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En un battement d'aile

35. Chez Daddy, un café pour retisser les liens entre générations

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32min |14/05/2025
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35. Chez Daddy, un café pour retisser les liens entre générations

32min |14/05/2025
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Description

☕ Et si un simple café suffisait à retisser du lien ?


En France, la solitude des personnes âgées progresse. À Lyon, les cafés Chez Daddy proposent une réponse concrète : des lieux chaleureux et intergénérationnels, pensés pour renouer les liens et lutter contre l’isolement.


Philippe Albanel, fondateur du projet, raconte comment son parcours dans l’aide à domicile l’a mené à ouvrir un premier café à la Croix-Rousse. Il partage ses doutes, ses convictions, et surtout la force des rencontres.


Dans cet épisode, on entend aussi Marlène, résidente d’un EHPAD voisin, Marie, en service civique, et Salomé, coordinatrice du lieu. Ensemble, ils tissent du lien, au fil des cafés partagés.


Comment ces tiers-lieux peuvent-ils changer la donne face à l’isolement social ? Et comment faire vivre la mixité générationnelle, au quotidien ?


🎧 Une immersion signée cette semaine Baptiste Boucher !


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans une société où l'on parle de plus en plus de solitude, d'isolement, de liens qui se distendent, certains lieux tentent de faire bouger les lignes. Des espaces pensés, non pas pour consommer, mais pour se rencontrer. Chez Daddy, il fait partie de ces lieux à contre-courant, ni bar, ni simple café. Il a été conçu pour rompre l'isolement et encourager la rencontre sans autre prétexte que celui d'être ensemble. Cinq adresses existent aujourd'hui, quatre dans le Rhône et une en Haute-Savoie. Cinq lieux, mais un même esprit. Ici, tout est pensé pour que les gens se parlent, se croisent, se reconnaissent. Le nom Chez Daddy porte en lui une forme de promesse, celle d'un lieu accueillant, familial. A l'image de ce Daddy qui a inspiré le projet à Philippe Albanel, un grand-père bienveillant, chaleureux, qui ouvrait sa porte à tout le monde. C'est cet esprit d'hospitalité, de simplicité et d'écoute que l'on cherche à faire revivre ici, jour après jour, un lieu où l'on peut simplement être là, ensemble. Cette semaine, ce n'est pas moi qui vous emmène chez Daddy, mais Baptiste Boucher qui a passé deux mois en stage au sein d'un embattement d'aile. Bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour ! Bonjour ! Je suis Baptiste Boucher, je suis journaliste. Bonne soirée, si tu veux. Ok, merci. Ça ira, merci. C'est ça, ouais.

  • Speaker #2

    Déjà ?

  • Speaker #1

    Je suis un petit peu en avance, ouais. Ça ira, au pire, je vais... Nous sommes dans le quartier de Perrache à Lyon. Le café chez Daddy a ouvert ses portes le 1er février 2022 au 66 Coursuchet. Ce jeudi il fait beau et comme souvent le déjeuner se prend en terrasse. Ce jour là une adhérente fait la sieste à l'ombre d'un arbre ce qui ne manque pas de faire réagir un autre adhérent qui s'amuse à venir la chatouiller avec une branche. L'heure du repas, c'est le moment pour les habitués de se retrouver et de débattre de quelques habitudes alimentaires, disons pour le moins originales.

  • Speaker #2

    J'avoue, un truc un peu bizarre mais que j'adore, c'est de faire des tartines de mayonnaise. Ça,

  • Speaker #3

    c'est cool.

  • Speaker #2

    Souvent, je fais ça un peu en désespérance. Mayonnaise, bout de pain, télé.

  • Speaker #0

    Si vous avez des trucs comme ça, oui.

  • Speaker #3

    Moi, tout le monde me jugeait tout le temps quand j'étais petite, je fais trempé le pain dans le yaourt. Je trouve que ça rend vraiment meilleur le yaourt. On prend un autre goût derrière, tu vois, j'adore.

  • Speaker #1

    Après le repas, on reste, on discute autour d'un café et on sort les jeux de société. Scrabble, rumicu, belote, il n'y a qu'à choisir. Et si on ne connaît pas les règles, pas de soucis, il y aura toujours quelqu'un pour bien nous les expliquer.

  • Speaker #3

    Moi, je me souviens plus des règles.

  • Speaker #0

    Alors, on en prend quatre.

  • Speaker #1

    La bouche, je ne sais même pas. Ici, il n'y a pas de frontière entre habitués, bénévoles et salariés. Certains adhérents passent presque tous les jours, d'autres viennent seulement une ou deux fois par semaine. Mais tous finissent par se connaître. Et si ce n'est pas encore le cas, ça ne dure pas longtemps. Bonjour Laura, vous êtes stagiaire ici, chez Daddy. Pourquoi avez-vous décidé de venir dans ce café et pas un autre ?

  • Speaker #3

    On dit que c'est un café, mais après c'est une association. Et on montre aussi l'approche avec les gens. Je viens de Colombie. Je trouve que c'est une bonne expérience aussi pour l'intégration, même pour moi-même. Même avec les gens, parfois, si tu viens de l'étranger, c'est pas pareil. Et du coup, là, je trouve que j'arrive déjà, j'ai des amis, c'est plus naturel. Je pense que les seniors sont plus tranquilles, ils n'ont pas de préjugés.

  • Speaker #1

    Tu dis que ça t'a un petit peu transformée, un petit peu changée. Qu'est-ce que concrètement le café t'a apporté ?

  • Speaker #3

    Même si j'ai beaucoup confiance en espagnol, c'est ma langue maternelle. Parfois j'ai du mal avec les français tu vois et là je trouve que je peux être moi même je peux parler même si je me trompe ou si je dis n'importe quoi parfois c'est pas grave tu vois c'est pas ouf ils vont pas te dire oh non parle pas comme ça non c'est vraiment naturel et comme ça je peux y aller plus loin parce que parfois il y a des lieux tu peux pas faire pareil parce que déjà tu as en tête que si c'est pas ta langue maternelle tu es un peu frustré. Mais là, je trouve que ce n'est pas vraiment un empêchement pour grandir, sortir, apprendre et partager avec les gens. Et voilà, je trouve que c'est vraiment cool.

  • Speaker #1

    Bonjour Marlène, vous êtes un peu une habituée au café chez Dazzy ?

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr, une ancienne surtout. Il y a longtemps que je pratique et ça me plaît toujours autant.

  • Speaker #1

    Ça fait combien de temps que vous venez ici ?

  • Speaker #0

    Depuis que je suis en retraite. Je ne vous donnerai pas le temps, parce qu'à mon âge, on ne compte plus.

  • Speaker #1

    La première fois que vous êtes venue ici, chez Daddy, qu'est-ce que vous avez ressenti ?

  • Speaker #0

    J'ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part de la jeunesse, qui est ici pour aider, pour servir, pour nous donner la main, pour nous aider à ne pas nous sentir seules. Et ça, c'est le plus important, c'est la bienveillance et l'entraide.

  • Speaker #1

    Pour vous, c'est une bonne chose du coup que la jeunesse décide de se mobiliser un petit peu pour venir vous aider ?

  • Speaker #0

    Mais oui, mais c'est merveilleux. Mais j'ai découvert, je ne connaissais pas, et je trouve ça merveilleux. Je voudrais que ça continue partout, que vous en fassiez partout, dans tout Lyon et ailleurs, pour les autres personnes comme moi.

  • Speaker #1

    Si vous devez définir le café chez Daddy en quelques mots, à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, qu'est-ce que vous lui diriez ?

  • Speaker #0

    Je dirais bienveillance, convivialité, en deux mots. Voilà, j'ai dit.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Chez Daddy, on rigole, on se chambre et même les plus timides finissent par se laisser embarquer. Aujourd'hui, un groupe d'étudiants de Terra Vitaia est venu passer l'après-midi avec les aînés. Terra Vitaia, c'est une association étudiante qui agit pour l'environnement et les droits humains. Finir cette journée, rien de mieux qu'un petit concert à l'improviste. Comme et Lucie ont 20 ans, tous les deux étudiants en sciences politiques, comme et aussi le président de l'association, c'est la deuxième fois qu'ils viennent cette année.

  • Speaker #4

    On est déjà venus, il me semble, fin mi-février, fin février, le 5 mars, le 7 mars finalement. C'était en mars,

  • Speaker #5

    donc mon frère,

  • Speaker #4

    personnellement, je ne connaissais pas le café chez Lady et je trouve ça assez sympa comme lieu pour rencontrer des gens, passer du bon temps, se détendre après les cours aussi, c'est pas mal.

  • Speaker #3

    On était déjà venus le 5 mars du coup et c'est vrai que c'est un cadre super convivial.

  • Speaker #1

    Justement, tu parles de convivialité, c'était quoi votre première impression quand vous êtes rentrés dans le café ?

  • Speaker #4

    La première impression c'était que déjà il n'y avait pas beaucoup de bruit, c'était assez silencieux pour le coup, on est arrivé il était 15h30 il me semble à peu près. Et donc du coup les résidents qui étaient là n'étaient pas encore très actifs et quand on est arrivé il y avait un peu plus de vie parce que du coup ils rencontraient d'autres personnes, de nouvelles personnes, on avait joué, on avait échangé. On a eu un moment musical à la fin donc c'était assez sympa, c'était assez marrant aussi.

  • Speaker #3

    Au début c'était assez calme. Et puis par la suite, il y a eu un peu plus d'ambiance, de vie avec la musique, etc. C'était super sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une rencontre ici qui vous a un petit peu marqué ?

  • Speaker #4

    On l'a encore rencontrée aussi aujourd'hui, c'est Denise. Elle est exceptionnelle. Elle a une pêche incroyable. Elle est super cool. Elle a aussi une gentillesse. Une envie de connaître les gens, une envie aussi de partager ce qu'elle connaît du Rumikub du coup, le jeu auquel on a joué il y a un mois et maintenant encore. C'est franchement une belle rencontre personnelle.

  • Speaker #1

    Chez Daddy, ça semble être un lieu qui lutte un petit peu contre l'isolement. Quelle était votre vision sur l'isolement social avant de venir ?

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'en étant étudiante, on peut aussi faire face du coup à de l'isolement. du fait qu'on ne soit pas dans la même ville que sa famille ou que ses amis du collège ou du lycée, etc. Et c'est vrai qu'en étant une personne âgée, de même, si les enfants ou les petits-enfants ont déménagé dans d'autres villes, il peut y avoir un certain isolement et le fait d'allier les deux, c'est super sympa.

  • Speaker #1

    J'ai terminé sur une dernière question un petit peu plus simple. Qu'est-ce que ce lieu représente pour vous aujourd'hui ?

  • Speaker #4

    Ce lieu, alors je le disais un petit peu au début, c'est un lieu qui... de détente donc qui pour moi au niveau des révisions de contrôle ça pourrait être pas mal je connaissais pas avant et j'ai pas pu y aller sur le mois de mars parce que j'avais pas du tout le temps mais pour les partiels qu'on a là en fin d'année je pense que ça pourrait être pas mal de finir pour passer du temps ailleurs que dans la maison dans sa chambre avec la famille où ça peut être un peu un peu du bruit enfin où il peut y avoir un peu de bruit parce que moi j'habite chez ma famille c'est rare chez les étudiants il y en a beaucoup qui viennent de d'autres villes de d'autres régions même. de France, voire qui viennent d'autres pays, selon les cursus aussi. C'est un lieu qui me permet de me détendre et de passer du bon temps. Là, en plus, il fait beau.

  • Speaker #5

    C'est parfait.

  • Speaker #1

    Le café de Perrache est le seul de Lyon à disposer d'une vraie grande cuisine. Les repas y sont préparés chaque midi. Comptez à peu près 19,50 euros pour la formule entrée plat-dessert. On y propose également le soir lors des soirées à thème de quoi grignoter. Après le service du midi, place au briefing de l'équipe de l'après-midi. En moyenne, 6 personnes, staff et bénévoles confondus, se relaient chaque jour.

  • Speaker #3

    Vous appuyez là pour allumer, hop, comme ça, ok. Là vous mettez stop parce que du coup on reprend. Ok, là le petit bouton bleu.

  • Speaker #2

    Et là on est bon,

  • Speaker #3

    on est sur chaleur sèche. La température va monter à 180 automatiquement pour vérifier.

  • Speaker #0

    Tu appuies dessus,

  • Speaker #2

    180,

  • Speaker #3

    donc c'est bon. Et là après tu gères ton timer.

  • Speaker #2

    Ok,

  • Speaker #3

    c'est combien de temps ?

  • Speaker #2

    4-5 minutes. Et après t'appuies sur start.

  • Speaker #1

    Et ça va sonner. Vous vous en doutez, un lieu où les boissons sont en libre service, où chacun peut se servir un thé, un café, une citronade à volonté, ce n'est pas un modèle économique facile à faire vivre. D'autant que l'adhésion ne coûte que 10 euros par mois. Salomé est la coordinatrice du café de Perrache, elle est là depuis seulement 3 semaines. Bonjour Salomé, il y a une petite particularité au café chez Daddy de Perrache, c'est tout le côté cuisine, limite restaurant. Du coup, il y avait quoi à la carte ce midi ?

  • Speaker #2

    Alors ce midi à la carte, il y avait une entrée de thon, une rillette de thon. Et ensuite, il y avait plusieurs menus. Le plat du jour, c'était du rôti avec de la pomme de terre. Sinon, on avait du gratin de fenouil ou des ravioles pour les végétariens.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que vous choisissez un petit peu les menus ? Est-ce que ça se fait selon la clientèle du café ?

  • Speaker #2

    Alors oui, souvent. Alors ça, c'est le secret de nos chefs Chloé, qui sélectionnent des produits frais et de saison. Et oui, c'est souvent selon les goûts des résidents, notamment qui sont nos adhérents principaux et selon les saisons.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de venir travailler ici chez Dady ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qui m'a donné envie, c'est le côté social et intergénérationnel. C'est vrai que les seniors, ce n'est pas un public dans lequel j'ai eu l'habitude de travailler. Du coup, je découvre totalement un univers des sensibilités, des points d'attention que je n'avais pas avec d'autres publics. Et c'était vraiment ce point d'intergénérationnel qui m'a attiré chez Taddy. Et de rompre un peu cette solitude également, ça m'a beaucoup touchée.

  • Speaker #1

    C'est ce qui fait un petit peu la particularité du café, qui te différencie des autres.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est vraiment un café où je fréquente pas mal de cafés, pas mal de bars. Vraiment, chez Café Taddy, il y a quelque chose de très différent. qui s'émane de par les adhérents, les résidents pour nous, le côté restauration et le côté ambiance, cette intergénérationnalité qui en émane, c'est super, c'est incroyable. On a des histoires de personnes qui ont 18 ans ou de personnes qui en ont 70 qui peuvent se rejoindre et il y a vraiment des points de synergie très intéressants. Quand on arrive chez Café Daddy, on a une petite formation où on nous parle de différences entre isolement et solitude. On a vraiment une explication chiffrée aussi de personnes isolées et je ne m'attendais pas qu'il y en ait autant. En fait, j'étais assez impressionnée des chiffres. En plus, c'est des chiffres qui dataient de 2022. Donc là, on est en 2025 et je pense que ça ne fait qu'accroître. Et j'avais un rapport très, très solide à la solidarité parce que j'ai toujours travaillé dedans. Mais alors, concernant l'isolement des personnes âgées, je ne m'en doutais pas du tout.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Selon le baromètre des petits frères des pauvres publié en 2021, en France, 2 millions de personnes âgées sont isolées des cercles de sociabilité, et 530 000 sont en situation de mort sociale. C'est-à-dire qu'ils ne rencontrent jamais, ou très rarement, d'autres personnes, ni famille, ni amis, ni voisinage, un chiffre qui s'aggrave d'année en année, parce qu'en 2017 il n'était que 300 000, soit une augmentation de 77% de seniors isolés en 4 ans à peine.

  • Speaker #0

    C'est le petit, tu peux aller là comme ça,

  • Speaker #1

    ouh là !

  • Speaker #0

    Attends, on démarre.

  • Speaker #1

    Regarde,

  • Speaker #3

    regarde, mon comédien en train de foutre le camp.

  • Speaker #1

    Il est là. Ah bah voilà ! Mais le comédien, c'est le comédien du bon côté. De l'autre côté, c'est le comédien du pire. Même si l'ambiance est bonne chez Daddy, il y a parfois de petites chamailleries. Les tisseurs de liens sont là pour veiller à l'équilibre. Leur rôle, créer du lien, repérer les personnes un peu seules et lancer une discussion. Bref, faire en sorte que tout le monde se sente à l'aise. Un peu comme des médiateurs de l'ambiance, ils observent, écoutent et interviennent dès qu'ils sentent qu'un... un coup de pouce pour aider quelqu'un à s'intégrer. C'est le rôle de Marie, elle a 23 ans, elle est en service civique au sein de chez Daddy Perrache.

  • Speaker #3

    Tisseuse de lien, en fait, c'est un terme assez vaste parce qu'il englobe beaucoup de choses, mais surtout ce tissage de lien qui est très important chez Daddy. C'est vraiment le fait de jamais laisser une personne seule et d'essayer de faire rencontrer tout le monde. Parce qu'on a un café intergénérationnel, il y a aussi ce truc de faire rencontrer les plus âgés avec les plus jeunes, ce qui n'est pas toujours quelque chose qui se fait de manière naturelle. Et du coup, moi, je suis un peu là pour ça, pour faciliter les échanges. Et faire que les gens qui rentrent pour la première fois dans le café se sentent directement un peu comme à la maison.

  • Speaker #1

    J'imagine que tisser du lien, ce n'est pas toujours une tâche simple. C'est quelque chose d'invisible, mais c'est nécessaire. C'est quoi pour vous tisser du lien ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, c'est une belle question. C'est vrai que des fois, c'est compliqué de tisser du lien. Je reviens d'abord là-dessus. Ce n'est pas facile avec tout le monde. Des fois, on a du mal et c'est pour ça qu'on est une équipe avec plusieurs personnes. Comme ça, si certains... ont du mal avec une personne, l'autre peut prendre le relais. Qu'est-ce que c'est tisser du lien pour moi ? C'est un peu comme une araignée qui tisse sa toile et qui fait des fils invisibles entre les gens pour que les gens se parlent entre eux et que les gens discutent et que ça crée des relations et qu'ensuite, une fois que le fil est tissé, il n'y a plus besoin de l'araignée pour qu'il préexiste.

  • Speaker #1

    Mais du coup ? Quand vous êtes devenue tisseuse de lien, est-ce qu'il y a eu une sorte de mini-formation ?

  • Speaker #3

    J'ai eu beaucoup de formations parce que moi du coup je suis venue en service civique grâce à SC2S, qui est du coup Service Civique Solidarité Senior, qui nous ont formé sur beaucoup de points, surtout le public des personnes âgées, parce que c'est pas un public qu'on côtoie forcément toujours. Et du coup j'ai eu pas mal de formations en tant que telle sur les personnes âgées. Après sur le tissage de lien, je pense que... Chez DADI, ils embauchent aussi des gens qui peuvent avoir cette facilité déjà d'aller voir les gens. Et du coup, c'est un peu quelque chose qu'on apprend sur le terrain aussi. Regarde là, par exemple, il y a quelqu'un qui vient de rentrer. Essaye d'aller le voir, je t'accompagne et on voit comment ça fonctionne, comment on présente le lieu et comment on peut faire que cette personne, elle intègre ces gens-là qui sont juste à côté et qui jouent aux cartes. Du coup, je ne pensais pas à une formation précise. C'est plus une formation continue pendant tout le service civique.

  • Speaker #1

    C'est quoi un petit peu les atouts à avoir pour vraiment être à fond dans le rôle de tisseur de lien ?

  • Speaker #3

    Déjà je pense qu'il faut être assez à l'aise avec les gens et les inconnus. Je sais que moi ce n'était pas forcément quelque chose dont j'étais fan au début. Je n'ai jamais eu vraiment du mal avec les gens pour parler avec eux. Mais c'est vrai que des fois quand tu ne connais pas la personne, c'est un peu dur d'y aller. Mais c'est quelque chose qui s'apprend aussi sur le tas. Et je sais que maintenant, il y a quelqu'un qui vient me voir. Je peux dire être très motivée et très enthousiaste à l'idée de rencontrer une nouvelle personne. Mais je pense que c'est vraiment ce côté social qui est important. Être souriant aussi, on l'oublie souvent, mais juste avoir le sourire des fois, les gens peuvent venir te parler juste parce que tu as un sourire sur le visage. Et c'est vrai que ça fait vraiment beaucoup. Et ensuite, je pense que c'est beaucoup de choses qui s'apprennent et on n'est pas forcément social, on le devient finalement.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous n'êtes pas uniquement là pour faciliter les connexions, vous avez aussi un petit rôle de témoin. Est-ce que vous avez déjà pu assister à des scènes qui vous ont un peu marqué ?

  • Speaker #3

    Oui, moi j'en ai toujours une qui me revient en tête quand on me demande ça. C'est une personne qui était en très forte précarité, qui était venue au café un matin. Et pendant toute la matinée, on avait essayé de l'aider à trouver des solutions à cette précarité. Et une des résidentes de la résidence autonomie juste à côté était descendue. Et elle est très croyante. Du coup, sur son porte-clé, elle avait un petit médaillon de Saint-Paul ou je ne sais plus qui. Et en fait, ils avaient commencé à prier ensemble pour que ce jeune homme... On retrouve le bonheur et c'était vraiment un moment où j'étais témoin d'une foi qui était très énorme et d'un lien qui s'était créé entre deux personnes qui ne se connaissaient pas dix minutes avant. Et vraiment c'était trop beau.

  • Speaker #1

    C'est un petit peu la beauté du café chez Daddy, c'est que vraiment tout le monde puisse se rencontrer et s'entraider un peu à sa manière.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est vraiment ce mélange de tous finalement, des jeunes, des vieux, des très riches, des plus pauvres. Vraiment c'est tout et c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Le lien, c'est quelque chose de fragile. Il peut facilement être brisé ou ignoré, mais il peut aussi se renforcer et se solidifier grâce à des petites attentions. Comment on prend soin de cette fragilité ici chez Daddy ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, oh là là, ça commence à devenir dur ces questions. En fait c'est un peu des questions d'habitude aussi je pense, à force de voir certaines personnes, on apprend à vraiment les connaître et je sais qu'avec certains je peux faire tel type de blagues et qui vont renforcer un peu l'amitié qu'on a pu créer. Avec d'autres c'est plus des petites attentions, par exemple on sait qu'il est allé chez le médecin la veille, lui demander comment ça s'est passé, s'il a eu des bonnes nouvelles. Des fois, on rencontre aussi la famille. Du coup, demander comment va la famille. Un tel, elle est partie à Dubaï. Comment ça se passe son travail ? Je pense que c'est vraiment une question d'habitude de toujours demander des infos de l'autre. Et vu qu'on commence à le connaître à force, il y a vraiment une relation qui se crée. Et c'est vraiment, ouais, c'est de demander des nouvelles tout le temps et d'apprendre à vraiment se connaître.

  • Speaker #1

    Tu es tisseuse de liens depuis un petit moment maintenant chez Daddy. Est-ce que ça t'est déjà arrivé de douter ? D'avoir des moments de doute, d'avoir des moments un peu où tu t'es sentie dépassée par la situation ?

  • Speaker #3

    Tous les jours. Franchement, je pense que tous les jours, j'ai eu des petits moments de doute et de me dire « En fait, ce que je fais, ce n'est pas assez. Je pourrais faire ça aussi. Je pourrais faire ça. Et si j'avais fait ça, ça aurait été mieux. Et si j'avais réagi comme ça, et si j'avais dit ceci. » Mais je pense que ça reste humain aussi de douter finalement. Et des fois, après, je remets en contexte tout ce que je fais et je me dis quand même que... Ça fait un petit moment que je suis là pour des gens et que je passe des super chouettes moments avec eux. Et puis c'est aussi eux comment ils me retournent tout ça. Je reçois des petites attentions et des petits mots qui, enfin, on m'a déjà dit, mais vraiment, on ne pourra jamais t'oublier. Ça, c'est quelque chose qui me marque énormément et qui me fait dire que je ne fais pas ça en vain, que ça a un but. Donc même si je doute, je me dis, j'ai déjà fait ce que je pouvais aujourd'hui et c'est déjà bien.

  • Speaker #1

    C'est beau au final de se dire que dans ces moments de doute, c'est les personnes. que tu rencontres ici qui t'aident à aller mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est incroyable. Et je me dis, je leur ai apporté quelque chose, mais je pense qu'inversement, ils m'ont tellement apporté aussi. Vraiment, c'est une expérience incroyable, je la recommande.

  • Speaker #1

    A l'origine de chez Daddy, il y a Philippe Albanel. C'est lui qui, en partendument criant de lieux de rencontres informels, a imaginé ce lieu ouvert à tous. Pour comprendre ce qui l'a inspiré et comment le projet a évolué, je suis allé le rencontrer au tout premier café, celui de Croix-Rousse. Bonjour Philippe Albanel, merci de m'accueillir ici chez DADY. Alors avant d'entrer dans le cœur de ce lieu, j'aimerais qu'on prenne un petit peu de temps pour parler de votre parcours. Vous avez longtemps travaillé dans l'accompagnement des personnes âgées, notamment dans le secteur de l'aide à domicile, un secteur qui est souvent invisible, où l'on côtoie à la fois des fragilités sociales, la solitude et un sentiment un peu d'inutilité, qui mine peu à peu. Est-ce que vous pouvez me raconter comment cette expérience a nourri votre regard sur notre société et ce qui vous a poussé à agir ?

  • Speaker #5

    Bonjour Baptiste, merci pour cette introduction et avec plaisir. Alors moi je me suis lancé, et c'est toujours une partie de mon métier, c'est une agence d'aide à domicile, donc c'est accompagner les personnes âgées pour qu'ils puissent rester à domicile dans les meilleures conditions possibles. Donc je me suis lancé il y a 9 ans, bientôt 10 ans maintenant, donc avec des auxiliaires de vie qui interviennent au domicile de personnes âgées et ce qui m'a frappé, c'est qu'il y avait beaucoup de personnes qui ont... qu'on accompagnait qui, en dehors des hauts-cielaires de vie, ne voyaient personne de leur journée. Donc moi, ça a été un peu un choc de voir cette question de l'isolement et l'importance du lien social, justement. Et je voyais que la relation qui se nouait avec les hauts-cielaires de vie avait un énorme bienfait sur le moral et même sur la santé. Et il y a même quelque chose qui m'avait frappé et qui m'a donné froid dans le dos, c'est... J'ai vu qu'il y avait pas mal de personnes âgées qui se faisaient aussi... arnaqués par des démarcheurs téléphoniques et de personnes qui, à force de voir personne de leur journée, de ne pas avoir d'interaction, souvent, quand ils ont des personnes qui vont les démarcher par téléphone, peuvent être contentes de avoir ce lien social, quitte à acheter un matelas 5 000 euros juste pour maintenir ce lien. Et c'est là-dessus où je me suis dit qu'on est vraiment devant un drame humain. Et c'est là où ça m'a donné envie, je sens, d'aller plus loin que les dates domiciles pour répondre à ce qui, pour moi, est un des fléaux de notre société.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour ça, vous avez décidé de créer un café. Bon, créer un café, a priori, ce n'est pas la réponse la plus évidente à l'isolement. Et pourtant, vous avez choisi cette forme-là. Un lieu de vie chaleureux où on partage des repas, des ateliers, des discussions. Pourquoi avoir choisi du coup de faire un café ? Qu'est-ce que vous permet un café que d'autres structures plus institutionnelles ne permettent pas selon vous ?

  • Speaker #5

    Alors le café, il y a quelque chose qui est très fort dans le café, c'est que ça parle à tout le monde. Et généralement, il y a peu de préjugés sur le café ou de perceptions négatives. Contrairement à beaucoup d'autres choses qui existent où on va souvent faire empêcher une partie de la population de venir parce qu'il y aura trop de clichés si je pense par exemple rien qu'aux tiers lieux ou à des lieux de rencontres ou aux centres sociaux on va avoir un peu cette théorétique où on verra bah non mais ça me concerne pas ou je suis pas le bienvenu dans ces lieux donc le café tout le monde sait qu'un café c'est ouvert à tous donc pour nous ça c'était c'était important et l'autre point qui était très important pour nous c'est en fait d'essayer de recréer le bistrot de quartier d'autrefois en discutant avec beaucoup de personnes âgées, j'ai senti qu'il y avait une certaine nostalgie de ce bistrot de quartier où tout est fait pour qu'on puisse facilement rencontrer son voisin, papoter, refaire le monde, faire des activités. Et voilà, ça a vraiment été ça le but initial, c'est de recréer un peu ce bistrot de quartier et avoir quelque chose qui pour moi est très important, c'est que quand on va dans un café, généralement il y a une atmosphère, il y a une certaine chaleur, etc. Et que quand on pense personnes âgées, on va souvent penser des trucs plutôt un peu dans le médical, assez froid, un peu austère. Et ça, c'est quelque chose que je m'étais dit, en fait, c'est tellement triste. Alors que je trouve qu'être dans un beau lieu, déjà, ça change complètement ton état d'esprit et ça favorise la convivialité, la rencontre, etc.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, en France, on estime qu'environ 530 000 personnes âgées sont en situation de mort sociale. Donc, c'est-à-dire sans aucun contact avec l'extérieur. C'est un chiffre donné par les petits frères des pauvres. Et cette solitude ne touche plus seulement les personnes âgées. Elles gagnent aussi les plus jeunes, les étudiants et les actifs isolés. Est-ce que vous avez voulu répondre à cette solitude qui dépasse les âges ? Comment est-ce que vous la percevez dans la société actuelle ?

  • Speaker #5

    Oui, en tout cas, je trouve que les rapports des Pifres et des Pauvres pour ça montrent à quel point on est face à une épidémie de l'isolement, de la solitude. Et même pour poursuivre sur ce chiffre de 530 000, c'était dans le rapport de 2021. En 2017, on était à 300 000. Donc on voit qu'il y a eu une explosion. de l'isolement et de cette mort sociale, et pour moi, il n'y a pas grand chose, à mon sens, de plus terrible que d'être en mort sociale, ça veut dire qu'en fait, on est mort avant d'être mort, et qu'en fait, on passe sa journée sans sentir utile, sans avoir de contact, sans personne sur qui on peut compter au quotidien, et moi, quand j'y pense, c'est vraiment un truc où je me dis, je trouve que c'est vraiment atroce, et en plus, c'est invisible, donc c'est vrai qu'on en parle pas. pas trop. Je trouve qu'il y a une prise de conscience collective depuis plusieurs années par rapport à ce phénomène, avec de plus en plus de rapports aussi qui sortent. Il y a l'Organisation Mondiale de la Santé qui a fait toute une étude et qui a prouvé que l'isolement tuait plus que la cigarette. Il y a quelques signaux positifs de cette prise de conscience. Après, il y a un enjeu qui pour moi est crucial. C'est qu'on a une société qui a énormément évolué ces dernières années avec des des familles qui sont de plus en plus éparpillées géographiquement, et qu'il y a une importance de recréer des solidarités de proximité qui autrefois étaient portées par le cercle familial. Et aujourd'hui, c'est ça qu'il faut imaginer. Nous, c'est ce qu'on essaye à notre échelle, de recréer à travers chez Daddy. C'est plus qu'un café, une seconde famille. Et c'est vraiment cette importance d'avoir des lieux où on se rencontre, on s'amuse, on fait la fête, mais également où on s'entraide. Et ça, c'est ça pour nous qui est important. Et quelque chose aussi que je n'ai pas trop dit, chez Daddy c'est un lieu où Nous, on part du principe que tout le monde a un talent, tout le monde a quelque chose à transmettre, tout le monde peut participer à la vie du lieu. Donc c'est un lieu particulier parce que chacun va pouvoir se servir, mettre la main à la pâte, tout le monde peut s'engager et devenir bénévole. Et on va encourager chaque personne à faire des dons à hauteur de ses moyens, mais c'est aussi ouvert financièrement à tous. Et toutes les activités qu'on propose sont animées par les personnes du quartier. Et on va en faire entre 30 à 50 par mois. et en fait c'est quelque chose qui je trouve fonctionne vachement bien C'est qu'on voit l'impact que ça a aussi sur les personnes qui vont animer des activités, parce que ce sentiment d'utilité, pour moi, est presque sûrement un des meilleurs vecteurs pour lutter contre l'isolement. Et qu'une fois qu'on se sent utile, on va mieux, moralement ça va mieux, et au niveau de la santé aussi.

  • Speaker #1

    Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés, ou que vous rencontrez encore aujourd'hui, et comment vous les avez résolus ?

  • Speaker #5

    Alors ça, c'est la vie d'un café comme ça, c'est fait de... d'obstacles en permanence. On a eu plusieurs, on a eu un premier obstacle qui était très important, c'était sur le modèle économique. Quand on a commencé à ouvrir le café, on pensait que On avait fonctionné plus comme un café classique et on s'est rendu compte qu'en fait, notre public n'était pas très consommateur. Et donc, on avait beaucoup de monde qui venait au café, mais qu'à la fin, les revenus étaient limités. Et à un moment, on a fait le choix de se dire, pour que ça fonctionne, pour qu'on puisse y aller dans le temps, on va essayer d'avoir une offre plus variée, d'être plus comme un café classique. Et en fait, on s'est rendu compte qu'on faisait fausse route et qu'on commençait à perdre un peu la dimension sociale du projet en allant vers ce chemin-là. Et donc, on s'est dit, en fait, il faut faire complètement le contraire, simplifier complètement le modèle et le rendre le plus participatif possible. pour que ça fonctionne, donc ça c'est un des gros obstacles et ça nous a mis deux ans à trouver la bonne formule, et après on a des obstacles plus du quotidien, de t'es dans l'humain, donc forcément tu entends tu peux avoir des conflits, tu peux avoir des gestions difficiles, tu peux avoir des gens qui respectent pas les valeurs du café, à qui il faut dire qu'ils sont plus les bienvenus au café parce que ça va nuire au reste ça c'est des choses qui peuvent arriver, et voilà et c'est aussi ça qui fait la richesse du lieu, c'est que de toute façon quand tu vis avec quand t'es avec plein de personnes très différentes et forcément, de temps en temps, il y a des affinités qui se créent, il y a des conflits. Et nous, ce qui est important, c'est pour ça qu'on a créé une charte, justement, pour s'appuyer sur cette charte, pour faire en sorte que ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Et pour finir, est-ce qu'il y a une rencontre ici, chez Daddy, qui vous a particulièrement ému ou marqué, et qui résume ce que vous avez voulu provoquer ?

  • Speaker #5

    Alors là, c'est difficile d'en choisir une, j'en ai plein qui me traversent la tête. Mais je vais parler d'une personne en particulier qu'on appelle ici Framboise. Framboise, c'est une adhérente de la première heure qui est maintenant devenue l'ambassadrice des cafés et qui est vraiment quelqu'un qui est extraordinaire parce qu'elle a toujours une attention pour tout le monde et c'est quelqu'un qui porte pleinement les valeurs du café et qui arrive à le faire vivre auprès de tous les adhérents. Et c'est vraiment quelqu'un qui a le cœur sur la main et on sent qu'elle a... Effectivement, il y a une fille, moi, à titre personnel, j'ai quelqu'un aussi qui est très honnête parce que j'ai deux petits garçons et... Il y a aussi une relation très particulière qui est née entre elle et mes deux petits. Et il y a quelque chose qui est très chouette justement dans cette relation.

  • Speaker #1

    Bah écoutez, je suis arrivé à bout de mes questions. Merci beaucoup Yves.

  • Speaker #3

    J'ai compté à vous. Ah bah oui.

  • Speaker #5

    J'espère que ça va être bon. Ah oui, vite.

  • Speaker #1

    Il existe actuellement 5 cafés, 3 à Lyon, 1 à Taunan, Haute-Savoie, et le petit dernier vient d'ouvrir à Saint-Foy-les-Lyons. en plein cœur du centre hospitalier. Un autre café devrait voir le jour avant la fin de l'année, à Lille, dans le Nord.

  • Speaker #0

    Chez Daddy, on ne vient pas seulement déjeuner ou boire un café, on vient retrouver des visages connus, échanger quelques mots, participer à une partie de cartes, des moments simples qui permettent au lien de se tisser petit à petit.

Description

☕ Et si un simple café suffisait à retisser du lien ?


En France, la solitude des personnes âgées progresse. À Lyon, les cafés Chez Daddy proposent une réponse concrète : des lieux chaleureux et intergénérationnels, pensés pour renouer les liens et lutter contre l’isolement.


Philippe Albanel, fondateur du projet, raconte comment son parcours dans l’aide à domicile l’a mené à ouvrir un premier café à la Croix-Rousse. Il partage ses doutes, ses convictions, et surtout la force des rencontres.


Dans cet épisode, on entend aussi Marlène, résidente d’un EHPAD voisin, Marie, en service civique, et Salomé, coordinatrice du lieu. Ensemble, ils tissent du lien, au fil des cafés partagés.


Comment ces tiers-lieux peuvent-ils changer la donne face à l’isolement social ? Et comment faire vivre la mixité générationnelle, au quotidien ?


🎧 Une immersion signée cette semaine Baptiste Boucher !


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans une société où l'on parle de plus en plus de solitude, d'isolement, de liens qui se distendent, certains lieux tentent de faire bouger les lignes. Des espaces pensés, non pas pour consommer, mais pour se rencontrer. Chez Daddy, il fait partie de ces lieux à contre-courant, ni bar, ni simple café. Il a été conçu pour rompre l'isolement et encourager la rencontre sans autre prétexte que celui d'être ensemble. Cinq adresses existent aujourd'hui, quatre dans le Rhône et une en Haute-Savoie. Cinq lieux, mais un même esprit. Ici, tout est pensé pour que les gens se parlent, se croisent, se reconnaissent. Le nom Chez Daddy porte en lui une forme de promesse, celle d'un lieu accueillant, familial. A l'image de ce Daddy qui a inspiré le projet à Philippe Albanel, un grand-père bienveillant, chaleureux, qui ouvrait sa porte à tout le monde. C'est cet esprit d'hospitalité, de simplicité et d'écoute que l'on cherche à faire revivre ici, jour après jour, un lieu où l'on peut simplement être là, ensemble. Cette semaine, ce n'est pas moi qui vous emmène chez Daddy, mais Baptiste Boucher qui a passé deux mois en stage au sein d'un embattement d'aile. Bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour ! Bonjour ! Je suis Baptiste Boucher, je suis journaliste. Bonne soirée, si tu veux. Ok, merci. Ça ira, merci. C'est ça, ouais.

  • Speaker #2

    Déjà ?

  • Speaker #1

    Je suis un petit peu en avance, ouais. Ça ira, au pire, je vais... Nous sommes dans le quartier de Perrache à Lyon. Le café chez Daddy a ouvert ses portes le 1er février 2022 au 66 Coursuchet. Ce jeudi il fait beau et comme souvent le déjeuner se prend en terrasse. Ce jour là une adhérente fait la sieste à l'ombre d'un arbre ce qui ne manque pas de faire réagir un autre adhérent qui s'amuse à venir la chatouiller avec une branche. L'heure du repas, c'est le moment pour les habitués de se retrouver et de débattre de quelques habitudes alimentaires, disons pour le moins originales.

  • Speaker #2

    J'avoue, un truc un peu bizarre mais que j'adore, c'est de faire des tartines de mayonnaise. Ça,

  • Speaker #3

    c'est cool.

  • Speaker #2

    Souvent, je fais ça un peu en désespérance. Mayonnaise, bout de pain, télé.

  • Speaker #0

    Si vous avez des trucs comme ça, oui.

  • Speaker #3

    Moi, tout le monde me jugeait tout le temps quand j'étais petite, je fais trempé le pain dans le yaourt. Je trouve que ça rend vraiment meilleur le yaourt. On prend un autre goût derrière, tu vois, j'adore.

  • Speaker #1

    Après le repas, on reste, on discute autour d'un café et on sort les jeux de société. Scrabble, rumicu, belote, il n'y a qu'à choisir. Et si on ne connaît pas les règles, pas de soucis, il y aura toujours quelqu'un pour bien nous les expliquer.

  • Speaker #3

    Moi, je me souviens plus des règles.

  • Speaker #0

    Alors, on en prend quatre.

  • Speaker #1

    La bouche, je ne sais même pas. Ici, il n'y a pas de frontière entre habitués, bénévoles et salariés. Certains adhérents passent presque tous les jours, d'autres viennent seulement une ou deux fois par semaine. Mais tous finissent par se connaître. Et si ce n'est pas encore le cas, ça ne dure pas longtemps. Bonjour Laura, vous êtes stagiaire ici, chez Daddy. Pourquoi avez-vous décidé de venir dans ce café et pas un autre ?

  • Speaker #3

    On dit que c'est un café, mais après c'est une association. Et on montre aussi l'approche avec les gens. Je viens de Colombie. Je trouve que c'est une bonne expérience aussi pour l'intégration, même pour moi-même. Même avec les gens, parfois, si tu viens de l'étranger, c'est pas pareil. Et du coup, là, je trouve que j'arrive déjà, j'ai des amis, c'est plus naturel. Je pense que les seniors sont plus tranquilles, ils n'ont pas de préjugés.

  • Speaker #1

    Tu dis que ça t'a un petit peu transformée, un petit peu changée. Qu'est-ce que concrètement le café t'a apporté ?

  • Speaker #3

    Même si j'ai beaucoup confiance en espagnol, c'est ma langue maternelle. Parfois j'ai du mal avec les français tu vois et là je trouve que je peux être moi même je peux parler même si je me trompe ou si je dis n'importe quoi parfois c'est pas grave tu vois c'est pas ouf ils vont pas te dire oh non parle pas comme ça non c'est vraiment naturel et comme ça je peux y aller plus loin parce que parfois il y a des lieux tu peux pas faire pareil parce que déjà tu as en tête que si c'est pas ta langue maternelle tu es un peu frustré. Mais là, je trouve que ce n'est pas vraiment un empêchement pour grandir, sortir, apprendre et partager avec les gens. Et voilà, je trouve que c'est vraiment cool.

  • Speaker #1

    Bonjour Marlène, vous êtes un peu une habituée au café chez Dazzy ?

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr, une ancienne surtout. Il y a longtemps que je pratique et ça me plaît toujours autant.

  • Speaker #1

    Ça fait combien de temps que vous venez ici ?

  • Speaker #0

    Depuis que je suis en retraite. Je ne vous donnerai pas le temps, parce qu'à mon âge, on ne compte plus.

  • Speaker #1

    La première fois que vous êtes venue ici, chez Daddy, qu'est-ce que vous avez ressenti ?

  • Speaker #0

    J'ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part de la jeunesse, qui est ici pour aider, pour servir, pour nous donner la main, pour nous aider à ne pas nous sentir seules. Et ça, c'est le plus important, c'est la bienveillance et l'entraide.

  • Speaker #1

    Pour vous, c'est une bonne chose du coup que la jeunesse décide de se mobiliser un petit peu pour venir vous aider ?

  • Speaker #0

    Mais oui, mais c'est merveilleux. Mais j'ai découvert, je ne connaissais pas, et je trouve ça merveilleux. Je voudrais que ça continue partout, que vous en fassiez partout, dans tout Lyon et ailleurs, pour les autres personnes comme moi.

  • Speaker #1

    Si vous devez définir le café chez Daddy en quelques mots, à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, qu'est-ce que vous lui diriez ?

  • Speaker #0

    Je dirais bienveillance, convivialité, en deux mots. Voilà, j'ai dit.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Chez Daddy, on rigole, on se chambre et même les plus timides finissent par se laisser embarquer. Aujourd'hui, un groupe d'étudiants de Terra Vitaia est venu passer l'après-midi avec les aînés. Terra Vitaia, c'est une association étudiante qui agit pour l'environnement et les droits humains. Finir cette journée, rien de mieux qu'un petit concert à l'improviste. Comme et Lucie ont 20 ans, tous les deux étudiants en sciences politiques, comme et aussi le président de l'association, c'est la deuxième fois qu'ils viennent cette année.

  • Speaker #4

    On est déjà venus, il me semble, fin mi-février, fin février, le 5 mars, le 7 mars finalement. C'était en mars,

  • Speaker #5

    donc mon frère,

  • Speaker #4

    personnellement, je ne connaissais pas le café chez Lady et je trouve ça assez sympa comme lieu pour rencontrer des gens, passer du bon temps, se détendre après les cours aussi, c'est pas mal.

  • Speaker #3

    On était déjà venus le 5 mars du coup et c'est vrai que c'est un cadre super convivial.

  • Speaker #1

    Justement, tu parles de convivialité, c'était quoi votre première impression quand vous êtes rentrés dans le café ?

  • Speaker #4

    La première impression c'était que déjà il n'y avait pas beaucoup de bruit, c'était assez silencieux pour le coup, on est arrivé il était 15h30 il me semble à peu près. Et donc du coup les résidents qui étaient là n'étaient pas encore très actifs et quand on est arrivé il y avait un peu plus de vie parce que du coup ils rencontraient d'autres personnes, de nouvelles personnes, on avait joué, on avait échangé. On a eu un moment musical à la fin donc c'était assez sympa, c'était assez marrant aussi.

  • Speaker #3

    Au début c'était assez calme. Et puis par la suite, il y a eu un peu plus d'ambiance, de vie avec la musique, etc. C'était super sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une rencontre ici qui vous a un petit peu marqué ?

  • Speaker #4

    On l'a encore rencontrée aussi aujourd'hui, c'est Denise. Elle est exceptionnelle. Elle a une pêche incroyable. Elle est super cool. Elle a aussi une gentillesse. Une envie de connaître les gens, une envie aussi de partager ce qu'elle connaît du Rumikub du coup, le jeu auquel on a joué il y a un mois et maintenant encore. C'est franchement une belle rencontre personnelle.

  • Speaker #1

    Chez Daddy, ça semble être un lieu qui lutte un petit peu contre l'isolement. Quelle était votre vision sur l'isolement social avant de venir ?

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'en étant étudiante, on peut aussi faire face du coup à de l'isolement. du fait qu'on ne soit pas dans la même ville que sa famille ou que ses amis du collège ou du lycée, etc. Et c'est vrai qu'en étant une personne âgée, de même, si les enfants ou les petits-enfants ont déménagé dans d'autres villes, il peut y avoir un certain isolement et le fait d'allier les deux, c'est super sympa.

  • Speaker #1

    J'ai terminé sur une dernière question un petit peu plus simple. Qu'est-ce que ce lieu représente pour vous aujourd'hui ?

  • Speaker #4

    Ce lieu, alors je le disais un petit peu au début, c'est un lieu qui... de détente donc qui pour moi au niveau des révisions de contrôle ça pourrait être pas mal je connaissais pas avant et j'ai pas pu y aller sur le mois de mars parce que j'avais pas du tout le temps mais pour les partiels qu'on a là en fin d'année je pense que ça pourrait être pas mal de finir pour passer du temps ailleurs que dans la maison dans sa chambre avec la famille où ça peut être un peu un peu du bruit enfin où il peut y avoir un peu de bruit parce que moi j'habite chez ma famille c'est rare chez les étudiants il y en a beaucoup qui viennent de d'autres villes de d'autres régions même. de France, voire qui viennent d'autres pays, selon les cursus aussi. C'est un lieu qui me permet de me détendre et de passer du bon temps. Là, en plus, il fait beau.

  • Speaker #5

    C'est parfait.

  • Speaker #1

    Le café de Perrache est le seul de Lyon à disposer d'une vraie grande cuisine. Les repas y sont préparés chaque midi. Comptez à peu près 19,50 euros pour la formule entrée plat-dessert. On y propose également le soir lors des soirées à thème de quoi grignoter. Après le service du midi, place au briefing de l'équipe de l'après-midi. En moyenne, 6 personnes, staff et bénévoles confondus, se relaient chaque jour.

  • Speaker #3

    Vous appuyez là pour allumer, hop, comme ça, ok. Là vous mettez stop parce que du coup on reprend. Ok, là le petit bouton bleu.

  • Speaker #2

    Et là on est bon,

  • Speaker #3

    on est sur chaleur sèche. La température va monter à 180 automatiquement pour vérifier.

  • Speaker #0

    Tu appuies dessus,

  • Speaker #2

    180,

  • Speaker #3

    donc c'est bon. Et là après tu gères ton timer.

  • Speaker #2

    Ok,

  • Speaker #3

    c'est combien de temps ?

  • Speaker #2

    4-5 minutes. Et après t'appuies sur start.

  • Speaker #1

    Et ça va sonner. Vous vous en doutez, un lieu où les boissons sont en libre service, où chacun peut se servir un thé, un café, une citronade à volonté, ce n'est pas un modèle économique facile à faire vivre. D'autant que l'adhésion ne coûte que 10 euros par mois. Salomé est la coordinatrice du café de Perrache, elle est là depuis seulement 3 semaines. Bonjour Salomé, il y a une petite particularité au café chez Daddy de Perrache, c'est tout le côté cuisine, limite restaurant. Du coup, il y avait quoi à la carte ce midi ?

  • Speaker #2

    Alors ce midi à la carte, il y avait une entrée de thon, une rillette de thon. Et ensuite, il y avait plusieurs menus. Le plat du jour, c'était du rôti avec de la pomme de terre. Sinon, on avait du gratin de fenouil ou des ravioles pour les végétariens.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que vous choisissez un petit peu les menus ? Est-ce que ça se fait selon la clientèle du café ?

  • Speaker #2

    Alors oui, souvent. Alors ça, c'est le secret de nos chefs Chloé, qui sélectionnent des produits frais et de saison. Et oui, c'est souvent selon les goûts des résidents, notamment qui sont nos adhérents principaux et selon les saisons.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de venir travailler ici chez Dady ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qui m'a donné envie, c'est le côté social et intergénérationnel. C'est vrai que les seniors, ce n'est pas un public dans lequel j'ai eu l'habitude de travailler. Du coup, je découvre totalement un univers des sensibilités, des points d'attention que je n'avais pas avec d'autres publics. Et c'était vraiment ce point d'intergénérationnel qui m'a attiré chez Taddy. Et de rompre un peu cette solitude également, ça m'a beaucoup touchée.

  • Speaker #1

    C'est ce qui fait un petit peu la particularité du café, qui te différencie des autres.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est vraiment un café où je fréquente pas mal de cafés, pas mal de bars. Vraiment, chez Café Taddy, il y a quelque chose de très différent. qui s'émane de par les adhérents, les résidents pour nous, le côté restauration et le côté ambiance, cette intergénérationnalité qui en émane, c'est super, c'est incroyable. On a des histoires de personnes qui ont 18 ans ou de personnes qui en ont 70 qui peuvent se rejoindre et il y a vraiment des points de synergie très intéressants. Quand on arrive chez Café Daddy, on a une petite formation où on nous parle de différences entre isolement et solitude. On a vraiment une explication chiffrée aussi de personnes isolées et je ne m'attendais pas qu'il y en ait autant. En fait, j'étais assez impressionnée des chiffres. En plus, c'est des chiffres qui dataient de 2022. Donc là, on est en 2025 et je pense que ça ne fait qu'accroître. Et j'avais un rapport très, très solide à la solidarité parce que j'ai toujours travaillé dedans. Mais alors, concernant l'isolement des personnes âgées, je ne m'en doutais pas du tout.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Selon le baromètre des petits frères des pauvres publié en 2021, en France, 2 millions de personnes âgées sont isolées des cercles de sociabilité, et 530 000 sont en situation de mort sociale. C'est-à-dire qu'ils ne rencontrent jamais, ou très rarement, d'autres personnes, ni famille, ni amis, ni voisinage, un chiffre qui s'aggrave d'année en année, parce qu'en 2017 il n'était que 300 000, soit une augmentation de 77% de seniors isolés en 4 ans à peine.

  • Speaker #0

    C'est le petit, tu peux aller là comme ça,

  • Speaker #1

    ouh là !

  • Speaker #0

    Attends, on démarre.

  • Speaker #1

    Regarde,

  • Speaker #3

    regarde, mon comédien en train de foutre le camp.

  • Speaker #1

    Il est là. Ah bah voilà ! Mais le comédien, c'est le comédien du bon côté. De l'autre côté, c'est le comédien du pire. Même si l'ambiance est bonne chez Daddy, il y a parfois de petites chamailleries. Les tisseurs de liens sont là pour veiller à l'équilibre. Leur rôle, créer du lien, repérer les personnes un peu seules et lancer une discussion. Bref, faire en sorte que tout le monde se sente à l'aise. Un peu comme des médiateurs de l'ambiance, ils observent, écoutent et interviennent dès qu'ils sentent qu'un... un coup de pouce pour aider quelqu'un à s'intégrer. C'est le rôle de Marie, elle a 23 ans, elle est en service civique au sein de chez Daddy Perrache.

  • Speaker #3

    Tisseuse de lien, en fait, c'est un terme assez vaste parce qu'il englobe beaucoup de choses, mais surtout ce tissage de lien qui est très important chez Daddy. C'est vraiment le fait de jamais laisser une personne seule et d'essayer de faire rencontrer tout le monde. Parce qu'on a un café intergénérationnel, il y a aussi ce truc de faire rencontrer les plus âgés avec les plus jeunes, ce qui n'est pas toujours quelque chose qui se fait de manière naturelle. Et du coup, moi, je suis un peu là pour ça, pour faciliter les échanges. Et faire que les gens qui rentrent pour la première fois dans le café se sentent directement un peu comme à la maison.

  • Speaker #1

    J'imagine que tisser du lien, ce n'est pas toujours une tâche simple. C'est quelque chose d'invisible, mais c'est nécessaire. C'est quoi pour vous tisser du lien ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, c'est une belle question. C'est vrai que des fois, c'est compliqué de tisser du lien. Je reviens d'abord là-dessus. Ce n'est pas facile avec tout le monde. Des fois, on a du mal et c'est pour ça qu'on est une équipe avec plusieurs personnes. Comme ça, si certains... ont du mal avec une personne, l'autre peut prendre le relais. Qu'est-ce que c'est tisser du lien pour moi ? C'est un peu comme une araignée qui tisse sa toile et qui fait des fils invisibles entre les gens pour que les gens se parlent entre eux et que les gens discutent et que ça crée des relations et qu'ensuite, une fois que le fil est tissé, il n'y a plus besoin de l'araignée pour qu'il préexiste.

  • Speaker #1

    Mais du coup ? Quand vous êtes devenue tisseuse de lien, est-ce qu'il y a eu une sorte de mini-formation ?

  • Speaker #3

    J'ai eu beaucoup de formations parce que moi du coup je suis venue en service civique grâce à SC2S, qui est du coup Service Civique Solidarité Senior, qui nous ont formé sur beaucoup de points, surtout le public des personnes âgées, parce que c'est pas un public qu'on côtoie forcément toujours. Et du coup j'ai eu pas mal de formations en tant que telle sur les personnes âgées. Après sur le tissage de lien, je pense que... Chez DADI, ils embauchent aussi des gens qui peuvent avoir cette facilité déjà d'aller voir les gens. Et du coup, c'est un peu quelque chose qu'on apprend sur le terrain aussi. Regarde là, par exemple, il y a quelqu'un qui vient de rentrer. Essaye d'aller le voir, je t'accompagne et on voit comment ça fonctionne, comment on présente le lieu et comment on peut faire que cette personne, elle intègre ces gens-là qui sont juste à côté et qui jouent aux cartes. Du coup, je ne pensais pas à une formation précise. C'est plus une formation continue pendant tout le service civique.

  • Speaker #1

    C'est quoi un petit peu les atouts à avoir pour vraiment être à fond dans le rôle de tisseur de lien ?

  • Speaker #3

    Déjà je pense qu'il faut être assez à l'aise avec les gens et les inconnus. Je sais que moi ce n'était pas forcément quelque chose dont j'étais fan au début. Je n'ai jamais eu vraiment du mal avec les gens pour parler avec eux. Mais c'est vrai que des fois quand tu ne connais pas la personne, c'est un peu dur d'y aller. Mais c'est quelque chose qui s'apprend aussi sur le tas. Et je sais que maintenant, il y a quelqu'un qui vient me voir. Je peux dire être très motivée et très enthousiaste à l'idée de rencontrer une nouvelle personne. Mais je pense que c'est vraiment ce côté social qui est important. Être souriant aussi, on l'oublie souvent, mais juste avoir le sourire des fois, les gens peuvent venir te parler juste parce que tu as un sourire sur le visage. Et c'est vrai que ça fait vraiment beaucoup. Et ensuite, je pense que c'est beaucoup de choses qui s'apprennent et on n'est pas forcément social, on le devient finalement.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous n'êtes pas uniquement là pour faciliter les connexions, vous avez aussi un petit rôle de témoin. Est-ce que vous avez déjà pu assister à des scènes qui vous ont un peu marqué ?

  • Speaker #3

    Oui, moi j'en ai toujours une qui me revient en tête quand on me demande ça. C'est une personne qui était en très forte précarité, qui était venue au café un matin. Et pendant toute la matinée, on avait essayé de l'aider à trouver des solutions à cette précarité. Et une des résidentes de la résidence autonomie juste à côté était descendue. Et elle est très croyante. Du coup, sur son porte-clé, elle avait un petit médaillon de Saint-Paul ou je ne sais plus qui. Et en fait, ils avaient commencé à prier ensemble pour que ce jeune homme... On retrouve le bonheur et c'était vraiment un moment où j'étais témoin d'une foi qui était très énorme et d'un lien qui s'était créé entre deux personnes qui ne se connaissaient pas dix minutes avant. Et vraiment c'était trop beau.

  • Speaker #1

    C'est un petit peu la beauté du café chez Daddy, c'est que vraiment tout le monde puisse se rencontrer et s'entraider un peu à sa manière.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est vraiment ce mélange de tous finalement, des jeunes, des vieux, des très riches, des plus pauvres. Vraiment c'est tout et c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Le lien, c'est quelque chose de fragile. Il peut facilement être brisé ou ignoré, mais il peut aussi se renforcer et se solidifier grâce à des petites attentions. Comment on prend soin de cette fragilité ici chez Daddy ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, oh là là, ça commence à devenir dur ces questions. En fait c'est un peu des questions d'habitude aussi je pense, à force de voir certaines personnes, on apprend à vraiment les connaître et je sais qu'avec certains je peux faire tel type de blagues et qui vont renforcer un peu l'amitié qu'on a pu créer. Avec d'autres c'est plus des petites attentions, par exemple on sait qu'il est allé chez le médecin la veille, lui demander comment ça s'est passé, s'il a eu des bonnes nouvelles. Des fois, on rencontre aussi la famille. Du coup, demander comment va la famille. Un tel, elle est partie à Dubaï. Comment ça se passe son travail ? Je pense que c'est vraiment une question d'habitude de toujours demander des infos de l'autre. Et vu qu'on commence à le connaître à force, il y a vraiment une relation qui se crée. Et c'est vraiment, ouais, c'est de demander des nouvelles tout le temps et d'apprendre à vraiment se connaître.

  • Speaker #1

    Tu es tisseuse de liens depuis un petit moment maintenant chez Daddy. Est-ce que ça t'est déjà arrivé de douter ? D'avoir des moments de doute, d'avoir des moments un peu où tu t'es sentie dépassée par la situation ?

  • Speaker #3

    Tous les jours. Franchement, je pense que tous les jours, j'ai eu des petits moments de doute et de me dire « En fait, ce que je fais, ce n'est pas assez. Je pourrais faire ça aussi. Je pourrais faire ça. Et si j'avais fait ça, ça aurait été mieux. Et si j'avais réagi comme ça, et si j'avais dit ceci. » Mais je pense que ça reste humain aussi de douter finalement. Et des fois, après, je remets en contexte tout ce que je fais et je me dis quand même que... Ça fait un petit moment que je suis là pour des gens et que je passe des super chouettes moments avec eux. Et puis c'est aussi eux comment ils me retournent tout ça. Je reçois des petites attentions et des petits mots qui, enfin, on m'a déjà dit, mais vraiment, on ne pourra jamais t'oublier. Ça, c'est quelque chose qui me marque énormément et qui me fait dire que je ne fais pas ça en vain, que ça a un but. Donc même si je doute, je me dis, j'ai déjà fait ce que je pouvais aujourd'hui et c'est déjà bien.

  • Speaker #1

    C'est beau au final de se dire que dans ces moments de doute, c'est les personnes. que tu rencontres ici qui t'aident à aller mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est incroyable. Et je me dis, je leur ai apporté quelque chose, mais je pense qu'inversement, ils m'ont tellement apporté aussi. Vraiment, c'est une expérience incroyable, je la recommande.

  • Speaker #1

    A l'origine de chez Daddy, il y a Philippe Albanel. C'est lui qui, en partendument criant de lieux de rencontres informels, a imaginé ce lieu ouvert à tous. Pour comprendre ce qui l'a inspiré et comment le projet a évolué, je suis allé le rencontrer au tout premier café, celui de Croix-Rousse. Bonjour Philippe Albanel, merci de m'accueillir ici chez DADY. Alors avant d'entrer dans le cœur de ce lieu, j'aimerais qu'on prenne un petit peu de temps pour parler de votre parcours. Vous avez longtemps travaillé dans l'accompagnement des personnes âgées, notamment dans le secteur de l'aide à domicile, un secteur qui est souvent invisible, où l'on côtoie à la fois des fragilités sociales, la solitude et un sentiment un peu d'inutilité, qui mine peu à peu. Est-ce que vous pouvez me raconter comment cette expérience a nourri votre regard sur notre société et ce qui vous a poussé à agir ?

  • Speaker #5

    Bonjour Baptiste, merci pour cette introduction et avec plaisir. Alors moi je me suis lancé, et c'est toujours une partie de mon métier, c'est une agence d'aide à domicile, donc c'est accompagner les personnes âgées pour qu'ils puissent rester à domicile dans les meilleures conditions possibles. Donc je me suis lancé il y a 9 ans, bientôt 10 ans maintenant, donc avec des auxiliaires de vie qui interviennent au domicile de personnes âgées et ce qui m'a frappé, c'est qu'il y avait beaucoup de personnes qui ont... qu'on accompagnait qui, en dehors des hauts-cielaires de vie, ne voyaient personne de leur journée. Donc moi, ça a été un peu un choc de voir cette question de l'isolement et l'importance du lien social, justement. Et je voyais que la relation qui se nouait avec les hauts-cielaires de vie avait un énorme bienfait sur le moral et même sur la santé. Et il y a même quelque chose qui m'avait frappé et qui m'a donné froid dans le dos, c'est... J'ai vu qu'il y avait pas mal de personnes âgées qui se faisaient aussi... arnaqués par des démarcheurs téléphoniques et de personnes qui, à force de voir personne de leur journée, de ne pas avoir d'interaction, souvent, quand ils ont des personnes qui vont les démarcher par téléphone, peuvent être contentes de avoir ce lien social, quitte à acheter un matelas 5 000 euros juste pour maintenir ce lien. Et c'est là-dessus où je me suis dit qu'on est vraiment devant un drame humain. Et c'est là où ça m'a donné envie, je sens, d'aller plus loin que les dates domiciles pour répondre à ce qui, pour moi, est un des fléaux de notre société.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour ça, vous avez décidé de créer un café. Bon, créer un café, a priori, ce n'est pas la réponse la plus évidente à l'isolement. Et pourtant, vous avez choisi cette forme-là. Un lieu de vie chaleureux où on partage des repas, des ateliers, des discussions. Pourquoi avoir choisi du coup de faire un café ? Qu'est-ce que vous permet un café que d'autres structures plus institutionnelles ne permettent pas selon vous ?

  • Speaker #5

    Alors le café, il y a quelque chose qui est très fort dans le café, c'est que ça parle à tout le monde. Et généralement, il y a peu de préjugés sur le café ou de perceptions négatives. Contrairement à beaucoup d'autres choses qui existent où on va souvent faire empêcher une partie de la population de venir parce qu'il y aura trop de clichés si je pense par exemple rien qu'aux tiers lieux ou à des lieux de rencontres ou aux centres sociaux on va avoir un peu cette théorétique où on verra bah non mais ça me concerne pas ou je suis pas le bienvenu dans ces lieux donc le café tout le monde sait qu'un café c'est ouvert à tous donc pour nous ça c'était c'était important et l'autre point qui était très important pour nous c'est en fait d'essayer de recréer le bistrot de quartier d'autrefois en discutant avec beaucoup de personnes âgées, j'ai senti qu'il y avait une certaine nostalgie de ce bistrot de quartier où tout est fait pour qu'on puisse facilement rencontrer son voisin, papoter, refaire le monde, faire des activités. Et voilà, ça a vraiment été ça le but initial, c'est de recréer un peu ce bistrot de quartier et avoir quelque chose qui pour moi est très important, c'est que quand on va dans un café, généralement il y a une atmosphère, il y a une certaine chaleur, etc. Et que quand on pense personnes âgées, on va souvent penser des trucs plutôt un peu dans le médical, assez froid, un peu austère. Et ça, c'est quelque chose que je m'étais dit, en fait, c'est tellement triste. Alors que je trouve qu'être dans un beau lieu, déjà, ça change complètement ton état d'esprit et ça favorise la convivialité, la rencontre, etc.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, en France, on estime qu'environ 530 000 personnes âgées sont en situation de mort sociale. Donc, c'est-à-dire sans aucun contact avec l'extérieur. C'est un chiffre donné par les petits frères des pauvres. Et cette solitude ne touche plus seulement les personnes âgées. Elles gagnent aussi les plus jeunes, les étudiants et les actifs isolés. Est-ce que vous avez voulu répondre à cette solitude qui dépasse les âges ? Comment est-ce que vous la percevez dans la société actuelle ?

  • Speaker #5

    Oui, en tout cas, je trouve que les rapports des Pifres et des Pauvres pour ça montrent à quel point on est face à une épidémie de l'isolement, de la solitude. Et même pour poursuivre sur ce chiffre de 530 000, c'était dans le rapport de 2021. En 2017, on était à 300 000. Donc on voit qu'il y a eu une explosion. de l'isolement et de cette mort sociale, et pour moi, il n'y a pas grand chose, à mon sens, de plus terrible que d'être en mort sociale, ça veut dire qu'en fait, on est mort avant d'être mort, et qu'en fait, on passe sa journée sans sentir utile, sans avoir de contact, sans personne sur qui on peut compter au quotidien, et moi, quand j'y pense, c'est vraiment un truc où je me dis, je trouve que c'est vraiment atroce, et en plus, c'est invisible, donc c'est vrai qu'on en parle pas. pas trop. Je trouve qu'il y a une prise de conscience collective depuis plusieurs années par rapport à ce phénomène, avec de plus en plus de rapports aussi qui sortent. Il y a l'Organisation Mondiale de la Santé qui a fait toute une étude et qui a prouvé que l'isolement tuait plus que la cigarette. Il y a quelques signaux positifs de cette prise de conscience. Après, il y a un enjeu qui pour moi est crucial. C'est qu'on a une société qui a énormément évolué ces dernières années avec des des familles qui sont de plus en plus éparpillées géographiquement, et qu'il y a une importance de recréer des solidarités de proximité qui autrefois étaient portées par le cercle familial. Et aujourd'hui, c'est ça qu'il faut imaginer. Nous, c'est ce qu'on essaye à notre échelle, de recréer à travers chez Daddy. C'est plus qu'un café, une seconde famille. Et c'est vraiment cette importance d'avoir des lieux où on se rencontre, on s'amuse, on fait la fête, mais également où on s'entraide. Et ça, c'est ça pour nous qui est important. Et quelque chose aussi que je n'ai pas trop dit, chez Daddy c'est un lieu où Nous, on part du principe que tout le monde a un talent, tout le monde a quelque chose à transmettre, tout le monde peut participer à la vie du lieu. Donc c'est un lieu particulier parce que chacun va pouvoir se servir, mettre la main à la pâte, tout le monde peut s'engager et devenir bénévole. Et on va encourager chaque personne à faire des dons à hauteur de ses moyens, mais c'est aussi ouvert financièrement à tous. Et toutes les activités qu'on propose sont animées par les personnes du quartier. Et on va en faire entre 30 à 50 par mois. et en fait c'est quelque chose qui je trouve fonctionne vachement bien C'est qu'on voit l'impact que ça a aussi sur les personnes qui vont animer des activités, parce que ce sentiment d'utilité, pour moi, est presque sûrement un des meilleurs vecteurs pour lutter contre l'isolement. Et qu'une fois qu'on se sent utile, on va mieux, moralement ça va mieux, et au niveau de la santé aussi.

  • Speaker #1

    Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés, ou que vous rencontrez encore aujourd'hui, et comment vous les avez résolus ?

  • Speaker #5

    Alors ça, c'est la vie d'un café comme ça, c'est fait de... d'obstacles en permanence. On a eu plusieurs, on a eu un premier obstacle qui était très important, c'était sur le modèle économique. Quand on a commencé à ouvrir le café, on pensait que On avait fonctionné plus comme un café classique et on s'est rendu compte qu'en fait, notre public n'était pas très consommateur. Et donc, on avait beaucoup de monde qui venait au café, mais qu'à la fin, les revenus étaient limités. Et à un moment, on a fait le choix de se dire, pour que ça fonctionne, pour qu'on puisse y aller dans le temps, on va essayer d'avoir une offre plus variée, d'être plus comme un café classique. Et en fait, on s'est rendu compte qu'on faisait fausse route et qu'on commençait à perdre un peu la dimension sociale du projet en allant vers ce chemin-là. Et donc, on s'est dit, en fait, il faut faire complètement le contraire, simplifier complètement le modèle et le rendre le plus participatif possible. pour que ça fonctionne, donc ça c'est un des gros obstacles et ça nous a mis deux ans à trouver la bonne formule, et après on a des obstacles plus du quotidien, de t'es dans l'humain, donc forcément tu entends tu peux avoir des conflits, tu peux avoir des gestions difficiles, tu peux avoir des gens qui respectent pas les valeurs du café, à qui il faut dire qu'ils sont plus les bienvenus au café parce que ça va nuire au reste ça c'est des choses qui peuvent arriver, et voilà et c'est aussi ça qui fait la richesse du lieu, c'est que de toute façon quand tu vis avec quand t'es avec plein de personnes très différentes et forcément, de temps en temps, il y a des affinités qui se créent, il y a des conflits. Et nous, ce qui est important, c'est pour ça qu'on a créé une charte, justement, pour s'appuyer sur cette charte, pour faire en sorte que ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Et pour finir, est-ce qu'il y a une rencontre ici, chez Daddy, qui vous a particulièrement ému ou marqué, et qui résume ce que vous avez voulu provoquer ?

  • Speaker #5

    Alors là, c'est difficile d'en choisir une, j'en ai plein qui me traversent la tête. Mais je vais parler d'une personne en particulier qu'on appelle ici Framboise. Framboise, c'est une adhérente de la première heure qui est maintenant devenue l'ambassadrice des cafés et qui est vraiment quelqu'un qui est extraordinaire parce qu'elle a toujours une attention pour tout le monde et c'est quelqu'un qui porte pleinement les valeurs du café et qui arrive à le faire vivre auprès de tous les adhérents. Et c'est vraiment quelqu'un qui a le cœur sur la main et on sent qu'elle a... Effectivement, il y a une fille, moi, à titre personnel, j'ai quelqu'un aussi qui est très honnête parce que j'ai deux petits garçons et... Il y a aussi une relation très particulière qui est née entre elle et mes deux petits. Et il y a quelque chose qui est très chouette justement dans cette relation.

  • Speaker #1

    Bah écoutez, je suis arrivé à bout de mes questions. Merci beaucoup Yves.

  • Speaker #3

    J'ai compté à vous. Ah bah oui.

  • Speaker #5

    J'espère que ça va être bon. Ah oui, vite.

  • Speaker #1

    Il existe actuellement 5 cafés, 3 à Lyon, 1 à Taunan, Haute-Savoie, et le petit dernier vient d'ouvrir à Saint-Foy-les-Lyons. en plein cœur du centre hospitalier. Un autre café devrait voir le jour avant la fin de l'année, à Lille, dans le Nord.

  • Speaker #0

    Chez Daddy, on ne vient pas seulement déjeuner ou boire un café, on vient retrouver des visages connus, échanger quelques mots, participer à une partie de cartes, des moments simples qui permettent au lien de se tisser petit à petit.

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Description

☕ Et si un simple café suffisait à retisser du lien ?


En France, la solitude des personnes âgées progresse. À Lyon, les cafés Chez Daddy proposent une réponse concrète : des lieux chaleureux et intergénérationnels, pensés pour renouer les liens et lutter contre l’isolement.


Philippe Albanel, fondateur du projet, raconte comment son parcours dans l’aide à domicile l’a mené à ouvrir un premier café à la Croix-Rousse. Il partage ses doutes, ses convictions, et surtout la force des rencontres.


Dans cet épisode, on entend aussi Marlène, résidente d’un EHPAD voisin, Marie, en service civique, et Salomé, coordinatrice du lieu. Ensemble, ils tissent du lien, au fil des cafés partagés.


Comment ces tiers-lieux peuvent-ils changer la donne face à l’isolement social ? Et comment faire vivre la mixité générationnelle, au quotidien ?


🎧 Une immersion signée cette semaine Baptiste Boucher !


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans une société où l'on parle de plus en plus de solitude, d'isolement, de liens qui se distendent, certains lieux tentent de faire bouger les lignes. Des espaces pensés, non pas pour consommer, mais pour se rencontrer. Chez Daddy, il fait partie de ces lieux à contre-courant, ni bar, ni simple café. Il a été conçu pour rompre l'isolement et encourager la rencontre sans autre prétexte que celui d'être ensemble. Cinq adresses existent aujourd'hui, quatre dans le Rhône et une en Haute-Savoie. Cinq lieux, mais un même esprit. Ici, tout est pensé pour que les gens se parlent, se croisent, se reconnaissent. Le nom Chez Daddy porte en lui une forme de promesse, celle d'un lieu accueillant, familial. A l'image de ce Daddy qui a inspiré le projet à Philippe Albanel, un grand-père bienveillant, chaleureux, qui ouvrait sa porte à tout le monde. C'est cet esprit d'hospitalité, de simplicité et d'écoute que l'on cherche à faire revivre ici, jour après jour, un lieu où l'on peut simplement être là, ensemble. Cette semaine, ce n'est pas moi qui vous emmène chez Daddy, mais Baptiste Boucher qui a passé deux mois en stage au sein d'un embattement d'aile. Bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour ! Bonjour ! Je suis Baptiste Boucher, je suis journaliste. Bonne soirée, si tu veux. Ok, merci. Ça ira, merci. C'est ça, ouais.

  • Speaker #2

    Déjà ?

  • Speaker #1

    Je suis un petit peu en avance, ouais. Ça ira, au pire, je vais... Nous sommes dans le quartier de Perrache à Lyon. Le café chez Daddy a ouvert ses portes le 1er février 2022 au 66 Coursuchet. Ce jeudi il fait beau et comme souvent le déjeuner se prend en terrasse. Ce jour là une adhérente fait la sieste à l'ombre d'un arbre ce qui ne manque pas de faire réagir un autre adhérent qui s'amuse à venir la chatouiller avec une branche. L'heure du repas, c'est le moment pour les habitués de se retrouver et de débattre de quelques habitudes alimentaires, disons pour le moins originales.

  • Speaker #2

    J'avoue, un truc un peu bizarre mais que j'adore, c'est de faire des tartines de mayonnaise. Ça,

  • Speaker #3

    c'est cool.

  • Speaker #2

    Souvent, je fais ça un peu en désespérance. Mayonnaise, bout de pain, télé.

  • Speaker #0

    Si vous avez des trucs comme ça, oui.

  • Speaker #3

    Moi, tout le monde me jugeait tout le temps quand j'étais petite, je fais trempé le pain dans le yaourt. Je trouve que ça rend vraiment meilleur le yaourt. On prend un autre goût derrière, tu vois, j'adore.

  • Speaker #1

    Après le repas, on reste, on discute autour d'un café et on sort les jeux de société. Scrabble, rumicu, belote, il n'y a qu'à choisir. Et si on ne connaît pas les règles, pas de soucis, il y aura toujours quelqu'un pour bien nous les expliquer.

  • Speaker #3

    Moi, je me souviens plus des règles.

  • Speaker #0

    Alors, on en prend quatre.

  • Speaker #1

    La bouche, je ne sais même pas. Ici, il n'y a pas de frontière entre habitués, bénévoles et salariés. Certains adhérents passent presque tous les jours, d'autres viennent seulement une ou deux fois par semaine. Mais tous finissent par se connaître. Et si ce n'est pas encore le cas, ça ne dure pas longtemps. Bonjour Laura, vous êtes stagiaire ici, chez Daddy. Pourquoi avez-vous décidé de venir dans ce café et pas un autre ?

  • Speaker #3

    On dit que c'est un café, mais après c'est une association. Et on montre aussi l'approche avec les gens. Je viens de Colombie. Je trouve que c'est une bonne expérience aussi pour l'intégration, même pour moi-même. Même avec les gens, parfois, si tu viens de l'étranger, c'est pas pareil. Et du coup, là, je trouve que j'arrive déjà, j'ai des amis, c'est plus naturel. Je pense que les seniors sont plus tranquilles, ils n'ont pas de préjugés.

  • Speaker #1

    Tu dis que ça t'a un petit peu transformée, un petit peu changée. Qu'est-ce que concrètement le café t'a apporté ?

  • Speaker #3

    Même si j'ai beaucoup confiance en espagnol, c'est ma langue maternelle. Parfois j'ai du mal avec les français tu vois et là je trouve que je peux être moi même je peux parler même si je me trompe ou si je dis n'importe quoi parfois c'est pas grave tu vois c'est pas ouf ils vont pas te dire oh non parle pas comme ça non c'est vraiment naturel et comme ça je peux y aller plus loin parce que parfois il y a des lieux tu peux pas faire pareil parce que déjà tu as en tête que si c'est pas ta langue maternelle tu es un peu frustré. Mais là, je trouve que ce n'est pas vraiment un empêchement pour grandir, sortir, apprendre et partager avec les gens. Et voilà, je trouve que c'est vraiment cool.

  • Speaker #1

    Bonjour Marlène, vous êtes un peu une habituée au café chez Dazzy ?

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr, une ancienne surtout. Il y a longtemps que je pratique et ça me plaît toujours autant.

  • Speaker #1

    Ça fait combien de temps que vous venez ici ?

  • Speaker #0

    Depuis que je suis en retraite. Je ne vous donnerai pas le temps, parce qu'à mon âge, on ne compte plus.

  • Speaker #1

    La première fois que vous êtes venue ici, chez Daddy, qu'est-ce que vous avez ressenti ?

  • Speaker #0

    J'ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part de la jeunesse, qui est ici pour aider, pour servir, pour nous donner la main, pour nous aider à ne pas nous sentir seules. Et ça, c'est le plus important, c'est la bienveillance et l'entraide.

  • Speaker #1

    Pour vous, c'est une bonne chose du coup que la jeunesse décide de se mobiliser un petit peu pour venir vous aider ?

  • Speaker #0

    Mais oui, mais c'est merveilleux. Mais j'ai découvert, je ne connaissais pas, et je trouve ça merveilleux. Je voudrais que ça continue partout, que vous en fassiez partout, dans tout Lyon et ailleurs, pour les autres personnes comme moi.

  • Speaker #1

    Si vous devez définir le café chez Daddy en quelques mots, à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, qu'est-ce que vous lui diriez ?

  • Speaker #0

    Je dirais bienveillance, convivialité, en deux mots. Voilà, j'ai dit.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Chez Daddy, on rigole, on se chambre et même les plus timides finissent par se laisser embarquer. Aujourd'hui, un groupe d'étudiants de Terra Vitaia est venu passer l'après-midi avec les aînés. Terra Vitaia, c'est une association étudiante qui agit pour l'environnement et les droits humains. Finir cette journée, rien de mieux qu'un petit concert à l'improviste. Comme et Lucie ont 20 ans, tous les deux étudiants en sciences politiques, comme et aussi le président de l'association, c'est la deuxième fois qu'ils viennent cette année.

  • Speaker #4

    On est déjà venus, il me semble, fin mi-février, fin février, le 5 mars, le 7 mars finalement. C'était en mars,

  • Speaker #5

    donc mon frère,

  • Speaker #4

    personnellement, je ne connaissais pas le café chez Lady et je trouve ça assez sympa comme lieu pour rencontrer des gens, passer du bon temps, se détendre après les cours aussi, c'est pas mal.

  • Speaker #3

    On était déjà venus le 5 mars du coup et c'est vrai que c'est un cadre super convivial.

  • Speaker #1

    Justement, tu parles de convivialité, c'était quoi votre première impression quand vous êtes rentrés dans le café ?

  • Speaker #4

    La première impression c'était que déjà il n'y avait pas beaucoup de bruit, c'était assez silencieux pour le coup, on est arrivé il était 15h30 il me semble à peu près. Et donc du coup les résidents qui étaient là n'étaient pas encore très actifs et quand on est arrivé il y avait un peu plus de vie parce que du coup ils rencontraient d'autres personnes, de nouvelles personnes, on avait joué, on avait échangé. On a eu un moment musical à la fin donc c'était assez sympa, c'était assez marrant aussi.

  • Speaker #3

    Au début c'était assez calme. Et puis par la suite, il y a eu un peu plus d'ambiance, de vie avec la musique, etc. C'était super sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une rencontre ici qui vous a un petit peu marqué ?

  • Speaker #4

    On l'a encore rencontrée aussi aujourd'hui, c'est Denise. Elle est exceptionnelle. Elle a une pêche incroyable. Elle est super cool. Elle a aussi une gentillesse. Une envie de connaître les gens, une envie aussi de partager ce qu'elle connaît du Rumikub du coup, le jeu auquel on a joué il y a un mois et maintenant encore. C'est franchement une belle rencontre personnelle.

  • Speaker #1

    Chez Daddy, ça semble être un lieu qui lutte un petit peu contre l'isolement. Quelle était votre vision sur l'isolement social avant de venir ?

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'en étant étudiante, on peut aussi faire face du coup à de l'isolement. du fait qu'on ne soit pas dans la même ville que sa famille ou que ses amis du collège ou du lycée, etc. Et c'est vrai qu'en étant une personne âgée, de même, si les enfants ou les petits-enfants ont déménagé dans d'autres villes, il peut y avoir un certain isolement et le fait d'allier les deux, c'est super sympa.

  • Speaker #1

    J'ai terminé sur une dernière question un petit peu plus simple. Qu'est-ce que ce lieu représente pour vous aujourd'hui ?

  • Speaker #4

    Ce lieu, alors je le disais un petit peu au début, c'est un lieu qui... de détente donc qui pour moi au niveau des révisions de contrôle ça pourrait être pas mal je connaissais pas avant et j'ai pas pu y aller sur le mois de mars parce que j'avais pas du tout le temps mais pour les partiels qu'on a là en fin d'année je pense que ça pourrait être pas mal de finir pour passer du temps ailleurs que dans la maison dans sa chambre avec la famille où ça peut être un peu un peu du bruit enfin où il peut y avoir un peu de bruit parce que moi j'habite chez ma famille c'est rare chez les étudiants il y en a beaucoup qui viennent de d'autres villes de d'autres régions même. de France, voire qui viennent d'autres pays, selon les cursus aussi. C'est un lieu qui me permet de me détendre et de passer du bon temps. Là, en plus, il fait beau.

  • Speaker #5

    C'est parfait.

  • Speaker #1

    Le café de Perrache est le seul de Lyon à disposer d'une vraie grande cuisine. Les repas y sont préparés chaque midi. Comptez à peu près 19,50 euros pour la formule entrée plat-dessert. On y propose également le soir lors des soirées à thème de quoi grignoter. Après le service du midi, place au briefing de l'équipe de l'après-midi. En moyenne, 6 personnes, staff et bénévoles confondus, se relaient chaque jour.

  • Speaker #3

    Vous appuyez là pour allumer, hop, comme ça, ok. Là vous mettez stop parce que du coup on reprend. Ok, là le petit bouton bleu.

  • Speaker #2

    Et là on est bon,

  • Speaker #3

    on est sur chaleur sèche. La température va monter à 180 automatiquement pour vérifier.

  • Speaker #0

    Tu appuies dessus,

  • Speaker #2

    180,

  • Speaker #3

    donc c'est bon. Et là après tu gères ton timer.

  • Speaker #2

    Ok,

  • Speaker #3

    c'est combien de temps ?

  • Speaker #2

    4-5 minutes. Et après t'appuies sur start.

  • Speaker #1

    Et ça va sonner. Vous vous en doutez, un lieu où les boissons sont en libre service, où chacun peut se servir un thé, un café, une citronade à volonté, ce n'est pas un modèle économique facile à faire vivre. D'autant que l'adhésion ne coûte que 10 euros par mois. Salomé est la coordinatrice du café de Perrache, elle est là depuis seulement 3 semaines. Bonjour Salomé, il y a une petite particularité au café chez Daddy de Perrache, c'est tout le côté cuisine, limite restaurant. Du coup, il y avait quoi à la carte ce midi ?

  • Speaker #2

    Alors ce midi à la carte, il y avait une entrée de thon, une rillette de thon. Et ensuite, il y avait plusieurs menus. Le plat du jour, c'était du rôti avec de la pomme de terre. Sinon, on avait du gratin de fenouil ou des ravioles pour les végétariens.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que vous choisissez un petit peu les menus ? Est-ce que ça se fait selon la clientèle du café ?

  • Speaker #2

    Alors oui, souvent. Alors ça, c'est le secret de nos chefs Chloé, qui sélectionnent des produits frais et de saison. Et oui, c'est souvent selon les goûts des résidents, notamment qui sont nos adhérents principaux et selon les saisons.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de venir travailler ici chez Dady ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qui m'a donné envie, c'est le côté social et intergénérationnel. C'est vrai que les seniors, ce n'est pas un public dans lequel j'ai eu l'habitude de travailler. Du coup, je découvre totalement un univers des sensibilités, des points d'attention que je n'avais pas avec d'autres publics. Et c'était vraiment ce point d'intergénérationnel qui m'a attiré chez Taddy. Et de rompre un peu cette solitude également, ça m'a beaucoup touchée.

  • Speaker #1

    C'est ce qui fait un petit peu la particularité du café, qui te différencie des autres.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est vraiment un café où je fréquente pas mal de cafés, pas mal de bars. Vraiment, chez Café Taddy, il y a quelque chose de très différent. qui s'émane de par les adhérents, les résidents pour nous, le côté restauration et le côté ambiance, cette intergénérationnalité qui en émane, c'est super, c'est incroyable. On a des histoires de personnes qui ont 18 ans ou de personnes qui en ont 70 qui peuvent se rejoindre et il y a vraiment des points de synergie très intéressants. Quand on arrive chez Café Daddy, on a une petite formation où on nous parle de différences entre isolement et solitude. On a vraiment une explication chiffrée aussi de personnes isolées et je ne m'attendais pas qu'il y en ait autant. En fait, j'étais assez impressionnée des chiffres. En plus, c'est des chiffres qui dataient de 2022. Donc là, on est en 2025 et je pense que ça ne fait qu'accroître. Et j'avais un rapport très, très solide à la solidarité parce que j'ai toujours travaillé dedans. Mais alors, concernant l'isolement des personnes âgées, je ne m'en doutais pas du tout.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Selon le baromètre des petits frères des pauvres publié en 2021, en France, 2 millions de personnes âgées sont isolées des cercles de sociabilité, et 530 000 sont en situation de mort sociale. C'est-à-dire qu'ils ne rencontrent jamais, ou très rarement, d'autres personnes, ni famille, ni amis, ni voisinage, un chiffre qui s'aggrave d'année en année, parce qu'en 2017 il n'était que 300 000, soit une augmentation de 77% de seniors isolés en 4 ans à peine.

  • Speaker #0

    C'est le petit, tu peux aller là comme ça,

  • Speaker #1

    ouh là !

  • Speaker #0

    Attends, on démarre.

  • Speaker #1

    Regarde,

  • Speaker #3

    regarde, mon comédien en train de foutre le camp.

  • Speaker #1

    Il est là. Ah bah voilà ! Mais le comédien, c'est le comédien du bon côté. De l'autre côté, c'est le comédien du pire. Même si l'ambiance est bonne chez Daddy, il y a parfois de petites chamailleries. Les tisseurs de liens sont là pour veiller à l'équilibre. Leur rôle, créer du lien, repérer les personnes un peu seules et lancer une discussion. Bref, faire en sorte que tout le monde se sente à l'aise. Un peu comme des médiateurs de l'ambiance, ils observent, écoutent et interviennent dès qu'ils sentent qu'un... un coup de pouce pour aider quelqu'un à s'intégrer. C'est le rôle de Marie, elle a 23 ans, elle est en service civique au sein de chez Daddy Perrache.

  • Speaker #3

    Tisseuse de lien, en fait, c'est un terme assez vaste parce qu'il englobe beaucoup de choses, mais surtout ce tissage de lien qui est très important chez Daddy. C'est vraiment le fait de jamais laisser une personne seule et d'essayer de faire rencontrer tout le monde. Parce qu'on a un café intergénérationnel, il y a aussi ce truc de faire rencontrer les plus âgés avec les plus jeunes, ce qui n'est pas toujours quelque chose qui se fait de manière naturelle. Et du coup, moi, je suis un peu là pour ça, pour faciliter les échanges. Et faire que les gens qui rentrent pour la première fois dans le café se sentent directement un peu comme à la maison.

  • Speaker #1

    J'imagine que tisser du lien, ce n'est pas toujours une tâche simple. C'est quelque chose d'invisible, mais c'est nécessaire. C'est quoi pour vous tisser du lien ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, c'est une belle question. C'est vrai que des fois, c'est compliqué de tisser du lien. Je reviens d'abord là-dessus. Ce n'est pas facile avec tout le monde. Des fois, on a du mal et c'est pour ça qu'on est une équipe avec plusieurs personnes. Comme ça, si certains... ont du mal avec une personne, l'autre peut prendre le relais. Qu'est-ce que c'est tisser du lien pour moi ? C'est un peu comme une araignée qui tisse sa toile et qui fait des fils invisibles entre les gens pour que les gens se parlent entre eux et que les gens discutent et que ça crée des relations et qu'ensuite, une fois que le fil est tissé, il n'y a plus besoin de l'araignée pour qu'il préexiste.

  • Speaker #1

    Mais du coup ? Quand vous êtes devenue tisseuse de lien, est-ce qu'il y a eu une sorte de mini-formation ?

  • Speaker #3

    J'ai eu beaucoup de formations parce que moi du coup je suis venue en service civique grâce à SC2S, qui est du coup Service Civique Solidarité Senior, qui nous ont formé sur beaucoup de points, surtout le public des personnes âgées, parce que c'est pas un public qu'on côtoie forcément toujours. Et du coup j'ai eu pas mal de formations en tant que telle sur les personnes âgées. Après sur le tissage de lien, je pense que... Chez DADI, ils embauchent aussi des gens qui peuvent avoir cette facilité déjà d'aller voir les gens. Et du coup, c'est un peu quelque chose qu'on apprend sur le terrain aussi. Regarde là, par exemple, il y a quelqu'un qui vient de rentrer. Essaye d'aller le voir, je t'accompagne et on voit comment ça fonctionne, comment on présente le lieu et comment on peut faire que cette personne, elle intègre ces gens-là qui sont juste à côté et qui jouent aux cartes. Du coup, je ne pensais pas à une formation précise. C'est plus une formation continue pendant tout le service civique.

  • Speaker #1

    C'est quoi un petit peu les atouts à avoir pour vraiment être à fond dans le rôle de tisseur de lien ?

  • Speaker #3

    Déjà je pense qu'il faut être assez à l'aise avec les gens et les inconnus. Je sais que moi ce n'était pas forcément quelque chose dont j'étais fan au début. Je n'ai jamais eu vraiment du mal avec les gens pour parler avec eux. Mais c'est vrai que des fois quand tu ne connais pas la personne, c'est un peu dur d'y aller. Mais c'est quelque chose qui s'apprend aussi sur le tas. Et je sais que maintenant, il y a quelqu'un qui vient me voir. Je peux dire être très motivée et très enthousiaste à l'idée de rencontrer une nouvelle personne. Mais je pense que c'est vraiment ce côté social qui est important. Être souriant aussi, on l'oublie souvent, mais juste avoir le sourire des fois, les gens peuvent venir te parler juste parce que tu as un sourire sur le visage. Et c'est vrai que ça fait vraiment beaucoup. Et ensuite, je pense que c'est beaucoup de choses qui s'apprennent et on n'est pas forcément social, on le devient finalement.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous n'êtes pas uniquement là pour faciliter les connexions, vous avez aussi un petit rôle de témoin. Est-ce que vous avez déjà pu assister à des scènes qui vous ont un peu marqué ?

  • Speaker #3

    Oui, moi j'en ai toujours une qui me revient en tête quand on me demande ça. C'est une personne qui était en très forte précarité, qui était venue au café un matin. Et pendant toute la matinée, on avait essayé de l'aider à trouver des solutions à cette précarité. Et une des résidentes de la résidence autonomie juste à côté était descendue. Et elle est très croyante. Du coup, sur son porte-clé, elle avait un petit médaillon de Saint-Paul ou je ne sais plus qui. Et en fait, ils avaient commencé à prier ensemble pour que ce jeune homme... On retrouve le bonheur et c'était vraiment un moment où j'étais témoin d'une foi qui était très énorme et d'un lien qui s'était créé entre deux personnes qui ne se connaissaient pas dix minutes avant. Et vraiment c'était trop beau.

  • Speaker #1

    C'est un petit peu la beauté du café chez Daddy, c'est que vraiment tout le monde puisse se rencontrer et s'entraider un peu à sa manière.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est vraiment ce mélange de tous finalement, des jeunes, des vieux, des très riches, des plus pauvres. Vraiment c'est tout et c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Le lien, c'est quelque chose de fragile. Il peut facilement être brisé ou ignoré, mais il peut aussi se renforcer et se solidifier grâce à des petites attentions. Comment on prend soin de cette fragilité ici chez Daddy ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, oh là là, ça commence à devenir dur ces questions. En fait c'est un peu des questions d'habitude aussi je pense, à force de voir certaines personnes, on apprend à vraiment les connaître et je sais qu'avec certains je peux faire tel type de blagues et qui vont renforcer un peu l'amitié qu'on a pu créer. Avec d'autres c'est plus des petites attentions, par exemple on sait qu'il est allé chez le médecin la veille, lui demander comment ça s'est passé, s'il a eu des bonnes nouvelles. Des fois, on rencontre aussi la famille. Du coup, demander comment va la famille. Un tel, elle est partie à Dubaï. Comment ça se passe son travail ? Je pense que c'est vraiment une question d'habitude de toujours demander des infos de l'autre. Et vu qu'on commence à le connaître à force, il y a vraiment une relation qui se crée. Et c'est vraiment, ouais, c'est de demander des nouvelles tout le temps et d'apprendre à vraiment se connaître.

  • Speaker #1

    Tu es tisseuse de liens depuis un petit moment maintenant chez Daddy. Est-ce que ça t'est déjà arrivé de douter ? D'avoir des moments de doute, d'avoir des moments un peu où tu t'es sentie dépassée par la situation ?

  • Speaker #3

    Tous les jours. Franchement, je pense que tous les jours, j'ai eu des petits moments de doute et de me dire « En fait, ce que je fais, ce n'est pas assez. Je pourrais faire ça aussi. Je pourrais faire ça. Et si j'avais fait ça, ça aurait été mieux. Et si j'avais réagi comme ça, et si j'avais dit ceci. » Mais je pense que ça reste humain aussi de douter finalement. Et des fois, après, je remets en contexte tout ce que je fais et je me dis quand même que... Ça fait un petit moment que je suis là pour des gens et que je passe des super chouettes moments avec eux. Et puis c'est aussi eux comment ils me retournent tout ça. Je reçois des petites attentions et des petits mots qui, enfin, on m'a déjà dit, mais vraiment, on ne pourra jamais t'oublier. Ça, c'est quelque chose qui me marque énormément et qui me fait dire que je ne fais pas ça en vain, que ça a un but. Donc même si je doute, je me dis, j'ai déjà fait ce que je pouvais aujourd'hui et c'est déjà bien.

  • Speaker #1

    C'est beau au final de se dire que dans ces moments de doute, c'est les personnes. que tu rencontres ici qui t'aident à aller mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est incroyable. Et je me dis, je leur ai apporté quelque chose, mais je pense qu'inversement, ils m'ont tellement apporté aussi. Vraiment, c'est une expérience incroyable, je la recommande.

  • Speaker #1

    A l'origine de chez Daddy, il y a Philippe Albanel. C'est lui qui, en partendument criant de lieux de rencontres informels, a imaginé ce lieu ouvert à tous. Pour comprendre ce qui l'a inspiré et comment le projet a évolué, je suis allé le rencontrer au tout premier café, celui de Croix-Rousse. Bonjour Philippe Albanel, merci de m'accueillir ici chez DADY. Alors avant d'entrer dans le cœur de ce lieu, j'aimerais qu'on prenne un petit peu de temps pour parler de votre parcours. Vous avez longtemps travaillé dans l'accompagnement des personnes âgées, notamment dans le secteur de l'aide à domicile, un secteur qui est souvent invisible, où l'on côtoie à la fois des fragilités sociales, la solitude et un sentiment un peu d'inutilité, qui mine peu à peu. Est-ce que vous pouvez me raconter comment cette expérience a nourri votre regard sur notre société et ce qui vous a poussé à agir ?

  • Speaker #5

    Bonjour Baptiste, merci pour cette introduction et avec plaisir. Alors moi je me suis lancé, et c'est toujours une partie de mon métier, c'est une agence d'aide à domicile, donc c'est accompagner les personnes âgées pour qu'ils puissent rester à domicile dans les meilleures conditions possibles. Donc je me suis lancé il y a 9 ans, bientôt 10 ans maintenant, donc avec des auxiliaires de vie qui interviennent au domicile de personnes âgées et ce qui m'a frappé, c'est qu'il y avait beaucoup de personnes qui ont... qu'on accompagnait qui, en dehors des hauts-cielaires de vie, ne voyaient personne de leur journée. Donc moi, ça a été un peu un choc de voir cette question de l'isolement et l'importance du lien social, justement. Et je voyais que la relation qui se nouait avec les hauts-cielaires de vie avait un énorme bienfait sur le moral et même sur la santé. Et il y a même quelque chose qui m'avait frappé et qui m'a donné froid dans le dos, c'est... J'ai vu qu'il y avait pas mal de personnes âgées qui se faisaient aussi... arnaqués par des démarcheurs téléphoniques et de personnes qui, à force de voir personne de leur journée, de ne pas avoir d'interaction, souvent, quand ils ont des personnes qui vont les démarcher par téléphone, peuvent être contentes de avoir ce lien social, quitte à acheter un matelas 5 000 euros juste pour maintenir ce lien. Et c'est là-dessus où je me suis dit qu'on est vraiment devant un drame humain. Et c'est là où ça m'a donné envie, je sens, d'aller plus loin que les dates domiciles pour répondre à ce qui, pour moi, est un des fléaux de notre société.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour ça, vous avez décidé de créer un café. Bon, créer un café, a priori, ce n'est pas la réponse la plus évidente à l'isolement. Et pourtant, vous avez choisi cette forme-là. Un lieu de vie chaleureux où on partage des repas, des ateliers, des discussions. Pourquoi avoir choisi du coup de faire un café ? Qu'est-ce que vous permet un café que d'autres structures plus institutionnelles ne permettent pas selon vous ?

  • Speaker #5

    Alors le café, il y a quelque chose qui est très fort dans le café, c'est que ça parle à tout le monde. Et généralement, il y a peu de préjugés sur le café ou de perceptions négatives. Contrairement à beaucoup d'autres choses qui existent où on va souvent faire empêcher une partie de la population de venir parce qu'il y aura trop de clichés si je pense par exemple rien qu'aux tiers lieux ou à des lieux de rencontres ou aux centres sociaux on va avoir un peu cette théorétique où on verra bah non mais ça me concerne pas ou je suis pas le bienvenu dans ces lieux donc le café tout le monde sait qu'un café c'est ouvert à tous donc pour nous ça c'était c'était important et l'autre point qui était très important pour nous c'est en fait d'essayer de recréer le bistrot de quartier d'autrefois en discutant avec beaucoup de personnes âgées, j'ai senti qu'il y avait une certaine nostalgie de ce bistrot de quartier où tout est fait pour qu'on puisse facilement rencontrer son voisin, papoter, refaire le monde, faire des activités. Et voilà, ça a vraiment été ça le but initial, c'est de recréer un peu ce bistrot de quartier et avoir quelque chose qui pour moi est très important, c'est que quand on va dans un café, généralement il y a une atmosphère, il y a une certaine chaleur, etc. Et que quand on pense personnes âgées, on va souvent penser des trucs plutôt un peu dans le médical, assez froid, un peu austère. Et ça, c'est quelque chose que je m'étais dit, en fait, c'est tellement triste. Alors que je trouve qu'être dans un beau lieu, déjà, ça change complètement ton état d'esprit et ça favorise la convivialité, la rencontre, etc.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, en France, on estime qu'environ 530 000 personnes âgées sont en situation de mort sociale. Donc, c'est-à-dire sans aucun contact avec l'extérieur. C'est un chiffre donné par les petits frères des pauvres. Et cette solitude ne touche plus seulement les personnes âgées. Elles gagnent aussi les plus jeunes, les étudiants et les actifs isolés. Est-ce que vous avez voulu répondre à cette solitude qui dépasse les âges ? Comment est-ce que vous la percevez dans la société actuelle ?

  • Speaker #5

    Oui, en tout cas, je trouve que les rapports des Pifres et des Pauvres pour ça montrent à quel point on est face à une épidémie de l'isolement, de la solitude. Et même pour poursuivre sur ce chiffre de 530 000, c'était dans le rapport de 2021. En 2017, on était à 300 000. Donc on voit qu'il y a eu une explosion. de l'isolement et de cette mort sociale, et pour moi, il n'y a pas grand chose, à mon sens, de plus terrible que d'être en mort sociale, ça veut dire qu'en fait, on est mort avant d'être mort, et qu'en fait, on passe sa journée sans sentir utile, sans avoir de contact, sans personne sur qui on peut compter au quotidien, et moi, quand j'y pense, c'est vraiment un truc où je me dis, je trouve que c'est vraiment atroce, et en plus, c'est invisible, donc c'est vrai qu'on en parle pas. pas trop. Je trouve qu'il y a une prise de conscience collective depuis plusieurs années par rapport à ce phénomène, avec de plus en plus de rapports aussi qui sortent. Il y a l'Organisation Mondiale de la Santé qui a fait toute une étude et qui a prouvé que l'isolement tuait plus que la cigarette. Il y a quelques signaux positifs de cette prise de conscience. Après, il y a un enjeu qui pour moi est crucial. C'est qu'on a une société qui a énormément évolué ces dernières années avec des des familles qui sont de plus en plus éparpillées géographiquement, et qu'il y a une importance de recréer des solidarités de proximité qui autrefois étaient portées par le cercle familial. Et aujourd'hui, c'est ça qu'il faut imaginer. Nous, c'est ce qu'on essaye à notre échelle, de recréer à travers chez Daddy. C'est plus qu'un café, une seconde famille. Et c'est vraiment cette importance d'avoir des lieux où on se rencontre, on s'amuse, on fait la fête, mais également où on s'entraide. Et ça, c'est ça pour nous qui est important. Et quelque chose aussi que je n'ai pas trop dit, chez Daddy c'est un lieu où Nous, on part du principe que tout le monde a un talent, tout le monde a quelque chose à transmettre, tout le monde peut participer à la vie du lieu. Donc c'est un lieu particulier parce que chacun va pouvoir se servir, mettre la main à la pâte, tout le monde peut s'engager et devenir bénévole. Et on va encourager chaque personne à faire des dons à hauteur de ses moyens, mais c'est aussi ouvert financièrement à tous. Et toutes les activités qu'on propose sont animées par les personnes du quartier. Et on va en faire entre 30 à 50 par mois. et en fait c'est quelque chose qui je trouve fonctionne vachement bien C'est qu'on voit l'impact que ça a aussi sur les personnes qui vont animer des activités, parce que ce sentiment d'utilité, pour moi, est presque sûrement un des meilleurs vecteurs pour lutter contre l'isolement. Et qu'une fois qu'on se sent utile, on va mieux, moralement ça va mieux, et au niveau de la santé aussi.

  • Speaker #1

    Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés, ou que vous rencontrez encore aujourd'hui, et comment vous les avez résolus ?

  • Speaker #5

    Alors ça, c'est la vie d'un café comme ça, c'est fait de... d'obstacles en permanence. On a eu plusieurs, on a eu un premier obstacle qui était très important, c'était sur le modèle économique. Quand on a commencé à ouvrir le café, on pensait que On avait fonctionné plus comme un café classique et on s'est rendu compte qu'en fait, notre public n'était pas très consommateur. Et donc, on avait beaucoup de monde qui venait au café, mais qu'à la fin, les revenus étaient limités. Et à un moment, on a fait le choix de se dire, pour que ça fonctionne, pour qu'on puisse y aller dans le temps, on va essayer d'avoir une offre plus variée, d'être plus comme un café classique. Et en fait, on s'est rendu compte qu'on faisait fausse route et qu'on commençait à perdre un peu la dimension sociale du projet en allant vers ce chemin-là. Et donc, on s'est dit, en fait, il faut faire complètement le contraire, simplifier complètement le modèle et le rendre le plus participatif possible. pour que ça fonctionne, donc ça c'est un des gros obstacles et ça nous a mis deux ans à trouver la bonne formule, et après on a des obstacles plus du quotidien, de t'es dans l'humain, donc forcément tu entends tu peux avoir des conflits, tu peux avoir des gestions difficiles, tu peux avoir des gens qui respectent pas les valeurs du café, à qui il faut dire qu'ils sont plus les bienvenus au café parce que ça va nuire au reste ça c'est des choses qui peuvent arriver, et voilà et c'est aussi ça qui fait la richesse du lieu, c'est que de toute façon quand tu vis avec quand t'es avec plein de personnes très différentes et forcément, de temps en temps, il y a des affinités qui se créent, il y a des conflits. Et nous, ce qui est important, c'est pour ça qu'on a créé une charte, justement, pour s'appuyer sur cette charte, pour faire en sorte que ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Et pour finir, est-ce qu'il y a une rencontre ici, chez Daddy, qui vous a particulièrement ému ou marqué, et qui résume ce que vous avez voulu provoquer ?

  • Speaker #5

    Alors là, c'est difficile d'en choisir une, j'en ai plein qui me traversent la tête. Mais je vais parler d'une personne en particulier qu'on appelle ici Framboise. Framboise, c'est une adhérente de la première heure qui est maintenant devenue l'ambassadrice des cafés et qui est vraiment quelqu'un qui est extraordinaire parce qu'elle a toujours une attention pour tout le monde et c'est quelqu'un qui porte pleinement les valeurs du café et qui arrive à le faire vivre auprès de tous les adhérents. Et c'est vraiment quelqu'un qui a le cœur sur la main et on sent qu'elle a... Effectivement, il y a une fille, moi, à titre personnel, j'ai quelqu'un aussi qui est très honnête parce que j'ai deux petits garçons et... Il y a aussi une relation très particulière qui est née entre elle et mes deux petits. Et il y a quelque chose qui est très chouette justement dans cette relation.

  • Speaker #1

    Bah écoutez, je suis arrivé à bout de mes questions. Merci beaucoup Yves.

  • Speaker #3

    J'ai compté à vous. Ah bah oui.

  • Speaker #5

    J'espère que ça va être bon. Ah oui, vite.

  • Speaker #1

    Il existe actuellement 5 cafés, 3 à Lyon, 1 à Taunan, Haute-Savoie, et le petit dernier vient d'ouvrir à Saint-Foy-les-Lyons. en plein cœur du centre hospitalier. Un autre café devrait voir le jour avant la fin de l'année, à Lille, dans le Nord.

  • Speaker #0

    Chez Daddy, on ne vient pas seulement déjeuner ou boire un café, on vient retrouver des visages connus, échanger quelques mots, participer à une partie de cartes, des moments simples qui permettent au lien de se tisser petit à petit.

Description

☕ Et si un simple café suffisait à retisser du lien ?


En France, la solitude des personnes âgées progresse. À Lyon, les cafés Chez Daddy proposent une réponse concrète : des lieux chaleureux et intergénérationnels, pensés pour renouer les liens et lutter contre l’isolement.


Philippe Albanel, fondateur du projet, raconte comment son parcours dans l’aide à domicile l’a mené à ouvrir un premier café à la Croix-Rousse. Il partage ses doutes, ses convictions, et surtout la force des rencontres.


Dans cet épisode, on entend aussi Marlène, résidente d’un EHPAD voisin, Marie, en service civique, et Salomé, coordinatrice du lieu. Ensemble, ils tissent du lien, au fil des cafés partagés.


Comment ces tiers-lieux peuvent-ils changer la donne face à l’isolement social ? Et comment faire vivre la mixité générationnelle, au quotidien ?


🎧 Une immersion signée cette semaine Baptiste Boucher !


Bonne écoute ! 🦋

Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans une société où l'on parle de plus en plus de solitude, d'isolement, de liens qui se distendent, certains lieux tentent de faire bouger les lignes. Des espaces pensés, non pas pour consommer, mais pour se rencontrer. Chez Daddy, il fait partie de ces lieux à contre-courant, ni bar, ni simple café. Il a été conçu pour rompre l'isolement et encourager la rencontre sans autre prétexte que celui d'être ensemble. Cinq adresses existent aujourd'hui, quatre dans le Rhône et une en Haute-Savoie. Cinq lieux, mais un même esprit. Ici, tout est pensé pour que les gens se parlent, se croisent, se reconnaissent. Le nom Chez Daddy porte en lui une forme de promesse, celle d'un lieu accueillant, familial. A l'image de ce Daddy qui a inspiré le projet à Philippe Albanel, un grand-père bienveillant, chaleureux, qui ouvrait sa porte à tout le monde. C'est cet esprit d'hospitalité, de simplicité et d'écoute que l'on cherche à faire revivre ici, jour après jour, un lieu où l'on peut simplement être là, ensemble. Cette semaine, ce n'est pas moi qui vous emmène chez Daddy, mais Baptiste Boucher qui a passé deux mois en stage au sein d'un embattement d'aile. Bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Bonjour ! Bonjour ! Je suis Baptiste Boucher, je suis journaliste. Bonne soirée, si tu veux. Ok, merci. Ça ira, merci. C'est ça, ouais.

  • Speaker #2

    Déjà ?

  • Speaker #1

    Je suis un petit peu en avance, ouais. Ça ira, au pire, je vais... Nous sommes dans le quartier de Perrache à Lyon. Le café chez Daddy a ouvert ses portes le 1er février 2022 au 66 Coursuchet. Ce jeudi il fait beau et comme souvent le déjeuner se prend en terrasse. Ce jour là une adhérente fait la sieste à l'ombre d'un arbre ce qui ne manque pas de faire réagir un autre adhérent qui s'amuse à venir la chatouiller avec une branche. L'heure du repas, c'est le moment pour les habitués de se retrouver et de débattre de quelques habitudes alimentaires, disons pour le moins originales.

  • Speaker #2

    J'avoue, un truc un peu bizarre mais que j'adore, c'est de faire des tartines de mayonnaise. Ça,

  • Speaker #3

    c'est cool.

  • Speaker #2

    Souvent, je fais ça un peu en désespérance. Mayonnaise, bout de pain, télé.

  • Speaker #0

    Si vous avez des trucs comme ça, oui.

  • Speaker #3

    Moi, tout le monde me jugeait tout le temps quand j'étais petite, je fais trempé le pain dans le yaourt. Je trouve que ça rend vraiment meilleur le yaourt. On prend un autre goût derrière, tu vois, j'adore.

  • Speaker #1

    Après le repas, on reste, on discute autour d'un café et on sort les jeux de société. Scrabble, rumicu, belote, il n'y a qu'à choisir. Et si on ne connaît pas les règles, pas de soucis, il y aura toujours quelqu'un pour bien nous les expliquer.

  • Speaker #3

    Moi, je me souviens plus des règles.

  • Speaker #0

    Alors, on en prend quatre.

  • Speaker #1

    La bouche, je ne sais même pas. Ici, il n'y a pas de frontière entre habitués, bénévoles et salariés. Certains adhérents passent presque tous les jours, d'autres viennent seulement une ou deux fois par semaine. Mais tous finissent par se connaître. Et si ce n'est pas encore le cas, ça ne dure pas longtemps. Bonjour Laura, vous êtes stagiaire ici, chez Daddy. Pourquoi avez-vous décidé de venir dans ce café et pas un autre ?

  • Speaker #3

    On dit que c'est un café, mais après c'est une association. Et on montre aussi l'approche avec les gens. Je viens de Colombie. Je trouve que c'est une bonne expérience aussi pour l'intégration, même pour moi-même. Même avec les gens, parfois, si tu viens de l'étranger, c'est pas pareil. Et du coup, là, je trouve que j'arrive déjà, j'ai des amis, c'est plus naturel. Je pense que les seniors sont plus tranquilles, ils n'ont pas de préjugés.

  • Speaker #1

    Tu dis que ça t'a un petit peu transformée, un petit peu changée. Qu'est-ce que concrètement le café t'a apporté ?

  • Speaker #3

    Même si j'ai beaucoup confiance en espagnol, c'est ma langue maternelle. Parfois j'ai du mal avec les français tu vois et là je trouve que je peux être moi même je peux parler même si je me trompe ou si je dis n'importe quoi parfois c'est pas grave tu vois c'est pas ouf ils vont pas te dire oh non parle pas comme ça non c'est vraiment naturel et comme ça je peux y aller plus loin parce que parfois il y a des lieux tu peux pas faire pareil parce que déjà tu as en tête que si c'est pas ta langue maternelle tu es un peu frustré. Mais là, je trouve que ce n'est pas vraiment un empêchement pour grandir, sortir, apprendre et partager avec les gens. Et voilà, je trouve que c'est vraiment cool.

  • Speaker #1

    Bonjour Marlène, vous êtes un peu une habituée au café chez Dazzy ?

  • Speaker #0

    Ah oui, bien sûr, une ancienne surtout. Il y a longtemps que je pratique et ça me plaît toujours autant.

  • Speaker #1

    Ça fait combien de temps que vous venez ici ?

  • Speaker #0

    Depuis que je suis en retraite. Je ne vous donnerai pas le temps, parce qu'à mon âge, on ne compte plus.

  • Speaker #1

    La première fois que vous êtes venue ici, chez Daddy, qu'est-ce que vous avez ressenti ?

  • Speaker #0

    J'ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part de la jeunesse, qui est ici pour aider, pour servir, pour nous donner la main, pour nous aider à ne pas nous sentir seules. Et ça, c'est le plus important, c'est la bienveillance et l'entraide.

  • Speaker #1

    Pour vous, c'est une bonne chose du coup que la jeunesse décide de se mobiliser un petit peu pour venir vous aider ?

  • Speaker #0

    Mais oui, mais c'est merveilleux. Mais j'ai découvert, je ne connaissais pas, et je trouve ça merveilleux. Je voudrais que ça continue partout, que vous en fassiez partout, dans tout Lyon et ailleurs, pour les autres personnes comme moi.

  • Speaker #1

    Si vous devez définir le café chez Daddy en quelques mots, à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas, qu'est-ce que vous lui diriez ?

  • Speaker #0

    Je dirais bienveillance, convivialité, en deux mots. Voilà, j'ai dit.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Chez Daddy, on rigole, on se chambre et même les plus timides finissent par se laisser embarquer. Aujourd'hui, un groupe d'étudiants de Terra Vitaia est venu passer l'après-midi avec les aînés. Terra Vitaia, c'est une association étudiante qui agit pour l'environnement et les droits humains. Finir cette journée, rien de mieux qu'un petit concert à l'improviste. Comme et Lucie ont 20 ans, tous les deux étudiants en sciences politiques, comme et aussi le président de l'association, c'est la deuxième fois qu'ils viennent cette année.

  • Speaker #4

    On est déjà venus, il me semble, fin mi-février, fin février, le 5 mars, le 7 mars finalement. C'était en mars,

  • Speaker #5

    donc mon frère,

  • Speaker #4

    personnellement, je ne connaissais pas le café chez Lady et je trouve ça assez sympa comme lieu pour rencontrer des gens, passer du bon temps, se détendre après les cours aussi, c'est pas mal.

  • Speaker #3

    On était déjà venus le 5 mars du coup et c'est vrai que c'est un cadre super convivial.

  • Speaker #1

    Justement, tu parles de convivialité, c'était quoi votre première impression quand vous êtes rentrés dans le café ?

  • Speaker #4

    La première impression c'était que déjà il n'y avait pas beaucoup de bruit, c'était assez silencieux pour le coup, on est arrivé il était 15h30 il me semble à peu près. Et donc du coup les résidents qui étaient là n'étaient pas encore très actifs et quand on est arrivé il y avait un peu plus de vie parce que du coup ils rencontraient d'autres personnes, de nouvelles personnes, on avait joué, on avait échangé. On a eu un moment musical à la fin donc c'était assez sympa, c'était assez marrant aussi.

  • Speaker #3

    Au début c'était assez calme. Et puis par la suite, il y a eu un peu plus d'ambiance, de vie avec la musique, etc. C'était super sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a une rencontre ici qui vous a un petit peu marqué ?

  • Speaker #4

    On l'a encore rencontrée aussi aujourd'hui, c'est Denise. Elle est exceptionnelle. Elle a une pêche incroyable. Elle est super cool. Elle a aussi une gentillesse. Une envie de connaître les gens, une envie aussi de partager ce qu'elle connaît du Rumikub du coup, le jeu auquel on a joué il y a un mois et maintenant encore. C'est franchement une belle rencontre personnelle.

  • Speaker #1

    Chez Daddy, ça semble être un lieu qui lutte un petit peu contre l'isolement. Quelle était votre vision sur l'isolement social avant de venir ?

  • Speaker #3

    C'est vrai qu'en étant étudiante, on peut aussi faire face du coup à de l'isolement. du fait qu'on ne soit pas dans la même ville que sa famille ou que ses amis du collège ou du lycée, etc. Et c'est vrai qu'en étant une personne âgée, de même, si les enfants ou les petits-enfants ont déménagé dans d'autres villes, il peut y avoir un certain isolement et le fait d'allier les deux, c'est super sympa.

  • Speaker #1

    J'ai terminé sur une dernière question un petit peu plus simple. Qu'est-ce que ce lieu représente pour vous aujourd'hui ?

  • Speaker #4

    Ce lieu, alors je le disais un petit peu au début, c'est un lieu qui... de détente donc qui pour moi au niveau des révisions de contrôle ça pourrait être pas mal je connaissais pas avant et j'ai pas pu y aller sur le mois de mars parce que j'avais pas du tout le temps mais pour les partiels qu'on a là en fin d'année je pense que ça pourrait être pas mal de finir pour passer du temps ailleurs que dans la maison dans sa chambre avec la famille où ça peut être un peu un peu du bruit enfin où il peut y avoir un peu de bruit parce que moi j'habite chez ma famille c'est rare chez les étudiants il y en a beaucoup qui viennent de d'autres villes de d'autres régions même. de France, voire qui viennent d'autres pays, selon les cursus aussi. C'est un lieu qui me permet de me détendre et de passer du bon temps. Là, en plus, il fait beau.

  • Speaker #5

    C'est parfait.

  • Speaker #1

    Le café de Perrache est le seul de Lyon à disposer d'une vraie grande cuisine. Les repas y sont préparés chaque midi. Comptez à peu près 19,50 euros pour la formule entrée plat-dessert. On y propose également le soir lors des soirées à thème de quoi grignoter. Après le service du midi, place au briefing de l'équipe de l'après-midi. En moyenne, 6 personnes, staff et bénévoles confondus, se relaient chaque jour.

  • Speaker #3

    Vous appuyez là pour allumer, hop, comme ça, ok. Là vous mettez stop parce que du coup on reprend. Ok, là le petit bouton bleu.

  • Speaker #2

    Et là on est bon,

  • Speaker #3

    on est sur chaleur sèche. La température va monter à 180 automatiquement pour vérifier.

  • Speaker #0

    Tu appuies dessus,

  • Speaker #2

    180,

  • Speaker #3

    donc c'est bon. Et là après tu gères ton timer.

  • Speaker #2

    Ok,

  • Speaker #3

    c'est combien de temps ?

  • Speaker #2

    4-5 minutes. Et après t'appuies sur start.

  • Speaker #1

    Et ça va sonner. Vous vous en doutez, un lieu où les boissons sont en libre service, où chacun peut se servir un thé, un café, une citronade à volonté, ce n'est pas un modèle économique facile à faire vivre. D'autant que l'adhésion ne coûte que 10 euros par mois. Salomé est la coordinatrice du café de Perrache, elle est là depuis seulement 3 semaines. Bonjour Salomé, il y a une petite particularité au café chez Daddy de Perrache, c'est tout le côté cuisine, limite restaurant. Du coup, il y avait quoi à la carte ce midi ?

  • Speaker #2

    Alors ce midi à la carte, il y avait une entrée de thon, une rillette de thon. Et ensuite, il y avait plusieurs menus. Le plat du jour, c'était du rôti avec de la pomme de terre. Sinon, on avait du gratin de fenouil ou des ravioles pour les végétariens.

  • Speaker #1

    Et comment est-ce que vous choisissez un petit peu les menus ? Est-ce que ça se fait selon la clientèle du café ?

  • Speaker #2

    Alors oui, souvent. Alors ça, c'est le secret de nos chefs Chloé, qui sélectionnent des produits frais et de saison. Et oui, c'est souvent selon les goûts des résidents, notamment qui sont nos adhérents principaux et selon les saisons.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de venir travailler ici chez Dady ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qui m'a donné envie, c'est le côté social et intergénérationnel. C'est vrai que les seniors, ce n'est pas un public dans lequel j'ai eu l'habitude de travailler. Du coup, je découvre totalement un univers des sensibilités, des points d'attention que je n'avais pas avec d'autres publics. Et c'était vraiment ce point d'intergénérationnel qui m'a attiré chez Taddy. Et de rompre un peu cette solitude également, ça m'a beaucoup touchée.

  • Speaker #1

    C'est ce qui fait un petit peu la particularité du café, qui te différencie des autres.

  • Speaker #2

    Oui, tout à fait. C'est vraiment un café où je fréquente pas mal de cafés, pas mal de bars. Vraiment, chez Café Taddy, il y a quelque chose de très différent. qui s'émane de par les adhérents, les résidents pour nous, le côté restauration et le côté ambiance, cette intergénérationnalité qui en émane, c'est super, c'est incroyable. On a des histoires de personnes qui ont 18 ans ou de personnes qui en ont 70 qui peuvent se rejoindre et il y a vraiment des points de synergie très intéressants. Quand on arrive chez Café Daddy, on a une petite formation où on nous parle de différences entre isolement et solitude. On a vraiment une explication chiffrée aussi de personnes isolées et je ne m'attendais pas qu'il y en ait autant. En fait, j'étais assez impressionnée des chiffres. En plus, c'est des chiffres qui dataient de 2022. Donc là, on est en 2025 et je pense que ça ne fait qu'accroître. Et j'avais un rapport très, très solide à la solidarité parce que j'ai toujours travaillé dedans. Mais alors, concernant l'isolement des personnes âgées, je ne m'en doutais pas du tout.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Selon le baromètre des petits frères des pauvres publié en 2021, en France, 2 millions de personnes âgées sont isolées des cercles de sociabilité, et 530 000 sont en situation de mort sociale. C'est-à-dire qu'ils ne rencontrent jamais, ou très rarement, d'autres personnes, ni famille, ni amis, ni voisinage, un chiffre qui s'aggrave d'année en année, parce qu'en 2017 il n'était que 300 000, soit une augmentation de 77% de seniors isolés en 4 ans à peine.

  • Speaker #0

    C'est le petit, tu peux aller là comme ça,

  • Speaker #1

    ouh là !

  • Speaker #0

    Attends, on démarre.

  • Speaker #1

    Regarde,

  • Speaker #3

    regarde, mon comédien en train de foutre le camp.

  • Speaker #1

    Il est là. Ah bah voilà ! Mais le comédien, c'est le comédien du bon côté. De l'autre côté, c'est le comédien du pire. Même si l'ambiance est bonne chez Daddy, il y a parfois de petites chamailleries. Les tisseurs de liens sont là pour veiller à l'équilibre. Leur rôle, créer du lien, repérer les personnes un peu seules et lancer une discussion. Bref, faire en sorte que tout le monde se sente à l'aise. Un peu comme des médiateurs de l'ambiance, ils observent, écoutent et interviennent dès qu'ils sentent qu'un... un coup de pouce pour aider quelqu'un à s'intégrer. C'est le rôle de Marie, elle a 23 ans, elle est en service civique au sein de chez Daddy Perrache.

  • Speaker #3

    Tisseuse de lien, en fait, c'est un terme assez vaste parce qu'il englobe beaucoup de choses, mais surtout ce tissage de lien qui est très important chez Daddy. C'est vraiment le fait de jamais laisser une personne seule et d'essayer de faire rencontrer tout le monde. Parce qu'on a un café intergénérationnel, il y a aussi ce truc de faire rencontrer les plus âgés avec les plus jeunes, ce qui n'est pas toujours quelque chose qui se fait de manière naturelle. Et du coup, moi, je suis un peu là pour ça, pour faciliter les échanges. Et faire que les gens qui rentrent pour la première fois dans le café se sentent directement un peu comme à la maison.

  • Speaker #1

    J'imagine que tisser du lien, ce n'est pas toujours une tâche simple. C'est quelque chose d'invisible, mais c'est nécessaire. C'est quoi pour vous tisser du lien ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, c'est une belle question. C'est vrai que des fois, c'est compliqué de tisser du lien. Je reviens d'abord là-dessus. Ce n'est pas facile avec tout le monde. Des fois, on a du mal et c'est pour ça qu'on est une équipe avec plusieurs personnes. Comme ça, si certains... ont du mal avec une personne, l'autre peut prendre le relais. Qu'est-ce que c'est tisser du lien pour moi ? C'est un peu comme une araignée qui tisse sa toile et qui fait des fils invisibles entre les gens pour que les gens se parlent entre eux et que les gens discutent et que ça crée des relations et qu'ensuite, une fois que le fil est tissé, il n'y a plus besoin de l'araignée pour qu'il préexiste.

  • Speaker #1

    Mais du coup ? Quand vous êtes devenue tisseuse de lien, est-ce qu'il y a eu une sorte de mini-formation ?

  • Speaker #3

    J'ai eu beaucoup de formations parce que moi du coup je suis venue en service civique grâce à SC2S, qui est du coup Service Civique Solidarité Senior, qui nous ont formé sur beaucoup de points, surtout le public des personnes âgées, parce que c'est pas un public qu'on côtoie forcément toujours. Et du coup j'ai eu pas mal de formations en tant que telle sur les personnes âgées. Après sur le tissage de lien, je pense que... Chez DADI, ils embauchent aussi des gens qui peuvent avoir cette facilité déjà d'aller voir les gens. Et du coup, c'est un peu quelque chose qu'on apprend sur le terrain aussi. Regarde là, par exemple, il y a quelqu'un qui vient de rentrer. Essaye d'aller le voir, je t'accompagne et on voit comment ça fonctionne, comment on présente le lieu et comment on peut faire que cette personne, elle intègre ces gens-là qui sont juste à côté et qui jouent aux cartes. Du coup, je ne pensais pas à une formation précise. C'est plus une formation continue pendant tout le service civique.

  • Speaker #1

    C'est quoi un petit peu les atouts à avoir pour vraiment être à fond dans le rôle de tisseur de lien ?

  • Speaker #3

    Déjà je pense qu'il faut être assez à l'aise avec les gens et les inconnus. Je sais que moi ce n'était pas forcément quelque chose dont j'étais fan au début. Je n'ai jamais eu vraiment du mal avec les gens pour parler avec eux. Mais c'est vrai que des fois quand tu ne connais pas la personne, c'est un peu dur d'y aller. Mais c'est quelque chose qui s'apprend aussi sur le tas. Et je sais que maintenant, il y a quelqu'un qui vient me voir. Je peux dire être très motivée et très enthousiaste à l'idée de rencontrer une nouvelle personne. Mais je pense que c'est vraiment ce côté social qui est important. Être souriant aussi, on l'oublie souvent, mais juste avoir le sourire des fois, les gens peuvent venir te parler juste parce que tu as un sourire sur le visage. Et c'est vrai que ça fait vraiment beaucoup. Et ensuite, je pense que c'est beaucoup de choses qui s'apprennent et on n'est pas forcément social, on le devient finalement.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous n'êtes pas uniquement là pour faciliter les connexions, vous avez aussi un petit rôle de témoin. Est-ce que vous avez déjà pu assister à des scènes qui vous ont un peu marqué ?

  • Speaker #3

    Oui, moi j'en ai toujours une qui me revient en tête quand on me demande ça. C'est une personne qui était en très forte précarité, qui était venue au café un matin. Et pendant toute la matinée, on avait essayé de l'aider à trouver des solutions à cette précarité. Et une des résidentes de la résidence autonomie juste à côté était descendue. Et elle est très croyante. Du coup, sur son porte-clé, elle avait un petit médaillon de Saint-Paul ou je ne sais plus qui. Et en fait, ils avaient commencé à prier ensemble pour que ce jeune homme... On retrouve le bonheur et c'était vraiment un moment où j'étais témoin d'une foi qui était très énorme et d'un lien qui s'était créé entre deux personnes qui ne se connaissaient pas dix minutes avant. Et vraiment c'était trop beau.

  • Speaker #1

    C'est un petit peu la beauté du café chez Daddy, c'est que vraiment tout le monde puisse se rencontrer et s'entraider un peu à sa manière.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est vraiment ce mélange de tous finalement, des jeunes, des vieux, des très riches, des plus pauvres. Vraiment c'est tout et c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Le lien, c'est quelque chose de fragile. Il peut facilement être brisé ou ignoré, mais il peut aussi se renforcer et se solidifier grâce à des petites attentions. Comment on prend soin de cette fragilité ici chez Daddy ?

  • Speaker #3

    Oh waouh, oh là là, ça commence à devenir dur ces questions. En fait c'est un peu des questions d'habitude aussi je pense, à force de voir certaines personnes, on apprend à vraiment les connaître et je sais qu'avec certains je peux faire tel type de blagues et qui vont renforcer un peu l'amitié qu'on a pu créer. Avec d'autres c'est plus des petites attentions, par exemple on sait qu'il est allé chez le médecin la veille, lui demander comment ça s'est passé, s'il a eu des bonnes nouvelles. Des fois, on rencontre aussi la famille. Du coup, demander comment va la famille. Un tel, elle est partie à Dubaï. Comment ça se passe son travail ? Je pense que c'est vraiment une question d'habitude de toujours demander des infos de l'autre. Et vu qu'on commence à le connaître à force, il y a vraiment une relation qui se crée. Et c'est vraiment, ouais, c'est de demander des nouvelles tout le temps et d'apprendre à vraiment se connaître.

  • Speaker #1

    Tu es tisseuse de liens depuis un petit moment maintenant chez Daddy. Est-ce que ça t'est déjà arrivé de douter ? D'avoir des moments de doute, d'avoir des moments un peu où tu t'es sentie dépassée par la situation ?

  • Speaker #3

    Tous les jours. Franchement, je pense que tous les jours, j'ai eu des petits moments de doute et de me dire « En fait, ce que je fais, ce n'est pas assez. Je pourrais faire ça aussi. Je pourrais faire ça. Et si j'avais fait ça, ça aurait été mieux. Et si j'avais réagi comme ça, et si j'avais dit ceci. » Mais je pense que ça reste humain aussi de douter finalement. Et des fois, après, je remets en contexte tout ce que je fais et je me dis quand même que... Ça fait un petit moment que je suis là pour des gens et que je passe des super chouettes moments avec eux. Et puis c'est aussi eux comment ils me retournent tout ça. Je reçois des petites attentions et des petits mots qui, enfin, on m'a déjà dit, mais vraiment, on ne pourra jamais t'oublier. Ça, c'est quelque chose qui me marque énormément et qui me fait dire que je ne fais pas ça en vain, que ça a un but. Donc même si je doute, je me dis, j'ai déjà fait ce que je pouvais aujourd'hui et c'est déjà bien.

  • Speaker #1

    C'est beau au final de se dire que dans ces moments de doute, c'est les personnes. que tu rencontres ici qui t'aident à aller mieux.

  • Speaker #3

    C'est ça, c'est incroyable. Et je me dis, je leur ai apporté quelque chose, mais je pense qu'inversement, ils m'ont tellement apporté aussi. Vraiment, c'est une expérience incroyable, je la recommande.

  • Speaker #1

    A l'origine de chez Daddy, il y a Philippe Albanel. C'est lui qui, en partendument criant de lieux de rencontres informels, a imaginé ce lieu ouvert à tous. Pour comprendre ce qui l'a inspiré et comment le projet a évolué, je suis allé le rencontrer au tout premier café, celui de Croix-Rousse. Bonjour Philippe Albanel, merci de m'accueillir ici chez DADY. Alors avant d'entrer dans le cœur de ce lieu, j'aimerais qu'on prenne un petit peu de temps pour parler de votre parcours. Vous avez longtemps travaillé dans l'accompagnement des personnes âgées, notamment dans le secteur de l'aide à domicile, un secteur qui est souvent invisible, où l'on côtoie à la fois des fragilités sociales, la solitude et un sentiment un peu d'inutilité, qui mine peu à peu. Est-ce que vous pouvez me raconter comment cette expérience a nourri votre regard sur notre société et ce qui vous a poussé à agir ?

  • Speaker #5

    Bonjour Baptiste, merci pour cette introduction et avec plaisir. Alors moi je me suis lancé, et c'est toujours une partie de mon métier, c'est une agence d'aide à domicile, donc c'est accompagner les personnes âgées pour qu'ils puissent rester à domicile dans les meilleures conditions possibles. Donc je me suis lancé il y a 9 ans, bientôt 10 ans maintenant, donc avec des auxiliaires de vie qui interviennent au domicile de personnes âgées et ce qui m'a frappé, c'est qu'il y avait beaucoup de personnes qui ont... qu'on accompagnait qui, en dehors des hauts-cielaires de vie, ne voyaient personne de leur journée. Donc moi, ça a été un peu un choc de voir cette question de l'isolement et l'importance du lien social, justement. Et je voyais que la relation qui se nouait avec les hauts-cielaires de vie avait un énorme bienfait sur le moral et même sur la santé. Et il y a même quelque chose qui m'avait frappé et qui m'a donné froid dans le dos, c'est... J'ai vu qu'il y avait pas mal de personnes âgées qui se faisaient aussi... arnaqués par des démarcheurs téléphoniques et de personnes qui, à force de voir personne de leur journée, de ne pas avoir d'interaction, souvent, quand ils ont des personnes qui vont les démarcher par téléphone, peuvent être contentes de avoir ce lien social, quitte à acheter un matelas 5 000 euros juste pour maintenir ce lien. Et c'est là-dessus où je me suis dit qu'on est vraiment devant un drame humain. Et c'est là où ça m'a donné envie, je sens, d'aller plus loin que les dates domiciles pour répondre à ce qui, pour moi, est un des fléaux de notre société.

  • Speaker #1

    Et du coup, pour ça, vous avez décidé de créer un café. Bon, créer un café, a priori, ce n'est pas la réponse la plus évidente à l'isolement. Et pourtant, vous avez choisi cette forme-là. Un lieu de vie chaleureux où on partage des repas, des ateliers, des discussions. Pourquoi avoir choisi du coup de faire un café ? Qu'est-ce que vous permet un café que d'autres structures plus institutionnelles ne permettent pas selon vous ?

  • Speaker #5

    Alors le café, il y a quelque chose qui est très fort dans le café, c'est que ça parle à tout le monde. Et généralement, il y a peu de préjugés sur le café ou de perceptions négatives. Contrairement à beaucoup d'autres choses qui existent où on va souvent faire empêcher une partie de la population de venir parce qu'il y aura trop de clichés si je pense par exemple rien qu'aux tiers lieux ou à des lieux de rencontres ou aux centres sociaux on va avoir un peu cette théorétique où on verra bah non mais ça me concerne pas ou je suis pas le bienvenu dans ces lieux donc le café tout le monde sait qu'un café c'est ouvert à tous donc pour nous ça c'était c'était important et l'autre point qui était très important pour nous c'est en fait d'essayer de recréer le bistrot de quartier d'autrefois en discutant avec beaucoup de personnes âgées, j'ai senti qu'il y avait une certaine nostalgie de ce bistrot de quartier où tout est fait pour qu'on puisse facilement rencontrer son voisin, papoter, refaire le monde, faire des activités. Et voilà, ça a vraiment été ça le but initial, c'est de recréer un peu ce bistrot de quartier et avoir quelque chose qui pour moi est très important, c'est que quand on va dans un café, généralement il y a une atmosphère, il y a une certaine chaleur, etc. Et que quand on pense personnes âgées, on va souvent penser des trucs plutôt un peu dans le médical, assez froid, un peu austère. Et ça, c'est quelque chose que je m'étais dit, en fait, c'est tellement triste. Alors que je trouve qu'être dans un beau lieu, déjà, ça change complètement ton état d'esprit et ça favorise la convivialité, la rencontre, etc.

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, en France, on estime qu'environ 530 000 personnes âgées sont en situation de mort sociale. Donc, c'est-à-dire sans aucun contact avec l'extérieur. C'est un chiffre donné par les petits frères des pauvres. Et cette solitude ne touche plus seulement les personnes âgées. Elles gagnent aussi les plus jeunes, les étudiants et les actifs isolés. Est-ce que vous avez voulu répondre à cette solitude qui dépasse les âges ? Comment est-ce que vous la percevez dans la société actuelle ?

  • Speaker #5

    Oui, en tout cas, je trouve que les rapports des Pifres et des Pauvres pour ça montrent à quel point on est face à une épidémie de l'isolement, de la solitude. Et même pour poursuivre sur ce chiffre de 530 000, c'était dans le rapport de 2021. En 2017, on était à 300 000. Donc on voit qu'il y a eu une explosion. de l'isolement et de cette mort sociale, et pour moi, il n'y a pas grand chose, à mon sens, de plus terrible que d'être en mort sociale, ça veut dire qu'en fait, on est mort avant d'être mort, et qu'en fait, on passe sa journée sans sentir utile, sans avoir de contact, sans personne sur qui on peut compter au quotidien, et moi, quand j'y pense, c'est vraiment un truc où je me dis, je trouve que c'est vraiment atroce, et en plus, c'est invisible, donc c'est vrai qu'on en parle pas. pas trop. Je trouve qu'il y a une prise de conscience collective depuis plusieurs années par rapport à ce phénomène, avec de plus en plus de rapports aussi qui sortent. Il y a l'Organisation Mondiale de la Santé qui a fait toute une étude et qui a prouvé que l'isolement tuait plus que la cigarette. Il y a quelques signaux positifs de cette prise de conscience. Après, il y a un enjeu qui pour moi est crucial. C'est qu'on a une société qui a énormément évolué ces dernières années avec des des familles qui sont de plus en plus éparpillées géographiquement, et qu'il y a une importance de recréer des solidarités de proximité qui autrefois étaient portées par le cercle familial. Et aujourd'hui, c'est ça qu'il faut imaginer. Nous, c'est ce qu'on essaye à notre échelle, de recréer à travers chez Daddy. C'est plus qu'un café, une seconde famille. Et c'est vraiment cette importance d'avoir des lieux où on se rencontre, on s'amuse, on fait la fête, mais également où on s'entraide. Et ça, c'est ça pour nous qui est important. Et quelque chose aussi que je n'ai pas trop dit, chez Daddy c'est un lieu où Nous, on part du principe que tout le monde a un talent, tout le monde a quelque chose à transmettre, tout le monde peut participer à la vie du lieu. Donc c'est un lieu particulier parce que chacun va pouvoir se servir, mettre la main à la pâte, tout le monde peut s'engager et devenir bénévole. Et on va encourager chaque personne à faire des dons à hauteur de ses moyens, mais c'est aussi ouvert financièrement à tous. Et toutes les activités qu'on propose sont animées par les personnes du quartier. Et on va en faire entre 30 à 50 par mois. et en fait c'est quelque chose qui je trouve fonctionne vachement bien C'est qu'on voit l'impact que ça a aussi sur les personnes qui vont animer des activités, parce que ce sentiment d'utilité, pour moi, est presque sûrement un des meilleurs vecteurs pour lutter contre l'isolement. Et qu'une fois qu'on se sent utile, on va mieux, moralement ça va mieux, et au niveau de la santé aussi.

  • Speaker #1

    Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés, ou que vous rencontrez encore aujourd'hui, et comment vous les avez résolus ?

  • Speaker #5

    Alors ça, c'est la vie d'un café comme ça, c'est fait de... d'obstacles en permanence. On a eu plusieurs, on a eu un premier obstacle qui était très important, c'était sur le modèle économique. Quand on a commencé à ouvrir le café, on pensait que On avait fonctionné plus comme un café classique et on s'est rendu compte qu'en fait, notre public n'était pas très consommateur. Et donc, on avait beaucoup de monde qui venait au café, mais qu'à la fin, les revenus étaient limités. Et à un moment, on a fait le choix de se dire, pour que ça fonctionne, pour qu'on puisse y aller dans le temps, on va essayer d'avoir une offre plus variée, d'être plus comme un café classique. Et en fait, on s'est rendu compte qu'on faisait fausse route et qu'on commençait à perdre un peu la dimension sociale du projet en allant vers ce chemin-là. Et donc, on s'est dit, en fait, il faut faire complètement le contraire, simplifier complètement le modèle et le rendre le plus participatif possible. pour que ça fonctionne, donc ça c'est un des gros obstacles et ça nous a mis deux ans à trouver la bonne formule, et après on a des obstacles plus du quotidien, de t'es dans l'humain, donc forcément tu entends tu peux avoir des conflits, tu peux avoir des gestions difficiles, tu peux avoir des gens qui respectent pas les valeurs du café, à qui il faut dire qu'ils sont plus les bienvenus au café parce que ça va nuire au reste ça c'est des choses qui peuvent arriver, et voilà et c'est aussi ça qui fait la richesse du lieu, c'est que de toute façon quand tu vis avec quand t'es avec plein de personnes très différentes et forcément, de temps en temps, il y a des affinités qui se créent, il y a des conflits. Et nous, ce qui est important, c'est pour ça qu'on a créé une charte, justement, pour s'appuyer sur cette charte, pour faire en sorte que ça fonctionne bien.

  • Speaker #1

    Et pour finir, est-ce qu'il y a une rencontre ici, chez Daddy, qui vous a particulièrement ému ou marqué, et qui résume ce que vous avez voulu provoquer ?

  • Speaker #5

    Alors là, c'est difficile d'en choisir une, j'en ai plein qui me traversent la tête. Mais je vais parler d'une personne en particulier qu'on appelle ici Framboise. Framboise, c'est une adhérente de la première heure qui est maintenant devenue l'ambassadrice des cafés et qui est vraiment quelqu'un qui est extraordinaire parce qu'elle a toujours une attention pour tout le monde et c'est quelqu'un qui porte pleinement les valeurs du café et qui arrive à le faire vivre auprès de tous les adhérents. Et c'est vraiment quelqu'un qui a le cœur sur la main et on sent qu'elle a... Effectivement, il y a une fille, moi, à titre personnel, j'ai quelqu'un aussi qui est très honnête parce que j'ai deux petits garçons et... Il y a aussi une relation très particulière qui est née entre elle et mes deux petits. Et il y a quelque chose qui est très chouette justement dans cette relation.

  • Speaker #1

    Bah écoutez, je suis arrivé à bout de mes questions. Merci beaucoup Yves.

  • Speaker #3

    J'ai compté à vous. Ah bah oui.

  • Speaker #5

    J'espère que ça va être bon. Ah oui, vite.

  • Speaker #1

    Il existe actuellement 5 cafés, 3 à Lyon, 1 à Taunan, Haute-Savoie, et le petit dernier vient d'ouvrir à Saint-Foy-les-Lyons. en plein cœur du centre hospitalier. Un autre café devrait voir le jour avant la fin de l'année, à Lille, dans le Nord.

  • Speaker #0

    Chez Daddy, on ne vient pas seulement déjeuner ou boire un café, on vient retrouver des visages connus, échanger quelques mots, participer à une partie de cartes, des moments simples qui permettent au lien de se tisser petit à petit.

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