Transcription

• Speaker #0

  Bienvenue dans ce nouvel épisode de Minute Papillon. Aujourd'hui, place à un échange inspirant avec Flor Vasseur, auteur et et réalisatrice. Depuis des années, elle interroge les bouleversements de notre époque. Dans son documentaire Biggers than Us, elle met en lumière une jeunesse engagée prête à relever les défis malgré des obstacles immenses. Avec son livre Et maintenant, que faisons-nous ? publié aux éditions Grasset, elle poursuit ce dialogue, fruit de trois ans de débats et de rencontres inspirées par le film. Dans Minute Papillon, Flore Vasseur se confie sur ses sources d'inspiration, ses indignations et les moments clés qui ont marqué son parcours. Qu'est-ce qui vous indigne?

• Speaker #1

  La complaisance. Je pense que ça nous tue. C'est un peu la version psychologique du confort.

• Speaker #0

  Un événement ? ou une expérience qui a créé un déclic écologique ?

• Speaker #1

  Moi, je suis venue à l'écologie via mon fils et sa question Maman, ça veut dire quoi la planète va mourir ? qui m'a posé quand il avait 7 ans. Avant ça, j'étais plutôt spécialiste de l'influence de l'argent en politique. J'étais un peu loin, j'étais très remontée contre le système capitaliste et sur les injustices qu'il créait. Et pour moi, l'écologie était quelque chose. à part, et c'est avec la question de mon fils, je me suis rendue compte que la question de l'écologie, du climat, de l'environnement, était une forme d'injustice sur laquelle le capitalisme prospérait.

• Speaker #0

  Une rencontre qui vous a marquée ?

• Speaker #1

  Moi, ma vie, c'est... C'est que des rencontres, donc je ne peux pas en citer une. Je porte toutes ces merveilleuses personnes que j'ai croisées et qui m'ont donné. C'est marrant, il y a eu une étude récemment sur quelqu'un qui montrait qu'on était… On portait toutes les personnes qu'on avait aimées, par exemple, même physiquement. Mais je pense que c'est la même chose avec les idées. Toutes les idées qu'on nous a transmises et qui nous ont permises de tenir debout. ça nous lie comme une espèce d'arborescence invisible. Et moi, j'ai l'impression d'être plus que le résultat de toutes ces rencontres-là. Je ne suis plus moi-même, en fait.

• Speaker #0

  Un livre, un documentaire, un film, un podcast qui vous a influencé ?

• Speaker #1

  Un des films qui m'a le plus marquée dans ma vie, c'est un film qui s'appelle Va-vis-de-bien Je crois que c'est pour ça que je fais des films. Parce que ça restaure la dignité de personnes qu'on ne voit jamais. C'est éminemment émotionnel. C'est beau comme pas permis. Il y a le rapport mère-fils. Et c'est ça la force du cinéma. C'est de créer une émotion chez vous qui ne vous lâche plus jamais.

• Speaker #0

  Si vous étiez un animal en voie de disparition, lequel seriez-vous et pourquoi ?

• Speaker #1

  Un oiseau, parce que j'ai parfois l'impression de faire partie de ces oiseaux qui sont sur une branche et qui appellent pour s'accoupler, notamment pour que la vie continue, et qui, sur sa branche... et fait tout ce qu'il peut comme un désespéré pour que les autres se lient à lui. Et moi, j'ai l'impression que plus je vieillis, plus j'ai besoin de ce lien, plus j'ai envie de ce lien, plus je trouve ma vie, peut-être mon salut, en tout cas ma joie là-dedans.

• Speaker #0

  Imaginez que vous avez le pouvoir de donner la parole à une plante, laquelle choisiriez-vous et quel serait son message à l'humanité ?

• Speaker #1

  Ça serait une fougère. Et je dirais, t'inquiète pas, j'ai tout vu.

• Speaker #0

  Si vous pouviez organiser un dîner avec trois figures emblématiques de l'écologie, vivantes ou décédées, qui inviteriez-vous et quel serait le menu ?

• Speaker #1

  Alors, on mange un houmous de châtaigne, parce que j'en ai fait ce week-end et je trouvais ça super bon, qu'on aura été chercher précédemment en forêt. Je ne fais pas, je suis désolée, un dîner avec trois figures de l'écologie. Je fais un dîner avec trois figures des droits, de la vie, du combat. Je fais un dîner avec des personnes qui sont dans le luttez-pour et qui sont plus grandes que leur combat, en fait. Donc, je l'ai déjà un peu fait quand j'étais, pardon, mais quand je suis allée à Moscou, j'ai mis autour de la table Larry Lessig, Birgitta Jansotir et la... Et Edward Snowden, bien sûr. Donc, j'invite cette fois-ci Aaron Swartz, qui est décédé et que je n'ai pas pu rencontrer. Mais comme vous avez dit que je pouvais inviter qui je voulais, je mettrai volontiers Aaron. Shoot Escal, qui fait partie de Biggers Than Us. Et il me faudrait... Et Malala. Donc, des personnes étonnamment qui sont métisses ou du sud global, qui ont payé de leur vie leur engagement et leur désir de s'éduquer, de vivre, de nous transmettre des choses, et qui sont plus ou moins entendues.

• Speaker #0

  Quel est votre péché mignon non écolo dont vous avez du mal à vous passer ?

• Speaker #1

  Je prends des douches. Trop longue. Dans la vie, c'est pas très grave, tout est important, mais je veux dire par là que j'arrive pas à y annoncer.

• Speaker #0

  Depuis novembre 2002, avec Audrey Ranchin, nous menons une expérience intitulée Au creux de mon arbre, l'écho du vivant Nous avons fabriqué un arbre cabane dans lequel nous invitons les gens à venir raconter leurs souvenirs de nature. Alors je vais vous demander, à votre tour, un souvenir de nature qui a laissé une trace importante dans votre vie.

• Speaker #1

  Moi, j'ai grandi dans un écrin de nature. J'ai grandi au bord du lac d'Annecy. Donc, j'ai une connexion à ce lac qui est… que tous les anéciens ont, je n'ai rien de nouveau. Mais j'ai beaucoup vécu à l'étranger, j'ai l'âge que j'ai, j'ai vu plein d'endroits, etc. Il n'y a rien qui m'apaise plus que de plonger dans ce lac, y compris quand il est à 9 degrés. Et il n'y a rien qui m'aime plus, ou qui m'alerte plus que de le sentir trop chaud, trop bas, changer de couleur. C'est vivant pour moi. C'est vivant, c'est structurant. Mon enfance, c'est aussi mes parents. C'est un bain, en fait. Et plus je vieille, plus je passe du temps dedans. C'est marrant parce que j'ai l'impression que l'âge fait choisir. On voit où elle est superficielle et où est-ce qu'il s'ouvre. et moi ce lac me sauve Minute Papillon Minute Papillon