

    Donc c'est un super projet dont on a soutenu la recherche et dont on a soutenu aussi la phase pilote pour passer à l'étape industrielle et on est en train de finir son soutien, il s'appelle Tissium. Et donc c'est un projet sur lequel on a pas mal d'espérance, parce que justement il va être à même de consommer beaucoup de gisements, beaucoup de volumes en mélange, donc c'est un gros atout pour la filière.

  • Gilles Halais

    Didier Souflet, augmenter la part du recyclage, ça passe par l'innovation. En 2020, Okaïdi a lancé en partenariat avec le CETI, deux t-shirts fabriqués à 60% en coton recyclé et 40% en coton bio. Quel retour d'expérience sur cette grande première ?

  • Didier Souflet

    C'est un retour qu'on peut qualifier de positif. On a mis la marque très haut au départ puisque nous avons voulu réaliser quelque chose en 100% coton. Et vous citez 60% de coton recyclé, il faut préciser que c'est un coton recyclé qui vient de textiles usagés. Et ça c'est très important, puisque techniquement c'est beaucoup plus difficile à réaliser.

  • Gilles Halais

    Ça veut dire que vous allez monter en puissance sur le recyclage, avec quels objectifs ?

  • Didier Souflet

    Dans cette première expérience, nous avions produit à peu près 30 000 pièces que nous avons vendues. Nous avons été jusqu'au bout de l'exercice. Et notre objectif, il est très clair, il est qu'en 2027, 50% de nos matières soient des matières éco-certifiées, dont une grande partie viendra du recyclage. Recyclage qui pourra venir de textiles usagés, ce qui pourra venir aussi d'autres formes de recyclage, ce qu'on appelle "pré-consumer", c'est les chutes de production d'usines. Donc on va tester tous les avantages possibles de solutions, de manière à ce que le tonnage global de matières éco-certifiées et recyclées augmente. Donc oui, nous souhaitons développer l'exercice, en étant peut-être un peu plus pragmatique, c'est-à-dire en testant différentes solutions techniques, des mélanges coton-polyester, peut-être ajuster la cible. Un peu en dessous de 60% pour obtenir un toucher de la matière un peu plus en adéquation avec ce qu'attend le client. Notre objectif, c'est de grimper en tonnage de matière recyclée d'une manière générale.

  • Gilles Halais

    Et ce t-shirt en coton recyclé, ça reste un produit de grande qualité ?

  • Didier Souflet

    Aucune compromission là-dessus, c'était inenvisageable. Tout ce qui concerne les standards de durabilité physique ou de durabilité des couleurs sont strictement les mêmes que sur notre gamme traditionnelle. Tout n'est pas parfait évidemment dans ce test. On a noté un toucher légèrement différent, un visuel qui peut être un petit peu plus rugueux, et c'est sur ces aspects-là qu'on travaille pour arriver à quelque chose d'identique à la vue, au toucher, et dans tous les tests laboratoires possibles.

  • Gilles Halais

    Plus cher, moins cher qu'un t-shirt en coton non recyclé ?

  • Didier Souflet

    Il est vendu un peu plus cher, puisque le coût de fabrication est un peu plus élevé. Collecter la matière, la trier, la traiter, la préparer pour refaire du fil, aujourd'hui revient plus cher que de prendre du coton vierge. C'est d'ailleurs un défi, à mon avis, c'est d'arriver à... industrialiser ce processus et de manière à ramener les couches aussi proches que possible que l'utilisation d'une matière vierge.

  • Gilles Halais

    Ce t-shirt en coton recyclé a été mis au point sur une plateforme d'innovation du recyclage mécanique créée par le CETI en 2019. Pascal Denizart, est-ce qu'il y en a eu d'autres depuis ?

  • Pascal Denizart

    Depuis, nous avons mis en place une plateforme pour le recyclage des synthétiques par la chaleur, recyclage thermomécanique et nous allons avoir à la fin de cette année 2024 une plateforme de recyclage chimique qui va permettre de travailler toutes les matières végétales, de la cellulose régénérée aux protéines animales, ce qu'on appelle les fibres artificielles, qui sont un des vecteurs de développement très importants aujourd'hui en Europe.

  • Gilles Halais

    Le CETI ouvre donc la voie par l'innovation, et vous devez ensuite trouver des industriels qui vont se saisir de ces innovations pour les développer à grande échelle.

  • Pascal Denizart

    Tout à fait. Nous, nous construisons des démonstrateurs à l'échelle pilote industrielle, c'est-à-dire qu'un processus mis au point au CETI, il est transférable au monde industriel, évidemment, il faut là trouver des entrepreneurs. Par exemple, la plateforme de recyclage mécanique sur laquelle on a un peu plus de recul, des projets comme Renaissance en Mayenne, des projets comme Nouvelles Fibres ont été construits avec le support du transfert technologique du CETI. Notre vocation, c'est vraiment de faire un transfert industriel de ce qui est développé. Par contre, il faut trouver des entrepreneurs qui prennent le risque.

  • Gilles Halais

    Quels sont les principaux défis techniques à relever aujourd'hui ?

  • Pascal Denizart

    Ce qui est compliqué, c'est cette phase de transfert industriel. Il faut absolument que cette nouvelle filière industrielle aille être plus vite dans la construction. On s'adresse là à un transfert sur des unités capitalistiques, il y a des investissements. Donc le principal frein, c'est de passer d'un modèle économique de collecte, tri et de réemploi, à un modèle économique qui s'oriente vers le recyclage. Pour cela, il faut que les entreprises aient les moyens d'investir, c'est la principale difficulté. Ensuite, au-delà du recyclage mécanique, le recyclage thermomécanique et le recyclage chimique qui en sont à leurs balbutiements en France. Il faut aller plus vite et surtout s'appuyer sur l'Europe, puisque l'Europe avance vite aussi, notamment l'Europe du Nord, et donc rentrer dans cette dynamique européenne avec toutes les possibilités qu'offre aussi l'écosystème textile au niveau européen et pas uniquement l'écosystème sur nos territoires, qui serait réducteur par rapport au potentiel.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, qui finance les différentes étapes du recyclage et à quelle hauteur ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Justement, ce sont les metteurs en marché qui financent aujourd'hui. Ça permet tout d'abord un soutien à l'ensemble de la filière qui est versée aux opérateurs de tri pour financer l'approvisionnement, qui donc est la collecte, jusqu'à la fin de vie. Mais ça contribue à toute la filière, parce que ça leur permet d'acheter de la collecte à un certain prix de marché et donc de permettre à des collecteurs d'avoir des revenus. Et ça vient compenser ce coût du recyclage. Parce que, comme je vous le disais, le recyclage a un coût, et donc pour qu'ils acceptent de le faire et qu'ils ne mettent pas tout en déchet, il faut les aider et donc accompagner ce phénomène.

  • Gilles Halais

    Didier Soufflet, comment les produits en matière recyclée sont-ils mis en valeur dans les points de vente ? C'est d'ailleurs important de l'expliquer aux clients ?

  • Didier Souflet

    Oui, c'est important puisqu'il faut le faire savoir, évidemment, puisque le but c'est d'aussi être pédagogique avec nos clients et lui expliquer qu'utiliser une matière recyclée, ce n'est pas dangereux, c'est quelque chose qui correspond au même standard qualité. Nous, on utilise notre label EKO (E-K-O), qui est le label d'Okaïdi, qui rassemble l'ensemble de nos engagements pour la planète en faveur de l'environnement. Et donc, la partie recyclée rentre dans ce label. On vient expliquer sur notre site internet, si vous allez cliquer aujourd'hui sur un produit, vous verrez si un produit contient une partie de recyclé, et vous verrez l'ensemble de la chaîne de traçabilité, où est-ce qu'il a été fabriqué, et l'impact au CO2 que le produit a pu générer.

  • Gilles Halais

    Et les réactions de vos clients ?

  • Didier Souflet

    Certains sont enthousiastes, certains ne voient pas la différence et ont acheté ça un peu par hasard. On continue le travail pédagogique et le travail de mise en avant de l'intérêt en termes d'impact CO2 et d'intérêt environnemental pour faire du recyclage finalement la norme de l'avenir.

  • Véronique Allaire-Spizer

    L'objectif de la filière, c'est d'abord de détourner les déchets des ordures ménagères où ils sont brûlés ou enfouis, ce qui est dramatique. Et donc, toutes les autres solutions sont mieux que de brûler ou d'enfouir parce que c'est de l'impact environnemental direct et c'est de la destruction de valeur directe. L'objectif, c'est de monter à plus de 400 000 tonnes. Donc, c'est un objectif très ambitieux parce que c'est ça d'ici 2028. Et pour ça, il faut qu'on accompagne l'industrialisation du recyclage parce que le recyclage aujourd'hui se passe beaucoup à l'étranger. Il y a de gros enjeux pour garder ces ressources en France et donc, on accompagne cette industrialisation ici en France ou juste à côté de la France dans les pays limitrophes.

  • Gilles Halais

    400 000 tonnes de matières recyclées sur les 800 000 tonnes de vêtements vendus chaque année. On a là aussi une opportunité de marché, de création de valeur pour la France. Mais est-ce qu'on peut être compétitif sur ce marché, Pascal Denizart ?

  • Pascal Denizart

    Alors, non seulement nous sommes compétitifs, mais nous sommes pionniers. Nous avons aujourd'hui des demandes de l'Europe, voire des Etats-Unis, pour travailler notamment avec certaines marques sur des sujets de recyclage. Nous avons une vraie expérience. Nous sommes un pays de mode, un pays de luxe aussi, donc nous avons tous les débouchés et donc tous les cahiers des charges potentiellement avec nos metteurs en marché. C'est un point important notamment par rapport aux autres pays d'Europe du Nord. Ensuite, nous avons des ressources, nous avons on va dire le premier co-organisme aujourd'hui en Europe avec Refashion, et nous avons aussi, lorsqu'on va parler de biomasse, quand on va parler de biosourcés, nous avons des ressources végétales issues des coproduits d'agriculture qui sont évidemment très importantes pour le futur. Donc nous avons à la fois l'amont, l'aval et la R&D, puisque nous sommes aujourd'hui la seule plateforme en Europe à avoir les trois méthodes de recyclage, aujourd'hui en démonstration, donc nous avons la possibilité de prendre un véritable avantage concurrentiel.

  • Gilles Halais

    Est-ce qu'un vêtement en matière recyclée produit moins de gaz à effet de serre qu'un autre ?

  • Pascal Denizart

    La réponse est oui. Si je prends par exemple un modèle équivalent, on va prendre un pantalon classique, on va diminuer de 90% l'empreinte carbone avec un pantalon recyclé en France. C'est-à-dire qu'on capitalise à la fois sur une ressource de notre territoire et puis aussi sur notre énergie décarbonée, parce que tous les procédés de recyclage sont essentiellement avec des consommations électriques et nous avons en France une industrie décarbonée à ce sujet. Dans tous les cas, la fibre recyclée a une empreinte carbone, c'est assez spectaculaire quand on mesure, bien plus favorable qu'un article élaboré de façon classique. N'oublions pas... qu'il n'y a pas que l'emprunt de carbone, il y a aussi la consommation d'eau, quand on utilise les matières vierges, ainsi que les autres paramètres environnementaux. Et sur l'ensemble des paramètres environnementaux, la fibre recyclée est plus vertueuse.

  • Gilles Halais

    En plus, on arrive à créer de la valeur avec un produit qui, à la base, n'aura même pas forcément été fabriqué en France.

  • Pascal Denizart

    Exactement. Non seulement il y a un enjeu environnemental, mais il y a un enjeu sociétal. Et cet enjeu sociétal d'une filière autour du recyclé, c'est le grand défi que notre pays peut conduire avec succès dans les prochaines années.

  • Gilles Halais

    Merci à tous les trois, Véronique Allaire, Pascal Denizart, Didier Soufflet. La montée en puissance du recyclage, c'est aussi l'affaire de chacun. Au lieu de les mettre en déchetterie, à nous d'aller déposer nos articles usagés, vêtements, chaussures, linges de maison, dans l'un des 47 000 points de collecte. Vous pouvez retrouver la liste de tous ces points de collecte sur le site de l'éco-organisme ReFashion, refashion.fr. N'hésitez pas à commenter, à partager ce podcast pour inciter au recyclage et rendez-vous très vite pour un nouvel épisode de En mode Innovation qui sera consacré à la traçabilité. À très bientôt

  • Voix off

    En mode Innovation. Le podcast de l'Alliance du Commerce.

Share

Embed

You may also like

Description

Focus sur le recyclage dans ce troisième épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce ! Quels sont les produits qui peuvent être recyclés ? Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre ? Quels sont les défis à relever pour développer le recyclage de manière compétitive ?


Dans cet épisode, nous recevons :

Véronique ALLAIRE-SPIZER – Directrice de la perma-circularité de l’éco-organisme REFASHION

Pascal DENIZART – Directeur du CETI, le Centre européen des textiles innovants

Didier SOUFLET – Directeur industriel d’IDKIDS

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gilles Halais

    (Voix off) En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce. Troisième épisode de notre podcast qui vous emmène dans les coulisses des grandes marques de la mode et de leur stratégie de transformation. Bonjour à toutes et à tous, c'est Gilles Halais et je suis ravi de vous retrouver. Aujourd'hui, grâce à nos invités, vous allez en apprendre beaucoup sur les technologies développées pour donner une nouvelle vie aux vêtements et aux chaussures usagées, une nouvelle valeur économique, tout en participant à la transition écologique à l'échelle mondiale. On va parler de recyclage. En 2022, 260 000 tonnes de produits textiles usagés ont été collectées, ce qui représente près de 4 kg par habitant récupérés dans les 47 000 points de collecte. Un quart de ces produits a été recyclé. On va voir comment, à quelle fin, quels sont les enjeux et les ambitions de cette économie circulaire et quels bénéfices en tirent toute la filière, mais aussi la planète, évidemment. Je vous présente nos experts : Véronique Allaire, directrice de la permacircularité de l'éco-organisme ReFashion. Pascal Denizart, directeur du CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, et Didier Souflet, directeur industriel du groupe IDKids, qui crée et distribue les marques de vêtements pour enfants Okaïdi et Jacadi. Bonjour à tous les trois.

  • Invités

    Bonjour. Bonjour. Bonjour Gilles Halais.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, quels sont les produits qui peuvent être recyclés ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Ce sont les vêtements, chaussures, linges de maison ménagés, c'est-à-dire de vous et moi, le professionnel n'est pas inclus dedans, et ce sont les produits non réutilisables. Parce qu'on respecte toujours la hiérarchie des modes de traitement des déchets, où le réemploi, c'est-à-dire le fait de réutiliser le vêtement dans sa fonction d'origine, est toujours privilégié.

  • Gilles Halais

    Pascal Denizart, recycler ça passe par collecter et trier.

  • Pascal Denizart

    Sans cette étape, on ne peut pas recycler. C'est pour ça que le CETI a créé le CETIA avec une école de robotique et d'automatisme, parce que là on va rentrer dans de l'automatisation, dans l'intelligence artificielle, pour trier. Et donc monter cette plateforme était indispensable parce que c'est un des éléments qui fera qu'on sera performant sur notre équation économique. Je crois même qu'un modèle hybride intégrant insertion et automatisation et cobotique sera le modèle de demain. Nous travaillons avec le CETIA, main dans la main, pour trouver la bonne équation économique et humaine.

  • Gilles Halais

    Déjà, est-ce qu'on peut donner une nouvelle vie à toutes les matières textiles, ou bien il y a des exceptions ?

  • Pascal Denizart

    Beaucoup de choses sont recyclables. Après, la faisabilité ne doit pas être disjointe de l'équation économique. Notamment, la difficulté va être pour tous les articles qui ont une onduction, c'est-à-dire qui ont un traitement sur la surface, qui va rendre ce recyclage beaucoup plus compliqué parce qu'un appel à la chimie ne doit pas être neutre tant au niveau des coûts que de l'empreinte environnementale.

  • Gilles Halais

    En résumé, on recycle ce que l'on peut techniquement recycler, ce qui est économiquement viable et ce qui ne va pas alourdir l'empreinte environnementale du produit.

  • Pascal Denizart

    Absolument.

  • Gilles Halais

    Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre et les différentes étapes du recyclage ?

  • Pascal Denizart

    Il y a trois technologies qui peuvent être mises en œuvre aujourd'hui. Ce qu'on appelle le recyclage mécanique, qui va à un moment donné récupérer de la matière première et qui va l'effilocher, c'est-à-dire qu'on va arracher les fibres pour pouvoir avoir des applications textiles, soit en entissé, soit refaire un fil avec une opération de filature. Le recyclage thermomécanique, c'est-à-dire la chaleur, c'est valable pour les matières synthétiques, toutes les matières que l'on peut faire fondre et que l'on peut regranuler, c'est-à-dire que l'on va densifier le déchet textile pour pouvoir le filtrer et régénérer des granulés, c'est valable pour le polyester, le polyamide et toutes les fibres synthétiques.

  • Gilles Halais

    Donc recyclage mécanique, recyclage thermomécanique ?

  • Pascal Denizart

    Et puis il y a la troisième technologie qui est le recyclage chimique. Avec plusieurs types de recyclage chimique, on va être simple, il y en a deux aujourd'hui qui sont importantes. Soit on va dissoudre la matière et puis la régénérer ensuite, soit on va, avec des enzymes, sélectionner un des composants, par exemple le polyester, pour pouvoir le récupérer. Par contre, ces trois voies technologiques impliquent avant, et c'est très important, de trier la matière qui va être à recycler par composition, par couleur, et de démanteler lorsqu'il y a des boutons, des fermetures à glissière, pour pouvoir avoir une matière qui soit prête à être recyclée.

  • Gilles Halais

    Et comment devenir toutes ces matières une fois recyclées ? Pas seulement des vêtements, je crois.

  • Pascal Denizart

    Effectivement, et je dirais même que ce qu'on appelle la boucle ouverte, c'est-à-dire à un moment donné de récupérer le matériau fibreux et d'en faire un isolant, un isolant thermique, un isolant acoustique, voire de l'utiliser à des usages techniques, par exemple de la décoration, par rapport aux milliers de tonnes. de vêtements usagés que l'on a et de gisements que l'on a disponibles, c'est une voie importante. Derrière, effectivement, le graal, c'est d'avoir une longueur de fibre suffisamment longue lorsqu'on est en recyclage mécanique ou des filaments de très bonne qualité lorsqu'on est en recyclage thermomécanique pour refaire... un filament ou un fil, et donc repasser en boucle fermée, en économie circulaire, pour arriver à refaire un vêtement.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, vous avez aussi un exemple extrêmement vertueux de recyclage accompagné par Refashion.

  • Véronique Allaire-Spizer

    C'est un exemple de recyclage en mélange, et c'est très important parce qu'il y a plein de matières dans nos vêtements, dans nos chaussures, c'est plein de matières différentes. Et l'idée, c'est de faire un matériau qui ressemble à du MDF.

  • Gilles Halais

    Si je comprends bien Véronique, on utilise de la matière textile recyclée pour créer un matériau qui sera lui-même recyclable et ce matériau peut se substituer au MDF, ces fameux panneaux de bois agglomérés qui eux n'étaient pas recyclables. C'est donc effectivement en tout point extrêmement vertueux.

  • Véronique Allaire-Spizer

    Donc c'est un super projet dont on a soutenu la recherche et dont on a soutenu aussi la phase pilote pour passer à l'étape industrielle et on est en train de finir son soutien, il s'appelle Tissium. Et donc c'est un projet sur lequel on a pas mal d'espérance, parce que justement il va être à même de consommer beaucoup de gisements, beaucoup de volumes en mélange, donc c'est un gros atout pour la filière.

  • Gilles Halais

    Didier Souflet, augmenter la part du recyclage, ça passe par l'innovation. En 2020, Okaïdi a lancé en partenariat avec le CETI, deux t-shirts fabriqués à 60% en coton recyclé et 40% en coton bio. Quel retour d'expérience sur cette grande première ?

  • Didier Souflet

    C'est un retour qu'on peut qualifier de positif. On a mis la marque très haut au départ puisque nous avons voulu réaliser quelque chose en 100% coton. Et vous citez 60% de coton recyclé, il faut préciser que c'est un coton recyclé qui vient de textiles usagés. Et ça c'est très important, puisque techniquement c'est beaucoup plus difficile à réaliser.

  • Gilles Halais

    Ça veut dire que vous allez monter en puissance sur le recyclage, avec quels objectifs ?

  • Didier Souflet

    Dans cette première expérience, nous avions produit à peu près 30 000 pièces que nous avons vendues. Nous avons été jusqu'au bout de l'exercice. Et notre objectif, il est très clair, il est qu'en 2027, 50% de nos matières soient des matières éco-certifiées, dont une grande partie viendra du recyclage. Recyclage qui pourra venir de textiles usagés, ce qui pourra venir aussi d'autres formes de recyclage, ce qu'on appelle "pré-consumer", c'est les chutes de production d'usines. Donc on va tester tous les avantages possibles de solutions, de manière à ce que le tonnage global de matières éco-certifiées et recyclées augmente. Donc oui, nous souhaitons développer l'exercice, en étant peut-être un peu plus pragmatique, c'est-à-dire en testant différentes solutions techniques, des mélanges coton-polyester, peut-être ajuster la cible. Un peu en dessous de 60% pour obtenir un toucher de la matière un peu plus en adéquation avec ce qu'attend le client. Notre objectif, c'est de grimper en tonnage de matière recyclée d'une manière générale.

  • Gilles Halais

    Et ce t-shirt en coton recyclé, ça reste un produit de grande qualité ?

  • Didier Souflet

    Aucune compromission là-dessus, c'était inenvisageable. Tout ce qui concerne les standards de durabilité physique ou de durabilité des couleurs sont strictement les mêmes que sur notre gamme traditionnelle. Tout n'est pas parfait évidemment dans ce test. On a noté un toucher légèrement différent, un visuel qui peut être un petit peu plus rugueux, et c'est sur ces aspects-là qu'on travaille pour arriver à quelque chose d'identique à la vue, au toucher, et dans tous les tests laboratoires possibles.

  • Gilles Halais

    Plus cher, moins cher qu'un t-shirt en coton non recyclé ?

  • Didier Souflet

    Il est vendu un peu plus cher, puisque le coût de fabrication est un peu plus élevé. Collecter la matière, la trier, la traiter, la préparer pour refaire du fil, aujourd'hui revient plus cher que de prendre du coton vierge. C'est d'ailleurs un défi, à mon avis, c'est d'arriver à... industrialiser ce processus et de manière à ramener les couches aussi proches que possible que l'utilisation d'une matière vierge.

  • Gilles Halais

    Ce t-shirt en coton recyclé a été mis au point sur une plateforme d'innovation du recyclage mécanique créée par le CETI en 2019. Pascal Denizart, est-ce qu'il y en a eu d'autres depuis ?

  • Pascal Denizart

    Depuis, nous avons mis en place une plateforme pour le recyclage des synthétiques par la chaleur, recyclage thermomécanique et nous allons avoir à la fin de cette année 2024 une plateforme de recyclage chimique qui va permettre de travailler toutes les matières végétales, de la cellulose régénérée aux protéines animales, ce qu'on appelle les fibres artificielles, qui sont un des vecteurs de développement très importants aujourd'hui en Europe.

  • Gilles Halais

    Le CETI ouvre donc la voie par l'innovation, et vous devez ensuite trouver des industriels qui vont se saisir de ces innovations pour les développer à grande échelle.

  • Pascal Denizart

    Tout à fait. Nous, nous construisons des démonstrateurs à l'échelle pilote industrielle, c'est-à-dire qu'un processus mis au point au CETI, il est transférable au monde industriel, évidemment, il faut là trouver des entrepreneurs. Par exemple, la plateforme de recyclage mécanique sur laquelle on a un peu plus de recul, des projets comme Renaissance en Mayenne, des projets comme Nouvelles Fibres ont été construits avec le support du transfert technologique du CETI. Notre vocation, c'est vraiment de faire un transfert industriel de ce qui est développé. Par contre, il faut trouver des entrepreneurs qui prennent le risque.

  • Gilles Halais

    Quels sont les principaux défis techniques à relever aujourd'hui ?

  • Pascal Denizart

    Ce qui est compliqué, c'est cette phase de transfert industriel. Il faut absolument que cette nouvelle filière industrielle aille être plus vite dans la construction. On s'adresse là à un transfert sur des unités capitalistiques, il y a des investissements. Donc le principal frein, c'est de passer d'un modèle économique de collecte, tri et de réemploi, à un modèle économique qui s'oriente vers le recyclage. Pour cela, il faut que les entreprises aient les moyens d'investir, c'est la principale difficulté. Ensuite, au-delà du recyclage mécanique, le recyclage thermomécanique et le recyclage chimique qui en sont à leurs balbutiements en France. Il faut aller plus vite et surtout s'appuyer sur l'Europe, puisque l'Europe avance vite aussi, notamment l'Europe du Nord, et donc rentrer dans cette dynamique européenne avec toutes les possibilités qu'offre aussi l'écosystème textile au niveau européen et pas uniquement l'écosystème sur nos territoires, qui serait réducteur par rapport au potentiel.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, qui finance les différentes étapes du recyclage et à quelle hauteur ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Justement, ce sont les metteurs en marché qui financent aujourd'hui. Ça permet tout d'abord un soutien à l'ensemble de la filière qui est versée aux opérateurs de tri pour financer l'approvisionnement, qui donc est la collecte, jusqu'à la fin de vie. Mais ça contribue à toute la filière, parce que ça leur permet d'acheter de la collecte à un certain prix de marché et donc de permettre à des collecteurs d'avoir des revenus. Et ça vient compenser ce coût du recyclage. Parce que, comme je vous le disais, le recyclage a un coût, et donc pour qu'ils acceptent de le faire et qu'ils ne mettent pas tout en déchet, il faut les aider et donc accompagner ce phénomène.

  • Gilles Halais

    Didier Soufflet, comment les produits en matière recyclée sont-ils mis en valeur dans les points de vente ? C'est d'ailleurs important de l'expliquer aux clients ?

  • Didier Souflet

    Oui, c'est important puisqu'il faut le faire savoir, évidemment, puisque le but c'est d'aussi être pédagogique avec nos clients et lui expliquer qu'utiliser une matière recyclée, ce n'est pas dangereux, c'est quelque chose qui correspond au même standard qualité. Nous, on utilise notre label EKO (E-K-O), qui est le label d'Okaïdi, qui rassemble l'ensemble de nos engagements pour la planète en faveur de l'environnement. Et donc, la partie recyclée rentre dans ce label. On vient expliquer sur notre site internet, si vous allez cliquer aujourd'hui sur un produit, vous verrez si un produit contient une partie de recyclé, et vous verrez l'ensemble de la chaîne de traçabilité, où est-ce qu'il a été fabriqué, et l'impact au CO2 que le produit a pu générer.

  • Gilles Halais

    Et les réactions de vos clients ?

  • Didier Souflet

    Certains sont enthousiastes, certains ne voient pas la différence et ont acheté ça un peu par hasard. On continue le travail pédagogique et le travail de mise en avant de l'intérêt en termes d'impact CO2 et d'intérêt environnemental pour faire du recyclage finalement la norme de l'avenir.

  • Véronique Allaire-Spizer

    L'objectif de la filière, c'est d'abord de détourner les déchets des ordures ménagères où ils sont brûlés ou enfouis, ce qui est dramatique. Et donc, toutes les autres solutions sont mieux que de brûler ou d'enfouir parce que c'est de l'impact environnemental direct et c'est de la destruction de valeur directe. L'objectif, c'est de monter à plus de 400 000 tonnes. Donc, c'est un objectif très ambitieux parce que c'est ça d'ici 2028. Et pour ça, il faut qu'on accompagne l'industrialisation du recyclage parce que le recyclage aujourd'hui se passe beaucoup à l'étranger. Il y a de gros enjeux pour garder ces ressources en France et donc, on accompagne cette industrialisation ici en France ou juste à côté de la France dans les pays limitrophes.

  • Gilles Halais

    400 000 tonnes de matières recyclées sur les 800 000 tonnes de vêtements vendus chaque année. On a là aussi une opportunité de marché, de création de valeur pour la France. Mais est-ce qu'on peut être compétitif sur ce marché, Pascal Denizart ?

  • Pascal Denizart

    Alors, non seulement nous sommes compétitifs, mais nous sommes pionniers. Nous avons aujourd'hui des demandes de l'Europe, voire des Etats-Unis, pour travailler notamment avec certaines marques sur des sujets de recyclage. Nous avons une vraie expérience. Nous sommes un pays de mode, un pays de luxe aussi, donc nous avons tous les débouchés et donc tous les cahiers des charges potentiellement avec nos metteurs en marché. C'est un point important notamment par rapport aux autres pays d'Europe du Nord. Ensuite, nous avons des ressources, nous avons on va dire le premier co-organisme aujourd'hui en Europe avec Refashion, et nous avons aussi, lorsqu'on va parler de biomasse, quand on va parler de biosourcés, nous avons des ressources végétales issues des coproduits d'agriculture qui sont évidemment très importantes pour le futur. Donc nous avons à la fois l'amont, l'aval et la R&D, puisque nous sommes aujourd'hui la seule plateforme en Europe à avoir les trois méthodes de recyclage, aujourd'hui en démonstration, donc nous avons la possibilité de prendre un véritable avantage concurrentiel.

  • Gilles Halais

    Est-ce qu'un vêtement en matière recyclée produit moins de gaz à effet de serre qu'un autre ?

  • Pascal Denizart

    La réponse est oui. Si je prends par exemple un modèle équivalent, on va prendre un pantalon classique, on va diminuer de 90% l'empreinte carbone avec un pantalon recyclé en France. C'est-à-dire qu'on capitalise à la fois sur une ressource de notre territoire et puis aussi sur notre énergie décarbonée, parce que tous les procédés de recyclage sont essentiellement avec des consommations électriques et nous avons en France une industrie décarbonée à ce sujet. Dans tous les cas, la fibre recyclée a une empreinte carbone, c'est assez spectaculaire quand on mesure, bien plus favorable qu'un article élaboré de façon classique. N'oublions pas... qu'il n'y a pas que l'emprunt de carbone, il y a aussi la consommation d'eau, quand on utilise les matières vierges, ainsi que les autres paramètres environnementaux. Et sur l'ensemble des paramètres environnementaux, la fibre recyclée est plus vertueuse.

  • Gilles Halais

    En plus, on arrive à créer de la valeur avec un produit qui, à la base, n'aura même pas forcément été fabriqué en France.

  • Pascal Denizart

    Exactement. Non seulement il y a un enjeu environnemental, mais il y a un enjeu sociétal. Et cet enjeu sociétal d'une filière autour du recyclé, c'est le grand défi que notre pays peut conduire avec succès dans les prochaines années.

  • Gilles Halais

    Merci à tous les trois, Véronique Allaire, Pascal Denizart, Didier Soufflet. La montée en puissance du recyclage, c'est aussi l'affaire de chacun. Au lieu de les mettre en déchetterie, à nous d'aller déposer nos articles usagés, vêtements, chaussures, linges de maison, dans l'un des 47 000 points de collecte. Vous pouvez retrouver la liste de tous ces points de collecte sur le site de l'éco-organisme ReFashion, refashion.fr. N'hésitez pas à commenter, à partager ce podcast pour inciter au recyclage et rendez-vous très vite pour un nouvel épisode de En mode Innovation qui sera consacré à la traçabilité. À très bientôt

  • Voix off

    En mode Innovation. Le podcast de l'Alliance du Commerce.

Description

Focus sur le recyclage dans ce troisième épisode de En mode Innovation, le podcast de l’Alliance du Commerce ! Quels sont les produits qui peuvent être recyclés ? Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre ? Quels sont les défis à relever pour développer le recyclage de manière compétitive ?


Dans cet épisode, nous recevons :

Véronique ALLAIRE-SPIZER – Directrice de la perma-circularité de l’éco-organisme REFASHION

Pascal DENIZART – Directeur du CETI, le Centre européen des textiles innovants

Didier SOUFLET – Directeur industriel d’IDKIDS

 

Réalisé avec le soutien du DEFI, Comité de Développement et de Promotion de l’Habillement.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gilles Halais

    (Voix off) En Mode Innovation, le podcast de l'Alliance du Commerce. Troisième épisode de notre podcast qui vous emmène dans les coulisses des grandes marques de la mode et de leur stratégie de transformation. Bonjour à toutes et à tous, c'est Gilles Halais et je suis ravi de vous retrouver. Aujourd'hui, grâce à nos invités, vous allez en apprendre beaucoup sur les technologies développées pour donner une nouvelle vie aux vêtements et aux chaussures usagées, une nouvelle valeur économique, tout en participant à la transition écologique à l'échelle mondiale. On va parler de recyclage. En 2022, 260 000 tonnes de produits textiles usagés ont été collectées, ce qui représente près de 4 kg par habitant récupérés dans les 47 000 points de collecte. Un quart de ces produits a été recyclé. On va voir comment, à quelle fin, quels sont les enjeux et les ambitions de cette économie circulaire et quels bénéfices en tirent toute la filière, mais aussi la planète, évidemment. Je vous présente nos experts : Véronique Allaire, directrice de la permacircularité de l'éco-organisme ReFashion. Pascal Denizart, directeur du CETI, Centre Européen des Textiles Innovants, et Didier Souflet, directeur industriel du groupe IDKids, qui crée et distribue les marques de vêtements pour enfants Okaïdi et Jacadi. Bonjour à tous les trois.

  • Invités

    Bonjour. Bonjour. Bonjour Gilles Halais.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, quels sont les produits qui peuvent être recyclés ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Ce sont les vêtements, chaussures, linges de maison ménagés, c'est-à-dire de vous et moi, le professionnel n'est pas inclus dedans, et ce sont les produits non réutilisables. Parce qu'on respecte toujours la hiérarchie des modes de traitement des déchets, où le réemploi, c'est-à-dire le fait de réutiliser le vêtement dans sa fonction d'origine, est toujours privilégié.

  • Gilles Halais

    Pascal Denizart, recycler ça passe par collecter et trier.

  • Pascal Denizart

    Sans cette étape, on ne peut pas recycler. C'est pour ça que le CETI a créé le CETIA avec une école de robotique et d'automatisme, parce que là on va rentrer dans de l'automatisation, dans l'intelligence artificielle, pour trier. Et donc monter cette plateforme était indispensable parce que c'est un des éléments qui fera qu'on sera performant sur notre équation économique. Je crois même qu'un modèle hybride intégrant insertion et automatisation et cobotique sera le modèle de demain. Nous travaillons avec le CETIA, main dans la main, pour trouver la bonne équation économique et humaine.

  • Gilles Halais

    Déjà, est-ce qu'on peut donner une nouvelle vie à toutes les matières textiles, ou bien il y a des exceptions ?

  • Pascal Denizart

    Beaucoup de choses sont recyclables. Après, la faisabilité ne doit pas être disjointe de l'équation économique. Notamment, la difficulté va être pour tous les articles qui ont une onduction, c'est-à-dire qui ont un traitement sur la surface, qui va rendre ce recyclage beaucoup plus compliqué parce qu'un appel à la chimie ne doit pas être neutre tant au niveau des coûts que de l'empreinte environnementale.

  • Gilles Halais

    En résumé, on recycle ce que l'on peut techniquement recycler, ce qui est économiquement viable et ce qui ne va pas alourdir l'empreinte environnementale du produit.

  • Pascal Denizart

    Absolument.

  • Gilles Halais

    Quelles sont les différentes techniques mises en œuvre et les différentes étapes du recyclage ?

  • Pascal Denizart

    Il y a trois technologies qui peuvent être mises en œuvre aujourd'hui. Ce qu'on appelle le recyclage mécanique, qui va à un moment donné récupérer de la matière première et qui va l'effilocher, c'est-à-dire qu'on va arracher les fibres pour pouvoir avoir des applications textiles, soit en entissé, soit refaire un fil avec une opération de filature. Le recyclage thermomécanique, c'est-à-dire la chaleur, c'est valable pour les matières synthétiques, toutes les matières que l'on peut faire fondre et que l'on peut regranuler, c'est-à-dire que l'on va densifier le déchet textile pour pouvoir le filtrer et régénérer des granulés, c'est valable pour le polyester, le polyamide et toutes les fibres synthétiques.

  • Gilles Halais

    Donc recyclage mécanique, recyclage thermomécanique ?

  • Pascal Denizart

    Et puis il y a la troisième technologie qui est le recyclage chimique. Avec plusieurs types de recyclage chimique, on va être simple, il y en a deux aujourd'hui qui sont importantes. Soit on va dissoudre la matière et puis la régénérer ensuite, soit on va, avec des enzymes, sélectionner un des composants, par exemple le polyester, pour pouvoir le récupérer. Par contre, ces trois voies technologiques impliquent avant, et c'est très important, de trier la matière qui va être à recycler par composition, par couleur, et de démanteler lorsqu'il y a des boutons, des fermetures à glissière, pour pouvoir avoir une matière qui soit prête à être recyclée.

  • Gilles Halais

    Et comment devenir toutes ces matières une fois recyclées ? Pas seulement des vêtements, je crois.

  • Pascal Denizart

    Effectivement, et je dirais même que ce qu'on appelle la boucle ouverte, c'est-à-dire à un moment donné de récupérer le matériau fibreux et d'en faire un isolant, un isolant thermique, un isolant acoustique, voire de l'utiliser à des usages techniques, par exemple de la décoration, par rapport aux milliers de tonnes. de vêtements usagés que l'on a et de gisements que l'on a disponibles, c'est une voie importante. Derrière, effectivement, le graal, c'est d'avoir une longueur de fibre suffisamment longue lorsqu'on est en recyclage mécanique ou des filaments de très bonne qualité lorsqu'on est en recyclage thermomécanique pour refaire... un filament ou un fil, et donc repasser en boucle fermée, en économie circulaire, pour arriver à refaire un vêtement.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, vous avez aussi un exemple extrêmement vertueux de recyclage accompagné par Refashion.

  • Véronique Allaire-Spizer

    C'est un exemple de recyclage en mélange, et c'est très important parce qu'il y a plein de matières dans nos vêtements, dans nos chaussures, c'est plein de matières différentes. Et l'idée, c'est de faire un matériau qui ressemble à du MDF.

  • Gilles Halais

    Si je comprends bien Véronique, on utilise de la matière textile recyclée pour créer un matériau qui sera lui-même recyclable et ce matériau peut se substituer au MDF, ces fameux panneaux de bois agglomérés qui eux n'étaient pas recyclables. C'est donc effectivement en tout point extrêmement vertueux.

  • Véronique Allaire-Spizer

    Donc c'est un super projet dont on a soutenu la recherche et dont on a soutenu aussi la phase pilote pour passer à l'étape industrielle et on est en train de finir son soutien, il s'appelle Tissium. Et donc c'est un projet sur lequel on a pas mal d'espérance, parce que justement il va être à même de consommer beaucoup de gisements, beaucoup de volumes en mélange, donc c'est un gros atout pour la filière.

  • Gilles Halais

    Didier Souflet, augmenter la part du recyclage, ça passe par l'innovation. En 2020, Okaïdi a lancé en partenariat avec le CETI, deux t-shirts fabriqués à 60% en coton recyclé et 40% en coton bio. Quel retour d'expérience sur cette grande première ?

  • Didier Souflet

    C'est un retour qu'on peut qualifier de positif. On a mis la marque très haut au départ puisque nous avons voulu réaliser quelque chose en 100% coton. Et vous citez 60% de coton recyclé, il faut préciser que c'est un coton recyclé qui vient de textiles usagés. Et ça c'est très important, puisque techniquement c'est beaucoup plus difficile à réaliser.

  • Gilles Halais

    Ça veut dire que vous allez monter en puissance sur le recyclage, avec quels objectifs ?

  • Didier Souflet

    Dans cette première expérience, nous avions produit à peu près 30 000 pièces que nous avons vendues. Nous avons été jusqu'au bout de l'exercice. Et notre objectif, il est très clair, il est qu'en 2027, 50% de nos matières soient des matières éco-certifiées, dont une grande partie viendra du recyclage. Recyclage qui pourra venir de textiles usagés, ce qui pourra venir aussi d'autres formes de recyclage, ce qu'on appelle "pré-consumer", c'est les chutes de production d'usines. Donc on va tester tous les avantages possibles de solutions, de manière à ce que le tonnage global de matières éco-certifiées et recyclées augmente. Donc oui, nous souhaitons développer l'exercice, en étant peut-être un peu plus pragmatique, c'est-à-dire en testant différentes solutions techniques, des mélanges coton-polyester, peut-être ajuster la cible. Un peu en dessous de 60% pour obtenir un toucher de la matière un peu plus en adéquation avec ce qu'attend le client. Notre objectif, c'est de grimper en tonnage de matière recyclée d'une manière générale.

  • Gilles Halais

    Et ce t-shirt en coton recyclé, ça reste un produit de grande qualité ?

  • Didier Souflet

    Aucune compromission là-dessus, c'était inenvisageable. Tout ce qui concerne les standards de durabilité physique ou de durabilité des couleurs sont strictement les mêmes que sur notre gamme traditionnelle. Tout n'est pas parfait évidemment dans ce test. On a noté un toucher légèrement différent, un visuel qui peut être un petit peu plus rugueux, et c'est sur ces aspects-là qu'on travaille pour arriver à quelque chose d'identique à la vue, au toucher, et dans tous les tests laboratoires possibles.

  • Gilles Halais

    Plus cher, moins cher qu'un t-shirt en coton non recyclé ?

  • Didier Souflet

    Il est vendu un peu plus cher, puisque le coût de fabrication est un peu plus élevé. Collecter la matière, la trier, la traiter, la préparer pour refaire du fil, aujourd'hui revient plus cher que de prendre du coton vierge. C'est d'ailleurs un défi, à mon avis, c'est d'arriver à... industrialiser ce processus et de manière à ramener les couches aussi proches que possible que l'utilisation d'une matière vierge.

  • Gilles Halais

    Ce t-shirt en coton recyclé a été mis au point sur une plateforme d'innovation du recyclage mécanique créée par le CETI en 2019. Pascal Denizart, est-ce qu'il y en a eu d'autres depuis ?

  • Pascal Denizart

    Depuis, nous avons mis en place une plateforme pour le recyclage des synthétiques par la chaleur, recyclage thermomécanique et nous allons avoir à la fin de cette année 2024 une plateforme de recyclage chimique qui va permettre de travailler toutes les matières végétales, de la cellulose régénérée aux protéines animales, ce qu'on appelle les fibres artificielles, qui sont un des vecteurs de développement très importants aujourd'hui en Europe.

  • Gilles Halais

    Le CETI ouvre donc la voie par l'innovation, et vous devez ensuite trouver des industriels qui vont se saisir de ces innovations pour les développer à grande échelle.

  • Pascal Denizart

    Tout à fait. Nous, nous construisons des démonstrateurs à l'échelle pilote industrielle, c'est-à-dire qu'un processus mis au point au CETI, il est transférable au monde industriel, évidemment, il faut là trouver des entrepreneurs. Par exemple, la plateforme de recyclage mécanique sur laquelle on a un peu plus de recul, des projets comme Renaissance en Mayenne, des projets comme Nouvelles Fibres ont été construits avec le support du transfert technologique du CETI. Notre vocation, c'est vraiment de faire un transfert industriel de ce qui est développé. Par contre, il faut trouver des entrepreneurs qui prennent le risque.

  • Gilles Halais

    Quels sont les principaux défis techniques à relever aujourd'hui ?

  • Pascal Denizart

    Ce qui est compliqué, c'est cette phase de transfert industriel. Il faut absolument que cette nouvelle filière industrielle aille être plus vite dans la construction. On s'adresse là à un transfert sur des unités capitalistiques, il y a des investissements. Donc le principal frein, c'est de passer d'un modèle économique de collecte, tri et de réemploi, à un modèle économique qui s'oriente vers le recyclage. Pour cela, il faut que les entreprises aient les moyens d'investir, c'est la principale difficulté. Ensuite, au-delà du recyclage mécanique, le recyclage thermomécanique et le recyclage chimique qui en sont à leurs balbutiements en France. Il faut aller plus vite et surtout s'appuyer sur l'Europe, puisque l'Europe avance vite aussi, notamment l'Europe du Nord, et donc rentrer dans cette dynamique européenne avec toutes les possibilités qu'offre aussi l'écosystème textile au niveau européen et pas uniquement l'écosystème sur nos territoires, qui serait réducteur par rapport au potentiel.

  • Gilles Halais

    Véronique Allaire, qui finance les différentes étapes du recyclage et à quelle hauteur ?

  • Véronique Allaire-Spizer

    Justement, ce sont les metteurs en marché qui financent aujourd'hui. Ça permet tout d'abord un soutien à l'ensemble de la filière qui est versée aux opérateurs de tri pour financer l'approvisionnement, qui donc est la collecte, jusqu'à la fin de vie. Mais ça contribue à toute la filière, parce que ça leur permet d'acheter de la collecte à un certain prix de marché et donc de permettre à des collecteurs d'avoir des revenus. Et ça vient compenser ce coût du recyclage. Parce que, comme je vous le disais, le recyclage a un coût, et donc pour qu'ils acceptent de le faire et qu'ils ne mettent pas tout en déchet, il faut les aider et donc accompagner ce phénomène.

  • Gilles Halais

    Didier Soufflet, comment les produits en matière recyclée sont-ils mis en valeur dans les points de vente ? C'est d'ailleurs important de l'expliquer aux clients ?

  • Didier Souflet

    Oui, c'est important puisqu'il faut le faire savoir, évidemment, puisque le but c'est d'aussi être pédagogique avec nos clients et lui expliquer qu'utiliser une matière recyclée, ce n'est pas dangereux, c'est quelque chose qui correspond au même standard qualité. Nous, on utilise notre label EKO (E-K-O), qui est le label d'Okaïdi, qui rassemble l'ensemble de nos engagements pour la planète en faveur de l'environnement. Et donc, la partie recyclée rentre dans ce label. On vient expliquer sur notre site internet, si vous allez cliquer aujourd'hui sur un produit, vous verrez si un produit contient une partie de recyclé, et vous verrez l'ensemble de la chaîne de traçabilité, où est-ce qu'il a été fabriqué, et l'impact au CO2 que le produit a pu générer.

  • Gilles Halais

    Et les réactions de vos clients ?

  • Didier Souflet

    Certains sont enthousiastes, certains ne voient pas la différence et ont acheté ça un peu par hasard. On continue le travail pédagogique et le travail de mise en avant de l'intérêt en termes d'impact CO2 et d'intérêt environnemental pour faire du recyclage finalement la norme de l'avenir.

  • Véronique Allaire-Spizer

    L'objectif de la filière, c'est d'abord de détourner les déchets des ordures ménagères où ils sont brûlés ou enfouis, ce qui est dramatique. Et donc, toutes les autres solutions sont mieux que de brûler ou d'enfouir parce que c'est de l'impact environnemental direct et c'est de la destruction de valeur directe. L'objectif, c'est de monter à plus de 400 000 tonnes. Donc, c'est un objectif très ambitieux parce que c'est ça d'ici 2028. Et pour ça, il faut qu'on accompagne l'industrialisation du recyclage parce que le recyclage aujourd'hui se passe beaucoup à l'étranger. Il y a de gros enjeux pour garder ces ressources en France et donc, on accompagne cette industrialisation ici en France ou juste à côté de la France dans les pays limitrophes.

  • Gilles Halais

    400 000 tonnes de matières recyclées sur les 800 000 tonnes de vêtements vendus chaque année. On a là aussi une opportunité de marché, de création de valeur pour la France. Mais est-ce qu'on peut être compétitif sur ce marché, Pascal Denizart ?

  • Pascal Denizart

    Alors, non seulement nous sommes compétitifs, mais nous sommes pionniers. Nous avons aujourd'hui des demandes de l'Europe, voire des Etats-Unis, pour travailler notamment avec certaines marques sur des sujets de recyclage. Nous avons une vraie expérience. Nous sommes un pays de mode, un pays de luxe aussi, donc nous avons tous les débouchés et donc tous les cahiers des charges potentiellement avec nos metteurs en marché. C'est un point important notamment par rapport aux autres pays d'Europe du Nord. Ensuite, nous avons des ressources, nous avons on va dire le premier co-organisme aujourd'hui en Europe avec Refashion, et nous avons aussi, lorsqu'on va parler de biomasse, quand on va parler de biosourcés, nous avons des ressources végétales issues des coproduits d'agriculture qui sont évidemment très importantes pour le futur. Donc nous avons à la fois l'amont, l'aval et la R&D, puisque nous sommes aujourd'hui la seule plateforme en Europe à avoir les trois méthodes de recyclage, aujourd'hui en démonstration, donc nous avons la possibilité de prendre un véritable avantage concurrentiel.

  • Gilles Halais

    Est-ce qu'un vêtement en matière recyclée produit moins de gaz à effet de serre qu'un autre ?

  • Pascal Denizart

    La réponse est oui. Si je prends par exemple un modèle équivalent, on va prendre un pantalon classique, on va diminuer de 90% l'empreinte carbone avec un pantalon recyclé en France. C'est-à-dire qu'on capitalise à la fois sur une ressource de notre territoire et puis aussi sur notre énergie décarbonée, parce que tous les procédés de recyclage sont essentiellement avec des consommations électriques et nous avons en France une industrie décarbonée à ce sujet. Dans tous les cas, la fibre recyclée a une empreinte carbone, c'est assez spectaculaire quand on mesure, bien plus favorable qu'un article élaboré de façon classique. N'oublions pas... qu'il n'y a pas que l'emprunt de carbone, il y a aussi la consommation d'eau, quand on utilise les matières vierges, ainsi que les autres paramètres environnementaux. Et sur l'ensemble des paramètres environnementaux, la fibre recyclée est plus vertueuse.

  • Gilles Halais

    En plus, on arrive à créer de la valeur avec un produit qui, à la base, n'aura même pas forcément été fabriqué en France.

  • Pascal Denizart

    Exactement. Non seulement il y a un enjeu environnemental, mais il y a un enjeu sociétal. Et cet enjeu sociétal d'une filière autour du recyclé, c'est le grand défi que notre pays peut conduire avec succès dans les prochaines années.

  • Gilles Halais

    Merci à tous les trois, Véronique Allaire, Pascal Denizart, Didier Soufflet. La montée en puissance du recyclage, c'est aussi l'affaire de chacun. Au lieu de les mettre en déchetterie, à nous d'aller déposer nos articles usagés, vêtements, chaussures, linges de maison, dans l'un des 47 000 points de collecte. Vous pouvez retrouver la liste de tous ces points de collecte sur le site de l'éco-organisme ReFashion, refashion.fr. N'hésitez pas à commenter, à partager ce podcast pour inciter au recyclage et rendez-vous très vite pour un nouvel épisode de En mode Innovation qui sera consacré à la traçabilité. À très bientôt

  • Voix off

    En mode Innovation. Le podcast de l'Alliance du Commerce.

Share

Embed

You may also like